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Digitized by the Internet Archive
in 2010 with funding from
University of Ottawa
http://www.archive.org/details/glossaireetymolo01verr
Glossaire Étymologique et Historique
DES PATOIS ET DES PARLERS
DE L'ANJOU
Il a été tiré dix exemplaires de cet ouvrage sur papier de Hollande
numérotés à la main et signés par les auteurs
GLOSSAIRE
Etymologique et Historique
DES PATOIS ET DES PADLERS
DE L'ANJOU
Comprenant le GLOSSAIRE proprement dit
des DIALOGUES, CONTES, RÉCITS et NOUVELLES en patois
le FOLK-LORE de la province
A.-J. VERRIER, 0 I #
Professeur honoraire
Membre de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts
d'Angers
R. ONILLON
Instiluteur au Longeron
TOME PREMIER
— Jîlors que qu'tu illi as répond?
— Jî ben faillu que j'dise oui !
— C'as yu tort, faut jamais dire rji oui ni nori ;
faui liait dire :
Vanquiers, parce que, sais-tu ben, Vanquiers oppose de men:,
ANGERS
GERMAIN & G. GRASSIN, IMPRIMEURS-ÉDITEURS
4o, rue du Cornet et rue Saint-Laud
1908
^- ■ /
A MES CAMARADES DU COLLÈGE DE SAUMUR
(1846-1856)
A MES ANCIENS ÉLÈVES DU LYCÉE DAVID D'ANGERS
(1861-1863 ; 1868-1905)
A.-J. Verrier.
A LA MÉMOIRE DE MON PÈRE
DE MES BONNES TANTES ET DE MES GRANDS PARENTS
A MA VIEILLE MÈRE CHÉRIE
A MA SŒUR ET A MA FEMME DÉVOUÉES
Je dédie ce livre
R. Onillon.
VIVE L'ANJOU !
POLKA CHANTEE
Paroles de M. A. J. VERRIER
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Musique de M. X. . .
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de mon ciel se — rein Oui, bai — ra qui vou — dra,
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cidre ou bien la
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&iè - rc, .Sans ri
— val, dans mon verre, Ton
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vin pé — til
le — ra '
Vive l'Anjou I — Lorsque le soleil dore
Sur tes coteaux du pampre rougissant
Le sang.
Un gai sourire en mon cœur vient éclore.
Le noir chagrin
Fuit Vazur de mon ciel serein.
Blonde liqueur, tu verses Vespérance
Aux malheureux que le sort jour et nuit
Powsuit ;
Au pauvre l'or, au faible la puissance :
Devant nos yeux
L'avenir s'ouvre radieux.
Chantons ! le vent, de sa légère haleine,
Emporte au loin par les prés et les bois
Nos voix ;
Nos gais refrains s'envolent dans la filaine.
Dans les buissons
Les nids écoutent nos chansons.
Vive l'Anjou ! Quand je vois dans mon verre
En scintillant la mousse pétiller.
Briller,
Ne suis-je pas le maître de la terre ?
Oui, sur ma foi,
Je me crois plus heureux qu'un roi.
Salut, pays des joyeuses vendanges.
De la gnilé, des chansons et des fleurs,
Nos chœurs
Célébreront à jamais tes louanges ;
Toujours les vins,
Seront l'iionneur de nos Jestins.
6
Anjou, salut ! salut, douce lumière ;
Saïut, vallons, ruisseaux qui, par tes prés.
Coure: ;
Anjou, salut! A mon heure dernière
Je veu.x bénir
Encor ton charmant souvenir.
REFRAIN (après chaque coui)let)
Oui, boira qui voudra
Le cidre ou bien la bière ;
Sans rival dans mon verre
Ton vin pétillera.
A. Verrikr.
( Chez tous les luthiers, Piano et Chant, 0 fr. 50, 6<= mille)
LE DEUXIÈME VOLUME COMPRENDRA
A ' —
La fin du Glossaire.
B —
Deuxième partie : Contes, Récits, Nou-
velles, Dialogues en patois.
C —
Troisième partie : Le Folk-Lore -.
I
Chansons, Rondes, Danses.
II
'!] Coutumes, b) Costumes.
III
Croyances, Préjugés, Superstitions.
IV
Culture.
V
Dictons.
VI
Formulettes.
VII
Jeux.
VII
Langage, Phrases, Anecdotes, Devi-
nailles.
IX
Légendes.
X
Mystifications Amusettes.
XI
Noms propres : a) de lieux,
b) de familles.
c) Prénoms,
d) Seigneuries.
XII
Nourriture.
XIII
Pléonasmes, Superlatifs.
XIV
Remèdes populaires.
XV
Sorciers, Sortilèges.
XVI
Temps.
XVII
Proverbes.
XVIII
Adages et Comparaisons.
XIX
Histoire.
D —
Table des articles de Folk-Lore dissé-
minés dans le Glossaire.
E —
Supplément au Glossaire
F —
Errata.
G —
Table générale.
AVANT-PROPOS
COMMENT JE FFS AMENE A ECRIRE
CE GLOSSAIRE
Le lecteur qui consultera ce Glossaire
s'inquiétera sans doute fort peu de savoir
comment je fus amené à l'écrire ; mais j'ai,
moi, besoin de le raconter, pour expliquer
les imperfections et les lacunes qui pourront
s'y rencontrer. C'est une question de cons-
cience.
Il y a quelque trente-cinq ans, M. C. Port,
l'archiviste distingué, l'auteur d'ouvrages si
érudits sur l'Anjou, dont j'avais alors l'un des
fds dans ma classe, d'après la manière dont je
corrigeais les copies de son fds, me dit un
jour : « Vous me semblez avoir des disposi-
tions pour l'étude de l'étymologie ; procurez-
vous donc la Grammaire et le Dictionnaire
étymologique de Brachet (alors assez ré-
cents, 1869), ils vous intéresseront. »
Je suivis son conseil et je lus ces ouvrages
non seulement avec curiosité, mais, je
l'avouerai, avec passion. Peu à peu, j'enri-
chis ma biljliothèque des traités qui parais-
saient sur cette question un peu spéciale et je
finis par avoir de cette science — car c'en est
une, actuellement — ■ des notions assez éten-
dues, quoique encore bien incomplètes, je le
reconnais humblement.
Ces études, qui m'intéressaient si vive-
ment, je crus que, présentées d'une certaine
sorte et adaptées aux besoins des « gens du
monde », elles ne seraient pas sans intérêt
pour le grand public.
C'est ainsi que parut, le 10 décembre 1896,
dans le Patriote de l'Ouest, sous le titre
Voyage autour de ma langue, une série d'ar-
ticles où j'expliquais l'étymologie des mots
les plus curieux de notre langue française.
Après le quatorzième article, M. Xarquet,
qui m'avait introduit au Patriote, quitta la
direction de ce journal, où je ne fus pas prié
de continuer ma collaboration.
î-e Petit Courrier m'offrit alors son hospi-
talité. J'y entrai le 20 juillet 1897 et, sous le
titre, un peu modifié, de Zigzags autour de
ma langue, je continuai ces études.
On me permettra de rappeler que j'avais
imaginé, pour me servir d'interlocuteur, un
certain Brigadier des douanes, type assez
bien venu, sans fausse modestie, dont on me
parle souvent encore, quoique j'aie, forcé-
ment, dû le laisser depuis à la surveillance de
son port '.
Un beau jour, au n" 53, 15 avril 1901,
j'eus, par hasard, à expliquer quelques mot;
de patois angevin, dont un lecteur me de
mandait le sens. J'eus le bonheur de satis
faire sa curiosité et celle de bien d'autres
personnes, qui m'écrivirent en m'adressanl
d'autres vocables. « Voilà votre voie », me
disait-on.
Une lettre, entre autres, me décida. Un
vieil abonné me disait : « Ah .! Monsieur, vour.
ne sauriez croire le plaisir que j'ai eu à lire,
dans votre dernier Zigzag, l'explication du
simple mot : Echilette. Il m'a rappelé tou::
mes chers souvenirs d'enfance, alors que,
armé de ces clochettes, je précédais, en les
brandissant joyeusement, la procession des
Rogations par les sentiers de la campagne
que j'habitais ! »
De plus, certains lecteurs me reprochaient
d'apporter trop de science — mettons pédan-
terie — dans mes explications ; il y avait
même eu des plaintes à ce sujet, adressées au
directeur du journal, mieux que cela, des
menaces de désabonnement... Il était si
facile de ne pas me lire ! D'autres, par contre
y prenaient le plus vif plaisir.
Ces excursions dans le domaine, si riche, du
patois seraient peut-être mieux accueillies.
Une diiïiculté, toutefois, se présentait ici.
Je ne suis pas un patoisant, on me l'a même
reproché, et, je l'avoue, mon fonds personnel
de vocables ne m'eût pas mené bien loin.
Comme j'en parlais dans un cercle d'amis,
l'un d'eux me dit : « J'ai un cousin qui
s'occupe de patois depuis une vingtaine
d'annés ; je lui connaies un superbe manus-
' Ce numùro et les suivants renvoient aux Notes
complémentaires placées après la Préface.
AVAXT-PIiOPOS
crit, répertoii'c des mois particuliers à la
région de Monljean. Peut-être consentirait-il
à vous le prêter. »
J'écrivis à M. René Onillon, qui s'em-
pressa gracieusement de mettre à ma dispo-
sition un manuscrit de 761 pages, grand
in-quarto, calligraphié avec le soin qu'ap-
portent à ces travaux MM. les Instituteurs,
encadré de filets rouges et richement relié.
Je pouvais me lancer.
De tous côtés, les renseignements affluèrent,
très intéressants, très curieux. A Angers
même, sur les boulevards, dans les tramways,
dans les rues, des amis, des inconnus m'abor-
daient, et ceux-ci : « C'est vous qui êtes
M. V., me disaient-ils, connaissez-vous le mot
jambion? »
Et le trésor de mes notes s'enrichissait
chaque semaine. J'ai recueilli, personnelle-
ment, à ce jour, 10.652 fiches (8 avril 1908).
Malheureusement, au début, n'ayant nulle-
ment la pensée de les réunir et de les publier
plus tard, je négligeai de prendre des rensei-
gnements sur les lieux d'origine, la pronon-
ciation, etc. Mes correspondants étaient, le
plus souvent, anonymes (je dirai plus loin
pourquoi) ; aussi une ou deux centaines de
mots du Glossaire laissent-ils à désirer sur ces
points.
Aujourd'hui, j'ai réuni plus de 20.000 mots,
et je suis loin d'être complet, je le reconnais.
Mais notre œuvre ne sera pas inutile à celui
qui, plus tard, voudra essayer de faire mieux.
D'une part, donc, de nombreux correspon-
dants patoisants, mais ne pouvant ou ne
voulant rien publier ; de l'autre, moi, assez
ignare en cette matière, mais tout prêt et
résolu à y consacrer mon temps et mon étude
et à en faire une œuvre.
Cela rappelle la célèbre fable de V Aveugle
et le paralytique de Florian, le premier ne
voyant pas à se conduire, le second incapable
de marcher. Ils font société, l'un portant
l'autre. Morale :
Nous vous présentons le résultat de cette
collaboration.
II
DE L UTILITE DU GLOSSAIRE
M. LiTTRÉ a défini le patois : « Un dialecte
qui, n'ayant plus de culture littéraire, sert
seulement aux usages de la vie commune. »
Et M. L. Favre, qui le cite, ajoute : « Cette
définition est très exacte. Le patois n'est pas
une corruption d'une langue correcte, c'est
une vieille langue abandonnée par les classes
supérieures de la société et restée dans les
couches inférieures de la population. Cette
persistance du vieux langage se remarque
surtout à la campagne, dans les localités où
le peuple n'est point en contact avec les
hommes instruits, éclairés, qui suivent les
modifications et les perfectionnements de la
langue. »
Etait-il bien utile de réunir et de conserver
tous ces vieux mots de patois, toutes- ces
formes de parler connues de nos pères, dont
plusieurs déjà ont disparu ou ne se trouvent
plus que dans le souvenir ou sur les lèvres
de personnes très âgées?
Nous l'avons cru. D'ailleurs, toutes les pro-
vinces de France ont un Glossaire de leur
patois, un Folk-Lore de leurs vieilles
croyances et superstitions. En Anjou, nous
avons seulement l'œuvre de M. Ménière,
tirée à fort peu d'exemplaires, peu connue
et introuvable. Elle contient 3.987 mots.
On voit que nous l'avons plus que quin-
tuplée. Mais M. Mén^ière a un grand mérite,
c'est d'avoir songé le premier à ce Glossaire.
Nous lui avons fait de nombreux emprunts,
que nous lui attribuerons, d'ailleurs, au
passage.
Nous regrettons de ne pouvoir citer ici une
lettre bien spirituelle — mais un peu longue
— où Ch. Nodier raille le Conseil d'arrondis-
sement de Cahors d'avoir décrété la suppres-
sion du patois dans cette région. On la trou-
vera dans le Dictionnaire des termes du vieux
français, par Borel, revu et complété par
L. Favre, t. II, p. 235, à Niort, chez L. Favre,
1882 (2).
III
QUELS MOTS NOUS AVONS ADinS
Le Glossaire est intitulé : Glossaire des
patois et des parlers de l'Anjou.
Nous y avons donc admis, non seulement
les vocables véritablement patois, mais la
plus grande partie des vocables français
défigurés par une prononciation vicieuse, par
exemple : Russypère pour Erysipèle, quoique
ces formes soient rejetées de plusieurs
œuvres similaires ; nous avons pensé qu'elles
ofTraient un véritable intérêt. C'est un
curieux tableau de la déformation des
mots (3).
Entre, en principe, dans notre Glossaire,
tout mot qui ne se trouve pas dans le Nouveau
dictionnaire de Pierre Larousse, 1906. Si nous
admettons quelques-uns de ceux-ci, c'est que
l'explication que nous en donnons offrira un
intérêt particulier.
L'n Glossaire de patois n'étant pas un
Dictionnaire des Précieuses, on trouvera
dans le nôtre bon nombre, trop peut-être, de
mots qui ne .sont pas de la bonne compagnie,
trivials, grossiers même. Mais quoi ! un
peintre peut-il oublier, en conscience, une
verrue sur le nez de son modèle?
Nous avons cependant banni avec soin
tous les termes obscènes ou pornographiques,
ceux que l'on évite de prononcer même entre
hommes. Pour les autres — qu'on nous
excuse — nous avons, loyalement, cru bien
AVANT-PROPOS
faire en les accueillant dans ce répertoire qui
serait, en vérité, incomplet sans eux.
Et nous les avons écrits intégralement,
nous appuyant — s'il le fallait — sur d'il-
lustres modèles. Que signifie cette fausse
pudeur d'indiquer certains mots par leur
initiale? Ce qui se lit mentalement ne peut-il
s'écrire? On en voit bien d'autres dans les
livres spéciaux de médecine ! Permis à cer-
taines personnes de demander à leur boucher
une indécence de veau ; nous nous exprimons,
nous, d'autre sorte, sans cependant emprun-
ter à Rabelais ses obscénités.
Il existe des Dictionnaires cT Argot ; nous
n'avons donc fait qu'une place très res-
treinte à la langue verte, au Slang des
Anglais.
Nous avons accueilli des termes désuets,
mais se trouvant dans de vieux auteurs
angevins.
N. — Tout mot imprimé en italiques doit
se trouver dans le Glossaire, sans qu'il ait
besoin d'être suivi de l'indication : V. c. m.,
ou : Voyez ce mot. On devra également y
chercher tous les mots qui ne sont pas du
bon français.
IV
nous vous en prions, non par ce qui manque,
mais par ce que vous trouverez dans ce
volume.
Nous n'avions pas à parler des noms de
lieux ; nous ne l'avons fait que rarement ; on
consultera à ce sujet le Dictionnaire de
M. C. Port.
Nous avons expliqué les noms de baptême
les plus familiers, des abréviations, ordinai-
rement.
Les noms propres d'hommes sortaient
aussi de notre cadre : nous avons cependant
recueilli les plus intéressants. Dans le
Bulletin de la Société des Sciences, Lettres et
Beaux-Arts de Cholet et de l'arrondissement
(1889), M. le D'' L. Pissot a publié une étude
très intéressante sur les noms propres du
pays choletais, qu'on lira avec plaisir. Elle en
contient environ 500, pages 423 et suivantes
(Cholet, imprimerie de H. Farré, rue du
Verger, 1890).
Celui qui voudra compléter notre oeuvre
devra interroger des ouvriers de tous les
corps de métiers pour dresser la liste des noms
patois de tous les outils et de toutes les locu-
tions qu'ils emploient.
Et cela dépassera de beaucoup la fameuse
énumération que fit Homère des vaisseaux
grecs dans son Iliade.
NOTRE TITRE EST-IL JUSTIFIE :
Le Glossaire des patois et des parlers de
l'Anjou contient des termes envoyés de
333 localités de cette province ; notre titre
est donc à peu près justifié.
Mais nous devons avouer loyalement
encore ici que, si nombre de régions sont
assez complètes, d'autres le sont moins et il
y aurait beaucoup à glaner après nous.
M. R. Onillon a sui'tout traité les régions
de Montjean, Saint -Paul -du -Bois, Saint-
Augustin, Tout-le-Monde, Le Longeron, etc.,
qu'il a habitées. V. sa note : « Mes Sources »,
à la suite du 11*^ tableau.
Grâce à mes correspondants, le Saumii-
rois, le Baugeois, les environs d'Angers, le
Segréen, Lue, Saint-Aubin-de-Luigné ont
fourni un assez fort contingent à notre
œuvre.
Peut-être un peu ti'o]) vendéen au sud, pas
assez angevin au nord. Mais le temps nous
presse. A notre âge, c'est folie
De compter sur dix ans de vie.
Puisse cet aveu désarmer la crili({ue.
Pensez aux Suppléments du Dictionnaire
de LiTTRÉ ; c'est pourtant celui de la langue
française, à peu près fixée, celle-là.
Songez que le remarquable Glossaire du
Centre de la France, de M. le comte Jaxjbert,
dont on vient de donner une nouvelle édi-
tion (la deuxième, de 1864, a 732 pages, sur
deux colonnes, in-4o), a commencé par une
très mince plaquette de 122 pages (1842).
Et, encore une fois, jugez-nous, lecteurs,
CHAPITRE V
DE l'ordre alphabétique OBSERVÉ
Nous n'avons rien innové. Une seule
remarque : Dans les noms composés, nous
n'avons pas tenu compte de la préposition ou
de l'article simple ou composé qui peuvent
les unir ; nous les considérons comme s'ils
étaient simples, prenant modèle sur le Dic-
tionnaire général. Ex. : Garde-mine, Gar-
dénia, Garde-noble ; Hautain, Haut-à-bas,
Haut-à-haut.
VI
DE l'orthographe ADOPTÉE
Le même mot patois nous a été souvent
envoyé sous cinq ou six graphies différentes.
Et cela s'explique d'après la façon dont il
est prononcé dans chaque région. Le mot
Un, par exemple, se prononce : eun, eune ;
in, ine ; ieun, ieune, etc. Nous avons
accueilli toutes ces formes.
Quant aux mots qui se prononcent sen-
siblement de la même manière, nous avons
adopté la graphie qui se rapprochait le plus
"de la française.
Souvent, ces différences de graphies, pro-
venant de la prononciation, sont ;très pré-
cieuses pour mettre sur la voie du sens. Je
désespérais de comprendre le mot Aclopin,
XII
AVAXT-PlîOPOS
lorsque le mot Aplopin m'éclaii'u (ruiie vive
lumière eu me conduisaul à Hap])elopiu, la
vraie forme, que donne Litteé.
Sollicités par quelques-uns d'adopter le
système Gilliéron et Rotjsselot pour
l'impression de notre Glossaire, nous nous y
sommes nettement refusés. Nous sommes
loin, certes, de le blâmer ; il offre, par ses
caractères typographiques particuliers, une
excellente notation de la prononciation et, en
somme, en un quart d'heure, on peut se fami-
liariser avec l'étude de cet alphabet. Il est
donc très scientifique.
Mais quelle difficulté quand il s'agit de
consulter les Glossaires imprimés d'après
ce système !
Pour ti'ouver un mot, il faut d'abord
savoir où il se trouve !
Je cherche : Imbécile ; il est noté Embisil,
avec un accent circonflexe sur l'E. Jamais
je n'aurais été le chercher à la lettre E. — -
Il faut chercher par un W (et il y en a de
deux sortes) : oie, ouailles, oiseau, ouigner —
neil, huis, huileux, huisserie.
Outre le désordre qui en résulte, il y a la
question de frais ; toutes les imprimeries ne
sont pas munies de ces caractères. Il nous
aurait fallu, enfin, toute la science d'investi-
gation et les connaissances approfondies de
M. Ch. DoTTiN, par exemple, pour oser mar-
cher sur les traces de l'éminent auteur des
Parlers du Bas-Maine ou de la commune de
Pléchâtel. Notre œuvre est plus modeste et
moins scientifique.
Nous avons, à l'occasion, indiqué de notre
mieux, après le mot, la prononciation pa-
toise ; ainsi, à : berouette nous avons ajouté
(boérouéte). Le gl, cl, etc., est souvent
mouillé, nous en prévenons. Ainsi de suite.
VII
LA MATIÈRE DE CHAQUE MOT
Après chaque mot se trouveront : 1° la
provenance (souvent) ; 2" la prononciation,
au besoin ; 3° l'espèce du mot ; 4" son explica-
tion ; 5° ses sens différents ; 6" des exemples à
l'appui ; 7" l'étymologie ; 8° l'historique.
\ III
PROVENANCE — ■ PRONONCIATION ESPECE
EXPLICATION SENS EXEMPLES
Toutes les fois que nous l'avons pu, nous
avons indiqué, en abrégé, la provenance du
mot, en notant toutes celles qui nous sont
parvenues. On trouvera plus loin le tableau
de ces abréviations.
Il faudi'ait bien se garder de croire, d'ail-
leurs, qu'un mot suivi de : (Mj., Lg., Lue,
Sar.) ne soit usité qu'à Montjean, au Longe-
ron, à Lue et à Saumur ; il peut l'être dans
bien d autres localités et même dans tout le
département. Cela veut simplement dire qu'il
nous est venu de ces quatre contrées.
La prononciation est figurée de notre mieux
quand elle diffère de la façon de parler cor-
recte.
Je n'insiste pas sur l'espèce du mot, le
genre et le nombre ; le genre est intéressant
à constater, il n'est pas toujours le même
qu'en français.
Pour le sens, à moins d' indication contraire,
il est d'abord, sans que nous le mention-
nions, le même qu'en français ; puis nous
énumérons les sens particuliers au patois.
Ce sens est presque toujours corroboré par
des exemples.
Quand le mot patois a plusieurs graphies,
nous ne répétons pas à toutes, cela va de soi,
toutes ces explications, nous renvoyons à
celle que nous considérons comme la princi-
pale, quel que soit, d'ailleurs, son ordre
alphabétique.
J'ai pris, dans bien des cas, le parti d'être
plus explicite, plus clair, plus complet que
cela ne pourra sembler nécessaire en voyant
le nombre de nos souscripteurs étrangers.
(A. V.)
IX
L ETYMOLOGIE
Ici, j'abandonne le nous collectif et prends
la parole en mon nom personnel.
J'aurais volontiers dit — mais je n'ai pas
été enfermé dans ce dilemme : Le Glossaire
sera étymologique, ou il ne sera pas.
Et, cependant, je m'en rends bien compte,
cette partie était la plus périlleuse, la plus
« gandilleuse » à traiter. Cette considération
ne m'a pas fait reculer.
Prenons, par exemple, le mot Lucet. Si
j'ajoute seulement, comme le font la plu-
part des Glossaires, cette explication :
« Petite porte », je comprends que plus d'un
lecteur ne sera pas satisfait : sa curiosité est
éveillée, il veut en savoir plus long, pourquoi
ce vocable a-t-il ce sens?
Si j'explique que ce mot doit être dédoublé,
qu'il est, en réalité, composé d'un nom et d'un
article qui ont fini par se souder, comme tant
d'autres exemples pourraient en être donnés,
qu'il est mis pour l'usset, et mieux : l'husset,
pour l'huisset, le petit huis, du latin Ostium ;
si je rappelle, pour corroborer mon dire, que
nos patoisants prononcent l'hussier pour
l'huissier, la clarté se fait et la curiosité est
satisfaite.
La science étymologique a fait d'immenses
progrès depuis trente ans, grâce aux ouvrages
des Braghet, Littré, Diez, Scheler,
Hatzfeld, Thomas et Darmesteteb,
M. Bréal, g. Paris et tant d'autres encore.
Oui, c'est bien véritablement une science,
AVANT -PROPOS
ayant sa méthode et ses règles (voir l'admi-
rable introduction du Dictionnaire général).
Jadis, il fallait, à tout prix, trouver l'ori-
gine d'un mot, on ne reculait devant aucune
absurdité. Notre compatriote Ménage s'est
fait une réputation légendaire par ses déduc-
tions inénarrables, d'un comique achevé.
Soit le mot Haricot. Il y a, dans la langue
latine, le mot Faba, d'où fève ; il a dû former
le mot haricot, et voici les transformations
successives du mot latin : « Faba, fabarius,
fabaricotus, faricotus, haricot, par le chan-
gement ordinaire de l'f en h : comme en hors,
de foris, en habler, de fabulari. »
Le Dictionnaire général dit : « Origine
inconnue », ce qui est plus honnête. Parfois,
cependant, on peut se hasarder à en propo-
ser une, sous toutes réserves. Et on a raison,
cela est suggestif et peut mettre sur la voie {a).
Nous n'avons donné que l'étymologie des
mots vraiment patois, à part quelques excep-
tions pour des termes vraiment bien curieux.
Quand elle est des plus claires, même pour
les moins instruits, je la néglige.
Pour m'excuser d'avoir proposé parfois
des étymologies incertaines, je citerai ce pas-
sage de G. Paris : « Un Dictionnaire vraiment
étymologique doit suivre l'histoire d'un mot
jusqu'à sa plus ancienne forme connue et
même supposable. » {Revue des Deux Mondes,
15 septembre 1901.)
Au risque de paraître prolixe et de « che-
vaucher mon dada », je continuerai à citer
l'illustre savant : « Cette continuité et cette
évolution du français remontent beaucoup
plus haut qu'on ne s'en rend généralement
compte. Le français moderne, langue litté-
raire et langue commune de la nation, n'est
qu'une variété dialectale — originairement
propre à l'Ile-de-France — du latin parlé.
Le premier monument qu'on ait de ce latin —
devenu à la longue très différent du latin
écrit — est, on le sait, le fameux texte des
serments échangés à Strasbourg, en 842,
entre les fds de Louis-le-Pieux ; mais, pour
n'avoir pas été noté jusque-là par l'écriture,
le latin parlé n'en existait pas moins en
Gaule depuis plusieurs siècles. Il avait été
importé d'Italie ; mais le fait de cette impor-
tation n'avait produit aucune interruption
dans l'évolution qu'il poursuivait depuis qu'il
(a) Oserai-je m'appuyer sur l'autorité des auteurs
de l'Introduction du Dictionnaire général'! « Le
plan que nous nous étions imposé nous a forcés
plus d'une fois à prendre parti dans des cas
douteux..., là où l'étymologie était incertaine.
Chaque mot est un problème à résoudre : il fallait
apporter une solution ; quels qu'aient été nos scru-
pules, on trouvera parfois que nous avons été témé-
raires. . . le progrès de la science nous amènera à
corriger sans cesse ce travail incomplet ; telle de nos
assertions sera contredite par la découverte de
nouveaux faits. Nous ne nous dissimulons donc
nullement l'imperfection de noire œuvre ; notre
seule espérance a été de nous approcher du but
autant que pouvait le permettre l'état actuel des
connaissances philologiques. » (P. XXIII.)
avait, à la suite des armes romaines, conquis
l'Italie, avant de conquérir tout l'Occident
de l'Europe. Et on ne peut pas davantage
s'arrêter là. Ce latin, que propageait la
conquête, avait évolué des siècles innom-
brables avant de franchir les limites du
Latium. Il n'était, à son tour, qu'une variété
dialecttJe, fort altérée, de l'idiome jadis
commun aux Indo-Perses, aux Grecs, aux
Slaves, aux Germains, aux Celtes et à plu-
sieurs autres peuples. Et, si la comparaison
des langues de ces différents groupes ethniques
permet jamais — ce qui n'est pas encore le
cas — de restaurer la forme qu'avait leur
commun idiome, cette forme sera encore
séparée de son point de départ, commun peut-
être à toutes les langues humaines, par une
évolution d'une incalculable durée ... »
{Un nouveau Dictionnaire de la langue fran-
çaise, 1'''^ partie. Revue des Deux- Mondes, id.)
« . . .On entend aujourd'hui couramment,
par étymologie, l'assignation d'un mot d'une
langue à un mot d'une autre langue d'où il
est censé provenir. Littré distingue l'éty-
mologie primaire, « quand il s'agit d'une
« langue à laquelle, historiquement, on ne
« connaît point de mère », et l'étymologie
secondaire, « quand il s'agit d'une langue
« historiquement dérivée d'une autre ».
Ainsi, l'étymologie romane et, en particulier,
française est secondaire, remontant pour la
plupart des mots au latin, à l'allemand, au
grec, etc. ; puis l'étymologie latine, ou
grecque, ou allemande, est primaire. » Il y a
là une double erreur qu'on ne pouvait guère
éviter de son temps . . .
« La langue française n'est pas fille de la
langue latine et, à vrai dire, il n'y a pas de
langues fi.lles et de langues mères. » (V. au
Glossaire, Arer. A. V.) Le français, comme
je l'ai déjà dit, n'est que le latin parlé, sans
aucune solution de continuité, ni rien qui
ressemble à la génération d'un individu par
un autre. Quand un mot appartenant au
vocabulaire du latin parlé a passé jusqu'à
nous par une tradition orale ininterrompue, le
ramener à sa forme latine n'est pas en faire, à
proprement parler, l'étymologie, c'est remon-
ter plus haut dans l'histoire de l'évolution
qu'il a décrite. Il n'y a aucune différence de
relation entre les états successifs d'un mot
comme consutura, cosutura, costura, costure,
cousture, couture : aucun n'est l'étymologie
de l'autre, tous sont des moments dans une
évolution qui consiste éminemment, ici —
comme il arrive le plus souvent — en une
réduction constante. D'autre part, l'étymo-
logie primaire ne diffère de l'étymologie
secondaire qu'en ce qu'elle manque de docu-
ments (et celle-là aussi en manque souvent).
Disposant de moyens beaucoup moins sûrs,
elle arrive à retrouver ou à conjecturer des
formes d'un mot latin, grec, etc., plus an-
ciennes que celles qui nous ont été conservées.
Elle peut aller plus loin et les ramener à des
racines dont elle détermine plus ou moins
xtv
AVANT-PROPOS
vaguement le sens ; mais, au moins, dans la
plupart des cas, le rapport entre la forme et le
sens lui échappe.
Revenons au français. . Pour les mots qui
appartiennent au fonds héréditaire dvi latin
parlé, ce n'est pas leur étymologie qui est à
faire, c'est leur histoire.
Il n'y a d'étymologie, non au sens grec,
mais au sens moderne, que pour les mots
empruntés à d'autres langues. Voilà la vraie
distinction entre les deux genres de recherches
que l'on confond sous le nom d'étymologiques.
LiTTRÉ ne s'en est pas suffisamment rendu
compte. Il a souvent omis de remarquer que
des mots français qui ont une origine latine
n'appartiennent pas, cependant, au fonds
héréditaire, qu'ils ont été repris, à des
époques variées, au latin littéraire. Il ne
distingue pas, par exemple, entre un mot
comme image (anciennement imagene), qui
est le latin imaginem, emprunté au latin vers
le ix<= siècle, et le plantain, qui est le latin
plantagineni, transmis de bouche en bouche
depuis un temps immémorial. . . » {Ici., ibid.)
« . . .L'enfant aime à jouer, mais il n'aime
pas moins à casser son jouet pour voir ce
qu'il y a dedans. L'homme fait tient beau-
coup de l'enfant et ce qu'il en garde n'est pas
ce qu'il y a de pire. Le plaisir de posséder, de
jouir ne le satisfait pas s'il ne se double du
plaisir de savoir. . .
« De toutes les études dont le langage
peut être l'objet, l'étymologie est celle dont
le nom remonte le plus haut ; nous trouvons
le nom chez les Romains, qui le tenaient des
Grecs. . . (Platon, Varron.)
« Le mot est familier à nos trouvères du
xii« siècle. ... Maître Wace, chanoine de
Bayeux, protégé et pensionné par le roi
d'Angleterre Henri II (un Plantagenet
d'Anjou), a célébré les exploits des Nor-
mands dans un long poème connu sous le
nom de Roman de Rou. Or, Maître Wace a
tenu à nous expliquer l'origine du mot Nor-
mand et il l'a fait en philologue consommé :
Justez ensemble north et man
Et ensemble dites northman :
Ceo est « huem de north » en romanz ;
De ceo vint H nuns as Normanz.
(D'où vient Normandie...) Mais le bon
chanoine ne nous cache pas que les Français
— un Normand d'alors ne se considérait pas
comme Français — ne voulaient pas accepter
cette étymologie :
Franceis dient que Normendie
Ceo est la gent de norlh mendie :
Normant — ceo diont en gabant —
Sunt venu del north mendiant
Pur ceo qu'il vindrent d'altre terre
Pur mielz aveir et pur mielz querre.
On voit qu'on avait déjà de l'esprit
en France au xit<^ siècle. Et c'est bien là le
malheur, et qui explique que nous ne tenions
pas le premier rang en philologie : un bon
étymologiste ne doit pas avoir d'esprit...
,La Renaissance. . . un peu de bien et beau-
coup de mal... trop de grec)... Méxage
jongle avec les mots (on a contrôlé, cepen-
dant, qu'il avait trouvé juste soixante-douze
fois sur cent). — Au xix^ siècle, Raynouard
a fait fausse route chez nous. . . Mais l'Alle-
mand Diez a enfin assis l'étymologie des
langues romanes sur des bases solides (4).
(Antoine Thomas, Préface du Dictionnaire
général.)
On a lu plus haut que les langues mo-
dernes sont sœurs et non pas filles du latin.
Un exemple: Français: neuf (nouveau); latin,
novus; russe, novy; grec, neos ; allemand, ne'/;
anglais, new ; persan, nau ; sanscrit, na^>a.
Tous mots ayant vraisemblablement pour
racine la particule démonstrative sanscrite
nu, nû, nù, en grec nun ; latin jiunc (main-
tenant).
Et, enfin, quelques lignes sur les lettres
étymologiques dont il est de mode, aujour-
d'hui, de réclamer la suppression, sous pré-
texte de simplifier notre orthographe.
« On a dit corps, pour coin, et alors ce mot
ne vient pas du latin corpus, mais du latin
cornu, qui signifie : angle, coin. Il aurait
fallu écrire corn, ou du moins cor (cf. coins et
cornières) ; mais on a confondu aisément les
deux orthographes. Rien n'est si ordinaire
que ces confusions, de la part des copistes
peu instruits de ces étymologies.
« Nous remarquerons en passant que ces
exemples font sentir la nécessité de conserver
dans notre orthographe les lettres même inu-
tiles à la prononciation. Elles sont comme les
sauvegardes des étymologies et, par consé-
quent, des significations propres. Faute d'at-
tention, on a donc dit corps pour cor, corn,
ou coin, dans les passages suivants. (Suivent
des exemples.) La Curne de Saixte-
Palaye. »
Après cet exposé de la question étj-molo-
gique, nous osons espérer que le lecteur nous
excusera de l'avoir traitée parfois peut-être
un peu trop amplement.
X
L histoire
Nous avons enrichi — ce mot ne nous
semble pas excessif — quand nous l'avons
pu, notre Glossaire de nombreuses citations,
extraites des auteurs du moyen âge, des
temps modernes ou contemporains (b).
Nous avons donné la préférence aux
auteurs angevins, assurément ; mais il nous a
paru curieux de pi'ouver qu'une bonne moitié
de nos mots vraiment patois ont été employés
par Froissart, Rabelais, Marot, tant d'autres
encore, et, en remontant plus haut, par
l'auteur de la Chanson de Roland.
On remarquera, non sans surprise, que plus
d'un vocable — qui, employé par un de nos
(b) « Un dictionnaire sans citations est un sque-
lette. » (Voltaire, Correspondance générale, Lettre
àDuclos, 11 août 1760.)
AVANT-PROPOS
XV
paysans, nous l'ait sourire — est le mieux
formé, le meilleur, le plus conforme à Téty-
mologie et au sens.
Dans les vieux textes, nous avons le plus
souvent respecté l'orthographe ancienne ;
tout au plus avons-nous ajouté parfois
quelques accents, pour en faciliter l'intelli-
gence.
Nous indiquons presque toujours l'auteur
du passage cité, en précisant le passage, ou
tout au moins l'auteur qui le cite, auquel on
est prié de se reporter.
Inv. Arch., t. III, E, S., s., 575, 2, b.,
devra être lu : Inventaire des Archives dépar-
tementales de Maine-et-Loire, tome III,
lettre E, Supplément, suite, page 575,
2«= colonne, bas (h., haut ; m., milieu).
Rab., p., IV, V, 227. — Rabelais, Pan-
tagruel, livre IV, chapitre v, page 227.)
XI
RENSEIGNEMENTS SUPPLEMENTAIRES
Le lecteur trouvera ci-après :
Table des principales abréviations ;
Table des noms de lieux ;
Table des auteurs cités ;
Table des noms des correspondants (ou de
leurs pseudonymes) ;
Table de quelques termes usuels de figures
de rhétorique et de grammaire.
Après le Glossaire proprement dit, le Voca-
bulaire; puis viendront les Zigzags, récits ou
dialogues en patois, qui sont au Vocabu-
laire ce que le corps de l'homme vivant est au
squelette du trépassé.
Et enfin le Folk-Lore (5).
CONCLUSION
Cette œuvre représente plus de trente
années de recherches de M. René Onillon.
Je n'y ai guère consacré, moi, que ces dix
dernières années (1908) ; je ne saurais donc
réclamer la part principale.
Tout ce qui est bien, attribuez-le à mon
collaborateur.
Le reste, je le réclame — et l'indulgence
pour l'un et l'autre.
A.-J. Verrier.
NOTES COMPLÉMENTAIRES
(1) Ici, Messieurs, je me permettrai luie digres-
sion. Je vous assure que, même pour « les gens du
monde », un peu d'étymologie serait souvent
utile.
Il y a quelques années, un employé d'une de nos
administrations, dont le fds était en huitième, vint
me trouver, un peu troublé :
— Dans votre dernier article, me dil-il, vous
avez expliqué le mot ingambe par : qui a de bonnes
jambes, donc : léger, alerte, dispos.
— Et, lui dis-je, c'est bien le sens de ce mot.
— C'est que, justement, la veille, notre Direc-
teur, en annonçant la mise à la retraite d'un des
nôtres, avait ajouté : « Notre excellent collègue, en
effet, est devenu absolument ingambe et ne peut
plus continuer son service. »
Et je viens vous demander si, par hasard, vous
ne vous seriez pas trompé. Car, enfin, dans injuste,
inutile, incapable et tant d'autres, le préfixe in
implique négation de ce qui suit. Donc : ingambe,
qui n'a pas de jambes.
— Avez- vous, Monsieur, appris jadis les racines
grecques ?
— Je crois bien que oui ; mais, vous savez :
« S'il m'en souvient, il ne m'en souvient guère. »
— Vous vous rappellerez, du moins, le premier
vers :
« 7. fait un, prive, augmente, admire. »
Or, à 1''/. grec répond Vin des Latins ; s'il prive, il
peut aussi augmenter, et c'est le cas pour ingambe.
Le fonctionnaire se retira convaincu. Mais mon
article avait fait l'effet d'un soliveau tombant dans
une mare à grenouilles.
Dernièrement, un candidat au brevet supérieur
ayant à expliquer le mot sauvage, appliqué à la
bête, le tira du verbe se sauver, parce que ces bêtes
se sauvent devant l'homme. Ce qui est à la fois une
ineptie et une erreur. Le lion, le tigre, la panthère
ne se sauvent point, que je sache, devant l'homme ;
ce serait plutôt le contraire. Et sauvage vient du
latin silva, bois, par l'adjectif silvaticum, qui vit
dans les bois ; la terminaison aticum étant devenue
âge en français.
N'est-il pas intére.ssant de savoir que le nom du
géranium lui vient de ce que son fruit est composé
de cinq capsules, terminées chacune par une arête,
d'où résulte une forme en bec de grue, sens du mot
savant?
Il est curieux de connaître que le mot sanglier
est absolument le même que le mot singulier. On a
dit : porcus singularis, porc vivant seul ; le mot
solitaire, d'ailleurs, appliqué à un vieux sanglier,
confirme cette étymologie. Porcus est tombé,
singularis est resté.
Vous remarquerez que, des deux mots, c'est le
moins important qui a surnagé. De même, on disait
jadis : des draps linges, c'est-à-dire : de lin ; depuis,
on a dit : du linge.
Et, pour finir, avez-vous pensé à ceci, que les
trois noms de fleurs : Souci, Héliotrope et Tourne
sol sont formés absolument d'après le même prin-
cipe et ont le même sens? — Souci, ancien français
Soucie (fém.), du latin Solsequia, pluriel de Solse-
quium (proprement : qui suit le soleil), pris pour un
féminin singulier, devenu Solsicie, solsie, soussie,
écrit soucie^ puis souci, par confusion avec l'autre
vocable : Souci, inquiétude. — Héliotrope, composé
avec le grec hélioç, soleil, et trépô, tourner, qui se
tourne vers le soleil. — Enfin, Tournesol, parce que
ses fleurs se tournent vers le soleil. Ce rapproche-
ment est au moins curieux.
Mais peut-être quelqu'un m'arrêtera ici. Et ce
mot Souci, inquiétude, aurait-il la même racine?
Non. Il vient du verbe Soucier, latin Solliciiare
(Solcider, solder, soucier). Vous vous rappelez le
passage de Molière :
Chrysale
Et vous n'avez nul soin, nulle sollicitude
Pour. . . ,
Philaminthe
Ah ! sollicitude à mon oreille est rude.
Il pue étrangement son ancienneté.
(Fem. Sav., II, 7.)
AVANT-PROPOS
(2) Je ne donnerai ici qu'un exemple de l'inté-
rêt offert par ces vocables et locutions en patois :
Vanquiers oppose dé menqui.
Quatre mots, tous plus ou moins curieux :
« Vanquiers oppose de mentir. »
Vanquiers, mot aux sens innombrables et assez
mal définis, souvent employé sans raison, par
remplissage. Le sens le plus ordinaire est: Peut-être,
Je le tire de la contraction de Volontiers ; on pourra
lire mes raisons dans le Glossaire. Je le croirais
volontiers, rentiers, vanquiers. — Oppose, en
patois, a le sens de Empêche ; dé, c'est la préposi-
tion de ; menquî, c'est mentir, avec la prononcia-
tion habituelle du ti (comme dans Ventiers), et la
suppression de l'r final à l'infinitif de la deuxième
conjugaison.
Et, dans ces quatre mots, vous retrouverez la
finesse narquoise de nos paysans. On ne veut point
se compromettre par un oui ou un noji catégo-
riques. On répond : Venquiers ben ! Et on ne ment
point.
« Vanquiers oppose dé menquî. »
Dans le dernier numéro des Annales poli-
tiques et littéraires (9 juin 1907), on parle d'André
Theuriet : « Sa petite patrie, à lui, c'était, non
pas celle de sa naissance — un hasard l'avait fait
naître aux environs de Paris — mais celle de sa
race, de sa jeunesse et de son cœur, cette patrie de
la Lorraine qui va de la Marne à la Meuse, c'est-à-
dire le Barrois et l'Argonne. . . Il la chérissait tant
que, lorsque, fixé à Paris, il s'y maria, il voulut
que ce fût avec une payse, avec La Payse ; et, dans
un touchant poème, il nous a même conté com-
ment sa tendresse, qui couvait depuis longtemps,
éclata tout-à-coup, un jour que l'aimée laissa
tomber de sa bouche, avec l'accent lorrain, un
vieux mot du terroir natal. »
Un mot de patois réunissant deux cœurs et liant
deux existences, cela n'est pas banal et, l'aveu nous
venant d'André Theuriet, la caution n'est pas
bourgeoise, comme on disait sous le Grand Roi.
Si j'eusse connu plus tôt cette anecdote, je
l'eusse insérée dans mon Prospectus ; nul doute
qu'elle ne m'eût valu quelques souscriptions de
célibataires désireux de convoler.
(3) Permettez-moi ici une citation de H. Es-
tienne (De la conformité du langage français avec
le grec, livre I, Advertissement, p. 3, édition
de 1569) :
« Comme il est malaisé de faire un banquet où
il n'y ait trop ni trop peu, mais il vault mieux qu'il
y ail trop, d'autant que ce qui demeure n'est pas
perdu ; ainsi est-il difficile de garder si bien
mesure en traictant tel argument, que rien n'y
soit abondant et que rien n'y défaille. Mais il y a
bon remède à ce qui se trouve estre ici d'abon-
dant ; car les lecteurs n'auront qu'à le laisser.
(4) Un de mes honorables correspondants
explique le mot Abouteillé, dans Furoncle abouleillé,
))ar Furoncle en forme de bouteille. Point. Abou-
téier est pour Aboutir ; beaucoup de verbes de la
deuxième conjugaison passent, de cette façon, dans
la première. C'est un furoncle mûri qui est abouti,
qui va ou est sur le point de crever.
(5) J'ai parlé plus haut de correspondants qui
désiraient rester inconnus. Vous n'avez pas l'idée,
cliers lecteurs, des ennuis, des persécutions même
qu'ont eu à subir quelquesruns d'entre eux pour
n'avoir ])as pris la précaution de maintenir leur
anonymat. Je pourrais vous citer une commune
où l'auteur de plusieurs récits, occupant un
commerce important, fut forcé de quitter le pays.
Comme on parlait devant lui de ces récits, réelle-
ment bien faits, en se demandant quel pouvait
bien en être l'auteur, il ne résista pas à la satisfac-
tion de dévoiler son pseudonyme pour se les attri-
buer. Comme la tortue de La Fontaine :
« Il eût beaucoup mieux fait
« De passer son chemin sans dire aucune chose. »
De ce moment, on s'acharna après lui : « Ah ! c'est
vous qui envoyez des articles à ce monsieur qui
écrit dans les feuilles? Vous allez nous faire passer
pour des sauvages. Et, après tout, j 'parlons aussi
ben que lui, quand j'voulons ! »
On pourrait croire que j'exagère. Voici ce que je
lis dans la Revue des Patois gallo-romans. M. l'abbé
RoussELOT y a publié une étude sur le patois de
Cellefrouin (Charente). Voici ce qu'il rapporte :
« Au cours de mes explorations, j'ai contracté bien
des dettes de reconnaissance, et le bon accueil que
j'ai rencontré presque partout me fait un devoir
d'oublier l'hostilité ou la défiance dont j'ai été par-
fois l'objet. Comment, du reste, pouvait-il en être
autrement? Une enquête sur le patois, c'est une
chose si singulière que je devais bien m'attendre à
être traité en espion et à voir les bâtons levés sur
ma tête, même dans mon propre canton et à l'ins-
tigation d'un homme de ma propre commune. . . »
Conclusion : Je ne nomme que les correspondants
qui m'y autorisent expressément.
' Nous manquerions aux sentiments de la
plus élémentaire reconnaissance si nous
n'adressions pas ici nos plus sincères, nos
plus profonds remerciements aux personnes
qui nous ont encouragés et soutenus dans
cette œuvre considérable ;
A nos Souscripteurs qui nous ont permis
d'oser entreprendre l'édition de ces deux
volumes ;
A tous mes Correspondants, en particulier
à M. Boule, qui a revu tout mon manuscrit,
la plume à la main, me donnant trois cents
pages de notes, sur 2.000 mots ; à M. Pucelle,
qui en a fait autant pour les premières lettres
et m'eût continué son aide intelligente et
dévouée s'il n'en eût été empêché par la pré-
paration d'un examen ; à M. R. de la Perrau-
dière, qui a mis de la meilleure grâce à ma
disposition son remarquable ouvrage sur la
Commune de Lue ; à M. P. Simon, institu-
teur à Angers, dont j'ai pu consulter le ma-
nuscrit sur La Romagne et le précieux
Recueil de Chansons ; à tous les autres,
depuis ceux qui m'ont communiqué plu-
sieurs centaines de mots (V. le II*" Tableau),
jusqu'à ceux qui n'ont pu m'en indiquer
qu'un seul. (A.-J. V.)
A tous les journaux qui se sont empressés
d'annoncer notre œuvre.
A M. Riiel, qui a dessiné la jolie vignette
du titre ;
A MM. Germain et G. Grassin, qui m'ont
accordé toutes les facilités que je leur ai
demandées, et à la vaillante équipe des
Typographes, dont la patience a dû être
mise à une rude épreuve (c'est le cas de le
dire) par la complication de ce travail.
AVANT-PROPOS
xvii
Je remercie enfin M. Cardi, administra-
teur du Petit Courrier, pour l'hospitalité que
j'ai trouvée dans les colonnes de son journal,
véritable tribune qui m'a permis de commu-
niquer avec tant de correspondants.
Si j'en oublie, qu'ils veuillent m'excuser
ils sont trop, ceux à qui nous sommes rede-
vables.
Mes
Pour
sources.
M. R. Onillon, voir, ci-après
Angers, 10 avril 1908.
A.-J. Verbiee.
P. -S. — Nous accueillerons avec empresse-
ment toutes les communications que l'on
voudra bien nous adresser sur ce premier
volume ; nous pourrions les utiliser dans le
second (1). (M. Verrier, 2, rue Michelet ;
M. R. Onillon, instituteur au Longeron).
Nous nous mettons de même à la disposition
de nos lecteurs pour tous les renseignements
qui pourraient nous être demandés, dans la
mesure où nous pourrions y répondre.
(1) J'avais identifié à tort Les Ponts-de-Cé avec
le Seium Castrum. Celui-ci est Plessé, canton df
Guéméné-Penfao, arrondissement de Saint-N^.
zaire, Loire- Inférieure. (Communicatiop de M. le
chanoine Urseau).
MES CORRESPONDANTS
Noms ou pseudonymes, avec la désignation de la localité
d'où proviennent ces renseignements (A. J. V.)
ABBÉ (Un)
ALANIC (Mii«)
ANGEVIN DE PARIS (!')
ANGEVIN PUR SANG (Un)
ANJOU HISTORIQUE (L')
ANNETTE (Louis)
BAC (Daniel) (106 mots)
BAHUTIER DE SAUMUR
BALLU
BEDOUET
BEIGNET (268)
BERNIER
BLANCHISSEUSE
BOENE (143)
BOISNARD
BONNET
BORDEREAU
BORDIER
BORE
BOUIG (2000)
BOUIC(D0
BOUVET
BRAULT
BRETAUDEAU (Abbé)
BRION
CAMUS
CHABERT (Mii«)
CHARNACÉ (Bertrand de)
CHÈRE AU fils
CHÉRUBIN (Un)
CHEVILLER
CHOUANET
COINTREAU
CORDON (DO
COURRIER (Le Petit)
COUTANT (Aug., de Paris)
COUTURIERE (Notre)
CROSNIER (213)
C.V. DE RIGAL(731)
DALAIRE (Abbé)
DAUPHIN
DEFAIS (Célestine)
DENAIS
DIVAI
DIVAI (sa bonne)
DROUET
DUREAU
ELGÉ (108)
ESPERONNIERE (M" de 1') (117)
ETIENNE -
F ARC Y (de)
FERRÉ-HAMON
FORTIN
FREULON (67)
G... (417)
Cht.
Ag.
Te.
Ag.
Vr., Chf.
Bf., Bg.
Sar.
My.
Ag.
Bf., SpL
Mb.
Lpc.
Bn.
Shs.
Sou., Jm.
Segr.
Lme., Sf.
Lz., Dt.
Ec.
Lfu., Mot.
Mu.
Lpc.
Bg.
Mzé.
Dt.
Chm.
Vh., Mb.
Ag.
Lpc.
Ag., Fm.
Lpc.
Ag.
Ag.
Vd.
Sal.
Sp.
Mz., Rf., Gp.
Bf.
Mzé.
Spr.
Mor.
Sar., Do.,Pell.
Cnd.
Rf.
Ag.
Tr.
Ag.
Sar.
GALLEAU Chel.
GASNAULT Ag.
GENEST Chg.
GOBLET Sar.
GOBLOT Sar.
GOIZET Upc.
GOUJON Mb., Br., Bf.
GONTARD DE LAUNAY Ljm., Mg.
GRASSET Cho.
GREFFIER DU TRIBUNAL Ag.
GROLLEAU
GUIGNARD
HECKER
JAGOT (D')
JAUDEAU
JOUBERT
JOUBERT
JOUET
JUTEAU
L. A.
LACROIX
LAITIER (Notre)
LEBRETON
LE MOY (sa bonne)
LEMOTHEUX
LEMOYNE
LE ROYER
LEVEQUE
MABILLE
MAINGAUD
MAIRE
MAISONNEUVE (D')
MALADE AVIDE DE DISTRACTION
MARGUERITE (V.)
MAYET (Mi"=)
MAYET (Paul) (84)
MERCIER
MÉTIVIER
MICHEL
MICHELET
MONPROFIT (DO
OGER
ORIARD
OTTO
PAIX (Cercle de la)
PAVIE
PÉAN
PÉAN (sa bonne)
PERRAUDIERE (R. de la) (380) Lue
PERRAUDIERE (X. de la) Lue
PEYRE
PINGUET Tr.
POIRIER (Abbé) Mj.
POTIRON
PRÉAUBERT
Bn.
Bl.
Ag.
Ag.
Lpc.
Bf.
Cho.
Lpc.
Lpc.
Q-
Me.
Ba.
By.
Ag.
Ag.
Ag.
Cra.
Lbh.
Ag.
Ag.
Ag.
Ag.
Lpc.
Do.
Lcg.
MES COUIŒSPONDAXTS
PRIEUR
PROUST
PUCELLE (686)
QUINCÉEN (Un)
RIDEAU
RIPAULT
RONTARD
ROUJOUX
ROY
ROZIER
RUEL
SÉCHET
N. — Un très grand nombre de correspondants m'ont instamment prie de ne les dési-
gner d'aucune façon. J'obéis à regret.
Je me fais un plaisir et un devoir de joindre à ce tableau la très intéressante Note de mon
collaborateur, M. R. Onillon.
SERVAIS
Po.
SIMON (150)
Lrm.
Lfu.,
Lme.
SIRAUDEAU
Cho.
Q.
SAINT-MALO (M"'") (284)
Br., Li.. Jm
Lpz.
SUREAU
Eg.
Lé.
TAUGOURDEAU
Smv.
Lpc.
THIBAUDEAU
Ti.
Lpc.
THOUARSAIS (Un)
Ths.
Sar.
TOUBLANG (Abbé)
Sp.
Lpc.
VÉTAULT
Lpc.
Shs.
VILLEBIOT (de la)
Cho.
IwIES SOXJR.CH1S
Je ne puis citer que des sources, et non des
correspondants, car je n'en eus jamais
aucun. Pas un seul des innombrables mots et
locutions que j'ai consignés au Glossaire ne
m'a été donné par écrit. Je les ai recueillis
moi-même, au jour le jour, sur les lèvres de
personnes de toutes conditions et de tous
états, qui étaient les représentants autorisés
de chaque localité indiquée, pour y être nées
et y avoir grandi, ainsi que je prenais soin
de m'en assurer. 11 n'y eut à cette règle que
de très rares exceptions, et je les signalerai.
Ma récolte de vocables et de faits locaux,
commencée vers 1878, je l'ai poursuivie
âprement partout où j'ai passé, en toute cir-
constance, ordinairement dans des conver-
sations non préparées, rarement dirigées,
tout au plus éclaircies sur quelques points
douteux au moyen de discrètes interroga-
tions ; si bien que tel individu de qui le
commerce m'a fourni nombre de documents
précieux ne s'est jamais douté que son parler
m'eût servi de sujet d'études. Il y a à cette
manière de procéder de sérieux avantages,
comme il y a de graves inconvénients à pré-
venir les gens que l'on épie leur patois ou
leurs préjugés. Je n'insiste pas sur ce point.
Dans certains cas seulement — et ceux-là
encore je les indiquerai — je me suis départi
de cette règle ; mais je ne l'ai fait qu'à bon
escient, avec des personnes assez intelli-
gentes pour comprendre et apprécier le but
que je poursuivais, assez sérieuses pour se
prêter à mes vues en conscience ; encore
n'ai-je jamais négligé de soumettre à un
contrôle sévère les données qui m'avaient été
fournies dans ces conditions.
On reconnaîtra, je l'espère, que ce sont là
des garanties valables d'authenticité pour la
partie du Glossaire qui est mienne. Je passe
aux détails.
C'est Monljean qui a fourni le fonds pi'in-
cipal de mon œuvre et, si j'ose dire, de notre
œuvre. Le hasard qui m'y fit naître a bien
fait les choses : dans peu de communes on
aurait pu trouver des matériaux aussi riches
et aussi divers. Pays essentiellement agricole,
mais où la culture est infiniment plus variée
que dans la plupart des régions, Montjean est
aussi un pays industriel par ses mines de
houille (abandonnées par suite d'inondation
en 1892), par ses fours à chaux, par son éta-
blissement de forges, par ses chantiers de
construction de bateaux, par sa marine
fluviale enfin, de beaucoup la plus impor-
tante qui existe tout le long du cours de la
Loire. Chacune de ces branches de l'activité
humaine suppose un vocabulaire spécial
duquel on ne trouverait guère ailleurs les
éléments. Le fleuve qui traverse le territoire
montjeannais a fait naître toute une moisson
de vocables locaux, nécessaires à caractéri-
ser la physionomie de ses rives, les phéno-
mènes qu'il provoque, les procédés des indus-
tries moindres ou majeures qu'il nourrit, et
aussi la flore spéciale dont il ensemence le
sol des vallées et des îles, flore qui est la
synthèse de celle des hauts plateaux.
Descendant d'une vieille famille de labou-
reurs fixés dans le pays depuis trois siècles au
moins, né dans un village — le Croissement —
à une époque où l'invasion du bon français et
surtout de l'argot moderne n'avait pas encore
trop déformé la vieille langue des ancêtres,
ayant sucé le patois avec le lait maternel, je
songeai, dès que la culture classique, avec
l'étude des langues étrangères, m'en eut
révélé la forte beauté et la noblesse originelle,
je songeai, dis-je, à en fixer les traits essen-
tiels en un recueil restreint, mais que je sen-
tais devoir être quand même d'un intérêt
général. Ceux qui ont le culte de la petite
patrie et des souvenirs familiaux me com-
prendront.
Mais, peu à peu, mon programme s'élargit
avec le cercle de mes pérégrinations forcées.
MES SOURCES
Les lieux où le hasard me transplantait
avaient, eux aussi, un fonds abondant de
vocables spéciaux, curieux par leurs attaches
linguistiques, intéressants par leur histoire,
desquels, souvent, la rencontre éclairait d'une
vive lumière l'origine ou le sens de tel mot
énigmatique que je possédais depuis long-
temps dans ma collection : ainsi, du choc de
deux cailloux inertes jaillit une étincelle.
Tout cela était trop tentant pour un amateur
et, de la sorte, d'année en année, le modeste
recueil que j'avais rêvé à l'origine s'enfla
jusqu'à des proportions imprévues : les
fiches s'entassèrent sur les fiches, les gloses
chevauchèrent sur les gloses et, à la fin, ce
fut un véritable colosse qui sommeilla dans
mes archives :
Monstrum horrendum, informe, ingens, oui
lumen ademptiim.
Et, de fait, il n'eût jamais vu le jour — mes
ressources personnelles ne m'auraient pas
permis de le publier — sans l'aide providen-
tielle qui m'échut, vers 1898, en la personne
d'un collaborateur aussi désintéressé qu'en-
thousiaste, aussi fort d'entregent que riche
d'érudition. Il a pris mon ours, il en a fait
son afftau de prédilection ; pendant dix ans,
il l'a léché et pourléché jusqu'à lui donner
formes, proportions et couleurs. Bien plus, il
lui a déniché toute une lignée de petits cou-
sins qu'il a aussi élevés à la brochette avec
des soins touchants. Tous ces êtres demi-
sauvages, il ne s'est pas contenté de les
dégrossir : il a su les dresser à s'accommoder,
à' fraterniser entre eux, à se tasser dans leur
cage étroite en harmonieuse intelligence. Et
voici que, à ses risques et périls, il entreprend
de produire en public notre ménagerie, que
nous voulons croire désormais présentable.
Honneur au véritable créateur du Glos-
saire, et merci au père nourricier qui a
insufflé la vie au trentenaire avorton !
Or, maintenant que, duement débou-
chardé, mon rejeton va enfin faire son entrée
dans le monde, il me plaît de donner ici les
noms de quelques-uns de ceux qui m'aidèrent
à le procréer. J'espère que ses parrains, pas
plus que moi, ne rougiront de notre commune
progéniture et que nulle protestation ne sur-
gira. Bien que réjouissant pour la galerie, le
spectacle est toujours fâcheux au fond, d'un
parrainage empoignant, au moment de la
grippe, le père godard à la crapacine.
.Ilontjean. — Il me faudrait nommer ici
des centaines de personnes. Je n'indiquerai
que ceux à qui je dois le plus. Ce sont :
1° Pour La langue ghihale : Ma grand'mère
Aunillon (ou Onillon), née Plumejeau (1779-
1867) ; mes tantes, Michelle et Cécile Onil-
lon ; ma bisaïeule maternelle, Marie Bastard,
veuve Augusseau (1780-1877) ; mon grand-
père, René Augusseau (1806-1888), un pur
Quoiie-de-V Hais ; ma grand'mère, Michelle
Augusseau, née Bastard (1801-1889) ; mon
père, Etienne Onillon (1812-1891) ; ma mère,
née Marie Augusseau (1829) ; ma sœur,
Marie Onillon ; mes oncles Pichery et Ri-
bault ; ma femme, née Jeanne Pichery ; —
tous nos voisins du Croissernent ; familles
Brun, Bouyer, Bourigault, Sauvé, Coiffard,
Leduc, Martineau ; — les familles Agoulon
(de Montauban) et Brun (du Salvert) ; —
à Châteaupanne, M. Réthoré Jean, mort en
1907, vers 75 ans ; — dans l'île, MM. Maugin,
Fromageau, Monpas, Trottier, Boumier,
Onillon, Chiron, et mes cousins Ribault et
Bastard ; — dans la Vallée, MM. Juret,
Voisine, Chesné, Delaunay et Courant ;
— dans les Champs, MM. Jolivet (de la
Chauvinière), Defois (de la Gohardière),
Sautejau, dit père Garne (de l'Orchère),
Mau (de la Bougâtrie), Avril (du Gât-
Robin) ; — au Sol-de-Loire, M. Trottier
Jean ; — 2" Pour la langue technique :
MM. Branchereau Pierre, Onillon Pierre et
René, Leduc Jean, Leduc René, Huteau,
Milpied, Michel, Jussiaume Eugène, Prévost,
Giron, Lebreton, Fromageau, Papin, Rou-
tard, Guais Jean, maîtres mariniers ; —
Martin et Ténier Jean, avaleurs ; — Bureau,
Barrault Constant et Meslet, pêcheurs;
— Huet et Rousseau, pêcheurs de sable ;
— Durand et Allard, constructeurs de ba-
teaux ; — Rochard et Bellanger, marchands de
bois ; — Burgevin, Verger, Brisset et Ber-
nard, menuisiers ; — Piron et Bretaudière,
charrons ; — Réveillard et Orthion, tonne-
liers ; — Papin, Léger, Meunier, forgerons ; —
Béguet, Baconnet, Gazeau, Humeau, Pichery,
tourneurs-ajusteurs ; — Humeau, Bourvillé,
Ménard frères, Pasquier Jean, Pelletier,
maçons ; — Deshayes, couvreur ; — Tou-
blanc Pierre, Rousseau, Courant, carriers ; —
Boisdron Jacques et Martineau père, ex-
fourneliers ; — Bourmansais, dit la Pie,
Delhumeau et Rochard, mineurs ; — Ces-
bron Victor, Sécher, Defois Jacques, Tou-
blanc Pierre, viticulteurs ; — Toublanc,
Huchon, Bretaud, dit Belle-légume, et
Nouais, jardiniers ; — Delaunay, Massé,
Bruno, Courant, Petiteau, boulangers ; —
Simon, Joly, Sautejeau, dit le Prince, bou-
chers ; — Barrault Constant, Pichery, char-
cutiers ; — Delaunay, tueur de porcs et
greleur ; — Hirbec, huilier - grainetier ;
Gingueneau, Guet et Bernard, meu-
niers, etc., etc.
La Pommeraye. — Les mots de cette loca-
lité, je les dois à MM. Rochard, boulanger-
aubergiste ; Courant, grainetier-aubergiste ;
Courant, marchand de bœufs ; Blond, fer-
mier au Haut-Plessis ; Brun, fermier-viti-
culteur ; Benoît, y-né, actuellement institu-
teur à La Pouèze, qui fut mon adjoint à
Saint-Paul-du-Bois (188.5-86); Lusson, y-né,
instituteur à Saint-Crespin ; Belliard, y-né,
instituteur à Saint-Laurent-de-la-Plaine ; feu
mon cousin Lusson, horloger et maire de la
commune ; feu mon cousin Louis Chiron, qui
fui longtemps fermier à la Turpinière ;
Catrou, aubergiste au Pélican ; et aussi à
j\Ime veuve Barré et à M"« Julie Allain, épi-
MES SOURCES
XXI
cières-mercières ambulantes, qui, pendant
des années, battirent la campagne mont-
jeannaise en portant sur leur dos leur petite
pacotille.
Chalonnes-sur-Lotre. — Le parler de
cette commune diffère très peu de celui de
Montjean. Les quelques mots que j'en ai
relevés sont dus surtout à mes cousins : René
Augereau et CoifTard, fermiers aux Aireaux
de Grasigné, et Thomas, fermier au Marais.
Rochefort-siir-Loire. — C'est mon ami,
M. Houdet, y-né, décédé pharmacien à Cha-
lonnes, qui m'a fait connaître le peu de
vocables que je connaisse de cette localité,
ainsi que quatre ou cinq de Béhuard, où il
allait souvent, y ayant des propriétés.
Saint-Germain-dcs-Près, la Varaune. —
Ici, ce sont MM. Mingot et Mille, mégeil-
leurs ; Chauvin, marchand-tailleur ; Lebre-
ton , mercier-épicier. Voisine, fermier, et
mes cousins Lecomteet Gâté, de La Varanne,
qui ont été principalement mis à contribution.
Ingrandes-sur-Loire. — J'en dois quelques
mots à MM. Simon-Loiseau, charron, Lau-
rence, chaudronnier, et Agoulon, pêcheur-
aubergiste.
Le Jlesnil. — Mon ami ]\L Dubois, notaire,
y-né ; MM. Courant, maçon. Piton, tailleur ;
Blond, sabotier-aubergiste, m'ont fourni
d'assez nombreuses données ; mais je suis
surtout redevable à feu Auguste Branchereau,
y-né, qui fut notre fermier, au Croissement,
de 1882 à 1892.
Beausse. — En 1879-80, feu mon frère,
Etienne Onillon (1855-95), débuta en ce poste
comme instituteur titulaire. J'eus l'occasion,
à cette époque, d'y faire plusieurs excursions
et d'y recueillir moi-même d'assez nombreux
vocables locaux, en conversant, notamment,
avec MM. Chesné, aubergiste et maire ;
Cesbron, buraliste ; Chiron, aubergiste et
messager ; Brûlé, cordonnier, et M'"^ Bezie,
sa belle-mère. Mon frère me signala aussi
quelques locutions qu'il avait notées à mon
intention, et notre moisson s'étendit, dans
les mêmes conditions, jusque sur les com-
munes limitrophes de Saint-Quentin-des-
Mauges, Botz et Saint-Laurent-du-Mottay.
Dans cette dernière, je dois signaler
M. Blanche, bourrelier, comme un de nos
principaux informateurs.
La Varenne, Montilliers, La Ponèze,
Corzé. — Pour ces quatre communes, où
mon frère Etienne fut successivement insti-
tuteur, de 1800 à 1889, l'exposé précédent
serait à reproduire en termes presque iden-
tiques. Dans mes visites, je fis causer les indi-
gènes ; et les communes voisines, Champ-
toceaux, Vern, Bécon, Saint-C'léntent-de-la-
Place, La Fosse-de-Tigné, Seiches Villevf'qHe,
Soucelles furent explorées.
Pouancé. — En avril 1879, j'arrivai dans
cette petite ville comme adjoint de M. Que-
nion, depuis instituteur à Angers (faubourg
Saint-Michel). Inutile de dire que je fis pour
ce coin de l'Anjou, y compris Carbay, La
Previère et Ar maillé, une partie de ce
que je m'étais proposé. Mais mon œuvre n'en
était qu'à ses débuts : je n'y apportais alors
ni l'ardeur, ni surtout l'expérience que j'y
ai mises depuis, et ma collecte fut loin d'être
ce qu'il eût fallu. Je l'ai vivement regretté
depuis. Je recueillis en même temps quelques
mots de Juigné-sur-Loire, commune natale
de M. et M'"'^ Quenion.
Tiercé. — De là, je fus nommé adjoint à
Tiercé, chez M. Bompois ; j'eus occasion d'y
faire connaissance avec la freud, mot du pays
et de circonstance, pendant le terrible hiver
de 1880. Je n'en souffris pas trop, du reste,
grâce à l'amabilité de mon patron et à la
libéralité de l'Administration municipale,
c{ui disposait d'un budget de plus de 30.000 fr.
M. Bompois, qui était de Gennes, me fournit
quelques mots de cette localité, et j'en
récoltai un certain nombre d'autres, soit à
Tiercé, soit dans nos courses aux environs :
Briollay, Clieffes, Etriché, Châteauneuf-sur-
Sarthe, Montreuil-siir-Loir et même Conti-
gné. Mais je dois dire que, pour Briollay, les
données que j'ai pu fournir ne sont absolu-
ment rien en comparaison de l'apport d'un
collaborateur beaucoup plus autorisé que
moi. Pour Tiercé même, ma collecte primi-
tive s'est notablement accrue depuis lors,
grâce à M. Bélonie, y-né, que j'ai trouvé
facteur-receveur au Longeron (maintenant
à Bouchemaine).
Mazé. — Le même M. Bélonie m'a aussi
quelque peu documenté sur Mazé, où il avait
résidé plusieurs années. Cependant, moi-
même, j'y passai les trois derniers mois de
l'année scolaire 1880, comme adjoint de feu
M. Petit, instituteur hors de pair et botaniste
instruit, qui me fit connaître nombre de
plantes par leurs noms vulgaires et scienti-
fiques. A cet égard, je dois beaucoup à mon
ancien patron pour une des parties les plus
difficiles de notre œuvre. (Depuis lors, aussi,
pour la détermination d'une demi-douzaine
de plantes cjui échappaient à ma compé-
tence, j'ai eu recours aux lumières de
M. Morandeau, pharmacien à Tilîauges,
ancien préparateur de botanique à l'Ecole
supérieure de pharmacie de Nantes. Qu'il me
permette de lui exprimer ici toute ma recon-
naissance pour la parfaite bonne grâce avec
laquelle il s'est prêté à mes vues.) Est-il
besoin de dire que Beanfort, Corné, Cornillé,
Bauné, Oée, Fontaine-<iiiiérin ne me pro-
curèrent pas seulement des spécimens bota-
niques.
Sainte-Gemmes-sur-Loire. — Dans l'inter-
valle de mes séjours à Tiercé et à Mazé,
j'étais allé suppléer pendant plus d'un mois
M. Supiot, instituteur à Sainte-Gemmes.
Ma récolte en ce lieu fut maigre, car j'avais
d'autres chats à fouetter, et je crois bien que
je négligeai à peu près complètement les
Ponts-de-Cé. Mon collaborateur, M. Verrier,
entre deux coups de boules de fort, a, en se
jouant, réparé cette grave lacune.
MES SOURCES
Saint- Piuil-;h;-Bois. — Au mois de sep-
tembie 1880, ji; nvinstallai.s comme inslitu-
teur titulaire à Saint-Paul-du-Bois : j'y
devais rester exactement huit années. Aussi
le nom de cette commune est-il de ceux qui
figurent presque à toutes les pages du Glos-
saire. La langue locale, peu variée, parce que
toute industrie fait défaut, est cependant
riche de vieux vocables très curieux ; elle
tient, d'ailleurs, plutôt, par la forme et par la
prononciation, du parler des Manges que
de celui du Saumurois ou du Poitou, pourtant
limitrophes. D'antiques et vivaces supersti-
tions fournissent un fonds notable au Folk-
Lore. C'est à Saint-Paul que mon œuvre
commença à prendre corps et s'incarna
même en une première édition, restée manus-
crite, essai bien modeste en regard de l'édi-
tion actuelle. Comm.e pour Montjean, mes
sources furent nombreuses ; je me contente-
rai de citer : MM. Charruau, m.aire ; Ogeard
et Macé, tailleurs ; Neau Eugène et Jahan,
forgerons ; Gautreau Pierre, propriétaire ;
Louis Gourrichon, et Bruneau, maçons ;
Veau Pierre et Gautreau, épiciers ; Voy
Henri, charron ; Voy Jean, charpentier ;
Poupard et Léon Richard, cordonniers ;
Poiron, tisserand; Boudayron, marchand
de vaches ; Boileau Frédéric, boucher ;
Frappereau, greleur ; Bonneau Jules, au-
bergiste ; Hervé et Mignot, meuniers ;
Glemain père. Fardeau Pierre, Sauvêtre
Pierre, Derouineau, Boileau, dit Cul-
rouge, Landreau, Fonteneau et Defois,
cultivateurs-fermiers. Je dois un souvenir
spécial à M""*^ veuve Neau, morte en 1886,
vers 75 ans, qui me fit ma popote de garçon
pendant cinq années. La richesse de son voca-
bulaire égalait son dévouement. Que de fois
elle me dit : « Ben, qui que vous allez man-
ger, à midi? Vous avez de tout ren ! » Et je
l'envoyais à la « pourtifaille ».
Pendant cette période, les communes voi-
sines furent quelque peu épluchées : La
Plaine, Coron, La Salle-de-Vihiers par moi-
même, lors de mes visites à mes collègues,
MM. Bouhiron, Landau, Bourmansais, Bau-
mard ; — Saint-Hilaire-du-Bois, grâce à
M. Aumont, tailleur ; à M. Niveleau, y-né,
tourneur à Saint-Paul, et aussi à m.on
regretté collègue et ami, feu M. Caillou ; —
Le Voide, dans mes conversations avec feu
Guiffard, y-né, le facteur qui m'apportait
chaque jour mon courrier, brave et joyeux
garçon qui n'engendrait pas la mélancolie ; —
Viliiers, lors des voyages quasi bi-hebdoma-
daires que j'y faisais en manière de distrac-
tion ; pendant la reconstruction, en 1884-85,
de ma maison d'école par MM. Cormier,
maître-maçon, Piau, couvreur, Sauvêtre,
tailleur de pierres, tous « viguierrois « ; enfin,
grâce à mes rapports fréquents avec MM. Cor-
mier fils, horloger ; Garreau, cafetier ; Piau
frères, peintre et plâtrier ; Turpault et Gorri-
ihon, marchands de vin ; et aussi avec
M. Andreau, charron, et M'"'^ Chardin, sage-
femme à Saint-Paul, tous deux nés à Vihiers.
Les documents que je possède sur le parler
de Cerqueux-sous- Passavant, j'en suis rede-
vable surtout à M. et Mi"« Boussion, y-nés,
facteurs-receveurs au Longeron, et à leurs
parents, MM. Boussion et Boudayron. J'ai
été renseigné sur \ueil. Passavant et Cléré
un peu par moi-même et principalement par
]\Xme Eugène Neau, de Saint-Paul, née à Pas-
savant, et par son frère, M. Mousseau,
aujourd'hui marchand de bois à Vihiers. Je
tiens mes documentations sur Somloire de
M. et M"»*^ Fouchereau, y-nés, boulangers à
Saint-Paul, ainsi que de M. Henri Debillot,
hongreur, maintenant à Seiches.
Mes adjoints, MM. Benoist, de La Pomme-
raye, Emile Guy, de Distré, et Rivier,
d'Auverse, aujourd'hui instituteur à Va-
rennes-sur-Loire, me fournirent des maté-
riaux concernant leurs communes respec-
tives. A M. Rivier surtout je dois une recon-
naissance spéciale : non seulement il me
procura une récolte abondante de mots et
d'usages du Baugeois, mais, doué d'un joli
talent de calligraphe, il contribua de façon
remarquable à l'exécution de mon manus-
crit primitif. L'n adjoint de feu M. Monjoint,
mon collègue de Somloire, M. X., né à Saint-
Macaire-en-Mauges, m'apporta aussi quelques
notions sur le patois de sa localité.
Transféré à Peilouailles en septembre 1888,
je n'y restai que six mois. M. et M""*^ Dubas,
maîtres-d'hôtel ; M. Isambart ; MM. Cocu,
tailleur ; Rouget, menuisier, et Danjou, pro-
priétaire, furent mes informateurs princi-
paux. En compagnie de M. Breton fils, ac-
tuellement docteur-médecin au Plessis-Gram-
moire, j'étudiai cette commune et celle de
Saint-Sylvain. L'occasion se présenta aussi
à moi d'apprendre quelque chose du parler
de Montigné-les-Rairies, de la part de
M. X., huilier, beau-frère de M. Dubas, qui
en était natif.
Des raisons de famille impérieuses me rap-
pelaient ; je démissionnai le 1" mars 1889 et
retournai à Montjean. Là, pendant treize
ans, en communion plus intime que jamais,
parce que plus attentive, avec la vie rurale,
je m'appliquai à étendre et à préciser les
notions que je possédais déjà sur le dialecte
local. Ce fut pour mon œuvre l'heure de la
croissance décisive, de l'épanouissement
idéal.
Ma rentrée dans l'enseignement, en mai
1902, m'offrit l'occasion de la compléter
encore. Pendant près d'un an et demi, à
Saint- Augustiu-des-Bois. je piochai la langue
d"Outre-Loire, très sensiblement différente de
cA\e des Manges. J'eus sui'tout pour précep-
teurs : MM. Chalain, maître-d'hôtel ; Jou-
bert et Burgevin, aubergistes ; Lardeux,
cantonnier ; Freulon et Rouleau, charrons ;
Angebault, Troispoils, Maingot, fermiers ;
Dupont, marchand de bœufs ; Richard, pro-
priétaire ; et aussi MM"^*"» Goguelin et Cho-
quet. Saint-Augustin, localité c.z'-^y. insigni-
MES SOURCES
fiante par elle-même, a l'avantage d'être un
carrefour de routes très passant : les occa-
sions étaient quotidiennes d'y converser avec
des gens de Candé, Loire, Augric, Chalain-
la-Potherie, Le Louroux-Bécoiinais, La (^or-
nuaille, Saint-Siglsniond, Ville moisan, Saint-
Georges -sur- Loire, Saint- Martin- du-Fouil-
loux, Bécon, La Pouèze, Grez-Neuville et
même Segré. On peut croire que je ne man-
quai pas d'en profiter. Par ailleurs, je me
trouvai là en rapports avec M. et M'"«' Li-
bault, bouchers, nés à La Jubaudière,
M'!*' Tijou, institutrice, native de Juvardeil ;
M. Lebreton, forgeron, originaire de Lue, qui,
tous, me firent connaître quelque chose du
patois de leurs pays respectifs. A noter, tou-
tefois, que la plupart des vocables de Lue et
de Candé inscrits au Glossaire proviennent
d'autres sources, qu'il appartient à M. Ver-
rier seulement de désigner de façon explicite.
Promu, dès septembre 1904, à Tout-le-
Alonde, capitale du pays « perraud », je me
retrouvais pour ainsi dire en pays de connais-
sance ; le langage de Tout-le-Monde et La
Orilloire est à peu près celui de Saint-Paul-
du-Bois, qui n'en est guère distant que de
cinq lieues. Il y a cependant des particula-
rités locales, des nuances distinctives, aux-
quelles m'initièrent principalement : M"^« Pi-
neau, femme du maire; MM'i^s Cochard et
Besson ; MM. Cochard et Chabosseau, cor-
donniers ; Hervé et Bachelier, maîtres-
d'hôtel ; Gazeau et Aunay, aubergistes ;
Fonteneau, charron ; Germain frères, menui-
siers ; Pionneau, cantonnier ; Laure et Bes-
son, forgerons ; Boussion et Galard, fermiers.
Je ne négligeai pas de me documenter sur les
communes circonvoisines: Yzernay, Chante-
loup, Nuaillé. MM. Boulord, facteur de la poste.
Bigot, boucher, et Maurat, fabricant de poterie,
me renseignèrent pour Maulévrier ; M. Lan-
dreau, garde-champêtre, pour Mazières, son
pays natal ; M. Biotteau, pour LaSéguinière;
Mlle Ribéreau, institutrice, pour La Poite-
vinière, où elle exerçait précédemment.
Enfin j'arrivai, en mars 1905, au Longeron,
qui sera, je l'espère, la dernière étape de ma car-
rière d'instituteur et de lexicologue. Ici, en
dépit de difficultés spéciales, ma récolte a été
copieuse, parce que la langue locale est des
plus riches et des plus intéressantes. Parmi les
très nombreuses personnes de qui la contribu-
tion à mon œuvre a été plus ou moins volon-
taire, je citerai seulement : MM. Fonteneau»
garde-champêtre et sabotier ; Fonteneau, dit
Poulet, maître-d'hôtel ; Guérin, marchand
de bois ; Gabard, cordonnier ; Duret fils, bour-
relier ; M. et M."'^ Charrier Pierre, aubergistes;
MM. Girardeau père et fils, mégeilleurs ;
Soulard père et fils, coiffeurs ; Allard père et
fils, menuisiers ; Brochard frères, charrons-
forgerons ; Vinet, forgeron ; Guérin et
Piveteau, tisserands; HuUin, boulanger;
Poirier-Soulard et Brault, épiciers ; Levron
frères, entrepreneurs; Davy, Chassériau ,
maçons ; Gilbert et Siret, charpentiers ;
Lhoumeau, boucher; Retailleau et Cailleau,
sabotiers. Je dois beaucoup à MM. Poirier,
dits Ferrand, bouchers ; mais je suis avant
tout redevable à M. Malécot, fermier aux
Prairies, et à sa famille, une des plus vieilles
du Longeron, dont tous les membres se
sont prêtés à seconder mes recherches
avec autant d'amabilité que d'intelligence.
La Sèvre, limite de l'Anjou, bornait le
champ de mes investigations, et je me suis
fait un scrupule de ne jamais la dépasser.
Mon activité extérieure s'est reportée uni-
quement sur Torfou, où MM. Boussion, auber-
giste, Brochard, charron, et Devaux, commer-
çant, m'ont fourni quelques données ; — sur
La Roniagne, où j'ai écouté MM. Griffon,
messager, Musset, fermier, Babonneau, bou-
cher ; — sur Montfaucon, où M. Brin, auber-
giste, instruit ses hôtes en les amusant ; —
sur Saint- Crespin, par l'entremise de M. Barré,
y-né, cantonnier au Longeron ; — sur La
Séguiuière, au moyen de M. Benaîteau,
y-né, tuilier aux Garrières ; — sur Roussay,
par M. Baumard René, fermier en ladite
commune ; — et sur Tilliers, grâce à M. Fleu-
rance, y-né, buraliste au Longeron, et aussi
grâce aux membres de sa famille.
Et voici terminée cette longue énuméra-
tion. Merci à tous, et surtout à ceux qui m'ont
prêté une aide consciente et délibérée. Quant
aux autres, qu'ils ne soient ni surpris, ni
contristés de se trouver en aussi nombreuse et
honorable compagnie.
Nos lecteurs se convaincront, je pense, que
c'est ici une œuvre de bonne foi et de sérieuse
documentation.
R. Onillo^t.
Le Longeron, 9 avril 190K.
EXPRESSIONS TECHNIQUES
employées pour abréger une explication
Apocope. — Retranchement d'une lettre,
d'une syllabe finale : Je voi, p. je vois ;
encor, p. encore.
Aphérèse. — Retranchement d'une lettre
ou d'une syllbae initiale : Las, p. hélas ;
lors, p. alors ; mie, p. amie.
Assimilation. — Action de rendre sem-
blable une lettre à une autre, une consonne à
celle qui la précède ou la suit : Apporter, p.
adporter ; accoutumer, p. adcoutumer.
Cataclirèse. — Métaphore qui consiste à
employer un mot dans un sens contraire à sa
signification. Le bec d'une plume. A cheval
sur un bâton.
DissimilatioD. — Action de changer une
lettre : Quenouille, au lieu de Quelouille
(colucula) ; Boulogne, de Bononia.
Epenthèse. — Consiste à redoubler une
lettre au milieu d'un mot. Juppiter, p.
Jupiter.
Métathèse. — Transposition de lettres :
Berloque, p. breloque ; brebis, pour berbis
(vervex).
Métonymie. — La cause pour l'elTet»
Bacchus pour le vin ; le contenant pour le
contenu, une coupe empoisonnée ; le lieu où
une chose se fait pour la chose elle-même, un
elbeuf, pour un drap d'Elbeuf, etc.
Onomatopée. — Formation d'un mot par
imitation d'un son. Crac ! bruit d'une chose
dure ou sèche qui se fend ; Glouglou, de la
bouteille.
Ilypocoristique. — Qui atténue. FifiUe,
p. fille.
Paragoge. — Addition d'une lettre ou
d'une syll. à la fin d'un mot. Avecque, p. avec.
Péjoratif. — Aflfixe qui donne au mot un
sens de mépris. Ache, de Bravache.
Permutation. — Changement de place
des lettres d'un mot. V. Métathèse.
Prosthèse. — Addition d'une lettre ini-
tiale. Arecommencer, p. recommencer.
Syncope. — Retranchement d'une lettre
ou d"une syll. dans un mot. Gaîté, p. gaieté.
Synecdoque. — Partie pour le tout :
payer tant par tête ; tout pour la partie :
acheter un castor, un chapeau fait en poil
de castor.
AUTEURS ET OUVRAGES
cités par ordre alphabétique des Noms et des Abréviations
Ane. th. fr.
Anj. liist.
Aub.
A. V.
Bat.
B. B.
B. D.
B. de V.
Ch. de R.
C. L. C.
Cle Jaub.
C. Port.
C. G.
D^ A. Bos.
Darm.
Den.
Alanic (Mathilde) Melle. Œuvres.
Allard (abbé) N. s. M. Notes sur
Montjean.
Ancien théâtre français.
Anjou historique.
Aubigné (d') histoires.
A. Verrier
Bâtard. Essai sur la Flore du départe-
ment de Maine-et-Loire, 1809.
Vve Pavie et fils.
Bazin (René), de l'Académie française.
Œuvres.
Bontemps-Beaupré. Cité par Ménière.
Bibliothèque de l'Ecole de Chartes.
B. de la Monnaye. Noëls bourgui-
gnons.
Bodet (René). Grand pèlerinage de
Lourdes — au Puy-Notre-Dame.
Bodin (J.). Œuvres.
Bonaventure Desperriers. Contes.
Boreau. Naturaliste.
Borel. Dictionnaire des termes du
vx franc 1882.
Bourdigné (Ch. de). Pierre Faifeu.
Bourdigné (J. de). Chroniques ; His-
toire aggrégative.
Bourgeois (H.). — Histoires de la
Grande Guerre.
Brantôme. Œuvres. D. G., Dames
Galantes.
Bréal. Essai de Sémantique.
Bruneau de Tartifume. Philandino-
polis.
Bûcher (G. C). Les Poésies de Ger-
main Colin. Bûcher, angevin. Par
J. Denais (Paris, Léon Techener).
Béroalde de Verville. M. de p. Moyen
parvenir.
Castoiement d'un père à son fils.
Chevin (abbé).
Chanson de Roland.
Charles Leroux-Cesbron. V. Leroux.
Comte Jaubert.
Constans. Chrestomathie de l'anc. fr.
Cotgrave. Dictionnaire.
Célestin Port. V. Port.
Coquillard.
Coutumier général.
Coutumes d'Anjou — de Poitou.
Dr A. Bos. Glossaire de la langue d'oïl
(Paris. Maisonneuve).
Dagnet. Le Patois manceau.
Darmesteter. Dictionnaire général.
Deniau (abbé). Histoire de la Vendée.
Delvau. Dictionnaire de la langue
verte,
de Mont. De Montesson. Vocabul. du Haut
Maine.
Devillard. Chrestomathie de l'anc.
franc.
Dict. gén. Dictionn. général de la langue fran-
çaise, par A. Hatzfeld, A. Darmes-
teter et A. Thomas.
Dott. Dottin. Gloss. des parlers du Bas-
Maine. — Du parler de Pléchâtel.
Du Bell. Du Bellay. Défense et Illustr. de la
lang. franc.
D. C. Du Cange. Glossarium médise et infi-
ma- latinitatis.
Eudel (Paul). Locutions nantaises. —
Le parler blaisois.
Eutrapel. Contes.
Ev. Eveillé. Glossaire saintongeois.
Farcy (de).
Fav. Favre. Gloss. du Poitou, de la Sain-
tonge et de l'Auni's.
Perrière. Etymolog. de 400 prénoms.
Fraysse. Folk-Lore du Baugeois.
Furetière. Dictionn.
G. C. B. V. Bûcher.
Génin. Récréations philologiques. Des
variations du langage français.
G. G. V. G. de G.
G. de G. Guerlin de Guer. — Le parler popu-
laire dans la commune de Thaon. —
Pari, popul. de l'Yonne (Y). —
Revue des par. popul.
Gl. Glouvet. V. Histoires du vx temps.
Goblet. Contes des coteaux de Sau-
mur.
Godard- Faultrier. L'Anjou et ses mo-
numents.
God. Godefroy. Dictionn. du vx franc.
Guill. Guillemaut. Diction, patois de la
Bresse louhannaise.
Hanriot. De l'explication des noms
géographiques et des noms de lieux.
Hatzf. Hatzfeld. V. Dictionnaire général.
H. B. V. Bourgeois.
Halphen (L.). Le comté d'Anjou au
xr' siècle.
Hecquet Boucrand. Dictionn. étymoL
des noms propres d'hommes.
Henri Estienne. La Précellence du
lang. franc.
H " du vx t. Histoires du vietix temps. Extraits du
manuscrit de l'écuyer Loys de Cus-
sière, Gentilhomme angevin, revus
et publiés par son petit neveu le
XXVI
AUTEURS ET OUVRAGES
H "" du vx t. Chevalier de Glouvet (Quesnay de
Beaurepaire) Sauinur. Paul Godet,
1866.
Houdebine (abbé). Cité dans l'Anjou
historique.
I. A. Inv (entaire) des Arch (ives) de
Maine-et-Loire.
Intermédiaire nantais. Aux Bureaux
du Phare de la Loire. Année 1902.
Jaub. Jaubert (le comte). Glossaire du
Centre de la France (1864).
Jouv. Jouvencel (Le). Roman historiq. du
xv*^ siècle, p. Jean de Bueil.
L. G. La Curne de Sainte-Palaye. Dict.
historiq. de l'anc. langue fr.
Lapaire. Le patois berrichon.
L. B.
L. C.
Litt.
Lor. Lar.
Mal.
Mén.
Mont.
Mol.
N. A.
N. E.
N. P.
Pals.
I;eroux-Cesbron. Œuvres.
Leroux de Lincy. Proverbes.
Littré. Dict. de la lang. franc.
Lorédan Larchey. — Dictionn. his-
toriq. d'argot. — Nouveau Supplé-
ment, id. — Nos vieux proverbes.
Malvezin. Dictionn. des racines cel-
tiques.
Marchegay.
Ménage.
Ménière. Gloss. des pat. angev.
Moisy. Gloss. comparatif anglo-nor-
mand.
Monet.
Montaigne. Œuvres.
Molière.
Noëls angevins.
Notes de l'Editeur, dans la Curne.
Noëls populaires.
Olivier de Serres. Œuvres.
Orain. Glossaire pat. d'Ille-et-Vilaine.
Oudin. Dictionn.
Palsgrave. Eclaircissement de la 1. fr.
Rab.
R. A.
R. O.
P. C. Petit Courrier (Le), journal d'Angers.
P. Ch. Petit Choletais.
Perraudière (R. de la). Recherches sur
la commune de Lue, 2'^ partie.
Pissot (Le D''). V. Lolk Lore, xi, c.
Port (Célestin). Dictionn. historique
de Maine-et-Loire.
Quicherat. De la formation française
des anciens noms de lieu.
Rabelais. Le plus souvent celui de
L. Moland. P. = Pantagruel. —
G .^ Gargantua.
Revue de l'Anjou.
René Onillon.
Robert Estienne.
Roland de Denus. Les anc. prov. de la
France. Dictionn. des appellat.
ethniques.
Roman de Renart, par D. M. Méon.
Romania.
Ronsard. Œuvres.
. R. Revue des patois gallo-romains.
Scheler. Diction, étymol. franc.
Simon. La Romagne. Monographie
manuscrite. — Recueil de chan-
sons.
Soland (de). Proverbes et Dictons
rimes de l'Anjou.
Straparole. Nuits de. . .
Sudre (Léopold). Cours de gramm.
historiq. de la lang. franc., 3« partie.
Formation des mots et Vie des
mots.
La Tradition, en Poitou et Charentes.
Trévoux. Dictionn.
Vaugelas. Dictionn.
Villon. Œuvres.
Vincelot (abbé). Les noms des oiseaux
expliqués par leurs mœurs, ou
Essais étymolog. sur l'ornithologie.
R. P. G
Schel.
Stapp.
Trad.
Vaug.
NOMS DE LIEUX
cités dans le Glossaire, par ordre alphabétique d'abréviations
Nota. — Les lettres et les chifTres placés à gauche de chaque colonne renvoient à la
Carte de Maine-et-Loire publiée par la maison Oberthùr, de Rennes, ci-jointe.
Les lecteurs pourraient la quadriller de la façon suivante :
a) Horizontalement ; la première ligne affleurant la partie supérieure du mot Angers,
et les autres tracées de deux en deux centimètres au N. et au S. ;
b) Verticalement ; la première ligne coupant la boucle du G du même mot, et les
autres tracées de deux en deux centimètres, à l'E. et à l'O.
Inscrire les lettres de A à J dans les dix colonnes verticales de gauche, et les chiffres
de 1 à 11 en haut des onze colonnes verticales, sans tenir compte delà première demi-colonne.
Le nom cherché se trouve à l'intersection des deux colonnes. Ex. : Brézé, h 9.
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By
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NOMS DE LIEUX
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Saint- Georges-sur- Loire
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Saint-Martin-du-Bois
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Saint-Mars-la-Jaille
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Saint- Julien-de-Vouvantes
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Saint- Lambert-la-Potherie
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Saint- Lambert- des- Levées
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Saint-Léger-du-May
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Saint-Laurent de-la-Place
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Soulaines
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Saint-Lambert-du-Lattay
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Saint-Laurent-du-Mottay
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Saint-Lezin
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Saint-Martin-de-Beaupréau
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Saint-Michel et Chanveaux
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Saint-Martin-du-Fouilloux
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Saint-Macaire-en-Mauges
i
8
Smp
Saint-Martin-de-la-Place
e
6.
7 Smv
Saint- Jean-des-Mauvrets
g
7
Sn
Saint-Georges-Chàtelaison
d
9
Sne
Saint-Martin-d'Arcé
g
4
Sne
Sainte-Christine
b
6
Sœ
Sœurdres
»
»
Soi
Saint-Georges-sur-Moine
i
5
Som
Somloire
e
6
Sorg
Sorges
d
6
Sou
Soûl aire
g
9
Soz
Souzay
i
6
Sp. b
Saint-Paul-du-Bois (Stp)
h
4
Spg
Saint-Georges-du-Puy-de-la-Garde
d
5
Spl
Saint-Clément-de-la-Plaee
h
2
Spr
Saint-Germain-des-Prés
g
3
Sq.
Saint-Quentin-en-Mauges
e
7
Srn
Saint-Mathurin
g
3
Srt
Saint-Pierre-Montlimart
e,f
7
Ss
Saint-Saturnin
e
3
Ssd
Saint-Sigismond
g
1
Ssl
Saint-Sauveur-de-Landemont
d
6
Ssv
Saint-Sylvain
e
4
Sta
Saint-Augustin (V. Sa)
i
6
Stp
Saint-Paul (V. Sp)
f
7. 8
; Svi
Saint-Georges-des-sept- Voies
e,f
7
Svr
Saint-Rémy-la-Varenne
f
5
Svs
Savennières
»
»
Sy
Saumoussay
c
6
Te
Tierce
i
2
Tf
Torfou
o
7
Tg
Tigné
c
5
Tgn
Thorigné
g
6
The
Thouareé
g
6
Ths
Thouars
i
8
Tif
Tifîauges
h
2
Tis
Tilliers
i
4
Tlm
Tout-le-Monde
g
9
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Turquant
e
6
Tr
Trélazé
h
4
Ts
Trémentines
h
6, ;
' Tt
Trémont-la-Plaine
g
9
Vas
Varrains
d
9
Vb
Vieil-Baugé
g
9
Vbr
Villebernier
f
6
Ve
Vauchrétien
»
«
Vd
Vendée
h
6
Vh
Vihiers
h
2
Viu
Villedieu
e
4
Vm
Villemoisan
c
4
Vn
Vern
f
10
Vni
Vernoil
e,f
3
Vr
Varades
9
Vsl
Varennes-sur-Loire
S
9
Vsm
Varennes-sous-Montsoreau
f
10
Vts
Vernantes
d
7
Vv
Villevcque
h
8
Vy
Vaudelnay
h
5
Vz
Vezins. ,;
i
5
Y
Yzernay
ABRÉVIATIONS
Grammaticales, Historiques, Géograptiiques, etc.
a.
actif
ind.
indicatif
S.
Sud
AetC
Adages et Compar.
interj.
interjection
s. sing.
singulier
adj.
adjectif
inus.
inusité
s. e.
sous-entendu
adv.
adverbe, bial
irr.
irrégulier
subst.
substantif
aha.
ancien haut allemand
ital.
italien
sqq.
et les suivants
ail.
allemand
1.
ligne
suff.
suffixe
am.
allem. moderne
lang.
langue, gage
sup.
supin
ang.
angevin, Angers
lat.
latin
suppl.
supplément
angl.
anglais
loc.
locution
syll.
syllabe
art.
article
L. p.
latin popul.
syn.
synonyme
b.
bas (de la page)
m.
masculin
svn. et d.
synon. et doublet
ba.
bas allemand
m. à m.
mot à mot
t'
ajouté au radical de
bl. BL.
bas latin
m. â.
moyen âge
l'adjectif = ment,
Berr.
Berry, ichon.
N.
Note ou Nord
en fait un adverbe
c.-à-d.
c'est-à-dire
n.
neutre
(rare^
Cf.
Comparez
ni
néerlandais
V.
Voyez,
Ch.
chose
norm.
normand
V.
verbe, bal
ch.-l.
chef-lieu
N. P.
note philologique
Vcm.
Voyez ce mot
class.
classique
0.
Ouest
vha
vieux haut allem.
conj.
conjonction
onom.
onomatopée
Vo
Verbo ; voyez ce mot?
conjug.
conjugaison
or. inc.
origine inconnue
vulg.
vulgaire
contr.
contracté-tion
P-
page
vx
vieux
dér.
dérivé
part.
participe
Z.
Zigzags. V. 2° partie.
dim.
diminutif
pas.
passé
Récits en patois.
dipht.
diphtongue
pat.
patois
ds
dans
p.-ê.
peut-être
SiGKES :
E.
Est
péjor.
péjoratif
ell.
elliptique
pers.
personnel
Il
séparation de sens.
esp.
espagnol
pi.
pluriel
4
plus
et. étym
étymologie
popul.
populaire
égal à
ex.
exemple
prén.
prénom
*
forme supposée
ext.
extension
prép.
préposition
'
consonne sonore
express.
expression
prés.
présent
a
lettre muette
f.
féminin
pron.
pronom -inal
1
ou une autre lettre en
fam.
familier
prov.
proverbe
italique dans le
fig.
figuré
prov.
provençal
corps d'un mot in-
F. L.
Folk-Lore
q. quai.
qualificatif
dique un son mouil-
flam.
flamand
qq.
quelque
lé.
fr.
français
qcque
quelconque
?
incertain
fréq.
fréquentatif
qqch.
quelque chose
(Souvent, quand un
germ.
germanique
qqf.
quelque fois
mot important est
h.
haut (de la page)
qqn
quelqu'un
répété, il n'est indi-
ha.
haut allemand
rac.
racine
qué que par la
hist.
historique
radie.
radical
letire initiale, qqf.
hypoth.
hypothèse
réf.
réfléchi
en italique).
inv.
invariable
Rem.
Remarque
DIRECTION DES VENTS EN ANJOU
.^gLi^i^
i
"Jentdu /VoroL-
ou J>re ' fj_
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\\ 1S-S.M
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%v/ •'•^/^•
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i
^S.E
Vent
diL StiO^
On dit souvent, en Anjou : Le vent est, ou
souffle de'Galerne, de Basse soulaire, etc. J'ai
entendu un marinier s'écrier : Oh ! si le vent
virait s'ment d'un quarquier (quartier), s'i
sautait' de la Galarne à la Haute Galarne ! Et
les opinions varient parfois sur la direction
précise de ces points, qui, en effet, peuvent
différer légèrement suivantjles régions.
Pour en avoir le cœur net et sollicité aussi
par quelques lecteurs, je me suis renseigné
auprès d'un de nos bons amis qui, je le
regrette, ne veut pas être nommé. Il m'a
fourni les figures ci-dessus et les indications
qui suivent. J'ajouterai qu'il est de Briollay,
au N.-E. d'Angers. Il résulte de la première
figure que :
Le vent haut est de N. N. O.
Galerne : vent d'Ouest.
Haute galerne (à droite) ONO à NO.
Basse galerne (à gauche) OSO à SO.
Mer : Vent du Sud.
Haute mer (à gauche) SSE à SE.
Basse mer (à droite) SSO à SO.
Soulaire : Vent d'E.
Haute soulaire (à gauche) ENE à NE.
Basse soulaire (à droite) ESE à SE.
Dans le langage des paysans :
Haute soulaire se confond souvent avec
Bise.
Basse soulaire se confond avec Haute
mer.
Haute galerne est à côté du Dré Haut.
Haute mer est vers le Dré Haut, en face,
mais « à d'zamain », d'où la désignation
Haute.
Le vent de Haute galerne est opposé,
face à la Haute mer (NO opposé à SE).
Ces vocables indiquent la direction du vent,
mais non des points fixes. C'est ce qu'explique
la deuxième figure.
Il est évident que si, pour le spectateur
placé en A, le vent de galerne vient de A',
pour celui qui est placé en B, il ne viendra
pas de A', mais de B'. de même pour C, il
viendra de C. S'il y a parfois confusion à ce
sujet c'est que, dans chaque endroit, on se
sert d'un point topographique peu éloigné
pour indiquer d'où vient le vent. Si le point
géographique est pris très éloigné, il sert
pour toute une contrée. Ex. : La buée de
Nantes, constituée par ces nuages bas, gris,
qui courent rapidement au-dessous des autres
nuages, venant de 10. ou de l'O. S. O. et
qui amènent la pluie. « Le vent qui nous
vient de Nantes sent la pluie. »
A Montsoreau, Bise est le vent du N. ; à
Briollay, le vent de Bise est le vent froid,
piquant, du NE, ou plutôt du N.N.E.
Il faut encore faire une distinction.
En batellerie, sur nos rivières, Galerne et
Mer n'indiquent pas la direction des Vents,
mais bien la direction du Bateau.
Suivant le courant normal (c'est-à-dire
non altéré, modifié par une crue ou une autre
cause), « Vire la piautre en Galarne » veut
dire : Tourne-la vers la droite pour diriger le
bateau vers la gauche. « Vire la piautre en
Mar » : Tourne-la vers la gauche, pour diriger
le bateau vers la droite, le bateau suivant le
courant.
Se queiller (ké-yer), c'est pousser Vanille du
taugours du gournâs pour diriger le bateau
vers la gauche. Se serrer, c'est attirer vers soi
l'ânille pour la diriger vers la droite (sans
tenir compte, cette fois, de la direction du
courant). On commande : Queille-té donc !
Serre-té donc !
De même, les balises, en Loire, branches
DIRECTION DES VENTS EN/ANJOU
mobiles plantées dans le sable pour indiquer
la place du chenal), sont étêtées (souvent la
tête reste penchée) en mer, c'est-à-dire à
la gauche du chenal, par rapport au courant;
elles sont droites (ou entières) en galerne, ou
à la droite du chenal.
Sur les rivières, les balises (qu'on appelle
jalons ou limites) sont des jalons fixes et soli-
dement plantés dans un massif de maçonne-
rie, pour indiquer le lit de la rivière lorsque
les prairies sont inondées. Elles sont peintes
en noir et blanc sur la rive gauche et en rouge
et blanc sur la rive droite. On dit : J'allons
nous pêcher à la Balise n° 3 pour passer la
nuit ; — c'est-à- dire : nous allons prendre,
amarrer notre gabarre à la balise, et là nous
passerons la nuit. (Quand la livière n'est pas
débordée, bien entendu.)
N. — Cet article a été écrit pour V Angevin
de Paris, dont l'aimable directeur, M. Henry
Coûtant, a bien voulu faire exécuter le cliché
de la figure et nous le céder pour le Glossaire.
Nous ne comptons plus, d'ailleurs, les preuves
de sa sympathique bienveillance. Il a été
reproduit dans le Maine-et-Loire et nous a
valu de très courtoises observations, parues
dans ce journal, de M. E. de Mieulle, qui
m'ont permis de rectifier certains détails.
M. de Mieulle termine ainsi :
« Pour finir, dans le bassin de la Maine se
trouvent des balises fixes, pièces de char-
pente de 5 mètres de long (7 mètres environ
au-dessus de l'étiage), dont le pied est noyé
dans une maçonnerie ; par une fantaisie sans
doute du peintre chargé de les barbouiller,
car je ne suppose pas que ce soit par ordre de
MM. les Ingénieurs, ces balises sont peintes
en rouge sur la rive droite du chenal et en noir
sur la rive gauche, contrairement aux instruc-
tions du Code international des signaux
fluviaux et maritimes. Tout marin, marinier
ou yacthtman qui remonte à Angers pour la
première fois, venant de la Basse-Loire, par
des eaux moyennes couvrant les prés, doit
fatalement, sur cette indication erronée, se
mettre à terre et peut démolir son bateau ou
ses hélices, et cela, parce que les balises,
comme la culotte du roi Dagobert, sont à
l'envers. »
Je suis allé aux renseignements. Aux
bureaux de l'Administration où je me suis
adressé et où je fus reçu de la façon la plus
courtoise, on reconnut l'erreur, qui existe en
effet, de la meilleure grâce du monde, et l'on
me donna l'assurance qu'elle serait réparée
au prochain « vernissage ». Un règlement
du \^^ septembre 1890 dit que : Pour les ba-
teaux « venant du large » (et de là, probable-
ment, l'erreur du Garde des Eaux et Forêts),
les signaux sont? rouges : à tribord, ou à
droite, et noirs à. bâbord, ou à gauche. Or,
en se1plaçant;dansjlefsens;i(( du courant », la
position est.^inverse" ; les balises doivent donc
être] noires |; à'-; droite et rouges à gauche.
(N. Mais; le^ Code de navigation maritime
régit-il aussi la navigation fluviale, où l'on se
ègle sur le courant?)
r
Par ailleurs, M. R. Onillon m'écrit :
« Tout ce que dit votre correspondant est
vrai, sans doute, pour Briollay et la*, région
circonvoisine. Les mariniers de Montjean
protesteraient. Tant il est vrai, comme dit
notre proverbe, que chacun connaît midi à
sa porte.
f, « Faisons tourner de 45 degrés, de la
gauche vers la droite, toutes les dénomina-
tions de rumbs inscrites autour de la figure
que vous avez donnée et nous aurons aussitôt
une rose des vents où les riverains de la Loire
pourront commencer à se reconnaître. Il
subsistera bien quelques différences légères,
dans le détail desquelles je ne saurais entrer
ici, mais, en bloc, ce sera ça, comme diraient
nos « avaleurs ».
« D'où viennent ces divergences de vues
entre les « Moiniers » et les mariniers de la
Loire? C'est que les uns et les autres ont
réglé leurs compas d'après la direction géné-
rale de leurs cours d'eau. Sur une carte de la
région, tirons une ligne droite de Montjean à
La Ménitré, par exemple ; traçons-en une
autre qui soit la bissectrice de l'angle formé
par la Sarthe et le Loir — les deux artères
nourricières de Briollay — et nous consta-
terons aussitôt qu'il suffirait de rabattre
la seconde sur la première de 45 degrés envi-
ron pour les faire coïncider. Ainsi, tout
s'explique. ^> {René Onillon.)
Je pense que la question est désormais
réglée, grâce à l'intermédiaire de la presse et
à la bienveillante intervention de M. E. de
Mieulle, à qui j'adresse tous mes remercie-
ments.
A.-J. V.
?).
fu
Carte Postale .Télégraphique.Téléphoniçue &desCheminsdeFerduDép!de M AIIM E-&-LOIRE
iLLEiafviLMtià M ._
EXPUCATION DES SIGNES:
^6 CHEF-LIEU DE DÉPARTT
CHEF-LIEU D'.ARRONDT
Chef Lieu de Canton
o Comrmtnf
9 Sureau dt PetU
ï Bureau TêUgrapht^u^
8 Bwreun Téléphonique
■ - Chefnùt d^ Fer fit Staiian
■ ■ Jtf<utes Xationaiti elDèparf^
.4-.+.+.* J.imiUa de Pèpariemtnt
Déposé
PREMIÈRE PARTIE
GLOSSAIRE ÉTYMOLOGIQUE ET HISTOUIOIÎË
OBSERVATIONS
Nous empruntons à M. le comte Jaubert,
auteur du Glossaire du Centre de la France, son pro-
cédé d'Observations dont il parle ainsi : « Un autre
procédé dont je me suis également bien trouvé est
celui des annotations par voie de résumés, qui sont
exclusivement relatives aux modifications des
sons, et que j'ai placées au bas des pages du Glos-
saire, en assujettissant ces annotations à l'ordre
alphabétique. Les unes ont trait aux lettres, les
autres à certaines syllabes. Les premières de ces
annotations, imitées des généralités que le Diction-
naire de l' Académie a placées en tête de chaque
lettre, résument avec plus de détail, en ce qui
concerne l'idiome, les particularités de la pronon-
ciation, les rôles divers que les lettres jouent dans
les mots par l'endroit qu'elles y occupent. Les se-
condes se rapportent à des syllabes, la plupart ini-
tiales des mots et qui gouvernent des pages tout
entières du Glossaire ; plusieurs ont trait à des syl-
labes ou finales ou intercalées qui ne pouvaient
convenablement trouver place ni dans l'ordre
alphabétique réservé aux mots, ni dans les anno-
tations des lettres. Il existe une évidente connexité
entre les deux espèces d'annotations : aussi sont-
elles reliées par de fréquents renvois, comme nous
l'avons fait pour les mots entre eux ; c'est une sorte
de réseau qui embrasse l'œuvre tout entière. »
Prononciatioîst. — A est souvent long dans la
dernière syllabe de certains mots, où il remplace
aie, ais ; hâ, clâ, chênâ, coutrâ, fersâ, pour : haie, etc.
(Vieux-Fuilet). — Dans âbre, pour : arbre. — Dans
caille, à Mj., bref au Lg. — Amouracher, caresser.
A final est souvent bref dans le patois, au lieu
d'être long comme en français.
Permutation. — Remplace e : acoutrr, çarf,
cançarf, far, farmier, harbc, Piarre, sargent, vart,
pour : écouter, etc.
Est remplacé par e : cherrue, cherge, attécher.
Devient ai ou é : chairpie, cherrée ; m'est aivis.
Age final devient éje.
Devient o -. armoire ; ou ou . poupa, mouman.
Addition. — Par prosthèse : arecommencer ; ou
par soudure de l'article : ahaie, amarote, amonitiun.
(V. les observations à Ar.)
Aphérèse. — Madou, pour : amadou.
Diphtongues. — Ai devient a : char, cclar ; ou
ée : méeson, méetre, pour : maison, etc.
^tVivie deent un : procheun — eune — eunement.
Dans La Romagne, se prononce an : pan
matan, pour : pain, matin.
Al devient au : animau, chevau, maréchau.
Au devient ou (Fuilet) : ou champs, pour : aux
champs ; aile a mal ou dents.
Remplace 1 : fvau, pour : cheval.
Se prononce Ao ; chaosses, caoser (Louroux),
pour : chausses, etc.
An prend un son très nasal : an-nimal, an-née.
(V. la note, à ce mot.)
Ou bien sonne on (Vihiers) ; panse devient :
ponse.
Eau se prononce éou : œutéou, batéou, coupéou
(Louroux).
A By, ieâ ; un coutiéâ : — ou iau : un viau ;
(Cheffes) de Viau, un bat iau.
Eau se prononce au, o, bref. — Fléau, flo ; Beau-
préau, Beaupro ; — le marquis de Préaux, de Prô,
ô long. — A Vern, on dit Moumin, pour : maman.
Supplément
— (By.) Les anciens devaient prononcer la ter-
minaison ent de la .3*= pers. plur. du subj. Des vieux
disent encore : Eh ! ben, si n'en voulant, qu'il en
mangegeant donc. — Qu'i y viennegeant, s'i pou-
vant. — • I v'nant (indic.) d'arriver.
— Angers ; quartier de la Doutre : Remarque
ben la femme qui pa.sse là ; tu la vois ben s'pas? —
N. L'a des deux premiers la, très bref ; celui du 3«,
très long.
A (presque partout). — Pron. f. Elle.
S'emploie devant une consonne. Ex. : A n'a
pas voulu ; a n'ont pas voulu ; a viendra a
d'souér, elle viendra ce soir. — Pour Aile. —
N. On dit aussi É ; mais cette forme est plus
prétentieuse et moins usitée.
Hist. — Je me marie quand je veux, dit la
virago. Quant à ma pratique, a m'adore. (H. de
Balzac, César Birotteau, p. 88.)
— Soldats de mon pays,
Ne l'dit's pas à ma mère,
Mais dites-lui plutôt
Que je sui-t-à Bordeaux,
Prisonnier des Anglais,
Qu'a n'me verra jamais.
La Trad., p. 369, 1. 24.)
A, verbe. — On dit : ?/ a, y en a, n^y a
l| N'y a pas, s. e. à dire, il faut que cela soit.
A — ABASSHEURER
— Comment que cette personne a nom, loc,
très usitée.
Hist. — « Longtemps y a que le prix est gaigné. »
(Joach. DU Bellay, Déf. et III. de la lang. jr., II,
xn, 82.)
— J« Trouveront qu'en mes escripts y a beaucoup
plus de naturelle invention. » (Id., L'Olive, p. 72.)
— En toutes langues y en a de bons et de mauvais.
(Id., D. et IlL, II, in, 36.) — « Regarde principale-
ment qu'en ton vers n'y ail rien de dur. » (Id.,
/7/(V/., ll,ix, 53.)
A, prép. — Suivi d'un adj. ou d'un nom
forme de nombreuses loc. adv. de temps, de
manière, etc. — A matin, — ce matin
(Sp.) ; A bonne heure, — de bonne heure ;
A de ressiée, — cette après-midi ; A dur, —
durement. — Ex : Aile est morte à matin.
N. Qqs-uns disent : A ce matin.
N. — J'ai vu, rue des Lices (Angers), une femme
ayant reçu pour un sou de lait dans son pot, plon-
ger un doigt dedans, le retirer et reverser le lait
dans le vase en fer-blanc de la vendeuse, en
s'écriant, furieuse : « C'est point du lait d'à-matin,
ça ! » — Évidemment, il aurait dû être encore
tiède, et il était froid.
Hist. — Rab., p., m, 13, emploie : à bonne
heure : « Protestant desjeuner demain à bonne
heure, incontinent après mes songeailles. » —
i< A fin (en deux mots) que tu ne penses que je me
vueille attribuer les inventions à autruy. » (J. du
Bell., L'Olive, p. 68.)
Il De ; marquant possession ou origine.
Ex. : Le livre à Pierre ; le gars à Jean.
Il D'après. Ex. : Il est rouiné, à ce que le
monde disent. Syn. de Sus. \\ A Dieu pas ; —
au revoir ; je ne vous dis pas à Dieu. || Dans ;
Etre à son à part, à son pouilloux, — vivre
chez soi. || Sentir à bon ; — sentir bon
(Zig. 151). Il A venir ; jusqu'à. Ex. : Depuis
le port Lignier â venir au travers de la
rivière. || Au droit, ou Au dret ; du côté
droit. I! S'emploie après : mordre, piquer,
dans le sens de : par. On dit : Va pas te faire
mordre aux vormines ; il s'est fait piquer
aux sangsures. || Sur ; A cropetons, —
accroupi, sur sa croupe. || Chez ; dans la loc. :
Aller au médecin, au jugeux d'eau, au devin.
Il En ; coifïée aux cheveux, — en cheveux"
Il Avec. Ex. : Etre à ses croûtes, — vivre à
son compte. || Pour ; A venir — jusqu'à ;
A aller. On dit : y a sept lieues de Champtocé
à aller Angers, eine lieue à aller Ingrandes.
Mais on dira : y a deux lieues de Montjean
aller à Chalonnes. || Se supprime, comme on
le voit, par euphonie, devant les noms de
lieux commençant par une voyelle, et parfois
devant Aller, comme ci-dessus. !| Pour.
Ex. : A toujous, — pour toujours. Il Marque
la manière ; A la bonne da ; à la bige-moi
vite. Il S'emploie pour En, dans certaines
loc. : Couvrir à tuiles ; bâtir à chaux et à
sable ; maçonner à pierre sèche. Mais on dit :
Couvrir en ardoise, en paille.
.ibâchoter (s') (Mj.), v. réf. — Se casser,
se vieillir, baisser. Dér. de A bas, avec suff.
péjoratif.
Abandonner (s'), v. réf. — S'abandonner
aux mouches, — ne plus avoir de .souci de sa
personne ou de ses intérêts ; être dégoûté de
tout ; jeter le manche après la cognée.
Abarger (Mj.), v. a. — By. Embarger. —
Mettre en barge, la paille, le foin.
Et. — L'origine de Barge, ou Berge, est incer-
taine, si le sens est clair. La berge est la pente
escarpée qui borde une rivière. En terme de ma-
rine : Rochers qui s'élèvent à pic au-dessus de
l'eau : Les Berges d'Olonne. — Est-ce par rappro-
chement? — En ail., Berg veut dire : montagne. —
C'est aussi une sorte de bateau, du lat. Barca. —
« Barge, bâtiment de transport, pile de foin ou de
paille. Cette dernière signification dérive probable-
ment de la première, en raison de l'usage de trans-
porter sur les grands bateaux sans quille de la Cha-
rente les foins qui, amoncelés sur le bateau, le
cachent complètement. » (Evelllé.) — Dans
d'autres contrées, Abarger, Aberger signifient
Action d'abriter, de couvrir. En roman : Alber-
gannen, d'où Auberge. — Ou encore : Aborder la
berge, arriver. — Nous inclinons à penser que ce
mot vient du celtique.
Hist. — « Perrin Adam descendit de dessus le
pailler ou Barge des pailles d'icellui lieu où il estoit,
tenant en sa main une fourche. » (1453, D. C.) —
Le suppliant avait amassé ledit foing et mis en une
Barche ou mulon. (1460, Id.)
A-bas (Mj.), s. m. L'Ouest, l'Occident.
Ex. : Le vent est iïà-bas. \\ En à-bas à
rOuest. V. Bas. || Saint-Laurent d'à-,èas —
S.-L.-du-Mottay, bourg situé à l'O .de Mj. —
V. A-haut. Il A Mj., A haut et A-bas servent
à désigner l'E. et l'O. — N. Dans notre pays
la Loire coule du X.-E. au S.-O. ; amont et
à-bas servent à désigner ces points del'horizon
et sont devenus syn. de X.-E. et S.-O. ; ils
les remplacent sur la plupart des plans de
propriétés, et constamment on les emploie
dans les actes pour fixer l'orientation des
immeubles. C'est ainsi qu'on dit d'un champ
qu'il tient d'amont (X. E.) à..., Aa-bas
(S. O.) à..., de solaire (S. E.) à... (De
M0XTE.SSON). — Furetière désigne ainsi le
vent d'O.
Hist. — « Les eaux estoient tellement débordées
que l'église de la Trinité en estoit pleine... ; il
fallut un batteau pour. . . ouvrir les portes A'abas,
qui retenaient l'eau. » (Inv. Arcfi., E, n. p. 148,
col. 2.) — « Tu seras, a-t-il été dit à Mélusine. tous
les samedis serpent dès le nombril en abas. (Jehan
d'Arras. La Trad., 217, 21.) Ici le sens est pour :
bas, simplt.
.Abasuurdeli, adj. q. pour Abasourdi.
Et. — De : sourd et de : aba, qui est probable-
ment le même que dans Abajoue, c.-à-d. formé de à
et ba. ou be, indiquant une mauvaise disposition.
Assourdir par un grand bruit. (Litt.) — Absourdi
(absurdum. — itum). — Constans, Chrestomatldc.
Cf. Elourdclir, Engourdelir.
.ibasshciirer (s') Sa.), v. réf. — S'attarder
le soir. Dér. de Basse-heure. A Mj. on dit dans
le même sens. Se mettre àlabasse-heure, — se
mettre en route fort tard, de façon à n'arriver
que la nuit.
Hist. — " Circa horam nonam bassam, — vers
y heures du soir (1400). » — « Comme à heure de
ABAT — ABERNUNTIO !
basse rissue, lui Gosset étant à la croix d'icelle
ville de Verneuil. » (Rissue, de Riotte. « Merenda,
le mangier de l'heure de none. » Du verbe Réciner,
Rechigner : Merendam sumere. — Ressiée.) D. C.
Abat (Mj.), s. m. — Longueur sur laquelle
s'abat un arbre. !| Hauteur d'un arbre ou
d'un homme. Ex. : Ein grand corps comme
ça, c'a ein abat. ]| Force d'un levier résultant
de sa longueur, jj Tomber d'abat, — t. abon-
damment et pesamment, en parlant d'une
pluie battante. Se dit au Lg : Il mouille
(Tabat. Un abat d'eau est une grande chute
d'eau. Sjm. de Aca, Aqua d'eau. A Ec. on
dit : Tomber d'accâs, par accâs. || En abat, —
bon à abattre, à émonder, en parlant du
bois : Velà des léiards qui sont en abat.
Il Abattis, — ragoiit fait avec les extrémités
d'un animal de boucherie ou d'une volaille' :
J'n'avons à vous ofYri que des abats d'oie.
Il Tr. — Partie détachée de la voche schis-
teuse. Cf. Abatage.
Et. — De A, battre. Du lat. Batuere ou Battuere,
transformé par le B. L. en battere. Frapper de
façon à faire tomber à terre? (Litt.)
Hist. — « Pour abat de chascun arbre de chesne,
en l'amende de six florins carolus. » (L. C.) —
« Lesquelz merlez avecques la bataille du roy
d'Angleterre en firent merveilleux abat. » (Boukd.,
Hyst. d'An;., f" 85.) — « Information contre le
fermier du prieuré de Brissarthe, pour abat de bois. »
(/. A., S. H., 129, 2, b.)
Abatage (Mj.), s. m. — Réprimande
sévère, verte semonce. Syn. de Galop, Savon,
Chasse, etc. : « Il te illi en a foutu d'ein aba-
tase ! » Il Tendance à s'abattre, à tomber :
« Ein grand cadâbre comme ça, c'a de \aba-
tage ! Il Lg. — Longueur d'un bras |de levier,
pesée faite au moyen d'un levier du premier
genre, moment d'une force, en mécanique :
« Eine parche de ceté longueur-là, vous
pensez que c'a de Vabatage. V. Abat. \\ Force
physique, vigueur corporelle, en tant qu'elle
est due à la masse et à la grandeur de l'in-
dividu, plutôt qu'à sa musculature et à sa
nervosité.
Et. — Pour le premier sens on peut dire que
cette réprimande abat celui qui est pris en faute.
(Larch.)
Abâtardir" (Sp.), v. a. ;Ruiner complè-
tement.
Et. — L'origine du mot Bâtard est dou-
teuse. Le Dictionnaire général , dit : Propre-
ment, Engendré sur le bât, allusion aux rap-
ports fréquents des muletiers avec les
• servantes d'auberge. (Cf. Angl. Bankart,
bâtard ; proprement engendré sur le banc.
llist. — « Il y a toujours, dans la vie des femmes,
un quart d'heure où il suffît de tendre la main f)our
que le fruit y tombe de lui-même. » (La fin de
r Amour, de Robert Bracco, Fantaisie en 4 actes,
li'iuffes parisiens. Le personnage du Docteur.)
1,'est ce que nos grands-pères appelaient l'heure
'lu muletier. » (Clironiq. théâtr. du Temps. Lundi
-'t novembre 1904, Ad. Brisson'.)
— ■ Fille le Roi Henri de bas,
— Juliane fut apielée. . .
— Si ot de bas b Roi six fms. (1391.)
— Si alla en Puille à Mainfroi son fds de bas. . .
(D. C.)
Abat- flancs (Mj), s. m. — V. Bat-flancs.
Abattant (Tr.), s. m. — Ouvrier à' à-bas,
celui qui abat la roche, par opposition à celui
d'à-haut, qui la taille. — V. Loup et Pigrolier.
Abat- vent (Fu.), s. m. — Contrevent.
Abbéion, Abboyon (Svh.), s. m. — Jeune
abbé. S'emploie ironiquement.
N. — Pour le changement dé é en oy, cf. Poiser,
Poine, Reqroit, Moitais, etc. V. Aboyant. — Abbé
vient du syriaque Abba, père. — Abbaiette, dim.
de Abbave : « Une Abbaiette qui a nom
Maroille. » (î. C.)
Abbonic (Sa., Lg, Lrm.), s. f. — Abbaye.
N. — Ce nom n'est plus employé comme nom
commun, la chose ayant cessé de l'être, commune.
Mais il s'est conservé comme nom de lieux. A Sa. et
à Lrm. existent des fermes dites : V Abbouie, qui
furent en effet des abbayes.
Ab-de-crasse (Segr.). — Avoir Ab-de-crasse
avec qqn. c'est être en dispute. (Mén.)
Difficile à expliquer.
Abécher (Mj.), v. a. — Donner la becquée.
Et. — A, Bec. — Vx fr. Abéchier, Abeschier,
abecker, Abequer. (God.) — Se trouve dans
Furetière. Il By. « Haut le bagueneau, que je
Vabècfie ! » V. Baguenet.
Abeequérer (Tlm.), v. a. — Ruiner.
N. — Ce mot aurait-il du rapport avec l'angl.
Beggar, mendiant; réduire à l'état de mendiant?
(R. O.) — .le trouve dans Jaubert : Abéqué,
éreinté, à bout de forces.
Abe.illaudé, ée (Mj.), adj. quai.- — Qui a un
gros ventre, en parlant d'un enfant. V.
Abézardé. De Abeillaud. bourdon, frelon.
Probablement de Abeille. V. cependant,
Beille, Boille.
Abérier (Mj., Lg), v. a. — Abriter, couvrir.
Forme vieillie. Syn. et doublet de Abrier.
Abernote (Tlm., Lg), s. f. — Carvi
terre-noix.
N. — Le nom berrichon est Moison, et ce nom
est un doublet de Moisine. syn. de Anotte. Ces
deux derniers vocables s'appliquent à la gesse tubé-
reuse. Ainsi, malgré la différence de sens, Anote et
Abernote sont des doublets, et ceux qui prononcent
Arnottes sont dans le vrai.
— « Anote, sorte de bulbe que ceux qui croient
bien parler nomment : arnote. — Eertnote Belgœ
vocant quod sonat nucem terrœ (Saumaise).
V. Ménage. {Noëls bourguign., Bernard de la Mon-
NOYE.)
Abcrnuntio ! (Sp.), interj. — Exclama-
tion souvent employée par les femmes pour
marquer la surprise, le dégoût, Tadmiration.
Et. — C'est le lat. Abrenunlio, saisi dans les
prières liturgiques, estropié par des bouches igno-
rantes et détourné de son sens. — Proprement :
Je renonce formellement. « Dans les baptêmes
de la primitive Eglise, on demandait au néophyte :
Utrum abrenuntiat Diabolo et pompis ejus? —
Il devait répondre : Abrenuntio. — (Eveillé. —
V. D. C, à ce mot.)
k
ABÉROUE
ABONOTER
Abérouc (Fu.), s. m. — Abreuvoir. V.
Bérouée à la citation du Fuilet.
Aberver (Lms. Z. 196, Mj.), v. a. —
Abreuver.
Abeuloter, v. a. — Disposer en beulots, du
foin, du iumier. V. Abûloter.
Hist. — « Égayez-vous, mes gas, pas de beulo.
— Mot des Chouans qui, pendant le séjour des
Chouans à Laval, étaient chargés de disperser les
groupes qui se formaient dans les rues et sur les
places. (DoTT.)
Abeurver (Fu.). — Aheurver le persoué, —
abreuver le pressoir, le remplir d'eau pour
obtenir le gonflennent du bois et rendre la
tnaie étanche.
Abeuvrer, v. a. — Couvrir de boue. Pour
Abreuver. V. Abeurver. || By. Abeuvrir la
buée. Remplir d'eau une bue, une buie.
Et. — « Abreuver, Abeuvrer, de Abbeverare, de
Bibere. (Scheler.) — « Abreuver la buie », prépa-
rer la lessive en y versant de l'eau. — Abreuver
un tonneau. V. Abeurver. — « Les prés se sont bien
embreuvés. » (Jaub.)
Hist. — « Au territoire de Tani les prez sont si
bons qu'on les peut faucher quatre fois l'an,
encores que ce ne soyent prez d'abbruvage. »
(Bien arrosé, — de boire. God.)
.Abczardé, ée (Sp.), adj. q. — Qui a un
gros ventre. Se dit surtout des enfants.
Et. — La racine Bés se retrouve dans le pat.
Bêserot. C'est sans doute la même que celle du fr
Bedaine, Bedon. (J'ajouterai Bedouau, blaireau.
A. V.)
Abichcr, v.
\ . Abécher.
Donner la becquée.
Et. — « Abecquer, abéquer, abécher, formes
extensives de Becquer, prendre ou donner la bec-
quée. » (D'' A. Bos.)
.Abiénage (Chpt.), s. m. — Façons données
au foin pour le faire sécher. Ex. : Je ferai
Vabiénage pour le regain. V. Abiéner. —
Abandon du regain des prairies à condition
qu'on fumera, fauchera et qu'on fera des
veilloches. (Sgl., Méx.)
Abiéner (Mj.), v. a. — En parlant du foin,
le faire sécher et mettre en meules ; autre-
ment dit : donner à l'herbe fauchée toutes
les façons nécessaires pour en faire du foin,
pour mener la récolte à bien.
Et. — Bonifier, améliorer, amasser, recueillir.
(GoD.)
-Abîmer (Mj), v. a. — Au propre et au fig. —
Ahimer qqn, — le dénigrer, le décrier, dire
de lui tout le mal possible. |1 Abîmer son
portrait, — se blesser au visage. || Gâter,
salir : mettre les pieds dans l'abîme, dans la
bornille. — On a dit : Sodome abyma en une
nuit. (Mén.) Il Abîmer de coups de pied, de
coups de poing, frapper avec excès, jj Abîmer
un vêtement, — le gâter, le détériorer. || Abî-
mer et hacher sont syn. Ex. : Tu vas ou-s'-
(h)acher = tu vas ow-s' abîmer. — Il s'ét
abîmel le dé. [j V. réf. S'abîmer, — se blesser
grièvement.
Et. — • Lat. Abyssus, sans fond ; Abissimus. La
signification primitive : Précipiter dans un abîme,
s'est généralisée en celle de : détruire, anéantir,
ruiner. (Schelek.)
Abjecte, adj. q. \'. Différente. — Qui est
rejetée et digne de l'être.
Ablettier, s. m. — Pour : ablier, ableret.
Filet destiné à prendre des ablettes.
N. — On devrait dire : Albette, albettier, ce mot
venant du lat. Albus, blanc.
Aboilage, s. m. Vx mot. Abeillage. Droit
du seignenr sur les abeilles éparses ou dissé-
minées qui se trouvaient dans les forêts de
sa seigneurie. On disait Aboilles pour Abeilles.
Et. — Abollagium. (D. C.) — Un titre de la
maison de Sully dit : C'est à savoir sur ce que li dis
Messire Pierre avoit pris aboilles en son Bois, qui
appartenait à ladite Dame, pour le droict de la
Chastelenie, etc. . . Accordé fut en jugement en
l'Assise de Chasteau-Meillan. . . que de cecy en
avant ladite Dame prendra et aura ledit aboi-
loge, etc. (Donné le dimanche après la Saint-
George, l'an de grâce 1369. — Ménage.)
Aboille (Mj., Fu.), || s. f. Abeille. — La
mère aboille, la reine. — Syn. de Avetle.
N. — Ce mot, à Mj. et à Ssl., se prononce
Aboueille, et au Lg. abo-ille, le son naturel de l'o
étant conservé.
Abômi, ie (Mj.), adj. q. — Enflé, bour-
souflé. Ne se dit que du visage. — Cf. Amômé-
Rapprocher de Embaumé, au sens de Endormi.
Et. et Hist. — « Abominatio : Nausée, dégoût de
nourriture, envie de vomir. »« La mente conforte
l'estomac et donne appétit de mangier et oste abo-
mination. » — D'où : Abominable, qui souffre de
nausées : « Ces malades estoient si despis que les
privez serganz du benoist roy en estoient Abomi-
nables. )) — D'où : Abosmer.
— Moult est en enfermeté grande
Homs qui abosme sa viande. . .
— Et chevauche dolens et Abosmis...
— Dont en furent irrié et Abosmi.
Verbe abosmer. Avoir envie de vomir, avoir mal
au cœur, être dans l'état de ceux qui ont cette
maladie. (Abosmé, Abosmi, Abosmié, — triste,
accablé. — Abomey, Abomeiz. — D. C.) — Je lis
dans le D"' A. Bos : Abosmer — mir : vomir. . .
Abominare, confondu pour le sens avec Avomi-
tare. L's ajouté, phénomène des plus fréquents —
Dans GoDEFROY : Abosmer, — accabler, conster-
ner, — avoir du dégoût, de l'aversion pour, —
abominer, — s'effrayer. Plongé dans la douleur,
accablé de chagrin, indigné, révolté. — Abosmi,
abomi, aboumi = engourdi, endormi. — Abomi-
nable, — qui inspire ou qui éprouve un sentiment
de répugnance, d'aversion, de dégoût, d'horreur.
N. — J'ai insisté sur ces explications : il y a évi-
demment un rapport entre : avoir mal au cœur et :
être enflé. Mais pourquoi, alors, ce mot ne se dit-il
que du visage?
.Abondance (Mj.), s. f. — Sorte de cépage
rouge qui donne beaucoup de raisin.
Abonéter (s'), v. réf. — Devenir bonne
femme, prendre les allures d'une vieille.
V. S'aboucher et Abonoler.
Cf. Abonir, Abonnir, — déclarer bon. (God.)
AboDoter (s'). — Com. Abonéter.
ABORD — ABOUVER
N. — Dans le Poitou, on dit : Aboun'femm'zir
(s'), vieillir. (Favre.) V. Abounefemmée.
Abord (Mj.), s. m. — Lieu de la rive où les
bateaux peuvent aborder ; cale de débarque-
ment, li Du premier abord, — tout d'abord,
de prime abord. (Par plaisanterie on dit
qqf. : Au second rabord.) !| D'abord que, —
dès lors que, vu que, et d'ailleurs. Ex. : Je
ne se pas pourqué tu m'en enveux à cause
de ça ; d'abord que je ne l'ai jamais dit.
N. — Proprement : Avoir abords contre une
rivière, c'est avoir de.s terres au bord d'une rivière :
« Est ordonné à un chascuns ayans abords contre la
grande rivière. . . qu'ils ayent à les entretenir. . . »
(L. C.) — « Abord, lieu sur le bord d'une rivière ou
d'un ruisseau, disposé pour laver le linge. (Dott.)
Abordage (Mj.), s. m. — Coup, blessure,
atout. Ex. : Il a attrapé eia fameux abordage.
Abordant (Mj., Lg), adj. v. — D'abord
facile. Se dit des personnes seulement.
Ex. : A n'est point abordante, la fumelle !
Aborgnac, s. m. — • Un aborgnac, — qqn
qui n'y voit guère. De borgne?-
.iborgner (s'), v. réf. — ■ Regarder avec
attention. Argot de voleurs. On ferme un
œil pour mieux voir de l'autre.
Abosinc (Fu.), adj. q. — Enflé comme une
bosine, — bousine - vessie.
Abosmer, v. n. — Avoir sommeil. Etre
triste. Il V. a. Accabler, consterner. V
Abônii.
N. • — Abasmer, Abysmer. Exprime la conster-
nation, la douleur profonde dans laquelle un évé-
nement malheureux précipite, absorbe notre
âme. (L. C.)
Aboucher, v. a. — S'aboucher, pour : Se
courber sous le poids de l'âge ou de la peur
(Segr.).
Et. Hist. — Faire tomber en avant (sur la
bouche). Vieilli. (Dict. gén.) — Tomber en devant,
à bouchetons, comme on disait autrefois. (L. C.) —
S'aboucher sur son lit pour pleurer ; Abouchon , — •
sur le visage, contre terre, à plat ventre. (Guill.) — •
Aboucher, abouchier, — presser avec la bouche ;
s'abattre, tomber le visage en avant, se renverser la
bouche contre terre et, en général, tomber. —
Aboucher un pot, une seille, pour l'égoutter. « Un
tel ne dort jamais sur le dos, il s'abouche. » —
Quand vous retirez de l'eau un noyé, ne l'abouchez
pas. )> (GoD.) — Cf. S'Adenter. — xvi^ s. « Les
refîormés ne peurent faire autre chose que d'emplir
et couvrir les canons, abouchés en terre, d'un grand
amas de poudre et y mettre le feu. (D'Aubigné,
Hist., I, 157. — LiTTRÉ.)
Abouler (Mj.), v. a. — Donner, remettre,
verser. Syn. de Dégainer. \\ V. n. Financer
X. Ce mot est d'introduction récente. Argot.
Arriver en foule ou en abondance, affluer.
Ex. : Tout le monde aboulaient chez lui.
Il Abattre, jeter, mettre bas. || En terme de
pêche, c'est battre, avec un bouloir, les
herbes au bord de l'eau, pour en faire sortir
le poisson. En fr. Bouillcr l'eau, pour :
remuer l'eau avec une bouille ou longue
perche. Boule, en vx fr. signifiait : bâton
terminé par un broc, de bulla. (Litt. —
Citât, de Mén.)
Abounefemmée, adj. q. — Vieillie Cf.
Abonéter, Abonoier (Bn). — By. Les poumes
de rain-nette c'est ben meilleur quand c'est
un peu abounejemmé (flétri, ridé).
Cf. Abonhommer ; prendre les habitudes, la tour-
nure d'un bonhomme ; se faire vieux. Ex. : Depuis
deux ans nout' père s'est ben abonhommé. »
(Dott.) — Aboun'houm'zir. (Poitou.)
Abourde (Lrm., Tlm.) s. f. — Béquilles.
Dér. de Bourder. Les abourdes (grandes
béquilles) permettent de bourder, de s'arrê-
ter, de s'appuyer dessus. — N. Qqs-uns
disent : Abourne. !| JU., Z. 196. V. Appouer.
About (Mj.), s. m. — Fin, terminaison,
bout. Il Fig. Dernier mot. Ex. : Ceté petit
mâtin-là, n'y a pas moyen d'en avoir Vabout.
Et. — About. Bout, extrémité. Héritage hypo-
théqué. (V. D. c. Butum.) — Adboutamentum.
Fonds assigné à un créancier par tenants et abou-
tissants. « Butum, — bout » (1146. D. C.) — Le
Nord. (GoD.)
Aboutant (Mj.), part. prés. — Aboutissant.
Il Adj. verb. et subst. — Les tenants et les
aboutants. Au propre et au fig.
N. Conjug. irrég. pour la grammaire, mais natu-
relle (cf. tenir, tenant ; sortir, sortant). C'est le v.
Aboutir sans la syll. iss. — On disait jadis Abouter,
pour : borner, et Aboutant en vient, non de
Aboutir.
Aboutéier (s') (Mj., Sal.), v. réf. — Tireràsa
fin. Se dit d'un abcès qui se mûrit, qui est
prêt à suppurer. Ex. : Ton fronde commence
à s' aboutéier.
Et. — Dér. de About, au moyen du suff. inchoa-
tif éier. Cf. Foléier, Gauléier , Eclaréier, etc. —
« Une charrette abotée est une charrette dont on ne
peut plus se servir. — Un homme aboté est un
homme qui a perdu toutes ses forces, soit par l'effet
de l'âge, soit par suite de maladie. » (Jaub.) —
Cf. L'Àraboute. Z. 173.
Abouter (Mj.), v. a. — Mener jusqu'au
bout. Ex. : Les bœufs n'ont jamais pu
abouter la charrue. || Sp. — Abouter la
charrue ; au jeu, faire avec les cartes que l'on
a en main le reste des levés. || V. n. Se ter-
miner à. Ex. : Ceté petit chemin-là aboute à
champs, — çàd. est une impasse, un cul de
sac.
Et. Hist. — De About. — « Dépendant de ladite
paroisse de Saint-Germain, qui par là aboute celle
de Saint-Georges. » (1730, Inv. Arch., S, s, E,
349. 1.) — Sezile (Sicile) qui sur mer aboute. (L. C.)
— Angl. to abut, — aboutir à. (MoisY.)
Aboutoir (Mj.), s. m. — Panneau qui
ferme l'arrière d'une charrette.
Aboutouner (Lg), v. a. — Boutonner.
Ex. : Aboutoune donc ta culotte.
Abouver (Segr.), v. a. — Mettre sous le
joug deux jevmes bœufs.
Et. — Du lat. Bovem. — N. Abouvier : décou-
pler les bœufs, les « lâcher du joug après qu'ils ont
labouré, les disjoindre ». Nicot, cité par GoD. —
ABOYANT>S — ABREUVOUX
Sens contraire à celui de notre patois. — De même
L. C. Abouvier, abjugare boves. — Mettre au joug
de jeunes bœufs. (Dott.) — Dans le Poitou (Favke,
comme Gon).
.4bo.vants, s. m. — Gen.s qui viennent voir,
écornifler s'il n'y a pas qqch. à rapiner, —
qui se présentent, par ex., dans une maison,
au moment du dîner. !| S^^ — Aboyant, —
jeune abbé, séminariste. Syn. de Abboyon,
Abbéion. V. Aboyer.
Aboyer (Mj.), v. a. — Au fig. Dévorer du
regard, désirer ardemment, brûler pour.
Ex. : Aile est pon moins mariée avec son
harnicou, depuis le temps qu'a V aboyait !
Et. — Sauf preuve contraire, je tiens ce mot pour
u n composé de A et de Boyer, béer. Aboyer, c'est
proprement rester bouche bée, en contemplation de
ce que l'on admire et convoite à la fois (badaread.)
Ainsi fait le chien qui aperçoit le gibier ; puis le
désir lui arrache des cris pendant la poursuite.
Abayer, qui est le même v. prononcé à la mode
normande, signifiait dans l'ancienne jurisprudence :
désirer, poursuivre avec avidité. — « Il y a p.-ê.
confusion entre : 1° aboyer, donner de la voix, et :
2° aspirer à, de à et béer, forme primitive de bayer. »
« Aboyer après ime place ; un aboyeur de places. »
— De batare (orig. inc), devenu baer, d'où béer
(béant) et bayer. Certains auteurs ont employé
iDâiller, pour bayer. Etre grand ouvert, — avoir
la bouche grande ouverte en regardant avidement
qqn ou qqch.
N. — On saisit ici sur le vif un mode de défor-
mation des mots patois par assimilation avec
d'autres mots voisins comme son et comme sens.
Le mot Abbéion, dimin. un peu ironique du fr.
Abbé, est devenu Abboyon par la tendance à allon-
ger é en oi. (Cf. Poiser, Regroit, etc.) Puis, grâce à ce
défaut d'oreille et de prononciation qui fait que les
gens de la région de Vihiers sont radicalement inca-
pables de distinguer an de on, le mot Abboyon est
devenu Aboyant. (R. 0.)
Abrâsement (Mj.), s. m. — Embrasement,
incendie. Ex. : N'y a ieu ein abrâsement
dans la Varanne. V. Embrasement.
Hist. — « Les Juifz, voyans cestuy merveilleux
abrâsement (du temple de Jérusalem), commen-
cèrent à jeter une clameur horrible. » (God.) —
Com se ce fusent x cierges abrasés. (D. C.) —
Autre sens : Destruction ; de raser. (Jaub.)
Abrâser (Mj., Tlm.), v. a. — Embraser,
au pr. et au fig. Ex. : Il a le corps
abrâsé par la boisson. || Fu. — J'sé abrâsé
de se, — je suis embrasé, mort de soif.
II V. n. Etre incendié, subir un incendie.
Ex. : Ils ont abrâsé dans la nuit de Noël.
Il (Mj., Fu., Trél.). « Tu vas V abrâser les
dents, — à qqn qui mange la soupe un peu
trop chaude. || Ec. — On dit Ebrâser.
N. — Même sens dans les autres Glo.ss., sauf
Jaub. : Raser.
Abre (Mj., Lg, By.), s. m. — Arbre, avec
a long ; qqf. même Aâbe. — Ein grou-t-âbre
vert. (By.)
Et. Hist. — Voici ce que dit à ce sujet La Curne
de Sainte Palaye : « Abri s'est écrit Arbri, ce qui
semble indiquer que ce mot est formé d'arbre, que
son acception propre et primitive est le couvert que
procurent les branches d'un arbre ; et qu'ensuite,
p. ext., l'on a employé abri dans l'acception géné-
rale qui lui reste. Nous observerons, d'ailleurs, que
non seulement on a écrit arbri pour abri, mais que
l'on a aussi écrit abre pour arbre, ce qui parait
confirmer doublement l'étym. que nous proposons.
« L'arbre de l'abri » ou cïe « l'abris », si souvent
répété dans nos anciennes coutumes, était l'arbre
situé à la porte des châteaux, sous lequel on se
mettait à couvert du soleil ou de la pluie.
Dérivés : Abriement, maison, logement ; s'abrier,
se mettre à l'abri sous un arbre ; abrier, n., arbre de
pressoir.
— Plus la vendange ne geint
Sous V abrier qui de sa charge
Criant enroué restreint. — (Baif. Poésies.)
— C'était aussi le bâton, le manche ou chevalet
d'une arbalète. — Abrisel, pour : arbrisseau.
— La prononciation popul. Arbre est condamnée
par Vatjgelas, qui remarque qu'elle était com-
mune. '
— Dans le département de l'Indre, une ville
s'appelle Belâbre (bel arbre).
— Dans les comptes de la Sainte-Chapelle de
Bourges (1402-1405), on lit : « A Gilebert Corbat,
pour un âbre contenant 4 toises emploiées es diz
molins (moulin) de Saint-Privé, à 4 sols la toise. »
(L. C.)
— . . .Elle montit dans in abre
Pré voir ses chiens couri,
Carabi ;
La branche était poi forte,
Et Guillery chésit,
Carabi.
(Hist. véridique de Guillery.)
On retrouve cette prononciation dans de nom-
breux dialectes.
— Pour l'amour du buisson va la brebis à l'abre.
Leroux de Lincy. Prov.)
Variantes : Aubre, aibre, habre. (God.)
Abref (Mj.), adj. q. inv. — Abrupt, à pic,
escarpé.
Abrégeons, s. m. ^ Courts sillons qui vont
en diminuant. V. Bergeons.
N. — God. cite Abrevier, abregier, — aller en
diminuant.
Abréger. — Je crains que ce mot ne
signifie : abréger les jours, avancer la mort.
Hist. — 1653. Sépulture de Perrine Bommery,
« déceddée par un sinistre malheur de la morsure
d'un loup enragé ; elle est néantmoins morte sans
avoir été abrégée ei avec un très bon jugement. »
(/. A., II, E, S, 411, 2.)
Abreniintio ! — Excl. V. Abernuntio.
Hist. — Abrenoncier, — uncier, — oncer. —
« Abrenuncièrent a tôt le droit que il avoient et
pooient avoir es dites choses. » (1274, Arch. de
M.-et-L.) GoD.
Abreuvage (Lg), s. m. — Mare, abreuvoir.
Ex. : J'ai été pêcher dans les abreuvages des
fermes.
.4brciiver, v. a. — Nettoyer. On abreuve
le linge sale (Segr.). — Cf. Abeuvré.
Et. — Du lat. Ad, bibere ; bas-lat. abeverare ;
vx fr. Abeuvrer, plus près de l'étymol. — Abreuver
des tonneaux pour voir s'ils ne fuient pas. (Litt.) —
Adbiberare. (Dict. gén.)
.Ibreiivoux (Lg), s. m. — Abreuvoir. Syn.
de Abreuvase.
ABRI — ABYRINGUE
Abri, s. m. — Cf. Ahrit. V. Aâhre, Abrier.
Et. — ScHELLKR semble admettre apricum.
Abrier (ou Abérier) (Mj., Lg, Sal.), v. a. —
Abriter, couvrir. — Dér. de Abrit. — « Mou-
man, vins don' m'ahrier.
Et. — - Je vais donner de nombreuses opinions. —
La dérivât, par Abrit est illogique, mais celle du
V. Abriter ne l'est pas moins. Ou plutôt, ce qui est
illogique, c'est l'orthographe du mot Abri : on
aurait dû conserver le t final. — « Abrier s'est dit
jusqu'au xvi« s. — Abri, du B. L. abrica, abriga —
du lat. apricus, exposé au soleil. Les langues ro-
manes ont pris : se mettre à l'abri, pour : se mettre
à couvert, parce que les choses exposées au soleil
sont, en qq. sorte, à l'abri du froid et du mauvais
temps. — DiEZ conteste cette étym. » (Litt.) —
« Abri vient de Abrier. L'ensemble des formes
romanes indique une forme du lat. popul. Abbre-
gare, d'orig. inconnue. Nombreux exemples. »
(Dict. gén.) — « Abri et Apricus ont un sens opposé.
Apricus, être à Vouvert. et le nôtre au couvert du
soleil, quasi aperica. — Pour Ménage il vient de :
opericus, inus, qu'on a fait d'operio, comme apricus
d'aperio. On a changé l'o en a, com. en Dame et
Damoiselle, de Domina et Dominicella. De même,
on change l'a en o quand on dit : ormoire, pour :
armoire. » — P. Malvezin, dans ses Racines cel-
tiques, le fait venir de Breg, éminence, pointe.
Transposé de Berg. D'où briga pour brega, mon-
tagne. . . En fr. nous avons Abriguer, altéré aujour-
d'hui en Abriter, placer sous le refuge, sous l'éléva-
tion qui protège. Le B. L. de Darmesteter n'a pu
exister. Seul Adbrigare est possible, car le préf. est
ici de mouvement. Apricus est à rejeter. . . »
On voit que la lumière n'est pas toujours facile à
faire. V., d'autre part, Aâbre.
Hist. — Bien le saichiez, chrestiens fidèles,
Qui la donra
Charité soubs ses grands aeles
h'abryera. (DOTTIN.)
— « Je leur donne loy de me commander de
m'ahrier chaudement. « (Montaigne.) — ■ « ...Et
n'oubliast de rejecter ma robbe sur son lict, en
manière qu'elle les abriast touts deux. » (Id., Ess.,
I, 20.) — « Si se tapirent et abrierent, eulx et leurs
chevaulx, dessobz chênes et grans arbres. » (Frois-
S.\RD.)
Abrifoii, s. m. — • Voile que l'on mot sur la
tête des mariés pendant la bénédiction nup-
tiale.
Et. — Abrifol, dans L. C, qui y voit une irré-
vérence. — Abrie-fou (de abrier). Cf. Garde-fou,
Essuie-main. (Jaub.)
Hist. — « En témoignage de quoi il (Alexandre)
nous montra une belle pièce qu'il en avoit appointée;
c'est le rets à prendre les ânes de haute futaie. Nous
n'entendions point cela, quand il tira de sa manche,
et nous montra le beau, saint et gracieux abrifou,
qui catholiqueinent s'interprète : le rets k prendre
les cocus.» (Ber. ue Verville. M. de pan'., i, l'i.)
Abrit* (Mj.), s. m. — Pour Abri.
— Variantes : Abric, abri), aliris, abrit. ari)ri.
(L. C.)
Hist. — « Mais quand je les vis ainsi bien cou-
vers, je m'en allav à eux rendre à Vabrit. « (Rab.,
P., II, 32.)
.Abron (Sa.), s. m. — Tétine. Ex. : Aile en
a des abrons ceté grande lubrine là !
Et. — Se rapporte à BrCne, Brôner. Se rappeler
Penbron, au Croisic (la Pointe du sein, nom expres-
sif de ce promontoire).
Abroiitir (Lg), v. a. — Abrutir.
Absent (Vts), adj. q. — Sens curieux.
«Aile a dit des paroles absentes », — elle a
menti.
Absinthes. — Souvent employé au masc.
et au fem.
Hist. — « Quand tu la vois si dignement
Adoucir toutes nos absinthes. »
(Malherbe.)
— « Tout le fiel et tout l'absinthe
Dont un amant fut toujours abreuvé. »
(ID.)
Absiilument (Mj.), adv. — Absolument.
Absiirbe (Mj.), adj. q. — Absurde.
Abûloter (Pell.), v. a. — V. Abeuloter.
Metti-e en tas. en bulots. — Avec un seul t.
Abiironner (Sp.), v. a. et n. — • Disposer en
petits tas, le foin. Syn. de Abeuloter.
E.t — De Buron. — De bur, encore usité en
Norm.. qui est emprunté du germ. bur, habitation,
cabane. (Dict. gén.) — De Montess. donne un
autre sens : Lavoir : de Buer, — douet, etc. —
Borel, vx fr. , donne : Lieu de retraite ; selon
qqs-uns, ce mot viendrait de : boire, com. qui
dirait un beuron.
Abiit' (Lg, Tlm.), s. m. — Contrefort.
Ow donne surtout ce nom à des morceaux de
bois cloués par une extrémité aux pièces
diverses du bâti d'un métier de tisserand, et
qui, de l'autre bout, viennent buter contre
les muTs de l'alelier, afin d'éviter les trépi-
dations. — Etai. Syn. de Appouèl, Accote.
Et. — De A et But. L'angl. a Abutment, —
culée.
Abutant, s. m. — V. Abnutant.
Abuter Abutter (Lg, Tlm.), v. a. —
Forcer un animal à se réfugier, dans un arbre,
par ex. : « 11 est à but » alors. V. Ferle. || Se
loger, se réfugier ; mettre im support à un
mur ; jeter des palets vers un but pour
savoir à qui jouera le premier. (God.) —
Il Etayer, appuyer, étançonner, accoter.
Syn. de Conircbouter. || Lue. — Arriver au
bout d'un sillon en labourant.
Hist. — « Lesquelz compaignons disnerent en
une taverne. . . et ainsi qu'ils abutoient\euv escot... »
(1450. D. C.) — « Hs ont bien tiré cent coups
d'armes sans avoir abuté la cane. » — « Un lundi
matin, qui était le jour abulé. » (Jaub.) — Garnir
de terre le pied d'un arbre. (Dott.) — Dans la citât,
ci-dessus, le jour abuté veut dire : le jour fixé.
(B. de Verv., I, 84.)
Abutte, (Fu.). —Contrefort. A Montigné-
sur-Moine : « Les abultes sont chères. » —
(Z. 196. — Bpu). — V. Appoiier.
Abyringiie (Sp.), s. m. — Explication
embrouillée, narration onfuse ; au fig,
dédale.
Et. — C'est le fr. labyrinthe, corrompu et em-
ployé métaphoriquement.
ACABAUDER — ACAMER
Acabauder (Tira.), v. a. — Abattre, acca-
bler, déprimer, attrister. Dér. de Cabaud.
Acabré (être). — Pour : être ennuyé.
Soulevé, excité. — Cf. Acabauder. V. Cabrer,
Et. Hist. — Je lis dans Eveillé : Accabassé.
accablé par la fatigue ou la maladie. En B. L.,
Accabassare signifie : immerger, faire faire un
plongeon. Il désignait, au moy. âge, le traitement
qu'on faisait subir à Bordeaux aux femmes de
mauvaise vie. (V. D. C. à ce mot.) V. Cahasser. —
J'y verrais simplement le mot Accablé (A. V. ) .
— " « Advint un autre temps qu'estoit AUain Rebré
Contre Judicael souvent moult accabré
Pour ly royaume avoir. . . (God.)
Semblerait se rapporter ici à Se cabrer.
Acadagner (s'), — (Sal.) s'aiïaisser, rester
inerte.
Acadeau, Accadiaii, — s. m. Averse,
grande chute d'eau. Devrait s'écrire en trois
mots : Aca, Acas, Aqua d'eau || Fu. v Ou-l-é
chet des agâts.
Et. — De Montesson : Accas, Pluie torrentielle.
Est-ce Occasus (chute)? C'est possible, car le tor-
rent qui court n'est pas un accas, l'eau qui se pré-
cipite, pas davantage. Le nom n'appartient qu'aux
pluies abondantes et dans le moment où elles
tombent. — Favre et G. de Guer : Abat d'eau. —
Jaubert : Acadiau. V. Agas d'iau et Agat d'iau.
Abondance d'eau, averse, innondation. V. Aigas
U\\\\ manque, du reste. A Aiger, je trouve : Aigé
d'iau, trempé jusqu'aux os.) On lit dans Trévottx :
« Ragas, inondation causée par pluie violente ou
chute d'un torrent ; on dit aussi : Agarst, agaste. —
Dérive de Aqua ; agas formerait donc pléonasme
avec : eau. — Agast viendrait du vx mot Agaster,
gâter, dévaster, ravager. » — N. Il faudrait p.-ê.
alors distinguer Acas et Agât ; le premier ayant le
sens de Chute et le second de Dommage.
Acâgner (s') (Sp.), v. réf. — S'accroupir.
Syn. de s' Amouir, s'Appouguenir. — On
trouve dans God. : Acagnardement, — mol-
lesse, fainéantise. || Acâgner (Lrm.). Aplatir.
Même sens que Ecrapoutir.
Et. — Doubl. de a'Acaigner, avec un sens un peu
différent. S'acàgner, c'est proprement s'accroupir
comme un chien. — V. Acaignarder. « Se cacher en
se baissant, en s'accroupissant comme un chien :
« J'ai poursuivi cet homme ; il s'est acâgné. » —
Le pat. norm. a de même : s'acatir, se pelotonner à
la manière du chat. — Cagnard, poltron, même
origine : d'où : cagner, caner, reculer. « Tu canes,
tu cagnes. « (Jaub.)
Acaignarder (Mj.), v. a. — Rendre fai-
néant. Il V. réf. a' acaignarder, s'habituer à
une vie oisive. — Cf. Caignard. Syn. de s'Afai-
gnianter, s" Anianter. Cf. Acaigner, s" Acâgner.
N. — Voici ce que dit La Curxe : « Cagnard, s.
m. — Chenil. Lieu malpropre ; lieu de débauche.
Lieu sous les ponts de Paris. — Lieu exposé au
soleil. — Poêle à mettre de la braise. — Gueux,
paresseux, fainéant.
« Toutes ces acceptions, si différentes entre elles,
paraissent cependant partir de la même étym. et
s'être éloignées peu à peu, et comme de proche en
proche, en passant du sens propre à un sens fig.. et
de ce dernier sens à un autre encore plus détourné
de la signification primitive. Tâchons de suivre ce
fil, selon la méthode que nous employons le plus
souvent qu'il nous est possible.
« Cagnard s'est dit proprement d'un chenil
{Dict. univ.). Et, en effet, cagne signifiait : chienne.
Il était donc fort naturel d'employer le mot
cagnard pour désigner un lieu malpropre, une mai-
son pleine de saleté et de gueuserie. — Cette der-
nière idée rappelle aussi celle de lieu de débauche.
Ces deux dernières acceptions convenaient fort
bien à un lieu sous les Ponts de Paris, où les gueux,
tant hommes que femmes, avaient pris l'habitude
de se retirer. (En note : Dans la marine, on désigne
ainsi un lieu contre la pluie et le froid, qu'on
dresse sur le pont et qu'on couvre d'un prélart.)
Les gueux s'y tenaient à rien faire, pour s'y chaufTer
au soleil ; et de là les coins de rues, carrefours, etc.,
où les gueux et les fainéants venaient se chauffer
au soleil, furent appelés : cagnards. En Languedoc,
on appelle encore cagnard le côté de la rue où le
soleil donne. — Au défaut du soleil, les gueux fai-
néants se chauffaient au moyen d'une poêle de fer
dans laquelle ils mettaient de la braise. (N. C'est
ainsi que le cirier désigne son fourneau). Enfin le
nom de cagnard fut donné aux gueux et aux fai-
néants eux-mêmes. — Ce mot fut donné comme
surnom aux Albigeois (comme qui dirait : les
Gueux de Hollande). — Le mot Cagnard, adj., a
conservé les deux significations de paresseux et de
débauché. — Un écolier fait le cainard quand il
manque d'aller à l'école. (On dit en Anjou : faire
casnade. A. V.) — Cagnard a été fait au xvr^ s. sur
]'italien cagna, chienne ; c'est, proprement, mener
la vie fainéante d'un chien. Le populaire dit encore :
jl fait sa cagne. (Note de l'Editeuk.)
Hist. — « Jamais en nulle saison
« Ne cagnarde en ta maison,
« Voy les terres estrangères. » (Ronsard)
— c. Vous avez secouru des personnes qui étoient
dans les rues ou accagnardées près du feu ; je vous
demande l'aumône pour des personnes qui ont
servi. » Lettre de Henri IV au Parlement de Paris.
(Eveillé.)
— Au mot Contre-hastier. — Ce mot subsiste
pour désigner une sorte de grands chenets de cui-
sine. De 1.3, Rabelais, m, 205, appelle : fol contre-
hastier un homme qui s'acagnardit auprès du feu,
qui est toujours près des contrehâtiers. (L. C.)
Acaigner (Lg), v. a. — Rendre mou,
paresseux, fainéant. Syn. de Aladrer, Anian-
ter, dér. de Acâgner ; Syn. et doubL de
Aquenir, Haquenir. \\ V. réf. Devenir mou,
languissant, par suite de fatigue ou de
maladie ; se casser en vieillissant.
Et. — Dér. du lat, Canis, comme s" Acâgner,
s' Acaignarder.
.içalfin. — Pour : afin. — Pour moi, c'est
une corruption de : A seule fin. Ex. : J'irai,
à seule fin de voir comment ça se passera, —
dans le seul but, quand ce ne serait que
pour. . . Il Mj. — ■ A celle fin, à seule fin, et
même : à surfin de, ou que.
N. — De Montessox : Fin (à seule ou à ceule). —
Je crois qu'on devrait dire : A celle fin, ceule étant
syn. de celle : cependant, il y a des personnes qui
disent : à la seule fin, et iffaut bien, en ce cas,
changer de mot comme d'orthographe. — V.
Aniiit, la citât, de Villox.
.Acamer (Mj.), v. a. — Aplatir par com-
pression ; tasser en serrant fortement. Voisin,
comme sens, de Assoûler. || Courber, coucher
le blé.
Et. — Parait venir d'une rac. Cam, signifiant
ACAPER — ACCOTE
incurvation, aplatissement, qui se retrouve dans le
latin Caméra et dans notre mot Campiol. (Jatjb. à
Acamander.) — Acassimer ; accabler, écraser.
(Favre.)
Acaper (Mj.), v. a. — Drosser, terme de
marine. Ex. : Le vent nous a acapés le long
de l'Ile aux GroUes.
Et. — Du fr. Cape. N. On dit aussi, dans le
même sens, Barder.
Acariâtre, adj. — Se prononce comme
s'il y avait deux c. Est français.
Acas (l'eau. — V. Acadeau. A Mj. on dit :
Aqua d'eau, aga d'eau ; à S'. -P., laça d'eau,
toujours avec l'a final très bref.
N. — BoREL cite : Cad d'eau, — chute d'eau ;
o;rand cad d'eau. Lat. Cadere, tomber, dont une
forme est Casum, et le préf. A. — Dottin : Aka,
amas, flaque d'eau, de : aka, beaucoup. Cf. laka.
« J'ai mis le pied dans un laka (soudure de l'article).
— Nous ne partageons pas son sentiment. V. la
note à Acadeau.
Acau, Acou. — Jeu au Cou. Vox vulgaris.
(Mén.) Probablement le jeu au Cut ou à
Cache-cache. Il renvoie à Cou.
A cause ? Loc. adv. — Pourquoi? « A cause
que t'as fait ça ? — On répond, quand on ne
veut pas s'expliquer : Parce que (pronon-
ciation passeque) ; ou même : A cause de
parce que. — Très employé dans notre
colonie de La Réunion : « A cause vous l'a
pas vouli vini? — Pourquoi n'avez-vous pas
voulu venir? — Cf. l'angl. Because.
Acca (Mj., SU.), s. m. — Se dit des Acca
d'eau, — chute d'eau abondante. Syn. de
Agua, Laça.
.Accabler, v. a. — L'a se prononce très
long. Cf. Calice, Caresser.
.Accalmée (Mj.), s. f. — Accalmie. || A
Vaccalmèe, — à l'abri de. Ex. : Je nous
sommes mis à Vaccalmèe du vent. V. Amorti.
Et. — LiTTRÉ. Accalmie ; à, calme.
Accaniclier (s') . (Segr.) — V. s' Acai-
gnarder.
Accaper (Mj.), v
marine. V. Acaper.
Accent (Mj.), s. m. — Tic nerveux.
Ex. : Il ne fait que de berciller ; c'est ein
accent, qu'il a comme ça. Sens très détourné
du fr.
Acciper, v. a. — Recevoir dans ses mains,
un objet lancé, par ex. au jeu de balle. On
dit à celui à qui on la jette : « Accipe-Xd. ! »
Comme Recéper. \\ Cf. Aspice, regarde, dans
ces vers que les écoliers inscrivent parfois
sur la première page de leurs livres, avec
l'image qui s'y rapporte :
Aspice Pierrot pendu.
Qui hune libruni n'a pas rendu ;
Si hune librurn reddidigset.
Pierrot pendu non fuisset.
— Accipé, mot lat. employé comme sobriquet
dans ce vers •
« Dites-vous vray, Maistre Accipél » (L. G.)
a. — Drosser, terme de
Acclienter (s'), v. réf. — Se faire une
clientèle (Lg), s'achalander. Syn. de s' Apra-
tiquer.
Acemoder (s'). — Pour : s'accommoder.
Ex. : Vous accmodez-yous d'nout'sauçaige à
— Vous faites-vous à notre nourriture ? ?
notre cuisine?
Accodâgner (s'), v. réf. — S'appliquer avec
une extrême attention à un ouvrage délicat,
à une lecture, s'y acharner, travailler
d'arrache-pied.
Et. — Je vois dans ce mot un dér. de s' Aceoder,
pour s'Accouder, formé du nom Code. Représentez-
vous, p. ex., un écolier qui étudie sa leçon les deux
coudes appuyés sur la table, les deux mains enfon-
cées dans les cheveux. — Lat. Accubitare.
rél
S'accouder.
Aceoder (s') (M.j), v.
Cf. Code, Coder, Codéier.
Accoler, v. a. — Porter un enfant au cou.
Acconiparer, v. a. — Comparer. — « Tu
ne peux pas t'accomparer à moi ! » V. la
Rem. sur Ac
N. — Accomparager. (L. C.) — gier. (D. C.)
Hist. — « Dieu en louange l'a accomparé aux
preux. » Rab., IV'^ Epislr. (GoD.)
Acconnaisseur (Mj.), s. m. — Connaisseur.
Acconnaître (s') (Mj.), v. réf. — Se con-
naître, s'entendre à qqch. Ex. : Faut s'y
acconnaître. — Il s'y acconnaît à pêcher les
voiseaux. — Par les uns et par les autres,
on se fait acconnaître.
Accord (Mj.), s. m. — « Eter' d'accord », —
être en bonne santé. Ex. : Ma mère n'est pas
ben d'accord depis qqs jours. ' — Etre mal
d'accord, — mal en goût; être indisposé
physiquement. j| Sp. — Etre par accord, —
être fiancés. — Accords, — fiançailles.
§ Etre de tous bons accords, — consentir à
tout, être très conciliant.
Hist. — • « Laquelle pension devait être continuée
après le décès de ladite demoiselle de la Maurou-
zière à Maistre Claude Edme Grosborne, avec lequel
elle était alors en accord de mariage. » {Coust.
d'Anj., II, 13'iO.) — « Par les statuts et bulle
patente obtenue de la Quinte, laquelle est de tous
bons accords. » (Rab., P., v, 27, 538.) — Citât, de
GoD. :
« . . .Car j'ai mainte fois oy dire et conter
« Qu'à noeches et acorpz, pour raison affermer,
« Doivent li sage gent leurz bons amis mander. »
Accorder (Mj.), v. a. — Battre en mesure
avec le fléau ; saisir le rythme du mouvement
du battage. Ex. : Je ne sais pas par comment
que ça se fait, je ne sarais accorder avec lui.
N. — Les machines ont supprimé cette sympho-
nie à 2, 3 ou 4 temps, suivant le nombre des fléaux,
à laquelle elles ont substitué un ronflement inhar-
monique. . . et nombre de mains ou de bras écrasés.
.Accote (Lg), s. f. Fig. — Occasion de
s'arrêter, de s'attarder. Ex. : Il aura trouvé
eine accote. Syn. de Amuse. || Etai, appui.
Syn. de Appouet, Abut. C'est le sens propre.
Fr. Accot. — Pat. norm. Accute.
Et. — V. Accotei.
10
ACCOTER — ACCOUVER
Accoter (Mj., Sp., Fu.), v. a. et n. — Abso-
lument : S'arrêter sur un obstacle, en parlant
d'une charrette (V. Accotpoi), tel que caillou,
tronc d'arbre. — Ex. : Accote donc la reue
de devont. » — « J'avons accoté à la mon-
tée», — nous- n'avons pas pu gravir la côte.
(Fu.). Il Appuyer contre étayer. Accoter
qqch contre un meuble. V. réf. S'accoter,
s'appuyer contre un mur (Ec, Sal.).
Hist. — « Heurtant contre une porte en pensant
m' accoter. » (Régn., Sat., x.)
— « Vu que les jeunes s'accotèrent. » {Balz,
p. 470.)
. — . « Ce fut le propre jour que le Retail nerveux
« Accota de son bras tout un mur ruineux,
« Comme on voit accoter à Vacote puissante
« D'une vieille maison la muraille pendante. »
xv*' et xvi^ s., Poés. franc).
Accot-pot, s. m. — Appui-pot. Ce qu'on
met contre un pot pour empêcher qu'il ne
verse quand il est sur le feu. (Borel et L. C.)
Hist. — On trouve dans Rab. : Accode-pot ,
ou Appui-pot. — Le vx fr. avait Cote, — appui. —
Accoter est Soutenir à l'aide d'une cale, de à et
d'un radie, cote ou cotte, qui serait celui du v.
Cotir. Dans le vx fr. il est souvent difficile de dis-
tinguer : accoter et accouder, qui se disait : acouter.
Accoiiassée, adj q. — Se dit d'une poule
qui veut couver. (Z. 145.) Syn. de Couasse.
Il Ec. — La poule est accouassée, il faut la
découasser. La poule est à couer, elle fait la
nouasse (elle a besoin de se mettre à couver).
Par ext. : L'eau est accouassée, — ç.-à-d.
dormante (Sal.).
.Accoubler (Mj., Lg), v. n. — Accoupler-
V. Couble. Il Empiéger un cheval ; lui
attacher ensemble les deux jambes pour
l'empêcher de s'éloigner. — N. Les anciens
mouillaient toujours bl ; on le fait encore au
Lg-
Et. — De à et couple ; lat. copula, lien.
Hist. — « Excepté le poulce et le doigt indice,
desquels il accoubla mollement les deux ongles
ensemble. » (Rab., P., m, 20 et passim.)
Aecouer, v. a. — Accouer à la queue d'un
cheval un bouchon de paille, — çàd. attacher.
I, Accouer un cheval à un autre, c'est l'atta-
cher à la queue de celui qui précède.
Et. — De à et cohe, pour : queue : lat. Cauda. —
Ital. Accodare.
Hist. — « Nous n'avons pas fait marché, en nous
mariant, de nous tenir continuellement accouez
l'un à l'autre. » (Mont., Ess., m, 345.)
Acouerement, s. m. — Accoutrement.
(MÊN.)
Accourcc (Lg), s. f. — Raccourci, sentier
qui évite un détour. Syn. de Trutée. De
Accourcer.
Accoiircer (Lg), v. a. — Accourcir, raccour-
cir. Il V. n. se raccourcir. Ex. : Les jours ne
vont plus guère Accourcer.
Accourcir (Mj.), v. n. — Se raccourcir
Ex. : Les jours commencent à accourcir.
Cf. Allonger. Syn. et d. de Accourcer^
Accoure (Mj.), s. f. — Etai, appui, cale,
tout ce qui sert à consolider, à accourer.
Syn. de Abut, Encore, Yot, Yoteau, Poinçon.
— C'est le fr. Accore.
Accourer (Mj.), v. a. — Accoter, étayer,
appuyer. || Caler, assujettir au moyen d'une
cale ; consolider, mettre d'aplomb. || Tasser,
piler. Il V. réf. s' Accourer, — se tasser, se
piler. — Du fr. Accorer.
Accourpie (Mj.), s. f. — Syn. de Gétée.
Il Faire à V accourpie, — chasser aux canards
sauvages. || Fu. — Jeu d'enfant où l'on
s'accroupit, pour éviter d'être pris.
Et. — Du germ. kruppa, masse arrondie formant
un tout ; agglomération ; qqch. de relevé, faisant
saillie en forme de boule. Cf. Croupion ; à crope-
tons. — Acropie, génuflexion. (D^ A. Bos.)
.4ccourpir° (s'), v. réf. — S'accroupir,
s'asseoir sur sa croupe : la plante des pieds
posant à terre, le derrière, la croupe touche
presque aux talons (God.) V. le précédent.
Accourser (s') (Tlm., Lg), v. réf. —
S'habituer, s'accoutumer, s'adonner. Ex. :
Aile est accoursée à vendre son beurre à
Cholet. ||. S'abonner, — avoir un traité pour
une fourniture. Ex. : Je se accoursé avec
eux pour le beurre. — Syn. de Acenser.
Cf. la loc. angl. of course, et la loc. pat. Cours
de maladie. || accoursé, — achalandé.
Et. — Vient de : cours, concours. — • Hist.
« Ledit exposant étoit mieux accoursez, c'est assa-
voir mieux achalandez. » (V. D. C, v" Acursus.)
Le marchand accoursé est celui chez lequel il y a
Accours ou affluence de clients.
— « Accoursiers, dans Rab., n, 2, signifie :
marchands, chalands : « Moyennant une sédition
de Balivernes, meue entre les Barragouins et les
Accoursiers pour la rébellion des Souisses. » — On
appelle Accoursiers de la Saintonge les chalands
d'une boutique où ils sont accoutumés de prendre
sur taille ; d'adcruciare, parce que sur les tailles
chaque dizaine est marquée sur les coches en forme
de croix. (Boeel.) — Opinion citée pour son
. étrangeté. (A. V.) — Accoursé, affluence. Acourser,
achalander.
Accouster (s') de (^Ij.), v. réf. — Lier con-
versation avec qqn. Doubl. du fr. Accoster.
Cf. Se commarcer.
Accoutuiiiaut (Mj.), adj. verb. — Où l'on
peut s'accoutumer aisément. Se dit des loca-
lités, des lieux d'habitations. Ex. : Xoute
maison est ben accoutumante.
Et. — ^ A et Coutume. — Voici, par curiosité, la
série des formes. Lat. Consuetudinem, costudne,
puis, changement de suffixe, costumne, costume,
coustume, coutume. Cf. Costume. — B. L. Cous-
tuma.
Accouver (s'), v. réf. — S'accroupir ; lat.
Accubare. — La poule s'accroupit pour cou-
ver. — Rester fixe en même place, comme une
poule qui couve ses œufs.
N. — Accouir, — affaiser, accouver. S'emploie
le plus souvent pour la pâtisserie ou le pain mal
levés ou affaissés. Ne serait-ce pas alors pour
Ancuit, ou Encuit, qui se trouvent dans plusieurs
vx dictionnaires et qui signifiaient : mal cuit? — ■
Cf. Gras-cuit.
ACCRAIRE - ACHALINÉ
11
Accraire (Mj.), v. n. — (Je préférerais
Accrére). — Accroire. V. Accreître. — Ex. :
Tu védrais ben m'ou faire accrère ! — (Fu.)
Hist. — « En 1703, la prononciation de croire est
crere ; je erais, dit Vaugelas. — Il y a eu aussi un
V. Acroire ; ne pas le confondre. — Je creis, je
creyons, je créyais, je creirai, je creirais, que je
créie, que je cresse. (Jaub.)
— 1/Evangile nous fait accrere
Qu'anceis qu'il se mit en l'erré (voyage),
Apela treis de ses serjanz. (God.)
Accraître, Accreître (Mj.), v. a. — Ac-
croître.
N. — MÉNiÈRE confond Accrère et Accreître en
citant ici ces vers d'Epigrammes dialogues sur la
mort de Richelieu :
« Nenni, tu ne rne la feras crère,
Car on dit qu'il faisait accrt-re
Que il était mort quand il dormait.
Hist. — Un Dictionnaire de 1786 indique la
prononciation a-krê-tr. — De a et crescere. — Les
vers suivants confirment cette prononciation :
•i Par comparaison donc, mon maître, s'il vous plaît,
Comme on voit que la mer, quand l'orage s'accroît,
Vient à se courroucer... » (Mol., Dépit am., iv, 2.)
Accrécher (Lg.), v. a. — Installer à sa
place, une bête à l'étable. Ex. : Les bœufs
sont-ils ben accréchés? — N. Ce mot est qq*
peu vieilli. — - Du fr. Crèche.
Accrocher (Mj.), v. n. — Rester court. Ex. :
Il vous récite ça comme ein chapelet, il n ac-
croche jamais. || Fu. — Rester court, mais pas
longtemps ; réciter avec des lapsus, des
reprises. On dit également : Il a resté ou cro-
chet.
Accrocheter (Sp.), v. a. — Accrocher. —
Dér. de Crochet. — Se dit dans La Varanne.
Cf. Décrocheter, Emoucheter (Tlm.)
N. — Crocheter une porte c'est, non pas la forcer
avec un crochet (Acad.), mais la fermer en l'accro-
chant. (D. C.)
Accrochoire (Mj.), s. f. — Mentonnet.
Accropie (Vv.), s. f. V. Accourpir, Accour-
pic.
Hist. :
M Et auxi les prennent-ilz bien (les lièvres)
A Vacroupie avec leur chien. « (God.)
— n Si com le chat qui crout en l'aistre...
(l'àtre). » MÉNAGE, v" aître.
— A croupetons (Villon) ; de croupion, et
celui-ci de vropygium (Borel).
.Acculé (Lg.), part. pas. — Rompu de
fatigue, fourbu, esquinté.
Acculer, v. a. — Pour : éculer, en parlant
des souliers (Lg.). [| Vider un tombereau en
le renversant par l'arrière, le cul.
Hist. — Toujours se veautroyt dans les fanges, se
niascaroyt le nez, se chafTouroyt le visage, acr.idoyi
<■>■'- soliers. (Rab., i, 10.)
Aecut. — « Jouer accut, à cache-cache. On
nomme encore accuts les endroits formant un
angle saillant autour d'une forêt ; on y met-
tait des pièges ; on devait y acculer les bêtes
fauves. V. Cute, Cache (Mén.).
N. — Dans le premier sens, il faut lire, en
2 mots : à cute ; dans le second : accul ; c'est ,par ex.,
le fond du terrier où les chiens poussent les renards,
les blaireaux, etc. Le renard est à l'accul. — God.
cite Cuter, s'Acutir, — se cacher.
Acciitrer (s') (Lg.), v. réf. — S'accroupir,
se pelotonner. Ex. : J'étions trop dans la voi-
ture : y en avait trois d'accutrés sus nos
pieds. — • Syn. de s'Ajoupir, s' Amouir.
Et. — Il est difficile d'admettre que ce verbe soit
un dérivé, même très fantaisiste, du fr. Cul, comme
s'Accroupir est le dér. de Croupe. J'y verrais plutôt
un doubl. du fr. s'Accoutrer, dont, selon Hatzf.,
l'origine est incertaine et qui a le sens général de :
arranger.
Acégraiser (By), v. a. — Calmer, arrêter.
Très usité. N. Le matin, de bonne heure, les
bonnes femmes vont mener leurs vaches à la
pâture. S'il y a de la rosée ou que l'herbe soit
mouillée par la pluie, les bêtes ne s'arrêtent
pas à manger, elles ne restent pas tranquilles.
Les bonnes femmes ne sont pas contentes et
disent : « Mais que qu'elles ont donc, ces
bougres de vaches-là? Je ne peux pas les
acégraiser ! Elles ne font que de courre ! » —
P.-ê. : asségrèser.
Acens (Sa., Segr.), s. m. — Abonnement
du fermier avec le vétérinaire, le cribleur, le
taupier, etc. — Ex. : Uacens de noute cheval
est de 13 francs.
N. — Le Dict. génér. donne : Acens, — domaine
assujetti à un cens, — redevance. — Terme d'an-
cienne coutume ; terre ou héritage qcque tenu à
cens.
Accuser (Sa.), v. a. — Abonner. Ex. :
J'avons acetisé tous nos chevaux chez le maré-
chal. (On voit que le sens du pat. diffère un
peu du sens ordinaire.)
Acerer (Mj.), v. a. — Prononciation
— Aciérer.
N. — • Acérer est : souder de l'acier
rendre piquant, tranchant. — Aciérer,
convertir du fer en acier. — Hist. « Anequino
d'Orlande pro accerier XIIII martellos. » (1413.)
Achaler (Mj., Sal.), v. a. — Agacer, impa-
tienter. Ex. : Tu nVachales ; c'est ben acha-
lant. — V. Crasse, Réchaler. \\ Affaibli,
attristé. || Ein gars point achalé est un garçon
robuste et hardi, un luron qui n'est pas bête
ou ne s'étonne pas aisément. || Lne jeune
fille ayant son chapelet à la main et pensant
à autre chose, sa mère lui dit : « T'achales ton
chapelet. » (MÉx.) || Est employé au Lg. dans
son sens propre qui est : échauffer. Ex. : Les
bœufs sont ben achalés, ils suont. H Etre
atteint d'un malaise fiévreux, encore le sens
propre.
Et. — Ce mot est formé du préf. A, et d'une
racine Chai, qui se rattache au fr. Chaleur ; lat.
Calor, calescere, calere ; vx fr. Chaloir. Propre-
ment : Etre chaud. Chacun sait que l'impatience
produit une sensation de chaleur à l'épiderme.
Aclia/inc et Achahiné (Lg.) adj. q. —
Qui a chaud, échauffé. Syn. de Echauf-
fardé. Ex. : J'ai marché à ma force, je
Ass'ré
du fer ;
c'est :
12
AGHE — ACHETRIBI
se tout achaliné. Doubl. de Echaliné et dirnin.
de Achalé.
Ache, Acliée (Mj.), s. f. — Lombric, ver
de terre. Se dit qqf. Lâchet, avec soudure de
l'article.
Et. — Achée. Appât pour la pêche à la ligne ; du
lat. Esca (nourriture). V. Aiche ; nom que les pê-
cheurs donnent aux vers de terre employés comme
appât. Ane. Ir. E.sche ; il faudrait écrire : éclve
(LiTT.) — Le Dict. gén. donne les mêmes explica-
tions.
— Dagxet propose : Ver sans tête apparente ;
a privatif, et ché, ou chef tôte. Le même que
acéphale. C'est ingénieux, mais inadmissible.
— Du Gange, v° Allectatio, donne : âchement
et âchier, — appât, appâter. — S'écrit aussi Achet.
Mais voici un autre son de cloche. M. P. Malve-
ziN, dans ses Racines celtiques, bouleverse la plu-
part des étym. données par Littré et le Diction,
général, et, à mon humble avis, il n'a pas toujours
tort. « Ce mot, dit-il, vient de Ac, pointe (celtiq.),
devenu Aque, avec ses autres formes : Ache, Aiche,
ver de terre long, pointu et en même temps vif, de
* aca, fém. de * acos, et non du lat. Esca, nourriture,
donné par Darmesteter et Thomas, car ce ne peut
aucunement être l'emploi par les pêcheurs, relati-
vement très rares, du ver de terre comme amorce
qui a pu donner le nom, ce nom étant celui dont
se servent les habitants des campagnes, les ouvriers
des champs (dans l'Ouest on dit Achée, d'un précé-
dent acata) ; avec le verbe dérivé aquer, ou acfier,
garnir un hameçon, par ext. amorcer un filet : et
acinier, l'un des noms vulgaires de l'aubépine,
indiquant un précédent * acinarios, de * acina,
épine. »
Hist. Tu vis par les sillons verds
De petits fourmis et de vers
Ou d'une mousche ou d'une achée. »
(Ronsard, Gaietés, L'alouette.)
— « La mort gist dessoubs les délices, comme le
poisson qui prend l'haim, e.t Vachée, c'est la mort. »
(L. C.)
— « Li Deable a getey por nos ravir
Quatre ameçons aeschiés de forment. «
(De Montesson.)
— « Mal (de gorge) qu'enlève aussi supérieure-
ment bien un simple cataplasme d'âchets ou vers de
terre. » {La Trad., p. 249, 1. 4.)
Aâchée (Tr.), s. f. — Morve au nez. Une mère
qui veut moucher son poupon : « Vins donc
que je te tire tes âchées ! «
Achelette s. f. — Clochette. V. EcMlette,
Echeletle, Dandin.
Et. — Echelette : On appelle ainsi, en plusieurs
lieux de France, et particulièrement sur la rivière
de Loire, ces cloches que les crieurs portent aux
enterrements. De : scilletta, dimin. de scilla, lequel
se trouve dans cette signification en plusieurs
endroits. Viendrait de l-'all. Schell. (Ménage.) —
Eschelle ; petite cloche, sonnette. Eschilla. —
Achelette ; acillare, movere (agiter). — « Et après
les crieurs de Paris, qui estoient 24, sonnans cha-
cun son Achelette en sa main. » (D. C.) — Gode-
FKOY le fait venir de Aiscelle, petite planche. —
N. Quand nous étions gamin, nous nous amusions
avec deux ais, ou deux fragments d'ardoises ou de
faïence, à imiter le bruit des castagnettes.
Achenasser (s') (Lg.), v. réf. — S'accointer,
en mauvaise part ; s'acoquiner. Ex. : 11 s'est
achenassé avec cette fumelle-là. — Péjor. de
s'Acfiener.
Acliener (s') (Mj., Sal.), v. réf. — S'acharner
au pr. et au fig. — Ex. ; Le maudit chien était
achené après moi. Il est achené à lire. —
S'entêter à un travail.
Et. — Dér. du fr. Chien, avec le préf. A. Doublet
de s'Aquiner. Je reniarque que, en dépit des appa-
rences superficielles, le v. s'Achener n'est point un
doublet du fr. s'Acharner. S'acharner, s'est s'élan-
cer sur un morceau de chair (carnem), s'entêter à le
déchirer. S'Achener, s'Aquiner, c'est s'élancer
comme un chien (canem), s'entêter à mordre. V.
Aquiner, Amoicer, Amoincer. Cf. Jaub., s'Achiner.
(R. O.) — Cette observation me semble fort juste ;
la confusion résulte de la ressemblance des deux
sens.
GoD. dit : Achenir, — ennir, achiennir (s'),
s'acharner sur. — Normand., s'akiennir, rester
couché comme un chien. — Poitou, s'aquenir,
devenir paresseux, manquer de vigueur. — Achi-
ner (s'), s'habituer, se plaire. Dér. de chien. (D. C.)
— S' achenir, s'acharner sur, — Ital, accannire. A et
chien. (D^ A. Bos.) — » Il est achené comme un
chien après sa proie. » Se dit d'un enfant qui veut
toujours téter. (Favre.) — « N'y a pas moyen
d'empêcher les poules de venir dans le jardrin; a illy
sont trop achenées. » (R. O.) — « Il est aussi achené
contre lui com un ors. » xiv« s. — « En ce temps
estoient les Arminaz (Armagnacs) plus achenez
à cruaulté que oncques mais. . . (1420). » — GoD.
Acher (Fu). — Abîmer. Très employé, aux
Recoins du Fuilet : « Ils ont tôt acha. » Ils
ont tout abîmé. — A Mj. et à Ec. on dit
Hacher, comme en fr., avec un h très aspiré :
Ils ont tout haché. »
Aeher (Ec), s. m. — Aâchées. V. Ains,
Chainpeaux, Cordeaux, Epinoches.
Achet (Fu), s. m. — Lombric. V. Aâchée.
Acheté (d') (Lg.), loc. adj. — Que Ton a
acheté, par opposit. à ce qui est fabriqué à la
maison. On dit aussi : à.' Achetis.
Acheter (Mj.), v. a. — On prononce Ajeter,
elle ajète. — Acheter à bout de bras, — à vue,
au jugé. Il Acheter d'ein travers, — en bloc. |1
A. ein poupon ein drôle, — être enceinte,
accoucher. Ex. : La voisine rondit ben fort,
je pense ben qu'elle achète ein quenau. || A. eine
conduite, — se ranger. \\ A. à la foire d'em-
poigne, — voler.
Achetis (Mj.), s. m. — S'emploie dans
l'expression d' Achetis. — V. Acheté. Ex. : La
toile d'achetis ne vaut pas la toile de ménage.
— Les chaussettes tricotées sont meilleures
que les chaussettes d' achetis, — celles que l'on
achète toutes faites.
Et. — Accapitare, ad, caput ; prendre pour chef
(capital, cheptel), à bail, à redevance, acheter.
(LiTT.) Lat. popul. Accaptare, fréquent, de Acci-
pere, restreint au sens de : prendre en échange
d'argent ; acatar, achater, acheter. (Dict. gén.) —
D'ajé, acheté. Cf. Achets. (Dott.)
Achetoir, s. m. — Ce avec quoi on achète,
— l'argent. Ex. : Tu parles ben ! pour acheter,
il faut avoir des achetoirs. (R. P. G. B., p. 66).
— Cela répond à : Avoir du quibus.
Achetribi (Lg.), s. m. V. Enchetribi.
ACHETS — ACORER
13
Achets, s. m. V. Agets, Ajé. Achat.
Hist. — « Entre Nau et l'année
C'est le jour des achets.
— Achest, acquêts... de denrées à prix
d'argent. (Borel.)
N. — Voir cependant à Ajet une explication
tout autre de R. 0.
Achever, Achover (Lg.), v. a. Casser com-
plètement. Ex. : Il y avait trop lom'd de
poires, la branche est achovée.
Achier, s. m. Vx mot qui signifie : où sont
les ruches d'abeilles.
N. — L'ancienne coutume d'Anjou et du Maine
non imprimée, au titre : De home qui suit Avettes
ou Eps : « Si aucun a avettes, et elles s'enfuient de
son acès. » ... La même coutume, imprimée, titre 4,
qui est : des Amandes : « Celui qui emble avettes en
ruches sur Vachier, ou siège, il doit avoir l'oreille
coupée. » {Il faut lire achier, etnon archier, comme
ont les éditions), de Apiarium, que l'on trouve dans
CoLUMELLE. (MÉNAGE.) — « Et dire, Sire, j'ai
cueilly un essaim d'avettes ; et cet homme les
avoue, et l'autre dit : Sire, l'essaim est mien : et le
vit partir de mon aichier. » (Id.)
Achouir (Lg.), v. n. — Abandonner son
nid. Ex. : Va pas toucher à quiô nid, ou bé la
mère achouirait. — Cf. Hadir ; Ec. Hanguir.
V. Aillir.
Achojson, s. f. — Occasion, cause, motif.
N. — GoD. cite 30 manières d'écrire ce mot.
Hist. — Le quel (seigneur, Bodille ou Landile),
pour legiere achoyson il feist lyer à un poust (po-
teau) et cruellement battre et fustiger. — Pour
quelle achoison la guerre mut entre le roy de
France et le roy d'Angleterre. (Froiss.)
Achiier (Fu.), v. a. — Abîmer. « Les chas-
seux ont achué ma pièce de choux. »
Acier (Tlm.), s. m. — Dans la locut. :
huile d'acier, comme on dit : huile de cotte
rets, de bras, d'ache. \^ Huile.
Acimenter (Mj.), v. a. — Arranger propre-
ment et solidement. Se dit de toute espèce
d'ouvrage. Dér. du fr. Cimenter. Ex. : A y a
mis éne pièce à sa culotte; c'est ben acimenté.
Hist. — Voir Rab., G., i, 13, et P., n, 13 : « La
cour le condemne en trois verrassées de caillebottes
assimentées. "
Ac/asser (Tlm.), v. n. — Tomber de lassi
tude. — Etre fourbu, éreinté, exténué
Ex. : J'aclasse de dormir, — je tombe de
sommeil. Syn. et d. de Aglasser. On pron
Aquiâsser.
Et. Hist. — H est possible qu'en aspirant guttu
ralement le verbe alasser, on l'ait prononcé et écrit
adosser, asclasser : « Ces adnes sont voz : sis ai
menez pur co que vos enfanz les muntent ; ... et
cest vin, que ces en beivent, Ivi se alasserunt, par
aventure, al désert. » [Livre des Rois.)
— « A ice mot un pou s'asclasse ;
Car de travail s'est endormie. »
(Athis. — Citations de L. C.)
Cet auteur ajoute : s'Adosser, verbe. Se calmer,
s'assoupir, se reposer. Le mot Acosement, calme,
assoupissement, pourrait bien faire croire qu'on a
dit Acaser, ou Acassé, et que les orthographes :
quasser, aclasser, etc., sont des variations de cette
orthographe primitive, née du lat, cadere, tomber ;
fig., s'apaiser :
— Celle se coche qui fu lasse
Après son duel un pot (peu) s'adosse. (Id.)
— Et les dechace et les consiut (poursuit),
Cum funt li chien le cerf alasse
Qui del tut estanche e adosse
Et cel qu'il prent oscit maneis. (D. C.)
— DoTTiN donne : Akaser, Akasi (r°), aclasser,
affaisser, écraser ; s'akasi, s'affaisser, avoir une
tenue nonchalante et négligée. — God. : Adosser (s')
— s'apaiser, se. calmer, s'assoupir, se reposer, se
mettre au lit ; — n. s'arrêter de fatigue.
— Est-ce pour : aclacier, du germ. klackjan,
briser. Cf. Esclacier (Dr A. Bos.)
.icliner (s'), v. réf. — Se câliner devant le
feu.
Et. — « Aclin (ad, clinis), penché, soumis ;
Aclinouer, lit de repos, canapé. »V.D. C. v° Accli-
natorium. — « S'achiner au coin du reu, — de
chien? ou du lat. inclinare. (Jaub.) — C'est, évj.
demment : ad-clinare.
Aciopin, Aplopin, s. m. — Voyou, malan-
drin, mendiant de mauvaise mine. Tas
d'aclopins, — mauvais sujets qui entraînent
les autres à faire des sottises. Syn. de Har-
quelier. J'ai rencontré un aciopin qui m'a
entraîné au cabaret. »
Et. — Les étymologistes ont sué sang et eau
pour expliquer ce mot si simple ; ils ne connais-
saient pas, sans doute, la seconde prononciation.
V. Happe-lopin.
Hist. — Gourmand, fripon qui guette les mor-
ceaux pour les avaler. Eust. Deschamps :
« A nos amez happelopin
Sert de brouet et Galopin. »
Acmoder, v. a. V. Accmoder. Accommoder.
On dit : Acmoder la salade, la brasser, la
fatiguer.
Acneiitre (s') (Fu), v. réf. s'acconnaître.
« Faut s'y acneutre ; — tu t'y acneus point. »
Acoiniiner (s') (Lg.), v. pron. — S'humilier,
prendre un air piteux ou dolent. V. Coiminer.
Aconnaitre (Mj.), v. a. — Connaître. Ex. :
Par les uns et par les autres on se fait acon-
naitre. V. Acconnaitre. On ne pron. qu'un c.
Hist. — (( L'ung d'iceulx s'aprocha du maistre
D'hostel et se fit ocongnoistre. »
[La repue de VlLLON et de ses compagnons.)
Aconsent (Mj., Lg.), s. m. — Consente-
ment, accord. S'emploie dans l'expression
Etre d'aconsent. Dér. de Aconsentir. Sjm. de
Assent.
Aconsenteuieut (Mj., Lg.), s. m. — Con-
sentement, adhésion, permission. Syn. de
Assent, Hait, Agré.
Aconsentir'' (Fu, Mj., Lg.), v. n. — Consentir
Ex. : Is y ont ben aconsenti. — Presque
exclusivement en parlant d'un mariage ou
d'un partage. Ex. : La mère a pas v'iu acon-
senti.
Acôrer, v. a. — Caler ; mettre une cale
pour arrêter une roue.
Et. — L'accore est une pièce de bois qu'on
dresse pour étayer .Les accores sont des élançons
14
ACOTOXNÉ — ADAM
ou fortes pièces de bois qui servent à étayer un
vaisseau en consLruction, en réparation. De A,
Shore, — rivage, étai. (Litt.)
Acotonné (Lg.), adj. q. — Très frisé et for-
mant une tignasse épaisse qui ressemble à de
l'ouate. Se dit des cheveux. Syn. de Amate-
lassé. Du fr. Coton.
A cou, — Jouer à cou, à eut, à se cacher.
y. Acut.
Acouer 1 (s') (Mj.), v. réf. — Se prendre à
couver. De Ad. cubare.
Acouer ' (Lue), v. a. — Couper une ver-
tèbre de la queue aux chevaux ou un muscle
fléchisseur de la même partie.
Acouiner (s') (Lg.), v. réf. — Se rencoigner.
Sjm. de Racouiner. Dér. du fr. Coin.
Acoussé, ée (Mj., Lg.), adj. q. — Mal levé,
mal cuit, en parlant du pain. 1| Sans ressort,
sans énergie, avachi, en parlant des personnes.
Acoussi, ie (Mj.), — Même sens. || Fig.
Ratatiné, abattu. Se dit, en plaisantant, des
personnes.
Acoutiis, s. m. — Etai pour soutenir un
mur.
Et. — Acouté ; appuyé, soutenu. I^e sens primitif
de ce mot est : Accoudé, qu'on écrivait autrefois
Acouté, de Coûte, variation de l'orttiograplie
Coude. On s'appuie sur les coudes. — Accubitare se.
(L. C.) — Acotas ; appui : trique qui soutient une
branche chargée de fruits ou un mur qui penche.
Hist. — Acoter, appuyer. « Qu'il faut reiïaire
l'advant mur dudict chastel. . . et pour acouster
par le rapport desdictz. . . ledict ouvrage. » (GoD.)
Acouter (Sa!.). — Tomber sur le côté ; se
faire une entorse.
Acouvé. Accroupi. V. Accouvé.
Acojau (Mj.), s. m. — ■ Coyau. Se trouve
au n" 2 de Hatzf., terme de construction
Syn. et d. de Agoyau. |! Ec. Un coyau (coé-iau).
petite corde pour certains filetsde pêche.
Acrâser (Auv., Mj.), v. a. — Ecraser. Ex. :
Acraser de sottises, — accabler d'injures,
d'invectives.
N. — Salir, abîmer, détériorer. (Dagnet.)
Acrémer (s') (Lg.), v. réf. — Se couvrir de
crème, en parlant du lait. Ex. : Le lait est
tout frais tiré ; il n'a pas eu le temps de
s'acrémer.
Acreiir (Mj.), s. f. — Acreté. || Aigreur,
renvoi acide de l'estomac. Syn. de Aigrette.
Il Ex. : Les poumes de troche, c'a trop
(Vâcreur tout frais cli. — Jl m'a pris tout
d'ein coup eine âcreur dans la gorge, que je
ne pouvais sèment pas causer.
Et. — Lat. Acrem. Aâcre est le mot savant :
aigre le mot popul. — L'accent circonflexe ne
s'expliqiic pas. Acreté, vx fr. Aigreté. (Scheler.)
Acriner (s'), v. réf. — S'endormir sur la
besogne. V. s'Acliner.
Acroûfcr (Lg.), v. a. — Encroûter. Je
n'avons pas pu encréter de matinée, la terre
était trop acro Citée par la groue. »
Acrozilionné, ée (Mj.), adj. q. — Disposé
en grappes serrées, en parlant d'un bouquet
de fruits, de fleurs, en trochées ou Irochets.
Et. — De : crozille, parce que certains coquillages
se rassemblent sur les pierres en groupes très
.serrés, en colonies qui ressemblent à de véritables
grappes : moules, etc. Ex. : Si vous voyiez comme
les prennes sont acrozillonnées dans ce preunier-là !
Y en a eine tapée ! — Agruzelé ; couvert de bou-
tons, de vermines, d'insectes, comme le groseillier
de ses fruits. (Borel).
Acrozillonnée. (Mj.),s. f. — Amas de fruits,
de fleurs très serrées sur une même branche,
trochée bien fournie. V. le précédent.
Acte (Mj.), s. f. — Acte, écrit constatant
une convention. Ex. : J'ai eine vieille acte qui
dit que le mur est mutuel. Cf. Geste. \\ Lme.
La grousse acte ; la minute d'un acte (et non
pas la grosse). Différence de genre.
-A c-t-heure. Pour : A cette heure. j| Mainte-
nant ; vieille locut. qui revient souvent dans
la conversation, même sans motif. L'orthogr.
varie.
Hist. — « J'ay des pourtraits de ma forme de
vingt-cinq, de trente-cinq ans, je les compose avec
celui d'asteure. Combien de fois ce n'est plus moi ! »
(MoîïT., m, 13.) — Astheure (Brantôme). — « Moy
asteure et moy tantost sommes bien deux. » (Mont.,
in, 9.) — « ...Dit le porc espy tout asteure.
(Baif, p. 315.)
Action (^Ij.), s. f. — Activité. Ex. : Il a de
l'action, il est actif, débrouillard.
N. — Actiouneux, se dit de qqn qui est actif, vigi-
lant. — Actiouner qqn, l'activer. (Jaub.)
.Actonner, v. a. — Cocasser, bégayer ; de
là : actonnier, celui qui ne finit à rien, (MÉx.)
N. — De Montesson renvoie à Hoquetonner (de
Hoquet, évidemment) et à Nocter, syn. de mur-
murer. D. C. à Noctare. — Cf. jacquetonner.
A cul. Devrait s'écrire Accul. V. Accut.
N. — Uaccul d'un rocher, sa partie escarpée, là
où il n'est plus possible de reculer sans se préci-
piter. (L. C.)
Aculé et mieux Acculé, part. pas. —
Reposé sur le cul.
Acupert, Ëncupert, adv. — En queuque
part, qq. part.
N. — Jaub. donne : Enqueupart, Enqueuque
part, Enqupart. — Acupert.
Acuroquer (Lg.), v. a. — Décaver ; s^'n. de
Curer, Roiipir, — au jeu. || Dépourvoir com-
plètement, en général. V. Cure-oques.
Acut, s. m. — Extrémité d'un parc, d'un
bois. V. Cute, Cache. (^Ién.) Doit s'écrire
Accul. V. A cul.
.4dani (partout), s. m. — Le mouchoir au
père Adam, la fourchette du père Adam, les
doigts de la main considérés comme servant
à se moucher ou à saisir les aliments. V.
Pomme. \\ Ne connaître ni d'Eve ni à' Adam,
une personne, ne la connaître aucunement,
ADÉ — ADEULÉ
15
même en remontant très loin dans le passé.
— Ne pas dire, comme qqs-uns : Ne connaître
ni des lèvres, ni des dents.
Adé. Pour Adieu. Au xii^ siècle. Adeu.
Hist. — « Si se départent et s'en vont
Et a l'un l'autre commandé
Moult coiement : Adé, adé. »
— « En plorant lor a dît adé. »
Adebeau, (Mj.), adj. q. invar. — Ne s'em-
ploie que dans l'expression : Eter ben adebeau,
être bien agréable, bien avantageux. Ex. : Il
illi en est ben adebeau d'avoir ren à faire. — •
Le mot correspondant est Ademal.
.idelaisi, Adlaisi, AdIési(M.j., Lg., Sal., etc.)
s, m. et adj. q. — Homme peu raisonnable,
qui fait des farces dignes d'un enfant. Syn
de Manijait, N'a- que -faire. \\ Niais, bégaud. ||
Oisif.
Et. — Par sa composition, ce mot répond exac-
tement à son syn, N'a-que-faire, car il signifie litté-
ralement : Qui a du temps à perdre. Il est mis, en
efîet, pour : A du laisi, ou : a du loisir. J'en trouve
la preuve historique dans Brantôme, Dames gai.
{Disc, I, 29.)
Hist. — « L'orfèvre était bien à loisir de s'amu-
ser à faire ces fadezes. » et: « Ce roi était bien de
loisir de donner ainsi appétit d'une viande nou-
velle, qu'il devait tenir si chère. « (le, p. 41.)
N. — A Baugé, on dit : A mon lezi, pour : A mon
loisir. C'est donc, bien clairement, celui qui a ou
qui prend le temps de s'amuser aux dépens des
autres. Nous n'admettons pas l'explication de
Du Cange : lascivus. — G. de Guer est dans le
vrai : ad r licere, être tranquille. Rapprocher :
louézi (de licere) et plaézi (de placere).
— « Ine moitié de quene à la recherche d'ine
boursaye d'argeont qui lui a été volée, rencontre
commère l'échalle qui lui dit : « Veux-tu qu'i onge
ocque ta, ma qui se bé à men Adelésis'i » (Boeel.)
— « Et Charles et Franceis se colchent à leisir. »
(G. DE Guer.)
La conjug. de ce verbe pourra intéresser qqs lec-
teurs. — Loisir, leisir, laisir, lesir, lisir, — v. n.
impers., — être permis, être loisible. Lat. : licere ;
Indic. prés. : loist, luist, list, leist, laist, — licet ;
Imparf. : loisoit, lisoit, — licebat ;
Parf. : lut, liut (en une syll.), — licuit ;
Fut. : loirat, lœra. — Cond. pr. : loiroit, — liceret;
Subj. prés. : loise, luise, lise, — liceat ;
Subj. imp. : lei'ist, — licuisset ;
Part. prés. : loisant, — licentem ; part. pas. : leii,
— liritiiui.
L'inUnitif est resté à l'état de subst., comme
plaisir, de placere. — Le sens primitif du v. loisir
est donc : licence, permission. || La valeur de: J'ai
la permission ou la faculté d'écrire, s'est rétrécie
en celle de : j'ai le temps libre d'écrire.
Adeinal (Mj.), adj, q. invar. — Ne s'emploie
que dans la loc. : Eter ben ademal, être bien
ennuyeux, bien pénible, bien désavantageux.
Ex. : Il va illi en éter ben ademal de se lever
de si boune heure.
Et. — A -f de 4 mal. C'est le contraire de
Adebeau. — Ademau, Adebea, — à mal, à bien.
(BOREL. )
Ademau (Lg., Fu), adj. q. invar. V. Ademal.
« II illi en est ben ademau d'avoir ren à faire. »
Adementiers, adv. — En atfendant, tandis
que, pendant que.
Hist. — « Et demintières qu'il le prent. «
(Raynouard, à Dementre, sous Mentre.)
Et. — Ad, dum, interea ; dum intra ou intérim ;
dum intra ipsum (D"' A. Bos.)
Adenaisser, v. n. — Passer la nuit : Je me
se adenaissé.
Et. — Adenèser, adnèser, faire perdre le temps,
empêcher de travailler, — s'arrêter pour bavarder
avec qqn, — s'endormir, se laisser aller à la paresse.
(DoTT.) Sens différent du nôtre. — J'y verrais le
mot : Né, nuit.
Adent (Mj., Pell., Sal., etc.), loc. adv. —
Courbé, penché vers la terre, en parlant d'une
personne. A Mj., on dit : Marcher, aller en
à-dent. — A Pell., on dit : Aller à-dent. V.
Adenté. || Sur les dents, la face contre terre,
sur la face, à plat ventre.
Hist. — « L'un gist sur l'altre e envers e adenz ! »
(Ch. de Rolakd, 1624.)
— « Toutes les fois que le roy Sapor montait à
cheval, l'empereur Valerian se metoit adens sur les
piedz et mains, et le roy Sapor montoit sur son dos
et de là montoit sur son cheval. » (Bouchard,
Chroniq. de Bret. — GoD.)
— « Et si li donna tel hurlée (coup)
Des deux eles par mi la face
Qu'il caï as dens sur la place. »
(L. C. — vo hurlée.)
Adenter (s') (Mj., Sal.), v. réf. — Se courber
se tenir penché, en parlant des personnes. Ex.:
Il est tout adenté sur le feu. Se dit à Pell.
comme à Mj. — Voir cependant la note à
Adent. « Adente-té donc ! » dit-on à un enfant
qui mange sa soupe salement ; c.-à-d. penche-
toi donc. Il Se dit même en parlant des choses.
Une maison adenté, renversée par le vent ; le
vent adenté les blés. — En comparant à une
bouche l'ouverture, la gueule d'un pot, on a
dit : adenter un pot, pour : le renverser.
Hist. — « Adenta un pot sur les chandelles estans
sur le ventre d'icelle malade, qui fut fait par forme
de ventoise (ventouse) 1425. (L. C.) — • S'adenter,
c'est donc bien: se pencher, les dents en avant, ou
la bouche, au pr. et au fig. — « Adenté donc le pot à
lait, qu'i s'égoutte. » — « Se pencher pour regarder
au dessous de soi. »
— « Par là où il estoit entrez
S'en est issuz lot adentez. » (Renarl, 3400)
Et. — Adens est fr. — Vx fr., adenter, — coucher
sur le ventre ; s'adenler, — mots excellents et qu'il
est bien dommage de voir perdus. «(Littré.)
A pour contraire : Soviner, renverser sur le dos,
coucher le ventre en l'air, abattre, étendre, tomber
à la renverse, sur le dos... — Etym. Supinare, de
Supinum, (Sovin, le contr. de Adenz.)
Aderssée (Fu), .Adressée, s. f — Chemin en
ligne droite pour raccourcir la ligne ordinaire :
J'ai coupé par la pièce ; y a eine adersée ; j'ai
arrivé avant li. » jj Mj., Lg. — Sentier. Ader-
sée est, à Mj., une forme vieillie de Adressée.
Adetre adv. — A droite. Lat. ad., dexter.
Adciilé adj. Triste.
Et. — De : se douloir ; je me dculs. Cf. Con-dol-
éance. — En deuil.
16
ADEUZER — ADRESSÉE
Hist. — L'enfpereur Charles de la mort de son
beau-frère le comte d'Anjou triste et adeulle... »
(J. DE Bov'RT).,Chron., p. 38 ') — « Si advint que à
l'heure que le très sainct roi (Louis IX) venoit de
rendre son âme à Dieu, les Françoys, qui de son
décès estoient tant adeullez que plusnepovoient... »
(Id., Hlst. aggr. II, 24.) — « Laquelle femme ne
trouva pas sa monnove, dont elle fut moult adolée
et courrouciée. (1386. — D. C.) — « O Dieu !
Comment voions-nous les jeunes gens adouler et
entrister... » (Christ, de Pisan, dans Constans.) —
Variantes : Adolir, adoloser, — louser. (God.)
Adeuzer (s'), v. réf. — Se mettre à deux ;
se dit ordinairement des unions illégitimes.
Et. — A, deux. — « Adouer, adouacer. —
S'adouer, — s'accoupler. (God.)
Hist. — Perdrix s'adouent vers la my-février'
(Dict. gén.) — On trouve aussi : Adouer, adeusser*
Dans certaines régions, deux se prononce deusse. —
Se mettre deux ensemble pour faire une chose qcque.
Adieu. Adieu pas, pour : je ne vous dis pas
adieu, mais : au revoir. — Adieu va, pour :
va à Dieu. Terme de marine et de batellerie.
— Adieu vat' ! — la manœuvre est faite.
Adirer (s') (Pell.), v. réf. — S'égarer. || v. a.
Tromper. Ex. : Ce n'est pas là le chemin, vous
nous adirez.
N. — Ce mot est fr., — perdre, égarer, mais n'est
usité qu'en jurisprudence : Adirer une pièce. —
Dans les autres sens, il est vx fr., ou des patois
actuels. — Ex. : Pour trouver ma ferme, il n'y a
qu'à aller tout dret ; pas moyen de s'adirer. « —
Cl Pour venir à ma métairie, ce n'est pas adirant, »
çàd. : il n'y a pas moyen de s'égarer. ■ — ]| Adiré,
chagrin, étonné, ennuyé du départ de qqn.
— D'adiré, de différence. Ex. : Il y a ben de
V adiré, — nous sommes loin de nous accorder sur le
prix. Cï. Il n'y a pas à dire. — Car, si le sens est
clair, l'étymol. l'est moins. Ménacje propose : à
dire, dans le sens de manquer. Ex. : Il s'y est trouvé
à dire un écu. Les diverses formes: endirer, esdirer,
font supposer : dire, et non le lat. ire, aller. (Litt. )
Hist. — La doulce Vierge adira son fds, lequel
estoit demouré au temple. (L. C.) — « (Il est des
pays) où les eunuques qui ont les femmes reli-
gieuses en garde, ont encore le nez et les lèvres à
dire, pour ne pouvoir estre aymez. (Mont., Ess.,
I, 22.) — « Ce siècle auquel nous vivons, au moins
pour nostre climat, est si plombé, que, je ne dis pas
l'exécution, mais l'imagination, mesme de la vertu
en est à dire. (Id., I, .36.) — « et... quand le jour
disparut et que la lune mit la tête à son regardoir,
messire de Salvert et sa gent se trouvaient adirés au
milieu de la jolie forêt de Crémille, proche Champ-
chevrier. « (H"''- du vx tps, p. 167.)
Adiaisi, Adlési. V. Adelaisi. \\ Sar, Do. —
Naïf, inoccupé.
N. — Je relève sur un catalogue de livres : « Mi
lésé » (Mes loisirs). Poésies provençales, pat. et fr.,
in-12, 1887. Par Boillat.
Adomescher, v. a. — Domestiquer, En
parlant d'un chien sauvage : Je l'ai adomesché.
En italien : Addomesticare.
Et. — Domesche vient de : domesticus, avec
l'accent sur l'e. Cf. S'accoquiner, de Coquina, cui-
sine. (L. C.) — Devenir moins dur, plus souple ; se
faire, se prêter à. Ex. : L' mafias s'adomcchera.
(DoTT.)
A-don (Lg.), loc. adv. — En don, gratuite-
ment. — V. Vente de lard, du F. Lore. — Cou-
tumes.
Adophe (Mj.), n. pr. — Adolphe.
Adopter (s') (xMj.),
V. réf. — S'adapter.
Confusion de ces deux mots.
Adorer (Sp.) v. a. Fig. — Faut Vadorer,
il faut en passer par là, l'endurer. — Encore
une confusion de mots.
Adoubage (Lg.), s. m. — Raccommodage,
rhabillage. V. Adouber. || Lg. Réduction d'une
luxation ou d'une fracture.
Et. — L'adoub est proprement un vêtement
militaire, armure, garniment, — et, vêtement,
habillement, en général.
Hist. — « Elle alla par devers l'houste du gervis
vert qu'elle dist estre adoubeur, lequel demanda à
Nicolas Desioux s'il aurait son setier d'avoine pour
Vadoubage de la fdle qu'il lui avait fait habiller. »
(1515. God.)
.Adouber (Tlm.), v. a. et n. — Etirer un
brin de fil pour faire disparaître un maton.
Syn. de Eneiller. [|Lg. — Remettre un membre
cassé ou démis, réduire une fracture, une
luxation. Syn. de Raccommoder. — C'est le
mot fr. pris dans un sens spécial. V. Adou-
bage.
Et. — Les étymol. sont controversées. La plus
naturelle est du german. Dubban, frapper, d'où :
dauber, parce qu'en effet dans le cérémonial, on
frappait le chevalier en l'armant (adouber che-
valier). Cette dernière opinion est confirmée par
l'anc. angl. dub, coup, et to dub, adouber chevalier.
On comprend comment Adouber, çàd. toucher à,
frapper à, — a pu donner les sens divers de Adouber
( Litt. )
Hist. — « ... à la couturière qui a vaqqué IV jours
à adoubber les aubes, et aultres draps, linges. ( Jaub.)
— « Leurs chirurgiens et adoubeurs l'avaient si bien
adoubé que jamais il ne serait boiteux. » (Dict. gén.)
— BoKEL dit : Donner des soins à une fracture,
remettre un membre démis. Faire un acte de chi-
rurgie sans en avoir reçu le droit par la docte
faculté. — Raccommoder des vieux vêtements, du
linge déchiré.
Adoubeur. Rebouteur. V. Adouber.
Hist. — « Ils la menoient à Poictiers, à l'adou-
beur. >' 1515. — (GoD.)
Adoulé, adj. q. — Adroit. Etre ben adoulé.
— . Je comprends mieux le sens de : chagrin,
triste, donné par God. V. Adeulé.
Adresse (Sar.), s. f. — Sentier, raccourci,
— et:
Adressée (Mj., Chem., Lg., Chol.), s. f. —
Même sens que Adresse. Elle permet de
couper au plus court : « Passe-donc par
Vadressée. » — « Vous prendrez le roulin, pour
couper à Vadressée.
N. — C'est l'acception étymol., et elle a cours à
Mj. comme au Lg. ; mais à Mj. on donne par ext. le
nom d'adressée au sentier lui-même.
Et. — Elle est la même que celle du v. Adresser,
qui est formé du préf. A et de l'adj. Droit, prononcé
drait ou dret. L'adressée permet d'aller tout drait
ou tout dret. — Anciennement : direction vers un
ADRET — AFFAITÉ
17
lieu. — Faire aller droit à un lieu : « Son passage
s'adressait par Luxembourg. » {Dict. génér.)
Hist. — « Lequel charretier avait mené du vin en
un char, et en soy retournant prist les adrcces à
travers les champs, sans aucun chemin tenir. »
1414. (D. G ) — « Il a pris par les adrets. » Dott.) —
« Ceux qui connaissaient les adresses des chemins
furent ceux qui échappèrent. » {Préface des Contes
de la Reine de Navarre.) — « Elle arriva par les
adresses, .... par les chemins bordés de feuillages...
jusqu'à la grande métairie de la Renaudière. »
(René Bazin, Types de province.)
— « Mes qant il l'oï de loing plaindre,
Si s'est mis parmi une adrece
A Malpertuis sa forterece
Où il ne crient est ne agait. »
Renan, 10403.
Adret, ète (Mj., Lg.), adj. q. — Adroit, e.
Il prépos. juste en face de. Ex. : Il demeure
adrel chez nous. « || S'entend non seulement
de la dextérité, mais de l'intelligence : « Il est
vrai adret pour les mais. »
Et. — Du temps de Corneille on prononçait :
adret, adrète, qui est la prononciation norm. — A,
droit. Non pas de dexter, mais de : ad, directus,
proprement, dirigé vers, adressé. — V. Dret.
A drette et à gauche. (Fu.)
Adrigail (Sp., Lg.), s. m, — Attirail, en-
semble d'objets encombrants ou en désordre,
tout le tralala.
Et. — Favre donne : Drigail, driguay, — le
mobilier d'une ferme, d'une habitation. — Serait-
ce pour : intrigail, du fr. intrigue? Peu probable
V. Ad ri gant.
Adrigaut (Lg.), adj. q. — Roublard et insi-
nuant, qui sait se tirer des difficultés. Syn. de
Dépassant.
Et. — Paraît être une corr. du fr. Intrigant.
Adroisse (Sa., Lg.), s. f. — Adresse. N. Cette
forme vieillie, quoique fort usitée encore,
correspond au fr. Adroit, de même que le fr.
Adresse correspond à la forme patoise Adret.
V. Abrit, abrier. Cf. Moitier, etc. — Vx fr.
Adroiz.
A d'soir, Pron. Adsoué, — à ce soir.
Adiiber (Lg.), v. a. Remettre, raccommoder
un membre. — Syn. et d. de Adouber.
Adiiboiix (Lg.), s. m. Empirique qui rac-
commode les membres luxés ou fracturés ;
rebouteur. Dér. de Aduber.
Adiiillan (Lg.), s. m. — Aiguillon. Pron. :
adu-illan. Corr. du franc.
Adiiille (L^
Al" aille.
., Fu). — Pron. : adu-ille, s. f.
Aduser (Lg.), v. a. Aiguiser. Syn. et doublet
de Aguser.
Adusque jusqu'à. C'est le lat. Ad usque.
Aduyon (Fu.), agu-yon, aiguillon.
« J'foutis mon aguijon dedans,
Ou n'en choyait qu'des s'nelles. »
\ '>ir, au F. Lore, la chanson des Mensonges.)
Advarse, adj. pris adv. — « Tu fais tout
advarse. » Tu fais ton travail à l'envers, le
contraire de ce qu'il faudrait.
Et. — Ad, versus, — qui est placé à l'opposite
d'une chose, ou tourné vers elle.
Advarsité, s. f. — Haine. « l'm'prenit eji
advarsité, » en haine.
Afainianter (Mj.), v. a. — Rendre fainéant.
Syn. de Anianter, Avesser, Acaigner, Aladrer,
Acaignarder, Haquenir. Dér. de Fainiant.
Afenasser (Mj.), v. a. Jeter en désordre,
brasser comme du foin. Se dit des récoltes,
des cheveux, des vêtements.- Ex. : Le vent a
tout afenassé le grain.
Et. — Lat. fœnum, foin. — Cf. pat. norm.
F(e)nasse, mauvais lit. — V. Affenasser.
Aféniclé (Br.), adj. q. — « Quand les bêtes
ont peur, qu'elles dressent les oreilles, on dit
qu'elles sont afénidées.
Aferdiirer (La.), v. a. — Refroidir, tran-
sir de froid. Syn. de Efferdiller. \\ Ec. i)ron. :
EffoèrdurL \\ Aferduré (Fu). V. Ferdillon,
Afferdeiller.
Et. — Pour Afredurer, du fr. Froidure, autrefois
Freidure, par métathèse.
Aférouer (Mj.), v. a. Couvrir. || Entasser.
Fixer une plante en terre en tassant la terre
sur la racine.
Et. — Ce mot, qui est le pendant de Déférouer,
est pour Afrouer. Il renferme la même racine : frou,
qui est dans Dêfroii, Défrouer, etc.
Affaiblissant (Mj.), adj. v. — Débilitant.
Ex. : Le vinaigre est affaiblissant.
Affaignanter (Sal.), v. a. — Rendre fai-
gnant, fainéant.
Affaire (Mj.), s. f. — Avoir affaire de, —
avoir l'occasion ou l'obligation de. Ex. :
J'avais point affaire de y aller. || Id. Avoir
besoin de .Ex. : J'ai point affaire de lé, je n'ai
pas besoin d'elle. || Eter à son affaire, — • être
à l'aise. || Faire l'affaire, — convenir. || Faire
son affaire à qqn, — le rosser, le tuer. Syn.
de Régler. || Faire son affaire, — s'enrichir.
Il a fait son affaire en dix ans de temps. ||
Etre de la bonne affaire, — être aimable, conci-
liant, accommodant, obligeant. || Etre d'eine
affaire, — être très affairé, très occupé, très
entiché. Ex. : Aile en est d'eine affaire, avec
sa robe neuve ! || Affaire, — chose, en général.
Ce n'est pas des affaires à dire. C'est eine
affaire que j'en sais point le nom. || C'est
Vaffaire de..., — cela demandera, exigera.
Ex. : C'est Vaffaire de dessetrois mois. || Par
affaires, pour affaires. Il est venu par affaires.
Il Au pluriel : Effets, objets d'ameublement
ou d'habillement. || Sp., etc. — Avoir ses
affaires, — ses règles. V. Compagnie.
Affaît (Mj.), s. m. — Crête d'un billon, d'un
sillon, dans un champ labouré. V. Affaiter.
Affaité, part. pas. N. Ne pas confondre
avec Affaîté. — Gai, émoustillé, apprivoisé.
Cet enfant est bien affaité. \\ Préparé, disposé.
Et. — Ad, facture, — affecter. Se disait pour :
apprivoiser un oiseau de proie. — Affaiter, vx fr.
Afaitier, bien élevé, courtois. AfTectare signifie ;
18
AFFAITÉ — AFFILER
approprier à l'usage voulu : « Messages (messagers)
affaitiés de ce faire », dans le sens de : Mettre au
fait. Celui qui est dans ce cas est plus débrouillard
qu'un autre. (Scheler). — Rassasié, repu ; diffi-
cile, dégoûté ; dressé, façonné, expérimenté, paré
avec recherche. (Dott.) — Fin, prudent, appris, vif,
remuant. (Borel.)
Hist. — « Pantagruel apercent certaines petites
andouilles aff aidées. (Rab., P., IV, .35.)
— « Mignonne est trop plus affetée.
Plus frétillant, moins arrestée
Que le passeron de Maupas. »
(Maeot. JEpigr. 21 G.)
Afiaîté, part. pas. — En forme de faîte*
V. Rais. Un boisseau de blé est vendu au rais
(au ras du boisseau) ou affailé, à Vomêchée,
on en fait tenir autant que Ton peut, en faîte.
— Une charretée de foin, de paille, de fumier
est dite affaitée quand elle est remplie au-
dessus des ronches ou des paumelles. (Fu). V.
Affaiter, pour plus de détails.
Affaîter (Mj.), v. a. — Terminer en faîte,
par le haut, une meule de foin, un tas quel-
conque. — On dit qu'un pailler est bien
affaîté. — N. On ne fait sonner qu'un f.
Et. — Du fr. Faîte, lat. fastigium. — V. Enfaîter,
— A l'affaît-'e, ou à l'omêchée : « Amonceler,
entasser en forme de cône ou de pyramide des objets,
qu'on peut compter ou mesurer, p, ex. des châ-
taignes ou des pommes de terre, dans une mesure
de capacité, de manière à faire bonne mesure : « Un
boisseau affaîté. » — Ecrit à tort affêter dans la
citation suivante : « Brandissant avec fureur une
de ces lourdes fourches dont on se sert dans le pays
pour affêter le foin sur les charrettes en temps de
récolte. » (G. Sand, Valentine, t. II, 17. — Cité par
Jaub.) — ■ « Certaines denrées ne s'enjaîtent pas,
telles que le blé, l'orge, on les radure (au rais) —
Jaub.
Hist. — « ... tracassoit, ramassoit,cabossoit,
afestoit, afîutoit... » (Rab., P. I, Prol.) — « La
moytié d'une méson qui autresfois fut à fest, et qui
de présent est appentissée. » (1467.) — « Rares
et précieux sont les artistes qui savent affaiter irré-
prochablement un pailler, faucher sans que le dail
marque à chaque coup son passage, parer un
fagot... lié de solides réories. (La Trad., p. 65) —
« Tous vendeurs de drap en détail les aulneront par
les fest, sur peine d'amende arbitraire » ,ç-à-d. par
le haut. {La Coût. d'Anjou, art. 173, \° Fest. —
MÉNAGE.)
a. — Affermer.
Aff armer (Mj.), v
Affarniir (Mj.), v
4ffenage (Lg.), s.
Affermir.
m. — . Le foin, la pansion
que l'on donne aux bestiaux. || Action de
panser les bestiaux, pansage. — Locut. :
Mettre à Vaffenage, — pourvoir de fourrage
un cheval. V. Affener.
Afïenasser (Mj.), v. a. — Emmêler, coucher
pêle-mT-le, comme du foin. Ex. : Le vent a
tout aijetiassé noute lin. V. Afenasser. N. On
ne prononce qu'un f.
Et. — Ad, fœnum, asser, suff. péjor. — Enfe-
nasser, mettre dans du foin, ou mettre du foin dans
qq. objet. On enfenasse des sabots en guise de
semelle pour empêcher le froid ou l'humidité.
(Jaub.)
Affener (Lme.), v. a. — Mettre en pension,
ou pansion, pour qqs jours, dans une auberge,
une vache, un bœuf. C'est : mettre au foin.
V. Affenasser. \\ Distribuer Vaffenage (ce
qu'on donne de foin à un cheval, etc., pour
son repas) dans les râteliers. — Se dit aussi
des personnes pour leur nourriture. !| Lg. —
Pourvoir de foin, panser les bestiaux.
Hist. — « Estomac bien à point affené etagrené. »
(Rab., III, 15). — « Le lendemain, quand il alla
voir ses boeufs au petit jour, tout en les affenant et,
les câlinant... » (G. Sand, Pet. Fadette, XX — GoD.)
Afïerdeiller (Lg.), v. a. — Transir de froid.
Syn. et doublet de Efferdiller, Aferdurer
(mieux avec 2 f).
Affiage, s. m. — Verger de jeunes arbres
qu'on doit greffer ou déplanter. (Cho.) Mén.
— V. Affier.
Afîiiui (Sp.), s. m. — Enfant, fils ou fille.
Ex. : C'est ça mes affiaux, — ce sont là mes
enfants, ma progéniture. V. Affier. Syn. de
Fieux, Queneau, Queniau, Gosse, Gonse,
Maniinot, Loupiot, Moutard, Drôle.
N. — Adfiau, enfant du premier âge, nourrisson.
« Une femme avec son adfiau. Renvoie à Adfier.
(Jaub.)
Afficher (s') (Mj.), v. réf. — Faire inscrire
ses bans de mariage. C'est bien : faire con-
naître par afïïches. — De Ad, ficher.
Affiement, s. m. — Ce que l'on cultive dans
les champs. V. Affier. \\ Semailles, grains de
semence (de Mont.).
AflSer (Lue, Mj., Sp.), v. a. — Planter ;
Semer ; Travailler la terre. Ex. : Velà eine
terre qu'est ben affiée, — elle a bonne mine.
— Au Lg. on dit : Affier de la pansion, affier du
vert, — semer du fourrage ; ce n'est donc pas
seulement planter. !| Lg. — Faire prendre ou
reprendre une plante ; la faire pousser. Ex. :
C'est le mois de septembre qui a tout affip.. \\
Affier des choux, — les planter, les multiplier
— Un terrain est affié en vignes, c.-à-d. planté.
Provigner par boutures. Ex. : Je vas vous
affier un beau pied de béruère pour que vous
puissiez vous en oriner (By). — V. Zig. 26^.
Et. — Selon les uns : fier à, confier à, lat. ad.
fidare. — Selon d'autres : « C'est, évidemment, de :
ad, ficare, ce v. étant, en B. L. syn. de figere, fixer,
piquer. (De Mont.) — Ménage cite Ch. Etienne,
qui dit que « figere humo plantas feraces (Virgile),
c'est ce que le peuple appelle affier, ou afficher, ou
piquer des plantes fertiles. — Se dit des cons-
tructions, des plantations, des animaux, des
hommes. — Elever, nourrir : Adfier, atfier un
enfant, un animal. V. Affiau.
Hist. — « Vrayment, dist Pantagruel, quand je
seray en mon mesnaige..., j'en affieray et enteray en
mon jardin de Touraine... et seront dictes poires de
bon Christian... » (IV, 1 1.)
ilffiler (Mj.), v. n. — Donner son lait sans
difficulté et d'un jet continu, en parlant d'une
vache. Syn. de s'Alayer.
Hist. — « Parmi Rune se fiert, qtii tost coût et
afile. 1) L'eau qui coule excite l'idée d'un fil tiré d'une
manière continue.
AFFINER — AFFUT
19
Affiner (Lg.), v. a. — Tromper, duper. !|
Faire affiner, même sens. Ex. : Tu dis ça pour
m'affiner, ou : pour me faire affiner. — La
FoNTAixE l'a employé, et bien d'autres.
Afiiquet ' (Mj.), s. m. — Petit ustensile
affectant la forme d'un sabot lilliputien, que
les vieilles femmes attachent à leur ceinture, et
au fond duquel elles appuient le bout d'une de
leurs aiguilles à tricoter, celle que dirige la
main droite. Les affiquets sont parfois en
argent ; le plus souvent ils sont faits d'un
noyau de prune ou d'abricot, percé d'un trou
et vidé.
Et. — Du lat. Affixare, soit parce qifon le fixe à
la ceinture, soit parce qu'on y fixe l'extrémité de la
broche. — Cf. Colifichet. — C'est le dimin. de
Affique, prononciation picarde de Affiche. — Au
plur., choses menues qu'on fixe, parures de femmes.
— Cf. Affiche, Jaub.
Aflître, ou Affixtre, s. m. — Grand pieu
garni d'une forte pointe en fer, destiné à
maintenir un bateau fixé. L'afîître étant
enfoncé dans le sable, au fond de la rivière,
on le retient au moyen d'une corde qui passe
d'abord en un trou A, entoure une ou deux
fois l'affitre, revient par en dedans en B, et
est maintenue par le terzillon C. (Il faudrait
ime figure.) Ec. Affître ferré. V. Bourde.
Petit afîître, id.
Affligé (Mj.), part, pass. — Infirme, impo-
tent, souffrant. Ex. : Il est ben affligé d'eine
main, d'ein eil. V. Jaub.
Affoler (Sp.), v. n. — Devenir fou. \'.
Foléier. C'est le v. act. i':'.
Hist. — « Dites hardiment que y affoles
Si je dis huy autres paroles. » (Pathelin.)
Affondre, Aflfondrer (Mj.), v. a. — Faire
couler au fond, submerger. || V. n. Couler au
fond, être submergé. || Fu. « Le bateau a-t-
affondré, il' tait pien de sabe à faîtée », et non
affaîté.
Et. — A, fond. Différence de conjug. — On dit
aussi Enfondrer.
Hist. — « Gargantua, du bout de son baston,
enfondra le reste des tripes du villain en l'eau. »
(Rab., g., I, 37.) — Je dis ceste vague de Dieu
enjondrera notre nauf. ;i {Id., P., IV, 19.) — « Car la
médecine commençant à estre maistresse chassa et
enfondra par manière de dire jusques au fond du
corps la vigueur et force naturelle. » (Amyot. Vie
d' Al. le G.) — « C'est parce que ma nourrice avoit
les tetins molletz ; en la laictant mon nez y enfon-
droit comme dans du beurre.» (Rab., G., XL, I, 79)
— « Il prit quand et quand, des préceptes d'At-
talus, de ne se coucher plus sur des lourdiors qui
enjondrent. » (Mont., Ess., III, 13.)
-iffoueil, s. m. — Cf. Effouil.
Hist. — « Lesquelles vaches, et Vaffoueil qui en
proviendra, seront gardées et conservées au mieulx
que faire se pourra en ladicte île. » {Anj. hist., 2"
année, n° 6, mai 1902, p. 505.)
Affourréc (Mj.), s. f. — Amas, accumulation.
Ex. : Y en a eine affourrée de fait dans ceté
maison -là ! »
Et. — Ad, fourrer. — Hist. — Aiïourer signifiait :
donner du fourrage aux bestiaux ; de feurre, ou
fourre (foin on paille, qui a donné fourrage.) — Une
affourrée, c'est une grande bouchée. - — Un alïourré,
— moissonneur que l'on nourrit. (Lapayre.)
Affoiisse (Mj.), s. f. — Effusion. Ne s'em-
ploie que dans la loc. : S'en aller à Yaffousse
du sang. || Perte de sang, hémorragie incoer-
cible.
Et. — Du lat. Alïusum, forme du v. Afi'undere ;
ad, fundere, verser de peu haut. (Litt.)
Affranchir (Mj., Lg.), v. a. — Châtrer,
castrer. Syn. de Arranger. Ex. : J'ai
acheté deux beaux petits gorins, mais ils ne
sont point affranchis. — Disposer un vase,
un poêlon, une barrique pour recevoir leur
contenu de manière qu'ils n'en altèrent pas
le goût.
N. — On affranchit un chaudron neuf en y faisant
bouillir des choux, une poignée de foin, pour ôter le
goût de neuf.
Aff'rancliisseur (Lg.), s. m. — Châtreur,
hongreur. Syn. de Mégeilleur.
Affre, s. î. — Horreur. Ex. : Il a ein mal,
ça fait affre de voir ça !
Et. — C'est le sens primitif du mot, que le fr.
n'emploie qu'au plur. dans le sens d'angoisses :
Les affres de la mort. Le dérivé Affreux est la
preuve de ce que j'avance. — Ménage le dérive de
Afer, Africain, — Afrus, afrosus ; les Africains, à
cause de leur couleur, étant affreux. !! — L'étym.
est contestée ; il vaut bien mieux l'avouer.
Aftreiiseté (Mj.), s. f. — Horreur. Ex. :
Queuiie affreuseté qu'eine coiffe pareille !
Affronté (Mj.), adj. q. — Effronté.
Et. — Ad, frontem. — C'est celui qui se met
impudemment en face de qqn, par insolence, pour
l'outrager, lui faire affront, avec effronterie.
Affruitager (Mj.), Affruiter (Mj.), moins
usité. — Bien planter d'arbres fruitiers en
parlant d'un jardin. De Fruitage. \\ Fu. J'ai
été ouèr dans la vigne; ou-l-est ben affrutagée
(chargée de fruits).
N. — Affruiter se dit aussi des fruits arrivés déjà
à une certaine grosseur et mangeables. Amandes,
pommes de terre affruitées. — Mettre affruiter des
fruits sur la table (Jaub) — Ce poirier, bien taillé,
affruitera. (Litt.) — Achever de mûrir sur la paille.
« Quand les pommes de terre seront affruitées' elles
seront meilleures. (Lapayre.)
Aft"urer, v. a. Prendre garde. « Affaré la
bigeoise pour ; garde la bête (terme faubou-
rien). Mén. — Je n'ai pu contrôler ces mots.
Affût' (Mj., Sal.), s. m. — S'emploie dans
la loc. : Eter d'affût, — être bien portant. —
On dit dans le même sens : Eter d'accord. ||
C'est ein homme d'affût, ingénieux, futé,
sachant se tirer habilement d'un pas difficile
ou d'une affaire embarrassante. Se dit qqf.
par dénigrement. || Solide. (Lpz.) i| En bonne
disposition : Es-tu d'affût de danser.
Et. — De A et Fust, bois. Etre disposé comme
qqn que l'on a, ou qui s'est placé derrière un arbre
pour la cliasse. (Dict. gén.) — « La signification
particulière d'aiïuter, disposer le canon à tirer en le
mettant sur son affût, conduit encore naturelle-
20
AFFUT — AGATE
ment à la signification générale d'ajuster, équiper,
disposer. Donc : être d'affût, être bien disposé. »
(L. C.) — Un gas ben d'affût est un garçon qui sait
bien faire les choses. Un outil, n'importe lequel, est
celui qui est remis en bon état. (De Mont.) Le sens
de ce mot semble se confondre avec le suivant.
Affût ^ (Mj., Sal.), s. m. — AfYutage d'une
scie, d'une hache. V. Affût \ — Aiguiser.
Et. — De : fust, bois, comme le précéd. — Pro-
prement : le bois d'un instrument, d'une machine,
donc la partie accessoire, la chose de peu de valeur.
— Affûter (autrefois Affuster, et l's se pronon-
çait), c'est ajuster les outils aux fûts qui les main-
tiennent, les mettre en état, aiguiser un burin, etc.
(SCHELER.)
Hist. — « Parquoi craignant Gargantua que il se
gastat..., feist faire des arboutans à son berceau
■ bien ajustez. » (Rab., P. II, 4.) ■ — « Il a besoing de
trop de pièces pour ajuster instement son desseing. »
(Mont. Ess., II, 37.)
Affûtias ; Affûtiaiix (Mj., Sal.), s. m. pi. —
Ne s'emploie qu'au plur. — Instruments,
outils, objets d'équipement ou d'habillement,
propriété mobilière qcque.
N. — Le fr. emploie ce mot dans un sens voisin,
au sing. — La syll. au se prononce ao, souvent.
Et. — V. Affût 1 et 2. — Toujours la racine fust,
fût, arbre. D'où : futaie, futaOle, et même : futé.
Tous ces mots devraient avoir un accent circonfl.
• — « Le mot Affût ayant le sens de : chose de peu de
valeur, affûtiau, qui correspond par sa facture à un
diminutif *afFuteilus, a pu prendre le sens de : chose
futile, bagatelle. » (D'' A. Bos.) — Outils. « Les
ouvriers, dans les campagnes de l'arrondissement
de Redon, appellent leurs outils des affuliaux :
ce As-tu apporté tes affûtiaux pour travailler? «
(Ohatn.)
A-flot (-Mj.), s. m. — Ce qu'il faut d'eau
pour faire flotter un bateau.
N. — Afloat. (MoisY. Dlct. anglo-nonn.)
Afoisance (Mj.), s. î. — Foison.
Et. — A, Foisance. Ex. : Des preunes de Blourde,
y en a eine afoisance. — Lat. Fusionem, action de
répandre en grande quantité. Cf. Boileau :
— « Et des couvreurs grimpés au toit d'une maison
En font pleuvoir l'ardoise ou la tuile à foison. »
— Affoisonner. (I^. C.) — Cf. Effusion, profusion.
Agaceaii (Lg.), s. m. Acacia. Syn. et dou-
blet de Agacia, Agaciâ.
.4gacer (Mj.), v. a. Emousser, ébrécher, un
tranchant. || Tlm. fig. Ein gars point agacé,
■ — fort et décidé, un luron, un gaillard solide.
V. Achalé. Il Agacer les dents, mordre sur
l'émail des dents, en parlant d'une substance
acide, jj Agacer un enfant, — le faire rire en
le chatouillant.
Et. — Douteuse,
pie nommée agace. »
Agacia (Mj.), s.
nier. Cf. Gamion,
t Qui fait entendre le cri de la
(GOD).
m. — Acacia, faux robi-
Ganif, Gaboter. \\ Lg. —
Agaciâ. Syn. et d. de Agacia, Agaceaii. ]\ Ec.
De Végaciâ, des égaciâs.
Et. — Curieuse. Du grec Akakia, défaut de
méchanceté, parce que ce végétal, bien que pourvu
d'épines, fournit de bonnes choses. (Litt.)
Agaigner (Cho.), v. n. — Etre de mau-
vaise humeur. — Probablement pour : Har-
gaigner, Harguégner.
N. — Faut-il aussi rapprocher ce mot de Aguei-
gner, pour : guigner, regarder en dessous? « La
dame et la chambrière regardaient d'aguignettes. »
(Bon. Desperriers, Contes et Devis. — De
Montess.)
.igalerner, v. a. — Le vent s'agalerne s'il
devient sec et dur. La galerne est le N.-O.
(]\IÉN.). — Sur les bords de la Loire, c'est le
vent d'E.
Et. — Incert. — En angl. Gale, vent violent.
Celtique ; Gwalarn, de Gai, vent.
N. — A Mj. la galerne est le N., rarement le N.O.,
jamais l'E.
A gana ou Agana. — Arroser à gana, en
grand, largement, sans ménager l'eau. V.
Gana.
Agapi (^Ij.), adj. ([. — Se dit d'un vent à
la fois violent, froid et humide, de bise. — Il
n'y a pas un t final ; il sonnerait fortement,
agapite. || (Lpos.) id.
Et. — « Agapir et Aguapir, gâter, corrompre. Du
lat. vapidum? influencé par le germ. hwap? (D"" A.
Bos.) — Awapir, gâter, effacer, — qui sent le gâté.
— « Hons qui ton cors mes a hontage
Plus es que femme a Dieu des pis,
Dessavorez et agapis.... (GoD.)
.4gas (Fu.), s. m. — Masse d'eau. V. Acas
(feau,
Agasse, — s. f. Pie.
Et. — Ce mot, qui est tout aussi fr. que pat. se
tire d'ordinaire d'une forme de l'aha., soit agalstra,
com. le veut Diez, soit Agaza, suiv. Behrens. —
La forme du B L. Agasia, n'est sans doute qu'un
produit roman latinisé, et ne nous renseigne en rien
sur l'étymol. — Ce n'est d'ailleurs pas du B L. que
sont sorties les langues romanes, mais du lat. popul.
ou du lat. vulg. — (G. de Guer. — Y.)
Agaste, s. m. — Accas d'eau. (MÉîf.)
Et. — De toutes celles que j'ai pu voir, je
conclus : Agât vient de A, Gast, gâter, lat. vastara
(changement fréquent de v en g.) — et Acas, de
cadere, tomber.
Agât (Sp.), s. m. — Dégât, dévastation.
Ex. : Ceté gelée-là va faire ben de Vagât. \\ En
agât, — en dégât, — en mauvais état.
Et. — A, Guast, vx mot que le pat. ang. a con-
servé. V. Gât, et qui se retrouve dans le fr. Gâter,
Dégât, et dans le pat. Dégâter. Lat. Vastare., ha.
Wastan. — « Une bête est en agâs, quand elle est
dans un champ ensemencé. — Faire de Vagâs, c'est
fouler les récoltes aux pieds des hommes, des
chevaux. » (Borel.) — Poitou, Vienne, Deux-
Sèvres : Agâter. « Ses porcs avoient été trouvés
agastant la seille et avene de Marque Coursant. »
(1473. — GoD.)
Hist. — « Que leur dict ennemy icy fust avec ses
forces pour les surprendre, ou pour faire le guast
parmi ceste leur isle. » (R.\B., P. IV, 35.) — « Mais
si le maître du bétail nioit que les bêtes eussent été
prises en agast. « (Coût, de Poit., I, 239, art. 76.) Cf.
D' mage.
Agate (Mj.) s. f. Marbre (Vagate. \\ Grosse
bille de verre coloré, ou de matière moins
commune que les billes de pierre ou de
AGAULER — AGOUT
21
marbre, servant ordinairement aux jeux des
enfants. — Syn. de : un marbre.
Et. — Curieuse. — Variété de quartz ou de
cristal de roche. Du grec Akhatès, fleuve de Sicile
près duquel cette pierre abondait. (Litt. ) —
D'abord Acate, puis Agate, p. ê. par fausse étymol.
du grec Agathe, d'où Agathe, d'où Agathe, nom
propre l(ittéralement : la bonne.)
.igaulcr (Mj., Lg., Ts, Sal.), v. a. — Dresser.
Ex. : Il est ben agaulé à travailler, — bien
dressé au travail. Se dit des personnes aussi
bien- que des animaux.
Et. — Dér. du fr. Gaule. C'est le bâton qui dresse.
Ex.: J'avais des bœufs qui n'étaient pas encore ben
agaulés, — • dressés à obéir à l'aiguillon.
Age (Mj., Lg.), s. f. — Ex. : Dix-huit ans,
c'est la belle âge. (Avoir son âge, être majeur.)
Il Porter Vâge, — sembler avoir l'âge. Ex.: Il
n'a que dix-huit ans, mais il porte Vâge de
vingt-cinq. || Absolument, porter Vâge, —
paraître vieux. || Homme, femme d'âge, ■ —
âgé, ée. Il Les gens d'âge, — les vieillards, jj
Extrait d'âge, — extrait de naissance. !| D'eiu
âge, — du même âge.. || Etre dans les âges
de, — être à peu près du même âge que,
avoir à peu près tel âge.
Et. — Du BL. ivtaticum, de œtas, pour œvitas,
de sevum ; devrait être du féminin, venant de
setatem. (Litt.) — (L'est dans notre patois.) —
Fém. aux xvr^ et xvn? s. « Cette âge ferrée. »
(Malh.) — « Est-ce que nous ne sommes pas de la
même âge, toi et moi? » (G. Sand. Val.)
Hist. « Les années encloses entre ceste aage cou-
rante. » (Rab., P. V. Prol. p. 48G.) — « Je suppose
qu'elles ne sont toutes rf'M/t aage, mais quel cor-
sage ont-elles? » (lu., ibid, V, 28, 541.)
Agé (F), ou Agi (Chl.), s. m. — Intervalle
entre l'ameillage et le vêlage ; gestation. Ex. :
Ma vache a 12 jours d'âgé, ou d'agi. — Les
taures ameillent plus longtemps de devant le
terme que les vaches qu'on a tirées. Ce mot
est le même que VAjet de Tlm. et que le sui-
vant.
Agées (Mj., Sar.), s. f. — Ne s'emploie
qu'au plur. — Les six jours qui séparent Noël
du 1*^T de l'an.
N. — Le temps qu'il fait pendant chacun de ces
six jours est censé pronostiquer le temps qu'il fera
en moyenne pendant chacun des 6 premiers mois
de l'année suivante. On croit dans nos campagnes à
cette correspondance.
Et. — D'où provient ce mot? Je lis dans Dollin. :
« Entre Nau et l'année
C'est le jour des acheta. » (V. Achet.)
« C'est en effet un peu après Noël que Ton ajèle
les cadeaux pour le 1'='' de l'an et nombre d'objets
utiles dans le ménage. Sans doute à cette è'poque les
serviteurs de la ferme reçoivent leurs gages et les
emploient en acquisitions. On prononce Ajeter,
pour Acheter. Ex. : Ajeter la bride et le licou, —
l'anneau et la chaîne de montre des fiançailles. —
Aghais. Marché à aghais, à termes de paiement et
de livraison, que doit aghaiter, ou observer, celui
qui veut en profiter. Noël était p. è. un de ces
termes. (D. C.) — Ager, aget, ajé... Terre rejetée
hors d'un fossé pour former le terre-plein. || Pot de
vin, enjeu. (Dott.) — N. Toutes explications
données à titre de curiosité. V. à Ajeti
Agilant (Bg.), adj. q. — Agissant, actif,
adroit, débrouillard. — Dans le Bas-Maine :
Aguilant.
.4gir (Mj.), V. a. — • Agir de malice, de
rubrique, — de, pour : avec, jj S'agit — il
s'agit : S'agit de se décancher. Cf. Faut.
Agiyanlée s. f. — Etrennes du jour de l'an.,
V. Aguillanneuf.
Agiâser ou Eglâser (Ec), v. a. — Glacer.
» J'viens d'avaler eine grande lampée d'eau
à même le pichet ; j'en se tout églasée, — j'en
ai le cœur tout églâsé.
Aglâsser (s') (Vn, Sa.), v. réf. — Se négliger,,
se laisser tomber peu à peu en déconfiture.
Syn. de s' Abâtardir, tomber dans la canitude.
N. On pron. souvent s'Aillâsser, gl. mouillé.
— Doubl. de Aclasser.
Ag/até, (Lg.), adj. q. — Humide, aqueux,
gluant. — Se dit d'un terrain, d'un fruit,
d'une plante racine, d'un pain mal cuit. Syn.
de Aguia, Aguiaque.
Et. — Je note qu'on mouille ordinairement la
dipht. gl, mais pas toujours. Cela indique que Jaxjb.
a raison d'écrire : Aglati, Glate, et que très vrai-
semblablement nos mots Aguia, Aguiaque sont
mal écrits et n'appartiennent pas à la famille des
mots dont la racine est Aqua, directement, du
moins.
.4g/iater, v.a. (Lg.). — Tasser la terre, en
parlant de la pluie. Syn. de Sitrer. Dér. de
Aguia ou Aglat.
Aguelins, s. pi. — Laine des agneaux ton-
dus pour la première fois. Et. Agnel.
N. — H I n'faut point s'iaisser tondre Vaignelin
sus l'échiné. » Vx dicton. (Borel.)
Agoiser (Sp.), v. a. — Emousser, ébrécher
un tranchant. Ex. Mon couteau est tout
agoisé, il ne coupe pus. — Corr. de Agacer.
Agoniser (Mj.), v. a. — Accabler. Ex. : Ago-
niser qqn de sottises. — Se dit à tort.
iigoiimi, ie (Sp.), adj. q. — Bouffi, légère-
ment enflé, en parlant du visage. Syn. de
Abômi. Dér. de Guunier.
Agout (Mj.), s. m. — Egout. || Fig. Plaie
chronique, suppurante. Ex. : Il a un agout. jj
à la jambe. || Egouttement. || Exuloire. — '
AgouUer.
Et. et Hist. — « Les servitudes qui ont cause dis-
continue, comme A'agoust^ de maisons... s'ac-
quièrent par 30 ans. » (Coût. d'Anjou, D. C, V
Fractelluin.) — Agoust ; canal, évier, égout. BL.
Agotum. — Agotallum, instrument pour vider
l'eau d'un bateau (c'est notre écope). Agotare,
Agouster, vider cette eau. « Les propriétaires de
tous ces moulins sont tenus d'avoir toute l'année,
près desdits moulins, un petit bateau avec des
rames (et agotallo), afin que si, par malheur, un
homme tombe dans le Rhône, on puisse aller à son
secours avec ledit bateau. — Agout de chambres
privées, ç.-à-d. conduite de latrines, tuyau. (D. C.)
— Fouchard de Rochefort, « Fulcardus de Rupe
forti », donne à Saint-Maurille, k suum ripaticum
de Sacco Fredaldi..., et aguttum super Fossam
Darseriam. » (xr^ s., Inv. Ardu S. H., 131, 1, bas.)
22
AGOUTTER — AGUËRIABLE
— Contrat d'acquêt par le vicaire Yves Belliard, de
la tierce partie des eaux et agoui appelées les eaux
et agout anciennement des Barbotz. » 1537. {/r/.,
G.,n, p. 253, c. 2.)
Agoutter (Mj.), v. a. — Egoutter.
Agouttoux (Lg.), s. m. — Vase en terre
cuite percé de trous, servant d'égouttoir ou
de passoire pour les légumes cuits, le fro-
mage, etc.
Et. — Dér. de Agoutter. Cf. Lavoux, Battoux.
Agojau (Lg.), s. m. — Coyau. Syn. et d.
de Acoyau.
Agrailant (Lg.), adj. q. — \". Agrâlant.
N. — La coexistence de ces deux formes semble
indiquer que ces vocables viennent non de l'adj.
Gras, mais du v. Graîler, Grâler, bien que je ne
puisse voir par quelle association d'idées.
Agrâlant, e (Mj., Sal.), adj. q. — Affriolant,
engageant. Ne s'emploie qu'avec la négation,
ou avec l'adv. guère. Ex. : Pas agrâlant, —
peu abordable, rêche, difficile à vivre, d'im
commerce peu agréable, en parlant des per-
sonnes ; — peu engageant, peu rassurant, en
parlant des choses. . . Il est agrâlant comme
une porte de prison.
H. — Agraleur, — flatteur. — « Bel agraleur,
beau menteur. » Proç. du XVI<^ s.
Agrasya, s. m. — Pommier ou poirier non
greffe, qui produit des fruits aigres, d'où son
nom.
Agravé (Lg.), adj. q. — Dont les pieds sont
meurtris, dont la soquille est usée par les cail-
loux. Se dit des bêtes à cornes. Syn. et d. de
Egravé. Cf. Jaub.
Agraver (Lg.), v. a. — Pour engi-aver. Se
dit d'un bateau qui a touché sur une grève et
s'y trouve retenu.
Et. — Grave, gravelle, graviau, gravier, grain de
sable. Dans le Bordelais, vins de Graves, récoltés
dans des terrains secs et graveleux, par opposition
aux vins de Palus, marais, terres plus ou moins
humides. — Syn. de Engrever.
Agré ^ (Mj., Lg.), adj. q. invar. — Com-
mode, agréable, aisé, facile. Ex. : C'est point
agré de illy aller. En parlant des choses. !| Sal.
Une pelle ben à gré. [| Sp. En parlant des per-
sonnes, — convenable, de commerce agréable.
Ex. : Il est ben agré, ceté jeune homme-là. H
Adv. Doucement, avec précaution, tran-
quillement, posément. Ex. : Pleume donc ta
poire ben agré. — Je illi ai dit ben agré ce que
j'avais à illi dire. — Syn. de Paré. \\ Agré à,
agré pour, — adroit. |! Exactement, tout
juste. — Il te illi envoyé ça ben agré dans le
nez.* Il Etre d'agré, — bien disposé. — V.
Zig. 144.
Et. — Ce mot est, en réalité, une loc. adv. A gré.
C'est larac. du fr. Agréer, agréable. — Lat. Gratum.
Hist. — « Il a le vent agré, il est en équipage. »
(J. DU Bellay, Les Regrets, p. 214.)
— « l'u vois encor, s'ils te viennent à gré,
Les pieds des ours et les hures fendues
Des vieux sangliers... » (Id., Jeux rustiq, 267.)
t Puis je serons pas au dernier rang, car moi je
veux vous entendre ben à gré. (La Vendée cathol.,
31 mars 1907, page 2, col. 1.)
Agré - (Lg.) s. m. — Gré, agrément, con-
sentement, assentiment, adhésion. — Syn.
de Hait, Assent.
Agréiant (Mj.), adj. v. — Plaisant. Ex. :
C'est ben agréiant, cet endret-là. — De Agréer
par épenthèse de Ti, — Dans Agréiable, VI
ne se prononce pas.
Agréier (Mj.), v. a. — Agréer, plaire à. ||
S'Agi'éier, v. réf. se plaire. Ex. : Il se illy
agréie ben. ^'. Gréier.
Agrément (Mj.), s. m. — Agrément. X. L'ê
se pron. très ouvert. 1| Faire des agréments à
qqn, — tâcher de lui plaire par des avances,
des bienfaits, des avantages.
Agremoire. — L'ne vieille femme, à Doué,
s'appelle la Mère Agremoire, parce qu'elle dit
toujours : « Ça me siffle .sur la poitrine, c'est
mon agremoire. » Se rapproche de Aigreur.
— J'ai connu une famille du nom de Lagré-
moire.
Agret (Fu) ou Agré (contraire : malagret,
maussade, hargneux, pas commode). Ex. :
Il est chê ben agret par le cul de la charte, —
c.-à-d. tombé juste, tout doucement. — « II
'tait assiette ben agret par le coûté de moi. »
— N. Faut-il un t? sonne-t-il? Ce mot fait-il
agré te, au fém.?
Agricher (Sp. ,Mj.), v. a. et n. — Agripper,
se saisir avidement de .|| Fig. — Griveler,
s'efforcer de faire des profits illicites. — C'est
ce qu'on appelle familièrement chiper. Cf.
Grincher, même sens en argot.
Agricheur (Sp., Mj.), s. m. — Celui qui
cherche à agricher. Griveleur. Syn. de Rolleux.
Agrichonner (Lg.), v. a. — Hérisser. Syn.
de Régueillisser, Harissonner. || Part. pas. —
Agrichonné, — hérissé, rabougri. — Syn. de
Aregriché, Amoucheronné.
Agriffer, v. a. — Attirer à soi avec ses
gi'iffes.
Agrouer (Mj.), v. a. — Couvrir. || S'Agrouer
s'accroupir auprès du feu. — Action d'une
poule qui appelle et agroue ses poussins sous
ses ailes. — Dér. de Grouer, le même que
Accrouer. — (Lg.), id. — Cf. Guérouée. Doubl.
de Agréger.
Hist. — « Et nous mena en tapinoys et silence
droict à la cayge en laquelle il étoit accroué. » (Rab.,
P.) — D'où : Grouée, couvée de poulets, — d'en-
fants. — Prononc. Guérouée. — Etym. On a pro-
posé le celt. Grounn, amas, réunion.
Agroiiler (Cho.), v. n. — Baisser. — Cf.
Agrouer.
Agua (Mj.), s. m. — Chute d'eau abon-
dante. On dit inséparablement : Ein agua
d'eau. V. Acadiau, Agas, Aqua.
Aguégner (Lg.). \". Agaigner.
Aguériable (Mj.), adj. q. — Agréable. — -■
Forme vieillie, pron. Aguériabe*
AGUÉRIER — AGUSER
23
Agiiérier (Mj., Pu), v. n. — Agréer, forme
vieillie, de Agréier. Ex. : J'm'y aguériais
point, — je ne m'y plaisais point.
Aguerner (Mj.), v. a. — Epuiser, amaigrir,
appauvrir. On dit : Bestial agiierné, terre
agueniée ; éter' aguerné de queuque chouse.
— Cf. Greli, agreli (Jaub.)
Et. — Fourni de grain à discrétion, repu, rempli.
Le pat. prend donc ce mot dans le sens exactement
inverse.
Hist. — « Quand j'ay bien à poinct desjeuné, et
mon estomac est à poinct affené et agrené, encores
pour un besoing... me passerois-je de disner. »
(Rab., p., m, 15, 246.) — « A trouvé les bleds sépa-
rez du fonds en l'aire en laquelle les métiviers les
battoient. II les a fait agrener et enlever. » (Cous/.,
de l'Anjou, t. II, col. 68.)
Aguérouer (s') (Sp.), v. réf. — • S'accroupir.
V. s'Amouir. — Rabel. emploie dans le même
sens le v. s'Accrouer. V. Agrouer. Syn. de
s'Ecatouir, s' Appouguenir, ^^ Ajoupir, s^ Assou-
trer. || Aguerrer les pommes de terre, c'est
rabattre le sillon, le groas sur le pied. (Mén.)
Il Ec. — Aguérouer des choux, des patates. ||
Faire du guère t (?)
Aguerrer (Mj.), v. a. — Taquiner, en pa-
roles, un enfant. Ex. : C'est pas étonnant
que les quenaux des bourgs sont si ende-
menés, tout le monde sont à les aguerrer. — ■
Dér. du fr. Guerre ; doubl. de Aguerrir.
.igiieuser (s'), v. réf. — Se mettre à vivre
en concubinage. Ex. : Il s'est agueusé avec
ceté peau-là. || Se dit de deux personnes qui
se marient sans fortune.
Et. — De A et Gueuse, aux sens de : 1" fille de
mauvaise réputation ; 2° fdle sans fortune.
Agueusïr (s') — v. réf. Devenir gueux.
Agiiia (Mj., Tlm., Sp.) ou Aguiaque (Tlm.,
Mj.), adj. q. invar. — Aqueux, humide,
imbibé d'eau. Se dit d'un sol labourable.
Et. — Ces mots sont de la famille des mots fr.
Aiguë. V. Eau. (Ghaudes-Aigues, Aigues-Mortes),
Aiguail. Ils se rapportent au lat. Aqua. Ce sont des
formes corrompues, des doublets du fr. Aquatique,
lat. aquaticus, par contract. ou aphérèse de la
3« syll. Le syn. Aiveux, de Coron, est, lui, un dou-
blet du fr. Aqueux, lat. Aquosus. ji Se dit aussi
d'une pomme de terre, d'un fruit. — N. A Mj. ce
mot est invar. ; à Tlm. il fait au fém. Aguiate. —
« Agliat, e. Terrain argileux qui forme une boue
tenace. Se dit aussi de tout ce qui est gluant. (Bo-
REL.) — Voir cependant Aglâtc, la note.
Hist. — (( Enfin le fds du domestique, du jour-
nalier, sortait généralement un pain noir de l)ail-
arge, (igXal et lourd. » (La Trad., p. 82.)
Aguibr<^, s. m., Agiiibrée, s. f. (Ag. Ec).
Chose ennuyeuse, compliquée. Ex. : Quel
tourment, quel aguihré que tout ça ! — t'ne
aguibrée, un attirail, tout un embarras. —
C'est clairement un doublet du Mj. Enqui-
brage et du Lg. Enchetrihl.
Et. — Douteuse. — « Tout ce qui est nécessaire
pour faire un voyage. Ce nom vient sans doute du
nom de Guibray, près de Falaise. Tous nos petits
marchands de la Mayenne allaient autrefois à la \
foire de Guibray. » (Dott.) — V. le suivant. J
Agiiibrer, (Z. 14.5) ,v. a. — Organiser,
arranger, disposer. V. Aguibré.
Aguicher, v. a. — Regarder du coin de
l'œil.
Et, — Guische, guiche, s. f, tromperie, ruse.
Guichart, fin, subtil, avisé, rusé, astucieux. Angl.
wise. — Robert Guiscart (l'Avisé) D"" A. Bos. —
« Entre le dessinateur et la pierreuse des boule-
vards extérieurs, frôlant le passant qu'elle
aguicJie. » (Le Temps, L'Exposition Toulouse-
Lautrec. Mardi 13 décembre 1904 »
Aguigner (Sp.), v. a. — Guigner, surveiller
du coin de l'œil en attendant l'occasion de
saisir.
Et. — Voici celle que je préfère. «. . .Le v. Gui-
gner vient de Cuigner, en écrivant cuin à la picarde,
pour coin, parce que Guigner c'est regarder du coin
de l'œil. « (GÈ^rs, Récr. phiL, n, 146.) — «Gui-
gner, faire signe de l'œil en clignant. » (D^ A. Bos.)
Hist. — RoN.SAEB, en pari, de Jupiter qui veut
foudroyer les Titans, dit :
« Mi-courbant son sein en bas.
Et dressant bien haut le bras,
Contre eux guigna la tempeste. »
De nos jours on serait forcé de dire : lança la tem-
pête ; mais quelle différence dans l'énergie do
l'image. (Jaub.)
Aguilanneuf î Etrennes du jour de l'an.
Et. — ■ Très discutée. — Les suivantes, sans
doute, intéresseront le lecteur. « Aguilanneu.
Présent du dernier jour de l'an. « Ad viscum,
annus novus » en 4 mots, réunis en un par le
peuple. (D. C, v", Apotelesmata.) D'où Haguignètes,
présents, — que l'on faisait aux jeunes gens la
veille de qqs autres jours de l'année, pour s'y
divertir et se réjouir. (D. C.) = « Au gui ! ne vien-
drait pas de Ad viscum ; ce serait un adoucisse-
ment de Aqui (ecce hic), voici l'an neuf. Ecce hic
s'est presque conservé intact dans l'exclamation
bretonne : Eguimané. — Quête en Anjou le premier
jour de l'an. (L. C.) = Yanleu, Ghiànleu. Quête
faite pour les pauvres au premier de l'an : le mot
qu'ils crient pour annoncer leur arrivée aux portes.
(Dagnet.) = « Une mauvaise étymologie aura fait
introduire le gui dans cette expression, avec les
druides et leur prétendu cri pour expliquer une
coutume où il n'a rien à voir. Le mot celtique
eguinan (plur. eu, e, ai, ou, o, selon les différents
dialectes), qu'on retrouve dans toute la France
sous les formes de : guilanné, guilaneu, guilloneou,
guilloné, hoguinano, la guillona, etc., en Espagne,
de aguinaldo, et en Ecosse, de hoginanay, se
retrouve aussi dans le gallois eginyn, et eiginard,
l'irlandais eigean, et le gaël-écossais eigin. Sa racine
semble être eg, force, pousse, germe, et ce n'est
qu'avec le temps qu'il a pris la signification de pré-
mices, d'étrennes.
« .Mon opinion, déjà ancienne à cet égard, -n reçu
la consécration de la plus grande autorité philolo-
gique de l'Europe, l'illustre Jacob Gkim.m, qui
m'écrivait le 3 août 1856 : « Vos recherches ont mis
en pleine lumière que votre éguinané ne peut avoir
rien de commun avec le gui celtique. » Je vois avec
plaisir son jugement adopté par mon savant
confrère, M. le comte Jaubert. » (Hersart de l.a.
ViLLEMARQUÉ, BarzQz-Breiz, 8'^ édition. Notes de :
Iva Tournée de l'Aguilaneuf. ou des etrennes,
p. 4'i5.)
i xiguser (Mj., Fu), v. a. — Aiguiser. Dérivé
Idu vx fr. Agu, lat. Acutus. — « Aguser un
24
AHAIE — aïeux
boue, faire un piqueron. » (Fu). — Syn. et
d. de Aduser. || Ec. Eguser.
Et. Hist. — « Aux xif, xiii«, xiv» s., Aguiser.
BL. Acutare, ou plutôt Acutiare. (Litt.) — « Car,
pour ceste heure, j'ay nécessité bien urgente de
repaistre : dents a^ues, ventre vide, gorge sèche. »
(Rab., p., n, 9, 137.)
— « La fuz occis, comme fureur s'a^uise,
Par ung souldart qui me veoit rendu. »
(G.-C. Bûcher, 244, p. 2.35.)
Ahaie (Sp.), s. f. Haie. Ex. : Il est à charcher
des moures dans les ahaies. — Syn. de Hâ.
Et. — Le préf. A provient ici de l'art, la et s'est
ajouté au fr. Haie, par une confusion analogue à
celle qui s'est produite pour les mots fr. et pat. :
Lierre, Lierru, Labbé, Nanse, Niole, Zyeux, etc. —
Du germ. Ilaga.
Ahanner (Mj.), v. n. et a. — Se dit même
des choses. « La charte commence à être ben
ahannée. » V. Odigner. — Crier de fatigue.
Hist. — « Le varlet, les chiens et le cheval, glacés
par leur âpre course, ahannaient bien fort au dé-
part. » {Hist. du vx tps, p. 268.)
Il Ec. — Se dit des personnes qui exécutent un
travail qui leur fait faire : Ahan ! comme aux bou-
langers. Travail ahannant. — « Il est si guère bas-
tant ; il ahanne ben à tout ce qu'il fait. »
Hist. — Esventez ce séjour.
Cependant que y ahanne
A mon bled que je vanne
A la chaleur du jour.
(.J. DU Bellay, Aux vents, p. 265.)
Ahanneter (Mj.), v. a. — Essoufler. —
Ahaneté, haletant, essouflé. Syn. et d. de
Ahéneté.
Et. — P.-ê. dér. de Haneter, Haleter, plutôt que
des onomat. Ahan, Han.
Ahargner (Torf., Lg.), v. a. — Agacer,
taquiner, rendre hargneux. Syn. de Aquiner,
Harguégner, Chacrogner.
Et. — Dér. de Hargne. Cf. le fr. Hargneux.
A-haut (Mj.), s. m. — L'Est, l'Orient. Ex. :
Le vent est à' à-haut. \\ S'-Laurent à' à-haut, —
S'-Laurent de-la-Plaine, commune située au
S.-E. de Mj., et ainsi désignée par opposition
à S'-Laurent à'à-bas. V. A-bas, — Haut.
Hist. — « Quand arrivent les crues d'à-haui. »
(Anj. hist., 2« an., n° 3, 581.) — « A la fin de
l'automne, quand arrivent les grandes eaux
d'à-haut ou d'à-bas, il faut ramener au plus vite les
bêtes à l'étable. » {Id., n° 6, mai 1902, p. 578.)
Ahéneté (Lg.), part. pas. — Essoufflé, hale-
tant. On dit aussi Héneté. Syn. et d. de Aha-
neté.
Ahontcr (Mj.), v. a. — Essayer de faire
honte par des reproches bien sentis ; rabrouer,
morigéner, tancer.
Et. et Hist. — Honnir et Honte avaient la même
origine. Ahonter = Ahonir = faire hon, en signe
de mépris pour qqn, p. ext., le rendre honteux en
l'insultant. De l'ail. Hohnen, moquer. (L. C.)
— « S'ils bruslent nos chaz chateilz, nous
sommes ars et bruslez : et si nous laissons nos
gardes, nous sommes ahontcz. » (Joinville. —
D. C.)
Ahoiibi (Lg.), adj. q. — Amaigri par la
maladie, hâve, émacié. Se dit des hommes et
aussi des animaux.
Ahoudri, ie (Sp.), adj. q. — Ahuri, inter-
loqué, qui a la figure renversée, soit d'éton-
nement, soit de frayeur.
Et. — Ahuri ; à, hure ; proprement : hérissé.
L'effroi faisant dresser les cheveux, la tête res-
semble à une hure. (L. C.) Cf. Burra, gros poils,
d'où : bourru ; hispidus, a formé hisde, hide, d'où :
hideux, et signifie : hérissé. (Scheler.)
Ahue ! (Mj.), interj. Hue ! Sert à exciter
les chevaux, spécialement pour les faire
tourner à droite. Cf. Huhau ! hurhau !
Et. et Hist. — « Cri de plusieurs personnes, sur-
tout pour arrêter un criminel... Hus imite le
sifflement poussé contre qqn, — d'où : huer, huée.
■ — Hutz ! ç.-à-d. Dehors ! (D. C.) — « Hue et crie
est un pursuit de un ayant commis félonie par le
hault chemin. . . et lui commanda de faire hue. « —
Revient à la clameur de Haro. — Faire la hue se dit
des manants que l'on place dans les bois pour faire
lever le gibier. (Id.) — « Huer, huier, huir, pour-
suivre de huées, exciter par des cris. Hu, Hui, cri,
clameur. Onomat. (D'' A. Bos.)
Ahust î — Honte ! — Ahuster, faire honte.
Aider (Mj.), v. a. || v. réf. — S'aider de, —
se servir de. Ex. : Il ne peut pas s'aider de
son bras. || Fig. Se faire obéir. Ex. : Ceté
sapré gamin-là, n'y a gens de s'en aider ! —
Se dit aussi d'un animal rétif dont on ne
peut venir à bout. — « Y a pus d'amain de
s'en aider. » (Z. 10).
Et. — B. L. Adjutare, d'une forme Adjutum, de
Adjuvare. — Hist. « Laquelle a esté bien quatre
ans sans se aider par ung catarre. » 1567. (Im>.
Arch.,S. E., m, 332, 2.) — « Laquelle a esté l'espace
de vingt et trente ans percluse de pieds et mains,
sens pouvoir un peu s'en ayder. » (1627, Id., ibid.,
385, 2.)
Aie' (Lg.), s. f. — Eau. Ex. : Il a resté ben
de Paie dans les raises. — Forme très vieillie.
Doubl. de Aive.
Aie - ! Excl. — Cri pour exciter les che-
vaux, il Fu. — Cri pour exciter les vaches ;
employé par les toucheux ; très rarement
pour les chevaux.
Et. — De aller? (qu'il aille !) — Du vx fr. Aïe,
aide? — Onomat.? — N'exprime pas seulement
une douleur physique subite et légère, comme le dit
IIatzkei.I), mais encore la surprise douloureuse,
rinquiétudo, la commisération, la méfiance, l'envie
de refuser, l'indécision. On dit aussi Aite !
Aie ^ (Ac.) — Se prononce as dans les ter-
minaisons de lieux-dits. La Chein-nâs (la
Chênaie). — Les Frein-nâs (les Frênaies), etc.
Aïcn (Segr.), s. m. Ajonc. V. Haguin, Jean
Dépeigne (Ajonc de peigne). Un balai d'aien
sert à débouser les vaches, à enlever le plus
gros ; sert donc de peigne?
Et. — B. L. Adjotum. — Aguin, petit houx des
bois. Rus-cus aculeatus. (Orain) — Ajen, petit
ajonc, — ulex manus. (Dott.)
Aïcu\, vx mot angevin, s. m. — Sens
inconnu, p.-ê. pluies (aive).
{
AIGAPI — AIGUILLETTES
25
Ilist. « Il doibt à perpétuité et à jamais être
parlé de l'an 1615 et 1616 et des maux qui s'en
sont ensuiviz. En 15 les grands aïeux et grand
nigez (neiges?), si jamais il s'en est veu an ces
paix. » (Inv. Arch., II, E. S. 417, 2).
Aiitapi (vent), aigre, piquant, V. Agapi
(Z. 13L)
Aigledon (My.), s. m. Edredon.
Aigne (Lg.), s. f. — Aîné.
Aigneau (Lg.), s. m. — Agneau. Vx fr.
Aignel, aigniau, — aignelet. Syn. de Guâ,
Zègnâ, Igneau.
Aigneler (Lg.), v. n. — Agneler.
Aignclle (LRg.), s. f. — Jeune brebis.
Aigrasse (Mj.), adj. q. — Aigret, aigrelet.
Aigrasseau (Lue, Mj.), s. m. — Arbre sau-
vage, pommier ou poirier non greffé. Ainsi
nommé de la saveur de ses fruits. Enter des
aigrasseaux. Le fruit lui-même. V. Egrasseau.
Bat. Malus communis.
Et. — Lat. Acerbus. — Aigresse, amertume,
aigreur ; Aigrest, raisin aigre, — aigrun, etc.
(D. G.)
Aigrette (Segr., IMj.), s. f. — Aigreur, rap-
port acide.
Et. — Lat. Acritudo. — Hist. (G.-C. Bûcher,
135, 161.)
— « Car le regret
Chault et agret
Ne fournist pas à nostre soubzhaiter. »
Aigriu. s. m. — Poirier sauvage.
Et. — Acrumen. — Hist. « Nul ne peut estre
regratiers à Paris de fruit et à'aigrim, c'est assavoir
de aulx ou ongnons, d'eschallonges et de toute
manière de tel Egrun. » (D. G.)
Aiguaicer (Mj.), v. a. — Rincer du linge à
l'eau claire. Syn. de Aiguancer, Guéier. Dér. de
Aiguë, eau.
Aiguailler (Mj.). — V. Egailler.
Aigiiailloiiv (Lg.), adj. q. — Couvert de
rosée. Syn. de Aivâilloux. Dér. du fr. Aiguail.
Aigiiaisser (Mj.). — V. Aiguancer. \\ Fu. —
Rincer à l'eau claire ; mener les chevaux à
l'eau, non pour les faire boire, mais pour leur
reposer les jambes.
Aiguancer (Mj.), v. a. Essanger, passer à
Ti'au, à l'aiguë, laver légèrement.
Et. — Ce mot est de la famille des mots fr.
Aiguière, Aiguail, etc. V. Eau. N. Ne pas confondre
avec Essanger, qui vient de Exsaniare, enlever la
sanie, les taches.
Algue. — Je donne ici les variantes de ce
mot, par curiosité : aighe, aige, aighue, aegue,
aeghe, aege, eage, egue, ege, esgue, ague,
augue, auge, langue, iauge, eve, ewe, esve,
eive, aive, hayve, euve, euwe, yeuve, yeuwe,
ave, awe, hawe, iave, iauve, yauve, yauwe,
hyeuve, iawe, iaiwe, iauwe, hyauwe, eave,
eauve, ive, iwe, eyave, ayawe, ayeuwe,
aiuwe, iau, iaul, ial, la, é.
Aiguier(Mg.), v. a. — Aiguier les choux ;
couper la feuille du bas, toujours en remon-
tant.
Et. — Devrait s'écrire Eg/er, et Egier les
choux signifierait : œilletonner. élaguer, enlever
les bourgeons des choux. Du lat. Oculus, œil ;
oculare. — Soit ; d'autant mieux qu'en vx fr. Ei 1er
voulait dire : Regarder. — N. Ne pas confondre
avec Aiguer, arroser : « Duquel ruisseau icellui
Bernard a accoustumé aiguer on riguer ses prez. »
(D. C.)
Aiguille. Prononcez égu-ille (Mj.), s. f. —
Au plur.. Géranium, herbe à Robert. || Sp.,
Lg. — Age ou perche de charrue. Vieux. ||
Levier tenseur de hauban. !| Pieu pour le
barrage ; chacun des pieux dont la juxtapo-
sition sert à former le genre de barrage appelé
Porte (Mayenne, Loir). || Fu. — ■ Certaines
pièces du pressoir à long fiit. || Mj. Petite
gousse de haricot à peine formée.
Et. — Le géranium, fleur, est ainsi nommé à
cause de la forme de son pistil ; d'un mot grec qui
signifie : bec de grue. — Aiguille. Lat. Acicula, de
Acu, même sens. — B. L. acucula. — Timon de
charrette, de charrue : « Les bœufs d'aiguille sont
les plus forts, les mieux exercés de l'attelage. »
(Jaub.) — Aiguille de berger, ombellifère. Peigne
de Vénus. (Oraix.)
Aiguillée (Mj.), s. f. — • Sens spécial : Lon-
gueur de fil, d'une aune environ, que la fileuse
fait en une seule fois, avant de l'enrouler sur
le fuseau.
Aiguillettes (Mj.), s. f. — Pourboire. —
Géranium (Mj., Sp.). — • Courir V aiguillette.
N. — Au premier sens nes'emploiequ'au pluriel.
Petite somme ou pourboire que l'acheteur d'un
bœuf ou d'une vache donne comme gratification au
domestique qui a soigné l'animal. — Petit gain
occasionnel.
Et. — II est à noter que le fr emploie dans le
même sens le mot Epingles. Or, on constate que
l'espagnol Aguinaldo signifie Présents de Noël;
que, dans le pat. percheron, on trouve Eguilas -,
dans le pat. haut normand, Eguinètes, ou Agui-
nètes ; dans le pat. chartrain, Eguilables, dans le
sens de Etrennes. Notre mot Aiguillettes se rat-
tache évidemment à ceux-là et dérive comme eux
du mot Guillanneu ou Guillannée. D'où il faut
conclure que c'est par une confusion de mots et seu-
lement par imitation que le mot Epingles est
employé dans le sens d' Aiguillettes, qui, étymolo-
giquement, est le vrai mot, le mot propre. (R. O.)
— « Si M"^« la maréchale eust bien des esplingues
des esmoluments de l'armée, son mary ne faillit
pas encore d'avoir plus richement ses esguillettes.
(LiTT. ) — Ne serait-ce pas une ancienne habitude
de remettre après un marché un paquet d'aiguilles,
de là : aiguillettes 1 (Mén.) — Pot de vin. Je me suis
laissé dire que les garçons bouchers ou charcutiers
fournissaient jadis les petites aiguilles de bois, ou
aiguillettes, nécessaires pour dresser la viande, et
que les gratifications qu'ils recevaient en retour en
avaient pris lo nom, qui s'était étendu à tous les
genres de pourboire. C'est à prendre ou à laisser.
(De Moxt.) — Je laisse. (A. V.)
Deuxième sens. Syn. de Aiguilles.
Troisième sens. « Courir V aiguillette, c'est avoir
une vie de désordre. . . Il y avait en Anjou des
noueux d'aiguillettes ou devins (jui, par des malé-
fices, empêchaient le rapprochement des jeunes
26
AIGUSURE — AIRETTE
époux. On nouait un lacet en prononçant certaines
paroles pendant la célébration du mariage. On pas-
sait pour frapper d'impuissance un des conjoints.
(MÉN.)
Aigiisure (Lg.), s. f. Aiguisage. — Affûtage
d'un outil. V. au Folk-Lore.
Ail-à-la-pie (Lg,), s. m. — Petite liliacée à
odeur d'ail, trop commune dans les champs.
Syn. de Aillette, Cive-à-la-grolle. Bat. Allium
vineale.
Ail-à-toupet, s. m. — Muscavi comosum.
Il Et de l'ail ! et plus. Ex. : Ça m'a coûté
25 pistoles et de. l'ail. \\ Lg. — Syn. de Ailletie,
Cive-à-la-Grolle.
Ailées (Segr.), s. f. — Envoyer tout aux
ailées, — envoyer promener.
N. — Ailée, galop. On disait en ce sens : Bailler
es ailées à un cheval, — pour : mettre un ctieval au
grand galop. (L. C.)
Aileteaii (Mj.), s. m. — Demi-fronton, en
forme de triangle-rectangle au-dessus d'un
mur ou d'une porte d'appentis. Au Lg. Ale-
ieau. — Fr. Aile.
Aillaiime, s. m. — Inula helenium, plante
à l'odeur ou au goût d'ail (Mén.).
N. — Aillau, aillou. Le même que Ail d'aspi.
(Jaub.)
Aillet., s. m. — Ail à la serpent (Mén.).
Hist. — « Comment mangerez-vous cette oye.
A l'aillet ou à la poyvrade? (God.)
Aillette (Mj.), s. f. — Petite liliacée, trop
commune dans les récoltes. Syn. de Cive à la
grolle et de Ail à la pie. Dimin. du fr. Ail. V.
Aillou.
N. — L'odeur alliacée de cette plante se retrouve
dans ses graines, qu'il est très difficile de séparer du
blé et qui, outre qu'elles communiquent au pain un
goût désagréable, ont l'inconvénient d'engraisser
les meules des moulins
Ailleur, Aïeur, Hieur (Lue). — Prime, pré-
coce. Ex. : Des cerises ailleures, ou primes. —
Syn. de Jouanet. A Ec. on prononce Ailleûre,
des fruits ben ailleures, — l'a très bref, l'u
très long.
Et. — Vx fr. Aïer, chaleur?
Hist. — « Bel Accueil qui sentit Vaier
Du brandon, sans plus délaier
M'octroia ung baiser en don. . . »
(Rom. de la Rose.)
— Mayere. Primeurs qui viennent en mai.
« Autre chose est des fruits naturels, comme noix,
foin, mayeres, pommes, poires. » (C. G., n, 389.)
Voilà peut-être l'explication du mot.
Aillir (Li., Br.), v. n. — Partir, abandonner
sa couvée en parlant d'un oiseau. Un nid
âilli, abandonné. Ex. : Il a été voir le nid, ça
l'a fait âitli. Y. Hadir,.
Aillou, s. m. — Petit ail, oignon à la grolle.
Aillou blanc. Dame d'onze heures. Oriiilho-
galum unbellatum (Mén.), Bat.
Aiiu (partout), s. m. — Hameçon.
Et. — Du lat. hamum. Devrait s'écrire Haim.
Devenu Ain, puis hain, par réaction étymologique.
On dit même : un naim, par la réunion de l'n de
l'article indéfini. — A Saumur, gamins, nous
disions : Je vas acheter pour un sou de nains.
Aime, Aimant (être en ) (Sal.). — Etre
incertain, irrésolu. V. Naime.
Ain (Mj.), s. m. — Aîné. Ex. : Il a ein dépôt
dans Vain.
Et. — Lat. Inguen ; d'où : eingne, aigne, ain. Cf.
Irain, Châtain.
Ainsi î (Mj.), interj., équivaut à. — Vous
voyez donc bien ! Et vous croyez ! — Ex. :
Tu voudrais l'avoir pour 40 écus, et moi qui
ne le donnerait pas pour 50 ! Ainsi !
Aint (Z. 153). — Prononciation de Aient,
terminaison de la 3^ pers. plur. Ex. : Ils bat-
taint, buchaint, — pour : battaient, bûchaient
Air, Ar (iNIj.), s. f. — Aspect. || Air passant,
— vent coulis.
Et. et Hist. — L'étymol. est assez compliquée. —
Fut du fém. aux xr' et xrP s. — Lat. popul. Aéra,
devenu fémin. à cause de sa terminaison. (Au lieu
de Aerem.) — Fém. dans la Chanson de Roland.
— « Car son aspect, Yair sereine et acovse. »
(G.-C, Bûcher, 196.)
.Airain (Mj., Fu), s. m. — Laiton, cuivre
jaune. Chaudron à' airain, — ch. à confitures.
— C'est le fr. dans un sens voisin.
Hist. — « Le suppliant, par manière d'esbate-
ment, vestu d'un surpeliz ou roquet de toile, prinst
un pot A'arain en quoy il avoit de l'eau et un vipil-
lon (goupillon) dont il enrosoit en alant par le
chemin les gens qu'il trouvoit. » (D. C.) — Proven-
çal, aram, cuivre. Ital., rame ; i rami, les cuivres
de l'orchestre. Lat. Œramen. (D'' A. Bos.)
Aireau (Sp.) s. m. — 1° Cour qui précède
une ferme. Du fr. Aire; lat. Area. || Syn.
de Echalons. — 2° Sorte de charrue ou
d'araire; aratrum (Sp.). — 3° Syn. de
Erielle. — 4° Lg. Ensemble des bâtiments
d'une ferme et cours attenantes. — 5° Nom
de lieux-dits. V.Fock-Lore, Noms propres : A.
Hist. — « Le cinge ne garde poinct la maison
comme un chien ; il ne tire pas Varoy comme le
bœuf. )) (Rab., g., I, 40.) — Les Aireaux ; nom de
localité fort répandu. Dér. de Airal, maison, loge-
ment. (Jaub.) Cabane (dans le Centre), terrain de
médiocre qualité. (Sud.) — A Louhans, il y avait la
rue des Aireaux, terrains bas, marécageux. (Guil-
LEMAUT.)
Airer (Mj.), v. a. — Aérer (Airer, en bon
franc., veut dire : faire son nid, en parlant de
l'aigle.)
Hist. — « S'aerier, — respirer, prendre l'air.
(D. C, Exaureare.) — « Aire, ée, — en bel air. Ex. :
Cette maison est bien airée. (Jaub.) — « Ayres ces
dras de paour de vers. >• (Palsgr.we, Eclaircisse-
ment de la lani;ue franc., p. 419.) — « Depuis nous
estre débarqués et fait airer notre navire et le laver
avec de l'eau de mer tous les jours. . . nous jouis-
sions d'une parfaite santé. » (Moisv.)
Airette (Vn., Segré). — Plante-bande dans
le milieu d'un jardin ; petite aire.
N. — On dit à une personne qui n'a que qqs poils
au menton : « Tu as une barbe de jardinier : les
chiens chient dans les airelles. » Ce qui veut dire
AIRGNÉ — AJOPPIR
27
que cette personne a la barbe très clairsemée et
qu'il y a de petites allées.
Airgné (Lg.), s. m. — Araignée. Syn. de
Irain. Cf. Arigné. — Pat. norm. Eragnie.
Airigné, s. f. — Araignée en fer, pour retirer
les sceaux des puits. Lat. Aranea.
Airnette (Lg.), s. f. — Rainette. Syn. et d.
de Arnette.
Airiire (Mj.), s. f. — Toute façon donnée à
la terre, labour, binage, hersage, etc. 1| Par
extension, toute opération agriculturale :
semailles, moisson, taille, attachage, ébour-
geonnage de la vigne, etc. — Pat. norm.
Ereure.
Hist. — « L'achateur sera payé de ses airures. »
(GoD., v° Areure.)
Ais. Cette syllabe se prononce â à S'-Julien-
de-Vouvantes : La Coutançâ, pour La Cou-
tançais.
N. — Et en beaucoup d'autres lieux : La
Poëze, etc. Noms de fermes : Gautràs, pour Gau-
trais. Cf. Varannas, Quoue de l'ilàs.
Aisance (Mj.), s. f. — D'aisance, — aisé-
ment, facilement. Ex. : Ça n'allait pas d'ai-
sance.
Et. — Incertaine. — (Fu). « Si je r'culions la
tab', ça donnerait berchouse d'aisance (de place).
Aisé (point) (Z. 144). — En colère. Pro-
noncé Aizeu. Au N. de la Loire. — Avoir l'air
point aisé. \\ Mj. Absolument : facile à cultiver
à arranger. Ex. : C'est eine terre tout à fait
aisée.
Et. — C'est le part. pas. de l'ancien v. fr. Aiser,
— faciliter, rendre aisé. |1 Fu. « C'est ben aisé à
faire, ou, c'est ben aisé de faire. »
Aisgiié, adj. q. — ■ Mêlé d'eau.
Hist. — « Du vin aisgué séparoient l'eau, comme
l'enseigne Caton. » (Rab., G., i, 24.)
Aisiiiient (Mj.), adv. — Aisément. || Lar"
gement. Ex. : Y en a aisiment deux boisseaux-
Il Volontiers. Ex. : Ben aisiment il te illi arait
foutu son poing sus la goule.
Aissellée (Mj.). Prononc. Ais'-lée, s. f. —
Brassée, ce qu'on peut porter sous le bras.
Ex. : Donne donc une aisselée de choux aux
bœufs, au bodin.
Et. — Du fr. Aisselle. Lat. Axilla.
Aïte ! (Mj.), interj. — Sert à exciter, à
pousser un animal. || Syn. de Aïe. — Se \)vo-
nonce en une syllabe.
Aivail (Mj.), s. m. — Aiguail, rosée, serein.
De Aiw.. Cf. le fr. Aiguail. — Syn. de Ouste.
\ . Eau.
Aivàilloiix (Lg.), adj. q. — Aqueux. Se dit
des fruits, des plantes racines. — Syn. de
Aguia, Aguiaque. Syn. et d. de Aiguâilloux. —
Dér. de Aive. V. Éau.
Aive, Eve, (Sp.), s. f. — Eau. Ce mot, qui a
beaucoup vieilli, est un doubl. du fr. Aiguë,
comme Aivail est le doubl. de Aiguail, comme
Evier est le doubl. de Aiguière. V. Baller.
Hist. :
« Séchons (soyons) rendus tout dau premay
Pre le besay, pre l'adoray,
Pre chauffer ses drapias,
Pre buffay son feu, pre tiray
De Vève en ses seillas.
(La Trad. — p. 201, 22-25.)
— « Et d'un ruissel a travers undoyant,
Eaue semblant céleste et assurée.
(G.-C. Bûcher, 71, p. 119.) Syn. et doubl. de Aie.
— « Portant deux cruches dans ses mains, elle
s'était présentée au portail d'entrée, gardé par une
sentinelle qui refusa d'abord de la laisser passer. —
Où vas- tu? lui dit le soldat. — Trécher de Vive,
répondit la comtesse, laissez-mè passer. — Et elle
passa. » (Deniau, Hist. de la Vendée, vi, 591.) —
V. les mots ci-dessous.
Aivée (Sp., Tlm., Lg.), s. f. — Temps plu-
vieux, forte averse. — De Aive. V. Eau. \\
Chute d'eau, grande quantité d'eau. Ex. :
Il a tombé eine aivée d'eau. Syn. de Aca ou
Aqua.
Aiveux (Coron), adj. quai. — Aqueux. Ex. :
J'aime pas ben les tôpines, c'est trop aiveux.
Syn. de Aivâilloux. V. Eau.
Ajacer (Mj.), v. n. — Etre adjacent. Ex. :
Son pré ajace à la rivière. Cf. Jouxter.
Et. — Lat. Ad. jacere (gésir).
Ajancer (s') (Sar.), v. réf. S'installer. —
Devrait s'écrire Agencer.
Et. — De A, Gent, adj. ; rendre gent, gentil,
embellir. B. L. gentus, pourgenitus.
Ajet (Tlm.), s. m. — Léger excédent de
poids que le marchand ajoute en surplus
d'une pesée. Ex. : Il est bon vendeur, il met
dera/'e<. Cf. Agé, Agi. Syn. de Crèssion, Amen-
dillon.
Et." — Du lat. Adjectum, ajouté à. Syn. de
Trait. — N. .Je trouve ici l'origine tant et si vaine-
ment cherchée par moi de ce remarquable mot, que
j'ai orthographié Jijées, et qui est usité à Mj. et à
Sa., mais non à Tlm. — H faut l'écrire Ajets, et les
Ajets sont proprement les jours complémentaires
de l'année, laquelle, il ne faut pas l'oublier, finissait
jadis à Noël. Ce sont les Adjectœ aies. (R. 0.)
N. — « Les Vendéens, ajoute le même auteur
(BouRNisEAUX), croient que la température des
mois de mars, d'avril et de mai dépend de celle des
fêtes de Noël. S'il fait beau le jour de Noël, le mois
de mars sera beau ; s'il gèle le lendemain, le mois
d'avril sera froid ; s'il pleut le jour de la dernière
fête, le mois de mai sera pluvieux, et vice-versa. Hs
appellent ces trois fêtes de Noël les Agets (sic.) —
(Deniau, Hist. de la Vendée, i, 83.) — On voit que
ce n'est pas exactement la même chose qu'à Mj. et à
Sa.
Ajeter (Mj., Sp.), v. a. — Acheter. Ex. :
— « Quand je vois porter des lunettes
A des gens qui s'en passeraient bien.
Je me dis .- Faudra qu'j'en aiète
Pour en fjsir' porter à mon chien ! »
{Chanson popul.)
Ajoiiulro (Lg.), v.a. — Aveindre, atteindre.
Syn. de Avoindre, Avrer.
Ajoppir (s') (Sar.),
Ajoppi, — accroupi.
v. réf. s'Accroupir. — ■
28
AJOUPIR — ALISE
Ajoupir (s') (Tlni.), v. réf. — S'accroupir.
Syn. de s^Amouir, s^EcaLouir, s' Appouguenir,
s' Aguérouer, s' Assoutrer. (Zigz. 132 et 134.)
Hist. — « Ainsi ajoppée et bien lavée. » (B. de
Verville, m. de parv., n, 2.) — Cependant le sens
n'est pas le même : « Anciennement, le mot Juppé,
dont ajopper paraît être composé, signifiait en
général un vêtement propre à mettre par-dessus
l'habit ou la robe. De là on a pu dire, en parlant
d'une paysanne qui avait mis un garde-robe, espèce
d'habillement de toile qui servoit à conserver celui
de dessous, qu'elle étoit ajoppée. (La Curne, qui
cite le passage ci-dessus.)
Ajouqucr (Lg.), v. a. — Mettre sous le
joug, ds bœufs. Syn. de Lier.
Et. — Du fr. joug. — N. Le durcissement de la
finale de ce verbe confirme la supposition que
j'avais faite de l'identité de Joue avec Joug. (R. O.)
Ak ! Exclamât, de dégoût. — On dira à un
bébé : Ak ! ne touche pas à ça, c'est pékias
(sale). V. Hac avec aspiration.
Aladrer (Lg.), v. a. — Amollir, rendre
paresseux, aveulir. Syn. de Haquenir, Ani-
queler, Avesser, Anianter, Afainianler, Acai-
gner, Acaignarder. Dér. de Ladre.
Alarte (Mj.), s. f. — Alerte.
Alayer (s') (Pell.), v. réf. — Donner de son
lait d'un jet continu, en parlant d'une vache.
Syn. de Affiler, Elaiguier.
Et. — Le comte Jaubert propose Alleviare,
alléger, soulager. Alayer une vache, c'est la disposer
à donner son lait. — Pourquoi ne pas tirer ce mot
d'un verbe tel que : Allactare, allactitar=! ; de lac,
lait?
Albote (Q. Zig. 171), s. f. • — Petite grappe
de raisin poussé hors de saison.
Alçons, Aleçons (Pc). — V. Arçons. .
Et. — De Arcus, forme recourbée en arc. —
Arcionem, sarment de vigne qu'on recourbe pour
qu'il donne plus de fruits.
Alcooleiix (Lg.), adj. quai. — Alcoolique,
riche en alcool.
Alégant (Mj.), adj. quai. — Elégant.
Aleteau (Lg.), s. m. — Demi-fronton. Syn.
et doubl. de Aileteau.
Alets (Sp.), s. m. — S'emploie surtout au
plur. — Grande plante bulbeuse, très com-
mune dans les bois, et dont les feuilles pilées
sont données en pâture aux cochons. La
plante fleurit en juin. C'est l'asphodèle. Syn.
de Jalels, Pirotes.
Alcuser, Alouser (Segr., Craon, Maug.), v.
a. Flatter, mais pour tromper, sens péjoratif.
Et. — Lat. Ad-laudare?
Alfassicr (Lue), s. m. — Terme de mépris.
V. Herquenier et le suivant :
Alfessier (Pc, Mj., Lg., Sal., etc), Alfos-
sier (Peli.), s. m. — Escogriffe, homme mal
bâti et de mauvaise mine, jrelampier. \\ Cou-
reur de filles. Il Vagabond, breulier. Syn. de
Treulier, harquelier, Frelampier.
Et. — Hist. — Terme de mépris pour désigner un
homme de rien, un Jean-Fesse. (Jaub., Dott.) —
« Mais {que pis est) les oultragèrent grandement,
les appelant trop diteux, brèchedents,... faict-
néants, friandeaux, bustarins, talvassiers... (Rab.,
G., I, 25.) Faut- il rapprocher notre mot de
celui de Rabelais? C'est peu probable. — Un de mes
amis me disait qu'il lui connaissait le sens de :
Grand Alfessier ; grand danseur, gauche et dégin-
gandé d'une noce de village et rappelait, plaisam-
ment, ce vers de Virgile :
« Saltantes satyros imitabitur Alphœsibœus. »
— J'y verrais tout simplement le mot Fessier,
avec le préf.préjor. Al; l'homme aux maigres fesses.
Alibartiner (s') (Mj.), v. réf. — S'écarter,
prendre des habitudes de vagabondage et de
sauvagerie, en parlant des animaux domes-
tiques. Ex. : Nous canes s'alibarlinaient. Du
fr. libertin, avec la terminaison verbale.
Alicher, Alichonner. V. ces mots par 2 1.
Alichon, s. m. — C'est le français AUuchon,
dent d'engrenage.
Hist. — 1703. Sépulture de Michel Gillet
« lequel étant aux moulins de Pons, s'est embar-
rassé entre la roue et les alichons et y a péri. »
[Inv. Arch., n, E. S. 408,1)
Aliette (Zig. 155). — Nom de baptême. V.
F. LORE, XI, c.
Hist. — « Le prieuré de la Papillaye, distant
d'une lieue d'Angers, a été fondé par un nommé
Herbert et Allicia sa femme. » (Brun, de Tarti-
FUME, Phil. p. 75.) — Ce prénom se trouve dans un
passage des Gwerziou Breiz Izel. Chants populaires
de la Bretagne.) Ltjzel.)
Alignage (Ag.), s. m. — Expression des
ouvriers d'à-bas dans les carrières d'ardoises.
L'alignage de la pierre est l'opération qui
consiste au renversement des blocs de rocher
(Mén.). V. Alignoirs.
Alignoirs (Ag.), s. m. — Petits coins qui
servent à débiter en petits morceaux les
schistes avec un marteau,
Hist. — « Deux lievez et un mail et plusieurs pis
et alignouers. (1410. Angers, manuscrit CC3, f<»145).o
et alignouers. (1410. Angers, manuscrit CC 3,
f° 145.')
Alinoter (Sp.)
Svn. de Piétrir.
— Dépérir, maigrir.
Aliron (Cp., Fu), s. m. — Lérot, liron. On
dit proverbialement : Dormir comme un
liron. — C'est Liron, avec un a prosthétique
peu explicable. Syn. de Rat-liron. Ce dernier
pourrait expliquer l'a.
Et. — Du lat. popul. Glironem, loir gris, dit
aussi : lérot. Lat. class. Glirem, d'où : 1ère, leir,
loir. Hist. — « Soubdain deviennent gras comme
glirons, ceux qui i)aravant estoyent maigres comme
picz. 1) (Rab., P.)
.41ise, Alizé (Segr.), s. m. — Petit pain ou
petit gâteau moins cuit que le pain ordinaire
et peu levé. {Mty.). V. Alli. Syn. de Galette à
la fouée.
Et. et Hist. — « Aliz, compact, serré, d'où pâte
alixe, qui n'est point levée. « Ly rois Philippe
establi que les talemelliers (boulangers, pâtissiers)
demourans dedens la banlieue de Paris peussent
vendre leur pain reboutiz, c'est assavoir leur relTuz,
ALITIÉRER — ALLER
29
si comme leur pain raté, que rat ou soris ont
entamé, pain trop dur, ou ars (brûlé), ou échaudé,
pain trop levé, pain aliz, pain mestourné, c.-à-d.
pain trop petit, qu'ilz n'osent mettre à estai. » —
« Les habitants (de S' Belin) peuvent construire
petiz fours en leurs hostelz, ciiacun d'une aune de
Provins de tour, pour cuire flaons et pastes alixes,
sans ce qu'ilz y puissent cuire pastes levées en
forme de pain. » (D. C.) — « Cette galette est toute
aliae, aile est bonne pour les chiens. » (Borel.) —
« L'adjectif alis, e, compact, serré, se trouve dans
le vx. fr. (Voir Roquefort.) — « Il y a d'autres
terres qui sont si alises ou si peu poureuses que
pout ces causes ceux qui en besognent sont con-
traints d'y mettre du sable. « (Bernard Palissy,
Disc, adrnir., p. 369.) — Cf. Aliat, compact, du vx.
fr. Ailiéer, allier, aligéer, lier, joindre, unir, en lat.
Alligare, d'où Alliage. (Éveillé.)
.ilitiérer (Sa.), v. a. — Garnir de litière.
Composer comme Aliter, de lit ; lit de paille.
.iliant (Mj.), adj. verb. — Ingambe, dis-
posé à marcher, à sortir, à voyager. Ex. : A
n'est guère allante de ceté temps-là. — Cf.
Faisant, donnant. || Des allants et des ve-
nants, — des haricots cuits !! — Ou plutôt
qui cuisent.
Hist. — « Va dans le Bocage, Adélaïde, tu es plus
allante que moi. » (R. Bazin. La Terre qui meurt.)
— « C'était une grosse et grande créature, fort
allante, couleur de soupe au lait. (S. Simon. Méni.)
Alluponner (JU.) — Amonceler en petits
tas.
Aile (partout), pron. pers. — Elle, Elles. —
S'emploie seulement devant une voyelle. Ex. :
Aile entend haut ; Aile ont dit. — N. Cette
forme est exclusivement employée comme
cas sujet. Le cas régime est lelle et au plur.
lelles, leules, Eulles. \\ Fu. Aile, elle, sujet.
Les régimes sont : 1" leûs. Ex. : J'/eus ai ren
dit ; 20 lés. Ex. : iHes ai point vuses ; 3° let,
au sing. — Ex. : J'ous (ça) ai dit qu'à let. ;
4° i, au sing. — Ex. : J'i ai dit qu'a pouvait
venir.
Elle qui, Elles qui, se disent : let qui. « C'est
let qui m'ous a dit ; c'est let qui nous ont dit.
— Enfin (1'''' ex.) leûs est souvent mouillé en
ieux : J'ieux ai ren dit. — Rem. Leus et Lés
s'emploient au plur. des deux genres, comme
leurs correspondants français : leur et les.
I s'emploie aussi au masc. « J'i ai dit qu'i
pouvait venir. »
Allée (Mj.), loc. : D'allée et de venue, — à
l'aller et au retour. — A Sp. on dit : D'allée
que de venue ; ellipse pour : tant d'allée que
de venue.
Allegir". Prononc. al-gi (Sar, IMj.), v. a. —
Alléger. || Ec. — Elégir. Du lat. AUeviare.
AUenter (Mj.), v. a. — Amollir par qq.
indisposition, rendre lent. — Partie, pas.
Allenté, peu actif par mollesse naturelle ;
lent, mou, indolent, nonchalant. H Fu. Ne
s'emploie que dans l'expression : Allenté de
se, mort de soif.
Et. — Ad, lent, er ; V^ conj. pour Allenlir.
Hist. — « Et le cours du torrent, tombant de la
montagne,
S'allente quelque fois au plain de la campagne. »
(J. DU Bellay. Disc, au roy, p. 142.)
Aller (Mj.), v. n. — S'en aller, commencer
d'aller, être presque. Ex. : V'ià des poires qui
s'en vont mûres. Ça s'en va cuit. H Sp. Ça ne
illi va, ni ça ne illi veint, — en parlant d'une
personne, cela ne lui va ou ne lui sied pas du
tout. — En parlant des choses, — il n'y a
pas de comparaison possible.. || Aller hors, —
aller à la selle, se purger.. — Absolument :
Evacuer les excrétions alvines. Ex. : Sa méde-
cine a ben fait, il a été cinq fois. || Aller par
à-bas, — même sens. j| S'en aller de la poi-
trine. — se mourir de la poitrine. || Aller au
devant, — faire des avances, se montrer pré-
venant. Il Aller contre. Ne prend pas de com-
plément. Ex. : Vous dites ça, moi je ne vas
pas contre, — je n'en disconviens pas.^|| Aller
contre de, — se refuser à. Ex. : Je ne vas pas
contre de payer, au vis-à-vis de moi. !| Pour,
de tout aller, — qui sert tous les jours ordi-
naires, vêtements, etc. Ex. : Me faudrait un
casaquin pour tout aller. \\ Ça vat et ça veint,
— cela va assez bien (la santé), — en parlant
du prix de marchandises, etc., — c'est admis-
sible, c'est une difîérence tolérable. || Souvent
on supprime, après ce verbe, la préposition à
et devant un mot commençant par une
voyelle : y a eihe lieue et demie aller au
Ménil (ici iï y a une consonne) ; Aller Angers ;
aller Ancenis ; j'cas Ingrandes. || Aller en
charrue, — charmer. || Tlm. Aller tout le pas,
— marcher régulièrement, en parlant d'un
travail. |] Aller la poste, — très vite, courir la
poste. Il Aller la haquenée, — l'amble, en
parlant d'un cheval, — Boiter des deux
jambes, en parlant d'une personne. || Fu.
Aller point le galop, — avoir une santé chan-
celante, une convalescence pénible. || Il n'a
qu'à aller ! — il peut s'en aller, c'est ce qu'il
a de mieux à faire. || Il n'a que d'aller, — aller
se promener. || Aller à l'emprunt, — emprun-
ter. Il Aller à l'économie, — économiser. ||
,4//e/-àrépargne, — épargner. !| .4//er aux cham-
pignons, — ■ aux portes (mendier). || S'en aller,
— en parlant d'un liquide qui s'échappe d'un
vase en bouillant, le lait s'en va. \\ Aller sur,
— approcher de, en parlant de l'âge, du
poids, etc., — il va sur 20 ans. || Aller le
diable, — aller vite. || S'en aller, — perdre ses
forces, vieillir. || Y aller de, — faire une chose
sans se faire prier, — y aller d'une tournée.
Vas-y d'une chanson. || Ne pas s'en aller sur
eine jambe, — boire un deuxième verre, une
deuxième bouteille.
Conjugaison. Je vas,., j'allons ou Je vons,.. il
allont ou i vont. — -j'allais,., j'allions,.. il alliont. —
J'allis, je fus. — J'allerai, j'irai,... j'irommes,.. il,
all'irant et il revenirant (ils, elles iront et ils revien-
dront) — J'irions. — Q. j'alle. — Que j'allisse.
Verbe interrogatif. Aile- vous? Ex. : Eyoû al!e-
vous donc comme ça? — Cf. A-vous? Sa-vous?
Voule-vous? pour : avez-vous, savez-vous, voulez-
vous? — Remarquez l'alliance du pron. je avec la
1''* pers. du plur. : J'allions, pour : nous allions, —
30
ALLEUX — ALOSER
je croyions, je grondions. Les courtisans de
Henri III s'exprimaient ainsi. Henri Estienne leur
disait :
« Pensez à vous, ô courtisans,
Qui, lourdement, barbarisant,
Toujours l'allions, j'venions, »
On dit : Je m'en en vais.
Hist. — « Le quinziesme jour d'aougt l'an 1614,
le Roys Louys et la Royne sa mère bessèrent en
basteau au devant de ceste abbaye (S. Maur), allant
Angers et à Nantes. » (Inv. Arch., H i, 214, 2.) —
Il n'a (est) que d'aller. Refrain d'une chanson
chantée en Anjou, en vers lyriques, célébrant la
déroute de Craon et l'agilité des Ligueurs :
« Que le malheureux hérétique
Frémisse au chant de notre voix,
Il n'est que d'aller.
Pour sa tyrannie du passé
Il n'est que d'aller. » —
— « C'est le curé du Fuilet
Qui a perdu son bonnet ;
Il s'en fut à Bourgneuf
Pour en ajeter un neuf.
Quand il fut de retour il retrouva son vieux.
Oh ! oh ! oh ! dit-il j'en ai deux.
(Refrain populaire.)
Alleux. — Probablement pour Hâleux.
Hist. — (Après de grandes crues). Il est venu un
temps après fort alleux, qui a tellement retiré les
eaux, qu'on a semé partout. {Inç. Arch., m, E. S.
s., 252. 1.)
A//i. — Pain âilli, non levé. V. Alise. Cf.
Aguia, aguiaque, agioté.
AUicher, v. a. — On ne fait sonner qu'une 1.
— AUicher un animal, c'est le rendre gour-
mand ; allicher qqn, c'est chercher à se
mettre bien avec cette personne.
Et. — Deux cloches, deux sons. — « Ne vient pas
de lécher. Lat. Allectare ; allicher (Berry) de alli-
cere ; de ad, vers, et licere, pour lacère, prendre
attirer ; lacère est le radie, de laqueus, lacs. (Litt.)
— « Licher, autre forme de : lécher, qui se trouve
dès le xn* s. — Trivial, lécher. Par ext. et absolu-
ment : manger, boire sensuellement : il aime à
licher. — Licheur en dérive. — Dans A-licher, le
préf. A a le sens de : rendre de telle façon. Cf.
alléger, etc. (Dict. gén.) — En Anjou on dit : 11 a
eine goule à liclw, — on voit qu'il est gourmand.
.illichonner (Mj.), v. a. — Gâter par des
chatteries, bourrer de friandises. V. Allicher.
Hist. :
« J'attendais bien que tes courtoises meurs
Et tes vertus que ta nature alliche
Me feroient plus d'honneurs et de faveurs
Que je n'en suys digne, ne bien mery. »
(G.-C. Bûcher, £■/). 66, p. 276.)
Allonge (Tlm.), s. f. — Petit bout de fil
dont le tisserand se sert pour raccommoder
les fils de chaîne quand ils viennent à casser.
Allongeâille (Lg.), s. f. — Rallonge. Ex. :
Uoisic c'est ben commode pour faire des
allongeâmes de rôrtes.
Allonger (s'), v. réf. ■ — S'étaler tout de son
long, se coucher, tomber. Syn. de : Prendre
un billet de parterre. || Donner. Ex. : Il illi a
allongé eine pièce de cent sous. || Lg. Allonger
la chaîne des gueux, ■ — se marier entre misé-
reux. Il Prendre par le plus long. || V. n.
Devenir plus long. — Les jours commencent
à allonger.
Allou (Segr.), s. m. — Homme ou animal
ayant un bon appétit. V. Alouir, Aloui.
Et. et Hist. — AUouvi, affamé, acharné comme
un loup. Allouvi ou Alouvi de faim. S'allouvir.
(L. C.) — Ital. Allupito, du lat, lupus. (D' A. Bos.)
— I mange comme un alouvi, — aloui. (Dott.) —
« Je suis allouvy et affame. )- (Rae., P.. iv, 24.) —
Aloubis. Gens affamés comme des loups. Vampire.
Les traditions vendéennes le représentent sous
l'aspect d'un homme maigre, décharné et insatialjle
qui traîne la misère et la famine à sa suite. (Borel.)
— Allouvir. Un enfant allouvi se dit d'un enfant du
premier âge, qui manifeste le besoin incessant de
manger. Dans les campagnes, on donne souvent
à ces enfants, pour tromper leur appétit, un mor-
ceau de lard à sucer.
— « Ches meurs de faim de l'Espagne allouvie
Qui dans nos camps viennent chercher la vie. »
(MOISY.)
.4iloué. — Homme loué, travaillant à la
journée.
Hist. — « Allocatus, qui ad id locatus vel alloca-
tus est ut vicarii vicem agat. » (Concil. Andeg.,
1269.) MÉNIÈEE.
Allouse (Sp.), s. f. — Louange. Ex. : Il fait
de grandes allouées de ses gas.
^-Allouser (Mj., Si-P.). V. Alouser, v. a. —
Louer, dire du bien de, prôner, vanter.
Et. Hist. — Du lat. Allaudare. — « Alosé, loué,
renommé, honoré, estimé. — Dér. du subst. Los :
« Il est deux manières de persécuteurs. . . l'une est
de ceulx qui diffament autruy et le vitupèrent ;
l'autre est de ceulx qui flactent et alosent. >• — « La
gent alosée », c'était les honnêtes gens. Louer et
Aloser différent : « Se je vous louoye vous diriez
que ce seroit pour luy aloser. » (L. C.)
.411umer, v. a. — Terme faubourien. Regar-
der avec attention. || Etre allumé, — com-
mencer à être échaufïé par le vin.
Et. et Hist. — Au premier sens : Regarder fixe-
ment, voir, observer. Mot à mot : Eclairer de l'œil.
Mot très ancien. Se trouve avec ce sens dans les
romans du xin? s. « Allume le miston. « — Regarde
sous le nez de l'individu. — 2® sens : On a dit
d'abord : Allumer des clairs (yeux), puis : allumer,
tout court. (Lor. Larchey.)
.ilnientations (Mj.), s. f. — Ne s'emploie
qu'au plur. Lamentations, jérémiades. || Pro-
testations, giries. Ex. : A n'en faisait des
almentations ! \\ By-X. La déformation et la
substitution des mots sont étonnantes. V.
Protestations, Mutation.
Alogé (Lue). — Abrité. Mieux : allogé ; ad-
locare.
A-loin. Et mieux : là-loin, pour : au loin,
là-bas.
Alongs (By.). Cordes pour maintenir l'an-
crcau.
Aloser, é. V. Alouser, AUoueer. Un homme
alosé est celui qui s'est acquis des louanges
par son mérite, qui a une gi'ande réputation.
ALOTER — AMAIN
31
Uist. — {Castoiement d'un père à son fils)»
« Beax fils, sui Lion et Dragon,
Ors, Lieparl et Escorpion,
La maie femme ne sui mie,
Pour lozenge que l'on te die. n
Aloter (Lg.), v. a. — Caler, faire tenir en
équilibre. Syn. et doubl. de Ayoter.
Aloué (Lg.), adj. quai. — Gourmand,
afïamé. Ex. : Les boeufs ont-ils Tar aloués, de
soir ! — Doubl. de Alou, Aloui.
Alouette, Jeu. V. Folk-Lore, vu.
Aloiifs (des), s. m. — Des tromperies (Ag.)
Aloiiir (Bf.), V. a. et n. — Fatiguer l'es-
tomac. Ex. : Le vin qu'a point cuvé, il alouit ;
c'est pas comme le sien (le sieun), celui qu'a
cuvé.
AloHï (Ag., Chv.) adj. quai. Gourmand. V
Allou, Doubl. de Aloué. Ex. : Il a l'air aloui,
— il regarde d'un œil d'envie ce que nous
mangeons. — A-t-il l'air goulu, aloui !
Alouse (Ag., Mj.), s. f. Alose.
Hist. — « . . .Molues, merlus, saulmons, alouses. »
Paré. Lat. Alausa.
Alouser (Lue, Pc, Mg., Sal.), v. a. — V.
Aloser, Allouser. Autre graphie de ce dernier
et Supplément d'article. Flatter, flagorner
qqn. — « Il Valouse toujours ! » — - surtout
pour obtenir qqch. || s'alouser, — se faire des
illusions. « Tu f alouses », tu te trompes. — En
parlant d'un excellent vin : Ah ! Monsieur, n'y
a pas besoin d'Valouser, i fait ben son éloge
tout seul ! » (Lcp. The.)
Et. Hist. — Le mot louer a deux sens, celui de
louage et de louange ; il y a confusion entre Allocare
et Allaudare.
— « Vous ne devez mie par mesdire avanchiez
« Ne pour vous aloser autrui desavanchier. u
— Li faus ami qui servent de losengerie en lieu
de conseil, n'entendent qu'à déchevoir en blandis-
sant (flattant). (D. C.)
Alqiiiner (Br.), v. a. — Pour Hannequiner,
s'y prendre à plusieurs fois pour faire qqch.
(Z. 156.) — Doubl. de Haletiner, Halequiner.
A rapprocher de Haleter. — Fréquentatif de
Ahanner ?|| Fu. — Haleligner, — haleter, tra-
vailler par secousses à cause de la difTiculté de
l'ouvrage. Ex. : Quelle haletignerie, que j'en
se .saoul !
Aliiettcs (Chx, Mj.), s. f. — Sorte de cartes,
entièrement différentes des cartes ordinaires.
On joue beaucoup aux cartes d'aluettes aux
environs de Champtoceaux, et ce jeu a été
apporté à Mj. par les mariniers. .
N. — Termes du jeu : Monsieur, Madame, le
Borgne, la Vache, Grand-Neuf, Petit-Neuf, Deux
d'rpée ou Deux d'écrit ou Deux de chêne. Faire un
pourri, Robino, A moi de rien. — Au-dessus, au-
dessus de dessus. — l'aire morguenne. V. Boisse.
(P. EUDEL.)
Et. Hist. — H est i)robable que le nom primitif
de ces cartes «Hait Lu(!llçs et non Aluettes et qu'on
disait : Jouer à luettes, d'où le nom actuel. Rabelais
énumérant les jeux de Gargantua (i, 22), dit qu'il
jouait aux luettes : « Des gabarriers jouans aux
luette'i sur la grave. » (Id., P., 5, 123.) — C'est le
jeu de la fos.sette. — « Ils n'auraient pas manqué . . .
de jouer aux cartes, surtout à ce jeu de luette, venu
d'Espagne aux temps anciens. » (R. Bazin, La
Terre qui meurt, p. 1.5C.,
Alugier et Ailler, s. m. — Alisier. — Cra-
ta'gus torminalis. — AUouchier, — cratœgus
aria (Bâtard.)
Alyrose (Mj., T!m.), s. f. — Early rose,
variété de pommes de terre. Gorrupt. du mot
anglais.
Aniageries (Ss.), s. f. — Choses négligeables,
des riens, soit comme valeur, volume, quan-
tité. A Vauchrétien on dit : k Toi, c'est ren
que té ! — Toi, t'es moins qu'.vn ! — Toi, t'es
ein méchant amage, ein mion, ein fétu ! » —
Syn. Biâquilles. — Tracasseries. (Zig. 110.)
Ainaigrâiller, (Mj.) v. a. Amaigrir, s'éma-
cier
Et. — De maigre, lat, macrum, avec termi-
naison incluative, — commencer à maigrir.
Hist. — « Qui encraissier veut à droit s'ame
Le cors convient amegroier
Escauchierter et roidoiller. » (D. C.)
Amain (partout.), s. m. — Côté le plus com-
mode pour saisir un objet, porter un fardeau,
exécuter un travail. Ex. : C'est ça mon
amain ; ça n'est point à V amain. \\ N'y a
jamais à' amain ! — pas possible ! || A l'amain
de, — dans le proche voisinage, à proximité
de. Ex. : Je sommes ben à Vamain de la
rivière ; c'est ben à Vamain de l'eau. N'aie pas
peur, mon vilain laid, si j'étais à Vamain de
toi, je te relèverais le cul ! || Etre à l'amain de,
— être capable de, en état de. Ex. : Ceté
méchante pâgnon-là,j'sé pas à l'amain de la
faire craire ! — Je n'ai jamais/«é à Vamain de
la faire s'en venir avec moi. — Fu. — J'sé pas
à Vamain rf'ou (cela) faire, j'sé pas en Vamain
— j'sé pas en le cas d'où faire. 1| De l'autre
amain — de l'autre côté. (Zig. 150.)
Et. — A Saint-Paul, on dit dans le même sens :
C'est ma main, c'est sa main, c'est la main. Par
suite, il est évident que le mot montjeannais
Amain n'est autre qu'un composé du mot main,
avec le préf. A, dernière lettre de l'article La.
(V. Ahaie.) D'ailleurs, il faut regarder le mot
Amain comme un mot unique, distinct, un vrai
subst., puisqu'on dit : Ein amain, mon amain, son
amain, leux amain, et qu'il a fourni le composé
Désamain. Enfin Amain, en dépit de l'étymol., est
du masc, puisqu'on dit : Le bon amain, le vrai
amain.
Hist. — « Il n'est chcse tant facile et tant à
main. » (Rab., P., \,\\, 490.)
— « Avoir aussy sens, propos, temps, a main
Pour faire chose agréable aux seigneurs. »
(G.-C. BucHKR, 146, p. 170.)
— « En prenant, se tu es a main.
Porras bien touchier à sa main. -
{Clef d'Amors, p. 3.3, H. DE G.)
— « N'essayez pas d'ouvrir cette barrière i
droite, vous la briseriez ; son amain est à gauche. »
(Orain.)
— « M'sieu le tchuré... y m'trouve bé-n-en
peine !. . . N'y a pus que vous tchi sejez à la main
de m'tchirer d'ombarras. » (H. Bourgeois, Hist.
de la Grande Guerre, p. 50.)
32
AMAINCER — AMEILLE
Amaincer (s') — (Mj.) et non s'Amincer. v,
réf. — S'entêter, s'acharner dans une mau-
vaise habitude, s'y buter. Ex. : Quand les
poules sont amaincées à passer dans les
jardrins, on dirait que le diable les fait pour y
aller.
Et. — Si l'on veut bien se reporter à la série des
sens que j'ai donnés pour Amocer, Amoicer, on
verra que le montj. amaincer n'est qu'un doublet
de ce verbe. Il en dérive par une forme Amoincer,
maintenant désuète. Il y a eu Amorcer, Amocer,
Amoicer (Amoincer), Amaincer. Le vx pat. usait
beaucoup de la syll. oin. Cf. Commoincer, Guer-
moinselle, Mahouin, Eoincer, Coinquer, etc. — On a
supposé comme origine Amain. Je ne vois pas le
lien.
.4maUner (Sp., Sa.), v. a. — Rendre malin
ou méchant II v. réf. Devenir malin
ou méchant. Ex. : Cette bête s'est amalinée.
(Lue.) — Lat. Malignus.
jimar (Ec.) s. m. — Xom de prune, de
pomme. V. Amas-noir, Damas. \\ Mariolet,
Amariolet ; prune à la peau violacée et d'une
saveur très douce. (P. Eudel.) V. Blés.
Amarer (s.) — (PelL, Mj.) v. réf. — Se
couvrir, se mettre à la pluie, en parlant du
temps. — Un temps amaré. — Pourrait alors
venir de Marée? || Gras, doublé, en parlant
d'un animal. — (Fu.) Avec un r ou deux r.
Très vigoureux et de petite taille, en parlant
d'une personne : « Il est ben amarré. ■» Large
d'épaules. — Viendrait d'amarre?
Amarillonné (Ag.),adj. q. — Ridé, en
parlant d'une pomme.
Amaron (Ag.), s. m. — Xom vulg. de la
Matricaire camomille, plante d'un goiit amer.
Cf. Maroute, Amaroute, Camomille puante ;
Anthémis cotula. (Bâtard.) V. Amarote.
Amarote (Lg.), s. f. Maroute. V. Amaron.
Plante de la famille des composées, assez sem-
blable à la camomille, mais d'odeur désa-
gréable. On dit aussi Marote.
N. — Les graines de cette plante, disent les inté-
ressés, sont verimeuses ; lorsque, pendant la mois-
son, elles tombent dans les sabots des travailleurs,
les pieds de ceux-ci se couvrent d'ampoules.
Et. — De Marote, par prosthèse d'un A, prove-
nant de l'art. La. Cf. Ahaie.
Amarrer, Ka marrer (Lue), v. a. — Serrer
ou faire rentrer, par exemple le bétail à
retable. || Ec. Par ext, chez les mariniers,
attacher qqch. — Démarrer, — détacher.
Et. — Du holland. : maaren, et à préf. — B. L.
Amarrare. — Rentrer des fruits. (Orain.) — Ra-
masser, recueillir, serrer, réunir, rassembler, — pré-
l)arer, arranger.
Amas-uoir (Fu). — Des prunes d'amas-
noir, ou simplement : des prunes d'amas. —
A Thouarcé : mârre noir. — V. Amont-noir. \\
Ec. — Preinés (prunes) de Damas-noir,
pommes de Damas, ou Damas noir, ou violet ;
— On dit : des preines d'a/«rt/'-noir ou d'amar
violet; de l'amar noir, de Lamar violet, sans
mettre le mot : preines. V. Mars-violet.
.Amassée (Mj.), s. f. — Gros amas, grand
tas, grande quantité. Syn. de Haut-murée,
Affourrée. N. La deuxième syllabe très brève.
Hist. — « Amasser bestes. » (Au mot Massa,
Raynouakd, 4, 164'.) — Amassement de busche.
(D. C.)
Amasser (Mj.), v. a. — Masser, serrer,
agglomérer. 2'= syll. très brève. Dérive non de
Amas, mais de Masser. — Terboutcher.
A matelasser (Mj.), v. act. — Feutrer,
enchevêtrer l'un dans l'autre, comme la laine
d'un matelas.
Amateronner (Mj.), v. a. — Mettre en gru-
meaux. Il V. réf. Se grummeler. V. Ama-
touner.
Amateiise (Mj., Lg.), s. f. — Celle qui aime
beaucoup qqch.
Amatoiiner (Tlm.), v. a. — Rassembler en
materons, ou matons, c.-à-d. en masses feu-
trées, — la laine d'un matelas, par exemple.
— Syn. de Amatelasser, Amateronner. || Lg.
Grumeler. Ex. : Il a mouillé sur les poches,
c'a amatouné la farine.
N. — S'amatouner. Se mettre en petits corp-
durs : La soupe s'est amatounée. — La soie s'amas
tonne plus facilement que du fil. (Borel.)
AmbUionneur, euse, (Sp., Mj.), adj. quai.
— Convoiteur, ambitieux. || Jaloux.
Et. — Lat. Amb, autour. Ire, aller ; aller autour
des citoyens pour solliciter leurs suffrages, au
propre.
Ambroise (Sa., Tlm.). — Plante odorante
de la famille des labiées. Employée dans la
médecine populaire. — Semble avoir quelque
rapport avec le fr. Ambroisie.
Et. — Hist. — La Fontaine a dit : Et Tiennette
est Ambroise, Dit son époux. {Les Troqueurs.) —
Ambroisie des jardins, un des noms vulg. du Ché-
nopode ambrosioïde. Du grec Ambrosia, de Ambro-
tos, immortel ; nourriture qui rend immortel.
(LiTT.) — Ambroise, forme demi-populaire qui,
combinée avec la forme savante Ambrosie, a donné
naissance à la forme Ambroisie. (Dict. gén.)
Ambulance (Lg.), s. f. plur. — Nom col-
lectif sous lequel on désigne les pièces acces-
soires ou agrès d'une charrette. Syn. de
Armures.
Ame, s. f. — Dans la locut. : On ne voit,, il
n'y a âme qui vive ; — n'y avait corps d'âme,
— personne.
Amécer, — \'. Amesser.
Ameil (Mj., Lg.), s. m. — Pis d'une vache,
d'une chèvre. Syn. de Pé.
Ameille (Fu.), s. féminin. — On dit : C'est
une taure ameillante qu'il a achetée à Mo"-
vault ; elle a de belles ameilles.
Et. — Hist. — Dér. du lat, Mamilla, par la chute
de l'M initial (V. Amil.). Ce mot est donc un doublet
du fr. Mamelle. — Amouille ; nom vulgaire du
premier lait fourni par une vache qui vient de
vêler. (LiTT.) — Amouilles ; glaires de vache en
vêlage qui annoncent qu'elle va mettre bas. (Gpil-
LEMANT.) — « Ah ! si par malheur l'affreux reptile
AMEILLANTE — AMESSER
33
allait sucer le lait d'une brebis, c'en était fait du
reineuil (pis) ! {La Trad., p. 2G0.) V. Ameillanle,
Ameiller. V. le suivant :
Ameillante (Mj., Lg.), adj. verb. — Se dit
d'une vache dont le pis commence à se gonfler
à l'approche du vêlage. Ex. : Xoute vache est
ameillante, a va bentout faire.
Et. — C'est l'adj. verb. de Ameiller. On trouve
dans certains traités d'agriculture : Vache amouil-
lante. — « ... commençant à rejeter le liquide qui
annonce le moment de mettre bas.(jAtJB.) — Vache
d'ama, — renvoie à Amoyante. (Dott.) — Qqs uns
voient dans ce mot le fr. Mouiller. .J'avoue être un
peu indécis entre Mouiller et Mamelle.
Ameiller (Mj., Lg.), v. n. — En parlant
d'une vache. Avoir le pis gonflé à l'approche
de la parturition.
Et. — Dér. de Ameil. Littré donne Amouiller.
— Variantes: Amuyer, Emmouiller; Amoiller, vx.
fr.. signifiait Mouiller. (GuiLLEM.) ||Ec.,Mj. — part,
pas. — Ex. : J'avons amené nout'vache à la foire ;
aile ne sera à terme que le 25, dans 15 jours. Mais '
comme aile n'était pas assez ameillée (le pé, le pis
n'était pas assez deve'oppé), on ne l'a pas vendue,
et on l'a ramenée. — V. Agé.
Amelette (Mj.), s. f. Omelette. — Ec. Une
ameletle d'œufs. •
Et. et Hist. — 0 Omelette, pour : amelette,
forme qui paraît issue par métathèse de : alemette,
tiré de alemelle (à, lamelle) par substitution de suf-
fixe, ce mets étant plat comme une lame. » [Dict.
génér.) — Rabelais, édition de 1553 : haumelaicte.
— « On m'a dit qu'une fois il entra dans sa cuisine :
un laquais y faisait une amelette. » (Tall. des
RÉATJX ; Hist., 25 et 26.) — (De Montesson.) —
« On disait à cette époque : une amelette. Il y a de
braves gens qui préfèrent encore cette forme gau-
loise. Passez, Messieurs, vous êtes de la vieille
roche. « (Hist .du vx. tfmps, p. 174. En note.)
Ameline, V. Chardon-loriot. (Mén.)
.4menage(Sp., TIm.), s. m. Attirail, arroi.||
Etalage. || Dom.aine, propriétés. Ex. : J'avons
fait 60 cordes de bûches sus Vamenage de
Beaurepaire. || Tout Vamenage, — tout le tra-
lala. Il Syn. de Succession.
N. — La peine et les frais pour amener qqch.
(LiTT.)
-aménager (Mj.), v. a. — Installer qqn dans
son ménage. || v. réf. s'Aménager, — emmé-
nager. C'est le mot fr. dans un sens spécial. ||
\'. n. Ameinéger (a-mein-né-ger), installer son
mein-nège, ou son ménage. (By).
Amendement (Mj.), s. m. — Assaisonne-
ments, condiment. Ex. : As-tu mis de V amen-
dement dans la salade? — La soupe, a manque
d'amendement. N. Inconnu au Lg.
Et. — Du lat. Emendare ; e (extraction), men-
dum (faute), dont on a corrigé, enlevé les fautes.
Amender un mets en l'assaisonnant, c'est corriger
sa fadeur.
Amender (Mj.),v. a. — Assaisonner un mets,
le rendre meilleur par une préparation qcque.
Ex. : Amende donc la salade. Inconnu en ce
sens au Lg. — Fu. — « C'est un coin de beurre
qui é bon pour am-cnder, t'ou (ça) diras à ta
mère. || Lg. — v. n S'améliorer, en parlant de
l'état d'un malade. On dit absolument : Ça
illi a-t amendé, — il a du mieux.
Amendillon (Chol., Lg.), s. m. — Petite
quantité de lait, en sus de la mesure, que les
ménagères savent fort bien réclamer aux fer-
mières. V. Amender. Cf. Amendon. — Syn. de
Crêssion, A jet.
.4mendon (Ag., Ec), s. m. — • Une petite
quantité de qqch. — -vV. Ramendon. \\ By. —
Qqf. Abandon, ce qui est donné pa." dessus le
marché ; c'est la journiture, le rabiot.
Et. — Amender, améliorer une mesure en la dé-
passant. — « Amendion, amendeillon, Amendillon.
(Favre.)
.imener (Mj.), v. a. — Produire. Ex. : C'est
p'ché d'abattre cet âbre-Ià ; il amène de trop
belles branches. || Sp., v. réf. — Venir. || Ame-
ner à lieu, — mettre sur le tapis, une question.
Il Tendre, donner. Ex. : Tiens, veux-tu la
gâche? — Amène. \\ Se dit aussi des animaux.
Si l'on dit : Ceté poirier-là n'amène jamais de
poires, on dit aussi : La vache a amené. \\ Fu. :
— « Par derrièr' chez mon père
Un oranger lui a (il y a) ;
Il amèn' tant d'oranges,
D'orang's, qu'il en rompra. »
Amcnusir (Mj.), v. a. — Amincir, rendre
menu ou eflilé. Ex. : Faut ben éneiller le fil
pour V amenusir.
Et. et Hist. — Menu, du lat. Minutus, propre-
ment ; diminué. — « Ensi s'en alloit li oz (l'armée,
l'ost) forment en amenuissant chacun jour. » (ViL^
LEHABDOUIX. Conquête de Constantinople, § 101 ;
cité par Eveillé.)
.iméricaiu (Mj., etc.), adj. q. — Avoir l'œil
américain, — vif, provoquant ou perspicace.
Amesser (Auv.), v. a. — Célébrer les rele-
vailles d'une femme. Ex. : Velà eine femme
qui veut se faire amesser.
Et. — Hist. — De Missa, messe. — « Nota qu'il
ne fault point amesser les conmères, qu'il n'y ayt
quinze jours pour le moings qu'elles soyent en leur
couche. » (1588. — Inv. Arch. F. ii, 352, 1.) —
« Pour l'entretien de la messe matinale des di-
manches, pour amesser les pasteurs pour aller gar-
der les bestes. » (1551. /tZ., G, 51, 1.) — « De sorte
qu'avand entérer grans et petis et amesser les
accouchée.. » (1660. Id. S. E.rn, 370, 2.) — « Pour
aller amaisser des accouchée audit Nuaillé. » (1660.
Id., ibld.) — « J'ay dict la messe, que j'ay com-
mansée un peu avant midy, pour amesser lesdit.5
fiancez. » (1608. Id., ibid, 426, 1.)
— Amessement ; l'action d'entendre la messe ;
relevailles, dont la messe faisait la principale partie.
— Admissatio. — « Le suppliant avait entention
de tuer ung pourceau et certains chevreaux, qu'il
voulait abiller pour faire le festaige de l'amesse-
ment d'une sienne fille qui estoit accouchée d'en-
fant, laquelle devait aller le lendemain à la messe. »
(1444.) — Messiare. (D. G.)
N. — (Fu). Amessé, habitué. « I fera de la belle
ouvrage, quand i s'ra amessé ein p'tit pus. » — •
« Faudra t'y amesser. » — Se prononce : amécé.
Nous pensons qu'il doit s'écrire aussi : amécer, et
non : amesser. Ce n'est pas le même mot que celui
d'Auverse. Dans celui-ci, la 2« syll. est longue; au
3
34
AMEYRANTE — AMORTI
Fuilet, elle est brève. V. Amaincer,Amocer. Ce sont
bien deux mots différents de sens et d'origine.
Ameyantc, ^ . Aineillante.
Auiicabiement (Mj.), adv. — Amicalement,
amiablement, à l'amiable. L'angl. a l'adj.
Amicable.
AmigDonner (Mj.). Amignounei (Bi-.), v. a.
— Câliner, cajoler, caresser, dorloter, flatter,
mignoter qqn. — pour en obtenir qqch. — V.
Ramignonner.
Et. — Douteuse. — Employé par G. Sand.
Amitieux (La). — Le t est dur. — Se dit
d'un homme qui ne paraît pas aimable, mais
qui comprend l'amitié, cependant, et en
éprouve vivement le sentiment. « Cet homme-
là est vraiment bon, je vous assure, meilleur
qu'il ne paraît à le voir ; il est vraiment amitieux.
Amitonner (Mj.), v. a. — Amadouer. || v.
réf. — s'amitonner, s'arranger, se mitonner.
Ex. : Ça s'est amitonné, — l'affaire s'est arran-
gée. Il Se dit du pain qu'on laisse longtemps
tremper dans le bouillon (une mitonnée). —
Il Une personne amitonnée, — enveloppée
chaudement. Cf. Emmitouflée.
Et. — Peut-être de Mitis, doux. Le chat est un
miton.
Ammonition, s. f. — On ne prononce qu'un
m. V. Amonition.
Amnistie (Mj.), s. f. — Employé pour :
armistice.
Amoeer (Tlm.), v. a. — Taquiner un
chien, l'exciter à mordre. Syn. de Aquiner
Piller.
Et. — Doubl. du fr. Amorcer, de morsus ; exciter
à mordre.
Amodurer (Mj.), v. a. — Calmer, Amadouer
Il Amoduré, — qui a perdu sa fougue, sa
vigueur (Zig. 145). || Domestiquer.
Et. — Du lat. Moderare, pour : modérer. — Cf.
Amodérer, dans Jaubert. — Amodurer du vin, —
y mettre de l'eau. (Lapayre.)
— « Et au milieu de ces deux est le siège
De deux encor que Dieu, qui tout ouvroit,
fAmodéra par chaud meslé de froid. » (Marot.)
Amoicer (Tlm.), v. a. — Exciter à mordre ;
syn. de Piller. \\ Taquiner, agacer un chien,
des bêtes quelconques. Syn. de Aquiner. \\
s' Amoicer, s'Amocer, v. réf. — S'acharner,
au pr. et au fig. ; syn. de s'Achener. \\ S'en-
têter, — syn. de s' A?naincer, s' Amécer. V.
Amoeer.
Et. — Amoicer ou Amoeer n'est qu'une forme
adoucie du fr. Amorcer. V. pour explications
complémentaires : Amaincer, Aquiner, s'Achener.
— Le vx fr. avait Amordre, qui voulait dire :
mordre à. Amorser serait préférable, par un s.
(LiTT.)
Amômé, Aniômi (Shs.). — Fatigué, bon à
rien. Cf. Ahômi et Embaumé.
Et. — Probablement de Momie, prononcé :
momie, avec prosthèse de l'a. — J'ai souvent
entendu dire : « Vas-tu rester là comme une momie
d'Egypte? »
Amonition, s. f. — Tout ce qui est néces
saire pour former la charge d'une arme à feu-
— Angl. : Ammunition. Fr. : Munition. || Ag.
Pain (ï amonition, pour : de munition, pain
de troupe. — U amonitionnaire, l'employé de
la Manutention. — D'un bossu on dit : Il a un
pain d' amonition dans le dos.
Et. Hist. — « Amunitionner ; pourvoir une place
des munitions nécessaires. (Litt. ) — « Amonitio,
B. L. vivres ; le pain de munition |)ourrait donc en
venir : « Pour la faute du charroy qui estoit à
Stenay et à Mouzon, où se faisoit V amonition, la
famine survint en son camp. » (Du Beli^ay.) —
Sens plus général : munitions de bouche : « Il feit
partir le Seigneur de Lorges avec mille hommes. . .
et quelque charroy de vins et autres amonitions. »
(Id.) — « Au reste, il n'est pas trop vraisemblable
que l'ancien mot lat. Amonitio soit l'origine d'un
mot assez nouveau dans notre langue. On a dit
monition pour munition, en lat. Munitio. De là le
mot composé amonition aura signifié : munitions de
guerre ; par extension, munitions de bouche, le
pain de monition. « I-e feu s'estoit mis à noz amo-
nitions, en manière qu'à peine avait-on pu retirer
notre artillerie que les aftuts ne fussent brûlez. »
(Du Bellay.) Citations de L. C. — Il y a prosthèse
de l'a.
— « Tirant Darriet, du village de la Chaumière,
s'imagine que c'est avec cette boue que les Répu-
blicains ont chargé leurs canons ; il s'écrie, en se
précipitant sur la route : « En avant, les gas, les
« Bleus n'ont pus d'amounitions, li tirant avec de
« la casse. ) (Deniau, Hist. de la V., t. I, p. 339.)
Amont, prépos. — Le long de. Ex. : Il avait
les bras amont li, — le long de lui, ballants,
en parlant d'un pendu (Cht.) — (Ec.) On dit :
de d'amont, opposé à aval.
Et. Hist. — « Le vent d'amont se dit, sur les
côtes où la terre est au levant, de tout vent qui
souffle de l'un des points compris entre le N.-E. et
le S.-E., en passant par l'E. — Il souffle de la mon-
tagne. (Litt.) — Le long de, sur, contre : Amont le
mur.
— J'descendrons-t-i le vallon
Ou si j 'irons par amonts
{Pastorale, Dottes.)
— Amont (angl. Among), au milieu de, au tra-
vers de, sur. Cf. Ami (amid) ; A mi les champs ;
emmi les champs. De : en, mi, in medio. — Mettre
qqn amont les chemins est une locution d'un fré-
quent usage en Normandie, qui signifie : l'aban-
donner, le laisser en proie à la misère.
— « Par l'esciele (l'échelle) muntent amunt. «
(MoisY.)
Amont-noir (Mj.), s. m. — S'emploie dans
l'expression : Preune d'amont noir, vieille
espèce de prune dont le nom est, je crois,
Prune de manoir, par corruption. V. Amas-
noir.
.Amôrillonner (s"), v. réf. — • Se ratatiner, se
rider. Une pomme aniôrillonnée, ridée comme
une morille, champignon plein de trous et de
rides. I| By. — Le premier o est très long.
Amorti (Mj.), part. pas. || s. m. — Un
amorti. Endroit où un obstacle arrête le vent
ou le courant. — Syn. de Acealmie. Ex. : Je
vas tendre à \' amorti du courant. On dit aussi :
à l'amorti du vent. || Fu. — Éteint. « Le feu
va s'amortir, mets-y donc eine fournille. »
AMORTIR — AMOURETTE
35
Et. — Amortir, c'est : rendre comme mort. Un
navire amorti, — échoué pendant la morte eau
(reflux). Dict. génér. — On disait jadis : Amortir
une chandelle ; on dit encore : la tuer. « Ma chan-
delle est morte. « (D. C.)|| S. f. Amortie ; endroit de
la rivière où il n'y a pas de courant, où la force de
l'eau est amortie. » (Jatjb.)
.imortir " (amorqiii) le cœur (Mj.), v. a. —
Enlever l'appétit, donner des nausées, en par-
lant de certains aliments fades, douceâtres.
Extension du sens du mot français.
.imorti ssant, e (Mj., Lue), adj. verb. —
Écœurant, douceâtre, fade, en parlant d'un
mets, d'une boisson: ]| Lourd, énervant, en
parlant du temps.
Amotelonner (z. 128), v. a. — Mettre en
petites mottes, en mottelons.
Et. — Inconnue. — Amotouner se dit d'une
sauce, d'une bouiUie qui forme des grumeaux.
(Oraix.) — Amotoner, réunir en tas pressé. Cf.
Amochoner, mettre en moche (le beurre), en meule.
(DOTTIN.)
Amoueeler (Sp., Mj.), v. a. — Amonceler,
par corruption. X. Il est à remarquer qu'à
Mj. on ne dit guère Mouceau. — A Sp. et un
peu moins à Tlm., la syll. on devient presque
régulièrement ou ; ein boun houme, eine
boune femme ; mouceau, boutonner, etc.
Et. — Lat. : monticellus, mont' cel, moncel,
monceau. Le peuple dit : mousseau. (Dict. génér.)
A moucher (Lg.), v. a. — Disposer en tas
ou mouche, des fagots. — Cf. Moche, de
beurre.
Amoucheronné (Mj.), ad. quai. — Dont les
pousses se développent en touffes drues et
rabougries, recroquevillées ; dru, serré, touffu,
mais non vigoureux. Se dit d'une plante souf-
frante, surtout de la vigne. Syn. de Aregriché,
Agrichonné.
Et. — Cf. Moucheron, bout qui charbonne dans
la mèche d'une chandelle allumée : bout qui reste
en ignition^quand on vient d'éteindre une chan-
delle. (Dict. génér.)
Amouffé (Lg.), adj. quai. — Mousseux,
couvert de mousse, envahi par la mousse. Se
dit des murs, des arbres, des prés. Syn. de
Mouffu, Moussu. Il Fig. — Très bien levé,
très rebondi, dont la mie est pleine d'alvéoles
et possède l'élasticité de la mousse. Se dit du
pain. Syn. de Mouffu. — ■■ Même racine que ce
dernier mot.
Amouir (s'). — (Cho., Br., Mj.), v. réf. —
S'accroupir. Ex. (à un braconnier qui ne
s'était pas ensauvé devant le garde-champêtre
qui le poursuivait) : « Pisque t'étais pas
vanné, pourquoi que tu t'es amouï? « Syn. de
s' Aguérouer, s' Ajoupir, s' Apouguenir, s' As-
soutrer, s' Ecatouir.
Et. — Discutable. — Amuir, rendre muet de
stupeur, s'amuir, perdre toute présence d'esprit.
Hist. — A tant sont mat et amui,
A tant sont toz esvanui. »
— « Nostre Sire gita^un deable de cors a un
home et si dit 11 Evangiles que cil deauble estoit
muz (muet), parce qu'il avoit l'ome amui, an cui
cors il estoit. » — Cf. Emutire. (D. C.) — Le son
mu est l'expression naturelle d'un muet qui
s'efforce de parler. — Amui désignait un effet natu-
rel de la honte, de la crainte ou de quelque autre
passion violente :
« Porcoi estes si amui
Et por une fème esbahi? » (L. C.)
Amonlageur, Emmoulageur (Mj., Bz.), s.
m. — Charpentier qui travaille spécialement
à la construction, à l'aménagement et à la
réparation des moulins. On dit le plus souvent
"harpentier amoulageur. « Nicolas Bureau,
charpentier amoulageur àla Boissinière. »(Fu.)
Et. Hist. — Ce mot renferme la racine Moul, qui
se retrouve dans le français Moulin. — Amouler, —
passer sur a meule, aiguiser, affiler. (Litt.) —
« Jacques Barbot, charpentier emmoulageur. »
(174.3, Inv. Arch., E, ra, 410, 1.)
Amounêter (Tlm.), v. a. — ■ Réprimander,
chapitrer, admonester, semoncer. Syn. de
MorigLner.
Et. — Ce vieux mot patois est un doublet re-
marquable par sa forme vraiment française du
vocable savant Admonester. — L'ancien français
avait Amonester, L. popul. : Admonestare, dont le
radical Monest, qui semble se rattacher à Monitus,
n'est pas encore expliqué.
Amour (mal d') (partout). — Mal de dents.
« C'est ein mal qui n'est point plaint », dit
notre proverbe, jj Fu. — Faire Vamour, —
faire sa cour.
Amouracher (s') (Mj.), v. réf. — Cité pour
sa prononciation. Cf. Caresser. Se dit des per-
sonnes. Cf. Amouré, pour les animaux.
Amouré (By.). — Se dit des animaux.
Ex. : Mon canard noir pochon blanc est amouré
avec la cane burelle au gars Boèriau (Gabriel) ; le
canard clar, ou gare, au gas Thureau (Mathurin) est
amouré avec ma cane écan-corlettée (écan, couleur
d'un gris un peu foncé ; corlettée, collerettée).
Ainsi parle un chasseur pour indiquer qu'il ne peut
pas s'en servir comme d'appelants. — Burelle, —
gris presque noir.
Amour en cage, s. m. — Coqueret alké-
kenge (Bat.).
Hist. — « Bientôt, M. Maldonne fut distrait par
la vue d'un massif d'alkékenges, dont on n'avait
pas récolté les fruits. Ils pendaient, comme des
oranges minuscules, luisant à travers l'enveloppe
flétrie, usée, découpée à jour, qui leur vaut, parmi
le peuple, le joli nom à' amour en cage. M. Maldonne
les aimait beaucoup. — Des coquerets, dit-il, et on
ne les a pas cueillis ! » — (R. BAzrs, La sarcelle
bleue. )
Amourette- (Mj., Ec), s. f. — Nom du
petit lychnis rose des prairies. Syn. de Daniel.
Il Fu. Parfois nom de lieu. Montigné-sur-
Moine, bords de la Moine. V. FolkLore, XI a.
N. — Petite caryophyllée commune dans les prés,
sorte d'œillet sauvage portant deux fleurs roses à
cinq pétales très découpés. — Celte plante est
toute différente de celle que l'on appelle de ce nom
en français et qui est la graminée désignée dans
notre patois sous les appellations de Gentil-branle,
Zyeux de pardrix.
S6
AMOUREUX — ANCHE
Amoureux (Sp.), s. m. — Araignée à
grandes pattes appelée à Mj. : vieille. — Fau-
cheux.
N. — Le comte Jaubert dit qu'on l'appelle
ainsi parce qu'on l'emploie dans la divination.
Amoustiller (Sp.), v. a. — Émoustiller.
Et. — E, Moustille, saveur piquante d'un
liquide. De moût, moust? {Dict. génér.) — « Il
semble que frère Jean, après avoir demandé à
manger des châtaignes rôties avec du vin doux, en
lat. mustum, reproche aux autres convives leur
répugnance à boire du moût, lorsqu'il dit : Or ça, à
boyre, à boyre ça. Apporte le fruict. Ce sont chas-
taignes du bois d'Estrocs, avecques bon vin
noveau. . . Vous n'estes encores céans amoiistillez...
(Rab.,i, 40.)
Amoyer, v. n. — Pour Amouiller. V. Ameil-
ler (Segré).
Amphibie (Ag.), s. m. ■ — Employé comme
terme de mépris, sans que l'on sache souvent
le vrai sens du mot, uniquement à cause de
son étrangeté. Il sonne comme une injure. Le
peuple emploie de même Catachrèse :
K Vieille catachrèse ! «
Et. — Du grec : Vie double. — Se dit d'un
homme qui professe tour à tour des sentiments
contraires. (Litt.)
Ampiiribie (Lg.). — Corrupt. du précédent.
Ampignon (Sar.), s. m. — Le dard d'une
abeille, d'une guêpe.
N. — Peut-être pour : hampillon. dimin. de
hampe. Du lat. hasta, devenu hanste.
Ampis (d') (Lpz.), prépos., adv. — Depuis
(Zig. 146). — Mieux : d'empis.
Amputer. — Dans cette locution : Le
diable m'ampue.
Et. — « Penser, c'est compter (putare, repu-
tare) ; d'où calculer : putare rationes, apurer des
comptes. Putare, purum facere, disent Vaeron et
Festus. C'était l'expression consacrée pour l'émon-
dage des arbres et des vignes ; putare vitem,
arbores. Ce mot, en son sens propre, s'est conservé
en vx fr. : poder, pouer « pouer et tailler la vigne »,
chez Olivier de Serres. Michel Bréal, La Sé-
mantique, p. 137. — Cette forme expliquerait
Ampue. pour Ampute.
Amûlonner (Mj.), v. a. • — ■ Disposer en
meules, en tas, en muions.
Hist. — « Le suppliant cueilloit et amulonnoit
foin. » (1387.) — Et les doivent fener et amûlon-
ner. (1406, GoD.)
-imûrgncr (s') (Lg.), v. réf. — Se gîter, se
blottir. Il S'accroupir, se replier sur soi-même.
— Syn. de : se Gitrer, se Motter, se Boumir,
s'Amouir, s' Apouguenir, etc.
Amuse(Mj.), s. f. — Amusement, am\isette.
Circonstance qui retarde. Ex. : T'as donc
trouvé de Vamuse? — Syn. de Accote. —
Amuse-hégdiWà., s. m. et f., — amusette
indigne d'un homme sérieux. V. Bégaud.
Et. — A et Muser.
.4musénient (Lg.), adv. — En s'aniusant,
sans peine. Ex. : J'ai fait ça ben amusement.
Amuser (Mj.), v. a. — Amuser le temps, —
perdre ou faire perdre le temps. || A Lue, dans
le sens de Muser. — On dit correctement :
Amuser la tristesse, la douleur. || Fu. —
Perdre son temps : « T'amuse donc point en
route. »
Et. — La moins mauvaise est : à et muser. Muser,
c'est tenir le museau tourné et fiché à qqn, écouter
le nez en Vai^. Le verbe s'amuser, admuser, peint
assez plaisamment la stupide attention d'une popu-
lace immobile autour d'un charlatan qu'elle
écoute :
« Bien sont foulz de là se estre admusez
Sans qu'il leur dist la manière de user
De la pouldre quelle il leur a vendue. »
(Faifeu, p. 50, L. C.
Amutiner (s') (Mj.), v. réf. — S'entêter. ||
Se mutiner, se rebeller.
Et. — Mutin, pour : meutin, muetin, dérive de
meute (cf. muette), au sens ancien de : émeute. Tiré
de : émouvoir. — Hist. « Ayant faute d'argent pour
contenter et payer ses soldats, même les lansque-
netz amutinez. » (Brantôme.) God.
Amydale (Mj.), s. f. — Amygdale.
Ancelée (Pell.), s. f. — Sorte de grosse che-
nille qui passe pour être venimeuse. — Cf.
Cru. Il Ec. Elle vit surtout sur la pomme de
terre. Elle donne comme papillon le gros
sphinx tête de mort (ainsi dit du dessin qui
orne son corselet). La nuit, dans un apparte-
ment, ce papillon, avec son vol lourd et bour-
donnant, fait entendre un cri comme une
plainte qui a qqch. de lugubre. Aussi a-t-il
toujours été considéré comme un animal de
mauvais augure et sa présence a inspiré une
véritable crainte chez les paysans. — ||Fu. —
Se dit aussi : érancelée, érancelle.
Ancêtre (Lg.), s. m. — Espèce. Ex. : C'est
des vrais bons pois ; y a sept à huit ans que
j'ai cet ancêtre-\k. — Syn. de Orine.
Anche (Mj., Ssl.), s. f. — Tuyau par où le
vin s'écoule du pressoir. || Lg. Tuyau cylin-
drique ou demi-cylindrique, que l'on fixe
dans le bourdonneau d'une panne pour faire
écouler le lessi. Syn. de Quenelle. \\ Fu. Se dit
uniquement de Vanche du pressoir par où
s'écoule le vin doux dans la cuve. La cannelle
se met à la barrique. « Tourne donc le jau »
— ferme donc la quenelle. — - Un simple trou
fermé d'une fine cheville s'appelle un rfo!<-i,-la
cheville s'appelle un fossé (fausset, faussé). —
« Je t'achète tout ton vin pris à Vanche. »
Et. et Hist. — Aha. Ancha, jambe, tibia, d'où le
français : Anche, avec le sens de : tuyau. — Pro-
vincialisme : tirer du vin par Vanche ; — dites : par
la cannelle. (Litt.) — Cf. Dousi. — Anche et An-
cheau se disaient jadis pour la cuve elle-même ;
alors, par synecdoche, la partie pour le tout. —
Sorte de canal ou demi-cylindre en bois ou en tôle
qui met le cuvier de la lessive en communication
avec la chaudière ; quelquefois, un canon de fusil.
(Jaub.) — « Beaucoup de vin de moyenne qualité ;
...24 livres la pipe, la goutte, bien entendu, à
Vouche, 36 et 40 quelque temps après, (/ne. Arch.,
E. n. 195, 2.) — « On ne nous épargna pas aussi le
hideux spectacle d'une guillotine ambulante, dé-
ANCHENEAU — ANGE
37
gouttante de sang, qu'on affectait de l'aire circuler
au milieu de nous, avec un panier gluant de sang,
comme un panier de vendange qu'on met sous
Vanche d'un pressoir, 'i (Cité par M. l'abbé Bre-
TAUDEAtî, p. 139.) — V. Anchcneau.
Ancheneaii (Mj.), s. m. — Tuyau ou demi-
tuyau par où le moût s'écoule du i^ressoir-
V. Anche.
Hist. — Une petite rivière voisine, dans la Loire-
Inférieure, s'appelle l'Acheneau ; c'est le déversoir
du lac de Grandlieu. Ce nom ne serait-il point une
corruption de Ancheneaut (R. O.) ^ « Avec les
gouttières qui issoient hors la muraille. . . où finis-
soient en grands escheneaux qui tous conduisoient
en la rivière par dessous le logis. » (Rab., G'., i,
53, 99.)
Aiiclière (Sar., Bz.), s. f. — Le bâti de
maçonnerie sur lequel reposait l'ancien pres-
soir, non portatif et déplaçable comme il l'est
maintenant. Il était muni d'un rebord où
coulait le vin qui, par une anche, se répandait
ensuite dans un récipient, souvent un trou
creusé dans le tuf et cimenté. — Tirer le vin
à Vanchère. V. Anche.
. Ancien (Mj.), adj. quai, ou s. m. — Vieux.
« Il était déjà ancien quand il est mort. » ||
Ein homme ancien, — âgé. || L'ancien temps,
— le vieux temps, le temps jadis. Ex. : Dans
Vancien temps ils voyaient toujours toute
espèce de chouses ! || Fu. — « Nous anciens »,
nos vieux parents. — « C'est du bien de nous
anciens, j'voulons point l'vendre. «
Et. — • B. L. Antianus, de Ante, avant.
Ancienneté (d') (Lg.) — Depuis très long-
temps. Ex. : Ils ont ceté bien là ô: ancienneté.
AncioHX (Sar.), adj. quai. — Gai.
Ancre (à 1') (Lg.), loc. adv. — Au dépourvu.
Ex. : Je se à l'ancre de pansion. — Syn. de :
à Cure-oques, à Pain-querre.
Ancreau (Mj.), s. m. — Verveux, engin de
pêche en filet, soutenu par des cerceaux que
l'on fixe à demeure au fond de l'eau. Une
large ouverture en entonnoir est béante en
aval et conduit le poisson qui s'y engage dans
une sorte de poche d'où il ne peut plus sortir.
Il Ec. C'est une poche dans l'épervier, le
chalut. — Le cul de l'ancreau est fermé par
une garde (Loire), ou par deux gardes (ri-
vières), laissant entre elles un espace mi-clos
dit : entre-les-gardes. — Cf. Coyaux (coi-iaux),
âlongs cordes pour le monter), — hart,
enlernes (en troène), terzilles (bois pour le
maintenir). V. Terzelles.
Et. — Dér. du fr. Ancre, parce que l'appareil est
pour ainsi dire ancré dans le cours d'eau. — Se dit
a>issi Ancroc (Lue). Serait alors : fixé par un croc, et
devrait prendre un E initial.
.Ancrer (s'), v. réf. — S'entêter. — Ancrer
son attention, son esprit, son cœur à un objet,
c'est s'y arrêter, l'y fixer.
Hist. — « Cil qui s'entencion
Avoit fichie et aencrée
En la Seinte Virge sagrée. » (L. C.)
Andille (Mj.), s. f. — Mauvaise prononcia-
tion de Anguille. On dit de même Trantille,
pour : tranquille. || Fu. — Cravate mince et
étroite en forme d'anguille.
Andouille, s. f. — Au propre, syn. de Ange-
de-cheuiinèe. \\ Fig. — Grand niais. Dans ce
cas on dit souvent : Andouille ficelée, pour
renchérir. Cf. Ane bâté.
Et. Hist. — Personne sans énergie, aussi molle
qu'une andouille. (Lor. Larchey.) — Une an-
douille n'est pas molle ! (A. V.) — H y a dans
Rabelais un saint de ce nom. {G., i, 17.) — ■ Un
homme très grand, très maigre s'appelle qqf. un
grand dépendeur d'andouilles. Comme celles-ci
sont souvent suspendues au plafond, il faut, en
effet, une belle taille pour les aveindre par ses
propres moyens. — Litt. et le Dict. gén. font venir
ce mot de Inductilis, du v. Inducere, Ducere
(introduire la viande) in (dans le boyau.) — Ce n'est
pas l'avis de P. Malvezin : « Racine celtique and,
auprès, autour, contre, sur, vers. Explique la pre-
mière partie de andouille, gros intestin, grosse
douille (en terme de charcuterie, la douille est le
canal qui conduit les aliments de la bouche à l'esto-
mac), mot venu d'un précédent * andogilla (g dur),
de an, pour and, et de * dogilla, diminutif de doga,
conduit, et non d'un lat. hypothétique * inductile,
avancé par Darmesteter, lequel latin, d'ailleurs,
ne serait jamais devenu populaire.
Andouiller (Sp.), v. a. — Mauvaise pronon-
ciat. de Ondoyer. — Lat. Unda.
Andrien (Mj.), s. m. — Adrien. A vieilli.
Confusion avec André. Syn. de Dérien.
Hist. — « Donné et fait en nostre manoir de
Saint-Oyn emprès Paris, le mardi après la saint
Andrien, apostre. » (1315.) — N. Il s'agit bien de
saint André. {Inv. Arch., G., p. 164, 2.) — Cf.
Y Andrienne de Térence.
Ane, s. m. et f. — Cf. Bourdin, Ministre.
N. Ce nom est souvent fait du fém., sans
acception du sexe. Ex. : Il avait eine petite
âne sus sa bagnole. || s. m. Chevalet à tra-
vailler les douelles. — Littré donne le sens
de : étau.
N. — S'explique par la forme du chevalet sur
lequel l'ouvrier, monte à âne ; ou plutôt parce qu'il
s'ouvre comme la mâchoire de l'animal.
Proverbes innombrables. — Manger du pain
à Vâne, — vivre en fainéant. En parlant d'un
homme laborieux, actif : Ça n'est pas du pain à
l'âne qu'il mange ! || Mj. — Lg. — Faire Vâne pour
avoir du son, — faire la hôte dans un but intéressé,
faire l'hypocrite pour se faire bien venir de quel-
qu'un.' Il Rester en figure d'âne, — rester déconte-
nancé, déconfit, etc., etc.
Anémie (Mj.), adj. quai. — Employé pour :
anémié, anémique. Cf. Asme.
Anet° (Lg.), adv. — Aujourd'hui. Doubl,
et syn. de Anuit, Enhuit. Cf. Net, Ménet.
Mot vieilli.
Anetter (Q., Zig. 171), v. a. — Buvotter,
mettre une bouteille à net.
Anganciel (Chl.) — Pour : Arc-en-ciel. Cf.
Argancier.
Ange (Mj.), s. m. — Lit à l'ange, — lit très
élevé, jadis exclusivement en usage dans nos
38
ANGELOT' — ANICLER
campagnes. On n'en voit plus guère aujour-
d'hui V. Bateau. \\ Qqf. ange est du fém. « Il
est comme eine petite ange. || Ange -de -chemi-
née. V. Andouille.
N. — Le nom du lit lui vient de ce qu'il est sans
colonnes et à rideaux relevés, figurant des ailes.
Angelot', (Mj.), s. m. — Enfant que l'on
habille de blanc pour figurer dans une proces-
sion, et qui jette des fleurs devant le dais
(Fu.), id.
Hist. — Un jeune paige... tant bien testonné,
tant bien tiré, tant bien épousseté, tant honneste
en son maintien, que trop mieux ressembloit
quelque petit angelot qu'un homme. » (Rab.. G.,
I, 15.)
Angevine. — Voir aussi ce mot et Angeine
au Folk-Lore. — Angevine, prononcé
dans tout le Choletais Anjuine, paraît
bien être particulier à l'Anjou (Fu). C'était,
c'est encore une date commerciale, une
échéance. Le sanctuaire de Notre-Dame
V Anjuine était le Marillais. — La même fête
en Poitou s'appelle « La Bonne Dame ». || Ec.
Notre-Dame d' Anjuine, dans le nord d'An-
gers. La fête, la foire de V Anjuine, où il se
vend une spécialité.
N. — Ne dites pas : Une Angevine couenneuse,
mais : une angine couenneuse. (A. V.)
Hist. — « C'est à luy (Mgr saint Maurille) fut
divinement révélé la teste de la Nativité deNostre-
Dame devoir estre en septembre, 8« jour, célébrée;
parquoy la dicte feste de la Nativité print son nom
de Langevine, combien que aucuns allèguent
d'autres raisons. » (J. de BotiRD., Chroniq., 17-.)
— Monnaie ; cens annuel. L'opinion de Du Caxge
est que la fête de la Nativité de la Vierge a été
nommée Angevine, parce qu'en Anjou le payement
des cens et rentes, le payement de V Angevine se fait
ordinairement le jour de cette fête. » (Cité par
La Curne.) — « U Angevine vaut 120 livres en
évangiles et frairie. Cette année, je reçus 104 me-
sures pendant l'octave et le jour de la feste ; la
dépense me coûta 65 livres en tout. >- Béhuard.
(Inv. Arch.,n, E. S, 315, 1.)
Anglose, adj. quai. — Pour : Angleux, se.
Se dit d'une noix qui s'ouvre mal et se fend
par éclats. L'amande, enchâssée dans des
angles, des coins, est difficile à extraire. —
Fr. : Anguleux. i| Ec. On dit : Eine noix
anglouse, ou très long.
Angon (Br.), s. m. — Sorte de charrue. —
L'angon laisse une rigole plus profonde que
la raise, pour assainir un terrain cassif. —
Sans doute le Huau ou Vau.
Angiienas (Fe), s. m. — Embarras. — Il y
a de Vanguenas, — les choses ne vont pas
toutes seules. — Peut-être du vjc fr. Engei-
gner? Devrait alors s'écrire par un E.
Anguille, s. f. — Prononcez Andille. —
Mouchoir roulé en forme de serpent ou d'an-
guille, avec lequel les enfants se donnent des
coups en jouant. — Se trouve dans Litt. et
le Dict. gén. \\ Anguillettes, diminutif. || Ec.
La peau d'anguille servait à attacher le flau
{fléau) à son manche pour les batteries, avant
les batteuses mécaniques. || Anguille de haie,
— vipère. || Y a anguille sous roche, qq.
secret.
N. — La peau d'anguille servait à fouetter les
enfants, nous dit Isidore. (Litt.)
Anguir (Sar.), v. a. — Faire anguir un nid,
— en faire fuir la mère pour tout à fait. V.
Aillir, Hadir.
Angustié, adj. quai. — Étroit.
Hist. — (( Tous endroits plus ou moins angus-
tiés. 1) (Nouvelles archéol. ; cité par M. l'abbé Bre-
TAtJDEAU.)
Anhuit' (partout), adv. — Aujourd'hui, et
non pas : cette nuit. — Le breton emploie au
même sens Hinihue, Hirihue, ^idihue
(R. O.). — V. Enhuit, Anuit. || D^ anhuit en
jours, — dans qqs jours. || Ec. — Au S. O.,
aux bords de la Loire, surtout, on fait sentir
un t final dans un gi'and nombre de mots qui
n'en ont pas : icit', enhuit'. Au N. E., c'est le
contraire : anhui, ici, c'est un fai (fait),
d'méshui. — On dit cependant : d'anhuit' en
huit. — Bords de la Mayenne : d'mes'hé.
Et. Hist. — LiTTRÉ, v» Anuiter : « Anuit, qui
signifiait : cette nuit, était un excellent mot, encore
usité dans qqs provinces. = N. Formé de A, Hodie
(n euphonique), c'est le hui de : aujourd'hui, avec
addition de t sonore. Donc, cela ne signifie pas :
cette nuit. (A. V.) — ■ Rappelle la manière de comp-
ter des Gaulois. (Daguet.) — Non.
— « Aneut à moy, demain à toi.
Anet amy, demain ennemy.
Anit en chère, demain en bière.
Jnet roy, demain rin.
(Vieux proverbes. Cités par Favke.)
— « Car nos non son certain
Si la mort nos penra o ennui o demain. »
(Poème vaudois du XV^ s.. Eveillé.)
Anianter (Mj., Spg.), Aniantir (Lve), v. a.
— Rendre fainéant. De néant. — Corrupt.
de Anéantir, dans un sens spécial. Syn. de
Afainianter, Avesser, Aladrer, Acaignarder,
Acaigner, Haquenir.
Anicer (Sp.), v. a. — Amollir. Syn. de
Haquenir, Arosser. \\ Abrutir. Ex. : Y sont
anicés par la misère. || Fu. — Rendre nice,
rendre difficile. « Assaie donc à ou (cela, le)
faire ! — Nenni, ou-l-est trop nice. » — « Mon
p'tit gas fait qu'braillei, il é nice comme eine
pochée. )) — « Va donc, bouguer' de nice
poche ! » \. Anicler.
Et. — Dér. du fr. Nice. — La Curxe dit :
Anicher, Anicer, — mettre au nid. — (Alors, par
extension, dorloter comme dans un nid? A. V.)
Anicler Aniqueler (Sa., Bn.), v. a. —
Énerver, amollir, rendre paresseux. — Syn.
de Anianter, Anicer, Aniantir, Aladrer, etc.
V. Anianter. \\ Aniclé. — Casanier (By).
Est-il tout de même aniclé, là ! jamais on ne
le voit sortir de chez lui ! » — S' anicler. \'\
Semble un diminut. de Anicer.
Et. — On disait jadis : Adnichiler, en aspirant
fortement l'h et prononçant le ch. — On trouve
dans M.-VKOT : anichiler, réduire à rien, ad, nihil. —
« Aniclé se dit du blé dont les grains sont retraits,
réduits à rien. » (Jaub.) — « S' anicler, perdre ses
ANILLE — ANTIQUE
39
forces, s'abattre, s'abandonner, s'endormir sur la
besogne, se ramasser au coin du feu, se blottir. « —
A rapprocher, par curiosité, de l'argot moderne :
Avoir les pieds nickelés : J'ai les pieds nickelés,
— je ne marche pas.
Anille (Av., Ségr., Ec, Mj., Lue), s. f. —
Manivelle adaptée à un volant, à un arbre de
couche, d'une tarare, d'un hache-paille, etc.,
pour tourner à bras d'homme. i| Anille de
puits. Il Fer de moulin, mis autour des
moyeux pour les fortifier. || Sar., Doué. —
Anilles, — béquilles. « Il marche avec des
ânilles. || Bras de rouet, petit treuil. j| Poi-
gnées du gournâs, ou gourneau. — Syn. de
Brassail.
E. — « Ane. fr. Aneille ; lat. popul. : anaticula
(D. C), petit canard, puis son bec seulement, puis
tout objet de cette forme, bec de cane, béquille. «
(Dict. gén.) — « Bâton de vieille ou de vieillard. En
latin : anilis (anus, vieille femme ; étymol. tout
autre). Renvoie à Ménage. (L. C.) — « S'anéyer,
vieillir, se voûter, marcher avec des ânilles. »
(DOTT.)
Anis (Mj.), s. m. Anis. L'a est très long.
Année (Mj.), s. f. — Prononcez An-née;
an, très nasal. « Y en a comme par la bonne
année, — il y en a à foison. |i A longue d'année
— '■ toute l'année. (Zig. 131). || Pour : annuit,
— aujourd'hui (Segr.). — Alors il faut écrire
Annet. || Récolte annuelle, revenu d'une
ferme, d'une propriété pendant une année.
Ex. : J'arons eine bonne demi-année. Manière
de parler des paysans qui ne veulent jamais
avouer que l'année sera bonne (Dott.). — [j
Prendre ses années, — avoir sa date de nais-
sance. Ex. : A prend ses années au mois de
juun. Il Proverbes : En 1615, Vannée des
grandes eaux ; en 1661, chère année ; en 1599,
année vineuse. — Année de vins, deux années
sèches, disent les vignerons (Mén.).
N. — Ec. — Sur les bords de la Loire, là où l'on
a qu = t, par ex. : Vanquié oppose de menqui
(quand on ne veut pas dire la vérité, mais ne pas
mentir non plus, on dit : vanquié, peut-être ; ce
n'est ni oui, ni non), là on prononce An-née. Au
N.-E., on dit : a-née, a bref. — De même pour an-
nimal, an-nivarsaire. — (Vantiers est pour :
v'iontiers.)
Annelier, adj. quai. — Se dit dans le pro-
verbe : Février annelier. — Dans ce mois les
mariages sont nombreux.
Et. Hist. — De Anneau, jadis Anel. — « Où l'on
voit des anneaux, qui porte des anneaux. — • Le
quart (doigt) est appelé annelier pour ce qu'on met
les anneaux par coustume en cestuy doigt. » (God.)
Cf. Gamélion. — Mois du calendrier athénien qui
fut d'abord le premier et qui devint ensuite le
septième ; il correspondait à partie de janvier et de
février. — En grec : Gamêliôn, de Gamêlioç, qui a
rapport au mariage, de Gamoç, mariage ; ainsi dit
parce que la plupart des mariages se faisaient en ce
mois. (Litt.) On voit la concordance, au moins
curieuse.
Anninial (Mj.), s. m. — Prononcer An-iii-
mal, an nasal.
Anniniuii (^Ij., Lg-, Tlm.), s. m. — Animal.
— Prononcez An-nimau (voir note à Année).
Forme vieillie, surtout à Mj., où on ne l'em-
ploie plus guère qu'en plaisantant, dans la
locut. : Queun animau vart ! — quel diable,
quelle bête enragée. — Cf. Jaub., citation.
Anombrer (Tlm., Mj.), v. n. — Faire
nombre. Ex. : Des bonhommes comme ça
dans le conseil, ça ne sart qu'à anombrer.
Et. Hist. — Lat. Annumerare, assembler des
nombres. — « Sathanas. . . enticha David qui il
feist anumhrer ces de Lsraël. » — C'est le dénom-
brement. (L. C.) — • Enumérer : ■
— « Nul ne savereit aconter
Ne les miracles anombrer J
Que deus i fait. »
(Vie de saint Tliomas: de Canterhury, v. 1291.X. C.)
Anote (Ec), s. f. — Plante. Est-ce la joua-
nette? (Une petite ombellifère des prairies,
Foenanthe, je crois). Son tubercule est bon,
quand il est assaisonné (mûr), avec son petit
goût de noisette.
N. — R. O. ne connaît pas ce mot. « Je remarque
la ressemblance de ce mot avec Abernote, qui est
aussi une plante à tubercules ; mais je n'en
conclus pas que ce soit la même. Je suis même per-
suadé du contraire, s'il s'agit d'une ombellifère
Jaubert donne : Anottes, gesse tubéreuse, ç.-à.d.
la plante appelée à Mj. Jôgnerote, qui est une légu-
mineuse (Gesse tubéreuse, lathyrus tuberosus ;
vulgairement Mitrouillet, jagnerote (Bataed.), et
non une ombellifère. — Le correspondant d'Ec. se
demande si son Anote ne serait point la Jouanette,
petite ombellifère des prairies (sans doute celle qui
est appelée à Mj. Pavereau), qui, d'après lui, serait
une œnanthe. Peut-être, en tout cas, ce ne serait
pas l'œnanthe safrané, celui qui est appelé Pépé ou
Pain- feu.
Anouguière (Pell.), adj. quai. Syn. de
Nogiiière.
Anquiller, Enquiller. — D'où vient ce mot?
Ec. — On anguille son pardessus par dessus
son petit veston, et on a l'air habillé.
Ansée (Po), s. f. — Une oie.
Et. Hist. — Lat. Anser. — « Un lict a triple
couche de plume anserine. » (Rab., G., 20.)
Ante, s. f. — Se disait pour : tante, d'après
l'abbé GoRBLET (Méx.).
Et. Hist. — Lat. Amita (ma ante, ta ante, sa
ante ; ta ante a donné : tante ; comme m'amie, mon
amie, a donné : ma mie, etc.) — Angl. Aunt.
— « Il eut un oncle limosin
Qui fut frère de sa belle ante. »
Farce de Pathelin.)
Antécbrisse (Mj.), s. m. — Antéchrist.
( Variantes : Antecriz, Andecris, Entrecriz —
dans GoD.)
Autlirac (Lg.), s. m. — Anthrax.
Hist. — Un anthrac. vulgairement dit un clou
(GoD.)
Antiniancher (Segr.), v. a. — Arranger
difficilement une chose mal commencée ;
tenir des propos dilTus. || Fu. Emmêler.
J^^sais pas comment qu"ou-l-est entimanché
(Écrit par un E initial, comme Emmancher).
Antique (d") (Lg.), loc. adv. — Du temps
jadis, \ . Leulin au Folk-Lore, IX.
40
ANTISSER — APARCÉVANCE
Antisser (Bf.),v. a. — Exciler qqn. || Ec.
Anticher ou Enticher.
Anucher (Segr.), v. a. — Bredasser. « QuC
nous anuches-tu là? — que dis-tu? (Mén.)
(Favre) Lire très mal, ne pouvoir pas déchiffrer
ce qu'on lit.
Anuit, Enhuit (Partout). — V. Anhuit
que cet article complète. — Au jour d'anuit,
au joui d'aujourd'hui, à notre époque. |1 Fu.
Anuit, et, plus vieux : Ané, aujourd'hui.
Au Fuilet, le t final n'est pas sonore, excepté
dans l'expression d'anhuif en huit, d' anhuit'
en quinze. || Syn. et doubl. de Anet.
Et. Hist. — « Les Gaulois ne comptaient pas par
les jours, mais par les nuits. Voilà pourquoi les
paysans et le peuple disent encore à-nuit, d'à-nuit
en huit, pour dire : aujourd'hui, d'aujourd'hui en
huit. (J. B. — E. h., I, 33.) — N. J'ai tenu à citer
cette opinion de Bodin, mais je ne la partage pas.
Si elle était fondée, comment se ferait-il que nos
Bretons, ces survivants directs des Celtes, si
fidèles aux coutumes ancestrales, ne comptent pas
par nuits? Comment expliquer leur mot Hinihué
ou Hiniwe, qui signifie précisément : aujourd'hui,
et qui n'a pas de rapport avec la nuit? N'est-il
pas plus logique de voir dans ce mot ou bien l'ori-
gine oui bien une corruption de notre vocable
Anuit, anhuit, enhuit? (R. O.) — « On a prétendu
que les Allemands, les Francs, les Gaulois comptant
par nuits (preuves nombreuses), ce mot venait de :
kac nocle. Non, mais de in, hodie, en hui, anuit. De
hodie nous avons fait huy, qui est encore en usage
dans le Palais, où l'on dit : dans huy, pour : dans ce
jour, qui est la même chose que aujourd'huy, au
jour de huy. On dit -. m hodie, comme on dit : in
de mane, dont nous avons fait en demain, puis
Vendemain, puis lendemain, en incorporant l'article
au mot. )) (Lor. Larchey.) — ■ On retrouve ce
double sens de jour et de nuit :
— « Hui ont eu maie journée,
Anuit aront maie vesprée. « (L. C.\
— « Il s'en vint à lui tout joyeulx
A celle fin de le tromper,
En disant : Mon voisin, je veux
Vous donner annuyi à souper. »
(Villon La Repue du Pelletier. — Jaub.)
N. • — Par curiosité, je cite ces variantes du mot :
Annuit, anuyt, anuict, annuict, annuyt, anhuy,
enuit, ennuit, ennuyt, henuit, enhuy, enoit, ennoit,
enut, eneut, anheux. — « Ce que tu peux faire
annuit, n'attends pas au lendemain. » (MoNLtrc,
Comni., I, 128. — God.) Cet exemple est-il assez
concluant?
— « Encore aujourd'hui, nos paysans pro-
noncent souvent : en huit, ajoutant un t eupho-
nique, comme ennuit, et faisant sonner le t, ce qui
a fait croire qu'ils voulaient dire : en la nuit, par
suite de l'usage, qu'on a prétendu avoir existé chez
les Gaulois, de compter le temps non par jours,
mais par nuits. . . Il ne faudrait pas confondre En
nuit et A nuit, de nuit, ou cette nuit, avec enhui. —
Selon M. Rathery, annuit, anuit ont été employés
souvent dans le sens de .- aujourd'hui, sans que
l'idée de nuit intervint. Il en est toujours ainsi
dans l'Anjou.
— « Ma fille Anne, dépêchez-vous,
Si serez au temple menée ;
A Joachim vous ai menée
Qui ennuit vous épousera. «
(Wace, De la Conception. — Jaub.)
— « En hui, aujourd'hui : comme on dit : d'hui
en un an. — « Recommandez-vous à lui, et vous y
serez en hui. » (Bon. des Périees, Conte 50. — Id.)
— « Mais il me torne à grant anui
Qu'anuit nos somes oblié
Que nos n'avons mie soné
As vespres, ne à la vigile. » (Renart, 21, 493.)
— « Le temps est noir en diable, à nuit, et la
rue pleine de gadoue. » (La scène a lieu vers midi
— Hist. du ex temps, p. 391.)
J'ai cru devoir donner oe développement à
l'explication d'un mot des plus usités, très curieux,
et dont l'étymologie est souvent contestée. Le
lecteur, j'ose le croire, n'hésitera plus.
Anvain (Segr.), s. m. — Petit reptile inof-
fensif qui se brise facilement. — C'est l'Orvet.
— Dans quelques provinces on l'appelle
Anœil, sans doute à cause de la petitesse de
ses yeux. || Ec. : Anvrain (orvet, serpent de
verre). || Syn. et doubl. de Envrun, Envrogne.
Sourd, salamandre? — On connaît le pro-
verbe :
Si anvrain voyait
Et sourd entendait,
Jamais homin' vivrait.
Aoir (Lms.), — Z.
Aouillage, s. m. -
vaut :
196. —Avoir.
— Ouillage. Voir le sui-
Aoiiiller, v. a. — Ouiller. — On dit, à Ec,
AvouiUer, puis : ravouillei: Par ext. : « Le pot
au feu qui a été ravouillé ne vaut guère. » —
J'en suis /•aco«i7/é. »
Et. — « Ouiller, pour : aouiller, aoiller, composé
de A, Œil, sous sa forme atone ; proprement : rem-
plir jusqu'à l'œil (la bonde) un tonneau à mesure
qu'il se vide par évapora tion. « (Dict. gén.) —
La Curne donne la même explication pour : œiller.
Il ajoute : Le composé : aouiller vient peut-être
d'adoliare, fait sur dolium (barrique), comme
Entonner a été fait sur Tonne. Ulpien donne la
forme Doliare. (Note de l'Editeur.) — Aœiller,
aoiUier, — jouer de la prunelle, jeter les yeux sur :
. . .remplir un tonneau jusqu'à la bonde, l'œil.
Italien : adocchiare. (D^ A. Bos.) — AvouiUer, —
jeter de l'eau. (Orain.) — Aouillage. (Reiiie
d'Anjou, août 1883.)
.4oûter, Aouster, v. a. — Moissonner. Le
mot fr. signifie : rendre mûr : « Les rameaux
bien aoûtés ne craignent pas les rigueurs de
l'hiver. (Ec.)
Et. Hist. — Vient du mois d'Août, qui mûrit les
fruits par sa chaleur. Série des transformations :
Augustum, agostu, aost, aoust, août, oût. —
« Faucher, fener, aouster, vendenger. » (Coui.-
d' Anjou, n, 105.) — Un Aoùteur, Aoûteron, — un
moissonneur.
Apadanser (-Vg.), v. a. — Suspendre. Cf.
Dépadanser. Pour Appendanser, appendre
une chose. Une apandansée, dans le Bas-
Maine, est une réunion de plusieurs objets
su.spendus ensemble.
Aparcévance (Mj.), s. f — Perspicacité. V.
Aparch'ant.
Et. Hist. — Vue, et, fig. action d'apercevoir, sen-
timent que l'on a d'une chose, jugement approxi-
matif qu'on en porte. — « Il a une bonne aparcé-
vance », pour : Il a la vue longue, ou : Il a de la
sagacité. » — « Suivant mon aparcévance, ça finira
mal. » — « De tant comme il y avoit moins de
péril, de tant y eut-il plus do aparcévance à penser
APARCÉVANT — APLAQUERÉ
41
ce que besoing seroit. » (God.) — Projet, dessein,
chose en vue. (My.)
Aparcévant (Mj.), aclj. verb. — Perspicace.
Il Ombrageux, en parlant d'un cheval. — Ex. :
Le chevau est bon, mais, par exemple, il est
aparcévant. — Corrupt. du fr. — ■ En hippia-
trique : cheval dont les yeux sont trop en
saillie.
Hist. — « Mon oncle Martineau, de Pellouailles,
n'est pas encore arrivé ! Pourvu qu'il n'ait pas eu
un accident en route ; sa jument est si apercevante'. »
(C. Lerodx-Cesbron, Souvenirs d'un maire de vil-
lage. )
Aparcévoir (Mj.), v. a. — Apercevoir.
Aparçii (Mj.), part. pas. — • S'emploie dans
l'express. : Se trouver aparçu, — ■ s'apercevoir.
Ex. : Je ne m'en se point trouvé aparçii qu'a-
près que j'ai été rendu. || Au Fuilet, on
n'adjoint pas : trouvé.
Apart (Mj., Lg.), s. m. — Compte particu-
lier, état contraire à l'indivision ou à la com-
munauté, existence indépendante. Ex. : Il
s'est mis à son apart.
Et. — La Curne le dérive de : à, par. prépos., à
par (soi), tout seul, séparément : lat. : per se. . . La
prépos. par est une altération du subst. part. « En
agissant à-par-soi, ou : pour soi, on agit seul, et
pour ainsi dire : à part. On soupçonne donc que
cette idée particulière étant généralisée, l'expres-
sion : à-par-soi aura signifié ; tout seul, séparément,
et que la signification de par étant devenue la
même que celle du subst. part, on aura substitué
1 e subst. à la prépos., laquelle, étant précédée de
à, paraissait elle-même être un substantif. Telle
pourrait être l'origine ancienne de notre expression:
à-part, à-par-soi. — V. Par.
Apatiner (Tlm.), v. a. — • Faire des portées,
au jeu de cartes. V. Patiner. C'est : manier
avec ses pattes, — mis ici pou? : mains.
Apégnocher (Lg.), v. a. — Gâter, amollir
par trop de soins. — Dér. de Pégnocher.
Apénoter (Tlm.), v. a. — Chercher à attirer
par des flatteries ou des caresses ; aguicher.
Syn. de Acquiârer.
Et. — Ne serait-ce pas pour A-peloter, manier
comme une pelote? On dit : peloter qqn, dans le
même sens, pour en obtenir une faveur. Ou de
Pégnaud, Pégnot, donc du franc. Peine?
Apériteur (Ag.), s. m. — Nom donné à
Tolève qui, interrogé le premier aux examens,
devait prononcer un discours. (An/. hi.-<tor.,
l''" année, n° 1, p. 51.)
Et. — Du lat. Aperire, ouvrir, au sens de : com-
mencer. — Cf. l'apéritif moderne. — Ne pas con-
fondre avec Appariteurs, huissiers ou bedeaux, en
lat. Apparitores, parce qu'ils paraissaient sous les
yeux du magistrat pour lui rendre service. « Ceux-ci
ne sont, proprement parlant, diables d'enfer, ils en
sont apariteurs et ministres. » (Rab., 4, Prol.)
BOREL.
.4petiss«'r (Ec), v. a. — On dit : apetisser,
faire des apetis.sures ; élever, faire des éle-
vures, des tcrue.^. — Une laceuse, — de lacer
(faire des las, des lacs ; laqueos facere). Un
lacet (laqueus). — On dit aussi : mailler, qui
n'est pas syn. de Armender. Lacer, c'est faire
du neuf ; mailler, terme général ; armender,
c'est raccommoder un engin. \\ Fu., Mj. — v.
n. Devenir plus petit. « Il é point grand ; je
cré qu'il a encore apetissé depuis la dârniére
foué que j'I'aouais vu. »
Apetissure (Mj.), s. f. — Endroit d'un
ouvrage de tricot où deux mailles ont été
prises ensemble pour n'en faire qu'une seule.
Il Ec. — Eine bonne laceuse compte ben ses
apetissures et ses écrues ; elle doit choisir son
moule et serrer ben égal, pour que son engin
ait toujours autant d'aunes.
.4petitzir (Lg.), v. a. — Rendre plus petit,
diminuer.
Apette, s. f. — Avette, abeille.
Apêvrer (Lg.), v. a. — Engazonner, enher-
ber. Syn. de Apréier. — • Dér. de Pêvre. Cf.
Depêvrer.
Aphyxier (Mj.), v. n. — Etre asphyxié. Se
construit comme : étouffer. Ex. : ^'allons
aphyxier là dedans. !| A Ec, on dit : Asphy-
xer.
Apienger, v. a. — C'est faire rentrer les
choux dans le pot quand le bouillon les sou-
lève. V. Aplangir.
Et. — J'y verrais : à et p/onger, avec pi mouillé.
Je trouve dans Dacjxet : Appyenger, enfoncer
dans l'eau (linge, chanvre, etc.) — Dottix donne
aussi ce mot. — V. Aplangir, où l'étymologie est
meilleure. — Godefrov : Aplaner, Aplaigner.
(Supplément.) H Ec. — Faire pinger, pour : plonger.
« Ça pinge-t-i ben, un taignoux ! »
Apiées. — V. Appiés.
Apiétages (Chm.), s. m. — Tous les outils
d'une ferme. « Les apiétages ont été estimés.. »
Charrues, herses, rouleaux, etc. — V. Appiés.
N. — Apye, aplet, — timon qu'on met entre
deux bœufs. — Apyétaj, — outillage agricole.
(DOTT.)
Apifurer, v. a. — Etre apifuré après qqn,
c'est s'acharnei'. (Méx., qui le tire de Apis,
abeille.)
Apincrer (Chl.), a. v. — Saisir. — Cf. Pin-
crer, [j Sal. Obtenir, saisir par moyens habiles.
Apiper (Mj.), v. a. — Piper, cajoler, attirer,
séduire, affrioler, apprivoiser. Ex. : Tu fais
ça pour m'apiper.
Et. — Piper. Lat. popul. Pippare ; classiq. Pi-
pare ; glous.ser, pousser un petit cri. — Imiter le cri
de la chouette ou celui des oiseaux pour les attirer
et les prendre. (Dict. gcn.) — Cf. Pipée. — Duper en
séduisant.
Apipoter (Sa!.),
leries.
Ap/an
Et. —
sujet de l'adoucissement de ch en g, cf. Rouget,
pour Houchet. V. Apienger.
-ip/aqueré (Z. 122), adj. quai. — Etendu
comme aplati en forme de plaque. \\ Fu.
Terre mal travaillée ; — mal fait, en plaques.
Attirer par des cageo-
;ir " (Lg.), v. a. — Aplanir, niveler.
Pour : aplanchir, dér. de Planclie. Au
42
APLASSER — APPIËS
Aplasser (Fu), v. a. — Tasser de la terre,
du foin, des objets, pour réduire la place
occupée et pour consolider.
— Aplatir. — Sou-
Débinage, par anti-
Aplatezir (Lg.), v. a.
vent /;/ mouillé.
Apologie (Mj.), s. f. —
phrase.
Apothiquer (Cht.), v. a. — Corrupt. du
mot franc. Hypothéquer, par confusion avec
le mot plus connu : Apothicaiic
Et. — Du grec : hypothèkè, mis en gage. — Cf.
Boutiquier. V. Hympothiquer.
Apotichonner (Segr.), v. a. — Mettre dans
un pot, en tas. Syn. à' Ah idole r. — Une per-
sonne apotichonnée ou courbée. (Mén.). —
De Pot ou Potiche.
N. — Apotir ; mitonner, laisser cuire, infuser,
épaissir dans un pot. (Jaub.)
Apotironner (s') (Fu), v. réf. — S'accroupir
en formant une boule comme le potiron. —
Syn. de s' Apouguenir.
Apôtre (Mj.), s. m. — Individu, paroissien.
Ex. : J'sais pas qui que c'est que cet apôtre là.
Apouguenir (s') (Mj., Chl.), v. n. — S'ac-
croupir. ■; Fu. S'Aquenir. Syn. V. S'A??iouir.
Apparager (Mj., Lg.), v. a. — Appareiller,
apparier : Apparsonner. Ex. : C'est deux
bceufs ben apparagés. \\ Comparer, assimiler.
Ex. : Je ne sarais mieux Vapparager qu'à
nein fou. — Cf. Parageau.
Et. Hist. — Dérive, comme les mots français
auxquels il répond, de Ad, et Par (égal), avec un
suffixe différent. — A rapprocher du breton Com-
paragein, comparer. — Le vx fr. avait Pairier, d'où
Pairie. — « L'on demande si, après le décès du
père, . . .la mère noble, ou veuve, ou séparée, peut
marier et emparager noblement sa fille. » (Coust.
d'Anj., t. IL col. 26.)
Apparaissancc (Lue, Lg., Fu., Mj.), s. f. —
Apparence, symptôme. || J'ai entendu ce mot
appliqué à la poitrine, très rebondie, d'une
dame. « Elle a de belles apparaissances. »
D'ailleurs, L. C. donne le sens de : saillie, ce
qui explique le vocable.
Hist. :
<( Mon Die«, je ne vois point encore apparoissance
De pouvoir donner joie à mes langoureux jours.
(Brantôme. — Cité par Jaub.)
— « Il y a cette année une belle apparessence de
récoltes. » (Orain.) — Dérive régulièrement de
Apparaissant.
Apparégé — V. Apparager.
.ipparemoient que (Mj., etc.). — Il paraît
que.
Apparés (Ec). Appareils. Les apparés
(apparaux), tout ce dont il faut munir un
bateau au moment de partir ; tout l'attirail
de la pêche.
Apparsonner (Lg.), v. a. — Apparier, deux
bœufs ; trouver un parsonnier à un bœuf
resté soulet. On dit aussi Apparager.
Appartenance (Lg.), s. f. — Propriété,
domaine. Ex. : Il a eine belle petite apparte-
nance.
N. — Le mot est dans le Dict. gén., mais avec un
sens moins étendu.
Appartènement (Sp.), s. m. — Dépendances
d'une maison, d'un moulin, etc. || Immeuble
par destination.
N. — Ce mot est collectif et ne s'emploie qu'au
sing.
Et. — Dér. de Appartenir. — Dans le Centre :
Appartenue, ...dépendances, enclos d'une cer-
taine étendue.
Appartenir (Mj.), v. a. — Etre dû légiti-
mement. — Ex. : Il illi appartient pus qu'ça
pour ceté travail là. !| Etre le propre de, le
fait de. Ex. : I n'appartient qu'à ein sot de
causer comme ça.
Hist. :
« Chascun crioit : Villaine charbonnière,
T'appartient-il tov trouver par chemin ? »
(Rab., g., I, 2, 8.)
— DoTTix : Combien qu'i V appartient^. (Com-
bien t'est-il dû?)
Apparution (Mj.), s. f. — Apparition. —
On dit fort bien Comparution.
.Appât (Mj.), s. m. — Portée, série de cartes
préparées dans un jeu. — Syn. de Patin.
N. — (Fu.) Se dit de ce qu'on prépare pour atti-
rer le poisson dans un certain endroit de la rivière,
et non de ce qui se met à l'hameçon, qui est
l'amorce. Par extension, se dit de 'endroit même
où le pêcheur a coutume de s'mstaller. Chaque
pêcheur de brèmes, sur i'Erdre ou sur la Moine, a
son appât respecté des rivaux. !| Appât fûté. En-
droit d'où le poisson s'est éloigné, parce que le
pêcheur y a longtemps fait des prises, ou parce
qu'un pêcheur jaloux l'a fait fuir en l'y troublant
ou en usant de maléfices.
Appâter (Mj), v. a. — Faire des appâts,
des portées de cartes. Syn. de Patiner, Apa-
tiner.
Appâturer (Lg.), v. a. ^ Panser, les bes-
tiaux, leur donner une^ration de.
-ippeler (Mj., Fu), v. a. — Appeler des
noms, donner des surnoms, couvrir d'épi-
thètes injurieuses. Ex. : Il m appelle des noms!
dira un écolier à son maître en se plaignant
d'un camarade.
Appeleurs (Ec), s. m. — Canards qui
servent aux huttiers pour appeler les canards
sauvages. En fr. : Appelante.
Appentés. — Demi comble en auvent
appuyé à une muraille. (Revue d'Anjou,
août 1883). Appentis.
Et. — Du [iat. Appendicium, de Appendere.
Toit appuyé à un mur par sa partie supérieure, et
soutenu dans sa partie inférieure par des poteaux.
— Mais, L.4. CuRXE : « Ce mot semble fait sur :
pente. Appendicium, qui est souvent cité, aurait
été, comme les mots en itia, terminé en esse ou en
ice. — « La moytié d'une méson qui autresfois fut
à fest, et qui de présent est appentissée. (1467.)
.Appiés (Sa., Lg.), s. m. ou f. plur. — Nom
collectif sous lequel on désigne tout le maté-
APPIQUANT — APPOYER
43
riel agricole, tous les instruments aratoires,
tels que charrues, herses, huaux, journalières
et même : charrettes, jougs, harnais des che-
vaux, etc. — Mot très usité et très caracté-
ristique.
Et. Hist. — « J'estime que ce mpt doit s'écrire
Appiés ou Appiées. Il serait pour Appliés ou
Appliées, participe passé pris substantivement
d'un verbe aujourd'hui désuet, Applier, doublet du
fr. Appliquer, comme Abrier est le doublet de
Abriter. Le v. Applier était formé du lat. Appli-
care, comme le fr. Prier dérive de Precari. Il devait
avoir le sens de : appliquer, employer, utiliser, en
sorte que les Appliés étaient bien les ustensiles.
Remarquons que ce verbe angevin se retrouve
dans l'angl. to Apply, qui a le même sens, et obser-
vons encore que l'angl. en a dérivé le subst. Ap-
pliances, qui a un sens très voisin, quoique plus
étendu, de notre Appiés. (R. O.) — « Aplet. ou
Appelet, filet pour la pêche du hareng. De à et plet,
radical qui se trouve dans em-plet-te. Provençal
Apleg, apleit, outil. Aplet ou Aploit signifiait toute
espèce d'outil, ou, comme on disait, de harnois. »
(LxTT.) — V. Apiétages. — « Du Cange, v° Aploï-
dum, dit : l'"' sens, filet de pêche ; du grec aploos,
simple, d'où aplo'is, vestis simplex. D'où le filet dit
Aploïdum, parce qu'il est maillé très fin. Encore
aujourd'hui, en Normandie, Aplets : « As-tu tous
tes aplets"! » tout ce qu'il faut pour pêcher? —
Prononcez le pi. mouillé, et nous voici â Apiés.
(N. — En général, je n'aime pas beaucoup les éty-
mologies tirées du grec pour expliquer des mots
patois. Mais, ici, le mot étant usité en Provence, on
peut l'admettre ; puis il a été transporté par les
marins dans les ports de l'Océan et de la Manche.
(A. V.) — 2° Terme général, s'appliquant aux har-
nais du bœuf et du cheval : Aplait, Applect, Ap-
plois : « Des forfaitures que les sergants prendront...
de ce qui sera porté à somme, auront la somme et
les bas et Aplait, autrement harnais... (1376.) — »
« Icellui Messent donna d'un Applect à beufs, dont
on lye ou attelé les beufs. — Vide Explectum. —
PI. mouillé.
Appliquant, adj. verb. — Qui exige beau-
coup d'application, d'attention. Se dit d'un
travail. Syn. de Attentionnant.
Appointement, s. m. — Cadeau.
Et. — Vient de A et Point ; somme qui fait le
solde d'un compte ; salaire annuel d'une place. Ici,
sens spécial. — Hist. On lit dans un vieux Noël
angevin :
« Pour aller voir l'accouchée
Ce ne fut pas sans présent.
Nous fîmes appointement...^^
Appointiicher (Mj.), V. Appoiniusir. Corr.
de Appointir. Syn. et doubl. de Appointuser.
Il P^u. Aiguiser une branche, un piquet, une
rème de pois.
N. — Dans le centre de la France, on dit Appoin-
tuser, Appointurer.
Appointuser (Lg.), v. a. — Appointir. Syn.
et doulil. de Appoiniusir, Appoinluchcr.
Appointusir (Mj., Lg.), v. a. — Fvai)oiiitii' ,
aiguiser. Quelques-uns disent : Appoinlucher.
— Syn. et doulsl. de Appointuser. Formé
régulièrement de Pointu.
Appontcr, (partout), v a. — Arranger,
arrimer, établir, gréer. Terme de la langue
des mariniers, employé par eux sans cesse et
en toute occasion. || V. réf. S'apponter, s'éta-
blir, s'asseoir commodément pour un travail
une occupation.
Et. Hist. — Dérivé du fr. Pont (de bateau). —
Echafaudage formant une espèce de pont. —
« Assurer, affermir, donner de la stabilité. « Etre
ben apponté », bien établi ; s'apponter dans un fau-
teuil, à table ; poser une pièce de bois au-dessus
d'un vide quelconque, en forme de pont ; appon-
tement, dernier sens du verbe. «(Jacb.) — « Cesser
de travailler, d'agir, d'être en mouvement... »
(( Suant d'ahan enfin sans pouvoir m'apponter une
seule minute dans un fauteuil. » (A. Delvau,
Françoise, 18. — Cité par Favre.)
.4ppoponde. s. m. et f. — • Peu remuant,
corruption incroyable de Hypocondre (Zig.
1.52). — C'est notre Impo pompe de Mj.
Apportit. — Vieille forme de parf. déf. de
verbe de la !''« conjug.
N. — Dans tous les verbes, même de la f" conj.,
le parf. déf. de l'indic. avait autrefois pour termi-
naisons : is, is, it, îmes, îtes, irent. On retrouve
encore parfois ces formes vieillies sur les lèvres de
quelques anciens.
Hist. — « Hérode tuiles Innoçons. » (N. P.)
Appouer (Lms, Zig. 196), v. a. — Appuyer.
Appouet', s. m., Appouette (Mj., Sal.), s. f.
— Appui, support, étai. Diminut. de Appui,
pour : Appuyette. || Appouets de coutières, —
dans un bateau de marinier, contreforts des
coutières, pour que celles-ci ne cèdent pas
sous la pression latérale du mât. Syn. de
Accoure, Abut. V. Appoyettes. \\ Ec. Appoué.
Une appouette, support en bois pour étayer
une branche trop chargée de fruits. — Abourde
(Ljm.). Abutte(Bpu).
Et. — B. L. Appodiare, d'où : appoyer. — Dans
le Centre : Appouer, s'appouer. — « Un petit banc
sans appois. >- (GoD.)
Appouse-cocu (Lg.), s. m. — Petite branche
que l'on a soin de laisser au sommet d'un
arbre de haut vent épié ou élagué dans toute
sa longueur.
Et. — V. Appouser. N. Cocu est pour Cocon ou
Coucou. Le sens est donc : Perchoir au coucou.
Appouser (s') (Mj.), v. réf. — Se pose;-, en
parlant d'un oiseau ou d'un insecte volant.
Hist. — Vx fr. « Apouser... son saiau (sceau). —
« Pantagruel donna à Homenas neuf pièces de drap
d'or frizé sus frize pour être appousées au devant de
la fenêtre ferrée. » (Rab., P., iv, 54.) Cf. s'Erpouser.
Appoyer (Ec), v. a. — S'appoyer, s'ap-
puyer. « Il peut, à c't'heure, se tenir sans
s'appoyer. — V. Bourde.
Et. Hist. — Vx fr. Apoier : appodiare, ad,
podium, hauteur, élévation, d'où Pui ou Puy. —
C'est proprement donner un appui à. (Litt.) —
La Cl-rne. (Du grec : pouç, podoç : lat. pes, pedis,
pied. D'où : podium, soubassement peu élevé et
formant marche le long du mur d'une chambre ou
d'un bâtiment. Dans l'amphithéâtre, ce soubasse-
ment était élevé de 18 pieds au-dessus de l'arène.
En architecture, socle, console. (Note de l'Edi-
teur.) — D'où Appodiare, appuyer. Le sens pri-
mitif est donc : se soutenir sur les pieds, puis, par
extension, toute autre façon de se soutenir, . . .en
posant la main sur un bâton, le eoude sur une
44
APPOYETTES — AQUA
table... — ■« Le suppliant cuida (pensa) tomber à
terre, et luy convint soy espuyer d'un genoil et
d'une main à terre. » — « La Damoyselle se leva
sus, df'-laissant Liziart ^'apoyant à la fenêtre, la
main à la maiselle (joue, maxilla). » — En somme,
Appuyer, c'est : soutenir au moyen d'un Pui,
ç.-à-d. de qqch, d'élevé. (Scheler.)
Appoyettes (Ec), s. f. — On maintient le
saule de c/zasse (aux Canards. V. F. Lore, II),
avec de bonnes appoyettes. Cf. Appouette. ||
Tous étais, surtout perches fixées avec des
osiers ou des cordes. (On dit : Il est couché à
Vappoué d'un mur.)
Apprâillé (Lg.), adj. quai. — Habillé, vêtu.
Mal apprâillé, mal mis. Syn. de Querté, Triflé.
Il Ec. — Ne serait-ce pas Abrâillé, formé
comme Débraillé? || Ou Appareillé?
Apprentif (Sp.), s. m. — Apprenti. C'est
la vieille orthographe.
Et. — Du lat. Apprehendivus. F final secondaire
provenant de v latin, persiste lorsqu'il figure dans
un mot provenant d'une forme d'accusatif en
U'um ; apprenditivum, aprantif. (G. de G.) —
Dans Montaigne, on trouve le fém. Apprentice. —
Apprentive. (Jaub.) — L. C. donne Apprentis,
d'où Apprentissage.
Hist. — « Très habile homme et qui n'est
apprentif au mestier qu'il faict. « (GoD.)
Apprêté (My.), s. m. — Osier fendu, tout
prêt à être employé par les tonneliers pour
leurs cercles. — Cf. Prête. || Fu. Apprête.
Et. -- LiTTRÉ explique Apprêt ou Après par :
Petit coin de bois qui sert aux tonneliers à serrer
les parties d'un tonneau. A, Près. — Je préfère la
première explication.
Appriver (Mj.), v. a. — Apprivoiser, domes-
tiquer. Il Fu. Yeut dire surtout : élever. Ex. :
J'ai v'iu appriver des mêles (merles) ; il (s)
ont cuervet (crevé).
Et. — De Ad et d'un adj. fictif Privois, qui
suppose un bas-latin Privensis, dér. de Privus.
(LiTT.) — Apprivitiare ; ad, privus, itiare (Dict.
Ijén.)
Hist :
« Et toutesfois ave en premier esgard
A Vappricer, sans estre plus esguard.
Et venir veoir icy la compagnie,
Qui de par moy de bon cueur t'en supplie. »
(Rab., Epislre à Jehan Bouchet, p. 606.)
Approcher. — Sens spécial dans Faire
approcher, — absolument Citer devant la
justice, il Fu. Prononcez Appercher. || Qqfois
Communier. !| Mj., S'approcher de, courtiser.
Et. — Lat. Appropinquare. — Hist. « Comme
Jean-Vincent de Barres... soit . a pprouchiez en
nostre cour ou bailliage d'Amiens d'avoir fait raire
(rayer) et fausser par un clerc et alongner une date
de nos lettres. » (1347.) — « Le procureur du roi Ta
fait venir et approchier. >■ (D. C.)
Approcheurs (Tr.). — Les bottiers, dans les
travaux des ardoisières, portaient ce nom,
remplacé aujourd'hui par celui de Bassico-
tiers (Mén.).
N. — Ouvrier qui amène le bois à l'endroit où
l'on construit un train (de bois à flotter). — Lirr.
Appui (Mj.), s. m. — A l'appui de, — contre,
le long de .Ex. : Il est couché à V appui du
mur. V. Appouet.
Appuie- main (Mj.), s. m. — Main courante,
balustrade. Syn. de Tient-main.
Appuyer (Mj.), v. a. — Lancer, asséner,
appliquer avec force. Ex. : Il te illi a appuyé
ein maudit coup de pied dans le ventre ! —
Syn. de Astiquer. \\ Lancer, décocher une
saillie, un bon mot, un propos quelconque.
Ex. : Tout ce qu'il a dit, c'était ben appuyé. \\
Fu. Tenir coup, en terme de charronnage,
appuyer au revers d'une pièce, à l'aide d'un
lourd marteau, pour que le bois supporte le
choc quand on enfonce un clou, quand on
rive.
Aprafiquer (Sp.), v. a. — Achalander,
donner sa pratique. — Syn. de Aclienter.
Et. — Lat. Practicus, — habitude de se fournir
chez un marchand.
Apréier (Mj.), v. a. — Transformer en pré
une terre labourable. On dit dans le même
sens Mettre à pré. — Syn. de Apêvrer.
Et. — D. C. Appratir. — De A, Pré ; lat. pra-
tum. — Hist. « Seront tenus lesdits preneurs et
chacun pour le tout de icelles terres labourables
labourer, lesdits prez faucher, et appratir deue-
ment tout ce qui n'est pas en nature, nettoyer,
deffricher prez et terres fumer. » — Appratare
(Cartulaire de Saint-Aubin) ; appradare, apradare,
apradir.
Aprément (Mj.), adv. — Ardemment. Ex. :
Le chanibe pousse aprément de ce temps-là.
Et. — C'est le mot français dans un sens spécial
et avec la prononciation un peu modifiée.
Après (Mj.), prép. — Faire après, — soi-
gner. Etre après qqn ou qqch., s'en occuper.
Il Eter, se mettre ou s'emmancher après, —
attaquer, taquiner. — Un élève se plaint de
ses camarades : M'sieu, i sont tous après moi !
— Mettez-vous derrière eux, répond le maître,
ils seront devant vous. || Un sens bien curieux
est celui-ci : Etre occupé à. Ainsi : Etre après
manger, c'est : Etre en train de manger. —
« M. X. est-il visible? — Non, répond la
bonne. Monsieur est après déjeûner. » On est
tenté de dire : Eh ! bien, alors, je puis le voir,
puisqu'il est après son déjeûner, j! Dire après,
— réprimander, tancer. || Etre fâché après
qqn., — contre lui, avec lui. Ex. : La paisse
jure après toi. || Après pus temps, — lorsqu'il
n'est plus temps. || Ec. — Adv. — V. Sans.
Hist. — « Je suis après à contracter avec M. de
Racan pour une affaire où j'ay besoin de prendre
bien mes seuretez. » (1613-15. — Inv. Arch., E,
377, 2.) — « Parquoy il commanda adonc à ceux à
qui il en avoit baillé la charge, qu'ilz se meissent
après. )> (Amyot. Vie d'Alexandrt.)
Apure (Lue), s. f. — Endroit d'un champ
où l'eau suinte. — Dér. de Purer.
Aqua (Mj., Sp.), s. m. — Prononcez Aca. —
Chute d'eau abondante. — On dit insépara-
blement : Ein aqua d'eau. Syn. de Laça. V.
Accadiau.
AQUÉGNY — ARAI
45
Et. — On peut rapporter Aqua et sa forme
adoucie Agiia au lat. Aqua, eau. Mais il convient
mieux de les rattacher au lat. Cadere, casum, tom-
ber, chute, et d'écrire Aca, Aga. L'a final est très
bref.
Aquésni (Chl.), adj. quai. — Malade. V.
s' Aqueniller. Dovibl. de Haquenir.
N. — « Aquenir, maigrir ; s'aquenir, s'avachir,
devenir paresseux, lâche, sans vigueur. (Borel.)
Aqiieneiller (Lg.), v. a. — Agglomérer en
mèches raides le poil, la laine. — Syn. de
Aquenetter, Aqueteiller. — Paraît dér. du fr.
Quenouille.
Aquenetter (Lg.), v. a. — Même sens que
le précédent. Syn. de Aqueteiller. — Dér. de
Quenelle.
Aqueniller (s'). — (Br.), v. réf. — Se croire
malade, se laisser aller. Ex. : Faut pas vous
aqueniller comme ça ! — V. Aqué.gni. — Pour
le sufî. iller, cf. Dégueniller, Décaniller.
Aqnenir (s') (Fu., Sal.), v. réf. • — Devenir
paresseux, manquer de vigueur. Se dit
presque exclusivement du jeune chat qui,
trop souvent manié par les enfants, perd sa
sauvagerie, mais aussi sa vigueur et sa santé,
son poil lustré, surtout. Le chaton qui s'est
aqueni ne vaut plus rien. En parlant aux
gens : « T'aquenis donc point de meimme
(même) ; r'mue te donc un petit. » || IMj. —
Amollir, abrutir un animal par trop de
caresses. Le même que Haquenir. Syn. et
doubl. de Acaigner.
Et. — Dér. de Quien, fr. Chien. — iî'' acâf^ner.
Aquernier (Sp.), v. n. — • Piecommander
très expressément.
Aqueteiller (Lg.), v. a. • — ■ Comme Aque-
neiller. Syn. de Aquenetter. — ■ Paraît être une
compromission entre Aqueneiller et Aque-
netter.
A qu'îaire ? — Pour quoi faire, à quoi bon?
Il Fu. — Distinguer : A que faire et Pour que
faire? « J'étais dans Touche. — A que faire?
— A qu'ri des murmures. — ■ Pour que faire?
— Pour les bernotter.
Hist. — « A quoy faire fuit-on la servitude des
cours, si on l'entraîne jusque dans sa tanière? »
(Mont., Ess., i, 14, et m, 12, 13.) — « ^ que faire
me faites-vous ainsi muser? » (Bon. Desperr.,
Contes et devis nouv., X ('/".)
Aquiner (Mj., Tlm.), et non Attiner, v. a.
— Taquiner, Agacer. Ex. : Tâche d'aquiner
les frûlons pour qu'i te mordent ! Syn. de
Amoicer.
Et. — En se reportant aux définitions données
pour Amoicer, on verra clairement que ce verbe est
un doublet de Achener et que tous deux dérivent
du fr. Chien. Seulement Aquiner vient de la forme
normande Quien. On pouvait croire à Attiner, par
l'identité des sons Ti et Qui dans la prononciation
montjeannaisc. Le doute n'est plus permis.
D'après cela, Aquiner n'est point une corruption
de Taquiner ; le contraire serait-il vrai ? A noter
que : s'Aquiner s'emploie très bien au sens de
s' Achener. — DoTTiN : Akêner, taquiner, agacer ;
cf. él<ên (èquègne), de mauvaise humeur, rechigné,
taquin, querelleur ; ékêner, exciter un chien :
ékènri, taquineries. — Acagner. (Jaub.)
.4quin::ler (Lg.), v. a. — Disposer en
quinteaux, des gerbes. Cf. Déquinteler.
Ar '. — Préfixe, pour Re. — Toute une
série de mots commençant par Re, en fr.,
prennent le préfixe Ar, en patois. C'est la
syllabe itérative par excellence. Nous n'avons
cité que les plus curieux. Une fois pour toutes
on dit : Ardescendre, arfaire, arcommencer,
ardire, pour : redescendre, refaire, recom-
mencer, redire. — Cf. Er.
Ar "^ (Mj.), s. m. — Air. || Fig. Eter ben en
Var, — être léger, évaporé, écervelé, peu
réfléchi. || Tourner ein ar, — moduler un air.
Il Faux ar, — ressemblance vague. Ex. :
Vous avez un faux ar de voûte défunte tan-
tine. Il Ar de feu, — émission, effluve de calo-
rique. Ex. : Ein petit ar de feu s'endure ben
de ceté temps-là. || Se donner de Var, — •
prendre des airs, poser. || Mettre à Var, —
ébruiter, divulguer. || Fu. Il a jeté ma cas-
siette en Var : — • Il a Var fou !
Hist. — C'est ainsi qu'on prononce le mot Air, à
Montigné (par ex.) — Un médecin, nouveau venu,
outre dans la chambre d'un malade et commence
par fermer les fenêtres qui étaient toutes grandes
ouvertes. Le malade proteste : « J'veux d'I'a/-,
mé ! » — Ahurissement du docteur. La femme
explique : « I veut d'I'ar, li ! »
.4ran;uassé (Lg.), adj. quai. — Étalé à terre.
Se dit d'une plante rampante. — Du vx mot
Aragne, toile d'araignée. L'expression fait
image.
Aragne., s. f. — • Vx. fr., pour Araignée. On
dit aussi Iragne. Je cite ce mot pour quelques
détails curieux.
Et. — • L'ancien franc, a Aragne et les formes qui
en dépendent et Araignée. Aragne signifie l'animal
même et vient de Aranea, avec l'accent sur rà ;
araignée, qui ne peut venir de aranea, et qui vient
de araneata, chose faite par l'aragne (accent sur le
3'' a), signifie : toile d'araignée. La vieille langue
distinguait donc, entre l'aragne et l'araignée; la
nouvelle langue s'est appauvrie et défigurée en
confondant l'ouvrière et l'œuvre. Vers le xvP s.
(LiTT.) — Variantes : Aragne, aragnée, airaigne,
arigne, iragne, iraigne, araine, etc. — Se rappeler
le vers de La Fontaine {L'œil du maître) :
« Que coûte-t-il d'ôter toutes ces araignées^ »
où il ne peut être question que des toiles. — Avoir
une araignée dans le plafond. Cette nouveauté
remonte très loin : « Musca in cerebro » est une
locution latine ; il s'agit, il est vrai, d'une mouche.
— « Quem Itali muscam in cerebro nominabant eo
quod plerumque quasi démens videretur. » (Texte
de 1167. Cité [jar D. C. — Eveillé.)
Arai, Arais (^Ij.). — Le futur du v. Avoir
est : j'arai, tu aras ou t'aras, il ara ou il arat
j'arons, v. arez, il (s) aront. — De même au
conditionnel ; j'arais, etc.
Hist. — Ah ! que t'es sot, moiin ami Biaise !
Fallait nous en apprêter in,
L'arions fait veure à nou vouésins,
A tous les gens d'nout' vouésinage,
F2t i Varions fait navigué
Dessus la mare à M'sieu l'Curé.
(La Trad., p. 381.)
46
ARAISONNÉR — ARÇOX
Araisonuer (Mj.), v. a. — Raisonner. |j v.
réf. ^^ Araisonner, — devenir raisonnable. ||
Rendre raisonnable. Ex. : Araisonne-\e donc !
— (Il devrait y avoir deux r, on n'en prononce
qu'un.
Araotèle. s. f. — Fil, toile d'araignée. V.
Aragne. Cf. Iranteigne, Irancelée.
Et. — De Aranea tela. (Litt. ) — Pour Arantoile
{Dicl. gén.) — « Et nous disons en Anjou : eran-
taigne et irantaigne. y)0ur dire : une araignée. Nos
anciens disaient : telles, pour : toiles.
« J'en fus battu comme à ru telles. >•
(Villon, Grand Testament. — Ce que Mabot
explique par : Comme toiles à ruisseau.) Les pay-
sans prononcent encore tèle, pour ; toile. (Lor.
Larch.) — (I Telles manières de gens y seroient sou-
ventes fois trompez, car incessamment les aran-
telles tombent du ciel et ne sont point filées des
araignées. » (J. du Fouillotjx. — Jaub.) — « De
peur que les hyraignes n'i bâtissent ieurs hyran-
telles. » (Brant., Dames gai., Disc. IV, 128.)
Arbalète (Courre comme eine), Mj . s. f. —
Courir comme une flèche.
Arbalêtier (Mj.), s. m. — Arbalétrier, —
pièce de charpente.
Et. — Du lat. Arcubalistarius ; Arcus Ballista
(grec : ballein, lancer, au moyen d'un arc). De sa
forme.
Arbauder (Sal.), courir à travers champs.
Arboliste, .irboriste. s. m. — Herboriste,
qqf. Herboliste.
Et. — Confusion entre deux mots. Herboriste a
pris le dessus, parce que les herbes sont l'objet plus
particulier de la botanique. La Fontaine emploie
Arboriste.
« Tu veux faire un arboriste
Et ne fus jamais que boucher. »
— « Au lieu d'arboriser, ils visitaient les boutiques
des drogueurs, les herbiers et les apothicaires. »
(Rab.) — Arboliste se trouve en 1499. — « Nos
pères ont dû confondre Arbor et Herba. . . — On
trouve : Arboriser, arboliser, herboriser, herboliser. «
(L. C.)
Arc-boeuf., s. m. — Arrête-bœuf. V. Arque-
bœuf.
Et. — Nom vulgaire de l'Ononis spinosa. —
« Arreste-bœuf, herbe cognuë du laboureur, par
eux ainsi premièrement appelée pour l'empesche-
ment que les racines lui donnent en labourant,
jusques à arrester les bœufs ; elle est des Grecs dite
Ononis. » (01. de Serbes. — Litt.) — C'est la
bugrane. (Dict. gén.) — Vulg. : Mâche noire. —
Corruption singulière du mot Arrête. — Variante
Artebeuf, 1553. GoD. — C'est la transition à notre
mot patois.
Arceau (Lg.), s. m. — Petit monument,
ordinairement surmonté d'une croix et
comportant ime niche où est renfermée
quelque image de sainteté, Sainte Vierge,
saint Joseph, etc. — On en voit beaucoup
dans la région, généralement aux carrefours
ou virées des chemins. Les vieux disaient :
Arciâ.
Arc-en-cic!.. — V. Folk-Lore (coutumes).
Archandé (Lg.)., adj. quai. — Monté sur
fil d'archal. — Se dit d'un hameçon.
.irehau (Lg.), s. m. — Fil de fer dont on
renforce le dessus d'un sabot taupe. Syn. de
Pionnette.
Et. — Doubl. du fr. Archal et du pat. Arichal.
Cf. Ferquiau.
Archelée, et (Ec), s. f. — Planches formant
le plancher (avec ou sans canches, sauf celle
où l'on peut vider le bateau avec une suisse).
Les pièces qui maintiennent les bords, for-
mant un angle obtus, dont les deux côtés sont
ordinairement droits, s'appellent des courbes.
— Quand on est sur Varchelée d'un fûtreau
et qu'on a le ché devant soi et la quoue der-
rière, on a le gournâ à droite et la gâche à
gauche. — Uarchelée vient d'être expliqué ;
le ché, c'est le chef, la tête, l'avant ; la quoue,
la queue, l'arrière ; le gournâ, c'est le gouver-
nail (avec une forte contraction), ou grande
rame qui se manœuvre au moyen d'une anille
ou double poignée. V. gâche. IJ.Adj. quai. —
Un bateau tout frais archelé, dont le plancher
a été réparé.
N. — Arceler ou Archeler, creuser en demi-
cercle, par comparaison avec la courbure inté-
rieure d'un arc. (L. C.)
.ircbets (Bf.), s. m. — Terme de vignerons.
Branches laissées pour être recourbées ; on
leur donne aussi le nom de dagues ou cou-
rants (Mén.). — V. Arçons.
Archigner (Mj.), v. a. — Rendre rechigné,
maussade, mettre de mauvaise humeur. Ex. :
Pou p'tit gars ! il est d'ein ben mauvais goût ;
tous ses bobos, ça Varchigne. Syn. de Reché-
gner, Harguégner. || Ec. Erchigner.
Et. — Ar et Rechin. V. Ar'. — En vx fr. Réchin
signifiait : maussade, bourru, grondeur. Au xT» s.,
un comte d'Anjou, Foulque IV, était surnommé le
Réchin.
Arcbiner. s. m. — C'est le goûter, repas
entre le dîner et le souper.
Et. — ^Ar égale Re ; donc Reciner. C'est notre
Ressiée.
Architèque,
Architecte.
Archétèque (Mj.), s. m. —
Et. Hist. — Mot à mot : Maître des charpentiers,
maître constructeur. — « L'ouvrier s'appelle
M. Simier, architèque à Angers. » (/ne. Arch., S, E,
m, 314, 1.)
ArcômioD (Mj.), s. m. — Pelargonium.
Corrupt. du mot franc, pour : Pelarçômion.
Cf. Girômion, pour Géranium.
Et. — Du grec Pélargoç, cigogne : allusion à la
forme du fruit, qui rappelle celle d'un bec de ci-
gogne.
Arçon (Pc, Mj.), s. m. — Perche de saule
que l'on pique en terre et que Ton recourbe
en arc pour en attacher la îête à des arçons
voisins au moyen de rôrtes ou harts. On fait
ainsi dans les îles et les vallées de la Loire des
haies très solides appelées Haies à'arçons.
On les renforce au moyen de limandes. \\
Pell. Coûton de panier. — On dit aussi : Alçons
V. Archets. — (C'est au sens de ce dernier mot
que Jattb, a pu dire : On épuise la vigne en
ARDEILLAN - ARGELAISE •
41
faisant trop d'arçons.) \\ By. — 'c II est maigre,
le pauvre petit ! On lui compte tous les
arçons (arceaux, les côtes) ; c'est comme un
esquilette (squelette). »
Ardeillan (Lg.), s. m. — Aiguillon d'insecte.
Syn. de Pique, Piqueron,
Et. — Cnrrupt. de Aduillon.
Ardemment (Mj.), adv. — Vivement, se
dit de l'action des outils tranchants. Ex. :
Velà ein zague qui coupe ardemment. \\
Vigoureusement. Se dit de la végétation
d'une plante.'*Syn. de Aprémeni.
Ardeurs (Mj.), s. f. — Démangeaisons qui
donnent envie de se gratter (Zig. 150).
Ardi//e (Sp.), s. f. — Argile, terre glaise.
El. Hist. — Ce mot viendrait du grec Argos,
blanc, mot à mot : la terre blanche. Cf. Argent.
« En Vardille .s'est tooilliez (touillé)
Tant que il estoit toz sooilliez. » (Renan.)
— « Du latin Argilla, écrit au moy. âge Ardilha.
A Torigine le g se prononçait dj, puis di. (E. C. —
Noie.) — - Terre rouge. . . « A Jacob Cathala, pour
deux jours où il a vaqué avec son animal de bât
pour porter de Vardille (ardilham) et de la terre
pour faire lesdites réparations... xiij. sol. iiij de-
niers. » — On appelle aussi Ardillaria un lieu plein
de buissons et d'épines. On trouve chez les Nor-
mands le mot Ardilier.t, du celtique Aerdre (adhœ-
rere), être pris, saisi par ces ronces qui vous em-
pêchent de marcher dans les sentiers. (D. C.) — Les
Arditles, — nom de localité. (Jaub.) — De même
en Poitou et en Vendée ; et, ce qui nous touche de
plus près : « On sait que la grotte d'Absalon était
auprès d'une belle fontaine qu'on a nommée des
Ardilliers, parce qu'elle était au pied d'un coteau
couvert d'argile, que le peuple .du canton nomme
ardille. » ( J. Bodin , R. hist., n, 338.) — A Saumur
l'église de N.-D. des Ardilliers.
Ardilleux (Sp.), adj. quai. — Argileux. V.
V. Ardille. Syn. et doubl. de Ardr dieux,
Arzileux.
.irdillon (Sp.), s. m. V. HardiUon.
-irdoise. — V. au F.-Lore. XIX.
Ardoisières. — Id.
Ardoisine (Sp.), adj. quai. — S'emploie
dans la locut. : Pierre ardoisine, ardoise.
N. — A Mj., on dit le plus ordinairement Pierre
d'ardoise, pour désigner la matière elle-même ou
des blocs importants de cette substance. On
réserve le nom d'ardoise aux lames mêmes débitées
pour les couvertures. — Hist. « Et les aultres de
pierre ardoisine. » (Rab., P., n, 29, 191.)
Ardrille (Pell., Lue), s. f. — Argile, syn. de
Ardille, Arzille.
Et. — Ce mot est pour Ardille, doubl. de Arzille,
avec épenthèse d'un r, comme dans Jardrin, Sar-
drine, Perdrix. — « Le champ de courses d'Even-
tard est ben pus désagréable que celui d'Ecouflant,
parce qu'il y a de VanlriUe et, quand il a tombé de
l'eau, ça colle aux [ùeds des chevaux. » Aussi va-t-il
être abandonné.
Ardrilleu.Y. (Pell.), adj. quai. — Argileux.
V. Ardrille. Syn. et doubl. de Ardilleux,
Arzilleux.
Areau (Sp., Chl.), s. m. — Charrue.
Et. Hist. — Lat. Aratrum. Vient d'une forme
* Arellus. — Charrue sans avant-train, pour le
labourage des terres légères.
— « Pour soy n'est rangé le toreau
Dessous le joug, pour y traîner Vaireau. «^
(D. C.) — « Araire, charrue sans avant-train, avec
un soc triangulaire, offrant deux ailes de faible
dimension et versoir en bois. C'est l'ancienne char-
rue du pays, instrument primitif, employé encore
pour les terres blanches. (Guillemaut.) — « Autres
à trois couples de renards sous un joug aroient le
rivage areneux et ne perdoient leur semence. »
(R.\B.,P.,V, 22, 526.) — « Pourchacun jougetareaw
qu'exercent et exploitent deux bêtes de labour. »
(Coût, du Poitou, I, 482, art. 193.) — « Passée la
pestilence, cestuy homme. . . aroii un champ grand
et restile (qui produit, qui rapporte tous les ans) et
le semoit de touzelle (blé sans barbe). — (Rab., P.,
IV, 45, 433.)
Aregarder (Tlm.), v. a. — Regarder. Ex. :
Je sais pas comment qu'i peut xn' aregarder en
face. » — « Ça vous aregarde pas. || Ec. Ergar-
der. V. Ar \
Aregriché, ée (Lg.), adj. quai. — Rabougri,
en parlant d'un arbre, d'une plante (jcque.
Syn. de Rabousiné, H ami. Boudé. \\ Hérissé,
recroquevillé, en parlant des branches d'un
arbre. Syn. de Amoucheronné, Agrichonné. A
rapprocher de Gricher et du îr. Grincheux.
Arenter (Mj.), v. a. — Syn. de Aviager, —
fr., mais on ne prononce qu'un r.
Arer.,v. a. — Labourer. Ex. : J'allons arer
nout' champ. — V. Areau. ■
Et. Hist. — Arare. — En terme de marine, arer
se dit de l'ancre d'un vaisseau lorsque, le temps
étant mauvais, elle n'y tient point et laboure, en
qq. sorte, la terre. (Litt. ) — H. Estienne (Pré-
cellence du langage français) regrette ce mot.'
— Tel ne veut arer ne semer
Qui veut bien recueillir les fruits.
(Le Moine Alexis — dans ses Feintises.)
— « Celtique : Ara, labourer : arar, charrue ; —
gallois, arad. — Lat. Arare. Ce qui serait une
preuve de l'origine commune du celliq. et du lat.,
qui font partie du groupe des langues indo-euro-
péennes. )) (Eveillé.) — « Pour erer deux fois
quatre ares et demi, 100 s. » (Compte de 1404.)
— « Fai, beau sire, ta paiz crier,
Que li vilain puissent arer, » (Moisy.)
.irgancier (Mj., Lue, Br., Li.), s. m. —
Eglantier. Syn. de Arlantier. — Quelle
déformation ! — V. Eronfier.
N. — « Cet arbuste, surtout quand sa pousse est
rapide, se recourbe souvent en arc ; on peut croire
que son nom vient de cette particularité, » (Borel.)
En forme d'arc-en-ciel.
.irgelaise (Sp.), s. f. — Pierre à bâtir, de
nature schisteuse, commune à Vihiers.
Et. — («On a dit de même .\rjalestre, de argil-
lastra (?!). C'est ainsi que nous appelons en Anjou
la terre pleine d'argile. » (Méxage. ) — Arjalètre,
arjelètre. (Bas-Maine) ; Argelètre (Haut-Maine). —
« Ce bel ouvrage était en pierre d' .-Irgeasse, pierre
des environs de Saumur, très blanche et d'un grain
très fin. — N. J'ai rapproché les deux mots : arge-
laLse, que j'ai défini ci-dessus, et argeasse, qui
m'était inconnu, à cause de leur similitude. Mais,
au fond, ces vocables sont peut-être aussi différents
au point de vue linguistique que le sont en réalité
48
ARGENT — ARMER
les roches qu'ils symbolisent, h'argelaise de Vihiers
est bien une roche schisteuse, argileuse, par consé-
quent grisâtre et propre seulement à faire du
moellon. L'argeasse, décrite plus haut, est une belle
pierre de taille, se prêtant même à la sculpture,
sans doute un tuf. Et ce tuf est très blanc. D'où je
conclus que le vocable Argeasse doit plutôt se rap-
porter au lat. Argentum et au grec Argoç. (R. O.)
Argent, s. f. — C'est de la bonne argent. ||
Argent mignonne, — argent en réserve,
épargne, disponible. || Dégainer son argent,
— le verser. |1 Ne point demander Vargent de
son reste, — ne pas demander son reste, ne
pas attendre la suite d'une mauvaise affaire,
s'en tenir là, ne pas insister ni riposter. Ex. :
Je te illi ai foutu eine maudit bagne ! i n'a
point demandé Vargent de son reste. || Pêcher
à la ligne à! argent, — acheter du poisson, etc.
Argenté, adj. quai. — Qui a de l'argent,
riche. Argenteux est franc. — Argentier (L.
C). — On dit, dans le sens contraire : désar-
genté.
N. — « Les soldats sont pas ben argentés. »
(Jaub.)
Argentier (Mj.), s. m. — Potentille ansérine
dite aussi Comaret ou Argentine.
Et. — Ainsi nommée parce qu'elle a le dessous
des feuilles d'un blanc argenté.
Argenton — V. au F. Lore. Dictons.
.Argot' (Mj.), s. m. — Ergot, dans le sens
de Ergoter, chicaner. |I Lever, Relever de
l'argot, — avoir un bout redressé. Ex. : Je
me se bridé les jambes dans nein bois qui
relevait de Vargot. || Ec. Ein argot de coq. —
Il est ben argoté, le gâs (décidé, sans crainte).
Et. — Inconnue. — Cependant, au premier sens,
paraît venir du lat. Ergo, — chicaner par des argu-
ments suIjUIs. (Ergo, formule de raisonnement,
signifie : donc et indique la conclusion d'un syllo-
gisme.) — On peut aussi le rapprocher de l'ergot du
coq ; monter sur ses ergots, se rebifïer.
Argoté, ée.
déluré, hardi.
Argoter (s'), (Mj.), v. réf. — Se montrer
décidé, hardi, courageux; prendre son cou-
rage à deux mains.
Et. — Pour s'Ergoter, littéralement ; Se mon-
ter sur ses ergots.
Arguelisse (Mj.), s. m. ^ Pour Erguellsse.
Réglisse.
Et. — Réglisse, pour : reguelice, requelice (méta-
thèse de re : erguelisse). De : lequericia (autre méta-
thèse), du lat. liquirilia, transcription populaire
(sous l'influence de liquor, liqueur), du grec
Glucuridza, proprement : racine douce. (Dict. gén.-
— xu? et xni« s., licorece, reculisses.
Arguenuclie (savoir 1') (Sal.), connaître le
moyen secret de l'aire qqch.
Arguère ! Exclamation. Encore ! — Usité
dans une foule de circonstances où il n'a qu'un
sens très vague. — « C'est toujours la même
chose, arguicre? » ç.-à-d., alors, donc. V.
Arrière, pour i)lus de détails.
Adj. q. — Ergoté, décidé,
Arguillon (Cp.), s. m. Aiguillon.
Aria., s. f. — Sens spécial (Ec.) — Déver-
gondée. « Quée haria que c'te fille.
Arichal (MJ.), s. m. — Archal, laiton.
Et. — « Fil d'archal est une locut. souvent
estropiée en : fil d'aréchal, d'arichal, ou même, du
temps de Vaugelas, en : fil de richar.
Et. — Lat. Aurichalcum, mot' à mot : airain de
montagne, ainsi nommé à cause de l'origine attri-
buée à cette substance métallique.
Arieniétique (Mj.), s. f. — Arithmétique.
Et. Hist. — Dans le Roman de la Rose : Arismé-
métique, où l's égale le th du grec. — Souvent Ari-
métique. — « L'abaque tient l'arimétique. »
{Roman de Thèbes, 45. — Constans.)
.Arigné (Mj.), s. m. V. Harigné. — Filet à
prendre les oiseaux, tendu entre deux pefches
que l'on porte verticalement. Les oiseaux,
chassés des haies ou des arbres par un com-
père placé du côté opposé, se précipitent dans
Varigtié, et l'oiseleur les y enveloppe. Cette
chasse, ou plutôt ce braconnage se fait la
nuit. — V. Chacari. || Eu. — Ce mot est bien
du masc, même au sens de Araignée, insecte :
Ein grou arigné. || Ec. — Beaucoup de mes
condisciples laçaient des araignées (filet) pour
s'en servir pendant les vacances.
Et. — Corrupt. du mot franc. Araignée, prise de
nos jours par métonymie (V. Aragne) pour la 'oile
qu'elle file, h'arigné représente bien une grande
toile d'araignée.
Arimber (Z. 178, Cz.), v. a. Habiller. — A
rapprocher peut-être de Arrimer. || Sal. —
Organiser, dispos.er.
Aris, s. m. — Touffe d'herbe dans laquelle
le poisson se tient caché. (Mén.)
.irjalestre, s. f. — Terre argileuse, ou d'ar-
doise. Mieux : argealestre. Cf. Argelaise.
Arjure, s. f. Arcure. — Opération qui con-
siste à recourber avec précaution la vinée de
manière que l'arc qu'on veut lui faire décrire
ait le plus petit rayon possible. (Mén.) \'.
Archets.
Arlantier (Sp.), s. m. Eglantier. V. Argan-
cier, Eronfier.
Et. — Eglantier, pour : aiglentier, vx fr. aiglenl.
du lat, aquilentum, pour aculentum (cf. aquifo-
lium, houx) ; de acus, aiguille, pointe. (Dict. gén.)
.Arména (Mj.), s. m. Almanach.
Et. — Douteuse. Calcul pour la mémoire (de
l'égyptien) ; compte (hébreu) ; cercle tracé sur un
cadran solaire (lat. manachus) et servant à indiquer
l'ombre pour chaque mois. (Litt. et Dict. gén.)
Armender., v. a. — Raccommoder, un filet
\'. Apctissure.
Et. — Supposerait : remender, réamender. C'est :
boucher et reboucher les trous.
Armer (Mj.), v. a. — Tendre sur ses
enlarmes, un carrelet. || Sp. — Armer eine
charte, garnir une charrette de ses parties
accessoires. — Ce mot ne signifie pas seule-
ment : munir d'armes. V. l'étvm. de Enlannes.
ARMURES — ARRACHERIES
49
Armures (Sp.), s. f. — Ne s'emploie qu'au
plur. — Parties accessoires et mobiles d'une
charrette, telles que : fumeroles, échalons,
harasses, etc. — Syn. de Ambulances. V.
Armer.
Arnapée (Sal.)- — Ondée. V. iVaper, Napir.
Arnette (Mj., Fu.), s. f. — Rainette.
Et. — ■ Pour : ranette, par métathèse, qui est le
diminutif du vx fr. Rane, lat. Rana, grenouille. —
Syn. de Pissouse, Graisset, Airnette.
Arnoise (Mj.). — Prononcez Arnouèze, s. f.
Corrupt. de Armoise, plante de la famille de
l'absinthe. Syn. de Remise, Herbe à la remise.
Très commune sur les bords de la Loire.
Et. — Artemisia vulgaris. Du nom grec Artemiç
ou Diane. Comme elle secourait les femmes dans
leurs maladies, cette plante, qui passait pour utile
dans ces affections, reçut le nom de la déesse.
(LiTT.)
Arocher, Arrocher (PI., etc.), v. a. — Jeter,
lancer. Arocher une pierre, c'est la lancer sur
qqn. « Aroches-y donc eine pierre, à ce
chien ! » — Se dit même, de nos jours, en
parlant des confetti. Lancer, en général. IJ
S'emploie peu, comme v. actif, à Montjean.
— V. réf. s' Arocher, — faire mine de s'élancer,
se précipiter d'un air menaçant. Ex. : J'ai
rencontré ein grand vilain chien qui s'est
arroché sur moi eine secousse, comme s'il
avait voulu m'avaler. — Cf. l'espagnol
Arrojar, même sens. — • A rapprocher de Gar-
rocher. (Cf. Jaxtb. à Rocher.) || Au fig. : C'est
eine pierre qu'on illi arrache dans son jardin
(Segré.) Il ii' arrocher ap/ès qqn. Arrocher des
pierres à qqn. (Lue).
Et. Hist. — Notre compatriote Ménage dit : On
se sert de ce mot dans l'Anjou et dans les provinces
voisines pour dire : jetter, comme quand on dit :
arrocher une pierre à la tête de qqn. — De ruo {ruo,
ruis, ruxi, ructum, rucare : d'où adrucare, adro-
care). — Ménage se complaît à ces étymologies
fantaisistes. Pourquoi ne pas voir ici le mot Roche,
pierre? lancer une pierre. — La Curne : « Arocher,
briser, mettre en pièces, réduire en poudre, saupou-
drer ; accabler. D'où -. accabler qqn en lui jetant des
pierres :
— « Par la grant rue tuit Yarochent ;
De verges le bâtent et le brocent. «
Puis il cite l'explication de Ménage, qu'il semble
approuver. — IJne note de I'Editeur le corrige :
Cl Ce mot a sans doute la même origine que : rochet,
qui vient de l'ail, rocken, fuseau. Le sens provin-
cial rend cette origine plausible : lancer en tour-
nant. » — Le Df A Bos. : Arochier, de A et Rochier,
verbe, de Roche. — Evidemment !
— « Coars li Lièvres Varochoit
De loing, que pas nel' aprochoit :
A Varocher qu'a fait coart
En acrollé le chief Renart. )>{Renart, IL 104.)
Arôder (Tf. ), v. n. — Rôder.
Arollé (Mj.), adj. quai. — Houleux. Ex. :
Il fait ein vent agapi : l'eau est toute arollée
en dessour du pont.
Et. — Rac. Roller. Des vagues arollécs sont des
vagues Foliées ou roulées par le vent.
Hist. — G.-C. Bûcher, 97, p. 138.
« Licence vague ,à tous vents arolée. »
Aronces (Lue).
Ronces.
Éronces (Mj.), s. f. —
Aronder (Lg.), v. a. — Disposer en ados du
foin séché. Syn. de Arrouer. Dér. de Rond.
Arosser (Sp.), v. a. — Amollir, énerver.
Syn. — V. Afainianter.
Et. — Du fr. Rosse, mauvais cheval, puis : per-
sonne qui ne vaut pasgrand'chose. — Maigrir, deve-
nir à rien, (de Montes.)
Arouage (Gn.), s. m. — Inclinaison des
rayons d'une roue sur le plan de la roue.
Aroue (en) (Lue), loc. adv. — De suite,
immédiatement.
Arouter (s') (Mj.), v. réf. — Se mettre
en route, partir. !| Fig. s'habituer, se mettre
au courant d'une besogne. || V. a. Acheminer,
engage? ou diriger sur une route. || Habituer.
Et. Hist. — A, Route. — « Et c'est chose difficile
de fermer un propos et de le coupper, depuis qu'on
est arrouté (Mont., Ess., i, 9.)
Aroutiner (Bn.), v. a. — Habituer, V. réf.
S' Arouiiuer (Mj.), — acquérir de la routine.
Syn. de Etre au roule, à la coule. — Cf. Jaub.
Et. — Dér. de Routine, et fréquent, de Arouter.
Arpions (Mj., etc.), s. m. — ■ Mot d'argot.
Les doigts des pieds. Plomber ou schlinguer
des arpions, — sentir mauvais des pieds.
Et. — Ce mot viendrait-il de : arripere, saisir, ce
qui sert à saisir, la serre des oiseaux, puis, par ext.,
le pied de l'homme ? — Sous toutes réserves. —
« C'est le vx. mot arpion, — griffe, ongle. Harpon
et Harponner sont restés dans la langue (Lok.
Larch.)
Arprin (Pell.), s. m. — Nerprun, par la
chute de l'n initial. V. Nanse, Anille, etc.
S\ni. de Mielprin.
Arpuce-usse (Sal.). — Piège pour les petits
oiseaux, assez compliqué, nœud coulant de
crin posé sur une tige mobile, liée à une pliette
branche souple. La tige mobile, en déclan-
chant, fait tirer la pliette et serre le nœud.
.4rque-bœui (Mj.), s. m. — Arrête-bœuf.
^ . Arc-bœuf. Syn. de Equiopereau, Equiopins,
Picote. Ononis spinosa.
Arqiienet (Do, Am.), s. f. — Camisole
(Méx.).
Arqiiepincer (Mj.), v. a. — Prendre, pincer
qqn ([ui est en fraude. Cf. Pincer au demi-
cercle. — Syn. de Chopper, Piger.
Arraehecamp (Mj.), s. m. — Tige de bois
servant de levier à pince, dont les mariniers
se servent fréquemment pour dégager un cor-
dage inglati, soulever un fardeau, etc.
Et. — Du fr. Arracher et du pat. Camp, fr.
Cliami), signifiant la face d'un bloc de pierre ou
d'une bille de bois qui porte sur le sol.
Arraclierics (.Mj.), s. f. plur. — Arrachage.
Les arracher ies de chambe, — l'arrachage du
chanvre. C'est un des gros travaux agricoles
dans les îles et les vallées de la Loire, comme
les Batteries, les Sèmeries. De Abradicare,
enlever jusqu'aux racines.
50
ARRACHIR — ARRIÈRE
Arraeliit.. Part. déf. de Arracher.
Hist. — « Voicy ce qu'il me falloit. Cest arbre me
servira de bourdon et de lance. Et rarrachiliAcWe-
ment de terre et esta les rameaux.» (Rab., G.,i..36.)
Arrais (Bg.), s. f. — Espèce d'avoine cul-
tivée à Baugé (Méx.). V. Arrée . '^
Arraisonner (Mj.), v. a. — - Raisonner. ||
y. réf. s' Arraisonner, — devenir raisonnable.
Ex. : Il va s'arraisonner à vieillir. — Mieux
que Araisonner.
Arrangement (Mj., Lg.). — Dans la locut. :
Eter ben cF arrangement, — être conciliant,
accommodant.
Arranger (Lg.), v. a. — Châtrer. Syn. de
Affranchir, Faire, Castrer.
Arre (en) (Mj., Sp.). — Ne s'emploie que
dans la locut. : En ârre, — en arrière. || Fu.
Eter chargé en ârre ; ça pèse en ârre. —
Arre donc !» — arrière donc ! Exclamation
pour faire reculer le cheval. — Aux bœufs,
on dit : « Seu ! seu donc ! — en leur tapant
sur le nez.
Arrée ^ (Mj.), s. f. — Attention, réflexion,
adresse due à l'intelligence et à la réflexion.
Ex. Voûte quénau ne court point ; c'est pas
la force qui illi manque, c'est qu'il n'en a pas
ïarrée.
Et. et Hist. — C'est le mot fr. Arrêt. L'arrée est
l'arrêt de la pensée, ç.-à-d. la réflexion. — « Il y a
encore d'autres filles qui sont de si joyeuse com-
plexion, et qui sont si folastres... qu'elles n'ont pas
Varrest d'ouyr, ni songer à autre chose, sinon à
leurs petits esbattements. » (Beajntt., D. gai., D. iv,
p. 229.)
Arrée - (Lue), s. f. — Orge qu'on donne aux
porcelets ou aux porcs à l'engrais. Pour :
Ardée ou Hardée, lat. Hordeum.
Arrêt, s. m. — ■ Remblai. « Petit ados qui
coupe une allée plate en travers pour empê-
cher que les eaux ne la dégradent (Litt.). —
Remblai de 7 à 8 m. de hauteur, appuyé
contre un mur en pierre sèche (Tr.). Mén.).
Arrêté (Mj.), adj. verb. — Posé, sérieux,
qui fait attention. Ex. : Il n'est point orz-ê/é à
ce qu'il fait. — V. Arrée.
Arrêter (Mj., Lg.), v. a. i| V. n. Se tenir
tranquille. Ex. : Je sais pas ce qu'il a à être
si podure; il n'arrête pas. || Ne pas arrêter de,
— ne pas cesser de. Ex. : A n'arrête pas de
gouler. Il Empêcher. Ex. : Ça ne Varrêtait
point de subier (Zig. 156). Syn. de Décesser,
Retentir.
Arrière (Mj.) (pron. arriée-re, arguière.),
adv. — Donc, maintenant, voilà que. Ex. :
Noute vache est arrière malade. || Conjonct.
Mais, d'un autre côté. Ex. : Ces gorins-là
sont pus beaux, arrière, ils sont trop chers. ||
S'emploie aussi comme interj., dans le sens
de : En voilà bien d'une autre ! — Ex. :
Je sommes dans la maledringue ; velà à
c't'heure que mon père s'est cassé eine jambe.
— Arrière ! \\ J'vas mettre du son dans l'eau,
arrière, — Maintenant, je ferais bien de. . . ||
Loc. explét. souvent employée dans un sens
indéterminé. || Encore. — Ex. : Vas-tu recom-
mencer, arrière ! \\ (Fu). Pron. : arriée-re. En
revanche jamais d'autre sens.
Et. et Hist. — La Cuexe : « On soupçonne arrié,
espèce d'exclamation vulgaire, et probablement la
même que Arré en Normandie, d'être, comme
arriez, une altération de l'adv. arrère ou arrière, et
d'avoir une signification relative à celle de l'ex-
pression « reswardeir ayere » — « Ne nos co vient
mies rester et molt moins nos covient ancor res-
wardeir ayere. (S. Bkrx., Serm.) — Ainsi ce serait,
avec ellipse, qu'à l'occasion d'une surprise dés-
agréable ou agréable les gens du peuple disent :
arrié ou arré, comme s'ils disaient : regarde^
arrière ; comme s'ils avertissaient de se tourner
arrière, de tourner la tête en arrière, de se retourner
pour voir ce qui leur plaît ou déplaît et pour en
juger. Lorsqu'à la vue d'une personne ou d'une
chose pour laquelle on se sent de l'aversion et de la
crainte, on en exprime le sentiment en criant :
arrière, arrière de moi la chose qui se présente^ ou
la personne qui s'avance, arrière n'est point, comme
on l'a dit, une prépos. Il est adv., et signifie, avec
ellipse, allez arrière, rétrogradez, reculez, éloignez-
vous de moi en allant arrière... Il était l'expression
d'un sentiment d'aversion pour une chose à
craindre lorsqu'on disait : « Arrière ce sera une
mauvaise besoigne. » (Contes de Despékiers, i, 74.)
— C'est donc par impératif supprimé qu'en criant :
arrière, on rompt les chiens en défaut ; que l'on
commande à un homme, à une troupe, à des che-
vaux de harnais de reculer. — Il serait possible que,
dans les v. rentrer, revenir, retourner et autres de
même espèce, le principe de la particule re fût
l'adv. arrere, que l'on écrivait arre ; d'où, vraisem-
blablement, plusieurs v. inus., tels que : araler,
aretourner, dans le sens de arrere-aller, arrere-
retourner. Du moins est-il certain que, dans
nombre de verbes, la particule re, comme arrere
dans nombre d'expressions, signifie que le mouve-
ment désigné par le v. se fait en rétrogradant, en
retournant vers un lieu d'où l'on est parti, etc. Ex. :
« Cumandad David que l'um portast l'arche ariere
en la cited », pour : que l'on reportast. Très nom-
breux ex. : Demander arre, redemander ; conquérir
arrière, reconquérir ; poser arrière, reposer ; mettre
arrière, remettre. Donc, reiro explique re de nom-
breux V. lat. francisés. (La Ccrne.)
— Arrié, arriée, arrier, partie, explét. Ainsi,
l'enim vero des Lat, = aussi. — « J'vous fais
c'viau 10 écus, et vous dites que c'est trop char !
Vouderiez-vous pas l'avoir pour ren, arriée'! (Comte
J.) — « S'emploie pour donner [lus d'expression à
une épilhète désagréable. Ex. : C'est core arrière
une sarchée bête, au respé de vous. » (De Montes.)
Et enfin : « Arié, Arrié, — maintenant, certes,
enfin, en effet, au contraire, sans doute, d'un autre
côté, désormais. Loc. explét. ; une sorte d'interj. de
sens assez variable ; elle marque aussi l'étonnement,
la mauvaise humeur, l'impatience, le désappointe-
ment, comme le regret, le retour sur un incident,
pour le blâmer ou le regretter. >> (Guillemaut.)
Excellente définition.
— « Enrère, — locut. ; néanmoins, cependant,
comme ça. Ce mot n'a point de sens précis ; il se
place partout. Lorsqu'on demande à une personne
qqch., ou qu'on la prie de faire une démarche qui la
jette dans l'incertitude, elle répond : « Vé m'enuiez
ben enrère. » — Arère : aussi, d'ailleurs. Dans le
centre de la France, on dit : arrié. Arré, conj. Enfin;
du celtiq. Arré, encore. (Favre.) — Arié. Basse
Bourgogne :« Locution qui équivaut à : « cepen-
dant, malgré cela, tout de même », selon le cas-
Mais, la plupart du temps, elle n'est ni nécessaire
ARRIÊRE-LEVÊE — ARSOUILLE
51
ni justifiée. C'est un ornement parasite qui ne
laisse pas de donner au discours de la couleur et de
la rotondité, si je puis le dire. Les Grecs ont de ces
parasites, surtout dans la poésie. Ils sont au stjie
ce que les fleurs pariétaires sont à une ruine,
qu'elles embellissent plus qu'elles ne consolident. »
(Ch. NiSARD, Curiosités de V étymol. franc., p. 110.
Arrière-levée s. f. — Ensemencé que le
fermier récolte après avoir quitté une ferme.
(Mén.). — Cf. Arrière-foin, regain (Litt.).
Arrimer (Zig. 155), v. a. — Préparer,
arranger, un plat. — C'est le franc, dans un
autre sens.
N. — Ane. franc. : arrumer, arruner, aruner,
oriner, — mettre en ordre. {Dict. gén.) Etym. dou-
teuse.
Arris î interject. — On excite souvent les
animaux à aller en avant, en criant : Arri,
arris.
Hist. — On s'en sert en Languedoc et en Italie.
(MÉNAGE.)
Arrivade (Mj., Lg.), s. f. — Hasard. Se dit
surtout dans coup A' arrivade, coup de hasard.
— Syn. et doubl. de Arrivée.
.irrive (Mj.), s. f. — Même sens que Arri-
vade. Il Arrive-arrive, — au hasard, au petit
bonheur. On dit dans le même sens : Arrive
qui plante. Ex. : J'ai péché dans le tas arrive-
arrive.
Arrivé (Mj.), part. pas. — Venu. Ex. :
Dame ! il n'y a pas été ben arrivé à illi parler
de ces quatre sous là ! — il y a été mal venu.
Arrivée (Mj.), s. f. — A Varrivée de, —
environ, près de. Ex. : Il pèse à Varrivée de
six-vingts. || Hasard heureux. Ex. : C'est eine
arrivée. ■ — Le bestial ne se vend que par
arrivées. \\ Coup d'arrivée, — c. de hasard. |1
Réception. — 11 n'a pas ieu eine belle arrivée.
Arriver, v. actif. — Réussir. Ex. : J'ai vrai
ben arrivé mes confitures. || Absolument. Y
arriver. Ex. : Il n'y arrive point dans tout ce
qu'il fait. — Cf. Jaub.
Arrivoir (arrivoué) (Mj.), s. m. — Point
de la berge où les bateaux peuvent arriver,
aborder. Syn. de Abord, Rivage.
Et. — C'est le mot franc, pris dans son sens éty-
mologique, ad-ripam (are), ar-rive-er.
Arrocher, v. Arocher. — Ajoutez ; Cf. angl.
to rock, balancer, agiter, bercer ; dérivé :
rocket, fusée volante (R. O.).
Arrondir" (s'), v. réf. — « Si l'eau grandit,
elle s'arrondit. » (Mén.)
Arrou (Mj., Sal.), s. m. — Monceau de foin
peu élevé et peu large que l'on dispose dans
toute la longueur dn pré, afin de pouvoir le
piquer et le charger plus facilement. C'est
î'angl. : row, rangée. Syn. de Ronde.
Arrouer (Mj., Sal.), v. a. — Disposer en
arrous. Syn. de Aronder. — Cf. Jaub. à Roue.
Arrouser (Mj.), v. a. — Arroser.
Et. — Se prononçait encore ainsi au commence-
ment du xvn« s. — Se trouve dans Malherbe. —
Vaugelas remarque que la plupart disent et
écrivent : arrouser, mais recommande arroser. De
Ad et Roser, v. fictif, du lat. ros, rosée. (Litt.) —
« Arrouser signifie : jetter de l'eau par plusieurs
petites gouttes au coup, comme rousée. » (Nicot.)
— Arrouser un marché, ses galons, le coup (à la
pêche ou au jeu), — boire bouteille.
Hist. — ■ Exemples innombrables; il faut se
borner.
— « De beurre frais, tombant par une housée.
Duquel, quand fut la grand mère arrousée
_ Cria tout haut. . . (Rab., G., i, 2.)
— ■« Arrousant la chambre du sang qui dégouttait
partout. » (Br.\nt., D. gai., Disc. 1, p. 21.5.)
— '( Qui me donra des fontaines de pleur
Pour arrouser, en mourent, mon cercueil? »
(G.-C. Bûcher, 136, 162.)
— « Les bleds ayment la rousée
Dont la plaine est arrousée. »
(J. DU Bellay, Complainte du Désespéré, p. 144.
Arrousoir (arrousoué) (Mj.), s. m. — Arro-
soir.
Arrousoirée (Mj.), Arrousoitée (PelL), s. f.
— Le contenu d'un arrosoir.
Et.' — Pour la 2'^ forme l'r final est devenu muet
suffixe tée, indiquant la contenance.
ArsilloD (Mj.), s. m. — Ardillon, sorte de
boucle. Syn. de Desillon, Tersillon, Terseillon.
Arsis (Tis.), s. m. — Montant et fruit du
vin. Ex. : Velà du vin qui a ein bon petit
goût d' arsis.
Arsoir — • Pour : à ce soir. Autrefois pour :
hier soir
Et. Hist. — De Heri, sérum, — hier soir. —
Dans le Haut-Maine : arsoué, arsoir, hersoir.
— « Mais quand je la revis arsoir
Toute seule en un coin s'assoir. »
(Mellin de S.-Gelais, p. 77. Cité par Ménage.
— « Arsoir, l'autre soir (comme on disait •
autrier, autre hier), alterum vesperum. « Icelui
Estienne s'adreça contre le suppliant en disant :
Tu me cuidas arsoir faire battre. » (D. C.) — Arsoir,
hiar soir : « Ha ! que je fus affiigé arsoir, quand je
ne trouvay plus le subject qui me faisoit trouver le
veiller si doulx ! > {Lettre (/'Henri IV à Gabrielle
d'Estrées.) — Marot a écrit : hersoir, plus rappro-
ché de : hier soir :
— « Le juste deuil rempli de fâcherie
Qu'eûtes hersoir. . . (Elégie, 12. — Jaub.)
Arson (Sp.), s. f. — Sensation de brûlure,
de picotement, de démangeaison. Ex. : J'ai
des arsons au talon.
Et. Hist. — Vx franc. Arsin. — En termes
d'eaux et forêts, bois arsin, bois où le feu a pris, de
qq. manière qu'il y ait été mis. — Arcins (incendie),
xn". — Arsin, xm". — « Depuis la destruction et
arsin de la ville. <> (Froissard, n, 11, 448. — Litt.)
— Du V. latin Ardere, brûler : ars, ards. — Arsion,
chose brûlée, embrasée, incendiée. Le v. Arder^a dû
avoir un doublet, Arsir. (L. C.) — Arséïs, arsin,
arson, arsure ; incendie, lieu incendié, chaleur brû-
lante, cuisson, démangeaison, teigne. — En angl. :
arson. (D'' A. Bos.) — « Arsion se dit pour : chaleur
excessive en pat. norm. de Guernesey, où c'est un
subst. féminin. « I fait donc grand eau ? — Vere, il
y a une grande arsion sus la cauchie (chaussée). »
Moisy.
Arsouille (Mj.), s. m.
Homme qui
52
ARSOUILLER — ARZILLEUX
s'adonne à la débauche abjecte, à l'ivrognerie
crapuleuse. || Partout.
Et. Hist. — Anagramme du vx mot : souillart,
qui désignait l'arsouille du moyen âge. (Lor.
Larch.) — Jacb. le rapproche de : souillon. —
Selon DU MÉRiL, ce mot est une aphérèse de Gar-
souille : « Viles personas quas garciones vocant. «
Mathieu Paris, cité par Guillematjt. )
.irsoiiiller, (s')(Mj., etc.), v. réf. — Mener
une vie de débauche ; se vautrer dans de
basses orgies. V. Arsouille.
Artaban, s. m. — On dit très souvent : Fier
comme Artaban. — C'est le héros du roman
de Mlle de Scudéry, le Grand-Cyrus.
Article (Sar., Tm.). — Bête d'article, —
tête de bétail tarée ou malade que certains
bouchers achètent à vil prix. Ex. : C'est ein
petit bouchâillon qui ne fait que les bêtes
d'article.
Artière., s. m. — Petit poisson ne grossissant
pas, servant d'appât pour la pêche (Mén.).
N. — Je trouve dans Littré : Art, terme de
pêche. Sorte de filet, dit ordinairement : boulier. Y
a-t-il un rapport?
Artif ailles (Ag., Mj.), s. f. — Un tas d'ar-
tifailles, — de frusques, de vêtements, avec
une idée de mépris.
Et. — Pour Attifailles, du fr. Attifer.
Artifi, s. m. — Sarcifi-crochet, pour : sal-
sifis des prés. (Méx.).
Et. — Salsifis. Ital. : sassefrica, orig. inconnue.
— OuDiN enregistre : sa.ssefique, sassefrique, sasse-
fy, sassify, sercifi, serquify. — Les botanistes em-
ploient plutôt cercifis que salsifis. — Olivier de
Serres : sercifi. (D. C.)
Artillant (Mj., Sp., Sal.), eux (PL), oux
(PI., Sp., PL), adj. quai. — Vif, actif, éveillé,
alerte, entreprenant, travailleur. — A rap-
procher de Ardélion, par curiosité.
Et. Hist. — Au mot Artillé : Pourrait venir de :
ars, artis, — art ; d'où artillum, engin : artillare,
pourvoir d'engins. L'anc. franc, a : artilleux, dont
î'étymol., qui est : ars, artis, confirme celle d'artil-
1er. (LiTT.) « Artilleux se dit en bonne et mauvaise
part :
— « S'est Telamonz, preuz et vaillanz
Et arlilleus et combatans. »
— « Ha ! feme, comme "es enginneuse,
Et décevants, et artilleuse. » (L. C.)
— « Elle est hardie et artilleiise
Et trop en vie studieuse. » (Rom. de la Rose.)
— n Li goupils (renard) est moult artilleux
Quand il est auques fameilleux. »
(c.-à-d. quand il est un peu aiïamé. — Id. — D. C
Artiste (Mj.), s. m. Vétérinaire diplômé,
par opposition à Mégeilleur. — Pas d'autre
sens.
N. — Se trouve dans Lor. Larchey. Excentrici-
tés du langage.
Et. — Ars, artis. N'a pris que vers 1762 le sens
spécial qu'il a aujourd'hui. On disait : artiste en
tapisserie, etc. (Litt.) — « C'te vache est ben
gâte ; faut aller charcher Vartisse. » — « Landry a
du talent pour le bestiau. . . Quand même on irait
étudier dans les écoles, comme les artistes, cela ne
sert de rien si on n'y est adroit de naissance. »
(G. Sand. La Petite Fadette.) — Tendance de notre
éfioque à amplifier les mots ; portier, concierge ;
perruquier, artiste capillaire ; cuisinier, chef ; épi
cier, marchand de denrées coloniales. (Jaub.)
Arton, s. m. — Pain, — terme faubourien.
Et. — De nombreux mots commencent par :
arto, du grec : artoç, pain. — C'est de l'argot :
Artif, artie, artilTe, arton. — Du provençal =
artoun, pain. (Lor. Larch.) — Arton signifie :
pain, dans le Dict. manuscrit de Barbass.vn. —
Artuit, repas. Espèce de droit seigneurial, comme
le droit de gîte. Repas qu'un vassal donnait à son
seigneur. (L. C.)
Ar'tourner, v. n. — Retourner, V. Ar L
Artiisan (Lg.), s. m. — Bruche des pois. \\
Petit insecte sauteur, coléoptère à long bec,
qui suce et perfore les feuilles des choux et
navets, et aussi celles du lin. Syn. de Cosson,
Cotisson.
Et. — Doublet évident de Artuson, malgré la
légère diflérence de sens. En somme le patois
désigne sous le nom commun de Artusans ou Ariu-
sons, les insectes qui perforent, qui pertuiscnt soit
le bois, soit les graines ou les feuilles des plantes. Il
apparaît dès lors que ce mot est pour Pertuson ou
Pertusant, du v. Pertuser. — Variantes : Artuison,
artezon, artuissons, artison, artaison. « Il préserve
les fourmages d'estre mangés des bestioles,... artu-
sans, mittes. (O. de Serres.) — « Une aumusse
d'escuraulx de Calabre, doublée de menu ver,
artuisonnée. (1514. GoD.)
.irtuson (ML), s. m. — Petit ver qui perfore
le bois et fait la vermoulure. || Lg. Petit
insecte sauteur qui s'attache aux choux. C'est
le cosson de Mj. !| Fu. Cosson. « Un trou
d' artuson. » — « L'armoire est toute cosson-
née. » — Syn. de Saillon, Cotisson, Puzon.
Et. et Hist. — Corr. et doubl. de Artison, fr. Il y
a eu confusion des deux insectes. — Pourrait être
pour : pertuson, du fr. pertuis. — « Artuison, c'est
un ver de drap (xvi- s.) — Artuson (0. de Serres)
— On a dit jadis : Artoisan, artuison, arte, artre. —
La CiTR>'E : Artuis, trou fait par les vers, altération
de partuis, le même que pertuis. — Artuis, trou de
ver, ou ce ver. (Dict. de Trévoux, à Artisonné. Cf.
Tineosus, plein de teignes. — Enfin, Schei.er :
Artisan, Artuison. Lat. termitem, tarmita, adonné:
tarte ; par aphérèse : Arte, artre ; d'où un composé:
arte-toison, artoison, artuison, — uson, — ison. —
V. Artusan.
Aninter (Mj.), v. a. — Mettre d'aplomb,
caler. Syn. de Ayoter. V. Dérunter.
Comparez : Arouter, faire route, — suivre
en faisant la même route, — mettre à la suite,
— proposer par ordre, — ordonner, mettre
en ordre, disposer, assembler. (L. C).
.4rure (Lg.), s. f. — Toute façon donnée à
la terre et, par ext., opération culturale quel-
conque. Syn. de Airure. \\ Tout instrument
agricole. Syn. de Apple.
Et. — Doubl. de Airure, avec un sens plus
étendu.
.irzille (Mj., Mzé), , s. f. — Argile, terre
glaise. V. Ardille, Ardrille.
Arzilleux (Mj.), ad. quai. — Argileux, Syn.
et doubl. de Ardilleux, Ardrilleux.
AS-DE-PIQUE — ASSAYER
53
As-de-piqiie, s. m. — Extrémité du crou-
pion d'une volaille ; ainsi nommée de sa forme
C'est le : sot-l'y-laisse. V. Croupignon, Trou-
fignon.
A-sec (Mj.), s. m. — Haut-fond, partie d'un
chenal où l'eau est peu profonde.
Et. — Très claire. — En unseul mot : A.ssec, dans
LiTTRÉ : période pendant kKjuelle un étans: dessé-
ché est livré à la culture. — I.e bateau a rencontré
un assec. (Jaub.)
.isguë, s. f. — Ciguë. L'article a été soudé
au nom : la ciguë. Lat. Cicuta. La forme popu-
laire était : Ceue.
Asile (Mj.). — Absolument, pour : salle
d'asile. Ex. : Je vas mener mon gars à V asile,
ça va me décancher.
Asme (Lg., Tm.), adj. quai. — Pour :
asthmatique. Ex. : Il est ein peu asme. — Cf.
Rhumalisse, Anémie, Eclipse.
Asparge (Mj.), s. f. — Asperge. Cf. Mar,
Par et l'espag^n. Esparrago. !| Asperge du
pauvre, — chou vert, brocolis. || Fu. Asparge
de cordonnier, — bette, qui se mange à la
sauce blanche, comme l'asperge. — On dit
aussi : Esparges.
Et. — Hist. — La Cprne : Asperague. Ce mot
peut se rapprocher de Asper, en fr. : aspre, âpre :
" La coustume fut jadis en Boecie. que les bonnes
et honnestes matrones approuchantes pour devoir
coucher la nouvelle mariée luy faisoient un chap-
pellet sur la teste de branches de aspara^es aspres
et mal gracieux, voulans dire qu'il i'aloit endurer
les rudesses du mary. » — Le patois se rapproche
plus du lat. que le fr. ■ — h'asparai^us est une plante
d'ornement que l'on n'ose appeler : asperge. !|
Asperge des gueux, jeunes pousses de houblon.
(DOTT. )
Asparges-me (Mj.), s. m. — Le début de la
messe, le moment de l'aspersion. || Goupillon.
Aspic (français) ou LTspic. — Lavande. On
dit encore : de l'huile d'aspic dans le langage
correct, et l'on peut comparer à la fameuse
phrase normande : « Qu'a qu'ai a qu'a crie?
Al a qu'ai a chu ! » Cette phrase recueillie à
Lue : Madame, votre uspic y s'pard, — votre
lavande se perd, c.-à-d. est trop avancée
pour pouvoir être utilisée. (M. de la Perrau-
DiÈRE.) — Ec. De l'eau d'espic, de Vespic,
pour : du spic.
Et. — Forme particulière pour : spic, de spicus,
épi. — Lavandula spica, — née par assimilation et
confusion avec: aspic. — Onenextraitunehuileodo-
rante, l'essence de spic, dite par corrupt. : huile
d'aspic. {Dlct. gén.) — Pseudonardum, nardus cel-
tica. (RoB. EsTiENNE, T/i?<;aiiriis. — GoD) —
Bâtard : Lavandula spica.
Aspit' (Li., Bris., Mj.), s. m et f. — Aspic,
serpent, couleuvre, vipère. Cf. TabaC. || Fu.
Prononc. Aspi.
Et. — Ane. fr. : aspe (popul.) et aspide (savant),
de aspis, aspidis. — Dans le Centre, le t est inso-
nore.
Aspité (Mj.), adj. quai. — Couvert de
larges taches de rousseur. Syn. de Maillé. V.
Foik-Lore, III.
Et. — Cf. Aspidocéphale. Terme de zoologie, qui
a la tête couverte de plaques (grec, aspic, bouclier,
képhalè, tète.) — Simplement : taché comme un
aspit.
Assaisonner (s'). — (PI., Lg.), v. réf. —
Mûrir, en parlant des fruits. — Cf. Aoûter.
Ex. : Ces poires-là ne sont pas encore assez
assaisonnées. *
Et. — Français dans les anciens auteurs : Mûrir,
dans ïa saison ; A, Saison. Pris dans un sens spécial
— « L'espic jaunit en grain oue le chaud assai-
sonne. »
(Du Bell., VI, 19.)
— « Fruit vert, pour n'être pas assaisonné encore. »
(D'AuB., Créât., 5.)
Dérive de: sationem, action de semer. Le premier
sens est : mettre à point, à la saison : « Comme ilz se
feussent assemblez pour cueillir et amasser le blé
qui estoit au dedenz d'icellui champ, combien que
icellui blé ne feust mie pour lors attempresé ne
assaisonné. » (L. C.) — A.ssaxonare. (D. C.) — Du
foin bien assaisonné. — « Mais de parler des dattes
entières mûres et assaisonnées, cela est réservé pour
des contrées plus chaudes » (S. François de Salp;s.
Trad. de l' Amour de Dieu. — Jal'b.)
Assaoûler v. a. — Aile m'assaoûle, —
m'étourdit. — Cf. Assavoir. — V. Assoûler.
Et. — Salullare, sadoler,saoler, saouler, soûler.
— Rendre qqp. soûl de qqch., lui en donner tant
qu'il n'en veuille pas davantage. {Dict. gén.). Ici,
saturer de paroles.
Assassin (Mj.) pour : Assassinat, meurtre.
Ex. : Il s'est fait ein assassin à La Pommeraye
Et. — Hist. — De l'arabe : haschisch, nom de la
poudre de feuilles de chanvre avec laquelle on
prépare le haschisché. I^e prince des Assassins, ou
Scheik, ou Vieux de la Montagne faisait prendre
du haschisch à certains hommes. Ceux-ci avaient
des visions qui les transportaient et qu'on leur
présentait comme étant un avant-goût du Paradis.
A ce point, ils se trouvaient déterminés à tout faire
et le prince les employait à tuer des personnages
ennemis. C'est ainsi qu'une plante enivrante a
fini par donner 'son nom à l'assassinat. (Litt.) —
C'est par oubli de la vraie signification de Assassin,
que dans le sens d'assassinat l'on a dit ; « Qui
jettera. . . l'œil sur les meurtres et assassins que
les Princes faisaient faire par leurs favoris, etc. »
(P.ASQUiER, Rech, I, 21, L. c.) — Le bruit court
icy que deux soldats de la maréchaussée de Sau-
mur ont été rompus pour avoir fait un assassin.
(1760. — Im: Aicli., E. 341, 2,, 12.)
Assaut (Mj., Lue), s. m. — Epreuve, mala-
die, accident. Ex. : Il se paraît qu'il a ieu ein
fameux assaut ; il a ben manqué d'en terzéler.
Il Coup violent reçu.
Et. — B. L. Assalire, assaillir. — Assaltum ;
classiq. assultum, assalt, assaut. {Dict. gén.)
Assaiivager (Mj.), v. a. — Rendre sauvage,
au propre et au fig.
Et. — Sauvage vient de : sylvalicus, qui habite
les bois. — Hist. E. Deschamps. (Gon.)
— « La domesche par dur gouvernement
S'assauvagist et mue son usage. )>
'■ — « Les Evain assaut'agissoient
Et les Adam aprivoisoient.
Entre les autres en issi (sortit)
Le gorpil (renard), si assauvagi. » (D. C.)
Assayer (Mj., Sp.), v. a. — Essayer. || Fu.
54
ASSEAU — ASSIRE
Absolument, v. réf. : Essayer ses forces.
« Veux-tu j'allons nous assayer ? >/
Et. — Doublet de la forme franc,. — Le bret. a
le V. Asai, et l'angl. le v. to Assay, qui ont le même
sens. I.at. popul. : exagiare, de : exagium, pesage.
Asseau (Mj.), s. m. — Herminette. — (â).
Et. — Marteau à l'usage du couvreur, dont la
tête est courbée en portion de cercle. B. L-. Asci-
culus, du lat. Asciola, dimin. de Ascia, instrument
de chari)entier. — Aisceau, terme de tonnellerie,
instrument qui sert à polir le bois (Litt.). —
« Asseth.'. Marteau avec une tête d'un côté et de
l'autre un tranchant large de deux pouces et un
peu recourbé vers le manche : les couvreurs s'en
servent pour dresser, couper et clouer les lattes et
les ardoises, et les tonnelliers pour polir et arrondir
les douves des tonneaux. {Dici. gén.). — Asciau.
Outil de charron, espèce de hache à fer en forme de
pioche, près de son attache au manche, comme
l'ascia romana gravée sur les tonibeaux antiques
avec la formule jusqu'à présent inexpliquée : sub
ascia (D. C). — Cf. Jaub. Asciau. — N. L'ascia
était la truelle de maçon ou de briquetier. « Sub
ascia ou Ad asciam dedicare, signifiait : Consacrer
(un monument) sous la truelle, c.-à-d. encore
inachevé (A. V.).
Assécher (Lg.), v. a. — Dessécher. — v. n.
— Se dessécher. Ex. : Tout assèche par ces
chauds-là.
Assec-oui — Ah ! cest que oui ! — Pour :
oui. Approbation amplifiée (Méx.).
Asseillonner (Lg.), v. a. — Rechausser, à
l'aide du veau ou vuau, les rangées de choux
dans un champ. On dit aussi : Hoiter.
Et. — Dérivé de Seillon, pris, comme toujours,
au sens de ; lillon. — V. Folk-Lore IV, Culture.
Assenser, et mieux Acenser, v. a. — Trai-
ter à fo.'t'ait avec un mégeyeur pour payer
en denrées les soins qu'il doit donner aux
bestiaux. De là : assensement, pour : rede-
vance. (Mén.).
Assent (Mj.), s. m. — Consentement,
accord, adhésion. Ne s'emploie que dans la
locut. : Eter cVassent, être consentant. Syn.
de Aconsent, Agré, Hait. (Z. 14.5). — Angl.
Assent, même sens.
Et. — Hist. — Du lat. Assentire. Cf. Consentir.
— « Les ordonnances touchans le commun proufit
de la ville soient faites... par l'asscnz des trois
concistoires ;1370. — Asseiuldée rfe-j Etats. D. C).
— « Car François et Bretons seront bientôt à'asse)it
De piller sur vos biens. . .
(Cuv. du GuescUn. — Devilt,.\rd.)
Poitou, Aunis : Y a pas d'asaent d'aveuc lui, —
il n'y a rien à attendre de lui. — « Contrainct loii-
tesfois et vaincu des prières du peuple (S.-Lezin)
fut d'assentement de prendre la charge pastoralle... »
(J. DE BoUKD., chron., 30-).
Asseoir (Lue, etc.), v. a. — Asseoir la lessive
la buée. Placer le linge dans la panne, etc.
Et. — Ad, Sedere. — Par ext. : mettre dans une
position fixe et stable, toute espèce de manière de
poser les choses, de les déposer, de les disposer.
(L. C). — Assir la buée. (Dott.)
Assereaux (Tr.), s. m. — Coupures, divi-
sion du schiste à peu près horizontale. (ÂIén.).
Assermonner (Lg.), v. a. — Brocarder,
couvrir de lazzis, cribler de lardons.
Asserrer (Tm.), v. a. — Serrer. Cf. Are-
garder, Accomparer. — Au sens de : ramasser
enfermer.
Et. — Du lat. popul. Serrare, — enfermer, de
serra, serrure, verrou. (Classiq. sera, confondu avec
serra, scie.) — Rab.. 1. IV. Nouv. Prol. p. 30 : « En
bonne heure de vous rencontrée (la santé), sus
l'instant soit par vous assenée... soit par vous
saisie et mancipée. » (Je pense que ce mot veut
dire : retenir une chose qui échappe.) ,
Asseurement — Assurément, certaine-
ment.
Hist. — « Luy-même commença à déduire
asseurement son faict. » {Amyot, Marias, 23.) —
xn^ s. i( Asseurement i va, kar tu la cited prendras.
— L'anc. langue a deux adverbes, asseurement et
asseuréement : le premier de l'ancien adject.
Asseur, au fém. : le deuxième d'asseurée.
Assez (Mj.). — Se place souvent après
l'adj. — Ex. : Il est grand assez, mais dam il
est sot ! Il Tout assez, tant qu'assez, — autant
qu'il faut.
Assheure-ci (Lg.). — Maintenant. Syn. de
Aslheure.
Assiéger (s') (Lg.), v. réf. — S'asseoir. Syn.
de ?,' Assire, s' Assiéter, se Siéter. C'est le vx
français. De : siège.
Assient (Lg.), s. m. Séant. Prononc. : Assi-
in. Pour Asséant, du fr. Asseoir.
Assiétter (s'), s' Assir (Fu.), v. réf. s'Asseoir,
se Sietter. — « Siettez-vous donc. » — « As-
siette-te donc là, par le coûté de moi. » || Mj.,
Lg.) — S'emploie surtout à l'impératif. On
dit indifféremment : Assiétez-\ous, ou Assisez-
vous. (Ec.)
Assieuter Assiéter. — Ij Ec. se Sieuter. V.
les précédents. — Assiétez-vous donc. || Sieu-
/es-vous.
Assieutoir (Segr.). Tout ce qui peut servir
pour s'asseoir. Doubl. de Assitoir.
Assigner (Mj.) et Assiner, v. n. — Faire de
la tête un geste affirmatif. Ex. : Aile assignait
avec le menton. V. plus bas Assiner.
Assimenter, v. a. — Assaisonner, accom-
moder avec des ingrédients. V. Acimenter.
Assiner (Mj.), v. a. — Asséner. |I Désigner,
indiquer — ou menacer du doigt.
Et. Hist. — C'est le lat. Assignare dans son sens
propre, et dans le sens du dér. fr. Asséner. Les deux
verbes se confondent. Le g ne se prononçait pas au
xvii« s. — Cf. un sinet. — « Tu trouverais...
assener, pour frapper où on visait, et proprement
d'un coup de main. » (J. du Bell., D. et IIL, 1. II,
VI, 46.) ^
— « Regarde comme elle assinn
Son amy soubz l'aubépine. » (God.)
Assire (Lg., Mj., Fu.), v. a. — Se conjugue
comme Lire. — Asseoir, assire la buée, —
préparer la lessive. || Je vas ni assire ; assi^e-
vous donc. - — Syn. de Assiéter. Cf. S'assidre.
(Jaub.)
ASSISTANTE — ATETER
55
Et. — Dér. direct du lat. Assidere, formé exac-
tement comme le fr. Rire de Ridere. — Hist.
« Mais si en cest habit je m'assis à table, je boiray
par Dieu ! (Rab., G. I, 39.)
Assistante (Se). — « J'suis ben assistante. »
— Assez fatiguée pour m' asseoir, ou : j'aime
à m' asseoir.
Assister (Mj.), v. a. — Accompagner qqn
dans une circonstance importante de son
existence, etc. — Ex. : Il ne s'enéra pas dans
la terre sans que je l'assiste. || Assister la
crône, — donner à la quête.
Assitoir (Lg.), s. m. — Siège.
Assobrer (Lg.), v. a. — Assommer, abrutir.
Syn. de Essodir. \\ Abatl.-e, écraser de som-
meil. Syn. de Endôvrer.
. Et. — Du lat. Ad, Superare. Cf. Souverer.
Assodir. (Sp.) v. a. V. Essodir. Assommer,
étourdir par des coups.
N. — Assodé, malade sans ressource ; homme
accablé par la maladie et qui, selon l'expression
vulgaire, ne tient plus compte de soy. (L. C.)
Assoir. Pour : hier soir. V. Arsoir.
Hist. « Le vilain d'asseoir a planté ses immon"
danités à notre porte. » (B. de Verv., M. de pari'.>
III 139.)
Assolider (Mj., Lg.), v. a. — Consolider,
rendre solide.
Assort (Zig. 122), s. m. — Position conve-
nable.
Et. — Assortir, fournir, mettre en état, disposer.
— Assorter, — munir, fortifier (suam cuique sor-
tem assignare). D. C.
Asso<ir° (assoqui) (Mj.), v. a. — Dessécher,
ratatiner, racornir. — Cf. Asté (Jaub.), séche-
resse.
Et. — Lat. iEstus ou .Estas. — V. Stâ (Jaub.)
Assoiioier (s') (Lg.), v. réf. — Se soucier.
Ex. : Je m'en assoucie pas. Cf. Aboutouner.
Assoiiiller (Segr.), v. a. — S'asseoir sur la
paille, se dit des hommes et des animaux
(MÉN.).
N. Mettre de la litière sous les animaux. V. Souil,
poussière d'un appartement, balayure. (Dott.). Cf.
EnsouiUure.
Assoûler (Zig. 145 ; Mj.), v. a. — Presser,
serrer, comprimer, tasser, fouler. — Tasser,
p. ex., dans une poche.
Et. — Dér. du fr. Soûler, lat. Saturare. Assoûler
des objets dans un cofïre, une malle, c'est : saturer
ce coffre, cette malle, les remplir aussi complète-
ment que possible. Métaphore expressive. — On a
proposé Assoiidarc. — V. Assnoûler comme l'on
prononce à Lue. Cf. Assoler (Jaub.)
Assoiitrer (s') (Lg.). v. réf. — S'accroupir.
Syn. \'. S'ainouir. Dér. de Soutre.
Astasie, Stasie, et même Tasie (-Mj.), n.
propre. Anastasie.
Astlieiire (A c't'heure), adv. — Maintenant,
tout à l'heure, à l'instant. Cf. Assheure-ci.
Et. Hist. — Contraction du fr. : A cette heure,
ou p.-ê. formé directement du lat. : ad istam
horam. — Brantôme emploie souvent ce mot qu'il
écrit : A sCheure : >< A sCheiire donc je puis bien
dire qu'à bon escient je triomphe de vous. »
(D. gai., D. 1, 35, 25). — « J'en ai assez parlé
asthure, j'en parlerai encore. » (Id., Vie de Mar-
guerite, reine de Navarre.) « Moy asteure et moy
tantost, sommes bien deux. » (Mont., Ess., III, 9.)
— « J'ay des pourtraicts de ma forme de vingt-cinq
ans, je les compare à celuy d'asteure. » (Id, ibid., 13)
— Asturs (M.\JiB0D.)
Il Fu. — Astheure-ci, même .sens. — Il est venu
me charcher, é i)is astheure-ci, i veut pu v'nir. »
Asthme (asme) (Tlm.), adj. quai, pour :
Asthmatique. Il est asthme. On donne au
malade le nom de la maladie. « Il ne peut-
guère travailler, il est asthme. » V. Astne,
Astre.
Et. — D'un mot grec, — respiration.
Astie (de F) (Sar.), s. m. — Astique (Fu).
s. f. ■ — De l'élastique, du caoutchouc, de la
gomme gutte. || Il a perdu Vastique de son
chapeau.
Astif ailler (Lg.), v. a. — Attifer. Syn. de
Querter. Cf . Artifâilles.
Astiquer (Mj.), v. a. — Sens spécial de :
Appliquer avec vigueur. Ex. : Il te illi a asti-
qué un coup de varge de fouet sus la goule ! »
Astre (Asme), s. f. « Ceux qui avaient un
astre sus la poitrine. » {La Trad., 250,36).
At. — 3p pers. sing. indic. prés, de Avoir.
Ex. : Il at ein beau gorin. — Cf. Il vat.
Et. — C'est le t régulier de la .3^ personne.
Hist. — « Son quiév, que il al coronet,
To lo laiseret recimer. »
(Son chef (sa tête) qu'il a tonsuré, il le laissa se
couvrir tout entier de cheveux. — Vie de S. Léger.)
Atardiver (s'), v. réf. — S'attarder, rentrer
tard, être longtemps. — Dér. de Tardif. —
Syn. de s' Abassheurer.
Atcliite ! — Onomatopée indiquant l'éter-
nuement. |! Fu. — Atichum !
Atelier, (â), (Mj.), s. m. — Atelier. CL Calice.
Et. — C'est le lieu où l'on prépare les attelles,
qui sont de petites planches : en un mot c'est
l'atelier du menuisier ; de là le sens a passé à toute
espèce d'atelier. On a longtemps écrit : attelier. La
prononciation atelier. . ., a conservé la trace d'une
lettre disparue : astelier : « Ils avoyent conclu de
jeter mon hasielier à bas. -i (Pai.lssy. 9. — Litt.)
Atermer (s') (Sp.), v. réL — Mûrir. Venir
à terme, arriver à maturité complète. CL
a' Ahoutéier.
Atêsser (Lg.), v. a. — Disposer régulière-
ment en tas des branches coupées pour les
fagoter.
Et. — Dér. de Tcssc.
.Atêtcr, Attêter (Mj.), v. a. — Tenir tête à
qqn, l'irriter par son o])stination. |! V. réf.
s'Attêter, — s'entêter, s'obstiner. Cf. Entêter.
Il Discuter vivement et passionnément avec.
Ex. : Quand il a bu, faut pas Vattêter. De :
tête.
56
ATIGOCHE — ATTIGNER
Atigoclie (Mj., PL), s. f. — Excitation, pro-
vocations, agaceries. — V. Attigoche, Aticoche.
Caresses.
Atigochcr (Mj., PI.), v. a. — Agacer, taqui-
ner. V. Attigocher.
Atinter (Mj.), v. a. — \\ Tinter. Enchan-
teler.
Atout (Mj.), s. m. et fém. — Fig. Coup vio-
lent reçu, horion. Syn. de Hampane.
N. — En jouant aux caries on dit qqfois : Atout,
ratout, ratatout, passe mon pique, enfouie M""* la
Préfète (à La Membrole. — Mén.). — A Mj., ce
nom est souvent du féminin ; au Lg., il l'est tou-
jours. Ex. : As-tu ine atout ? j'en ai encore yine.
Et. Hist. — Le premier^ sens semble venir par
analogie du coup porté au jeu parla carte maîtresse.
Dans ce dernier sens : Jouer à-tout, jouer de son
reste, ou n'épargner rien, faire tous ses efforts.
« Quand ils se virent ainsi assiégez, si jouèrent
« tout, car ils avoient assez canons et artillerie. »
(Journal de Paris, sous Charles VI et Charles VII.
L. C.)
Attapir, et (s') (Lue). — Se blottir, se mettre
à l'abri. V. Tapir. — Syn. de se Boumir.
Hist. « Et pource que la clarté de ses œvres ne
demeure atapie en ombres ne en ténèbres. » (Join-
viixE. — D. C.)
Attaque (Mj.), s. f. — Dans la locut. Eter
d'attaque, — être solide, capable d'attaquer
ou de se défendre, en parlant d'un homme,
d'un animal ; — irréprochable, en parlant
d'un ouvi'age. Ex. : Ein gars d'attaque.
Et. — C'est la prononciation picarde de : atta-
cher. Musicien d'attaque, d'un orchestre ou d'un
chreur, que les autres doivent suivre pour l'attaque
de la note qui commence un passage [Dict. gén.).
— (I Coupeau marchait de l'air esbrouffeur d'un
citoyen qui est d'attaque. » (Zola.)
Attaquer (Mj.), v. a. — Fig. Interpeller,
apostropher, adresser la parole à qqn, même
sans intention agressive. V. Attaque.
Et. Hist. ■ — 0 Un Picard, mené au gibet, aima
mieux y être attaché, pendu et étranglé, que
d'épouser une fille boiteuse, disant à l'exécuteur :
(' Attaque, attaque, elle cloque (cloche). Ménage. —
— MoisY résume bien ces deux sens : « Attaquer,
en dialecte normand, et attacher, en vx fr., signi-
fiaient tout à la fois : assujettir une chose à une
autre et : exercer un acte d'agression. » Attacher
a perdu ce dernier sens en franc., et cette langue,
pour l'exprimer, a emprunté au dialecte normand
le V. attaquer, lequel, en ce dialecte, a conservé les
deux acceptions. Angl. lo tack. — Cf. taque,
taquet.
Attccher (Lg.). — Attacher. Changement
fréquent de l'a en e.
Atteindre (Mj.),''v. a. — Aveindre. — Ex. :
Atteins donc les allumettes et me les donne.
Syn. de Avrer. || Fig. — Atteindre de loin,
— être influent, avoir le bras long.
Attelage (Mj.), s. m. — Sens spécial. Équi-
page, attirail. Syn. de Adrigail. \\ Encombre,
embarras. Ex. : Cinq enfants et y eine femme
malade, ça illi en fait d'ein attelage f
Et. — B. L. Astellare. On donnait le nom d'as-
telel au bois du collier des chevaux, de là Atteler.
Ce mot vient donc de : astele, ou, comme nous
écrivons aujourd'hui, attelle. Lat. : hastella, petit
bâton, de : hasta, bâton, lance (Litt.). — « De Ad
et Telum, au sens non classique de timon, flèche.
{Dict. gén.).
.ittelé, part. pas. (Lg.). — Ben attelé, mal
attelé, — qui a un bon, un mauvais attelage,
ç.-à-d. qui est bien ou mal pourvu d'animaux
d'attelage. Cf. Désattelé. \\ Partout, au fig. —
Mal attelé, — engagé dans qq. mauvaise
affaire.
Attelée (Sa.), s. f. — Attelage. Syn. de
Harnais, Charrue.
Attelles (Fu), s. f. — Pièces de bois aux-
quelles on fixait les boeufs pour les faire
tourner le moulin à battre, avant la batteuse
à vapeur.
.itteloire (Sp.), s. f. — Cheville de fer
mobile qui se loge dans un trou du croc ou
proueil, et y fixe la prouillière du croc ou
proueil qui précède.
Attendant, e (Mj.), adj. verb. — Qui
attend avec patience. Ex. : Noute jument
n'est point attendante. CL Faisant, etc.
Attendillon (Mj.), s. m. — Petite quantité
de nourriture que l'on prend pour pouvoir
attendre le repas.
Attendis (Sp.), s. m. — S'emploie dans la
locut. adv. A Vattendis, — en attendant. —
A La Romagne, on dit : En attendis. \\ Fu. id.
Attendre (s') (Segr., Mj.), v. réL — Penser.
Ex. : Je m'attends qu'il vienne, — je pense
qu'il viendra. H Mj. Je niattends qu'il va
venir, — j'espère qu'il viendra.
Et. — S'attendre, avec le sens d'espérer, comp-
ter, serait inintelligible si l'on ne connaissait pas à :
attendre un autre sens que celui qu'il a aujourd'hui.
Ce v. signifiait aussi : faire attention, ce qui en est
1» sens propre. — S'attendre, c'est donc : s'appii-
q\ier à, tetuiro son esprit à. D'où le sens actuel.
.4ttentionnant, e (Mj.), adj. verb. — Absor-
bant, qui exige beaucoup d'attention. Se dit
d'un travail. Syn. de Appliquant.
Attêter. V. Atêter.
Attibrail (Fu), s. m. — Attirail, tourment.
« Quel attibrail ! » Syn. de Enquibrage,
Encheiribi.
Atticoclie-goehe (Mj.), s. L — Excitation,
provocation. Ex. : A illi fait des atticoches. \\
Agaceries. || Poires à' atticoches, — agaceries.
Atticoclier-goclicr (Mj.), v. a. — Lutiner.
p.'ovotjuer, exciter, aguicher. — P.-ê. diminut.
du fr. Attaquer. A rapprocher du français
Asticoter.
Attit'ails, Attifiauv, s. m. — Pour attifets ;
proprement : Ornement de tète pour les
femmes, d'où : parure en général.
Et. — A, Tiffer, parer la tête ; du flam. tippen,
couper le bout des cheveux.
Attigncr, .ittiner (Fu), v. a. — Provoquer,
irriter un animal. Ex. : Ne va pas attiner
ATTIGOCHE — AU-DESSUS
57
les aboilles, a te mordraient. — ^ I se sont
attinés après li. — Attiner un chien, l'exciter :
Attine-\e donc point, i va te mordre. || V. réf.
s' Attiner, — s'acharner, s'entêter. N. Mieux,
Aquiner. D'ailleurs ti se prononce qui.
Et. Hist. — Du Cance le fait venir du german.
Atia, atya, — lat. odium, haine (angl. to hâte).
Atine, l'action d'animer, d'exciter. — « Ledit
Jehan, s'aitayna et entra en chaleur et fureur. »
Attainer, — fâcher, irriter, courroucer. Attaineux,
querelleur.
Attigoche, er (Pell.), v. Atticoche, er.
Attinter (Mj.), v. n. — V. Tinter.
N. — Établir un objet quelconque sur des tins,
qui sont des pièces de bois horizontales un peu
inclinées dans le sens de la longueur.
Attrappe-chiens (Mj), s. m. — Sorte de
demi fermeture dans l'ouverture d'une haie.
(Figure : •< ).
Et. — Ainsi appelée parce que les chiens, qui ont
es coules de long (proverbe), sont censés ne la pou-
voir franchir. U attrape-chiens laisse un passage
sinueux que l'homme peut franchir de plain-pied,
mais qui arrête complètement les bestiaux. Cf.
Olivette. Il Fig. Par jeu de mots : Aller au couvent
de rattrape (la Trappe), pour : se marier.
Attraper (Mj.), v. a. — Toucher, heurter,
attemdre. Ex. : Il m'a attrapé dans Teil avec
ein bois. || Gagner une maladie. Ex. : Tu vas
attraper ren de bon. — Il a attrapé ein velin
d'eau. — Illy a dequé attraper sa mort. —
Attraper du mal. !| Attraper ein queneau, —
devenir enceinte. j| Attraper des pouées, des
puces, — être infesté, par contact, de poux,
de puces. ]| Invectiver quelqu'un. Syn. de
Engueuler.
Attrichoter (Lg.), v. a. — Attacher en
liasses. Ex. : Attrichoter des oignons. Déi. de
Trichotée.
.Vu ' (Smf., Sar., Po.), prép. — Avec. Ex. :
Je l'ai vu prendre ein vipère au les mains, jl
A Mj. même, où ce mot n'est plus employé, il
s'est conservé dans la vieille locution : Au
respect parlé. — V. Gorin, Noble.
Et. — Contraction de Auvéc. — Hist. « Vente...
par Jean de Lambe « de tous les frus, esues, quelle-
I tées o toz les droiz, aucions, convencions que il
avait... en un arpent de vignes. » (1282. Inv.
Arch., G. 46, 2.) — « Ou (au) carrefour de la porte
Angevine, là où l'on vend la char o le pain. »
(1299. Id, ihid., 48.1.) — Une pièce de vigne et une
pièce de terre o les haies qui y appartiennent, o
(1297. Id., S. H., 54,2.) — « Une meson o le coiirtil
et o toutes les appartenances à I^a Barre. » (1322.
Id, ib., 72,2.)
Et. — « Ot, od. o, ob, — prépos. avec. — Du
lat. apud, * aput. Le p de * aput s'est adouci en b,
V, et finalement vocalisé en u, — apt, abt, avt, aut,
ot, 0 ; en sorte que apud et aut donnent en défini-
tive l'un et l'autre 0. — V. 0, ovec. — Nous avons
adopté la graphie. Au, à cause du mot Auvec et de
la prononciation. Ovec serait p.-ô. préférable.
Au ^ — Remplace souvent la terminaison
al au singul. des noms. Un chevau (j'vau), un
animau. Cf. Maufaisant, pour : malfaisant.
Au ^, prononcé ao. Ghaosses, pour -,
chausses ; caoser pour causer, etc. (Le Lou-
roux, Z. 139).
Aubade (Mj.), s. f. — Raclée, rossée, volée
de coupe
Et. — C'est le mot français pris au figuré et iro-
niquement, comme l'indiqueraient ces vers de
REGN.lBr
. . . Qu'il aille au diable avec sa sérénade.
Je vais songer à lui donner l'aubade, moi.
{La Sérénade, Sc. 1.)
— Charivari. {Dict. gén.)
Aubarge-isse (Mj.), — Auberge, auber-
giste.
Et. — De l'aha, heriberga, tente de campement,
de heri, armée et bergan, protéger. — Ancienne-
ment, logis : héberge ; héberger.
Aubépin, s. m. — Aubépine. Cf. Ebaupin
(Ec), où l'on dit même : du l'ébaupin.
Et. — De : aube, pour : albe, de : albus. blanc
et de : spina, épine. On trouve aussi Ebeaupin.
Ane. fr. Aubespin, plus près du latin. — Rég^jieb,
Stances .
— '< Naguère vert, sain et puissant
Comme un aubespin florissant. »
— >< Bel aubespin fleurissant, verdissant. >-
(ROXSARD.)
Auberger, pour : héberger. — V. Aubarge.
Aubour (Mj.), s. m. — Aubier. || Fig.
Duplicité, difficulté, chicane. Ex. : Avec moi
y a pas (T aubour. \\ Fu. Y a pas à' aubour dans
la filasse. — On montre à M. Gaspard la pho-
tographie de l'assassin présumé de M^ie Gas-
pard. Il répond : « C'est bien lui, il n'y a pas
(ïaubour. » (Le Petit Courrier, 17 avril 1907.)
Et. — Du lat. Alburnum (Pline), dér. lui-même
de Albus, blanc. Cf. l'aube du jour. — N'y a pas
d'aubour, dit-on, quand une affaire va toute seule,
qu'un marché est complètement bon ou fait avec
des gens loyaux et sûrs. » {Raynou.\f.d.). — N. Ce
mot est emprunté à la langue des marchands de
bois pour charpentes : ils doivent livrer l'arbre
équarri, dégarni de son écorce et de son aubour
considéi'é comme une tare.
.iuboiirfoiii, Aiiroiil'oiiin, s. m. — Bleuet.
Le mot français est Aubifoin, nom vulgaire
de la centaurée bleue. — Syn. de Bleu-bleu.
.4ubuy, Aubu, Aubiis. — Tuf décomposé
placé entre la terre et le tuf, à Saumur, à
Thouars. P.-ê. de Alba, blanc (Mén.).
Hist. — Les Aubuées, Aubuez, Aubus. Noms de
localités dans l'Indre et dans la Nièvre. Dér. p.-è.
do Albus, à cause de leurs terres crayeuses et blan-
châtres ou de leurs plantations d'aubiers (saules).
Jaub.
.Aiidacer (Mj.), v. a. — Exaspérer, outrer.
Il y. réf. S'emporte"
.iudaeieiix (-Mj.), adj. quai. — Insolent,
impertinent.
Au-dessôs (Lg.), adv. — Au-dessous.
Au-dessus (Mj.), adv. || \'enir au-dessus de,
— venir à l)Oiit de, triompher de, l'emporter
sur. Ex. : \'elà ein ôvrage, je sais pas si je vas
queuquefois en venir au-dessus.
58
AUDRET — AUSSIT'
Hist. — «... La seconde commère
« Vint au dessus de ce qu'elle entreprit. »
1.A Fontaine, La Gageure.
Audret (Mj.). — En face. S'emploie seule-
ment avec la prépos. de. Ex. : J'étais audret
de chez ieux. — Je demeurais audret de
sa maison. V. Dret.
Aué. Avec. — Aué le soulé, — avec le
soleil. V. Au (Mén.). V. O, Ovec, Auvec.
Aufège (Segr.), adj. quai. — Fier, orgueil-
leux, peu causant. « C't homme n'est pas
aufège (IMÉN.). Cf. Ruffage.
Hist. — Aufaige. Nom de dignité. Nos anciens
auteurs, qui déficnirent les noms orientaux, sup-
posent qu'aufaige est, chez les Sarrazins, le nom
d'une dignité approchant de celle du roi.
« Ne say s'il est roy ou aufaige. » (L. C.)
Aufrage (Mj.), s. m. — Naufrage.
Et. — C'est le mot franc., avec la chute de l'n
initial. Cette aphérèse est due à ce que dans l'exprès
sion : un naufrage, l'n du subst. a été confondu
avec l'n final de l'article. C'est le contraire de ce
qui s'est produit pour : nanse et tant d'autres mots.
Auge (Lg.), s. f. — Etre ou rester dans
Vauge, — rester en arrière de son travail
vis-à-vis de l'ouvrier avec lequel on maçonne
de concert. Langue des maçons.
Augeoii (Mj.), s. m. — Fosse remplie de
fumier et servant de couche pour cultiver les
citrouilles, melons, etc. — Ex. : On voit déjà
des formes de palourdes dans Vaugeou. —
Dér. de Auge. V. Aujou. Syn. de Tombe,
Raganne, Ragâille.
Augiiient (okman) (Mj.), s. m. — Augmen-
tation, accroissement, extension. — Se trouve
au xvie s.
Aiijord'hui. — Prononc. vicieuse. On dit
même, pour renforcer le pléonasme : Au jor
à.'aujorcVhui.
Anjou. V. Augeou (Bri). — Fosse qui reçoit
le cep de vigne qu'on veut planter. || Qqfois :
gorgeure, à SI. (Mén.). — || Bl. Un aujoux, —
fossé creusé pour couper les racines d'un
arbre. Ij Q., Zig. 171. Une tranchée. || Ec.
Pour : au jour.
Auniailles (Lg.), adj. quai. plur. — Bêtes
aumailles, — bêtes à cornes.
^^- — Ce mot, supprimé par l'Académie et
noté comme vieux par le Dictionn. génér., est
toujours en usage au Lg.
Et. — Animalia. — Hist. « Y ayant tout droit
d'y faire pâturer leurs bêtes aumailles. » {Inv.
Arch., E. S. s., III, 172,1.) — « Restes belines,
aumaille.^ et chevalines. » (GoB.) — N. Le plur.
neutre Animalia a été pris pour un fémin. sing.
Aunias — Instrument pour la pêche dans
nos rivières ; espèce de filet. Lorsque les
mailles des filets sont triples, ce sont des :
aumées en fr. (Mén.). — N. Je n'ai pas pu
retrouver la trace de ces mots. Faut-il y voir :
mailles, tramail?
Auiuière (Fu), adj. quai. — Nozillo au-
mière, — noisette cultivée, par opposition à
noisette des champs.
.4une ^ s. m. — Aune des prés. (Bâtard,
Année, inula helenium.)
.4une - (Ec). Longueur de filet. V. Apetis-
sures.
Auparavant (Mj., etc.), prép. — Avant.
Ex. : J'étais rendue ben longtemps aupara-
vant lui. il Auparavant que, ou : que de, —
avant de.
Hist. — « De sorte que son aîné, auquel le fief
est échu, venant à décéder auparavant luv...
(Coût, du Poitou, II, 217, Art. 280.) — Employé
par Corneille. — Vaugelas blâme cet emploi.
Auqueun, auqueune (Mj.), adj. indéf. —
Aucun, ii Auqueune part, — nulle part. Cf.
leun, pour : un.
Auqueune ment (Mj.), adv. — Aucunement.
.4uré. — Le vendredi auré, — le Vendredi
saint.
Hist. — « Le vendredi 9 avril est dit le Vendredi
saint, alias le Vendredi auré. » {Inv. Arch., III,
E. S. s. p. 424, 2.). — Etym. Adorare, vx. fr. Aoré.
Auril, s. f. pour : Oril, oreille.
N. Cf. Orillard, qui a de grandes oreilles ; oreil-
lette, petite oreille ; oreillon. — Aurillade, coup
sur les oreilles. — Hist. « Icellui Simon dist au
suppliant qu'il lui donrait telle joée (coup sur la
joue) ou aurillade qu'il le feroit cheoir à terre. >>
(D. C.)
Auriole (Mj.), s. f. — Daphné lauréole. ||
Ec. Lauriol.
N. — On peut ici constater l'aphérèse de 1 initial,
pris pour l'article la. C'est le contraire de ce qui se
produit pour Labbé, Lierre, Ahaie, etc.
Aury. s. m. — Nom vulg. de l'Hesperis
alliaria. (Mén.) — Julienne alliaire de
Bâtard. Alliaire.
Ausanne (Sp.). V. Lausanne.
N. — Je serais tenté d'écrire Hosanne et de rap-
porter ce mot à l'hébreu Hosannah. Il est à remar-
quer, en effet, que Ausanne et Lausanne désignent
deux plantes qui fleurissent au temps de Pâques
au temps des Hosannah !
Et. — « Hosanne, Osa«ne, buis bénit du dimanche
des Rameaux : le jour ou le dimanche de VOsanne.
— Au mot Seuzannes : — primevère sans tige ou
â grandes fleurs. P.-ê. pour : hozannes, de hosanna.
le temps de Pâques, comme qui dirait Pâquerettes.
— Cf. .Alléluia, Pentecôte (Jaub.). — « Nous estanz
en la Rouchelle vers la fin de 1315 ; au commen-
cement de l'an 1316, environ VOsanne (L. C).
Aussi- ben. — D'ailleurs. Ex. : J'n'irons
point annuit, aussi ben j'n'aurions point le
temps.
.iussit' (Mj.), adv. — Aussi. 1| Ec. On dit
aussi, sans t sonore. || Cette forme n'est
employée que lorsque l'adverbe termine la
proposition. Ainsi on dit : J'y étais, et ielle
aussit\ — Mais on dira : A illy était aus.fi
ielle. Il Aussi. . . comme. — Je se aussi fort
comme té. || A la fin d'une phrase, sorte d'in-
terjection marquant le dépit. « Il arait dû
AUSSITOUT — AVALAGE
59
venir pus tout, aussit' — Dame ! aussit'' ! tu
n'arais pas pu me le dire !
Aiissitout. — Aussitôt.
Aussi vrai — Affirmation renforcée Ex.
I va ché d'ia piée arsoir, aussi vrai que j'ai
nom Piarre ! !| Vrai de vrai !
Autant (Mj ) — Autant que de, — corres-
pond au franc. : On peut le regarder comme.
Ex. : Il est si malade qu'il est ben autant que
de pardu. || Autant... comme, — aussi...
que. Il Autant comme autant, — tant et tant,
tant et plus, autant qu'on voudra. Ex. : Des
prennes, y en a c't'année autant comme
autant. — Je illi en donnerai autant comme
autant. || Autant dire, — c'est comme si on
disait. Ex. : Tu me demandes six-vingts pis-
toles de ta vache, autant dire que tu ne veux
pas me la vendre !
Hist. — «A tes hautes entreprises être autant
favorables, comme envers toy il a esté libéral. »
(J. DU Bell., Dédie, p. 2.) — « Autant les indoctes
comme les doctes. (Id., Dcj. et IlL, II, II, 56.)
— « Le regret que jectez sur ma cendre
Me griefve autant comme il ne vous vault riens. »
(G. C. Bûcher, 251, p. 239).
. . . Dins la restanco.
Poudès la faire heure, autatit comme vous plai.
(Dans l'écluse, vous pouvez la faire boire autant
qu'il vous plaît. — Mireille, p. 156, 4'.)
Autefois fut (Mj.). — Autrefois, au temps
jadis.
Autel (Mj.), s. féminin. — Ex. : I disait sa
messe à la grande autel. — Cf. Hôtel.
Auteur (Mj.), s. m. — La cause. « J'n'en
se pas V auteur — ce n'est pas de ma faute. —
« La piée est Vauteur que je n'arons guère
de poumes c't'année. »
Autor (Mj.), s. f. — S'emploie dans la
locut. : Jouer d'autor, — jouer d'autorité,
ç.-à-d sans reprendre de cartes, à l'écarté. —
On dit aussi : Jouer d'achar-(nement).
Autour (Mj ). — Autour de, — aux envi-
rons. Ex. : Ça vaut autour de 35 sous. Syn.
de : Dans les. \\ Lg. — Tout autour de, —
tout le long de. Ex. : En faut de la pansion
pour nourrir trente pièces de bêtes toutautour
de l'année !
Autre (Mj.). — S'emploie comme explétif
dans la locution : Eux autres. Ex. : I
creyant vantiers qu'i n'y en a que pour
eux autres! — Cf. le franc. Nous, vous
autres. || AU' est morte ces autres années, —
il y a quelques années. (Li., Br.). || L autre
hier, — avai:t hier. || Fu. — Vautre année,
— l'année dernière. — Une autre année, —
l'année prochaine, l'année qui veint (vient).
Autrement <|ue (Mj.). — Bien plus que.
Ex. : Ses vaches sont autrement belles que les
siennes (celles) du patron : a ne illy vont ni a
ne illy veinnent (il n'y a aucune comparaison
à établir). || Il est ben raide, mais son frère
est autrement fort. — M. X. . . a l)en de que
faire, mais M. Y . . . est ben autrement riche.
Il Autrement que ça, — sans cela, sinon. Ex.
Pour 40 pistoles, j'en se, mais autrement que
ça n'y a ren de fait. — • Cf. Différeniment. —
A été employé par Pascal.
Auvec (Sar.). Avec. — N. Ce mot a vieilli,
mais il est encore assez usité dans la région ;
moins toutefois que sur les confins de la
Loire-Inférieure. V. Au, O, Ovec. — Je préfé-
errais Ovec.
Hist. — « Du moulin de Bollent ovecques l'estanc
et le cours de l'eau et overques les mouvans et
appartenans et Aournans audit moulin. » (1405,
Inv. Arch., H, ï, p. 259,1.) — « A Estienne Mire-
pais, armeurier. pour faire la coupe d'un bacinet
ouvesque l'estrophe, vir 1. » (1377. M., G, 23, 1.) —
Il Pour venir emprès nous et ovesques nous en la
guerre de Flandres. .' (1312. Charte de Charles III.
P. Marchegay, p. 37.)
— « Perrin, quarche ton rhalumia {bis).
Plante m'y thi tous tes agneas
Per venir ocque nous ;
Vins t'en veure thieute chouse de bin
Que j 'allons veure tertous. »
{La Trad., p. 201.)
Auveret (PL), s. m. — Sorte d'oiseau. V.
Averet.
Auvin (Lue), s. m. — ■ Orvet. — Cf. Envrun.
Hist. — « Si lauvet voyait,
Si le sourd entendait,
Nul homme up vivrait. ■> {Prov.)
N. Calomnie ; ces deux reptiles sont peu malfai-
sants (DE Montes.)
Auvis (Lé, Lg.), s. m. — Étincelle qui s'é-
chappeen pétillant d'un tison enflammé. — -
Gendarme. — Syn. de Berton, Fombrèche.
Auyoù (Lp.). Où. V. Oyoù, Eyoii. || By.
Eyoù que?
Avaclier (Mj.), v. a. — Aplatir, abattre,
écraser, faire tomber, écrouler, ébouler, jj
V. n. S'affaisser, etc. — Syn. de Avâcrer. Pour
Avachir, franc. — || Fu. S'afl'aisser sous la
charge.
N. — Au jeu de saute- mulet, le joueur qui
avach': perd le coup. — A savoir si le mot, dans ce
sens spécial, ne vient pas de : Vache ; car la vache,
saillie par le taureau, s'affaisse presque toujours,
si bien qu'on doit la soutenir par deux leviers
croisés en X. — u Les Latins appelaient Flaccus
ceux qui avaient les oreilles pendantes et avachies. »
(Du PiNET. Pline, .1'/, 37, — God.)
Et. Hist. — Impossible de rattacher ce mot à ■
vache. De A, plus le verbe aha, weichjan, énerver ;
ail, mod. weich, mou. — .< Je ne cherche qu'à
m'anonchalir et avachir. » (Mont., IV . 76.)
Avâcrer (Sp.), v. n. — Plier, tomber, être
écrasé sous le faix. || S'affaisser, s'écrouler.
Syn. de Cambrer et Avacher.
Availles (Lg.), s. f. plur. — Lavures.
N. — Ou pourrait croire au premier abord q-ue
ce mot est de la famille de Aivcc et dér. du lat.
Aqua. C'est une corrupt. de Lavailles, par aphérèse
de l'initial. Cf. .Ausanne, Etanies, Ecomolij.
Avalage (Mj.), s. m. — Pilotage d'im
bateau à la descente de la Loire. — De Aval.
N. — Les avalages sont faits par des mariniers
appelés Toutiers ; c'est une spécialité. Chaque
60
AVALE — AVEIXAGE
avalage de Mj. à Nantes se paye aujourd'hui 20 fr.,
plus la nourriture à bord. C'est un prix fixe, quelle
que soit la durée du voyage.
Hist. — GoD. cite ce mot (1415-1416.) n
Avalé, ée (Mj.) Fig. — Émacié, hâlé, amai-
gri, creusé ; se dit du visage. — Eine figure
avalée, hâve, décharnée. — Les chairs se sont,
en qq. sorte, retirées en avaL
Et. Hist. — « Descendu, — pendant, en [larlant
des parties du corps, joues, oreilles, ventre, croupe.
— Donc : amaigri, s'explique. — « Ils ont l'échiné
trop plate, le col trop roide et la cuisse trop avalée. «
(BÉR. DE Verv., m. dn parv. Jaub.) — D'où :
Avallouère, œsophage, facilité d'avaler. « C'est
eun hnume qu'a eiine bonne avalouère. » (Jaub.)
Avaler, v. a. — Avaler sa langue, — rester
muet, ne pouvoir répondre ; mourir. Cf.
Tourner de î'œiL
Avale-toiif-cru (Mj.), s. m. — Homme à
mine rébarljative ou dont l'air est peu propre
à inspirer confiance. Ex. : I veint de passer
ein grand Avale -tout-cru. || Escogriffe, tranche-
montagne.
Et. — S'explique de soi. — On dit qqfois : un
avaleur de charrettes ferrées.
Avance (Mj.). ■ — • On dit : A P avance, pour :
d'avance. Locut. contraire au bon usage. —
Par avance. Ij Fu. s. f. — Donne mé de
V avance, j 'cours pas si fôr que té.
Avancé, ée (Mj), part. pas. — Avancée de
veau, en parlant d'une vache qui touche au
terme de sa gestation. — De même, en par-
lant des personnes :
Hist. — « Excusez ma pensée,
Je ne puis la cacher :
Vous êtes avancée
Et prête d'accoucher. ■>
{Aocl.'s Angev.)
Avancer (Mj., Lg.), v. n. — Aller, se rendre*
Ex. : J'ai avancé jusque chez ieux. — Si t'as
le temps avance donc jusque chez mon tonton.
— Eh ! ben, je vas y avancer.
Avancp-hiar (Mj). Avant hier. — Qqf.
Avant-z-hiar, ou Avans-hiar, qui sont meil-
leurs.
Avangcant (Mj), adj. verb. — Qui se fait ou
peut se faire vite, en parlant d'un ouvrage, ou
même d'une personne qui avance à la besogne.
Syn. de Epiétant.
Avanger (Mj., Lg), v. n. — Avancer ou
aller vite en besogne ; faire beaucoup de tra-
vail en peu de temps ; être avantageux. Syn.
de Epiéter. Ex. : Tu iVavanges à ren. jl Avanger
à chemin, — faire beaucoup de chemin en peu
de temps. \\ v. a. Faire aussi vite que, gagner
de vitesse. Èx. : I peut marcher, je Vavangerai
ben. Il Avanger à, — suffire à. Ex. : N'y a gens
d'avanger à illi brocher des chausses à ceté
brise-barrières-là. Avanger à, — fournir de.
Ex. : On ne sarait avanger à la monnaie.
Bg. « Aile avance à l'ôvrage, ma fille, aile
vient d'avoir deux jumeaux après dix mois de
mariage. \\ Lue. — Servir à. « Faut pas pleu-
rer, ça n'avange à ren. »
Et. Hist. — Ce mot, un des plus employés et des
plus caractéristiques du patois, est pour rAvancer.
Du lat. barbare inusité Abiantare ; l'i voyelle
devient consonne. — v Hz ne peuvent de présent
avanger à boyre et leur conviendra espandre le vin
en terre, si d'ailleurs ne leur vient renfort de beu- ■
veurs. » (Rab., P., Prognost., p. .585.)
— " Mais gaing n'auras qui à la perte avange. »
(G. C. BucHEK, 132, p. 159.)
Avangeux, s. m. — Qui travaille vite
et bien. Syn. de Avantageux.
Avant ! Interject. — « Avant, les gars !
pour : En avant ! || Mj., Ec. — Pousser avant,
— adv. — remonter à la bourde un bateau
contre le courant. Ex. : J'avons poussé avant
jusqu'à Chalonnes. || Fu. Devant. « Il est
avant toi à l'école, pas vrai? || Ec. — Avant-z-
hiar. V. Avance-hiar. j| Avant que de, avant de,
— Employé par Boileatj, du reste.
Avantageux (Mj.), adj. quai. — Expéditif,
en parlant d'une personne. Ex. : Aile est vrai
avantageuse à l'ôvrage. !| Ec. Avantégeux. —
il Qui se fait vite, en parlant d'un ouvrage.
Syn. de Epiétant. Cf. Avangeant, Avangeux.
Avant-cœur (Sa.), s. m. Sein. Syn. de Fis-
tonneau, Avont-lait, Avant-trains, Néné.
Hi=t. — Cf. Avant-scène, même sens. Quadruple
allusion à leur saillie. « La future est tellement
volumineuse que. lorsqu'elle est au théâtre, on ne
voit plus que les avant-scène. « (Journal le « Gil
Blas !.. 29 jnnv., 1885. — LoR. Larch.)
.4vant-fra!ns (Mj.). — Les seins d'une
femme. Ne se dit qu'en plaisantant. \'. Avant-
cœur.
Avant--trou (Mj.), s.
être élargi.
Trou destiné à
Avare (Mj.)
Atelier.
L'a, très long. — Cf. Calice,
Avaron (Sp.), s. m. — Celui qui est ardent
au travail, ou qui fait semblant de Têtre.
Ardélion.
N. — Dans Jaitb. u Avoirat, — mauvais ouvrier.
Avoirer, — faire négligemment, sans goût, à la
hâte. — Ce serait le contraire; mais ce n'est p. ê.
pas le même mot.
Avartir (Mj.). — Avertir.
Avartissement. — Avertissement.
Avec (Mj.). — V. Au, Auvec, O, Ovec. S'em-
ploie dans certaines locutions au lieu de :
contre. Ex. : Aile est ben fâchée avec moi. ||
Avec ça que, — et puis d'ailleurs. Ex. : Avec
ça que c'est commode de illy aller ! Avec ça
qu'aile est maline ! || Absolument : Avec ça !
exclamation qui marque l'incrédulité, —
qu'on vienne me dire que... Ex. : Avec ça que
les notaires travaillent pour des bons de
nosettes !
Et. — Forme régulière, Avoec, de : apud hoc, en
cela.
.4 veiller (Lg.), v. a. — Disposer en petits
tas, — du foin, pour le faire sécher. Syn. exact
de Abeulotter. Dér. de Veille.
Aveinage. — Redevance en avoine.
AVEINDRE — AVETTE
61
Hist. — « Et est entendu ce doublacre en la
manière qui s'ensuit : c'est à sçavoir, posé que le
subjet, sur nui le devoir sera doublé, doive ave-
nagcs, bled, vin, et plusieurs autres cens et rentes. ->
{Coût. d'An/., Art. 122, p. 86.)
Aveindre. Est français. Sens un peu spécial.'
(Ec, etc.). — Atteindre avec efTort, précau-
tion, quelque difficulté.
Et. Hist. — Ne vient pas de Ad-venire, comme
on pourrait le croire et comme le dit Littré, mais
de Abemere, emporter, devenu Avembre, puis, par
substitution de terminaison, aveindre. Cf. Gemere,
devenu : geindre. {Dict. génér.). — Part. pas. —
Açeignu, — ■ aiteindu.
n I.es bras de la croix sont bien haulx,
Autrement n'y peut-on avaindre. » (GoD.)
Aveine (Mj., Sal.), s. f. — Prononc. nor-
mande de Avoine.
Et. Hist. — Lat. Avena. « Jean, Sire de Ser-
maises, homme lige de ses Feuries et Avenages. . .
à 15 jours de garde à Beaugé. » (1387. — D. G.)
— « Que la malheureuse avesne
Ne foisonne sur la plaine. »
(J. DU BELL.ii'. Vœux rustiques.)
— « Jules, qui pour l'état se donne tant de peine.
Voulut aussi régler mon foin et mon aveine. »
(Benserade).
Aveiner (Mj.), v. a. — Nourrir copieuse-
ment d'avoine, un cheval. I| Par ext., nourrir
largement une personne. — Dér. de Aveine
et doublet de Avoiner.
Aveneau (Mj.). — Havenet, s. m. — Épui-
sette, sac en filet pour retirer les poissons de
l'eau. — Syn. de Basse. \\ Au. — Pêchettes à
écrevisses. Syn. de Balances.
Et. — Ce mot viendrait-il de : .Aveindre 1 —
« On appelle ainsi (Aveniaus), outre le filet, des
jeunes gens des environs qui viennent dans une
noce sans être invités, prendre part à la danse. »
(DOTT.)
-livenir (Mj.), v. ii. unipers. — Seoir, aller
bien, être convenable. Ex. : Aile a eine coifïe
qui illi aveint vrai ben. — Ses farces ne illi
avennent point. \\ Ça illi aveint point, — il
n'est pas bien de sa personne.
Et. Hist. — Du lat. Advenire. liC franc, emploie
J'adj. Avenant, qui n'est autre chose que l'adj.
verb. dérivé de ce verbe avec le même sens.
' — « Chascun doit faire en toutes places
Ce qu'il set qui miex li avient,
Car los et pris et grâce en vient. »
(Boni, de la Rose.)
— « Aux femmes aussi mal avient.
Science que bât à un bœuf. » (Marot.)
Avents (Mj)., s. m. plur. — Le patois n'em-
ploie jamais ce mot qu'au pluriel : Les Avents
de Noël.
Et. Hist. — C'est un provincialisme ; il faut le
singulier. Arrivée (adventus) de J.-Ch. ; par anto-
nomase, sa naissance : par catachrèse, un certain
temps avant Noël (Litt.) — « Et çou fu à l'entrée
des Avents. » (ViUehardouin, p. 34. — Jatr.) —
« D'autant que les frimas avaient été grands aux
Avents de Noël. » (G. Sand.)
Averet (Au.), s. m. — \'olatile, oiseau
oisillon.
Et. — Ce mot est sans doute le diminut. d'un
mot inusité, Ave, dér. du lat. Avis, Avem, formé
au moyen du suffixe eret, comme Dameret. —
« Averans, volailles (poules, canards, oies) d'une
ferme. De Avoir? (Dott.) — « Avéras, jeune bête,
avorton. D. C. Averia, v" Averium.
Averlan (Mj)., s. m. — Individu, croquant,
quidam de mauvaise mine, suspect. Le mot
a vieilli.
Et. Hist. — On a fait venir ce mot de l'ail. Ha ver-
ling, routiers, maquignons, de Hœver, dans le
Limbourg. Il a le sens de : ribaud, paillard. (L. Mol-
l.and.) — ■ « Je vous prie par grâce, vous aultres,
mes bons averlans..., montez dessus et me les
amenez. » (Rae., G., I, 3, 11). — • Lire Brantôme :
Sur les duels, 325. — « Ceux qui disent : J'ai vu
ceci ou cela autre part, sont des chétifs averlans. »
(B. DE Verv., m. de p. II, 14.) — Ivrogne, bon
compagnon.
Avernette (Tm.), s. f. Aventure, his-.
toire. Ex. : En velà encore eine avernette ! |1
Mésaventure
Averon, .4vron. Folle avoine.
Et. — Avena fatua( Bâtard). — Avèneron (Litt.)
Haveron (haver-grass), avoine sauvage. — A
remarquer que le mot Havresac veut dire propre-
ment : sac à avoine, du mot allemand. — Avèneron,
haveron. (God.)
-Avés (Lg.), s. m. pi. — Petite plante d'or-
nement, bulbeuse et de la famille des liliacées,
portant en corymbe, au bout d'une hampe de
0,30 à 0,40, des fleurettes blanches très déli-
cates et très jolies, mais qui répandent une
odeur d'ail.
.4vesse (Lg.), s. f. — Mollesse, paresse, fai-
néantise. Ex. : li'avesse me prend. Syn. de
Flemme. — Dér. de Avesser. Cf. Dévesser. —
C'est : la vesse, évidemment.
.Avesser (Sp., Lg., Tm., Sal.), v. a. — Es-
quinter. Il Abrutir de coups — ou de caresses.
1| Acagnarder, rendre paresseux, mou, lâche,
fainéant, un animal, par des caresses et des
soins excessifs. Dans ce sens c'est un syn. du
mot montj. Haquenir. V. Aniantir, Afainian-
ter.
Et. — Dér. de Vesse, subst. verb. de Vessir,
ancienne forme de Vesser. Vent qui sort du corps
sans bruit et répand une mauvaise odeur. Lat.
popul. : vissire ; cla.ss., visire. — Implique l'idée
de quelque chose de mou et de flasque. — ■ Par
ext. Vesseur, poltron. V. Venette. Ane. franc. Vener,
vesner ; même racine.
Avette (PL, Sa., Sal. etc.), s. f. — Abeille.
Et. Hist. — C'est le vieux mot français qu'on
trouve dans les meilleurs auteurs. Lat. Apicula,
dimin. de Apem. — Dès les premiers temps du
B. L. on trouve une tendance à substituer le b au p
du mot primitif. Puis le b est échangé avec le v.
(Litt.) — Lat. popul. Apitam (Dict. génér.).
— « Quand Cupido, cest enfant impudique,
Sur Hymettus desroboit les avettes,
Les desrobant, l'une très fort le picque. »
(G. C. BUCHER. 129).
— « Car comme les avettes, se voyant surprises du
vent en la campagne, embrassent des pierres pour
se pouvoir balancer en l'air^ et n'estre pas si aysé-
ment transportées à la mercy de l'orage. » (S. Fran-
çois DE Sal,es ,p. 550. — Jaub.)
62
AVEU
AVOUERIE
Aveu (Mj.), s. m. — Entremise, bons
offices, protection. Ex. : Il a attrapé ceté
place-là par l'aveu de notre député, — grâce
à ; qqf. à l'instigation de. || De Vaveu de, —
du consentement de.
Et. — C'estle mot français dans un sens détourné
3t très spécial, le seul, du reste, où nos paysans
l'emploient. — De Avouer. — Série des sens :
Action de vouer, et proprement de vouer service
féodal : puis, approbation; puis, reconnaissance de
ce qui est dû ; finalement, confession.
Aveiiglette. s. f. — Planche que Ton met
ordinairement devant les yeux des animaux
qui vont paître. (Mén.).
Avézer (s') (Lg.), v. pron. — S'acoquiner,
s'adonner à de mauvaises fréquentations.
V. Avesser, son doublet.
•Iviager (Mj.), v. a. — Céder ou acquérir
moyennant une rente viagère. Syn. de Aren-
ter. Cf. Livrer.
A vinasse (Bg.). — Goule avinassée, rougie
par l'abus de la vinasse. Suffixe péjoratif.
.ivinoclié. — Qui a trop bu de vinoche.
.4 virer (Lg.), v. a. — Ramener, les bestiaux
qui s'écartent. Ex. : Avire ! avire ! crient les
bergères à leurs chiens quand les moutons ou
les vaches sont « passés en demage ». — • De :
virer. Cf. Ravirer.
Avis. — Dans la locut. très usuelle : M'est
avis pour : il me semble, je crois. || Lg. Pour
cfuel avis, — pour c[uel motif, à quelle occa-
sion? — Ex. : Pour quel avis est-il venu là?
Et. Hist. — A, Vis, de visum, littéralement : ce
qui est vu, ce qui semble. Ce m'est à vis.
— « Deux Angles, vis m'est, me porteront. »
(Castoiement, 55. — De deux borgnes et d'un
vilain, et passim.)
... Et ce nous est advis
Qu'heures sont jours et jours pleines années. »
(Rab., Ep. à J. Bouchet.)
Avision. — Pour : vision. Soudure de l'ar-
ticle. Cf. Aviso, petit navire éclaireur.
Hist. — « Vysion that appereth in ones slep,
advision. » (Palsgr., p. 285. — GoD.)
Avisse (Chl.), s. f. — Syn. et doubl. de
Evis 1. — Vis.
N. — Cette forme ne s'emploie plus. Je la re-
trouve dans l'inventaire de Brodeau (V. Charlit)
de 1745. « Item, les deux tiers dans un pressoir à
deux avisses de bois. . . » — A ce sujet je remarque
que dans les anciens pressoirs à casse-cou, la poutre
couchée sur le cep n'était pas toujours un levier
engagé d'un bout entre les jumelles et abaissé de
l'autre à l'aide d'un treuil. Dans certains modèles
cette poutre était percée à ses deux extrémités de
trous formant écrous, où s'engageaient de grosses
vis de bois à filets triangulaires, à l'aide desquelles
on obtenait la pression. (R. O.)
Avivres. Pour Avives. — Engorgement des
glandes parotides du cheval. Ane. franc.
Vives.
Et. — Vives est devenu Avives par a.ssimilation
avec le v. Aviver. Suivant l'opinion du vulgaire,
le cheval contracte cette aflection en buvant des
eaux vives. {Dlct. gén.) Dans l'Anjou on dit Avivres.
— « .Jumentum cyclicum, bestes qui a les avives. »
— Var. Avivures. (God.)
.iv'nage. — V. Aveinage.
.ivoindre (Au.), v. a. — Aveindre. Syn. de
Ajoindre, Aveindre et de Avrer. Cf. Avoine,
aveine. Avrier.
Avoine de curé (Mj.), s. f. — Moutarde. !|.
Fu. — C'est le poivre. [[ Avoine à chapelet.
(Segr.) \\ Avoine folle. || Parmi les vieilles
espèces de poires il y avait autrefois les poires
d'avoine.
.ivoine-folle (Lg.), s. f. — Folle avoine. Ex.:
L'avoine folle a de grandes piques.
Avoiner (Mj.). — V. Aveiner.
Avoir, V. a. — N'y a pas, — locut. ellipt.
qui signifie : il n'y a rien à faire d'autre, ou :
il faut absolument que je le fasse. Ex. : N'y a
pas, faut que j'y aille. ;| Employé pour l'auxi-
liaire être. Ex. : Il s'a péri, — il s'est tué. —
Je m'ai coupé. [| Avoir de quoi, et même : de
dequoi. — être à l'aise. || N'avoir que de, —
n'avoir qu'à. Ex. : Vous n'avez que de prendre
par l'adressée.
Conjugaison. Ind. prés. J'ai, t'as, il at, j'ons ou
j'avons, v's avez, is avont. — Futur ; J'arai,
t'aras, etc. Cond. : J'arais. — Subj. prés. : Que
j'aye, que t'ayes, etc. -— Inf. prés. : Avrer. — Part.
pas. : iu, ieu, évu. — « Si je n'avais point y été à sa
r'devance, tu Tarais point ieue. » (Li., Br.). — V.
le v. Etre.
Avoir la peine de (Lue, etc.), locut. à peu
près syn. de Falloir. — Ex. : J'arai la peine
de le faire, — il faudra que je le fasse. — T'as
laissé tomber ta pieume (plume), t'aras la
peine de la ramasser.
Avont-lait (Tm.), s. m. — Seins, Syn. de
Avant-trains, etc.
Et. — Il est possible que, dans ce mot, Avont
soit la préposit. .\vant, puisque dans la région on
ne distingue pas l'une de l'autre les voyelles nasales
an et on ; m.ais il est possible aussi que ce mot
Avont soit la 3« pers. plur. de l'Indic. prés, du v.
Avoir. — Voir la conjug. de ce verbe. — Cf. Appa-
raîssances. — LiTTKÉ l'explique ainsi : « Terme de
boucherie. Maniement pair ou double, particulier
à la vache, placé à la partie interne de la cuisse, à
la partie supérieure du pis, et immédiatement en
avayit des vaisseaux sanguins qui se rendent aux
mamelles ou qui en émanent. Avant, Lait.
.ivortonné (Mj.), adj. quai. — Faible, grêle,
nabot, mal venu, qui a la tournure d'un avor-
ton. Se dit des animaux et des plantes.
Et. — Avorton ; Ab, Orior, — mal naître.
Avoua (Mj.), s. m. — Avoué.
Et. — Lat. Advocatus ; avocat et avoué.
.4vouerie (Vr.), s. f. — Servitude, droit
qu'on avoue sur une propriété voisine, un
puits commun, etc. — Ex. : Les enfants ne
veulent pas, dans une succession, avoir
d'avoueries les uns sur les autres.
Hist. — « Et pour exploicteurs pris en avouerie,
en applégement où il n'y a eu violence esdits
exploicts n'y aura amende. »(CoMi.d'.4n/.,.4rt.6,p.7.)
AVOUILLAGE — AYU
63
Avouillage (Mj.), s. m. — Ouillage, action
d'ouiller. \\ Quantité de vin destinée ou em-
ployée à l'ouillage. Ex. : J'avons ieu deux
barriques et de V avouillage. V. Avoailler.
Hist. — ■ « Pour Vaouillage et déchié de 62 pipes
de vin. lesquelles furent amenées en moustaisons en
leur boillon. » (1399. Im>. Arch., H S., p. 50,2.)
— « Un tierçon et son avouillage. . ., une busse et
son avouillage. » (1710. — Id. E. II, p. 198, 2.)
Avoiiiller (Mj., Lg., Sal.), v. a. — Ouiller,
Il V. n. Jaillir ou couler abondamment. Ex. :
Le sang illi avouillait par la bouche. — La
source est bonne, ça avouille. \\ Mettre de
l'eau dans le vin.
Et. — Ouiller, pour : aouiller, aoiller. De A,
Œil, sous sa forme atone. Remplir un tonneau
jusqu'à l'œil (la bonde). Dict. génér. — « Je regarde
Ouiller comme une corrupt. du pat. Avouiller, de
môme que le franc. Oiseau est une corrupt. de
Voiseau (Avicellum).
Hist. — ...et quelques pintes pour Y avouiller.
(1710, Inv. Arch.., E. II, 198,2). — «... 12 quar-
tiers de la Césarderie. . . qui en ont produit un
quart et quelques pintes pour l'avouiller.
Avouillette (Mj.), s. f. — Petit entonnoir
servant, par exemple, à verser le lessif de la
buée, — ou le vin dans les tonneaux. || Ec.
Vouillette, vouilloir. || Lg. Ouillette.
Avoiir (Cs.). Pour : où? Ex. : Avour as-tu
été? Doubl. de Eyour.
Et. — Nous nous trouvons en présence de deux
sens : « Avoure, dans quel endroit ? » — « A présent
maintenant. » En vx franc, oure signifie heure.
Avoure serait syn. de Astheure. — « Sire, me com-
mandastes que je gardasse mon jour et je suis venu
à oure et à temps garder mon jour. » (Assises de
Jérus, ch. 50. — Cité par Éveillé). — Mais pour
nous le doute n'est pas permis. Cf. Eyoù donc? —
et où donc?
A' vous? (Mj.). — Pour : Avez- vous, par
apocope. Cf. Sa' vous, voul' vous, craye' vous,
entende' vous, pense vous, voye' vous? — V.
Jaub. à Ous. — Ex. : A' vous vu mon père?
Hist. « A\'ous mal aux dents, maître
Pierre ? »
[Le Testament de Pathelin)
« Et qu'est cecy? n'a' vous pas honte .^ » (Id.)
— « Razant nos champs, dites, avons point vu
Çeste beauté qui tant me fait la guerre ; ..
(Ronsard).
— « Pourquoy de moy avous donc souhaité
D'estre sacrée à l'immortalité ? >.
(J. DU Bell, Les Amours, p. 186).
— i( .Avons encore, en mon absence.
De votre Baif souvenance? «
(Baif, 149).
Avras ' s. m. — L's avras, le menu fretin de
la ferme. Ex. : I étant vanquiers faisant après
l's avras, — ils sont sans doute occupés à soi-
gner les poules, canards, etc. — V. Avron. Cf.
Averet (Au). — P. ê. pour Avéras.
Et. — Du Gange : Averiti, Avéra (v° Avcrium),
tous les animaux qui servent au labourage. — N.
•Ce n'est pas notre sens.
Avras - (Lue, Bg.) — Vermine, venin.
Avrer (Mj., Lg.) Avrier, v. a. — Aveindre,
— prendre un objet pour le présenter ou l'ap-
porter. Ex. : Avre (avère) donc eine cuiller. ||
Tirer, retirer. — Il a ben ôdigné pour avrer
le seillot du puits. || Lrm., ■ — id. — Attirer à
soi, arracher de l'eau, enlever de bas en haut.
— V. Avoindre, Ajoindre. \\ Au Lg., rarement.
N. — Ce mot est l'un des plus fréquemment
usités. — Avre le donc. — Je l'ai avré. — J'peux
pas avrer eine pièce de 20 sous qu'est dans mon
porte-monnaie. — Av'rr donc la tirette. — On a
avré un gosse d'un puits. — Se conjugue : J'avre,
tu avres, etc. Etym. — P.-ê. de Abripere.
Avrillée, s. f. — Vrillée, petite vrillée, clo-
chette, liseron s'attachant aux plantes envi-
ronnantes. (Mén.)
Et. — Vrille. Du lat. Viticula, de Vitis, vigne,
devenu : Veticla, vedille, veille, ville, vrille (Dict.
génér.).
Avron (Bg.), s. m. — Jeune cochon.
Et. — n faut avoir recours à Du Cance. a Avère
porcinum. — Avéra lachalis (vache ou chèvre que
l'on peut traire — de lac, lait). — Avère lanutum
(brebis, etc., à laine). I^a racine de tous ces mots
est le V. Avoir, employé comme nom : l'avoir.
Sine avero, sans avoir, surnom souvent donné.
Galterius sine avero, Gautier sans avoir.
Ayaulé. — Etrennes. V. Aguilanée.
Aye (Mj.) v. a. — C'est le subj. prés, de
Avoir. Que j'aye, q. t'ayes, etc., en mouillant
l'y. — Cf. Q. je soye.
Hist. — « Ne croyez pas que cette année y aie
aultre gouverneur de l'universel monde que Dieu
le créateur. » (Rab., P. Prognost., I, p. 586.)
— « 'S'aye la main prodigue ni serrée. »
(G. C. Bûcher, 147, p. 171.)
— « N'a!/es point peur, la Dame que regardes
N'est seullement qu'un sonlas en paincture. »
(Id., 152, p. 173.)
— «Combien que j'ayt? passé l'âge de mon enfance. »
(J. du Bell., L'Olive, Ep. au lecteur.)
Ayer. — Précoce. V. Ailleur.
Ayoter(a-ioter)(Sp., Lg., Sal.), v. a. — Caler,
mettre d'aplomb, consolider. || v. réf. — Se
tasser. Syn. de Arunter, Aloter. Ex. : La table
ne yote pas, ayole-la donc, elle est mal calée,
ne tient que sur trois pieds, ajuste-la donc.
(Cholet.) V. Yot.
4yraultç. — Hereau, Heireau. — Maison
rustique avec ses dépendances.
Et. — Dans Du Cange : Hayrelium : « Ou temps
passé souloit avoir oudit lieu de Grandschamps
xxn hereaux et ménages qui souloient payer
ladicte rente. » (1426). — La Curne. Hére'au.
Eiraudus : « Ager, qui nec colitur nec aratur, idem
quod Area. Neque aliud sonat Gallicum Eyral
(1455). — « Se meut débat et question acause de
certains Eyraulx assis entre le villaige de la Bas-
tide et le villaige de Veyrieres. . . Advint que cer-
tains pruniers estans dedens les-diz Eyruulx, etc.
Ayu (Safï., Tm., Lg.) — Part, passé de
Avoir. Pour : eu.
N. Cette forme vieillie est encore usitée à Sa. et
à Tm. Prononc. : a-ïu (Lg.) Ex. : Il at ay» eine
belle peur.
Hist. « V'ià tôt le remords que j'ai adjù dau
temps de la Grande DgieiTe. > (H. Bourgeois,
Hist. de la Grande Guerre, p. 205).
64
AZÉ — BABOUIN
Azé. — Terminaison de nombreux noms de
lieux : Mazé, Trélazé, Renazé, Chazé, etc. || De
la terminaison latine : iacus. — « Il n'y en a
pas de plus fréquente, car elle afTecte peut-
être un vingtième des noms les plus anciens.
Elle représente un suffixe celtique qui a servi
pour la composition au moins jusqu'au sep-
tième siècle de notre ère, de sorte que ce suf-
fixe a donné naissance à une infinité de pro-
duits hybrides par son union avec des radi-
caux latins, et plus tard avec des noms germa-
niques. Ce suffixe s'est modifié, suivant les
régions : 1° en ac ; 2" en : as, at, a ; 3° en é, ey,
ay, eu, eux ; 4" en : ec, ex, S" en : i, y. (J. Qui-
CHERAT. De la formation française des anciens
noms de lieu. 1867. — p. 34, sqq.)
OBSERVATIONS
Proxonciatiox. — Bl est le plus souvent
mouillé, — blé, prononcé bié.
Permutation. — Remplace j dans hauge, pour .
jauge ; p dans Couble, accoubler, pour : couple,
accoupler ; v dans Cadabe, chambe, rabe, pabot,
rabigoter, pour : cadavre, chanvre, rave, pavot,
ravigoter.
MÉTATHÈsE. — Bre devient Ber. — Berdasser
pour Bredasser. — V. au Gloss., ainsi que pour
Bru ; Béruère pour Bruyère. — Reçoit qqf. une
double modification. L'adj. Brun fait au fém.
breune, au lieu de brune, en mettant brtu pour bru.
Puis, au lieu de Breu, on dit Beur, dans Beurnet,
beunieite, pour Brunet, brunette. — A By., Br se
prononce Boer. Ex. : Eine boârouette, pour une
Berouette, Brouette ; — Buerciller, pour Breciller.
La difficulté de prononcer deux consonnes consé-
cutives, bl, br, fait dire Ebélouir, Eberché, pour
Éblouir, Ëbréché.
Apocope. — Se retranche dans Obstiner, —
Epexthèse.
Finablenœiit^ —
— S'ajoute dans Amicablement'
Amicalement, Finalement.
B. — Etre marqué au B, loc. satirique qui
signifie être bigle, borgne, bossu, bancal ou
boiteux. Ij Ec. S'emploie souvent pour indi-
quer qu'un de ces individus est un malin
loustic. « T'y fie pas, il est marqué au B ! »
Intelligent et malin.
Babeluche (Mj., Lg., Sal.), s. f. — Fanfre-
luche ; fétu ou grain de poussière qui vole.
Syn. de Bourrier, Boise.
Et. — Même racine que l'angl. bawble, bagatelle
et que le fr. Babiole. — Babel, balbel, baubel,
petit joyau, babiole, colifichet. Probablement
d'une rac. Bab, que l'on retrouve dans Babulus
(Apulée) sot, niais. (D"- A. Bos.) — Cf. Ebobeluche
(Sainte), Bobelucher, et au.ssi Bobeluche (Jaub.).
Babet' (Mj.), s. f. — Forme familière du
prénom Elisabeth. On dit aussi : Babette
(Segr.). — Pat. norm. id.
Babette (Lg.), s. f. — Orpin, seduni. Syn.
de Tétine-de-sourit , Misère.
Babiau (By.), s. m. — Niais. On dit aussi
Bohiâs, Bobiasse. V. Babeluche, Bajole.
Babiettes (Mj.), s. f. — Ne s'emploie qu'au
plur. Caroncules. Replis rouges de la peau
qui pendent sous le bec du coq et de la poule.
Et. — Pour Barbilleltes.^dimin. du fr. Barbe. —
Cf. Barbille, Barbillon ; le poisson de ce nom. ||
Peut-être de la même famille que Babine (Cte J.).
Babille ' (Mj.), s. f. — Babil, bagout. Ex. :
Il a eine bonne babille. — Loquacité, facilité
d'élocution, langue bien pendue. Du fr.
Babiller.
Et. — Mot naturel qui se retrouve partout et
procède des syllabes imitatives : ba, ba, ba,
qu'émet l'enfant en s'efforçant de parler ; cf. en
angl. babble, en ail. babbeln, en grec babadzein.
Inutile de recourir à la ville de Babel, avec Nicot,
ni à Bambin, avec Mé>age.
Babille - (Chai.), s. f. — Grande renouée, ou
plutôt persicaire que l'on cultive comme
plante d'ornement. — Bat. Polygonum orien-
tale ; Babillarde. '
Babole (Ag.), s. f. — Grande fille bêtasse,
grue ; — grosse tête joufflue et sans expression.
V. Babiau, Bobias, Bajole. \\ By. S'emploie au
masc. « A-t-i pourtant l'air babole ! » Zigz.
134. — Radie. Bab, ci-dessus. || By. Z. 134.
— Grosse tête, figure joufilue et sans expres-
sion. Voisin de Bobane.
Baboue, s. f. — Moue, grimace. Cf. Babu,
Et. et Hist. — P.-ê. du germ. Bappe, bouche,
mufle, d'où : babine. — « Panurge lui feist la habou
en signe de dérision. » (Rab. 7 F, 238). — « Jouer
à la babou , c.-à-d. se faire réciproquement la moue
(id. I, 95). — « Trouvons en Théocrite qu'une
femme nourrice menace son enfant de la baboue et
du marmot ». (Bouchet, Sérées, p. 347.) Voir :
Babouin,
Babouin (Mj.), s. m. — Mannequin que l'on
dresse au milieu des champs ou dans les
arbres fruitiers et qui sert d'épouvantail pour
les oiseaux, il Sorte de mitaine en cuir servant
à garantir la main droite des piqûres, lorsque
l'on pare les haies d'épines, moufle ; Syn. de
Poignard. , Enfant sale et dont les vêtements
sont en désordre. || \'êtement de tulle dont
s'enveloppe l'apiculteur pour faire la récolte
du miel, ii Id, à l'usage du«cureuxd'aboueilles»
(Fu). Il Lg. Large bandeau de cuir que l'on
fixe au devant des yeux d'un cheval ombra-
geux pour le mettre au pré. !! P. ext. — Garde-
vue des casseurs de macadam, en toile métal-
lique.
Et. et Hist. — Rac, Bab., V. Babeluche. « On
n'emploie pas seulement les personnes à chasser les
oiseaux (des chénevières) mais les choses mortes,
(]u'on appelle au pays les babouins. )> (D'Aub.
Fœn. III, 15. — Lit.). — « Ah ! le petit babouin !
(La F. I, 19). — " La babouinere était une espèce
de masque cornu et barbu, représentant le diable.
Les Sarrasins voulant épouvanter les chevaux de
l'armée de Charlemagne placèrent devant eux des
BABU — BADRÉE
65
gens de pied « dont chacun avoit une bahouinere
cornue, noire et horrible, ressemblant diables, et
tenoit chacun d'eux tvmpannes dans ses mains
qu'ils heurtoient ensembles». {Ckron de S. Den. I,
fo 143. L. O- — Dans la langue technique du
moyen âge on nommait bahones ces figures gro-
tesc[UPS et grimaçantes dont on ornait les initiales
des manuscrits, et babouinrr était l'acte de les
dessmer. (Boyer, manuscr. Cte Jatjb.) — « On
donnait autrefois à Laval le nom de babouin à des
figures qui jouaient un rôle dans !a procession de
la Fête-Dieu ; c'étaient des têtes de bois à mâchoire
mobile, mues par des ficelles et que l'on faisait
jouer au passage de la procession. — Babouiner,
action de remuer souvent les lèvres sans parler
distinctement. (Dag.)
— « Que vault un homme, si n'est fin?
On le tient pour un babouin. [Ane. th. fr.)
— « Et sunt sicut babouin i qui ponuntur iii
terris et pilariis (Scrmones Menoti. D. C.)
— « Le vez-vous (voyez-v.) là ce baboyn ?
Vraiement il put tant le vin
Que je sens d'ici son alaine.
(Sermon joveux de bien boire. Ane. thf. fr. II,
p. \-l.)
— « Par ung esprit qui n'est point hahouif/i. »
(Ch. BouRDiGNÉ, Pierre Faifeu, épitre, p. 5.)
Babil (Mj.), s. m. — Faire babu, — faire
claquer à l'aide d'un doigt la lèvre inférieure
contre la supérieure, ce qui produit le son :
babu. Jeu d'enfant.
Et. Hist. — Onomatopée. « Panurge lui fit la
babou en signe de dérision «. (Rab., P., IV, 56).
Bâchas (Mj.), adj. q. et s. m. — Lourdaud,
gauche, hallebreda, balourd. Syn. de Bajole,
dont il me paraît être une corruption. — Cf.
pat. norm. Béja, jeune, cadet. || A rapprocher
de Béjaune? !| By. — • « Quée boéchaud ! —
sans doute pour : bêchaud, bêcheux (lourd
comme un. ..) paysan sans culture .. . intel-
lectuelle.
Bâche (Sa., Jb., Lg.), s. f. — Grande blouse
de marchand de bœufs (Torf., Jls, Sa.).
Bachelette (Lg.), s. f. — Dispute, querelle,
rixe.
Bachelettée (Sp.), s. f. — Grande quantité,
kyrielle, ribambelle. Syn. de Echelettée, Flopée,
Crainassèe, Tournée, Bénédiction, etc.
Et. — Probablement : Ce que peut tenir une
bâche, ic L'acception : grosse toile dont on recouvre
les voitures » est également propre à vache (Lit.
n» 10) ; elle appartient donc probablement à un
homonyme. |! Je ne suis pas de cet avis. Le mot
vient de bachelette, rixe, et qui, comme tous les
mots ayant cette acception, implique aussi l'idée
de grande quantité. Cf. Flopée, Tournée, etc.. —
R. O.
Bachclettes. Vx mot augev. — Sens incon-
nu. V. Bachelotte.
Hist. — «... pour aviser aux moyens les plus
prompts et commodes pour trouver des fonds...
soit en vendant des cierges provenant des anciennes
hacheletics . . . » (Anj. Hist., 6'^ an., n" 6, p. 615.
Paroisse de Tilliers-.j
Bachcloter (Cr.), v. n.
Bachelotte. — Sens
lettes.
— Perdre la tête,
inconnu. V. Bache-
Hist. — « Le lundy 30 novembre 1735,. . . ledit
ouvrage a esté fait et construit des questes de
bachelotte. . . que j'ay faite dans cette isle (Béhuard)
et aux Lambardières. » (Im>. Arch., II, E. S., 315,1)
Bâchère (Lg.). V. Bâtière.
Bachique (Mj.), adj. quai. — Ne s'emploie
que dans la loc. manières bachiques, — ma-
nières quelque peu extraordinaires, excen-
triques. — Par ext. du sens franc.
Bachot (Ag.). — Baccalauréat.
Bachotte, s. f. — Mesure. « Il est néces-
saire de faire observer que le boisseau de
charbon est le 1 /4 de la mesure appelée
bachotte, laquelle comprend 4.624 pouces
cubes, c.-à-d. près d'un hectolitre. [Anj. hist.
5<^ an., n" 5, p. 506).
Bâcler (Mj.), V. a. — Vendre rapidement et
sans marchander un objet de pe\i d'importance.
Bacoiir (Segr.). — Avoir le bacour (et
mieux : batcourt), se dit lorsqu'on est suffoqué,
qu'on a des palpitations après une course.
(MÉN.).
Et. — Battement précipité, donc court, du
cœur. Cf. Bat-cœur, de Mj., Ital. Batticuore.
Bader (Sp., Lg.). — Veiller, faire attention.
Ex. : Badez-y ben. — « C'est ben de ta faute,
tu n'avais qu'à y bader ; — bade donc les
poules. » — Il (Auv.). Réprimander, gour-
mander, morigéner.
Et., Hist. — ■ Vx lat. Badare : 1° ouvrir la bouche;
2" attendre bouche béante, en vain ; aspirera qqch.
— « Stare a bada » prendre garde k (Dante, £"71/.
31, 139. ScH.) — En vx fr. bade signifie sentinelle.
Badiîoler (Lg.), v. n. — Batifoler. || By.
Syn. de coincer, bruit des gonds qui crient.
Badigoinces (Mj.), s. f. pi. — Les mâchoires.
li By. Articulation de la mâchoire inférieure ;
espace entre la joue et la mâchoire inférieure ;
espace entre la joue et la mâchoire, près de
cette articulation (chez les singes, abajoues).
Et., Hist. — C'est une corr. de Mâtigoine qui,
lui, s'emploie aux deux nombres. — « Que signifie
ce remuement de badigoinces. (Rab., P., m, 17,
251.) — « La mousse lui en est creue au gosier par
faute de remuer et exercer les badigoinces (id.). ->
— Rac. celtiq. bad. être ouvert, lèvre (Malv.)
Badigoiiler (Lg.), s. m. — La mâchoire
inférieure. Syn. de Mâtigoine, Badigoinces.
Mot vieilli.
Et. — Voisin, ou doublet de ces derniers mots ;
dér. de Goule et de Bader ; fr. Béer, Bayer. Lat.
pop. batare.
Badras (Mj., Sal.), s. m. Battoir de blan-
chisseuse. Syn. de Battoux. — Bat-draps
(P. EtTDEL). — Au Fu. Badras ou Bardras.
Et. — Du celt. bataraz, bâton beaucoup plus
gros par un bout que par l'autre. (Fav. v° Battou.)
Badrasser (Mj.), v. a. — Taper à coups de
badras, du linge.
Badrée, s. f. — Marmelade de fruits.
Et. — Celtiq. Bad. baigner, plonger ; toute subs-
tance détrempée, délayée. Syn. de Migourit.
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66
BADRELLE — BAHUAUDER
Badrelle (Tlm.), s. f. — Espèce de cham-
pignon qui, d'après les uns, serait la même
que le potiron, mais, d'après les autres, serait
plus petite, quoique très ressemblante. Pour
ces derniers, la badrelle est la fumelle {sic) du
potiron. On l'appelle aussi : Potrelle. ]| Fu. —
Se dit du champignon potiron, lorsqu'il est
ouvert en parapluie. !| Sal. — Femme longue
et maigre. « Une gTande badrelle. »
liadriou, s. m. — Celui qui se salit. V.
Baudrir. Cf. Badrée. — || Pour : Badrouille,
terme de marine : pelote de vx cordages gou-
dronnés destinée à être brûlée (Mén.).
Badrouiller. — Vadrouiller. Courir da
cabarets en cabarets. — Cf. Badrée, Badriou,
Baudrir.
Baffer. — « Environ l'an 1.550, y avoit (à)
Angiers un marchand nommé Jehan Baffer,
mari de Renée Bruneau, qui ne traffiquoit
que de pruneaux soit en Angleterre, Flandre,
Hespagne et Italie. Il amassa tant de bien en
ce trafic qu'on disoit lors pour asseurer qu'un
homme estoit très riche : Il est riche comme
Baffer, mais il n'a pas tant de pruneaux.
(Brun, de Tartif, Philand. p. 330.)
Bafouer (Mj.), v. a. — Rattacher à la cour-
jette au moyen d'une corde qui entourait la
porto ire. V. Cour jette, Porto ire, Somme, etc.
X. Ce mot a vieilli, comme tout ce qui se
rapporte à ce mode de transport.
Hist. — « Ramassoit, cabossoit, baffouoit, cul-
butait, enclouoit. (Rab., P. n, Prol., p. 209)
Bagne ! (Mj.), interj. — Pan ! On dit aussi :
Pagne ! et Bigne ! — || s. f. — Torgnole, coup
bien appliqué. Cf. Beigne. — Angl. Bang,
coup de massue.
Et. — Onomatopée.
Bagnole (Mj.), s. f. — Vieille voiture, mau-
vaise charrette. || Méchante baraque, cahute.
— Z. 145. Il Sal. Id. et Maison où tout est
sens dessus dessous.
Et. Hist. — Péjoratif de banne, banneau, qui,
comme banaste, bauastre, désignent en vx fr. les
paniers qu'on met de chaque côté du dos de l'âne :
K Benna lingua gallica genus vehiculi appellatur. ■.
(Festus. cité par Henri Estienxe et Est. Pas-
QUTER, Recherches, vi, 22). — Caton l'emploie. —
Il désigne un chariot à quatre roues, fait en osier,
dont la figure est représentée sur la colonne de
Marc-Aurèle. (Antony RrcHE. Dirt. des antiq. rom.
— EV.). — P.-ê. du celtiq. ben, creux, ben, benna,
voiture des Gaulois.
Bagnolée (Sal.). — Pleine voiture.
Bagoillard (Lg.), adj. quai. — Grand
bavard. Doubl. de Baroillard.
Bagoiller (Lg.), v. n. — Bavarder, jacasser,
jaboter. — Prononc. : ])a-go-iller. — Syn. de
Bagoiller.
Et. — Paraît tenir au fr. Bagout. I.e v. Baroiller,
de Sp., pourrait bien être une corr. de celui-ci.
Bagoul- Bagout. — Bavardage, commérage.
Un laid chien de bagout est une mauvaise
façon de parler. — Z. 141.
Et., Hist. — Ba, particule dépréciative et gueule,
goule. (Lit.) — « Du roman baer, ouvrir la bouche
et goule (ce qui me feraita dmettre la graphie
bagoul, avec l'I final muet). — Ce mot a été
détrôné par Blague. — Cf. Débagouler, rendre ce
qu'on a sur l'estomac, ou, au fig. sur le cœur.
(Daem.) — Le Cte Jaub. l'explique par Bat-goule.
V. Ba^nuler.
Bagoulage (Sp.), s. m. — Bavardage.
Bagoulèr (Sp.), v. n. — Bavarder. |] Médire,
gloser. Syn. de Baroiller, Bagoiller, Bour-
doiller. Y. Bagoul.
Bague (Mj. Tlm.), s. f. — Bourrelet en
forme de bague que le chapeau de certains
champignons, lorsqu'il se développe, laisse
adhérent au pédoncule.
Bagué (Mj.), adj. quai. — On disait autre-
fois : Manches baguées, sorte de manches à
petits plis ; manches de tailles, que portaient
autrefois les femmes et qui formaient comme
une série de bourrelets. H Qui a une bague, en
parlant des champignons.
Et. — Bague. Baguer, terme de tailleur.
Coudre à grands points les doublures d'un habit,
d'une robe. C'est l'anc. v. baguer, attacher. Cf.
Bagage. (Lit.)
Bague-bergère (Lg.), s. f. — Sorte de jeu
jadis en honneur aux environs de Cholet,
d'après Déniait. C'était à peu près le jeu du
furet. V. au Folk-lore.
Hist. — '( D'autres fois les jeux de Collin-Mail-
lard, de la ba^ue-bergère, de la Grand'mère-un-pain.
et autres semiblabies, remplaçaient les tours de force
et d'adresse. (Dexiau. Histoire de la Vendée, I, 57.)
Baguenauderie, s. f. — Plaisanterie. Ex. :
Je n'entends point la baguenauderie. — '< Ap-
prenez, Onette(Annette) que la baguenauderie
ne porte point chance, et que j'aurommes du
train quand j's'rommes ensemble. (Angers.)
Baguenet-nau (Z. 145), s. m. — Dessous du
menton. ': By. « Haut le haguenau (lève la
tête) que je t'abèche (que je puisse te mettre
cela dans la bouche). — Baguenauder signi-
fierait donc : Bayer le bec. N. — Ne serait-ce
point plutôt la gorge, la Gaguenette?
Baguer (Lg.), v. a. — Entourer d'une corde,
lier avec une corde. Syn. de Brêteler, Bréler,
Harner. \\ Ec. — Brêteler, aller lentement, sans
but. « Quée feignant que ce grand gars là, il
est toujours à feag»^r(bayer), à brêteler (sans
doute parce qu'il fait comme ceux qui vont à
la brêtle). \\ Tlm. — V. réfl. — S'accrocher
avec le fil voisin, en parlant d'un fil de chaîne.
(Langue des tisserands).
Hist. — Autrefois, lorsque les fariniers trans-
portaient à dos de cheval les pochées de farine, ils
avaient soin de baguer les sacs, c.-à-d. de les atta-
cher ensemble au moyen d'une corde, afin de les
empêcher de glisser le long de la bâchère, dans les
passages difficiles. Lg.
Bahuauder (Lg. Slm.). — Aboyer, donner
de la voix, en parlant des chiens qui entourent
la bête presque forcée.
Et. — Semble venir de Bahiic. P.-ê. pour :
BAHUE — BAILLETTE
67
boyauder, dér. de boyer. V. Aboyer. — « Bahuler,
fréquent, de hûler, ûler. » D' A. B.
Bahue (Sp. ), s. f. — Confusion, honte.
Et. — Ce mot pourrait être une sorte de doublet
fém. de Bahut et dériverait de Boyer, fr. Bayer.
Un hahut est un coffre béant, quand on lève le
couvercle ; la bahue est la situation d'une personne
qui reste béante de confusion. C,f. Bakuauder. —
Cf. Baie, tromperie, mystification. Rac. Bayer,
parce que celui qui donne une baie fait bayer celui
qui la reçoit. (Litt. )
Bahut (Ang.), s. m. — Le Lycée, l'Institu-
tion, dans la langue des potaches. Cf. Boite.
Et. Hist. — Grand coffre garni de cuir ; huche ;
meuble en général. P. ext. : séjour désagréable. —
« Je te croyais au bahut Rabourdon. Jamais j'au-
rais pensé que t'étais devenu potache (collégien,
allusion au chapeau de soie, dit : pot-à-chien,
porté dans les collèges avant le képi). Et Furet,
as-tu de ses nouvelles? en v'ià un bahuteur. Il a
fait la moitié des bahuts au Marais et une douzaine
au moins dans la banlieue. {Les Institutions de
Paris, 58, cité par Delvau.)
Bahutier (Ag.), s. m. — Lycéen. V. Bahut.
Bahutrer, v. n. — Flâner, perdre son temps.
Baigne (Mj.), s. m. — Endroit débarrassé
de glaces, où les oiseaux aquatiques se
tiennent habituellement pour y boire et s'y
baigner. — Subst. verb. du v. baigner.
Baigner (Mj.), v. a. et n. \\ Envoyer baigner,
— envoyer promener. Syn. de : Envoyer
chier au Mail, dinguer, paître. Cette locut.
s'emploie absolument ; mais on dit dans le
même sens : Envoyer baigner dans eine corde
de bûches, — ou dans ein nid de pie.
Baigneries (Mj.), s. f. pi. — Baignades. Cf.
Boirie, Tousserie, Arracherie, etc., pour la for-
mation.
Baignoire (Lg.), s. f. — Lieu propre à la
baignade dans le lit d'une rivière.
Bail (Mj.), s. m. — Laps de temps. Ex. :
Vous^ avez été six ans domestique chez ieux ;
ça fait ein bon bail.
Bâillages (Mj.), s. m. — Ne s'emploie qu'au
pluriel. Fatras, amas confus d'objets dispa-
rates.
Et. — Du fr. Bailler. Il est probable (ju'il a
signifié d'abord des objets baillés ou laissés en
héritage — B. lat. bajulare, porter un fardeau,
puis : tenir, donner, garder, gouverner, traiter.
(Litt.)
Baillard (Lg.), s. m. — Brouette plate. Syn.
de Cévière. L'a est bref.
Baillarge. V. Baillorge.
Bâillaud (Mj., Tlm., Lg., Sp., Ec), s. m. —
Chandelier à résine, formé de deux branches
de fer écartées, dont l'élasticité maintient
Voribus, la rousine. \\ Badaud, — celui qui
regarde bouche-bée, ahuri. Syn. de Bâille-
bec, Boie-Bec, Boie-goule, Gobe-Chuchon, Gobe
étron. — Il Fu. — Règle que dans l'ancienne
discipline on faisait tenir dans la bouche des
bavards, comme un mors.
Et. — Du franc, bâiller ; les deux branches
bâillent. Forme allongée de Bayer.
Baille, s. f. — Cuve ou baquet en bois cerclé
pour contenir des liquides ; c'est une sorte de
demi-tonneau.
Et., Hist. — D'origine germaniq. ou scand. En
danois, balge. etc. — Racine. celtiq. bac, baigner,
plonger, — bac, bacot ou bachot, baquet, bac ou
bâche : — baille, pour baguille, baquille, corresp.
à baquet. (Malv.) — • « Sa niaipce y avoit fait son
ordure et laissé aller tout sous elle, en plein pail.
(Ph. DE l'Estoile, Mém.. v, 209.) [J Angl. Pail,seau.
Baillé (Lms., Z. 196.), s. m. — Balle du blé.
V. B allier.
Bâille-bec (Lg.), s. m. — Nigaud, badaud.
Syn. de Boie-bec, Boie-goule, Bâillaud. La
femme de Grandgousier s'appelait Bade-bec.
Baillée (Mj.), s. f. — Bâillement. On cite
souvent ce mot d'un jeune nigaud, Calino de
village, passé en proverbe : « Queune grande
baillée de chien, mon père, que ma mère fait !
Il Portion d'un cours d'eau que peut enclore
une seine de pêcheur ; partie de grève sur
laquelle on pêche à la seine. || By. — Coup de
pêche fait avec la senne. || La Baillée des
Filles, aux Ponts-de-Cé. Coup de filet donné
en l'honneur des filles à la pêche à l'alose.
Ex. : Y a eine belle baillée à la quoue de l'Ile
aux Prennes. — V. Filles, au Folk-Lore ; Cou-
tumes. Il En 1666 on donnait ce nom à une
mesure. Ex. : Une baillée de onze toises et
demie de long, et dix pieds de large. || Les
pêcheurs, en jetant leurs filets, disent qu'ils
jettent une baillée, ç.-à-d. dans la Champagne
qu'ils ont à bail, ou bien forment-ils une
baille, une barrière. (MÉisr.)
Et., Hist. — ■ D. v. Bâiller. — « La quarantaine
venue (Pâques...) on se va promener, les uns
pour..., les aultres pour voir pescher l'alloze,
lancer un quarelet, un espervier, tirer un coup de
ceinne, ou voir faire quelque heureuse baillée.
(Brtjn. de Taktif. Philand., — Distractions des
Angevins, f'-* 343.)
Bâiller (Mj.), v. a. — Bailler, donner à bail ;
donner, remettre, confier. N. A Montjean on
prononce l'a très long, exactement comme
dans Bâiller, ouvrir la bouche. Cf. Calice,
Avare, etc. Il n'en est pas de même à Tlm.
où l'a, dans ce verbe, se prononce très bref.
— « Henri V viendra,
La grâce nous bâillera.
Et. — De bailler, donner. Et. supposée, Bajulus,
porteur qui, dans la B. L. avait pris le sens de
« custos » ou il pœdagogue ». élargi {.dus tard en
celui de « procurator, œconomus, gubernator. ».
BL. Bajulare, offlcium gerere || By. — .L'emploi
de ce verbe, français, est devenu plutôt dialectal.
Baillez-mé donc le piché. »
Baillette, s. f. — Vieux mot angevin.
Hist. — « Le mot baillette équivaut à un bail à
fief nouveau, qu'un seigneur consent en faveur de
quelque particulier. Il signifie profirement le con-
trat qui ]iorte la concession d'un terrain. (D. C.)
— « A l'égard des bancs qui sont dans l'église
(Faveraye), des chaises, billots de pierre et de bois
pour lesquels on ne paye rien, nous ordonnons
68
BAILLEUX — BAISSETTE
qu'ils seront mis à l'enchère, publiés trois di-
manches consécutifs et délivrés aux plus offrants
et derniers enchérisseurs, et qu'il leur en sera
donné des bailleurs qui seront insérées sur un
registre par le curé... » (Anjou hùl., 7* an., n" 1.
juillet août 1906, p. 63.)
Bâilieux (Lg.), s. m. — Celui qui bâille.
Ex. : Ein bon bâilieux en fait bâiller sept. —
Proverbe.
Bâillon, s. m. — « Le poisson vient « à
bâillon » à l'époque où le chanvre a empoi-
sonné l'eau à l'aide encore de la chaleur. Le
poisson s'approche des bords de la rivière
pour respirer, pour bâiller à son aise. C'est
alors que les enfants, à l'aide d'un petit bâton
à l'extrémité duquel se trouve une pointe,
piquent très lestement le poisson, au milieu
de la vase et sur les bords de la rivière. (Mén.)
\. Bâillonner.
Et. — Du lat. bataculare, batare, être béant.
« Une (huître) s'était ouverte et bâillant au
soleil. (La Foxt.)
Bûillonné (Sp.), part. pas. — Qui a la
gueule lissée, en parlant d'un loup. V. Lissé,
Enclavelé. Qui a la gueule ouverte, souvent
par déclenchement des mâchoires.
Et., Hist. — « Bader. On dit que le loup est
neuf jours badé et neuf jours barré, c.-à-d. que pen-
dant neuf jours il a la mâchoire libre et mange tout
ce qu'il trouve et que, pendant les neuf jours sui-
vants il ne peut desserrer les dents, il est barré et
se trouve condamné à un long jeûne. De là notre
loc. prov. : « Faire un repas de loup », ç-à d.
manger pour 9 jours (Ct? Jaub.)
Bâillonner, (Mj) v. n. — Bâiller à la surface
ou au bord de l'eau, comme fait le poisson
malade. |1 Etre expirant. V. Bâillon.
Et. Bâiller. — « Baillotter : haleter, se dit prin-
cipalement des oiseaux de basse-cour lorsqu'ils
souffrent de la chaleur et restent le bec ouvert.
(C"= Jaub.)
Bâillorge (Lg.), s. f. — Variété d'orge qui
se sème au printemps. Elle a pour caractères
d'avoir un épi plus blanc, plus petit et
plus plat, des bordes moins fortes et des grains
moins gros que l'orge d'hiver.
Bain, s. m. — Bain de pied, ■ — ^ l'excès de
café qui se répand dans la soucoupe. || Lg. —
Prendre in bain de lézard, se chauffer au
soleil.
Baisant (Mj.), adj. verb. — Qui baise, dupe,
attrape, déconfit. Ex. : C'est baisant, tout de
même, une sale affaire comme ça. -IJ P'acile,
aisé à faire ou à battre. Dans ce sens il ne
s'emploie qu'avec la négation et donne nais-
sance à la curieuse expression : « Point bai-
sant », pas facile à remuer, à faire, à battre.
Cette locution, au premier abord, paraît
presque inexplicable, logiquement. On dit :
« C'est point baisant à remuer, un morceau
comme ça ! — C'est ein gars point baisant, il
est fort comme eine charte ! — Au jeu de
boules, quand celle du premier couvreur
touche le maître : « V'ià ein coup qu'est point
baisant à approcher ; va falloir tirer.
Et. — Lat. basiare. — Hist. « Tout cela exploité
si courageusement que sans la venue des Anglais
ils allaient baiser (atteindre) l'artillerie. » (I>..\u-
EiGNÉ, Hist., m, 391. LiTT.).
Baiser (bée-zer) (Mj. et partout), v. a. —
Posséder, jouir de. Cf. Biger. j| Fig. Tromper,
attraper, pincer, duper, dindonner, flouer,
mettre dedans. Ex. : « 11 est baisé comme ein
rat. (Sp.)
N. — Ce mot ne s'emploie jamais dans le sens
simple d'embrasser sur les joues. Il est essen-
tiellement grossier et grivois, sauf dans son
acception figurée. || Faire une farce : J'te vas
baiser .' || Fu. Béezer. Langage d'enfant, battre...
J'vas te béezer, tu vas ouère ! — Dérivé du sens
duper, attrapper, vaincre. — Au jeu de boules :
« J'nous sommes fait béezer. » || Effleurer. Deux
pains qui se sont baisés dans le four.
Et. — I^at. Basiare. — P.-ê. dans le sens figuré
ce mot vient-il du vieux fr. boiser, frauder, frus-
trer, ou de provenç. bauzia, trahison. — Eausia,
bausiare, B. L. dans D. C. (Guill.) — S. m. Partie
non cuite d'un pain qui, dans le four, touchait à
un autre pain. (Or.) — -< Quai.d y furans arrivés
dons tchio pays, v'ià qu'lé Bleus arrivirant faut
dire quasiment tôt de suite p'r nous béser, et la
fusillade quemença. — » (H. Boitegeois, //'« de
la Grande Guerre, p. 219.)
BaisouiUer (Mj.). — Fréquent, et péjor. de
Baiser 1| By-Bisouiller.
Baisser (Mj., etc.), v. a. — En parlant d'un
bateau, le conduire d'amont en aval. « J'a-
vons baissé noutre fûtreau jusqu'à Cul-de-
Bœuf. » — Il A Angers, lors de la foire de la
Saint-Michel : Baisser les rangs, c.-à-d. Des-
cendre du 'Champ-de-Mars, où sont les
baraques des forains, à la place des Halles, où
sont les rangées de boutiques. Ex. : Si nous (et
même : si que nous) baissions les rangs, main-
tenant. Il Je vas baisser ma barge de chambe
jusqu'au rouissier des Pâtures. !| Mj., v. a.
Baisser une vache, — lui attacher de très
court une corne avec une patte de devant, au
moyen d'une corde fixée au-dessous du genou.
C'est un moyen quelque peu barbare de mater
une bête méchante ou difficile à conduire, ji
V. n. — Descendre le courant. Tu prendras le
bateau à vapeur qui baisse à neuf heures. —
C'était eine pihiée quervée qui baissait. Syn.
de Aller en valant. \\ Fu. — Béecer. « Des
hauts qui baissent » — des régions vallonnées
où, successivement, le terrain se hausse et
s'abaisse. Pays dur au piéton. || Locut. —
Baisser la corne, en parlant des personnes :
Baisser la tête d'un air confus, regarder en
dessous d'un air sournois, honteux, timide,
hypocrite.
Et. — Lat. Bassiare, de bassus, bas. Cf. hausser,
de altiare, de altus, haut. — « Baisser des bois de
Nevers à Orléans. — Baisser un puits, le creuser.
(C'« Jaub.) — « Baissant au cours de l'eau. » (1712).
/ne. .-Ir/'/i. .S. s. £'.,p. 366,col. l.bas. — «... Qu'on
avait arrêté, chés vous, dix batfeauxqui baissaient
de Tours pour icy. )> (L. B., 74,6.)
Baissettc (Sp.), s. f. — S'emploie dans la
locut. : Aller à la baisselte, — marcher courbé
en deux. V. Double.
BAISSEUR — BALIER
69
Baisseiir (Mj.), s. f. — Dépression, pli de
terrain. Syn. de Canche. \\ Creux où l'eau de
pluie séjourne dans une terre labourée. —
Dér. du fr. Baisser. || Ec. — Canche, très
petit golfe, très petite baie, sinuosité au bord
d'une rivière. — La Canche à Cillette. — « On
a garé la galiote dans n'eine canche ».
Baissiède, pour Baissièrc, s. f. — Lie de
vin, dépôt d'un liquide quelconque.
Baissière (Fu.), adj. q. — La barrique est
haissière, c.-à-d., elle commence à être très
bas.
Baisure (bée-zure) (Mj.), s. f. — Attrape,
duperie, déconvenue, déconfiture. Syn. de
Ripure, Sauture. Ex. : Ben, c'en est ça ieune
d'eine jolie baisure! »
Bajole (Sa.), s. f. — Grand dadais, nigaud,
nicodème. Ex.: A-t-il pourtant ben l'air d'eine
grande bajole! » V. Babole. Et ces deux mots
doivent se rapprocher de Boyer ; fr. Bayer,
béer. Syn. et d. de Bâchas. Cf. le patois nor-
mand Béja.
Baladeuse, s. f. — Voiture légère de petit
marchand forain, sur laquelle il traîne ordi-
nairement lui-même ses marchandises.
Hist. — Le vendredi 7 courant, M. Ménard, jar-
dinier à la Roche-d'Iré, prenait à Segré livraison
d'un parapluie et le déposait sur sa baladeuse.
(Angevin de Paris, n'^ du 23 décembre 1906, p. 3,
col. 6). — V. Balladeuse. On ne prononce qu'un 1.
Balafre (Lg.), s. f. — Aphte des lèvres. Syn.
de Scorbut, Chancre. \\ Fu. — Id. Nommée
Echaufïaison.
Balai. — Donner du balai à qqn., le chasser.
Et. — Du celt. ; bas-bret, balan, genêt. Le sens
primitif est : Verge, rameau, — genêt (Schel.)
Balai-de-sorcière. — Maladie cryptoga-
mique du pin sylvestre.
Balail, s. m. — • Balai s'est écrit balay, et l'y
a peut-être amené cette prononc. dialectique.
Balan (Mj.), s. m. — Tendance à se balan-
cer, défaut d'équilibre stable. Ex. : Ça ne
tiendra pas, c'a trop de balan. || Equilibre.
Tiens ben ton balan. — Va falloir tâcher de
mettre cet âbre-là ben en balan sour le diable.
Il Balancement. Ex. : Eine petite niole comme
ça, c'a ben du balan. \\ Fig. Etre en balan, —
être indécis, hésiter. — Syn. de Etre en décis.
Ex. : J'étais en balan d'aller à la foire.
Et. Ballare,' danser. Qui'pend et oscille comme
qqn qui danse. (Litt., Darm.)
Balance (Mj.), s. f. — Pêchette à écrevisses.
C'est un petit cercle de fdet tendu sur un cer-
ceau enfdde fer, et soutenu par trois ficelles,
comme le plateau d'une balance.
Et. — Lat. bi-lanx, — deux plateaux.
Balancement (Mj.), s. m. ■ — Même sens
qu'en fr. De plus : Variation dans la situation
météorologique qui annonce ou amène un
changement de temps.
N. Il est admis comme une vérité indéniable que
chacune des phases de la lune produit un balance'
meht de temps, sinon le jour où cette phase a lieu;
au moins dans les trois jours qui précèdent ou qui
suivent. Que parfois des mois entiers se passent
sans qu'aucun balancement se produise, la chose
est incontestable : mais ce fait n'infirme pas la loi
que je viens d'énoncer, car jamais balancement de
temps n'a eu lieu que dans les limites de temps
indiquées ci-dessus.
Balancer (Mj.) || Fig., Envoyer rouler à
terre, bousculer, se débarrasser de, mettre à
la porte, rosser, battre. || v. réf. Se balancer,
en parlant d'un bateau, se lancer en plein
courant et tournant bout pour bout. Cette
manœuvre très curieuse, qui se fait au départ
d'un bateau, s'exécute de la manière sui-
vante. Le bateau étant am.arré le long de la
rive, la proue en amont, il s'agit de le lancer
au large, la proue en aval, par la seule force
du courant. A cet effet, une ancre est mouillée
en plein courant, la barre est tournée vers la
rive en grand, et l'amarre est larguée. Le
bateau prend son erre, se balance comme un
pendule au bout du liage de l'ancre, et quand
il est au bout de sa course, quand il tendrait à
revenir, on lève l'ancre.
Balançoire, s. f. — Chose insignifiante ;
rengaine ; boniment, baliverne, fadaise. Ex. :
En v'ià eine balançoire, ein conte que tu nous
fais là. — Ou bien : Envoyer à la balançoire,
— promener.
Balandrmer (se) (Mj.), v. réf. — Se balancer
mollement, jj Se promener lentement, se bal-
lader. — Syn. de Loitriner,
Et. — Faut-il voir là un mot hybride, un com-
promis entre les v. Balancer et Ballader? — Eaut-il
le rapprocher du B. L. palandra, bâtiment de
transport (Cf. bélandre, id., à fond plat, du holland.
bijlœnder, qui côtoie la terre, de bij, près, et land,
terre? Cette forme expliquerait peut-être le balan-
cement?)— Balandrin, fainéant, flâneur, traînant
sa fainéantise de côté et d'autre. (Dagn.) Cf.
Balandran, manteau, dans La Fontaine.
Balayer,-yures, etc. (By). — Prononcez :
Bali-yer, i-yures.
Balayoux, s. m. — Balayeur. Après avoir
battu le grain sur l'airée commence le ba-
layoux. (MÉN.)
Balet. — Vieux mot angevin. Auvent. V.
Ballet.
Hist. — 1746. « Dans le mois de juin ont été
posés et couvers deux ftfl^ffîjSçavoir le grand devant
la porto du cimetière, où il n'y en a\?^ait jamais eu..
Mondit sieur abbé a gracieusement accordé tout le
bois qu'il a fallu. » {Im: Arch., n, E. S., 362, 2.)
Balctte (Fu), s. f. — Pour : Balayette.
Balier (Mj.), v. a. — Balayer. Ex. : Fau-
drait que tu balierais la place. — Pat. norm.
id.
Et., Hist. — Mauvaise prononciat. et syncope
pour Balayer. — « On faict asçavoir à tous les
habitants de ladicte ville, de quelque qualité et
conditions qu'ils soient, qu'ils aient chacun en
droict soy à nettoyer et bailler bien et deuement
les rues èsquelles passera le jour de demain la pro-
cession généralle du saint sacrement. » (C^ Jaub. )
70
BALIETTE — BALLET
— « Il faudra faire nostre ménage
Et balicr nostre maison.
— Bailleray-je du foin à l'oison?
(Farce du Badin, Ane. th. fr. i, 182.)
— *. . Puis me faut aller
Au marché, au retour filer,
Balier, faire la lexive.
(Remy Belteatt, La Reconnue.)
— « D'une robe à longs plis fca/fW le barreau.)'
(BoiL. Sai. I.)
— « Gens latineux... vont grattant dans les
balU'ures et bourbiers du latin. » (BÉB. de Vekv.,
Moy. de parc, i, 5.)
Baliette (MjOî s. î. — Balayette. Cf. Liette,
pour Layette.
Et. — Contr. de Balî-yette. — Pat. norm. id.
Balise, s. f. — Outre le sen.s ordinaire : (Sp.)
Portion de bois qu'un tâcheron est chargé de
couper. Syn. de Banchée. — N. Les balises
de Loire sont de longues gaules de coudrier
piquées dans le sable sur le bord des chenaux.
Les balises de mar (au midi) sont brisées et
ont la tête pendante au-dessus de l'eau. || Te.
Lot de terrains communaux de cinq boisse-
lées, concédé à chaque chef de famille,
moyennant une légère redevance et sous cer-
taines obligations, notamment celle (TéloueUer
les peupliers. !| Ec. — Balises de Sarthe, vul-
gairement : jalons. Ce sont des poteaux carrés
assez élevés pour que la pointe émerge dans
les plus grandes eaux, peints blanc et rouge
sur la rive droite, blanc et noir sur la rive
gauche, montés sur maçonnerie avec de forts
étais à la base. V. F. Lore, II.
Et. — Très incertaine. Hist. « Quand on ne voit
plus que la tête des balises qui marquent les bords
de la Sarthe et de la Mayenne. . . « (A. h., 2« an.,
n" 3, 5;8, 31.)
Baliseau (Sp.), s. m. — Baliveau.
Et. — Dér. du fr. Balise. Baliveau semble une
corrupt. de ce mot. Lttteé propose : bajulus, baju-
livellus, ce qui porte — sans insister. — Syn. de
Balivreau, Montant.
Baliure (Mj.), s. f. — Mauv. pron. de
Balayure. \*. Balier et la citât, de Biroalde. —
Pat. norm, Balieûre.
Balivreau (Sa.), s. m. — Syn. de Baliseau,
Montant.
Et. — C'est le mot fr. avec un r épenthet. comme
dans Jardrin, Sandrine, Gadrille, et dans le fr.
Perdrix, Fronde, Trésor, etc.
Balîyer (Li., Br. By. Mj.), v. a. — Balayer
V. Balier.
Baliyctte (Mj., By.), s. f. — Balayette.
Doubl. de Baliette.
Ballade (Mj.), s. f. — Période ; un certain
espace de temps. Ex. : Je se resté à l'attendre
eine bonne ballade. — \\ Tour de ballade, pro-
menade. — V. Ballader.
Balladcr (se) (Mj), v. réf. — Se promener,
h's bras allongés, ballants, oscillants. N. On
ne fait sentir qu'un 1.
Et. — Ballare, danser. — Du vx v. baler, se
divertir. « Je suis venu me balader sur le trottoir,
où j'attends Mille. » (Mokseletj
Balladeuse (Mj., Lg.), s. f. — Voiture très
légère de marchand ambulant de lingerie,
quincaillerie, etc., et qui se pou.sse à la main.
— Elle court sans cesse la campagne. (L. L.)
V. Baladeuse.
Balle S s. f. (Mj., Sal.). — Bourre et balle,
— sans choix. Ex. : Il a tout avalé , bourre et
balle, On dit aussi : Bourre et ballier. 1| Faire
la balle de qqn, lui convenir précisément. Ex.:
Ça fait juste ma balle, n Faire sa balle, —
faire des profits, mettre de l'argent de côté.
Syn. de Faire sa main, son beurre. || Figure,
frimousse, physionomie. Ex. : Il a eine bonne
halle. Syn. de Binette, Trombine, Bobine,
Trompette. I| Au régiment : Peau de balle, —
équival. de : Je m'en moque, ou Rien du tout.
Et., Hist. — Du vha. balla, palla. c^lobe, boule,
paquet de forme ronde (Schel.) — Pour le sens de
convenir, emprunté au jeu de balle : « Avoir la
balle belle. » — « Les historiens sont ma droite baie,
car ils sont plaisans et aisez. 'Mont, n, 148). Pour
le sens de : figure, similitude de forme. Cf. Boule.
Balle "-' (Sp.), s. f. — Arête de poisson. Syn.
de Boise, Borde. S'expliquerait par la ressem-
blance avec les barbes de l'épi. Cf. Lat. Arista,
épi, et arête.
Balleaux (Lg.), s. m. pi. — Lippes, grosses
lèvres, babines. — V. Ballot.
Ballée (Mj.), Balline (Sp. Lg.), s. f. —
Matelas rembourré avec des balles d'avoine.
Syn. de Ballière.
Et., Hi.'it. — Du fr. balle. « Le surplus, monté
sur des haridelles enharnachées de balines. » (En
note : Sorte de coussins ou sacs garnis de balle ou
paille légère, etc.). (B. D. 48,8.)
Balier (Mj., Lg.) — Flotter, surnager. Syn.
de Noter. || Pencher ; se dit d'une charrette
chargée plus d'un bout que de l'autre. (Segr.
— Mén.) Il Sal. — Rester sur un liquide, ne
pas s'enfoncer. || By. — Etre suspendu, pen-
diller.
Et., Hist. — Balier, danser, osciller.
— « Et li vilain qui va balant en l'ève.
(Rom. de Renard, 5922.)
— a Ah ! donc bonjour, mon ami Pierre,
J'ai vu la mer et les va'ssiaux :
O lé daux grands coffres de bois
Que le faisant balier sur l'ève,
O fait daux pets et daux buchails :
I.e vent o bufîe. et pis o vat !
(La Trad., p. 381, 19-25.)
Ballet (My.). — Auvent, toiture, hangar
couvert de paille. — « Ancien logis noble qui
porte encore sur le cintre de la porte, protégée
autrefois par un ballet, la date 1668 ». (C.
Port. Fontaine-de-l'homme (la). V. Balet.
Et., Hist. — B. L. baletum : « Species porticus
tecti ad nundinas aliasve res quaslibet ab aëris
temperie defendendas. » — « In domo in qua diclus
abbas inhabital, in quodam 'tuslorio seu baleto
-1385). — « Vindrent deux chapellains dessoubz le
balei ou galerie de l'église de Saint-Martin de
Coussy. » (1454.)
— « Elle est dehors araonée (entourée)
D'un balé qui vet tout entour
S'il qu'entre li balé et la tour
Sont li rosiers espès planté. »
Rom. de la Rose^
BALLIER — BANCELLE
71
— « Se dit particulièrement d'un auvent, d'un
petit toit placé au-dessus de certaines boutiques,
et au-dessus de paliers d'escaliers ; — abris en
genêts et en paille situés sur les routes et où se
réfugient les casseurs de pierres4(DoTT.)|
Bailler (Mj., Sal.), s. m. — Balles, enve-
loppes du grain des céréales dans un sens col-
lectif. Syn. de Vent in, Piquériers, Barbillon.
— • « Lieu d'une grange où l'on rassemble
toutes les menues pailles provenant du bat-
tage et du vannage ». (Litt.)
Ballière, s. f. — Couette de balle d'avoine*
(Lue.) !| IBy. — Id. — Employée pour les
petits enfants qui ne sont pas encore propres
au lit. — Ne pas confondre avec : matelas de
guinche. — On peut les remplacer sans frais,
en laver V ensouillure et éviter toute mauvaise
odeur. — Syn. de Ballée, Ballin, Balline.
Ballln, s. m. — Même sens. Cette balle est
qqf. remplacée par la flache, sorte de grande
graminée des bois, appelée : Molinia cœrulea.
(Or.) — C'est notre Guinche.
Balline (Sp., Lg.). — Même sens.
Ballon^ (Mj.), s. m. — Crinoline. || Fig.
Enlever le ballon à qqn., — le battre, le rosser.
« Inutile de faire remarquer l'analogie qu'il y
a ici entre la partie du corps désignée et une
peau gonflée de vent qu'on relève du pied ».
(Fr. Michel.)
Ballon % s. m. — Bande en fer coupant»
placée sur le chaput. Tei'me des ardoisières ;
les premières fois on se sert de la queue de la
poêle. (Ménière.)
Ballot, s. m. — • Les lèvres. « J'avons mau
au ballot. Se dit surfont des lèvres épaisses. \'.
Balleaux.
Et. — Du celt. balok, partie du visage au-dessous
de la bouche. (Fav.) — Balot, lèvre inférieure ; en
vx fr. baulièvre. (Ev.)
Ballotte (Sp., Mj.). — Fig. Jouer qqn. à la
ballotte, se jouer de lui, le berner, le faire mar-
cher. — Il Au sens fr. : A s'est amusée à faire
eine ballotte de cocous. — Celle-ci ne peut se
faire qu'avec une sorte de primevères, le cou-
cou à ballottes.
Hist. — « Dedans un faulconneau de bronze il
mettoit sur la pouldre de canon. . . une hallot'.e de
fer bien qualibrée. (Rab., P., iv, 72, 463.)
Balluchon (Sp., Mj.), s: m. — Petit ballot,
paquet d'elTets. Z. 145 (Brissac). — Compre-
nant tous les vêtements que les domestiques
possèdent lorsqu'ils vont se gager ou qu'ils
quittent leurs maîtres (Or). — Ordinaire-
ment contenu dans un mouchoir ou une ser-
viette dont les quatre coins sont noués
ensemble. || Fu. — Faire son balluchon, — se
disposer à quitter le pays.
Hist. — « Elle eut constamment la chance de
dépister les Bleus, trompés par son air ingénu de
pauvre marchande, geignant le long du chemin
sous le poids d'un lourd baluchon. (H B., p. 166.)
Balosscr (Sar.), v. n. ■ — Bavarder sans
cesse.
Balverette (Mj.), s. f. — Baverette. Syn. et
d. de Baverette, Bracette, Bracotte.
Balzeus (Mj.), s. m. — Appellation ou inter-
pellation ironique. V. Jacquedale, Lenti-
nièche, Frise-Poulet, etc. Nicolas Balzeux.
Et. — Voir : Coco bat l'z œufs.
Bamboche (Mj., Sal, etc.), s. f. — Vie déré-
glée. Il Pour : Bambocheur, noceur, viveur.
Ex. : C'est eine grande bamboche que ceté
gars-là. Il Interpellation familière que l'on
adresse aux bambins. 1| Colifichet. V. à l'his-
torique.
Et., Hist. — Ttal, bambocrio, poupée, propre-
ment enfant, de : bambo. Filiation ; Grande ma-
rionnette, puis : se livrer à toutes sortes d'amuss-
ments et de plaisirs. — « Il (le duc d'Angoulême)
remit, comme à Beaupréau, à presque tous ceux
qui lui furent présentés, de petites fleurs de lys en
argent. . . Les paysans appelèrent ces fleurs de lys
des bambocher. » (Abbé BouTrLLiER de Saint-
André, cité par Deniau, vî, 255.)
B<âme s. m. — Baume.
Et., Hist. — De balsamum, traduisant l'hébreu :
baal, prince et schaman, huile ; huile des princes.
Basme. I.a Font, disait encore : Ma foi, c'est bâme.
— « Mais, tout ainsy qu'on rencherist le basme.
G. G. B., p. 223.
— « Prenant à gré ma mort comme doulx basme.
Id.. p. 139.
Bâmette (La) (Mj.1 s. f. La Baumette, au
s.-o. d:Angers, ancien couvent au bord de la
Maine, où Rabelais fut moine pendant qq.
temps. — V. C. Port. Dict.
Et. et Hist. — Du B. L. balma (D. G.), grotte,
caverne, « Et fusmes au lieu de la Basme, en une
roche moult hault, là où l'on disoit que la sainte
Magdelaiiie avoit vesqu en hermitage longue espace
de temps. « (JorNVTLLE, p. 118). — « G'est l'ancien
roc de Chanzé... Au faîte s'était établi vers le
xv* siècle un hermitage que le roi René, hôte habi-
tuel du petit manoir voisin, fit rebâtir sur le modèle
de la Sainte B?.ume de Provence. » (C. Port.)
— « .Je sçay des lieux, à Lyon, à la Basmett?, à
Ghaisnon et ailleurs, où les estables sont au plus
haut du logis. -> (Rab., G., i, 12.) — « Aux Corde-
liers de la Basmecte mes deux messelz à l'usage de
Rome. » (Iiw. Amh., G., p. 50, col. 2.) — «... pour
la pitance des frères de la Baumette pour lesd(its)
deux moys esquels sont escheuz neuf sabmediz, à
raison de 11 s. 6 d. chacun sabmedi. » (A. h. P^ an.,
n» 5, mars 1901, p. 540.)
Banard, adj. quai. — Enfant qui pleure
sans raison. Syn. de Ouignard. V. Baner.
Banban (Ec), adj. q. — Il devient tout
banban ! — tout abêti, presque idiot, gaga.
Banc (Lg.), s. m. — Nimbus, gros nuage
noir qui barre l'horizon. Syn. de Crû, Soutre,
Nuau, Craie, Bane.
Bancelle (Mj., By.), s. f. — Petit banc,
escabeau.
Hist. — « J'ay fait raporter en même temps
deux des bancelles à M™» Pleteau pour mettre de
ses écoliers dans l'église (1692). hn'. Arch. H. i,
p. 175, col. 2. — « Tant en rentes foncières, hypo-
thécaires, que celles provenant des bancs et ban-
cellrs (1769. — Inc. Arch. G. n, p. 287, col. 1.) —
<i Nantis de leurs diverses acquisitions, ces petits
72
BANGHER — BARATTE
marchands les étalaient à leur tour, sur des han-
ceUes dressées pour la circonstance. « (Den. i, 66.)
Bancber (Sp., Sal., Q., Sr.), v. a. — Publier
les bans de mariage de... Ex. : Ils l'ont banché
à la messe. Z. 134. Syn. de Bannir, Publier.
Et. — Ban, de Bannum, du germ. banvjan, pro-
clamer, édicter. — Ban a fait : bannir et bancher
par confusion avec Banc. — • « Marie-toy de par le
diable, marie-toy. , . Dès huv au soir fais-on crier
les bancs et le challit. » {Rab., P., ra, 26, 274.) —
« L'article 11 de la coutume de Touraine porte que
le sujet qui a acheté bled hors le hancage, c'est-à-
dire hors la bannalité de son Seigneur. . . » (Coût,
de Poit., I, 128, art. 34.)
Bande (Mj.). — Penture de porte, s. f. —
Syn. de Génevelle. \\ Bande à Minard. V.
Miiiard, Mina.
Banderole, s. f. — Bande de cuir servant à
porter le fusil en bandoulière, dans l'équipe-
ment des volontaires de Maine-et-Loire en
1792-96. (V. R. de VAnj., t. LIV, p. 21.5).
N. En ce sens le Dict. génér. donne Ban-
dereau. Je remarque que Banderole explique
notre mot pat. Bandroulière (en).
Bundoir (Lg.), s. m. — Bâton au moyen
duquel on maintient les lames serrées contre
les châsses pour pouvoir chasser une parée.
Langue des tisserands. Prononc. Bandoué.
Bane. (Lg.) Gros nuage noir', nimbus.
Syn. de Nuau, Crâ, Craie, Soutre, Banc.
Banée(Mj.),s. f. — Pleurnicherie. V. Baner.
Baner, v. n. (partout). — Pleurer, pleurni-
cher, larmoyer Cf. Builler, baigner. Crier sans
pleurer. Z. 146. — || Sal. Pleurer avec éclat.
B. comme un veau.
Et. — A rapprocher de Pigner ; cf. l'ang to.
Pine, et encore mieux Tall. Weinen. ■ — « Baner,
mugir, beugler ; la vache hane ; pleurer avec de
grands cris {Don.)
Banne (Lg.), s. f. — Fanon du bœuf.
Et. — C'est le même que le Ir. Banne, prélart,
toile tendue au devant d'une boutique, que Hatz-
FELD confond à tort avec Banne, manne, et qui
doit dériver du germ. Ban, bannière. — (Panne,
graisse qui garnit la peau du ventre d'un porc?)
Banneton (Ag.), s. m. — Récipient de
paille ou d'osier tressé, dans lequel les boulan-
gers mettent la pâte de chaque pain. Syn. de
Paillon. Il Ec. Panneton, paillon.
Et. — Dimin. du fr. Benne?
Bannière (Mj.), s. f. — Etre en bannière, en
chemise. L'expression fait image. Syn. de
Coulouette, Nappe. Le mot date du temps où
notre bannière était blanche.
Et. — B. L. bandum, bande d'étoffe ; ail. mod.
binden, lier. « Vexillum, quod /^aM/iw^i appellant. »
P. Diacre. Il y a eu chute du d.
Bannir» (Pron. ba-ni) (Mj., Ec), v. a. — ■
Pubher les bans de mariage de. Ex. : Il ne sera
banni qu'eine fois. V. Bancher. Syn. de
Publier.
V.l. — Dér. régul. du fr. Ban ; autre sens du v.
Bannir. — « De bonne heure on rencontre dans le
latin du moyen âge les ternies : banhuip, bandium
= ediclum, interdictum ; bandire, bannire = edi-
cere, citare, relegare. Orig. germ. bandvjan, dési-
gner, indiquer ; une forme secondaire, sans d,
banvjan, semble avoir déterminé la forme romane,
bannir, pour : bandir. » — « I n'vont point tarder
à s'marier. pisque le v'ià banni. -> (Dott.)
Baptême (Mj.), s. m. — La tête, le haut de
la tête, le sinciput. C'est la partie qui reçoit
l'eau, dans le sacrement.
Baptiser du vin ; le mouiller d'eau.
Baptisse (Mj.), s. m. — Baptiste. Tran-
quille comme Baptisse.
Et. — Est-ce une allusion à saint Jean-Baptiste,
tranquille, doux comme un petit saint Jean? ou
plutôt à cause de ce personnage du nom de Bap-
tiste qui, dans les anciennes farces, avait un rôle de
niais :
Baqnet de science (partout) s. m. — Baquet
ovi les cordonniers mettent tremper les vieux
cuirs, les vieilles chaussures.
Baquettée (Mj.), s. f. — Le contenu d'un
Ijaquet. Cf. Soupiérée, Mannée, etc.
Et. — Dimin. de Bac, bateau ou auge.
Baquis-baquias (Lseg..), adv. — Couci-
couci, tant bien que mal. Syn. de : Comme-ci-
comme ça. il Queusi-queumi. || Pêle-mêle. Syn.
de Poile-et-moile, Brassis-brassas.
Et. • — • Corr. de ce dernier mot.
Bar , Bal , Ber. — Syllabes ^péjoratives , c.-à.
d. se prenant en mauvaise part ; radical de
divers mots.
Et. — Bis, bés, bé, ba, partie, péjor. se modifie
euphoniquement en : ber, bar, bre. Besvue, bévue ;
ber-touser (tondre avec des inégalités) ; bes-
compte, bes-temps, hes-juger, bes-ivre, bes-order.
(Scheler.)
Baranjot (Ag.). — Grand meuble, pas
beau, mais commode ; armoire ; seau à
ordures, etc. || Ec. On dit : barinjote.
Baraqnine .Engin en forme de mue pour
prendre le poisson. Le pêcheur, à l'avant du
bateau, que Ton conduit doucement dans une
boire, plonge la baraquine en manière d'éper-
vier dans l'endroit où il soupçonne la présence
du poisson, et saisit celui-ci par l'ouverture
supérieure (A Brain-sur-Authion) |! Ec. —
Vase en bois, tronconique, plus large au fond
et muni au-dessus de l'ouverture (la goule) de
deux oreilles (ou yeux) permettant de le
porter à deux sur l'épaule à l'aide d'une barre
de bois (levier). Sert en particulier aux
pêcheurs qui sont obligés de transporter leur
poisson à la poissonnerie et souvent de le
verser dans les tines pour le mettre en vente.
Et. — Baraque ; hutte, boutique, petite armoire.
Cf. Reste, 2^ sens.
Baratte (Mj., Lg.). s. f. — Fruit du nénu-
phar. Les enfants s'amusent à battre la pulpe
de ce fruit avec une baguette qu'ils intro-
duisent par l'œil, soi-disant pour fairre du
beurre. De là cette catachrèse.
Et. — Vx fr. barate, confusion, agitation Bas-
breton : baraz, baquet. — Le sens ci-dessus se
trouve chez Dottix et de Moxtesson.
BARATTE-BOISSEAU — BARBOTER
73
Baratte- Boisseau. — V. F. Lore xvi,
Temps.
Baratte (Auv.), s. m. — Babeurre. Syn. de
Lait-de-beurre, celui qui reste dans la baratte
après le beurre fait.
Barattée (Mj.), s. f. — • Le 'contenu d'une
baratte. || Quantité de beurre fabriquée en
une fois : Oh ! la belle barattée de lait !
Baratter (Mj.). — Agiter le foret dans le
trou de mine. || Baratter la bourbe dans ses
sabots, — marcher avec ses sabots pleins de
boue. A Saint-Paul, on dit :^« Baratter le
beurre dans ses sabots .
Baratterie (Mj.), s. f. — Travail du barrat-
tage. Ex. : Va falloir que je me lève du matin ;
j'ai ma baratterie à faire. Cf. Laverie, Fauche-
ries, Batteries, etc.
Barattoire. (Segré.) — • Pour : Baratte.
Baratton (Mj.), s. m. — Batte à beurre.
Tige de bois portant à son extrémité infé-
rieure un disqvie perpendiculaire à son axe,
au moyen duquel on fouette la crème dans la
baratte pour faire le beurre.
Barbarie (Mj.), s. m. et f. — Coq ou poule
de petite espèce, dite de Barbarie. Ex. : J'ai
acheté ein barbarie. || Fu. Turtes de Barbarie.
— Tourterelles étrangères, différant des tour-
terelles indigènes par le plumage et le chant.
— Plumage uni ; chant de deux syllabes : cou
crououou ! covi crououou '.
Barbe, s. f. — La barbe illi branle, — • en
parlant d'une heure qui est près de sonner. —
Id., en' parlant d'une femme, — elle est
vieille. || S'en friper, ou s'en licher les barbes,
les lèvres. |j Faire la barbe à qqn., — le
vaincre, le réduire, le mater. || Fu. — Etren-
ner la barbe à qqn., — l'embrasser quand.il
est frais rasé et avant tout autre. Le grand
père dit à son petit-fils : Veins-tu étrenner
ma barbe? \\ Mj. — En barbe, ■ — • en face de,
devant. V. Berbe. \\ Barbe en, ou à barbe, — ■
nez à nez.
Hist. — « Mais si tost ne peurent gaigner le
hault qu'il/, ne rencontrassênl e/i Oarlje Picrochole. »
(Rab.)
— « Lors Tarbelot si arrive
Atout cinq mille combattans,
Or en barbe là se trouva. (L. C.)
— « loellui Estienne dist au suppliant : « Tu
m'as appelle gaudisseur ; avant qu'il soit une
heure je te verrai en barbe. (1475 — D. C.)
Barbe de-bouc (Mj.), s. f. — Viorne, syn.
de Vienne.
Et. — Cette plante est ainsi nommée à cause des
larges houppes soyeuses dont elle se couvre vers
l'époque de la fructification. — « Barbe de chieuve
(chèvre, vigane. viorne. La vigane est la clématite
des haies, plante sarmenteuse. Modification de
vigne. Dans l'O. la vigane est la vigne sauvage,
aussi appelée vicane. La clématite s'appelle plus
particulièrement vienne. {C^ Jaub.)
I! Ec. — Cette clématite donne la viorne dont on
se sert pour les ié'dnes (fascines, fagots tendus pour
prendre des anguilles).
Barbe de loup (Mj.), s. f. — Nigelle des
dames ; plante d'ornement.
Et. — K Ainsi nommée de ce que la corolle, d'un
joli bleu ciel est débordée par les sépales fuis,
frisés et touffus du calice.
Barbée (Mj.), s. f. — Action de frotter la
barbe sur la joue d'une autre personne.
Lorsque la personne à laquelle on donne une
barbée est une jeune fille, ou un enfant, elle ne
laisse pas d'en garder pendant quelques ins-
tants un assez cuisant souvenir.
Barbelée (My.), s. f. — Petite gelée blanche.
Barber (Mj.), v. a. — Barbifler, raser.
Hist. — • On disait Barber au xv« siècle. ". Il se
fit barber. » (Louis XI, Noui\, 94.) — • Barbifter, au
xvn^.
Barbes (Mj.), s. f. pi. — Pans latéraux
d'une goulinette,
Hist. — Les femmes portaient un lourd bonnet
garni, piqué et à fond large : il était recouvert
d'une coifïure en grosse batiste, parfois en simple
toile, à très longues barbes ou bandes unies, qu'elles
croisaient au-dessus de leurs têtes. (D. i, 55.)
Barbichon (Mj.), s. m. — Blé barbu,
épeautre.
Barbillon (Sa.). — Menues pailles, glumes
de céréales, que sépare le van ou le tarare.
Syn. de Pous, Venailles, Ventin, Gabier, Bal-
lier, Bigaux.
Et. — Dér. du fr. Barbe, parce que le Barbillon
renferme les barbes de l'épi.
Barbin. — V. F. Lore. A. et C. XVIII.
Barbot (Mj., Fu.), s. m. — Gros insecte
coléoptère, dytique qui vit dans le crottin,
les boues, les eaux de mares. || Escarbot. I!
Syn. de Escargot. || Goutte ou tache d'encre,
pâté sur l'écriture.
Et. — Ce mot pourrait être le fr. Escarbot, défi-
gwé : mais, plus probablement il vient de Barboter.
— Hist. — « Si c'est au printemps, ou esté, les
lièvres ne se gistent pas au fort à cause des fourmis
et autres barbois, et des serpents et laisards qui les
chassent des forts. (Fouillou.-..,
Barbote. (Lg.), s. m. et f. — Interpellation
caressante des mères à leurs enfants. V. Potte.
Barboter (Mj.), v. n. — Radoter. Que que
tu barbotes-\k? \\ Dépenser follement. Ex. : Il
a barboté eine dixaine de mille francs. i| Voler,
subtiliser, chiper. Ex. : Il s'est fait barboter
son porte-monnaie sur le champ de foire. Syn.
de Sourdre.
Et. — Patauger dans la boue et marmotter, bre-
douiller : l'a.ssociation de ces deux mots se com-
prend, le 2" se rapportant au bruit du bouillonne-
ment de l'eau occasionné par le barbottement.
(SCHELER.)
. . . entre ses dents barhotle
Tout .i [.art hiy. . . (CL Marot.)
— « Barheter, marmotter dans sa barbe, bre-
douill::'r ; balbutier, barboter. VA. barbet^, dimin.
de barbe. Cf. barbeloter. Le rad. bar a été confondu
avec bor. Borbeter, dimm. de Bourbe, ou, celtiq.
borban, murmure : 1" Borbeter (bourbe), 2° Bar-
boter (barbe), 3" Balbeter (balbum, bègue) ont
confondu leurs sens.
BARBOUîLLER — BARGUIGNER
Barbouiller (Mj.). — Troubler, déranger,
donner des nausées, rendre malade. || « Le peu
que j'ai mangé me barbouille le cœur >■>. 0°
Jaub. — !| Cf. Bardouler. \\ Brouiller. Ex. : Le
temps est tout barbouillé.
Barboyer (Mj.), v. n. — Affleurer, venir
juste baigner, ou affleurer à peine. Ex. : L'eau
est barboyante sus la première marche ; aile
est venue barboyer dans la cour.
Et. — Barbouiller? De bar, préjorat. et bouille,
bourbier. — Bouille = bulla, bulle de l'eau bouil-
lante et, de là, l'eau d'un bourbier. — Le D"" A. Bos
l'explique par Barbicare, raser, fréquentât, de
* Barbare, barber, dont on ne trouve pas d'exemple,
D'où Barboîer.
Barcaillons, s. m. — Vieilleries usées, aban-
données. (Segr.) Menière.
Barcé (Mj.), part. pas. — Fig. Accoutumé,
habitué, rompu, dressé dès l'enfance, dès le
berceau. Ex. : Pour faire ceté métier-là, faut
y étére barcé.
Barcer (Mj.), v. a. — Bercer.
Barche, s. f. — - Mulon. Pour Barge, =
berge.
Et. (incert.). Berge. B. L. Berga (de l'ail, bergen,
défendre). Filiation : Défense, fortification, meule,
bord escarpé.
Barchouse (Sal.). — Beaucoup. V. Ber-
chouse.
Bardean (Mj.), s. m. — Barrage en travers
d'un cours d'eau. Syn. de Déchaus, dans la
Varanne de Saint-Germain.
Et. — Cette métaphore est due sans doute à ce
qu'un Déchaus éveille l'idée d'une digue, d'une
levée. Bardeau = Batardeau. — B. L. barda, bât.
« Il pousse son cheval à grand force sur un bardeau
ou basiardeau fait à travers la rivière pour retenir
l'eau. (D'AxjBiGNÉ.)
Bardée (Lg.), s. f. — Excès de boisson,
ivresse totale. Il en avait eine bardée !
Syn. de Cuite, Cuvée, Muffée, Tripée, Biture,
Nuée, Suée, Culottée. — V. Embardée. — Rap-
procher : Bordée.
Barder (Mj.), v. a. — Drosser, affaler.
Terme de navigation. i| Fu. — Ça barde .
Ça va rondement.
Ex. : Le vent les a bardés contre la pile du pont,
— le long du chantier du Sol de Loire. — Syn. de
Acaper. — Cf. Embardée. || Pousser de côté le bout
d'un arbre, d'une pierre de taille. H Lui faire faire
quartier.
Bardis (Va.), s. m. — Baraque de pieus et
de branches. Syn. de Bardeau.
N. Terme de marine. Séparation de planches,
qu'on fait à fond de cale, dans un navire de com-
merce pour charger les blés et autres grains. Même
rad. que Bardeau.
Bardot, s. m. — V. Bardeau. (MÉx.)
Bardouler (Mj., Sal., Fu., Li., Br.), v. a. —
Barbouiller le visage. Ex. : Tu n'es que ça bar-
doulé! — Vilain bardoulé — minaud. — Syn.de
Borer. \\ Lue. Terme de mépris. Un méchant
bardoulé. Cf. Bouchard. Le contraire est
Débardouler.
Et., Hist. — Semble une corr. de Barbouillé. —
'( La figure bardoulée de sueur... n A h. 2« an.
n» 6. mai 1902, p. 578. — « Bardoller, barioler ; —
— des œufs bardollés, œufs de Pâques ; bâton bar-
doUé, auquel, pour l'enjoliver, les enfants ont
enlevé des spirales d'écorce. » (Gpill.). — N., Bar-
douler dérive de l'angl. Beard ou de l'ail. Bart,
comme le franc. Barbouiller du lat. Barba. Cf.
Bouchard. — Cf. le russe Boroda. (R. O.)
Bardrassée (Fu). — Raclée administrée aux
enfants.
Bardrasser (Fu.), v. a. — Taper du linge en
le lavant. Battre qqn. à plate couture. Ex. :
Ses qu'naux se sont ennaivés, al' leuz a donné
eine bardrassée. — V. Badras.
Barge (Mj.), s. f. — Enorme paquet ou
grand radeau formé de plusieurs douzaines
de poignées de chanvre, solidement liées
ensemble pour le rouissage. \\ Tas de fagots ;
Syn. de Mâssière, Mouêche, Mouche (iizé,
id.) Au Long, ce nom ne s'applique qu'à un tas
de foin ou de paille ; une mouche de fagots.
— Syn. Tielle.
Il Ec. — ■ Les poignées de chambre (chan\Te)
qui se comptent par nombres (douzaines)
sont mises en tielles pour le rouissage. La
tielle est chargée de pierres (venues presque
toutes du Bé d'Udon (bec de l'Oudon, à son
embouchure dans la Maine, prononc. Moéne,
pour Mayenne). Le chanvre roui, on tire la
tielle, on épare le chambre à plat pour le faire
sécher et blanchir. Chaque jour il faut le ^^^er
(on répare encore en chandelier). Quand il est
prêt, on le lie en poignées, puis on Venser-
ronne. Un serron est formé de plusieurs poi-
gnées liées ensemble. — Enfin, après l'avoir
dêmé [dimé) on l'emporte. Qqf. on l'emporte
mouillé (frais tiré) ; dans ce cas les dêmes (les
treizièmes) sont laissées à part. — L'hiver on
teille la jumelle et on braye (y mouillé)le mâle
et le tout-ensemble.
Et. — Douteuse. — Hist. « Vers midi, le feu se
déclara dans le fumier et se communiqua à une
barge de bois qui fut presque entièrement brûlée.
(.4.71^. de Paris, 10 mars 1907, p. 3, col. 3.)
Barger (Mj.), s. m. — Berger. V. Bréger.
Et. — Par corrupt. — Vx fr. brégier, bergicr.
B. L. berbicarius, du B. L. berbix, brebis.
Bargère (Mj.), s. f. — Petite domestique
chargée de conduire et de garder le bétail,
quel qu'il soit. || Jeune personne, beauté,
amante, prétendue, celle que l'on courtise. ||
Terme affectueux et caressant, s'adressant
aux petites filles. ]| Bergeronnette. Ex. : J'ai
appris ein nid de bargère. — V. Folk-Lore,
chanson populaire : — (V. Barger.) — || Fu.
— S'emploie comme chamberrière (cham-
brière) pour désigner familièrement une
petite fille.
Barginer, Burgiuicr. — V. le suivant.
Barguigner, v. n. — Mettre beaucoup de
temps, dire beaucoup de paroles pour une
affaire de peu d'importance. || Marchander.
— (Ce mot est fr.)
Et. — Incertaine / p. -ê. du B. L. Barcaniare, bar-
BARILLIER — BARRIQUE
75
ganniare, marchander ; angl. to bargain. Porter ses
marchandises çà et là, en barque, puis : hésiter,
tergiverser? Ce mot se trouve dans les CapUulaires
de Charle~-le-Chauve.
Barillier (Z. 179, Cz.), s. m. — Rat de cave,
petite bougie.
Barillot (Ec), s. m. — Bârilleau. Chien
basset à jambes torses, bon chasseur de lapin.
Barne (Mj.), s. f. — Banne ; pièce de toile
que l'on dispose autour de l'aire pour recevoir
les grains projetés au loin par le battage au
fléau. — ou la menue pansion (Sal) || Poire de
barne; anc. espèce de poire (Bo) — Z. 145.
Toile pour faire un ballot.
Et. — Ce mot semble être le radie, du fr. Berner,
dont le sens primitif est : faire sauter à la couverte.
— Berne, vx fr. Bénie, étoffe de laine grossière, —
sur laquelle on bernait, faisait sauter qqn en lair.
LiTT. )
Barneau (Mj., Sal.). — Morceau de toile ou
de filet de corde, de forme carrée, et muni de
cordes aux quatre coins, dans lequel on
ramasse et emporte les fourrages coupés.
Dimin. de Barne (Mg.) V. Barnot.
Barnée (Mj.), s. f. — Le contenu d'une
Barne. \\ Fu. — Id. Par ext. : Grande quan-
tité. Manger eine barnée.
Barner (Mj.), v. a. — Garnir, entourer de
barnes. N. On barne le pourtour d'une airée
pour recueiUir les grains que le battage pro-
jette au loin. || Fu. • — Manger son saoul. V.
Barnée.
Barnojot (Lm.), s. m. — Petit vaseà mettre
de l'eau. — (Mén.). Cf. Baranjot.
Barnot (Lms, Z. 196), s. m. — Filet à
mailles très larges. — V. Barne, Barneau.
Baroiilard (Sp.), adj. quai. — Bredouilleur.
Syn. de Bagoillard, Bedotard, Bacassier, Bou-
billon.
Et. Dér. de Baroiller. — « Baroïer. v. n. opposer
en justice des exceptions dilatoires, des barres, BL.
barricare, fréquent, de barrarer. barrer. » (D"^ A.
Bos.)
Baroille (Tlm., Sp., Lg.), s. f. — Mélisse,
plante labiée, ofTicinale. Syn. de Barouil.
Baroiller,, Barroyer (Sp.), v. n. et a. — Bre-
douiller, dont il est la corruption. Syn. de
Boabillonner. \\ Bavarder, causer beaucoup, à
tort et à travers. Syn. de Bagouler, BagoiUer,
Bourdoiller.
Baroufle (Mj.), s. m. — Potin, tapage, va-
carme, tintamare. Syn. de Chahut, Bousin,
Chutrin. N. Ce mot est d'importation récente.
Il Fu. — ou Barouf.
Barouil,, s. m. (Lg.). — Mélisse. Syn. de
Baroille.
Barque (Mj), s. f. — Sorte de grand bateau
de Loire, à un seul mât portant deux voiles.
Il n'y en avait pas à Mj., mais on en voyait
souvent passer jusque vers 1850. Ce n'est
plus qu'un souvenir.
Et. i-^ Gaéliq. Barc ; ou germ. Bark, écorce
d'arbre. — « Contraction de date ancienne pour
Barica. Nordiq. barkr, bateau fait d'écorce.
Barraude (Mj.), s. f. — Gros bloc de tufîeau
mesurant 0«i60 X 0^35 x 0^25. — V. Gabar-
riers. — Ce mot indique une dimension com-
merciale de tufTeaux.
Et. — « Pierre à bâtir plus grande et plus solide
que le tufîeau ordinaire. Ce nom vient de Barrault
(Olivier) qui fit construire avec cette pierre le logis
Barrault, en 1493. » (MÉN.) Est-ce bien sûr?
Comment se fait-il alors que les Berrichons aient
le V. Barauder, faire mouvoir sur un centre une
pierre, une poutre? V. Jaub. — On peut prétendre,
il est vrai, que ce v. peut venir de notre mot Bar-
raude, transporté là-bas avec la chose qu'il repré-
sente. Mais pourquoi Jaubert ne signale-t-il pas
le subst. primitif en regard du v. dérivé? (R. O.)
Barre (Mj.), s. f. — Piquer barre sus..., se
dii'iger vers. || Repiquer barre, — prendre une
nouvelle direction. Ex. : Quand il a vu ça, il a
repiqué barre à s'en aller par là-haut. || Fig. — •
Monde, caste, profession, condition sociale.
Ex. : Ces bourgeois-là, c'est point de noutre
barre, ou : dans noutre barre. \\ Barre à cou-
rir, — Jeu de barres (Lg. — et presque par-
tout.) Il (Lg.) Verrou, Syn. de Barroir, Crouil-
let. V. F. Lore. Jeux, vu.
Et. — Le jeu de barres est ainsi nommé de la
barre qui sépare les deux camps. — Dans le sens
de : Caste, je soupçonnerais Bord ; à moins que
cela ne fasse allusion à l'un dés deux côtés du jeu.
Barreloter (Lg.), v. a. — Barioler. Syn. de
Barrificolcr, Birrebarreler.
Et. — Dimin. irrég. du fr. Barrer.
Barrer (se) (Lg.), v. réf. • — Se prendre de
glaces, en parlant d'un cours d'eau. Syn. de
s'Empiler. \\ v. a. (Lg., Sp.) Barrer un garde-
chasse, — tracer au devant de lui sur le sol
une hgne qu'il ne doit pas franchir.
N. — La chose a été faite encore tout récemment
au Longeron par des braconniers de la « bande-
noire » de Cholet. Un garde qui s'obstinerait à
poursuivre après avoir été barré recevrait presque
certainement un coup 'de fusil. A Saint- Paul les
braconniers sont absolument persuadés qu'en
canardant un garde barré ils sont dans leur droit
strict.
Barrettes, s. f. — Tuteurs en pierres schis-
teuses servant à échalasser les vignes. (MÉ-
NiiîRE.) Il (Lg.) Sorte de bigoudis ou d'épingle
à cheveux. || Ec. — Pièce d'une chaîne de
montre ; porte-décoration.
Barrificoter (Mj.), v. a. • — Barioler, bille-
barrer, rayer en tous sens. Syn. de Barre-
loter, Birebarreler.
Et. — Dér. du fr. Barre et du lat. facere, avec
une terminaison fréquentative. — « Barré, s'ap-
plique à tout ce qui est bigarré ou tacheté, (^f. Baré,
Gare, Vair, Brigaillé, Bigarriau. (C"= Jaub.)
Barrique (Mj.). — Syn. de Busse, Poinçon.
Il Sens spécial : Barrique de chaux, — deux
hectoUtres et demi, ou cinq cotrets. \\ Lg. —
Monter la barrique dans le prunier, — vider,
boire entièrement une barrique de vin, aux
noces. — V. Folk-Lore, ii. Coutumes.
Et. Hist. — Dér. de Baril ; BL. barillus ; celtiq.
76
BARROIR — BASSE-BEURRE
baril. — « Le sommelier doit venir avec trois bons
chevaux chargez de bons instruments pour arrouser
le gosier, comme coutrets, barraux, barils, flaccons
et bouteilles. (Founxoux, Vénerie. Cité par L. C.
Barroir (pron. bâ-roué) (Tlnri., Sp.), s. m. —
Verrou. Syn. de Crouillet, Barre.
Et. — Du fr. Barre. — « On dit : Barrer une
porte, y mettre la barre. (C" Jaub.)
Bas (Mj.), adj. quai. — Temp.s bas, —
temps couvert, nuageux. || Le bas, — l'Ouest,
l'Occident. Ex. : Le vent est tourné du bas. —
N. Cette expression a sa raison d'être, puisque
la partie aval de la Loire est à l'ouest de
Montjean. Toutefois elle est usitée au Longeron
comme àMj.|!Fu, id.||(Sp.). Le Sud. — N. A
Mj., ce point cardinal est appelé Mar, tandis
que le èas est l'ouest. — ||Adv. Acent pieds èa.s,
— à cent pieds de profondeur. ||Mettre ben au
bas, — abattre, épuiser. Ex. : Sa purésie l'a
mis ben au bas. \\ Etér' ben au bas, — être
bien bas, très dangereusement malade. 1|
Faire ses hauts et ses bas, — se fâcher et se
raccommoder, s'emporter et se calmer. || Qui
arrive plus tôt que sa date moyenne, en
avance. Ex. : A Pâques, haut ou bas, y a tou-
jours des merlauds dans les hâs. V. Haut. — i|
Rez-de-chaussée. Ex. : Ils demeurent dans
n'ein bas. — Cf. Haut.
Bâ.sane (Lg.), s. f. — Bedaine. Syn. de
Beille, Béserot, Paillase, Berdouille. — Doubl.
du fr. Bedaine.
Bas-blancs (Lg.), s. m. — Nom dont on a
baptisé les bœufs et les chiens qui ont les
pattes blanches. || Fu. Id., et Bas-rouges.
Bas-comptes (Lg., Tlm.), s. m. pi. — Toiles
pour mouchoirs de qualité inférieure et dont
le tissage est peu rémunéré, que les fabricants
choletais donnent à faire aux plus mauvais
ouvriers de la région.
Bas-cul, (Mj., Fu.), s. m. — Crapoussin,
nabot, homme de petite taille. Syn. de Cropet,
Crôle-cul, Cramolot, Boustrou, Crapasson. —
V. Bat-cul. — Naczin.
Bascule (Mj.), s. f. — Sorte de bateau de
pêcheur qui sert de vivier flottant. Boutique.
Il Mettre en bascule, un lit ; enlever la moitié
des barres qui soutiennent la paillasse vers la
tête. C'est un des tours que les jeunes gens de
la noce jouent volontiers aux mariés, quand
ils peuvent découvrir la chambre nuptiale.
Et. Hist. — Altération, sous l'influence d'une
fausse étymol. (bas, adj., et cul) de Bacule, subst.
verb. de l'anc. v. Baculer, frapper le derrière, com-
posé avec battre et cul. — Se trouve dans D'Au-
BiGNÉ. — B. L. baculare (D. C). — « Lequel fut
.submergé icy près en la rivière de Loyre par un
vent très impétueux, estant dans ung bascule char-
gée de lamproyes. 1658. {Inv. Arch. E, n, p. 314,
col. 1.)
Tlm. Levier que le tisserand peut fixer sur la
châsse, et au moyen duquel, d'un coup de pouce, il
change de navette, lorsqu'il a à faire des mouchoirs
de couleurs variées.
Basculer, (Mj.), v. a. — Faire basculer. Ex. :
N'y a cju'à basculer la tomberolée dans le
foussé.
Bâsélic (Mj.), s. m. — Basilic, herbe odori-
férante ; labiée. || Ec. Prononc. Boâselio. jj
Fu. — Nom de bœuf.
Et. — Corr. du fr. ; basilic = petit roi. Hist.
« Aussi ils auront la senteur de certains damas,
violettes, marjolaines, baselics, et aultres telles
espèces d'herbes. » (Bekn. Pallssy. Recepte véri-
table, p. 98. — Cité par Eveillé.
Bas-flanc. — V. Bat-flanc.
Bas-Oalarne (Mj.), adj. quai. — Qui vient
du N. O. Se dit du vent. Cf. Galarne, Soulère,
Bise. N. On ne dit guère : Haut-Galarne. V.
Basse G.
Basillc-des-prés- (Pell.), s. m. — Marjo-
laine. Syn. de Bioleau, Riolet.
Bas-Pé., s. m. — Nom que l'on donne à
Saint-Paul à l'ensemble du pays situé vers
Fontenay-le-Comte et Luçon, c.-à-d. au
Marais, par opposition à Haut-Pé.
Et. Hist. — Pé — Pays. — Provenç., Esp., pais ;
Port, paiz ; ital. paese. Les formes en es, ese,
viennent du lat. pagensis ; les formes en is viennent
de : pagesius, tous deux dérivés de pagus, canton ;
ager pagensis, ou pagesius, territoire d'un canton,
d'où, par ext., région, patrie. (Litt.) — « Pé-bas ;
Pé-haut, On appelle en Vendée Pays-Bas (pé-bas),
ou simplement : le Bas, VO. et le S. O., c.-à-d., pour
Chemillé, les pays de Beaupréau et de Cholet. On
appelle Pays- Haut (pé-haut) ou le Haut, l'E et le
N.-E. : pour Chemillé le pays de Vihiers, Thouarcé
et, en général, tout le Saumurois. (Revue de V Anjou
septembre et octobre 1904, t. 49. « Sur les chemins
de Vendée, p. 220. Note. Pierre Gouedon.)
Bassarée.. Traduction des quatre vers
cités par Bourdig^é et que j'ai recueillis :
n y a une ville auprès des flots bretons
Chérie de Cérès et du dieu Bassarée ;
Elle a son nom des Grecs ! c'est Angiers honorée
Pour être le séjour des puissants rois Sarrons. »
(Brun, de Tartif, Philand., p. 10.)
Basse (Lg.), s. f. — Epuisette, sac de filet
pour retirer de l'eau le poisson. Syn. de Ave-
neau.
Et. — L'angl. a le vocable Bass, paillasson, qui
pourrait être le même mot.
Basse- fJalarne (Mj.), s. f. — V. Bas-Ga-
lame. Ex. : Le vent est de la èasse-galarne. ||
A Saint-Paul le S. O. — N. A Mj. cet azimut
est désigné sous le nom de èasse-mar, et la
èasse-galarne est le N. O. — V. Bas, Galarne.
Il Ec. — Id. — De même Bas-Pé (on dit le
Poée-bas, le poée haut) le premier en aval, le
second en amont. V. Pé. jj Fu. — Oui est ben
noir dans la èasse-galarne ; j 'allons mouiller.
Et. — C'est l'azimut situé entre le Bas et la
Galarne. — Origine incert. Se rattache p. ê. au
radie, de l'angl. Gale, vent violent du N.-O.
Basse-heure (Mj.). — Partie du jour où le
soleil est près de se coucher ; une heure avan-
cée de la soirée. La basse heure va nous
prendre. || A la èasse-heure, — sur le tard.
Ex. : Il s'est envenu à la basse-heure. V.
Haute-heure.
Hist. — « Ses chiens le treuvent aussi bien de
haulte heure, comme de basse, etc. » (Chasse de
BASEILLE — BATAILLE
77
G. Phébus.) Locut. usitée dans tous les pédart.
voisins de l'Anjou.
Basseille (Th.). — Le seuil d'une porte, s.
m. Et. — Le bas seuil. — Basseil, id. (Fav.
Poitou.
Basse-mar (Mj.), s. f. — Le Sud Ouest.
Et. — C'est le point situé entre le Bas et la Mar.
Hist. — (Fu.) La Chapelle-i?asse-Mar. Village de
la Loire- Inférieure.
Basser (Lg.), v. a. — Prendre dans une
épuisette, un poisson. Ex. : Eine fois qu'eine
brème est tassée, on la tient. De Basse.
Basse-soulèrc (Sp.), s. f. — Le Sud-Est. ]
Fu. — Le Sud-Ouest.
N. — A Mj. cet azimut est désigné sous le nom
de Soulère ou Haute-Mar. De Bas -f- Soulère.
Basset' (Chx., Sr., Mj., Sal., Fu.), s. m. —
Armoire basse ; bulTet || Sorte de huche, mais
plus riche, ornée de poignées et d'incrusta-
tions de cuivre. Ex. : Aver' donc le caquerote
qu'est sous Vbassette, — atteins donc le plat
au chat, qui est sous la huche.
Et. — Dimin. de bas ; son nom lui vient de son
peu de hauteur. — Hist. — « En ce mois, j'ay fait
faire, impensis meis (à mes frais) le lutrin du chœur,
le basset de la sacristie (1727.) Inv. Arch. E. n, 346,
col. 1.
Bassicot, s. m. — Sorte de caisse qui sert à
l'extraction de l'ardoise du fond de la car-
rière sur lesol. V. Fol. Lore, XIX, Ardoisières.
Et. Hist. — Basse, vaisseau en bois, à oreilles
percées, qui sert à transporter la vendange. D'où :
bassin, bassine. Vient sans doute du lat. vas, vasis,
par le changement de v. en b. (C"^ Jatjb.)
Bassicotier, s. m. — Ouvrier des ardoi-
sières qui s'occupe du bassicot ou du baquet
chargé de schistes pour être débités par les
ouvriers d'à-haut. On donne le nom de con-
duiseurs à ceux qui dirigent l'ascension du
bassicot. Les bassicotiers ont rem]6lacé les
bottiers, autrefois appelés : approcheurs de
basse. (MÉ>.)
Bassin, (Mj.), adj. quai, et s. — Ennuyeux
personnage. Syn. de Traîne-malaise. Ex. :
r m'a tenu pendant pus d'eine heure ; queu
bassin. !
Et. — Du celt. bac. creux, cavité. Grégoire de
Tours employant Bacchinum paraît l'indiquer
comme appartenant à la langue du pays. (Litt.) —
Mais par quelle extension s'est produit ce nouveau
sens? Cf. Bassiner.
Bassiner (Mj.), v. a. — Ennuyer. Ex. : As-
tu bentout fini de m'bassiner avec tes his-
toires? — Cf. Achaler.
Et. — Est-ce une allusion à l'ustensile que l'on
passe et repasse sur les draps de lit? — « Echauffer
comme une bassinoire : « Il me bassine, cet avoué. »
Labiche, cité par Delvau. — « Baciner a été
employé autrefois pour : sonner les cloches, de
même que Bacin pour cloche et tocsin. — Cf. Achaler
= échaulîer.
Bassive (Mj.), adj. quai. — Se dit d'une
génisse qui n'a jamais mis bas et qui n'est pas
pleine. On dit : Eine taure bassive. 11 Se dit de
même au Lg., soit d'une génisse, soit d'une
brebis.
Hist. — « Que les seigneurs dixmeurs de lainage,
charnage, ne doivent lever le dixme de lainage sur
les vassii'eaux et vassà>es, c.-à-d. sur les moutons et
brebis d'un an. » (J. Chenu, Centurie, question 7".
Cité par Jaub.)
Bassûrer (Ec), v. n. — • Faire un travail
fatigant, s'acharner à tous les détails, et le
plus souvent sans résultat satisfaisant. — N.
Peut être à rapprocher de Basse-heure; tra-
vailler jusqu'à une heure très avancée.
Bastant (Seg., Lue), adj. quai. — Alerte,
qui se remue facilement. S'emploie souvent
négativement : Je n'sé guère bastant, — Bien
portant, de bonne mine. Etre, ou ne pas être
bastant, — libre de ses membres. Z. 135.
Et. — D'un radical qui signifie soutenir, et qui
se retrouve dans : bât, bâtir, bâton. — Ital. Bas-
tare, suffire, et aussi Durer. — Baste ! — il suffit ,
c'est assez. — « Une somme bastante », suffisante
(La F.)
Bastien (Mj.), s. m. — Prénom d'homme.
Et. — C'est Sébastien, avec apocope de la pre-
mière syllabe. Forme très usitée jadis, aujourd'hui
vieillie. Cf. Phorien, Stasie. Ec. Prononc. Bassien.
Bastins (Ag.), s. m. — Madriers plus petits
(0™14) que les planches sur lesquelles on
marche (0'"22) dans les échafaudages. Syn. et
doublet de Batin.
Bastringue (Mj.), s. m. — Tapage, vacarme.
Il (Mj.), s. f. Charrette ou mécanique déman-
tibulée. Il Maison mal tenue, pétaudière. Cf.
Bousin. Syn. de Boite. \\ Saint-frusquin, mobi-
lier. Ex. : Pour ein moins de ren, je vendrais
toute la bastringue. Syn. de Bazar, Saint-
Crespin. — N. On le fait aussi du masc. aux
sens 3 et 4.
Basvoler ou Bavoler (Seg., Mj.). — Voleter,
se dit de l'action d'un petit volatile qui ne
peut s'élever longtemps ; une oie bavole.
Et. — Voler-bas, voltiger, en parlant de la per-
drix. Il est possible que la coiffure appelée bavolet
ait pris ce nom de voltiger.
Hist. — « Ce petit archerot amour,
Bavolant, s'esgayoit un jour,
Dedans les vergers de Cythère. »
Rem. Belleau.
Bat^(Sp.), s. m. — Battement. Cahotement,
bruit rythmé, résultant de la marche, d'une
voiture, d'un cheval. Ex. : Je connais le bat
desa voitvu'e.
Et. Hist. — De Battre. — « Il perdit le bat du
cœur ». — Mesurer un poisson entre œil et bat
(entre l'œil et la queue, ce qui bat l'eau.) Darm. —
Bruit que font les chevaux en marchant. « Ouït le
bat de quelques chevaux qui le suivoient : qu'est
là? dit-il ; holà, demeurez un peu ; escoutez ; j'oy
le bat de quelques chevaux. » (jMerl. Coccaie). —
Le bat de l'eau, le point où le Ilot expire sur le
rivage. (Jaub.)
Bataille (Mj.). — Jeu de cartes. Chaque
joueur recouvre la carte de son partenaire ;
quand il abat une carte plus forte, il prend
l'autre et remet les deux dans son jeu, en
dessous. Le jeu finit quand l'un des deux a
78
BATAILLER — BATIERE
— N. L'a se prononce
Un îlot situé dans le
toutes les cartes. Il y a bataille quand les deux
cartes sont égales, deux dix, deux rois, deux
as. Alors on ne relève que quand il en survient
une plus forte, et le joueur ramasse le tout.
L'as est la plus forte carte. Chaque joueur a
16 ou 26 cartes, données une à une, et on
joue les cartes retournées, donc au hasard.
Batailler (Mj.), v. n. — Marchander long.,
temps. Il Déhrer, s'agiter dans le cauchemar,
dans la fièvre. Syn. de Gabarrer, Combattre. \\
Se débattre contre les difficultés de la vie, tra-
vailler ferme. Ex. : A fallu batailler, vantiers,
pour élever eine famille comme ça ! — C'est
l'idée même du « struggle for life », de laquelle
Darwin n'est pas l'inventeur.
Et. — BL. Battalia, pour Batualia. Battre vient
de Battuere. — Puis : batualia est un plur. neutre
de batualis, les choses relatives au combat, neutre
devenu, dans les langues romanes, un subst. fémin.,
comme Aumaille (animalia). De là le sens collectif
qu'il avait autrefois : il signifiait un corps de
troupes. L'u, ainsi placé, tombe souvent. Nom-
breux exemples.
Batiiillon (Mj.), s. m.
très long, très lourd. ||
bras méridional de la Loire, ou Boire du Mou-
lin, en face de Saint-Hervé et de Chateau-
panne, s'appelle l'île Bataillon. Je crois que
ce nom n'a rien à voir avec l'unité stratégique
ainsi désignée. J'y soupçonnerais plutôt un
trope assez joli. En effet, le patois berrichon
dénomme Bataillon, ou Tabaillon (V. Jaub.,
Suppl.) ce que le nôtre appelle Tribard ou
Mailloche. Peut-être cet îlot accolé et comme
suspendu au flanc de la grande île de Cha-
lonnes a-t-il éveillé dans l'esprit de nos an-
cêtres l'idée de cette poétique figure des mots.
Cf. Guesse. (R, O.)
Bâtard, adj. quai. — Mortier bâtard, celui
où il entre du plâtre. || Fu. — Bois-bâtard.
Menuiserie et charpente ; planche d'une cer-
taine épaisseur, entre la planche ordinaire et
le madrier.
Bâtas, s. m. — Nom vulgaire du gouet
arum. (Mén.). Syn. de Giron.
Bat-cœur (Mj.), s. m. — Battement de
cœur, palpitation tumultueuse du cœur occa-
sionnée par une course rapide, une émotion
violente. Ne s'emploie que dans la loc. : Eter'
au bat-cœur, — être hors d'haleine. Ex. : Il a
couru comme ein fou, il en est au bat-cœur.
Ital. Batticuore. Syn. et doublet de Bacour.
Bat-cul, (Mj.), s. m. — Palonnier. Pièce de
bois qui joint en arrière les extrémités des
traits d'un cheval. Syn. de Bois-de-traits.
El. très claire. — Hist. Rab. fait ainsi parler le
cheval au baudet : « Pauvre et chétif baudet, j'ay
de toi pitié et compassion : Lu travailles journelle-
ment beaucoup, je l'apperçoy â l'usure de ton
haciil. » V. 28. — Cela se disait même en parlant des
hommes ; partie de l'armure, celle qui couvre les
fesses : « Tout plat s'en alla parterre, en manière
que au cheoir, les pièces de son battecul lui renver-
sèrent sur le dos, tellement qu'il eut le derrière tout
descouvurt. » L. C.
Bâte (Mj.), s. f. — Sorte de couverte en
toile forte que l'on mettait autrefois sur le dos
des chevaux et que l'on sanglait sous le
ventre. Syn. de Bâtière, Bâchère. \\ Corsage en
toile forte dans laquelle les femmes se san-
glaient, et qui tenait lieu du corset actuel.
Svn. de Bâtine, Camisole, Corps, Corselette. \\
Ec. — Id.
Et. Forme fémin. du fr. Bât. — Rad. Bast,
porter, soutenir. D'où : bastant, bât, bâton.
Bâteler, v. n. — Aller, errer. Ils ne font que
bâteler le long des chemins. — Cf. Béteiller. i
Sal. Faire rapidement, sans soin.
Et. — « L'ancienne forme baastel (provenç'
bavastel) empêche d'y voir le même radical qui'
dans bâton ». (Darm.) — Cependant : — « Bas-
teler, faire des tours d'adresse sur un bât, ou bast,
puisque nous savons que les petits meubles à l'u-
sage des escamoteurs, appelés aujourd'hui- des
gobelets, s'appelaient au moyen âge des basteaux, et
que l'on disait Jongleur ou Faiseur de basteaux. De
là, peut-être, la locut. actuelle : Monter un bateau,
dans notre patois : Monter le Job. C'est donc, évi-
demment, un primitif bastel, qui a produit basteler
et bateleur. Quant à Bastel, ce pourrait être une
variété de Baston, et signif. Baguette. Cf. Tour-de-
bâton. (ScHEL.) Hist. — « Il me faut ordinairement
basteler (faire le sot) par compaignie à traicter des
subjects et contes frivoles que je mescrois entière-
ment. » (Mont. m. 11.) — Les joueurs de passe-
passe et de gobelets ont ordinairement un petit
bâton (bastellus) dont ils se servent pour leurs
tours.
Bâteleux, s. m. — Bateleur, arracheur de
dents, saltimbanque. \\ Vagabond. — V.
Bâteler.
Batelinard (Sal). — V. le suivant.
Bateliner (Sal.). — Vétiller dans le foyer.
Bâter (Mj.), v. a. — Proverbe :
L'âne de communauté
Est toujours mal bâté.
Ç.-à-d. On a moins de soin des choses du
public que de son intérêt propre. || Dresser
une table, mettre le couvert. Ex. : La table
est bâtée. — Surtout : bien servie. || Fu. — En
parlant d'une femme et par ironie : Al' é ben
bâtée ! — Elle est bien (mal) mariée 1
Bâtes (Ec). V. Corps. — Sorte de corset
ancien très dur et très gênant. V. Bâte.
Bat-flancs (Mj.), s m. — Planche suspen-
due verticalement par des cordes à une cer-
taine hauteur au-dessus du sol d'une écurie
et qui sépare deux chevaux ; ordinairement
retenue par un crochet à la mangeoire et par
une corde au plafond. Elle est mobile.
Bâti, s. m. — Faire un bâti, c'est battre des
pieux dans la Loire, pour retenir un entourage
de paille, qui doit retenir l'eau et le chanvre
destiné à rouir. (Mén.) || Ec. Bardeau, Batar-
deau.
Batiâ (Lg.), s. m. — Bateau. Vieux.
Bâtière (Lg.), s. f. — Forte pièce de toile
garnie de sangles, que l'on fixait sur le dos
d'un cheval de somme, avant de le charger de
poches. Dér, de Bât. Syn. de Bâte.
BATIFOLANT — BATTRE
n
Batifolant, adj. verb. — Sens spécial. :
« ...ou en batifolant l'herbe... » {A. h., 2^ a.,
u" 6, p. 578).
Batin (Pos.), s. m. — Madrier ayant seule-
ment de 0"il8 à 0'»20 de largeur, tandis que
les madriers ordinaires ont de 0™25 à 0™30.
Les maçons s'en servent soit comme planches
d'échafaudage, soit comme boulins ou bou-
dins. — N. Les mêmes, du côté de la Loire-
Inférieure, s'appellent Galoires. Cf. Bastin.
Et. — De la même famille que Batte, plateau de
bois emmanché dont on se sert pour battre. Batte
de terrassier, de maçon, de tonnelier, d'Arlequin
(Darm.^
Bâtine (Mj.), s. f. — Bâte de femme. || Dos-
sière en forte toile que l'on fixait par des
sangles sur l'échiné d'un cheval de somme.
Syn." de Bâchère, Bâtière.
Batiot, Batiou '(Lg.), s.'^ m. — Baptiste,
nom d'homme. Syn. de Baptisse.
Bâtir (Mj.). — Sens spécial. Absolument,
Bâtir ou construire son nid, en parlant d'un
oiseau. Lorsque, dans un groupe de per-
sonnes, on en aperçoit une dont le vêtement
est sali par quelque fanfreluche, il est d'usage
de les intriguer toutes en lançant cet avertis-
sement vague et proverbial :
La pie bâtit ;
Je ne dis point sus qui.
Et. — Même rad. q. Bât, bâton. Idée de soutenir,
porter.
Bâton (Mj., Ec), s. m. — Locut. et sens
spéciaux. || Ça se tient comme des crottes
de bique sus ein bâton ; prov., — C'est incohé-
rent, cela n'a ni rime ni raison. || Perche
ferrée servant à pousser les bateaux. Syn. de
Bourde. Ex. : Illy a ein plein bâton d'eau, — •
il y a aussi haut d'eau que le bâton est long.
Il Bâton de quartier, bâton de bournéier. Ec,
id. Il Fig. Bâton pouillé, — personne grande et
maigre, de tournure désagréable , dégingan-
dée. V. Fouiller. — • Perche ,échalas, halle-
breda. || Bâton du ht. Petit bâton dont la
ménagère s'aide pour faire le lit.
Bâton d'argent (Tlm.), s. m. — Nom que
les tisserands donnent en plaisantant au ver-
dillon de leur métier, parce que cette baguette
maintient le bout de la chaîne et que, dès
qu'elle est dégagée, l'ouvrier n'a plus qu'à
toucher son salaire en hvrant sa pièce de
toile.
Bâton de Jacob, s. m. — Nom vulgaire de
la campanule. La Heur a qq. similitude avec
la gourde portée sur le bâton du pèlerin.
(MÉN.) — Ce serait l'asphodèle jaune. (L. C.)
— Asphodelus albus, de la famille des liha-
cées. (Or.) — (Ec.,id.)
Bâtonnier (Tlm.), s. m. — Homme qui
conduit les bestiaux aux foires. Syn. de Tou-
cheux. N. On prononce aussi Biiouniev. —
Dér. du fr. Bâton.
Bâton-])oiiilIc (Mj.), s. m. — Personne
grande, maigre, efflanquée. V. Fouiller, Bâton.
Bâtrasser (Tlm., Lg.), v. a. — Croiser,
mâtiner.
Et. — Dér. probable irrég. du fr. Bâtard, pour
Bâtarser. — Bâtard vient de Bât. Engendré sur le
bât ; allusion aux rapports fréquents des muletiers
avec les servantes d'auberge. Cf. l'angl. Bankart,
engendré sur le banc. (Dar.m.)
Battaison (Sp.), s. f. — Quantité dont bat
une pierre ou un mur. V. Battre. — Cf. Fruit -,
inclinaison donnée à la face antérieure d'un
mur. (LiTT.). — Syn. de Battance.
Battance (Lg.), s. f. — V. Battaison.
Battants, s. m. ou Bandée (Tr.). — Schiste
ardoisier. (Mén.)
Et. — « Se dit des terres argileuses qui souffrent
plus que les autres des battes de pluie. — Batte ;
rivage (battu par l'eau.) Battes de pluie. Svn.
Casse, Hargne, Battant, Sater. (Q> Jatjb.)
Battereau ou Bottereau, s. m. — Petit
batelet, espèce de boîte servant à conserver
le poisson destiné à la pêche ou à être revendu
vivant ; ou bien bottereau signifierait une
petite botte, nom qu'on lui donne qqf., aussi
bien que celui de sentineau. || V. Bottereau,
Lucet, Bascule.
Et. — Botte, chaussure, est le même mot que
botte, tonneau, l'un et l'autre exprimant qqch. de
creux. (ScHËL.)
Batterie (Mj.), s. f. — Au pluriel : Les batte-
ries, — le battage des céréales. Ex. : Il a
tombé malade pendant les batteries. || Batterie
de pieux, — rangée de pilotis. Cf. Fôt. \\ Com-
bat, bataille, pugilat. || Mj. — Batterie de
faux, les outils nécessaires pour battre une
faux, c.-à-d. la forge et le marteau. '
Batteux (Mj.), s. m. — Pour Batteur, celui
qui bat le blé. (Mén.). D'où le nom propre
Lebatteux.
Un battoir.
- Battoir de laveuse.
Battoué (Li., Br.). -
Battoux (Lg.), s. m.
Syn. de Badras.
Battrasse (Sp.), adj. quai. — Ne s'emploie
que dans l'expression : Cour battrasse, aire à
battre.
Battre (Mj.). — Absolt, v. n. Battre dans
faire, opérer le battage des céréales. Ex. : Je
battons la procheune semaine. N. Le présent
pour le futur ; emploi très fréquent. || (Sp.,)
V. n. Avoir son arête supérieure en retrait sur
l'inférieure, en parlant d'une pierre de pare-
ment ; avoir une certaine inclinaison du pare-
ment vers l'intérieur, en parlant d'un mur. V.
Fisser. \\ Battre la ligne. Terme de maçon
Faire vibrer un cordeau tendu qui est enduit
de blanc ou de noir et dont la marque se trace
de la sorte sur une paroi. || (Lg.), v. n. et abso-
lument. Frayer. Ex. : Les carpes battaient
dans la Sèvre. || Se battre la goule de, — pubher
partout, se flatter. || S'en battre l'œil, — se
moquer d'une chose. || Battre sa flemme, —
paresser, fainéanter. || Battre le chien devant
le loup, — donner tort à son ami, pour com-
plaire à son ennemi ; donner tort, par fai-
80
BATTU — BAUGEUR
blesse, à qui a raison. || Se tasser sous l'action
de la pluie, en parlant d'un terrain. Syn. de
Sitrer, s'Agliâtrer. || (Lg.) Annoncer à son de
tambour. Ex. : Ils ont battu que faulait muse-
ler les chiens. || Se battre, v. réf. et absolument,
— lutter à forces égales. Ex. : Ça se bat, —
les jeux sont égaux. |i Battre la dèche, — être
dans la misère. || B. la berloque, — fonction-
ner mal, en parlant d'une machine et surtout
d'une montre ; et, au fig., déraisonner, en
pari, des personnes. (Mj.) — Battre du froid,
— manifester de la froideur à qqn.
Et. — Toutes ces locutions sont claires. Ainsi,
pour Frayer : « Les brèmes et les carpes battent ou
ballent â la surface de l'eau et y sautent, un peu
comme les marsouins ». (Do.)
Battu (Mj.), part. pas. — Détérioré par
l'agitation. Se dit d'un vin récemment trans-
porté.
Batuelle, ou Aire (Chx.). — Emplacement
destiné au battage. (Mén.)
Bail (Tlm.), s. m. — Châssis dormant, ou
vitre fixée dans la couverture d'une maison
pour éclairer le grenier.
Et. — Bau (marine) poutre. Ali. Balken? solive.
— Baie. Cf. Balcon. • — Largeur, ouverture, en par-
lant d'un navire (Nicot). Un navire de tant de
pieds de bau. c.-â-d. qui a tant de pieds de largeur
et d'ouverture. (Boe.)
Baiibi. — On dit plutôt Ebaubi.
Baiiche, s. f. — Sorte de prés. || Lg. — Por-
tion d'une haie, d'un taillis, que l'on coupe
dans une année. Cf. Bauchée. \\ Fu. — La B.
nom de ferme.
Et. et Hist. — « Le garde surveille les chevaux
qui trottent dans les bauches... >> (A. h., 2" a., n« 6,
p. 578.) — « Prés qui ne font pas partie de la ferme
(ou métairie, meditaria) (Ici. p. 586.). — « Lieu
inculte, terrain vague, — • bauge d'un animal —
point de départ et d'arrivée de certains jeux d'en-
fants. Le celt. baie, route de terre, ou le tudesq.
botch, fange, bourbier, ont pu donner naissance au
mot saintongeois, dont ils sont plus rapprochés que
le fr. Bauge. Dans le Gloss. de la Lang. romane de
Roquefort, on trouve Bauche, petite maison, B. L.
Bugia, bogium. (Ev.) — « Rac. celtiq. baie, humide.
B. L. balca, id. Bauche,vao\ie et herbe des prés ;
par ext. mortier de terre et hutte, petite maison
bâtie en mottes, en terre pétrie.
Bauchée (Mj.), s. f. — Lot de terre à défri-
cher, coupe de bois à abattre, le tout pris à la
tâche. V. Balise.
Et. — Ce mot vient de la même rac. q. le fr"
Embaucher, débaucher. — « Embaucher, c'est
faire entrer dans la bauche, ou bauge, gîte fangeux
du sanglier ; de là les sens dériv. et métaphor.
(LiTT.). — « Orig. inconnue. (Darm.). — « Bauche-
ton, Bûcheron, du vx. fr. Bau, baus, bois, d'où
Ebaucher, embauchoir. (V. Bocheton, Bûcheux et
Boucheton).
« Que d'arbres et de baus ont chés fossez emplis. »
(Vx. poète fr. cité par M. Génin, Revue de Paris.
1«' mars 1854). — Bauchetouner, abattre du bois,
Cf. Bûcher. (C"' Jaub.).
Baudre (Mj.), s. f. — Filasse grossière four-
nie par la racine des plantes textiles. — V.
Folk-Lore, ii.
Et. — A rapprocher du fr. Bourre. — « Vx. fr
Baudrée, vx. morceau de cuir ; d'où : baudroyer,
corroyeur? (Litt.). — « Baudrier... est une cour-
roye large pour pendre l'espée, et vient de Bau-
droyeur, qui est un homme qui endurcit le cuir, en
le maniant. Baudroyer, courroyer, préparer les
cuirs. (MoNET, cité par Boeel.)
Baudrir « (Seg.), v. a. — Salir. L'enfant qui
mange une pomme cuite se salit la bouche ;
c'est alors qu'il a le nez badriou. La badrée est
une espèce de bouillie épaisse.
Et. Incon. — Hist. « J'ai été surpris par une
harrée, je se baudri (mouillé) (Or.)
Baufrer (Mj.), v. a. et n. — Manger glou-
tonnement, bâfrer. Syn. de Bouffer.
Bauge, (Mj.), s. f. — Mesure quelconque
dont on se sert comme unité de longueur.
Ex. : Il mesure tout le monde à sa bauge, —
il croit que tout le monde lui ressemble. ||
Tout ce qui sert à mesurer une longueur ou
un diamètre : jauge, velte, anneau, etc. i|
L'objet avec lequel on mesure ; un mètre,
une baguette, une ficelle, un compas, des
chénevotes servent de bauge. || Avoir la bauge,
— avoir la grandeur voulue. Se dit au Long,
d'un conscrit qui a la taille requise pour le
service militaire. |1 N'avoir pas la bauge, —
sens contraire. — || Ec. — On ne doit garder
que des poissons de bauge, qui ont la bauge.
V. Poisson. F. Lore, ii.
Et. Hist. — V. Bauche. Je relève deux sens :
Hutte en pisé, et Dimension. Le second seul nous
intéresse. Or, Bauger serait pour Jauger. (V.
Observ. à la lettre B.). — C'est l'anglais Bulge ou
Bulk, et p. ê. le même que le fr. Bouge. — « Tige de
bois ou de métal servant à mesurer ; en particulier,
règle des sabotiers. (Dott.) — « Bague^^^te coupée
pour servir de mesure, (de M.), etc.
— « Il estoit faict de pierre cristalline,
Orné au bord d'une antique doreure.
De telle bauge et si saincte mesure
Qu'il attrayoit tous quelz qu'ilz feussent.
G. C. Bûcher. 257, p. 243. (Il se plaint d'un
« mauldit garsonneau qui a cassé son verre le plus
beau. » )
V. Bentes. Je baille ma
-à-d. rien du tout. V. F.
Baugé, s. pr.
rente de Baugé
Lore, v.
Baugeard
Sp.
s. m. — Forte pièce de
bois qui forme un des côtés du châssis d'une
charrette et repose en son milieu sur l'essieu ;
limon.
Et. — Le mot baulx, soliveau, semble répondre
â ce sens. De l'ail. Balken ; Pièces de bois, ou
poutres qui soutiennent les ponts ou tillacs des
navires (L. C.)
Bauger (Mj., Lg.). — Mesurer un espace, p.
ex. la distance entre deux boules. || Me.svu'er.
métrer. Dér. de Bauge. — Se dit surtout des
petites longueurs. On ne baugerait pas un
champ.
Baugeur (Fu), s. m. — Baugeux. Petite
chenille qui marche en rapprochant d'un
mouvement assez vif son arrière de son avant,
et en projetant ensuite celui-ci. — On bauge
parfois ainsi de petites longueurs, en imitant
ces mouvements avec le pouce et l'index.
BAUGEUX — BAVOIRE
81
Baugciu (Mj.), s. m. ■ — Chenille arpen-
teuse.
Baillée (Lg., Lrm., Tlm., Cho.), s. f. —
Flambée, feu vif et clair de menues branches,
paille, genêt, etc. Syn. de RigâilUe, Fouée,
Joie-de-mariage, Fergâillée. \\ Lg. — Cris,
beuglements.
Et. — Dér. de Bauler, parr" nue cette flambée
ronfle dans la cheminée.
Bâillement (Lg.), s. m. — Hurlement, beu-
glement. Syn. de Hulement, Huilée. V. Bauler.
Bailler (Tlm., Sal., Cho.), v. n. — Crier,
hurler, bruire, mugir. Ex. : Le vent baule dans
la cheminée. Syn. de Breuyer. || Lg. — v. n.
Soutenir une note ou une mélopée très élevée
le plus longtemps possible, jusqu'à perte de
la respiration. Syn. de Houper, Noter. C'est le
même que Bauler, de Tlm. — |j Lrm. — Pous-
ser des cris inarticulés très fort, souvent dans
la seule intention de faire du bruit. 1| v. a.
Huer, conspuer. || Fu. — v. a. Bauler qqn, —
l'appeler de très loin (pour la soupe, p. ex.,
les mains en porte-voix.). — Cf. l'angl. to
bawl.
Et. — Doublet probable du fr. Beugler.
Baume (Mj.), s. m. — Plante semblable à
la menthe poivrée, mais d'une odeur plus
douce. Il Sal. — Mettre du baume dans le
sang, — réjouir, calmer. || Ec. — La sainte
Baume, où les compagnons allaient chercher
leurs couleurs.
Et. curieuse. — Lat. Balsamum, de l'hébreu
Baal, prince et Shaman, huile, — reine des huiles.
Baume d'eau s. m. — Menthe aquatique,
ou boiAomme de rivière ; le thym serpolet
porte également ce nom (Mén.) Bâtard :
Mentha rotundifolia, baume sauvage; arven-
sis, des champs.
Baume de mon cœur. — Comme : huile de
mon cœur. Se dit de la salive quand on veut
humecter qqch.
Hist. — « On dit figurément : de l'huile de bras,
pour exprimer la force des bras comparée tacite-
ment à une machine ; et lorsque l'on veut humecter
légèrement un objet, on dit : « J'vas y mettre de
l'huile de mon cœur «. (C'° Jaubert). — Baume
d'acier est fr. pour dire qu'une opération chirurgi-
cale est nécessaire pour guérir le mal de dents ou un
mal de mauvaise nature.
Bau mette. « Baume est interprété : cripta
montis.
(k; qui me fait souvenir qu'en Provence on
appelle Baume une caverne en un lieu éminant,
telle qu'est la sainte Baume ; et qu'à.un demi quart
de lieu do la ville d'Angers, dans le creux d'une
montagne, il y a un couvent de Récollels, que René,
roy de Sicile, duc d'Anjou et comte de Provance,
fit bastir à l'imitation de la sainte Baume, et qu'il
nomma pour cette raison Baumette, comme qui
dirait petite Baume. On l'appelle présentement
Bàmette. Et il y a déjà longtemps qu'on l'apiiellc
de la sorte. (Ménage). D. C. Balma. — V. la cita-'
tion de Rabelais à Bàmette.
Bauterel et mieux Botterel, doublet de
Bottereau, gros cadenas de fùtreau ; sorte de
beignet boursouflé. Ces deux objets res-
semblent au crapaud, et en effet Botterel a
ce sens. — Cf. Badrelle, Potrelle. Un cham-
pignon ressemble aussi à un gros crapaud.
Et. et Hist. — Bot, gros crapaud. Le radie, bot,
en lat. s'applique aux objets gonflés, comme botu-
lus, boudin ; butt (ail.), boto (esp.), corps épais et
obtus. P. être onomat., à cause du cri du crapaud
« bo, bo. » Se trouve dans beaucoup de patois.
« Plein es de venin comme boz. »
Rom. de Ren. (Guill.)
« HuoN DE Mery, au Tourn-'y^mcnt de V Anté-
christ, parlant des pierres, dit :
« Mais celle qui entre les yeux
Au boterel croît est plus fine ;
Qu'on seult appeler crapaudine ». (Borel. )
Bavail (Lg.), s. m. — Bave, surtout des
bêtes à corne.
Bavasses. f. — Petite crue de la Loire. Il(Lg.)
Bavarde, javotte. Syn. de Cacasse, Daraine.
Hist. — « Petite crue, ordinairement accom-
pagnée d'écume d'une rivière qui se répand çà et là
dans les parties les plus basses et précédemment
ravinées d'une vallée. La grande crue de la Loire,
en 1856, fut suivie de plusieurs bavasses qui s'intro-
duisirent dans les terres par les brèches non encore
réparées des digues. (C^ Jaub.)
Baver, (Mj.) v. a. et n. — Dire, en mauvaise
part, bavarder, dégoiser, déraisonner, péro-
rer, discourir, hâbler. D'où : bavard. Que
baves-tu là?
Hist. « Et quant ils eurent bien bavé
Disant de luy des maulx, par voye,
n dist, eulx ayant achevé :
Gardez que le rov ne vous oye.
Vigil. de Ch. vii, i, 58. (L. C.)
— « Hé, Dieu ! que vous avez de bave ! »
Farce de Maître Pathelin.
Baverette, (Mj.)s. f. — Bavette d'enfant. ||
Pièce d'étoffe faisant corps avec le tablier,
qui recouvre la poitrine et s'attache aux
épaules avec des épingles. C'est aux environs
de Nantes que les femmes portent des
tabliers à baverette. Syn. de Baherette, Bra-
votte, Bravette, Baverotte, Bavoire. Bavolet.
Et. Hist. — De bavçr. — Ou dimin. du vx. fr.
Bavière. — « Paraît être un mot onomatopée pour
exprimer la salive qui accompagne le babil des
petits enfants ; aussi dans l'ancienne langue bave
signifie-t-il également : babil, caquetage inintefli-
gible (Cf. grec : babadzeïn). Dériv. : Bavette,
baveux, bavard. (Nous trouvons dans Calvin avec
la même signification : Bavereau) ; bavasser =
bavarder ; bavure, bavoche, caractère d'impri-
merie qui ne vient pas net et qui parait avoir de la
bave ; l'ancien mot : bavière signifiait d'abord
bavette, et a été appliqué dans la suite à la partie
de l'armure do*nt on protégeait le cou et le menton.
De là : baverette et baverole. — « Quand ils vou-
loient boire ou manger, ils rabattoient les cahuets
de leurs caputions par le devant, et leur servoit de
bavière ». (Rab. P., v, 27.) — « Que les conseillières
leur fissent de belles baverettes, afin que de leur bave
elles ne gastassent pas le pavé ». (Id, ibid, n, 17.)
« De son bendeau, qui couvre ses rigueurs,
Fay en doubler aulcune baverolle. »
G. C. Bûcher. lO'J, p. 147.
Baverotte (Lg.), s. f. — V. Baverette.
Bavoire (AIj., Lg.), s. L — Bavette. Syn.
82
BAVOLER — BÉCASSE
de Balverette, Dravette, Baverette, Bravotte,
Baverotte.
Ba voler (Mj.), v. n. — Planer. Ex. : Velà
ein riflet qui bavole sus les Pâtures.
N. En berrichon Barivoler. — Ternie de fau-
connerie, en parlant de la perdrix. V. la citation
à Basi.'oler.
Bavotter (Mj.), v. n. — Baver souvent. V.
Baverette.
Bavourette, s. ï. — V. Baverette. Dans G.
Sand, Bavousette.
Bavoux (Mj.), adj. quai. — Baveux.
Cf. Mardoux, Huiloux. \\ Homme qui envoie
de la salive en parlant.
Ba.vart (Pc.) ou Boyart. — Cadre sur leque^
on transporte la portoire. — Bard est une
civière, fr.
Et. — Ail. Bahre, civière. V. Baillard.
Bazar (Mj.), s. m. — - Avoir, Saint-Frus-
quin ; bibelot. Ex. : Je vas vendre tout le
bazar ; — il a mangé tout son bazar. Syn.
de Berloquin , Bastringue.
Et. — Arabe, Bazar, marché. Persan, bâzâr.
Bazarder (Mj.), v. a. — Vendre à bas prix
et en bloc des objets dont on veut se défaire.
Bé (Lg.). Bien. C'est bé ça. 1| Bé dé =
plus de. Ex. : Y en a bé dé yin qui me l'a dit.
Hist. — « François Cougnon reprit : Allons,
enfants, vé savez bé quo (qu'ô) va passer de la
troupe à Saint-Fulgent pré aller à Montaigu et veut
(vous) forcer à tirer un biet ; y (j') allons les guiet-
ter ; poit de brit, chut ! « {Deniau, i, 336.)
Béatilles, s. f. pi. — Menues choses déli-
cates qu'on met dans les pastés, dans les
tourtes et dans les potages : comme, riz de
veau, crestes de coc, foyes gras, etc. De
Beatus, comme qui dirait : mets d'heureux.
(Méxage.)
Hist. — « S'appliquait aux petits ouvrages des
religieux, agnus, pelotes, boîtes ; les religieux -y
mêlaient p. ê., des reliques des béatifiés. — Colifi-
chets. » (D. C.) — « Anglais : béatilles, abatis.
Espèce de ragoût fait avec les abatis d'une volaille,
c.-à-d. avec les ailerons, la tête, le cou et les pattes. »
(MOISY.)
Beau (Mj.). — Avoir beau. Etre mis à
même. Ex. : Veux-tu me vendre ton bodin?
— T'as ben beau. = Si t'as besoin de ma
charte, t'as ben beau la prendre, elle est à ta
disposition.
Hist. — « Adjoustons qu'en bonne occasion et
opportunité estions là arrivés et qu'actons beau
faire choix de lanternes. » (R.\b., P., v, 83, 551.)
Beau d'mage ! — Beau dommage ! Locut.
iroiiiq. qui sert de réponse à ceux qui se
plaignent sans raison et qui équivaut à celle-
ci : Je vous conseille de vous plaindre ! |1
(Mj.). — Parbleu !
Be = Boe. Prononciation. — Be, dans beaucoup
de mots commençant par cette syllabe se prononce
Boe, l'o très bref. Par ex. : berouette, on entend
boeroette. Qqf. l'o l'emporte : borouette. (Ec.)
Beau-fait' (fête) (Mj.), s. m. — Tout objet
beau, curieux ou précieux. Ex. : J'ai trouvé
ein beau-fait; — veins donc voir tous les
beaux beaux-faits ! — Ceté femme-là soigne
son quenau comme ein petit beau-fait. —
V. Fait.
Beau-frère (Mj.), s. m. — Frère utérin ou
consanguin. Syn. de Demi-frère.
Beausse, s. f. — Le nom de cette petite
commune, que des circonstances locales main-
tinrent longtemps dans un état de demi-
sauvagerie, est employé à Montjean dans
plusieurs loc. prov. généralement ironiques.
Veut-on exprimer l'incréduhté absolue, ou
un refus catégorique, on répondra : Le pont
de Beausse ! Or, à Beausse, il n'y a pas de
cours d'eau. On dit encore proverbialement :
Raide comme la justice de Beausse. C'est que
cette capitale n'a pas plus de tribunaux que
de ponts. Enfin le vent du S.-W. s'appelle le
Taureau de Beausse. Ici il n'y a pas d'ironie.
Beausse est au S.-W. de Montjean et le vent
qui en \ient mugit parfois terriblement. —
N. Les anciens prononçaient : Beusse.
Beaussier (Mj.), s. m. — Habitant de
Beausse. On dit aussi Beussier ; mais cette
dénomination est vieillie et plutôt ironique.
Beau-temps (Mj.), adv. — Longtemps.
Ex. : Il y a beau temps que la messe est son-
née. Cf. Belle-heure.
Beaux-hommes (Mj.), s. m. — Xe s'em-
ploie qu'au pluriel. Scabieuse, plante sauvage
ou d'ornement. V. Veuve.
Béber (Mj.), v. n. — Tomber. Terme
enfantin. Prends garde, bébé, tu vas béber.
Réduplication de la syll. finale.
Bébête (Mj.), s. f. — Bête, animal. Xom
enfantin dans ce sens. || Adj. quai. — Un peu
bête, stupide, nigaud, niais.
Et. — De bête, par réduplication de la première
syllabe, c. le fr. papa, maman.
Bébêton (Mj.)
de Bébête.
Bec (Mj.), s. m. — Bouche. V. Boie-bec. ||
Tenir, ou tiendre le bec dans l'eau, — en sus-
pens, dans l'incertitude. || Bec'. Coudre le
bec, fermer la bouche. Ex. : Je te ilh ai ben
cousu le bec ! || Prise de bec, — altercation,
dispute. Il Aisé à prendre par le bec, — un
peu gourmand.
Et. et Hist. — « Antonio primo... Toiosae nato,
cognomen in pueritia becco, id valet gallinacei
roslrum. » (Sctétonk, Vie de V àellius, IS. — Ev.)
Bécasse (Mj.), s. f. — Femme peu inteUi-
gente, péronoUe, pecque, agnès. Syn. de
Pécusse.
Et. — P. ê. pour Pécasse, de Pecque. — « De bec
et du B. L. accia, vx. fr. acée, ou assée, nom de la
bécasse ». (Litt.)-
C'est aussi un support en fer, à deux branches,
placé dans la cheminée pour retenir une chandelle
de résine. (Mén.)
adj. quai, et s. m. — Dér.
BEC-CORBIN — BECQUELER
83
Bec-corbin, s. m. — Pour : Bec de corbin,
outil.
Bec-de-eorl)in, (Sp.) s. m. ■ — Seigle ergoté,
ergot de seigle.
Et. — C'est le fr., avec un autre sens. La signifi-
cation propre est : Bec de corbeau ; pour le seigle
ergoté, la métaphore est juste
Bec-de-grue, s, m. — Patte d'alouette.
Persil. Mortigouin, nom vulg. du Géranium
robertianum. En grec Guéranoç = Grue ; de
là le nom, en raison de la forme du fruit.
(MÉN.)
Béeliage, s. m. — Aciion de bêcher. Dans
les vignes, le bêchage et le chevalage se font
en même temps. (Mén.)
Et. — Du celtiq. bac'h : même racine que : bec.
(LiTT.). — « Le rapprochement avec bec est à
rejeter. (Darm.)
Bêche (Mj.), s. f. — Large houe. Tel est le
sens exclusif du mot. L'instrument que les
traités d'agriculture désignent sous le nom
de bêche n'est connu que sous le nom de
pelle. On dit : Bêcher à la palle ; viremotter
ou rayonner à la bêche.
Et. — Voir Bêchage. — Hist. : « Un jet de bêche
est estimé â sept pieds et demi ». (D. C. Becca.)
Béclié, adj. quai. (Lg.) — Qui a cassé la
coquille de l'œuf avec son bec, en parlant
d'un poussin près d'éclore. Se dit au^si de
l'œuf bêché. Syn. de Ebéchê. Cf. Bechêe,
Bêchée. \\ Ec. On prononce péché. Ces œufs
sont péchés ; le canetin (caneton) ou petit
poulet a commencé à le casser avec sa pèque
(son beo;).
B{e)chée (Mj.. Fu.) (l'e absolument muet :
b'chée), s. f. — Becquée. Ex. : Velà eine
paisse qui va porter la b'chée à ses petits. ||
Au Long., bêchée, avec l'é fermé. || Fu. Porter
la bêchée, p. des matériaux pour bâtir le nid.
Hist. — « Tes petits beuvraux de Paris qui ne
beuvent en plus qu'un pinson, et ne prennent leur
bêchée sinon qu'on leur tape la queue â la mode des
passereaux ». (Rab., P., n, 14, 148.).
Bêcher (de la pierre) (Mj., Tlm., Fu.). —
Voir à l'Hist. || (Sp.) Fig. Bêcher qqn, se livrer
sur son compte à des critiques, à des médi-
sances, à des insinuations malveillantes.
Décrier, dénigrer.
Hist. — « Sépulture de Denis Métivier, écrasé en
bêchant des pierres en Sorrette, au fourneau de
Saint- Vincent (1737). Inv. Arch. E, n, p. 216, col. 2.
— « Bêchant cedit jour de la pierre au bout de la
garenne, en tomba une grosse pierre sur luy qui le
tua, et furent cinq jours plus de trente avant pou-
voir ouster la pierre de sur luy (1566). Id. E, ni,
332, 2, m.) Bêcher le blaireau. Se dit des tranchées
que l'on fait pour le prendre.
Bêcheter (Lue), v. a. — Biner, serfouer. —
Syn. de Cobêcher, Binocher. — Du fr. Bêcher.
Bêcheux (Mj.), s. m. — Bêcheur. || Petit
cultivateur. Ex. : Il veut êter' bêcheux. — Il
ne faut pas oublier que naguère tout le travail
de la petite culture se faisait à bras d'hommes.
jjManger comme ein bêcheux, — manger
beaucoup.
Hist. — « Baptême d'un fils naturel de Jean
Martin, bêcheur (1768. Inv. Arch. E. m, p. 103,
col. 1.) — « Et quant aux Vignerons et Bescheurs
qui ne tiennent et n'exploitent aucun labourage,
soit en leur propre ou par ferme. » (Coût, du Poitou,
I, p. 482, art. 193.). — « En la paroisse de Chazé-
sur-Argos il y a un feage appelé le feage de Chazé...
lequel fea^e avait anciennement pour tout domaine
une fuye et des courtils qui la joignent, contenant
deux hommées de bêcheur. [Coust. de l'Anj, n,.
col. 129.)
Béchever Tomber pieds contre tête. —
V. Béchevet. Cf. Bouêchefarder.
Hist. — « L'un d'eux se baissant pour l'amasser
(un bâton), le moine lui vint décharger un si grand
revers de son bâton sur l'autre flanc, qu'il l'envoya
béchever du long de la levée ». (Ber. de Verville,
n, 48.)
Bécheverder (Ec). Prononc. boéch'varder
et plus souvent : boégevarder. — V. Béchever,
Béchevet, Boichefarder
Béchevet, Béchevel, s. m. — Ce mot se dit
de deux choses qui sont placées à contre-
sens, ou dont l'une a les pieds à la teste de
l'autre. (Mén.)
Et. et Hist. — « De bis et de chevet, en la signifi-
cation de teste : comme qui dirait une chose à deux
testes (MÉNAGE, qui cite Rabelais) : C'est un jeu
d'enfants qu'ils jouent avec deux épingles que l'un
d'eux cache dans la main. Quand la tête de l'une
est tournée vers la tête de l'autre, elles sont à Bes-
chevel. (i, 22.). — « Lit à double chevet, l'un à la
tête, l'autre aux pieds. — Coucher béchevet : On a
mis ces deux enfants coucher béchevet. — Lorsque
les petits des pigeons se placent dans leur nid, ils
sont souvent béchevet. C'est, dit-on. une marque
qu'il y a mâle et femelle. — Les cochons se couchent
le plus souvent béchevet. V. Tête-bêche, Tête-
bouêche. — Dans les chaleurs de l'été, les chevaux
qui sont au pâturage ont l'instinct de se placer
deux à deux béchevet ou tête bêche, pour s'émou-
cher réciproquement avec leur queue. (C"^ Jaub.)
— Deux couteaux bégevé ont la pointe en sens con-
traire. (Dagn.).
Bêchoter (Mj.), v. a. et n. — Bêcher à
petits coups.
Béclard ou Bêqiielard, se dit pour une per-
sonne qui a toujours la bouche ouverte (Segré,
MÉN.)
Bécler (Cho.. Lg. , Tlm.). — Mugir, crier,
hurler, beugler. Cf. Beucler. \\ Bécler qqn,
l'appeler. || Pleurer, larmoyer avec des cris.
Syn. et d. de Beucler et du fr. Beugler,
N. On mouille souvent l'I. Syn. de Buyer.
Pigner, Guigner, Ouâler.
Bec- menu (Lg.), s. m. — Personne diiïlcile,
dégoûtée. Syn. de Goule-fine.
Bécoter (Mj.), v. a. — Becqueter. || V. réf.
• — Se bécoter, se donner des baisers, — em-
brasser tendrement, amoureusement. « Ils
sont comme deux tourtereaux, ils se bécotent
tout le temps. »
Et. — Be Bécot, baiser — dim. de Bec.
Becqueler, v, n. — Se dit pour une poule
84
BECQUETER — BÊDRASSEAU
qui ouvre le bec pendant les chaleurs (Mén.)
Il Lnn. — Becqueler, crier, appeler très haut ;
beugler, bêler.
Becqueter (Mj., Lg.), v. n. — Faire un bon
repas, festiner.
Beda (bda, a bref, Mj.), s. m. — Verrat,
porc mâle. Syn. de Bedoux, Vare, Varé, Ver-
doux. Il Mj., Lg. — Sorte d'injure : Le vilain
grous beda ! Nigaud, lourdaud. || Sal. — Id.
Gros garçon, sot et mal tourné.
Bedainée (Mj.), s. f. — Ventrée.
Bé-dauic ! interj. Dame ! Certes ! Je le
crois bien ! || Fu. Ben dame ./exclamation
pour s'excuser, etc.
Bédane, s. f. (Li., Br.). — Bicorne. V. Juif.
Et. Pour : bec d'àne, proprement : Outil de
menuisier propre à faire des mortaises.
Bedâner (Sp., Th.), v. n. — Pleurnicher.
Sj'^i. de Baner, Ouâler, Ouigner, Buyer, Beu-
cler, Brézer. || Pleurer en jetant de hauts cris,
ou avec de gros soupirs comme font les
enfants. Contraire de ChemichereiChenucher.
Bédas (a long).(Lg.) — En bédas, en friche.
Bédasse (Mj.), s. f. — Bedaine. Syn. de
Bédrasse, Berdouille, Basane, Beille, Béserot.
Bédasser (Sp., Mj., Lg.), v. a. — Paraît
être une forme adoucie de Pétasser. — Fati-
guer, hai-asser. || Posséder, jouir de — une
femme. || V. n. Se fatiguer, travailler péni-
blement, faire des efforts répétés et infruc-
tueux. Syn. de Bouvisser, Buriner, Timonner,
Harquéler, Odigner, Jâgnoter, Haquenasser,
Haricoter, Jarnusser. — N. Se dit à Tlm.
Et. — Fréquentât, de Béder. Ce dernier mol me
semble lui-même très voisin de Bêter ; il tiendrait
à Bédas, com. Bêter au fr. Bête. Celui qui s'épuise
en efîorts et reste le dindon de la farce, prend tou-
jours un air déconfit qui justifie l'étymol. proposée.
(R. O)
Bède,s.f.V. Béder. — L'endroitoù l'on bède,
où le jeu commence et où il faut retourner
quand on a fait une faute. || Terme du jeu de
billes. Donner la bède ; renvoyer la bille de
son adversaire à une distance d'au moins
cinq mains ouvertes. (P. Eudel). || Ec. Par
ext. : On va johment te l'envoyer béder,
c.-à-d. promener ! — V. Bedouille.
Bédée (Sp., Ang., Mj.), s. f. — Ne s'emploie
que dans la loc. De bédée, brutalement. Ex. :
Faut pas y aller de bédée. — Tout d'eine bédée.
— Elan brusque et violent. Ex. : Il s'est
arroché sus moi fTeine bédée. \\ Aller de saut,
ou: de cul et de bédée, de cul et de ventre, au
propre. Rappelle. la démai'che de l'oie. || Au
fig. Agir sans rime ni raison. V. Bodée.
Bédeller (Sal.), v. n. — Bailler et ne rien
faire.
Béder (Mj., Sal.), v. n. — Terme employé
dans certains jeux d'enfants, surtout au jeu
de billes. Dans le sol est creusé un léger trou,
ou poteau, où l'un des joueurs doit arriver à
faire entrer sa bille ; celui-là bède, est bédoux.
Or, après chaque tentative infructueuse qu'il
a faite pour se rapprocher du but, tous les
autres joueurs s'évertuent à l'en écarter, en
chassant sa bille avec les leurs. Le mot se
retrouve à Sp. et à Mj, — V. Bède.
Hist. Depuis s'en vindrent par la ville
Pour Françoys cuider suborner.
Mais l'on les fist sur pié, sur bille
Bientôt beder et retourner.
(Martial. Vig. de Ch. vn. — God.)
Bédier. s. m. — Niais, bédas.
Hist. — « Il se trouva qu'il (l'évêque) interrogea
un prêtre qu'il trouva ignorant : « O ! dit-il, gros
bédier, âne que tu es, qui t'a fait prêtre? « (Bée. de
Verv. m, 6.)
Bedonner, v. n. -^ Prendre de l'embonpoint.
Et. Bedon, ventre qui commence à grossir.
Bedou (Auv.), s. m. — Verrat. V. Beda,
Bedas, Vare, Varé, Verdoux.
Bedouau s. m. — Blaireau. — || Soleil de
bedouau, — la lune, parce que cet animal sort
surtout la nuit. Se dit aussi de tout coureur
de nuit. || Ec. prononc. : boédouau, lourdaud,
bêtas.
Et. Hist. — Doit-on rattacher ce mot à Bedaine,
la panse du Bedouau étant assez rebondie? — Le
D'' A. Bos indique Bedonel, qui a un bedon. —
« Laissez-moi ces manteaulx de loup et de be-
douault ». (Rab., p., iv, 24.) — « Ce sont belles
testes de mouton, testes de bedouaulx ». (Ibid, v,
27.) — Dans notre province, ce mot se dit aussi
pour bedeau ; serait-ce parce que la robe de ces
fonctionnaires était souvent mi-partie, comme la
fourrure des blaireaux?
Bedoufle (Sr.), s. f. — Ampoule... J'ai
des bedoufles aux mains . || Ec. : Gonfle. Se
sentir bedoufle, — l'estomac trop plein. Pat.
berrichon : Boudenfle =^ vessie de porc.
Bedouflure, , s. f. (Segr.). — Clochette
occasionnée par la brûlure ou la morsure
d'un animal. A Angers, c'est une bousine.
(MÉN.)
Bedouille (Fu.) s. f. — Etre à la bedouille.
Se dit au jeu de billes, du joueur qui, ayant
fait une faute, reste inactif pendant que les
autres ont le droit de le chasser au loin.
Même expression pour le jeu de toupie. —
V. Bède.
Bedouinunt. v. n. — Aller en bedouinant
(Segr.), ç.-à.-d. nonchalamment, comme un
bédouin (MÉx.) '?? — ■ Ou plutôt comme un
homme qui a un gros ventre.
Bédoux (Lg., Sp.,) — Celui qui bède. — V.
^ét^6T. Cf. pat. norm. Bédaud, deraier-né ; à
rapprocher du manceau Bédaaud, Bégaaud,
niais.
fSBcdrasse (Mj.), s. f. — Bedaine, gros
ventre.
Et. — C'est le mot fr. avec un suff. péjorat. La
lettre r est épenthétique. V. Beille, Bédasse.
Bédrasseau (Mj.), s. m. — Personne ou
objet petit. Ex. : J'ai trié tous les grous, je
n'ai laissé que les petits bédrasseaux. Se dit
BBDRASSËE — BEILLE
85
de l'homme, des animaux et des plantes. —
Crapoussin, nain, avorton.
Bedrasséc (Mj.), s. f. — Ventrée. Dér. de
Bédrasse.
Beduau, s. m. — Blaireau. V. Tesson,
Taisson, Bedouau (Lue, Chm).
Bedue (Lg.), s. f. — Rouge-gorge, oiseau.
— Syn. de Gorge-rouge, Vachette, Vache,
Russe, Gadille, Reusse.
Bégassard (Lg.), s. m. • — ■ Bègue. — Syn.
de Bégueur, Macassard. Dér. de Bégasser.
Bégasse (Lg.), s. f. — Bécasse. — • V. F. L-
— Chansons. 52,
Bégasser (Tlm.), v. n. — Bégayer. — Syn.
de Cacosser, Jacquetonner, Béguer, Ma-
casser.
Et. Dér. du îv. Bègue, ou plutôt de Béguer.
Bégassine (Lg.), s. f. — Bécassine. — Syn.
de Roulette.
Bégaiid, s. m. (Segr.). — Planche ou
échelle horizontale, attachée au plancher
(plafond ?) sur laquelle on place la provision
de pain (Mén.). — (Mj., Lg.), adj. quai, et s.
m. et f. — Nigaud, bêta, sot, peu rusé.
Byn. de Niguedouille, Bébête, Benaud. \\
(My.), Fer qui tient la résine face à la che-
minée. Syn. de Bâillaud. |! (Sr.), Hanneton.
Syn. de Canneton, Meunier. |l Cf. Bégat, Jaub.
Et. — Pour : niais. Probablement pOur Beyaud
ou Boyaud, de Boyer, fr. Bayer, Béer. Cf.
Bajoie, Bâchas. (R. O.) — « De Bègue? — Hist.
« Ceux qui n'auront jamais bougé d'entre les bras
de leuj-s mères, ne seront que niais et bégaux. »
(Apol. pour Hérodote, p. 461. — L. C. — « Eh
bien ! grand bégaut, m'as-tu regardée assez, me
veux-tu acheter? » (Noël du Fail. Propos rus-
tiques. — C"^ Jaub.) — « Bégard, hérétique : stu-
pide, sot, fainéant, hypocrite. — Les bégards,
bégauds étaient de pauvres hérétiques croyant avoir
atteint la perfection. Et. *beggardum, du Germ.
flam. beggen, demander, mendier ; ou p. ê. bégard
n'est que le péjorat. de bègue, dont l'orig. est
inconnue. (D^ A. Bos) — « Badaud qui s'arrête à
chaque instant pour regarder avec une curiosité
niaise. Cf. Basgoule ; naïf qui bâille aux corneilles'. »
— Chandelier en bois percé de trous à diverses
hauteurs et dans lesquels on plante le grichedent,
morceau de fer ou de bois fendu dans lequel on met
le pétoche (résine.) Doïtin.
Bégaiidage (Mj.), s. m. — Sottise,, bêtise,
niaiserie. Ex. : Ça illi a fait voir son bégau-
dage. — Nigauderie.-
Bégaiideaii (Mj.), s. m. — Petit nigaud.
Syn. de Sottereau, Nigaudeau.
Bégaiider (Sa.), v. n. — Causer naïvement.
Hist. — « Ils vont niaisans, begaudans et s'amu-
sans par les chemins. » Contes d'Eutrapd, p. 306. —
•L. C.
Bégnote (Lg.), s. f. — Espèce de besi assez
semblajtle aux poires de gaubretière.
BégnotiiT (Lg.), s. m. — Sorte de bésier ou
poirier demi sauvage.
Begrole (Segr.). — Bobo causé par un
rasoir malpropre, simulant, à l'aide du nez
(? ! ?) le bec de la grole. (Mén.).
Béguer (Lg.), v. n. — Bégayer. Syn. de
Bégasser, Macasser, .Jacquetonner, Cacos-
ser.
Et. — Ce V. est l'original de la nombreuse famille
de mots à laquelle appartiennent les formes fr.
Bègue, Bégayer, et les form. pat. Bégueur, Bégasser,
Bégassard, ainsi que Macasser et Macassard, qui
ne sont que des altérations de ces derniers. Hatz-
FELD déclare que l'étym. de ces-mots est inconnue.
Pour moi, elle est évidente ; ils dériv. tous du fr.
Bique, ital. Becco, ail. Bock ; bégayer, béguer,
bégasser, c'est avoir la parole hachée com. le bêle-
ment d'une bique. Tous ces vocables sont donc
cousins germains de Biqueter, Bien, Béguion, Béque-
reau, Biquereau. Bigane. (R. 0.)
Béguette (Sp.), s. f. — Chèvre, petite
chèvre.
Et. — Ce mot qui a la même rac. que Bion, Bé-
guion, Bigane, est pour Biquette, dim. de Bique.
Bégueur (Lg.), s. m. — Bègue. Syn. de
Bégassard, Macassard.
Béguin (Mj.). || Fig. La plus tendre
enfance. Ex. : Ça l'a prise dès le béguin. \\
Attachement passionné. Ex. : Il a ein béguin
pour ceté fille-là. — C'est littéralement la
loc. fr. : Il en est coiffé.
Et. — « Un prêtre, Lambert le Bègue, aurait le
premier prêché à des femmes les avantages de la
chasteté ; elles en auraient été surnommées Bé-
guines. (D. C.) — « Béguine, nom d'une corporation
religieuse fondée par sainte Begge, dont elle aurait
tiré le nom. D'autres font dériver ce nom, comme
celui des Béguins et Béguards du v. angl. Beg,
mendier, à cause de la pauvreté à laquelle ces héré-
tiques se vouaient. — On se demandé encore si la
coiffe de linge, appelée Béguin, doit, ou a donné son
nom aux Béguines. (Schelek.) — Begui, en langue-
doc = coiffe, bonnet. (L. C.)
Beguion (Sp.), s. m. ■ — Biquet, chevreau-
Et. — Ce mot est la forme masc, de Béguette. Le
nom Bion en est une contraction. — ■ Syn. de Bion,
Biqueton, Biquereau, Béquereau, Biquol.Y. Béguer.
Beigne (Mj.), s. f. — Coup violent. Syn. de
Bagne. Fr. Bigne. Vx. fr. Bugné, bosse,
tumeur. Attraper eine beigne. — Bosse,
enflure, surtout à la tête. Anciennement :
tumeur, apostume. Dér. du celtiq.
Hist. — « Ladite Colette donna un si grand coup
sur l'œil ...que à pou qu'elle ne lui creva, et pour ce
lui fist une grant beugne ou boce sur ledit œil. (D. C.)
Beille (Boille) (Mj., Lg.), s. f. — Ventre,
bedaine. N. Beille, qui a qq. peu vieilli, a
tuie forme masc. Boille. Cf. Abeillaud, bour-
don, frelon, qui a, en effet, un gros ventre.
Et. Hist. — Il pourrait bien avoir la même rac.
q. le fr. Bedaine. En tout cas, il est certain qu'il a
donné l'angl. Belly. — « Telle était l'enceinte de
la ville de Âlur (Saumur) ; et cette portion de l'an-
cienne ville a toujours été distinguée de la nouvelle
sous le nom de Boele du Château... Je remarquerai,
à cette occasion, que le quartier environnant les
châteaux de Doué et de Montreuil-Bellay, porte
aussi le nom de Boele ; ce qui peut faire présumer
que ce nom ,qui signifie : boyau, nous est venu de la
première de ces villes, qui est la plus ancienne. (J.
BoDEs, R. h. I, 97.) N. philol. — Beille, boille.
86
BEILLER — BELLE-PILLE
boele signifient non pas : boyau, comme le dit
l'auteur, mais : ventre. J'en ai dit ce qu'il fallait,
mais, ce que je n'avais pas vu, c'est que ce très
vx. mot est la rac. du fr. Boyau, lequel devrait
s'écrire Boillau... — Comme suite à cette note,
j'observe qu'Angers pourrait bien avoir eu son
Boele, tout comme les villes de Saumur et de Mon-
treuil. Et ce Boele aurait été la rue Baudrière, ce
boyau oblique qui contournait les remparts de la
vieille cité. N'est-ce pas au bas de cette rue que se
trouvait et que se trouve encore la fameuse fon-
taine Pied-Boulet, ou Pied de Boulet, dont le nom
a tant intrigué le populaire, les historiens et les
étymologistes ? Si mon hypothèse est juste, la déno-
mination primitive aurait été Pied-Boelet, ou Pied
de Boelel. C'est là une simple induction linguis-
tique, et je donne ma découverte pour ce qu'elle
peut valoir. Je suis d'avis, en définitive, q. ce mot,
très curieux et très vx. est pour Baille, q. je déri-
verais du lat. Bulla. (R. O.). — Il y a à Angers une
rue de Beille-BeUle. — « Portion d'une clôture, qui
force en dehors de son alignement. La baille était
une palissade servant de première défense en avant
et en dehors d'une ville. (D. C. Bailleium et Bal-
lium.) — « Boille (angl. bowels), s. f. viscères de
l'homme et des animaux. Dialectes normands
anciens : Buille, Buele, Boels, Boele. — Eboiler,
éventrer, esboellare : « Le ventre lui purfendi, si
que toute la buille à terre chaïd. » {Les Bois, p. 198.)
— « Defors son corps veit gésir la buele » (Chanson
de Bol. p. 187.) Patois norm. de Guernesey,
Bouailles. (MoisY.). — Cf. Bullire, bouillir.
— « Gens saphirez qu'un dint de verre esveille,
Ausquelz le boire e.schaufîe l'avertin,
N'osp arguez pas le creux de vostre beille.
Pour boire en grec, en flamant, en latin.
G. C. Bûcher, 186, p. 192.
Beiller. v. n. — Rester bouche ouverte. « Il
ne fait que beiller de la goule. » — Béer. —
Mieux écrit : Beyer ou Béier. Cf. Boyer.
Beillouetter (Lg.), v. n. — V. Béluetter.
Cf. Ebeillouir. Miroiter, scintiller. Fr. Bluette,
V. Beluette.
Beillii (Mj., Lg.), adj. quai. — Ventru. Se
dit surtout des animaux. Ex. : Eine vache
beillue. V. Beille.
Béionner (Sp.), v. n. — V. Bionner, Béton.
\. Bcguioii, gui mouillé et très doux.
Béiouner (Sp.), v. n. — V. Biouner. Dou-
blet de Béionner. V. Béguion.
Belaud (Tlm., Lg.), s. m. — Ver, ou larve
d'insecte qui vit dans certaines cerises.
Syn. de Belin ou Blin. || (Lg.) Belaud !
belaud ! mê ! Interj. qui sert aux bergères
pour rappeler leurs moutons. \\ Mj., Lg. -
adj. q. -^ Mignon, gentil. || Nom caressant
que l'on applique souvent aux enfants ou
aux chiens.
Et. — Le mot Belaud, qui tient à Belin, a signifié
autrefois : mouton. Il ne s'emploie plus que pour
désigner la larve de charançon qui attaque les
cerises. Quant à : Mê, c'est une onomat., le bêle-
ment du mouton. |1 Cf. Mouton. Jaub. ]| Dans le
dernier sens, diminutif de Bel, pour Beau.
Bclaudé (Lg.), adj. q. — Attaqué par les
belands. Se dit des cerises.
Belaiider (Sp.), v. n. - — Plaisanter, dérai-
sonner. Ex. : Bah ! tu belaudes. — Pour Ber-
lauder. Cf. Berlauderies. Cf. Beluter,
Beleau ou Bleau (Sa.), s. m — Oison.
Bêlière (Mj.), s. f. — Anse de pertoire,
faite d'une hart d'o.sier formant boucle. —
Syn. de Bérière. il Fu. — Berlière, — se dit
surtout des anses mobiles en osier, rappor-
tées aux cruches qui ont perdu la leur.
Et. — C'est le fr. Bélièrô, Anneau auquel est
suspendu le battant d'une cloche. D. C. Belleria ;
flam. Bel, cloche. — « A la charge dudit Chapitre
de fournir en l'acquit de l'évesque les chordes, bet-
lières, batail, etc. — Renvoie à Berleria, d'où est
resté Berlière. — « Item, pour réparer deux ber-
lières, et pour une neuve, pour la cloche du Cha-
pitre, X X V i i j sols. (1469.) D. C.
Belin' (Mj.), s. m. — Larve d'une espèce de
charançon qui vit dans les cerises, surtout
dans les bigarreaux. C'est l' : ortalide du
cerisier. — BerHn, en Berry. Syn. de Belaud.
li Fu. B'hn.
Belin "^ (Auv.), s. m. — Nom par lequel les
bergers appellent leurs moutons pour les
réunir. Ii (Pos.), Mouton secondaire d'un
pressoir. Syn. de Belineau \\ (Lg.). — Etre en
belin, — être en chaleur. Se dit d'une brebis.
Et. — Même radie, que Bélier, avec un sufT. dif-
férent ; ou Blin, de Bell, clochette, — le mouton à
la sonnette. — « Il se prit à pleurer de ce' qu'il
savait moins que les belins ». (Amyot, Daphnis ^
Chloé. — Ce Jaub.)
— « Qui de la toison de belin
En lieu de manteau sobelin,
Sire, Ysengrin afîubleroit
Le loup qui mouton sembleroit ».
B. de la Boe. — (BoR.)
Belineau (Mj.), s. m. — Petit madrier qui
s'interpose entre le mouton et les carreaux
d'un pressoir.
Et. — De Belin, qui s'emploie du reste dans le
même sens, j Enchère, enche et encheneau. (Mén.)
B(e)liner (Mj.), v. n. — Vétiller, lambiner,
perdre le temps.
Et. — De Belin, à cause de la lenteur avec
laquelle.... urine le mérinos. On connaît le prov. :
Laisser pisser le mérinos?
Bellaud, e (Mj.). adj. quai. — Bellot.
Belle, s. f. — s-ent, occasion. — L'avun-
belle à faire une chose. |j Faire la belle ; partie
finale entre deux joueurs qui ont gagné
chacun une partie ou manche, qui sont :
manche-à (manche). C'est la belle, la bonne
partie qui décide. || (Lg.) Sorte de jeu de
cartes appelé aussi Trente-et-un, fort en hon-
neur dans les veillées. || (My.) — Se dit pour :
une femme enceinte. (Mén.)
Belle (de) (Mj.), loc. adv. — Bien. Se dit
ironiquement. Ex. : Ça t'avance de belh ! \\
De pus belle, mieux, de mieux en mieux, avec
plus d'ardeur. Ex. : Il a recommencé de pus
belle.
Belle-chouse (Mj.), adv. — Beaucoup. On
dit aussi Berchouse. Syn. de Boun endret,
Biaucop.
Belle-fille (Mj., Lg.), s. f. — Fille par
alliance, bru; ou fille du premier lit d'un con-
joint.
BELLE-HEURE — BÉQUELÉ
87
Belle-heure (M,j.), adv. — Longtemps. Ex. :
Y a belle heure qu'il est parti. Cf. Beau-temps.
Belle-sœur (Mj.), s. . — Sœur utérine ou
consanguine. Syn. de Demi-sœur.
Belsamlne (Mj.), s. f. — Balsamine.
El. — Balsamum, baume.
Béluette (Lg., Mj.), s. f. — Bluette ; berlue ;
éblouissement. || (Lg.). Grain de neige qui
voltige en l'air.
Béluetter, (Mj.), v. n. — Papillotter, être
incapables de percevoir distinctement les
objets, en parlant des yeux. Ex. : Je ne peux
pas lire à la chandelle, les yeux me béluettent.
— Pour Bluetter, de Bluette. Syn. et d. de
Beillouetter.
^Et. — Bluette. Probablement le même que
Berlue ; c.-à-d. composé de la particule Ber, qui a
un sens diminutif, et d'un thème : luca, de hicere,
luire ; petite lumière, fausse lumière, d'où : étin-
celle. (LiTT.). — Bluette, pour : béluette, du vx. fr.
belue, orig. inconnue — « Le châtaignier est un
mauvais bois pour brûler, il fait trop de beluettes ».
(Or.) — Rac. celtiq. Bel. être lumineux, d'où
Belenos, brillant, devenu le nom d'un dieu qui
représentait le soleil. (Malv.)
B(e)luter (Fe), v. n. — Radoter, barbotter.
« Tais-té, tu belutes ! » dira-t-on à qqn qui
s'empêtre dans la conversation. || Etre fou.
Cf. Belauder.
Beîzébue (Mj.), s. f. — Sorte d'herbe à
feuilles arrondies, appelée aussi cresson ter-
restre et qui peut être le Nasitort sauvage.
Bat. Thlaspi sativum.
Et. — Belzébuth ; phénic. et hébr. Dieu des
mouches.
Benibouère. — Le pont de la Bembouère ;
c'est un endroit marécageux, où il y a un
grand mollet (Fu.)
Ben (Mj.), adv. — Bien, très, fort. Ex. :
C'est ben fait. || Beaucoup. Ex. : Il a ben du
bien. Il est à noter que le nom Bien se pro-
nonce com. en fr. i| Vraiment (Sp.). Ex. :
N'avez-vous point de lait à me vendre? —
Oh ! si ben, j'en ai. — Le mot : ben est ici une
affirmation ou un explétif dont l'emploi rap-
pelle celui de son syn. ail. : Wohl. Une alle-
mande répondrait : la, ich habe es wohl. ||
Eter' ben, — être à l'aise. || Ben s'en faut, —
il s'en faut de beaucoup, à beaucoup près.
Se rejette à la fin de la phrase. Ex. : Je ne l'ai
pas vendu ceté prix-là, ben s'en faut. || Ben
y a-t-il, — il y en a beaucoup (même place).
Ex. : Les rainsins sont mêlés, beji y a-t-il. jj
Syn. et d. de Bé.
N. — Dans le sens de : parfaitement, on prononce
toujours : ben. Ex. : C'est ben fait pour ielle ; ça se
pourrait ben. — Dans le sens de : beaucoup, on ne
prononce ben que quand l'adv. n'est pas à la fin de
la proposition, encore, même dans ce cas, on pro-
nonce souvent : bien, c. en fr. Ex. : Y avait bien du
monde, ou : ben du monde à la messe. — Du monde,
y en avait bien (et non ben.) On dit encore : Ni
bien, ni guère, — ni peu ni prou. Du lat. Bene (d'où
la graphie Ben, et non Bin.)
Ben-aise (Mj.), adj. — Pour : bien aise,
(Mj.). — Bénéfice. Syn. de
J'ai toujours ça de bé?ief !
s. m. — Pour Bénéfice.
V. n. — Bénéficier, profiter.
satisfait (B'naise). || Fu. — Le bon vin fait la
goule ben-aise.
Benatre (Seg.), s. m. — Pour : benastre.
Carrelet à grosses mailles servant à porter sur
le dos le coupage. (Mén.) || Filet en corde pour
porter foin ou paille.
Et. — Ce mot se rattache au radie, de Banne,
Benne. Syn. de Barneau.
Benaud, e (Lg.), ad. quai. — • Benêt, niais.
Syn. de Bégaud, etc. Doubl.du fr. Benêt.
Bene. s. m. — Nom vulg. du Sium nodiflo-
rum (Mén.) Batar© donne Berle.
Bêne (Mj.), s. f. — Plante des prés bas, à
feuilles composées. (Le même que Bene.)
Bénédiction (Mj.), s. f. — Fig. Foison,
grande abondance. Syn. de Foisance, Afoi-
sance, Confusion, Râpée, Crasse, Flopée, etc.
Ex. : Y a des preunes que c'en est eine
bénédiction.
Béneï, s. m.
Bénifice. Ex. :
Argot.
Bénifice (Mj.),
Bénificer (Mj.
Cf. Officer.
Bénisse! (Mj.)Bénissoir(oué).Interj. — Se dit
à ceux qui éternuent. C'est une ellipse de la
formule bien connue : Que Dieu vous bénisse !
■ — on ajoute qqf. avec son grand bénissoué
(goupillon).
Bénit, e. (Mj.), part. pas. — C'est ein pain
bénit. — C'est bien fait. Cette loc. prov. est
fr. ; mais, à Sp. beaucoup de personnes la
complètent en disant : C'est ein pain bénit de
La Rochelle. J'ignore l'origine de cette expres-
sion. Sans doute allusion ironique aux Pro-
testants qui n'avaient pas de pain bénit.
N. — A Auverse, la croyance populaire est que,
si une personne sue beaucoup des mains, il lui
suffit, pour se guérir de cette affection, de les trem-
per dans l'eau bénite. Il faut seulement que cette
médication ait lieu dans une église où la per-
sonne entre pour la première fois.
Béniter (Mj.), v. a. — Bénir, consacrer un
objet.
Et. — Dér. régul. du fr. Bénit.
Bénitier (Mj.), s. m. — Menton en bénitier,
proéminent de telle sorte que la lèvre infé-
rieure avance sur la supérieure. On voit que
l'image est juste et vive. — N. On dit qqf.
menton en galoche. || Ec. Menton en galoche
et nez en pied de marmite.
Bentout (bintou), adv. — Bientôt. ||
Presque. Ex. : Il est bentout aussi char que
l'autre. — Aile est bentout aussi bête comme
sa mère • Cf. Tantoût. \\ Ec. Bétou, Bitou
(bords de la Loire).
Hist. — « Comme asceuré de n'évader que bien
toust ne perdist la vie ». (Rab. P. iv, 38, 422.)
Béquelé. adj. quai. — Lait béquelé, qu'on
retire trois ou quatre jours après la parturi-
88
RÉQUBREAU — BERDANSER
tion de la vache. Syn. de Moucheron, etc.
(Ts.). On dit aussi : Bettelé, vételé (vitellus?),
moché. — Bégaud et Bégeau (G''' Jaub'.)
Béquereau (Lg.), s. m. — Biquet, chevreau.
Syn. et d. de Biquereau.
Béqiiillard, s. m. — Cehii qui se sert de
béquilles. (Mén.).
Et. — De : bec, à cause de la traverse.
Béqiiot (Lg.), s. m. — Biqueton, Biquet.
- — Syn. et d. de Biquot.
Béquote (Lg.), s. f. — Chevalet de sabotier,
pour scier en travers les billes de bois. La
béquote est une pièce de bois longue d'un
mètre et grosse comme la cuisse, portant à
terre par une de ses extrémités, et relevée à
l'autre d'un pied environ, au moyen de deux
pattes écartées. Au milieu de la longueur et
sur le dos de ce chevalet un trou de vrille
reçoit une cheville mobile c{ui maintient les
troncs à scier.
Béquoter (Lg.), v. n. — Mettre bas, en par-
lant de la chèvre. Syn. de Biquetonner, Bique-
touner, Bionner. Dér. de Béquot.
Ber (Fu., Sal.), s. m. — Berceau. V. Bers.
J'ai mes fdles aux landes.
Deux p'tites et deux grandes ;
Deux qui vont aux champs.
Deux qui poin (t) y vont ;
Deux petites ou ber. (au).
Béraide (Lg.), adv. — Beaucoup. On disait:
Y en a pas bé-raide, t'ôs apporteras bé. Ce
mot est désuet, mais son synon. Biâcop s'em-
ploie encore. Syn. de Berchouse, Belle-chouse.
Beraud, (Seg., Sa.) Dadais, nigaud, nico-
dème. Syn. de Baj'ole, Bûchas. V. Berraud.
Berbe, s. f. — Pour Barbe. On dit bien :
Imberbe. Lat. : Barbe, Barba; Imberbis.
Berbère, s. f. — L'anse du panier, d'un
chaudron (Vendée). Je pense que Ménière
aura mal lu ; c'est berliere. Cf. Berlière.
Berbis, s. f. — Pour Brebis. Se disait au
xi<^ siècle.
Et. — Lat. Berbix, dans les plus vx textes, de :
vervex, biMier. Hist.
— Va-t'en à la berbis ta mère,
...Les berbis sans garde trouva.
Marie dk Fraî<ce, ii, 221. (C Jaub.)
Berclie, (Mj.) s. f. — Brèche. Forme vieilhe.||
Rayon de miel.
Ber, Bes, pour : Bre, jiresque toujours. Ry. —
Tous les Ber, mis i)Our Bre, se prononcent Boér.
Ceux qui « se parloyent » disent Ber. On dit
Eboerché ; mais on dit toujours une Brèche.
A Cholet, Quartier de Berloquet pour : du Bre-
loquet.
Et. — Ber, Bes, particule duplicative ou péjora-
tive, indiquant qu'une chose ou action est mau-
vaise, fausse, contrefaite, de travers. — Qqf. Ber,
Bre, pour Bes, Be. — Bis est la forme savante.
Besaigu, — bisacutum ; besaive, besaïeul ; besloi,
injustice ; berlue, vue trouble ; bévue, etc. — Et.
Bis, double, et de lu : faux, mauvais. (D- .\.. Bos.)
Berche-dent. (Mj.) — Brêche-dent.
Berchet, (Mj.) s. m. — Bréchet, chez t
oiseaux. || Chez l'homme, partie indéfinie du
corps, dont la chute occasionne des maladies
graves. Tel est, du moins, l'avis qu'émettent
sans sourciller de certains empiriques qui, s'ils
ignorent l'anatomie, s'entendent d'ailleurs
fort bien à exploiter la crédulité des paysans.
Donc, pour ceux-ci, avoir le Berchet-chait,
est un accident des plus sérieux.
Et. Hist. — D. C. Bruccus, — Angl. Brisket, poi-
trine d'un animal, du kymri : brysced, briskel.
bas-bret, bruchet, poitrine. — Breton de Vannf-s :
bruste, estomac d'animal. — N. Il est juste d'ajou-
ter que, dans l'ancienne médecine, le mot bréchet
désignait une partie du corps humain, probablf^-
ment le sternum. Rabelais, médecin lui-mênv
l'emploie à plusieurs reprises. « Il resta tout <•>-
tourdy et meurtry, un œil poché au beurre noir,
huit côtes freussées, le bréchet enfondré. » (P., iv,
12.) — « Quaresmeprenant avait le bréchet comme
un baldachin. » (P., iv, 21.)
Berchouse (Mj., Sf., Cho., Ché., Lrm.), adv.
— Beaucoup. V. Belle-chouse. Ex. : Y en n";i
berchouse. — pas mal, — une grande quantil-
— Y a berchouse de hannetons cette anni"
V. Chouse. Syn. de Biaucop , Boun-endret.
Fu. — « Al é riche. I védraient ben avoir son
bien, berchouse y a-t-i. » — Beaucoup y a-t-il ;
c.-à-d. : ils sont nombreux ceux qui vou-
draient . . .
Berchu (Sa.). — Jeune enfant ayant perdu
une dent. Pour bréchu, brèche-dent. Syn. d»'
Beurche.
Et. — Brèche. De l'aha. brecha, action de briser ;
kym. breg, rupture.
Bercillard, s. m. (Seg.). — Celui qui bercillo
des yeux. (Mén.).
Berciller (My., Lue, Bg., Mj.), v. n. —
Ciller, cligner les paupières, les agiter par un
tic nerveux. Syn. de CXeuter. \\ Sal. — Id. —
Faire une chose sans berciller, c.-à-d. effron-
tément.
Et. — Ber, partie, péjor., et Cil. — Cependant :
Bertiller, — scintiller : Les étoiles bertillent ; le
soleil bertille à la surface de l'eau un peu agitée ;
l'eau bertille. w C " Jaub., qui rapproche ce mot de
Frétiller. — Les Glossaires semblent confondre
Bersiller et Berciller.
Berdadaii, Berdado, Berdadoiif-. (Mj., Fu.)
interj. — Patatras ! Fort bi'uil causé par la
chute ou l'écroulement d'un objet, d'un corps,
Z. 142. — Onomat. — Syn. de Patatrac,
Pétatrac. \\ Cf. pat. norm. Cha berdindelle,
— ça sonne étrangement. || Sal. s. m. — Gros
et lourd, mal fait.
Berdanée (Auv.), s. f. — Syn. de Patrassée
ou Petrassée, Tervirée. Ex. : Il est tombé eine
berdanée !
Et. — Ce mot semble avoir de l'affinité avec
Berdadouf, etc., comme Patrassée avec Patatrac ou
Patatras. V. note à Berdadaud.
Berdanser (Seg., Sa., Fu., Bn., Mj.), v. a.
— Agiter, secouer. |1 La salade est berdansée
dans le panier ; les domestiques berdansent le
BERDANSONNER — BERDOUILLE
89
panier en allant à la provision. || Fig. Répéter
sans cesse. Sjm. de Ressasser. \\ Reprocher
souvent. Ex. : Il est toujours à me berdanser
< i. Il Dandiner. Cf. Berlancer.
'Jattb.) — D'aucuns l'écrivent par un c,
comme R. O, à cause de l'angl. to Dance.
V. la citation de Dottin. \\ Sauter, comme
un feu follet. (Segréen, Feneu.)
Et. — Ber, préf. péjor. et danser. — Hist. :
— Vous qui quand suis es paradis
Moaisement herdancez ma porte. (Dott.)
Berdaiisonner.
V. Berdanser.
Berdassage (Mj.), s. m. — Propos futile ;
action de berdasser. V. Berdasse. Syn. de
Berdasseries.
Berdassard (Mj., Bn.). — Celui qui tient
des propos futiles. Syn. de Berdassier, Ber-
dou illard.
Berdasse (Sa., Lue, Mj., Fu., etc.),. adj.
quai. — Bavard, peu sensé. Syn. de Cacasse,
Pétasse, Bobote. || S. f. — Remi« penduline,
sorte de mésange. || Tapette servant à enfon-
cer la bonde ou à la faire sortir en frappant
autour sur les douelles (Pc, Sal.). V. Ber-
dasser.
N. Comme de raison (?!) ce mot ne s'emploie
jamais qu'au féminin. Si, par hasard, on veut
l'appliquer à un homme, on lui dit : T'es eine
berdasse.
Berdasser (Mj., Lg., Q., Lue., Fu.), v. n. —
Caqueter, bavarder, parler beaucoup et d'une
manière peu raisonnable. Par suite (Fu.)
perdre son temps. Ex. : Dépêche te donc, t'é
eine berdasse. || Remuer avec bruit : Que
que tu berdasses donc là ? |] V. Berdanser ,
avec lequel on semble le confondre. |! S'amu-
ser, nijoter, faire des riens (Mén.). — Syn. de
Jaboter, Jacasser, Petasser, Bobofer, Ber-
douiller.
N. Berdassement, Bruit incommode résultant,
par ex. d'un remuement de meubles. Le berdasse-
ment est un bruit moins vif et moins subit que le
ferdassement. Des planches berdassent dans une
charrette par les cahots. J'entends ferdasser les
souris dans les feuilles sèches (C^ Jaub.). || Ec.
Prononcez tous les mots de cette famille par Boêr :
Boêrdasser, etc.
Berdasseries (Mj., Sal., Fu.), s. f. — Ne
s'emploie qu'au pluriel. Caquets, bavar-
dages, propos futiles ou peu sensés, rado-
tages. Syn. de Berdassages, Bobotages. Petas-
sages.
' Berdassier (Mj., Sal., Fu.), s. m. — Celui
qui tient des propos futiles. Syn. "de Berdas-
sard.
Berdaiider (Sp.), v. n. — Tomber avec
fracas.
I''t. Dér. de Berdadau.
Berdedaii. — Autre forme de Berda-
dau, etc.
Berdelle (Mj.), s. f. — Bretelle. Cf. Ber-
telle.
Et. — Corr. du mot fr. par métathèse de l'r.
comme dans Berdouiller, Bernant, etc., et adou-
cissement de la dentale, comme dans Poudre,
Poudrelle (Poutre, Poutrelle).
Berdin, ine (Mj., Sal.), adj. quai, et subst.
— Tatillon, frivole, vétilleur. || (Auv.)
Bavard ; qui redit toujours les mêmes
choses ; qui fait peu de besogne en se remuant
beaucoup ; qui manque d'attention ; minu-
tieux. (Lue) i| Tatillon. || Simple d'esprit,
niais. || Cf. Bordin, Jaub.
Et. Hist. — C'est à la même racine que se rap-
portent les mots patois Berziner, Berzinet, Berdi-
nler, Berdasser et ses dérivés, et le fr. Bredouiller.
N. Je lis dans la Géographie de V Allier, de
JoANKE, page 45 : (à Saint-Menoux) on remarque
le cercueil en pierre de saint Menoux, appelé dans
le pays : la Bredinoire, parce que les bredins ou
fous venaient y chercher la guérison. »
Berdindaine (Tlm.), s. f. — S'emploie dans
la locut. : En berdindaine, — en noce, en
bombe, en dévarine, etc. i| Autre locut. :
Charger à la berdindaine, — charger un
objet lourd en le saisissant à deux par les
bouts et le balançant à plusieurs reprises
avant de le lancer sur un tas, ou sur une
charrette. V. Trousse, Berdin. Syn. Verdée,
Trinoche.
Et. — Dér. un peu fantaisiste de Berdin, au
sens ancien de : fou. Faire des folies ; charger en
berdins, en fous.
Berdindin. — Bruit que fait la clochette,
la sonnette d'une porte.
Berdiner (Sa., Sal., Lue, Mj.), v. n. —
Perdre le temps, s'attarder sans raison ; s'oc
cuper de minuties et de futilités ; n'avancer à
rien ; lambiner ; jacasser ; rabâcher. — Syn. de
Berziner, Berginer, Fouiner, Beliner, Vé-
teiller, Niger, Nivasser.
Berdineries (Mj., Sal.), s. f. — Ne s'em-
ploie qu'au pluriel. Fadaises, billevesées ; oc-
cupations, propos ou choses frivoles. ||
Choses de nulle valeur.
Berdingiiette, s. f. — Petite cloche servant
à appeler les enfants à la classe (Mén.). ||
(Bg.) Clochette qui se trouve à la porte
du bas, dans les anciennes épiceries, et qui
annonce un client.
Berdinier (Lpm., Sal), adj. quai. — Tatillon,
minutieux et peu sérieux dans sa manière
d'agir. Syn. de Berdin, Berzinet.
Berdoirer (Bg.). — Rabâcher.
Berdouérer (By., Zig., 183), v. a. — Salir.
P. ê. pour liernoirer, dér. de Berner.
Berdoiiillard (Mj.), adj. quai, et s. — Bre-
dnuilli'ur, i)avard ; celui qui tient des propos
futiles, peu raisonnables. Syn. de Berdasse,
Berdassard, Berdassier, Boubillonnard, Ma-
cassard, Baroillard. — De Bredouiller, dont
l'étymol. est douteuse.
Berdoiiille (Sp., Tlm., Sal., Fu.), s. f. —
Bedaine, autre forme de Bédrasse. Pour
Bédrouille qui, comme Bédrasse, a la même
racine que Bedaine. Syn. de Basane, Bédasse,
:^0
BERDOUILLE — BERLAIZER
Beille, Béze, Paillasse. — « I s'est défoncé
la berdnuille » — ne se dit qu'en plaisantant ;
par exemple dans les contes, en parlant du
méchant loup puni à la fin pour ses méfaits ;
jamais, s'il s'agit réellement d'un malheur
(Fu.).
Berdouille (Mj.), adj. quai. • — Syn. de
Berdassc [|(Lrg.), s. f. — Se dit dans : Rap-
porter eine berdouille, — rentrer bredouille.
Et. — Serait-ce le subst. verb. de Bredouiller,
au sens de : se trouver dans l'embarras?
Berdouiller (Mj.), v. a.. et n. — Bredouiller.
Syn. de Boubillonner. || Jacasser, bavarder
beaucoup, tenir des propos futiles. Syn. de
Pétasser, Boboter, Berdasser.
Berdu (Lue.). — Champ en friche et cou-
vert d'herbes folles. — Cf. En bédas.
Bergâiller (Mj.), v. n. — Donner souvent
des coups de cornes, frapper de droite et de
gauche avec ses cornes. Se dit des vaches.
Et. — Fréquent, de Berguer, pour Breguer,
forme adoucie de Broquer, forme normanno-
picarde de Brocher, de Broc, pour Broque, comme
dans la locut." : de Broc en bouche? (Rab. de broc
en bouc.)
Berge. — Berge de foin, qqf. Barge.
Et. — Douteuse. Ail. Berg, éminence?
Bergeon (Mj., Sp.). — Planche plus courte
que les autres, et de forme trapézoïdale, dans
un champ, dont un des côtés n'est pas paral-
lèle au sens du labour.
On dit : Ça s'abergeonne, — ça s'abrège.
Noms propres : Berjon, Brejon. — Les
sillons vont en s'abrégeant ? — Lms., Z. 196.
Même sens. j| Fu. — S'emploie au fig., en
parlant de tout ouvrage qui va se terminer :
D'où en êtes-vous ? — Ah ! j'sommes dans
les bergeons. — Plus souvent employé au
sens propre. Il My. — Bon de la noix épluchée.
Et. — Serait-ce la rac. celtiq. Berg, éminence,
pointe escarpée qui borde une rivière, rochers qui
s'élèvent à pic au-dessus de l'eau et, au sens de
chose avançante, le dimin. bergeon, angle d'un
champ, petite pointe de terre. Ali. Berg. (Malv.)
— Rebourgeon, Arbourgeon : Sillons de labour
aboutissant à une ligne oblique, et devenant par
conséquent d'autant plus courts qu'ils sont tracés
plus près de la limite du champ. (C'*' Jaub.)
Bergeonner (Lg.), v. n. — Faire des ber-
geons en labourant.
Bergf'oiinée (Lg.), s. f. — Recoin d'un
champ, partie où il y a- des bergeons.
Bergère i (Br.), s. f. — Bergeronnette.
Cf. Bargère.
Bergère '\ s. f. — Provence, herbe à la capu-
cine, vinca minor (MÉ.\.). Pervenche cou-
chée (Bat.).
Bergerie (Lg.), s. f. — L'ensemble des
bêtes à laine. Syn. de Brebiage.
Berginer (Mj.), v. n. — V. Berziner.
Bergle. — Furoncle (Mén.),
Bergot (Mj., Sa., Sp.), s. m. — Frelon. ||
Fig. Coiffe des environs de Champtoreaux,
dont le fond figure l'abdomen d'un frelon.
Ex. : Les Bretonnes sont coiffées en bergots.
Syn. de Burgot. Cette coiffe est pointue et
rappelle un peu les anciens hennins. — S'em-
ploie, en ce sens au pluriel.
Et. — V. Burgot.
Berguer (Sp., Mj., Sal.), v. a. et n. —
Heurter, s'accrocher. Doubl. de Burguer.
Il V. a. — Piquer. Pour : Breguer, forme
adoucie de Broquer.
Berguette, (Mj.), s. f. — Bout de branche
coupée à qq. distance du tronc ou de la
branche principale et formant pointe ou
crochet. Syn. de Berquégnier, Berquégnon,
Briconnier, Broqueton.
Et. — Dér. de Berguer ou Burguer, et par conséq.
de Broc, dont il est le diminutif. Au sujet de l'adou-
cissement de qu en gu (Berguette pour Broquette et
Berguer pour Broquer), on peut comparer Béguette
pour Biquette.
Berguigner (Seg.). — Plaisanter. || Ce
n'est pas la peine de berguigner avec moi.
V. Barguigner, Berginer.
Beriandier (berianguié) (Mj.), s. m. —
Bâtiment ou hangar où l'on broie le chanvre,
le lin. Syn. de Braierie.
Et. — Pour Brayandier, dér. rég. du part. prés,
de Brayer. Pour Broyer.
— Pour : bégaut.
Ec. Boériau, pour
Beriau (Segr.), s. m
Un gars beriau (Mén.).
Gabriel. Fréquent.
Beriandier (Br.), s. m. — Voir Beriandier,
même sens. « Le feu est au beriaudier ! '»
Une chandelle a mis le feu aux poussières
d'étoupes.
Et. — Germ. brekan : ail. mod. brechen, devenu
bréier, broyer.
Bérier (Mj.), v. a. — Broyer les plantes
textiles. Syn. et d. de Brayer. Forme
vieillie. |! Pour Brayer, se servir de la braie.
Très usité dans le canton de Montrevault
(Fu.).
Bérière (Lg., Tlm., Sp.), s. f. • — Anse.
Syn. de Nanse. Ex. : Prends donc la bé-
rière de la marmite et l'oûte de la cramail-
lère^ — Fr. Bélière. Cf. Betière, Babourer.
Berinée (Lg.), s. f. — Le temps qui suit
le dîner, les premières heures de Taprès-
midi.
Et. Corr. du Syn. Merinée. '
Bérioehe (Lg.), s. f. — Broie, instrument
à broyer le hn. Syn. de Braie. — N. Les
jeunes prononcent : Brioche.
Et. — Pour Brayoche, dér. de Braie.
Bériocher (Lg.), v. a. — Broyer, du lin.]
Syn. de Brayer. On dit aussi Briocher,
Et. — Pour Brayocher, dér. de Brayer.
Berlaizer (Lrm.), v. n. — S'occuper de
choses futiles, ne pas travailler sérieuse-
ment.
BERLAN — BERLOQUIN
91
Berlan (Mj., hg.], s. m. Brelan. Cf. Bé-
ruant. N. On dit toujours : Jouer à berlan, et
non : jouer au berlan. || Mj. — Tenir qqn au
berlan, — gloser sans cesse sur son compte.
Et. et Hist. — Ane. fr. Brelenc; berlenc, de l'aha.
bretlenc, dimin. de brett, planche ; le sens propre
étant la planche, la table sur laquelle on joue. —
« Néanmoins au jeu de cartes ou de dez dans le
berlan ». (Coust. d'Anj. n, col. 821.)
« L'un met sur le berlens son gage,
Et l'autre met argent encontre.
L'un dit de set, l'autre rencontre,
Cil qui gaaingnent, à eus traient,
Et 11 perdant crient et braient. » D. C.
Berlancer, v. a. — Balancer. (Mén.) V.
Ber. Cf. Berdancer.
Berlaud (Sa.), adj. quai. — Qui a l'air
ahuri ou braque. V. Berlots. Semble un dou-
blet de Béraud ou Berraud. \\ J'ai entendu ce
mot à Nantes, pris dans un sens caressant :
Mon berlaud, pour : xMon chéri. (A. V.). Peut-
être pour Bellaud.
Et. — Deux explicat. : 1° Serait pour Berluaud
et viendrait de Berlue ; 2" serait un s. verb. de
Berlauder, altér. de Brelander, hanter les brelans.
Berlauder. — V. Berlaud.
Berlauderies (Mj.), s. f. — Bagatelle, ba-
biole, brimborion, colifichet. Ex. : Elle met
son argent à acheter cinquante berlauderies.
N. S'emploie surtout au plur. || Fig. Farce un
peu grosse, plaisanterie, gaudriole, grivoi-
serie. Syn. de Boise. V. Berlaud (Sp.) || J'ai
un neveu qui est menuisier, mais, pour
l'heure, i n'fait que des berlauderies (petits
travaux de peu d'importance, brocante)
(Pc.) Il Balivernes, baguenaudes, calembre-
daines, fadaises, propos légers, fariboles. —
Cf. Berlaud, dans J.\ub.
Berlaiidins, s. m. pi. — Ce nom se donne
qqf. par ironie aux habitants de Soulanger.
(MÉN.)
Berlère (Lg.), s. f. — Anse. Syn. de Nanse,
Berlière.
Berlefte (Mj.), s. f. ■ — Petite brème. Syn.
de Berluche, Bermille, Bermaude. \\ Ec. Bre-
mille (boérmille).
Et. — Forme contractée de Bermillette, dimin.
du dimin. Bermille. B. L. Bresmia ; angl. bream, de
l'ail. Brachse, Brachsme.
— Un vieux pêcheur de Mj., mort en 1890, avait
pour surnom La Berlette.
Berliclié (Seg.). — Gourmand, gourmet. « il
se berliche la lippe, les lèvres. >/ De : ber et de
lecker, friand, mot picard. (Mén.)
Berlière (Me. Lrm.). — Quand la nanse
supérieure de la buée (V. Buée') est cassée,
on la remplace par une autre en corde, par
ex. , que l'on attache aux deux anses des
côtés. Cette anse est une berlière. Syn. et
doubl. de Bêlière. Bérière. (Bélière, en horlo-
gerie, anneau mobile, de suspension, en géné-
ral. — Sonnette attachée au cou du bélier qui
conduit un troupeau.) Lrm. — Prononcez
Berière.
Berliner (Sa.). — ■ Rabâcher, c. Berdiner. \\
Balancer.
Berlingots. — s. m. Les berhngots sont une
sorte de gâteaux originaires de Mantes ; un
moment ils ont remplacé, à Angers, les rigo-
lets pour lesquels on criait : Rigolets chauds,
tout chauds... Qu'i en veut des pains au
lait tout chauds, ô-ô-ô-ô? Qu'i en veut des
rigolets?
Berlingiie, s. f. — Pour : berlingot (Segr.)-
Petite voiture traînée par un chien. Se dit
aussi pour une voiture ayant une forme
ancienne, ayant qq. rapport avec la bour-
soule (Segr.) qui est d'un genre plus distingué,
(MÉN.)
Et. — Berlingot, diminut. péjor. de Berline, de
la ville de Berlin, où l'on fabriquait cette voiture.
Berlin-peste ou pichte ou poueste, (Mj.) s.
m.
Jeu que l'on fait jouer aux petits enfants. Une
maman rassemble autour d'elle cinq ou six mar-
mots, et, sur son genou, elle fait poser à chacun
l'index de la main droite. Puis, de la main, elle
décrit au-dessus des menottes frémissantes des
cercles de plus en plus resserrés, en chantant :
Quand le roi vat à la chasse,
Il apporte des bécasses,
Il en tue, il en fricasse,
Il en donne à ses voisins.
Ses voisins n'en voulent point..., etc.
Il en donne à ses p'tits chiens
Ses p'tits chiens en voulent bien :
Berlin, berlin, berlin. . . poueste.
A ce mot, un des petits doigts, le moins preste à
se lever, est saisi et ne reprend sa liberté que contre
l'abandon, par son maître, d'un gage ou d'un bai-
ser. — • Se rapporte au Jeu de Pigeon vole. Cf.
Berlin. Jaub.
Berliqne-berloque (Mj.) adv. — Cahin-caha.
Il Couçi-couça.
Et. — C'est le fr. berloque ou breloque, répété,
avec une légère modification dans la désinence. Cf
De bric et de broc, Bredi-breda. — La Breloque est
la batterie de tambour saccadée pour faire rompre
les rangs aux soldats. Analogie avec le mouvement,
de va-et-vient de cette batterie.
Berlis (Sp.), s. m. — Caneton. Cf. Biberi
(Jaub.).
Berloque (Mj., Lg.), s. f. — Vieille montre
détraquée. || Battre la berloque, — déraison-
ner, radoter. || (Lg.), s. m. — Petit ajutage
en forme de bec ou mamelon, par où l'on
déverse l'eau d'une bue. Ex. : T'as cassé la
berloque de la bue. — Syn. de Bichtouri,
Bicktri, Tinet.
Et. — C'est le fr. : breloque dans un sens voisin.
V. Berlique-berloque. — De la partie, péjor. bre ou
ber et loque. (LiTT., Dar.m.)
Berloqiier (Lg.), v. a. — Ecorner, ébrécher.
Il (Mj.), v. n. — Marcher cahin-caha, en caho-
tant, comme fait une machine disloquée. Syn.
de Joqueter.
Berloqiiin (Sa.), s. m. — Saint-frusquin.
Ex. : Ils illy ont vendu tout son berloquin.
Syn. de Bazar.
Et. — Pour : breloquin, dér. du fr. Breloques.
92
BERLOTS — BEROUASSE
plus
pris au sens de : fatras. « Curiosité de peu de prix
petits bijoux qu'on attache aux chaînes démontre. »
(LiTT.) ^
Berlots (Mj., Sal.), s. m. pi. — Ne s'emploie
que dans la loc. : Ouvrir des berlots, — ouvrir
de grands yeux. Z. 132. — Cache tes gros
berlots.
Et. — Ce mot paraît se rapprocher de Berlue.
Cf. Berneaux. Syn. de Quinquet.
Berlucbe ^ (Sp.), s. f. — Alouette lulu,
petite que l'alouette ordinaire.
Berluehe '^ (Mj.), s. f. — Petite brème. Syn.
de Berlette, Bermaude, Bermille, B rémille.
Et. — Ce mot vient de Berlette, par substitution,
un peu capricieuse, d'un suffixe, diminutif à l'autre.
Berlue (Lg.), s. f. — Regard fixe et incons-
cient. Syn. de Bouillaud. C'est le mot fi'.
dans un sens spécial.
Berluque (Lg.), adj. quai. — Bredouille,
qui n'a pas tué de gibier.
Berlute (Sp.), s. f. — V. Berluehe.
Berlutier, s. m. — Celui qui aime à prendre
des oiseaux à ses gluaux, avec des oiseaux
aveuglés. (MÉx.) Cf. Berluehe.
Et. — Berluter : Eblouir, chatoyer. (C^ Jaub.)
— Berlue est le même mot que le vx fr. bellugue, et
prov. béluga, qui signifie : étincelle, et dont le dimi-
nut. est beluette (pat. norm., aussi: berluette), au-
jourd'hui contracté en bluette. L'un et l'autre sont
composés du L. lux, lumière, et de la partie, péjor.
bis, bes, ter ; le sens foncier est : fausse lueur.
(ScHEL.) — Berry ; éberluette, èberluter.
Berlutonner, (Sa), v. n. — Courir et jouer
autour de. Cf. Se Verlutter.
Bermille (Mj.), s. f. — Petite brème, sorte
de poisson.
Et. — Pour : brêmille, dimin. du mot fr., par
métath. de l'e et de l'r. N. On prononce , toutefois:
Brème.
Bernâche (Mj.), s. f. — Nanan, friandises.
(Auv.,Mj., Pc, Br.). — Vin bourru, — nou-
veau, non soutiré, encore trouble et amer. |
Ec. Prononc. Vernâche. Presque syn. de
Lé'tors. — On dit Boire de l'étôre et non du
létors.
Hist. — Daxte, dans son Purgatoire, fait expier
à un grand personnage son goût pour les anguilles
de Bolsène,' accommodées au vin doux, à la
bernâche :
Dal Torso fu, e purga per digiuno
L'anguilla del Bolsena in la vernaccia.
(Purg., XXIV, 23-24).
Bernanser (Sal.), v. a. — Répéter, redire.
« l'n'a qu'ça à me bernancer. » V. Berdanser.
Bernar-e (Ec), adj. q. — V. au F. Lore IV.
Etat de certaines perches de saules.
Berne(Mj.),s.f. — Accotement d'une route,
banquette. |! Probablement le même que le
fr. Berme.
Berneaux (Lue). — Yeux. V. Berlots.
Bernée (Br., Sa.). — Une bernée de pois, de
haricots, de foin ; charge contenue dans un
drap. Syn. et doublet de Barnée. \\ La pan-
sion, la nourriture aux chiens, aux cochons
(Th.). — Mélange de son avec d'autres ali-
ments destiné aux animaux de basse-cour.
Ce mot vient de Bren, son (de M.). — Berne,
vx fr., manteau d'étoffe grossière que les
Lat. appelaient : sagum (de là-: sagatio, le jeu
de berner) et qui servait à berner. De Hiber-
nia, pays où il était fabriqué (Schel).
Berner (Tlm., Lg.). Le premier e très bref.
V. n. Mouiller, salir. Ex. : Il ne porte point
le vin du tout ; dès qu'il en a le bec berné,
il ne sait pus ce qu'il dit.
Et. Hist. — Pour Brener, de Bran ou Bren, son,
ou matière fécale. Du celtiq. : son et : mauvaise
odeur. — Le D"' A. Bos renvoie à Embrener, de
Bren (pron. brin), ordure, excrément, boue...
Autant en dit un tirelupin de mes livres, mais
bren pour luy. » (Rab., G., Prol.) C'est le mot de
Cambronne.
Bernicies (Mj.), s. f. — Xe s'emploie qu'au
plur. ; besicles, lunettes (Lue et partout).
Et. Hist. — Véricle (xv!® s.), bericles, besicles.
La forme primitive est beriche, forme ancienne pour
béryl (émeraude). — Angl. barnacles, même sens.
Bernique ! interj., pour dire : Non, certes,
tu ne l'auras pas ; c'est ce qui te trompe, etc. ;
ou, point du tout. — Au catéchisme : — Le
Père est-il Dieu? — Oui, M'sieu l'Curé. — Le
Fils est-il Dieu? — Ah 1 bernique (avec mou-
vement de l'index de droite à gauche sous le
nez), M. rCuré ; quante le Père sera mort ! »
Authentique à La Séguinière.
Et. — (' Est-ce le ber, péjor., plus nique? Qqs-uns
y ont vu une altération de l'ail, aber nicht, mais
non ! LiTTRÉ rappelle l'ancienne locut. : a envoyer
au berniquet », ruiner, et conjecture que berni-
quet se trouvant avec le sens de : coffre à mettre le
son, le primitif : bernique, a pu signifier : son, une
chose de rien. Or, bernique serait pour : brenique et
viendrait de bran, bren, son. (Schel.) ]| Coquillage
des rochers de la Manche qui se colle avec une telle
force qu'il est très difficile de l'avoir. Bernique,
mot de refus. « Tu voudrais bien me suivre, mais
bernique ! (Or.)
Berniques (Sa.). — Les yeux. || Fu. Lu-
nettes. — J'ai perdu mes berniques. — Cf.
Bernicies.
Bernons (Ac, Fu.). Sale, pour Brenous.
Avoir la goule bernouse ; mes souliers sont
bernous. V. Bren.
Et. Bren : boue, fange, limon ,son, excrément.
Se trouve souvent dans Rab. (I, 79, etc.).
« Cidres berneux, qui le ventre amolie. »
Poés. TOss. d'E. Deschamps.
Bernouser, v. a. (Seg.), salir. (Ac.) Je me
suis tout bernouse. V. Berner.
Bérouâiiler (Mj., Lg.), v. n. — Syn. de
Bérouiner, Bersouiner. Dér. de Bérouée.
Berouasse, s. f. — Petite pluie fine et serrée.
Z. 12.5. \'. Bérouée. V. Berner
Berou... Tous les mots commençant ainsi se
prononcent (By.) boérou.
BEROUASSER - BERTAUD
93
Berouasscr (Mj.), v. n. — Faire du brouil-
lard, brouillasser. (Mj., Lg.). — Syn. de
Berouiner, Bersouiner, Berouailler, Bersouail-
ler.
Bérouée (Mj., Lrm., Sal.), s. f. — Brouil-
lard, bruine. Ex. : Illy a eine fameuse bérouée
à matin. — Ça s'est en allé comme eine
bérouée du matin. (Chol., Ché.). — (Lue,
Faire une berrouée, — s'ébrouer). || Fu. Dans
le pays on dit: la Bérouée de l'Epinaie. « J'ai,
pris eine kervée de grenouilles dans la bérouée
de l'Epinaie. » Comme il s'agit d'un abreu-
voir, il faut évidemment écrire l'Abéroué,
(Touche le Fuilet.)
Et. — Se rattache au fr. Brouillard, Bruine. Orig.
incert. — Darm. le dér. de Broue, ])etit brouillard
blanc ; paraît être de la même famille que Brouet :
du sens de : bouillonnement (ail. brodeln), on a
passé à celui de vapeur, brouillard. — Malv. le tire
de la rac. celtiq. Berv, même sens, identique à
Barv. équival. du lat. ferv, fervere ; d'où : brouir,
brouiller, brusler, bruseler, broue, bruine.
Berouet, s. m. (Segr.). — Bouillon de la
soupe, pour brouet. Se mettre à son brouet,
à son ménage. (Mén.) Cf. Pouilloux.
Et. — . Dimin. du vx fr. breu, bouillon, d'oùj
brouet. B L. brodium, du celtiq. ; bas-bret. berô ou
berv, bouillon ; irl. broth ; gaél. brod, ou de l'ah a
brod.
Berouette (Mj., Lg.), s. f. — Pour Brouette.
Et. — De bis, deux, et rouette, petite roue. Le
birotum est un véhicule à deux roues ; la brouette a
eu deux roues. (Litt.) — Primitivement : Chaise
à porteur montée sur deux roues, poussée ou traînée
à bras (Mj., Lg. ) Berouette. || Ec. — Les pince-
bec prononcent Berouette ; tout le monde
Boérouette.
Bérouettée (Mj., Lg.), s. f. Brouettée.
Bérouetter (Mj., Lg.), v. a. — Brouetter.
Il Fu. Trimballer, cahoter qqn ; mener rude-
ment, sans égards.
Berouine (Sal.), s. f. — Bruine.
Berouiner (Mj., Lg., Sal.), v. n. — Bruiner,
tomber en pluie fine. Syn. de Bérouasser,
Bersouiner, Bérouâiller, Bersouailler. \\ Fu.
Ou berouine, — ça berouine.
Et. — P.-ê. du lat. pruina, quoique le passage du
p au b soit rare. Grangagkage le tire du celtique
bru, pluie. — V. Bérouée.
Berqiiégnier (Lg.), s. m. — Bout de branche
qui n'a pas été rognée auras du tronc ou de la
branche principale. Syn. de Berguetie, Ber-
quégnon, Briconnier, Broqueton.
Et. — M. rac, Berq ou Burq, que tous ces mots.
Cf. Broc, Burqiie'-.
Berquégnou (Tlm.), s. m. — Branche ou
doigt d'une fourche, d'un broc. || Même sens
que Berquégnier. Syn. de Broqueton. \\ Fig.
Croupion, coccyx. Èx. : Aile est tombée sur
le berqucgnon. Syn. de Courpignon. N. On dit
aussi : Bourquégnon.
Et. : Dér. de la rac. Berg, Berq, Burg, signifiant
piquer, qui se trouvi; dans : Bergol, Berguer, Burgot,
Burguer, Broc, Braquer, etc.
Berquille, s. m. (Segr.). — Bâton court qui
soutient le vieillard. (Mén.) Pour Béquille.
Et. — De : bec, à cause de la traverse en forme
de bec.
Berq-.îiller (Tlm.). — Mousser dans un
verre, en parlant du vin. || P.-ê. le même que
le Mj. Bercilîer, malgré la différence de sens.
Ou plutôt de Berguer, Burquer.
Et. — A rapprocher de Bersiller, Brésiller, se
réduire en poudre à force de sécheresse. Le bois de
brésil, très sec. Sec comme brésil. ?
Berraud (Sa.), adj. quai. — Nigaud. Syn.
de Bégaud. Pour : berlaud?
Berrauder (Mj.), v. n. — Baguenauder,
bayer aux corneilles, errer avec un air ahuri.
Cf. Berlauder. — V. Berrôder, Berraud. Syn.
de BéteiUer.
BerriciioD (Mj.), s. m. — Roitelet, troglo-
dyte. V. Bourrichon. \\ Sal. Id. Boérichon. V,
Rabertaud.
Et. — « Beurichon. C'est ainsi que les Angev.
et les Manceaux appellent le roitelet, de sa couleur
rousse : L. burrus. » (Mén.) — Béri-chon, chet,
chot.
Berrôder (Mj.), v. n. — Rôder, errer,
vaguer.
Et. — Ber -j- rôder. — V. Berrauder, berlauder.
Berrouée (Li., Bg., Sa., Chg., Me., Lue,
Chx.). — Brouillard, pluie fine. Prononcez
Brrouée. — « Y a ben de la berrouée à matin ;
j'sé toute enfondue.» — D'où vins-tu donc ?
— De la rabette. — Tu dé t'être toute guenée.
Il Faire une berrouée, s'ébrouer (Lue). || Une
ferme est nommée La Berrouée de l'Epinay ;
elle se trouve à un carrefour. (Lme.). V.
Bérouée. \\ Ec. Boerrouée.
Berrouère (Li., Br., Ec, Lue). — Bruyère.
Syn. et doublet de Bruère.
Bers (Mj., Sal.), s. m. — Berceau d'enfant.
V. Ber. Il Dans une charrette, la partie com-
prise entre les ranchers.
Et. Hist. — Bers est la rac. du v. bercer ; berceau
en est le diminutif. B. L. Bersa, claie d'osier, ou
clôture où l'on renfermait les cerfs et biches d'une
forêt. — « Vous voyez, lorsque les enfants...
dorment profondément, les nourrices s'en aller
ébattre en liberté. . ., car leur présence autour du
bers sembleroit inutile. « (Rab., P., m, 13.)
— « Ce qu'on apprend au bers
Dure jusques aux vers. » (Darm.)
Bersouailler (Mj.), v. n. et imp. — V. Ber-
souiner. V. note à Bérouâiller.
Bersouiner (Mj.), v. n. — Bruiner. || Faire
de mauvais ouvi'age. (Br.). Cf. Sansouincr ;
ber = mal -f~ soin. — Syn. de Berouiner,
Bérouasser. — Cf. Brasiner (Jaub.).
Et. — Ce mot pourrait être un composé de Soua-
ner, avec le préf. Ber, qui se retrouve dans Bercilîer,
etc.
Bertaud (Lg.), s. m. — Petite cheville du
joug sur laquelle on passe la boucle de l'extré-
mité de la courroie servant à lier les bœufs.
94
BËRTEAUX — BESAGUE
Il y a deux bertauds, un de chaque côté du
court-berton.
Bertcaiix, s. m. (Li., Br.). — Le rei Ber-
teaux, ou bouerrichon, le roitelet. Ci". Raher-
taud. il Fu. J'sais ein nid d'berteaux. —
Faut pas le déniger, t'arais les mains
croches !
Et. — Roi-Bertaud. Suivant M. Laisnel de la
Salle, ce nom serait dérivé, par dérision, du roi
Robert de France. (Roubri, Loubri. Roberto.)
C'« Jaxjb.
Bertèle, s. f. — Pour : bretelle. Cf. Berdelle.
By. Boertelle.
Et. — Or. dont. — Brethola, dans D. C. — Pa-
tois napolitain : bertola. — Gloss. de Roquef. :
Bertheless.
Berton-onne (Mj.), adj. quai, et s. — Bre-
ton. Il Sot-berton, sot-breton, qui ne sait pas
la langue bretonne. |j Ec. Le père Lebreton
est le père Boerton, et sa femme est la Boer-
tonne, ou maîtresse Boertonne. |! Lourdaud,
Il Etincelles qui jaillissent d'un feu pétillant.
qui cotissent. (Mj., Sal., Ec). Syn. Buette. \\
Sal. Faire sauteries bertons, — faire jaillir les
étincelles. || Gendarme, même sens. V. Littré
Syn. de Fombrèche, Aui'is. On dit : Ça ber-
tonne.
Bertouner (Lg.), v. n. — Laisser échapper
des flammèches. Ex. : Ça bertoune par la che-
minée.
Et. — Dér. de Berton, étincelle.
Bertreau (Lg., Lseg.), s. m. — Espèce de
grande bruyère, dont les tiges très raides et
constituées par un bois très dur, forment des
touffes de la hauteur d'un homme, et plus.
N. Une autre espèce plus petite s'appelle
Lande. — Syn. de Bronde, Bronze.
Bretelle. Syn. de
Forme vieillie de
Bertrelle (Lg.), s. f.
Berdelle.
Bertriâ (Lg.), s. m.
Bertreau.
■ Béruaiit (Mj.), s. m. — Bruant. Cf.
Bérouiner, Berton.
Et. — Pour ; bruyant. Les noms de bribri, cla-
meux, crécelle de lépreux, donnés au bruant,
confirment l'étymol. Toutefois, la forme Bréant,
plus usitée au xvn« s., s'y rattache difficilement.
(Darm.)
Béruée (Segr.), s. f. — Brouillard. Ex. : La
béruée est épaisse à matin. Syn. et doublet de
Bérouée.
Bénière (Ec). — Bruyère. V. Affier, pour
un exemple. Syn. et doublet de Bruère.
Bervocher (Mj., Sal.), v. n. — Buvotter-
Boire souvent et longtemps, pinter, chopiner.
Syn. de Buvrocher, Pomper, Soiffer.
Et. — On retrouve dans ce mot la même rac.
Berv que dans Emberver, ce qui le rattache au fr.
Breuvage, Abreuver. — De l'anc. forme Boivre,
ou Bevre + âge, bervage, bevrage.
Bcrzcau, s. m. (Li., Br.). — Mouche qui
mord les moutons. Cf. Brézin.
Berzeillé (Lg.), adj. quai. — Ivre. Berzelé.
Et. — Syn. et Corr- de Verzélé. — Nez berzélé,
nez d'ivrogne, nez rouge (Bg.), qui a des tapinures,
tavelures, — taches de sang. — Voir la citation de
M™"-' de Sévigxé à Berzi. On a dit d'abord : bré-
zillé, en parlant du teint, du visage ou du nez de
l'ivrogne (bersillé, berzeillé), puis, par ext., le mot.
devenu Verzelé, a pris le sens de : ivre. V. Berzolé,
■ — Tous ces mots se tiennent.
Berzeler, v. a. — Regarder.
Berzi, s. m. — Sec comme berzi, comme le
bois de Brésil. (Mén.). — Le même que Ber-
zille.
Et. — D'après D. C, du même radie, que Braise,
à cause de la comparaison avec la couleur rouge ou
du feu ; la dérivation se serait faite par des v. ail.
brœzelen, brasseln, rôtir en pétillant. C'est le bois
qui a donné son nom au pays. B. L. Brasile, Bre-
zillum. Citât, du xn« s. — M^e de Sévigné
demande à sa fille si elle n'est pas bréxillée, si elle a
le teint beau (in, 95), et non hâlé, brûlé, de la cou-
leur du brésil (rouge).
BerzillaDt (Mu.). — Sec, brillant. « La
paille ne va pas être berzLllante »; elle sera
molle, — en parlant d'une charretée de paille
mouillée. V. Berzi. — ■ Le brésil était très sec.
— Braise ; ah. bras, feu ; brasen, brûler.
Berzille (Mj.), s. f. — Ne s'emploie que
dans la loc : Sec comme berzille, — très sec.
Il Sec comme Brésil? le bois.
Et. — V. Branseau, branséler. — Hist. « Si vous
voyez le postillon allant à tout brésiller et refuser
un verre de vin. » H. de Balz., Urs. Mirouet, p. 11.
- — « Bressilles, Bretilles, — broutilles, menus mor-
ceaux de bois. » C'^ Jaub. — i| Pat. norm. Cha
berzille, — ça s'émiette.
Berzin, (Sa. Lp.), s. m. — Pou du mouton.
X. Ce n'est pas la tique, pourtant qqs-uns le
nomment tacaut. Syn. et d. de Brézin.
Berziner (Mj.), v. n. — Vétiller. — Doublet
de Berdiner, Brodiner, Berginer. Cf. Ber-
souiner.
Berzinet' (Mj.), s. m. — Homme vétilleur,
tatillon, lambin. Dér. de Berziner, ou plutôt
il est mis pour Berdinet, dimin. de Berdin.
Berzingue (être), s. m. — Etre ivre, jj
Petit pois gris, sec. (MÉ\.). Cf. Verdin-
guette. (en).
Et. — Brinde-zingue. Brinde, altérât, de l'exprès,
ail. (Ich) bringe dir's, je te porte une santé. Etre
dans les brindes, — être ivre. (Darm.)
Berzinier (Mj.), s. m. et adj. — Tatillon,
se noyant dans les petits détails sans s'occu-
per des choses essentielles ; peu sérieux en
affaires : Berzinet. V. Berziner.
Berzolé, adj. quai. — Toqué. Un homme
berzolé, dont le cerveau est un peu fêlé.
Doublet de Berzeillé, Verzélé.
Bes. — Particule péjorative.
Besague (Lg.), s. f. — Ouvrage gâché. Ex.
Tu me fais de la besague. Syn. de Guingourage,
Bicouène.
N. — Cf. Vesague, v' sague, terme de mépris que
l'on applique à toute espèce de choses sans valeur.
BESAIGRE - BESTOURNÊ
95
Ce drap, cette toile, ce blé, c'est de la v'zague]
(C'« Jatjb.)
Besaigre (Mj.) (heségue), adj. quai. — Aci-
chilé, aigret, aigrelet, qui commenec à tourner
à l'aigre. || Ec. — Même sens et A demi-ivre.
Prononc. Boesaigre. Cf. Beningue.
Et. — Bes -\- aigre. (Voir Vesague, même sens, à
Besague.)
Besard (Fu.), s. m. — Nombril. Cf. Béserot.
Besenflé. — Qui commence à enfler. (SegT.)
On dit encore Enfié pour enflé, et enflure pour
enflure. — Préfixe. Bes.
Béserot' (béserote) (Mj.), s. m. — Ventre,
bedaine. Nom enfantin.
Et. Ce mot renferme la même rac. q. Bédrasse,
Berdouille, et fr. Bedaine. V. Beille, Bezard, Abe-
zardé.
Besi, Besie^ (Mj.,) s. f. — Poire sauvage ou
très petite. Syn. de Boisie. \\ Fu. — Sauva-
geon, aigrasseau. Des poires de Besi sont des
poires petites, de saveur aigre et d'espèces
d'ailleurs différentes, obtenues de semis et
non de greffe.
Et. — Besi, nom générique qu'on donne à plu-
sieurs espèces de poires, en y ajoutant le nom du
pays d'où elles sont tirées : hesi d'Heri, besi Chau-
montel. (Litt.) — D'après Jaub., bezi — sauva-
geon. On trouve dans les Gloss. besier, poirier sau-
vage. — N. Heri, Héry, forêt de Bretagne entre
Rennes et Nantes, où ces sortes de poires ont été
trouvées. C'est parler improprement que de les
appeler : poires de besie d'Héry. En Bret., en
Anjou, à Paris, on dit : du besie d'Héry. (Ménage.)
Besie ^ (Sa., Ec), s. m. — Le dernier d'une
couvée, d'une famille. Syn. de Chôpiot, Cail-
laud, Cailleraud. ■ — C'est le clôt-cul, sauf vot'
respect. — Mot de la famille de Bésard,
Béserot, etc. Le sens est : qui a un gros ventre.
On dit d'un petit oiseau à peine emplumé :
Il a encore la bouse, — le gros ventre.
Besille (Sal.).
sèche. V. Besie i
Petite poire non greffée.
Besillier (Sal.). — Arbre à bésilles. V. Besi-
quier.
Besilloux (Mj.), adj. quai. — Chassieux.
Syn. de Ebesillé, Biroillé. — De Bouse. V.
Bousilloux.
Besiner (Sal.), v. n. — Produire un bruit
d'ailes (mouche, cousin). — Faire des riens.
Qu'a-t-il à besiner ? V. Beziner.
Bésiquier (Ec), s. m. — Poirier qui porte
des poires d'aigrassâ ou d'aigrasseau. V.
Bésiliier. |j Sp. Poirier qui produit des besis on
besies. Syn. de Bnisiier, Foirasse, Poirassier,
Besoin (Mj.), s. m. — N. On dit : J'en
avons pas de besoin, et même : J'en avons de
besoin. Mais on dit : J'en avons grand besoin ;
j'avons point besoin de ça. || Faire ses besoins,
— aller à la selle. Syn. de se Benettir. On dit
aussi : Faire ses nécessités. \\ Vous me faites
besoin, pour : J'ai besoin de vous (Pc). !| Se
faire besoin de, — éprouver le besoin de. Ex. :
Si tu pouvais me prêter ta trimbale, je m'en
ferais quasiment besoin. — Prononc. b'zoin.
Il A Mj. on dirait plutôt : besoin. || Absolu-
ment : Avoir besoin, — avoir faim et soif.
Ex. : Vous devez avoir besoin ; j 'allons casser
la croûte. || A son besoin, — à sa faim.
Hist. — « Aussi bien nous fera-t-il ici besoin
pour apprêter le souper. » (Mol., Avare, m, 5.) —
« Car tant en prenoit que lui était de besoin pour se
entretenir et nourrir. » (Rab., Educat. de G.) —
« Il est de besoin en premier poinct aymer, révérer
et craindre Dieu. » (N. du Fall, Propos rustiq.,
IV, 38. — Ev.)
Bessée (Sal.), s. f. ■ — Galette.
Bessonnée (Bs.), s. f. — Portée de jumeaux.
Ex. : Y avait à Somloire ein bonhomme de
82 ans qui s'est marié avec eine petite domes-
tique qu'il avait ; l'année d'après, ils ont eu
eine bessonnée, deux petites filles qui ressem-
blaient au bonhomme comme deux gouttes
d'eau. Dér. de Besson. BL. Bisso, bissonis,
de bis, deux. |1 Lrm. Bessounée.
Bessons-onnes. — Est français. Jumeaux-
elles. — Se prononce, au Fuilet, B'ssons ;
ailleurs on fait le plus souvent sentir l'e.
Bessonnée (Lg.), s. f. — V. Bessonnée.
Beste-maline. — Il est parlé de cette beste
à plusieurs reprises dans les registres de
Jarzé.
Hist. — Sépulture de Marie Thourmault, âgée de
11 ans, « laquelle a été étranglée aujourd'hui par la
maline beste. » (Inv. Arch., m, E, S. s. p. 120,
col. 1.)
Bestial, s. m. — Bétail (Lue, Mj.).
Et. — Le fr. Bétail n'est que la corr. de ce mot
patois, qui vient directement du lat. Bestialis.
Bestial est couramment employé au sing. et au
plur. Ce plur.. Bestiaux, est, par une anomalie sin-
gulière, usité en fr.
Hist. — « Le bestial endura beaucoup, mesmes le
brebiail (bêtes ovines). » 1564, I. a.. S, E, m, 304,
1, b.) — « Il prendra Veffoeil, revenu et accroît du
bestial nourri du domaine. » (Coust. d'Anj. ii,
, col. 70.) — « Quant est de Bestial et pastures : pour
icelluy (pays d'Anjou) aucune autre contrée n'est
Mieulx fournye de bœufs..., etc. » (J. de Bour-
DIGNÉ, Chron. p. 10'.)
Bestiaux (Ag.), s. m. pi. — Terme irrespec-
tueux appliqué aux élèves de l'Enseignement
spécial, les Spéciaux. (Est devenu l'Enseigne-
ment secondaire spécial, puis a été désigné
par des lettres : 6^, 5^, 4^ C, etc.)
Bestion (Segr.). — Etre bestion, — bête,
idiot. Ex. : Tu es tout bestion, pour : tout bête.
Bestouinard. — Y. Bestouiner. Celui qui
bestouine (Sa.).
Bestouiner. — Faire yjeu d'ouvrage ma-
nuel, tout en paraissant en faire beaucoup.
V. Bestouinard.
- Bestourné, adj. quai. — - Mal tourné, tort,
tors.
ji > Hist. — « Et n'avons, en oullre de tout ce, rien
apperceu ne descovert sur iedict corps. . . fors ung
doigt du pié dextre qui est tors et estrangement
bestourné. » {Hist. du vx tps, p. 4,97.)
96
BÉTAIL — BEUC
— « Le bon homme cuydant trouver sa beste.
Au plus matin, sans faire grand tempeste.
Vint au dict lieu ; lors fut bien estonné
Et de son sens quasi tout bestourné
D'avoir perdu son pouUain que eut tant cher. »
(Ch. BorEDiGXÉ, P. Faifeu, 42.)
— De quoy Faifeu fut ung peu estonné
Et si en eut son esprit bestourné.
Id., ibid, p. 68.
Bétail, bestiaux (By.). — Prononc. Bécial,
béciaux. Ordinairement au sing., — le Bécial.
Bêtas-asse (Mj.), adj. q. et s. — Bêta.
Bêtaud, e (Tlm.), adj. quai. — Bêta,
Bètas.
Bétayer, v. n. — Faire la bête. (Segr.). Je
te dis ça sans bétayer, sans plaisanter. 1! Gin-
guer, Jouasser (Mén.). — Cf. Béteiller.
Bête (Mj.), s. f. — Voir : F. Lore, Adages
et Comparaisons, xviii. 1| Bête faramine. \\
Aller en bête lasse, • — marcher comme qqn qui
.est très fatigué, ii Sp. N'avoir pas fait ça à
bête morte, — avoir fait une sottise à qqn qui
saura s'en venger, jj B. à caprices, — individu
capricieux, fantasque. 1| B. à chagrin, —
fâcheux, importun. |i B. à pain, — imbécile.
C'est la bête qui mange du pain, mais qui
serait digne de manger du foin ou des char-
dons (R. O.). V. Bête-à-pain.
Hist. — Faramine (De fera — ou vermine). Ani-
mal fantastique. Pendant le jour, il habite dans les
nuages ; il ne descend que la nuit sur la terre, pour
manger des serpents et pour troubler, par de mau-
vais rêves, le sommeil des enfants.
Bête-à- mille- pieds (Mj., Lg.), s. f. — Mille-
pieds, myriapode.
Bête-à-pain (Mj.), s. f. — Imbécile. V.
Bête et Note.
Et. — Je soupçonnais : bête à peindre, quand je
lus ce qdi suit dans le Dictionn. d'argot de L. Lak-
CHEY, Supplém., v° Entreteneur : « Il se charge du
pain quotidien. » — « On en trouve à gogo, des
bêtes à pain, quand on sait s'y prendre. » Citât, de
HuYsiiANs. — I,e O" Jatjb. "cite cette locution et
ajoute : Cf. Bête à manger du foin, i] Bête au bon
Dieu, coccinelle.
Bête-denfar (Mj.), s. f. — Sorte de coléop-
tère ou d'hémiptère très commun en été dans
les plates-bandes et parterres des jardins ;
elle s'y tient en colonies nombreuses. Cet
insecte, qui mesure 8 à 9 millimètres, a des
élytres très plates, rouges-vif, marquées de
points noirs qui figurent vaguement une face
humaine.
Béteille (Lg.), s. f. — Béquille. Svn. de
Abourde. Cf. Feille. Doubl. du mot fr. "
Béteiller (Lg.), v. n. — Vaguer, errer,
baguenauder. Cf. Bâteler. Syn. de Berrau-
der.
Et. — Dér. de Béteille, littéralement : aller
comme en se traînant avec des béquilles.
Bételer (Sal.), v. n. — Tourner à l'aigre.
Lait bételé. — V. Betteler.
Be-tenips. — Pour : beau temps, à Chazé-
sur-Argos (Mén.)
Bêter (Sp.), v. n. — Ne pas faire le nombre
de levés annoncé, au jeu de la poule ou du
matador. C'est : rester en figure de bête. .
Betion, s. m. — Biquet, chevreau (Z. 93^)
P.-ê. pour Biquion — ou Bestion, petite bête.
Bétiser, v. n. — Dire ou faire des bêtises?
(Ce mot m'a été donné sans explication.) i|
Ec. et Bêteyer.
Bétôt (Lg., Ec), adv. — Bientôt. Syn. et
doubl. de Bentout. Cf. Bé.
Bétoat (Lg., Ec). — Comme : bétôt, ben-
tout. I! Ec. On dit même : bitout.
Bette-champêtre (Lg.), s. f. — Betterave
fourragère. Syn. de Lisette. X. Le mot a
vieilli.
Betteler (Li., Br., Mj.), v. n. — Tourner,
se prendre en petits grumeaux lorsqu'on
l'expose au feu, en parlant du lait. La chose
se produit lorsque le lait n'est pas parfaite-
ment frais et est déjà légèrement acide. '\ Ec.
Prononc. : boétteler. — Se dit d'une sauce,
et cailler, du lait.
Et. — Ce V. est le dimin. d'un v. Better, inus.,
mais dont on retrouve la racine Bette ou Botte
dans les mots fr. Caillebotte, caillebotter. — « Béton-,
nom vulg., mais peu usité, du lait trouble et épais
contenu dans les mamelles au moment de l'accou-
chement. Le vx V. beter voulait dire : cailler.
(LiTT.) — « Colostrum. « — « Sang beté se disait
pour : sang caillé : « Quand ce-venait sur la garison,
ils jettoient grand foison de sanc beté par la bouche
et par le nez, et par dessous, qui moult les ébahis-
soit, et neantmoins personne n'en mouroit. » (Jour-
nal de Paris sous Ch. VI et VII, p. 21.) Le mot a ce
sens dès le xii« s. — Betton, c.à-d. premier laict
d'une accouchée, qui se fait dur et troué comme une
éponge. — La mer betée, c'est la mer gelée. {L. C.)
Betterabe (Mj., Lg.), s. f. — Betterave.
Et. — Composé du fr. Bette et du vx fr. Rabe ou
Rable, lat. Râpa. — Hist. « Et d'une vesne (vesse)
qu'il fit, engendra autant de petites femmes accro-
pies, comme vous en voyez en plusieurs lieux, qui
jamais ne croissent, sinon. . . comme les rabbes de
Lymousin, en rond.
;i Betterabe-écorce, b. à chair très rouge
dont on se sert pour la cuisine. Ainsi nommée
parce qu'elle se dépouille lorsqu'elle est cuite
au four.
Bettes, s. f. pi. — Les feuilles de cette
plante s'emploient pour pansements, et ce
nom est appliqué à toutes les feuilles vertes
servant à cet usage. \\ Fu. Id., — pour les
vésicatoires. Elles sont aussi comestibles et
appréciées. Par dérision on les appelle sou-
vent asperges de cordonnier. (Cf. Avoine de
curé, — le poivre.) V. Fricot.
Bétume (Mj.), s. m. — Doubl. du frj
Bitume.
Bétumer (Mj.), v. a. — Bituminer.
Bétnn, s. m. (Segr.). — Pour Tabac.
Et. — Pétun ; emprunté du portug. Petun, mol
de la lang. des indigènes du Brésil.
Beuc ! (Mj.), interj. — Exprime le bruiti
d'un rot. i| Faire beuc, roter. j| s. m. Rot, (
BEUCHE — BEUTIERS
97
éructation. Ex. : Il a fait ein grous beuc. Ono-
mat. — Cf. l'angl. Belch, même sens.
Beuche (Li, Br.), s. f. — Une bêche.
Beiiclée (Mj.), s. f. Cri. || (Sp.) Pleurs,
larmes.
Et. — Dér. de Beucler — pour Beugler. — Lat.
Bos, bœuf, — buculus — bougie, bugler.
Beucler (.Sp. Lg.), v. n. — Beugler, crier. |1
Pleurer, larmoyer. Syn. de Buyer, Chemicher
Chenucher, Ouâler, Ouigner, Pigner, Becler.
Et. — Forme plus dure de Beugler. — HLst.
« Tchire (tire) pas ! qu'y beclai encore pus fort. . .
tchire pas !. . . y veux pas t'faire de maux, ma !. . .
mé dam ! tu sais. . . man fils d'g. . ., si tu tchires, y
vas tchirer aussi ! (H. Bourgeois, p. 220.)
Bé d'Udon'(Ec.). — Bec de l'Oudon, à son
embouhcure dans la Maine (Moène, Mayenne)
Bé du Loir. Embouchure du Loir dans la
Sarthe.
Beuglosse (PL), s. f. — • Buglosse.
Et. — De deux mots grecs : langue de bœuf ;
borraginée.
Beugnet (Mj., Fu.), s. m. — Beignet,
pâtisserie.
Et. — Dimin. du vx fr. Bingne, Begne, qui est
sans doute le dimin. de Bigne, Beugne, tumeur,
grosseur (mot encore usité en diverses provinces), à
cause que le beignet est une pâte qui se gonfle en
cuisant. Prononciation fautive et provincialisme.
Hist. « Puis grands pastés de venaison, d'al-
■louettes. . ., guasteaux feuilletés, cardes, brides à
veaux, beuignets, tourtes de seize façons, gaufîres,
crespes. » (Rab., P., iv, 59.) — « Patissandière,
Raslard, Franc-beuignet. » (Rab., P., iv, 40, 425.)
Beules, s. f. — Tranchée faite dans un pré
pour l'écoulement des eaux. (MÉ\.) Syn. de
Ségoire.
Et. — « B. L. Bedale, de Bedum, bief. (V Besau.
LiTT.)
Beiilot', s. m. (Segr.,Mj., etc.) — Très
petit tas de foin qu'on roule sur lui-même
après le fanage et avant la mise en meule. ||
Petit tas, petit monceau. Syn. Bulot, Baron.
Et. — Pour Meulot, dim. du fr. Meule, L. Mola.
On dit aussi Bulot, — de pierres. — Dérive peut-
être de Boule, plutôt.
Benne (Lue), s. f. — Herbe marécageuse
Sans doute la même que Bêne, et Bêle (Bat.).
Beuquer (Mj.), v. n. — Roter. V. Beuc.
Beurcbe (Lg.), adj. quai. — Brèche-dent,
ébréché. Se dit des personnes. Corr. de Brèche.
Syn. de Bercini.
Beurgne (Lg., Sp.), s. f. — Grande manne
en paille, avec couvercle, dans laquelle on
conservait autrefois les grains et graines
si-ches.
Et. — Syn. et d. de Burgne. N. Il y a là toute une
nombreuse famille de mots (beurgne, burgne, bour-
gnier, bourgnon, etc.), dont je ne vois pas l'otym. A
rapprocher du berrichon Bourole, mêmesens, Jaub.
et de Bourroche.
Beurgnon (Sp.). — Petite beurgne.
Beurrasser, v. a. — C'est non seulement
étendre du beurre sur du pain, mais toute
matière grasse sur un objet, de la boue sur
ses vêtements, etc. même des fraises.
Et. — Beurre. L. Butyrum, du grec Bous, bœu*",
vache, et turoç, fromage. Plus : asser, sufî, péjor.
Beurre (Lg.), s. m. — Chassie, humeur
cireuse qui découle des yeux malades. Ex. : Il
a du beurre aux yeux, il les a tôt biroillés. Syn.
de Cire. \\ (Tlm.). Tourner en beu-re de cane,
— tomber à rien. On dit de même en fr.
Tourner en eau de boudin. || (Mj.) Au prix
où est le beurre, c'est-à-dire par le temps de
cherté qui court. || Faire son beurre, — faire
des bénéfices. 1| Son beurre ne sent que le pot,
— ■ son affaire est mauvaise, se gâte. || Mains
de beurre, — mains molles, qui lâchent faci-
lement ce qu'elles tiennent. || Aller au beurre,
— faire l'amour, en parlant de l'homme. —
V. au Folk-Lore, III, croyances. — || Fu.
— Prononcer eu comme dans : œufs au plu-
riel.
Beurre-blanc (Mj.), s. m. — Sauce blanche.
Ex. : Le brochet est bon au beurre-blanc. \\ Fu.
■ — • Non, mais du beurre fondu doucement
opposé à beurre roux.
Beurrée (Mj.), s. f. — Le sens primitif,
tartine couverte de beurre, est oublié ; on dit :
beurrée de confitures, de merline, de migourit,
de grillons, et même beurrée de beurre. Syn.
de Graissée.
Beurrer (Ti., Zig, 152), v. a. — • Etendre et
faire adhérer une matière poisseuse. Ex. :
Beurrer de l'onguent sus la patte. Syn. de
Graisser.
Beurrerie (Lg.), s. f. — Etablissement
industriel dans lequel on fabrique le beurre
par des procédés et suivant des méthodes
scientifiques.
N. — En ces dernières années (1906), il s'en est
fondé plusieurs dans la région, dont une impor-
tante à Mfc, qui draine une grande partie de la pn*
duction fermière du Lg. — Si la compagnie et aussi
les laitières y font leur beurre, cela ne fait pas celui
du petit employé, qui, voyant monter le prix de
V amendement, trouve que son beurre ne sent que le
pot. V. Beurre.
Beurrichon (Mj.). — Pour Berrichon, roi-
telet. Cf. Bourrique, de burrus, roux.
3eurrier (Ag.), adj. quai. — De beurre. Ex.:
Concours beurrier. (Ang. de Paris, 14 juillet
1907, 2, 3.)
Beusse \ s. f. — Bour Busse, tonneau. Vx
fr. Bosse.
Et. — Busse, sorte de grand tonneau. V. Botte.
(D. G. Butta), outre, vase en cuir ; botte à chaus-
ser ; tonneau, par des assimilations de sens qu'il est
facile de concevoir. (Litt.)
Beusse - (Mj.). — V. Beausse.
Beussier (Mj.), s. m. — V. Beaussier.
Beutiers (PI., etc.), s. m. — Gros sabots
couverts. Syn. de Esclos, Sabots taupes.
7
BEZARD — BICANER
Et. — Dér. d'un mol Beutte, doubl. inus. du fr.
Botte. Cf. Breusse.
Bezard (Sa., Tlm.), adj. quai, et .s. Ventru,
obèse, bedonnant. Syn. de Abeillaudé, rac.
de Abézardé-di. V. Beille et Besard.
N. — Ce mot a vieilli. Il s'est donné jadis comme
surnom. Il y avait à Saint-Augustin un père Bou-
mier Bezard, ventripotent personnage et joyeux
vivant devant l'Eternel, qui mourut aux environs
de 1860. — Et. Ce mot, malgré les apparences su-
perficielles, n'a pas de rapport avec le fr. Obèse. II
faut le rapporter à une rac. Bed, qui se retrouve
dans le fr. Bedaine, Bedon et dans le pat. Beille,
Béseroi. — On pourrait y ajouter Beduau, blaireau.
Bèze (Tlm.), s. f. — Ventre, bedaine. Syn.
de Beille. Et. Voir Bezard. — Mj. Béserot. Cf.
Bouse.
Bezie, s. f. — C'est le gros abdomen d'un
oiseau récemment éclos. Z. 137. — (Br.).
Avoir la bézie, c'est ne pas être encore boii à
dénicher, avoir le gros ventre. Cf. Béze. V.
aussi Besie, et Bo.ise. \\ Bss. nom de famille.
Beziner (b'ziné) (Mj.), v. n. — Sifïler, bour-
donner. Il Passer en sifflant, comme fait une
pierre lancée avec raideur. Pour Véziner.
Onomat. : Vzz. — N. On prononce Bziné,
mais Véziner, Vézouner.
Beziot, s. m. (Sa., Ba., Bn.). — Le dernier
éclos d'une couvée; le dernier né d'une nichée.
Svn. de Caillaud, Cailleraud, Chôpiot. \\
Enfant délaissé par ses parents, petit poulet
abandonné (Bn.). — || Le dernier né d'une
famille. (My.).
Biâcop (Lg.), adv. — Beaucoup. Mot très
vieilli, mais encore usité. Syn. de Bé-raide,
Berchouse, Belle-chouse.
Biaiser (Mj.), v. a. — Tailler en biais, en
pointe, les pièces d'une robe. Ex. : Aile a fait
biaiser sa robe.
Biandir" (Mt.), v. a. — Caresser, courtiser,
une jeune liUe. — Du lat. Blandiri, flatter?
Cf. Biaudir.
Biâquilles (Sb.). — Menues choses sans
importance, sans valeur, qui restent au fer-
mier quand il a partagé avec le propriétau-e
à moitié. \\ Restes, rehefs, miettes. \\ \. Béa-
tilles.
N. « On a dit des vieilles femmes qui se ma-
rient : « Pour le regard des maris, ce leur est une
grande espargne ; il ne leur faut point d'agiots et
bcatilles pour les popiner (ajuster, parer) qu'à ces
jetmes éventées : elles se passent à peu. « [Contes
de ChoUères, L. C, V Popiner.)
Biarrage (Sa), s. m. — Terrain inculte,
marécageux ou pierreux et encombré d'arbres,
buissons, épines, débris, etc. — On dit aussi
Biarraige. Syn. de Bureau, Masureau, Bua-
rèje.
Et. Ce mot ne viendrait-il point de Biarrel La
toile biarre est une toile grossière, de même que le
bureau est une étoffe grossière. Il y a là un rappro-
chement d'idées et de mots pour le moms curieux.
— Bigarrage? — Cf. Age. Jaub.
Biarraige (Sa.), s. m. — V. Biarrage.
Biârre (biâre) (Mj.), adj. quai. — Cette
épith. s'applique à une toile grossière, à chaîne
blanche, et à trame bleue dont on fait des
salopettes.
Et. — Probablement pour Bigarre ou Bigarré'
doubl. du fr. Bizarre. — Cf. Bigearre. Jaub., Suppl_
Biau 1 adj. quai, pour Beau. — Cf. beau-
coup de termin. en eau : coutiau, viau, man-
tiau. Il N. Fu. — Biau ne se dit pas dans le
canton de Montrevault, non plus qu'en
Beaupréau et Saint-Florent. On prononce
toutes les finales en eau comme é-ou, ces deux
dernières lettres presque muettes : Batéou,
Chapéou, Bussêou. V. Observations à A.
Biau ^ (Ec), s. m. — Viau, veau. Souvent
Voyeau.
Biaiicop. (Lg.), adv. — Beaucoup. Syn. de
Berchouse, cf. Cop. — N. Ce mot a fort vieilli.
Biaudir" (Mt.), v. n. — Caresser, — sa belle.
Syn. de Gouincer, Biandir (dont il semble une
autre forme).
Et. — Ressemble à s'Ebaudir ; pourrait se tirer
du vx fr. Baud, — gai, folâtre.
Biberon (Mj.), s. m. — Bouton, petite pus-
tule. Syn. et doubl. de Buberon.
Et. — Grec : Boubôn, tumeur ; proprement,
aîné, parce que ces tumeurs viennent souvent aux
aînés.
Biberonné (Mj.), adj. quai. — Couvert de
boutons, de pustules, de papules, en parlant
du visage.
Et. — Dér. de Biberon, parce que les grands
buveurs sont sujets à des éruptions cutanées.
Ou mieux pour : Buberonné, de Bubon.
Bibi (1). — Pour : boire (Segr.). Terme
enfantin employé pour engager les enfants à
boire (Mén.). || (2) Lg. — Tuyau de carton
sur lequel on dévide le fll pour faire des épelles.
V. Jaub. à Bi. || (3) s. m. Remplace le pronom
Je ou Moi. Ex. : Ça, c'est pour bibi, et bibi,
c'est moi. N. On dit aussi : Bibilolo... de
Saint-Malo.ll (4) Ec. Coiffe à la bibi. V. Bi-
gote.
Bibler (Mj.), s. m. — Canal uréthral du
porc mâle et annexes. Syn. et corr. de Pu-
béyer — de pubis. Dans l'Orne, le bibier du
porc s'appelle : pivéyer. On en graissait
jadis les souliers en guise de cirage. || By. On
dit Pibier, chez les menuisiers, les charpen-
tiers.
Bic-à-hic (Mj.). — Z. 137, c.-à-d. point à
point ; nous avons fini la partie point à point,
sans doute de : bec à bec.
Et. — Vient peut-être du jeu de Bique des
enfants. Quand les deux index des joueurs se
touchent, ils sont bique-à-bique. Ces index imitent
deux biques qui luttent.
Bicaner ^ (Sp.), v. n. — Pousser des cris ou
des éclats de rire qui ressemblent aux bêle-
ments d'une bique. — (Bicane, — chicane,
discussion ; Dott.).
Bicaner - (Lg.
Boitouser.
Boiter, Syn. de
BICAUDER - BIDOUNE
99
Bicauder (Bg.), v. a. — Abattre et ébran-
cher les arbres. — Bicauds, — ces bûcherons.
(C. Fraysse, p. 69.)
Biche, s. f. (Lue). — Chevreuil. || (Mj.). —
Grand insecte coléoptère, à très longues an-
tennes, à corselet couvert d'aspérités, à
élytres chagrinées, dont la larve vit dans le
bois du chêne. Cet insecte est ainsi nommé
parce qu'il est regardé à tort comme la femelle
du Cerf ou Çarj. A Saint-Paul, cette confu-
sion n'a pas lieu, et l'on l'appelle Diable. —
Capricorne.
Bicher (Mj., Lg.), v. n. et imp. — Agréer,
aller bien, convenir. Ex. : Je leur ai proposé
de faire eine partie, mais ça ne bichait pas. —
Argot.
Bicheté (Te), adj. quai. — Paillet, se dit
du vin. Il Lue. — \'in rouge tiré en blanc ; ce
qu'on nomme vin gris dans l'Est.
Et. — Du fr. Biche, parce que la couleur du vin
paillet rappelle celle de la robe de cet animal.
Bichetoiiri (Lg.), s. m. — Bec ou ajutage
par lequel on verse l'eau d'une cruche, d'une
bue. Syn. et d. de Bichtri. Syn. de Berloque,
Tinet.
Bichette (Mj., Lg.), s. f. — Nom caressant
que l'on donne aux petites filles, aux juments,
et parfois aux vaches.
Bichoiller (Lg.), v. n. — Pleurer à petit
bruit. — Syn. de Chemicher, Chenucher, etc.
Bichote (Lg.), s. f. — Cœur de chou vert,
— employé surtout au pluriel. Syn.de Epiau,
Piochoji, Binocle.
Bichtri (Tlm.), s. m. — Bec d'un pichet,
par où on verse l'eau. Le syn. Mj. est Tinet.
— Syn. et d. de Bichetouri, Syn. de Berloque.
Et. — Ce mot pourrait être une sorte de dimin.
du fr. Bec. Quoi qu'il en soit, il ne me paraît pas
douteux que ce mot remonte fort loin. On peut se
rappeler certains callibistris avec lesquels Panurge
projetait de rebâtir les murailles de Paris, et le nom
de ces. . . matériaux n'est autre, évidemment, que
celui de notre Bichtri (pris dans un sens obscène)
î accolé au préf. péjoratif Calli ou Cali, celtique, qui
I signifie mauvais. Cf. Califourche, Caliborgne, etc.
Biclard (Lg.), adj. quai, et s. — Bigle, qui
louche. Syn. de Calorgne, Bignole. V. Bicler.
Bicler (Sp., Lg.),v. n. — Dévisager, regarder
avec insistance, avec impertinence. Syn. de
Bignoler. \\ Ec. Proprement : Fermer un œil
pour ne regarder que de l'autre afin de viser
juste, en hgne droite, comme font les chas-
seurs. Il Fu. — Fermer un œil, cligner pour
regarder à la dérobée, — ou Biquier. D'ail-
leurs le cl est souvent mouillé.
Et. — Fr. Bigler, loucher ; écrit bicle. pour
bigle. Orig. incert. — Malv. indique la rac. celtiq.
Sig, dévier, obliquer ; d'où : bigueler, bigler, regar-
der obliquement.
; Hist. — « Les mères ont raison de tancer leurs
! enfants quand ils contrefont les borgnes, les boiteux
et les bides. » (Mont., Ess., n, 25.) — « Estre
louche ou bigle : c'est une distorsion contrainte avec
inégalité de la vue. » (Ambr. Pabé, xv, 5.)
Bicorne (Mj.), s. f. — Pioche à deux cornes.
Syn. de Juif. \\ Hoyau. V. Tervon. Du lat.
Bis , cornu. Cf. Bigourner.
Bicouène, s. f. (Segr.). Besogne mal faite,
champ mal tourné. (Mén.) Syn. de Besague,
Guingourage.
Bicrots, Biquerots. Z. L30. — Petits de la
bique. !| Je préférerais Biquereau, pour cette
raison que le t final se prononcerait à Mj., s'il
existait.
Bidaine (Tlm., Sp.,) s. f. — Pécore. Appel-
lation un peu ironique que l'on applique aux
gamines. Ex. : Va donc, grande bidaine ! —
Se dit surtout, en mauvaise part, des gamines
dégingandées. Ex. : N'y a pas moyen de ren
en faire de ceté grand bidaine-lk. Syn. atté-
nuât, de Birogue ; syn. de Bougane, Bidelle.
Et. — Tient au fr. Bidet, comme Birogue tient à
Bire : à moins que le mot ne soit une corr. de
Bigane.
Bidébois (Mj.), s. m. — Petit disque de
bois, de la largeur d'un centime et percé au
centre d'un petit trou. Les enfants achètent
par chapelets de cent ces petits disques et
s'en servent dans leurs jeux comme d'une
monnaie d'acompte. — Cet usage semble
avoir disparu.
Et. — Le mot est pour Bille de bois.
Bidecir (Mj.), s. m. — Syn. de Bidébois.
Bidelle (Sal.), s. f. — Grande fille mal faite.
Bider (Pc). — Toucher. Au jeu de boules,
quand deux boules, des deux camps opposés
touchent le Maître, on dit : Ça bide, ou :
Tout bide ; — les deux boules touchent. —
Et alors : Qui a fait, défait ; c.-à-d. que le
camp qui a fait ce coup le dernier, doit jouer
encore, pour le défaire. Syn. de Serrer.
Et. — Je vois dans des Glossaires : biter (Or.) ;
bitter, toucher légèrement. (Dott.)
Bidet' (Mj., Lg.), s, m. — Le numéro un,
au tirage au sort. Ex. : Il n'a pas de chance,
il a rapporté bidet'. || Et. Support à trois
pieds auquel les laceuses fixent leur engin
pendant qu'elles travaillent.
Et. — Le premier sens de bidet est : très petit.
Le n" 1 est le plus petit? — Celitq. bidein, faible
créature. — Guill. même sens. — Au second sens,
très clair.
Bidoche, s. f. — Viande. Mot de la langue
des casernes et d'introduction récente.
Bidon 1 (L., Br., Sp.). — Pinson, jj Bidon
de mer, sorte d'oiseau de la famille des passe-
reaux et à peu près semblable au pinson, sauf
que les plumes du cou sont plus grises.
Bidon ^ (Vz., Cp.), s. m. — Tisserand. N.
Ce mot est connu, mais à peu près inusité à
Tlm. et à Yzernav.
Bidonnée (Mj.), s. f. —
bidon.
Bidonne (Vz., Cp.), s. f.
Bidon.
Le contenu d'un
Tisserands. V.
100
BIDOUNER — BIGER
Bidonner (id.), v. n. — Travailler au métier
de tisserand.
Bidroiller (Lrm.), v. a. — Prononc. Bi-
dro-yer. — Brasser, battre, mélanger de
façon à donner à une chose molle un aspect
liquide et peu soigné comme préparation.
Bidroilloux (Sal.), adj. quai. — Yeux
hidroilloux, — qui ont les cils pleins de cire.
\". BiroilU.
Bidrou. Z. 134. — Terme de mépris ; qqf.
employé amicalement. || By. Zig. 134, s. m.
— Mauvaise toupie. Syn. et d. de Bidrouille.
Fig. Nabot.
Bidrouille, (M.j.), s. f. — Syn. de Bigane.
Il Fig. Pécore. || Morceau de bois grossière-
rnent taillé et muni de quatre pattes qui
représente une chèvre ou une vache. — Mor-
ceau de bois informe, vieille toupie hors
d'usage dont les enfants se servent dans
certains jeux. Syn. de Gazouille.
Et. Ce mot se rattache à la famille des mots :
Bique, biqueton, biquereau, béguette, heillon, bion.
Bidrouiller (Chl.) v. n. — Aller de travers.
Le blé. — il Chm.
Du
Blé 1 (Li., Br
seigle.
Et. — Ital. Biada, B. L. bladum, blavum (d'où :
emblaver), blava, blavium. — Pron. de bl mouillé.
Bié '•* (Fu.), s. m. — Pour : bief. . . I sont à
curer le bié du Mouhn des Touches.
Bielle (Lu., Ec), s. f. — Veste ronde, —
courte, genre breton. V. Carmagnole.
Bien (Mj.), adv. — Beaucoup. '! Bien gnia-
t-il, il y en a beaucoup. Se dit à la fin
d'une phrase. Ex. : Les hommes ne sont
guère raisonnables, bien y a-t-il. — N. Pris
dans le sens de : beaucoup, ce mot se prononce
à peu près toujours : bien (et non : ben), sur-
tout lorsqu'il est le dernier mot de la phrase.
Il Fu. — Se prononce toujours : ben, quelle
que soit sa place. Au Fu., l'expression Ben y
a-t-il est tout à fait inconnue ; on dit, dans
le même sens : Berchouse y a-t-i.
Bienfait, s. m. — Cette ancienne expres-
sion s'employait pour : usufruit. (Mén.)
Hist. — « La Coustume d'Anjou, art. 222. — Les
puisnés masles ne sont fondés de tenir et avoir leur
portion d'icelui tiers qu'en bienfait seulement ;
c'est à scavoir leur vie durant. — De : benefactum,
qu'on a dit pour : beneficium, mot qui se trouve
dans les Capitulaires de Charlemagne. — De la
aussi les bénéfices ecclésiastiques possédés par usu-
fruit. » — « Tenir à bienfait, c'est tenir à vie seule-
ment. (L. C.)
Bienveillant (Mj., Fu.), s. m. — Subrogé-
tuteur.
Bier (Lg.), v. a. — Lier, des gerbes ; serrer
le lin au moyen de la Bille. Pour : biller. Cf.
Biot, Vier.
Bière (Mj.). — C'est pas de la petite bière,
— c'est qqn ou qqch. de considérable, qui a
de l'importance.
Biez (Mj.), s. m. — Dans les bateaux de
mariniers, celui des fronteaux qui se trouve
immédiatement en avant de la cabane.
Bi«;abou (Ag.), s. m. — Boudeur, qui bou-
gonne ; personne de mauvaise humeur, ca-
ractère.
Bigâillard (Lg.), s. m. — Petit marchand
de bestiaux, celui qui bigâille.
Bigâille (Ec), s. f. — N'avoir que de la
bigâille, — pas de cartes marquantes au jeu
de luettes, ou d'aluettes. De bonne bigâille,
jeu satisfaisant. — Quand on n'a que de la
bigâille, on dit : C'est à en faire le tour de
gueux ; j'f'rais ben caca dans la main du
faiseux. V. Bigâiller.
Bigâiller (Lg.), v. n. — Faire un petit com-
merce de bestiaux de qualité inférieure. Dér.
de Bigue avec suffixe péjoratif.
Bigaillon (Sal.), s. f. — Personne mal
emmanchée, — sauteuse. — V. Bigane.
Bigane (Mj.), s. f. V. Bidrouille, Gazouille.
Il Sal. — Sorte de haute toupie. — Sauteuse.
V. Bignillon.
Biganer (Mj.), v. n. — Bêcher, ou piocher
avec effort et sans grand résultat. Syn. et
corr. de Bigourner. \\ (Sa). — Disputer, ta-
quiner. Syn. de Haricoter.
Bigarrolé, ée (Mj.), adj. quai. — Bigarré.
Et. — Bigarrer vient de : bivariare, pour : bis-
variare. Dans les provinces d'Anjou et du Maine, on
appelle garre une vache pie, et garreau un taureau
pie, de varius et varellus. — On a aussi appelé
bigarreau une sorte de cerises, parce qu'elles sont
bigarrées de noir, de rouge et de blanc. — M. de
Saumaise dit (en latin) que les Franco-Celtes les
appellent : Bigarelles parce qu'elles sont de couleurs
variées. Les Gaulois appellent « bigarrotum » ce qui
est <' variegatum ».
Bigarrolures (Mj.), s. f. pi. — Bigarrures,
bariolages.
Hist. — u L'aube au rosin atour.
« Les cieux voisins bigarrait à l'entour. »
A. DE Baif, f° 249. (L. C.)
Bigaux (Smc), s. m. pi. — Menues pailles,
balles de céréales. Syn. de Ventin, Gabier,
Barbillon, Pous.
Bigbog, s. f. — Vulg. aristoloche, cléma-
tite (MÉN.) Bat. — Vulg. Ratelaine.
Bigeoise, adj. et subs. — Bête. Dans nos
faubourgs on dit encore : La pêche est
bigeoise , pour : la fille est bête. (Mén.)?!?
Biger (Mj.), v. a. — Baiser, embrasser sur
les joues. |! Eter' coiffée à la ôj^e-moi-vite,
d'une manière coquette et provocante, en
parlant d'une jeune fille. — N. Quand on
bige un enfant non baptisé, on est exempt
pour l'année du mal de dents. Croyance
populaire. — j Bigcr le cul à la bonne femme,
ou, simplement, de la vieille, ne pas faire de
levé aux cartes — ou ne pas compter un seul
point au jeu de boules. Cela ne se fait pas
effectivement, mais, parfois, il se trouve une
BIGNE - BILEUX
101
pancarte représentant l'objet en question, et
les joueurs malheureux sont contraints d'y
coller leurs lèvres. C'est la dernière des humi-
liations. Il Biger son pouce, — ne rien toucher
pour sa part ou pour sa rémunération. |!
Biger en curé, — effleurer à peine les joues du
bout des lèvres. || Fu. Même sens : Bige-xné
donc un p'tit.
Et. — Doublet de Biser. corruption de Baiser.
A citer la chanson enfantine :
— Quand j'étais petit
Je n'étais pas grand ;
Pour biger les filles
J'montais sus ein banc.
Bîgne ' (^Ij-). s. f. — Bosse, enflure. || Lg.,
s. f. — Quignon, gros morceau de pain. Syn.
de Car gnon, Graissée, Beurrée, Calot, Pécée,
Paissée. \\ '•' Interj. V. Bagne !
Hist. — Et une fois si se fit une ligne.
Bien m'en souvient, à Testale d'un boucher.
i^rLLON.
Bignole (Mj.), adj. quai. — Bigle, qu^
louche. {Calorgne, Biclard, Bilorgne.) Cette
petite fdle est bignole.
Et. — Il est probable que ce mot est un doublet
du vx fr. Biscle et du fr. Bigle. Il indiquerait que
ces mots dérivent comme lui du lat. Bis -|- oculus.
Dans ce cas, les mots fr. Bigle et Bigler ne seraient
que les mots patois Bignole et Signaler corrompus.
A remarquer cependant que le breton a Bling,
louche. Notre mot Bignole serait-il pour Blignole, —
ou Bling, — œil. Cf. Campiot.
Bignoler (Mj.), v. n. — Bigler, loucher,
lorgner. || P. ext. v. a. Examiner attenti-
vement autour de soi. Regarder d'une
façon insolente ou indiscrète. Ex. : T'as pas
besoin d'éter' à bignoler ce qu'on fait. — V.
Bicler. || Lorgner.
Bignon (Lue). — Source d'un champ.
Hist. — Je trouve dans C. Pobt plus de 30 fois ce
nom, et, entre autres, Le Bignon, commune de
Longeron, sur l'emplacement d'un vaste étang
aujourd'hui desséché. || N. Il n'existe pas de
Bignon au Longeron. Il y a un Bégnon à La Ro-
magne, sur la route de La Séguinière. — La fon-
taine du Beugnon forme la limite des trois com-
munes de Mj., Le Mesnil et La Pommeraye.
Bigorneau (Mj.), s. m. — Petit mollusque
aquatique, du genre limaçon, que l'on trouve
fixé sous les pierres, le long des rives de la
Loire. — Littorine vulg., bis-corne ; pour
Bicorneau. Excellent appât pour la pêche.
Il Ec. — Bigorneau de mer, très estimé à
Angers et ailleurs. Cri : Qui veut des
bigourneaux — d ; qui veut des bigourneaux ?
Bigot (Sar.), s. m. — Insecte de la cerise.
V. Blin.
Bigote 1 (Sp.), s. f. — Sorte d'immenses
coiiTes à fond plat et extrêmement larges, que
les femmes portent aux environs de Thouars.
Il Ec. La coiffe à la bigote, ou à la bibi, an-
cienne coiffe à bords étroits et fond plat. On
n'en voit plus. Remplacée par la coiiïe à
plis plats, souvent fond riche. — Citons la
coiffe à tuyaux, se rapprochant de la Ponts-
de-céïaise. Il y a encore la coiffe à la Gueuse
ou Bride-goule, coiffe commune pour le tra-
vail. — Il y a toujours un serre-tête sous la
coiffe. !| ^ Mj. — Ancienne espèce de poire.
On emploie encore la comparaison proverb. :
Secouer comme ein poirier de bigote. !|N. Les
Russes disent proverbialement de leur femme :
Aime-la comme ton âme, mais secoue-la
comme un poirier, ji ^ loc. adv. — A bigote,
— à cahfourchon, comme on porte souvent
les enfants. — Porter à la bichecorne, à la
cabre morte (Rab., III, 126). L. C.
On chante souvent ce vieux refrain :
— « J'ai tant porté la hotte
A bigote
Que j'en ai mal au. . . (dos)
Bigotu. »
— Au jeu de boules, quand une boule est lancée
avec trop' de vigueur, on lui crie ironiquement : A
revoir, bigote ! — Origine?
Bigoiirneaii (Mj., Fu.). — V. Bigorneau.
Bigourner (Mj.), v. n. — Piocher. || Faire
un petit travail de culture avec beaucoup de
lenteur. Cf. Biganer.
Et. Pour : bicorner, de bicorne.
Bigre, s. m. — Pour : aveilleur ou abeilleur
(MÉN.).
. Et. — Garde-forestier pour la conservation des
abeilles. B. L. bigrus, bigarus ; formé du radie,
german. bi (angl. bee : dan., bie ; ail. mod, biene),
abeille, et gar, rad. qui se trouve dans le ha. waren,
garder. — D. C. V° bigrus.
Bigiie (Lg.), s. f. — Mauvaise bête. Syn. de
Bringue. Biringue. Birogue, Pillée. Probable-
ment dér. du fr. Bique. H Bique, chèvre, cf.
Biqueton. if Fig. Animal de peu de valeur,
rosse. Il Petite fille chétive et méchante. Syn.
de Chivrille, Bidaine.
Bijane. s. f. — Soupe dont le bouillon est
constitué par du vin. Syn. de Soupe-à-la-pie,
Toutaie, Trempinette. — N. Ce mot est connu
à Mj., mais il vient de la Varanne, où il est
endémique, comme la chose. — (Lros., Sal.,)
id.
Hist. — « Car notez que c'est viande céleste,
manger à desjeuner raisins avec fouace fraîche,
mesmement des pineaux, des fiers, des musca-
deaux, de la bicane. (Raisin dont on se servait pour
faire du verjus — ?) — Rab., G., i, 25, 51.
Bijaii, adj. et subst. (Segr.).) Traître (Mén.)
Bijoutier (Lg.), s. m. — Nom que l'on
donne par dérision aux casseurs de macadam.
Bilbotu. — Z. 137. Tortueux, inégal, rabo-
teux ; un chemin bilbotu. Syn. de Ragotu,
Malplanche.
Biler (se) (Mj.), v. réL — Se faire de la bile,
se chagriner, avoir des idées noires. || Se fati-
guer, travailler beaucoup. On dit aussi dans
ce sens : Se fouler la rate.
Et. — L. bilis ; l'anc. fr. disait : cole. de kholô,
bile (mélancolie).
Bileux, se (Mj.), adj. quai. — Hypochon-
driaque, atrabilaire, d'humeur triste et mo-
rose> On dit par antiphrase, en parlant d'Un
102
BILLARD — BIOTTÊ
joyeux vivant : En velà ieun qui est hileux ! —
Pour : bilieux. !| On dit encore : Eh ! ben, t'es
pas bileux, té ! — à qqn qui se paye ou qui
désire une fantaisie au-dessus de son état.
Billard (Mj.), s. m. — Pièce de bois cylin-
drique qui forme l'axe oblique de la peautre. \\
Jouer au billard anglais, — faire l'amour.
Et. — Billard est proprement une crosse à cros-
ser, et vient de bille, au sens de pièce de bois, et le
nom du jeu actuel vient de la queue, qui était et
s'est dite un billard, ou bâton. • — B. L. Billa,
Billus, xne s. ; branche, tronc d'arbre ; du celtiq.-
irl., bille ; bas-bret., bill, pill. — Voir D. C. Billa.
Hist. — « Je lui donnai en beau don,
Nau, nau,
Mon billard et ma pelotte.
Et Guillot, mon compagnon.
Sa- trudienne et sa marotte. »
Noels ang., p. 19.
N. — Billard, trudienne, marotte sont à peu près
syn.
— « Et un billart de quoy on crosse.
Villon, G. Testament.
— « Viens avec moi, mon cher Coquard,
Et t'appuie sur ton è(7/a/-rf. »
Noël ancien.
Bille (Mj., Lg., Fu.) — s. f. Morceau de bois
conique, long de 40 centimètres environ, avec
lequel on serre le lien des gerbes. — V. Billard.
Hist. — « Les plus arriérés les attachaient (les
bouts de la ceinture de leur culotte) à l'aide de
petits morceaux de bois désignés sous le nom de
billes et dont ils se servaient encore qqf. pour leurs
gilets. » (DENLiu, I, 55.)
Biller 1 (Mj.), v. a. — .Lier les gerbes au
moyen de la Bille. — Syn. et d. de Bier.
Biller ^ — Payer un billet. Ex. : Je vais
hiller, c.-à-d. je vais payer un billet, ou rece-
voir un reçu de ce que je dois. (Mén.)
Et. — Billet, diminut., du B. L. billa, rescrit,
cédule, de l'angl. bill. latinisé. Altérât, de bulle,
bulla. La confusion entre bille et bulle est évidente.
Bulle, de Boule, employé pour : sceau, à cause de la
rondeur de la boule de métal appendue au sceau.
Billet (Mj.), s. m. — Prendre un billet de
parterre, — faire une chute. !| Je t'en fiche
mon billet, — je te l'assure. — V. Biller.
Blllette (Sp.), s. f. — Syn. de Bille.
Bllloo 1 (Mj.), s. m. — Cordelle, câble,
longue corde servant à haler les bateaux. |!
Corde à étendre la lessive. Syn. de Etendard.
V. Lace.
Blllon " (Sp.), s. m. — Grosse bille à jouer.
Syn. de Boulet, Tac. V. Bille.
Blllonnée. — Jauneau, clair bassin, ficaria
ranunculoïdes, ayant racines granuleuses, à
fleurs jaunes. (Mén.) — Petite éclaire, petite
chélidoine. (Bat.)
Billot-à-rolng, s. m. — Pièce de bois sur
laquelle on attache un morceau de cuir, de
peau, pour retenir un peu d'oing ou de
graisse, sur laquelle on frotte l'instrument qui
sert à la division de l'ardoise. (xMén.)
Bllorgne. — Z. 136. — Louche, bignole.
Binard (Cho.), s. m. — Un bufîet;
Bine (Lg.). — Gros morceau de pain. Syn.
de Calibier, Guergneau, Cargnon, Calot.
Biner (îMj., Fu., Ec), v. n. — Perdre le
temps, vétiller, lambiner. Ex. : Je sais pas ce
que tu bines-là. \\ Faire, pris en mauvaise
part. Ex. : Que bines-i\x là à boyer la goule, au
lieu de t'en venir? || Passer la tranche (la
houe) dans les cultures, pour sarcler. On bine
les choux, les laitues ; on cabosse la vigne.
Et. — Pour : beliner, au premier sens. Cf.
Binger.
Binette (Mj.), s. f. — Mine, apparence,
physionomie. Se prend en mauvaise part.
Syn. de Balle, Trombine, Bobine, Trompette.
Et. — Les perruques de Louis XIV furent dites
binettes, de Binet, premier faiseur du roi après la
Vienne. (Litt.)
Blneur, s. m. — Ouvrier qui bine, qui
donne la deuxième façon aux vignes. (Revue
de C Anjou, août 1883.)
Bineuse (Lg.), s. f. — Houe à cheval. Syn.
de Egâilleuse, Trimbale. Du fr. Biner.
Binger (Sp.), v. n. — Syn. de Biner, Beliner.
Blnoeiie (Mj.), s. f. — Binette. V. Binocher.
Syn. de Piochon, Terbéchet. j| Fu. — Terbèche.
Binocher (Mj.), Lg.). — Biner à plusieurs
reprises, — légèrement. Fréquent, de Biner.
BInochon (Mj., Lg.), s. m. — Petite binette,
serfouette, Syn. de Piochon, Terbéchet. Dim.
de Binoche.
Binocle (Ec). — Piochons, pousses tendres
de choux verts. Syn de Bichote, Epiau.
Bion (Mj., Br.), s. m. — Biquet, chevreau. ||
Petit nuage très noir. ]| Petite averse. !| Petit
lot d'objets mobiliers. Ex. : Il portait tout son
bion dans ein mouchoir.
Et. — Sync. pour Beillon, ou Biqueton. — Hist.
« Chappons, poulies, oysons et biains... (1570-
1634, Inv. Arch., m, p. 225, col. 1.) — « Tant for-
mant que seille et avoine, chastaigne, noidz, chap-
pons, poulies, oysons et bians. ( xvi^ s., Ibid.)
Quand un garçon de ferme quitte sa place, à la
Toussaint, p. ex., des camarades viennent l'aider à
emporter son balluchon, son bion, et l'on chante :
S'meiller, vins donc... U est venu. Et le som-
melier apporte du vin dans des arrosoirs. (Mgs.)
— Cela s'appelle aussi : Rouler le bion. (Bf. )
Il Mauvaise prononciation de : bien. On pro-
nonce : le mien — le mieun : bien peut se prononcer
bieun, proche de bion.
Blunner (Sp.), v. n. — Chevroter, mettre
bas, en parlant de la chèvre. || Fig. Désarçon-
ner son cavalier, — en parlant d'un cheval.
V. Pouliner. — Syn. pour le premier sens, de
Biquetonner, Biquetouner.
Bions (Cho.). — Frisettes. l"ne personne
frisée dit, quand on l'en complimente : Oui,
j'ai de beaux bions, — de jolies frisettes.
Biot° « (Lg.), s. m. — Billot. Contr. du mot
fr. Cf. Cotion, Sion, Evier, Bier.
Biotté. — Calé, embourbé. La roue de ma
voiture est biottée. Syn. de Accoté.
BIOU — BIRET
103
Biou, s. m. — Petite bique dont le ventri-
cule fournit de la présure. (Mén.) V. Bion.
Biouner (Sp.), v. n. — V. Bionner.
Biquart (Sh., Lue, Mj.), s. m. — Petit
domestique destiné à garder les bestiaux, sur-
tout les chèvres, dans les champs. — Mieux
que Bicard. V. Bitrou.
Biqiie (Mj.), s. f. — Fig. Vache maigre. |!
Jeune personne maigre et efflanquée. || Faire
bique. Petit jeu qui consiste à choquer avec
l'extrémité de l'index tendu le bout de
l'index d'une autre personne. Ce jeu rappelle
le manège de deux chèvres qui se choquent de
la tête. Il Ça se tient comme des crottes de
bique sus ein bâton, — cela n'a ni rime ni
raison. || Bique- à-bique, — ric-à-rac, tout
juste. Ex. : Ça y a été bique-à-bique. \\ Gam ne
sans conséquence. || (Lg.) Support en forme
de petite échelle que l'on place sous le timon
d'une charrette, dételée, pour servir de
chambrière. !| Support en forme d'une grande
selle à trois hautes pattes, sur lequel les
maçons placent leur oiseau, ou cossard, pour
le remplir de chaux et le charger. ]| Support
en bois destiné à supporter le bois qu'on doit
scier. Chevalet. || Sorte de tabouret monté sur
trois pieds. (Br.) : Prends donc ta bique, tu
vas tirer les vaches. i| Faire bique : s'équili-
brer, se compenser. V. Bic-à-bic. \\ De bique
en coin (Lue), — diagonalement. V. Bisque-
en-coin. Il L'stensile de charpentier en
bateaux qui consiste en un banc de bois,
portant à son extrémité une forte mâchoire,
que manoeuvrent les pieds de l'ouvrier au
moyen d'un levier qui traverse la bique. Cet
ustensile sert à maintenir les morceaux de
bois que l'on travaille à l'aide de la plane.
Et. — Malvezix fait venir ce mot de la rac.
celtiq. Bic, fuir (comme Beic). D'où : bicea, povn-
beica, dans notre mot bique, chèvre, soit : la
fuyante, et le diminutif biquet, chevreau (en namu-
rois : biquet, lièvre, même sens propre de : fuyant,
et dans le parallèle biche, femelle du cerf. — La
plupart des sens ci-dessus proviennent d'une idée
de forme (3 ou 4 pieds), et de support. Cf. Chevalet,
de : cheval ; poutre = jument.
Biqiie-eit-coin (de) (Fu), adv. — Diagona-
lement, de travers. — V. Bisque en coin.
Biquereaii (Mj., Sp.), s. m. — Biquet, che-
vreau. — Z. 93.
Biqiierie (Sa.), s. f. — Très petite exploita-
tion rurale, closerie. Syn. de Borderie, Bor-
dage, Valoirie, Loqueterie. (Closerie inférieure
à cinq hectares (Dott.). La Biquerie, la
Biqueterie.)
Et. — Du fr. Bique, parce que l'exploitant n'est
censé nourrir que des chèvres.
Biqueton (Mj.), s. m. — Biquet, chevreau.
Ex. : A saute comme un biqueton. Syn. de
Biquet, Biquereau, Biquot, Béquot. \\ — (Lg.)
Bête chétive. Ex. : Ein méchant biqueton de
taureau. Cf. Bigue, rlm'rille. Syn. de Tau-
râillon. \\ (Bg.) Les biquetons sont aussi des
ougeurs qui proviennent aux jambes des
femmes qui abusent de la chaufTerette trop
'îhaude. Cf. Chèvre. \\ Fu. — Le troisième pied
ae la chèvre des charpentiers, celui qui est
mobile.
Biquetonner (Auv.). — Syn. de Bionner.
Mettre bas, en parlant de la chèvre. || Etre
long à faire une mauvaise besogne. On a fait
biquetonnier. (Seg., Men.)
Biquetouncr (Tlm., Lg.), v. n. — Syn. de
Biquelonner. Bionner, Béquoter.
Biquette (Ag.), s. f. — Jeu d'enfants. — Au
jeu de billes. Le joueur, à partir du heu où est
placée sa bille, fait, de la main gauche, un
empan, distance entre l'extrémité du pouce et
celle du petit doigt, écartés le plus possible.
Puis, ramenant le pouce à la place du petit
doigt, il prend, cette fois, l'intervalle entre le
pouce et l'index écartés. Alors, il place la
main droite, où se trouve la bille à jouer. —
La première phalange du pouce étant main-
tenue par les trois derniers doigts repliés, la
bille se trouve placée sur la jointure du
pouce et sous la première phalange de
l'index. C'est le pouce qui, faisant ressort,
doit chasser la bille ; et il ne faut pas poigner
(Cf. zôgner), c.-à-d. donner du poing une
saccade en lançant la bille, mais détendre le
pouce sans remuer le poignet. — Voir :
Poquer, Bouliner, Eéder, Poigner.
Ef. — La main, dans ses mouvements pour se
placer, imite la démarche d'une bique?
Biqiiiard (Lrm.i, s. m. — Celui qui biquie.
Biquier i (Lrm.), v. a. — Ajuster, regarder
attentivement en fermant un œil. -Sens péjo-
ratif. Se dit de ceux qui ont une mauvaise vue
-H qui ferment à demi les yeux eu regardant,
— ou encore de ceux qui louchent. — Pour
Bider, avec prononciation spéciale de cl.
Biquier - (Sa., Tlm.), s. m. — Petit valet de
ferme. Syn. de Biquart. — Du franc. Bique, —
parce que ces gamins gardaient autrefois les
biques.
Biquot (Lg.), s. m. — Biquet. Syn. de
Béquot, Biquereau, Biqueton.
Bire (Auv.), s. f. — Anesse, bourrique.
Birebarrelauc (Mj.), s. m. — Bariolage.
Birre poui'rjiit prendre deux r.
Birebarreler (Mj.), v. a. — Barioler, rayer,
zébi-er. Syn. de Barrificoter, Barreloter,
Birebarrer.
Et. — Pour : Billebarrer : de bille (barre, raie) et
barrer. Un habillement billebarré. — Voir D. C. à
Birratus, sous Birrus, dont il dérive.
Birebarrelures (^Ij.), s. f. pi. — Bariolage,
rayures, zébrui'vS.
Biret'. ette (Mj., Lg.), adj. quai. — Her-
maphrodite. Il Impuissant, impropre à la
génération, à la reproduction. Se dit des
plantes, des animaux et de l'homme. Syn. de
Mule, Mulet, Variai. \\ Double, géminé, e^.
parlant d'un fruit monstrueux.
104
BIRETTE — BISE-GALERNE
Et. — Dér. de Bire, pris au sens de mulet. — Cf.
dans Jaub., Bret, qui n'a qu'un testicule.
Biretfe, s. f. — Pomme de terre femelle,
sans germes. H Espèce d'instrument aratoire
qui sert à l'ensemencement du lin et du
chanvre. (Mén.) || Nous appelons en Anjou :
hirette, la cale des quais. (Ménage.)
Iliringue (Lg.), s. f. — Mauvaise bête. Syn.
de Bigne, Bringue. A rapprocher de Birogue,
Biroquin.
Biritte (Lg.). — Gros crachat muqueux et
dégoûtant. Syn. de : Caraillas, Calot, Mor-
vias.
Birogue (Mj.) s. f. Pécore, rosse. Ce mot
injurieux, mais dépourvu de sens précis,
s'applique aux personnes et aux animaux.
Ex. : A n'affilera pas, tiens, ceté grande
birogue-lk.
Et. — Il est probable que ce mot signifie bour-
rique, et se rattache à Bire, Birot.
Biroillé (biro-illé), ée (Sp.), adj. quai. — Se
dit des yeux rougis ou ternis par les larmes, t!
Mj. — Chassieux. Syn. de Besilloux, Ebesillé,
Ehiroillé, Bidroilloux.
Et. — Cette dernière acception est le sens étymo-
logique. En effet, ce mot est pour : Beurre-œillé,
ainsi que le prouve la loc. longeronnaise : Avoir. du
beurre aux yeux.
Biroiller (Sp.), v. a. — Regarder, lorgner
avec insolence ou indiscrétion. V. Bicler,
Ecornifler, Bignoler, dont il est le doublet.
Et. — Bireuil, louche, qui regarde de travers.
Du vx fr. Birer, tourner. Lat. virare?
Biroillon (Lg.). Pron. biro-illon, s. m. —
Orgelet, compère-loriot. Syn. de Bourguignon,
Hardillon, Grain d'orge, Parpillon.
Et. — De : biroiller. N. C'est probablement par
une confusion voulue et maligne avec ce mot qu'on
a appliqué au bobo susdit le nom de Bourguignon.
Cf. Limousin.
Birolé (Mj.), adj. quai. — Bariolé.
Biroque (Sal.), s. f. — Mauvaise femme,
coquine. V. Birogue.
Biroquin (Mj.), s. m. — Rosse, haridelle.
Syn. de Carcan. Dimin. de Birogue.
Birot» « (Auv., Bg.), s. m. — Ane, bour-
rique. De Bire.
Birou (Mj.), s. m. ou adj. quai. — Bigre,
diable. Ex. : Ça, birou ! je peux pas en venir
au-dessus. — Forme atténuée de Bigre, atté-
nué lui-même de Bougre. V. Garou.
N. — Ne s'emploie guère que dans des exclama-
tions de ce genre : « Ah ! queun birou ! — ah !
bigre ! »
Birouiller (Cho.). — ■ Commencer à entre-
voir, — quand on a eu une maladie des yeux.
Doublet de Biroiller.
Biroux s. m.. — Homme ayant les yeux
tournés.
Et. — Bis-ojo, louche, double œil. (Litt.)
Bis> Ber. Bes, Bre. Bar.. — Particule à sens
péjoratif, qui en fait un syn. de mal. — Bis a
aussi le sens de : deux fois. Ex. : Beluette, anc.
Besluette, berluette, mauvaise petite lumière
par extension, étincelle.
Bis ^ — e (Ec). — Couleur jaune sale
Canard bis, cane bise.
Bisaiguë (Mj.), s. f. — Besaiguë.
Bisbise (Mj., Lg.), s. f. — Bisbille, diffi-
culté. Syn. de Chahail. Corr. du mot fr.
Biscaïen, s. m. — Grosse bille en marbre,
ou : tac. Syn. de Boulet.
Biscaut, s. m. — Ce nom se donnait aux
prêtres qui disaient deux messes de suite, en
Anjou, d'après Claude Robin. (Mén.)
N. — « C'est s'exprimer mal que de dire : Ce
prêtre fait le bis, notre vicaire a le bis : il faut dire
Ce prêtre bine, a la permission de biner. (Litt. )
Biscien (Mj.), s. m. — Petit brochet.
Biscornière (en) (Mj.), loc. adv. et adj. —
De forme anguleuse. j| Tout de travers, irré-
gulier, biscornu.
Et. — C'est le fr. Cornière, avec le préf. Bis, qui
y ajoute une nuance péjorative.
Bise (Mj.), s. f. — Le Nord-Est. Ex. : Il fait
du grand vent de bise ; le vent s'est tourné
dans la bise. Cf. Galarne, Bas-galarne, Sou-
lère. Il Adj. quai. — Qui vient du N.-E. Ex. :
Le vent est bise.
Et. — Plusieurs étymologistes le font venir de:
bis noir (pain bis). — Hist. :
• — « Or puis-je bien le gros èis esmyer.
Car j'av mangé mon pain blanc le premier.
Crêtes-, p. 194. (L. C.)
— c; Bisium, de : bvsseum, couleur de coton. »
(D^ A. Bos.)
— « . . .Se les femmes blanches et bises
Hantent voulentiers les Eglises,
Rebocrs de Mathiolus (?)
Après tous deux se tint franchise
Qui ne fut ne brune, ne bise.
. de la Rose.
— «... M"a Diex donné, li rois de gloire
Et povre rente
Et froit au cul quand bise vente.
(RuTEBŒUF, Le dis de la grieche d'ijver. I, p. 95.)
— « . . . Ah ! prélat de Sainte Yglise
Qui i)or garder les cors de bise
Ne volez aller aus matines.
(Id., Complainte d'Outre-mer, I, 95.)
— « De bis, chose contraire, mauvaise, fausse ;
d'où bisa, dans bise, vent froid, mauvais. —
Malv.
Biseau., s. m. — Ganche. Nom vulgaire de
qqs rvpéracées, à cause des feuilles dures.
(MÉN.)
Bise-galerne. — Yeux qui louchent de
façon excentrique. — Et, par extension :
Droite, gauche.
Hist. — Quand le soudard. . . finissait par ren-
contrer le regard de la mignonne drapière. celle-ci,
se détournant tout aussitôt.,., rencontrait de
suite l'œil du robin qui. inévitablement, bâillait aux
grues de l'autre côté, car si l'un était en bise,
l'autre se trouvait en galerne. (Hist. du vx temps,
p. 389.)
BISER - BLAGUER
105
Biser (Mj.), v. a. — Baiser, embrasser sur
les joues. Ai se prononce comme i. Va biser
tantine. Cf. Biger. — || By. Biser en curé, —
approcher joue contre joue.
Et. — Biser et Biger sont probablement des déri-
vés directs du lat. Basiare. Ils seraient donc des
doublets et non des corrupt. du fr. Baiser. Tous
deux s'emploient uniquement et exclusivement
dans le sens indiqué ci-dessus, et jamais dans les
acceptions données à Baiser.
Hist. — « L'histoire finie, il faisait embrasser
l'arme à son jeune pensionnaire en lui disant :
« Bise tchiô fusil, man p'tit gâs ! hise-\e !. . . t'en
verras jamais de sa force ! » — (H. Bourgeois,
p. 32.)
Biset, s. f. — Jeune fille brune. Vf. Bis,
pour : pain noir.
Et. — Lat. Bisetus, D. C. — « Bisette, comme
Brunette. se disait des femmes au teint brun. »
(L. C.)
Bisot. s m. — Bœuf à robe jaune-noir. V.
Biset.
Bisqiiaut (Mj., Lg., Ssl.), adj. verb. —
Vexant, contrariant.
Bisque-en-coin. — Z. 137. — Sans ordre,
sans régularité. Un appartement meublé de
bisque-en-coin. V. Bique, Bistencoin.
Bissacbée (Mj.), s. f. — Le contenu d'un
bissac. — Le fr. emploie : sachée.
Bisset (Sal.). — Bissexte. Année du bisset,
— bissextile.
Bissêtre (Lg.i, s. m. — Animal imaginaire
qui est le même que le Couard, le Dalut, la
Darue ou Dérue, le Tarin. N. Aujourd'hui,
au Lg., on ne dit plus guère que le Couard. En
me signalant ce vieux mot, on m'a fait cette
remarque très intéressante que les anciens
établissaient toujours une corrélation entre
le Bissêtre et les années bissextiles. Enten-
daient-ils que, dans ces années surtout, le Bi-
sêtre apparaissait, ou qu'il se montrait le
jour supplémentaire de février? On n'a pu
me préciser ce point. Mais, d'après cela, le
mot Bissêtre est le doublet de Bissextile. —
\'. LiTTRÉ.
Bistaud (Ag.), s. m. — Petit commis de
magasin, — saute-ruisseau.
Bistencoin (Ag.). — De bistencoin, ou de
Bique en coin ; dans une disposition gênante.
Ex. : Il a rangé sa charte devant la porte, tout
de bistencoin, on ne peut passer.
Et. — « De bic en coin, de biais. Au lieu d'écrire
dret i va de bic en coin du papier, — d'un angle à
l'autre. » (Dott.) — La partie. Bis est péjorative.
— « Biscois, adj. des deux genres. De travers, ce
qui n'est pas droit ; couture, ourlet biscois. bis-
quais, ou qui va en bisquois. On dit d'une personne
qui parle mal sa langue qu'elle parle biscois. Tout
biscois. » — Un chemin en zigzag est un chemin
tout biscois. Du celtiq. biskellek, biscornu, irré-
gulier.
Bistolirner (Mj.), v. a. — Brouiller les
idées, rendre fou à moitié, tourner la cervelle.
«-• Bis, préf. péjor.
Bistri (By., Z. 14.5), s. m. — Bagage. Syn.
de Baluchon, Bion.
Bistro (Ag.). — Mot plutôt d'argot. Auber-
giste, patron de café, cabaretier, débitant.
Syn. de Mastroquet, Mannezingue.
Et. — Corr. de Mastro, abrév. de Mastroquet.
Bistrou. — Syn. de Bicdrd. V. Bitrou.
Bistrouilie (Mj.), s. f. — Brouille, dilTiculté,
bisbille. Ex. : Ils ne s'entendent guère ; illy a
de la bistrouilie. Syn. de Bisbise, Chahail.
Bistrouiller, v. a. — Embrouiller, faire
perdre le fil de ses idées.
Bitoire (Sp., Mj.), s. f. — Braguette. V.
Pisseton.
Bitrou (Seg.). — Petit gardeur de vaches. ||
(Lue) Homme laid et sale. — V. Bistrou. ||
Po. — Biquart et Bitrou signifient : gardeur
de vaches ; mais biquart est l'expression
lamilière, commune. Ex. : Mon frère aîné est
pitaud ; le jeune est biquart ou bitrou.
Bitumer (Mj.), v. a. — V. Bétumer.
Biture (Mj.), s. f. Dose de boisson plus que
suffisante. S'emploie dans la loc. : Prendre
eine biture, — s'enivrer, être très ivre. Syn.
de Soûlée, Tripée, Cuvée, Pistache, Soulaison,
Cuite, Cuisine, Muffée, Nuée, Culotte, Bardée.
— Nous sommes en Anjou ! |i Fu. — Même
sens ; plus : Grande quantité, en général. Ex. :
à la pêche : J 'avons pris du gardon en masse, i
y en avait une biture.
Et. — Darmesteter en donne une explication
plus ingénieuse que probante. « Dér. du v. bitter, —
fixer le câble de l'ancre sur la tête de la bitte, — et
la bitte c'est l'avant du navire où se trouve une
pièce sur laquelle s'enroulent et s'amarrent les
câbles. » — Je prends biture, c.-à-d. j'allonge le
câble sur le pont, autant qu'il m'en faut. — Au fig.
et trivial : Prendre, se donner une biture de qqch.,
s'en donner tout son soûl. — Malvezi^ rejette cette
explication et propose la rac. celtiq. Biv, être,
vivre, — forme étendue de bi ; d'où bidoche, viande,
formé avec la même finale que dans brioche, pioche,
taloche, — et biture, repas copieux.
Bivaquer (Mj., Lg.), v. n. — Errer.
Et. — C'est le mot fr. pris dans un sens spécial,
avec prononc. modifiée.
Bizarre (Mj., Lg.), adj. quai. — Très va-
riable. Se dit surtout du jeu. N. Pas d'autre
sens.
Bizieuv. — \'. Canard.
Bjite, interj. — Psit ! Pour appeler qqn.
Blague (Mj.), s. f. — Avoir la blague, —
avoir le droit de plaisanter qqn, en le battant
au jeu, par ex. Ij Entendre la blague, — la
plaisanterie, sans se fâcher. || Blague dans le
coin, — sans plaisanterie ; ou : hors de blague.
Et. — La plaisanterie serait-elle comparée à une
blague i.'ide'i Horace emploie le mot : ampullas,
ampoules, dans le même sens. {Art. p. 97.)
Blajîuer (Mj., Lg.), v. a. — Dire, jaboter.
Ex. : Le monde ont blagué ça. || Plaisanter
qqn, — Ex, ; Ils l'ont ren blagué I — N;
106
BLAGUEUR - BLEU
Remarquer ce sens de ren, — rien que ça,
beaucoup. || V. n. — Plaisanter, dire des
fadaises, bavarder, mentir.
Blagueur, euse (Mj.), adj. quai, et s. —
Menteur. |1 Plaisant, qui aime à plaisanter. ||
Moqueur, goguenard.
BlagueuK, s. m. et adj. — V. Blagueur.
Biaicher.. — Parler de certaine façon.
Biaiser : prononcer ç pour ch, z pour j, t pour
k, etc.
Et. — Se rapporte à Bègue, lat. Blaesus. —
Biaise, prén. et nom d'homme, syn. de : bègue.
Blain, s. m., ou Belin. — Pour bélier. (Slm.)
(MÉ\.)
Blanc, adj. q. (Mj.) Nuit è/anc/ie, — sans som-
meil. Ex. : J'ai passé eine nuit blanche. \\
Chapelle blanche, — le lit. N. C'est surtout
dans la nuit de Noël que l'on envoie les
enfants dans la chapelle blanche. \\ Ne pas
être blanc, — être dans une mauvaise situa-
tion.
Blanchard (Mj., Lg.), adj. quai. — Blan-
châtre.
Blancheronné. — Schiste pyriteux dans les
mines, s'efTleurit à l'air, forme argile blan-
châtre. (MÉN.)
Blanchir (Mj.), v. a. et n. — Ecorcer et
commencer à équarrir une pièce de bois. ||
Hache à blanchir, — très lourde et à long
manche, qui sert à cet objet. — V. Pigrolier.
Blanehlrie (Tlm.), s. f. — Blanchisserie,
usine de lilanchissage des toiles et mouchoirs.
Blanchissure (Mj.), s. f. — Blanchissage,
action de blanchir. Ex. : Ton mouchoir a ben
gangné sa blanchissure. Cf. Forbissure.
Blanco, s. m. — Quartz blanc formant des
taches dans le schiste ; on le nomme aussi :
lampr'njes, mouches. (Tr. — Mén.)
Blancs, s. m. — En 1830, les Blancs
étaient les paysans qui se battaient contre les
militaires, en Vendée, c.-à-d. contre les Bleus.
(MÉN.) — N. Ou en 1793. || Six-Wanc.s
valaient deux sous et demi ; monnaie.
Blanc-tendrillet (Mj.), s. m. — Sorte de
cépage blanc, de mauvase qualité et sujet à la
coulure.
Blanquette (Mj.), s. f. — Sorte de sauce qui
se compose d'une liaison de jaunes d'œufs et
du vinaigre. Sauce poulette. — Sens spécial.
Blar. — Espèce de prune. (Z. 128.) Cf.
B lourde.
Blatée, adj. et subst. — « Année de gelée,
année blatée », féconde en blé.
Et. — B. L. Bladum, blé.
Blavin (Bg.). — Mouchoir.
Et. — « Dimin. du vx mot : blave, bleu. Les
mouchoirs à carreaux bleus sont encore fort en
usage, surtout chez les priseurs. " (L. IjARChey.) —
« Blaveole. fleur ainsi appelée de sa couleur bleue.
Blavet est la même chose que Bluet. Ce mot
(ajoute MÉNAGE) signifie deux choses parmi nous :
la fleur appelée aubifoin et un petit livret couvert
de papier. Et, en ces deux significations, il vient du
mot bleu... Ces livres en furent appelés Biuets.
Cette sorte de papier et le papier jaune étaient fort
à la mode avant l'invention du papier marbré,
inventé il n'y a guère plus de soixante ans. Et,
comme dahs ce papier jaune et ce papier bleu on
imprima autrefois de méchants contes, nous avons
dit de là des contes bleus et des contes jaunes, pour
dire : de méchants contes. (Ménage.) — « Blava,
pierre bleue que les Gaulois appellent ardoise et
qui sert à couvrir les maisons. — • Du germ. blaw,
bleu. — « Blave, comme bloi, dont il n'est proba-
blement que le fémin., — bleu, blême, pâle, ver-
dâtre ; bleuâtre ; blond ; clair ; n'exprime pas une
couleur bien décise. (D' A. Bos.)
Blé, s. m. — Seigle (Mj., Lue)., A Mj. on ne
donne pas d'autre nom à cette céréale et le blé
est exclusivement désigné sous le nom de fro-
ment, ou forment. V. Seigle. \\ Fu.- — Id. —
Se prononce Bié. Il se coupe vert, comme
fourrage. — On l'appelle encore Grain.
J'avons de beau grain. — J'allons couper
noute grain. — Y a point de grain c'te
an-née.
Et. — Bladum. — Hist. « Quatre boisseaux de
bled, segle et quatre boisseaux avoine. » (Cousl.
(V Anjou, n, col. 75.) N. Les anciens prononçaient
Bié. '
q. — Rechigné, renfro-
Une figure blèche.
pas. — Hernieux,
. Blesser.
Blèche (Sar.), adj
gné, malcommode. -
Blessé, ée (Mj.), part,
sens exclusif de ce mot. \
Blesser (Mj.), v. a. — Donner une hernie,
Syn. de Etaiser. Sens spécial. || V. n. — Se
blesser, s'écorcher. Ex. : je blessais dans mes
souhers neurs (neui..,.
Bleu 1, e (Mj., Sp., Lg.), adj. quai. — Fig.
Abasourdi, décontenancé, confondu. Ex.:
J'en étais tout bleu, de voir ça. — On dit, à
Sp. : J'en bâillais tout bleu. \\ S. m. Bleu. Fig.
Passer au bleu, — disparaître, être subtilisé.
Ex. : Le bonhomme avait de l'argent, mais sa
domestique a ben su de la faire passer au
bleu. Il Faire voir bleu, — illusionner, faire des
tours de passe-passe, de magie blanche, de
physique amusante. || Gris-pommelé, en par-
lant d'un cheval, j! Envie bleue, — grande
envie. On dit aussi : envie rouge. |! Colère
bleue, — ou rouge, jj Peur bleue. || S. m. Légère
ecchymose, contusion, épanchement de sang
par suite d'une contusion accidentelle, d'un
coup de poing, d'un coup de pied. — Ec. Id.
N. — D'où vient le nom de Bleus donné qqf. aux
jeunes soldats? Est-ce une allusion à la blouse
bleue portée par la plupart des recrues (autrefois)
arrivant à la caserne? Leur donne-t-on ce nom à
cause de leur air ahuri, stupéfait, abasourdi (j'en
suis bleu)'! (Ce dernier sens est expliqué par une
allusion à la teinte que les sentiments excessifs
amènent sur les figures sanguines. Colère bleue.) —
Il paraîtrait que le sens de conscrit, donné à Bleu,
remonte à la Révolution, qui donna des habits
bleus aux volontaires. La vieille infanterie porta
des habits blancs jusqu'à la formation des demi-
brigades. (L, Lakchey, Suppl.)
BLEU - BOBELUCHE
107
Bleu ^ (Mj.), s. m. — Dieu. C'est une forme
atténuative employée dans les jurons. Nom
de bleu. \ . Dious, Gouet. Cf. Sacrebleu, Par-
bleu.
Bleus.
en 1830.
L'opposé de Blancs, en 1793 et
Bluet. Svn. de Bleu-
Bleu-bleu (Lg.).
velîe, BluveUe.
Bleuvette (Lg.), s. f. — Bluet. — Syn. de
Bleu-bleu. On dit aussi Bluvelte.
Bleuzir^ (Mj., Fu.), v. a. — Bleuir. V.
Noirzir. Svn. et d. de Bleudezir.
Un ver dans un fruit.
Il Un vieux, un vieil
Blin(Sa., Li.,Br.). -
Il Bélier. Pour : Belin.
homme (Craon).
Et. — Pour : bélier ; Balens. On disait Belin,
quand on voulait personnifier le mouton. — « Où
sont ceux de Thibaut Taignelet et de Regnault
Belin, qui dorment quand les autres paissent. »
(Rab.,P.,iv, 8.)DeM.
Blindé (Mj.), part, pas. — Très ivre. C'est
le mot français pris au fig. — Syn. de Plein,
Bond, etc. Se dit au Longeron.
Blineauv, s. m. (Sa.). — Petite pièce de
bois carrée qu'on place sous les jumelles d'un
pressoir, lorsque les blins ne suffisent pas
(MÉN.). V. Belineaux.
Bliner (Segr.. etc.), v. n. — Trembler de la
tête.
Et. Mieux, Beliner, agiter la tête comme un
mouton, un belin '^, blin.
Bloc (Mj.), s. m. — Salle de police. Ex. : Il
s'est fait f . . . quatre jours de bloc. Syn. de
Boîte. Pas d'autre sens. — On y est bloqué?
Blond (Fu.), adj. q. — N'est pas usité dans
le patois comme ancien mot, et la preuve
c'est que les cheveux blonds, les blés, tout ce
qui, en français, réclame cet adj. est autre-
ment désigné en patois. On dit : les blés sont
jaunes ; les cheveux sont filasse. Si l'adj. eût
existé en patois, il eût servi dans ces deux
cas, qui sont les plus importants de son
emploi.
Blonde (Mj., Lg.), s. f. — Maîtresse, belle.
Syn. de Bonne amie.
Auprès de ma blonde
Qu'il fait bon (ter) dormir.
Chanson pop.
Bloquer (Mj., Lg.), v. a. — Acheter ou
vendre en bloc. Ex.: Je illi ai bloqué tout
mon chambe (chanvre). Syn. de Bâcler.
Blote (Tlm.), s. f. — Espèce de prune. Ex. :
Ils avont ein grand preunier de blote. || Lg.
Espèce de petite prune sauvage à peine plus
grosse qu'une prunelle
Et. — Ce mot est probablement le même que le
montj. Blourde et que Blar, qui se dit, paraît-il,
vers Brissac.Z. 128.
Blotter une pièce de schiste. (Petit Cour-
rier du 15 octobre...) Blot veut dire bloc,
tac. Variante : bloquer, qui donne le sens.
Blou (Sp.), s. m. — S'emploie dans la loc. :
Faire le blou, — Bouder, montrer de la mau-
vaise humeur, ou cet abattement morose qui
annonce la maladie. Cf. Bouc, Choc.
Blouni ! (Mj.), interj. — Onomatopée
exprimant le bruit sourd d'une chute, d'un
choc, d'une détonation.
Bloume, s. f. — Blume, blonde ou Herbe
de Saint-Jean, noms vulg. du bouillon blanc.
(MÉN.). Verbascum thapsus. (Bat.).
Blourde (Mj.), s. f. — V. Blote. YieiWe espèce
de prune. Ex. : J'avons serré quatre boisseaux
de preunes de blourde. Cf Balourde, Jaub
Blouser (se), (Mj.), v réf. V. S'emblouser.
Blousette (Lg.), s. f. Sorte de blouse à cein-
ture analogue au blouson, mais à pans plus
longs. On n'en porte plus. Cf. Palette.
Blouson (Tlm., Lg. ), s. m. — Sorte de
blouse portant à la hauteur des reins de nom-
breux plis cousus à une bande de même étolTe
qui forme ceinture. — Tient à Bleuse, Blaude,
vx fr
BIu, e (Sp.), adj. quai. — Bleu. Le mot a
vieilli. C'est ce mot que l'angl. nous a em-
prunté. Blue. Très vieilli au Lg.
Bluâtre, adj. — Bleuâtre.
Blureau (Sh.). — Blaireau. — La pièce du
Blureau, lieu-dit. || La pièce oux (aux) Blu-
reau x.
Bluter. V. n. — Perdre la tête, devenir fou.
Z. 69. V. Beluter.
B'n aise, adj. — Bien aise. J'en se b'n aise.
Bobane (Ag., Sal.), adj. quai, et s. — Bêta,
niais. Fine grande bobane, fille bêtasse, grue,
point fine. Personne dont la causerie donne
l'ennui. Syn. de Bobée. — Mot très angevin. —
Il By. Id. — Bobiâs, Bobote. — bavarde sotte
et ennuyeuse. || Le masculin Boban existerait.
(Le Petit Choletais, — Propos de la Bonne
femme.) — Chose curieuse, le Russe a :
Bolvane, — nigaud, butor, mannequin.
(R. O.) Cf. Bougane, Bidaine.
Et. — Doit se rattacher à hautes, vx fr., bègue,
de balbus, d'où : baubeter, bauboyer. L'idée de
bégaiement conduit à celle de sottise.
Bobaner (Bg.). — Ennuyer en causant.
Bobé. ée (Mj.), adj. et s. — Grand niais,
sot ; abruti, ahuri. \'. Ebobi. Syn. de Eblé. ||
Lue. — Idiot.
Et. — Dans Fane, fr., nous trouvons : bobu, qui
veut dire nigaud. — Diez le tire du lat. balbus,
bègue, et. par ext. faible, sans intelligence. Balbus
a donné Baube, en vx fr. — Bobe appartient sans
doute à cette série. — « Bober, regarder qqn ou
qqch. avec étonnement, pendant longtemps, d'un
airstupide. »(0r.) C'est l'angl. Booby.
Bobêclion (Mj.), s. m. — Tête. S'emploie
dans la loi-. : Se monter le bobêchon, la tête.
Dimin. du fr. Bobèche.
Bobelucbe (Fu), s. f; — - Fétu de paille, brin
108
BOBI - BOEJEVERRE
d'herbe sèche, balle d'avoine ou de blé que le
vent emporte. Jamais Baheluche.
Bobi (grand). — (Sa.) Sot, nigaud. Ebauhi,
Bobé.
Bobilion, s. m. (Segr.) — Bonasse, bêta. ||
Bavard, rabâcheur. — V. Bohè, Bouhillon-
ner.
Hist. — MousKEs, parlant de Charles le Chauve,
dit :
D'une feme ki fu gentius
Avoit un fils ki fu soutius ;
Loeys li baubes ot non.
Et saciés k'il ot cest sornon
Pour cou k'il estoit baubeterre.
Mais il n'iert fos, ne abetere. »
Bohillonuer. Baiibillonner. — Radoter.
Cf. Boubillonner.
Bobine (Cho.) — Fig. — Figure, frimousse.
Se dit ironiquement. Ex. : Il a eine bonne
bobine. Syn. de Trombine, Trompette, Balle,
Binette.
Bobineur, euse (Lg.) — Celui ou celle qui
fait des bobines, de grosses fusées, pour le
tissage.
Bobotage (ou avec deux t), s. m. (Mj.). —
Commérage, caquetage, bavardage, caquets.
Syn. de Penassage.
Bobote (Mj.), adj. q. et s. — Cancanier,
caqueteur. — Presque toujours employé au
fém. if (Fu.) Commère jabote, jacasse, ba-
varde et sotte, vieille fdle inintelligente,
bigote et médisante — à idées étroites, par-
ticulièrement en religion. Ex. : Depis que le
vicaire est parti, toutes les bobottes en sont
comme-t-a n'en sont. Syn de Berdasse,
Berdo aille, Cacasse, Pétasse
Boboter (Mj.), v. n. — Caqueter, cancaner,
se livrer à des bavardages puérils, faire des
commérages. Forme adoucie de Papoter. Syn.
de Bacasser, Pétasser.
Et. — Onomat. très expressive. On entend le
bruit des lèvres agitées sans fin l'une contre
l'autre. A rapprocher de l'angl. to babble, même
sens.
Bocar {Mj., Fu.), s. m. — Bocal. Syn. et d.
de Boucal.
Bocqiiet. — \'x mot, s. m. Fer de pique ou
de lance.
Higt. — La dite lance doibt être de bois d'aulne,
que le sergent dudit célérier fournit et pareillement
du bocquel qui est au bout, avec une corde de
ficelle. . . » (Abbé Bretaudeau, p. 64.)
Bodan (Br.). — Un veau. — Cf. Bodin.
N. — '( Bodaut (dér. de bode, vache, génisse),
veau. (C'e Jaub.) — Bodot, petit veau. (Or.)
Bodanée (By.). — D'une bodanée, — brus-
quement. V. Bédée. .
Bode (Lrm., Mj., Fu, Lg., Sal.), s. f. —
Vache, et surtout : génisse. Syn. de Bodiche,
Tauriche, Nogeresse.
Et. — Le rapprochement avec le lat, bovem est
dimcilô.
Bodé (Lg.), adj. quai. — Se dit du lait que
la vache donne aussitôt après la mise-bas.
Lait bodé, — colostrum. Syn. de Moucheron,
Boucaud, Bougaud, Ouillaud.
Bodeau s,, m. — Veau. — N. Se dit à Mj.,
mais davantage dans la Varanne et à la
Jubaudière. Syn. de Bodin, Bodet, Noge,
Noget. — Dér. de Bode. \\ Fu. — Nom fami-
lier sous lequel on désigne la vache aux tout
petits enfants. Le cheval est un tutute, le
chien un tétét, tétais.
Bodée (de) (By.). — Brusquement. « Ce
qu'i fait, il le fait tout de bodée. D'où, peut-
être, bédanée, bodanée. « Pouvre enfant, il a
tombé d'une bodanée ! — On prononce sou-
vent : podanée. — V. Bédée.
Bodèle (Mj., Sal., Sh., Sp.), adj. q. — Oblique,
de travers. Chose irrégulière ; une assiette
bodèle (ou bodelle), qui n'est pas plane et ne
repose pas d'aplomb.
N. — Au jeu de boules, on appelle : bodelle la
boule qui, par l'usage, s'est un peu déformée.
Quand elle arrive au bout de sa course, elle ne
s'arrête pas franchement, mais oscille et recule ou
dévie (Pc).
Bodéler (Sal.), v. n. — Ne pas être d'aplomb.
Se dit surtout d'un objet rond ou cylindrique.
— bouteille, assiette.
Bodet. — A Cholet, un bodet est un petit
taureau. Lne bode, c'est une vache accom-
pagnée de son bodet, ou viau : « Ah ! le joli
petit Bodet ! » |! Sa., Lg., — id. — Syn. de
Bodin, Bodeau, Noget, Noge. |j Fu. \'eau, et
non pas seulement jeune veau. — On dit
seulement : du veau à la boucherie. — Quand
le bodet est plus grand, il devient taureau ou
bouvard, s'il est mâle, bode, ou taure, s'il est
femelle. — « Quel âge as-tu? — j'ai tous les
ans douze mois (moues) comm' les autres
bodets. » — « L'n bouvard de vallée », expres-
sion consacrée.
Bodicbe (Mj., Lg.), s. f. — Jeune génisse.
Syn. de Bode, Tauriche, Nogeresse, Tauruche.
Cf. P)Oudiche, Jaub.
Bodin (Mj., Gd., Br.). — Veau. Plus em-
ployé que son syn. Bodeau. Cf. Boudi, Jaub.
!| Brailler comme ein bodin, — pleurer comme
un veau. ] Jeune garçon un peu nigaud et
resté trop enfant pour son âge. Ex. : Regarde-
le donc brailler, ceté grand bodin-\k ! — Syn.
de Bodet, Bodeau, Noge, Noget. \\ Boiteux (Lé.)
Mén.
N. — Se rappeler les vers de La Fontaine :
« Tandis que ce nigaud, comme un évêque assis.
Fait le veau siir son âne et pense être bien sage. »
Il Fu. — Se dit pour : boudin, et non pour
veau, au moins communément. Cf. Bousine.
Bodiner (^Ij.), v. n. Vêler. Dér. de Bodin.
Bordre. — \'. Lège.
Boejevcrre. Tête-bêche. « Deux enfants
dans le même lit, l'un au pied l'autre à la tête.
Ex. : Nous coucherons les deux enfants dans
le même lit ; on les mettra boejeverre. —
BOERUAU - BOILLARD
109
V. Bèchei'ct. — Cf. Bouêchejarder. \\ Ec. —
C'est le Bécheverdé prononcé à la mode ange-
vine.
Boériiau (Ec), Gabriel. V. Amouré. (L'o
très bref.)
Boète. s. f. — Ce nom se donnait à un droit
à payer à l'entrée de la ville. (Privilèg. d' An-
gers. — Mén.) V. Boite des Trépassés.
Hist. — « Elle (la Confrérie du Saint-Sacrement),
ses revenus, son administration, sa caisse, dite
Boëte du Saint-Sacrement ou Grande Boëte.
(M. Bretaudeau, p. 402.) — Sens approchant.
Boette. Appât. — dont se servent les
pêcheurs de morue (et autres) — déformation
du mot anglais bait, appât. (Le Temps du
25 mars 1905.) — Employé par les pêcheurs
d'Angers.
Et. Hist. — Bête (bait), amorce, appât, de
l'island, bait, nourriture (Bayeux, Guernesey,
Jersey), d'où Bêter :
i( J'bêtais hier, d'un long brin d'verm
Un d'mes haims, au large d'Herm.
(Dict. franco-normand. — MoisY.)
Bœuf.. — Ce mot s'emploie souvent à Mj.,
Ec, Fu. comme une sorte d'adj. avec le sens
de : énorme, immense, très grand. Ex. :
J'avons ieu ein plaisir bœuf. N. A. Mj on fait
sentir l'f au sing., mais non au plur. ; à Tlm.,
c'est exactement le contraire.
N. — Noms de Bœufs. — Baladin, Bas-blancs,
Blond, Blondiau, Bouchard. Brun, Brunot, Caba-
ret, Chardounet, Compagnon, Eveillé, Fauviau,
Frisé, Fromentin, Labouroux, Marin, Marjolet,
Matelot, Merlet, Moureau, Noiraud, Pigeon, Réjoui,
Roussot, Taupe (Lg.) — Fu. — Apijon, Cholet,
Marichéou (maréchal), Mourâs, Nobiet (noblet),
Ombiet, Rondéou, Tartare, Verbiet, Vermoit (vers
moi?). On chante :
Les gars de la campagne
Sont sots comm' des pégniers ;
Sont pas comme kiaux des villes
Qui ou font san(s) ou d'mander.
Refrain
Ombiet, Verbiet,
Rondéou, Apigeon, Marichéou,
Tartare et Nobiet,
Moureau et Cholet,
Ah ! ah ! mes valets !...
Bœiifvillé (Mj.), s. m. — Bœuf promené
par la ville au son de la viole.
Hist. — ic Bœuf violé ou vielle. Jeu d'enfants qui
font promener un de leurs camarades orné de
rubans, à 1 imitation des bouchers d'Angers, qui
mènent par la ville un bœuf ainsi paré pendant les
jours gras. » (Ménage.) — • « Et, attendu que la
vache à notre cousin Bouzique est la plus grasse,
l'avons déclarée bœuf ville. » (Arrêté très connu
d'un ancien maire de Dun-le-Roy, Cher. — (Lap. )
Bogasse (Ec), s. f. — Ligne de fond emmê-
lée par une anguille de manière à former une
sorte d'étui, de bogue. — Bo se prononce Boé.
D'où Bogasser, Débogasser, Embogasser.
Bogasser (By.), v. n. — Action d'emmêler
une ligne.
Bograin. — On prononce : bougrain. Grain
recouvert de la bogue ou enveloppe non triée
(Sg.) non venté ou vanné. Syn. de Enchapt.
Boguet. — Vase en fer blanc servant à
remplir d'eau une barrique (Mén.). || Syn. du
fr. Bogue, cosse de légumineuses.
Boguille (Mj.), s. f. — Cosse de pois, de
haricot, pellicule de grain de raisin. i| Peau
qui forme l'enveloppe de la partie farineuse
de certaines graines, des haricots, par ex. :
Je vas purer les pois pour outer les boguilles.
Il Humeur chassieuse des yeux. (Segr. Mén.)
Boguille, eux, oux. — Personne qui a les
yeux chassieux. « Elle a les yeux boguilloux. »
— « Si on essuie de pareils yeux, on dit qu'on
ôte son luminaire. » (Mén.), Segré. Syn. de
Besilloux, Biroillé.
Boguineries (Ag.). — Choses insignifiantes.
Tout ça c'est des boguineries. Prononciat. de
Bodineries.
Bohalée (Lg.), s. f. — Rafale. Ex. : Il est
venu ine bohalée de vent qui a tôt égàplé les
pirons. Syn. de Bouillard, Haie, Bouhale.
Et. — Semble formé du montj. Haie, avec un
préf. Bo dont je ne vois pas l'origine. — Faut-il en
rapprocher le nom de La Bohalle, bourg très venté,
au bord de la Loire?
- Borné, bobia (Seg., Cso.).
adj. quai. — Boiteux. V.
Bolni, adj. q.
V. Bobé.
Boicasse (Mj.
Boicasser.
Boicasser (IMj.), v. n. — • Boiter légèrement.
V. Boiiouser. Pour Boitasser, de Boiter.
Boidre (Bv.), s. m. — • Faire du boidre. V.
Boille.
Boie-bec (Mj.), s. m.. — Syn. de Boie-
goule. Il Fu. Très employé. :| By. Prononc.
Boée-bec, pour Baye-bec, bée-bec. D'où :
Boéyer* : — R'garde-le donc comme i baye
(boée, boèye) la goule ! a-t-il l'ar bobiau
(bobiâ). V. le suivant.
Boie-goule (Mj.), s. m. — Celui qui tient la
bouche entr'ouverte, d'un air niais ou curieux.
Il Curieux, indiscret, badaud. — Syn. de
Boie-bec, Bâillaud, Bâille-bec, Gobe-chuchon,
Gobe-étron.
Et. — Boie est pour Bée. Formé du v. Boyer et
de Goule. — L'angl. a le mot Bayard, gobe
mouches.
Bolguet (Boguet). — Graine non tirée de
sa gaine. Z. 124.
Boilinge (bouée-linge) (Mj.), s. m. — Sorte
d'étofTe grossière, serge dont la chaîne n'est
pas croisée. || Fu. Prononc. Bouée-linge.
Droguet ; ne s'achète plus, donc ne s'emploie
plus qu'en parlant des choses et des gens d'il
y a 40 ans.
Boillard (PI.), adj. q. et s. m. — Qui a un
gros ventre, ventru. Syn. de Abeillaudé, Abé-
zardé, Bezard. N. Ce mot doit être le même
que le Boillard ou Boyard (tonneau) de Mj.
— Rappelle Mirabeau-Tonneau). || (Mj.)
Tine, sorte de tonneau dont un fond est
ouvert et qui, muni de deux anses, sert aux
maçons à porter de l'eau. — Dér. de Boille,
110
BOILLE - BOIS
Boille (PL, Mj., Ec), s. f. — Ventre, be-
daine. — Il Qqf. masc. — Le boille d'une
seine, — ventre ou poche que forme une
seine quand on Yessaive. \\ Ec. Quand dans
un filet, une senne surtout, une nappe, un
nappereau (tramail, trois-mailles, servant à
révoyer), par suite de la présence d'un corps
étranger, comme une petite branche, des
mailles se prennent, se mêlent, on dit que
l'engin fait boille, fait du boidre. V. Tramail,
\\ s. m. Bulle d'air qui vient crever à la surface
de l'eau. Faire un boille, se dit d'un poisson
qui laisse échapper une bulle d'air laquelle
vient crever à la surface, — ou qui fait un
remous violent de l'eau, sans sauter.
E. — V. Beille, dont ce mot n'est qu'un doublet
comme Aboille l'est de Abeille. — Un Abeillaud est
une guêpe, un frelon, ainsi dit de son gros ventre. —
L'angl. a Boil, furoncle, qui est le même mot.
Hist. — En Nivernais, Beuille ; une grosse
beuille. — Boille, viscères des animaux. — Ane.
dialecte normand : buille, buele. boels, boele — se
dit aussi de l'homme, d'où Eboiler. — Angl.
Bowels.
— « En airons-ju des vitailles
Quand i viendra l'mardi gras !
Sus les rignons, sus les bouailles
Veyoûs ! Y en a-t-i du gras !
{Dict. franco-normand. — Moisy )
V. à Beille la citation de G. C. Bûcher.
Boilobe (Mj.), (bouée-lo-be), s. f. — Plante.
V. Folk-Lore, m. Elle égarait ceux qui mar-
chaient dessus. Syn. de Herbe à la détourne,
H. tournante.
Boilobé. éc (-Alj.), adj. q. — Qui a marché
sur la Boilobe.
Boiras (Mj.), s. m. — Buvée, boisson pré-
parée pour les porcs. Dér. de Boire, subst.
Boire ' (Mj.), s. m. — Boisson préparée
pour les porcs. Mélange d'eau chaude, de son
ou de choux, de pommes de terre. C'est le
V. fr. employé comme nom. V. Boiras.
Boire ^ (Mj.), v. a. et n. — Faire eau, en
parlant d'un bateau. Ex. : Noutre fiitreau
boit comme un pénier. || Sp. Fig. Le soulé
boit, — le soleil est voilé, l'air étant chargé
de vapeurs condensées qui donnent à l'astre
un aspect blanchâtre et terne. C'est un signe
de pluie. || Fort de boire ! — difficile à croire.
A Mj. : fort de bois. |! Boire sus. . ., boire une
infusion ou une décoction de. Ex. : Faut
boire sus le fumeterre || Boire sus le cotillon,
— se faire payer à boire par les galants de
ses filles. — Il Y a à boire et à manger, — il y
a de tout là dedans.
Conjugaison :
Ind. prés. — Je bois..., je boivons, ou je bu-
vons ; V. boivez ou v. buvez ; ils boivent ou ils
buvent.
Imparf. — Je boivais ou je buvais, etc.
Impérat. — Bois, boivons, boivez.
Subj. prés. — Que je boive ou que je buve, etc.
Au Lg. : Que je boije, etc.
Part, prés. — Boivant ou buvant. (Pour Mont-
jean.)
Dans le Choletais et à St- Augustin, la 3« pers. du
plur. du prés, indic. est! ils boivent ou : ils buvont.
Subj. — Que je boije..., que je boijions, que
vous boijiez, qu'ils boijiont, ou boijiant.
Et. — Du L. bibere. — Hist. « Les mouvements
que fait la langue musculeuse, lorsque le boire
dessus coule. » (Rab., P., v, 43, 572.)
Boire'' (bouée-re) (Mj.), s. f. — Sorte de
petit lac ou lagune formé dans une vallée par
î'afTouillement des terres que le flot d'eau,
provenant de la rupture d'une levée a empor-
tées au loin. || Petit bras de Loire, souvent
fermé en amont par des terres d'alluvion.
— On dit aussi Boireau, pour : petite boire.
— X. Tels sont- les sens exacts de ce mot que
le fr. a emprunté à notre patois, et que beau-
coup d'auteurs emploient sans le bien com-
prendre. — Il Trou servant d'abreuvoir (Sal.,
Lue). Il Fossé séparant les prairies qui bordent
les rivières. (Segr. Mén.). — Exemple : La
Boire de Juigné. La Boire d'Anjou. V. Folk-
Lore, XI a.
Et. — B. L. Borna, creux plein d'eau. De la
même famille que le provenç. Bouiro, bief de mou-
lin.
Hist. — « Accord entre les moines de Saint-
Maur et ceux de Saint- Aubin sur la propriété d'une
boire dépendant de Saint-Rémy, « quamdam
herarn quœ currit per insulam quae dicitur Sancti
jVlauri (1110-1130). »//u'. .4rc/i., H, i, p. 63, col. 2. —
« L'Offîcial d'Angers notifie l'accord conclu au
sujet du pont sur la boire de Coutances, « facere et
tenere in bono statu pontem super bera pratorum
de Constances. » (1276. — Id. ibid., p. 144, col. 1.)
— « Chascun pes-cheur escenant sur la turcye
(levée) de la boyre doibt demander congé de ce
faire. » (1561. — Id., n, SuppL, p. 58, col. 2.) —
« Le tout renfermé entre le bras de la rivière de
Loire et la pescherie ou boire du Chapeau. » (1788.
Inv. Arch., G, p. 16, col. 2.) — Baronnie de Cha-
lonnes-sur-Loire. — La boire ou pêctierie de
Caillé... Temporel de l'évêché d'Angers en
1783. — A. h., m, 431. — « Lors pissa si copieuse-
ment que l'urine trancha le chemin aux pèlerins, et
furent contraincts passer la grande boyre. » (Rab.,
G.. I. 38. 75.)
Boirielion, s. m. — Un roitelet, un berrichon
(Li., Br.). !| Sal. Bouérichon. V. Bourrichon.
Boirie (Mj.), s. f. — Action de boire. Ex. :
Queune boirie que n'on fait par ceté chaud-là !
Bois (Mj.), s. m. — Fig. Bien porter son
bois, être bien conservé. On dit d'un vieillard
encore vert et alerte. Il porte ben son bois.
V. Déroger. \\ Fort de bois, — incroyable,
invraisemblable ; raide, sévère ; difficile à
admettre ou à excuser. Cf. Boire-. Syn. de
Violent. \\ Etre du bois dont on fait les flûtes,
— se plier à tout, n'avoir pas de volonté. On
dit, dans le même sens : dont on fait les
vielles (Lg.). || A La Varenne, on donne ce
nom aux principales cartes du jeu de Trois-
sept. Syn. de Boises, Bûches. || Faire deux
bois (Lg.). Se dit d'une cheville qui, au lieu
de pénétrer dans le trou qui lui est destiné,
s'engage dans l'interstice du tenon et de la
mortaise. La chose arrive quand la chevifle
a trop de tire. Langue des charpentiers. || Fu.
Petit morceau de bois. « Va donc me qu'ri
un bois que je fasse eine chuille.
BOIS-BLANC - BOITAS
111
Bois-blanc, s. m. — Nom générique de tous
les arbres à tissu tendre et léger ; saule, peu-
plier, tremble.
Bois-de-chien, s. m. — Nom vulgaire du
Cornouiller à rameaux rouges et fruits noirs
violet. (Mén.) Cornus sanguinea. (Bat.).
Bois-doux s. m. (Mj.). — Réglisse.
Bois-de-rime (Lg.), s. m. — Douce-amère.
Et. — Ainsi nommé, probablement, parce que
fréquemment la plante tapisse les barges de fagots.
V. Rime.
Bois-de-traits (Lg.), s. m. — Palonnier. Syn.
de Bat-cul
Boise (bouè-ze), s. f. (Mj., Sal.). — Arête
de poisson. Syn. de Balle, Borde (Sp.). || Lg.
Grain de poussière, fétu léger. Ex. : J'ai eine
boise dans mon zyeux. Au Lg. — J'fi ine
boise dans n'in zyeux. — Un enfant qui a
envie de dormir dit : La boune femme me
fout des boises dans les yeux. (Syn. de Bour-
rier et Babeluche), Tlm., même sens. || Farce,
plaisanterie , gaudriole. Ex. : Il tourne tout
en boises. || Au jeu d'Aluettes, ce sont les
quatre cartes qui se suivent comme valeur,
les cartes dites d'aluette. Ce sont donc : le
grand et le petit neuf ; le deux de chêne et le
deux d'écrit. On les appelle aussi Doubles as.
Il Au jeu de Trois-sept, on emploie également
ce nom de Boises pour désigner les cartes
marquantes ; mais on les désigne aussi sous
le nom de Bois, ou Bûches.
Et. — Du fr. Bois. Le même que le Boise de Mj.,
mais dans un autre sens. — V. plus haut.
Boisie (Tlm., Lg.), s. f. — Bési, petite poire
demi-sauvage. Syn. et d. de Besie.
Et. — P.-ê. du mot : bois. La boisie serait la poire
des bois.
Boisiier (Tlm.), s. m. — Poirier demi-
sauvage qui donne des boisies ou besis. Syn.
de Besiquier, Foirasse, Poirassier. Cf. Cassiier.
de Cassis.
Bois-punais,
(MÉN.).
m.
V. Bois-de-chien
m. — Id. (MÉN.), Bat.
iluettes. Moyenne carte à ce
Bois-sanguin, s
B Disse.. — V. u
jeu. Il y a des petites et des grandes baisses
(P. Eudel). V. Boise. ■
Boisseau, s. m. — Chasser au boisseau, ou
Pannetonner (Mén.). — \\ Mj. Double déca-
litre. Syn. de Double. \\ Mesurer à son bois-
seau, — apprécier à sa propre mesure. —
Et. douteuse. || V. Boissiâ au F.. Lore, ii.
Boisselée, s. f. — Unité de mesure agraire.
A Mj., la boisselée est de 15 à l'hectare, soit
de 6 ares, 66 centiares. — A Sp., il y a deux
boisselées ; la grande boisselée, dite aussi :
ancienne boisselée, de 12 à l'hectare, soit do
8 ares 33 cent., et la petite boisselée, dite
aussi, probablement delà manière de la mesu-
rer, boisselée à la chaîne, de 18 à l'hectare,
soit de 5 ares, 55 cent. On se sert indifférem-
ment de l'une ou de l'autre. A Auverse, il y
a aussi deux boisselées en usage ; la grande,
de 10 à l'hectare, soit de 10 ares, et la petite
qui est la même qu'à Montj.; seulement cette
dernière est peu usitée. || Au Long., la bois-
selée est de 10 ares. || A Brissac, 6 ares 60 c.
Il A Doué, 4 ares 40 c. — On voit que cette
valour est très variable, même autour d'An-
gers, comme celle de l'arpent, du journal
(journau).
Et. — Primitivement, ce qu'on peut ensemencer
avec un boisseau. — « Boesserép. Mesure de terre
qui produit ou rend au propriétaire ou seigneur un
boisseau de grain. Boicellus. » D. C. — Hist. « Je
n'avé pu qu'une ouche de 14 boicelées, fermée de
murailles. » (A. d'AubignÉ, Baron de Fœneste.)
Boisselle, s. f. — Autrefois Bussel, instru-
ment de pêche ayant quelque rapport avec le
boisseau. — On dit Bosselle.
Et. — Boicellus, Bocella. D. C. — Hist. <( Pour-
ront adjoindre boussel d'osier du moule que entre
deux verges l'en pui.sse partout bouter le petit doit,
tant comme l'ongle se porte. » — « Un bateau
d'osier nommé Bousseau, ouquel avoit certaine
quantité de poisson. » D. C.
Boisséou (Fu.), s. m. — Boisseau. — Est
maintenant syn. dédouble-décalitre. « Pochée
de six boisséou {x) », individu grognon et
nice. Nice-poche. « Il est nice comme eine
pochée. »
Boisson - (Sp.), s. m. — Bois d'une faible
étendue. || Tf., Lg. — Buisson. || Cf. Nom
de famille.
Et. — De buis, buisson? — Hist .:
— « L'escu ne fu mie de tranble. . .
Ne de boisson estoit-il mie,
Ainz fu faiz d'un os d'olifant »
— « Aussi pris comme lièvre en boisson. » L. C.
Boisson 1 (Mj., Sal.), s. f. — Piquette qui
s'obtient par la macération et la fermenta-
tion de certains fruits sauvages, notamment
les prunelles, les pommes et poires sauvages,
les cormes, etc., ou avec le marc de la vendange,
dans de l'eau. || Se boissonner ; boi -e avec
excès, s'enivrer. (Gxhll.)
Hist. — « Duabus pipis vini et una pipa de
boisson, seu brevatge. (Texte du AT" s., cité par
D. C. V" Beuvenda.)
Boisu (Mj.), adj. q. — Boisé. || Ligneux,
boiseux.
Boisure (Mj.), s. f. — Boiseries, revête-
ment en bois, lambris. || Fu. Emboisure.
Hist. — « Avec le couvercle, la ferrure, le tapis,
la boessure, le cadre doré. » (1734. — Inv. arch. S.
s., E, p. 161, col. 2, haut.) — « J'ai fait commencer
le lambris et boisure du costé du Midi. » {1762. Id.,
E, n, p. 268, col. 2.)
Boitas (Mj.), s. m. — Pièce de bois que les
mariniers arcboutent à l'angle inférieur de la
voile, au point d'attache de Yécouie, pour
faire prendre le vent.
N. — On cite encore ce couplet d'une vieille chan-
son de marinier :
Allonge l'écoute, pèse la marne,
Prends Ion boitas de galarne,
Boute bas le brai.
Porte la bouline à l'étai*
112
BOITE — BOMBE
Boite (partout), s. f. — Boisson (Oi très
bref). Ce mot est français. Z. 171 (Ec).
Pron. Boéto. || Adj. quai. — Un peu ivre. —
Qqf. boisson faite avec le marc de la vendange
mouillé d'eau ; — une deuxième cuvée que
Ton sucre. — Mais à Vihiers, ^lartigné, etc.,
c'est du vin d'abondance, provenant d?
cépages Othello, Folles-Blanches, Gros-Plant,
de 4, 5, 6 degrés, 7 en 1904, produisant beau-
coup. Vin de ménage. Ce n'est pas non plus
iz Rouget. Il Fu. Id., et Ivrognerie. « Il est
mort par la boite. »
Et. — De : boire. — « On disait : boitte du ciel,
pour nectar : « Quel vin est cecy? De quel vignoble
est-il? Est-il corse? Est-il grec? Est la boitte du
ciel. » (Merlin Coccaie. — L. C.) — « Leur boitte
fut en tirelarigots. vaisseaux beaux et antiques, et
rien ne burent, fors œlaiodes, breuvage assez mal
plaisant en mon goût ; mais en Lanternois, c'est
boitelàéiûque. » (Rab., P., v, 33 bis, 554.)
Boîte (Mj.), s. f. — Ironiquement Bouche,
Ex. : Fornie ta boite, — ferme la bouche,
tais-toi. Il Établissement du patron, atelier,
dans la langue des ouvriers. Cf. Bahut. \\
Maison, usine, collège. Ne se dit qu'en mau-
vaise part. Syn. de Turne. || Salle de police,
prison. — Syn. de Bloc, Clou, Ours, Hosteau.
Il a attrapé quatre jours de boite
Et. — B. L. buxida, poxides, d'où boiste, et
boistia, boissa. (Litt.) — ■ Lat. pop. buxta.
Darji. )
Boité (Chc).
de quenasse : y
jusqu'où genou ! »
Boîtée (Mj., Fu.), s. f. — Le contenu d'una
boîte. Cf. Verrée, Tassée, etc. Ex. : J'ai fait
partir la moitié d'eine boîtée d'allumettes pour
faire éprendre mon feu.
Boiter (se) (Mj.) v. réf. — S'enivrer se
pocharder. Syn. de se Cuiter. Dér. de Boite.
Boiter ^ (Mj. Sp. Lg.), v. a. — Munir d'une
boîte, ou douille d'essieu, le moyeu d'une
roue.
Boiter ^ (By., Zig. 185), v. a. — Frapper
avec un bâton, donner une volée de bois vert.
Prononc. Bo-âter. Syn. de Feurter, Scionner.
Et. — Dér. du fr. bois.
Boite-à-rac (Sp.), s. m. — Individu boiteux.
Boîtier (Sp., Lue), s. m. — Bûcheron, bo-
quillon. 1| Lg. — Boîtiers s. m. plur. — Fer-
miers habitant la région N. E. de la commune,
c'est-à-dire la région des bois défrichés. ||
Facteur boîtier qui lève les lettres déposées
dans les boîtes.
Hist. — « 1706, 21 juillet, sépulture de Michel
Briand, boîtier, décédé à la teste du bois où il tra-
vailloit. » (Inv. Arch., E, m, 326. c. L)
Boitoiiser (Mj., Lg., My.), v. n. — Boiter
légèrement. Dér. de Boitoux. Syn. de Boi-
casser, Bicaner. \\ Fu., id.
— Mouillé. « Oh ! la bougre
s'en sont tertous venus boites
Boitoiiserie (Lg.), s. f.
Boitouv, se (Mj., Lg., Fu.) adj
teux. V. Bouétoux.
Boiterie.
q. — Boi-
Boit-sans-soif (Mj.), s. m. — Ivrogne, bibe-
ron.
Boiturailler, v. a. — Boire avec excès. Syn.
de Bervocher. \\ By. — Expression très fré-
quemment usitée (comme la chose désignée),
boire et boire encore, pour le plaisir de boire.
— « Qu'ont-ils été faire à la foire? — Ren ;
ils n'y avaient qu'faire ; ils ont boituraillé
tout le temps et sont r'venus le soir brûlés.
C'est tout ce qu'i v ont vu »
Boiture, s. f. — Boisson. || Tan humide
placé dans un baril pour tanner les filets des
pêcheurs. (Mes.)
Hist. — Nous y ferons maie chère,
Puisque boisiure y est si chèrt.
(Villon, Grand Testament.
• « Mais las ! Phœbus a la barbe dorée
V^oyant d'enhaut que son eau voulois prendre
Pour en gouster, sans plus m'alla deffendre
Et prohyber le goust de la boyturc.
G.-C. Bûcher, Prolog., p. 77.
— ■ « François pf, visitant Angers, trouva sur son
passage une statue de Bacchus, en juin 1518 :
« Le dieu Bacchus, grand ami de nature,
A tous pions, vrais zélateurs de vins.
Fait assavoir qu'aux coteaux angevins
Il a trouvé la source de boisture.
jCité par Mén.)
Boivable (Mj.), adj. q. — Buvable.
Boivant (Mj.), part. pr. — Buvant.
Boiveux (Mj.), s. m. — Buveur. Ex. : Ein
boiveux de goutte, c'a bentout le corps brûlé
comme eine savate. — I] Fu. — A Saint-
Laurent-des-Autels : Beuveux ou Beveux.
« Y a trois (troué) beveux qui se sont neyés
dans ma fousse. '»
Boivons-ez (Mj.), v. a. — Buvons, buvez ;
1^ et 2'- pers. plur. indicat. et impérat. prés,
de Boire. On disait jadis : beuvons, beuvois,
q. V. beuviez, beuvant.
Hist. — Boivons les ondes sacrées
Consacrées
Au dieu qui nous poinct le C'i.cv.r.
— Du bon Rabelais qui boivoit
Toujours cependant qu'il vivoit.
(RoNSART, cité par Jaub. à Beuver).
Bole (Mj.), s. f. — Bol, coupe sans anse.
Doubl. du mot fr.
Bolée (Mj.), s. f. — Le contenu d'un bol.
Syn. de Moque.
Et. — Angl. Bowl, jatte, — p.-ê. du celt. gaél.;
bol, boil, coupe.
Bolièrc (Sal.), s. i. — Sorte d'oreille en
osier par où l'on accroche la portoire au bât.
— \ . Belière.
Bolin (Sal.), s. m. — Le pin.son. \". Bidon.
Bombe (Mj.), s. f. — Bombance, noce. On
dit : Faire la bombe, être en bombe, parti en
bombe. De là le mot fr. Bombance (à moins
que bombe n'en soit un diminutif.) — \'.
Brindezingue, Guinguette, Cigale, Berdin-
daine, Ragalage, Dévarine, Portemine, Riole,
Bambine.
BOMBE — BONIQUE
113
Et. douteuse. Raynouard tire Bombance du lat.
pompa. — DiEZ, de Bombus, bruit, fracas, dans le
sens de vanterie, bombicus se trouvant en efïet
avec le sens de : fastueux, d'où : faste, orgueil,
grand appareil, puis, dans le langage actuel, large
repas. — Hist. « Perrin Rewerdi appela ledit
Boullart... garçon bobencier et orgueilleux (1383).
— D. C.)
Bombé (Mj.), adj. q. — Bossu.
Bombine (Lg.), s. f. — Syn. de Bombe.
Bomule (Bg.). — Grosseur provenant d'un
coup de poing. Cf. Mobule.
Bon, bonue, adj. quai. — A Sp. le fémin.
estBoune\\(Mj.)s. m. Le bon, l'amande; en géné-
ral la partie bonne à manger d'un fruit. Un
bon de nozille aumière. (Fu.) || De bon, pour
de bon, sérieusement. || Pour tout de bo7i, —
très sérieusement. \\ A bon, agréablement.
Ne s'emploie que dans l'expression sentir à
bon, avoir une odeur agréable, sentir bon.
Ex. : Ceté bouquet là sent ben à bon. \\ Le bon
de l'eau, le courant principal, le chenal le plus
profond pour le passage d'un bateau. V. Tou-
tier, Coublage, Touille, Meilleur. \\ Bon à bon,
il faut être bon avec ceux qui sont bons. 1| Par
antiphrase : Ça pue bon, cela sent bon.
Hist. — « Bien la trouva-t-il, sentant à bon et
très bien parfumée. » (Brant., D. G.. 144, 38.)
Bonasserie (Mj.), s. f. — Bonté, doublée
d'une simplicité trop grande, poussée jusqu'à
la bêtise. Crédulité.
Bonassier (Mj.), adj. q. — Bonasse. Syn.
de Boniface.
Bonbou-uoir (Mj.), s. m. — Réglisse. Syn.
I de Beguélisse, Erguélisse.
Bon-chrétien (Poires de).
I Et. — Selon 'une opinion sérieusement accrédi-
! lée, ce nonijVient de François de Paule, dit : le^bon
' chrétien, qui apporta ces poires d'Italie en France.
; (SCHEL.)
i Bonde, s. f. (Fu.). — C'est le bouchon
! d'étoupe que l'on met au bout d'un morceau
de sureau vidé de sa moelle, pour faire une
flîite. V. Poussoué, Flûte.
Bondée (Lp.), s. f. — Bataille, combat,
échange de horions, raclée. Syn. de Bûcherie,
Pleumée, Flopée, Boustée, Epluchée. —
V. Bonder.
Bonder (Lp.), v. a. — Battre, gourmer.
rouer de coups. Syn. de Bouster, Frous-
ter, Lauder, Lâtrer, Flôper. \\ Donner un coup
de pied dans le derrière ; Attends un peu, je
vas te bonder !
\ Bondereau (Mj.), s. m. — Petite bonde,
[gros bouchon avec lequel on ferme le trou
I pratiqué au fond d'un fût pour y insérer la
! cannelle.
Bon-dit-on (Bz.), s. m. — Qui n'a pas
I d'opinion fixe et écoute volontiers les dit-on.
Pendant la période électorale, chacun émet
son avis ; un électeur, plus prudent, dit : Oh !
moi, je suis un bon-dit-on. — (Graphie
approchée.)
Bondrée (Mj.), s. f. — Personne replète
dondon. Ex. : Queune grousse bondrée que
ceté fumelle-là ! Syn. de Trouille.
Bondroille (Tlm.),. s. f. — Espèce de grosse
prune rouge à noyau adhérent, et de qualité
très inférieure. Ex. : J'avons mangé des bon-
droilles. (Prononc. bondro-ille.)
Bonfa, s. m. ou Bluet. V. Barbeau. (MÉx.)
Je trouve dans Bâtard : Bonnes femmes ;
Aquilegia vulgaris.
Bonhomme (Mj.), s. m. || Vieillard. ;t
Bonhomme de la leune, ou de la lune, homme
chargé d'un fagot d'épines, dont les gens de
nos campagnes croient découvrir la silhouette
sur le disque de la lune : c'est l'ombre des
montagnes du satellite. i| Genou, mot enfan-
tin. (I Partie du fond d'une bouteille de verre
qui fait saillie à l'intérieur. Ex. : Il l'a vidée
jusqu'au bonhomme. N. A Sp. on dit : Boun-
homme. || Lg. Sorte d'orchis. Syn. de Bon-
homme-grillé. \\ Gros nuage noir, cumulus. ||
Séneçon jacobée. Bat. || Crépide, Syn. de
Grimpard, Cochet. || Tlm. Boule que forme le
chapeau d'un champignon qui vient de sortir
de la terre avant son épanouissement ; par
analogie avec bonhomme (genou). Syn. de
Clônereau. N. Le plur. est Bonhommes et non
Bonshommes. Cf. Monsieurs. || Lue. — Les
bonhommes, les gens. « Allez qu'ri les bon-
hommes.
Et. — Il est à remarquer que les différents sens
énumérés plus haut s'enchaînent en une série abso-
lument logique. Les vieillards ont, ou sont censés
avoir cette bonhomie que donne l'expérience de la
vie. Ils sont chauves comme un genou, et c'est une
comparaison proverbiale. Enfin la saillie intérieure
d'une bouteille rappelle elle-même la forme du
genou. Il Le pat. norm. a Bouon n'homme, gros
nuage moutonneux.
Bonhomme-de-rivière, s. m. ou i\Ienthe
aquatique. V. Baume d'eau, ou marule blanc,
aussi : grand bonhomme. (Mén.) — Marrube
(Bat.)
Bonhomme-grillé (Lg.), s. m. — Espèce
d'orchis, assez semblable à la pentecoute (Ec.
Pentecôte), mais plus petit. Les feuilles ne
sont pas tachées de noir ; les fleurs, petites,
blanchâtres et tiquetées de noir sont très ser-
rées tout le long de la hampe. On l'appelle
aussi simplement : bonhomme.
Bouhommias. — Homme de peu d'impor-
tance.
Hist. — « Or, vien ça, petit bonhommiau. »
(Passion. — xv^, Darm.)
Boniface (Mj.), adj. q. — Candide, ingénu,
bonasse. Syn. de Bonassier.
Bonifacement (Mj.), adv. —Avec une sim-
plicité qui confine à la niaiserie. Ex. : Il a cru
ça doux comme du lait, tout bonifacement.
Boniquard, s. m. — ■ Vieux. V. Bonique.
(MÉN.)
Bonique, s. f. — Vieille. Terme faubou-
rien : Remouche donc la bonique », regarde
donc la vieille. (Mén.)
8
114
BON-JÉSUS — BORBE
Bon-Jésus (Lg., Fu.), s. m. — Statue ou
image de sainteté quelconque. || Faire bon-
Jésus, geste de prière, joindre les mains.
Bonjour (Mj.), s. m. — Visière d'une cas-
quette. Syn. de Lisière. \\ Interj. Bernique !
Ex. : Il crayait ben prendre la pie au nid ; oui,
mais, bonjour !
Bon- moyen. — Fortune, richesse. Il a bon
moyen de payer.
Bonne. — Se prononce : bon-ne, la pre-
mière syllabe très nasale, comme dans : bou-
der, et non bonne. — Mais non à Mj. (Z. 139.)
De même : une se prononce un-ne, et non
u-ne (Louroux-Béconnais.) — A Sp. et à
Tlm. Boune. || Servante. || Maîtresse, belle,
bonne amie. Ex. : Il va se promener avec sa
bonne. Syn. de Prétendue.
Bonne-amie (Mj.), s. f. — Maîtresse. Syn.
de Blonde. Ex. : Il est à voir sa bonne-amie.
Souvent on dit simplement : sa bonne.
Bonneda (Mj.), s. f. — Ne s'emploie que
dans la loc. A la bonneda, à la bonne-fran-
quette.
Et. — Cette locut. n'est autre que la loc. ital.
Alla buona, transportée toute vive dans notre
patois mj. et défigurée par la prononc. locale.
(R. O.) Je pensais, moi : A la bonne dame (la
Sainte Vierge). C'est l'idée du C'^ Jaub. — De
MoNTESSON : « Ds deux petits membres de phrase :
« il est tout à la bonne, da ! » on n'en aura fait
qu'un : « il est tout à la bonne da. »
N. — M. R. Onillon maintient son étym. :
« Lorsque je signale des rapprochements avec les
autres langues, je n'entends pas dire, en général,
que notre patois ait fait à ces langues des emprunts
directs. C'est même souvent le contraire, en parti-
culier pour l'anglais, qui doit à notre patois angevin
au moins une centaine de mots importés par les
Plantagenets et leur suite. A la cour de ces rois, on a
parlé le français (angevin) pendant deux siècles.
Mais il n'en est plus de même pour l'italien. Il
faut bien savoir que le comte René de Montjean
fut, sous François I", maréchal de France et gou-
verneur de Milan pendant de longues années. On
s'explique alors cette importation directe de locu-
tions et de mots italiens spécialement dans le patois
montj. — Et puis les ducs d'Anjou furent rois de
Sicile. (R. 0.)
Bonne-femme (Mj.). — Sage-femme (Les
Anglais disent : Good wife). || Lg. Petit tas
de foin à demi sec que l'on forme sur le pré
pour achever la dessiccation. La bonne-femme
est plus petite que la veille. Syn. de Beulot.
Cf. Bonhomme, gros nuage dont la forme rap-
pelle celle de ces tas de foin. H Bonnes-femmes.
Plantago lanceolata, herbe au charpentier ;
tige sèche et rugueuse. Herbe à cinq côtes,
tête noire, oreille de lièvre. Ces noms se
donnent aussi à l'ancolie vulgaire (Mén.).
Aquilegia vulgaris (Bat.).
Bonne-Louise (Mj.), s. f. — Ou Louise-
bonne, sorte de poire. H By. C'est Bonne
Louise d'Avranches.
Bonnéron (Fu.), s. m. — Pour Bonnet-
rond ; coiffe des femmes mariées ; opposé à
Coiffe à tuyaux. Mauvaise graphie.
Bonnes, adj. f. — Dans la loc. : Faut qu'i
seye dans ses bonnes ! s. ent., journées, il
faut qu'il soit bien disposé.
Bonnes-grâces, (Mj.)s. f. pi. — Dans les lits à
fange, on appelait ainsi deux rideaux placés
à la tête du lit et qui ne se repliaient pas.
Bonnet (Mj.), s. m. — Bonnet à trois pièces
— petit bonnet: d'enfant. || Prendi^e son B.
rouge, — rougir de confusion, de honte. Syn.
de Piquer un feu, un fard, ein soleil. | Prendre
sour son B., — imaginer, forger de toutes
pièces, inventer. || Avoir la tête près du B.,
— être capricieux, colère, emporté, violent. !|
B. à bouse (Lg ). C'est le petit bonnet à fond
plat, à brides pendantes, que le commerce a
partout répandu et que portent toutes les
bonnes et les jeunes ouvrières. Le nom fait
image. V. Bouse. || Sp. B. rond, coiffe à
tuyaux. Syn. de Volant. C'est le contraire
au Fu. V. Bonnéron.
Et. — « C'était certain drap dont on faisait des
chapeaux ou habillements de teste qui en ont re-
tenu le nom et qui ont été appelés bonnets, de même
que nous appelons d'ordinaire castors les chapeaux
qui sont faits du poil de cet animal. (M. de Case-
neuve. Cité par Ménage.) — Hist. « Un chapelet
de bonnet en sa tête. » (G. de Loeris.) Nom de
famille fréquent.
Bonnet-piqué (Mj.), s. m. — Sorte de
bonnet ou serre-tête de linge que les femmes
portaient autrefois sous la tavoyolle et qui a
même survécu assez longtemps à cette der-
nière.
N. — Le bonnet piqué enveloppait et cachait
complètement les cheveux, que les femmes, autre-
fois, auraient considéré comme une honte de laisser
voir, même sur le front.
Bonotte (Bg.), s. f. — Bonne femme.
Bon-sang (Mj., Fu.)., Interj. Juron atténué;
s. ent. de Dieu. On dit qqf. Bon-sang de la
vie ! — ou bon sens ! Indique le dépit. || Ec.
Id. V. Goué.
Bonsoir (Mj.), adv. et interj. — Va te faire
lanlaire ! Ex. : Je croyais avoir queuque
chouse, mais bonsoir ! || Bonsoir de la vie !
?>àcvé bonsoir ! Coquin de bonsoir ' Loc. mar-
quant le dépit, employées comme jurons
bénévoles, à cause de l'analogie avec Bon
Dious !
Bonté (Sp.), s. f. — De voutre bonté, de sa
bonté, bénévolement, gracieusement. Ex. :
Voudériez-vous, de voutre bonté, me douner
queuques feuilles de parsil? Formule de civi-
lité rustique des plus employées.
Boquet, s. m. — Pour : bousquet, tortu,
boiteux (Segr. Mén.).
Borbassou\, adj. (Segr.). — Couvert de
Borbe. (Mén.).
Borbe, s. f. (Segr.). Syn. de Boue. De là :
bourboux et bourbassoux.
Et. — Vx fr. borbe, xrP s. — Celtiq. berw, ou
borv (nom gaulois de Bourbon l'Archambault, à
cause des eaux qui y bouillonnent). La bourbe est
i
BORD — BORDERIE
115
donc, étymologiquement, une boue telle qu'on y
fait bouillir l'eau en la foulant. (Litt.) — Borbe,
borbeux, borbier. (L. C.)
Bord (Mj.), s. m. — Galon servant à bor-
der un habit. || Fig. Parti. Se mettre du bord
de qqn, — prendre son parti, prendre fait et
cause pour lui. || Tiendre son bord, — se
défendre, au propre et au fig. !| Hors de bord
(Lg.). Absolument ivre. || Etre sus le même
bord, — être dans la même position qu'aupa-
ravant. Se dit d'un malade dont l'état ne
s'améliore pas, d'un ivrogne qui ne dessoûle
pas. V. Branle. \\ A bord mouillant. V. Mouil-
lant.
Et. — De l'aha. bort, bord d'un vaisseau ; il y a
aussi dans le celt. bord, planche, table. Le bord est
donc proprement une planche ; et l'étymol. permet
de saisir l'enchaînement des significations. 1" bord
de vaisseau fait en planche ; puis, par métonymie,
ce qui borde, ce qui renferme, ce qui limite, ce qui
est à l'extrémité. (Litt.)
Bordage (Mj., Lg.), s. m. — Syn. de Bor-
der ie, Valoir le, Biquerie, Loqueterie. \\ Bor-
dage porte à cou ou à coup. A Beaupréau, il
y a des propriétés, grandes et petites borde-
ries, ou bordages à cou, à cause de l'usage
consacré de laisser le tenancier sortant de
son bordage, emporter à son cou et d'un seul
coup, paille, fumier, etc. (Mén.)
Et. — Du saxon bord, qui signifie : maison. —
« Borde, poutre, bûche, brandon, béquille ; hutte
en bois, chaumière, cabane ; petite métairie ; bord,
bordure, côté. » (D"' A. Bos.) — C. Port, dans son
Dictionn., cite près de cent lieux-dits où entrent
les mots : bordage, borde, bordières, borderies. —
Hist. « Il en achète force métairies, force granges,
force mas, force bordes et bordieus. » (R., P., prol.
du livre IV.) — « Décès de Michel Ogereau. « qui
avait demeuré longtemps au bordage de la Gilletrie. »
(1663, /. a., S., E, m, 369, 1, bas.) — « Tenure par
bordage, si est comme aucune borde est baillie à
aucun pour fere les vils services son seignor : ne
puet l'omme cel fiement ne vendre, ne engagier, ne
donner, et de c'en n'est pas hommage fet. » (D. C.
Bordagium, v Borda.) — « Du 30 septembre : la
ferme de l'Elinière, le bordage de la Pichonnerie. »
[A. h., III, p. 521, 9.) — « Ivo, fils de Fromond, fils
|d'Hilger, donne à Saint-Serge « decimam...
icujusdam bordagii qui Villena vocatur. » (1080-90,
circa. /. a. S. H., 145, 2, m.) — « Il a reçu de l'abbé
Waleran. . . son bordage, « bordagium terre quod in
partibus Crue habetur. » (1100, circa. Id., ibid.,
|244, 1, m.)
I — « . . .mais sans chandelle ou cierge
« Ung jour alloit à l'esbat vers sainct Sierge,
I « Où il trouva, en un petit bordage.
« Ung beau pouUain qui n'avoit pas fort d'eage. »
Ch. BouEDiGNÉ, P. Faifeu, 41.
i Bordager (Mj., Lg.), s. m. — Syn. de Bor-
dier.
Hist. — « Saint-Jean-Desmauvrets est une
iParoisse d'Anjou, sise sur le bord de la rivière de
'Loire, vers midy, de laquelle dépend le bourg de La
,Daguenière, et outre ledit bourg des métairies et
f)ordages sur l'autre bord de la rivière, vers le Sep-
tentrion en vallée. » (Coiist. d'Anj., t. II, col. 262.)
V. Borderie.
Bordâiller (Mj. et Ch.), v. n. — Etre appro-
chant. Ex. : J'ai pas ieu trente pistoles, mais
ça bordaille.
Et. — Dér. du fr. Border.
Bordanser, v. a. — Secouer. « Ils sont
venus bordanser ma porte. Syn. et d. de
Berdanser.
N. — « Mettre en branle, faire osciller ; berdan-
sière, — oire, escarpolette. (De Montess.)
Bordant (Sp.), adv. — Environ, appro-
chant, approximativement. Ex. : Illy en a
bordant cinq boisselées. || (Mj.), adj. verb. —
Attenant à, contigu à — de Border.
Borde ' (Tlm.), s. f. — Arête de poisson.
Syn. de Boise, Balle. \\ (Lg.) Barbe de céréale.
Borde '■', s. f. — Maison champêtre. V.
Bordage.
Hist. :
« Ce n'est pas tout d'avoir plaisante forme,
Bordes, troupeaux, riche père et puissant. . . »
Marot. (Guill.)
Borde» (Ti., Zig. 153), s. f. — Boue,
Bourbe.
Et. — Voir au mot Borbe, dont il est la corrup-
tion.
Bordée (Mj., Sal.), s. f. — Noce, débauche
prolongée.
Hist. — Il Terme de marine qui fit d'abord allu-
sion aux conditions dans lesquelles les équipages
des navires vont à terre par bordées, — puis, noce,
débauche. « Quant au troisième, c'est un rempla-
çant, il est pratique, mais vaillant, et, lorsqu'on l'a
mis à la salle de police pour une bordée, on l'en fait
sortir, car il se bat si bien. » (Billet du duc d'Atj-
MALE à M. Odier, 1860, Figaro du 30 janvier 1876.
— Cité par L. Larchey.)
Bordelaise (Mj.), s. f. — Barrique, du genre
de celles qui sont surtout employées dans le
commerce des vins.
N. — Les Bordelaises ont plus de bouge et plus
de jable que les barriques du pays ; comme elles,
elles sont plus longues et moins grosses que les
barriques nantaises, ou poinçons. \\ Nom, aussi, de
certaines bouteilles. Cf. Champenoises. — Elles
contiennent de 0,60 à 0,65 centil.
Border, v. a. — Border à plat, c.-à-d.
charger un bateau de sable ras bord.
Borderie (Mj., Fu.), s. f. — Petite propriété
rurale. Cf. Borde. Syn. de Biquerie, Bordage,
Valoirie, Loqueterie.
Et. — C'était, proprement, la métairie annexée
à la borde, qui était la maison des champs du pro-
priétaire. Dans qqs coutumes, ce mot désigne une
métairie au labourage de laquelle deux bœufs
sufiisent. (L. C.) — « Je, Guillaume des Francs,
escuyer, cognois et confesse et advoue à tenir. . .
une borderie qui contient en soy six sexterées de
terre. » (1409. — D. C.) — « Ancelin de Montjean
« miles de Monte Johannis », donne à Saint-Mau-
rille de Chalonnes une petite borderie outre Loire,
« unam borderiatam parvam ultra Ligerim. »
(xr' s. — Inv. Arch., H, i, p. 131, col. 1.) —
« Diota, uxor Arguinnardi » se donne '< in soro-
rem », avec tous ses biens « et tertiam partem bor-
deriœ terrœ de Roseria. « (1200, circa. Id., H, i,
p. 181, col. 2.) — « Et ainsi bordage, bordelage ou
borderie se disoit anciennement, quand un seigneur
116
BORDIER — BOSSICOT
avoit un domaine aux champs, et il le donnait à un
Laboureur pour luy et les siens, à la charge d'en
payer tous les ans certaine prestation et redevance. »
(Coût, de Poitou, i, p. 465, art. 178.)
Bordier (Mj., Lg., Fu.), s. m. — Cultiva-
teur qui exploite une petite propriété rurale,
soit comme' propriétaire, soit comme fermier.
Syn. de Borda ger.
Hist. — « Mariage de Jean Cathelineau, bordier,
avec Marie Boussion, de Mêlay. » (1767, /. a. S. E.,
ni, 364, 2. m.) — « Mon frère a reçu, ce jour, des
nouvelles de chés luy par un de ses bordiers qui est
venu icy. » (L. B., 70. 22.) — « Boissinot, mon
oncle maternel..., était jardinier et bordier à la
Porte-Baron même. « (Dexiau, vi, 102, en note.)
— « Cependant que les vieux bordiers, accotés sur
leur bâton de houx, et musses du soleil sous leurs
chapeaux à larges bords. . . )i
(Hist. du vx tps, 251.)
Bordière, s. f. — Bande de terre qui existe
le long d'un fossé. Syn. Pas-d-'-bœuf, sabotée,
semelle, seule. (MÉx.). Riverain.
Bordil, s. f. — Touffe du bonnet de coton
(MÉN.) Cf. Péteille.
Bordin, Bordinier. — V. Berdin et mots de
la même famille.
Bordodo (Sa.), interj. imitant le bruit que
fait un corps lourd en tombant dans une
excavation profonde. V. Berdadaud.
Bordu (Lg.), adj. quai. — Barbu, qui a de
longues barbes, se dit de certaines céréales
et graminées, de certains blés ou épeautres.
Syn. de Barbichon. Dér. de Borde '.
Bordure (Mj., Fu.), s. f. — La Bordure, —
les pays riverains de la|Loire. !| « Les gars de
la bordure sont réputés pour boire beaucoup
et manger plus de viande aux noces que ceux
des Mauges. Le boucher qui fait la noce sait
cela et agit en conséquence. Fu.
Bore (Lg.), part. pas. — Qui a le visage
barbouillé Syn. de Bardoulé, Bouchard. \\
Mj., lg., Lpos.). Nom de famille.
Borer (Lg.), v. a. — Barbouiller le visage.
Syn. de Bardouler.
Borgne (Mj., Ve.), s. m. — Une des quatre
principales cartes du jeu d'aluette. jl Fu. —
Le signe du borgne, — clignement de l'œil
pour avertir son partenaire à la dérobée, à ce
jeu. !| Mj., Lg., adj. quai. — Se dit d'une
jeune plante, surtout des haricots nouvel-
lement levés dont la tigelle est atrophiée. ||
By... et d'un rameau qui ne fleurira pas
(rosier). V. Pois et Bogations au F. Lore, m.
Borillot (Li., Br.), s. m. — Un chien basset.
Bornille, s. f. — Boue délayée. On dit : se
borniller. — Syn. de Casse.
N. — « Boue plus ou moins délayée, bornais, à
l'état de boue. Le bornais est une terre argileuse et
plastique comme la matière des rayons de miel (ce
mot signifie aussi : ruche d'abeilles), le plus souvent
jaune, qqf. d'un gris blanchâtre, qui se trouve en
grandes tenues dans l'O. de l'Indre. Nom de loca
hté : Les Bornais. « (C* Jaub.) — En Anjou, nous
avons Les Bournais. Pour Bemille ou Brenille, dér.
du fr. Bren. Cf. Berner, Emberner, Déberner.
Bosco, s. m. — Bossu. Syn. de Bossé,
Bombé.
Bosse (Sp.), s. f. — Futaie au milieu d'un
taillis. Ex. : La Bosse-noir^. — Employé
métaphoriquement ou comme un dérivé du
fr. Bois.
Et. — Bos, ancienne forme du mot bois, d'où est
dérivé le nom propre Dubos. (Ci« Jaub.) — « Bos,
bois, — boscum, buscum, qui viendrait du germ.
Buise, matériaux de construction, bois, de bauen,
construire. » (D^ A. Bos.)
il Boutique de pêcheur (Crz.). Syn. de
Botte, Bottereau, Bossereau, qui n'en est que
le diminutif. || (Mj.) Rouler sa bosse, errer;
vivre sans souci, boulotter l'existence, se la
couler douce. \[ Se f . . . eine bosse de, — se
rassasier de, s'en fourrer jusque-là, au pr. et
au fig. Ex. : « Je me se f . . . eine bosse de
soupe à la palourde ; — a s'est f . . . eine bosse
de rire. i| Bosses dhimeau. Sorte d' excrois-
sances en forme de vessies ou de bourses,
produites sur les jeunes branches de l'or-
meau par la piqûre de certains insectes : ces
excroissances renferment un liquide visqueux
qui est le cambium extravasé de l'arbre sur
lequel nagent les petits moucherons qui ont
occasionné cette difformité, j] Rire comme
un bossu s'explique par un des sens ci-dessus.
Et. — B. L. Bocia, bocium. Bas-bret., bos,
bosen, tumeur ; kymri, bôth. (Litt.) — « Rac. celt.
bac, enfler, être gros, d'où bocsa, dans notre mot
bosse. (Malv.)
Bossé (Mj., Lg.), part. pas. — Bossue. ||
Bossu. Ex. : J'ai rencontré eine petite vilaine
bossée. Syn. : de Bombé. |i Fu. Il avait bossé
son chapeau (chapéou).
Bosselle (Mj.), s. f. — Sorte d'engin de
pêche en osier tout à fait analogue à Van-
creau. n Sorte de boîte en planches, faisant
corps avec un bateau et qui sert de vivier
pour le poisson. C'est ce que les pêcheurs de
la Seine et de la Marne appellent Boutique.
V. Bottereau. \\ Gros cadenas servant à atta-
cher la chaîne d'un Fûtreau. \\ By. — Boés-
selle.
Et. — Dér. de la même rac. que le fr. Boîte, angl.
Box; c'est l'ital. Bossolo. — l. Bocel, barillet;
2. bocel, petite boite ; 3. bocel, flacon, ont été
confondus. Le i*"' vient de buticellu ; le 2« de bus-
tellu ; le 3'= de bancale ( ?). D^ A. Bos.
Bosser (Mj.), v. a. — Bosseler, bossuer. V.
Cômer, Cabliner. \\ Lg. — Porter sur son dos,
une pierre de taille, une pièce de charpente.
Langue des maçons. |j Gn. Zig. 187. — Bosser
l'échiné, — faire le gros dos. Syn. de faire la
forte épaule.
Bossette, s. m. — Cabaret de bas étage.
On y boit, on y chante. (Méx.)
Bossicot., s. m. — Petit bossu. Bosco.
Terme injurieux (Mén.).
BOSSOIR — BOUBE
117
Bossoirs (Mj.), s. m. pi. — Seins d'une
femme. Ex. : Aile en a d'eine paire de bos-
soirs ! Syn. de Avant-train, Avont-lait, Nénés,
Fistonneaux.
Et. — Jeu de mot sur ce terme de marine.
Bossue est souvent employé à tort pour :
bosselé. Un vase bossue est un vase (en métal)
qui a reçu des bosses ; un vase bosselé est
travaillé en bosse.
Boston (Mj., Ag.). — Chapeau haut de
forme. Syn. de Capsule, Taf, Tuyau de poêle.
Boter, V. a. — Vx mot angevin. Butter?
Hist. — 1742. « ...J'ay aussi fait boter les
bonnes blanches et les treize quartiers. » (Im\
Arch., II. E. S., p. 398, 2.)
Botte (Sa., Sp.), s. f. — Anneau de fer qui
fixe la faux sur le faux-manche. || (Mj.) Au
sens propre : Avoir du foin dans ses bottes, —
être riche. || Graisser ses bottes, — recevoir
r Extrême-Onction. || A Corzé, — boutique
de pêcheur, syn. de Bottereau, qui n'en est
que le diminutif. || Lg. Masse de neige ou de
terre qui s'attache aux chaussures. Syn. de
Bottée, Galochée. \\ Puisard creusé dans le tuf,
pour l'extraction, à Saint-Cyr-en-Bourg(MÉN.)
Il Lg. Gaîne qui enveloppe l'épi des céréales
avant l'épiage. Ex. : L'épi sort de la botte.
V. Epéier, Dégorger. \\ Chl. Gros cadenas qui
servait à fermer la chaîne d'amarrage d'un
futreau.
N. — Mot désuet. On emploie aujourd'hui son
diminutif Bottereau. Je le retrouve dans l'inventaire
de Brodeau de 1745. (V. Charlit): « Item, les deux
tiers. . . d'un fûtreau avec sa chesne et sa botte... »
V. Dagron.
Et. — Probablement doublet du franc. Boîte-
Gaél, bât, etc. — Tous ces mots ont la signifie, de
outre, vase en cuir, botte à chausser, tonneau, par
des assimilations faciles à concevoir. (Litt.)
Botteau, s. m. — Petite botte de foin.
Hist. — « Il gisait dans la crèche
Sur un botteau de foin. »
(G. Bible des Noëls angevins.) MÉN.
— « Graveur, vous deviez avoir soin
De mettre dessus cette teste,
Voyant qu'elle estoit d'une beste.
Le lien d'un botteau de foin. »
RÉGNIER. (C" Jaub.)
Bottée (Mj.), s. f. — Quantité de neige
ou de boue qui s'attache aux chaussures, aux
fers des chevaux. Syn. de Botte, Galochée.
Botteler (Pell.) v. n. — Se grumeler, en
parlant du lait. Doubl. de Betteler, et synon.
— Il By. — Souvent prononcé Boétteler.
Botteleux (Mj.), s. m. — Botteleur.
Botter (Mj., Sp., Lg.), v. n. — S'enfoncer
les pieds dans la boue, prendre à ses chaus-
sures des masses adhérentes de boue, de
neige, etc. : Ex : On botte par ce déjouc-là. —
Syn. de Patter, Patiner, s' Engomber, Gala-
cher, Gaillocher, s'Engalocher. \\ Mj., v. a. —
Syn. de chausser, convenir. Ex : Ça me
botte. — Assimilation facile à saisir. || Lg. —
Se dit d'une charrue au versoir de laquelle
adhère la terre trop humide. Ex. : Ma charrue
botte, — aile est bottée. — Syn. de Engouler.
Bottereau ' (Mj.),s. m. — Boîte en planches
percée de trous nombreux, que les pêcheurs
mettent flotter dans la Loire en la fixant au
moyen d'une chaîne de fer, et dans laquelle
ils conservent le poisson vivant. Le botte-
reau diffère de la bosselle ou de la côme en
ce que celles-ci font partie d'un bateau.
Quant à la bascule, c'est un bateau spécial
servant tout entier de vivier flottant. Dér.
de Botte. —Cf. Bossereau. !| Ec. — Petite botte.
On prononce le plus souvent Boéttereau. — Le
bottereau est moins grand que la botte et n'a
qu'une porte en son milieu. La botte, plus
grande, a une porte en son milieu et un da-
gron à son extrémité, permettant de faire
glisser le poisson dans le troubleau.
Hist. — « Comme icelui Perrin, qui s'esbatoit
parla rivière, eust advisé un Boteron ouquel avoit
du poisson. » 1464. (D. C.)
Bottereau ■' (Sp., Lg.), s. m. — Sorte de
beignet fait avec une pâte levée et ferme,
composée de farine que l'on a pétrie avec des
jaunes d'œufs et du sucre. — Syn. de Mar-
veille. V. Botteriâ, F. Lore, xii. || Fu. Gâteau
frit dans la poêle.
Hist. — « Le jour de la Purification ou de la
Chandeleur, et au temps du Carnaval, il était
d'usage dans toutes les familles de virer des crêpes
et des botraux (sic). — Den., I, p. 82.
Bottereau ' (Mj.), s. m. — Sorte de chaus-
sure qui monte un peu au-dessus de la che-
ville. On dit aussi : Botton.
Bottereau ^ (Mj.), s. m. — V. Mottereau.
Botteriâ. — V. Bottereau '. Sorte de beignet.
Forme vieillie.
Botton (Mj.). — V. Bottereau ^
Boualler, v. a. — Faire une mauvaise
besogne, la boussacrer (Segr. ). Méît. — Cf.
Bousiller et Bohaller. — Syn. de Gourganger.
N. — « Bouaille, boue. V. Bornille : « Tous les
marchez doivent être pavez au moins en partie,
pour éviter la bouaille. » (C.a.therinot. Traité de
l'architecture. — C" Jaub.) Y a-t-il du rapport?
Boubasse (Sp.), adj. q. — Se dit d'une
terre de mauvaise qualité, qui se délite et
coule à la gelée, en déchaussant les racines
des plantes. || A Mj., et au Lg. on dit d'une
telle terre qu'elle brèche. V. Brécher. —
Pour Bourbasse ?
N. En berrichon Boulaise. O^ Jaub. Cf-
Borbe, Borbassoux. Mais vient plutôt du sui-
vant :
Boube (Lg.), ad. q. — De consistance
molle et élastique, dont la pulpe, creusée
d'alvéoles et à demi desséchée, a la texture
de la mie de pain ou du liège. — Syn. de
Miche, Liégé. Se dit des plantes racines. ||
Champignon boube, amadouvier, agaric du
chêne.
Et. — Doublet de Bou^e ; voisin de Pouffl et du
fr. Bouffi.
118
BOUBILLON - BOUCHE
Boubillon (Mj.), s. m. — Celui qui bre-
douille en parlant. — Syn. de Baroillard,
Bagoillard. \\ Auv. — Syn. de Bobote. — Rac.
Balbus, bègue. Cf. Bobillon.
Boubillonnard (^Ij.), s. m. — Bredouilleur.
Boubillonner (Mj.), v. n. — Bredouiller. ||
Auv. — Syn. de Boboter.
Boubique. — Hermaphrodite. Syn. de
Biret. \\ Cidre mélangé de pommé et de poiré.
Cf. Poil de bique. \\ Bouc-et-bique.
Boublin (Mj.), s. m. — Sac formé d'une
sorte de toile d'araignée qui renferme une
nichée de chenilles. — Syn. de Bourse-de-
cheneilles. \\ Sac de tulle dont les apiculteurs
s'enveloppent pour curer les ruches. Cf.
s' Embobeliner. -
Et. — V. Poupée. — Même rac. que le fr. Bobine.
— Hist. i( Romule étoit rataconneur de bobelins. »
(Rab., p., n, 30.) — Cf. Jaub. à Poupelin, et
Bobes, au Supplément.
Boubline (Mj.), s. f. — V. Boublin. || By.
pour Bobine. On dit : poupée de filasse, d'où :
poupelier (pron. poupoéiier) filassier. —
Souvent Boubline, pour Bobline, filasse
apprêtée sur la quenouille ; d'où Emboubliner
ou Embobliner, — entourer de linges, mal
emmaillotter un quéniau (Kénio et k'no).
— Au figuré, entortiller qqn par ses pa-
roles, etc.
Pour : boule, terme
Bouboule, s. f.
enfantin (Mén.).
Bouc (Mj.), s. m. Faire le bouc, — bouder,
montrer de la mauvaise humeur. || Sp. Bar-
biche disgracieuse. |1 Lp. — Coin de bois
pour faire éclater les blocs d'ardoise. || Fu.
— On chante, en se moquant du boudeur.:
— " Bouc ! bouc ! bouc ! veux-tu des choux ?
— Nenni, ma mère, oui est trop tout (tôt).
— Bouc ! bouc ! bouc ! veux-tu du lard?
— Nenni, ma mère, oui est trop tard.
Boucadent (Mj.), adv. — Pêle-mêle, sens
dessus dessous, en désordre, en tas, en vrac.
Ex. : Aile a jeté toutes ses ganicelles bou-
cadent. — Syn. de En pagaie. \\ De boucadent
(aller) ne pas suivre la ligne droite, aller en
titubant. || Le vrai sens est tomber sur les
dents, tomber en avant. Se dit aussi d'un
vase qui tombe, ou est placé sur son ouver-
ture. Cf. Adenier. — Z. 115. — Bouche à
dents ?
N. — Adenter, c'est mettre l'embouchure d'un
vaisseau (vase) en bas, et le cul en haut. Lat. :
indentare, mettre à dents. Ex. : « Si lui mist sur
son ventre trois ou quatre petites chandelles de
cire, qu'elle aluma et les assist sur une crouste de
pain qui estoit sur le ventre de ladite femme et
adenta un pot de terre sur les chandelles estant sur
le ventre d'icelle malade, qui fut fait par forme de
ventoise (ventouse) pour aidier à relever la marris
(matrice) d'icelle malade. >' (D. G.) — Bouc, ou
Bouque, dans Boucadent est bien la corr. du mot :
bouche.
Boiicase (Mj.), s. m. — Bocage. || Lg. —
Plus spécialement Le Bocage vendéen.
Boucagin (Lg.), s. m. — Habitant du
Bocage vendéen. X. Je crois savoir que dans
le pays même on les désigne sous le nom de
Boquins.
Boucahu, n. pr. — Se disait pour une
jeune fille qui allait au bal et qui n'y dansait
pas ; elle était semblable à la femme Bou-
cahu. N. C'était une gardeuse de chaises aux
Cordeliers pour les personnes qui voulaient
assister aux sermons.
« Dansent l'un à dia, l'autre à hu.
Et personne n'est boucahu. »
Bal de Blois. (Mén, )
Boucal (Mj.), s. m. — Bocal. Syn. et d.
de Bocar.
Boucan (Mj., Lg., Sp.). — Individu bougon,
revêche, maussade. || Au sens fr. de Va-
carme. Syn. Bousin, Chahut, Bacchanal,
Chutrin, Bahut, Potin, Babât, Menère.
Boucanier (Mj.), s. m. — Docker, débar-
deur du port de Nantes. — N. Nos mari-
niers ont sans cesse ce nom sur les lèvres.
Boucaud (Mj., Sal.), ad. quai. — Ne
s'emploie que dans la loc. : lait boucaud,
lait moucheron. V. Bougaud. — Premier
lait après la parturition (SI.) Mén. — ||
Autres syn. Ouillaud, Bodé. \\ Boucault
(Lue). Jeune bœuf.
Et. — Dérivé de bouc ; à cause de l'odeur?
Boucaut (Mj.), s. m. — Humeur maus-
sade. Ex. : Queun boucaut qu'il nous fait ! —
Syn de Bouc, Blou. \\ Souillon. Ex. : Te
velà emmanchée comme ein vrai boucaut.
Syn. de Mâcaut, Marganeau. \\ Mettre en
boucaut (v. Boucaud) : Ces bourgesses-là
aile ont mis mon reparoir en boucaut. —
Dér. de bouc. — Peut-être le même que le
précédent.
Bouc-en-feu (Sp.). s. m. — Chipie, femme
acariâtre. — S'explique de soi.
Bouchâillon (Mj.), s. m. — Petit boucher
dont le train d'affaires est peu considérable-
— V. Boucher.
Et. — Primitivement le boucher était le tueur de
boucs (la partie pour le tout). Le provenç. avait
Brecaria, de berbix, le tueur de brebis. (Litt.) —
Au moyen âge, le peuple se nourrissait surtout de
viande de bouc.
Bouchard, e (Sp.), adj. quai. — Qui a
la figure sale ; mal débarbouillé. « T'es bou-
chard. » (Li., Br.). — Figure noire, mal-
propre (Sar.). — Syn. de Bardoulé. || Nom
de bœuf ayant le mufle noir.
Bouciiarde (Lg.), s. f. — Sorte de marteau
à têtes carrées et plates, mais striées de
rainures profondes, dont se servent les tail-
leurs de granit. — Syn. de Picole. Cf. Pan-
nard.
Boucliarder (Sar.). — Salir le visage.
Bouche. — « Outre le droit de pêcher
dans son étang, pour leur nourriture, il a
aussi donné aux moines la dîm*^ de toutes les
BOUCHE-FOUR - BOUDINIER
119
anguilles qu'on y prendra, plus une bouche,
la meilleure qu'ils pourront trouver pour
prendre eux-mêmes des anguilles. » (1062).
— Copie faite sur un texte latin, traduit. P.
Marchegay, p. 23. — C'est donc un engin
de pêche. Vx mot angevin. Cf. Bosselle.
Bouche-foiir (Mj.), s. m. — Lame de tôle
en forme de demi-cercle et munie d'un
manche ou d'une poignée qui sert à fermer
un four. — Bouchoir. Syn. de Etoupas.
Il Fu. — Se dit : Quertouère (pour cour-
toire). Il By. — On dit : l'étoupâs. Avec le
rouable on attire la braise ; avec la nippe on
nettit le four.
Boucher (Mj.), v. a. — || En boucher un
coin, réduire à quia, déconfire. Argot, et
récent. || Lg. — Absolument : Faire les
haies autour des champs. — Syn. de For-
mer.
Bouclierée (Sa., Lue, Bl., Mj.), s. f. —
Bouchée. || Fu. — Bouchée.
Bouchis (Sar.), s. m. — Branches mortes
dont on se sert pour boucher un trou de haie.
Il Li. — C'est la calvou Mette.
Et. — Boucher un pré, une terre, l'entourer
d'épines, de branches de boisson pour en défendre
l'entrée aux bestiaux, — bouchure, haie, — bou-
cheton, l'ouvrier qui bouche, — bouchon, petit
fagot d'épines pour fermer les entrées d'une bou-
chure. — Semble venir d'un mot tel que bosc: bois
(C'« Jaub.) — Vx fr. bousche, faisceau de bran-
chages.
Bouchon (Mj.), s. m. — Flocon d'écume
ou de neige. L'apparition de bouchons d'écume
à la surface de la Loire annonce les crues et
les accompagne. || Bouchon de foin, — une
petite quantité de foin, une bouchée. Ex. :
Donne donc ein bouchon de foin à la vache. |]
Flocon de neige. Syn. de Bourgeon. \\ Fu. —
Touffe de gui, branche de houx, — comme
enseigne d'auberge.
Bouchoué. (Li.), s. m. — Le bouchoué. du
four, la porte qui le ferme. — Bouchoir.
Syn. de Bouche-four.
Boucler. — Fermer, clore. — Terme de
police. Il Lg. v. a. — Boucler eine vache.
V. Lacer.
Hist. — «. Si de mal encontre n'estoient tous les
trous fermez, clous et boudez, dit Panurge. » Rab.
P., IX, 3. — Et. De : boucle. Du L. buccula, petite
joue : le sens actuel est une extension du sens pri-
mitif, ayant pour point de départ l'idée de chose
arrondie. (Darm.) — Métaphoriquement, terminer,
conclure, boucler un marché. « On ne boucle
jamais un marché dans nos foires sans se taper for-
tement la paume de la main. » (Jaub.)
Bouclet' (bouclète ou bouquicte) (Sp.),
s. m. — Trou situé à la partie inférieure et
latérale d'une panne, et qui sert à la vider
du lessif qu'elle contient. Syn. de Cas, Bour-
douneau.
Boucleteau. (Lg.), s. m. — Petite
fibule qui sert à boucler ou lacer (infibulcr)
les vaches atteintes de 6\n\le de matrice.
C'est un simple brin de fil do for do 0'" OG à
0™ 10 de long, portant trois ou cinq boucles
de O"! 003 de diamètre, dans lesquelles on
passe des broches.
Bouclette, (Mj.), s. f. — Petite boucle.
Bouclettée (Sp), adj. quai. — Se dit d'une
panne dont le bouclet ou cas est brisé.
V. Bouclet.
Boucquer (Sal., etc.), v. n. — Les veaux
boucquent, donnent des coups de tête (Li). —
Diguer, à Jumelles ; Doguer (Li.). — « Are-
garde donc les vaches diguer. » || Faire bou-
der, rendre jaloux. « Faire boucquer les autres
bourgeoyses. » (Balzac, 458.) — V. Bou-
quer.
Boucquin, s. m. — Un bouc (Li., Br.). —
C'est le fr. Bouquin.
Boucture. — Mauvaise p''ononc. de Bouil-
leture.
Boudard, e (Sp., Mj.), adj. quai. — Bou-
deur.
N. — On chante aux enfants boudeurs, pour les
taquiner :
« Accourez donc tortous chez nous,
J'avons la véze (bis) ;
Accourez donc tortous chez nous,
J'avons la véze et pis le vézoux.
Vzzzz ! vzzzz ! vzzzz !
Ou encore :
— Boudi' boudard, veux-tu du lard?
— ■ Nenni, ma mère, car il est trop char,
Vzzz !. . .
— Boudi, boudard. veux-tu du lait?
— Nenni, ma mère, car il est trop fret.
Vzzz !. . .
— Boudi, boudard, veux-tu des coups de bâton?
— Nenni, ma mère, car ils sont trop longs.
Vzzz !
Et. — D'une racine bod, tout ce qui est proémi-
nent, comme les lèvres ; avancer la lèvre inférieure.
Boudé (PI.), ad. q. — Rabougri, mal dé-
veloppé, en parlant d'un fruit. Syn. de
Babousiné, Harni, Aregriché. — Dérivé de
Bouder.
Boudeau (Sar). — Le ventre. Syn. de
Baille, Béserot.
Et. — Même rad. que boudard.
Bouder (Lue). — Flétrir, dessécher.
Et. — C'est le v. fr. pris dans un sens métapho-
rique.
Koudes, Buiideaux. — « Morceaux de
bois tournés qui servent à boucher les bar-
riques. (Bévue de l'Anjou, 1883.) Il faudrait:
Bondes, Bondeaux. V. Bondereau.
Boudin (Segr.), s. m. — Madrier que l'on
plante dans un mur pour servir de soutien
aux planches d'échafaudage. — Boulin.
Et. — Ce mot est une forme intermédiaire entre
Boulin et Batin, probablement la forme originelle.
Boudinier ' (Segr.), s. m. — Le même que
Boudin.
Bou(/inler- (bouguinier) (Mj.). s. m. —
Sorte de petit entonnoir dont on se sert pour
bourrer K^s tripes et, faire les boudins et les
120
BOUDIXOIR - BOUGANE
saucisses. Syn. de Boudinoir. || Le saucis-
sier, même instrument, plus petit, et le sau-
cissonnier, pour faire le saucisson.
Boudinoir -(Mj.). — Syn. de Boudinier .
Boiidre. (Mj., Lg.), s. m. — Forme atté-
nuative de Bougre, dont le sens grossier est
ignoré, mais que l'on regarde comme un
blasphème ; ce qui ne l'empêche pas , d'ail-
leurs d'être fort usité. || Fu. — Employé sur-
tout par les femmes qui ne veulent pas dire
Bougre. Mais on dit : Bougre d'âne, Bougre
d'idiot, etc., — en prononçant très distinc-
tement Bouguert (e nul).
Boudrée. Oiseau de proie (My.). — V.
Bondrée. (Peut-être ai-je pris un n pour un
u. A V.)
Boiie-de-nieiile. — Z. 115. Employée
pour remettre une épaule luxée. V. F.
Lore. XIV.
Et. — Cimolée, Terre de Cimolus, île de l'archi-
pel. — Boue des couteliers, dépôt qui est produit
par l'usure des meules à aiguiser et que l'on emploie
qqf. comme résolutif contre les brûlures.
Bouêche (Sp.), adj q. — Placé tête-bêche.
Et. — Voir à Béche.vet. « Bêche est l'altération de
Béchef, ou béchevet. Au xvF s., on employait
béchevet seul ; puis, ne reconnaissant pas la îpré-
sence de chef dans cette expression, on y a intro-
duit Tête = Tête-bêche. » (Darm.) — V. Tête-et-
bouêehe.
Bouécbefarder (Mj.). — (Q. — Z. 171.)
Placer partie en un sens contraire. || Bêche-
verdées (Ec.) ou même Bêjeverdées, pro-
noncez : bôéch'vardées, comme bôerôette,
brouette. Pour : Bêche-verté, ou verti ;
tourné tête-bêche. || Placer tête-bêche, jj
Emmêler. — Cf. Bêchever.
Et. — Formé du patois Bouêche, doubl. pat. du
fr. Bêche qui est dans tête-bêche, de même qu'on
retrouve Bouêche dans Têtébouêche, et d'un verbe
Farder, ayant eu le sens de charger, qui est la
racine des noms Fardeau, Fardier, et que le fr.
emploie encore dans le sens de s'affaisser sous son
poids, s'écrouler. — N. Peut-être conviendrait-il
d'écrire : Boiche, Boichefarder, Tête et Boiche.
R. 0. — En tout cas. on prononce souvent ainsi. —
Cf. pat. norm. Biquevacher.
Bouée (Q., Z. 136., Mj., My.), s. f. —
Groupe, foule, réunion nombreuse. Ex. :
Ils sont là-bas toute eine bouée de monde,
à se brandeler ; va donc les ou'ri (r.). i| Sal.
Tas, amoncellement. « Egaillez-vous donc,
vous êtes tout en houée. || Fu. — On dit
plutôt Guérouée. \\ A donné l'angl. Bevy,
même sens.
Et. — Ce mot est probablement pour Mouée,
comme Bottereau pour Mottereau. — Pourrait
venir du vx fr. Bout, hotte ; d'où Boutée, ce que
peut contenir la hotte, bottée. « Et doivent appor-
ter à leur coust au Mont Saint-Martin, une boutée
de roisins bons et meurs, ou tans ke on vendenge. »
(1283, D. C.) Bouée serait une contract. de Boutée?
— Rac. celt. bot, enfler, être gros ; bouée, pour
boudée, proprement ch. ronde, grosse. (Malv.)
f. — Pipe, de
Bouoiller, V. a. — Ouvrir, Boeiller
goule, Z. 15,2. — C'est Botjer, mal écrit.
la
Bouélinge (Sal.). — V. Boilinge.
Bouer (Lg.), s. m. — L'homme qui touche
les bœufs à la charrue.
Et. — Dér. direct du fr. Bœuf, lat. Bovem, grec
Bouc. Doubl. du fr. Bouvier et du n. propre
Bouyer. Cf. Boyer, Jaub., qui cite Rab., i, 25. —
Cf. Boer
Bouère(Bl.)s. f. Mare. V. Boire.
Bouet, s. m. — Trou, en Anjou et dans le
Maine (Ménage), de bucetum, de bucca. ||
Trou qui laisse passer le lessif quand on fait
la buée. Prononc. Bouée. Voir Bouclet. —
D. C. Bova.
Bouétoux (Chol.). — Boiteux. — Mieux :
Boitoux.
Et. — Wallon, Boisti, ce qui indique l'étymol.
Boiste (boîte) ; boîte s'employait pour : articula-
tion ; déboîter, faire sortir de T'articulation ; boiter,
avoir mal à l'articulation.
Bouette (Bg.), s. f. — Lucarne. (C. Frayssc,
p. 62.)
— « J'ai des pommes à vendre.
Des rouges et des blanches.
J'en ai tant dans mon grenier
Qu'elles en sortent par les bouettes, etc.
Bouézard, Boizard (Br., Zig. 149), adj. q.
— Ventru ; Syn. et d. de Bezard, syn. de
Abezardé
Bouffarde (Mj.),
Bouffer. Lg. id.
Bouffe (Mj.), adj. q, — Bouffi, trop gras,
trop replet, gonflé de mauvaise graisse. Syn.
de Pouj.
Et. — Onomatopée imitant le bruit d'un coup,
surtout sur la joue gonflée, d'où les sens de coup et
de vent, que l'on retrouve dans soufflet et dans les
dérivés de buffe. Cf. Bouger, souffler. (D^ A. Bos.)
Bouffir, gonfler, bufer, frapper.
Bouffer i (Li.), v. a. — Souffler la chandelle.
Syn. et d. de Buffer.
Hist. :
« Des vents impétueux qui se bouffent si fort
Qu'à peine l'univers résiste à leur effort. »
Ronsard.
Bouffer - (Sp., :Mj.), v. a. — Manger glou-
tonnement.
Et. — « Le langage populaire confond bâfrer et
bouffer : « il bouffe bien », sans doute à cause de la
rondeur des joues, quand la bouche est emplie. »
(LiTT.) — « Buffare, buccas inflare. » (D. C.) —
Hist. <( Pour quoy par testament ne leur ordonnoit-
il au moins quelques bribes, quelque bouffaige,
quelque carreleure de ventre? » (Rab., P., m,
23, 2G5.)
Bouffie (Lg.), s. f. — Élevure à la peau.
Syn. de Bouroille. — Ampoule, phlyctène.
— Du V. Bouffir.
Bouffiole (Sar.). — Cloque, ampoule, bouf-
fissure. La morsure des moustiques donne
des bouf fioles. Z. 137. — Syn. de Bouffie.
Bouffu (Chol.), adj. q. — Bouffi. Syn. de
Bouffe. Cf. Mouffu.
Bougane (Mj.), s. f. — Péronelle. Ex. : Ceté
BOUGAUD - BOUILLARD
121
grande bougane-lk ! Syn. de Bidaine. Cf.
Bobane.
BoHgaiid (Vv.), adj. quai. — Syn. de
Ouillaud, Bodé, Moucheron, Mousseron. C'est
le même que le Mj. Boucaud. Jatjb. Bégeau,
Bégaud, Bégat.
Bouge (Mj.), s. m. — Endroit d'une
rivière où l'eau est profonde et tourbillonne,
à l'extrémité d'un promontoire. La jnole, au
contraire, se trouve dans une anse de la
rivière. H Ec. — La bouille et le mollet.
Et. incertaine. P.-ê. du celtiq. bolg, enfler. D'où
bouge, partie bombée d'un tonneau. (Malv.) —
Hist. « La rivière estoit si grande qu'elle ne pou-
voit demeurer en ses bouges. « (André de la Vigne,
Voyage de Charles VII. — L. C.)
Bougie, s. m. — Ex. : J'aimons mieux
faire brûler du bougie que du pétrole (Mj.,
Tlm.). — Il a laissé tomber du bougie sus sa
culotte, il Bougie des voyages. — V. Voyage.
Hist. — « Elle (la fabrique) a la permission de
vc idre la bougie des voyages, qui se donne ordi-
nairement au plus offrant et dernier enchéris-
seur. » (.-In/, hist., 6« an., n» 6, p. 612. — Paroisse
de Tilliers.)
Bougrain (Sa., Lue., By.), s. m. — Menus
grains dont la plupart sont enveloppés de
leur chape (v. Enchapé), ou glunie ; déchets
du vannage ou du guerlage. Syn. de Qué-
riances, Venâilles, Equériances, Coché, Hotton,
Pous, Ventin, Gobier. \\ By. — Le bougrain
d'avoine est de la balle.
— Grogner, prononcer
Il Sal. — Id., récriminer.
Bougrasser, v. n.
des Bougres (Segr.).
se plaindre.
Et. — « Bougre, des Bulgares qui, au moyen
âge, professaient des doctrines religieuses sem-
blables à celles des Albigeois. » (Litt.) — « Bougre
(Bulgare), Ougre (Hongrois), Vandale, sont deve-
nus autant d'épithètes injurieuses. Mais il ne faut
pas faire remonter la dépravation du sens aux
invasions barbares ; les Ougres et les Bougres par-
tageaient, au moyen âge, les erreurs des Albigeois
et leur mauvais renom : on les accusa comme eux
de vices infâmes. Aussi n'est-il employé qu'au
xiii" s. .' Ha ! maie gent, bougre desloial, dist li
papes. » (Chron. de Bains, p. 12.'5.) L. C.
Bougre, s. m. — Homme, individu. Peut
être pris en bonne ou en mauvaise part. Un
bon, un mauvais bougre. \\ Adj. qual.« Bougre
de mauvais gars, j'm'en vas t'champoyer pus
fort que ça ! »
Bougrement (ï\Ij.), adv. — Très, fort, sin-
gulièrement, diablement, étonnamment, ter-
riblement. « C'est bougrement mauvais ! »
Syn de Foutrenient. V. Bougrasser.
Bougresse (By., Mj., etc.), s. f. — Fémin.
de Bougre ; n'est pas toujours pris en mau-
vaise part . « Pauvre bougresse, elle n'est pas
heureuse ! »
Hist. — « Tiens, bougresse, dis-je à la donzelle,
voilà des assignats, il me faut de l'or en échange, et
tu vas m'en donner à l'instant. » (H. Bourgeois,
p. 86.)
Bouguenite (By.), s. f. — On dit : de la
bouguenite ou des bouguenites. Le chanvre
teille donne des chénevottes ; brayé, il donne
des greffes (ghertes) ; râché, il donne des
bouguenites. — On peut voir d'énormes tas
de ghertes et de bouguenites dans les jardins
de M. Louis Leroy (en guise de'fumier).
Bouh ! (Mj.), interj. — V. Buh ! Onomat.
Bouhier, Bouyer (Mj.). — Laboureur.
Vieux nom de famille. — V. le suivant.
Et. — Boverius, celui qui laboure avec des
bœufs. Bovaria est une métairie. (D. C.) — Hist.
« Menassons fort et ferme les bouiers, bergiers et
mestaiers de Seuillé. » (Rab., G., i, 25.)
— « Chasque bouié lèu acoumenço
D'enrega sa versano. »
(Chaque laboureur, bientôt, commence à tracer son
sillon.) Mireille, 274, 3. — Doublet de Bouer.
Bouier (Fu.), s. m. — Bouvier. Jeune
valet qui touche les bœufs, n'étant pas
assez fort pour tenir la queue de la charrue.
— V. Bouhier.
Bouifre (Sp.), s. m. — Goujat, ouvrier
qui travaille malproprement, grossièrement,
qui gâche l'ouvrage. 6'yn. de Boussicre,
Pouacre, Podagre, Poqueton, Saboureau. ||
Nom que l'on donne par dérision aux cor-
donniers. Syn. de Gniaje. Cf. Choumacre. \\
Fu. — Bouif, Bouifre, comme Gniafe, désigne
l'ouvrier cordonnier, — et non un autre.
Bouillaison (Mj.), s. f. — Chaleur de la
fièvre. Etre en bouillaison (Segr.), c'est avoir
la tête ou l'estomac en feu. — De : bouillir.
Bouiliancée (Mj.), s. f. — Petite lessive
de linge que l'on met bouillir dans un chau-
dron. Ex. : Je vas faire nwQ bouiliancée de
toute ceté défrure-là. V. Bouillancer. Syn. de
Bouillure.
Bouillancer (Mj.), v. n. — Bouillir long-
temps. Ex. : J'ai fait bouillancer ce linge-là.
Et. — C'estle fr. Bouillir, aveclesufï. augmentât,
ancer. V. Pouillancer.
Bouillard ^ (Mj.), s. m. — Réunion, foule,
groupe, grande quantité. — Velà là-bas tout
ein bouillard de monde. — LTn bouillard de
bonnes femmes, de vent, de poussière, etc. —
Un bouillard de vent, c'est une rafale, un
coup de vent. Syn. de Bohalée. Se dit en ce
sens au Lg. — Amas de poussière ou de
feuillages, soit en tas, soit soulevés par le
vent. Un bouillard de fumée. — Ex. : Ouais-
tu pas tieu bouillard de poussière là-bas ?
(Ne vois-tu pas ce...) — Tin, là-bas, on
dirait une sourcière. — jj Ec. — On dit : L'n
bouillard de canards, — une bouillée de
joncs, — une bouée de monde (ils sont venus
grand'bouée), — une guerrouée de poulets
(pour grouée, grouillée, — pron. gherrouée).
Il ToufTo ou bouquet d'arbres. || Ensemble :
Ils z'taint quinze qu'intraint tout d'un
bouillard (Pc). || Bouillard de fret, — série
de jours froids... Il pourrait ben venir ein
bouillard de fret. Svn. de Branche.
Bouillard *(Mj.), s. m.
Syn. de Ziard. — !| Ec.
— Peuplier noir.
— Syn. de Léard
122
BOUILLARD - BOULANGEON
(léyard), à branches cassantes, impropres à
lier.
Et. — (Je cite, malgré la contradiction.) Peuplier
noir, sorte de peuplier à branches flexibles, propres
à faire des liens. De pouple, peuplier (lat. populus),
et liard, qui peut servir à lier. (C" Jaub.) — Le mot
léard veut aussi dire : peuplier. — Boreau cite ce
mot, 1210. — Bat. Populus nigra.
Bouiilard ' . — Gros nuage annonçant la
pluie (Mén.).
Et. — « Longue perche, qui a pour tête un petit
bloc de bois et qui sert à battre l'eau pour là pêche.
Boule, dans le vx fr., signifie bâton terminé par un
bloc, qui est la bouille ; de bulla. Comme il sert à
troubler l'eau, le sens de nuage aurait pu en venir ? »
(LlTT.)
Bouillarder (Sp.. Sa.), v. n. — Souffler en
rafales, en parlant du vent. — V. Bouii-
lard 1.
Bouille ' (Mj.), V. n. Z^ pers. sing. ind. prés.
de Bouillir.
Hist. — « Des Républicains fuir devant des
Brigands ! le drapeau de la liberté se baisser devant
l'étendard de la Contre-Révolution !Ah! le sang
bouille à cette idée. » (Choudieu et Richard, cités
par Dexiat, i. .322.)
Bouille - (Tis., Lg.), s. m. — Fermenta-
tion alcoolique. Ex. : Pour le bouille et la lie
d'eine barrique faut pus de 20 litres d'avouil-
lage.
Bouille ^ (Ec), s. f. — Ampoule ; bulle. —
Il s'est échaudé, il lui est venu de grosses
bouilles. — Des bouilles aux pieds et aux
mains s'appellent des poulettes. — On
distingue s' Ebouillanter et s' Echaubouillir.
Bouillée (Tlm., Lrm., Sar., Lue, Bn., Lg.).
— Touffe de plantes ou d'arbres. Syn. du
Mj. Bouillerée. || Réunion de tiges d'une
même plante. Z. 134. || Une touffe d'herbe,
d'oseille, une b. de choux. || Cépée (de bois)
et groupe (de personnes). On dit aussi une
b. de pigeons, de perdrix, pour : un vol
(Lue.)
Bouillerée (Mj., Fu.), s. f. — Touffe,
cépée, bouquet. || La bouillerée à Jeanneton
ou à Jeanne du Quarteron (Mj.), — l'as de
trèfle. Il Bouillerée de vinette, — touffe de
poils. Cf. Bourgeon.
Et. — Cor. de Bouillée. Dér.'de Bouilles. — Au
Fu. on dit aussi soupée, pour cépée V. Coupée.
Bouilles (Sp., Mj.), s. f. — Ne s'emploie
qu'au pluriel. Grande quantité. Ex. : 11 n'a
pas des bouilles d'argent.
Bouillcture (Mj.), s. f. — Sorte de sauce
pour le poisson. Manière spéciale de le pré-
parer, assez analogue à la matelote. — De :
bouillir. V. Boucture
Bouillie,, s. f. — Dans la locution : Souffler
de la bouillie. Se dit du souffle qui s'échappe
des lèvres dans le premier sommeil. Ce n'est
pas le ronflement. — A Mi., on dit : Buffer les
choux. V. Boulic.
Bouillon ' (Mj., Sal.), s. m. — Bouillon
d'onze heures, — breuvage empoisonné.
Ex. : Ils illi ont fait prendre ein bouillon
d'onze heures. || Pluie, averse. Ex. : J'allons
avoir du bouillon. || B. de guernouille, —
l'eau pure. || Boire le b. de ses fesses, — se
noyer. || Boire un b. — faire une grosse
perte. || B. pointu, clystère, lavement.
Il Gober le b. — payer les frais.
Bouillon ^ s. m. — Bardane ou glouteron,
plante commune dans les endroits incultes.
Syn. de Poires de chiotte, Poire de vallées. N.
Cette plante a qq. ressemblance avec la
molène ou bouillon blanc.
Et. — « Bouillon, parce qu'on emploie les fleurs
de cette plante comme pectorales : blanc, parce que
les feuilles, grisâtres, sont revêtues d'un duvet
blanc. " (Darm.) — « Bouillon blanc, molène;
Bouillon noir, bardane. » (De M.)
Bouillon-noir, s. m. — Bardane, qui porte
également les noms (de) pierre de vallée,
peigneroUe, gratteau, lappa ; a des crochets,
des écailles sur les fruits. (Mén.) Bouillon-
blanc. — Verbascum thapsus (Bat.). — B.
noir : Lappa minor (Id).
Bouillonner, v. n. — Se mettre dans la
boue, se salir. (Mén.) Cf. s'Embouillonner.
Bouillonnier, s. m. — Le mot fr. est :
boueur. C'est l'homme chargé d'anlever
chaque matin les bourriers, détritus de cui-
sine, etc., déposés devant chaque maison.
Bouillote (Lg.), s. f. — Ustensile dont les
ménagères se servent pour voider la lessive
automatiquement. C'est une sorte d'enton-
noir renversé, percé tout autour de trous
nombreux et surmonté d'un haut et large
tuyau qu'élargit à son ouverture supérieure
une rondelle de fer blanc. L'appareil est posé
au fond du chaudron et entouré de linge à
lessiver. C'est la vapeur produite qui refoule
l'eau et l'oblige à venir se déverser constam-
ment en nappe bouillante.
Bouillotter (Mj.), v. n. — Bouillir douce-
ment (Mj.). — N. Les Compagnies de Che-
mins de fer ont adopté les Bouillottes.
Bouillure (Tlm.), s. f. — Petite lessive par-
tielle qui se fait en mettant à bouillir du linge
sale dans un chaudron et le lavant aussitôt.
Syn. de Bouillancée.
Bouingre (Mj.), interj. — Forme atténua-
tive de Bougre. Se dit dans : Bigre de
bouingre !
Bonis, s. m.
Buis.
Et. — MÉNAGE constate que bonis est la pro-
nonciation de la cour, et buis celle de la province.
Du lat. buxus.
Hist. — « Peigne de bouis, la mort aux pous ;
C'est la santé de la teste |
Et aux enfants faire feste ;
Et guérit les chats de la toux.
{Les cris de Paris. — Gl'ILL.)
— « Ne défaut au bouis que la bonne senteur
pour être du tout qualifié. " (Olivier de Serres,
Théâtre d'agriculture.)
Boulangeon (Mj.), s. m. — Bras ; petit bras
BOULANGER - BOULIR
123
potelé. Terme enfantin. De ce que les bou-
langers pétrissent leur pâte les bras nus. ||
Fu. — Boulanger.
Boulanger (Mj.), v. a. — Pétrir, manier
sans précaution, froisser. || La bonne Viarge
boulange. Cette expression signifie qu'il tombe
de petites averses fréquentes et que le soleil
donne en même temps que tombe la pluie.
Et. — Bulengarius, dans un texte du xii" s. —
De boule, forme du pain. Le soldat appelle boule
de son le pain de munition.
Boulard, e, adj.qual. — Boulot, otte. Du fr.
Boule.
Boulaud,, e (Mj.), adj. quai,
otte.
Boulot,
Boule' (Fu.), s. m. — Bouleau. — Un
balai de boule. Les balais de boule servent à
bouser l'aire sur laquelle on va battre le blé.
Après la batterie, ils servent à mettre en tas
le grain et la balle. || Tlm. Id. Je vas faire un
balai avec du boule. A Sp. on dit : Boulé. V.
ce mot pour l'étymologie.
Boule - (Sp., Fu.), s. f. — Boule d'eau.
Maladie redoutable que diagnostiquent les
rebouteui's. jugeux d'eau et autres empi-
riques généralement quelconques, chez les
personnes dont le ventre est légèrement enflé
par suite d'hydropisie ou pour toute autre
cause. J'ai connaissance d'un cas où une gros-
sesse ignorée, traitée comme une boule d'eau
par un de ces praticiens, s'est terminée par
un avortement. || Tête. Ex. : Je cré ben que
tu perds la boule, — la tramontane. !| Syn.
de Boussole (Mj., Lg.), la tête, comme siège
de la volonté, de la pensée, de la raison.
Ex. : Il n'a pas ça dans la boule, — il ne le
veut pas. Syn. de Micâmeau, Toupet, Ter-
montade, CLboulot. \\ Avoir une belle boule en
main, — avoir une position avantageuse,
tous les atouts dans son jeu. Emprunté du
Jeu de boules, sans doute.
Boulé (Sp.), s. m. — Bouleau.
Et. — Vx fr. Boul, du lat. betullum, pour be-
tulla, mot gaulois, devenu bedol, beoul, boul. —
Boulliau, 1516. — Hist. « Boul est un arbre dont on
fait les balais pour nettoyer les maisons (xvi").
D. C. V boulus. — « Concessimus. . . 700 circules
de houl ad magna dolia. » D. C.
Bouler (Mj., Fu., Sal.), v. n. — Se tordre,
pouffer. On dit : Bouler de rire, ou Rii'e à
bouler. — N. En se tordant, le corps se
ramasse en boule. || V. a. Renverser à terre,
terrasser. || Lg., v. n. Ex. : Je nous amusions
à faire bouler des pierres du haut des coteaux
de la Sèvre. — Cf. Sabouler. ]| V. n. Au bil-
lard, pousser deux billes à la fois d'un seul
coup de queue.
Boules-de-ïcu (Sp.), s. f. — Pivoine. A
cause de la forme quasi sphérique et de la
couleur rouge-vif des fleurs. — Cf. Boules-
de-neige.
Boulet (Lg.), s. m. — Grosse bille à jouer,
en pierre et qqf. en fer forgé. Syn. de Biscaien.
Boulette (Mj.,) s. f. — La boulette du genou,
la rotule. Syn. de Molette. \\ Chiendent à bou-
lettes, folle avoine. Syn. de Pâtinoutre. |i Fig.
Sottise, bêtise, gaffe, bévue, impair. Ex. :
Il a fait eine fameuse boulette. N. La boulette
est moins grave que la brioche. — P.-ê. par
allusion aux boulettes de papier que les éco-
liers s'amusent à rouler et à lancer pendant
que le professeur leur explique en conscience
les arcanes des règles de participes ! || Lg.
Excroissance sphérique et de couleur jaune
qui se produit sur les branches du chêne.
Syn. de Canette.
Boulevue (Mj., Fu.), s. f. — Ne s'emploie
que dans la loc. adv. A la boulevue, au jugé,
presque au hasard. Ex. : Je l'ai tiré à la bou-
levue.
Et. — « Deux sens se présentent : sans réflexion
(aussitôt la boule vue), ou avec réflexion (après la
boule vue). Allusion à un jeu de boule ? » (Litt.). —
Hist. — « Attendes, ou que votre ennemi se lasse,
ou qu'il vous vienne combattre, et ainsy vous
jourés à la boulevue, comme on dit. » (Montluc,
cité par L. C).
Bouli (Fu., Mj.), s. m. — Bouilli. J'avons
mangé du bouli et des crêpes.
Boulie (Mj., Fu.), s. f. — Bouillie. || Faire
de la boulie pour les chats, — faire un ouvrage
inutile. || Boulie dorée, — bouillie ou mar-
melade de potiron. — Cf. Culerée. || On dit
d'un gamin qui veut faire l'homme : « C'a
sèment pas le nombril sec ; à illi tordre le nez
on en ferait sortir de la boulie ! »
Et. — V. Bouli. Hist. — « Si tu veulz en faire
boulie, si desmelle ta fleur et ton lait et du sel, puis
mets boulir. » (Ménagier de Paris, cité par Gtjill. ).
Bouline, s. f. — Boule. Une bouline noire,
une pilule de goudron (Li., Br.)
Et. — Malvezin prétend que Boule ne vient pas
du lat. bulla, qui a donné : bulle ; mais de la rac.
celt. bot, enfler, être gros ; d'où bodula, botula, bou-
doule, contract. boule.
Boulinenieni, s. m. — Action de se rouler,
de se renverser. Z. 132.
Bouliner (Sp.), v. n. — Tomber à la ren-
verse, rouler à terre, rouler sur soi-même.
Syn. do Déribouler, Bouler les pelotons. \\ Se
rouler, se traîner dans l'herbe (Li., Br.) i| Ses
bas boulinent (tombent, se roulent en boule)
sur ses talons. || Sal. Aller en boulinant, —
lentement, gravement. Mj. — en boulottant.
Boulinier, s. m. — Chêne pour échafaudage,
(Pris sur une Afllche de vente, à Angers).
Boulir (Mj., Li.), v. n. — Bouillir. V. Bouli.
— Faire boulir de la seille (du seigle, pronon-
ciat. de gl.).
Et. — « Le laf. Bullire, aurait dû donner réguliè-
rement Boulir. La substitution de i mouillé à i
simple, à Tinfinitif, est due à rinllnence des formes
des autres temps, où le lat. avait un i en hiatus,
comme buUio, buUiam, biiUienlem. » (Darm.). —
Variantes : Bouli, boulé, bouUu, boulu. — Hist.
« Condamné à mort et à être bouli. " D. G.
124
BOULIT' — BOUQUET'
Boulit' (Sp.), s. m. — Petite fenêtre, judas,
petit trou quelconque par lequel on peut
regarder. — Cf. Bau. || Fu. et Mj. — Inusité.
Lucarne, en Poitou. — Boulite ! Interj. Cute !
— Faire boulite, — faire cute ; montrer son
nez et disparaître pour amuser les petits
enfants. Fu. —
N. — Mot usité dans le Poitou. — Ailleurs (C
Jatjb., Lapaire). Bouinotte ; petite ouverture pra-
tiquée dans une toiture, un mur, un panneau de
porte, une boîte, une tire-lire. La bouinotte du
grenier, du confessionnal, du scrutin. « Fourrer le
bulletin dans la bouinotte. » (G. Sakd. Le Diable
aux champs. — Jaub.).
Bouliter (Sp., My.), v. n. — Regarder par
un petit trou — le trou d'une serrure. —
As-tu boulite ? — as-tu vu ?
Boulivarseiiient (Mj.), s. m. — Boulever-
sement. Syn. de Chavirement, Tervirement,
Bousculement.
Boiilivarser (Mj.), v. a. — Bouleverser. ||
Bousculer, renverser. Mettre sens-dessus
dessous. Svn. de Chahuter.
Boullir. — Bouillir V. Bouli. Il non mouil-
lés.
Hist. « Et par Sergeans huyt ou neuf il fut prins.
... Quand l'eurent prins, se tindrent environ
De tous endroitz, tirans à l'aviron
Le pouvre corps, comme une âme dapmnée
Qui à boullir est desjà condampnée.
Ch. BouRDiGNÉ. P. Faifeu, 82.
Boulot (Sp.), s. m. — Boule qu'on joue la
première. N. On dit ailleurs : le Petit, le
Maître. !| Fu. Ce qu'il y a à boulotter. Faire
un bon boulot. — Pvécent.
Boulotter (Mj.), v. a. — Manger. |I V. n.
Aller en boulottant, — aller lentement, à
petits pas, comme font les vieillards. Cf. Bou-
liner. || Boulotter l'existence, — se laisser
'vivre, vivre en roulant doucement, comme
une boule. |i Ça boulotte, — ça va comme
ci, comme ça, ni bien, ni mal.
Boumé (Vr.), ou Poumé, part. pas. —
Blotti. Un lapin est boumé dans une haie. —
Se boumer. Cf. Boumir.
Boumer (Mj.), v. n. — Tonner, en parlant
du canon, d'un pétard. Onomat. — Cf. Angl.
to boom, to bum, bourdonner.
Boumir (se) (Mj.), v. réf. — Se blottir, se
dissimuler. Syn. de se Motter. Cf. Boumé,
Boumer.
Boun, boune (Sp., Tlm.), adj . q. — Bon,
bonne. La forme mascul. ne s'emploie que
devant une voyelle ou un h muet. Un boun
homme, un boun estomac. ^lais on dira : un
bon garçon. Au fém. boune, même devant une
consonne : Une boune femme, la boune \iarge.
il En parlant du lieu d'origine ou du domicile
de personnes dont on a à se plaindre, on dira
qu'il n'en vient : ni bon vent ni bounes gens
(C'e Jaub.). || Boun' gent ! Interj. de pitié, de
commisération. Comme : Ah ! mon Dieu !
Hist. « I somm's de pauvres gens
Boun' gent !
Qui ne mangeons point de rilles ;
Mangeons que des zarengs
Boun' gent !
Routis dessus la grille. "
(J. BuGEAUD. Chants popul. de l'Ouest, il, 151.
Cité par Favre.).
Boune femme (Lg.), s. f. — V. Bonne
femme.
Bouncndret» (Cho., Tf., Lg.). — Syn. de
Belle-chouse, Berchouse. Beaucoup. Ex. : Y
a boun-endret de poires dans ceté boisiier-là.
Mot très vieilli. Pour : bon-endroit.
Bounet (Sp., Li., Br.), s. m. — Bonnet. ||
Fig. Avoir le bounet qui couvre tout, — avoir
un mari. C'est la traduction libre de la
maxime juridique : Is pater est quem nuptise
demonstrant. On dit de même en fr. : Le
pavillon couvre la marchandise. || Sp.
Bounet rond, — coiffe à tuyaux des femmes.
N. c'est le contraire au Fu. V. Bonnet.
Hist. Après avoir pris mon bounet,
M'être mouché pour être ben net...
Noëls Angevins.
Boune-vierge (Lg.). , s. — Andouille. Syn.
de Ange-de-Cheminée.
N. — n nous faut bien recueillir ce mot irres-
pectueux, très usité chez les paysans de vieille
souche, et des plus religieux, et pas seulement par
qq. meillaud mal embouché. A ce sujet on conte
l'histoire qui arriva à la ferme du Petit-Goulet, il y
a qq. 40 ans. Un coureux, à qui on avait donné
asile, profita de l'absence de la fermière pour subti-
liser l'ange de cheminée et lui dit en partant :
« Restez dans la grâce du bon Dieu, moi je m'en
vas avec la boune vierge. » Il était bien loin lors-
qu'on s'aperçut du larcin. — Ce comestible, pendu
dans la cheminée, a une vague ressemblance avec
une statue informe et mal dégrossie.
Bounhomme (Lg.), s. m. — Bonhomme,
vieillard. Cf. le suivant.
Bounhoume (Sp.), s. m. — Bonhomme.
Cf. le précédent.
Bounot, s. m. — Un vieux bonhomme
(Craon).
Bouque, s. f. — Douce amère (Mén.). Syn.
de Bois de rime.
Bou<|ué. V. Bourine. (Mén.).
Bouqué- ée(Li., Fu., Br.), adj. q. Fâché. . .
Es-tu encore bouquée ? — Fais-tu encore le
bouc? \. le suivant.
Bouquer (Sp., Q. Z. 136, Sa.). — Frapper
de la tête, comme un bouc ; encorner, donner
des coups de cornes. || Mj. Fig. Bouder, faire
le bouc. Il Sal. Id. || Fu. se bouquer, seugner,
V. Boucquer.
Bouquet' (Mj., Fu.), s. m. — Toute espèce
de plante d'ornement, sur pied. Ex. : Vous
plantez donc des bouquets. N. De même, dans
le Centre, fleur en général. Ce pré est plein
de bouquets. Semer, planter des b. (Jaub.) En
pleine terre ou en pot.
BOUQUETEE - BOURDÉE
125
Bouquetter (Mj.), v. a. — Offrir un bou-
quet à, — un étranger. V. Folk.-Lore. II.
Bouqucture. — Mauvaise prononciation
de Bouilleture (Lue, etc.). !| Bouqueture de
lumas : se fait avec des pommes de terre et
une sauce à l'ail (Mz.). V. Boucture.
Bouquin (Mj.), s. m. — Fig. Souillon. Dans
ce cas on dit souvent : Bouquin .salé. — Indi-
vidu sale, malpropre, mal tenu. — C'est le
mot fr. dans un sens spécial. i| Bouquin, —
Réprimande (Mén.). Je soupçonne Boucan.
Il Orchis des prés, à odeur désagréable. Syn.
Bonhomme, Moine (Mén.).
Bour. — Ce préfixe est souvent mis pour
Boude. Ex. : Boursoufler est pour Boude-
soufler, où l'on retrouve dans Boude, le radie,
de Boudin (Sudre), Cours de grammaire his-
torique de la Langue française, 3" partie,
p. 47).
Bourais (Tlm.), s. m. — Habitant du bourg.
On dit aussi Bourgadin, com. à Mj. Le mot
Bourais ne s'emploie jamais seul. On dit :
Haut-èourats, Bas-èowrais, habitant du haut
ou du bas-bourg.
Bourasse. Z. 142. — Broutilles, épines,
menu bois.
Bourasseau, s. m. — Petite bourrée de
branches d'arbres (Mén.). V. Bourasse. \\ Ec.
Fagot d'épines ; — caractère acariâtre (par
comparaison). C'est un vrai bourasseau
d'épines.
Bourassier, s. m. Z. 149. Un tablier.
N. — Il faudrait deux r. — « Lange, maillot,
couche, morceau de drap de futaine dont on enve-
loppe un tout petit enfant. — Chanvre de la der-
nière qualité. Fil, toile de bourrasse. (C'« Jaub.)
Bourbe (Tlm. Z. 124), adj. quai. — Ne
s'emploie qu'adverbialement dans la loc. :
Bourbe- gras, au dernier degré de l'embon-
point. Ex. : Il a ein bœuf qu'est bourbe gras.
Cf. Pourri mûr.
Bourbeille (Mj.), s. f. — Ampoule. — Syn.
de Gourgueille et de Bouroille, intermédiaire
comme forme entre ces deux mots et proba-
blement doublet de l'un et de l'autre. De la
sorte, ces trois mots se rattacheraient à
Orgueiller, Orgueillir. \\ Se dit aussi de cette
pellicule qui se forme et s'enfle à la surface
du lait qui bout.
Et. — A rapprocher du bas-bret. bourbe, bour-
bonem. (Littr.). — V. Borbe.
Bourbite (Lg., Br.), s. f. — Enfant et sur-
tout gamine malingre, chétive. Syn. de Chi-
vrille. Ex. : \'as-tu finir, méchante bourbite,
dira une bonne à une petite fllle qui l'agace.
— Donc : agaçante.
Bourbiter (Mj., Fu.), v. n. — Agiter un
liquide et souffler dedans, comme fait un
porc dans son auge — ou le canard dans sa
mare. Le petit enfant aime à bourbiter et à se
salir dans le ruisseau. || Fig. Mj., Sal. — Par-
ler entre ses dents, murmurer, marmotter.
grommeler ; causer rapidement, peu distincte-
ment. En ce sens on dit aussi Gourmiter. 'j
Agacer qqn en tournant autour de lui. || Cho.
S'amuser à des riens. — Cf. Barboter. Bourbe.
Et. — Douteuse. — Hist. :
c( Un droitz marais pour bourbetter les canes. »
Eust. Deschamps.
Bourbitonner, v. a. — Bavarder, en ressas-
sant, en rabâchant toujours la même chose.
Bourbon, s. m. — Joubarbe. Vulg. sem-
pervivum tectorum (Mén.). Syn. de Herbe à
la tounerre.
Bourcatin (Lg.), s. m. — Habitant du
bourg, par opposit. à Villager. Syn. et d. de
Bourgadin et Bourais.
Bourdailler (Mlh.), v. n. — Etre approxi-
mativement cela. Ex. : Combien pèse votre
cochon? Six-vingts? — Oui, ça bourdaille.
Et. Pour : bordailler, fréquent. Actif du v. border.
V. Bordant.
Bourde (Mj.), s. f. — Longue perche, armée
à son extrémité inférieure d'un fer à deux
cornes, dont les mariniers se servent pour
pousser les bateaux. Il ne faut pas la con-
fondre avec la gafl'e dont une des cornes est
recourbée en crochet. j| By. — Bourde, ou
bâton de quartier, gros bâton ferré-court, à
une pointe pour bourner, bournéyer, contre-
bouter. — Gaffe, long bâton ferré à deux
pointes, l'une droite, l'autre recourbée pour
repousser et accrocher, employé pour pousser
avant (ou de l'avant, pour faire avancer le
bateau) dans les rivières sablonneuses ou à
fond dur et propre (dépourvu d'herbes). —
Bâton ferré, à deux dents pour pousse*". —
Affitre ferrée, bâton muni d'une longue et
grosse pointe en fer garnie d'une douille, pour
se piquer (fixer le bateau de pêche), soit en
pleine eau, à l'aide d'une petite corde munie
d'un terzillon, soit à terre, à l'aide de la com-
mande. — Petite affitre, bâton pointu d'un
bout, servant dans les end "oits vaseux, pour
appoyer (maintenir) le bateau, amarré d'ail-
leurs à une aflître ferrée. || Fig. Sottise, fausse
manœuvre dans la conduite de la vie. Cf.
Boulette, Brioche.
N. — Le fr. donne ce sens au mot : gaffe, et il
est à noter qu'il emploie le mot : bourde (que d'ail-
leurs il ignore dans son sens propre) avec une signi-
ficat. figurée différente de celle que nous lui attri-
buons. Et. — Peu certaine. Dans le vx. fr. le sens
est celui de bâton, lance. — Hist. « Bourder, jouter
avec le bouhours, bâton : « Iceux Jehan et Girart
prinrent chascun d'eux un blanc petit tilleul pelé,
pour en behourder l'un à l'autre, et en eulx ainsi
esbatant et bouhourdant, brisèrent plusieurs
tilleux l'un contre l'autre. (1375. — D. C). —
Behourder à bien pu donner : bourder. — Puis, de
behort, joûie à la lance, on passe, pour le sens, à
joute de paroles, vanterie, mensonge. (L. C).
Bourdée (Mj.. Lg., Lpos., Sal., Fu.). — Une
moitié de la journée. Ex. : J'en ai pour eine
bonne bourdée à faire ça. V. Babinée. [| Z. 151.
Bourder, c'est s'arrêter. Les laboureurs
bourdent deux fois par jour ; une bourdée est
426
BOURDER — BOURGEOIS
donc l'espace entre deux repos (SI.)- Il A Br.
c'est le repas d'une après-midi. || Sal. Faire
une bourdée, c'est faire une pose, un arrêt. ||
De bourdée. Loc. adv. — « T'iras aux champs
de bourdée, dans la soirée, de 4 à 5 heures. »
(Gho.).
N. — Dans le Centre : Bordée « Temps employé
au travail dans une matinée par un charretier ou
un laboureur avec ses bœufs. « Il a fini sa bordée. »
Une bordée est d'environ six heures. — Renvoie à
Bourdée. (Jaubert. )
Bourder (Mj., Lg., Lrm., Fu., Sal.), v. a. —
Arrêter. En parlant d'un taureau : Bourdez-
le. Une vache va trop fort : Bourde-\a. \\ Em-
pêcher (Z. 149, 1.50). Cela ne me bourdera pas
de, — ne m'empêchera pas de. || Garantir de.
Il l'avait bourde du garou, — débarrassé de
(Z. 146). Il Bourder un jars, — lui mettre
dans le nez une plume pour l'empêcher de
passer dans une haie ; alors les oies qui le
suivent n'y passent pas non plus. || « Ils ont
tombé dans une mollière qui les a ben bourdes.
Il Avoir la vue bourdée par un obstacle, bornée.
— Ti., Bourder les berlots, — boucher les
yeux. V. Ang. de Paris, 28 juillet 1907 : Une
vieille histoire. || V. n. — Se reposer, tarder,
s'attarder ; faire halte. Ex. : J'avons bourde
ein bon moument au Pélican (place d'Angers).
— A n'a pas bourde à arriver, j] S'arrêter, —
aussi bien un prédicateur dans son sermon
qu'un ouvrier dans son travail. || Rester sta-
gnante, — en parlant de l'eau. Ex. : L'eau qui
bourde est plus à craindre que l'eau qui court.
Il Etre arrêté par une ornière. Dans Jatjb.
Bordir. || Ti, Z. 20.3. — Cesser d'être présent,
bouger. Ex. : Pendant trois jours et trois
nuits i ne bourda point de l'église et jeûna
serriment.
Et. — Assez difficile à expliquer. .Je propose :
User de la bourde, pour arrêter un bateau, avec
extensions. Cf. Bouméier. — Hist. « M. de J., gen-
tilhomme manceau. nommé depuis peu de temps
page de la reine Marie-Antoinette, accompagnait
la voiture de S. M. Cette princesse le chargea de
galoper après un seigneur qui l'avait saluée en la
croisant et qui s'éloignait à toute bride. A son
retour, le page essoufflé ne put dire autre chose
que : « Madame, je l'ai Juppé (appeler à haute voix,
hucher), je l'ai voalé (id.) ; il n'a jamais voulu
bourder. » — « Que dit-il, demandait la reine? —
Et le page de répéter ; ce fut tout ce qu'on en
obtint. (De Montesson.). — « Depuis quelque
temps, je me trouvais complètement arrêté dans
mes travaux... Pour l'instant, j'étais « bourde »,
comme disent les charretiers du pays, lorsque leur
véhicule est embourbé au plus profond d'une
ornière. (C. Leroux-Cesbron. Autres temps, p. 110,
1. 9.). — « Maugréoit Dieu comme un chartier
bourde. » Contes d'Eutrapel. (h. C).
Bourdin (Sp., LL, Q.), s. m. — Ane, bour-
rique. Il Jeune bœuf. Q. Z. 136. 1| Etre saoul
comme ein bourdin. || Sal. — Gros et court. ||
Syn. de Ministre, Bourricot. V. Folk-Lore,
XIV. Il Fu. — Bourricot, — jeune bœuf.
Et. — Lat. Burdonem, mulet. — « Bordon =
bourdon, mulet ; bâton de pèlerin qui lui sert de
mulet pour le voyage. Et. *burdon(e),leproduitdu
cheval et de l'ânesse.
Bourdineau {Mj., Sp.), s. m. — Pivot ou
téton qui soutient une porte et tourne dans
une crapaudine. V. Bourdonneau.
Et. — « Bourdonnier, dér. de Bourdon, à cause
de la partie arrondie qui termine le bourdon des
pèlerins. Dans les portes qui ne sont point à gonds
ou à charnières, partie supérieure du chardonnet,
pivot arrondi qui s'engage et tourne dans la bour-
donnière du linteau. » (Darm.). — « Bourdouniau,
pièce de bois formant le côté, le montant d'une
porte et tournant sur pivot, comme dans une porte
de grange. V. Crapaud.
Bourdoiller (Lg.), v. a. et n. — Bredouiller.
Ex. : On n'entend point ce qu'il bourdoille.
Syn. et p.-ê. doubl. de Baroiller. \\ Ec. Boer-
douiller, || Ça y-i boerdouille dans le ventre.
Boardon (Mj.), s. m. — Bâton de que-
nouille. Il Fu. et Mj. — Queue d'animal, —
bœuf, vache, veau. !| Au fig. Lever le bourdon,
— lever la queue droite comme fait une
vache qui mouche.
Et. — V. Bourdin. — Mais le savant Eccard fait
venir ce mot de l'ail, bœren, porter, soutenir, d'où
bort, bordo, burdo, qui s'applique aussi bienàl'âne
qu'à un appui qcque.
Bourdonneau (Sp., ]\Ij.), s. m. — Crapau-
dine. — Cf. Bourdineau.
Bourdonneau (Lg.), s. m. — Ouverture au
bas d'une panne, dans laquelle on fixe
Vanche ou quenelle, et par laquelle s'écoule le
lessi. Syn. de Cas, Bouclet.
Et. — Malgré la différence de sens, c'est le même
que le Mj. Bourdonneau ou le Si ^AxAs-XS Bourdineau.
Le Bourdonneau d'une panne a, en effet, la forme
d'un gros téton, comme le pivot d'une porte ; ou
bien il rappelle les culs de bouteilles servant de
crapaudines.
Bourdonner (Lg.), v. n. — Bourdonner. Ex.
La tonnerre bourdoune en loin.
Bourgadin (Tlm., Lg., Fu.), s. m. — Habi-
tant d'un bourg, par opposition à Paisan.
Syn. de Bourcatin, Bourais. \\ Habitant du
quartier du Bourg, à Mj., par opposit. à Biva-
geois. — Les gens des bourgs ne se consi-
dèrent nullement comme des campagnards.
Et. Dér. du fr. Bourgade. — Bourg, L. Burgus,
se rattache à l'aha. Burg, lieu fortifié ; celt. borg. —
V. la description d'un bourg dans G. Saxd, ]'alen-
tine, t. 1, ch. 1.
Bourgau (Sal.), s. m. — Grosse mouche
d'un noir brillant, au dard acéré. V. Burgot.
Bourge, esse (Mj.), s. m. et f. — Forme
atténuative du fr. Bougre. V. Boudre.
N. — Elle est très usitée par les femmes. A leurs
yeux cette simple métathèse du g et de l'r enlève
au mot tout caractère de juron ; car telle est bien
et uniquement la signification attribuée par elles
au vocable fr., dont le sens propre — ou malpropre
— leur est inconnu. Bourge n'a plus que le sens
plutôt bénin de Diable, enragé coquin, abominable
canaille, etc.
Bourgène, s. f. — Pour Bourdaine, Voir
Nerprun (MÉx.). — Rhamnus frangula (Bat.)
Bourgeois (bourjouê)) (Mj., Lg.). —
Homme de la classe aisée. || Maître de la mai-
BOURGEOISE — BOURNÉIER
127
son, chef de la famille. Ex. : Le bourgeois
est-il là? J'arais affaire à lui. || Epoux, mari.
Ex. : Je le disais ben à mon bourgeois, il Fu.
Id., et le Maître, dans certains jeux de boule.
Et. Le bourgeois était un homme du bourg, du
lieu clos et fortifié, tandis que le villain était l'ha-
bitant de la ville (villa) maison de campagne, lieu
ouvert et non fortifié. (Litt. ). — Bourg et franchise
étaient synon.
Bourgeoise (Mj.), s. f. — Maîtresse de mai-
son. Il Epouse, femme. Ex. : Ma bourgeoise
est malade, aile a fait la commère illy a huit
jours. Syn. de Mariée, Capitaine.
Bourgeoiserie (Mj., Tlm.), s. f. — Bour-
geoisie, la classe riche. Doubl. du franc. — Cf.
Princeresse, pour l'insertion de l'r.
Bourgeon (Lg.), s. m. — Ballot de laine
non filée. Langue des ouvriers de filature. ||
Petit amas de foin, d'herbe, etc. Ex. : La
sourcière a enlevé des bourgeons de foin à pus
de 200 pieds haut. || Syn. de Bouchon. \\
Flocon de neige.
Bourgne, s. f. — Ouvrage en osier, ber-
ceau, nasse.
Hist. — « S'entendait fort aux ouvrages de gos-
serie, faisant lui-même ses charrues, ses clies,
ployant des fourches, clissant paniers et melloirs,
pallissonnant grenotes et bourgnes. » {La Tradit.,
p. 64.). — « Un superbe bébé pélebois... placé dans
une bourgne qui est un chef-d'œuvre de palisson-
nage. » {Id., p. 71). — « Certains instruments et
engins pour pescher poissons, nommez et appeliez
bourgnes, ou bourgnons. xv«. Cité par D. C. !i Mot
cité comme rapprochement avec son doublet
Burgne, Beurgne. — Plutôt poitevin.
Bourgnier, (Tlm., Lg.), s. m. — Ruche.
Syn. de Reuche, Runche. Dér. de Beurgne.
Et. — « Terme de pêche : sorte de nasse, dite
aussi bourgnon, que Ton place à l'extrémité des
parcs ouverts. Et. Borgne, les épith. de borgne et
d'aveugle étant données à des objets qui n'ont
point d'issue. » (Litt.). — « Bornion, bournion,
essaim d'abeilles. (D^ A. Bos.).
Bourgnon (Sp.), s. m. — Petite beurgne.
— Cf. Borgnon, ruche d'abeilles (Jaub.).
Bourgnot' (Sp.), s. m. — Boîte de bois
dans laquelle les mères placent debout leurs
petits enfants emmaillottés, pendant qu'elles
vaquent à leurs occupations. — Dér. de
Beurgne. A dû se faire jadis en osier. V.
Bourgne.
Bourguigne, s. m. (Segr.). — Broc en bois,
servant à soulever les épines, et espèce de
pince pour saisir la bogue de la châtaigne, j
Peut-être de Burguer. Cf. Berquîgnon.
Bourguignon (Mj.), s. m. — Chalaze. Syn.
de Grain d'orge, Biroillon, Hardillon, Par-
pillon.
N. — Pourrait bien être un doublet de Bcrqué-
gnon et Bourquégnon. Il y a de la ressemblance
entre le compère loriot et le bout d'une branche
qui n'a pas été coupée au ras du tronc. (R. O.) —
Ingénieux ! A. V. — Cf. Berton, Bourrickon. —
V. Folk-Lore, IIL
Bourguignonner, v. n. — Aller d'un
endroit dans un autre avec hésitation.
(MÉx.).
Bouri-boura. Z. 136, 142. — Pêle-mêle,
confusément. (Q.). — Personne en l'air, sans
ordre. (Craon).
Boîii'n (Sar.). Bourrelier. V. Sabourin.
Bourine ou Bougué. — Loge, petite mai-
son de terre et de paille (Méx.).
Bouriner autour de (Craon). — S'occuper
à des petits travaux sans grande importance.
il Lg., V. n. — Travailler dur. Doubl. de
Buriner. V. Bourriner.
Et. — Bourriner, dér. de : bourrier, pris au sens
fig., s'occuper à des riens. — Burra?, lat., niaiseries.
Cf. Bousiner. — Hist. « Est-ce que tu soufïres
toujours? — Encore un si peu. . ., mais l'ouvrage
n'en soufTre point. Je bourrine dans les bâtiments
et Sylvain travaille aux champs pour deux.
(G. Saxd, Claudie. — C'- Jaub.)
Bournage (Mj., Fu.), s. m. — Bornage.
Bourne ', s. f. — Bel extérieur, apparence
avantageuse. — V. Montrée.
Bourne "' (Mj., Fu.). Borne. || Qqf. se dit
pour un madrier arrondi et pointu, retenu
par une corde dont le marinier se sert pour
conduire un bateau sur la Loire. {Union de
r Ouest, vendredi 29 décembre 1876. Mén.).
Inconnu à Mj. — Pour Bourde? Cependant il
y a Bournéier. — De plus la Bourde n'est pas
attachée par une corde ; c'est le bâton de
quartier qui est ainsi retenu à ]Mj. \. Bourde,
By.
Et. — B. L. Bodina, qui a donné bodne, puis
borne. Orig. incert. — Hist. « Mais là ne faut faire
but et bourne. » (Rab., P., iv, 23.) — AngL Bourn.
— « Et, le 29 octobre 1668, on a planté des bournes
de pierres sur l'eau de lad. saullaie. » {Inv. Arch.,
E, n, p. 222, col. 2.) — « Aussi pour avoir mis et
assis bournes en leur fief sans authorité de leur jus-
tice. . . pour bourne assise, soixante sols tournois. »
{Coût, d' Anjou, art, 3, p. 4.) — Pour le premier sens
de Borne.
Pluie. Il Bruinée?
m. — Ensemble des
rançoires d'un bateau. On dit : Mettre ein
bournéiage à un bateau. Techniquement : les
fargues. || Ce qui sert à bournéier.
Bournéier (Mj.), v. n. — Terme de marine.
Arrêter brusquement un des bouts du bateau
pour l'obliger à tourner sur place d'un cer-
tain angle, lorsqu'il se présente transversale-
ment au courant. La manœuvre s'exécute
au moyen d'une énorme pièce de bois cylin-
di'ique, ferrée d'un bout et appelée : bâton de
quartier, dont le marinier plante dans le
sable la pointe ferrée, tandis que la tête en
est arc-boutée dans une des entailles du bor-
dage appelées Bançoires. Jaub. Bomager.
Et. — Dér. de Bourne au moyen du sufïixe ver-
bal inchoatif et itératif éier. — N. La bourde ne
saurait servir à bournéier, au sens de Mj.
Il Fig. Se dit d'un ivrogne qui va d'un
côté sur l'autre (Sf.), et cela rappelle bien les
Bournée, s. f.
Bournéiage (Mj.), s.
128
BOURNER — BOURRER
bordées que tire le bateau. i| Sal. — Se
heurter contre une borne?
Bourner (Mj.), v. a. — Borner. |i Lrm. —
Faire du bruit comme un coup de fusil, un
pétard ; résonner violemment. — Onoma-
topée.
Bournier (Lrm.), d'abeilles ou ruche. —
V. Bourgnier.
Et. — Ruche en forme de bourgnon, bourgne,
panier.
Bournifâille (Mj., Fu.), s. f, — V. Pourti-
f aille.
Boiirnigeoter (Tlm.), v. n. — Se livrer à
des occupations futiles ou minutieuses. Syn.
de Bourniger, Nigeoter, Nigeasser. Dimin. de
Bourniger.
Bourniger (Mj., Fu., Sal.), v. a. — S'occu-
per à des futilités, faire qq. travail minutieux
et inutile. !| By. On dit : bournicher, et pour-
tant on dit plutôt : débourniger (découvrir
après recherches). — Lrm. Prononc. Bour-
gniger, — chercher, fouiller pour peu de chose ;
avoir l'air de s'occuper de choses insigni-
fiantes.
Et. — C'est un composé de Ni^er, formé absolu-
ment comme le fr. Boursoufïler l'est avec : souffler.
V. Bour.
Bournigerie (Mj.), s. f. — Occupation futile,
travail mnuitieux. V. Bourniger. Syn. de
Nigeoterie, Nigeasserie, Nivasserie.
Boiiroche, s. m. — Chou bouroche. Borago
offîcinalis (Méx.). Prend 2 r. (Bat.).
Bouroille (Mj.) (bouro-ille),s . f. — Am-
poule, élevure à la peau, pustule, phlyctène.
Cf. Brosson. Syn. de Bouffie. V. Bourbeille,
Boursolure, Bourselure. || Fu. Enflure résul-
tant d'une piqûre d'ortie ou d'insecte. N'est
pas la même chose que Poulette, ampoule. ||
Lg. — Cloche qui se forme à la surface de
l'eau quand la pluie tombe avec force. Syn.
de Bousine, Boille. V. Gourgueille. (Ché.,
Cho., etc.)
Bouroiller (Mj., Fu., v. n. — Se couvrir
d'ampoules, d'élevures, en parlant de la
peau. V. Bouroille. Syn. Boursoler, Bourseler.
Bourquégnon (Tlm.,), s. m. — V Berqué-
gnon.
Bourracas (Lg.). V. Bourrage. — Rappelle
le fr. Bouracan, que Hatzf. fait venir de
l'arabe.
Bourrage (Lg.), s., m. — Nom collectif
sous lequel on désigne les menus branchages,
les genêts, le chaume, les grètes, etc., les
mauvaises herbes qui poussent dans les blés.
— Syn. de Bourracas, Bourrier.
Bourrasser (Tlm., Sp.), v. a. — Bousculer
rudoyer, malmener, bourrer de coups. Syn,
de Budanger, Halbourrer, Harbeugner. — Du
fr. Bourrer. || Lg. v. a. et n. — Faire un tra-
vail pénible. Ex. : J'ai bourrasse ça tote
seule. — Syn. de Buriner, Bourriquer,
Ourser.
Et. — Dér. de la même racine que ces deux pre-
miers ; littéralement : travailler comme un bourin,
une bourrique.
Bourrassier. — Tablier en grosse toile,
faite d'étoupe de chanvre.
Et. — Semble venir du lat. Burrus, roux, d'un
brun foncé. Cf. le fr. Bure. — Hist. :
...Quand il doit porter la hôte,
Ou faire aucun labour de bras.
Ait ung surpelis de bourras.
Qui sa robe honeste luy tiengne.
D. C, Bouratium.)
Bourre i, s. m. Beurre.
Hist. — « Je lairai. . . mon bourre. — D'un vx
mot burre. (iV. A., 4, 4.) Lat. Butyrum ; u pro-
noncé ou?
Bourre - (à la). — (Ec.) — A rebours,
sans ordre. Il fait les choses tout à la bourre,
à l'envers.
Bourre ^ Jeu. \'. F. Lore, VIL
Bourreau (Mj.), adj. q. — Brutal, cruel.
il Fu. — Bourreau, — id. Qui aime à faire
souffrir bêtes et gens.
Bourre et Balle (Mj.). — Loc. adv. En bloc.
Tout prendre, bourre et balle, le bon et le
mauvais (Sf.). — Je illi ai tout vendu, b. et b.
Il Bourre et bailler, avec les immondices. Il
a tout avalé, b. et ballier.
Et. • — Bourre : ital., esp., prov., borra, pour
flocon de laine, du L. burra, sing. inus, de burrœ,
niaiseries, fadaises. Le sing. présente le sens propre,
le pi., le sens métaphorique. (Cf. Floccus, flocon de
laine et bagatelle.) — Bourras, bouras, étoffe gros-
sière ; bourrer ; bourrée, — ade ; bourru ; bour-
reau ; bourrelet ; rebours (revêche).
Bourrée (Mj.), s. f. — Repue, franche-
lippée, ingestion d'aliments qui produit
l'extrême satiété. || Lg. — Paille ou foin que
l'on met dans les sabots. || (Lg., Tlm., Fu.). —
Litière. Ex. : Va donc faire la bourrée aux
bœufs. Syn. de Letière, Betière.
Hist. — « Vingt sols pour un cent et demy de
cotterets et un demi-cent de bourrées qui furent
arses ledit jour, w (Cité par Ev.)
Exemples de Repue : « Il a mangé eine
satrée bourrée de lait moucheron, — de
soupe à la palourde. || Réprimande. « Si
nous les attrapons, ils seront bien bourrés. »
(M^'' DE Sévigné, 196. ) — Il Coups donnés
ou reçus. Par assimil. à la bourre que l'on
entasse dans une chose bourrée.
Bourréier (Sa.), v. n. — Faire de la bourrée.
Bourrelet (Fu.), s. m. — Sorte de gaine,
remplie de bourre, — se fixe aux hanches
pour retenir le jupon (avant le corset).
Bourrer (Mj.), v. a. — Au propre et au
fig. — Bâfrer, manger gloutonnement : — Il
en bourre, des calots. — S'empifrer. Syn.
de Bouffer. On dit : se bourrer le fanal ; réfléchi,
en ce sens. — et dans : || Lg. — Se bourrer
sus, — s'élancer tête baissée sur. Ex. : Le
bouvard a voulu se bourrer sus moi. Tlm. —
Perdre au jeu de bourre, être bourre.
BOURRI — BOURSE-A-JUDAS
129
Bourri (Lue.)- — Ane.
rique. Cf. Bourriquet, -
l'âne mâle.
- Abrégé de Bour-
cot. — Ce serait
Sens
Bourri-boiirra (Q., Zig. 136), adv
dessus dessous. Syn. de En pagaie.
Bourricboii (Mj.), s. m. — Roitelet. Syn-
de Rabertaud.
Et. — Du lat. Burriis, roux. Cp mot serait le véri-
table, et Berrichon une forme corrompue.
Il Se monter le bourrichon, — la tête,
s'emballer, s'enthousiasmer. On assimilerait
la tête à une bourriche ; « les faubouriens,
dans leur argot, prennent les imbéciles pour
des huîtres ». (Delvau.)
Bourricot (Li., Br., etc.), s. m. — Bourri-
quet. Syn. de Bourdin, Ministre, Bourri.
EL — Du fr. Bourrique. — « Buricus fut à l'ori-
gine un petit cheval rouge : « Mannus, quem vulgo
buricum vocant. » (Isid. de Séville. — L. C.) —
« Buricus veut dire rougeâtre, nom spécial, étendu,
dans la latinité, à tous les petits chevaux, quelle que
fût leur couleur, et finalement aux ânes.
Bourrier (Mj., Sal.), s. m. — Fétu, grain de
poussière que le vent emporte. Ex. : J'ai ein
bourrier dans ein z yeux. — Syn. de Boise.
Dér. de Bourre. || Ne pas faire de bourriers à
qqn, — ne pas mettre les pieds chez lui. — Au
plur. Balayures. || Mauvaises herbes. — Syn.
de Bourrage, Bourracas. — Ex. : C'est ein
vilain bourrier que le chiendent. — Serrer le
bourrier dans un champ (Lue, Ec.)|| Résidus
du foyer. || Terme usité aux ardoisières. {Petit
Courrier du 18 juin 1904). || Ec. Des bourriers,
en particulier tous les débris laissés par les
eaux sur les rivages. || Sal. Faire du bourrier,
— soulever beaucoup de poussière, par suite :
mener grand train. — Ramasse-6owr/-iers, —
sorte de pelle à enlever le bourrier. Au Fu. on
dit Cure-bourrier. A Mj. id. et Serre-bourrier.
Et. — De : bourre. — Hist. « Ce mot se dit en
Touraine, en Anjou, en Bretagne, etc., pour toutes
sortes d'ordures des maisons et pour les mauvaises
herbes, ronces, orties et autres qui croissent dans les
champs. C'est ce qui vole en l'air quand on vanne
le blé, suivant Méxace, et c'est dans ce sens que
RÉGNIER l'emploie quand il dit à Dieu :
. . .Cependant, tu vas dardant
Dessus moy ton courroux ardent.
Qui ne suis qu'un bourrier qui vole.
(Vers spirituels, p. 195.) — L. C.
— « Dérivé du vx mot : pourrière, qui voulait dire :
poussière. (D. C, pulvis.) « — Et avait des bour-
riers de chassie es yeux. » (B. de l'Anjou, 1880, 175.)
— « Le dict devra enlever les eaux beurriers. »
147 'i. Cité par Ménière. (Peut-être faudrait-il une
virgule après : les eaux.)
Bourrin, s. m. — Ane, bourrique. S'em-
ploie dans la loc. : Avoir le ventre comme ein
bourrin, — gonflé, tendu ou gros. Syn. de
Bourdin, Bourricot. Lg. Haridelle, maigre
bête d'espèce quelconque. Syn. de Bourro-
I chon, Harou.
Et. — Le Bourri a souvent un gros ventre. Peut-
être aussi est-ce une allusion au poil bourru de cet
animal.
Bourriner (Lrm.), v. n. — Travailler dur.
Syn. et doubl. de Buriner ; syn. de Bourrasser,
Ourser, etc. — Dér. de Bourrin, — mais non
du fr. Burin, que nos paysans ne connaissent
pas.
Bourrique, s. f. — Personne paresseuse,
ignorante ou entêtée. || (Sp., Mj.). Sorte de
jeu de cartes. || Sp., celui qui perd à ce jeu. ||
Sa. — Trouver la bourrique, — être en retard
pour moissonner. Il paraît qu'autrefois il
était d'usage de poster une bourrique au bout
du champ de celui qui se mettait dans ce
mauvais cas.
Bourriquer (Mj.), v. n. — Travailler péni-
blement. Syn. de Bourriner, Bourrasser, Our-
ser. Il Perdre ou faire perdre au jeu de la
bourrique. \\ (Mj.), v. n. — Devenir à moitié
idiot, à demi fou, tourner en bourrique. —
« T'es toujours ben bourrique ! »
Bourroche i (Mj., Sp., Lg.), s. f. — Petit
panier rond à un seul couvercle. || Sp. Fig.
lUy en a encore ieun dans la bourroche, —
telle femme est grosse encore une fois. || Nasse
Syn. de Nanse. Lg. Nasse à deux ouvertures.
N. La bourroche se fait en fd de fer. Syn. de
Loup. Cf. Nanse, Chartreau.
Et. — Douteuse. Mais les exemples abondent :
S'écrivait : berroiche, bourrache, burache, boue-
resche, bouresche, borroche : « item li courgnon
des clices, que l'en dit Bourroiche, ne corra point
en nulles saisons. » (1327.) — « Une borroche de
jonc^ pleine de poupées de lin, et du lin fdé (1415).
— « Le suppliant print une plaine borroche de
prunes, laquelle il getta à l'encontre de son frère. »
(1459.) D. C. — « BouroUe. Grand vase en osier
tressé qui sert à conserver des grains ou des fruits
secs, — engin de pêche. » (Favre.)
Bourroclie ' (By.), s. f. — Manière de pro-
noncer le mot bourrache. || Fu. — Chou bour-
roche, bourrache. — V. par un seul r.
Bourroclion (Lg.), s. m. — Haridelle.
Maigre bête d'espèce quelconque. Syn. de
Bourrin, Harou.
Bourru (Lg.), adj. quai. — Touffu. Ex. :
J'ons copé des remâs dans les chênes les pus
bourrus.
Bourse (Mj.), s. f. — Petite crucifère dont
les siliques sont aplaties et cordiformes. C'est
le thlaspi bourse-à-pasteur. Syn. de Bourse-
à-./udas, Bourse-en-verger. N. L'ancienne
langue avait 27 manières d'orthographier ce
mot (L. C).
Boursée (Mj., Fu.), s. f. — Le contenu d'une
bourse. Ex. : Il se paraît qu'il a trouvé eine
boursée, — magot, trésor. — J'ai point
compté sa boursée. Syn. de Magousse, Guer-
nouille.
Et. — Bourse, d'un mot lat. tiré d'un mot grec
signifiant : cuir, parce que les premières étaient
faites en cuir.
Bourse-à- Judas (Mj.), s. f. — Syn. du pré-
cédent et de Bourse-en-verger, Chie-niou. On
ne désigne guère sous ce nom le thlaspi bourse
à pasteur, sans citer le dicton populaire :
Bourse à .Judas, cent écus n'y a pas.
130
BOURSES-DE-CHENEILLES — BOUSINE
Bourses-de-clieneilles (Lg.), s. f. — Sorte
de sacs que se filent certaines chenilles sur
les branches des arbres et dans lesquelles elles
vivent en colonies. Syn. de Boubelin.
Bourse-en-verger (Lg.), s. f. — Thlaspi,
bourse à pasteur. Syn. de Bourse, B.-à-Judas^
Boursier (Tlm., Sa., Fu.), adj. quai. —
Enflé comme une bourse. Ne s'emploie que
dans l'expression Crapaud boursier, — très
gros crapaud.
Boursiller (Mj.), v. n. — Economiser,
épargner de petites sommes, liarder.
Et. — Du fr. Bourse, avec la terminaison ver-
bale diminutive Hier. Le mot s'emploie en fr. dans
un autre sens.
Boursillonner (Mj.), v. n. — V. Boursiller.
Boursoler, seler (Lg.), v. n. — Se couvrir
de papules, de boutons, de phlyctènes, etc.
en parlant de la peau. Syn. et doubl. de Bou-
roiller.
Boursolure, selure (Lg.), s. f. — Bouton,
papule, ampoule, phlyctène. Syn. de Bou-
roille.
Boursoule, s. f. — Espèce de berlingue.
(Méx.) Il Brouette, et aussi : vieille voiture.
Boursourd (Zig. 137), adj. quai. — Maus-
sade, sournois par habitude.
Bousculade (Mj.), s. f. — Tohu-bohu de
gens. Cf. Bousculement. Sens difîérent du
français.
Bousculement (Mj.), s. m. — V. Bouscu-
lade. Il Bouleversement. Syn. de Boulivarse-
inent. Chavirement, Tervirement.
Bousculer (Mj.), v. n. — Trébucher forte-
ment, broncher, perdre son équilibre, man-
quer de tomber. Ex. : En sortant de l'auberge,
il bousculait. Syn. de Bricholer, Brangeoler.
Bouse (Lg.), s. f. — Gros ventre de petit
oiseau. On dit de petits oiseaux qui n'ont pas
encore de plumes : Ils sont tout frais égueillouis
ils n'ont que la bouse. — V. Bousée.
Et. — Je vois dans ce mot un doublet d'un vx
vocable Béze ou Bédé, qui n'existe plus sous cette
dernière forme (mais Béze existe). Il a donné au
franc. Bedon, Bedaine et à notre patois : Basane,
Bezard, Béserot, Abézardé, Beille, Boitte et leurs
dérivés. Je suis persuadé que Véze est le même
mot. Observons que Vèze avait jadis pour
syn. Bousine, qui est le dérivé direct de Bouse.
Enfin ce mot lui-même est peut-être le franc.
Bouse. Cf. Bonnel-à-bouse, c.-à-d. Bonnet ventru.
Bousée, s. f. (Mj.). — Excrément d'animal,
bouse, flente. Cf. Foirée, Mardée, Pissée. ||
By. — Implique l'idée de chose abondante et
molle. Il Fu. — Une bousée est un rond de
bouse. Si l'on veut désigner la matière, on dit :
de la bouse. Cf. Crottée, crotte (de cheval).
Et. — Incert. — Le bas-bret. beûzel, bouzel,
bou7.il est p.-ê. emprunté du franc. — Faut-il le
rattacher à : bœuf? — « Bouse, panse, autrement
l'herbier ou le double ventre. En latin, « magnus
venter ». « Se la beste est férue en la bouse, c'est en
la pance, pou sayne, et vient, avec le sang, de
l'erbe, et de la viande que la beste aura viandée. "
— Injure ; « Bouse vous dis, bran de vous !
(xur= s. L. C.)
— Ki de tel viche est embousés,
Se devant mort n'est desbousés.
Il muert comme bues en se bouse. "
{Miserere du Beclus de Maliens, xii'' s. — Schel.)
D'où : bouser, bousiller, bousin.
Bouser (Mj., Lg., Fu.), v. a. — Enduire de
bouse délayée. Ex. : J'allais bouser l'aîre —
pour la préparer à recevoir le grain qui y sera
battu. (Li.). — Il Fu. Produire de la bouse.
Bouses (Fu.). Dames des prés. Les bouses
sont ainsi désignées dans les devinettes (devi-
nailles) et rébus.
Bousicot, s. f. — P.-ê. pour Boursicot, petite
bourse. A Segré le bousicot est la châtaigne
cuite à l'eau avec son écorce (Mén.).
Bousillard, s. m. (Segr.). — Bousilleur.
Bousiller, v. a. — Sens spécial (La.). — Bou-
siller le feu, tisonner. Syn. de Tiser, Fergâiller.
Bousilloux (Mj.), adj. q. — Besilloux.
Bousin (Mj.), s. m. — Auberge de bas étage,
guinguette, cabaret borgne. || Maison de
tolérance. || Lg. — Celui qui travaille grossiè-
rement et sans goût. Syn. de Boussicre,
Saboureau, Bouifre. \\ Tapage, vacarme. Syn.
de Boucan, Potin, Chahut, Chutrin, Rabat,
Menère, Bahut.
Et. — Angl. Bowing, cabaret, mauvais lieu,
dans l'argot des marins, d'après Ch. Nisakd. (Litt.)
— Mais je croirais, avec Delvau, que c'est plutôt
l'anglais qui nous a emprunté ce mot, qui viendrait
de : bouse (ou bouc), maison construite avec de la
terre pétrie. — Cf. l'angl. bouse, boisson et to
bouse, s'enivrer, ce qui explique le sens de cabaret.
li P.-ê. pour Boussin, pris au sens de : bouchon,
cabaret. — Cf. Bastringue.
Bousine (Mj., Lg.), s. f. — Vessie. Ex. :
Faut que j'aille me vider la bousine. \\ Bulle.
Ex. : Les queneaux s'amusent à enfler des
bousines de savon. La pluie, en tombant,
fait des bousines, — qqf. Bosine. || Am.
poule, élevure à la peau. Syn. de Bouroille,
Bourdeille, Gourgueuille. \\ Faire chier la
bousine, — étriper, écraser, de manière à
faire sortir les intestins.
Il faut remarquer l'énergie de cette expres-
sion pittoresque. || Fig. S'enl'.er la bousine, —
se gonfler de vanité ou d'importance. || Fig.
La bousine a quervé ; — les pleurs, longtemps
contenus, ont éclaté. || A s'en faire péter la
bousine, manger au point d'avoir mal au
ventre. || Tu t'en ferais péter la bousine ; —
tu t'en ferais mourir, tu ne te prives de rien.
X. On dit aussi en ce sens : la sous-ventrière.
Il Lg. — Cloche qui se forme à la surface de
l'eau quand la pluie tombe avec force. Syn.
de Bouroille. \\ Vessie de cochon qui sert de
jouet aux enfants : J'en ai pris ma bousine
Et m'en suis réjoui.
{Noëls Angevins, p. 30).
Il Instrument de musique : « Et se régalèrent
ensemble au son de la belle bouzine. » (Rab,
BOUSINER — BOUSTIFAILLEj
131
I, 25. — Méx.). i| Tomber sur la bonsine se,
crever la vessie.
Et. — Très discutable. — Hist. « Les vezes,
bouzines et cornemuses sonnèrent harmonieuse-
ment. 1) (Rab., V, 33 bis.) Il pourrait bien être ques-
tion ici d'un instrument de musique garni d'une
poche à air, d'une vessie enflée, placée à l'extré-
mité d'une planchette, maintenue par des cordes de
violon, dont on se servait comme d'un violon ou
d'un violoncelle. On en tirait un son aigu. — « Ins-
trument de musique dont se servent les pâtres de
divers pays. On le faisait avec une espèce de vessie :
buccina, d'où le nom de bousine. (iV. A., 11, 2.)
— « Lequel mordit si avant en farine
Et rencontra la vendange si doulce
Que de sa peau il feist une bodine
A tout le peuple admirablement grousse.
(G.-C. BucHEE, 282, page 256.)
N. — Bodine semble tenir le milieu entre Bou-
sine et Boudin.
Bousiner (Lg., Mg). — Fatiguer, lasser.
Faire grossièrement, cochonner un travail. —
Le bousiller, le gâcher (Mj.). Syn. de Boussi-
crer, Sabourer, Zeguiner. \\ (Mj.) v. n. Former
des cloches sur l'eau. Quand ça bousine sur les
flaques d'eau, au moment où la pluie com-
mence à tomber, c'est signe que l'averse sera
forte et de durée.
Bousiquct' (Sp.), s. m. — Cabriole, culbute.
Syn. de Carpéiole, Piquet, Capériole.
Bouson (Mj.), s. m. — Excrément humain.
De : bouse. V. Etron. — Voir au Folk-Lore
comment fut fondé ,par Gargantua, le bourg
de Bouzillé. Z., 120.
N. — Etym. — Il est certain que ce mot dérive
de Bouse pris au sens français. Mais ce dernier me
paraît être le même que notre mot patois Bouse,
ventre, pour les raisons que j'ai développées. C'est
le contenu pris pour le contenant. Or, de même,
Bouson a dû signifier autrefois : ventre, car il a
passé en anglais sous la forme Bosom (prononc.
bozoum, ou bouzoume), qui signifie : matrice. On
sait que l'm final, en anglais, remplace souvent
notre n. Cf. Ransom = rançon. J'ajoute que tous
les mots de cette famille viennent bien d'une racine
Bod ou Bed, comme le confirme la forme Bodine =
Bousine, employée par G.-C. Bûcher. (R. O.)
Bousonner (Segr.). — Lambiner, mal faire»
ne finir à rien. Syn. Bousiner, Bousiller-
(Mén.)
Bousoiix (Mj.), s. m. — Boueur, vidangeur.
Il Saligaud. Du fr. Bouse. || Lg. — Ladre,
pingre. Syn. de Chioux, Chiard, Crasseux. \\
Fu. — Nom méprisant donné parfois au
cultivateur par le bourgadin.
Bousquée (Mj.), s. f. — Bourrasque, grain.
Syn. de Hargne. \\ Sel. — Echouement d'un
bateau, ou d'un train de bateaux.
El. — Dér. de Bousquer. S'échouer sur un banc
de sable, s'engrever, c'est, en effet, un accident qui
procure aux mariniers l'occasion de travailler dur
et de jurer ferme.
Bousquer (Mj.), v. n. — Travailler d'ahan.
Syn. de Buriner. \\ Bouder, être fâché (Sa.). —
Il By. Syn. de Brusquer, qqn.
Et. — LiTTKÉ l'explique par : Terme de marine :
faire travailler malgré lui un matelot paresseux.
Sans doute pour bouquer, baiser par force, — de ;
bouche, prononcé : bouque. « — Cela ne me satis-
fait pas.
Bousqueur (Mj.), s. m. — Celui qui travaille
péniblement et avec ardeur. De : bousquer.
Boussacher (Lue). — Bousculer. || Gâcher.
Boussacrer (Cra.). — Faire mal un tra-
vail. V. Boussacher et Boussicrer. \\ Z., 124.
— Rudoyer, malmener.
Boussetaud (Mj., Fu, Sal.), s. m. — Tonne-
let, petit fût.
Et. — Pour Bussetaud, dim. de Busse. V.
Mistaud. \\ Petit bœuf, veau d'un certain âge*
(Craon:)
Boussicrage (Mj., Fu), s. m. • — Action de
boussicrer. || Résultat de cette action, saJeté,
gâchis. Il Travail malpropre. Syn. de Guin-
gourage, Besague. Dér. de Boussicrer.
Boussicras (Ag., Mj.). — Besogne gâchée,
mélange dégoûtant. V. Boussicrage.
Boussicre (Mj., Sal.), s. m. — Enfant mal-
propre. Il Ouvrier dont le travail est exécuté
avec peu de soin et sans goût. Syn. de
Bouifre, Bous in. — V. Boussicrer.
Boussicrer (Mj., Fu, Sal.), v. n. — Patau-
ger dans la saleté, manipuler des choses sales.
Il V. a. Salir. || Faire sans soin et malpropre-
ment un ouvrage, le saveter, le gâcher. —
Syn. et doub. de Boussacrer.
Boussin (Mj., Sp.), s. m. — Bouchée. Syn.
de Boucherée. \\ Gros morceau de pain ou de
viande que l'on va manger. Syn. de Calot,
Goulée, Gouleau. \\ Bouquet naturel de fleurs.
Syn. de Trochée, Troquet. \\ Amas de chenilles.
Syn. de Boublin.
Et. — Dér. du fr. Bouche. — Hist. « Et au
diable le boussin de pain pour s'escurer les dens. »
(Rab., p., IV, Prol., 355.) — « Mais le quintal de
ces quincquailleries ne vault que un boussin de
pain. » (Rab., P., n, 30, p. 195.) — a Bocal, bochel,
petite bouche, bouchée. . . » (D' A. Bos.)
Boussinée (Fu.), s. f. — Bouquet de fruits,
trochée de cerises. Syn, de Troquet, Trwchée.
Boussole (Mj.), s. f. — Tête, considérée
comme siège de la raison. Ex. : Il a queuque
chouse de travers dans la boussole. \\ Pardre
laboussole, — la tête, la raison. Syn. de Pardre
la terniontade ou la boule.
Boussourd (Z., 132, 137. — Sar.), adj. q.
— Maussade, sournois par habitude, en
dessous, et même méchant. — Un homme
boussourd.
Boussure, s. f. — Pour : bouteille, à Tré-
lazé. (Mén.)
Et. — Faut-il le rapprocher de Bocel, petite
boîte, boisseau? — barillet: bocel, flacon, bocal,
bouteille, cruche. Ital. Boccale. (D^ A. B.)
Bousterou, s. m. — Relever le bousterou
(Segr.), c'est donner le fouet aux enfants.
(Mén.) Il Cf. Boustrou.
BoustifâUle(Mj.,Fu)(bousquifàille), s. f. —
Mangeaille. V. Pourtifaille, Bournifâille. —
132
BOUSTIFAILLER — BOUTEILLE DE COUAC
Favre donne : Bouffetifaille, qui s'explique
mieux. De : bouffer. — Jaub., id.
Boiistifâiller (Mj., Fu), (ti = qui, ou th, très
aspiré), v. n. — S'empilîrer ; manger glouton-
nement. Il By. Bouchetifâiller.
Boustrou, s. m. — Petite personne sans
conséquence. Ex. : Queun petit méchant
boustrou ! On dit également à Saint-Paul,
aussi bien qu'à Montj. : Boustrou-la-galette. —
S'emploie fréquemment comme interpellation
caressante à l'égard des petits enfants. —
Rappellerait Bouche-trou ? || Ec. — Clôt-
cul.
N. — Je lis dans le C^'' Jaubert que Boute-roue
signifie une borne posée au coin d'un passage pour
écarter les roues. D'après cela, on saisit immédiate-
ment l'origine de cette curieuse expression :
Boustrou-la-galette, qu'il faudrait écrire : Bouste-
roue-la-galette. Elle signifie : Boute-roue molle
comme une galette. D'ailleurs, il est difficile
d'admettre que l's de Bouste soit épenthétique et
que, par conséquent, Bouter vienne du germ.
Botan, comme le prétend le Dict. général, qui n'en
paraît pas bien sûr. — (R. O.)
Il Une grosse boustrou ; — personne grasse,
mais active quand même.
Bout' (Mj.), s. m. — Bout. || Bout de temps;
— moment. || Grous bout, — le derrière, le
séant. Il Bout de pain, — morceau de pain. ||
Absolument. Eter ou mettre à bout ; — - être
ou mettre à bout de forces, épuiser. |l Mettre
à bout, — mettre à quia, à bout de raisonne-
ment. Il De l'autre bout ! — interj. En voici
bien d'une autre ! || Bout-ci, bout-lk, — En
désordre, en vrac, en pagaie ; c.-à-d., un bout
ici et l'autre là. ll Tout le bout de la raize
(Z. 150). — tout le long du sentier. || C'est
tout le bout du monde, — c'est tout au plus.
Ex. : C'est tout le bout du monde si j'en
avons pour jusqu'à la Saint-Georges. H On
dit, à Thouarcé et à Doué-la-Fontaine : Man-
ger un bout, et non une bouchée, ou bouche-
rée. — Il Eter toujours d'ein bout, — revenir à
tout propos dans la conversation. Ex. : Le
cul est toujours d'ein bout ! — || Bout, par
bout, — bout pour bout. Ex. : Le fûtreau a
tourné bout par bout. \\ Bout du monde, — le
gros intestin d'un porc. || Bout du monde, —
Esplanade du Château, à Angers, laquelle
aboutit à un véritable abîme. || Petit bout de
monde, — gamin, crapoussin, nabot. || Sus
bout, — debout. || Prendre du bon bout, —
p. en bonne part. || Payer par le bon bout, —
p. cher. Il Lg. Vendre à bout de bras, —
vendre ferme. Ex. : In cheval comme ça, on
ne le donne pas à l'essai, on le vend à bout de
bras. Il A Angers, à Nantes, à Château-Gon-
tier, le j5ow«-du-Monde est l'extrémité d'une
promenade aboutissant à une brusque dépres-
sion sur la Maine, sur la Loire, sur la Mayenne.
Intéressant à constater. || Prononciation du
t final : muet au Fu, excepté dans l'interjec-
tion Boute ! — Sonore sur la rive gauche de
la Loire, — muet, vallée de la Sarthe.
Et. — Subst. verb. de : bouter. — Hist. « Après
lequel eschaiïuult suyvoyent plusieurs chariots
couverts. . . de belle ramée fresche que l'on renou-
velloit à chaque bout de champ. » (Amyot, Vie
d'Alex.) — « Tant que la moitié de la tour s'en ala
à terre et l'autre demora sus bout. » Froissard. —
« Bouter, pousser ; donc chose en relief, en saillie ;
— puis, pointe, extrémité.
Bout'! (Mj., SsL), interj. — Bah ! Bast ! —
Syn. et d. de Buh ! But !
Boutâillard (Lg.), adj. q. et s. — Qui ne
travaille que par élans brusques et sans
durée, par à-coups, à la boutée, ou par bou-
tées. Dér. péjorat. de Bouter.
Bout-cadant (Sar.). — Syn. de Tohu-bohu,
ou plutôt de tête-bêche, tête en bas. — Voir :
bou-cadan, — cadent, pour une meilleure
explication.
Boutée (Sp.), s. f. — Poignée de clous ou
d'épingles servant d'enjeu au jeu de : Couble
ou chique. \\ (Mj.) Chaque reprise que l'on fait
en boutant, en poussant un bateau à la
bourde. || (Mj.) Fig., A coup, boutade, impul-
sion subite. Ex. : Il fait tout par boutées. \\
Lg. — A la boutée, — même sens.
Et. — Doubl. du fr. Boutade. — « Du verbe =
bouter, au sens de : mettre ; ce qui a été mis dans la
main. » (Litt.) — « Le contenu d'une : boute;
outre : boîte ; barril à tabac ; — emprunté au
provenc. mod. bouto. L'anc. fr. a bout, qui corres-
pond à l'ital. botte. Cf. Botte et Bouteille. >'(Darm. )
— « On disait aussi boutée dans le même sens que
nous disons : bougée, pour exprimer un mouvement
violent, subit et passager : Boutée de larmes, pour :
effusion de larmes : « Finissant cestuy-ci en propos,
par une soudaine boutée de larmes qui fut telle
qu'elle luy emplit tout le sein. » (L. C.) — « A
boutées, pour : en foule : « De ces deux contrées,
tous les ans à boutées, ces clergaux icy nous
viennent, laissant pères et mères, touts amis et
touts parens. » (Rab., n , 13, note 4.)
Boute-et-hale (Mj.), adj. q. — Hurluberlu,
brouillon, qui agit avec vivacité et sans
réflexion. || Adv. — A l'aventure, sans pré-
caution. Ex. : Il a jeté ses affaires là, boute et
haie. Syn. de Boucadant, en Pagaie.
Et. — Ce mot est formé de Bouter = pousser un
bateau à la perche, et Haler. Il marque donc la
simultanéité, le mélange irréfléchi de deux actions
contraires.
Boute-hors (Mj.), s. m. — Initiative per-
sonnelle, entregent. Ex. : C'est ren que de li ;
il n'a pas eine miette de boute-hors.
Et. — « Espèce de jeu, qui n'est plus en usage et
où l'on prenait la place l'un de l'autre. » (Litt.) —
« .leu de la pelote appelé : boute-hors, jeu analogue
à celui du roi détrôné. « Là jouoit : Au flux. . ., à
boute-hors. . . » (Rab., G., i, 22, 43.) — Art de se
produire, de se pousser dans le monde : « Il y a bien
des savants qu'on n'estime pas parce qu'ils n'ont
pas de boute-liors. (Furetière, Dict.) — « Bouter
hors, c'est expulser ; de là facilité à mettre hors ses
pensées à la faculté de parler aisément : « Les uns
ont la facilité et la promptitude, et ce qu'on dit le
boutehors si aisé qu'à chaque bout de champ ils sont
prêts. » (Mont., Ess., i, 52.)
Bouteille de couac (Lg.), s. f. — Gourde,
courge, cougourde.
N. — On n'a pu me dire, au Lg., ce que c'était
qu'un couac ; mais une personne des Landes
BOUTEILLÉE — BOUTU
133
(Vendée) m'a appris que, dans cette région (10 ki-
com. du Lg.), on appelle couacs les dissidents delà
Petite Eslise. F. Lore, XIX.
Fu), s. f.
Le contenu
Bouteilléc (Mj.
d'une bouteille.
Et. — Du lat. Buticula, dim. de Buta, botte,
sorte de tonneau. — « Buticula, bouteilla (1399) :
Invenerunt dictum clericum... quandam bou-
teillam nectaris plenam deferentem. » (D. C.)
Boutelller (Q., Z. 171). — Faire des bulles
ou boilles en touchant la terre ou l'eau, en
parlant des gouttes de pluie. Syn. de Bousi-
ner, v. n.
Il Fu. — Nom propre répandu. Peut-être
pour Boutillier.
Boiiteillier (Mj.). s. m. — Planche à bou-
teilles, porte-bouteilles.
Boutela^es (Mj.), s. m. — Ne s'emploie
qu'au plur. Bric-à-brac," objets de rebut,
fatras. Syn. de Bâillages, Harquâilleries.
Des petits bouts de toutes choses?
Bouter (Mj., Lg.), v. a. — Frapper, mettre
avec rudesse. Ex. : A m'a bouté son doigt dans
l'œil. N. Le mot a vieilli dans ce sens. C'est
lancer le bout en avant. Il Se bouter dans la
tête, — se mettre en tête. Le sens actif
subsiste dans cette seule locution. || V. n.
Frapper de la tête, choquer. Ex. : Les taupes
boutent à midi, signe d'eau ; les poissons
boutent dans le boille de la seine, ou : dans les
chantiers, aux temps de crue, i! Lg. — v. n. et
a. Donner des coups de tête comme font les
moutons, les chèvres et parfois les bœufs. —
N. Le part. pas. est bouté ou boutu. Ex. : Le
belin m'a boutu. il Fig. Faire ressentir des
élancements douloureux. Ex. : Ça me boute
dans le doigt. Dans ce sens, il a pour syn.
Touper et Sacquer. || Bouter, — pousser un
bateau à la bourde. « La rivière est trop
creuse pour bouter, il faut ramer. » || Bouter
avant, — remonter le courant à la bourde, il
Bouter hors, — pousser au large, id. || Bouter
le nez dessus. — N. A Mj., on dit ironique-
ment : Tu t'es bouté le nez éyou que le chien
avait mis le cul.
Et. — Du germ. botan, frapper, mettre. —
« L'ail, bozen répond, dans S' Bernard, à expellere,
impellere, pellere :
« Je ne sçavoye ou me bouter.
Car je souffroye plusieurs maulx. »
COQTILLARn.
— Le celtiq. a la rac. bot, commune aux deux
langues.
— « Vous congnoissez la curiale usance.
C'est de bouter tout homme en oubliance. »
G.-C. Bûcher, 231, p. 226.
— « Jean Boutin est ycy bouté
Ou ses parents furent boutez.
Dieu veuille, par sa grande bonté,
Qu'ils ne soient des cieulx déboutez. »
Id., 261, p. 246.
— « Page, de l'eau, boute, mon enfant : elle me
efraischira le foye. » (Rab. G. I, 319, 75.)
— « Voyez-vous, mes compères, vous n'avez
qu'à vous bouter en le mitan d'une prée... « N.
Bouter, placer. On dit encore : bouteselle et rebou
teur (raccommodeur de membres cassés, celui qui
les remet en place).
Histoires du vx temps, p. 238.
Il Bouter le nez dessus. (Segr.) Trouver
juste, arriver du premier coup à un résultat.
Ex. : 11 a botité le nez dessus, — il a trouvé
juste.
Bout d'homme,, s. m. — Homme de petite
taille.
Boutiche (Lg.), s. f. — Boutisse. Contraire
de Bôti.
Boutique (Sp.), s. f. — Avoir la grousse
boutique, — avoir une hernie inguinale des-
cendue dans le scrotum. || Parties sexuelles.
Ex. : A n'est pas gênée de faire voir toute sa
boutique. Syn. de Numéro. V. Grousse-bou-
tique. Il Ensemble d'objets mobiliers, saint-
frusquin. Syn. de Bazar. \\ Atelier. Une bou-
tique de forgeron. — || Ec. — La boutique à
poisson s'appelle une côme. H Fu. Se prononce
souvent bouquique, à Geste et aux environs.
« Je titte la bouquique, » — je quitte la bou-
tique — par un singulier échange.
Et. — Du grec : apothèkè, par le latin. Apocope
ue l'a. Mot-à-mot : mise en réserve. — Malv. pro-
pose une rac. celtiq. Bot, enfler, être gros ; d'où
bouticle, ballot de marchandises, puis salle où un
marchand expose et vend ses denrées. Les ballots
ont été les premières boutiques. »
Boutiquer (Fu. Mj.), v. a. Fah-e, exécuter, ne
s'emploie qu'en mauvaise part. Ex. : C'est
ben mal boutique. — Confectionner, condi-
tionner, façonner.
Boutis (Va.), s. m. — Taupinière ; boutis
de la taupe. — N. Les taupes boutent.
Bouton (Lg.), s. m. — Extrémité du
moyeu ; le moyeu lui-même. Ex. : Ma charte
a piqué jusqu'au bouton.
Boutonnier (Mj., Fu.), adj. q. — V. Pinson.
Il Lg., By., s. m. Bouvreuil. Syn. de Pinson-
boutonnier, Eboutouneux.
Boutouère, s. f. — Bâton servant à bouter
quand on est en bateau. Syn. de Bourde.
N. « Les boutouers étaient des machines de
guerre, des béliers, à saper les murailles, dont la
tête était un boutoir de sanglier, ou simplement
un bout ferré. « (L. C.)
Boutouner (Sp., Fu.), v. n. et a. Boutonner.
Boutounier (Lg.), s. m. — Bouvreuil. Syn.
de Pinson-boutonnier, Casse-boutons, Parse-à-
grous bec, Eboutouneux.
Boutounière (Sp.), s. f. — Boutonnière.
Boutre (Lg.), v. a. — Choquer, frapper de
la tête, comme font les boucs et les béliers.
Ex. : Prenez garde au mouton, il va vous
boutre. V. Boutu.
Et. — Doubl. de Bouter. Cf. Jùtre.
Bouts-fins (Lg.), s. m. pi. — Déchets de fils
de coton. Langue des ouvriers de filature.
Boutu (Lg.), part. pas. du v. Bouter ou
plutôt Boutre.
134
BOUVARD — BRAGARD
Bouvard (Li., Br., Mj.), s. m. — Bouvillon ,
taureau. Syn. de Chassoir.
Et. et Hist. — Dér. du lat. bovem. Variantes :
Bou-vart, — deau, — dau, delet. (D. C. Bovetta.)
« XI vaccœ. i bovettus mas, iv boviculae feminœ,
V vituli. » (D. C.)
« Les aigneaux, les chevreaux et les jeunes bou-
veaux. » (J. DU Bellay. Epigr. pastoral, p. .306.)
Bouvarder (Tlm.), v. a. — Saillir, en par-
lant d'un taureau. Ex. : Ma vache est hou-
vardée du mois de mars. Sjm. de Saisonner,
Sarvir. \\ Lg. — v. n. Beugler. Syn. de Breu-
yer, Reuyer, Rayer.
Bouvardière (^Ij.), adj. quai. — Taurelière.
Se dit d'une vache qui a les allures brutales
et la voix grave d'un taureau, par suite de
folie soit hystérique, soit consécutive à une
mise-bas. Syn. de Boui'ardine.
Bouvardine (Jb.), adj. q. — Taurelière. V.
Bouvardière.
Bouveter (Mj., Fu), v. a. — Rainer. Dér.
du fr. Bouvet, rabot à faire les rainures.
Bouvisse (Mj.), adj. quai. — Maladroit,
vétillard. Syn. de Poqueton. Mot vieilli.
Bouvisser (Lg.), v. n. — Travailler dur.
Syn. de Buriner, Bédasser, Bouriner, Har-
quéler.
Bouyer (Tis., Fu), s. m. — Garçon de ferme
spécialement chargé de ramasser la nourri-
ture des bestiaux et de panser les bœufs.
Doublet et à peu près syn. de Bouer. — N.
Boër vient de l'allemand.
Et. — C'est le berrichon Boyer, bouvier, et le
prov. Bouié, laboureur. Cf. Bouer. N. Le nom,
rendu fameux, de Boër, vient de l'ail. Bauer, pay-
san, soit, mais l'ail. Bauer qui ne saurait
dériver de zu bauen, bâtir, d'où vient-il lui-
même ? (V. Bouyer au F. Lore. Noms propres.)
N'a-t-il pas été emprunté à nos langues latines, —
française et provençale — qui possèdent toutes
deux Bouyer, bouer, bouvier, bouiers, dérivés bien
authentiques du latin Bovem? (V. la citât, de
Mireille à Bouhier.) D'ailleurs la présence parmi
les premiers Boers de nombreux huguenots fran-
çais expliquerait, comme je l'avais indiqué, l'adop-
tion de ce nom, commun à la fois aux langues ger-
manique et latine. — Il y a beaucoup à se défier
des opinions toutes faites, classiques, courantes,
passées en articles de foi. Pour moi, elles sont essen-
tiellement révisables. Vous devez le reconnaître
vous-même de plus en plus. (V. ce que j'ai dit à
Niole, et, dans votre Préface, la citation de G.
Paris où il recommande « de suivre l'histoire d'un
mot jusqu'à sa plus ancienne forme connue et
même supposable ». Ch. ix), R. O.
Bouzard (Z. 149). — Ventru. — Du celtiq.
N. Vient de Bouse et devrait s'écrire Bou-
sard. Syn. et doublet de Bezard.
Bouziller (Sal.). — ^'. Bousiller.
Boyard' (Mj.), s. m. — Tonneau ouvert par
un bout et muni de deux anses et qui sert à
transporter des liquides.
Et. — Dér. de Boyer. Syn. de Loup, Boillard.
Autre forme de Bayart ou Batart, — de l'ail, bahre,
civière. Hist. — « Les unes seront portées dedans
des vaisseaux de terre, les autres sur certains engins
faits en forme de boyards ou brouettes. » (B.
Palissy — Eveil.)
Boyard ^ s. m. — Endroit pierreux sur le
bord de la rivière, qqf. à sec. — Et même sens
que plus haut. (Mg. — ■ Méx.)
Boyau (Mj.), s. m. — Se rincer les boyaux
de la tête, — boire d'autant, à gogo, à tire
larigot. On dit aussi : Se rincer le goulot, la
dale.
Et. — « Boël, boiel. Provenç. budél. De Botel-
lum, saucisse ou petit boudin (Martial) ; botelli,
boyaux, dimin. de botulus, boudin (Aulu-Gelle).
Boèle vient probablement d'un plur. n. botella,
traité com. sing. fém.
Boyé. — Laisser le grain dans le bayé, ou
dans un tas recouvert d'un mauvais drap.
Plutôt : Bogue, de Bogue. (Méx.) Cf. Ballier.
Boyer (Mj., Sal.), v. a. — Ouvrir la bouche.
Ex. : Il n'a point l'ar fin, il hoye toujours le
bec. Il Fu. — L'ouvrir surtout niaisement.
Béer. || Jm. — Y boyaientla. goule à l'enconte
de nous, — ils nous dévisageaient.
Et. — Baër, beër, baier, — de Badare, batare.
DiEz propose l'onomat. ba, exprimant l'ouverture
de la bouche. — Cf. l'angl. to Bay. — Hist. — « Les
loups, les renards. . . et aultres bestes, l'on trouvait
par les champs, mortes la gueule baye. (Rab., P., n,
2.)
Boyi (Li., Br.). — Un veau ; d'un âge
moyen entre celui du veau et du bœuf. —
Syn. de Noge.
Et. — Lat. bovem. — Ou celtiq. Bov, mugir
(Malv.)
Bracbé, adj. q. — Chanvre braché, c.-à-d.
préparé au bras. Lat. brachium. Cf. le préf.
Brachi. (Mén.)
Bragard, s. m. — Paré, beau, joli ; brave,
hardi; fier, présomptueux; arrogant, témé-
raire ; débauché. — V. ce mot au Folk-Lore,
XIX.
Et. et Hist. — « On dit : les Fluteurs et Joueurs
de paume de Poitiers ; les Danseurs d'O l'ans; les
Bragards d'Angiers ; les Crottez de Paris, les Beu-
geurs de Pavie : les Amoureux de Turin, — pour
signifier les « impedimenta )> (les non-valeurs)
d'une Université. Cependant on dit : Les bons
Estudians de Thoulouse. » — On dit de la ville
d'Angers : « Angers, basse ville, haut clochers ;
riches p. . ., pauvres écoliers. Ce qui me fait croire
que le mot Bragard. . . signifie : adonné aux femmes
et qu'il a été fait de brague, en la signification de
braguette : « Et rencontrant par les rues quelques
mignons braguars, et mieux en point, etc. )
Rab. IV, 6. — Cité par Ménage. — « M. Quiche-
rat, Histoire du costume, écrit qu'au temps de
Charles VIII et de Louis XII, on appelait bragards
ceux qui laissaient sortir la chemise entre le haut
de chausses et le pourpoint. Ces élégants étaient
déjà plus riches de surnoms que d'écus : gorriers,
fringants, frisques, freluquets... (Cité par L. C,
sXote de VEd.). — Dans le Temps du l" septembre
1905 : Par un récent décret, la ville deSaint-Dizier
a été décorée de la Légion d'Honneur en souvenir
de la résistance opposée par la cité aux armées de
Charles-Quint, en 1544... François I^"', quand il
sut quelle avait été la bravoure des habitants de la
ville, s'écria : Braves gars .' Le mot fit fortune,
mais on l'altéra en le prononçant, et les habitants
BRAGUE — BRAITER
135
de Saint-Dizier s'appelèrent des Bragars, puis,
par une dernière corruption des « Bragards... »,
Au banquet, le maire but à « la cité hragarde ». —
« hes bragards d'Angers sont les écoliers. >> —
« Grands bragues ils faisaient et fière contennace,
« Mais de sortir en place nully d'eux ne s'avance. )>
(J. Marot, p. 112.)
On a proposé le german. braka, faire du bruit,
parader ; d'où braguard, vaniteux. Wallon, bra-
keler, hâbler. (Df A. Bos.). — « Brac, ceindre, du
celtique. D'où : braca, culotte, vêtement ceignant
le milieu du corps, mot cité par les auteurs lat.
comme étant gaulois, et devenu : braga, aujourd.
brague, braguette. (Malv.)
Brague (Sa.), s. f. — Ouverture longiUidi-
nale à la partie antéro-supérieure du cotillon
d'une femme. Syn. de Migaillère, Poche-aux-
puces. Il By. — Autrefois : pont de la culotte ;
braguette.
Et. — Du lat. Bracca. V. Bragard. — Cf. Breton :
Bragez, plur. Bragou.
Brai (Mj.), s. m. — Cordage qui sert à rele-
ver le milieu du bord inférieur de la voile,
afin de permettre à l'homme de la barre de
voir aisément l'avant du bateau. On l'appelle
aussi Yorde.
Braie ' (Mj., Lg.), s. f. — Sorte de pipée
qui se fait au lever du soleil et pour laquelle
on fixe les gluaux sur une haie. On n'y prend
que des petits oiseaux, surtout des chardon-
nerets.
Et., Hist. — « Brai, vx fr., broi ; p.-ê. de l'ail,
bret, planchette. Piège formé de deux baguettes
de bois, dont l'une s'emboîte dans l'autre, de façon
à prendre les oiseaux par les pattes :
« Me cuide il donc prendre comme oiselet au
brai. I) (MÉNAGE). — « Brail, s. m., bois, forêt,
buisson. Le mot breuil subsiste encore en Poitou
en ce sens. Il est pris pour : gros buisson à faire la
pipée, dans l'ancienne traduction de Pierre de
Croissans, citée par D. C, V Brenexellus : « On
peut aussi prendre oiseaux par autres manières,
comme est au brail... » — Cité par L. C. qui
ajoute, V" Braiement : L'auteur du Glossaire sur le
Bonian de la Base dit que ce mot signifie : l'appeau
dont on se sert pour attirer les oiseaux dans le piège
qu'on leur a tendu. Il a fondé son explication sur
ces vers :
Tout ainsi comme l'oyseleur
Prend l'oysel comme couteleur
Et l'appelle par doulx sonnetz,
Musse dedans les buissonnetz,
Poiir le faire à son bray venir
Tant que prins le puisse tenir. ^'
(Bomari de la Rose, 22.415, sqq.)
Examinez si Bray, dans ces vers, ne signifie pas
glu, gluyaux, ou peut-être un trébuchet. . . {' Brai,
goudron, a pu passer du sens de : corps gluant, à
celui de glu, et par suite gluau, et piège en général.
(D>- A. Bos.)
Braie - (Mj., Fu., Sal.), s. f. — Instrument
de bois, à dents, qui sert à broyer le lin ou le
chanvre. De Broyer. — V. Brayer.
Et., Hist. — Rabel, p. ni, 50 : Comment doit
être préparé le célèbre Pantagruélion (qui n'est
autre chose que le chanvre), dit : Quelques Panta-
gruélistes modernes... usent de certains instru-
m.ents cataractes (broyeurs), composés à la forme
que Juno la fâcheuse tenait les doigts de ses mains
iô9 pour empêcher l'enfantement de Alemène,
mère d'Hercules, etc. » C'est la Broue. — Elle est
formée de deux mâchoires de bois dur.
Braierie (Mj.), s. f. — Bâtiment ou hangar
où l'on broie le chanvre, le lin. — Dér. de
Brayer. Pour Brayerie.
Braillard et Brâillaud, e (Sp., Lrg.), adj-
quai. — Braillard, pleurard, pleurnicheur. V.
Brailler.
Braille (PL), s. f. — Filet d'oiseleur. Syn.
de Arigné, Braille. — N. Ce mot a le plus
grand rapport avec le Mj. Braie, bien que les
deux genres de braconnage soient tout à fait
différents.
Et. — Brail, bril. ])ret sont probablement
diverses formes du même mot qui se rattache au
germ. Brittil, enlacer, contract. britl, lacet, d'où :
bride et à brettan, serrer, d'où probablement bre-
telle. (D"- A. Bos.).
Brailler (Mj.), v. n. — Sens spécial : Beu-
gler, en parlant des vaches qui ont faim ou
soif, il Brailler misère, se plaindre très haut. ||
Pleurer avec des cris, — ou même en silence.
Syn. de Baner, Chenucher, Ouigner, Pigner,
Vaner. \\ Pleurer avec éclat. I| Fu. — S'em-
ploie toujours et presque uniquement pour
Pleurer. On dit : Brailler à la force, pour :
pleurer abondamment et avec cris. —
Brailler su l'échiné à qqn, — le poursuivre
de huées ou l'assommer de recommandations
ou de reproches.
Et. — Paraît formé de braire, qui avait jadis le
sens général de crier, comme criailler vient de
crier. B. L. bragire, hennir ; coiti. le vx. fr. muire,
de mugire. On retrouve cette racine dans les
langues celtiques. (Litt.) — Lat. popul. Bragulare,
d'un type bragere. — On a proposé aussi Raire,
avec b initial ; d'un type ragere, onomat., formé
d'après l'analog.de mugire, rugire,vagire (Scheler .
Braise (Mj.), s. f. — Fig. Argent comptant,
(fuibus. Syn. de Pépettes, Galette, Monacos ,
Picaillons, Pognon.
Braison (Mj.), s. m. — Petit charbon en
ignilion.
Et. — Aha. brasa, cf. am. braten, rôtir. Vx fr.
Brese, meilleure graphie. — Braisette. — Malv.
conteste : Du celt. Bras, déchirer, fendre, briser,
adouci de Brad ;... brase et braise, fragments de
bois brûlé ; . . . nos pères n'ont pas eu besoin d'aller
emprunter ce mot pour désigner une chose aussi
commune. Dim. brasil ou braisil.
Braiteler (Sa.), v. a. — Entourer d'un cor-
dage, attacher fortement. Dim. de Braiter. —
\'. Bn'leler.
Braîtcr (Mj.), v. a. — Barrer, arrêter en
liant. Ex. : Son cotillon illi a hraité les
jambes, ça fait qu'aile a tombé sus le nez.
Syn. de Brider.
Et. — Angl. to Braid, tresser : A noter encore
que Braiter pourrait s'écrire Brester, Brêter, et
qu'il est peut-être la rac. du fr. Bretelle, dont l'ori-
gine est inconnue selon le Dict. génér. — N. Le
barrage des anciens moulins à eau de Mj. était
désigné sous le nom de Braiteaux. Les vieillards
racontaient maints accidents arrivés sur les Brai-
teaux. Un vicaire y périt vers 1789, avec toute
136
BRAITIE
BRAXDIF
une fûtrolée de gens son épitaphe se voyait encore
au cimetière il y a qqs années. — Hist.
« N'auray-je rien pour mes lectres en prose
Ny pour l'effect de ma juste requeste?...
Monstrez la doncq, que plus ne vous en breste.
Car tant prier, comme je présuppose,
Ce ne vous est qu'un rompement de teste. ■»
G. C. Bûcher, 184, p. 190.
Braitle (PL), s. f. — Filet d'oiseleur. Cf.
Braille. Syn. de Arigné. — N. Ce mot res-
semble fort au Mj. Braie, et cependant les
deux genres de braconnage sont tout à fait
différents. — \'. Braiteler, de Braiter, Brételer.
Brame (Sa.), adj. q. — Se dit d'un cheval
affecté de cryptorchidie, d'une jument pré-
sentant quelques caractères de masculinité et,
en général, d'un animal (espèce chevaline) peu
propre à la reproduction. Syn. de Biret.
Bran (Mj.), s. m. — Excrément. — Ne
s'emploie guère que dans la loc. Bran de scie,
— sciure de bois.
Et. et Hist. — C'est le vx fr. Bran, ou Bren,
encore usité com. interj. et qui a donné le verbe
Embrener. Le bran de scie est l'excrément de la
scie, par catachrèse. — Dans le fr. mod. on écrit
Bren, et on prononce Brin. Telle n'est pas la pro-
nonciation patoise, et celle-ci doit être la vraie,
puisque Rabelais (P., n, 19), écrit : Thaumaste,
de grand ahan, se leva ; mais, en se levant, fit un
gros pet de boulangier : car le bran vint après. » —
— Bran, excrément, et bran, son, n'ont pas la
même origine. Le l*"' vient du gaél. bran et en bas-
br. brenn ; le 2", en gaél. brean, en gall. braen,
signifie mauvaise odeur. — A fait : brener, brenoux.
Brancer, ou = ser (Segr.). — Remuer.
Brancer de la te'î're et du fumier, afin de les
bien mêler ensemble. — On brance les
rilleaux, les noix, les numéros, au moment de
tirer au sort.
Et. — Pour brasser? Cf. Brasse-bouillon. Y.
Branseau.
Branche, s. f. (Sp., Mj.). — Fig. Parti,
afTdiation, coterie. Ex. : Il est de la branche.
L'ital. Branco a le même sens. !| Ami, cama-
rade. Ex. : Tiens, c'est toi, ma vieille branche.
— N. Il est lié comme la branche k l'arbre. —
Branché, vx mot, compagnon associé dans
une affaire. Argot.
Brancholer (Tlm., Sp.). — Tituber, zigza-
guer. Syn. de Chamhranler, Gingeoler Bricoler,
doublet de ce dernier et de Brangeoler, Bran-
sèler. — V. Branseau.
Et. — De branche. S'agiter comme une branche
au vent? — Cf. Branciller, Jaub.
Brauconner (Mj.), v. a. et n. — Bracon-
ner. Ij Scier au godendard une tête d'arbre que
l'on ne peut fendre. || Fu. — Bracouner, peu
usité, 1" sens.
Et. — Au premier sens : Diriger des chiens
braques, de l'aha. braccho, chien de chasse : nomi-
nal., brac ; régime, bracon. (Litt.) ; 2« sens :
Bracon signifie solive, en vx fr. (Darm.). — Y a-t-il
qq. rapport avec : branr, épée, sabre, au sens de
scier ?
^ranconnier (Mj., Fu.), s. m. — Prononc.
Brancognier. — Braconnier.
Î^Et. — Primitivement : veneur, celui qui es*
chargé du soin des chiens appelés bracs. — Le
sens moderne de Braconnier est venu par exten-
sion. Hist. '( Jehan des chiens serviteur et bracon-
nier de nostre amé et féal cousin et chambellan
Guy de la Trémoille. » (1395). — Nombreux
exemples cités par D. C. \° Bracco.
Hist. — " Sépulture de la femme de Pierre Mon-
dain, « pelletier et blanconnier de ce bourg. -.
162.3 (L a. S. E. m. .30.5, 2, m.)
Brandeau (Mlr), s. m. — Mot dont on a
oublié le sens et qui s'emploie au jeu de la
marque. \\ N. La personne qui m'a fourni ce
détail ajoutait que, probablement, autrefois,
celui qui dirigeait le jeu portait à la main un
rameau de brande. C'est assez vraisemblable.
— Brande, orig. incon. — Syn. et d. de
Branseau. \\ Lg. — Rameau, petite branche.
Ex. : Ein brandeau bénit.
Brandelle (de), loc. adv. (Cho.). — De tra-
vers. Ex. : Le cœur me va de brandelle. V.
Brandeller.
Brandeller (Lp., Chg.), v. a. — Balancer.
\'. réf. se Brandeller. — Fr. Brandiller. Syn.
et d. de Branséler, Brandouiller.
Et. — Du germ. brand, tison, puis, par métaph.,
épée (Cf. Esp. tizona, épée, de tizon, tison) ; d'où
brandir, balancer dans sa main une épée, un jave-
lot. — Deux formes, l'une, fr., en iller, l'autre,
dialect. en eler, eller.
« Targes, banieres, penonceaux.
Selonc ce que les nés (vaisseaux) brandelent
En mil parties i fretelent. (Cité par Litt.)
On trouve aussi Brander. « Tute la terre brande,
pensez del espleitier. » (Idem.)
Brandes (Lue), ou Brondes , s. f. — Grandes
bruyères. Erica scoparia. — \'. Brandeau
Syn. de Bertreau, Bertriâ.
Hist. — K Dono, unam birotœam (brouettée).
brandœ, sive bruerise ad usum furni. . . ) 1205. D. C.
Brandeséler (Auv.), v,
Brandeller.
a. — Balancer. V.
Balançoire. Ex.
Brandeselle (Auv.), s. f.
J'ai été à la brandeselle.
Et. — Doubl. de Branselle. Syn. de Brangeoloire.
Hist. — « Là jouoit : au flux, à la prime. . ., à la
brandelle. » (Rab., G. I, 22).
Brandif, — ive (Sp., Lg.), adj. q. — Entiè-
rement suspendu, ne touchant plus terre.
Ex. : Il l'a enlevé tout brandif. \\ Se balan-
çant, gigottant. li Tout vif, tout entier. ||
Lx. — Equipé, harnaché, préparé. On dit
habituellement : tout brandif (c.-à-d. com.
la personne ou la chose se trouvent). — Cf.
Brandi, Jax'b. Ij By. — J'ai enlevé la palis-
sade brandif. Quand il a monté le second
(élevé la maison d'un 2'' étage), l'entrepreneur
a enlevé (soulevé) la toiture brandif (tout
d'un bloc).
Et. — Brandif est le mot exact (Cf. Bailli, pour
Baillif) : altération du vx franc, braidif (orig. inc),
vif. impétueux, due à une confusion avec le radie
du V. brandir. (Darm.). — Hist. Estomac apte
naturellement à moulins à vent tous brandifs
digérer (Rab., iv. 17).
— « Des manches où j'entrerions tout brandis,
toi et moi. « (Mol. Le Festin de Pierre, n, 1.)
BRANDISSOIRE - BRANSEAU
137
Brandissoire (Lg.), s. f. — Pièce de fer ou
de bois qui embrasse l'essieu au-dessous
d'une charrette et le fixe au beaugeard. Ou dit
aussi : le Brandissoir.
BraDdoilIc (Lg.), s. f. (L'o conserve le son
naturel.) — Se dit dans : Prune de Brandoille,
— espèce de prune noire à gros noyau, fort
acide et de qualité inférieure, mais très
abondante. On l'appelle aussi : Prune de
goret. Probablement la même que la Preune
d'amont-noir (de monnoir), de Mj.
Brandouiller (Mj.), v. a. — Brandiller,
brimbaler.
Et. Doubl. du fr. Brandiller. Se rattache à la
rac. Brand. Syn. et d. de Brandeller.
Brandouilli^re (en) (Mj., Lg. , Fu.) — En
bandouillère. Dér. probablement de Bran-
douiller.
Brangeoler (Lg.), v. a. et n. — Balancer,
branler, secouer, agiter. — Syn. et d. de
Branséler, Brandeller, Brandouiller, Brancha -
1er ; syn. de Chambranler, Bricoler. Gingeoler.
Vieilli.
Brangeoloire (Lg.), s. f. — Balançoire,
escarpolette. Vieilli. Dér. de Brangeoler. Syn.
de Brandeselle.
Branle (Mj.), s. m. — Mettre en branle, —
susciter une affaire, propager un bruit. !|
Tiendre son branle, — tenir son équilibre.
Ex. : Tâche de tenir ton branle. \\ N'aller que
de branle, — ne marcher que par un efïort de
volonté, comme il arrive aux personnes affai-
blies ou surmenées ; cahin-caha. !| Tenir
le branle, — continuer de mener le train
d'une affaire. || Sonner à branle, — à toute
volée. Il Ni foutre, ni branle, c.-à-d. rien du
tout. Il Etre sus le même branle, — dans la
même situation. Se dit d'un ivrogne qui ne
dessoûle pas. Cf. Bord. \\ Equilibre. |î Résultat
de l'action de branler, de secouer.
Et. — Dér. du fr. Branler.
Branlée (Mj., Lg.), s. f. — Branle des
cloches, volée. Ex. : Ils ont sonné eine branlée.
!| Au Lg., on dit : A qui quelle branlée? —
pour qui sonne-t-on les cloches?
"îranler (Sp., Mj.). — Fig. Répéter, ressas-
ser, redire sans cesse. || Branler \sl cramaillère,
— balancer la crémaillère. C'est une plaisan-
terie familière, lorsqu'il s'est passé qqch.
d'inouï, d'incroyable. Cf. Faire une croix à la
cheminée. || \\ n. Branler dans le manche, —
ne plus être solide, être prêt à se disloquer, au
fig. Ex. : L'affaire branle dans le manche. ||
Branler les cloches, — .sonner à toute volée. !|
Se branler, — se remuer, se mettre en mou-
ment. Syn. de se mouver. \\ By. Faire des
branles, tendre des lignes (de fond ou cordées)
en faisant des zigzags d'un bord de la rivière
à l'autre. V. Acher. — ■ Ne pas confondre avec :
louvoyer, tirer des bordées. Cf. Tendre des
ipinoches.
Et. — Contract. de Brandeler. — Une deuxième
opinion fait venir ce mot de Branche (com. l'ital.
brancolari). N. Ce qui pourrait expliquer le rap-
prochement entre le mot branche et les mots qui
expriment l'agitation est que je lis, au mot bran-
lette (dans Dottin), cime des arbres, extrémité des
' branches. « Le nid de pie, il 'tait tout à la bran-
lette; Et' « su la branletle, peu solide, incertain. «
V. Branseau. — Hist.
— « Girart qui bien fut appensez
Saisit l'escu, puis a branlée
La lance. Sur la terre lée
Va férir le seigneur d'eulx tous. » D. C.
« Cette pierre est si lourde qu'on ne saurait la
branler. (C" Jaub.).
Branles (By.), s. f. — Zigzags que l'on fait
d'un bord à l'autre de la rivière lorsque l'on
tend les cordes, lignes de fond. V. Cham-
peaux. Cordeaux, Epinoches, Virecou, Per-
rons.
Branloire (Mj.), s. f. — Levier au moyen
duquel le forgeron manœuvre son soufïlet.
Hist. « Le suppliant trouva d'avanture ung
Garrot ou levier, à quoy on levait le branle du
moulin. (Le Garrot est un gros bâton) 1461. D. C.
Branseau (branzo), s. m. (Mj.) — Rameau,
ramille, petite branche. Syn. et d. de Bran-
deau.
Et. — Dim. de l'af. Branse, fr. Branche.
N. philolog. — « Ce mot, bien insignifiant en
apparence, est, au fond, très précieux en ce qu'il
nous révèle la filiation de toute une famille de mots
français, dont les étymologistes sont fort embar-
rassés de retrouver l'origine, ou dont ils n'ont
point soupçonné les liens intimes de parenté.
Si dans le mot Branseau on supprime le sufïlxe
diminutif, on retrouve le primitif Branse, mot
inusité, dont le français Branche n'est évidemment
que la corruption. Quant à Branse, c'est claire-
ment un dérivé de l'ail. Brand, tison, et zu brennen,
brûler. Ainsi, quoi qu'en aient certains étymolo-
gistes, qui ne rêvent que poésie et ne voient que
métaphores à l'origine des langues, il faut ici
écarter les dérivations fantaisistes et reconnaître
que nos ancêtres étaient parfois utilitaires, puis-
qu'ils ont vu dans la branche un tison et non le
bras (bracchium) de l'arbre.
Mais ce n'est pas tout ; Branseau, ou sa forme
ancienne Bransel a. dans le patois, un dérivé :
c'est le verbe Branséler qui signifie : vaciller, trem-
bloter, branler, en un mot être agité comme une
petite branche que secoue le vent. Je remarque ici
en passant qu'à Montjean le verbe Gauléier est
synonyme de Branséler ; or, Gauléier est un dérivé
du français Gaule, baguette ; c'est, on le voit, la
même image, empruntée au même ordre de faits.
Pour revenir à Branséler, qui ne voit maintenant
que ce mot a donné par contraction le fr. Branler,
surtout si l'on remarque que naguère ce dernier
s'écrivait Bransler? (branselle, balançoire).
A la racine Brand se rattache encore le fr.
Brande, avec son diminutif Brandon et son verbe
dérivé Brandiller, lequel est précisément un syno-
nyme de Branler : et en outre le fr. Brin, avec son
diminutif Brindille, synonyme de Branche et
Branseau.
Enfin, dans le patois montjeannais, je relève
cette curieuse expression : « Sec comme bersille »
qui signifie : très sec, très inllainniable. On peut
voir dans ce mot une corruption de : braisille,
diminutif régulier, mais inusité du fr. braise, nom
qui, du reste, se rattache à la racine Brand. Pour
moi, je crois plutôt retrouver dans Bersille une
forme altérée de Bransille, second doublet, d"ail-
138
BRAXSÉLER — BRAVOTTE
leurs inusité de Branse. L'existence ancienne de
Bransille semble être attestée par celle du nom pa-
tois Brossille, autre forme, corrompue, qui a donné
le verbe dérivé Brossiller; ce mot a, mieux qu'un
autre, gardé le cachet de son origine, et, somme
toute : sec comme bersille, veut dire : sec comme
un tison.
En résumé, les mots français et patois issus de la
racine allemande Brand, peuvent se ranger dans
les trois classes suivantes :
1° Brande, brandon, brandiller ;
2° Branse, ou branche ; bransel ou branseau :
branséler, bransler ou branler, branselle (bransille),
bersille ou brossille ; brossiller.
3° Brin, brindille.
A cette famille on peut encore rattacher l'ad-
jectif patois Brandif, dont le sens concorde par-
faitement avec celui de ses congénères. Il faut
remarquer en effet que tous les mots de ce groupe
répondent à l'une de ces trois idées élémentaires :
brûler, branche, branler, idées qui procèdent l'une
de l'autre par une filiation dont je crois avoir établi
l'authenticité d'une manière indiscutable. {R.
Onillon.)
N. Voir, à leur place, tous les vocables cités dans
cette étude.
Fu. — Casser des hranseaux, — cueillir des
cerises en brisant les rameaux qui en sont les
plus chargés. — Aux Rameaux, on porte des
branseaux de r'marin.
Branséler (Mj.) (branzéler), v. n. — Trem-
bloter, vaciller, osciller, branler. Syn. et d. de
Brangeoler.
Et. V. Branseau. Cf. Gauléier, de : gaule. Synj-
et d. de Brangeoler. — « Se bransiyer, — se bran-
diller sur des branches entrelacées qui tiennent
lieu d'escarpolette. (Dott.) Cf. Branciller, Jaub.
Branselle (Mj.), s. f. — Balançoire. — V.
Branseau, Branséler. Syn. et d. de Brande-
selle.
Braquer (se) (Mj.), v. réf. — Se poster,
s'installer. Ex. : Il s'est braqué à pisser le long
de la bourne. || En parlant d'une voiture à
avant-train, — ne pas tourner librement,
accrocher, par défaut d'un jeu suffisant dans
l'appareil.
Bras (Mj.), s. m. — N'avoir pas le bras pus
long que la manche, — être peu influent,
avoir peu de crédit. || Vendre à bout de bras,
— en bloc. 1| De bras, — à bras. \\ Etre en bras
de chemise — en manche de chemise, avoir
enlevé son patelot ou sa blouse.
Brasi. s. m. — Brasil ; petite braise. — V.
Ebrasiller.
Et. — Voir Branseau. — « Ah. bras, feu : bra-
sen, brûler ; celtiq. brath, conflagration. « (Litt.)
— « B. L. brasa : « Thuribulo cum brasis », un
encensoir avec des braises. » (D. C).
Brassai! (Tlm., Lg.), s. m. — Manche de
vrille ; manivelle quelconque. Syn. de Anille.
Dér. du fr. Bras. |i Lg. — Brassard.
Brassé (Mj., Fu), part. pas. — Lait brassé,
fromage blanc délayé avec du lait doux.
Brasse- bouillon (Mj., Fu., By.), adj. q.,
s. m. — Hurluberlu, brouillon, individu qui
agit par boutades, avec vivacité et sans
réflexion- Syn. de Boute-et-hale, Brigâillon.
Brasse-corps. — Pour : Bras le corps. Il le
prit à bras le corps ; popuL, à brasse-corps..
Hist. « Il marcha auprès d'iceluy Mahiot, et le
prit à bras de corps, tellement qu'il le rua et le ren-
versa par terre. « L. C.
Brassée (a bref), s. f. — A grand brassée, à
la grand brassée, — à pleins bras. Ex. : A le
tenait à grand brassée. || Fu. — Contenu des
bras. « Je viens de donner eine brassée, » — de
fourrage. La brassée est la mesure de pansage
Brassée (Mj.), s. f. — Ce que l'on brasse'
surtout plat que l'on fait cuire. Ex. : Eine
brassée de choux. (Mj., Fu.) || Tumulte,
mêlée, bagarre. || Se trouver pris dans la
brassée, — se trouver impliqué dans qq.
afTaire compromettante.
Brasséiée, s.f. — Pour : brassée, de bois ou
de foin. (Mék.)
Brûssement (Mj., Fu.), s. m. — Brassage,
brouillement, remuement. Ex. : C'en fait
d'ein brâssement d'eau, eine crue comme ça ! j|
Tumulte, confusion, tohu-bohu. Syn. de
Bousculement, Chavirement, Tervirement. —
\'. Brassée.
Brasser (Mj., Fu.), v. a. — Brasser les
cartes, les mêler. Brasser la salade. || Lrm.,
By. — Faire vite et mal, à grande brassée.
« J'vas te brasser tout ça ! » || Brasser la terre,
y passer la charrue plusieurs fois pour l'aérer,
l'assainir, en enlever l'excès d'humidité.
Et. Ne vient pas de bras, brachium, mais du vx-
fr. braz, breiz, brès, malt, blé préparé pour faire de
la bière. B. L. bracium ; mot gaulois, d'où bra-
ciare, braxare, brassare. — Pline (xvm, 11, 12, 4.)
cite le mot brace comme une espèce de blé gaulois
dont on préparait de la bière ; gaéliq. braich, bra-
cha ; corn., brâg ; anc. wall. braz, aujourd'hui brâ,
grain fermenté. Il y a probablement communauté
d'origine entre le celt. brace, et le germ. brauen.
coquere
Brâssicotage (Mj., Fu.), s. m. — Action de
brasser souvent. || Mélange, amalgame, macé-
doine. Se prend en mauvaise part. V. Brasser.
Brâssicoter (Mj.), v. a. — Brasser souvent.
Il Brouiller. Dimin. et fréquent, de Brasser.
Brâssis (Mj.), s. m. — Mélange. Syn. de
Mollis (mouélis). De Brasser.
Brâssis-bràssas (Mj.), adv. — Pêle-mêle.
Syn. de Poile-et-méle, Baquis-baquias. Cf.
Gan is -ga nas , Bon rr i- bo u rras.
Braver (Mj.), v. n. — Faire le brave, se
raidir. Ex. : Il faisait ça pour braver, mais il ne
frisait pas. — Syn. de Crâner.
Bravelte, s. f. — Bavette. || Fu. — Tablier
à bravette.
Hist. « Le fichuoumouchoirdecou desplus jeunes
comme des plus âgées, était toujours recouvert,
sur la poitrine, d'une pièce attenante au
tablier, et faite de la même étoffe, appelée bravette
(bavette). — (Deniau, i, p. 56). — Environs de
Cholet, sans doute.
Bravotte (Lg.), s. f. — Bavette. Les
tabliers à bavette ont disparu au Lg. comme à
BRAYAUD - BRÊLER
139
Mj., et partout, sauf vers Champtoceaux. —
Doublet de Bravette, qui est pour Baverette,
par métathèse de l'r, syn. de ces deux mots et
de Balvrette.
Brayaiid (Sp., Mj., Lg.), s. m. — Sep de
charrue. Bande de fer qui glisse au fond du
sillon et que deux montants verticaux, fai-
sant corps avec elle, rattachent à l'âge, ou
perche, et au versoir ou oreille.
Braye (Z. 142), s. f. — Instrument pour
broyer le chanvre, le lin et qui se meut à bras.
\'. Brayer, Braie.
Brayer' (Mj., Fu., Sal.), v. a. etn. — Broyer'
le chanvre et le lin, — le décortiquer. || Fu.
Prononc. Bérier.
Et. C'est le fr., avec la prononc. du xvr' siècle. —
Syn. et d. de Bérier. V. Braie. — Hist. « En l'au-
tomne, on va rouyr ses lins et ses chanvres, les
faire brayer. » (Brun, de Tartif., Philand, p. 346.)
— Il Durant les longues veillées de l'hiver, les gens
de service continueront, comme autrefois, de bra-
yer. de /(7î/er le chanvre et le lin. » (A. h., 3 ",594, 28.).
Brayer ^, v. n. — Téter. Mener le veau à sa
mère pour le faire brayer. «. J'vas l'faire
brayer. » Cf. Broner.
Brayeux (Mj.), s. m. — Celui qui broie le
chanvre ou le lin.
Brayon (Mj.), s. m. — La moitié supérieure
et mobile d'une braie. Diminutif de ce mot.
Brebiage (Lg.), s. m. — Nom collectif sous
lequel on désigne les bêtes ovines. On dit
aussi : la Bergerie. — V. Jaitb. Citât, de
G. Saxd.
Brebiail, s. m. — \'. Bestial. Collectif de
brebis.
Hist pour trois ou quatre
Vielz brebiailles, ou moutons.
(Farce de Palhelin, p. 95.) L. C.
— « En une maison où le suppliant tient son
bestail et brebiail ». (1482. — D. C.)
Brt'bu'tte (Mj.), s. f. — Petite brebis. Pour
Brebillette, de l^rebis, aveclesuff. diminut.
Hist. « Ne volt nient prendre de ses bues ne de
ses berbiz, mais fist prendre la berbiette al povre
hume. » (2" Livre des Rois, XII, iv, 1 58. — EvEiLLÉ.)
— « Les Pasteurs ont entendu
Que le Sauveur est venu,
Ont laissé leurs brebillettes.
Nocls angev.. p. 12.
Brôclu' (Mj., Fu.), s. f. — Rayon de miel. ||
Fu. — Licher les brèches, — sucer les gâteaux
de cire quand le gros du miel en a été exprimé
par pression des doigts. « Si tu veux durer
tranquille, lu licheras les brèches. » Cf. Mau-
durant. \\ Brèche de noix, ou brou de noix, qui
vient des écaleaux. (Mén.)
Et. — « Braische. Miel en cire. Brax, dans
S' Bernakd, répond au latin : favus. Braische de
Bre = Ber. — Au commencement ou dans le
corps des mots, cette syllabe subit très souvent la
variante par interversion de lettres, ber. H en est
de même de dre, fre, pre, tre, vre, — (Cf. cre et gre.)
miel, pour rayon de miel. « H sent en soy une si
grande ? qu'il n'eut pas voulu avoir le derrière
en des braischcs de miel. » (Merlin Coccaie, ii,
191.) — « La parole de Salomon est vraie qui dit :
branches 4e miel sont paroUes bien ordonnées ; car
elles donnent doulceur à l'âme et santé au corps. »
Variantes : braische, branche, braxe, bresca, bresce,
bresche, bresco, bresque, brista, brusquem, bruesc.
(D. C v° brisca.) — « Rac. celtiq. Bres, déchirer,
fendre, briser D'où : bresque, bresche, gâteau de
miel, chose fragile et présentant en même temps,
par la multiplication de ses alvéoles, qqch. de
divisé, de fractionné. (Malv.) — « Cloison inté-
rieure dans la châtaigne. « Les mauvaises châ-
taignes ont beaucoup de brèche. » (Jaub.)
Brécher (Mj., Lg.), v. n. — Se déliter, cou-
ler à la gelée ou à la pluie, en déchaussant les
plantes. Se dit de certaines terres. A Mj., au Lg.,
une terre qui brèche est la même chose que la
terre boubasse de Saint-Paul.
Et. — Aha, brecha, action de briser ; ail. mod.
brechen ; cymr. breg, rupture. — « Brix est un
ancien mot gaulois, ... quod rupturam indicat,
declinatur Brixac, d'où Brissac, petite ville
d'Anjou, jadis Brochesac. »
Brèches. — V. Brèche. Rayons pressés où
il reste encore du miel. (Fu.) V. Curer. \\
Pantalon. Chier dans ses brèches. — Pour
braies?
Brêcholer (Tlm.), v. n. — Se prendre en
légers grumeaux lorsqu'on le chauffe, en par-
lant du lait. — .Syn. de Betleler. V. Bricholer.
Breciller (Sa.). — Cligner des yeux, v. n.
Syn. et d. de Ber ciller.
Et. — Lat. cilium, cil. préf. ber, bre.
Bredasser (pron. Berrdasser). -^ Bavarder '
petasser.
Bredouille (By.). — Se dit Berdouille et se
prononce Boerdouille.
Bref, adj. quai. — Court. Ce chemin est le
plus brcj. Angevinisme. (Mén.)
Bregeons, s. m. — Plant de vigne. {Bévue
(VA., août, 83.) V. Bergeons, autre sens.
Bregeotte, s. f. — Nom vidg. de la bruvère.
(Méx.;
Bréger (Tlm.), s. m. — Berger. V. Barger.
Et. — C'est le mot fr., transformé par la méta-
thèse chère à nos patois.
Hist. « H n'i vint pas come villain bregier. » D. C.
bergerius.
Bregère. — Bergère. Comme on dit : brebis,
pour berbis ; lat. vervex.
Hist. — lA chevaliers :
Or me dites, douce bregière,
' ' Vauriés-vous venir avoec moi...
{Le jeu de Robin et de Marion, 69, 70. (Constans.)
Brellle, Breiller. — Sans doute pour :
Braye, Braie ; Brayer.
Brele, s. f. , ou BuMe. — ^'este ronde. V.
Bièle.
N. — Broel. mauvais habit, culotte. (Dott.)
Brêler (Sa.), v. a. — Attacher solidement,
serrer fortement avec une corde. Syn. de
Souquer,
40
BREMAILLE — BREUNIR
Et. — Probablement le même que Brételer, ou
Brailler. \\ Inconnu au Fu., où existe Débreler.
Breiuaille (Lg.). — Petite brème. Syn. de
Bermille, Berlette, Bremaude, Berluche. || Fu.
— Collectif. On ne dit pas : Une bremaille,
mais : de la bremaille.
Bremier, s. m. — Bailli-maire.
Hist. « Le bailli-maire du Lude tremblait devant
lui comme tous les autres. » N. Le bailli-maire
s'appelait, par contraction, le bremier. (//'" du vx.
tps. p. 280.
Brê mille (Mj.), s. f. — V. Bermille.
Et. — Viendrait de l'ail. Brachsen ; mha.
brahsem. B. L. braximus. — (Lp., etc.).
Bren (bran) (Lg.). — Son, des céréales-
Syn. de Souvandier. A vieilli en ce sens. 1|
Bren de scie, — sciure. — V. Bran. \\ Fu. —
n'existe plus dans le sens de : matière fécale ;
mais on dit : I s'est tout embernè (embrenné).
— Avoir la goule bernouse. — ■ Se débernou-
ser. — Bernoux (brenoux), mardeux (mer-
deux) signifient, dans la langue écolière :
Gamin, petit rien du tout. Ces mots, où se
retrouve le mot Bren, sont très employés.
Hist. — « Un certain Robert était surnommé
« Meslebren », ç.-à-d. mèle-son.
— « Il parolent et bien et bel.
Il ressemblent le buretel (blutoir)
Selonc l'Escriture devine,
Qui giete la blanche farine
Fors de lui, et retient le bren. » (D. C.)
Brenasserie. — Pour berdasserie, bredas-
serie, bavardages, paroles oiseuses.
Hist. « Terme de mépris ; simagrée ridicule-
« Cette brenasserie de révérences me fasche plus
qu'un jeune diable. » (Rab., iv, p. 44.). — « Jatj-
BERT fait venir Brenasser de Bren, son.
Brénée (Lrm.), s. f. — Faire la brénée, —
dormir après midi. Syn. et d. de Berinée,
Merinée, Mariennée.
Brener (Lrm.), v. a. — Pron. Berner. —
Salir, en renversant sur soi ou sur d'autres
des choses que l'on devrait porter avec soin et
précaution. V. Bren.
Brenous (Lrm.), adj. q. — Pron. Bernous.
Celui qui brene, berne. V. Bren, Berner.
Bren de scie (Fu). s. m. — Prononc. nette-
ment Brin, — sciure de bois. V. Bran, Bren.
Bréson (Fu), s. m. — Pron. : bréezon. Petit
charbon en ignition. V. Braison.
Brester, v. a. — Pécher les oiseaux, les
prendre à la glu.
Hist. — « Breste-i-on encore à Croche? deman-
dait le pape Grégoire XI. ancien prieur de la Haie
aux Bonshommes, à des pèlerins d'Anjou. En sou-
venance et du patois et des jeux angevins, on dit
encore : Aller à la brette. — « Breste. Manière de
prendre les petits oiseaux avec de la glu et un
appât. Vx. fr. broi, même sens. « Cf. Braille. —
« Qui veult bien faire un brel, il faut qu'il soit fait
de cueur de chesne et de quartier sans nulz (nœuds)
et qu'il soit fait au rabat. — Rayxouard cite la
forme bret dans son lexique et ajoute en note : nous
avons encore la forme bresie. — Breulel : deux
bâtons dont l'un s'enchâsse dans l'autre et arrête
par le pied l'oiseau amusé par l'appast » L. C. —
Le radie, bret viendrait de l'ail, bret, planche.
(ScHELER.) — Doublet de Braiter.
Brête. — Piège à prendre les oiseaux. ||
By. — Brétle, Brételer. Cf. Braie.
Brételer (By.), v. n. — Aller à la brétle,
aller prendre ou pécher des petits oiseaux à la
glu ou au trébuchet. V. Breste. Cf. Brailler. \\
By. — Aller de ci, de là, en fainéant. Peut-
être comme un homme qui va à la brétle ?
Breter (My.). — Mettre un bandage à une
hernie. — Fretter? — V. Baguer, Braiter.
Et. — Du germ. brettan, serrer? d'où : bretelle.
Brétle (By.), s. f. — Chasse aux petits
oiseaux. \". Brester, Brête, Brételer.
Breu (Mj.), s. f. — Bru. — Et. Aha. brut ;
am. Braut. Le fiancé était le Bruman (man,
homme).
Breuil, s. m.
Bois. — Nom de lieu.
Et. et hist. — a Coût. d'Anj. art. 36 : « Qui n'a
forest ou breil de forest, ou longue possession, n'est
fondé d'avoir chasse defensable à grosses bestes,
s'il n'est chastelain, pour le moins. Et est réputé
breil de forest un grand bois marmenteau ou
taillis, auquel telles grosses bestes ont accoustumé
se retirer ou fréquenter. » De broilum ou broilus.
Ces mots se trouvent dans les capitulaires de Char-
lemagne, Charles le Chauve, etc. On trouve aussi :
brolium, briolum. — Vx. mot gaulois brueil.
MÉNAGE opte pour brogilum, qui se trouve dans de
vieux auteurs, mot gaulois, de : bro, ager (Cf. AUo-
broges), ager arboribus consitus. Gilum est une
terminaison. Cf. Auteuil, Chasseneuil, Evreuil,
Bonneuil, Verneuil, Mareuil ; de : Autogilum, etc.
(L. C).
Breulé, v. a. — Brûlé. « L'viau, la vache
eul bœu, tout ha breulé. » (MÉx.)
Et. — B. L. brustulare, brust'lar, brusler, brûler.
Ce serait un fréquentatif de ustum, supin de urere,
et le préfixe per, complètement. — Scheler dit :
Pourquoi ne pas partir de burere (dans comburere),
bustus, bustulare, avec épenthèse de r?
Breulier (Ag.), s. m. — Vagabond, homme
mal mis, de mauvaises manières, aventurier,
ou pis encore. V. Laudier, Treulier. Syn. de
Meillaud.
Et. — Dans D. C. v» bruillium : Brulier, garde
des biens de la terre. — Nul rapport.
Brenn, — eune, (Mj.), adj. q. — Brun. —
Doublet du fr. A rapprocher de ieun, ieune. 1|
Faire breun, — commencer à faire noir. |1
Faire grand breun, — faire à peu près nuit. —
Le sens radical de brun est : brûlé.
Breuner, ou — nner (Pel., Lue), v. a. et n.
— Téter, sucer. Evidemment, le même que
Bramer, Brôner ; cf. Abron.
Et. — Se rattache à un mot bret. = mamelle.
L'extrémité d'une petite presqu'île, vis-à-vis le
Croisic, s'appelle Venn-Bron, trayon, bout du pis ;
mieux : Pointe du sein.
Breunette (Mj.), s. f. — V. Brunette.
Breunir (Mj.), v. a. et n. — Brunir. V.
Breun.
BREUSSE — BRIGOLI
141
Breusse (Sp.), s. f. — Brosse. — A qq. peu
vieilli. Syn. et d. de Brinsse.
Et. — Du germ. burstja, chose hérissée, dér. de
borste, poil (de cochon). AU. mod. burste.
Breusser (Sp.), v. a. — Brosser.
Breussons (Z., 110). — Boutons. — Syn.
et d. de Brosson.
Breut (Sp.), s. m. Bruit. V. Brut, Brit.
Et. — De : bruire, de rugire? avec b de renfor-
cement. — D'après un type du lat. pop. brugitum.
Breuter (Sp.), v. n. — Faire du bruit. V.
Bruter.
Breuyard, ou — llard (Mj., Fu), adj. q. —
Qui beugle, mugit. Ex. : Un taureau breuyard.
V. Breut.
N. — Breugler (mouiller gl), beugler, breuiller.
(Ci« Jaub.)
Breuyaud (Mj.), s. m. — Gros frelon, bour-
don. Dér. de Breuyer. Syn. de Burgot, Freu-
lon. Il Sm. Hanneton. Syn. de Canneton,
Meunier.
Breuyement (Mj.), s. m. — Mugissement,
ronflement, gargouillement, hurlement, rugis-
sement. V. Breut.
Breuyer (Mj.), v. n. — Bourdonner. Ex. :
Illy a eine guêpe qui est venue me breuyer
aux oreilles. || Mugir. Syn. de Bauler. Ex. :
Comme le vent breuye, de soir ! — Noutre
vache ne fait que de breuyer. \\ Gargouiller.
Syn. de Gorgosser. || Fu. — Se dit bien du tau-
reau ; mais la guêpe ne breuille pas : son bour-
donnement n'a pas assez de volume pour être
comparé au breuyement — ou breuillement du
taureau. Le vent breuye.
Et. — Ce V. répond au nom Breut, com. le fr.
Bruire au nom Bruit.
Bréviaire (Mj.), s. m. — Dire son bré<^iaire
— pour : lire.
Breyer, v. a. — Autre graphie de Brayer.
Brézer (Mj.), v. n. — Pleurer, pleurnicher
bruyamment. Syn. de Bédâner, Buyer,
Ouâler, Guigner. Mot vieilli.
Breziller, v. n. — V. Berziller. (S'écrit par
c ou deux ss.) Cligner des yeux devant une
vive lumière. Cf. Breciller, Berciller.
Brézin (Vn.). s. m. — Tiqué, insecte aptère
qui s'attache aux bœufs. Syn. de : Fagot,
Pague, Passe, Baigne, Baine, Tacaut. Cf.
Berzeau.
Bric et de Broc (de). — De çà et de là,
n'importe comment.
Et. — N'est pas formé par onomat., mais des
rac. bric, brec, brac, briser, en celtiq., et veut dire :
de morceaux et de fragments.
Bricliet (Sal.), s. m. — Luette. — X.
J'aurais pensé à Bréchet. A. V.
Brichole, Bricole, s. f. — 1. Lait tourné,
granulé. j| '2. Bri signifie recoupe des pierres
qu'on taille, objet sans valeur. i| 3. l'ne ligne
dormante attachée à un pieu est une bricole.
(Mén.) V. Bricholer.
Et. — Au 3" sens, D. C. vercolenum. Série des
sens : Machine à lancer des pierres ; puis le bond
que fait la pierre lancée ; puis les cordes et ficelles
qui servent, comme dans la machine, à qq. opé-
ration.
Briciioler (Sp., Br.), v. n. — Se cailler, se
prendre en grumeaux, tourner, en parlant du
lait. V. Brêcholer. Syn. de Betteler. Y. Brichole.
Il Sal. — Id. — Et : être ivre, c II est bri-
chole. n Ou encore : Il va mourir.
Et. — Briche, fragment, petit morceau, miette.
Germ. brechen ; celt. breg, rupture.
Bricolage (Mj.) , s. m. — 'IBesogne sans
importanceTou sans profit. || Fu. — Id., —
mais surtout besogne mal définie, comprenant
plusieurs sous-besognes diverses et de peu
d'importance. || Manœuvre compliquée pour
un mince résultat. V. Brichole, Bricoler.
Bricole (Mj., Fu., Sal.), s. f. —Vétille,
affaire, ouvrage de peu d'importance. ||
Ouvrage peu avantageux à faire, ou qui rap-
porte peu de bénéfice. || Réparations de peu
d'importance ; remettre trois ou quatre
briques, par exemple, qqs truellées de
chaux, etc. || Jouer de bricole, — jouer peu
régulièrement, avec des subtilités destinées à
tromper l'adversaire. || Réunion de plusieurs
ouvriers travaillant à la même besogne. ||
Aller de ou en bricole, aller de côté et d'autre,
de travers, comme un homme ivre, jj Au
Fig. — Tergiversations, intrigues, machina-
tions, manigances.
Et. — V. Bricholer. — « Dans le sens de : menées
sourdes, tour et détour des choses, comme, au jeu
de paume, la balle, au jeu de billard, la bille, qui
touchent la muraille ou la bande avant d'aller
frapper le but. (V. Brichole). Pour les petits tra-
vaux, je croirais que ce sont ceux qui se peuvent
faire simplement par un homme et sa bricole, sans
nécessiter, par ex., un cheval.
BricoIer(Mj.,Fu,Sal.), V. n.eta. — S'occuper
de petites affaires, d'ouvrages nombreux et
peu importants ; p. ex., pour un maçon,
remettre deux ou trois carreaux. (V. Bricole.)
i| Faire toute sorte de petits commerces mal
définis, rechercher les petits gains éventuels.
— (Sp.) Ex. : Je sais pas trop ce qu'il fait, je
crois qu'il bricole les chevaux. || Sp. — Titu-
ber. Syn. de Brancholer, Brangeoler, Cham-
branler, Gingeoler.
Hist. « J'allais bricolant sans chandelle et tom-
bant de côté et d'autre, comme un homme qui
serait ivre de vin. » (Been. Palissy. Cité par
E. JoNVEAUx. //'■'' de trois potiers célèbres, p. 82.). —
V. Brichole, Bricole.
Il Manigancer. Que que lu bricoles donc là?
Bricoleur (Mj., Lg.), s. m. — Celui qui
bricole. \'. Bricoler. Syn. de Tâtonnard.
Bricoli. — Têtes en bouton des variétés du
Brassica oleracea. (Mj.) || By. — Il y a une
différence entre les choux-Heurs et les choux-
brocolis (pron. bricolis).
Et. — Brocoli, chou d'Italie ; petit rejeton que
le tronc d'un vx. chou pousse après l'hiver. —
Ital., broccoli, plur. de broccolo, tendron, rejeton,
142
BRICONXIER — BRIMER
de brocco, proprement branche pointue, pique, de
même radie, que broche.
Briconnicr (Lg.), s. m. — Bout de branche
qui n'a pas été rognée au ras de la branche
principale ou du tronc. Syn. de Berguette,
Bourquégnon, Berquégnon, Berquégnier. Doubl.
de ce dernier.
Bride (Mj.), s. f. — Morceau de cuir qui
recouvre un sabot. || Au plur., Points-arrêtés
qui forment le bord d'un tricot. On appelle
aussi de ce nom les jetés. !| Fu. — i° Morceau
de cuir qui recouvre imparfaitement le sabot
de femme. Le sabot à brides est par destina-
tion le sabot de femme. Le sabot à bonhomme
est le gros sabot de bois pour les hommes et
les garçons. — 2° Petite boutonnière flot-
tante, ou berbère en fil que font les coutu-
rières aux vêtements de femmes. — 3° Bride
de chapeau, — jugulaire en tissu élastique.
V. Brider.
Et. — Peut-être du celtiq. Brid, déchirer, fendre,
briser. Var. de bred, d'où brida, dans notre mot
bride = brède ; lanière, coupure de cuir (bride de
sabot, de cheval, de chapeau). — (Malv.) — Germ.
brida. (Daem.)
Bride-cul (Mj.), s. m. — Cordage en filTTe
fer qui, dans les bateaux à peautre, était fixé,
d'une part, à l'arrière du bateau et, de
l'autre, au billard de peautre, afin d'empêcher
celui-ci de glisser suivant son axe dans
Ventournure. Le bride-cul des grands bateaux
n'était autre chose que Vécoursoire des
futreaux actuels. Il était situé dans un même
plan vertical avec le billard de peautre.
D'ailleurs, il était secondé par deux autres
cordages appelés Becoussoires.
Bride-goule, s. m. — Bonnet de femme
dont les brides couvrent les joues.
Brider (Mj.), v. a. — Mettre des brides à
des sabots. j| Lier, en s'entortillant. Ex. : La
corde m'a bridé les jambes, et pis ça m'a f . . .
en pagaie. Syn. de Braiier, Brker. |j
Frapper violemment, fouetter, en parlant
d'un corps élastique. Ex. : La branche
illi a bridé la goule. |i Fig. Avoir le nez
bridé de, — voir ou observer qqch., être
mis au courant. Ex. : Si je prenons du café,
les voisins n'ont pas besoin d'en avoir le nez
bridé. \\ Pell. — En parlant d'une boule de
fort, couper brusquement son élan, perdre
son erre, et ronder. C'est comme si la boule
avait une bride et qu'elle obéit à une action.
On dit, en ce sens : Aller de bride.
Brife-avolée (Sp., Sal.), s. f. — Elan. Ne
s'emploie que dans la loc. D'einebrifeavolée,
d'un grand élan, à bride abattue, ventre à
terre. Ex. : Aile arrivait d'eine brife-avolée. ||
Lg. — D'ine brife abattue, — d'un élan, à
grande vitesse, etc.
N. — Ce mot est la rac. du pat. Ebrivé. Hist.
« Et couraient à èrirfe-avallée. pour les prendre
s'ilz eussent pu. >' (Rab., P., n, 25, 178.). — Il y a,
évidemment, confusion avec Bride. — On a essayé
d'y rattacher le mot Briffant, nom souvent donné
aux chiens de chasse ; mais celui-ci vient de briffer.
manger goulûment ; style popul. Baffrer. Signifie
aussi : le Pilleur. — Italien Abrivo.
Brigâillon. onne (Sp.), adj. q. — Brouillon,
vif, étourdi, hurluberlu. Syn. de Brasse-
bouillon.
Et. — Du vx. fr. Brigue, querelle?
Brigandinier, — Bigandine. — Termes de
la vieille langue des montres féodales du
xv<^ s., que je relève dans des citations inin-
telligibles de la Bev. de VAnj. (t. LIV, 311-12).
(R. O.)
Brigbog, s. f. — Nom vulg. de l'aristo-
loche. (MÉN.) Syn. de Bâtelaine. — Devrait
s'écrire : Briguebogue, formé du fr. Bogue
et de Brigue = Burgue. Le sens est : Bogue
piquante, très certainement. Or le fruit de
l'aristoloche ou râtelaine est lisse. Il a dû y
avoir erreur ou confusion, et ce nom doit
s'appliquer au datura qui, en effet, s'appelle
à Mj. Guillebogue.
Brim (Sal.). — V. Brime.
Brimbaloire (Cho.), s. f. — Balançoire, du
fr. Brimbaler. Syn. de Brangeoloire, Brande-
selle.
Brime, s. m. et f. — (Au Lg., ce mot est du
masc. ; à Mj. même, beaucoup le font du
fém. ; à St-Aug., c'est générsJ.) — Toute
maladie des arbres fruitiers ou des légumes
qui les fait dépérir dans leurs fruits ou dans
leurs feuilles. Rien de moins nettement défini
que cette affection, dont les cultivateurs
parlent sans cesse. D'après eux, le brime
tombe avec la pluie ou la bruine. — Peut-être
s'agit-il d'une maladie parasitaire occasion-
née par des champignons microscopiques
dont les germes seraient apportés du sein de
l'atmosphère par les eaux pluviales. — \'.
Brimer. \\ Lue. — Brim. — Brouillard et
gelée. V. Frime. Se retrouve dans Brimer.
Raisin brimé, marqué de taches. i| Fu. —
Brim, brime, s. m. — N. Très différent du
brouillard et de la gelée, le brime n'a pas
d'existence sensible ; on le reconnaît à ses
effets. On dit très bien : Le vent a brimé mes
pois (pouês) ,ou : La gelée a brimé les pois. II
faut, évidemment, dans ce dernier cas, que la
gelée n'ait pas eu ses effets ordinaires parti- ■
culiers. — Le brime se révèle par une roussis-
sure de la feuille et du fruit qui compromet la
récolte. || By. « C'té nuit, il a fait fret, y a de
la brime partout ; (les pointes des rameaux,
les feuilles tendres sont brûlées, — se des-
sèchent et noircissent après la gelée) — tout
est brimé.
Hist. — « Il parut pourtant quelques lames, mais
la brime les ruina (1709.) — Inv. Arch. E. n, p. 198,
col. 1. — c( Cette année a été une année de brime, et
le peu de ceps qui étaient restés, assez bien marqués
d'abord, mais les lames tombèrent. » 1710. — Ibid.,
p. 198, col. 2. — « Le froment reprit vigueur en
quelques lieux, mais quand il fut en grains, il vint
une brime qui l'acheva de perdre (1709. — /. a. S.
s. £.198,001. \,h.)
Brimer (Mj.), v. a. — Frapper de brime. ||
BRIN
BRÔG
143
V. n. Etre atteint par le brime. \\ Grêle.\
(My.) Il Lue. Flétrir.
Et. — Prononciat. dialectale pour Brumer, dér.
de Brume. Lat. Bruma. — Brouir. vx. fr. Bruir,
brûler, du ha. bruejen. Se dit de l'action du soleil
sur les plantes attendries par la gelée blanche. On
retrouve dans ces mots l'idée de vapeur, contenue
aussi dans Brouet et Bruine. — Hist. — « A l'égard
du vin, les vignes promettoient beaucoup, mais
les lames coulèrent et brimèrent. » (1725. — /. a. S.
s.E. 199,1,6.).
— « Quand la vigne est gelée
La brime est chassée. — • (My.)
Ce mot remonte loin : « Et eo anno quodam die
Martii XX et in nocte exeunté mensis Aprilis venit
brina magna, ita quod vineaîexsiccatse sunt. Et die
VIII exeunte Aprili venit alia nix et brina frigida,
ita quod vineœ penitus brinaverunt (1236. — D. C.)
Brin ^ (Mj.), s. m. — Filasse longue et fine
obtenue par le peignage, par opposition à
Reparon. \\ Fu. — Id. — C'est la filasse de
choix. On distingue le Brin, — le Tout-aller,
— la Tête (ces deux derniers formant le
Grous). V. Reparon. \\ Fig. Très petite quan-
tité. Ex. : N'y avait pas ein brin de feu. V.
Miette. \\ C'est ein beau brin de fille. || Brin de
scorbut, — aphte, petit ulcère en dedans de la
lèvre, qui n'a d'ailleurs aucun rapport avec le
scorbut. On dit mieux : Grains de scorbut. ||
Ein brin, — un peu. Ex. : Il est fou, toc-toc
ein brin. || Faire ein brin de conduite, — faire
un bout de conduite, reconduire à qq. dis-
tance.
Et. — Incertaine. — Malvezix rattache ce mot
à la rac. celtiq. brind, déchirer, diviser ; pour :
brind, branche, tige menue, petite parcelle ; ...
forme féminine : brinde, brindille. — Hist. « L'en-
• treprise qu'il maintient ne m'est nul brin agréable. »
— « Luy qui n'esloit un seul brin beste. » (Cité par
L. C).
Brin -, s. m. — Voyez Bran, Bren. \\ Fu. —
Brin de scie. V. Bren de scie, — Bran de scie.
Brinclie (Mj.), s. f. Reste devin impur et
trouble au fond d'un tonneau, baissières. ||
(Pell.) Seconde tirée d'huile à chaud. || Au
plur. Résidu de rillettes, petits morceaux ou
débris de viandes qui se trouvent au fond des
plats. (Te.) V. Brunche. \\ By. — Id. — Dépôt
gris dans les potées de sain (axonge).
Brindezingue (Mj., Fu.), 9. m. — Ne
s'emploie que dans la loc. En brindezingue, —
en brindes, en goguette. — Syn. de Bombe,
Guinguette. || Adj. q. Ivre. Syn. de Blindé,
Brossonné, Paj, Trinoche, Plein, Rond,
Verzelé, Zingué. — Brinde est franc.
Et. — Brinde, altération de l'express, allem.
(ich) bringe dir's, je te porte une santé. » (Darm.)
— Hist. : « Ces grands hommes firent tant de
brindes à votre santé et à la nostre qu'ils en pis-
sèrent plus de dix fois. » {Lettre curieuse envoyée au
cardinal Mazarin par ses nièces. Paris, 1651. —
Cité par Lor. Larchey.)
Bringée (Lue), adj. q. — Couleur de vache
à poils roux mêlée de traits noirs.
Et. — Dér. de Brun, breun. — Hist. « Pour un
anneau bringé, 30 s., achaté à la même foire. »
Angl. brinded, moucheté. (Moisy.)
Bringue ^ (Mj.), s. f. — Connivence. Ne
s'emploie guère que dans l'express. : Etre
de bringue, — s'entendre dans un but peu
louable. Syn. de Mèche.
[^Bringue * (Mj., Fu.), s. f. — Mauvaise bête. ||
Mj. — Bête mal bâtie. || Femme, fille, fillette
dégingandée ou méchante. On dit : Une
grande bringue.
Et. douteuse. — « Parmi les synon. que possède
ce mot dans notre patois : Birogue, Biringue, Bigue,
Bique, qui correspondent tous à son sens primitif,
nous pouvons distinguer deux familles de mots :
Bigue et Bique, d'une part ; et d'autre part :
Bringue, Biringue, Birogue. Ce dernier nous même
à Biroquin, dont la rac. est Bire. (R. O.) ^ Par
ailleurs, ce mot paraît être le même que l'ital.
Branco, qui nous a donné le pat. Branche. Il serait
donc un doublet de ce dernier. La quasi identité de
ces deux mots paraîtra encore plus vraisemblable
si l'on observe que le patois emploie souvent le mot
Bringue, toujours précédé de l'adj. grand, pour
caractériser une femme, une fille sèche et maigre.
Une grande bringue est une grande perche. Ici il y
a eu confusion de sens avec le fr. Branche, mot du
reste tout différent du pat. Branche. (R. O.)
Brinsse (Chg.), s. f. — Brosse. Syn. et doubl.
de Breusse.
Brioche, s. f. — Faute grave (diffère du fr.).
« Il avait fait des brioches, les gendarmes l'ont
fourré dedans.
Lg., Ju.), s. m. — Brique-
Briquage (Mj.
tage.
N. — Le mot pat. est mieux formé que le mot fr.
puisqu'il vient de Brique, et non de Briquette.
Briquée (Lg.), s. f. — Rainure irrégulière,
bien que sensiblement droite, que le tailleur
de pierre creuse avec sa pioche pour essé-
miller un bloc de granit.
Briquer (Mj., Lg.), v. a. et n. — Maçonner
en briques ; briqueter.
Brise-barrières (Mj., Fu.), s. m. — Brise-
tout. Syn. de Jupitar.
Brise-fer, s. m. — Se dit d'un enfant qui
casse tout. || f^u. — Brise-far.
Brisque. — On dit d'un vieil employé :
Une vieille brisque, par comparaison avec le
galon chevronné indiquant un vieux soldat.
Brit° (Lg.), s. m. — Bruit. Ex. : Il en fait
dô brit, ceté galopin-Ià. — Doubl. de Brut.
Brive-abattue (à) (Pell.). — Corr. de : à
bride abattue ; brusquement, sans prépara-
tion : s'élancer, agir à brive-abattue. V. Brife.
Broc (.Mj., Fu.), s. m. — Fourche en fer, à
deux cornes.
Et. — Ce mot a probablement la même origine
que le fr. Broche. (Jaub. suppl. : Broque.) —
« Erreur d'orthogr. pour Broque, forme normanno-
picarde de broche. » (Darm.) — « De brocchum,
broccum (Plaute et Varrox), dent pointue, d'où :
broche, (l)' A. Bos.) — Hist. << Un broc ou fourche
de fer, à charger foing. » lit;>5. (D. C.) — « Aux
derniers rangs venaient les piques, les faulx à
l'envers, les brocs, les fourches, armes terribles... »
(BOUTILLIEB DE SaTNT ANDRÉ, Cité par DENIAtl
144
BROCANTE - BROKER
n, p. 125.) — « On portait des brocs ou fourches de
fer avec des armes à feu. » (A. h. iv«, 628, 7.).
Brocante (Fu), s. f. — Action de brocanter ;
se dit aussi d'un meuble de hasard, d'un
objet détérioré acheté chez le fripier. — Bro-
canter est français.
Et. — « On trouve dans un manuscrit des plaids
d'Edouard III, le mot abbrocamentum, en angl.
abrochement, avec le sens d'achat en gros pour
revendre en détail. Le fr. l'a emprunté sans doute à
l'angl. to broke, faire des affaires. (L. C.)
Broche (Mj., Lg.), s. f. — Aiguille à trico-
ter. V. Broc. Il Fu. — Jeu de broches, — cinq
aiguilles.
Broche-cul (Lg.), s. m. — Sorte de jeu de
société » qui consiste à piquer le derrière de
son adversaire avec la pointe d'un fuseau.
Voiries détails au Folk-Lore, Jeux, MI.
Et. — Pour Broque-cul, dér. de Broquer.
Brochée (Mj.), s. f. — Points de tricot qui
sont sur une même aiguille, ou broche.
Brocher (Mj., Lg., Fu.), v. n. eta. — Trico-
ter. Ex. : Je vas me brocher ein cotillon de
dessour. V. Broche.
Hist. — « Si l'on tournait le fuseau, l'on brochait
les gilets de laine. » (En note : Les aiguilles à tri-
coter s'appellent encore des broches, d'où : brocher.
— La Trad., p. 259, 1. 4.) — V. Z. 149.
Brocherie (Mj., Fu.), s. f. — Tricot. Z. 149.
V. Brocher. Ex. : T'as tout safté ma brocherie,
— tu as laissé traîner mon tricot (Jm.). V.
Safeter. \\ Qqf. Bronchite, par corr.
Brochet (Z. 118), s. m. — Bouture de
vigne, en forme de broche.
Brocheton, (Lg.) s. m. — Fig. Blanc-bec
béjaune, écervelé, bec cornu. On dit aussi :
Brochon. || By.
Brochetonneau (By.) Un tout petit brochet.
Brochette (Mj.), s. f. — Plant de vigne non
racine. Cf. Brochet.
Brock, s. m. — Son, bruit, tapage. « Avec
les paturons tu fais du brock. » (Ex. fr.) Mén,
Brômeau (Po.), s. m. — Nouet de linge
dans lequel on enferme du sucre en poudre et
que l'on donne à sucer aux petits enfants. —
V. Brôner, Breuner.
Et. Bron, poitrine, mamelle, surtout de la biche.
(D. C. bronia.)
Brômer 1 (Po.), v. a. — Sucer, téter. V,
Brôner. — A Nantes : breuner.
Bromer, ^ o bref, v. n. (Sp.). — Pleurer,
crier, en parlant d'un enfant, ji Mj. — Réson-
ner, retentir, ronfler. Ex. : Tout en bromaiC . jj
Sa. — Ronfler, en parlant d'une toupie qui
tourne. || Fu. — Id. — Une pierre lancée avec
force brome.
Et. — C'est le fr. Bramer. Aha. breman, mugir.
— Je lis dans l'Intermédiaire Nantais, année 1902 :
« Faire ramer la poêle. " Autrefois, à Monnières et
dans les autres paroisess des rives de la Sèvre, on se
rendait sur les hauteurs, à la Saint-Jean et à
Noël. Non seulement on allumait les feux de joie,
mais on faisait romer (résonner) la poêle, une grande
poêle de cuivre, avec des brins de jonc qu'on
appuyait sur les bords du bassin. Il en résultait un
bruit étrange, se répercutant au loin, à la bruyante
joie des assistants.
Cette coutume subsiste encore dans les environs
de Blain, mais on dit : faire breuyer la poêle. — Le
mot romer, véritable onomatopée, est plus sug-
gestif, en ce qu'il rappelle assez bien les sons de la
poêle en vibrations. Le soir du 2.3 juin nous avons
encore assisté à ce bizarre concert, dont les divers
exécutants, séparés par une distance de plusieurs
kilomètres, se répondaient d'un village à l'autre,
ou s'accompagnaient en s'ingéniant à tirer de leurs
primitifs instruments des sons graves ou aigus
A Légé cet usage existe toujours... on dit :
bromer, et non romer la poêle... Cette coutume a été
instituée en souvenir de la Décollation de saint
.lean-Baptiste, dont la tête fut apportée dans un
bassin, à la demande de Salomé, fille d'Hérodiade.
Romer, bromer ne seraient-ils pas une corruption
du verbe Bramer?...
Oui, de bramer, vx. fr. brasmer, crier fortement.
(Suit la description de la cérémonie au village de la
Mènerais en Puceul.) « Quand il brasmoit, deman-
dant à boyre, à boyre, à boyre. (Rab., G., vn.) —
Bramer, bromer, broumer, cri du bœuf, du sanscrit
bru, parler, faire du bruit ; grec brémein, ha.
breman, celt. bram. (Pages : 151, 166, 173, 237,
249.). — « Mugir, rendre le son de l'airain quand
jl frémit. » (Favke.)
Broncher (Tlm.), v. n. — Perdre ses plumes,
en parlant d'une poule.
Et. — C'est le fr., détourné de son sens. Les
ménagères ont dû dire d'abord : Mes poules
bronchent, ç.-à-d. cessent de pondre ; puis, par
concomitance, l'idée est devenue celle que je note
ici. — « Se heurter contre une bronche (tronc,
souche, branchage, buisson) ; de broccus, avec n
inséré ; ou de l'aha. bruck, flam. brok, fragment,
broche cassée, souche. Nota. Dans le sens de muer,
il y avait un autre verbe : bronchier, bronchir ;
être morne, triste, soucieux. Germ. brutschen,
être morne??
Bronchique (Mj.), s. f. — Bronchite (Li.,
Br., etc.). \'. Brocherie.
Hist. — « Elle vient de partir à la ferme,
M. Rémy, rapport au poupon de Mathieu, qu'a
une bronchique. » (M. Alaxic, Ma cousine. Annal,
p. et litt., n° 943, p. 47, col. 3.)
Bronde (Z. 142), s. f. — Grande bruyère.
Pour Brande? — « Erica scoparia. » Mén.
Syn. et d. de Bronze.
Brône (Sa.), s. f. — Tétin, tétine, trayon. —
A rapprocher de : Abron, Broneau, Brôner,
Brômeau. \\ By. — O bref. Surtout les
trayons du pis de la vache.
Broneau, s. m. — Le même que Brômeau.
Brôner (Sa.), v. n. et a. — Téter. ^'. Abron,
Brône, etc. Cf. Brayer-, ô long.
Et. — Du celt. Bronn, qui signifie en même
temps : mamelle, mamelon et colline ; ou vronn.
« Er vronn «, les mamelons ou les collines, d'où
est venu, dit-on, le nom de Evron, ville de la
Mayenne, tout entourée de coiUnes. (Dagnet.) —
« Brôner se dit encore des personnes qui ont l'ha-
bitude de mouvoir la langue et les lèvres, comme
font les enfants tétant leur mère, ou encore de
ceux qui sucent leurs doigts. Pour faire honte aux
enfants de cette habitude, on chante :
BRONER — BROUÉE
145
Et tandis qu'il hronnera
L'on chantera
La bron, bron, bron,
La bron, bron, brette,
Il bronne, bronne, bronne. (Dottin.)
(Je rappelle (v. Breuner) qu'au Croisic se trouve
la pointe de Pen-Bron, Penn-Bronn, la pointe du
Sein).
Broner (The. By.), v. n. — Beugler, mugir.
Syn. et d. de Bramer, Broumer. O. bref.
Bronze (Te), s. f. — Grande bruyère. Syn.
et doubl. de Bronde ; syn. -de Berireau, Ber-
triâ.
Broquard (Tlm.), s. m. — Bois ou andouil-
1er de cerf. — Dér. de Broc, Broquer.
Broquée (Mj., Fu.), s. f. — La quantité de
foin ou de paille que l'on enlève eii une fois
avec une fourche. Syn. de Fourchée. — De :
broc, broquer. Ex. : Amène donc eine broquée
de foin pour affaîter la veilloche. || Coup de
corne. Syn. de Broquetée.
Broquer (Mj.), v. a. — Frapper, heurter,
accrocher avec un objet fourchu. Ex. : Prends
garde, la vache va te broquer avec ses cornes.
Doubl. de Berguer, Burguer. Les Ecossais ont
le mot Brog, pointe, et to Brog, piquer. Syn.
de Embrocher, Encorner.
Broquetée, s. f. (Lue, Fu.), — Fourchée. De
Broc, Broquer. Syn. de Broquée.
Broqueton, s. m. (Mj., Fu.). — Bout de
branche pointu, qui n'a pas été coupé au ras
du tronc de l'arbre ou de la branche maîtresse.
V. Berquégnon. Berguette, Briconnier, Ber-
quégnier. — Dér. de Broc.
Broquetonnu (Mj.), adj. q. — Tout hérissé
de broquetons, de ramilles, en parlant d'un
arbre, d'un arbuste, etc., très branchu, très
fourchu. Il By. — Broquetonneux.
Hist. — Brochonnu : « Le suppliant, d'un gros
baston de pommier brossonneux... frappa icelui
Matinot. » — « Un baston nouUu à plusieurs broz »,
c.-à-d. nœuds 1479. — D. C.
Broquette (Fu), s. f. — Petite branche
fourchue. Très employé.
Broquin (Mj., Fu), s. m. — Brodequin.
Et. — Du llam. broseken, anciennement broskin.
Dans le vx. fr., c'était une sorte de cuir. » (Litt.)
— La forme actuelle paraît due à l'influence de :
broder.
Brossard (Lue). — Chêne. Espèce : Quercus
tauza. — A rapprocher de : Broussailles,
Brossailles, Brousse. || By. — Id. — Bat.
écrit Toza.
Brosse, s. f. — Locut. : Ça fait brosse, —
espérance déçue. Cf. Se brosser le ventre.
(Mén.) Il Brosaes, bruyères. Il y a beaucoup de
localités appelées Les Brosses. || By. — Pour :
brassard. Un balai de brosse.
Brossée (Mj., Fu.), s. f. Volée de coups.
— Syn. de Danse, Dégelée, Pile, Râpée,
Trempe, Tripotée, Tannée, Peignée, Rincée,
Beurée, Roulée, Torchée, Tatouille.
Brosser (Mj.), v. a. — Frapper, rosser qqn.
Syn.de Rouster, Rincer. ||V. réf. Absolument:
se passer de tout, n'avoir rien pour sa part.
On dit dans le même sens : Se brosser le
ventre, — on ajoute qqf. : avec eine brique.
Brossier, adj. q. — Qui sert à faire des
brosses ; andropogon ischœmum (Mén.).
Brossille (Mj., Lg., Sa., Fu., Sal.), s. f. —
Brindille, ramille. Cf. Branseau. — Petit brin
de bois. Syn. de BroustiUe. || Fu. — Brindille
sèche. Le Branseau est vert et feuillu. ^Ij., id.
• Et. — V. Branche. — « Broce, brosse, vx. fr.,
bois, forêt, broussaille. — Cf. Bressille (Jaub.)
Brossiller (Mj.), v. n. — Ramasser des brin-
d lies de bois. Syn. de Bûchier.
Brosson (Mj., Lg., Fu., Sal.), s. m. — Papule,
bouton sur la peau. Syn. de Puron, Puret. Cf.
Brusson.
Et. — Broca ; vx. fr. broz, nœud, donc : enflure.
(D. C). — « Broçonner, bourgeonner ; augment.
de Broc, broçon. — » (D'' A. Bos.) — On dit : un
nez bourgeonné.
BrossoQué, ée (Mj., Fu.), adj. quai. — Cou-
vert de papules, de boutons, eu parlant
de l'épiderme. Syn. de Puroté. || Lg., au
fig. Ivre. Syn. de Verzélé, Blindé, etc. — V.
Brosson. — Part. pas. de Brossonner. Fu. —
Sal. — Boutonner, en parlant de la peau.
Brossouné (Lg.), adj. q. — 'V. Brossonné.
Brou, s. m. — Lierre. V. Brout. (Segr.)
Et. — « Decimam de exartis et de edera et;de
bruf:to. » 1163. D. C.
Brouaille, v. imp. (Var.) — Il brouaille, il
tombe une petite pluie fine. V. Brouée.
Et. — De brouillasser, par contract. — Cf.
Berouasser, Berouàiller.
Brouasser (Fu.), v. n. — Même sens que
Brouaille. || C'est Berouasser.
Et. — Broas, brouas ; brouée, brume, brouillard.
— DiEZ le rattache au german. ; Anglo-sax. brodh ;
Scandin., broth ; Ail. mod. broden, vapeur chaude.
— Cf. Breu, brou, bouillon ; brulien, verser de
l'eau bouillante, échauder. D"où : brouet.
Brouée (Fu.), s. f. — \. Berouée. Brouillard,
pluie fine.
Et. — V. Brouasser. — Le sens de : bouillir
s'explique peut-être par allusion aux petites
gouttes d'eau qui s'élèvent et tombent en forme de
pluie lorsque l'eau est vivement poussée par la
chaleur du feu. — C'est un brouillard qui se résout
en une petite pluie fine. (L. C.) — Hist. — « Toute
hrouce attire la gelée. » — « Mais quand je consi-
dère que tous honneurs mondains ne sont que vent
et brouée. » (J. de Bourd., H^ aggrégat. I, 271.) —
« Tremblement de terre en la ville d'Angers et
es environs... et apparessoit le soulail, fors qu'il
fist lors ung peu de breuée, laquelle tantoust
après... se départit. » (14 mars 1485 N. S. —
C. Port. Inventaire, p. 12.) — Dans les vers sui-
vants il est question de notre compatriote Puy-
charic :
a On le compare au potiron (champignon)
Qui nous vient en unne nuictée,
Il n'est jamais sans compaignon,
Tous deux enfants d'une brouée.
10
146
BROUETTE — BRRR
Ils sont fraiz à la matinée,
Au soir flaytriz, veillent ou non. »
(Betxn. de Tartif, Philandin., p. 489. Pique-
mouche cité. V. Hustaud.)
Brouette (Ec). — Se prononce borouette,
ou mieux boeroette. — Z. 171. || Fu. et
Mj. Berouette.
Brouillassé, — ssoux (Mj., Fu.), adj. q. —
Un peu brouillé, en parlant du temps, ji Un
peu trouble, en parlant des liquides.
Et. — « Brouillas et Brouas étaient plus usités
que Brouillard, qui pourtant est seul resté. De
même rac. que Brouée. (Litt.).
Brouille, s. m. (Mj., Fu.). — Ex. : Il se
paraît qu'ils ont ieu du brouille en faisant
leux partage. Syn. de Bistrouille, Chahail,
Distinguo. \\ Brouillamini. Ex. : Il y a du
brouille dans les affaires.
Brouiller (Mj., Fu.), v. n. Délirer, battre
la campagne. Syn. de Gabarer. \\ Ça me brouille
sur le cœur, — barbouiller, jj Extravaguer,
déraisonner.
Brouine, s. f. — Brume. (My.)
Et. — ■ Bruine. Se rattache à brouée, modifié
sous l'influence du lat. pruina. — Cf. Brume
du lat. Bruma, solstice d'hiver. Les étymol. lat.
tirent : bruma de brevissuma dies, brev-u-ma,
le jour le plus court. On conçoit comment bruma,
l'hiver, a donné son nom à la brume. Hist. « Il
faisoit si grant bruine que on ne pooit veoir ung
demi bonnier de terre loing. •> (F'roissart. » (L. C.
Note Edit.). — « Mal,v. indiq. le celtiq. bru, pluie ;
afr. broïne, de brodh, vapeur. — Bruir, faire du
brouillard, mot champenois.
Brouiz. — Brime, grêle. (C. Port. Revue
de l'Anjou, 1880, p. 173.)
Et. — Brouir. Dessécher et brûler les jeunes
pousses atteintes par une gelée blanche. « Le soleil
a broui les feuilles des arbres. » (Litt.) — « ha.
bruejen, germ. bruhen, enflammer.
Broumement, s. m. — Orage continu. (Sar.)
— V. Brômer.
Broumer, v. n. (Sa.). — Faire de l'orage,
tonner. V. Brômer. || Sal. Ou bromer. Une
pierre, rapidement lancée, une toupie broume,
c.-à-d. frémit et fait sonner l'air ambiant.
Brousille (Sa.), s. f. — Menu bois, broutille.
Il By. Brandilles, brindilles, dont on fait de la
bourrée. Syn. de Dessourage. Doubl. du fr.
Broutilles et du pat. Brossilles. — De Brout.
Brousser (Sp.), v. n. — Passer en froissant
des branches, des feuilles. Se dit du gibier.
Syn. de Ferter. \\ Passer rapidement. Syn. et
d. de Brouster. \\ Fu. — V. a. — Chasser qqn
le balai dans les reins. Syn. Poster.
Et. — « On appelle, dans les colonies franc.
d'Afrique (Bourbon), et d'Amérique (Antilles)
brousse les taillis et forêts vierges de l'intérieur qui
servaient de refuge aux esclaves marrons ; le lan-
gage créole est archaïque, comme celui des pro-
vinces, et les marins de l'Etat disent : courir la
brousse, au flg., la campagne, pour : être en bordée,
manquer à l'appel. (L. G. Note Ed.) — Angl., to
Brush. — « Brosser, se dit en terme de vénerie,
du bruit que fait le cerf en froissant les bran-
chages. » — « Une brousse de boys assis en la
paroisse de Mesnil-Selant. »
« Car tu as, mon Nemond, en broussant des premiers
Les halliers épineux, fait la place aux derniers. »
(Citations de MoisY.)
Broust, s. m. Broustille, s. f. — Brous-
sailles.
Hist. . . . Li sainglers encraisse
De nois, de gland et de farine,
Le brost desdaigne et la racine.
Brouste ! (Mj.), interj. — Sorte d'onoma-
topée par laquelle on exprime un passage
rapide, une envolée subite. Ex. : « Brouste !
velà le voiseau parti ! »
Brouster (Mj.), v. n. — Marcher ou passer
vivement, filer vite. || V. a. Expédier vive-
ment une besogne. Dérivé de Brouste ! —
Voir aussi : Brousser. \\ Fu., Sal. — Chasser
avec des mots violents.
Broustilles, s. f. (Li.). — Bois mort dans les
haies. — Syn. de Brossilles.
Brout (Mj., Fu.), s. m. — Feuilles grugées à
la main pour la nourriture des bestiaux. ||
Sp., Fu., Lg. — Lierre. [Syn. de Hérace, Lierru .
N. — A Saint-Paul, la plante n'est guère
désignée que sous le nom de Brout, le mot
Hérace étant beaucoup moins usité. Le nom
de Lierre est parfaitement inconnu. L'appel-
lation de Brout, appliquée au lierre, vient de
ce que, en hiver, quand le fourrage fait défaut,
les cultivateurs nourrissent leurs bestiaux avec
les feuilles de cette plante, très commune dans
ce pays boisé, et qu'ils se gardent bien de détruire.
— Brout est donc le subst. verb. de brouter : il est
français, d'ailleurs ; nous l'avons cité pour le sens
spécial de Lierre. \\ Plus souvent employé que
Hérace (Mm., Mfc.) j| Syn. de Hierru, Hierre.
Broutard (Z. 124), s. m. — Bouvillon,
jeune bœuf. — Syn. de Nage.
Et. — « Jeune bête à cornes qui ne bronne (tette)
plus, et qui commence à brouter ; jeune taureau
qui broute les jeunes pousses des arbres ; t. d'un an.
(DOTT.)
Broute (Mj. , Lg.), s. f. — Mangeaille.
N. — Je verrais encore dans ce mot un souvenir
de l'invasion allemande en 1815. Les Prussiens
avaient souvent à la bouche le mot Brod, Brot,
pain ; et des Angevins, jeunes encore à cette
époque, l'ont retenu. (A. V.) — Cependant voyez :
Brouter ein calo'
Brouter (Mj.), v. a. — Manger. Ex. : On
va brouter ein calot.
Brrr ! — Ceux qui conduisent les bœufs à
la charrue font souvent entendre le son brrr...
Bru. — Prononciation. — « Bru reçoit qqf. une
double modification. L'adj. brun, p, ex., fait au
fém. breune, au lieu de : brune, en mettant breu
pour bru ; et, dans les dérivés, brunet, brunette,
que nous disons brcunet, breunette, nous faisons
souvent subir à la syll. breu une interversion ana-
logue à celle dont il a été fait mention à Bre. Ainsi,
au lieu de breu, nous disons beur : beurnet, beur-
nette. Qqch. de semblable se remarque dans le mot :
beruère, pour bruyère. (Jaubebt.) ;| By. — ■ Au lieu
de eu, on mettrait é. — Brénette.
BRUCHER — BSAGUE
147
Onomat. || Fu. — Figurerait très mal le bruit
que font les bouviers des Mauges. Le point de
départ est le son t ; les lèvres tremblent en
prononçant u. Le son serait plutôt trrru, ou
tbbbu.
Brucher, v. a. (Br.). — Xettoyer. Brucher
les choux pour en faire la soupe.
Bruère (Mj.), s. f. — Bruyère.
Hist. — « Nous, prieure des Loges, avons donné
charge à Urbain Bossin, de nous faire un millier de
bruère dedans les bois de M. le comte de Monso-
reau. » (/. a., S. s, E, 296, 1, m.). D'un mot gaulois
Bruga. B. L. Brugaria.
Brûlant (Mj.) , adj. verb. — Se dit des terres
siliceuses et peu profondes.
Brûlasser (Mj.), v. n. et a. — Brûler légè-
rement, superficiellement. Syn. de Brûlonner.
Brûlé (Mj., Fu.), part. pas. — S'emploie
adverbialement avec un adjectif qu'il porte
au superlatif. Ex. : La terre est brûlée sèche ;
il est brûlé soûl ; très sèche, complètement
ivre. Il By. — Au mois de mai, le bétial était
inabordable, il était brûlé cher : mais, aujour-
d'hui (octobre), c'est pus pareil (à cause du
manque de pansion). jj S'emploie dans la loc.
fig. Sentir le brûlé, — s'annoncer comme un
échec, comme une déconfiture. Ex. : Son
afîaire sent le brûlé. — Souvenir, sans doute,
de l'Inquisition, sentir le fagot. || Lue. — Les
chevaux, cette année, sont è/'ûZé-chers.
Brûlée (Mj.), s. f. — Rossée, volée de coups.
Ex. : Ils se sont f . . . eine brûlée que le poil en
volait, — en fumait, — que le cul illi en traî-
nait par terre. — Syn. de Bondée, Dégelée,
Fleaupée, Lâtrée, Laiidée, Pleumée, Bâclée,
Râpée, Roustée, Suée, Tatouille, etc.
Brûle- iiièelio (^Ij.), s. m. — Lîstensile,
outil formé d'un fil de fer recourbé fixé à une
bonde, auquel on accroche une mèche sou-
frée, pour la faire brûler dans un fût.
Brûler (Mj., Fu.), v. a. — Distiller. Ex. :
J'ai eine barrique de vin qui n'est pas fa-
meuse ; je vas la faire brûler pour faire de
l'eau-de-vie. || Fig. — Brûler le cul à qqn, • —
le gagner de vitesse, le dépasser ; qqf. lui
couper l'herbe sous le pied, le planter là, lui
jouer un mauvais tour, un pied de cochon. ||
Lrm. Id. — Laisser dans l'embarras qqn qui
vous attend ; vulgairement : poser un lapin. j|
Le torchon brûle, — il y a de la discorde dans
le ménage. || Brûler la politesse à qqn, — le
laisser en plan, disparaître sans dire gare. ||
Brûler à feu mort. V. Feu. || Brûler (Lg.) en
meurtre. V. Meurtre. \\ S'approcher d'un
objet ou d'une personne que l'on cherche ; au
jeu de Cut, les enfants disent au patient : Tu
brûles, quand il est près de l'objet de ses
recherches.
Brûleux (Mj.), s. m. — Le brûleux d'eau-
de-vie, le bouilleur de cru ; distillateur
ambulant.
Brûlis, s. m. — Amas de feuilles destiné à
être brûlé dans les champs. (Mén.) — Fu.
Hist. — « Quand ce vint le lendemain que le feu
fut estainct, le roy alla veoir le brûlis qui avoit
bien demie-lieue de lé (large). L. C. — « Terrain
essarté et brûlé. C'est l'écobuage. « ( Jaub.)
Brûlon , s. m. — Dans la vallée de Montjean,
on donne ce nom à des carrés de terrain où le
sable domine et où les récoltes brûlent sou-
vent dans les années de sécheresse. — Ch. 1.
de canton, Sarthe.
Brûlonner (Mj.), v. a. — Brûler légèrement
à la surface, charbonner par endroits. Syn. de
Brûlasser.
Brûlot (Lg.), s. m. — Feu d'herbes sèches,
de tiges de pommes de terre, de chavoilles de
haricots que l'on allume en plein champ.
Chalibaude. \\ Fu. — Punch.
(By.).
Prononc.
Brun, Brunette, etc.
Brein, brénette.
Brunclies, s. f. — Brunches de cire, de
porc. Se dit aussi pour : rillettes. V. Brinche. \\
By. — N'est pas synon. de rillettes.
Et. — Breunches. On appelle ainsi en Anjou
et dans qqs autres provinces la lie de l'huile.
(MÉXAGE). Brèche, résidu, quel qu'il soit, qui se
torme au fond d'un vase près du feu. (Dott.). —
V- Dér. de bren, qui signifiait un résidu quelconque?
(de Mont.) Cf. le fr. Suif en branches.
Brunéier (Sa.), v. n. — Commencer à faire
nuit. Ex. : Va falloir laisser ce travail-là, il
commence à brunéier.
Et. — Dér- du fr. Brun, avec sufT. inchoat. éier-
Cf. Gauléier. — V. Embreune. Hist. « U y avoit
un pauvre chaudronnier qui cherchoit logis, mais
parce qu'il hrunéoit, il ne pouvoit veoir de chemin,
joint qu'il avoit negé. » (L. C.)
Bruner, Breuner. — Téter sa langue. V,
Breuner, Brôner. Syn. de Noguier ou Noiller.
Brunette (Mj.), s. f. — Charogne, bête
crevée. V. Quérée. Sjn. de Prâ, Pihée,
Pivée, Quéquée.
Brunezir ° (Lg.), v. a. et n. — Brunir. Syn.
de Breunir.
Brusson, s. m. — Pour : bouton (à Sou-
laire). Syn. et d. de Brosson.
Brut' (brute) (Mj.), s. m. — Bruit (Lue, etc.)
— • Mener du brut, — faire du bruit. On dit de
même, en fr. : Mener grand tapage. V. Breut. \\
Fu. — Queu brut °. V. Ckie brut ".
Brnter (Sp.), v. n. — Faire du bruit. V.
Bru, Breuter. De : brut.
Bryère , s. f. — Bruyère, bucane, bregeôte,
erica cinerea. (Méjt.) Cf. Bruère.
Et. — Celtiq. brwg, brugen. Bl. Briera. — His.;
« J'ia trouvis faisant du feu
« A tou (avec) d'ia hrière. »
(Chans. norm.)
1 La plante, dit Malvezin, devrait s'appeler
Brugue ou Bruge, et le terrain où elle pousse :
bruguère, brugière. La cressonnière n'est pas le
cresson. Cf. Garancière, linièrc, sapinière. »
Bsague, s. m. — ^Mauvais vin. (Segr.), mau-
vaise boisson. (Mén.) V. Besaigre, bisaigrei
148
BU — BUÉE
(Vesague, v'sague. . ., bis aigre. Arrache-cou.
C'« Jaub.)
Et. — Bis, péjorat. et aigre.
Bu, part, pas. — Etre hu, être ivre. Cf.
Fourbu.
Et. Hist. — Au moyen âge, on disait, sans abré-
viation : oultrebu, qui a bu outre mesure. « Le
suppliant, qui estoit tout yvre... par temptation
de l'ennemi, comme homme oultrelseu, etc. (1410.
— D. C.) — Fourbu, vient de : forboire, boire avec
excès, ou mal à propos. La fourbure était attribuée
à ce que le cheval buvait avec excès (foris) ou à
contre-temps.
Buander (Mj.), v. a.
linge à la buée.
Lessiver, passer le
Et. Dér. de Buée. De là Buanderie.
m.
L'homme
Buandier, Buandiste, s.
qui fait la lessive.
Hist. — « Un évêque, faisant sa tournée, trouva
un curé qui lavoit sa lessive, et lui dit : Tu laves
ta lessive? es-tu devenu buandier? est-ce Testât
d'un prestre? [Contes de B. des Perriers, i, 228.)
Buard (Mj.), s. m. — Grand vase de grès,
muni d'une seule anse sur le côté, dans lequel
on conserve l'eau potable. — Bue. \\ Ssl. —
Ancienne mesure pour le vin ; douzième de la
barrique. || Fu. — Grande cruche en usage
dans les pressoirs et servant uniquement à
entonner le vin qu'on recueille à l'anche.
Et. — De buie, ancient huhe ; représente une
forme du B. L. bùca, empruntée p. ê. de l'aha.
buh (ma. buch ; ail. bauch) ventre ; la buie étant
un récipient ventru.
Buarèje. — Un terrain couvert de ronces
depuis longtemps. — « Si vous voulez entrer
dans ce buaréje-\k. » (Pour chasser. —
Feneu.) Cf. Biarrage.
Buberons, s. m. (Jm.). — Des boutons sur
le visage. Syn. et doublet de Biberon.
Et. — Bube, bouton, ampoule, de Bubon ; d'un
mot grec qui signifie : aine, parce que les bubons
viennent souvent aux aines.
Biibule (Mj., Fu), s. m. — Feu. Terme
enfantin.
Et. — Formé du v. fr. Brûle, par réduplication
de la première syll. adoucie, élimination de l'r,
qui donne une articulation trop rude. Cf. Nénaine,
Pépère, Mimite.
Bucane, s. m. — Nom vulg. de l'erica vul-
garis. (Mén.) Bruyère.
Bûche (La Varenne), s. f. — On donne ce
nom aux principales cartes du jeu de Trois-
sept. Syn. de Bois, Boises. || By. — Allu-
mette.
Bûché, ée (i\Ij., Fu.), adj. q. — Coriace,
dur, ligneux, dont la pulpe renferme des
parties dures ou filamenteuses. Se dit des
fruits et des plantes racines. — De Bûche.
Ex. : « Les naveaux valent ren c't'année, i
sont bûches. »
Bûcher, v. a. (Li.). — Battre. « J'vas te
bûcher, si tu n'obéis pas. Syn. de Fleauper,
Douèner. \\ (Mj.) Fig. — Bûcher un naveau,
— achopper. — Proprement, dégrossir une
pièce de bois. || Fu. — Id. Equarrir, terme
de charpente, jj Ag. — Bûcher son dess, —
Ecole des Arts ; travailler à fond la partie du
dessin.
Et. — De l'ail, bosc, bois. — Vx. fr. buchier,
frapper. — Boscairare, D. C.
Bûcherie (Mj., Fu.), s. f. — Bataille, com-
bat, lutte, échange de coups, bagarre. Syn.
Bondée, Plumée.
Bûcheur (Mj., Ag.), s. m. — Enfant,
homme très laborieux.
Bûcheux (Mj.), s.
travaille le bois.
m. — Bûcheron, celui qui
Bûchier (Lg.), v. n. — Ramasser de menus
morceaux de bois. Syn. de Brosiller.
Bûchot' (Mj.), s. m. — Petite bûche, bû-
chette. Syn. de Sochon. Bossette.
Bûchoter (Mj.), v. n. — S'amuser à tra-
vailler le bois. Syn. de Casser.
Budhier (Z. 147). — Endroit où l'on
dépose la bue, vx fr. buhe. — Pour Buier.
Bue 1 (Lg., Tlm., Lrm., rare à Mj., Chem.,
Chol., etc.), s. f. — Vase en terre cuite muni
de trois anses, dont une au-dessus du goulot,
et destiné à contenir de l'eau potable pour la
boisson et pour la cuisine. Syn. de Buée. ||
Sal. — Id. — Je vois ben le dousi par où la
bue gâte.
Et. — ■ C'est la rac. du fr. Buire, B. L. burie-
tarius, D. C. ; d'où burette. — Malvezes : rac.
celtiq. Bue, creuser, percer. D'où... buca, B. L.
buga, dans bue, buhe, etc., pour : bugue. Diminut.
buhot.
Hist. — « Pour la bue de l'église, 5 sols. (1525. —
Inv. Arch. G, n, p. 207, col. 1.) — « Ung jeune
homme, nommé Sorin, avait rompu et cassé une
buhe ou cruche de terre. » (1448. — D. C.)
Bue - (Mj.), s. f. — Voie d'eau dans un
bateau ; ouverture provenant d'une cheville
enlevée, ou de la disjonction de deux planches.
— On la répare par un palâtre.
Buée (partout), s. f. — Même sens que Bue'
Il Lessive || Sp., syn. de BuLr, Evier. || Buée
de la mort, lessive que l'on fait aussitôt après
qu'il s'est produit un décès dans la maison.
Il Lg. Buée de la belle, lessive lavée un jour de
pluie. N. On sait que, d'après le proverbe, les
belles femmes ont toujours mauvais temps
pour la buée. [| Lg. Le contenu d'une bue.
N. A Mj. une buée est indifieremment la buire
ou son contenu ; au Lg., la Bue est le vase,
et la Buée le contenu. C'est plus logique. |i Fu.
— Cruche fabriquée en grande quantité dans
le pays. — Au sens de : lessive : Emmancher
la buée. — Plaire la buée, laver la buée, faire
sécher la buée. — V. Zigzags, n°' 167 et sui-
vants.
Et. et hist. — « On tire ce mot de Tital. buca,
trou ; bucare, filtrer (vx. fr. buher). Ne peut venir
du lat. buere (imbuere) imbiber. » (Litt.). — « Du
german. bukon (ail. bauchen) vapeur d'eau, sur les
vitres. » (Darji.) — « De Bucata, tiré de : buca,
BUETTE — BULOT
149
trou, parce que la lessive se coule par le trou d'une
cuve, ou, comme nous disons en Anjou, d'une
panne :
« La pluie nous a buez et lavez. -)
(Villon. Ballade de lui et de ses compagnons
pendus. Cité par Ménage.)
« Son san fi po le genre humen En imanse buie
(c.-à-d. Le sang de N. S. J. Ch. fit pour le genre
humain une immense lessive.) — La Monnoye.
Noëls bourguignons.)
— « Confessions nous doit buer.
Et puis pénitence essuer ». (D. C.)
— « Le jour de la saint Thoumas,
Fais tuer ton couchon gras.
Fais ta buie, lave tes draps.
Dans trois jours Noël t'auras. (Id.)
« A Dijon on disait : linge maubué, mal lavé,
sale. (DE Mont.) — « E quand n'i a proux pèr
la bugado, (et quand il y en a assez pour la lessive.
Mireille, v. 230.) — • « D'abord les buies ou buires
en terre cuite. Elles servent à porter aux pêcheurs
et aux moissonneurs l'eau qui les désaltère. Elles
sont, pour la plupart, munies d'une ou deux paires
d'anses latérales. » (La Trad., p. 77, 1. 2.3.) — « Et
quand il veit, entrant dedans l'estuve, les bassins,
les bagnoueres, les buyes, les phioles et bouettes
aux parfums. » (Amyot, Alex, le G. p. 14.) —
« Entendismes un bruit strident et divers, comme
si fussent femmes lavant la huée. » (Rab., P. v, 31,
550.) — « Luy conseilla qu'elle ne se mist point en
ce hazard de laver la buée brimballatoire sans
premier allumer le papier. » (Ibid, n, 142.) —
« Matabrune, lavandière de buées. » (Ibid. 30,
p. 193.) — On dit : Assire la buée, buander.
Buette (Z. 149. By.), s. f. — Bluette. Petit
charbon incandescent. V. Beluette. || Etin-
celle ou flammèche qui vole, gendarme. Syn.
de Berton, Auvis, Foinbrèche. C'est le fr.
Bluette.
Hist. « Je sens d'amour encor une estincelle
Qui me bluette à l'entour de mon cœur. (L. C.)
Buflalo (Ag.). — s. m. Nom connu depuis
l'introduction des tramways. C'est la voi-
ture, non munie de moteurs, qui est remor-
quée par le tram. Importé d'Amérique.
Hist. — Lundi matin, une charrette de foin est
entrée en collision avec le buffalo du tram ouvrier.
Buffard (Mj.), s. m. — Soufflet. V. Buffet,
Buffcr. Ne se dit que par plaisanterie.
Bufiart, s. m. — Futaille, en Anjou. (]\[én.)
N. Je crois qu'on a pu confondre les deux ss
avec deux ff, les s ayant autrefois la forme
de l'f, moins le petit trait horizontal, et je
lirais bussart. (A. V.). De : busse.
Et. Hist. — « En Anjou, une demi-pipe. —
Butta, buza, du français bouts ou boutz : « Mines
à mensurer bled, bous à mesurer vin, proprement
outres en peau, enduites de poix, où l'on conserve
le vin et autres liquides que l'on emporte dans les
pays ou lieux escarpés et impraticables aux chars.
— c< Le suppliant et Michelet s'en alerent en
l'ostel de une femme, où ilz estoient logiez, pour
lui dire qu'elle leur gardas t ung bussart de vin,
qu'ilz faisoient venir pour fener, et le mist en sa
maison. » (D. C.)
BiiRée (Mj.), s. f. — Bouiïée.
Bii««T (Mj., Lg., Tlm., Cho., Fu., Sal.), v. a.
— Souiller, chasser l'air des poumons. ||
Souffler, le feu, pour l'aviver, jj Eteindre en
soufflant. Ex. : Baffe donc la chandelle. i|
N'attendre ni à buffer ni à ferdir, n'avoir pas
la patience de souffler, sur la soupe, p. ex.,
pour la refroidir, ni attendre qu'elle se refroi-
disse naturellement. || Buffer les choux,
ronfler en serrant les lèvres. On dit aussi :
Souffler la bouillie. |! On dit, par manière de
plaisanterie : Buffe le feu, Fanfois (François).
Mais, mon père, pas de feu, pas de bois. Buffe
tout de même. (Tlm., Mj., Ag.) || A Cholet,
au régiment, pendant une répétition de
musique. Le sous-chef s'adresse à un musi-
cien clarinettiste : « Pourquoi ne jouez-vous
pas? — J'peux pas buffer dans c'te pibole-là,
chef. (Authentique.)
Et. Hist. • — De : bouffer, enfler les joues. B. L.
Bufïare. Onomatopée. Bruit que produisent des
joues gonflées qui se dégonflent sous l'action d'un
coup. — « Icellui Taillefer dist à l'exposant qu'il
buffast, et qu'il lui donrrait une buffe ; icellui
exposant buffast, et lors ledit Taillefer lui donna
deux buffes. (1395. D. C.) — « S'il buffoit, c'estoient
choux à l'huile. » (Rab., P., iv, 32.) — « Chut ! mi
bons ami... Quau se trufo, Respondè lou vièi. Dieu
lou bufo. » (Chut, mes bons amis, celui qui raille,
répondit le vieillard. Dieu le souffle. » (Mireille,
p. 16, str. 1.)
« Je n'eus point la bouche amère
Pour buffer au chalumeau,
Nau, nau. (Noëls ang. p. 18.)
« Tous les mots de cette famille ont une origine
germ. ou scand. ; en holl. pufïen, poiïen = souffler ;
en angl. to puff. L'ail, puffen a le sens d'être gonflé,
boufïl. B et P s'échangent. (Eveillé.)
Buffet', (Sp.), s. m. — Souffle. On dit d'un
homme épuisé ou agonisant : Il n'a pus que
le buffet, il n'a plus que le souffle. \'. Buffer,
Buffard. V. Aive, Baller. \\ Fu. t muet.
N. — « Le buffon était l'instrument domestique
employé en F^jitou avant le soufflet, pour buffer,
c.-à-d. pour souffler le feu. — C'était un long tube,
semblable à un tuyau d'orgue ,et p. è. le buffet
d'orgue est le nom de la partie étendue au tout.
Bugle, s. f. — Petite bugle. Lycopsis
arvensis. (Bat.) Mén. — Petite buglose.
(Bat.)
Et. — Emprunté du lat. bugula, employé par
Marcellps Empiricus. Labiée. (Darm.) — Herbe
de saint Laurent : « Qui a du bugle et du sanicle,
fait au chirurgien la nique. » L. C. — Note Ed.
Bull ! (Mj.). — Inlerj. Bah ! Baste.
Exprime l'impatience ou le dédain. On dit
aussi : But ! et Bouh ! — Onomat. — Cf.
angl. Pugh ! Pooh ! || Fu. — I!uh ! Bute !
Bouh ! — Bah ! Baste !
Biihard (Mj.), s. m. — Béhuard, île et
commune du canton de Saint-Goorges-sur-
Loire. N. Il est d'usage de dire : En Buhuard,
et non A Buhard.
Buïer (Tlm., Lg.), s. m. — Evier, endroit
où l'on dépose les bues. Cf. Budhicr.
Biiiiîiuiiui, s. m. — gnard. — Enfant qui
pleure toujours. Syn. de BrâiUaud.
Buigner, ou Builler (Sg.), v. n. — Pleurer.
V. Buyer.
Bulot (Seg., Lue, Jm., Lé, Bg., Pell., Sa.).
150
BUME — BUSSON
— Petit tas, monceau, de sable, de foin,
quand il a été ringaillé. Il est arrondi en
forme de boule? Syn. et doubl. de Beulot
Il Sal. Mettre ses bardes en bulot.
Bume, et :
Bunier (Mj., By.), v. a. — Boire. Mot
enfantin. On dit : à bume, à boire. Cf. Marner,
marne, manger.
Buon (Pell.), s. m. — Sorte de cruche en
grès où l'on met de l'huile. — De : bue.
Burais (Lg.), v. a. — Boirais. Gond. prés,
de boire.
Buralisse (Mj.), s. m. — Buraliste.
Bureau i (Mj.), s. m. — Terrain inculte, où
la pierre est à fleur de terre. Syn. de Gui-
ruette, Rochette, Biarrage, Masureau, Gruau,
Buaréje. || Lg. Sorte de dartre ou de teigne
de la barlDe ; mentagre.
N. — J'ai signalé au mot Biarrage le remarquable
rapport qui existe entre ces deux vocables. Or un
rapport analogue existe aussi entre Bureau et
Masureau. Dans le patois normand G. G. cite Buré,
toit à porc (262,2) et rappelle en note que Buron a
le sens de : cabane, selon Dottin, et le Dictionn.
général. C'est aussi le sens étymolog. de Masureau.
Et. ■ — Sans doute le fr. Bureau, étoffe grossière,
prise au sens métaphorique.
Bureau "^-elle (Ec.) — Gris, presque noir.
V. Amouré.
Buret' 1 (Mj.), s. m. — Morceau de bois de
la grosseur d'une bûche moyenne, que l'on
fixe au bout de la vouillée, pour servir de
bouée flottante et signaler de loin l'appareil.
Buret ^ s. m. — Petit pain à demi sphé-
rique, ainsi dit de sa couleur sombre, de
bure ; bis.
Burgaudière (Lg.), s. f. — Guêpier. Syn.
de Guêpère, Guêpière. Dér. de Burgot, Bur-
gaud.
Burger (se) (Sp., Jm., Lé, BL, Lue.). — Se
cacher, se dissimuler, se blottir dans qq. trou.
Se dit du gibier. V. se Boumir. || Se burger
dans les épines, (à Brion.) Syn. de se Motter.
« Les perdrix sont burgées. «
Et. — De l'ail. Burg, forteresse?
Burgne (Sm.), s. f. — V. Beurgne.
Burgnon (Sp.), s. m. — V. Beurgnon.
Burgot (Tlm.), s. m. — Frelon. Doubl. de
Bergot. Syn. de Freulon, Breuyaud. Dér. de
Burguer.
Coiffe pointue
Epine. Ex. : La frago-
Burgots (Mj.), s. m. pi.
des Nantaises. V. Bergots.
Burgue (Lg.), s. f.
nelle, c'a des burgues. » Syn. de Pique,
Piqueron. Dér. de : Burguer.
Burguer (Tlm., Lrm., Sp.), v. a. et n. —
Piquer, frapper avec une pointe, un aiguillon,
le bout d'un bâton. 1| Fu. Donner des coups
de cornes. Le taureau burgue ou cosse. Toute-
fois cosser se dit du choc d'un front sans
ornes, et plus spécialement du mouton.
Et. — Ce mot doit avoir la même racine que
Broc ; il est la souche de -. Berguette, Bergot ou
Burgot.
Burne (Sm., Tlm.), s. f. — Grande cor-
beille de paille. Syn. et d. de Bourgne,
Beurgne. |[ Fig. Scrotum et testicules, au
pluriel.
Buron (Sp. , Li., Br.), s. m. — Syn. de
Beulot. Cf. Veiiloche.
N. — Dans plusieurs régions : petite maison,
cabane, lavoir. Le Buron, nom de lieu.
Burriner (Mj., Tlm., Lg., Sal.). — Et. non
Buriner, v. n. Travailler péniblement. Syn.
de Bourrasser, Biganer, Bourriquer, Ourser,
Il Lrm. Bourriner. V. Jaub. à Bouriner.
Et. — Ne vient pas de Burin, nous le répétons,
mais de Bourrin, littéralement : travailler comme
un bourrin, bourdin, bourricot.
N. — Qqf. Sens contradictoire de : faire des
riens. Confusion avec Berdiner, Bédasser.
Buse, s. f. — Pour Busse. \\ Li., Br. — La
busse est pieune ; la barrique est pleine.
Busot ? — Syn. de Buse?
Busqué, s. m. — Prononc. de Buse. S'écri-
vait ainsi au xvi« siècle. On dit aussi : buste.
Bussart, s. m. — Voyez Buffart.
Busse 1, s. f. (Sp., Sal., etc.). — Barrique,
fût contenant de 220 à 230 litres. H By. —
Tonneau court et gros, usité dans la contrée
de Brissac. Barrique, tonneau plus allongé,
de contenance variable suivant pays, de 218
à 2.50 litres.
Et., discutable. AU. Bussa, tonneau ; B. L.
buza, botte, tonneau, barrique. — Celtiq. : bue,
enfler, être gros, touffu. D'où : busca, qui a donné :
busse, outre, tonneau. — Hist. — « M. Le Massu a
vendu en 1768 une busse de vin de 1766... 306
hvres. » {Inv. Arch. E. m, p. 224, col. 1.) — « Une
busse et son avouillage. » (1710. — Id. ibid. E. n,
p. 198, col. 2.) — « Une busse, quatre jallais et
30 pintes de vin (1735. Id. G. p. 148, col. 2.).
— « Ecoutez, Monsieur de Mathault,
L'œuvre est de la fin coronnée ;
Une busse de vin me fault
Par promesse de l'aultre année. »
G. C. Bûcher, 81, p. 126.
Je n'en ay vue que... 17 barrique de vin... après
en avoir envoyer huit buse à Beaupréau. » (Lettre
de Denais, commissaire des vivres de l'armée
chrétienne. — C. Port. Légende de Cathelineau,
p. 247.) — « Contre Mathurin Drouineau, tonnelier,
pour défaut de fournitures de pipes et busses de
vin (1498. — xvni« siècle.) /. a. S. E. 251, 2, 31.)
Busse -, adj. q. — Avoine busse ; maladie
causée par un champignon. (Segr. — Méx.)
Busserie (Mj.), s. f. — Cercle moyen pour
barriques ou busses. De : busse '. Merrain.
Busson (Mj.), s. m. — Petit îlot couvert
d'arbres. \'. Hâ. Cf. Russeau. \\ Buisson.
Corr. du mot français.
Hist. « Ma mye m'a donné un boucquet
De violecte et de muguet
De verte marjolaine ;
Gardez vostre honneur et le myen
Et vous serez ma mye.
BUSSONNIÈRE — BZI
151
Ma mye m'a donné un baston ;
C'est pour en battre les buczons,
Les oisseaux n'y sont mye.
Gardez, etc.
Ma mye m'a donné un basteau
C'est pour aller jouer sur l'yeau.
Sur l'herbette jolie :
Gardez. . .
(Inv. Arch. H. I, p. 117, col. 1.)
« Laissèrent lesd. ballaiz et allèrent en vent et
tourment par le tuau d'icelle (cheminée) à travers
hays et bassons, tellement qu'il y avoit si très
grand bruit de vent par où ils passoient, qu'il
sembloit que le vent en emportait haye et basson. »
(1508. — Inv. Arch. G. p. 84, col. 2.)
Bussonnière (Mj.), adj. q. — Se dit dans •
Faire l'école bussonnière. Cf. Chouiner.
But'MMj. ,Ssl.). — Intorj. V. Buh ! Bah !
Bast ! Put !
But" - (Mj.), s. m. — Morceau de bois ou
de paille servant à èutter. || Fu. Id., et Trace faite
sur le sol, pour marquer la place où le joueur
doit mettre le pied. — t muet. !| Terme de la
gestation chez les animaux. Ex. : Noutre
vache sera à son but dans huit jours. — Autre
forme de Bout. Subst. verb. de buter, autre
forme de : bouter.
Biit<âiller (Mj.), v. n. — Buter souvent, à
plusieurs reprises. Fréquent, de Buter. Ex. :
Il s'en allait en butâillant. Syn. de Crabucher.
Il By. — N'est pas syn. de Crapucher ni de
Décrapucher.
Buter (Mj., Fu.), v. n. et a. — Mesurer avec
soin les distances au jeu de boules ou de
palets, pour décider d'un coup douteux. Ex. :
J 'allons buter ça. — On dit aussi : rabuter.
Syn. de Bauger. — De : but.
Butin (Mj.), s. m. — Avoir, bien. Ex. : Il a
amassé ein petit butin ; il portait tout son
buiin dans ein mouchoir. — Il s'était marié
avec eine marraine qui avait ein bon petit
butin.
Et. — C'est le fr. Butin, j)ris dans'un sens spé-
cial, peu différent, en somme, de son sens propre.
Nos grands-pères ont compris il y a longtemps (jue
tout avoir s'acquiert par le travail ou par droit
de conquête dans la lutte pour la vie, et ils ont
exprimé nettement cette idée par deux mots
typiques : l'avoir est du Fait ou du Butin. (R. 0.)
llist. Je suis pauvre et n'ai pour butin
Qu'un peu de bois que ce matin
J'ai serré dans le voisinage.
Noëls angev. p. 91.
Buttard (Lg.), s. m. — Coteau, tertre. Ex. :
Y a ine croix sus le buttard du Petit-Goulet.
De butte.
Butté (Mj.), adj. quai. — Inégal, raboteux.
Se dit d'un terrain, d'un chemin. Syn. de
Malplanche.
Buttereaux (Mj.), s. m. pi. — Lais de terres
alluviales le long des rives de la Loire for-
més de buttes et de trous.
Et. — Dér. du fr. — Butte, au moyen du sufïlxe
diminutif ereau. Ces alluvions sont, en général,
fortement ondulées et bossuées.
Hist. : « Baux d'îlots et budas en Loire (S' Maur)
1585-1609. — Inv. Arch. H i, p. 220, coL 2.
Buttes (Mj.), S. f. — Retourner sur les
buttes de derrière, revenir sur ce qui a été dit
ou fait.
Buvante (Mj.), s. f. — Tonneau toujours
en vidanges, où l'on prend la boisson pour la
consommation du bord. Terme de marine.
(Boire, buvant.)
N. — LiTTRÉ cite Buvande, un des noms provin-
ciaux de la piquette ; de bibenda, qui doit être
bu ; et le Diction, génér., le môme mot, vin de
dépense, vin de valets. C'est la piquette.
Buve, eut. — Boive, -vent. (Ec). Subj.
prés, du V. Boire, avec forme Buver.
Hist. — « Hz ne vivent que de vent. Rien ne
beuvent, rien ne mangent sinon vent. « (Rab., P.,
IV, 4.3, 429.)
Buvette. 1° (Mj., Lg.). — Sorte de chasse
aux petits oiseaux, qui se pratique en tendant
des gluaux sur les buissons entourant la mare
où ils viennent boire. || 2" (Tlm., Nu.). Dia-
bète, maladie. Ex. : Il est mort de la buvette.
N. Les diabétiques souffrent eh effet d'une
soif inextinguible. || 3° Petite tasse contenant
de l'eau pour désaltérer les oiseaux qui sont
en cage.
Buvroelier (Lg.), v. n. — Boire du vin sans
besoin et par passe-temps, pinter. Syn. de
Berçocher, Soiffer, Pomper. || Fu. Buvocher.
Buyer (Lpc, Z. 139). — Brailler. Ex. : Que
j'sé achalé de l'entendre buyer f \\ Po. — id.,
pleurer, pleurnicher, larmoyer. Syn. de Che-
nucher, Chemicher, Beucler, Ouâler, Ouigner,
Pigner.
Bzi, s. m. — Pour bezi. Poire non greffée
dont on fait une boisson très alcoolique. —
Débeziller, sortir de l'ébriété. — V. Besi.
OBSERVATIONS
Prononciation. — C est souvent muet à la fin
des mots ; avec", bec", arsenic°, aspic"*, cw\°, —
avé, bé, arseni, aspi, co.
_ Permutation. — C devient t : aspic, charcu-
tier, — aspit, chairtutier.
C remplace ch : chercher devient ccrchcr.
C est remplacé par ch : chaillou, échaler, pour :
caillou, écaler.
C devient g : aplangir, rouget, agacia, ganif,
gabotage, pour : aplanchir, rouchet, acacia, canif,
cabotage.
C remplace g : cangrègne. pour : gangrène.
' C remplacé par j : ajeWr, boèjevarder, pour :
acheter, bècheverter.
C remplace p : sectembre, pour : septembre.
152
CA
CABAUD
MÉTATHÈSE. — Cre devient ker : crever, kerver,
crier, kérier.
Crou devient cor : corpion, pour : croupion.
Groupes de lettres. — Cl se prononce qui :
clabard, quiabard ; c\dJQ,e,quiarce; clarcer, quiarcer ;
clincailler, quincailler.
Cl est souvent mouillé (ce qui rentre un peu dans
le précédent) — clair, clou, clouter, — cl-liair,
cl-liou, cl-liouler.
Chev devient chui : cheville, chuille.
Co devient cou : colon, colorer, connaître, —
coulon, coulorer, counaîlre.
Ch remplace s : chécher, pour : sécher.
Ch remplacé par c : cercher, pour : chercher.
Cl remplace fl : deau, pour : fléau.
Ch devient j : un pvau, pour : un cheval.
Ca. — Préfixe, ayant une signification
péjorative. Il se trouve dans Calorgne ; dans
le provençal calucs, de ca et de lue, voir. Cf.
re-luq-uer. — Formes diverses : cal, calo, cali
(fourchon). — L. Sudre. Cours de Gram. hist.
de la lang. fr., 3e partie. Nous renverrons à ce
préfixe.
Ça. — Pron. démonstr. Se substitue sou-
vent au pron. il, surtout lorsqu'il s'agit des
météores. Ex. : Ça gèle ben dur ; ça mouillait
à plein temps. [I Désigne souvent un effet,
une action . Ex. : Ça coule, — le terrain est
glissant ; ça fonce, — le terrain est mou. ||
Jb. — Ça que, pour : ce que. Ex. : On fait
pas ça qu'on veut, on fait ça qu'on peut. ||
Par mépris : Ça mange, et ça ne travaille pas !
Il Souvent suivi de qui. C'est ça qui est beau,
bon ! Il Locut. vicieuses, mais claires : Quoique
ça, avec ça. Vous sortez sans parapluie ?
avec ça que le temps est beau ! || Il a de ça,
il est riche (on fait qqf. le geste pour compter
de l'argent). — En parlant d'une femme : Elle
a de ça — des appas. || Pour affirmer. Ce
sera comme ça. \\ Pour interrog. — C'est
comme ça ? eh ! ben, on va voir ! —
Et. — Con tract, de : cela.
Caba, s. m. — Raisin perle, sorte de cé-
page blanc, cultivé en treilles, dont les grains
très gros et ovoïdes ont un goût fortement
musqué. — Distinct de Cabas. — On dit :
raisin caba.
Cabagétis, s. m. (Mj.). — V. Cabigit, Gagi-
hit, Cabagit.
Hist. — « Il se trouve à droite une longue
galerie en briques... terminée par un cabajoutis
orné de sonnettes en bois et d'œufs rouges. »
(H. DE Balzac, Ursule Mirouet, p. 100.)
Cabagit (Lg., Fu.), s. m. — Cahute, tau-
dion. Syn. de Cabagctis, Cabourne, Cahurne,
QuernaiUère. Syn. et d. de Cabigit, Cagibit.
Cabane (Mj., By.), s. f. — Sorte de chambre
en bois ménagée à l'arrière des bateaux de
mariniers et qui est l'unique habitation de
ceux-ci pendant leurs voyages. || By. — Sou-
vent les pêcheurs établissent leur cabane
sur le futreau au moyen de leur voile repliée
sous la coue (arrière) du bateau et maintenue
par deux gros nœuds. Elle repose sur le bâton,
maintenu à une extrémité par un pied fourchu
et reposant de l'autre sur les jopettes. \\ Mj.
Partie d'un sabot couvert qui recouvre le
dessus du pied. Ex. : La roue de la charte
a écramoui la cabane de mon sabot. || V.
Futreau.
Et. Hist. — C'est le fr. cabine. — B. L. Capanna ;
du celtiq. caban, de cab, hutte. — Hist. : « Il
descendait en cabane de Saumur pour aller à
Nantes et fut transporté de sa cabane à l'auberge
des Trois-Maures. « 1761. — (N. Il s'agit sans
doute d'un de ces bateaux de la Vienne qui trans-
portent les pruneaux de Touraine et qui sont de
véritables cabanes flottantes. R. 0.) — Im: Arck.,
E, II, p. 280, col. 1.
C'abaner (By.), v. réf. — Faire la Cabane ;
ou v. n. : Rester dans la cabane du bateau.
Cabanier (Br., Zig., 183), s. m. — Rou-
lottier, forain, saltimbanque.
Cabaret des oiseaux, s. m. — Peigne, cu-
vette de Vénus, dipsacus sylvestris ( Batakd)
— Ce serait le : nardus sylvestris, dit Ménage,
qui ajoute : « Ch. Etienne le dérive de
Bacchar, par métathèse et apocope ».
Cabas, (Mj.), s. m. — Manteau, houppe-
lande ; doubl. de : caban.
Cabas, cabasse. — Appellation injurieuse.
EusT. Deschamps appelle une femme de
mauvaise vie : cabas enfumé ; — battre le
cabas — sens obscène (Ménage). — Cabasse,
adressé à un enfant, signifie simplement :
babillarde.
Cabasse, ée (Z. 136, Li., Br.). Une personne
âgée, courbée, vieillie, usée, lassée, est dite :
cabassée.
Cabassement, (Mj.), s. m. — Fatigue. —
V. Cabasser.
Cabasser (Mj., By., Sal.). v. a. — Fatiguer.
— « Qu'as-tu donc à te cabasser l'imagina-
tion ? ') Il V. réf. Se cabasser. Se donner du
tintouin.
Et. Hist. — La Curxe l'explique ainsi : entasser
dans son cabas : de là : voler : puis, tourmenter :
Jeannette, Marie, Guillemette,
Pour quelque peine que je mette
A cabasser et ramasser.
Nous ne pouvons rien amasser. »
{Pnthelin.) — Voilà pour le deuxième sens :
... Et tant le cabasscrent
Qu'il prit réveil. . .
Voilà pour le troisième
— Jaubert : Secouer , v.^ OHuas (Acad.), voi-
ture à l'ancienne mode. — « Canabasser : Exami-
ner avec soin. » R.4.B., n, 10, dit : « Et le priarent
vouloir le procès canabasser et grabeler à poinct. »
Canabasser un procès c'est en voir et revoir les
pièces avec autant d'exactitude qu'un ou^Tier en
tapisserie s'applique à compter et à recompter les
fils de son canevas. (Le Duchat, dans ses Notes
sur Rabelais.) Et de là : Ganabassement. examen
curieux, curiosa essaminatione. dit le Dict. fr.-ital.
d'OuDix — Cité par Borel. — Cf. Cabasso, dans
Mireille, doublet de cabosser, cabocher, camocher,
cagnocher. (R. O.)
Cabasserie (By.). — Bavardage, discours
long et confus. — V. Cabas.
Cabaud (Tlm.). adj. q. — Triste, déprimé,
CABÈCHE — CABOURNE
153
abattu, accablé, au moral et au physique.
C'est le contraire de Vioge, qui se dit à Tlm.
comme à Sp.
Et. — Renferme p.-ê. le même radie, que le v.
accabler.
Cabèche (Mj., Fu.), s. f. — Tête. Ne se dit
qu'en plaisantant. Doublet du fr. Caboche.
Cabestan, s. m. — Il est monté sur son
cabestan, çàd. sur ses grands chevaux.
(Ag.) Il Mj. Nabot avec une- grosse tête.
Et. — Emprunté sans doute à un terme de ma-
rine ; on montait sur le cabestan pour le manœu-
vrer. — Esp. Cabrestante, chèvre debout. On sait
que, dans beaucoup de langues, la chèvre et le bouc
ont prêté leur nom à des machines servant à soule-
ver des fardeaux.
Cabiche, s. f. — Cabane (Mén.) — || By.
C'est : Cabine. V. Cabane.
Cabigit (Mj.), s. m. — Méchante cabane,
cahute, bicoque, petit retrait quelconque.
V. Cr.gibit, Cabagétis. Syn. et d. de Cabagit.
Et. — Petite cage? logement aussi étroit qu'une
cage?
Cabinet (Segr., Lg.), s. m. — Armoire pour
serrer le fait d'une servante, à une seule
porte. — Pour le garçon, c'est le coffre. —
De cabine. — || Chl. — Sorte d'armoire
étroite. Ce mot ne s'emploie plus, que je
sache, dans la région de Chl. Je le retrouve
dans l'inventaire de Brodeau. (F. Lore, xi b.)
de 1745. V. Charlit : « Item un cabinet à
deux ouvertures de difTérent bois fermant à
clef. . . » N. Le mot est toujours en usage
au Lg.
t'abirotade (Mj.), s. f. — Galimafrée ;
ragoût complexe, soit de viandes, soit de
légumes.
Et. Hist. — Pour capitolade, sauce épaisse
recouvrant la viande comme une soçte de chape-
ron (en espagn., capirote, capirotada ; le plat au
chaperon. — « Le pot pourry estoit plein de po-
tages d'espèces diverses, sallades, fricassées, saul-
grenées, cabirotaJes, rousty, bouilly. » (Rab., P.,
V, 23, 529.) — « Vous trouverez qu'il n'y a rien si
fade, entre tous les mets de vostre table, que ce bel
entretien de son âme et que son discours et inten-
tion ne Talent pas votre capirotade. » (Mont.,
Ess., IV, 306.)
Câbleur (Ag.), s. m. — Ouvrier qui tra-
vaille à la confection des câbles.
Hist. — i( Un ouvrier câbleur de l'usine du Mail,
Julien Raoul, décrochait une longe cordeau, lors-
qu'il s'est fait une coupure à la main gauche. >
{Petit Courrier du 29 mai 1906, p. 2, col. 6).
Cabliner (Mj.), v. a. — Bossuer. Ex. : Aile
a tout cahliné le seillot. V. Cabosse,
Et. — J'y verrais le préf. péjor. Ca et Biinor,
enfoncer avec le blin, bélier, lourde masse pour
enfoncer les pieux ; faute de mieux. Je ne puis le
rapprocher de Caboche, Cabosser, Cabocher, etc.,
sinon par le sens. — P.-ê. Cabeliner.
Caboche (Mj., Fu., By.), s. f . — Tête. Syn.
de Ciboulot. Il Lrm., By. — Clous pour mettre
sous les sabots de bois. V. Cabosses.
Et. et Hist. — (I Mot burlesque pour désigner la
tête ; de l'ital. capocchia, employé encore pour la
tête d'un clou, d'une épingle, etc. — Primit. capo,
tête, de caput. » (Schel.) — Oche, suff. péjorat. —
« Ayans ceste persuasion en leurs caboches, elles
feront leurs mariz coquz infailliblement. » (Rab.,
P., m, 34, 291.) — « Et n'eust esté qu'ils s'estoient
très bien antidotez le cœur, l'estomach et le pot au
vin, lequel on nomme la caboche. » (Rab., 2, 33.
Cité par Ménage.) — « D'autant qu'il n'avait pas
beaucoup de cervelle en sa caboche. » (Nuits de
Straparole. )
« Qu'ainz perdreit chascon la caboce
S'il en aveit poeir et force. »
{Chron. des ducs de Norm., 22-298. — D. C.)
Cabocher (Mj., By.), v. a. — V. Cabosser.
Et. — Rac. fr. Caboche. Cabocher a dû signifier
d'abord : meurtrir la tête.
Caboillaud (Pell.), s. m. — Enfant qui a un
gros ventre. Ex. : Il est com. ein petit caboil-
laud : il n'a que la boille. Syn. de Beillu. Dér.
de Boille, Beille, avec le nréf. péjor. Ca. Cf.
Camillaud, se Canicher, Canigeot. — Cf. Cabil-
laud, nom donné à la morue, qui a un gros
ventre.
Cabosse ' (Mj., Fu., By.), s. f. — Clou très
court et à grosse tête dont on garnit la se-
melle des chaussures. C'est le fr. Caboche,
cabochon.
Et. — Du lat. cap(ut) + oche. Ou du celtiq.
Kab, tête, qui a fait le vx fr. cab, tête, bout, extré-
mité, — d'où caboche, dans le langage familier.
<( Portant sur ma caboche un coffîn de Hollande. «
CofTm : corbeille.
Saint- Amant. (Eveillé.)
Cabosse '-, s. f. — Bluet. V. Barbeau (Mén.).
Bâtard appelle Barbeau la Nig'ella damas-
cena et la Centaurea cyanus. Syn. de Bleuvette.
C'est le même que le précédent, pris au fig. ;
le bluet a une grosse tête.
Cabosser (Mj., Q., Zig. 136, Fu.), v. a. —
Bossuer. V. Cabliner, Cabosse. || Le Mesnil,
V. n. Casser les mottes avec un maillet. Syn.
de Débattre. || Lrm., Fu. — Mettre des ca-
bosses.
Et. Hist. — Déformer la tête, puis, par ext.,
d'autres objets. — « Diogènes y roulla le tonneau
fictil (en terre) qui pour maison lui estoit contre les
injures du ciel, et... le tournoit, viroit..., tra-
cassoit, ramassoit, cabossait. (Rab., P., Prol.)
Il Rabattre la partie supérieure d'un sillon
qu'on vient de bêcher (Méx.) jj Fu. — Faire
un deuxième labour, un binage, pour sarcler ;
on cabosse la vigne. A Mj. c'est RègâUler.
Cabot. (Mj., Lg., etc.), s. m. — Caporal.
Syn. de Capistoti. Argot de caserne |i Chien,
roquet. Syn. de Toutou.
Cabourne(Mj.),s. f. — Méchante cabane, tau-
dis, cahute, in?sure. N. Il y a le village des
Cabournes, dans la commune de Jallais. On
l'a baptisé récemment Notre-Dame des
Mauges. — Syn. de Caliume, Turne, Taugnon,
Quernâillière.
Et. — Dans le pat. poitev.. ce mot désigne un
objet creux qui résonne en le frappant. Se dit sur-
tout d'arbres creux. (L. C.) — Creux et vide comme
154
CABOURNEAU — CADUER
une caverne. Mot d'orig. celt. Kav, comme en bas-
breton. (Gtjitx.)
Caboiirneau (Lg.), s. m. — Ruelle étroite
et montante.
Cabré. — Vieux mot angevin. Caché
Hist. — (Un noble homme est tué d'un coup de
pistollé) « et n'estant que deux cabrez ou (au)
taillis contre la maison. » (Inv. Arch., E, S, s. 333,
1. — Com. de Drain.)
Cabrer (Mj.), v. n. — V. Cambrer, s'af-
faisser, s'écrouler. — j| Lue. La voûte de la
cave a cabré. || By. Cabrer, a bref. D'où
Encabrer.
Hist. — « Lequel, bêchant de la terre forte aux
Terres-Rouges, la terre a casbré sur luv, dont il est
mort. » 1673. — /. a., S, E, m, 157, 1, m. —
Ce mot viendrait-il de cabra, se dresser comme une
chèvre ?
Caca (Mj., Fu.), adj. q. — Sale . « Xe touche
pas à ça, c'est caca. \\ Méchant. Ex. : T'es ben
caca d'avoir fait du mal à ton petit frère.
Terme exclusivement enfantin. Syn. de
Péquias. || By. Faire son caque.
Et. Hist. — « Quand vous verrez les autres
venir et qu'ils auront avallé (mis bas) leurs
chausses et retroussé leurs chemises pour faire la
caque, vous sortirez doucement de votre embus-
cade. » (L. C.) Lat. Cacare.
Caoaphonip. — Pour cacophonie.
Cacas (Lg.), s. m. — Pomme. Terme enfan-
tin. (Jatjb. Quecas.)
Cacasse, s. f. ■ — Grive qui émigré. V. Traie.
Il Fu. — Pie il (Li., Br.) || Mazé. — Jacasse,
jabote, personne bavarde et sotte. Syn. de
Berdace, Bobote, Pétasse. Cf. Quiaquiasse, et
aussi Cacosser.
Cacasser (Lg.), v. n. Croasser. Syn. de ce
mot. Il Mj., Lg. — Caqueter, en parlant des
poules et, au fig., des femmes. Syn. de Daras-
ser, Darainer. || By. Se dit surtout de la pie.
Cacaudes (Sal., etc.), s. f. — Dents. V.
Quenottes. Mot enfantin. Cf. Coquine.
Cache, s. f. — L'enveloppe de la noix
(MÉN.) Il By. — On dit : chale ou échale,
d'où échaler des noix, — et aussi des châ-
taignes. La bogue de la châtaigne est l'é-
corce ; la deuxième est la pelure ; et cepen-
dant on dit qcîf. : Eboguer des châtaignes,
pour : échalei.
Caché (Mj., By., Fu.), part. pas. — Etre
mal caché, — être en mauvaise posture, dans
une situation dangereuse. Ex. : Il est ben
mal caché avec ceté mal là. — (Lue) id. Je
le vois ben mal caché. — Syn. de mal tendu.
Cache-cache, s. L — Jeu d'enfants. On
cache, p. ex. : un mouchoir, qu'il s'agit de
retrouver. — L'n enfant peut se cacher lui-
même. Cf. Keute, Vise.
Cache- misère (Mj., By., Fu.), s. m. —
\'êtement extérieur, d'apparence conve-
nable, destiné à dissimuler des loques.
Cacher^ v. a. — Ensevelir (Li., Br.). |i Mj.
Cacher qqn., cacher ses vices, ses fredaines,
ses fautes, le couvrir. H Lrm. — Peser,
appuyer.
Et. — * Coacticare, proprement : rassembler
sous un petit volume, quact' car, quaîchier,
cacher. (Darm.) — Coa a donné Ca ou Qua,
comme Coagulare a donné Cailler : et devient ch,
flectere, fléchir. De cogère, cum agere. (Litt.) —
Cf. Ecacher. — Rac. celtiq. Cac, couvrir. (Malv.)
Cachette de (Mj.). — En cachette.
Cachignard (Tlm.), adj. q. — Qui aime à
marchander longuement, qui n'est pas rond
en affaires. Syn. de Tirant, Haricotier, Pisse-
fred. Cf. Fafignard, Jaub.
Cacosser (Mj., Q., Zig. 136, Bry., Sal.), v. n.
— Bégayer. Syn. de Jacquetonner, Bégasser,
Macasser, Béguer.
Cadâbre (cadâbe) (Mj., Br., By., Zig. 185),
s. m. — Grand corps, mal bâti. Ex. : Il en a
d'ein cadâbre ceté grand animal-là ! [| By. —
On dit : encabrer, enfouir un cadavre d'ani-
mal, — du chambre.
Et. — C'est le fr. cadavre : mais le nom s'ap-
plique aussi bien aux corps vivants qu'aux corps
morts.
Cadavant (Lg.), interj. — L'enfant s'en sert
au jeu pour signifier qu'il entend jouer l'avant
dernier. Cf. Codergne, Cateprotne, Catesègue.
Cadaver. — C'est le mot lat. Cadaver,
cadavre. Probablement employé pour :
Licence d'enterrer un mort dans certaines
conditions, — de mort violente ou de cause
inconnue ; accident.
Hist. — « 1606. La dite défunte a été trouvée en
la rivière du moulin de Gouès et en est morte, telle-
ment que pour faire la sépulture il m'a été néces-
saire d'avoir ung cadaver, ce que j'ay obteneutz de
M. le pénitansier. » {Inv. Arch., t. III, E, S, s, 425,
2. b. — Saint-Pierre-Maulimart.)
Cadet (Mj.), s. m. — Fig, Crâne luron,
solide gaillard. || C'est le cadet de mes somi-
— le moindre.
Et. — La première acception vient sans doutp
de ce qu'autrefois les cadets de noblesse, destinés ^
la carrière des armes, avaient ou affectaient
l'allure décidée, l'air bravache de gens qui ne
comptaient que sur leui épée pour se pousser dans
le monde. — Du B. L. capittetus (capdet), le petit
chef ; l'aîné est le grand chef. — « Une caricature
de 1830 poi'te cette légende : >< C'est de fameux
cadets : ils ont trouvé le moyen de faire de la panade
avec du pain. » — « Après la dite desconfiture, ils
se ralièrent et vinrent devant une place nommée
Melaunoy, dedans laquelle estoit un capitaine
gascon nommé le capdet Remounent. C'est le
même sens que catpal, dans captai de Buch.
— Il Derrière. Veux-tu biger cadet ?
Cadre (Mj., By., Fu.), s. m. — Un tableau,
une gravure, même non encadrés. C'est la
partie prise pour le tout.
Cadrer (Mj.), v. n. — Cadrer. L"a se pro-
nonce très long.
Caduer (se) (Mj.), v. réf. — Se casser,
devenir décrépit, caduc. Semble dériver de
ce dernier mot, que le patois ignore.
CADUILE — CABEURGNER
155
Et, — Du lat. caducus, de cadere, tomber. —
Dans le Centre : Cadaire. flétrir, faner ; afîaiblir,
faire tomber. (Jaub. ) — De ca -j- ducere, duire.
(A. V.)
Caduile (By.), s. f — On appelle : pommes
de Caduile (prononcé qqf. Cadeville) les
pommes de Calville.
CaduifO se (Lg.), v. pron. — V. Caduer.
Caë ? Interrog. Quoi ? (Z.
ruption.
de ké ?
Segr. Caë ? de caë ?
144) par
Il By. -
cor-
Ké,
Café (Pi'., By.). — Boire son cajé debout,
ça fait trembler quand on est mort. » dit-on
à une personne qui ne veut pas s'asseoir pour
boire son café. C'est l'engager à « s'assire
ein moument ». || Lupin à feuilles étroites.
Les graines torréfiées sont souvent mêlées
au café. (Mj., Fu.) — By. — Lupin ; le café
français, le café du pauvre. Je l'ai vu employé
seul (et ce n'est pas bon !) ou mêlé à du
café. On ne le cultive plus guère.
Et. — Arabe : qahvah, vin, puis boisson de baies
cuites. — Ou Kaffa, nom d'une contrée d'Afrique.
(Schel.) — N. Depuis qqs années (1906), on voit, à
Angers et dans tout le département : le Planteur
de Kaija, maison de cafés, dont les vendeurs cir-
culent en ville, portant leur produit dans des caisses
montées sur roues.
Cafeton (Mj., Fu., By.), s. m. — Petite
tasse de café très faible. Ex. : Si je prenions
ein cafeton ? — « Ça, du café ! du cafeton, du
vrai lessif" || Café, établissement de bas
étage.
Cafre (Mj.), s. f. — Trou dans les terres
labourables ou dans les prés, surtout trou
plein d'eau. — Syn. de Mâcre, Sourdille.
Cafreux (Sa.), adj. q. — Mouillé, aqueux.
Se dit d'un terrain. Syn de Mâqueux.
Çaganée (Lg.), s. f. — Averse" de pluie
fouettante. Syn et d. de Cimbalée, Çâlée.
Corrupt. de Cingalée ou Cigalée.
Cage-basse (Lg.), s. f. — Sorte de piège
en osier à prendre les petits oiseaux ; genre
de trébuchet. Svn. de Tombereau. Il Bv. —
N'est appelé que
timberoau.
tombereau, prononcé qqf.
Cageolois, s. m. — Petite cage, cachette.
Cagibit (Auv., Fu., Mj.), s. m. — Syn. de
Cabigit. Il By. — Ce dernier, inconnu.
Cagiot (Lue), — Porcelet. On le tient en-
fermé dans une cage à claire-voie. C est ce
que l'on appelle à Mj. : Cochon de pénier.
Cagnade (faire). — Faire l'école buisson-
nière. \'oir Caignard, au sens de pares-
seux. Syn. de Chouiner.
Cagnard, s. m. — Réchaud en fer. |[ Pares-
seux. V. Caignard.
Et. — FauL-il, au premier sens, le rapprocher de :
cagneux, à cause de la forme de ses pieds, se rap-
prochant de ceux du basset? Canis, d'où cagna, en
ital. chienne. — Sorte de fourneau du cirier. (Litt.)
— A signifié I chenil .- « Mais, en ces voyages, vous
serez arresté misérablement en un caignard où tout
vous manquera. » (Mont., eu, 19.) |l Au sens de :
fainéant. ■< Cagnard, en lang. romane, est un mur
où le soleil donne, et un cagnardier un fainéant,
passant son temps couché le long d'un cagnard. —
Cagnarder, montrer de la lâcheté :
« Donc, si quelque honneur vous poingt,
Soldars, ne cagnardez point :
Suivez le train de vos pères. — Ronsard.
— Gagner ; avoir peur, reculer : « Tu cagnes ! »
(Jaub.) — De Gagne, mauvais chien. « Jamais
cagnard ne feit beau fait. « (Sentence du xvi« s.) —
Gagner, s'enfoncer dans un lieu chaud : Gagne-toi
donc dans ton lit. — Cagniard : lieu exposé au
oleil. (BoREL.)
« Le pet, comme le Champagne,
Avec bruit pousse un bouchon ;
La vesse a le cœur plus cagne,
G'est l'image du poltron.
(Vieille chanson. — Favre.)
— « Vénus, la bonne cagne, aux paillards appétits. ;)
( Saint- AM.A.NT. — Le Melon. — Gciix.)
Le nom de cet ustensile pourrait venir aussi de ce
que, comme/le chien, il est toujours accroupi dans
le coin du foyer.
Cagneux-, euse (Sp.), adj. q. — Celui qui
ne paye pas volontiers son écot, ladre,
pince-maille.
Et. — G'est le fr. Cagneux, dont le sens est trans-
porté du physique au moral, exactement comme
pour le fr. Ladre. — De cagne, chien ; il a les
jambes comme celles du chien-basset.
Cagnoche (Mj., By.), s. f. — Maillet de bois.
Il Fig. Grosse tête, tête dure, caboche.
Cagnoclier (Mj.), v. a. — Frapper avec un
maillet, une cagnoche. || Frapper ou battre
en général. Cagnocher la goule à qqn. —
N. Se dit à Tlm., c. à Montj. — A Mj. on dit
également Camocher
Cagot, s. m. — Récipient en bois ou en
métal (Z. 69). On dit aussi Cagot'. (Craon.)
Caguenas (Mj., Fu., By.). — Corr. du mot
fr. — A final très bref.
Et. — Emprunté du prov. Gadenat, dérivé de
Gadena, chaîne (lat. Gatena) ; proprement : serrure
en forme de chaîne. Autrefois, le cadenas avait une
petite chaîne, au lieu de l'anse ou anneau actuel.
(SCHEL.)
Caguenasser (Mj., By., Fu.), v. a. — Cade-
nasser. V. Caguenas. " \\ By. — S'enfermer
(v. réf.), se crouiller, crouiller sa porte en
dedans. \'. F. Lore : Langage VIIL
Çaguenée (Lg.) s. f. V. Çaganée.
Cagiienette (Sa.), s. f. — Fascicule de ra-
cines. Ex. : Le pépé a des racines par cague-
nettes, tout comme le canada, — il a des ra-
cines fasciculées.
Et. Hist. — G'est le fr. Gadenette. Cf. Caguenas.
— Cadene, chaîne ; cadenette, tresse de cheveux.
— i< Un long flocon de poil natté
En petits anneaux frisottés
Pris au bout de tresse vermeille
Descendoit de sa gauche oreille, n
Chanson de 1628. — L. G.
Caheurgncr (Sp.), v. n. — Tousser forte-
ment. Syn. de Cahuter, Cahurner, Cra-
nounér', Touyeri
156
GAHIET' — CAILLE
Et. — « Cahuler. Du chien qui crie de douleur. «
(Jaub.)
Cahiet' (Mj), s. m. — Cahier.
N. — Ce mot, comme Tabat', jeut', etc., montre
bien la propension qu'a le pat. à ajouter un t à la
fin des mots.
Et. — Lat. pop. * quaternum (classiq. quater-
nio), proprement : cahier de quatre feuilles, de-
venu : cadern, caern. (D. C, quaternus.) Les Ital.
disent Quaderno pour la feuille pliée en quatre
feuillets et Duerno pour la feuille pliée en deux
feuillets.
Cahin-caha. — X. « J ai assemblé cent écus
quahu. qiiaha. » — Il est venu qii'ahu qu'aha
— tant bien que mal, par ci par là, avec
peine. — (Borel.) Serait-ce pour : tant qu'à
à hue que à aha ?
€ahottée, s. f. — Chargement de divers
objets (Craon).
Cahuet. — Vx. mot angevin. Sorte de
coifîe.
Hist. — (On a repêché le corps d'un noyé qui a
été reconnu), « pour avoir recongnu une poche sur
la teste en fascon de cahuet, qu'il avoit lorsqu'il
tomba. . . » 1636. Inv. Arch., il, E, S, p. 286, 1.
Cahuette, s. f. — Petite cabane. {Revue
de r Anjou, 83, 22.) On trouve ce mot dans
Calvin et dans la Satire Ménippée. tî|Sans doute
Cahutte, employé pour : hutte et petite
cabane.
— Cahute, dont il est
Turne, Tau^non, Ca-
€ahurne (Mj.), s. f.
une corrupt. Syn. de
tourne, Quernâillère.
Et. — « Cahute, anciennement : cahutte,
cahuette (holl. kajuit, cabine d'un navire). Cahute
serait une contract, de cahuette. et le primit. serait
Cahue, B. L. cahua, et répondrait à l'ail. Kaue,
réduit. L'anc. fr. et certains pat. emploient cahuet
pour capuchon : cela fournit un nouvel exemple de
ce rapport idéologique entre les mots exprimant :
maison et habillement. Cf. caban, chasuble,
casaque. (Schel.)
Cahurner (Mj.). — Tousser beaucoup. Syn.
de Teuyer, Cahuter. Syn. et d. de Caheurgner,
Crahouner.
Cahuter (Mj.), v. n. — Tousser fortement.
Voir les syn. à Cahurner.
N. — On a la relation : Caheurgner, de cahurne ;
Cahuter, de cahute. De fait, c'est dans les cahutes
mal closes que les rhumes tiennent leurs assises.
(R. O.)
C'aignard, de (Mj.). adj. q. — Cagnard,
fainéant, paresseux, mou, atone, veule.
Syn. de Fainiant, Niant, Fointroux. || Couard,
lâche. Il s. m. Réchaud, petit fourneau,
généralement en terre cuite. Ainsi nommé
parce qu'on le laissait toujours dans le coin
de l'âtre. On en faisait autrefois en tuf-
feau.
Et. — V. Cagnard. — Dérivé de Cagne, par
compar. avec le chien qui s'accroupit au coin du
feu. « Fainéant, paresseux comme un chien.
Lieu sous les ponts de Paris, où les gueux, tant
hommes que femmes, avaient pris l'habitude de se
retirer pour se chauffer au soleil. En Languedoc on
appelle encore Cagnard le côté de la rue où le soleil
donne. Du lieu, le nom passa aux fainéants eux
mêmes. — Cagnard a été fait au xvi« s., sur l'ital.
cagna, chienne ; c'est, proprement, mener la vie
fainéante d'un chien. Le populaire dit encore : Il
fait sa cagne, quelle cagne !
« Jamais en nulle saison
Ne cagnarde en ta maison :
Voy les terres estrangères.
Ronsard. (L. C.)
Caignarder (Mj.), v. n. — Cagnarder.
Caignardise (Mj.), s. L — Cagnardise.
V. Caignard.
Et. — Qui a la fainéantise du chien, qui aime
trop son foyer, comme lui. Cf. s' Acaignarcler. — Le
mot Caignard = coin, rester dans son coin. (Litt. )
Cail ^ (Mj.), s. m. — Somme, sommeil pro-
fond. Ex. : Il a fait ein bon cail de ressiée.
Et. — P.-ê. à rapprocher de l'angL to Quail,
abattre, dompter. — P.-ê. pour Cagne, sommeil du
chien.
Cail -, ou Caille (Tlm.), s. m. — Nom de
sens indéfini, qui s'emploie ds la loc. : S'ef-
forcer à en rendre le cail, — çàd. au point de
se donner une hernie. — A Mj., on dit : à en
chier la bousine. || By. — Ne serait-ce point
aussi à en ramener (vomir) le caillet (la cail-
lette) partie de l'estomac du bœuf, prise
pour l'estomac, comme on dit : le livre pour :
le feuillet ?
Et. — Cail doit avoir ici le sens de boyau, par
extens. du sens de : estomac, et par allusion à la
caillette des animaux ruminants. De coagulare,
coaglare, coailler (xir'), cailler. (Litt.) — Caille =
ventre, surtout en parlant des jeunes oiseaux.
« Cet oiseau n'a que la caille », il n'a pas encore de
plumes, il est tout ventre, tout jabot. (Jaub.)
Cailla (Chol., Fu.). — Lait caillé. —
J'mangerons dou cailla. V. Cailli et Cail.
Caillade, s. m. — Ecole buissonnière.
Et. — On a proposé : courir à travers champs,
comme la caille (Mén.) ; — faire la cane, caner,
s'enfuir. l| Je suppose qu'il faut écrire Cagnade,
Voir ce mot.
Caillasse (Sp.), s. f. — Lait caillé. — \".
Cail, Cailla, Cailli.
Caillaud (Mj., Fu.), s. m. — Le plus petit
et le plus faible d'une couvée. Syn. de Chôpiot,
Chaupiot, Cailleraud, Rinot. || Fig. Le dernier
né d'une famille. CL l'angl. Callow, qui n'a
pas encore de plumes.
Caille ^ (Lg., Mj., Sa., l'a très long.). —
Caille, oiseau. — (Mj.). Nourrir la caille, —
avoir terminé le dernier, dans un voisinage,
un genre de travail agricole : déchaussement
des vignes, moisson, etc. Il est probable
que cette plaisanterie s'est lancée d'abord à
propos du retard dans la moisson. (Ce re-
tard donne à la caille le temps de grandir).
Il (Sa). Pêcher la caille, est, au contraire,
achever la fauchaison. || By. — Nourrir la
caille est une pratique. — Une parcelle de
prairie étant fauchée après toutes les autres,
ou même n'étant pas fauchée du tout, les
cailles s'y remisent, et le propriétaire chas-
seur y trouve son compte;
CAILLE — CAILLOUTE
157
Et. — B. L. quacola, quac' la, caille ; néerl.
kwakkel.
Caille -, s. f. — Fressure de l'estomac du
veau, qu'on mêle à la farine d'avoine et du
sel, le tout renfermé dans un boyau de mou-
ton en forme de saucisse. Pour : caillette
(Mén.) — Il Pour : caillebotte. A Mj. l'a se
prononce long, tandis qu'à Tlm. il est très
bref. Il Grumeau de sang. || Caillette de veau
ou de chevreau (Lg.) — || Rendre la caille.
V. Cail. J'ai travaillé à en rendre la caille.
Il Sal. — Lait épais, aigre, sans crème.
Epaisseur d'un liquide (lait, sang).
Et. — C'est le quatrième estomac des ruminants,
le seul développé chez les petits qui tettent encore;
Caille ^ (Auv.), adj. q. — • Dont la robe est
blanche et noire, en parlant d'un animal.
Ex. : Cheval caille, gris pommelé. Syn. de
Garre. \\ By. N'est pas tout à fait syn. de
Gârre. Celui-ci est : fond blanc, avec taches
larges de noir, ou fond noir avec larges taches
de blanc.
Câilleau (Cf., Zig. 187), s. m. — Logis.
Se dit dans : Garder le câilleau, — rester chez
soi. Syn. de Carrée.
Caillebotte (Mj.), s. f. — Lait caillé et
rendu consistant par la chardonnette et la
cuisson. — V. Hallebotte. \\ By. — Mets
angevin très populaire autant et peut-être
plus que la millère. jj V. F. Lore, XII, nour-
riture.
Et. Hist. — Comme qui dirait : une botte (bout,
morceau) de lait caillé. — « Soubdain, vous verrez
l'eau prinse comme si fussent cailleboUes. » (Rab.,
P., in, 51.)
Caillebotte (By.), part. pas. — Couvert de
nuages distincts, semblables à des cubes de
caillebotte, en parlant du ciel. C'est signe de
vent. (Ag.)
CâUlebotter (se) (Mj., By.), v. réf. — Se
cailler, se grumeler. Syn. de Betteler.
Cailler (Mj., By.), v. a. et n. — Fig. Cailler
de l'orage, amonceler de l'orage. Ex. : Le
seule est trop chaud ; il est ben sûr de cailler
de l'orage. — Remarquer le pittoresque de
l'expression. || Cailler des ousées, même
sens.
Cailleraud (Tlm., Lg.), s. m. — Le plus
faible d'une couvée, le dernier né d'une
famille. Svn. de Caillaud, Rinot. Dim. et d.
de Gaillard. V. Caille 2. Chopiot (Lg). Cf.
Clos-cul.
Caillereaux (Chol.), s. m. — Marchands
des Quatre-Saisons qui viennent, des bords
et d'au delà de la Sèvre, vendre leurs pro-
duits à Cholet. Appellation dérisoire. Le mot
est probablt le même q. Cailleraud.
Caillerote (Lg.), s. f. — La dernière née
d'une famille . N. On écrit Cailleraud, Per-
raud, parce que la finale est longue, et
Caillerote, Perrote, parce que la finale est
brève.
N. — Ce mot est la forme féminine de Caillereau,
qu'il conviendrait sans doute d'écrire : Cailleraud.
Cf. Perraud, perrote.
Caillette, s. f. — Bavarde. || By. Petite
caille.
Et. — Qui gazouille comme une caille. —
« Nom propre. Caillette, bouffon célèbre au xvi« s.,
devenu fémin. sous l'influence de la terminaison.
Personne d'esprit frivole. (Darm.) — Hist. : « Ce
n'est pas sans raison que les autres nations nous
appellent caillettes, puis que, comme pauvres
cailles coiffées et trop crédules, les prédicateurs et
sorbonnistes, par leurs caillets (appeaux) enchan-
teurs, nous ont fait donner dans les retz des
tyrans. « (Satyre Ménippée.) \\ By. Es-tu ben là,
ma mignonne? t'es chaude comme eine petite
caillette.
Cailli (Tf.). — Lait caillé. Syn. de Cailla.
Cailliraud (Lg.), s. m. — V. Cailleraud.
Caillon' (Mj., Fu., Zig. 196), s. m. —
Caillou. Syn. de Chaillou. \\ Sal. Id., et Grosse
bille de marbre. Syn. de Boulet.
Et. — Caillou, forme norman-pic. pour : chaillou,
de chail. calculum en latin, calc'lum. caclum, chail.
(Darm.) — D'après Malv., du celtiq. Cal. être dur.
D'où * calos, caliavos, * caliovos, * caliouos, —
caillou, pour : caliou.
Caillon ^ (My.), s. m. — CoifTe.
Et. Dér. de Cail ou Caille = boyau, avec exten-
sion au sens de ventre. Cf. Bonnet à Bouse.
N. — « Calotte piquée. V. Cayenne. Calotte à
large fond carré servant de charpente à la coiffe des
paysannes dans le Bas-Berry et composée de deux
morceaux de toile entre lesquels on met une couche
de chanvre ou d'ouate que l'on pique à très petits
carreaux pour lui donner de la consistance. — G.
Sand en parle dans la Petite Fadette. (Jaub.)
Caillonner (se) (Sal), v. réf. — Se battre à
coups de caillons ' Syn. de se Garrocher. Cf.
Calonner.
Caillot-rosat, s. m. — Sorte de poires, ainsi
appelées de leur dureté, et de leur blancheur,
et de leur goût de rose... Nous les appelons en
Anjou Cailleaunozat, caillorosar. (Ménage.)
— Français.
N. — « Caillau-pepin. C'est le même que le
Chaillouel du Roman de la Rose et le Caillouel du
R. du Renard. — Son nom est celui du lieu même,
dans le Noyonnais, appelé Caillouel. » (En note :
On distingue encore le caillot-rosat, qui est pier-
reux et a un goût de rose). — Caillouel, poire de
caillou. (L. C.)
Caillou (Tlm., Fu.) — Tête chauve. Syn. de
Genou, Chou-pomme. « N'avoir pas de mousse
sus le caillou ; être chauve. •; Lg. Silex. Cette
sorte de pierre, rare dans la contrée, est dési-
gnée spécialement sous ce nom par opposition
aux autres roches, ij Tête dure. Ex. : C'est pas
aisé de leur fourrer cela dans le caillou. —
Syn. de Ciboulot ; Cabosse.
Caillounie (Mj.), s. f. — Grosse poulie, en
terme de marine. || Moufïle.
Cailloute, s. f. — Maladie des piqueurs de
meules en Anjou, appelée pneumonoconiose,
ou pneumochalicose, phtisie professionnelle.
(Petit DE Julleville, viii, p. 813. W^ de
la Litt. jr.)
158
CAIMAXDER — CALEUIL
Et. — L. calculus, calcolus, callocus, fr. caillou,
cailleu, — ou : calculus, caculus, caclus (chute de
ri très admissible), d'où : chail. cail, caille — les
suffixes : ol, ou, eul, ot. (Schel.)
C'aimander, v. a. — Quêter, mendier, qué-
mander. — C'est quémander.
Et. — Hist. — Origine incertaine. Hist.
« Puisque pauvre et caimande on voit la poésie. »
RÉGXiER, Sat., 4.
— « Un homme querant et demandant l'aumosne
qui estoit vestuz d'un manteau tout plein de pale-
teaux (pièce recouvrant un trou) comme un coquin
de caimand. — Caimander, mendier, gueuser.
(L. C.) — « Quod quœritur. « Survint un Caymaril
avecques une jeune femme muette, laquelle ledit
Caymant dit estre sa femme espousée (1220). » —
Ung coquin ou caymant et homme vacabont.
(VoQuœsta, p. 590i, D. C.)
« Quand Télèphe et Pelé, bannis et caimandans,
S'efforcent d'émouvoir le cœur des regardans. »
Vauquelin de la Fr., Art poét. (Jatjb.)
Cain (c dur). — Locut. employée par les
enfants pour faire ouvrir le bec aux oiseaux
pour leur donner la bêchée (Méîj.) — X. Ne
serait-ce pas : Tiens, prononcé Quiens?
Caisson (Mj., Fu.), s. m. — La tête. Se
faire sauter le caisson, se brûler la cervelle.
Cf. Calebasse.
Cal (By.).
Mieux : Quai, pour quel.
queue, quio.
Calais (Mj.), s. f. — Calais, ville de l'Artois.
Ce nom entre dans les deux loc. prov. sui-
vantes : On aurait cru à les voir que c'était
Calais et ses bouteilles ; ils représentaient
Calais et ses bouteilles, — on les aurait crus,
ils paraissaient riches. — Cette curieuse
expression doit faire allusion à qq. fait histo-
rique que j'ignore.
Calciner (Lue). — Durcir. Des pierres
mises dans une ornière se calcinent par le
passage des voitures.
Cale. — Dans le patelin de Thouars, on
cale beaucoup : Cale femme, coul homme,
cette femme, cet homme. — Cale fille, cou gas
as-tu vu? Qu'et bœufs, avec cale charte, avec
cette charrette. — N. Serait mieux écrit
Quai. Cf. Quel, Quiô, Quiou.
Calé (Mj., Tf., Fu.). — part. pas. Fig. Fort à
son aise ; très instruit.
Et. — De cale, terme de marine : avoir assez de
bien pour remplir sa cale : — ou de caler, assujettir,
donner de la solidité au moyen de cales. (Jaub.) —
Rac. celtiq. cal, dur ; fém. cale, coin en bois faisant
fonction de pierre, chose dure que l'on place sous un
objet pour le faire tenir d'aplomb. (Malv.)
Caleau (Fu.), s. m. — Morceau de pain.
Quand l' Angélus sonne et que l'ouvrier va
prendre un repas : « ^''là la mort aux caleaux,
dit-il. Syn. de Cargnon, gros morceau de pain
à Saint-Lambert. 1| Ce qui sert à caler une
charge. ^\ Pour : écale, brou de noix. (Mén.) —
V. Calot 1, 2, 3. Il Fu. — Morceau de pain
ayant un talon rond, tandis qu'une lèche de
pain prise au milieu, sans croûte, est une
beurrée. La cloche de midi sonne « le trépâs-
sement des caleaux. »
N. — Doit venir de cale, morceau de bois ser-
vant à caler. Le peuple dit : .le vas me caler l'esto-
mac, pour : je vas manger. Très pittoresque.
Caleaux (Sp.), s. m. — Ne s'emploie qu'au
plur. — Xoix, fruit du noyer. Les enfants ne
connaissent guère ce fruit sous son nom
français. Se rattache au fr. Ecaler.
Calebasse (a très bref) (Mj., Sal., Fu.)., s f.
— S'emploie dans la loc. : Vendre la cale-
basse ; syn. de v. la mèche. Livrer un secret. '|
On dit aussi : se faire sauter la calebasse. Y.
Caisson.
Et. — Esp. Calabaça, cucurbitacée dont le fruit >
vidé et séché, est employé en guise de vase. —
D'où : tête.
Calée (Lg.), s. f. — Averse de pluie fouet-
tante. Syn. et d. de Cimbalée et Çaganée ;
corr. de Cingalée et Cigalée.
Caleil. — Chaleil, lampion.
Hist. — « Le baston à quoy l'on pend le chaleil
ou crasset les soirs pour alumer en la maison
(1475. Note de l'Ed.) — « Après que icelle Margue-
rite eut alumé son chareil ou croissieu. » (1456.) —
On dit encore, en Poitou : chaleuil, chareil, cha-
reuil. — Chouloil. Mot breton. On lit, au Catho-
licon Armoricum : Lumière ou chandelle à veiller de
nuit ; ou chouloil, ou engasse, britannice : creuseul.
(L. C. et Editeur.)
Calembour (Mj.), s. m. — Calembredaine,
faribole, rocambole. Ex. : Il nous conte de
beaux calembours ! (sans qu'il soit question
de jeux de mots.)
Et. — Viendrait du nom de l'abbé de Calemberg-
personnage plaisant de contes allemands. Cf.
Espiègle, pour la dérivation. (Litt.) — Darm. le
décompose en : calem (la particule péjorative cali
nasalisée devant la labiale) et berdaine, ou bour-
■ daine, de bourde.
Calendérier (Mj., Fu.), s. m. — Calendrier.
Forme vieillie.
Caler (Mj., Sp., Ti., By., Sal., Fu.), v.n.—
Reculer, fléchir, avoir peur. Syn. de Flancher,
Plancher. Doubl. de Caner = faire la Cane.
Il Mj., v. a. — Pousser dans un coin, acculer.
il Fig. Mettre à quia, v. n. — Rabattre de
ses prétentions : Caler doux.
Et. — Ne vient pas de caler, mettre une cale;
mais de caler, terme de marine, baisser, en parlant
des basses vergues, des mâts de hune ou de perro-
quet. Fig. et familièrement : Il fut obligé de caler la
voile, et simplement : caler, rabattre de ses pré-
tentions, céder. Lat. chalare, grec chalann, abais-
ser, lâcher. Peut nous être venu, cette fois, du grec,
par les marins de la Méditerranée. (Litt.)
« Par Mehain, voy justice morte
Quand honneur veult voile caller. »
Ch. d'Orl. Ballade. — L. C.
Calette. — Petite lampe à huile qui s'accro-
chait dans la cheminée autrefois pour passer
la veillée. (Un Thouarsais.) V. Caleil.
Et. — K II y a dans le provenç. câlina, chaleur,
et dans le vx fr. chaline.
Caleuil, s. m. (Sar.). — Personne qui louche.
Cf. Calorgne. Syn. de Bignole, Biclard.
Et. — « Ga, préf. péjor., et œil, avec 1 de liai-
GALEUX — CALOT'
150
son. » (LiTT. V"' ca.) — Triors, dans ses Recherches
tolosaines, appelle, dans un sens ligure, les yeux
des calcils.
Caleux,-oux (By.). — Celui qui ca^e. Syn. de
Péteux.
€alfouillet, s. m., et mieux Calcouillette. —
Petite baiTière de bois ou d'épines, au bout
d'un sentier, à travers des champs clos. On
enjambe la calvouillette, on file tout drk par la
rotte (sentier) et l'on crève, ou l'on tourne au
bout dans la route ou le chemin communal. Li.
Et. — P.-ê. pour Cale-P07/e<te, ce qui cale, ou
clôt un petit chemin. — Voir Calvouilleiie.
Calibicr (Lg., Fu.) s. m. — Gros morceau
de pain. Syn. de Calot, Cargnon, Bine, Guer-
gneau.
Caliborgne (Lme,) adj. q. — Bigle. Syn.
de Bignole, Calorgne, Caleuil, Biclard.
Et. — C'est le fr. Borgne, avec le préf. péjor.
Cali ou Gali, que l'on retrouve dans uî?e foule de
mots fr. et patois.
€âlice (Mj., Fu.), s. m. — Calice ; â, très
long.
Califourclie (Mj.), s. f. — V. Califourchette
plus usité.
Et. — C'est la rac. du fr. à califourchon.
Califourchette (Mf., Fu.), s. f. — La jonc-
tion des cuisses et du buste, la région péri-
néale. Syn. de Véset.
Et. — B. L. Calofurcium, fourches, gibet'
Fourche et le préf. Cali. — « Aler acaleforchié. »
(XIP.)
i'alifournie (Mj., Fu.). — Corr. du mot
Californie.
Calimatias, s. m. — Corr. de Galimatias.
Câlin (a bref) (By). — Patelin. Faire son
câlin.
Et. incertaine. — « Calino est le dimin. du vx fr.
Colin (niais). » On le trouve dans Tallemant des
Réaux (t. IV, .351). Lor. Larchey. — « Calains,
fainéant, indolent, paresseux. . . » Le mot câlin est
encore d'usage. En picard, câliner signifie : faire
reposer les moutons dans un champ po\ir le fumer,
pour l'échauffer. Chaline a le sens de chaleur dans
la Chroniq. des ducs de Normandie :
« Ainz que l'soleil deust épandre
Ses raiz d'amunt et sa chaline. ■»
Câlin serait donc : celui qui se chauffe au soleil, au
lieu de s'évertuer. (N. E. — L. C.) — J'en conclus
que, câliner, c'est se réchauffer au sein materne'
Cf. Cale il. — Câline.
Câline (Mj., Lg., By., Fu.), s. f. — Capeline,
coiffure de femme. Syn. de Fausse-coiffe. \\ à
longue barbe (Sa.) — se nouant sous le men-
ton. Il Bg. — CoifTe en flanelle blanche, qui se
met par-dessus la coiffe de linge. || By. Coif-
fure de femme à larges contours (Angers et
les environs, surtout vers le nord), en calicot
blanc pour les dimanches. La câline grise, en
tissu chaud, pour tous les jours. La câline
noire, ou la blanche avec ruban noir pour le
deuil. — La câline de Reculée en fréenelle
(flanelle) écrue (on disait aussi : en molleton
écru, très beau tissu léger) était caractéris-
tique, comme la coiffe des Pontsdecéiaises. — ■
Câlinette, pour : Collinette ou Collerette. ||
Sal. Grande coiffe de vieille.
Et. — C'est le mot franc. Capeline, par contract.;
et ce mot fr. est un dimin. du vx fr. Chapel, ou
Capel, lat., Capelius. Or, Capel a dû de bonne
1-oure se contracter en un mot Câl, ou Caul, rac.
du mot pat. Câline, et qui est devenu l'angl. Caul,
Cowl. — Qqs-uns le rapprochent du prov. câlina,
chaleur, anc. fr. chaline. Voir la citation à Câlin.
Hist. — « Toutefois, la câline de mariée des envi-
rons de 1840, avec ses légers pans de dentelle,
marque... » {La Trad., p. 49, 1. 1.) — « Voici
d'abord la vaste câline du Thouarsais, dont le
montage absorbe quatre quarterons d'épingles et
qui se porte de Thénezay à Montreuil-Bellay. »
(M, p. 50.)
Câliner (a bref) (Fu., By.), v. n. — Action
de faire son câlin. || v. réf. se câliner. Prendre
un soin excessif de sa personne, de sa santé.
Il By. — Câliner, a long. Cet enfant aime à se
faire câliner, dorloter. Mj. id.
Calistrade (Sal.), s. f.- — Courir la calistrade,
loin, sans raison. Syn. et d. de Calistrade.
Caller (Sal.), v. n. — Bien faire, aller bien.
Langue des tailleurs. — Cet habit me calle
bien.
Calmée, s. f. — Temps calme après l'orage.
Accalmie, du vx. v. Calmir. Cf. Accalmée.
Et. — En Esp. et en Prov , calma signifie aussi la
partie de la journée où le soleil est le plus ardent, ce
qui donne lieu à voir dans calma une transformat,
du B. L. cauma, amenée par l'influence du mot
calor. La partie du jour où le soleil est le plus chaud
entraîne l'idée de cessation de travail, de repos, de
tranquillité ; aussi le mot : chômer, pour choumer,
chaumer, n'est-il (Diez) qu'une modification de :
calmer.
Caloiseau (Pvf., Bd.), s. m. — Cardamine.
Sj'n. de Marguerite.
Calon, s. m. — Noix encore pourvue de son
brou. V. Chaler, Caleau, Caleau. — Cf. Ecale.
Calonner (Mj.). — Forme souvent emploj^ée
pour canonner, v. a. Lapider. Ex. : Ils se sont
calonnés à coups de pierres. Syn. de Garrocher.
Cf. Caneçon. Cf. Caillonner.
N. — « Calonière, pour : canonnière. Petit
tuyau de sureau ou d'autre bois creux, en forme de
sarbacane, dont se servent les enfants. Cf. Cli-
foire. > (L. C.)
Calorgne (Q. Z. 136 ; Sa., By., Mj.), adj. q.
— Louche, bilorgne, bigle. Syn. de Bignole,
Caliborgne, Caleuil, Biclard.
Et. — Contract. de Caliborgne : cali, préf. péjor;
Hist. : « Et se tu as en ton couvent
D'enfans un qui soit difforme,
Jà ne seray de toy amé.
S'il est bossu, ou s'il est borgne.
Boiteus, contrefait ou cahorgne. »
Eust. Desch., Poésies. (L. C.)
Calorgner (l\Ij.), v. n. — Bigler, loucher. ||
v. a. — Fixer insolemment. Syn. de Bignoler,
Bicler ; Ecornifler.
Calot"' (Mj., Lg., Lrm., Z. 149), s. m. —
Morceau de pain, tartine. 'I Aller au calot,
mendier son pain. jjGros morceau coagulé de
160
CALOT — CAMELOT
mucus nasal. Ex. : Il crachait des calots. \\
Jurer des calots, — vomir des blasphèmes. V.
Tremblement. \\ Grosse motte. Ex. : La
charrue enlève des calots. Syn. de Louahre. —
Au sens de : mucus. Syn. Morvias, Biritte,
Caraillas. — V. Caleau i. — || By. — J'écri-
rais Caleau. On dit aussi Calier : « Quée calier
de pain t'emportes là ! — La charrue enlève
des caleaux de terre.
Calot ^ (Li., Sp.), s. m. — Noix, fruit du
noyer. Les enfants ne connaissent guère ce
fruit sous son nom français. || Mj. — Je pré-
fère Caleau. — S'il y avait un t flnal, il son-
nerait à Saint-Paul.
Et. — Pour : Ecaleaux. Cf. Ecaler. — Hist. :
« Un moulin à calau (noix) servant de jouet. »
(La Trad., p. 81.) — N. Qu'est-ce que ce jouet que
fabriquent les enfants?... Après avoir évidé une
noix (sans la briser, au moyen d'un trou pratiqué
à cet effet), ils la traversent d'une petite barre,
portant à un bout quatre petites planchettes,
imitant les ailes d'un moulin. Une ficelle, attachée
à la barre et sortant par une ouverture perpendicu-
laire à la première, enroulée autour dudit axe et
tirée rapidement, puis s'enroulant de nouveau
d'elle-même quand on cède, et ainsi de suite, agite
ce petit moulin et le met en branle. (A. V.) —
« Dér. d'une forme dialect. cale, pour : écale ; aha.
skala ; goth. skalja, tuile (cf. écaille) . forme nor-
manno-pic, échale. (Darm.)
Calot \ s. m. — Masse de pierre qu'on tire
brute d'une ardoisière. [Petit Courrier du
18 juin 1904.)
Hist. — « Un carrier poussait un calot dans un
bassicot lorsqu'il se fit prendre le pouce droit entre
ce morceau de pierre et le bassicot. » {Petit Cour-
rier du mardi 10 juillet 1906./ — L'infortuné car-
rier enlevait des callots ou fragments d'ardoise,
afin de placer des mines. » (1906, Angev. de Paris,
n" 34, p. 2, col. 3.) Avrillé.
Calot« '■. — (Auv.), s. m. Vx. cheval, rosse.
Il Lg. adj. q. — Se dit d'un vx bœuf dont les
cornes ont la pointe tournée vers la terre. ||
Nom propre, souvent appliqué aux bœufs qui
se distinguent par cette conformation.
Calotter (Mj., Fu., By.), v. a. — Donner
une calotte à. !| Se calotter, v. réf. S'éclaircir,
se découvrir, en parlant du temps. Syn. de
S^Eparer.
Et. — « Diminut. de cale, dans le sens de coiffure
de femme, en forme de bonnet plat par en haut,
couvrant les oreilles, et échancré par devant, avec
une petite bordure de velours. » D. C. Calestra. —
Puis bonnet d'homme en forme ronde et plate,
couvrant seulement le haut de la tête. (Liït.)
Calpiîiienne, adj. q. — Grande femme mal
bâtie. « Quelle grande calpigienne ! » (Angers)
Et. — Je n'ose pas proposer le mot Callipyge,
épithète de Vénus, au beau... séant, pour expli-
quer ce mot, que j'ai entendu moi-môme. (A. V.)
Caluré, ou-ret, s. m. — Calotte, coiiïure.
Cf. Galurin.
Calureaux (Sp.), s. m. — Ne s'emploie
guère qu'au pluriel. Vagabonds, bohémiens,
gipsies. Syn. de Galapias, Meillaud, Halos,
Camillaud. \\ By. Prononcez Galureaux.
Câlus (Mj.), s. m. — Cal, durillon. C'est le
mot fr. avec â long.
Calvên er (Mj.), s. m. — Homme de mau-
vaise mine, truand, malandrin. Syn. de Hap-
pelopin, Alfessier, Meillaud, Halos, Calu-
reaux, Camillaud.
Et. — Je trouve dans Jaubert : « Cavarnier ou
Cavernier, batteur en grange. Le supplément au
Diction, de l'Acad. donne le nom de caivanier à
l'ouvrier qui arrange les gerbes dans la grange. —
Dans Trévoux, même sens. — Cavarnière ou
Gavernière, celle qui donne à boire et à manger. . .,
corrupt. de tavernière. . . Dans qqs localités'
Cavarnier, ouvrier à tout faire. » — Extension et
péjoration de sens.
Calvouillette — (.52^ Z. Li.). — Petite bar-
rière de bois ou d'épines à travers des champs
clos. V. Calfouillctte.
N. — Je ne crois pas me tromper en rapportant
ce terme à la famille du mot lat. clavis, clef. Claver,
pour fermer à clef, est très connu (autoclave) : on
dit aussi : claver. Par métathèse, clavouillette a
donné calvouillette, petite barrière servant à claver.
Cf. Cheville, de • clavicule.
Camamine (Mj., Fu.), s. f. — Camomille.
Et. Hist. — De deux mots grecs, pomme-à-terre,
à cause de l'odeur de pomme des fleurs de l'anthé-
mis. — « Si li getez dedanz trois gouttes de huille
rosat, avec autres trois gouttes de huille de
camamilles tièdes, meslez trestout ensemble. »
(Chasse de Gaston Phébus. — L. C.)
Cambres (Mj.), s. f. plur. — Cordelettes
qui, fixées au bord inférieur d'un épervier, au
voisinage des plombs, se rattachent par leur
extrémité supérieure à la partie moyenne de
l'engin, formant ainsi une partie ventrue, un
giron, où le poisson se trouve pris et retenu.
Cf. le syn. Canques.
Et. — Pour moi, il est évident que ce mot vient
du lat. Caméra (chambre). Les cambres, relevant
le bord inférieur de l'épervier, forment un ventre,
un giron, une chambre, qui l'ecueille le poisson. De
là le fr. Cambrer : cambrer la taille, c'est tendre les
muscles lombaires comme les cambres d'un éper-
vier. — Camerare, courber en voûte.
Cambuse (Mj., Sal., Fu.), s. f. — Maison,
en mauvaise part. Syn. de Canfouine, Turne.
\\ C'est, généralement une cave où plusieurs
ouvriers se mettent ensemble pour y déposer
leur vin et leurs vêtements de travail. (Z. 141)
Il By. — Syn. de Cabane ; cabine en mauvais
état.
Et. — Du holl. Kabuys, cuisine de navire mar-
chand. Introduit dans la marine vers le milieu du
xviir' s.
Ca-rae-grie-dlère (Ch.). — Ça ne me plaît
guère. Ça ne m'agrie, ou m'agrée guère
(dhyère, par prononciat. particul. du g.)
N. — A rapprocher de : simagrée, corr. de l'anc.
formule : si m'agrée (ainsi m'agrée), prévenance
affectée, obséquiosité. (Litt.) — « La répétition de
ces mots : si m'agrée, dénote une obséquiosité fas-
tidieuse, une courtoisie affectée. (Sch.) — Cf.
« Brigadier, vous avez raison ! »
Camelot (Mj.), s. m. — Marchand ambu-
lant qui vend sur les places publiques des
marchandises de qualité inférieure. Syn. de
CAMELOTAINE — CAMPIOT
161
Déballeur. || Employé des magasins de nou-
veautés, de rouennerie, de mercerie.
Camelotaine, s. f. — Entendu dans cette
phrase : « J'allons leux faire danser la camelo-
taine ! « Des péréieux, en parlant de leurs
patrons. Syn. de Malaisée.
Et. — Camelote. Littré l'explique, d'abord, par
le lat. camelus, chameau, parce que le camelot,
étoiïe, était fait de poil de chameau. Puis, dans le
Supplément, par l'arabe : seil el kemel, qui est le
nom de la chèvre angora ; il cite un article du
Journal Officiel du 12 mai 1874.
Caini (Sm.), part. pas. — Caché. « I s'est
cami. » Cf. se Catner.
Camillaud (Mj.), s. m. — Vagabond, bohé-
mien. Syn. de Calureaux, Halos. — Rappro-
cher : chemineau. (Fu.) |! Sal. Gueux mal vêtu.
Etre emmanché comme un camilleau.
Et. — De Meillaud, avec le préf. péjor. ca. L. C.
donne le v. Caminer, cheminer. — V. aussi Galopin.
Caniinet, s. m. — Non vulg. de l'Erica
tetralix (Mén.) Bruyère à quatre faces. (Bat.)
€aniisard (Sp.), s. m. — Membre de la
Petite Eglise.
Et. Hist. — C'est le nom que portaient autrefois
les protestants des Cévennes résistant aux Dra-
gonnades. — Du lat. Camisa, chemise, que l'on
portait sur son armure dans une attaque de nuit,
soit pour se reconnaître, soit pour se déguiser. —
« Nous donnâmes l'escalade tous en camisades. »
(MoNTLUC. — L. C.) — « Rac. celtiq. Cam, habiller;
d'où Camisia, que saint Gérôme donne comme
désignant un vêtement des soldats gaulois. »
(Malv.;
Camisole (Lg., Fu.), s. f. — Sorte de corset
primitif, que portaient autrefois les femmes ;
le même que le corps ou la bâtine de Mj. — ||
By. — Sorte de taille ajustée, en toile, sans
baleines, remplaçant le corset, employée
surtout par les vieilles femmes. On prononce
souvent Gamisole, comme Garmoégnole, pour
Carmagnole, nom vulgaire encore du vêtement
court d'homme, autrefois garni de deux rangs
serrés de boutons brillants (mode bretonne) ;
comme Ganeçon, pour Caleçon.
Camocher (Sp., Mj., Fu.), v. a. — Frapper,
meurtrir, contusionner ; cogner, faire des
bosses à. Ex. : Il illi a tout camoché la tète.
Il Fu. Id. Meurtrir la terre à coups de poings.
Et. — Corr. du fr. Cabocher, pat. Cabosser. Ce
mot semble être le trait-d'union entre Cabocher et
Cagnocher. — « Camoissié, meurtri, contusionné ;
proprement -. meurtri par les mailles d'un camois
(mailles d'une coite d'armes), — puis, meurtri, en
général. On lit, au sujet du jeune roi Philippe, fils
de IjQuis VI, qu'un porc, s'étant jeté dans les
jambes du cheval de ce prince, « le fit trébucher et
sus le pavement en telle manière que sa teste fu
toute débrisiée et camoissiée, et mourust tantôt ».
(L. C.) V. Camosser. Cf. Camborser. Jaub.
Camosser, v. a. — Frapper du manche de
la lame, meurtrir, etc. dit le D'' A. Bos, au mot
Chamoisier. Le dérive de chamois, au sens de :
manche de la lame recouvert de peau ; coup
porté avec ce manche. Dérivé de chamois. —
V. Camocher, à l'étymol.
Camoufle (Ag., Mj., Fu.), s. f. — Chandelle,
de suif ou de résine.
Et. — Littré explique Camouflet par : fumée
épaisse qu'on souffle malicieusement dans le nez de
qqn avec un cornet de papier allumé. On lit :
« Qui dormira, qu'on le réveille.
Ou qu'on lui donne un chault moufflet.
Ou hardiement un grand soufflet. »
XV® s. — Mystère.
Camp (By.), s. m. Champ. — Ce mot ne
s'emploie que dans certaines locut. || Foutre
le camp, s'en aller. || De camp," sur champ. (Mj.)
Et. — Camp est la prononc. picarde pour :
champ, avec acception spéciale. (Renvoi à Génin,
Récréations philolog., pour le mot Foutre, qui n'a
pas le sens que l'on croit. )
Campagne (Mj., By., Fu.), s. f. — En cam-
pagne, à la campagne, par opposit. à : en
ville. On dit ironiquement de qqn qui pose
pour le malin : Il est ben trop fort pour être
en campagne. On dit aussi : C'est ein farceur
de campagne, qui fait ses farces en ville.
Campané, adj. q. — Garni de campanes,
ornement en forme de cloche.
Et. Hist. — Lat. Campana, cloche. — Deux
étymol. sont proposées : 1° les premières cloches
furent fabriquées à Noie, en Campanie (L. C.) ;
2° Campania, balance à un plateau, romaine
(regione Italiae nomen accepit. — Isidore). Les
premières cloches n'étaient qu'un plateau rond,
métaUique, sur lequel on frappait, et ressemblaient
tout à fait à un plateau de balance, d'où, probable-
ment, le passage du sens de plateau de balance à
celui de cloche. » (D'' A. Bos.) — « Son père avoit
empourté les campanes de Nostre-Dame pour atta-
cher au col de sa jument. » (Rab., n, 7.) — Favre.
Campé (Fu.), adj. q. — Placé- avantageu-
sement ; c'est aussi le v. camper, poster. Se
camper, au jeu de boules, c'est se placer, plus
ou moins, sur la pente, avant de rouler ; ce
qui détruit, en partie, l'effet du fort, la boule
devant traverser le jeu, et amortit sa force.
Il Fu. Bien solide sur ses jambes.
Camper (Mj., By., Fu.), v. a. — Déposer
un peu brusquement. Ex. : Aile a campé son
queneau à bas eine secousse ! || Appliquer un
coup. Syn. de Astiquer. || Lancer une saillie,
décocher un trait mordant, dire son fait à
qqn. Ex. : Il te illi a campé ça de première ! ||
Lg. se Camper, aller se coucher. Syn. de : se
Motter, se Pagnoter. \\ Bécon. Les ouvriers de
carrières de granit, leur paye reçue, achètent
du vin ou de l'eau-de-vie dont ils remplissent
des dames-jeannes, et vont dans une prairie.
Là, ils campent, et boivent jusqu'à la consom-
mation complète du liquide. || Mj., By. —
Camper là, abandonner, laisser en plan.
Campet (Lpos.). — Boiteux. V. Campiot.
Camphrée sauvage. — Polycnême des
champs. (B.) Ménière. — Camphorosma
monspelica. L. -Littré.)
Campiot, e. (Mj.) adj. q. — Boiteux. Dén
de Campioler.
Et. — Du bret. Cam, boiteux, et du lat. pedem,
pied. — Faute de mieux. Voir Campioler.
11
162
CAMPIOTER — CANET
Campiuter (Mj., Sal.), v. n. — Boiter,
clocher.
Et. — Je regarde ce mot comme une forme plus
dure de Gambilloter, dimin. inus. de Gamhiller.
Canada (Mj., Fu.), s. m. — Topinambour.
Syn. de Tôpine. \\ By. Canada. Des Canadas,
ou pataches du Canada.
Et. — Vient du Brésil ; mais nos paysans n'y
regardent pas de si près. — V. F. Lore. Langage,
VIII.
Canâillerie (Mj., Fu., By.), s. f. — Gredi-
nerie, coquinerie, procédés dignes d'une
canaille.
Et. — De cane, chien ; l'ital. dit Canaglia, le
vx fr. Chienaille, pour Canaille.
Cananée (Fu.), s. f. — Pour canonnée.
Longueur, grande quantité (comme de coups
de canon). Une cananée de temps. V. CaTio/iraée.
Canard ^ (Mj., Fu., By.), s. m. — Gloria.
Goutte d'eau-de-vie sucrée que l'on prend
après le café, et dans la tasse même où on l'a
bu. Syn. de Pousse-café, Rincette. Cf. Pigeon.
Il Canard- de -gueux. Plat composé de pommes
de terre et de prunes cuites dans la graisse.
C'est la sauce classique du canard... absent.
Il By. — On distingue les canards de maison
et les canes de chasse (animaux domes-
tiques). Les canards sont rangés en trois caté-
gories : les canards, les menus, les sarcelles.
Le canard étant l'unité, 3 menus valent
2 canards et 1 canard vaut 2 sarcelles. Les
noms vulgaires des principaux menus sont :
le molleton, le digeon ou dijon, le bizieux, le
pointard, le rouget. — Les jodelles et les
foulques ne sont pas des canards, mais des
poules d'eau. V. au F. Lore, chasse aux
Canards. Coutumes, ii.
Et. — Le sucre est trempé comme le canard
dans l'eau. (Litt.) B. L. Canardus, sorte de navire.
— Il (Mj., Fu., By.), s. m. — Cane, s. f.
Terme d'amitié, appliqué aux enfants, sans
distinction de sexe. Ex. : Tiens, ma petite
cane ! Cf. Connin.
Canasson (Mj., Lg., By.), s. m. — Rosse,
haridelle. Syn. de Guinguin, Carabi, Roqueton,
Haguin.
Cancanage (Mj.), s. m. — Cancans, giries.
Ex. : Il s'en est fait d'ein cancanage à cause
de tout ça ! Syn. Raffut, Rapiâmus, Robotage,
Décis, Délibéré.
Et. — Onomat. tirée du cri du canard, comme :
caqueter, de celui de la poule. (Schel.) — On
trouve aussi dans le vx fr. Caquehan, assemblée
tumultueuse, tapage, querelle. D. C. Caquus — et
taquehan.
Cançarf (Mj.), s. m. — Cancer, carcinome.
Et. — Cancer, lat., veut dire : crabe, à cause des
bosselures et des veines qui l'ont fait grossièrement
comparer à un crabe. — L'f final s'est ajouté, à
cause de l'assonance avec le mot Çarf.
Cançarveux, euse (Mj.), adj. quai. —
Cancéreux, carcinomateux.
Canche (Mj., Fu.), s. f. — Dépression dans
un terrain. || A La Séguin. Azimut, rumb.
Ex. : Le vent a toujours eine doutance de se
tourner dans ceté canche-\k. \\ Sal. — Espace
étroit. D'où Encancher, embarrasser : Décan-
cher, débarrasser. || Fu. — Région, côté. Un
chasseur dira : J'avons fini par tomber dans
eine bonne canche, — dans un canton
giboyeux. || By. — Petite ondulation en demi-
cercle du rivage, petit golfe. « La canche à
Cillette. » — Mettre le bateau à l'abii dans
eine canche. (V. Jaxjb. — Conche). — Canches.
Cavités dans un bateau, formées par le vide
entre les courbes, des planches de Varchelet au
bord. La Canche, qu'elle soit le long du bord
ou en travers du bateau, où on peut jeter
l'eau avec la sesse, est dite cantière.
Et. — Concha, coquille, d'où conque, — grand
vase, bassin. — A Royan, conche. — Sens plus
étendu de golfe. — Hist : « Le tout mit pied à
terre, près Zerbi, en une conche nommée Rochelle,
où les galères ont accoutumé de faire aigade. »
(D'AuBiGNÉ. — L. C.) — Le nom subsiste comme
nom de lieu dans plusieurs départements. L'ori-
gine en est p.-ê. un repli du sol ou un terrain
coquiUier. (L. C.) — Cf. Tesp. Zanja, fosse, fossé.
Cancher (Lue), v. a. — Même sens que
Crouiller. Cf. Encancher.
Cane, s. f. — Faire la cane, au jeu ; faire
semblant de courir vers un but et, par une
feinte habile, tromper son adversaire. Aux
Rarres, p. ex.
Et. — Comme la cane fait un plongeon et repa-
raît plus loin. — Du lat. : anas, canard, avec
épenthèse du c. ; vx fr. Ane.
Caneçon (Mj., Fu., By.), s. m. — Corr. du
mot. fr. Caleçon. Cf. Galçon. \\ Fig. Copain,
camarade, ami. « Eh ! ben, quoi, mon vieux
caneçon ! Syn. de RrancJie \\ (Mj., Lg., Li., Br.)
Et. — 1" sens. B. L. calcio, chausson, chausse. —
Au 2«, ce nom viendrait de Canasson, nom familier
donné à leurs chevaux par les cochers de Paris. —
Delvau l'explique par : cane-à-son ; se nourrit de
son aussi bien que d'avoine. Mais cane?
Canepin (Fu., By.), s. m. — Corr. de Cale-
pin. Cf. Caneçon.
Et. — De Ambroise Calepin, savant italien de
l'ordre des Augustins (1435-1511), auteur d'un
vocabulaire polyglotte. Dictionnaire, puis Agenda.
Caner (Sp., By.), v. n. — Caler, reculer,
avoir peur. Syn. de Flancher, Plancher,
Flanchir, Quéner. Caler, Péter. — En Berry,
cagner V. Cane.
Hist. — « Il cane, le patron. » (Labiche et
Martin, Le Voyage de M. Perrichon, iv, 5.) —
« Par Dieu ! qui fera la cane de vous aultres, je me
donne au diable si je ne le fais moyne. » (Rab.,
Garg., I, 42.) — « Laurent de Médicis... assié-
geant Mondolphe... veoyant mettre le feu à une
pièce qui le regardoit, bien luy servit de faire la
cane ; car aultrement le coup, qui ne luy rasa que
le dessus de la teste, luy donnoit dans l'estomac. »
(Montaigne, Ess. I, xii.) — C'est donc, propre-
ment, faire le plongeon. Cf. Cagner, Jaub.
Canot" (Sp., Le, Fu.). — Caneton, jeune
canard. Dimin. de cane. N., m. à Sp. f. à Le.
Il By. — On dit presque exclusivement cane-
CANETÉ — CANNIER
163
tin. Il Fu. — Nom d'amitié donné aux petits
enfants. « Mon canet, mon canard. « Très
employé.
Canetée (Sp.), s. f. — Syn. de Nâtille,
Nâteille, Knillée.
Et. — Dér. de Canet, parce que les canes bar-
botent au milieu de cette lierbe. Lentille d'eau.
Canetiile (By.), s. f. — Conferves. — V.
Canetée.
Caneton, canetin (By.), s. m. — Tout petit
canard.
Hist. :
Les canes, les canetons,
Les canes de mon père dans les marais s'en vont. »
R. Bazin, La Terre qui meurt, p. 215.
Canette ' (Mj., Fu., By.), s. f. — Petite
excroissance sphérique que produit sur les
branches du chêne la piqûre d'un insecte. Les
enfants s'en servent en guise de billes à
jouer. Il Sp. — Bille à jouer. Syn. de Marbre,
Boulette, Petit-dien. Cf. Poume de chêne. ||
By. — Canette de bois. Ne pas confondre avec
Pomme de chêne ou noix de galle.
Et. — Pour Quesnette, de Quesne, forme norm.
du fr. Chêne ; lat. Quercina?
Canette ^ s. f. — Bobine. Dans le métier
du tisserand. Les Lyonnais disent. Canut.
(Chol.). Devrait s'écrire par 2 n.
Et. — Du B. L. Canna, roseau? — Dans le sens
français, de petite cruche, cette citât, curieuse :
« Tant va la canne à l'iaue qu'en le fin est bri-
sians. » (Nord de la Fr. — Scheler.)
Canfouine (Mj., Sp., Craon, Fu., Z. 142,
Br.), s. f. — Cahutte, vieille masure, «ambuse,
chaumière, petite cabane, maison délabrée,
bicoque, taudis. — Syn. de CaboumBy
Cahurne, Cabigit, Cahagétis, Turne, Boite.
Et. — Corr. de Capharnaum? — Jaub. donne
Caforgnau et cite G. Sand : « Il s'était fait donner
un petit lit dans le capharnion. C'était l'endroit de
la grange voisin des étables, où l'on serre les jougs,
les chaînes, les ferrages et épelettes de toute espèce
qui servent aux bêtes de labour. » (La Petite
Fadette. )
Cangrègne (Mj.), s. f. — Gangrène.
Cangrègner (Mj.), v. a. — Gangrener.
Cangrégneux (Mj.), adj. q. — Gangreneux.
Canicher (se). (Sp.), v. réfl. — Se blottir, se
cacher. V. Décamger. \\ Ti., Zig. 203. Se
rencoigner, s'installer dans un coin. Cf.
Canigeot, Déquenicher.
Canigeot', (Mj.). s. m.
retrait quelconque. V
nicher, Canicher.
Et. — Dér. de Nigeot, avec le préf. péjoratif, Ca.
Cf. Caniillaud, Caboillaud.
Canigeoter (Z. 132.), v.
abriter, garer du froid.
Canigot, ou Cagibi. —
Canigeot.
Canillard, adj. q. (Sar.). — Celui qui
/,anille.
— Petit nid, terrier,
Décaniger, Déque-
— Cacher,
Cachette. V
Caniller, V. n. (Sar.). — Flâner, s'en aller,
flairant partout, à la manière des chiens. Cf.
Décaniller, décamper, sortir du chenil, canil.
Canitude, (Sa.), s. f. — Déchéance, déca-
dence, décrépitude. Ex. : Ils sont tombés dans
la canitude.
Et. — Du lat. : Canitudo, de canus, blanc, en
parlant des cheveux.
Canne (Fu.), s. f. — Pipette pour tirer le
vin par la bonde quand la barrique n'est pas
encore percée. — V. Cannelle.
Canne-jiloire, pétoire (Lue, By.). — Jouet
fait d'un morceau de sureau avec lequel les
enfants lancent des balles de filasse ou de
l'eau. La moelle a été enlevée et l'on fabrique
un piston avec un morceau de bois muni
d'étoupe à un bout, pour assurer le frotte-
ment. — Ciifoire. Syn. de Chiquoire
Et. — Canna, roseau.
Cannelle, Cannette, Quenelle (Mj., By.,
Fu.), s. f. — Ajutage ou tuyau qu'on fixe
dans le cas d'une panne, pour l'écoulement
du lessif. Il Petit instrument qui sert à canner
le vin. Percé de deux ouvertures étroites à
ses extrémités supérieure et inférieure. Il sert
à retirer par la bonde d'un fût une petite
quantité de vin pour le goûter.
Et. — Dimin. du fr. Canne, lat. Canna, petit
tuyau. — « La Curne dit que ce mot (Canne) est,
en Anjou, aussi usité pour signifier une espèce de
petite pompe de fer blanc, avec laquelle on pompe
le vin par la bonde d'un tonneau. Cette pompe
forme un petit cylindre d'à peu près la grosseur
d'un roseau, ce qui me feroit croire que c'est par
similitude que les Angevins la nomment canne. » —
« Les joyeux buveurs s'associent pour boire aux
frairies d'août une ou deux barriques entières, et
celui d'entre eux qui les a achetées porte, comme
insigne d'honneur, la cannelle au chapeau. » {La
Trad., p. 329.)
Canner (Mj., Fu.), v. a. — Tirer par la
bonde d'un fût, au moyen de la cannelle, une
petite quantité de liquide pour la goûter.
Et. — Dér. du fr. canne, du lat, canna, parce
qu'on s'est évidemment servi d'abord d'un mor-
ceau de canne ou de roseau.
Cannetière (Lg.), s. f. — Machine à faire
les épelles.
Et. — Du fr. Canne, parce que les épelles ont été
faites primitivement sur des brins de roseau.
Canneton (Sp.), s. m. — Hanneton. Syn.
de Meunier, Breuyaud, Bégaud.
Et. — Corr. du mot fr., l'h initial étant rempla-
cé par une gutturale plus forte. — Et Hanneton
vient de l'ail. Hahn, coq, et dans l'ail, dialect. Han-
neton. Cf. le nom de Poule d'arbre donné au hanne-
ton en Limousin ; Grianneau, dimin. de Grian, mot
du pat. de la Suisse fr., emprunté de l'ail, dialectal
Grigelhan, de grigeln, crier, et hahn, coq, petit coq
de bruyère. (Darm.)
Cannette (Mj.), s. f. — V. Cannelle.
Cannier (Sp., Li., By.), s. m. — Sorte de
grand roseau, de bambou, montant à 3 et
4 mètres, que l'on cultive dans les jardins. — ■
164
CANONNEE — CAPRICE
De canne, lat. canra. || Roseau à balais. Li.,
By.
Canonnée (Mj.), s. f. — S'emploie dans la
loc. Canonnée de temps, un temps assez long.
— par comparaison avec le nombre des coups
de canons tirés? Cf. tous les mots désignant
une quantité, com. Tériaulée, etc. Y. Cananée.
Canonner (Mj.), v. a. — Lapider. Ex. : Ils
l'ont canonné à coups de pierres. Syn. de
Garroter, Garrocher, Calonner, Caillonner.
Canques (Mj.), s. f. pi. — Cordelettes qui
rattachent les plombs de l'épervier aux
mailles supérieures et qui, en relevant le
maître, forment le giron de l'engin. V. Cambres.
Et. — P.-ê. pour Cancres, parce que l'ensemble
de ces cordelettes figure les tentacules d'un crabe?
— Sous toutes réserves.
Canthalides, s. f. — Mouches cantharides.
Cf. Tartarine.
l'antière (Mj.), s. f. — Espace vide qui se
trouve dans l'intervalle de deux courbes,
entre le bordage d'un fûtreau et les planches
qui en garnissent le fond. V. Canche. Devrait
s'écrire Canquière?
Et. — Tient p.-ê. à Canche : p.-ê. aussi à l'angl.
Canthus, angle de l'œil, parce que la cantière est
dans l'angle du fond du bateau? — N. Cf. Gode-
FROY : Canchier, au sens de : prison (?) — « Et puis
sera bouté en canchier. >> In Prophéc. de Merlin. —
Lequel semble se rattacher à Cancellum. Une
forme Canticaria, relevée dans une charte du dépar-
tement de la Somme, au sens probable de : terri-
toire, mérite au moins d'être mentionnée, car elle
aurait cet avantage de nous offrir un type latin
d'où proviendrait normalement et régulièrement
notre mot Canchière. — V. Dottin : Chansière,
lisière d'un champ ; — sillon fait le long d'une haie
à l'extrémité et en travers des autres sillons.
(G. DE G., p. 317.)
Canton, s. m. (Tr.). — Canton d'ardoise,
lieu élevé, où l'ardoise est disposée, en atten-
dant la livraison. (Mén.) || Fu. — Coin,
région, canche. — J' avons trouvé ein bon
canton plein de nozilles.
Et. — D'un radical commun à beaucoup de
langues, Cant, coin. — Hist. : « Maurette se blottit
dans un canton, c.-à-d. un coin du foyer, sur une de
ces banquettes tressées de jonc, qui, en Périgord,
garnissent les larges cheminées d'autrefois. (E. Le
Roy, La Belle Coutelière.)
Canuçon (Lg.), s. m. Caleçon. — Se dit
parfois à Mj. Syn. et d. de Caneçon, Ganeçon.
Canuler (Mj., Fu., By.), v. a. — Ennuyer,
importuner. Syn. de Bassiner. Cf. Lavement.
Et. — Dér. du fr. Canule (qui devrait s'écrire
Cannule, de Canne).
Caôtcliouc (Mj., Fu.), s. m. — Caoutchouc.
L'ô est très long. Cf. Otil, Obli, Ovrir, etc.
Capelage (Mj.), s. m. — Ensemble de
Itoucles, de tours de cordes, par lesquels les
haubans sont fixés à la tête du mât. —
V. Capeler.
Et. — Proprement : recouvrir d'un chapeau, ce
que l'on pose sur la tête d'un mât, sur le bout dune
vergue.
Capeler (Mj.), v. a. — Enrouler un câble
et l'attacher solidement à demeure autour
d'un mât, d'un massif quelconque. V. Cape-
lage.
Capériole (Mj., Lg.), s. f. — Cabriole, cul-
bute. Angl. capriole. || By. Capriole, Car-
poéiole.
Et. — Pour capriole, doubl. du fr. Cabriole ; du
lat. Capra, chèvre. On dit aussi Carpéiole.
Capistron (Lg., etc.), s. m. — Caporal. Syn.
de Cabot. Argot de caserne.
Capitaine (Mj., Chl.), s. m. — Femme,
épouse. Ex. : Mon capitaine m'attend. Syn.
de Bourgeoise, Mariée
Capitanerie, s. f. — ^Commandement d'une
place forte. Mot du 'k.w siècle. — Désuet. —
N. Le mot Capitainerie a un sens différent.
Hist. — Lettre du duc d'Anjou (Hexri III) à
M. de la Trémoille. — 8 mars 1577. — « Mon cou-
sin, j'ai esté adverty que le seigneur de Vauboy-
seau a remis au cappitaine de la Coudre la cappita-
nerie du château de Rochefort (sur Loire). » —
Reçue de l' Anjou, t. 54, p. 315.
Capot" (Mj., Fu., By., Sal., Fu.), s. m. —
Sorte de large capuchon d'étoffe noire, que
portaient autrefois toutes les femmes et même
les petites filles. Cette coiffure n'est plus
portée que par les très vieilles femmes, comme
vêtement de deuil, et par quelques congré-
gations religieuses. (Lue. Le t est muet). V.
le n° II du F. Lore. || Sal. — En soie
Et. — Dimin. du fr. Cape, doubl. du fr. Capote,
dér. du lat. Caput. — Cape est la prononc. picarde
de Chape. — Hist. : « Les femmes, couvertes de
leur long capot d'étoffe noire, restaient à genoux ou
accroupis (sic) au centre de la nef. » (Deniau, i, 30.)
N. Il s'agit ici de la coiffe noire, plutôt que du capot
proprement dit, lequel ne couvrait que la tête. Le
capot vrai est encore porté par qqs religieuses,
notamment par les sœurs de Saint-Charles. —
« Pendant la nuit, l'une d'elles, au risque de périr
sur la place, se couvre de son long capot noir et se
glisse vers une brèche. » (Id., iv, 529.) — Capot-
chenu. — « La sixième vitrine renferme deux
exemplaires du capot de Marans, la plus large
d'entre nos coiffes. Le capot chenu, ou coiffe des
dimanches et fêtes ordinaires. {La Trad., p. 52.)
Capote (Mj., By.), s. f. — Faire capote ;
capoter, chavirer, en parlant d'un bateau ;
être retourné par le vent, en pari, d'un para-
pluie ; être renversée sens dessus dessous, en
parlant d'une voiture.
Et. — On est pris sous le bateau comme sous une
cape, chape? — Faire capoter, en parlant du vent.
Capoter (Sal., etc.), v. n. — Tomber cul
par dessus tête — et sens analogues.
Capout (Ag.,.Mj.). — Ce mot est un vestige
de l'invasion allemande ; il veut dire : mort,
tué, à qui on a coupé la tête. — Faire capout,
tomber mort, ou com. mort. En ail. : « Er ist
caput gegangen. »
Caprice (Mj., Fu.), s. m. — N'avoir pas
dans son caprice, dans son idée, ne pas
vouloir. Il Faire caprice, plaire, inspirer une
passion.
CAPRIOLET — ÇARCLER
165
Capriolet (Ag., By., Fu.), s. m. — Cabriolet.
Et. — « Voiture dont les bonds sur les pavés rap-
pellent ceux de la chèvre, capra, vu sa légèreté. »
(LiTT.) — « On a hésité jusqu'à la fin du xvir-' s.
entre capriole et cabriole.
Capsule (Mj.), s. f. — Chapeau haut de
forme. Syn. de Boston, Taf, Tube, Tuyau de
poêle, Galurin.
Caque (By.), s. f. — Dent de lait des
enfants. — On dit encore Cacaudes et
Caquines.
Et. — « Caquer, c'est préparer le poisson, c.-à-d,
lui ôter les ouïes pour le mettre en caque. Holland.
Kaaken, du même mot, subst., ouïes, mâchoires,
puis, mettre en tonneau. C'est ainsi qu'un mot
signifiant mâchoires en est venu à signifier : ton-
neau. » (LiTT. ) — ScHELER prétend que ces deux
sens proviennent de deux mots différents.
Caquenaude (Vz.), s. f. — Roseau de la
Passion. Syn. de Quenouille.
Et. — Pourrait bien être composé d'un doublet
de ce dernier mot, avec le préf. péjor. Ca. — ? —
Bat. — Typha latifolia.
Câquerote (Sp.), s. m. — Tesson, vieille
écuelle fêlée, pot cassé. || Vase quelconque. !|
Sp., s. f. Le crâne, la tête ; le même mot, pris
au fig. avec changement de genre. |1 Mg. —
Pichet, assiette cassée. || Pell. Chardon-
Roland. Syn. de Ch.-roulant. Doit être le
même que la câquerote de Sp., prise au sens
de : tête, parce que les sommités de la plante
figurent des têtes armées de piquants. Cf.
Chabossée.
Et. — Il faudrait dire Caquerolle, et encore
mieux : casserolle, tout bonnement. Ce mot est
employé dans le sens de écaille -. « Eschylus, ce non
obstant, par ruine fut tué et cheute d'une caque-
rolle de tortue. » (Rab.. P., iv. 17, 388.) — Casse-
rolle dérive de casse, emprunté du provenç. cassa,
qui suppose un type latin : cattia, sans doute
formé par le radical de : catinum, plat. Dimin.,
cassette. — Une casse à yaue (eau).
Caquin (Sp., Sa.), s. m. — Syn. de Chape,
sable grossier. On répand du caquin (Bri.)
dans les allées. || (Mj.) Mulette, ou Moulette,
mollusque bivalve, ressemblant à une grosse
moule, qui trace des sillons sur les grèves de
la Loire recouvertes d'un peu d'eau. Une très
grosse espèce habite à Sp., où elle est au.ssi
désignée sous le nom de caquin. \\ Sp., œuf,
nom enfantin. |lBg. — Petits cailloux en
forme de billes.
Caquine (Mj., Lg., Segr.), s. f. — Quenotte,
dent de lait. Nom enfantin. Cf. Cacaude. V.
Caque, Câline.
Carabi (Mj., Fu.), s. m. — Méchant cheval,
maigre rosse, haridelle. Syn. de Carcan,
Ilaguin, Harou, Canasson, Bourrin, Biroquin,
Guinguin, Bicard. Bochon.
Carabin, s. m. — Pour Sarrazin, ou blé nèr
(noir) (Segr.). — Mén. et By.
Et. — Corr. de Calabrin.q. vient de laCalabre.
Caraillas (Lg.), s. m. — Gros crachat
muqueux et dégoûtant ; graillon. Syn. de
Biritte, Calot, Morvias.
Et. — Onomat. ; Crrr, bruit que l'on fait en-
tendre en essayant d'arracher ce mucus. — Craïer,
Crat. (Jaub.)
Caramboler (Mj., Fu.), v. a. — Atteindre
et briser ou faire tomber un objet, j] Frapper,
rosser, battre, gourmer une personne. !|
Bousculer, mettre en désordre. Syn. de
Chambarder, Chahuter. \\ Ex. : Je vas te
caramboler, te flanquer une tripotée. (Li., Br.)
Et. — ScHELER prétend que Carambola serait
la bille rouge qui se joue au billard ; puis la partie
qui se joue avec cette bille ?
Caramels ^ (Mj.), s. m. pi. — Gigues. Syn.
de Guiboles. Ex. : Ils sont dans le pré à se
routeler, à lever les caramels, jj Fu. — Caran-
melles. — Lever les caran-melles, faire des
culbutes, se rouler dans des attitudes peu
convenables.
Caramels "-. — Confiserie. V. F. Lore xii,
nourriture.
Carbe (Mj.), s. f. — Carde, nervure médiane
de la feuille de bette ou poirée. Par corrupt.
I! By. Carde. Nervure du cardon de la rhu-
barbe comestible.
Et. — B. L. Cardo, instrument à carder, de car-
duus, chardon.
Carbiclion (à) (Z. 156). — A califourchon.
Il By. — A carbilleau, à cheval, les jambes
écartées. « I m'a fait la courboisselle et je
m'sé mis à carboilleau su le mur. — ^ Il a les
pattes fortes et va à carboilleau.
Carbilleau. — ^'. Carbichon.
Carbillette (Mj.), s. f. — S'emploie dans la
loc. A la carbillette, à califourchon, les jambes
écartées.
Et. — Ce mot a la même rac. que h' Ecarbiller,
s'Ecarfillonrwr, Carfignoii, etc.
Carcan (xMj., Lg., Fu., Lé., Ag., Lue.). —
Rosse, au propre et au fig.; haridelle. Syn. de
Carabi, Canasson, Haquin, Boqueton, etc. V.
Carabi.
Et. — Aha. Querca ; scand. querk, cou, gosier.
(LiTT.) — Explique le sens de : collier servant à
attacher les criminels au pilori ; ainsi, collier vient
de col. Le sens de : rosse en viendrait en partie, et
aussi de ses rapports avec carca (carcasse, corps
d'animal, charogne). — « Un carca d'oie est fort
bonne chose en rillons. » (Jaub.)
Carcaumille (By.), s. f. — Bluet. Quelle
manie elles ont de forcer leur linge en bleu !
c'est comme de la carcaumille. — Bluet des
champs, qui pousse en abondance dans les
blés avec la rniellée (nielle).
Carcliignard, s. m. — Homme d'un carac-
tère diflicile, réchin, rechigneux. (Mén.). —
Cf. Cachignard.
Et. — Rechigner ; re + kinan, german., faire la
grimace pour une chose à laquelle on a peine à se
décider. (Darm.) — Et enfin, préf. Ca, péjorat.
Çarcle (Mj., Fu., By.), s. m. — Cercle.
Çarcler(By.,Mj.),v.a.--Garnir de cercles une
cuve, une busse. — Et l'on dit Sercler, pour
166
' ÇARGLIER — CARNE
Sarcler eine planche de chicorée ou de choux
diacres (d'York).
Çarclier (Fu.), s. m. — Les çarcliers de
Saint-Rémy-en-Mauges. — Les jeunes gens
de Saint-Rémy-en-Mauges sont en grand
nombre maçons en été et çarcliers en hiver,
ç.-à-d. ouvriers en cercles, parce que les
coteaux de l'Evre sont plantés de châtai-
gneraies quand la pente du terrain empêche
la culture.
Çarcueil (Mj., By.), s. m. — Cercueil.
Carcul (Mj., Bg.), s. m. — Calcul.
Et. — Lat. Calculus, caillou ; on comptait par
petits cailloux.
Carculer (Mj., By.), v. a. — Calculer.
tarder Mj. etc.), v. a. — Carder la peau à
qqn. lui administrer une volée, le rosser.
Et. — Peigner avec des cardes ; carda, chardon ;
tête épineuse de la cardère, ou chardon à foulon. |1
Poursuivre, mordre, tirailler. Se dit surtout des
chiens qui se battent entre eux : « Les autres
chiens l'ont cardé. » (Jaub.) V. Fougaler.
Care, s. m. — Repos. V. Couarer, et Cail.
Carême (feu de) (Mj.), s. m. — Maigre feu.
Caresse (Mj., Fu.), s. f. — Caresse. Cf.
Cârosse. :| By. — a bref.
Caresser (Mj., Fu.), v. a. — Caresser. Cf.
Amouracher, Anis, Calice. \ By. — a bref.
Carf, ('arîiiil, t'arimounie, etc. | A pour e
— Le çarf est le cerf- volant, insecte. \'. Can-
çarf. Il Fu. — Cerf.
Carfignon, Carfillon (Mj.), adj. q. et s. m. —
Bancroche. Qui a les jambes ou les pattes
tortes ou écartées (Cf. Carbillette) et infléchies
en dehors.
Carfignonner.-llonner (Mj.), v. n. — ^Mar-
cher comme qqn. qui est carfignon. On dit
surtout : Aller en carfillonnant.
Cargnau de pain. — Syn. de Caleau, Calot.
Cargne (Sp., Fu., By.), s. f. — Charogne,
bête crevée. || Viande de mauvaise qualité.
Il S'adresse comme interpellation injurieuse
aux animaux et même aux personnes. Syn.
de Querrée, Quèquée, Guégane, Digane, Digue.
Et. — Charogne, d'un lat. fictif caronia, dér. de
caro. Cargne en est la contraction.
Cargner, v. a. — Déraciner, p. ex. des
navets. (Vr.)
Et. — Est-ce le même que Carguer, charger
(carguer les voiles, en faire une charge, un paquet)?
Peut-être le franc. Cerner = creuser; qui a donné
Cerneau Cf. Carnote = fontaine.
Cargnon (Sp., Lg., Fu.), s. m. — Gros
morceau de pain ou de viande. Syn. de
Guergneau, Calot, Signe, Bine, Calibier,
Pessée, Baissée. || Gros fragment de pierre.
Il Amas épais et concrète de mucus nasal ou
pulmonaire. Crachat dégoiitant. V. Morvias.
C'est le fr. Quignon.
Et^ -^ Peut se dériver de Cargne, franc. Carnei
Mais pourrait tout aussi bien être pour Guergnon,
de Guergne, Grègne ou Grigne. Cf. le syn. Guergneau.
Et. — Quignon, altéré de Coignon, coin. — Hist. : « Le
fils du fermier aisé tirant du pochet un superbe et
blanc cngnon de pain de froment. (La Trad., p. 82.)
Carillonnée (Mj.), s. f. — Chaque reprise
d'un carillon. V. au Folk-Lore, carillonne-
ment, II. Cf., pour la prononciation. Caresse,
Carotte.
Carillonner (Mj., Fu., By.), v. a. et n. —
L'a est très long.
Carlingots (Mj.), s. m. pi. — Longrines
assez analogues à la carlingue, et fixées au
nombre de deux, parallèlement à celle-ci.
Carlingue (Mj.), s. f. — Solide longrine
fixée sur les rabes d'un bateau et suivant son
axe, pour servir de support au pied du mât.
N. Maintenant on met de préférence une
conduite. Le mot est employé en fr. dans un
sens assez voisin. || By. Les râbles d'un
bateau.
Carlit, s. m. — Bois de lit. Fr. Châlit. Le
sens primitif fut : lit de parade. Cf. Charlit.
Et. — Catalectum (chadalit, chaaht, châlit). Mot
hybride ; du grec kata et du lat. lectum, lit. Cf.
Catafalque et Chafaud.
Carmagnole (Fu.), s. f. — Veste courte.
Syn. de Gilet-rond. — En drap, pour les
dimanches. « Prendre sa carmagnole, se
préparer pour aller à une fête. || By. — Car-
moégnole, veste défraîchie, usée. V. Bielle.
Carmélite (Sa.), s. m. et f. — Enfant
trouvé, pupille de l'Assistancs publique.
Ex. : Son domestique, c'est un carmélite.
Et. — Ce mot, qui commence à tomber en
désuétude, est, sans nul doute, le fr. Carmélite,
parce que les religieuses Carmélites auront été
préposées au tour de l'hospice.
Carmognole (Mj., Lg.), s. f. — Carmagnole.
Carnage (Mj., Fu., By.), s. m. — Saccage.
Ex. : Les poules en ont fait d'ein carnage dans
le jardin ! || Désordre, pillage, dégât. Ex. : La
grêle en a fait d'ein carnage dans les vignes !
Il Tapage, tintamarre. Syn. de Chahut,
Barouffle, Bous in.
Et. — B. L. Carnaticum, tas de chair ; temps où
l'on mange de la chair ; de là le sens de tuerie et,
par ext., de saccage et de bruit.
Carnassier (Mj., Fu.), adj. q. — Avide,
friand, gourmand. Ex. : Je ne se pas ben
carnassier de lait. — La légume, j'en se pas
ben carnassier.
Et. — Le mot fr., détourné de son sens.
Carnaval, s. m. (Sp., Fu.). — Masque du
Mardi gras. || (Mj.) Fig. On dit d'une vieille
édentée : « Son nez fait carnaval avec son
menton, » || By. id. Mais : un carnavau, des
carnavaux, masques.
Et. — D. C. Carnelevamen, temps où l'on
enlève l'usage de la viande. — Par extension.
Carne (By.), s. f. — Mauvaise viande servie
à manger. « Ça I c'est pas de la viande, c'est
CARNIGEOT — CARROI
167
de la carne ! » || Injure : Oh ! la vieille carne /»
Il By. V. Game.
Carnigeot (Sal.), s. m. — Petite cache.
^'. Canigot.
Carnigeotée (Sal.), s. f. — Ce que contient
un carnigeot.
Carnote (Li., Br.), s. f. — Une fontaine.
Varnoux (Sp.), s. m. — V. Çarnure.
f. — V. Çarnure. Syn. de
Eternue, Ténue. C'est
Çarnue (Mj.), s.
Çarnoux, Nouée,
l'Agrostis blanche.
Çarnure (Mj.), s. f. — Sorte de graminée
aux tiges grêles et rampantes, prenant racine
à tous les nœuds, et formant des touffes
épaisses à peu près impossibles à détruire
dans les terres cultivées. Syn. de Cernue,
Cernoux, Cernouille, Tenue, Eternue, Nouée.
Et. — Pour Cernure, du fr. Cerner, parce que
cette plante vigoureuse entoure et étouffe les autres
végétaux herbacés ; elle les cerne.
Caroline (Mj.), s. f. — Coronille, plante
d'ornement. Corr. du fr. Cf. Victor, Charlotte.
Carotte (Mj., By.). — Mensonge, conte.
Tirer ou pousser une carotte, mentir. Obtenir
de l'argent de qqii. pour une raison menson-
gère. Il Tlm., Lg., Fu. — Carotte, a très long.
— Jouer la carotte, tricher au jeu, ou, du
moins, employer des procédés peu réguliers.
P. ex., au billard, ne pas livrer de jeu.
N. — « . . .Au lieu de : tirer une carotte, l'italien
dit : planter ou ficher des carottes. L'origine de cette
façon de parler, c'est que, dans un sol meuble et
doux, image de la crédulité, la carotte acquiert un
développement admirable ; l'expression italienne
s'arrête à l'intention de : semeur de carottes ; le fr.
considère le procédé qui les récolte. » (Génin,
Récréât., i, 319.) — D'autre part, la carotte étant
considérée comme chose de peu de prix, vivre de
carottes = vivre mesquinement : jouer la carotte =
jouer chichement, en ne hasardant que le moins
possible. (LiTT.)
Carotter (Mj., By.), v. a. —
Ex. : 11 m'a carotté cent sous,
jouer serré au jeu. V. Carotte
Carottier (Mj., By.), s. m.
carotte ; menteur, tricheur,
et s. Syn. de Menteux.
Carpâiller (Sp., Mj., Fu.), v. n. — Crever,
mourir. [| By. et Kerpâiller. Syn. Claquer.
Et. — Pour crepâiller, dér. du lat. Crepare, qui
a donné le fr. Crever, avec le suff. péjor. ailler. —
Je proposerais aussi : Tourner de l'œil comme une
carpe sortie de l'eau. — Carpaille (Jaub.), petitesse
ou mauvaise qualité de la carpe.
Carpéiole (Mj.), s. f. — Cabriole qui consiste
à faire un tour complet sur soi-même en s'ap-
puyant la tête sur le sol, culbute. On dit :
Faire la carpéiole. V. Capériole, Capriole.
Et. — Par métath. pour Capriole. fr. Cabriole.
Carpiau, s. m. — Petite carpe, ou carpe de
mauvaise qualité.
Hist. — « Nus (nul) poissonnier ne autre ne
, puet ne ne doit vendre barbiaus, tenchiaus,
Chiper, voler.
Il Tricher, ou
Celui qui
(Mj.). Adj. q.
cuerpiaus et anguillestes, des quex les quatre ne
valent un denier au moins. (Livre des Métiers.)
Carrage (Lg.), s. m. — Mise au jeu, enjeu,
valeur de la fiche. Ex. : Avec ein carrage d'in
sou on peut bé perdre dix francs dans sa
soirée. V. Se carrer.
Carrayeur,-eux (Lg.), s. m. — Carrier.
Syn. de Perrayeur. V. Carreyer. — Ou Car-
reyeur.
Carrée, s. f. (Lg., Mj., Fu., By.). — Balda-
quin ; ciel de lit de forme rectangulaire ; par
ext., ciel de lit de forme qcque. || (Mj.) Place
où l'on fait le feu dans la cabane d'un bateau
de marinier ; par ext., la cabane elle-même.
i| Espèce d'ardoise ; carrée fine, c. forte. || Sar.
— Espèce de petite place devant la porte des
caves. Il Fu. — Terme d'argot. La carrée, la
chambre à coucher. || Lg. — La maison, le
home. Ex. : Chez mon père j'étiomes sept-z-
enfants ; point de travail ; il ne faisait pas
toujours bon à la carrée. Syn. Câilleau.
Carrefour (Sp.). — Fig.s. m. La région péri-
néale. On dit aussi : le carrefour Briton. Syn.
de Califourche, Califourchette.
Et. — On disait autrefois : carrefous de chemin,
de quatre fourcs (quadrifurcus), c.-à-d. quatre
embranchements. L. C.
Carreleur en cuir. — Vx. fr. — Savetier.
V. Recarreler, Recarrelage, R^carrelure.
Hist. — 1701, 22 juin. — Sépulture de Pierre
Foucault, « maître carreleur en cuir, de la paroisse
de la Trinité d'Angers, ayant été mordu d'un chien
enragé, et pour cest effet alloit veoir la mer. »
{Inv. Arch.n. E, S. 345,1.)
Carrer (se) (Lg.), v. réf. — Faire une mise,
augmenter l'enjeu, à certains jeux de cartes,
spécialement à la belle. Ex. : Je me carre de
deux sous.
Carreyer (My.), v. a. — Jeter des pierres.
Cf. Garrocher (Mén.).
Et. — Il y a le celt. Cair = pierre. Lat. Qua-
draria, carrière ; quadratarius, tailleur de pierres,
il leur donne une forme carrée.
Carribot (My.), s. m. — Parcelle de terrain.
Dimin. du fr. Carré. Syn. de Morcillon.
Carriboton (Mj.), s. m. — Petit carré,
petit morceau de terrain.
Carrie (Lg., Sp.), s. f. — Châssis formant
l'encadrement d'une porte ; dormant.
Carroi, Carroil (Pron. kà-roueil.) (Lg., Tlm.,
Sp.). — Carrefour. || A Mj. Cour de ferme,
syn. de Rue. \\ Fu. — Non propre de ferme.
Et. Hist. et Notes. — Du lat. Quadraticulum.
dim. de Quadratum. Aux environs de Saumur
(Distré), lorsque plusieurs personnes, par une belle
soirée d'été, sont réunies pour prendre le frais dans
un"carrefour, on dit qu'elles sont on Carroi (pron.
càroué). Ceci semble indiq\ier que le mot Carroil
est l'origine du mot Guérouéc,(\n\ n'en serait qu'une
corruption. (?) L'orthogr. priniit. est Quarroi.
.En haste s'en alloit
Par maint carroy, par maint canton et place.
(Marot.)
Comme les marchés se tiennent sur les places
168
CARROSSE — CASENNES
publiques, ou carois, on a dit : jour de carroues,
pour : jour de marché. — « Item, ung hostel assis
à Mehun au Carroy aux Barbiers (1458). » — C'est
le pavé du Roy. — « Que nulz. . . ne soit si hardiz
de mettre ou "faire mettre fuerre, fienz. . . sur les
Carreaux du Roy. » (L. C.) — Du Caxge explique
Quarroy par : Via carraria, seu publica (Route où il
passe des charrettes. — Quarrum). — Nous ne
partageons pas son avis, malgré l'exemple • « Le
suppliant estant seul soubz un arbre en la place, ou
Querroy de Saint-Ligier. . . (1416) — « Et a esté
enterré. . . sur le bord de la petite prée, auprès d'un
petit carroir. vis-à-vis le chemin qui conduit aux
Croisettes. (1696.) Im: Ardu, p. 282, col. 1, E, in.
— « Sépulture d'un enfant de 12 ans, dévoré par la
bête féroce à l'entrée des bois d'Aigrefoin, sur le
chemin qui conduit d'Angers à un petit carroir
(1697). Inv. Arch., E, m, p. 282, col. 1. — « On
quel temps les fouassiers de Lerne passoient le
grand carroy, menant dix ou douze charges de
fouaces à la ville. » (Rab., G., i, 2.5, 51.) — « Il y a
plusieurs places publiques : le Pilori, la Place-
Neuve et le quarroi de la Turcie. » (Descript. de la
ville d'Angers, par Barth. Roger, xvrP s. — A. h.,
I, 100, 24.) — « Comme ils s'en retournoient, le
médecin gaussa sa femme, et ainsi qu'ils furent en
un carroi, où il y a de grands arbres, il lui dit : . . . >■
(B. DE Verville, Moy. de parc, m, 2.) — Add. —
Au Lg. on pron. carroué, et l'on dit aussi : Carroui.
Carrosse, s. m. (Craon.) — Caisse en bois
dans laquelle les lessiveuses se mettent à
genoux pour ne pas se mouiller.
Carroui (Lg.), s. m. — V. Carroi.
Carroux (faire). — « On trinqua l'un à
l'autre, on fit carroux. (B. de Verv., M. de p.
I, 34.). Comme carroi, place publique où se
tiennent les marchés et où l'on boit pour
conclure les affaires.
Çartain (Mj., Fu., By.), adj. q. — Certain.
On dit : sur et çartain.
Çartainement que (Mj., By., Fu.). — Loc.
conj. Il est certain que.
Carte (Mj., Fu.), s. f. — Perdre la carte, p.
la tête, la tramontane, la boussole, devenir
fou, comme un navigateur qui ne s'y recon-
naît plus sur la carte. || Carte ou Quarte? —
Période ou série (Lue). Une carte de beau
temps. — Lat. Charta, papier.
Cartelette (Tr.), s. f. ^ Le plus petit modèle
d'ardoise marchande. — Devrait s'écrire :
Qunrielette, le quart d'un modèle plus grand.
Cartelle (Mj., Fu.), s. f. — Ne s'emploie
qu'au sing. — Les cotylédons d'une plante.
Il Sel. Une des joues triangulaires de l'avant
du bordage d'un bateau à lei^ée. — Quartelle?
Il Lg. — Une des moitiés de l'amande d'une
noix. Il Fu. — Morceau de fruit, d'amande,
d'orange. Syn. de Quartier, Cuisse, Quesse.
V. Jaub. à Carquille.
Carteron (Tlm.), s. m. — Baguette trans-
versale la plus éloignée du rouleau qui porte
les fils de chaîne et de part et d'autre de
laquelle ceux-ci passent alternativement par
paires (Lang. des tisserands.)
Çartificat (Mj-, Fu.), s. m. — Certificat.
Çartificat de bonne conduite, maladie d'... ava-
rié, ou accident consécutif.
Çartificr (Mj., Fu., By.), v. a. — Çariifier
comme par le quel, çariifier comme quoi —
N. C'est la formule consacrée, officielle, sté-
réotypée. — Ex. : Tu vas me donner un écrit
comme par lequel tu çartifies me devoir cent
écus.
Cartouffe, s. f. — Pomme de terre. Ex. :
Elle va quant é li, là loin, dans le champ aux
cartouffes. — Souvenir de l'invasion de 1815.
De l'ail. Kartoffel, plur. eln. (Ag.)
Çarveau, Çarvelle (Mj., Fu., By.). — Pour :
cerveau, cervelle. On dit : Estropié de çar-
velle, niais, imbécile.
Cas, s. m. Il Auv. — Importance. S'emploie
en ce sens dans la loc. : C'est guère de cas,
c'est peu de chose, c'est de peu d'importance.
Il Mj. Possibilité. S'emploie en ce sens dans les
locut. : Eter' en le cas, éter' pas en le cas, être
capable ou incapable. On dit même alors :
p'en le cas (Z. 142.) Il est p'en le cas de le
faire. || Lue. — C'est peu de cas, peu de chose.
Il Question. — De quoi est-y cas ? qu'allons-
nous faire? — Ce qui était cas, ce de quoi il
s'agissait. — V. Penlecas, Pas-cas. i|(Mj.) Trou
placé à la partie latérale et inférieure d'une
panne, pour faire écouler le lessif. Syn. de
Bouclet, Bourdouneau. Dans ce dernier sens,
c'est le vx. fr. Cas, qui désignait les organes
génitaux urinaires, surtout chez la femme.
V. Brantôme, Vies des Dames Galantes, dise.
II, p. 179. Il Xe pas faire cas de soi, ne plus
s'occuper de sa personne ni de ses affaires, en
parlant d'un malade que le mal affaisse.
Casaque (Mj.), s. f. — A très long. Tourner
casaque, tourner les talons, s'enfuir, détaler,
déguerpir. On voit que cette expression n'a
pas toul à fait le même sens qu'en fr. || By. —
A bref.
Et. ^ B. L. Casula, signifie à la fois petite case
et vêtement. L'idée d'abri, de protection, relie les
deux acceptions. (Schel.)
Casarnc (Mj., Fu., By.), s. f. — Caserne.
Casarner (Mj.), v. a. — Caserner. |! Ren-
fermer, isoler. Ex. : Il s'est casarné chez lui,
on ne le voit plus. || Mj., v. réf., même sens.
Syn. de se Casemater, se calfeutrer.
Casavet' (Mj.), s. m. — Petit casaquin.
Il By. Casavet". || Sal. — Id. — Sorte de taille
dont les plis tombent sur les hanches et par-
dessus laquelle on lie le devanteau.
Et. — Ce mot est probablement pour Casaquet,
dimin. du fr. Casaque. Il est à noter que la langue
russe nous l'a emprunté, en y adjoignant la terrain,
ka. Casaquin, en russe, c'est Katsaveika.
Casemater (se) (Mj.), v. réf. — Rentrer à la
maison, s'y renfermer. Syn. de se Casarner.
Casennes (Chm.), s. f. pi. — Nattes, tresses
faites à la queue des chevaux, cadènes, cade-
nettes, catenée. Syn. et d. de Gazenne. \\ By.
— Gazennes, et Gazenner, mettre en gazennes.
Et. — Cadenette, même sens. « Honoré d'AIbret^
GASQUER — CASSER
169
seigneur de Cadenet (sous Louis XIII), très recom-
mandé par cette tresse de cheveux, dite alors
moustache, lui donna son nom. » (Littré.) — J'y
aurais vu, moi, le lat. Catena, chaîne, — tresse.
Casqiier (Mj., Fu.), v. a. — Payer, finan-
cer, verser de l'argent, s'exécuter. Cf. Angl.
Cash, argent comptant.
Et. — Delvau demande si ce mot rappelle le
casque de Bélisaire !
Casquette, s. f. (Sp.). — Eter' casquette,
avoir la tête un peu fêlée, être légèrement
pris de boisson.
Et. — De casque. S'en donner dans le casque,
c.-à-d. dans la tête. — Cf. Avoir son plumet. —
M. le marquis de V... me rappelait qu'un plai-
sant avait proposé, pour l'étymol. de casque :
ca(pitis)s(alus)qu(otidiana). C'est bien joli !
Casse 1 (Mj., Fu.). — Vase de terre plat, de
forme rectangulaire, pour faire cuire au four
gigots, volailles, gibier ou fruits. || Lg. Casse,
câssiau, câssereau, avec â long, s. m. Frag-
ment de poterie brisée. Syn. de Têgot.
Et. Hist. — B. L. Gaza, cazia, cazeola, catiola, de
l'aha. chezi ; ail. mod. Kessel, chaudron. (Litt.) —
Le provenç. cassa suppose * cattia, même rac. que
catinum, plat. (Cf. CasseroUe.) (Darm.) — « Caisse,
coffre ; puis, sorte de caisse, comme une poêle ou
poêlon, et l'on a nommé casse une sorte de poêlon à
longue queue servant à puiser l'eau dans l'Anjou ;
lèche-frite. Cf. Godet. (L. C.) — P.-ê. contraction
de coquasse, cocasse, ustensile de cuisine. Le pre-
mier sens est : coquille ; on a dit : « cocasses de
limas. » (Rémy Belleau.) — Au sens de vase,
Rab. a dit : « Les paëlles, paëllons, chauldrons,
coquasses, liche-frittes. » Peut-être cet ustensile
avait-il la forme d'une coquille... » (L. C.) —
« Casse, vase plat pour recevoir le jus des viandes
qu'on fait rôtir, lèchefrite. » — Trou plein d'eau
sale ou de vase. — La casse à fian est le trou du
fumier. Dans le dernier sens on dit aussi cassouil. . .
En lat. cassus, creux, vide ; cassa nux, noix vide.
(Plaute.). . .
« Olles, cnauderons, casses de cuivre.
(Texte du xv« s. D. C. — Citât, de Guill.)
— tt Agamemnon étoit liche-casse. » (Rab., P.)
— « En ceste isle seule naissent ces belles poires. ..
Si on les cuisoit en casserons par quartiers, avec un
peu de vin, ce seroit viande très salubre. » (Rab.,
P., IV, 54, 450.) — « Item, unam cassam cupri cum
pedibus. » (D. C. 1379.)
Casse ^ (Fu., By., Lrm., S^ P., Chm., etc.)
(a très bref), s. f. — Boue, saleté, ordure.
Petite flaque d'eau. Ex. : Il a tombé le cul
dans la casse.
Et. — L'eau d'une mare est contenue dans une
sorte de creux, d'encaissement. — Ce sens se
confond avec celui de Casse '. — Et ce mot, dont le
sens implique celui d'humidité, a aussi celui de
sécheresse. LTne terre casse. (Jaubert.) — Alors il
est à rapprocher de la rac. celtiq. Cac (Malvezin),
presser, fouler. Dans : casse, durci, en parlant du
bord d'un pain qui a été serré au four par un autre
pain ; et, en parlant d'une terre piétinée, foulée,
mot du Centre et de l'Ouest... Cf. Cas.ser et
Acasser : « On ne doit pas marcher sur une terre
semée, on doit éviter de l'acasser. »
Add. — C'est un dos mots les plus usuels, surtout
dans le Choletais. Il est presque inconnu à Mj.
Cassé (Sa.), part. pas. — Déchiré.
Casse-boutons (Sp.), s. m. — Bouvreuil.
Syn. de Parse-à-grous-bec, Pinson boutonnier.
Boutounier.
Et. — Cet oiseau casse les boutons des arbres
fruitiers, surtout des pruniers.
Boutounier.
Casse-col. s. m. — S' Jean. — Chéri vul-
garis, végétant sur les rochers, les vieux
murs. Pour la prendre on peut se casser le
cou. (Je cite Ménière.)
Casse-cou (Mj.), s. m. — Jeu de colin-
maillard. Il Persoir à casse-cou, ancien sys-
tème de pressoirs à levier, dont la manœuvre
était fort dangereuse. V. Coucher, Jumelles,
Mariée.
N. — Le jeu est ainsi appelé parce qu'on crie :
Casse-cou à celui qui a les yeux bandés, lorsqu'il
s'avance vers un endroit dangereux. S'il saisit un
des joueurs, il crie aussi : Casse-cou. On lui répond :
Sus qui? — A lui de trouver. — Syn. Oueille-
bandée. Alouette bandée, Mapou, Casse-croûte,
Chapifou, La pou.
Casse-croûte (Lg.), s. m. — Colin-maillard.
V. Casse-cou, pour l'explic. et les synon.
Ajouter : Cousin-maillard.
Cassée ', (Mj.). s. f. — Ce que peut contenir
une casse. Une cassée de pommes cuites (Mgs,
Fu.)
Cassée '. — La terre est cassée quand,
après une forte pluie, elle est croûtée par la
sécheresse. V. Casse ^
Casse-gueule (Lg.), s. m. — Travail dan-
gereux.
Casse-pierre (Mj.), s. m. — Iris, plante. V.
Flambe.
Et. Hist. — Cette plante se plaît et prospère
dans les endroits pierreux.
Casser (Mj., Lg., By.), v. a. — Casser la
croûte, manger, prendre son repas. || Casser
le verre de sa montre, tomber sur le derrière.
Il En casser, abattre de la besogne. Ex. : 11
n'en casse guère. || Casser un écu sur un
marché, le diminuer. || Casser, faire la
monnaie. J'ai cassé une pièce de cent sous
(Fu.) Il Je t'en casse ! exclamation qui
marque l'incrédulité. || Casser le cou à une
bouteille, la boire gaillardement. Cette locut.
provient sans doute de ce que, le tire-bouchon
manquant, on fait sauter le goulot en le
frappant d'un coup sec, de bas en haut, avec
un corps dur. || Lue. « C'est ainsi qu'il y a des
gens qui croient qu'on n'a pas le droit de
casser le blé (2« partie, note de la page 74.)
V. F. Lore, ii. i| Un enfant casse son pan-
talon, il le déchire. || On dit : la cassure de
Juigné, pour désigner un endroit sous les
fondations d'un ancien pont qu'on attribue
aux Romains, sur les bords de la Loire.
(MÉN.) Il Mj. Casser sa pipe, mourir. Syn. de
Tourner de l'oeil. Avaler sa langue. || Lg.
Casser les bûchettes, se trouver en tiers dans
la compagnie de deux amoureux. N. En cette
gênante occurrence, on n'a guère d'autre res-
source, pour dissimuler son embarras, que de
170
CASSIF — CASTROLE
briser en menus morceaux des brindilles de
bois qui n'en peuvent mais. || Lg. Casser les
pots. V. Pot.
Hist. — Au sens de : manger. « Casser une croûte,
parce que ce verbe signifie : briser, et qu'en man-
geant on brise les morceaux avec les dents. « Oui-
dà, dit-il, messieurs, je le ferai, mais que (dès que)
j'aye disné, et cassait toujours. » (Des Perriers,
Conte, 105. — L. C.) — By. — Mais que, — dès que.
Très usité.
Cassif, ive (Mj.), adj. q. — Boueux, maré-
cageux. Casse K Ex. : Eine terre cassive, trop
humide. Syn. de Cassoux.
Et. — Dér. de Casse i, qui ne s'emploie pas à Mj.,
mais qui est d'usage courant à Sp.
Cassiier (Mj.), s. m. — Arbuste qui produit
le cassis.
Cassine (Mj., Fu.), s. f. — Petite maison,
cahute. Xe se dit qu'en mauvaise part et
ironiquement. Syn. de Cambuse, Turne.
Et. Hist. — ■ B. L. Cassina, de cassa, pour :
casa. L'ital. a Casino.
« Or, voilà le trésor de ma pauvre cassine. »
(R. Belleau, Bergeries.'
— « Et ces braves palais, dont le temps s'est fait
(maistre,
Cassines de pasteurs ont été quelquefois.
J. DU Bellay, Antiq. de Rome, p. 244.
— « Par les colombiers de leurs cassines. » (Rab.,
P., IV, 3, 361.) — « Et là trouvai les plus beaux
lieux du monde, belles galeries. . . et une infinité de
cassines à la mode italique. » (Rab.)
Cassis ' (Mj., Tlm., Lg.), s. m. — Caniveau,
petit canal pavé pour Técoulement des eaux.
— Terme de Ponts-et-Ghaussées.
Et. — Dér. du fr. Casser, parce que le profil trans-
versal a la forme d'une ligne brisée, d'un V très
ouvert. — Darm. l'explique par : petit ruisseau
empierré... De : casser, proprement, ruisseau de
pierres cassées. Cf. Cailloutis, de Caillouter. |! Je lis
dans le journal Le Temps, mercredi 19 septembre
1906, Causeries scientifiques, de Max de Nan-
souTY, 4« colonne : Ce nom vient « des départe-
ments des Bouches-du-Rhône et du Var, où on en
fit tout d'abord avec des pierres dures dites « pierres
de Cassis », du nom de la localité où on les exploite. »
Cassis ' (Mj.), s. m. pi. — Débris de chaux
cassée, détachée à coups de marteau de la
surface des cruaux. Ce sont des femmes qui
font ce travail dans la gueule des fourneaux,
moyennant trois sous par hectolitre de
cassis. Elles peuvent gagner 1 fr. 50 par jour.
Cassis •■> (By.), s. m. — Chose brisée.
Casson (Lue). — Morceau de sucre. On dit
aussi : pierre de sucre, et les Angevins sont
fortement raillés d'employer cette expression.
Il Débris de poterie, tesson.
Et. Hist. — « Pain informe de sucre fin, sucre en
cassons, pour : caissons : du caisson où on ie met.
(LiTT.) D'où Cassonnade. — Cependant, le sens
semblerait se rapporter à casser, comme l'explique
Darm. : Sucre brut brisé grossièrement. — Motte :
« Le suppliant getta un casson de terre ou pierre à
icellui Micheu. » (L. C.)
Cassoux (Lg., Tlm., Fu., Mg., Lrm.), adj. q,
— Boueux, bourbeux. Syn. de Cassif.
Et. — De Casse -. — Chemin où il y a des casses
d'eau, trous où l'eau séjourne. Vx fr. Cassard.
« Des poissons. . . qui se sont engendrés dedans cer-
tains cassards ou réceptacles d'eau. « (B. Palissy,
Disc, admir., p. 337. — Cité par GtriLL.)
Cassure, s. f. — Rupture d'une levée. Syn.
de Rompure.
Hist. — « En ceste année 1.595 a esté reprinse la
cassure d'entre les Ponts-de-Cé et le bourg de
Juigné : et estoit icelle cassure telle et sy grande
que beaucoup du fleuve et rivière de Loyre tom-
boit et descendoit dans le Loiret ou Louet. . . »
{Inv. Arck., t. II, E, S, 282, 1.) — 1636, 8 sep-
tembre, ^'épulture de Clément Delaunay, « qui
estoit tombé dans l'eau à la casseure de Juigné »j
{Id. — ibid., 262, 1.)
Castapia (Mj.), s. f. — Blénorrhée, syphilis.
Castaut, ou-faud (Mj., Ag., Fu.), s. m. —
Un rustre, un péteux ; paysan. Syn. de
Dâbre, Chasse-pie, Cope-choux, Vire-bouse,
Pic, Pampre, Pitois.
N. — C'est le nom que, par dérision, les mari-
niers donnent aux paysans qui, en revanche, les
appellent : mariniasses, traîne-bâtons, péteux, selon
le grade. « Donne-m'en, je t'en donnerai. »
Caste, s. f. (Chg.). — Pour : Casse, d'eau.
Castille (Mj., Fu., By.), s. f. — Fruit du
groseillier à grappes. V. Guermoiselle. Le
mot : groseille est réservé au fruit du gr. à
maquereau, jj Lue, id, et aussi : dispute.
Et. — Incert. — Le Breton a Castilez, même
sens. Le Goxidec pense qu'il nous vient de son
pays d'origine, la Castille.
CastUlier (casquilié) (Mj., Fu., By.), s. m.
— Groseiller à grappes. V. Castille.
Castiner (se) (Mj.), v. réf. — S'agglomérer,
s'agglutiner.
Et. — Paraît venir de Castine, fondant pierreux,
pierre calcaire que Ton mélange au minerai de fer
pour en faciliter la fusion. Ail. Kalkstein. pierre à
chaux. (LiTT.) — Hist. : « Les fourneaux y sont
pour fondre la mine de fer avec l'aide d'une matière
appelée Castine, qui est : terre pierre. (Guy
Coquille. — Jaub. ) — Bernard Palissy emploie :
castille, en ce sens.
Castonade (Mj., Lg., Fu., By.), s. f. —
Cassonade. V. Casson. Comme on dit : caste-
roUe.
N. — « Le grand usage est pour castonnade, et
non pour cassonnade, qui est pourtant le véritable
mot. Je dirois donc castonnade, mais sans blâmer
cassonnade. > (Ménage. Observ. sur la lang. fr.)
Castounade (Sp., Lg.), s. f. — Doublet de
Casiouiiade.
Castreau (Mj.), s. m. — Sorte de boîte où
vient s'encastrer le pied du mât d'un bateau.]
Et. — Probablement pour Cassereau, dimin. I
rég. de Casse '. Cf. le v. Encastrer, qui a supplanté]
le vx fr. Enchastrer, Enchâtrer. — P.-ê. du rad. ,
germ., aha, chasto, am. kasten, caisse ; chaton ;
d'une bague.
Castrer (Mj., Sa., Fu.), v. a. — Châtrer,
Mot de la langue des mégeilleurs.
Et. — Doubl. de Châtrer : lat. Castrare, Castus.
Casfrole (Z. 149, Fu., By., Mj.), s. f. -^
CASUEL — CAUSE
171
Casserole. De casse ^ N. Le russe nous a
emprunté ce mot fr. sous cette forme : Kas-
trioulia. || Fig, Chapeau de femme. Se dit
ironiquement. || By. — Id. — V. Lucarne.
Hist. :
« Saumon, turbot, brochet, alose, truite et sole,
« Soient frits au courbouillon, en ragoût, en
castrole. »
(QuiNAULT, U Amant indiscret, t. II. — MÉN.)
Câsuel, le (Li., Fu., By., Mj.), adj. q. —
Fragile, qui peut être cassé. « C'est solide, ça
n'est pas câsuel. — Pat. norm. Susceptible,
de santé délicate : Câsouel.
Et. — Mauvaise prononc. et erreur de format.
Confusion avec Câsuel, qui dépend des cas ; droits
casuels, fortuits, le revenu câsuel opposé au droit
fixe.
Catacois (Mj.), s. m. — Catogan, queue de
cheveux, comme les hommes en portaient à
la fin du siècle dernier ; cadenette.
Catachrèse, s. f. (Segr.). — Terme d'injure.
« Oh ! la vieille catachrèse ! »
Et. — Figure de rhétorique prise dans le sens
d'injure, à cause de l'aspect sauvage du nom.
Cataplame,-ou-plâme, ou-plasse (Mj., By.),
s. m. — Pour Cataplasme. Syn. de Pâteau.
Et. — Formé régulièrement par la chute de l's et
l'allongement de la voyelle précédente. Cf. Caté-
chîme.
Hist. — « Lors y faudrait appliquer et catapla-
mer l'onguent. » (Fouilloux. — L. C.) De deux
mots grecs : appliquer sur.
Cateau (Mj.), s. f. — Syn. de Catuche. V
Cathau.
Et. — Fille de ferme ou d'auberge, malpropre, et
souvent de mauvaise vie ; dimin. de Catherine, —
devrait s'écrire Cathau. — Hist. :
« Notre cathau toute de cœur
Nous suit et 'porte avec bonheur
Ces fruits, du lait, un peu de fleurs. »
(Grande Biblioth. de Noëls angev., p. 91.)
Catéchîme (Mj., Lg., Ti., Fu., By., Jum.),
s. m. — Catéchisme. Syn. de Caterchisse. Cf.
Cataplâme. || Lg. Les catéchimes, les caté-
chistes, les enfants du catéchisme. Syn. de
Catéchisse, Caterchisse.
Catéchisse (Mj.), s. m. — Catéchisme. Syn.
de Catéchime, Caterchisse.
Cateprome (Lg.). — Interj. L'enfant s'en
sert au jeu pour signifier qu'il entend jouer
le premier. Cf. Catesègue, Cadavant, Codergne.
Et. — Prome, premier.
Caterchisse (Sp.), s. m. — Catéchisme. V.
Catéchime. Syn. de Catéchisse.
Catesègue ! (Lg.). Interj. — L'enfant s'en
sert au jeu pour signifier qu'il entend jouer le
second. Cf. Cateprome, Cadavant, Codergne.
Et. — Sègue, second.
Catliarreuse (Do.). — Fille catharreuse,
disposée à la débauche (Mén.)
Et. — Je ne vois pas le rapport et il faudrait
catarrhouse.
Cathau.
V. Cateau
Catholique (Mj., Fu.), adj. q. — Conve-
nable, honnête, loyal. Syn. de Fiscal, Fidèle,
Solvable. Ex. : « Ça n'est pas catholique, ce
que vous faites-là. » En dehors de toute idée
religieuse.
Catifaillons (en) (By.) Loc. adv. — En
catimini, sans faire de bruit. V. F. Lore.
Veillée du Teillage, V. F. Lore, I, et chut-chut.
Câtillier (Mj.), s. m. — Lieu, endroit,
parage, région. Ex. : Ein sale câtillier. \\
S'emploie mieux au plur. comme nom col-
lectif désignant la campagne en général. Ex. :
Courre par les câtilliers, battre la campagne.
Il Sal. Broussailles. Petits objets en désordre.
Catin (Mj., Lg.), s. f. — A peu près inusité
dans le sens de : femme de mauvaise vie. V.
Cateau, Catuche, Peau, Pupute. (Fu., By.) ||
Poupée d'enfant. Ex. : Que t'as eine belle
catin, ma petite fille ! || Linge qu'on entor-
tille autour d'un doigt malade. Syn. de Deyot.
Et. — Abrév. de Catherine, « un mot charmant
qui est devenu souvent une injure — dans l'argot
du peuple qui a bien le droit de s'en servir après
Voltaire, Diderot et M'^^ de Sévigné elle-même. —
N. Dans le pat. normand, Catin est une forme
hypocoristique de Catherine, sans nuance dépré-
ciative.
Catine (Mj.), Prononcez Caquine. — V.
Observations à la lettre t, et Caquine.
N. — Nique, dans Jaub., a le même sens. Il le
tire de Ctenes, — um, dents de devant. Catine en
viendrait: (R. O.) — J'en doute. (A. V.
Catiner (By.), v. n. — S'amuser à la catin,
au sens de poupée ; faire des poupées avec des
guenilles.
Catuche (Mj.), s. f. — V. Catin ; prostituée.
Syn. de Cateau, Diane, Poufiasse, Pupute.
Causant, e (Li., Br., Fu., Mj.), adj. q. —
Bavard. Ex. : Aile est ben causante, elle parle
volontiers à tout le monde.
Et. — Lat. Causari, faire un procès, d'où :
disputer, reprocher, et simplement causer. — Se
trouve dans M™" de Sévigné.
Cause (Mj.), s. m. et f. — Action de causer,
causerie, conversation. Ex. : Je ne sais pas ce
que illy avait, mais ils étaient d'ein cause
tous deux ! || Eter d'ein grand cause, aimer à
causer. || s. f. Cause, occasion, origine.
(Lisière du Maine, By.) On dit : J'en suis-t-y
cause, moue? Prononcez : ca-ause. || (Fu., etc.)
A cause que, loc. conj. parce que. On l'em-
ploie aussi interrogativement dans le sens de
Pourquoi? Ex. : A cause que tu ne veux pas
illy venir? || A cause ? Loc. adv. interr. « Tu
ne veux pas illy venir ! A cause ? Ellipse pour :
à cause de quoi? — Et alors on répond qqf.
A cause de pasque, c.-à-d. : à cause de parce
que, sans s'expliquer plus clairement. La
réponse complète serait, p. ex. : parce que je
ne peux pas. || By. — On dit : A caôse dé kaé?
— Ben, à caôse dé pass' que. Ou : dé que
(nord et ouest de l'Anjou.)
Hist. — Il montoit dessus un autre cheval, pour
172
CAUSER — CÉMETIËRE
espargner Bucephal, à cause qu'il estoit desjà un
peu vieil. » (Amyot, Vie d' Alex. -le-Gr.)
Causer (câouser), v. n. — Parler. Ex. : I
câouse ben, les paroles lui tombent du bec
com. les crottes du cul d'une bique. || (Mj.)
Emettre des paroles. Ex. : Mon queneau com-
mence à causer. « — « Le bonhomme est en
enfance, il cause tout par li (tout seul). » ||
Causer à, parler à. Ex. : Je vas illi causer ; —
a m'a causé. \\ Causer de, parler de. Ex. : J'y
ai causé de ça ; je vas illi en causer deux mots.
N. A Mj., au Lg., Tlm., Sp., Sa., on prononce :
côser. Il A By., on prononce : J'ai affaire à y-i
caôser.
Cavaler (Lg.), v. a. et n. — Couvrir,
grimper sur le dos des autres animaux. Se dit
de certains bœufs (V. Chevalard). des vaches
en chaleur. Syn. de Chevaler, Chaucher. \\ Mj.,
By. — V. réf. Se cavaler, s'en aller, escamper.
Argot. Syn. de a'Esbigner.
Cave (Tlm., Lg.), s. f. — Local où travaille
un tisserand. || Fu. — Caves, ou trous,
endroits profonds de la rivière, au pied de
rochers à pic. Cf. Goure. Se dit dans toutes les
communes riveraines de l'Evre.
N. — Autrefois, en effet, les tisserands travail-
laient toujours dans des locaux à demi-souterrains ;
aujourd'hui, ils travaillent tous dans des ateliers de
rez-de-chaussée, de plain-pied avec le sol ,ou même
un peu surélevés. Ces ateliers sont secs et bien
éclairés et l'hygiène de la profession est aussi
bonne que celle de toute autre. Je veux noter seu-
lement qu'en ce pays, où le vin est rare, le sens
propre du mot cave est celui que j'indique. — Lat.
Cava, creux. Cf. Concave.
Cavée (Mj.), s. f. — Le contenu d'une cave.
Ex. : Il a eine belle caçée de vin.
Cavereau (Mj., Fu., By.), s. m. — Caveau.
Et. et Hist. — Dimin. du fr. Cave. Cette forme
est régulière, car l'épenthèse de la syll. er avant la
termin. diminut. eau est fréquente en français.
— « Armoise de Lautrec recluse
Là gist dans cy cavearot cluse. » L. C.
— n Pour donner jour au cavereau ou revestière de
l'église. » (XVI'' s. — Inv. Arch., U, I, p. 4, col. 2.) —
« On a mis son corps dans un petit cavereau devant
la porte du Chapitre. » 1684. — Id, S, H, 4, 2.)
Cavier (Mj.), adj. q. — S'emploie dans :
Moulin cavier, genre de moulin à vent dont la
masse, conique et presque pleine, livre seule-
ment passage à l'arbre vertical. Les meules
et tout le mécanisme sont dans une chambre,
au ras du sol.
Ça-y-est-y? — Est-ce convenu? (Fu., By.)
Ce. Pr. dém. — Syn. de Quiou, Quieu. \\ Au
Lg. on l'emploie toujours et très logiquement
devant le relatif : que, dans la loc. Ne savoir
ce que faire, ce que dire.
Ce (Mj.), s. m. — Cep, souche de vigne. ||
Fu. Id. V. Cep.
Céeilien (Ag.), s. m. — Membre de la
société musicale : la Sainte-Cécile.
Hist. — M. de Romain, cédant aux instances
des Céciliens, accepta la présidence d'honneur
en 1888. (Le Petit Courrier, 16 juill., 1907, 2, 5.)
Ceguë (c'guë) (Mj.), s. f. — Ciguë. Cegue
(xiiie siècle) ; segue. H By. — De la z'guë, ou
de l'ez'guë.
Ceinturer, v. a. (Mj., By.). — Entourer
d'une ceinture, ceindre, sangler.
Célébrai (Mj., By.), adj. q. — Cérébral.
Ex. : Aile est morte d'eine fièvre célébrale. —
Cf. Retière, Rabourer.
Céleément, adv. — Sans être vu. Syn. de
Cachémejit.
Hist. — « Lors le sénéchal du contr' de Hay-
nault. . . s'en vint droit à Mothays. . . et de nuit y
arriva si céleément qu'il ne fut apperçu d'aucun qui
le congneut. » (J. de Bourd., Hist. aggr.. ii, 52.)
De : celer?
Celer (Sp.), v. réf. — Se taire, tenir sa
langue, garder ses secrets. Ex. : Il n'est pas
capable de se celer : faut ne illi dire que ce
qu'on veut pardre. » || v. n. Sp., Lg. — Etre
étanche, ne pas fuir. Ex. : Mon quart à bolfe
ne cèle point.
Celle (By.), s. f. — Machine à roulettes,
espèce de cage dans laquelle on place un
jeune enfant qui ne marche pas encore seul,
et avec le secours de laquelle il peut s'exercer
à former ses premiers pas. De : cella, petit
logement. — Origine de plusieurs noms de
lieux. (Jaub.). — On devrait écrire : selle. A
Mj. Charte.
Hist. — « Mais il chut, en chéant sur elle
De deux celles le cul à terre. »
Eust. Desch., Poésies. (L. C.)
Cellt-fin (à) (Mj., By.), dans l'intention de.
Hist. — « n s'en vint à lui tout joyeulx,
A celle fin de le tromper,
En disant : Mon voisin, je veulx
Vous donner annuyt à souper. »
Villon, La Repue de Pelletier.
Et non : à seule fin. Il By. Les deux se disent.
Cellérerie, s. f. — Lieu ménagé pour con-
tenir le vin, les provisions.
Et. — De cellier, cellarium. — Hist. ; « Le petit
corps de logis appelé la Cellérerie, qui est séparé du
grand corps de logis, convient à loger le curé et ses
vicaires. » (Lettre de M. F.-L. Ferré, curé de
Saint-Serge, au préfet de Maine-et-Loire. — An/.
Hist., 5» an., n" 6, mai 1905, p. 617.)
Cellesé-Ià (Mj.), pr. dém. f. plur. — Celles-
là. Syn. de Quellé-là. — A vieilli.
Celui (Mj.). — On dit souvent : Tout celui
qui, pour : tous ceux qui, quiconque.
Cénietière (Mj.), s. m. — Cimetière. Syn.
de Çoumitière. On pron. cemekière. || By.
Çom'tière, Çom'quière.
Et. Hist. — Lat. caemeterium, lieu de repos, où
l'on dort. — « Et fayre fermer le cemetiere, pour
empescher que les bestes ni antre. « (1601.) Inv.
Arch., E, III, p. 245, col. 1. — « Bénédiction d'un
nouveau semptièrc. « (1745.) — Id., S, s, E, 192, 1. ||
Boutique d'un libraire : « Le Semetierre des vivants
et des morts. » (Saumaize, Dict. des Précieuses,
p. 43.
« Veau mal cuict et poules creuds
Font cemetierres bossus. »
(CoTGR. — Dictionn. — MoiSY.)
CENDRAILLOUX — GERNÉIER
173
Cendrâillouv, se (Lg.), adj. quai. — Se dit
d'un terrain trop léger, formé de débris de
granit, pauvre en argile, et qui a la consis-
tance de la cendre. Syn. de Pouvrâilloux. Cf.
Peule.
Cendroux (Lg.), adj. q. — Cendreux. Cf.
Morvou.r, etc.
Cenellé (Mj.), adj. q. — Dont les grains sont
restés petits et durs, en parlant du raisin qui
a souffert de la sécheresse.
Et. — Du fr. Cenelle, fruit de l'aubépine, le
même que Senelle. Trois explicat. : 1° contract. de
Coccinella (cf. Cochenille), forme dérivée du lat.
coccum, kermès, fruit ainsi nommé à cause de sa
couleur rouge (Litt.) ; !» p.-ê. d'une forme altérée
du lat. popul. * cinella, pour * acinella, dimin. de
acinum, baie ; 3° orig. tudesque : sleha, prunelle.
Hist. — Et cherchoyent par ces buissons
Boutons et meures, et prunelles,
Framboizes, frèzes et cenelles.
Rom. de la Rose.
Cener, v. a. — Briser, déchirer ; châtrer.
Il faut écrire Sener.
Hist. — « Il faut que tout de moi tenez
Qu'ils ne sont chastrés ne senez. »
Cl. Marot, 2« dial. d'Erasme.
Cénéralre (Mj.), s. m. — Cinéraire, plante
d'ornement.
Censé (Mj., Fu., By.), adv. — Censément,
presque, quasi. Ex. : Il est censé aussi grand
que son frère.
Censément (Mj., By.), adv. — Presque,
quasi, à peu près. Ex. : C'est censément la
mèmechouse. — « S'adjoint aux comparaisons
pour les appuyer, quand elles sont énoncées,
ou pour les indiquer, quand elles sont sous-
entendues : « Cet homme est venu censément
comme s'il voulait travailler » — ou bien: « Il
est venu travailler censément ». c.-à-d. en
apparence. (Jatjb.)
Centime (Mj., By.), s. f. — Ex. : Je ne veux
! pas mettre eine centime de pus. — Je ne vous
i en mens pas d'eme centime. Syn. de Miette.
11 Fu. — Eine centime pourrie, qui n'a aucune
valeur. Ça ne vaut pas eine centime pourrie.
Il By. — Eine centime, c'est pas grand'chouse,
mais c'est tout de même de la bonne argent.
Et. — Centesimus, centième, La terminaison a
conduit à le faire féminin.
ICentine ^ — Le même que Centime.
Centine '\ s. f. — Espèce de petit bateau
ou nacelle sur la Loire. — Peut-être Sentine.
Cf. Sentineau.
Hist. — « Hz pescherent environ cinquante
enguilles, qu'ilz mirent dedans une centine, qui
estoit estachée audit chalan et icelle emmenèrent
jusques aux fuennes (?) près de la porte de la fou-
1 lerie dudit Bloys. (1409.) Var. Sentaine, Sentine,
j Sentene (d. c.)
1 Cep (cèpe) (Mj., Sal.), s. m. — Tas de raisin
j soumis à l'action du pressoir. V. Ce. || Fu. Id.
I V. Boite. La matière dont est formée le cèpe
j est le râpier. Se dit aussi des débris de pommes
qui ont fait le cidre. On indique dans ce cas :
Du râpier de poumes.
N. — On mystifie souvent les gens simples et cré-
dules en les envoyant chercher en hâte la vrille à
percer le cep, ou la corde à tourner, à virer le vent.
Ce sont là des attrape-nigauds classiques à la cam-
pagne.
Cépée, s. f. — Haie, palissade, clôture,
cloison.
Céquére î (Mj.), interj. C'est que.. ! Ex. :
Céquére je ne sais pas ! Cf. Pacequére, Pis-
quére. \\ Fu. — Céqueu, c'est que, dame !
« Ah ! dame ! céqueu va faWer s'en r'veni(r),
oul-é temps ! »
Cequeyer, v. a. — Secouer (Secouiller).
V. Séqueiller. Lg.
N. — J'ai entendu ce vocable à l'Ile de la Réu-
nion :
« Sacouiez pas si fort, Madeleine,
La case a l'é pas nous. . . etc. »
(La case n'est pas à nous.) Chanson créole.
Cercher, v. a. — Chercher.
Hist. — « Nature a disposé toutes choses, et
leur a donné le premier mouvement, à la fin
qu'elles doivent cercher. » (Sagesse de Charron,
II, 251.
Et. — Du lat. circare, faire le tour de. Au sens
littéral de son radical, il se rencontre en ancien dia-
lecte normand :
— (Les mers) cerchent le monde et ceignent.
(BÉN. — Chron. des Ducs de Norm. — MoiSY.)
Cériment (Craon), adv. — Vite, en se
dépêchant. V, Sériment.
Cérimonie (Mj., By.), s. f. — Cérémonie.
Et. — Le lat. a les deux formes : caeremonia et
cœrimonia. — On trouve Cérimonie au xni« s.
(Darm.) — Hist. : « Au moyen de quoy allans
devers Alexandre, après qu'il eut achevé ses
cérimonies . . . » (Amyot, Vie d' Alex.-le-Gr.) —
« Par coscinomantie, jadis tant religieusement
observée entre les cérimonies des Romains. »
(Rab., p., ni, 2.5, 271.) — « Pour donnez à entendre
à MM. de Sainte-Croix dud. Montsoreau les séri-
monyes et manyères de ferre le service divin. »
(Inv. Arch.. G, il, p. 205. col. 1.)
« Si je monte au palais je n'i trouve qu'orgueil,
Que vice déguisé, qu'une cérimonie.
Qu'un bruit de tabourins. . .
J. DU Bellay, Les Regrets, p. 224.
Cerises, s. f — « Une personne ayant la
figure marquée de variole, on dit ironique-
ment qu'elle a couché sur des noyaux de
cerises (Segr. — Mén.)
Cerises-ailleures, c.-à-d. précoces. V. ^iiZZeMr.
A bref.
Cerne (Lg.), s. m. — Cercle. || Cerne d'eau,
halo lumineux. Syn. de Roue de charte. Œil de
bœuf. — Du fr. Cerner. V. Cerneau.
Cerneau (Lg.), s. m. — Halo. Syn. de Roue-
de-Chârte, Œil de bœuf. V. Cerne.
Cernéier (Va.), v. a. — Cerner, entourer,
enclore. || By. Cernéier, -eyer, -oyer. — Cher-
cher à, prendre des soins pour. Comme :
tournoyer. V. Révoyer.
Et. — Dér. de Cerner. Pour le suff. Cf. Rondéier,
Gauléier, Eclaréier, etc. — Par le lat., d'un mot
grec qui signifie compas. — Hist. : « En ce tens fist
174
CERNE-ONGLE — CHABOSSEAU
li rois Chilperic establir à Paris et à Soissons une
manière de geus, qui sont appelés Cirques... si
vaut autant comme Cernes, qui est fait à la roonde,
dedens lequel li chival courent sans issir hors des
bonnes qui y sont mises. » (D. C.) — « Et voyant
que tous estoyent dedans le cerne de chordes, sou-
dain crya : Vyre, Vyre. » (Rab., P., ii, 25.)
Cerne-ongle (Lg.), s. m. — Sorte de panaris
superficiel à la base d'un ongle. Syn. de
Tourne-ongle, Tourneux, V irouneau.
Cerner (Lg.), v. n. — Tourner. Ex. : J'ons
cerné à la virée de l'Elinière, des Quatre-
Chemins. C'est le mot fr. dans un sens spécial.
Cerniâ (Lg.), s. m. — V. Cerneau.
Cernouille (Tlm.,) s. f. — Sorte de gra-
minée à tiges grêles et rampantes. Syn. et D.
du Mj., Çarnure, Çarnue, Cernoux, Cernure,
Ténue, Éternue. C'est l'agrostis blanche.
Cernouse (Lg.). — Le même q. Cernouille.
Cérugien, s. m. — Chirurgien. Sururgien,
à Segré (Mén.)
N. — Ane. formes : Sérurgien, Surgien. — Cf.
angl. Surgeon.
Ces (Mj., Pm.), interj. dont se servent les
bouviers pour faire reculer leurs bœufs. Ex. :
Holà ! ces, mes bœufs ! Syn. de Ceusse (Du
lat. Cessare?) N. Oche-holà ! sert plutôt à les
arrêter.
Cèse-là (Mj., Fu.), pr. dém. — Ceux-là.
Syn. de Ceuse-là, Quellé-là, Cellesé-là.
Cesse (By.), s. f. — Ecope, pelle à jeter
l'eau. — C'est plutôt Saisse, fr. Sasse.
Cessoire, s. f. (Segr.). — Du v. cesser, se
taire. Je vais te mettre sur la cessoire. » (Mén.)
— • J'enregistre.
Ceté (Mj., Lg., Fu., By.), adj. dém. m. et f.
— Ne s'emploie qu'au sing. Ex. : D'éiou
veint-il ceté sot-là? — Ceté vache-là est-elle
vendue?
Cetelle-là (Mj., Fu., By.), pr. dém. Fém.
de Ceti-là, celle-là.
Ceti-là (Mj., Fu., By.), pr. dém. — Celui-là.
Et. — C'est le vx fr. Cestuy-là. Nous pourrions
citer de nombreux exemples. Restons dans notre
Anjou :
— « Heureux qui, comme Ulysse, a fait un bon
voyage.
Ou, comme cestuy-là qui conquit la toison. . .
J. DU Bellay, Sonnet à V Anjou.
— « Cestuy-là l'a dit. « (Id., Déf. et Illustr., L.II,
ch. n, p. 34.) — « Ce que j'ay dict, cestuy-cy l'a dict
encor' et cestuy-là. » (Id., L'Olive, p. 73.)
— « Je ne croy point cestuy-là sans lumière
Qui de l'arc use à son franc arbitraige. »
G.-C. BUCHER, 27, p. 95.
Cette-là (Mj., Fu.), pr. dém. f. — Celle-là.
V. Ceti-là. Syn. de Quelle-là.
Hist. — <( Or est bien une peine perdue
De faire tant pour ceste-là
Que jamais à moi ne parla. »
G.-C. Bûcher, 150, chap. cxvi.
Ceu ! (Fu.). — Interj. pour faire reculer les
bœufs. — Est toujours accompagnée d'un
coup de gaule sur le front de l'animal. — Ceu,
ceu ! ceu donc ! V. Ces, Ceusse.
Ceuse, Mj., Q., Zig. 136, Fu., By.), pr. dém.
m. pi. — Ceux. A Saint-Paul on le fait sou-
vent précéder de l'article : « C'est ben souvent
les ceuse qui se crayent les pus malins, qui se
font le mieux baiser. || Ceuse-là, Ceux-là. On
dit aussi : Cèse-là, et au fém. on n'emploie que
cette dernière forme. Syn. de Cèse-là, Quelle-
là. Il Souvent on prononce Ceusse.
Ceusse (Lg.). Interj. dont les bouviers —
se servent pour faire reculer les bœufs. Syn.
de Ces, Ceu.
Ceusser (Lg.), v. n. Arrêter ou reculer,
stopper, en parlant des bœufs. Du lat. Ces-
sare. Doubl. du fr. Cesser. — Cf. Ces ! Ceusse.
Ceusses, pr. dém. m. pi. — Ceux. « Ceusses
qui vous ont dit ça ont menti. » On appuie
sur les deux ss. V. Ceuse.
Céverée (Mj., Fu.), s. f. — Ce qu'on peut
porter sur une civière. V. Céçière. || Céverée
de chaux ; ancienne mesure pour la li\Taison
de la chaux, sur laquelle je n'ai pas de notion
exacte, mais qui devait être analogue au
cotret. — On dit aussi : Céviérée. || Fu. Syn.
de Brouettée.
Cevièrc (Mj.), s. f. — Civière. || Brouette
plate. La brouette est en effet une civière
dont la roue remplace un des porteurs. || By.
Tf. — Grande boîte carrée suspendue par des
chaînes au-dessous des charrettes de mar-
chands de porcs, moutons et veaux.
N. — Pour distinguer, la civière ordinaire est
toujours appelée Cevière à bras. Or, il en était de
même au xvr* siècle, comme le prouve la citation
de Rabelais : « Quaresmeprenant. . . avoit les
espaules comme une civière à bras. » (P., iv, 31,
410.) Que penser alors de la brouette de Pascal?
Est-ce une légende?
Ceyer (My.), v. a. — Scier. Mieux : Seyer.
Il By. — Ecrit Scéyer. Scéyer le blé ; scéyer de
long. D'où Sceyeux de long.
Et. Hist. — « Du lat. secare, devenu seiier, soier,
sier (arbitrairt : scier). Furetière remarque que
qqs-uns disent : soyer ou séier, au sens de : couper
le blé. — Scéier, séier. (Jaub.)
Cliabanais (Mj., etc.), s. m. — Tapage,
vacarme, potin. — Syn. de Bousin, Boucan,
Bachanal, Chahut, Bahut, Chutrin, Rabat,
Menère.
Chabiron (Sp.), s. m. — Sorte de guêtre en
cuir qui tient lieu de bas. Les chabirons ont
une demi-semelle s'étendant seulement sous
le talon ; ils recouvrent tout le pied et
s'agraffent sur le côté de la jambe. Syn. de
Sabiron, Sabaron, Clôpette. \\ Sal. Ou en boi-
linge.
Chabosseau (Mj., Fu.), s. m. — Chevenne,
sorte de poisson à grosse tête. Syn. de Cha-
veneau. \\ Tlm. Nom de famille. |j By. — Vul-
gairement : ein ch'fau ; la chevenne ; en qqs.
lieux le chaveneau. On désigne sous le nom
de chaboisseau, grosse tête, un tout petit
CHABOSSÉE — CHAGOUET
175
poisson, vivant avec les petites lottes, et
remarquable par sa grosse tête.
Et. — Chabot, pour Chevot, dimin. de chef,
tête.
Chabossée (Lg., Mj.), s. f. — Syn. de
Bureau, Tête de fer, Têtes de trèfle. C'est la
centaurée jacée.
€Iiabosson (Mj.), s. m. — Moitié ou partie
d'une airée. Ex. : De ressiée, je battrons ceté
chabosson-\à.
Chabot, s. m. — Toupie, pour Echabot.
Et. — « On appelle chabot, en Anjou, et à Paris
sabot, une toupie, à cause de sa grosse tête.
(MÉNAGE.) — Le jeu consiste à faire sortir, avec
son chabot, ceux de ses adversaires du cercle où ils
sont placés.
Chabraque (Vr.), s. f. — Brouette.
Chabraquée (Vr.), s. f. — Contenu de la
Chabraque.
Chabut' (Sp., Li., Sal., Br., Th., Bl.), s. m.
— Crochet de fer qui retient le seau au bout
de la corde à puits. Syn. de Fargeot, Clenche.
Chacasse (Sar.), s. f. — Jacasse ; la pie.
Et. — Subst. verb. de Jacasser, qui semble
dérivé du nom propre Jacques, dont le dimin.
Jacquette est donné plaisamment à la pie. On pour-
rait citer de nombreux noms d'hommes donnés aux
animaux : Margot, Martin, Robin.
Cliâceller (Lg.), v. n. — Se faufiler, se
glisser furtivement, errer en se cachant. Ex. :
In chien qui tombe enragé ne mord pas ses
maîtres ; il quitte la ferme et s'en va en châ-
cellant par les creux chemins. — Vieilli.
Chacoter (Bg., Sal.), v. a. Gratter. — Se
chacoter une dent avec son cure-dent ou un
autre engin. || Mj. — Fouiller, piquer à plu-
sieurs reprises avec une pointe. Déchiqueter.
Syn. de Chacrogner. \\ Z. 153, Sar., By., Fu.,
Mj., Ti., Z. 151, Sal. — Au fig. Ennuyer,
taquiner.
Chacotin (Mj.). s. m. — Menus débris d'un
corps pulvérisé, déchiqueté. V. Chacoter. Ex. :
Le tonnerre a tombé sus ein âbre, ça l'a mis
en chacotin, réduit en miettes.
Et. — Même rac. que Chiquet, et le fr. Déchi-
queter. L'Espagnol a : chico = petit.
Chacoura, s. m. Vesce. — V. Pied de grolle.
Mén.
Cliaeourroie, ou rraie. — Pied-court, patte
de pigeon, nerf de bœuf, nom vulg. de la
potentille argentée, à cause de ses tiges nom-
breuses, filiformes, longues, etc. (Mén.) Syn.
de Argentier.
Chacrogner (Lg.), v. a. — Irriter en
piquant, en grattant, une plaie. Syn. de
Chacoter, Chactâiller, Echarigner. || Fig. —
Agacer, taquiner, un animal. Syn. de Aquiner,
Harguégner, Ahargner.
Ch = j. (By.) On dit : ajeter, pour : acheter, et
niger, pour : nicher.
Chactaille (Br., Zig., 183), s. f. — Noise,
querelle, chicane. Ex. : Chercher chactaille.
V. Chaquetailler, Chacoter. Syn. de Picas-
séries, Castille.
Chacun. — En Anjou on dit volontiers Un
chacun, et même Tout un chacun. Cette locut.
était très usitée autrefois (Molière, Male-
BRAxcHE, Calvin).
Hist. — « Pensant qu'il falloit à ung chascun
faire droict. » (Rab., P.)
Chafaud (Mj., Fu.), s. m. — Echafaud. V.
Chauffau (By.)
Et. — « Du lat. popul. * Catafalicum, composé
hybride, fait avec le grec kata et le lat. fala, tour de
bois élevée dans un cirque pour certains specta-
teurs, devenu * catafalcum, * cadafale, chaafalt,
chafaud. Cf. Catafalque et Echafaud. —
xii« s. Forteresses et caafaus. » (Darm.) — « Chau
farium. Chauffant. — Lesquelz charpentiers
n'avoient chauffant que d'un bout, parce qu'ilz
n'avoient de quoy chaufTauder ; et leur convint
deschaufTauder ledit bout chaufîaudé. » —
« Tour de bois servant dans les sièges : — Ceux du
chastel decliquèrent quatre martinets qu'ils
avoient faits nouvellement, pour remédier contre
lesdits chauffaux. Ces quatre martinets gettoient si
grosses pierres et si souvent sur ces chauffaux qu'ils
furent bientost froissés. (Froissaru.)
Chafauder (Mj., Fu.), v. a. — Echafauder.
V. Chafaud.
Chaffourér (Mj., Lg., Lue, Fu.), v. a. —
Donner la chasse à, mettre en fuite. ||
Fouiller, chercher partout, fourrager, boule-
verser. Il V. réf. Se couvrir, se gâter, en par-
lant du ciel. Syn. de Chagrigner. Ex. : Velà
le temps qui se chaffoure, j'allons avoir du
bouillon (Sal. id.) || Syn. de Fouineter, Fur-
gâiller, Fourgâiller au sens de Fouiller, jj By.
Plus souvent Echafîourrer, donner la chasse.
ChafTourrer, fouiller. || Chercher jusque dans
les recoins. a Sal.
Et. — A rapprocher du fr. EchaufTourée. —
Hist. : « D'abundant en ont chaffourré leur robi-
lardique loy Gallus... et quelques autres... «
(Rab., g., I, 3.) — « Toujours se vaultroit par les
fanges, se mascaroit le nez, se chaffourroit le
visage. » (Id., ibid, i, 11.)
Châgne (Lg.), s. m. — Chêne. Mot vieilli.
\*. Chêgne.
Châgneaii (Sp.), s. m. — Nuque, partie
inférieure de l'occiput, région postéro-supé-
rieure du cou. On dit inséparablement : Le
châgneau du cou. Syn. de Châgnon, Chignon.
Cf. Chagouet.
Et. — A rapprocher du fr. Chignon. — Lat.
popul. * Catenionem, dér. de catena, chaîne. Cf.
Chaînon. Vieilli. La jonction du cou avec le der-
rière de la tête. — XP s. « El col un caeignon. »
(Roland.) — xnr' s. Cui Renoars brisa le chaaignon.
— Le sens de : chevelure relevée, par ext.
Châgnon (Lg.), s. m. — Nuque. Syn. et d.
de Châgneau, Chignon.
Chagoter (Sp.), v. a. — V. Chacoter.
Chagouet (Sp., Lg.), s. m. — Partie anté-
rieure et supérieure du cou ; pomme d'Adam,
176
CHAGRAIGNANT — CHAINTRE
larynx. Cf. Châgneau, Châgnon. Cf. Cacouet,
Jaub.
Chagraignant (Bl., Fu.). — Triste. |i By.
Attristant. || Mj. Chagrigna}-..
Et. douteuse. — Le mot chagrin ne se montre
qu'au xv8 s., dans 01. Basselin (xl),
« Il faut laisser le chalgrin importun
A tout le moins à la table buvant. »
Chagraigner (By.), v. a. — Attrister ;
ennuyer.
Chagrigner (Mj.), v. a. — Chagriner. || y.
réf. Se Chagrigner, se couvrir, se gâter, devenir
pluvieux, en parlant du temps. Syn. de Se
chaffourrer. \\ V. Chagraignant.
Et. — Corr. du mot fr. Cf. Chanoigne, Echigner.
Chahail, s. m. — Au Lg., comme à Sp., ce
mot, inconnu à Mj. signifie : grabuge, difTi-
culté, chicane. || Mais de plus, au Lg., il a le
sens de : grande quantité, foison, surtout de
choses cassées ou abattues, telles que :
branches d'émonde, feuilles de betteraves, etc.
Et. — En ce dernier sens, on dit aussi, au Lg. :
Hachail, qui paraît être étymologiquement le vrai
mot. Il semble donc que Chahail soit une corrupt.
de Hachail, par métathèse des syllabes. Cf. Gobier,
Piépou, etc. — Et Chavoil, à son tour, pourrait
bien être un doublet de Chahail.
Chahon (Li., Br., Lg.), s. m. — Chat-huant.
Il Lg., Sep. Bloc de bois percé de quatre trous
où s'engagent les bouts des enlarmes ou
remelles du carrelet, et d'un cinquième, où
passe une ficelle qui le rattache à la perche. ||
Hibou. Syn. de Chohon, employé en ce sens
au Lg.
Et. — Doublet de chohon (au 2« sens), parce
que la forme de ce bloc rappelle la tournure d'un
hibou. — « B. L. Cavannum : se rattache au germ.
Kawa, qui a donné l'a. fr. choe et qui se retrouve
dans les dér. Chouart et Chouette. Chat-huant est
une altération arbitraire de chouan, à cause du cri
de cet oiseau (huer) et de on. ressemblance entre sa
tête et celle d'un chat.
Chahouets (Mj.), s. m. pi. — Fanes, tiges
sèches des pois, haricots, pommes de terre.
Syn. de Cholailles. Syn. et d. de Chavoilles.
Chahut (partout)," s. m. — Potin, vacarme.
(Argot). Syn. de Bousin, Boucan, Bacchanal,
Bahut, Potin, Babât, Chutrin, Ménère, Cham-
tard, Chabanais.
Chahutage (Lg.), s. m. — \'. Chahuterie.
Chahuter (Mj.), v. n. — Faire du tapage, du
vacarme. || v. a. Bousculer, houspiller : Ne me
chahute donc pas. || Mettre en désordre.
Chahuterie (Lg.), s. f. — Tapage, bousmi-
lade, jeu de mains. Syn. de Chahutage.
Chaille i (Sa.), s. f. — Glume, enveloppe du
grain des céréales. Syn. de Balle, Piquériers.
Et. — Doubl. de Echale, de Echaler. Pour
l'aphérèse de Te initial, cf. Caleaux. — A donné
l'angl. Shell, écale, écaille, coquille
Chaille ^ v. n. (Lz., Segr.). — Qui a de
l'importance. Ex. : Ça ne chaille pas, une
chose n'est pas plus pressée qu'une autre.
Et. — Chaloir, du lat. Calere, avoir de la cha-
leur, avoir de l'intérêt pour qqn.
« J'en suis d'avis, non pourtant qu'il m'en chaille. »
La Font., Contes. La Gageure.
C'est le subj. employé pour l'indic. — N. J'ai
entendu à Saint-Malo un chiffonnier crier :« Qui a
(Vguère chaut à vendre ! » c.-à-d. des choses dont il
ne lui chaut guère.
ChailleuY, s. m. — Quartzite dans les
ardoises. (MÉx.)
Et. — Chail, pierre, caillou, du lat. calculum,
calceum, caclum, chail ; forme fém. chaille ; rognon
siliceux qu'on rencontre dans certaines couches de
terrain jurassique. (Darm.)
Chaillou (Sa., By.), s. m. — Caillou. Syn.
de Caillon. \\ Plus spécialement : silex. —
Forme normanno-picarde. V. Chailleux. Nom
de famille très commun. || By. — D'où :
Chaillouère ; la Châlouère, faubourg d'Angers.
Et. — Dér. de Chaille, forme fém. de Chail, du
lat. Calculum, devenu Calcium, caclum, chail. —
Le produit Chaillou est la forme originairement
franc., à laquelle la langue a préféré la forme norm.
Caillou. (G. DE G. — Y.) On trouve dans un de nos
plus anciens poètes ce joli distique :
« Aiguë perce dur chaillou
Por qu'adès y fiere. »
qui rappelle cet autre :
« L'eau qui tombe goûte à goûte
Perce le plus dur rocher. »
et enfui Ovide, qu'ils traduisent :
M Gutta cavat lapidem, non vi, sed sœpe cadendo. »
— Les poires de Chaillou sont notre Caillot —
Rosat. « Poires de Chaillou et nois fresches. »
(L. C.) — N. On nous a communiqué ce couplet
d'une vieille chanson :
— Beau cantonnier, beau cantonnier,
Tu fais là un f. . .ichu métier.
Dit un' dam' qui vint à passer :
Tu roules — des tas de chailloux — (ter)
Pour mettre sus l'passage des roues.
— Si nous roulions (c) a ross' comm' vous.
Nous n'roulerions pas des chailloux.
Conclusion : Le peuple n'a pas toujours tort de
prononcer certains mots comme le faisaient nos
aïeux. Apprentif vaut bien : apprenti ; et le peil,
pour : le poil, se trouve dans la Chanson de Roland.
Chain, s. m. — Espèce de bol ferrugineux.
A Aubigné, Tigné, dimin. de Chaînasse, terre
argileuse (Mén.), mêlée de sable quartzeux
(LiTT.)
Chaînée, s. f. — Mesure de terrain équi-
valant à la perche, ou centième partie de
l'arpent (Mén.)
Chaînement (Mj., Sp., Fu., By.), s. m. —
Armature de tiges de fer destinées à relier et
à consolider les murs d'un bâtiment.
Chaîner (Mj., Spb., Fu., By.), v. a. — Faire
un chainement.
Chainte (Fu.), s. f. — Pour Chaintre. Aller
à la chainte, mener paître une vache tenue en
main au bout d'une corde, le long des haies,
afin qu'elle n'aille pas « en d'mage » (en
dommage)
Chaintre, Cheintre (Mj., By., Sal.), s. f. —
Espace compris entre la haie et la tête du
sillon ; 2 mètres, jj Passage le long d'un bois
CHAINTRÉ - CHAIZË
177
(Lue, Li., Br., etc.) (Ti., Zig. 203),, s. f. Fig.
Mauvais cas, diiïiculté. Ex. : Mais, mon
pouvre ami, dans quelle chainire t'es-tu
fourré?
Et. — C'est une autre prononciation de ceintre,
pour cintre. B. L. Cintrum, xm* s. — De cingere?
ceindre ; cincturare? Obscur. — Hist. :
« J'avais encore en l'aloière (gibecière)
Que je porte à ma chainture. »
Poésies de Froissard.
— « Item, ma chaintre de pré, laquelle j'ai en
ladite rivière, laquelle contient en soy demi journal
ou environ. » {1405. D. C.)
Chaintre (Z. 150, By.). — Etre mal chain-
tre ; être mal à son aise.
fhaintrer (Sal.), v. a. — Les vaches, les
mener paître les chaintres. \. Cheintrer.
l'haïr ° 1 (Mj., Fu., By.), v. n. — Choir,
tomber. Syn. de Chéier.
Et. — L'a. fr. avait Cheoir, en deux syllabes ;
lat. cadère, e long, 2« conj., au lieu de la vraie conj.
lat. cadere, e bref, qui eût produit Chedre. — C'est
la prononc. du xvf s. — • N. Ce mot est à peu près
tombé en désuétude ; il n'y a plus que les très
vieilles gens qui disent aux enfants : Prends garde
de chair. Le part. pas. est Chait, e.
Chair ^ (Lmy., Cho.), s. L — S'emploie dans
la loc. Pierre de chair, sorte de pierre à bâtir
qui a des surfaces de clivage. Par opposition
à Pierre de pineau.
Chaircuiterie (By.), s. f. pour Charcuterie.
Et. — D'abord Charcuitier, dér. de Char, anc.
forme de Chair, et cuite. — Cf. Chartuierie.
Chaircutier, s. m. pour Charcutier. — On
dit aussi Chartutier.
Et. — L'orthogr. et la prononc. ont longtemps
varié entre Charcutier et Chaircutier. — Hist. :
« Il te faut des chaircutiers et des rôtisseurs. »
J.-J. Rousseau. Emile IL (Litt.)
« En caresme est de saison
La marée et le sermon ;
Se faire en ce temps chaircuitier,
On n'y profite d'un denier. »
(LiNCY. Prov. fr., p. 96, v» Carême.)
Chaire, s. L — Chaise (Z. 142, Lue, Bv., Li.,
Br., Mj.)
E,t. Hist. — « Du temps de Vaugelas, l'identité
de Chaire et de Chaise était encore si présente qu'il
indique les cas où il faut se servir de l'un ou de
l'autre. Lat. Cathedra ; a. f. Chaere, en trois syl-
labes. » — « Et qu'il soit fait une chaière de boys
honneste près et entre le tronc qui y est et l'autel,
pour asseoir les chapelains et autres. » (1492.) —
Inv. Arch., G, 50, 1. — « Apportez-moi à ce bout de
table une chaire. « (Rab., P., m, 35, 293.) —
« Cadiero (dans Mireille, d'où le fr. Chaière,
xiv« s.) » — « S'accotèrent au coin de leurs chaires. »
(Balz., 470.) — « La plus belle chaire où s'asseoir
n'est jamais qu'un morceau de bois mort. »
(Hist. du vx tps, p. 428.)
Chaireau (Segré), s. m. — Tabouret en bois
pour supporter les pieds et asseoir les enfants
à lacampagne (Mén.) Syn. de Bancelle.
Chairée, s. f. — Charrée. Mieux Cherrée.
Cendre qui reste sur le cuvier après le lessi-
vage du linge. De cinerata? cendrée? (Litt.)
Il Ec. — Chairée, Cherrée, Charrée. — Cendres
qui restent sur Vencherrier (ou encherroué)
dans la panne (pan-ne) après avoir servi à la
lessive.
N. — On assit la buée. On chauffe la lessive ou
la buée. On vaille (voi-lle, vou-ille) par-dessus les
cendres. Le jus qui sort par le canon (l'ajutage est
w.'dinairement un canon de fusil) est du lessif
vi^rononcé souvent lessî). V. Zigzag 167 sqq. La
Buée.
Chairier (Mj., By.), s. m. — Fabricant de
chaires.
Chairpie (By.), s. m. — Pour Charpie.
Et. Hist. — Ancien v. Charpir (charpir la laine,
R. de la Rose), mettre en loques, éfaufder, par
changement de conjug. de Carpere, couper, tondre.
— « La femme l'empereur par nom Josaphat
.nanda Narses ceste injure que ele le feroit filer o
(avec) ses esclaves et charpiner la laine. » (L. C.)
Chaise (Mj.), s. f. — Chaire à prêcher. || Lg.
Jeu de marelle, celui que l'on appelle ailleurs :
tire-poil, mais non celui qui est appelé pied-
pourri ou chaudron. || Fu. — Place du milieu
au jeu de tire-poil.
N. — Tous les patoisants appellent chaire un
siège, et qqs disent : la chaise à prêcher. On verra
par l'histor. que cette confusion des deux doublets
remonte loin. — Hist. : « Le quatrième jour
d'avril 1688, fulminant un monitoire à la requeste
de madame la maréchale de Grammont. . . , sortant
de la chaize avant d'avoir pris la chasuble, la
foudre du ciel tomba dans l'église. . . ladite chaize
parut en feu. » (/. a., S, E, ni, 165, 2, b.) — « Sous
une tombe qui est près la chesse à faire le prosne. »
(1629. Id., ibid., 243, 1, m.)
Chaisier (Sp.), s. m. — V. Chairier.
Chait, e (Mj., By.), part. pas. — Chu,
tombé. V. Chair i.
Hist. — « D'un vieil molin choisi, vaque et rui-
neux, appelé vulgaument le Moulin Dolent, en la
paroisse de Bousse. » (1460. — Inv. Arch., p. 259,
c. 1.)
— « Mais quand la vigne est vendangeable et
(meure,
« Et qu'on n'en cueille en la saison le fruict,
« Le raisin chiet ou tourne en pourriture. >>
G.-C. BucHEK, 199, p. 201.
— « Quand l'amant et la dame
« Veullent changer l'ung a l'autre leur arme
« Et le mary chet entre eulx en sursault. »
Id., 210, p. 210.
— « La beauté chet comme la fioriture. »
Id., 266, p. 215.
N. — Dans ces dernières citations, Chet est
l'indic.'prés., 3» p. sing.
Chaite (Mj., Fu.), s. L — Tombée, chute.
Ce mot, qui a vieilli, ne s'emploie plus que
dans certaines expressions. || A la chaite du
jour, — ^ à la tombée de la nuit. || A la chaite
de l'anche, — au sortir du pressoir. Ex. : Je
illi ai vendu eine barrique de vin prise à la
chaite de Vanche. \\ Ec. — Chaite. — Moment
où l'eau, ayant baissé de manière à laisser les
prairies à découvert, s'écoule dans la rivière
par les fossés. — Il faut profiter de la chaite
pour prendre du poisson.
Chaize — V. Chaire, à prêcher.
12
178
CHALAXD — CHAMARAN
Chaland (Mj.), s. m. — Dans les trains de
bateaux cFaulrefois, qui se composaient de
5, 6 et même 7 bateaux, le If"" s'appelait le
chaland, le 2"= le tirot, et le 3«= le soube, ou sour
tirot. Les autres n'avaient pas de noms spé-
ciaux. Il Ec. S'emploie aujourd'hui pour un
bateau traîné par un remorqueur.
Et. — Incertaine. — Hist. : « Du trépas ^(droit
de passage) de Loire : Pour chalant portant mai-
son. 4 soi., pour sentaine (sentine) portant mar-
ctiandises ou autres ciioses, 2 sol., pour chalan
portant le double ou plus, 6 sol. « (Regestum Ludo-
vici ducis Andegav., p. 40. — D. C.) — Hist. : 1670,
26 décembre, sépulture du « passager du port » de
Sorges, « et fut mené en un chalon jusques auprès
du cimetière à cause des grandes eaux, qui estoient
partout et en l'église ». Inv. Arch., E, S, t. II,
p. 294, 2.
C'haiandoiix (Mj.), s. m. — Marinier d'eau
douce. Les mariniers se désignent d'eux-
mêmes sous ce nom. Cf. Mariniasse, Péteux,
Pirrier.
C'hâlée (Tlm., Fu.), s. f. — Léger ados de
terre, qui marque le passage d'une galerie de
taupe creusée à fleur de sol. !| Cho. Trace du
passage d'un gibier. Syn. de Trutée. Le même
que Châlée, avec a bref, jl Fu. — Trace de
limace ou d'animal rampant. Cf. Châler.
Et. — « Lat. callis, petit sentier. Lorsque la
neige couvre la terre, on y fait une chalée pour faci-
liter les abords des bâtiments. » (Jaub.)
Chaleil. — « On lit au Catholicum armo-
ricum : Lumière ou chandelle à veiller de
nuit, ou chouloil, ou engasse, britannice
Creuseul (L. C. v" engasse.)
Chaler, v. a. — Gauler, comme le prouve
la citation suivante de Rabelais, où le sens
est déterminé par la suite du discours, où l'on
dit que les métayers accoururent avec leurs
grandes gaules. |l Ec. — On dit plutôt Gau-
ler, pour : abattre les noix, et échaler pour :
enlever le brou, l'échale. On n'aime guère
cette opération ; elle met les mains trop
noires et pour trop longtemps. N. L'a est bref.
Hist. — « Les mestaiers qui là auprès estoient
challoierU les noix. » (Rab., i, 18.)
Châler (Lg., Tlm.), v. n. — Fouir une
galerie à fleur de terre, en soulevant un léger
ados qui en marque la trace. Se dit d'une
taupe. Ex. : Y a eine taupe qui a châlé dans
le jardin. || Ec. — Id. — On dit : fouger. Les
taupes ont ben foûgé après la petite pluie ;
partout on voit leus foûgis. || Sal. S'avancer
doucement en rampant. || Lg. Nager à fleur
d'eau, en parlant du poisson.
Et. — Contract. de Chevaler'i Cf. Chevau de
terre.
Chalêtrc-,-aitre (Mj.), s. m. — Constitution,
complexion, tempérament. Ex. : II est d'ein
bon chalêtre.
Chalibaudc, s. i. — Syn. de Brûlot. Se dit
aux environs d'Angers, mais non à Montjean.
— Tas de mauvaises herbes ou de débris de
plantes qu'on fait brûler en pleins champs.
Il Ec. — Ce mot évoque l'idée de fêtes et de
danses autour du feu, avec ou sans tiiais
(prononc. mé). — La destruction des mau-
vaises herbes et des bourriers se fait par des
brûlis et non par des chalibaudes.
Et. — Ce mot me paraît des plus curieux. J'y
vois la rac. Chai, du lat. Calere, fr. Chaleur, et le
mot Baude, pour Baudre. En sorte que ce mot
signifierait littéralement : Feu de bourre ou de
bourrier. Mais ce n'est pas tout. Chalibaude pour-
rait bien être devenu : Chalbaude, Chaubaude,
Caubaude, Caubue et enfin Ecôbue. D'où le fr.
Ecobuer. Je livre cette hypothèse aux critiques des
linguistes. (R. O.) — L'assemblée de Champigné
est dite : la Chalibaude. Il parait qu'on y allumait
des feux de joie (feux de la Saint-Jean^. Elle se
tient au commencement de juillet, le 6, en 1902.
Et. — Un exemple des hypothèses de Méxage :
« Calidus, calidivus, calidivaldus, calivaldus,
calibaldus, calibalda, chalibaude. »
Hist. — « Sur la rive opposée, la chalibaude
flambe joyeusement. « En note : « Feu de fagots
traditionnel dans la vallée de la Loire. » (M. Ala-
Xic, Ma cousine.)
Chalin, s. m. (Mj.). — Ecorce de noix pour
la teinture. De Chaler. — Dimin. de Chale,
écale, brou de noix.
Chalipré, adj. q. — Choyé. On chalipre une
trute, pour : On ne choie rien du tout (Express,
faubour.) (Mén.)?
Chaloigne (By.), s. m. — • Chanoine.
Chaloir, v. n. S'inquiéter de.
Et. — De calere. V. Chaille-. Cf. Cela ne me fait
ni chaud ni froid. — Hist. :
« Bref, tout conclud ne luy challoit de rien. >
Ch. BorRDiGXÉ, P. Faifeu, p. 67.
« Car tant ont peur le veoir en telle sorte
Qu'il ne leur ckault lequel de eux premier sorte. »
Id., ibid., p. 69.
« Je ne sçay pas si se fut au mardy,
Mais toutesfois de la journée ne chaille. »
Id., ibid., p. 75.
« Mais ne li caut de riens qu'il oie,
Par Blanceflor qu'il n'a s'amie
En non caloir a mis sa vie. :
(Chanson du C^ d'Anjou. — D. C.)
Chalonuée, s. f. — Petite charretée de terre
((ui fut d'abord en usage à Chalonnes, puis à
Angers, en 1506. || V. Charte. Pour Chalan-
drée ou Chalondrée, et non de Chalonnes. R.
O. — \'. Citation à Chârtée.
Chalonnes. — X. Il y a trois parlers dif-
férents : 1° Tête de l'île ; 2*5 Trois kilomètres
plus loin ; 3° La campagne.
Chalubert (Ag.), s. m. — Larve d'insecte
propre à la pêche. || Ag. — Larve de libellule.
Il Ec. — Prononc. Chalibert ; ou porte-bois ;
vulgairement : charge-faix (pron. charchéfé).
Larve vivant dans un tube qu'elle se fabrique
avec des parcelles de bois, d'herbe, de débris
de coquillages, de sable, etc. V. Folk-Lore, n.
Clialute (Li., By.). — Cf. Chahute, s. m.
Chaïuaran, s. m. — Nom vulg. de l'An-
themis (Mén.) — Camomille. V. Chaininetée.
Et. — « Chamaras, — Germandrée aquatique ;
de Chamœdrys, — Ghamœrops?
CHAMAROU — CHAMPEAU
179
Cliamarou (By.), adj. q. — Injure. Vieux
chamarou ! Vieux hibou ! être solitaire et
grognon. j| Sa. — Faire le chaincwou ; f. grise
mine ; grommeler. A Mj. Chamirou.
Chambard (Mj.), s. m. — Tapage, vacarme,
potin, désordre. — Syn. de Boucan, Bousin,
Chahut, Chutrin, Ménère, Bahut, Babât, Bac-
chanal, Chabanais.
Chanibardement (Mj.), s. m. — Branle-bas,
bouleversement, bousculade, désordre, vio-
lence, billebaude. Syn. de Chahutage.
Chambarder (Mj.), v. a. — Bouleverser,
briser, bousculer, jeter à la porte. Syn. de
Chahuter.
Chaïube (Mj., Fu.), s. m. — Chanvre. || Ec.
Chambre.
N. — Il faut remarquer que, pour cette plante, on
ne manque jamais de confondre les sexes. On ap-
pelle mâles les pieds qui portent les graines et
femelles ceux qui n'en portent pas. Cette erreur
vient sans doute de ce que les premiers ont, en
effet, un aspect plus trapu, plus robuste, plus mas-
culin, en un mot, que les véritables pieds mâles,
dont la gracilité rappelle plutôt le sexe faible.
Rabelais commettait déjà cette confusion : « En
ceste herbe y a masle, qui ne porte fleur aucune,
mais abonde en semence ; et femelle, qui foisonne
en petites fleurs blanchastres, inutiles, et ne porte
semence qui vaille. » (P., m, 49, 326.)
Et. — Du lat. Cannabis. Le mot patois en est
plus près que le mot fr. ; il a conservé le b ; l'ital.
en a fait un p, canapa; le russe pi. Konoplia; l'esp.
un m, canama ; le fr. un v + r. — Deux formes,
en lat. : Cannab^m, fém., et Cannabum, plus
rare, masc. — Hist. : « Son droit de dime sur
« blez, vins, potages, lins, chanves, laines et ai-
gneaux. » (1412. — Im>. Arch., S, H, 251, 1, bas.)
— Cf. l'angl. Hemp, même sens.
Chainbérier (No.), s. m. — Domestique de
ferme qui réside chez lui et non chez son
patron. Pour Chambrier, de Chambre. Lat.
Caméra ou Camara, toit voûté. Camerarius.
Chambérière (Chpt., Fu., By., Mj.). —
i° Chambrière, dans les diverses acceptions
de ce mot. || 2° Morceau de ruban embrassant
le bâton de quenouille et fixé à l'épaule de la
fileuse au moyen d'une épingle. Syn. de Teint-
quenoille. \\ By. chamboérière.
Et. — C'est une métaphore semblable à celle qui
a fait donner le même nom au morceau de bois qui
soutient une charrette dételée. De même, les
menuisiers appellent valet l'ustensile en fer qui sert
à fixer solidement sur l'établi la pièce à travailler.
Chauiboiiri (Lg.), s. m. — V. Chambouron.
Cliaiuboiiron (Lg.), s. m. — Mot de sens
indéfini, ou plutôt oublié, dont on se sert dans
la comparaison usuelle : « Agrichonné comme
ein chambouron, ou c. ein chambouri.
Chainbranler (Mj., By., Fu.), v. n. —
Osciller, tituber. Festonner,. On joue souvent
sur ce mot, en disant des ivrognes qu'ils l'ont
des portes à chambranle. Syn. de Brancho-
ler. Bricoler, Gingeoler, Flagnoler. Cf. Cha-
branler, Jaub., et Chambroller.
Chambre i (Mj.), s. f. — Mairie.^Ex. : Ils se
sont mariés à la chambre. C'est le mariage
civil. Il Tlm. Au plur. Les chambres, case rec-
tangulaire du jeu de marelle, divisée en deux
compartiments, intermédiaire entre le chau-
dron et le cœur. En exécutant les figures du
jeu, les enfants doivent sauter à cloche-pied
par-dessus les chambres. Ailleurs on appelle
cette case : le diable. V. Chaudron, Cœur.
Chambre - (By.), s. m. — Chanvre, jj By.
On distingue : 1" le mâle ; 2° la fumelle
(femelle) ; 3'^ le mélange des deux : le tout
ensemble.
Chambrère (Th.). — Servante de cam-
pagne. V. Chainbérière
Chambrier (Sa.), s. m. — Journalier.
Et. — Du fr. Chambre, parce que le journalier
n'a d'autre domaine que la chambre qui lui sert de
domicile. V. Chainbérier.
Chauibrières (Mj.), s. f. — • Simples bâtons,
de 4 à 6 centim. de diamètre, que l'on cou-
chait immédiatement au nombre de deux sur
le cep, et sous les carreaux.
Chaminetée, s. f. — Nom vulg. de l'An-
themis, se donne à plusieurs espèces (Mén.).
V. Chamaran.
Chamirou- (Mj.), s. m. et interj. — Cha-
meau, interpellation ou désignation qui
marque le dépit. Ex. : Il est pus sot qu'il n'est
grous, ceté chamirou-lk !
Champ (Mj.), s. m. — Les champs, les
terres hautes, par opposition aux vallées et
aux îles. Il Champ de courbes, intervalle
entre deux courbes, dans un bateau, jj En
champ, dans les champs, au pré. Ex. : Va
falloir mener les vaches en champ.
Champagne (Te, By., Crz., Ag.), s. f. —
Section de rivière amodiée, affermée à un
pêcheur, canton de pêche. i| Pays plat ; La
Champagne de Montreuil-Bellay.
Et. — Campagne, prononc. picarde de Cham-
pagne ; plaine, panie plane. (Cf. La fine Cham-
pagne, des Charentes.) — Du lat. popul. Campa-
nia. plur. n. de l'adj. Campanius. devenu fémi.
sing. — « Il sembloit que toute la champaigne fust
coverte de batailles... » (Villehardouin —
autour de Constanlinople. — Jaub.)
Champagnisation (Sar.), s. f. — Action de
champagniser le vin.
Hist. — M. Combrouse. — Comment dosez-vous
le sucre pour la champagnisation? {Ang. de Paris,
19 mai 1907, 2, 4.)
C!iampagniser (Sar.), v. a. — Transformer
un vin ordinaire en vin mousseux, analogue
au Champagne.
Champagniseur (Sar,), s. m. — Industriel
qui s'occupe de la champagnisation du vin.
Champeau (Mj.), s. m. — Brin de fil, fixé à
Vépinoche et qui supporte un hameçon. Syn.
de Cordillette.
Ec — Ne pas confondre Champeau et Cordeau,
épinoche et hameçon. — Le champeau, à quatre
brins de fil, sert à attacher les aims. (haimsj
180
CHAMPÊTRE - CHANCRE
hameçons). Le cordeau, à deux brins, servait pour
les épinoches, dans la pêche à l'anguille. Tous deux
s'attachent à l'aide d'une simple boucle, se
bouclent sur la ligne. — Les lignes sont de longues
cordelettes que l'on tend sous le nom de : lignes,
traînées, cordées. Une traînée peut avoir un Ivilo-
mètre et plus. Dans les petits cours d'eau, les
cordées sont souvent tendues du rivage. Les hame-
çons ont partout remplacé les épinoches. L'épinoche
était une racine d'aubépine munie de son mince
rameau, coupé à une longueur égale à l'épine. —
Les quatre brins du champeau se cordent à l'aide
d'une machine à corder. V. Cordeau. — On pou-
moye (paumoye) les lignes dans des mannequins, en
ayant soin d'y fixer par un virecou, de distance en
distance, des perrons pour les maintenir au fond de
l'eau, surtout dans le courant, lorsqu'en tendant on
fait des branles. \\ Ti., Tr., — Zig. 203. — Dans la
locut. : Avoir le champeau (gosier?) en dévalant, —
aimer à boire.
Champêtre (le) (I\Ij., Tlm., Fu., By.), s, m.
et absolument le garde champêtre. Cf. Le
municipal, et même le Cipal. V .Champi-
gnole.
Chanipignole (Sp., Mj.), adj. quai. Superbe.
Ne s'emploie qu'avec le nom : afTaire. Ex. :
Ah ben ! les gars, l'afîaire est champignole,
bonne, avantageuse ; cela va bien. N. On dit
aussi dans le même sens : L'afîaire est cham-
pêtre.
Champignon (Mj., Fu.), s. m. — Sorte de
cancer, tumeur cancéreuse, fongus.
N. — Dans nos campagnes, toutes les afîections
cancéreuses sont attribuées à des végétations, ou
même à des animaux parasites, qui se dévelop^-
raient au sein des tissus et les rongeraient. Cette
croyance est entretenue par le fait que certains
empiriques guérissent le cancer en faisant se déta-
cher, au moyen de caustiques violents, les parties
de chair frappées de dégénérescence : et ce sont ces
lambeaux que la croyance populaire prend pour
l'animal lui-même. Les fibres, souvent assez
longues, qui y appendent sont regardées comme les
pattes, les tentacules de la bête ou les racines de la
plante. Aussi beaucoup de personnes prennent-
elles soin de nourrir le prétendu animal en appli-
quant de la viande sur la plaie cancéreuse ; on peut
dire que c'est là un traitement rationnel, sinon
peut-être raisonnable. Il peut se faire que cette
théorie de la nature parasitaire du cancer ne soit
pas fausse au fond : le nom même indique qu'elle a
été de tout temps en honneur ; il ne lui manque,
pour être de son siècle, que d'être ramenée à la
théorie microbienne. (R. O.)
Champnas (chan-nâ) (Mj.), s. m. — Habi-
tant des terres hautes, par opposition à ceux
des vallées et des îles. V. Champ.
Champoyer (Mj.), v. a. — Conduire et
garder au pâturage. || Soigner des bestiaux.
li Chasser d'un champ, ou, en général : « Je
l'ai joliment champoyé de chez moi. || Admo-
nester fortement. || Ti., Zig. 151. — Taquiner,
Syn. de Chacoter. \\ Ec. N'a que le sens de :
chasser, pourchasser. || Sal. — Conduire aux
cliamps, mener paître. Champoyer des pirons
conduire d'un lieu à un autre ; envoyer
paître qqn.
Et. Hist. — l^f sens : Faire paître dans les
champs, Champeare. « Guillaume de Bougey,
bouvier et garde d'une charue de certain nombre
de buefs, avoit fait ckampoier et dégaster en graiit
partie l'erbe desdites fauchées de pré... par
lesdits buefs, et que, à champoyer et dégaster ainsi
ladite herbe... il estoit coustumier. . . (1480. —
D. C.) — « Les habitants des villes et villages
peuvent mener et faire mener leurs bêtes grosses et
menues champayer et pasturer es lieux de vaine
pasture. - (Litt.'i — « L'article 155 de la Coutume
d"Orléans en a une disposition expresse, que pâtu-
rer, champayer et faire passer bétail sur l'héritage
d'autruy par tolérance et sans titre, n'attribue
aucun droit. » (Coût, du Poitou, i, p. 481, art. 193.)
— 2« sens : « Jehannin Manecier et icellui Talart
champoyaient l'un contre l'autre. » (D. C.)
Champ-le-pope, s. m. — L'homme qui
s'occupe du ménage, de la popote. (Méx.) —
Ne serait-ce pas plutôt : Jean? V. Manette.
Champ-de-tabac (Lg.), s. m. — Cimetière.
Syn. de Cémetière, Cimentère, Çoumitière,
Ouche des mottes, Ouche des morts, Ouche-de-
tend-cul. \\ Ec. — En Anjou, où on ne cul-
tive pas le tabac, on dit : Champ de navets,
ou de naveaux. Cimetière, où l'on va manger
des pissenlits par la racine.
Champtoceaux. — Ce mot est mal traduit
de : Castrum celsum », dit P. Marchegay,
p. 24 .Note.
Hist. ■ — « Au temps de l'évêque Pient, l'église de
Poitiers perdit l'évêché du château de Cels (Champ-
toceaux). — Chroniq. de Saint- Maixent. Citée par
VAnj. Hi.<it., (>" an., n» 6, 586, note.
Champtocéiais (Mj.), s. m. — Habitants
de la commune de Champtocé (Comme on
doit dire Pontsdecéiais).
Chançard (Mj., By.), adj. q. et s. m. —
Chanceux. Sj'u. de Chanceur, Veinard.
Et. — Chance. B. L. Cadentia, du L. cadens, ce
qui tombe, de cadere, choir. Cf. Cadence.
Chance (Mj., Spb,), s. f. — Cheptel vif,
ensemble des bestiaux d'une ferme. Ex. : La
maladie de poitrine s'est emmanchée chez li,
il a pardu toute sa chance.
Et. — Contract. du fr. Chevance, le bien qu'on a.
Même rad. que chevir (disposer de qqn. en venir à
bout), c.-à-d. chef. La chevance est ce dont on est
venu à chef, ce qui sert, ce que l'on possède. — Cf.
Cheptel, de capitale, capital. — « Nous ne saurions
en chevir. » (Molière, Don Juan, iv, 3.)
Chance (Z. 131. Fu.). — Qui a des bestiaux.
\'. Chance. \\ Fu. Pourvu.
Chanceler (Sp.), v. a. — Pour : chancer ;
Enger, munir de qq. espèce bonne ou mau-
vaise. — Syn. de Engeancer, Oriner, Nâtir,
Engénouir
Chancer (Mj.), v. a. V. Chanceler. Munir
d'une espèce de plantes ou d'animaux.
Oriner, etc. || Fu. Pourvoir.
Chanceur (Sp., Mj.), adj. q. — Chanceux,
veinard, et S. m. — Syn. de Chançard.
Chancre (Lg.), s. m. — Deuxième pellicule
de la châtaigne, de couleur jaune, et qui
adhère à la partie comestible. H Aphte, ulcé-
ration des lè\Tes. Syn. de Balafre, Scorbut.
Il Dépôt blanchâtre sur la muqueuse buccale
CHANCRELLE - CHANTENAU
181
des petits enfants (Mj.) 1| Fu. — Petit craiie
parasite des moules. || Ec. — Non vulg. du
cancer, du crabe. Maladie des arbres, en par-
ticulier du pêcher.
Chaiicrelle (Mj.) s. f. — Herbe à tiges ram-
pantes, à fleurs jaunes, à feuilles ovales
opposées, qui forme des touffes étalées dans
les terres fortes et humides des vallées,
surtout au bord des fossés et des haies. Le
décocté s'emploie pour lotionner les vaches
enchancrées. Très probablement la lysimaque
ou chasse-bosses. Bat. Lysimachia vulgaris.
Chandail. — « Les nommés... ont été mis
en état d'arrestation... sous l'inculpation de
vol... de treize tricots dits « chandails »,
estimés 80 francs. {Le Petit Courrier, 24 dé-
cembre 190.5). Mot nouveau. Catalogue du
Bon-Marché, du Louvre.
Chandelier (Mj.), s. m. — Syn. de Tourette.
I! Moulin à chandelier. V. Moulin. Sorte de
moulin à vent dont tous les tournants et
virants sont enfermés dans une chambre de
bois portée sur un fort pivot au-dessus d'un
massif de maçonnerie. || Fig. Quatre poignées
de lin mises debout la tête en bas et rappro-
chées par la racine, avec une cinquième posée
dessus en travers et horizontalement. || Ec. Id.
Hist. — « Un autre y a planté un moulin sur
SeuUe, un de ces moulins qu'on appelle à Chan-
delier. » {Coust. de V An]., il, col. 98.) — « On ne
peut donc pas, en la province d'Anjou, dire que le
moulin à vent, ou planté en terre, ou assis sur une
seule, ou le moulin à chandelier, puisse être tenu
pour meuble. » (Ihid., col. 100.)
Chandelle (Mj., Fu.). — Quand, par hasard,
trois chandelles se trouvent allumées à la
fois, on dit : « Trois chandelles allumées,
enterrement d'un chat. » |j Fig. — Aiguille
ou stalactite de glace qui pend au bord d'un
toit à la suite d'un dégel partiel, jj Filet de
morve qui sort des narines d'un enfant mal-
propre. Syn. de Cloche. A ce sens au Lg., syn.
de Gnâ. \\ Curieux, badaud indiscret et
gênant.- Syn. de Ecornifleur. \\ Sp. Etai. Syn.
de Appouet, Abat, Poinçon.
Chandeloiirs. — - Pour Chandeleur.
« Si fait beaux et luit Chandelour.v,
Six semaines se cache l'ours. »
L. DE LiNCy, Proi\, p. 96.
Chandorler (Lg.), v. a. — Câliner, dorloter.
Syn. de Amignonner, Pouponner.
Et. — Ce mot, très vieux et qui commence à
s'oublier, me paraît des plus curieux. Je crois y
reconnaître une racine Dorler, dont le fr. Dorloter
serait le diminutif. Mais qu'est-ce que c'est que le
préf. Chan? Viendrait-il de Chanter? Dorloter en
chantant? C'est peu probable.
Chanfrein (Ag.), s. m. — Regarder en
chanfrein, en dessous.
Change (Lg.), s. m. — Echange. Ex. : Je
coniieus pas le prix do quelle va(;he : je l'ai
pas ajetée, j'ai fait in change.
Changeâiller (Mj.), v. n. — Changer sou-
vent. N. On dit mieux Changeotfir.
Changement
d'âge.
(Mj., L.g), s. m.
Retour
Changeotard (Lg.), s. m. — • Qui aime à
changer souvent. Syn. de Changeotoux, Chan-
geotier.
Changeoter (Mj., Lg., By.), v. n. — Chan-
ger souvent. Cf. Nageoter. V. Changeâiller.
Et. — B. L. Cambiare, changer, du L. Cambire.
Changeotier (Mj.), adf. q. et s. — V. Chan-
geotard.
Changeotoux (Lg.), adj. q. et s. — V. Chan-
geotard.
Changer (Mj., By.). Locut. — Changer son
fusil d'épaule, changer de parti, retourner sa
veste. Il Ch. son cheval borgne pour un
aveugle, ou : son couteau pour une goudrille,
laisser le meilleur pour le pire. || (Fu.) Abso-
lument : Changer le linge, ou le vêtement de
qqn. Ex. : Méchant galopin, il s'est enfondu
des pieds à la tête, va falloir que je le change
de tout en tout. Mj. id.
Chaniller, v. n. (Segr.). — Tricher au jeu
(MÉx.)
Chanlatte (Sp., By.), s. f. — Planches fixes,
ou panneaux qui garnissent le fond d'une
charrette. |'| Volige plus épaisse sur un bord
que sur l'autre, en biseau.
Et. — Latte mise de champ.
Chanoigne (Mj.), s. m. — Chanoine. Cf.
Cangrègne. On trouve : Chenoigne, dans une
charte de 1252. D. C. V. Chaloigne.
Chanteaii (Mj.), s. m. — En terme de ton-
nellerie, douelle en forme de segment de
cercle, formant un des bords du fond d'un
fût. Ce sens est une métaphore, ces douelles
ont en effet la forme d'un chanteau de pain-
II Fu. Outre le sens fr. : Bouquet de noisettes
soudé par les cupules.
Et. — B. L. Cantellus, de Cantus, coin, côté,
d'où : chant, mieux que champ. — On disait : En
chantel, en cantiel, pour : en côté, en travers.
Chantelouqnais (Tlm.), s. m. — Habitant
de Chantelou]), commune limitroplie au N. E.
Ex. : Les Chantelouqunis n'ont point le même
patois qu'à Tlm. ; ils causent encore ben plus
mal.
Chantenau (Mj., Sp.), s. m. — Présent de
noces que fait un parrain ou une marraine à
sa filleule. Cf. Cochelin.
Et. — Composé de Chante-Nau, Noël, parce que
c'est une joie de recevoir ce cadeau? — Hist. :
« Les cadeaux faits par les parrains et marraines
des mariés s'appelaient /fateawx ou chantcneaux {sic);
ils devaient dépasser do beaucoup les autres en
valeur. » (Deniau, i, p. 7;{.) — « Chantené,
Chantencau, Chante-Noél, miche, pain de Noël. Il
était donné par les maîtres à leurs domestiques, et
ceux-ci emportaient le Chante-Noël dans la
famille où ils allaient passer la fêta de Noël.
182
CHANTER - CHAPEAU
(DoTTiN.) — C'est, évidemment, le sens primitif,
l'autre n'en est qu'une extension.
Chanter (Mj.), v. a. et n. — Faire entendre
un bruit sifflant. Ex. : Ça illi chante sus l'es-
toinat. Syn. de Jarzéler. \\ Chanter \e... chanter
c. qqn. Ex. : Toute poule qui chante le jau
est bonne à jeter à l'eau. 1! Chanter pertin-
taine. V. ce m.
Chanterelle (Mj.), s. f. — Trachée-artère
des oiseaux.
Et. — C'est là que se forme le chant. — En Ital.,
cantarella, oiseau servant d'appeau.
Chanterie (Mj.), s. f. — Le chœur d'une
église. Ce mot n'est plus usité ; mais il était
employé à Mj., au xvi*^ ou au xviie siècle,
ainsi qu'en témoigne un document cité par
l'abbé Allard dans ses Notes sur Montjean
Angl. Chantery.
Chanteroler (Mj.), v. n. — Chantonner.
Chantier (Chanquier), s. m. (Sp., Fu.) 1. — •
Pièce de bois reposant à terre et qui soutient
une pièce de travail en cours d'exécution.
(Mj., Sp., Fu.) 2. Besogne, occupation. Ex :
Je vas me mettre en chantier de laver la vais-
selle. — Aile était en chantier de me conter
ce qu'aile a vu. ||Zig. 151. — Embarras. C'en
est d'ein chantier ! — Entreprise. Y en avait
d'ein chantier là dedans ; c'était à ne pas
savoir par queun bout s'y prendre. || 3. Rive,
berge de la Loii'e. Ex. : Le chantier est ben à
bref. Syn. de Tartre. — « L'eau commence à
monter par-dessus le chantier des Vernettes.
Il By. — 3^ sens ; bord de la rivière, lorsqu'il
est presque à pic et surtout lorsqu'il y a un
trottier sous l'eau. En général, bord de la
rivière, au niveau de la prairie.
Et. — \" sens : Canterium, proprement cheval
hongre, puis pièce de support. Pour la métaphore.
Cf. Chevalet, poutre (littéralement : jument). Ces
deux sens se retrouvent en latin. (Daem. ) —
« Canterius est l'arbalétrier, dans la charpente
d'un toit ; le sens primitif est donc : pièce de bois
inclinée, ensemble de pièces de bois couchées,
comme on en trouve dans les celliers. || 3*= sens :
B. L. Canterium. quartier de terre : Chanterium,
lieu entouré de murs, etc. Tous ces sens se ramènent
à Cant, coin, bord. Il y a eu confusion avec le sens
premier. — « La Loire coule à plein chantier. Ne se
dit plus que des bords, où on construit des bateaux,
et, par ext., de tout ateher en plein air, où les
ouvriers sont réunis en certain nombre. « (Jaub.) —
« Les rivières quand elles sont grosses à plein
chantier, — à borde chantier : « Joyeuse sauta du
chantier dans le Tar et s'y noya. » (D'Aubigné. —
L. C. ) — « En cette année 1689, il y a eu de très
grands débordements d'eaux... qui ont causé de
très grands dommages par les ruptures des chan-
tiers. » (Inv. Arch., E, ra, p. 325, col. 2.) — « Et
doit demeurer pour constant que les moulins à
eau, assis en bateaux, qui ne sont attachez aux
rades, bancs ou chantiers, pour perpétuelle de-
meure... sont meubles. » (Coust. d'An/., n, col.
418.) — « On pousse par les chantiers les bœufs et
les chevaux qui marchent avec lenteur. » {A. h.,
2- an., n" 3, 578, 21.)
Chantit (Mj., Fu., By.). — Pour : chanta.
Les anciens faisaient tous les passés définis
de l'indicat. en is, it. Je chantis, j'allis, etc.
Hist. :
« Quand la belle fut tirée,
S'en fut à la maison.
Se mit à la fenêtre,
Chantit une chanson. »
(Ronde maraîchine, citée par R. Bazin, La
Terre qui meurt, p. 217.)
Chantoceaii, — Hist.
« Qui voudroit Chantoceau prendre.
Il faudroit du ciel descendre.
(MÉNAGE, Dict. étynwl.)
Chanvrais, s. m. — « Les Daguenais, les
Bohallais, et les Saint-Mathurinais sont tous
chanvrais. Dicton (Mén.). Terrains d'alluvion
de la Loire, fertiles en chanvre.
Chanvre, s. m. — Année de chanvre (MÉx.)
Chanvre d'eau, s. m. — Nom vulg. du
Lycopus Européens (MÉx.). — Marrube
aquatique, de Bâtard, qui nomme Chanvre
aquatique le Bidens tripartita.
Chanvre-folle, s. f. — Sariette sauvage. Le
Galeopsis ladanum (Mén.). — Vulg. Ortie
rouge (Bat.)
Chanvrière, s. f. — ^^ Chambérière '.
Chaon (Sal.). — Mieux Chahon. Chat-
huant.
Chaosse (Lx., Zig. 143), s. f. — Bas. — V.
Chausse.
Chaparder (By.), v. a. — Voler.
Et. — Champartir, champarter, lever le droit de
champart ; saccager, voler, chaparder. Le cham-
part, c'est le : campi partem. — Corrupt. popul.
Chape (Mj., Lg.), s. f. — 1" Balle, glume,
gaîne qui enveloppe la graine des céréales.
Cf. Enchapé.
Et. — B. L. Chapa ; com. Cape, par assimilation
à ce vêtement qui enveloppe le corps. Blé chape,
qui, battu et criblé, a conservé ses balles.
2° (Sp., Tlm., Lg.). Sorte de sable grossier
et de mauvaise qualité que l'on extrait du
sol. Ce sable n'est autre chose que des débris
de feldspath désagrégé par l'eau, débris
nécessairement mélangés d'une forte quan-
tité d'argile. || Feldspath. Cf. l'Angl. to chap,
se crevasser, se fendiller. Cf. Chapelure. || A
Maulévrier, à Yzernay on désigne ainsi la
tête d'un rocher en décomposition (MÉx.).
Il Syn. de Caquin. Au Lg. souvent prononcé
Chaple. Semble un mot distinct du n° 1.
Et. — Chapeler ; capulare. Tailler en enlevant le
dessus, d'où le sens de débris.
3° (Lg.) Paupière supérieure.
4" (Mj.) Morceau de cuir qui embrasse
l'extrémité de la verge du fléau et la relie au
virolet. N. C'est encore une enveloppe.
Chapeau (Mj.), s. m. — Chaperon, cou-
ronnement d'un mur. || Les mariniers
désignent ainsi les plantes et les feuilles
vivant à la surface de l'eau. Cette couverture
sert de refuge aux poissons (Mén.) || Lorsque
CHAPEAU-BORDÉ — CHAPIX
183
le vin nouveau est nais en tonneau et que les
grains se réunissent à la bonde, il y a là un
chapeau ; de caput, tête (Id.)
Chapeau-bordé (Mj.), s. m. — Graine de
genouiUée, qui se retrouve mêlée à celle du lin.
Et. — De la forme de cette graine.
Chapeau de vignes. — Vignes en pente ; la
partie supérieure d'une colline (MÉîf.)
Chapelet (Mj., Fu.), s. m. — Fig. Maladie
des enfants en bas âge, qui se manifesterait
par un amaigrissement considérable et par la
saillie sous la peau des ganglions du mésen-
tère. Je tiens d'un docteur-médecin que cette
maladie, pour la guérison de laquelle cer-
taines commères sont des spécialistes distin-
guées, que cette maladie du chapelet, dis-je,
n'existe pas. Il n'en est pas de même, ajou-
tait-il, du carreau, qui est l'atrophie mésen-
térique. || Défiler son chapelet à qqn., lui dire
ses 36 vérités.
Et. — Engorgement ganglionnaire disposé en
forme de chapelet. — Hist. : « Si nos savants doc-
teurs entendaient parler du chape ou chaple, assu-
rément, ils n'y comprendraient rien ! Cependant, à
l'inspection, ils constateraient qu'il s'agit ici de
certaines glandes au cou et au sein. {La TracL,
p. 257, 1. 8.) — N. On voit que le chapelet, ou
chaplet de Mj. est un peu différent. Je crois que la
seconde orthogr. serait la meilleure, vu le mot
poitevin.
Chapeletière (Sar.), s. f. — Ouvrière qui
fait des chapelets. Industrie locale. V. Cha-
pelettier.
Ilist. — Publication de mariages du 10 au
16 mai. « E. B., fumiste. . ., et M. V., chapeletière. »
(Ang. de Paris,! 9 mai 1907, 4, 2.)
Chapelets, s. m. ou Pas de bœufs (Chol.). —
Trace de leurs pas dans une terre grasse.
Hist. — « On rencontrait encore, çà et là, des
endroits difficiles, appelés chapelets, à cause d'une
longue suite de petits trous et de légers monticules,
symétriquement pratiqués par le piétinement des
bestiaux : ces passages retardaient considérable-
ment la marche du voyageur. » (Deniau, i, 20.)
Chapeletter (Mj., By.), v. n. — Dire des
chapelets. Cf. Fourchetler. \\ (Lg.). Fermenter
légèrement, en parlant du vin en bouteilles.
Et. — La même pour le 2" sens que pour le l-"" ;
parce que les bulles de gaz qui se dégagent se
suivent comme les grains d'un chapelet entre les
doigts d'une dévote.
Chapelettier-ière (Sar.), s. m. et f. —
Ouvrier, -ère qui fabrique des chapelets. Cf.
Allumettier. V. Citation à Chapeletière. ^
N. — 'Voilà un mot bien angevin et même bien
saumurois. On sait que Saumur (faubourg de
Fenet, surtout) est le grand centre de la fabrication
des chapelets. Cette industrie y aurait été intro-
duite par les protestants, à la suite de la révocation
de l'Edit de Nantes, en témoignage de leur réconci-
liation avec les fils de saint Dominique... Il
paraîtrait qu'ils en faisaient, du reste, plus (ju'ils
n'en disaient, et leurs successeurs, les chapeleiticrs
actuels, ont conservé, dit-on, cette tradition, si l'on
s'en rapporte au proverbe local, qui n'a pas varié.
Sous toutes réserves. (II. O ~
Chapelle', s. f. (Tlm.). — Partie du métier
de tisserand où se tient l'ouvrier. Elle est
ainsi nommée parce qu'elle forme comme une
chambre à claire-voie. || Sa. — Petite cons-
truction voûtée qui surmonte un puits. || Mj.,
Lg., By., Fu. — Mettre dans la chapelle
blanche ; mettre au lit un enfant qui a la
prétention d'aller à la messe de minuit.
Et. — B. L. Capella, dimin. de Capa, chape.
Série des sens : petite chape, chapelle, conservée
dans le palais des rois et sur laquelle se prêtaient
les serments ; puis le lieu, dans le palais, où cette
chape était gardée (d'où : Aix-la-C/;apeW(?, d'une
chapelle de ce genre qui était dans le palais de
Charlemagne), enfm tout édifice où il y avait des
reliques. (Litt.)
Chapelle - (faire). — Se chauffer devant la
cheminée en relevant ses jupes jusqu'à mi-
jambes. — Ou faire courtine.
Hist. — N. — Faire petite chapelle. Se chauffer
comme ont la pernicieuse habitude de le faire les
femmes du peuple, qui s'exposent ainsi à des mala-
dies variqueuses. — Faire du papier marbré.
Avoir la mauvaise habitude de se chauffer les pieds
sur un gueux, dans l'argot du peuple, qui a eu
maintes fois l'occasion de constater les inconvé-
nients variqueux de cette habitude, familière aux
marchandes en plein vent, aux portières et, généra-
lement, à toutes les femmes trop pauvres pour
employer un autre mode de chauffage. (Delvaxj.)
— Le terme propre est Ephélides, ignéales, taches
qui se développent à la partie interne des jambes et
des cuisses chez les femmes qui font usage de chauf-
ferettes très chaudes. Du grec : épihèlioç, causé par
le soleil. — Par extension. V. Chèvres.
Chapelures (Sal.), s. f. — Oignons, persil,
etc., coupés en petits morceaux.
Chaperon (Lg.), s. m, — La masse des
muscles du cou chez le porc. Lang. des char-
cutiers.
Chaperonneuse, s. f. — Chaperon propre
aux Angevines.
Hist. — « Le suppliant demanda à uns compai-
gnon s'il n'avoit point veu une jeune fille qui
portast chaperonneuse d'Anjou; ...lequel lui
dist. . . qu'il avait veu une jeune fille, . . .qui avoit
une robe de bureau jusques à my cuisse et ung mes-
chant chapeau. » D. C.
Chapiâ (Lg.), s. m. — Chapeau, ^'ieux.
Chapiau (By.), s. m. — Chapeau. Cf.
Coutiau, etc. Vieux à Mj.
Chapiet (Chpt., By.), s. m. — Le chapelet.
Chapieux (Lg.), adj. q. — De la nature du
chape, qui renferme du chape. Se dit d'une
roche, d'un terrain.
Chapiliou, s. m. — Colin-Maillard. Syn. de
Casse-cou, Oueille bandée. Alouette.
Hist. — « Bon avis est bon devis : bonne amitié
est de crier : gare, comme au jeu que vous savez,
quand on va se cogner sans y voir. » (Note. Jeu de
Colin-Maillard, qui s'appelait alors le chapifou.)
Hi.^t. du vx tps, p. 392.
Chapin (Mj., By.), s. m. — Miettes ; pous-
sière de bois tourné, ou provenant de la taille
du tuiïeau, avec laquelle on garnit les plan-
chers, ou Terrasse. — Cf. Chape. Ex. : Du
chapin de touffeau. »
184
CHAPITRE — CHARBONNIER
Chapitre (Mj., Fii.), s. m. — Délibération,
colloque, discussion. Ex. : Ils en ont fait tout
ein chapitre. » — Syn. de Décis, Délibéré. Très
voisin du sens où ce mot est pris en fr. ds la
loc. Etre sur le chapitre de...
€hap/e. (Lg.), s. m.
bref.
V. Chape. L'a est
Cliap/eux (Lg.), adj. q. — V. Chapieux.
Chap/ière (Lg.), s. f. — Carrière de chape
ou chaple.
Chapon (By.), s. m. '. — Croûte de pain
frottée d'ail que l'on mélange à la salade.
■ Et. — Mot formé ironiquement, d'après Bigame
(patois de Beaune) ; la frottée d'ail étant souvent
le plat principal, le chapon du pauvre paysan :
« Si tu te trouves sans chapon,
Sois content de pain et d'oignon.
Dict. des Prov. franc. — GtriLL.)
2° Partie très estimée du porc. C'est la
graisse qui se trouve sur le dos ou le cou des
porcs. — V. Chaponneau.
Chaponueaii (Mj., Fu.), s. m. — Morceau
de porc délicat et sans os, formé des muscles
qui tapissent intérieurement la colonne ver-
tébrale. Filet de porc. V. Chapon.
Chapoteaii (Mj.), s. m. — Ustensile de
charpentier en bateaux, consistant en un
billot de bois de la grosseur de la cuisse, que
trois pattes maintiennent verticalement et
sur la tranche supérieure duquel l'ouvrier
aiguise ses chevilles et ses cales.
- Et. — Chapoter, dégrossir le bois avec une
plane. Radie. Chap, qui se retrouve dans Chapuiser,
tailler, couper, et qui, d'après Diez, est le radie, de
Cap-o, cap-us, chapon. D'où, esp. et port., chapar,
châtrer. Chapotin, l'instrument : chapuis, billot,
D. C. chapuisare ; Chaput, billot de bois pour
équarirles ardoises. (V. Chapu.) Litt.
Chapiis (Lp., Z. 141), s. m. — Outil dont
les carriers se servaient autrefois pour échan-
tillonner l'ardoise, lui donner la largeur
voulue. Il Sorte d'enclume à bord tranchant
sur laquelle on place l'ardoise pour l'équarrir
à l'aide du Dolleau (Z. 141.). — V. Chapoteau.
Et. — Je l'écris avec une s à cause du v. Chapu-
ser. — Hist. :
— « Princesse, las ! selon ce contenu,
Mourir m'en vois, le chief sur le chapuis,
Les yeux bandez, à force détenu,
Puisque de vous approcher je ne puis. »
Al. Chartiek, Po., p. 80.5.
Chapiiser (Lg., Tlm.), v. a. et n. — Tailler
du bois, menuiser, charpenter ; coupiller.
Syn. de Gosser. V. Chapoteau, Chapus.
Et. — Voir Chapoteau. — Hist. :
— « Tant fiert, tant chaple, tant chapuse
Que les Persans enfin reuse (repousse). »
Parton. de Blois. (L. C.)
— « Lequel boys le suppliant fist abattre... et
icellui charpenter et chappu^^er à ses propres coutz
et despens. " (1466.) L. C. — La citation suivante se
rapproche le mieux de notre sens : « Le suppliant
en buvant prist par sa merencolie à chapucier et
doler de son coustel la table* rjui ésloit devant la
tiompsignid, r, 1ft*>G, (Di C.)
Chaque (Mj., Fu.), pr. ind. — Chacun. Ex. :
Ils coîitent 10 sous chaque ; chaque lasieune.
N. Ce dernier emploi est plus rare.
Chaqiietailler (Mj.), v. a. — Fréquentât,
et syn. de Chacoter, Chacrogner. Pat. norni.
Déchiquetâiller. V. Chactailler.
Cliâ<)iieiiD,-eune (Mj.), pr. ind. — Chacun.
^x. : Châqueun le sieun.
Char 1 (Mj., Fu., By.), s. f. Chair. — V. Au.
Hist. — « Qui servoient devant le roy et la
royne de char, de vin et de pain. « (Joinville. —
J. B.,R.H.,ï, 341.)
« De quatre choses Dieu me garde :
C'est de petit disner qui tarde.
De char salée sans moutarde,
De toute femme qui se farde
Et de varlet qui se regarde. »
Cité par Roquefort, v° Disgner. (Jaub.)
Char -, chère (Mj., Fu., By.), adj. q. — Cher.
N. — Le fém. est : chère, quand l'adj. termine la
proposition, et : chare, lorsqu'il est suivi d'un nom.
Ex. : N'y a que la première fois de chère, ma chare
amie. — N. L'e plutôt fermé et très long à la fin :
« Oui, ma chare amie, ta livre de beurre est trop
chère. » \\ Char vendeur, — celui qui vend cher
habituellement.
Charabias (Mj., Sal., Fu., By.), s. m. Cha-
rabia. Cf. Bêtas, Pâtiras. — Avec un s ; a
long.
Et. — Appliqué surtout au patois des Auver-
gnats, à cause de l'habitude qu'ils ont de prononcer
la lettre c comme ch, comme dans cette phrase que
l'on prête à un Auvergnat dans une histoire popu-
laire : Che n'est pas que cha choit chale, mais ch'est
que cha tient de la plache. » (Jatjb.) — Le Dict.
génér. le tire de l'esp. algarabia, proprement : la
langue arabe : puis, par ext., toute manière de
parler inintelligible. Le mot espagn. est la trans-
cription de l'arabe « al arabia » (avec a aspiré), la
langue arabe.
Charant, e (Sp.), adj. q. — Qui vend cher.
V. Char.
Charbon (Mj.), s. m. — Fig. Affection à
laquelle sont sujettes qqs, personnes, et qui
consiste en une extravasation subite et spon-
tanée du sang sous la peau imitant une
ecchymose. Nom scientif. Enchymose.
Cliarbon- blanc, s. m. — Nom d'une ferme
de la commune de Saint-Augustin-des-Bois.
Charbonnée (Mj.), s. f. — (V. les Z. sur
VAraboute, 173-178.). Préparation culinaire
que font les ménagères le jour où l'on tue un
porc, et dans laquelle elles font entrer les
menus morceaux de la bête, surtout la chair
déchiquetée prise aux bords de la saignée.
I Charge de charbon introduite dans le four
à chaux.
Hist. — Rabelais donne à ce mets un autre
nom : « Belles tripes frites, belles carbonnades,
beaux jambons. - (G., i, 21, 41.)
Charbonnier, s. m. (Ve., Mj.). — Petit
oiseau à gorge noire qui fait son nid à terre
dans les prés (œufs bleus), probablement une
fauvette. Cf. Charbonnière.
N: — Nom vulgi ds la grandd mésanft (parut
CHARBONNIÈRE — CHARLIT
18f
major) ; petite charbonnière (parus ater). Litt. —
Nom donné à divers animaux de couleur noire.
(Darm.)
Charbonnière (Sp., TIm.), s. f. — Tas de
bois que Ton fait brûler à feu mort pour fabri-
quer du charbon. On dit aussi : charbonnière.
Il Mj. • — • Magasin en plein air où l'on dépose
la provision de charbon pour les fours-à-
chaux. Il Ec. — Espèce de bergeronnette.
Cliarboiiner (Sp.), v. a. — Charbonner.
Charbonnier (Sp.), s. m. — Charbonnier.
Charbonnière (Sp., Lg.), s. f. — \\ Char-
bonnière.
Charcher (Mj., By., Fu.), v. a. — Chercher.
il Charcher midi à quatorze heures, ch. pouille,
querelle. || Sp. Ch. la pierre à casser les œufs,
ch. l'occasion de boire et de s'enivrer. || v. n.
Absolument, Mendier. i| Ch. qqn. lui chercher
noise, le quereller, l'attaquer.
Et. — Lat. Cicare, faire le tour de, parcourir, de
Circus, cercle. Le sens primitif est : parcourir pour
trouver. Vx fr. Cercher. — Hist. :
« En tel ennuy, pour me cuyder retraire,
Charche chemin. » — {Fa if eu. p. 16. — L. C.)
— « Têtegué ! v'ià justement l'homme qu'il nous
faut, allqns vite le charcher. » (Mol., Médecin m.
lui, I. V.)
Charcheux (Mj.), s. m. — Mendiant. V.
Charcher. \\ Ec. — Charcheux de pain, id.
Charcois (Sp.), s. m. — La masse du corps,
la chair et les os. On dit proverbialement d'un
vieux mur recrépi : Il est comme le renard, la
peau en vaut mieux que le charcois. || Car-
casse, il Le prov. ci-dessus se dit aussi d'une
personne bien habillée, mais qui a une mau-
vaise réputation (By.). || Fu. — La masse de
chair et d'os d'un animal mort. || Ec. — id.
Et. — De Char. || De Carchesium, vase, d'où
coffre à mettre des flèches, — et à contenir le corps
de l'animal. (D^ A. Bos.) — Hist. :
« Si croi, si Diex me beneie.
Que famé qui ainsi se lie
Et se déguise,
Et son charcois tant aime et prise,
N'est pas de grant honte esprise
Dedens le cœur. » (L. C.)
11 vaut mieux dans son petit doigt
Que toi dans tout ton charcois. » (Jaub.)
Charder (Lg.), v, a. — Carder, ou plutôt
retirer le poil d'une étoffe.
Chardeur (Lg.), s. m. — Ouvrier cardeur,
ou plut(jt qui char de.
Chardon, s. m. — « Chardonnet sauvage,
onopordnm. acanthium ; le chardon-loriot ou
centaurée laineuse ; chardon conard, cirsium
lanceolaium ; chardon roulant, poinchau,
fouasse à l'âne, erlache, relâche ou eryngium
campestre. Le chardon loriot à lui seul porte
plusieurs noms : ameline, chardon serinette,
chardon bénit, chausse-quasse, centaurée
laineuse, chardon étailé, piquegneux, chardon
crapu. Chardon more, nom vulg. du sih/hium
marianuin (Mén.) || (Lg.) Scolyme d'Espagne.
Chardonnet' (ehardonète) (Mj,, By.), a. m.
Br,
Chardonneret. Syn. de Chardounet (Li.,
Et. — « Ce mot suppose un mot fictif : chardon-
ner, chardonnier, qui fréquente les chardons. »
(Litt.) V. Jaub., cit. de Marot.
Chardon-roulant (Mj.), s. m. — Chardon-
Roland.
Et. — La dénominat. pat. de cette plante paraît
de beaucoup la plus logique et la plus significative
à qui a vu les têtes de cette centaurée roulées sur le
sol par le vent d'hiver. Syn. de Fouace à l'âne. —
Eryngium campestre. (Bat.)
Chardonnet (Sp., Lg.). ■ — • Chardonneret.
.^yn. de Chardounet. Cf. Bonnet.
Chardron (Mj.), s. m. — Chardon. Forme
assez rare. Se retrouve dans le pat. normand.
Charge, s. f.(Sp., Mj. By.). — Etre en charge,
avoir son chargement bien équilibré, en par-
lant d'une charrette. || Mettre en charge, dis-
poser de telle sorte qu'il n'y ait plus qu'à
charger. || (PL) Prendre à la charge, une boule
de fort, tâcher d'atteindre le but en dirigeant
sa boule par les bandes. V. Porte-feu. \\ Lg. —
Ancienne mesure pour les grains dont on n'a
pu me préciser la valeur exacte, mais qui
consistait en un certam nombre de boisseaux.
C'était proliablement la même chose que le
sier ou septier de Mj. || Eter à charge, être fati-
gant, insupportable, ennuyeux. !| Prendre,
uu avoir ses charges, pr. à sa charge.
Et. — Charger, de Carricare, de carrus ; propre-
ment : Mettre sur un chariot.
Chargé (Mj.), part. pas. — Chargé de tra-
vers, ivre. — On disait jadis : chargé yvre,
pour : chargé de vin (Oudin) || Èc. — Il est
chargé, pour du coup !
Charger, v. a. (Pell., Ag., By.). — Au jeu
de boules de fort, lancer sa boule de manière
qu'elle monte sur le rebord arrondi du jeu, le
fort étant de ce côté, ce qui amortit sa force.
Il (Mj.) Charger sur le cœur, donner des
nausées. || Etre chargé de coûté, ou de travers,
tituber par suite d'ivresse.
Charibandé, s. f. — Pour : chaUbaude. Feu
de joie.
Châriolée (Vm.), s. f. — Le contenu d'une
voiture, d'un cabriolet, d'une cariole. V.
Charriotée.
Hist. — « Chariolle, « chariot à faire marcher les
petits enfants. » (Oudix.)
Châriotée (Ec.) ,s. f. — Plein un chariot. V.
Charriolée.
Charir" (Mj.), v. a. — Câliner, cajoler,
caresser. — C'est le fr. Chérir. || Se faire
charir par qqn., être sa mpîtresse, en parlant
d'une femme.
Charissant (Mj., Fu.), adj. v. — Caressant.
Ex. : Celé petit chien là il est vrai charissant.
Charité (Mj., By.), s. f. — De charité, par
chaiité. Il Etre dans les charités, être inscrit
au Bureau do bienfaisance.
Cbarliti '-^ (( Confiscation des lits, chaflitSf
186
CHARLOT — CHARREAU
tables et autres ustensiles de'mesnage de tous
les protestants demeurant en ville... »
Dec. 1585. — C. Port. Invent. 55. || Chl. s. m.
Châlit, bois de lit.
N. — Mot désuet. Je le trouve dans l'inventaire
de Brodeau, fait le 16 août 1745, par Louis- Joseph
Métivier, notaire royal à Chalonnes, à la requête de
François Plumejeau, mon quadrisaieul maternel.
On y lit : « Item, un charlit de bois de chesne garni
d'une paillasse, une coette. . . »
Et. — Doubl. du franc., avec r épenthétique.
Chariot (Lg.), s. m. — Diminut. famil. de
Charles. Cf. Tiennot.
Charlote (Lg., Tlm.), s. f. — Echalote. Corr.
du mot fr., par confusion avec le prénom
Charlotte. Cf. Victor, Caroline.
Charlotte (Lg.), s. f. — Sorte de bonnet à
bouse, mais dépourvu de bride"
Charmante, s. f. ou Galante (By). — Avoir
la charmante, c'est avoir la gale. « Qui ne l'a
pas l'attrape ; qui l'a la gratte. « (Dicton.
Mén.). Par antiphrase. X. Autrefois : Mal
de Saint-Méen.
Charme, s. m. — Charmille.
Charmille (f. au Lg., m. à Sp.). — Charme
arbre. Ex. : J'avons fagoté du charmille.
Char miter (Mj.), v. a. — Cajoler, de : char-
mer. Vieilli. Il Sal. Dire des douceurs. Se
laisser charmiter.
Charnat, s. m. (Ségr.). — Le bourbillon
d'un furoncle. JlEc. — On dit : le lumas. \\ V.
Materon, Mater.
Charnier ', s. m. (Lue, Mj., Fu., By., etc.).
— Grand vase de grès ou de bois, dans lequel
est salé et gardé le lar..
Et. — Carnarium. — Hist. : « Et le visage leur
reluisoit comme la claveure d'un vieil charnier. » —
(Rab., p., Prol.)
« Bacons mal sales
En charnier empire,
A dist li vilains. »
Prov. du Vil.
Charnier ,* s. m. — Echalas, perche, pais-
seau, etc.
Et. — Sans doute du lat. pop. * cardinarium,
dér. de Cardo, cardinis, gond, l'échalas qui soutient
la vigne ayant été comparé au gond qui soutient la
porte. (Darm.)
Charnier ^ (Sar.), s. m. — Chemin charnier.
Nom d'un chemin à Saumur, sans doute pour
charrier. V. Charrière.
Charoyère (Te, Etr.), s. f. — Sorte de bac
destiné à transporter d'une rive à l'autre des
charrois de bestiaux et de voitures {Peiit
Courrier du 12 mai 1903.). — Devrait prendre
deux r.
Et. — Charroyer, autre forme de Charrier. De
carricare ; deux formes d'un même mot. — Hist. '■
« Il se trouvait là dans un terrain vague, servant de
Charroyère à beaucoup de fermiers de la plaine. »
(R. Bazix, Les Oberlés, S" partie, ch. vn.)
Charpi (Mj., Fu., By.), s. m. — Charpie.
Et. — Charpi est pour : linge charpi ; de même
que le fr. Charpie est pour : toile charpie. V. Char-
pir. Du lat. carpere, couper, tondre, devenu carpire,
par chang. de conjug.
Charpiller (Sa.), v. a. — Réduire en char-
pie. Syn. de Charpir. || By. — Echarpiller,
effilocher.
Charpir (Mf.), v. a. — EfTilocher. || Fig.
Tortiller, déchirer. Défaire un tissu, détordre
des fils de laine ; étendre, étirer, désenche-
vêtrer de la laine feutrée. Pour l'étym. V.
Charpi.
Charqiiois, s. m. — \'. Charcois.
Charrai (Mj., Fu.), s. m. — Charroi. V.
Charoyère. A vieilli. Prononc. du xvi<= siècle.
Il Ec. — et pour : Passage par où on charraye
(charrai-ye), mots très journellement em-
ployés aujourd'hui. — Le charrai au milieu
des champs et des prairies est qqf. assez mal
défini ; il n'est pas entretenu ; ce n'est qu'une
grande rotte par où on passe avec des chartes
pour faire les charrois à certaines époques.
Charraieries (Lg.), s. f. pi. — Travaux et
époques des charrois d'automne : fumiers,
composts, etc. Cf. Sèmeries, Faucheries, Arra-
chéries.
Charraud (Tlm.), s. m. — Ornière. Syn. de
Rouère. Du fr. char. || Fu. Charreau. « I s'est
ennêvé dans les charreaux.
Charrayage (Mj., Fu.), s. m. — Syn. de
Charrai, Charraieries.
Charrayer (Mj., Lx., Zig. 143 Fu., By.,) v.
a. — Charroyer. || Fig. Malmener. Ex. : Ah !
il te l'a charreyée ! a ne savait pas si c'était du
lard ou du cochon ! || Tourmenter, en parlant
d'une maladie. Ex. : La maladie l'a pris hiar
de nuit, et il est mort enhuit : ça te l'a char-
reyé ! \\ Mener rondement, reconduire un peu
vivement. Renvoyer brutalement, pour-
chasser, faire décamper. On dit dans le même
sens : Mener par des petits chemins, et sou-
vent on ajoute : où n'y a point de pierres.
« r n'a qu'à venir par là ; je te vas le char-
rayer ! — On charraye les poules. Syn. de
Pergaler. V. Charreyer (Mj., Fu.)
Charrayeuv (Mj.), s. m. — Roulier.
Charre (Mj.), s. f. — Sorte de bâton de
quartier qui, comme le bâton de quartier
ordinaire, sert à bouméier. Il en diffère en ce
que, destiné à arrêter le bateau moins brus-
quement que ce dernier, il se manœuvre d'une
façon un peu différente et revêt une forme
appropriée à son emploi. Comme son congé-
nère, c'est un solide fût tronconique de bois,
ferré à son extrémité inférieure : seulement
il est plus long et plus léger ; de plus, il n'a
pas de varveau. Enfin, au lieu de s'arcbouter
dans les rançoires, il est maintenu à son
extrémité supérieure par une estroppe frappée
que le marinier mollit ou freye peu à peu sur
un marmouset.
Charreau (Lg., Fu.), s. m. — Chemin de
CHARRÉE — CHARTE
187
charrettes le long d'un champ. Syn. de Char-
rière. || Ornière. Syn. de Royère, Rouère.
Et. — De : char. — Hist. : « Le ckarrau qui
conduit de Beauvoir à Bourgneuf est traversé par
plusieurs canaux. » (Déniait, iv, 52.)
Cliarrée, s. f. (Lue, By., Mj.). — Cendre qui
reste au cuvier après la lessive coulée, et
Charrier, drap de grosse toile sur lequel on
met cette cendre quand on coule la lessive.
V. Chairée. Français. Donné comme réfé-
rence pour d'autres mots.
Et. — LiTTKÉ le fait venir de : cinerata, cendrée ;
mais ScHELER ne peut admettre cette étym., à
cause du ch. — Hist. : « Pren de bonnes cendres et
mets avec de l'eaue et fais comme charrée. « —
« Leur defïend icelle chambre jetter de leurs mai-
sons, par les fenestres, ordures, urines, charrées,
infections. » {Ordonnances.)
— « Près d'eus fu le fossé à l'eve.
Qui celi jour iert (était) aussi trouble
Comme charrée, ou plus au double. » (L. C.)
Cliarretis (Sp., Fu.), s. m. — V. Chârtis.
Châssis d'une charrette.
Hist. — « Comme les exposans ostassent les
roes d'un tomberel. . . pour icelles roes remettre ou
(au) charreiy d'une charrette. » (1365.) L. C.
— « Puis a veu, en un corlil,
Gésir un grant vieil charretil ;
Encontre la maison le drece. » (L. C.)
Charrey (Lue), s. m. — Charroi. Mauvaise
graphie de Charrai.
Charreyer (Segr., Fu., Lue, By.), v. a. —
Transporter qqch. avec une voiture, une
charrette. Charreyer du bois. Cf. Charrayer.
Charrie, s. f. — La charrie égalait 41 m.,
87 c, se décomposant en 300 gaules ; ancienne
mesure de terrain. — La corvée que l'on d^it
en charroi. De carrerium (Mén.)
Charrière (Mj., Fu., Sal.), s. f. — Chemin
d'exploitation tracé à travers un bois. 1|
Chemin temporaire établi dans un champ ou
dans un pré pour le charroi des fumiers ou
l'enlèvement des récoltes. Syn. de Char-
reau. \\ Bac pour les charrettes. || Fu. —
Chemin tr^icé en pleins champs, sans haies
de chaque côté. || Ec. — On dit plus souvent :
chemin chârtier, voie chârtière.
N. — « Les sentiers doivent avoir cinq pieds de
large, les charrières dix pieds. » (Monteil, Hist.
des Français, xvr^ s. Cité par MéniÈRE.)
Et. — La charrière est le chemin par où peut
passer un char : carreria. Il signifiait : rue : '^^arre-
ria Palatii, de Ponte, Fustariœ ; Rue du Palais, du
Pont, de la Menuiserie. (D. C.) — « H a différence
entre erre et charrière ; quar erre est par quoi l'en
puet aler à pié et cheval sans plus ; charrière est par
quoi l'en puet amener char ou charrette. » (Digeste,
î° 105.) — « Lesse (largeur) de charrière donée tient
en atendue onze pieds. » {Livre de Justice, 142. —
LiTT.) — Hist. : « Agnès, veuve de Pierre de Sacé,
a abandonné toute réclamation sur le don fait,
sans son consentement, par son mari, au I>ouroux,
de : quamdam charreriam, quam per prata abbatis...,
et monasterii, que (quse) vocantur prata de Chapil.
habere dicebatur idem Petrus. " (1240. — Inv,
Arch., H, I, p. 201, col. 2.) — « Enfin les égorgeurs,
guidés toujours par Porcher, arrivent dans la
charroyêre qui n'est qu'à cinquante pas de l'hôpital.
(Déniait, iv, 330.) — « La Charéière de Saint-
Jacques. » La voie lactée. (Dott. ) — Bac. « Comme
Bouchart de Lisle, seigneur de l'isle Bouchart et de
Rochefort-sur-Loire, eust fait faire un grant et
notable bac, ou charrière, en la rivière de Loire,
pour passer charroiz. n — Employé In Gestis
Guillelnii Majoris, Episc. Andegav., c. 27.
Chârriolée (Vm.), s. f. — Le contenu d'une
voiture, d"un cabriolet, etc. Ex. : J'avais eine
fameuse châriolée de monde. Cf. Tomberolée.
Dér. de Chariot. Cf. Châriolée.
Charroi (Sal.). — Etre dans un vilain
charroi, être gravement malade ; dans une
affaire difficile, désagréable.
Charroyêre (Te, Etr.), s. f. — Grand
bateau plat de la Sarthe, pour passer les
bestiaux, les foins, etc. — V. le Drame du
moulin d'ivray {Petit Choletais). V. Char-
rière, Charreyère. \\ Ec. Charreyère.
Hist. — « L'hiver, la charroière est remisée
derrière le pavillon du Port. » (Abbé Houdebine,
Anj. Hist., 2« an., p. 578.) — « A vendre ou à louer
un bac dit charroyêre, de 14 m. de longueur, avec
ses deux ponts d'embarquement. » {Petit Courrier
du mardi 18 avril 1905.) — « Il se trouvait là dans
un terrain vague, servant de charroyêre à beaucoup
de fermiers de la plaine. » (R. Bazin, Les Oberlés,
S*' partie.)
Charrue (à couvrir) (Sp.), s. f. — Sorte de
charrue dont on se sert pour enterrer les
semences. V. Grand-pas. \\ Fig. Charrue,
attelage de bœufs. Ex. : Il a la pus belle
charrue de bœufs qu'il est rare de voir. — Cf.
Harnais, Attelée. — On dit : une métairie de
3 ou 4 charrues, c.-à-d. une grande métairie.
Il Ferme (Torfou). « Le marquis det avoir
astheure 54 charrues.
Et. — Lat. Carruca, voiture, dont le nom géné-
ral a passé spécialement à la machine à roues dite
charrue.
Charruer (Ec.) (Pron. Chéruer). — Labou-
rer à la charrue. || Fu. Charruer.
Hist. — • « Comme je suivais un jour de l'œil un
de ces oiseaux (l'alouette) qui s'élevait en chantant
dans les airs, un vieux laboureur, qui charruait à
quelques pas de moi, s'arrête... » (Abbé Vince-
LOT, p. 259.
« L'autre jour vi un charruier,
Bien près du pont de Charenton,
Charruiant. » (Eust. Deschamps. — L. C.)
« Une brebis, une chievre, un cheval
Qui charruoient en une grant arée. »
Charrueries (Mj.), s. f. — pi. Labours à la
charrue. Cf. Sème ries, Arracheries.
Et. — Dér. de Charruer. Cf. Sèmeries. Arrache-
ries, Batteries.
Charruis (Mj.), s. m. — Terrain charmé.
Charte (Mj., Lg., Lue., Fu.), s. f. — Char-
rette. Faire charte, suffire. Ex. : Ça ne fera pas
charte, ce ne sera pas suffisant. X. J'ai entendu
dire en ce sens : Ça ne veut pas dire : char-
rette (A. V.). Il Tomber pa' le cul de la charte,
être ruiné. || Lg. — Charte à Malbrou, grande
charrette à fumier. || Machine à roulettes
dans laquelle on place un jeune enfant pour
lui apprendre à marcher. Ex. : Il est si brasse-
li
CHARTE — CHASSE-GALLERY
bouillon qu'il a déviré cul par' sus tête avec
sa charte, » || Ec. — Charte : grande charrette
de laboureur pour les gros travaux. — Char-
rette, petit véhicule ou carriole pour trans-
ports légers. On dit : une chârtée de foin, et :
on va mener queuques boisseaux de pataches
dans noute charrette. Une petite carriolée de
pommes de terre. Une charte à bœufs. Et
aussi la petite machine à roulettes pour bébés.
Et. — Contraction de : charrette. — Hist. ;
« Quand j'estoys malade et deffaict,
Vous me veniez assez veoir,
Et quand je suys sain et reffaict
Charrete et beufs ne vous faict mouvoir. »
G.-C. BtJCHER, 77, p. 123.
— « La charte de paille de froment a esté vendue
4 livres. « (1564.) Inv. Arch., S, E, m, .304, 2, h. —
« « Trouvé mort par l'accident d'une charte, char-
gée de deux pipes de vin. qui a tombé sur luy. »
(1634. — Id., S, s, E, 418, 2, haut.) — « Deux
heures après fut emmenée par le mestayer des
Ervaux, son mari, en sa charte, en son logis. »
(1624. — Inv. Arch., E, m, p. 279, col. 1.) — «Vou--
dront bien me doner avis du vin qui doit leur être
rendu chez eux venant de Saint-Florent. Je leur
ceré forte obligé... de doner un cheval... pour
aller à Nevy et Sainte-Cristine, pour en faire passer
une charte à Chemillé. » (Lettre de Desais, com-
missaire des vivres de l'armée chrétienne. —
C. Port, La Légende de Cathelineau, p. 248.) —
Par équivoque peu spirituelle, avec : charte,
papier _•
— « Le cas qui est cy dessus récité
En une charte, ou en ung tombereau.
Faifeu, p. 34. (L. C.)
Charte (Mj., By.), s. f. — Chèreté.
Hist. — « Charte de tous biens, fors le lard, pour
la glan qui a esté. » 1584. [Inv. Arch.. S, E. sup.. A,
126, p. 2,1.)
« Ce nonobstant qu'il fut charte de vin. «
Chârtée (Mj., Lg., Fu.), s. f. — Le contenu
d'une charte.
Hist. — « Chascun pescheur doibt mettre sur
ladicte turcye (levée) chacun an deux challon-
drées de groys de chacune deux chartées. » 1561.
ilnv. Arch., H, supp., p. 58, col. 2.) — N. Challon-
drée, — le contenu d'un chaland ou chalon, souvent
usité à cette époque, désuet aujourd'hui, tant
comme radical que comme dérivé.
— « Assez pour en charger quatre grandes chartées. »
J. DU Bellay, Trad. d'une épistre latine, p. 164.
Chârtis (Sp.), m. — Châssis d'une char-
rette, le corps de la ch. sans les roues
Hist. :
« Que le paysan recueille, remplissant à milliers
Greniers, granges, chartis et caves et celliers. »
Regxier, Sat., XV.
Chartreau (Lg.), s. m. — Ouverture ou
goulot d'une bourrache. N. La bourroche a
deux chartreaux. Dimin. du fr. chartre,
prison.
Charliiter (-Mj.), v. a. — Charcuter.
Chartiitcrie (Mj.), s. f. — Charcuterie
Chartutier (Mj.), s. m. — Charcutier.
Chas (Mj., Tlm , Lrm., Fu.), s. m. — Sorte
de bouillie dont les tisserands enduisent les
fils de chaîne.
Et. — Ce mot est sans doute la rac. du fr
Chassie, chassieux. — « Colle de farine. » (Jaub.) —
« Chasier, panier ou armoire à égoutter le fromage.
Caseum. » (D"" A. Bos.) — Voulait dire, jadis :
cuisine. (Voir D. C. Chassum.) — Chasier, sorte de
panier pour faire égoutter le fromage. Casearius.
D. G.
Chasse i (Mj., Lg., By.), s. f. — Chaleur,
état d'une femelle qui désire le mâle. On
dit : Eter en chasse, entrer en chasse. V.
Saison, Ravaut, Saut. \\ Fig. F une chasse,
pourchasser, poursuivie, donner un galop,
tancer. Syn. de Abattage, Poil, Savon, Suif.
Et. — Dans cet état, les chiennes sont suivies
d'une troupe de chiens, ce qui rappelle l'idée d'une
meute chassant.
Chasse ^ s. f. — Enveloppe du blé.
Et. — Du lat. capsa, caisse. (MÉx.)
Châsse (Tlm.), s. f. — Organe du métier de
tisserand qui porte le rôt, et que l'ouvrier
balance pour frapper les duites de fil de trame
et les serrer les unes contre les autres. || Lg.
Pluriel.
Et. — C'est le fr. Châsse, et ce nom a dû signifier
d'abord l'encadrement du roût, ou rôt, qui n'est
qu'une partie de ce battant. C'est une litote.
Et. — Lat. Capsa.
Chasse- bosse, s. f. — Nom vulg. du Lysi-
machia. V. Chancrelle.
Et. — De deux mots grecs : qui apaise un
combat, guérit une douleur ; à cause de la vertu
qu'on lui attribuait dans les contusions. (Litt.) —
Bosse était l'ancien nom de la peste. (Dakm.)
Chasse-cousiDS (Mj.), s. m. — Petit vin
vert. Syn. de Sigournet, Piqueton.
Et. — « Tout ce qui est propre à éloigner les
parasites. Cousin est ici pour : qui abuse du titre de
parent pour s'inviter trop souvent. » (Litt.)
Chasse-femme (Mj., Fu.), s. f. — Sage-
femme. Beaucoup prononcent ainsi, en plai-
santant et même sans plaisanter. Syn. de
Marchande de poupons. Bonne femme.
Chasse-galants (Mj., By., Lg., Fu.), s. m. —
Toiles d'araignée dans une maison. Cela
indique le désordre et chasse les prétendants
à la main de la fille.
N. — « Tison dont l'un des bouts lève le nez dans
le feu ou qui, bien que retiré, continue à brûler.
Signe de peu d'économie. » (Jaub.) Rappelle la
Bûche-debout du Lg. F, Lore, n.
Chasse- Ciiallery (Sp.), s. f. — V. Chasse-
Henneqain.
N. — « Je me contenterai de vous rappeler qu'un
sire de Gallery, en expiation de la faute qu'il avait
commise de chasser un dimanche, pendant la
grand'messe, fut condamné à chasser de nuit dans
les plaines éthérées jusqu'à la consommation des
siècles. Sa meute endiablée descend quelquefois
sur la terre et se repaît du corps des voyageurs. »
(La Trad., p. 252.) — N. P. Ce dernier trait est
inconnu à Saint-Paul (Chasse-Galerie), comme à
Montjean (Chasse Hannequin). L'auteur, qui le
cite (M. Casimir Puichard, conseiller d'arrondisse-
ment de Bressuire), dit, comme moi, que la Chasse
Gallery pourrait bien n'être qu'un passage d'oi-
seaux migrateurs ; mais il cite certains faits qui
CHASSE-HANNEQUIN - CHATELET
189
indiquent qu'elle fut bien souvent une poursuite
de loups par des chiens, ou réciproquement. Et
cela explique la croyance qu'il relate.
Chasse- Mannequin (Mj.), s. f. — Chasse
aérienne et nocturne faite par une meute
invisible, dont on entend les aboiements. La
croyance à la Chasse-Hannequin, appelée à
Sp., Chasse-Galerie, est répandue dans toutes
nos campagnes. On la retrouve en Norman-
die. Des personnes dignes de foi m'ont affirmé
avoir entendu ces mystérieux aboiements.
Je l'ai entendue une fois. Il s'agit bien du
passage nocturne d'une bande d'oiseaux
migrateurs. R. O.
Chasse- messe, s. f. — Pièce d'artillerie
appartenant aux huguenots, qui leur fut
l)rise par Lemaire, en 1585? (Mén.)
Chasse- morte (Bg.), s. f. — Pour indiquer
qu'une affaire est terminée et qu'il n'y a
plus à y revenir, on dit, dans le Baugeois, que
c'est une chasse-morte.
Et. — Terme du jeu de paume. Le lieu où la
balle finit son premier bond. Chasse morte, — coup
perdu. — Figuré et familièrement : aiïaire com-
mencée que l'on ne poursuit pas. — Littré, au
8'^ sens. ....
Chasse-pies (Mj.), s. m. — Nom que les
gens de métier donnent, par dérision, au
paysan, de même que les mariniers l'appellent
castaud. Il est vrai que Jacques Bonhomme,
qui n'a pas toujours la langue dans sa poche
prend sa revanche en appelant les uns ôvé-
riaux et les autres mariniasses ou pirriers,
péteux ou traine-bâton. — Syn. de Castaud,
Cope-choux, Dâbre, Virc-bouse, Pitois,
Pampre.
Chasse- pointe (Mj., Fu, By.), s. m. —
Tige de fer avec laquelle on enfonce une
pointe dans l'épaisseur d'une pièce de bois,
ou au travers d'une planche.
Chasser (Tlm., Lrm.), v. a. — Enduire de
châs, un paré, dans le langage des tisserands.
Chasseriau, s. f. — Chasseur qui n'a pas
l'habitude de la chasse. Syn. de Tue-rien.
(Segr.) (MÉN.)
Chasse-vache, s. m. — Nom de l'astraga-
his et du réglisse. (Mén.) Astragalus glycy-
phyllos. (Bat.)
Chasse- venin, s. f. — V. Lait de couleuvre.
(Mén.)
Chassiâ (Lg.), s. m. — Syn. de Châssion.
C'est la spergulaire. Syn. de GenouUlée.
Chassiffiau ou fiot (Mj., Bn.), s. m. —
Arrière-bouche, pharynx et fosses nasales. —
Larynx, plutôt. — Ex. : Je ne sais pas ce qui
me tient dans le chassiffiau ; je ne sarais sè-
ment prendre mon respir. — Œsophage de
l'oie ; gosier. || Ec. — Ou Sassiffieau, ou le
sublet, subie (sifflet). Quand on souffle dans
le chassiffieau d'une oie, on reproduit son
chant.
Et. — J'estime que ce mot a pour radical Siffiau,
ou Sif/Zeau, du fr. Siffler, avec le préfixe Châ, pour :
Cal, cali, qui n'est pas seulement péjoratif, mais
aussi augmentatif. Le Chassiffiau, c'est le grand
sifflet, la grande voie respiratoire.
Châssion (Lg.), s. m. — Mauvaise herbe
des terres légères, la même que la GenouUlée
de Mj. — C'est la spergulaire, spergularia
arvensis (caryophyllée). — N. Qqs-uns disent :
chassiâ.
Chassoir (Sa.), pron. Chassoué, s. m. —
Jeune taureau qui fait la saillie. Syn. de
Bouvard. V. Chasse.
Chat' ' (Mj.). — Fig. Avoir un chat dans la
gorge, — être enrhumé, enroué. || Sp. —
Emporter le chat, — partir sans répondre. ||
(Mj.). Se ]Qi%v\Qchat aux jambes, — s'ac-
cuser réciproquement. || Garder le chat, —
attendre un enfant à naître, un accouche-
ment. Syn. de Tendre des cordes. \\ Chat
grillé, — enfant chétif, malingre. Syn. de
Chivrille. \\ Lg. — Guetter le chat. Syn. de
Garder le chat (ci-dessus). || Ec. — • Ben oui,
c'est le chat ! — N'en crois rien. — Très sou-
vent, quand un méfait a été commis dans une
maison, on en accuse le chat, qui n'est pas
toujours le coupable. (V. La Fontaine,
Bertrand et Bâton.)
Et. — D'origine celtiq. plutôt que latine. Lat.
popul., Cattum, cattam.
Châtaignes (Fu.), s. f. — Poignée de châ-
taignes. Secousse violente, ressentie dans la
main de celui qui a frappé avec un bâton et
dont le coup a porté à faux. || By. — id. —
V. Châtain.
Châtain i (Mj.), s. f. — Châtaigne, marron.
Il Fig. Poignée de châtains, — ' commotion
violente reçue dans l'intérieur de la main,
lorsque, par ex., on frappe un coup de bâton
qui porte à faux. — Rappelle le fourmille-
ment produit, comme par la bogue épineuse
de la châtaigne, ou par les châtaignes grâlées.
Et. — Castanea. De noms de villes de la Thessa-
lie et du Pont. — • V. Châtaignes.
Châtain - (Fu.) n. c. m. Nom donné au bœuf
dont la robe est de la couleur de la châtaigne.
Château (Mj.), s. m. Château d'orage,
amoncellement de nuées orageuses, avant-
coureurs de la pluie et de l'orage. ||(Pc.) —
Château de nuages, même sens. || Château-
branlant. Nom donné aux bébés qui com-
mencent à marcher et semblent toujours sur
le point de tomber.
Chat-écureuil (Mj.), s. m. — Ecureuil. Cf.
Chat-fouin. Syn. de Chat-de-perche, Fouquet.
Hist. — « Tu montes sur les arbres comme un
vrai chat-écurieux. » (G. Sand, La Petite Fadelie. —
Jaub.)
Châtelet (Lg.), s. m. — Dévidoir à axe ver-
tical, sur lequel on met les écheveaux de fil
pour les dévider en bobines surles quenellesoxi
épelles. Il Fu. — 1" Trochée de nozilles ;
2" Jouet fait d'une noisette percée, à travers
laquelle passe un arbre vertical alourdi
d'une pomme de terre pour faire le volant et
190
CHAT-FOUIN — CHAUCHER
qu'on met en mouvement à l'aide d'une
ficelle enroulée. —
Et. — L'instrument est ainsi appelé à cause de sa
construction élevée et de ses angles qui simulent
des tours. (Jaub., v" Travouil. ) — Le fil ainsi mis
en écheveaux sur le châielet est donné au blanchis-
sage ou à la teinture. Les écheveaux blanchis ou
teints sont mis sur le travoué, sorte de dévidoir
vertical, et le fil est dévidé en valu pour servir au
tissage. (Dott.)
Chat-fouin (Mj.), s. m. — Fouine. Petit
Carnivore plantigrade. || Puer comme ein
Chat-fouin, — exhaler une odeur forte et
désagréable. V. Fouin. \\ Franc. Chafouin.
Et. — Fouin est le masc. de : fouine, animal qui
se plaît dans les hêtres ; de fou. lat. fagum. (Cf.
Fou, fouteau.) (Dakm.) — Cf. Chat-huant, chat-
pard. L'idée commune est celle d'un animal ayant
qq. rapport avec le chat. C'est le procédé de la
nomenclature linnéenne : felis leo, felis tigris, canis
lupus, canis vulpes. (Jaub.)
fhat-grillé (Mj., Fu.), s. m.— Enfant ché-
tif, malingre. Syn. de Chivrille, Petit-grillé.
Cbatgiiené, s. m. — Hargaignoux, rechi-
gnoux. (Segr. — Mén.) — Serait-ce Chat
guené, mouillé, ce qui le rend de mauvaise
humeur?
Chatière (Mj.), s. f. — Ouverture longitudi-
nale à la partie supérieure et antérieure d'un
cotillon. Syn. de Poche-aux- puces, Fergâil-
Hère, Fernâillère, Migâillère.
Chatin (Lue). — Débris de tufîeau. V.
Moche. — Cf. Chape, Chapin.
Chaton, s. m. — Herbe aux hémorroïdes,
sedum reflexum, à cause de la forme arrondie
de cette plante, qui ressemble aux tétines de
souris. . . (Mén.) — « Lg. — Aller en chaton,
— marcher à quatre pattes. || Ec. — id.
Et. — Par comparaison avec la queue du chat.
Chatonnée (Mj., Fu.), s. f. — Portée de
petits chats. 1| Sp. Fig. — Ribambelle ;
grouillement, grand nombre d'êtres animés. ||
Chatonnée de rhume, — gros rhume de poi-
trine. — V. Chat (dans la gorge). Dér. de
Chatonner. Cf. Tétée.
Chatonner (Mj., Fu.), v. n. — Mettre bas,
chatter, en parlant de la chatte. || Fig. —
S'avancer furtivement, avec l'allure circons-
pecte et le pus léger d'un chat, li Ça illi cha-
tonne sus la poitrine, — ça lui siffle. || Ec. —
Marcher à l'allure d'un chasseur qui s'avance
doucement, en se dissimulant de son mieux,
pour ne pas être aperçu par le gibier qu'il
veut surprendre. — Pat. norm. Catuner, —
marcher en s'aidant des mains. — Aller à
la baissette.
Chat de perche (Sa.), s. m. — Écureuil.
Syn. de Chat-écureuil, Fouquet, Perche-
branche.
Châtrage (Lg.), s. m. — Action de châtrer,
une roue. L'été est sec, va y avoir des châ-
trages à faire.
Chat-ravau (\'r.), s. m. — Chat voleur,
qui saute sur les tables, etc., partout où il
peut ravir qq. victuaille. — Ravaut = ravis-
seur, du lat. rapere?
Chatte, s. f. (Sp., Mj.). — Faire péter la chatte,
— en parlant d'une fileuse, faire rendre à son
fuseau un son rude et éclatant, en le faisant
tourner avec raideur vers la fin de l'aiguillée.
Il Chatte noire ; ce nom se donne à l'empirique
ou à la sorcière qui s'occupe de maladies.
(Ségr. MÉN.)
Chatte- gratte (Lg.), s. m. — Sorte de jeu ou
d'exercice de gymnastique qui se pratique de
la manière suivante. Deux joueurs se sai-
sissent à bras le corps, poitrine contre poi-
trine, de sorte que l'un ait les jambes en l'air
lorsque l'autre est debout. Celui-ci se pen-
chant en arrière, son partenaire prend pied et
le soulève à son tour de la même façon. Et
ainsi de suite. Quelquefois, les athlètes bas-
culent sur le dos d'un ou deux autres joueurs
qui font pied-de-selle et qui ont tout loisir de
gratter la terre de leurs ongles. De là le nom
de ce jeu, appelé, en Berry : Virer les couètes.
(Jatjb.)
N. — .Je connais une autre manière de pratiquer
ce jeu. Les joueurs sont dos à dos et l'un d'eux
passe ses bras sous les bras de l'autre. Cela rappelle
le branle d'une cloche. (A. V.)
Chau (PI.), s. m. — S'emploie dfns
l'expression : Chau de noix, — brou de noix.
Et. — Ce mot est la rac. de Chai ou Cal, qui se
retrouve dans le v. Ecaler. A ce titre il est des plus
curieux. V. Chaler.
Chaubeniro (Lg.), v. n. — Moisir. Doubl. et
syn. de Chaumir, Chauguenir. Cf. Chaubi.
Chaubi, adj. q. (Sj., Ac). — Echaubi, gâté,
en parlant de la viande, p. ex. — Echauffé?
Chaucher (Sp.), v. n. Coïter. || Courir l'oie,
— se dit du jars.(Sar.) Lorsque l'on menait
les oies aux jars, on leur donnait une poignée
d'avoine pour les faire chaucher. \\ Ec. —
Chausser, pour le canard.
Et. Hist. — « Caucher est un anc. v. qui veut
dire : presser, serrer. Cf. Cocher. Ne peut venir de :
coq. — Du lat. Calcare (Cf. Cauchemar). Il faut
faire sentir l'accent circonflexe (Litt.). — N. J'ai
entendu : Cauquer, à l'île de la Réunion. A. V. —
« Si ay-je, dist Panurge, n'a guères icy veu une
abbegesse à blanc plumage, laquelle vaudrait
mieux chevaucher que mener en main. » (Rab.,
P., V, 8.) — « Fouler, presser. — De l'aveyne il y a
16 boisseaux en l'esmine, que l'on mesure au
comble : et chauche-Von une fois. » {Cont. de Bourg.)
De là on employait ce mot pour désigner l'acte du
coq avec la poule : « Le coq qui cauquoit les poulies
à petit semblant. » Il faut lire Chauchoit, en bon
français (B. de Verv., Moy. de parv., p. 22L) De
même pour les différents oiseaux : (le rossignol).
— « Sa femelle, et puis errant,
Qu'il a cauquié, sauvage
S'en va, et si va sifflant.
Un texte de S' Bernard l'explique par Calcare.
— « Que je l'amoie durement (le coq).
Par ce que menu et sovent
Les (poules) me chauchoit l'une après l'autre.
(L. C). — « Les engoulevents se perchent rare-
ment, et, lorsque cela leur arrive, non en travers
CHAUCIMER — CHAUFFE
191
comme les autres oiseaux, mais longitudinalement
sur la branche, qu'ils semblent clocher ou cocher,
comme le coq fait de sa poule, et de là le nom
de Chauche-branche qu'on donne à cet oiseau en
Sologne. » (BuFFON, cité par Jaub.) — « Ce jars,
présenté sur la table d'un seigneur, lequel en cher-
cha l'âme, et ne la trouvant, appela le cuisinier :
Où est l'âme de cette oie? C'est un jars qui a tant
chauché sa mère, que le diable a mangé son âme. »
(B. DE Verv., m. de p. m, 11.) 1! Jaub. — Caucher.
Chaiicimer (Mj.), v. a. — Chauler. Syn. de
Chaumer, Chaumenter. De : chaux. ]| Ec. —
Chauçumer, V. Chaussumer.
N. — Cf. Chaussine. Houille sèche propre à la
cuisson de la chaux (Litt.)
Chauciner (Sal.), v. a. — Mouiller d'eau de
chaux le grain qu'on doit semer.
Chaud', e(Mj.), adj. q. — Fig. A moitié ivre.
On dit: Il était ben chaud; ou encore: Il com-
mençait à avoir la goule ben chaude. \\ Retors,
rusé, dans un but d'intérêt. Ex. : Tu es
chaud, toi — dit-on à qqn qui cherche à vous
entortiller, — tu es pus chaud que la braise. ||
Que l'on a à cœur. Ex. : Il avait ça chaud,
vantiers, de venir me le dire ! — On dit iro-
niquement à qqn, en lui refusant ce qu'il
demande : Si tu n'as que ça de chaud, tu ne te
brûleras pas. || Chaud de, qui affectionne,
féru, entiché. — Ex. : Vous n'avez jamais vu
un homme si chaud de ses enfants. || Excessi-
vement cher. « Dix pistoles? fichtre, c'est
chaud ! » || Chaud de la pince, — porté à
l'amour, ardent au plaisir cythéréen. || Et lui
chaud ! — dit-on en parlant de qqn qui a
refusé de s'engager dans une mauvaies affaire.
Il Ec. — Chaud à, — porté à.
VA. — Pour le sens propre, celui de chaleur,
le latin Calidus, et pour le sens de : retors, rusé,
le lat. Cnllidus > Dans ce dernier sens il devrait
s'écrire chaut, car c'est l'a fr. Caut. cauté, lat.
Cautus. Il est vrai que le fém. est chaude. Cela
prouve seulement que la confusion est aujourd'hui
complète entre ces deux mots, pourtant si difTé-
rents. La citation suivante montre, par l'orlhogr.
du mot Cauld, que cette confusion commençait à
s'établir du temps de Rabelals : « L'un est un fm
et cauld Renard. » (P., iv, Prol.) — Hist.
— i< Le feu qu'au pied d'un chêne auparavant
Avoyent laissé les peu coûtes bergères...
J. DU Bellay. Les Amours, p. 1H7.
— « Tous hommes sont par toi circonvenus,
Cault ou non cauliz. »
G.-C. Bûcher, 38, lOL
Add. Il Pierre-chaude. Souris -chaude.
Chaud (Mj., Fu., By.), s. f.— Chaleur, tem-
pérature torride.
Ex: Queune chaud ([u'il fait! — j'ai eiue
chaud !
Et. — C'est l'adj. pris substantivement.
Chaudasse, adj. q. (Tr., Ag.). — Fréquent.
ou dimin. de Chaud, dans le sens de : légère-
ment ivre. Syn. de Chaudet, Chaudonnet.
Chaude (Mj., Sp., By.), s. f. — Chauffe,
forgée. Se dit dans : Forger un fer (à cheval)
en deux chaudes. — Calda. || Fu. — Ivresse.
'— Il avait attrapé eine chaude. Syn. de Cuite,
Chaudet (Mj.), adj. q. — Un peu ivre, émêché.
Hist. « Vous tfouviez-vous point chaudelet.
Ayant les fièvres en la teste? » L. C.
Chaudière (Mj.), s. f. — Vase de fer-blanc
ou de zinc avec lequel on puise l'eau. —
Caldaria. [| Fu. — Pour traire les vaches. —
Alambic de bouilleur de cru.
Chaudiérée (Mj., By., Fu.), s. f. — Le
contenu d'une chaudière, ou plutôt d'un
seau. Syn. de Seillotée. V. Chaudière.
Chaudif (Lpm.), adj.q. — Qui achaud aisé-
ment, ou qui transpire beaucoup. Ex. : Il est
chaudif de la tête, — sa tête se congestionne
aisément.
Chaudillou (Lg.), s. m. — Petite chaude,
préparatoire pour commencer à souder un
lopin. Langue des forgerons. || Fu. — Un peu
gris. Dimin. de Chaud. Syn. de Chaudet.
Chaudin. s. m. (Lg.). — Estomac du porc.
Syn. de Giron, Porl-Girault. \\ Fu. — Dabon,
lange de laine qu'on met aux pieds des petits
enfants en hiver.
Chaudonnet (Sal.), adj. q. — Un peu chaud,
gris. Syn. de Chaudet, Chaudasse, C haudillon.
Chaud-referdi (Mj., Fu), s. m. — Chaud et
froid. Ex. : Il a attrapé ein chaud-referdi, qu'il
a manqué d'en terséler. || Ec. — Chaud
refoerdi, — froédi, — et même foerdi.
Chaudron ' (Tlm., By.), s. m. — Jeu de
marelle, le même qui est appelé ailleurs
Pied-pourri ; plus spécialement la case
extrême de la figure sur laquelle' se joue le
jeu, parce que cette case a la forme d'un
demi-cercle. Syn. de Pisse-gogue.
Chaudron -, s. m. (Sp., Fu.). — Sorte de
tulipe sauvage qui fleurit au printemps dans
les prés humides. Syn. de Lausanne, Clocane,
Gogane. || Nom vulg. du narcisse, du faux
narcisse, qu'on nomme marteau-porillon,
n. jaune, à cause de sa couleur, quand il est
en fleurs (Bat.) |i Fu. — Narcisse de couleur
violacée brune, striée de noir. || Ec. —
Damier, gogane, coquîcigrolle.
Chaudronnée (Mj., By.), s. f. — Contenu
d'un chaudron. Cf. Verrée, Seillée, etc. || Fu.
— Composé de pommes de terre et d'orge
pour les porcs. « J'avions eine chaudronnée
sus l'feu ; j'pouvions pas nous en aller. «
Hist. — « Chaque dimanche de carême, une
chaudronnée de fevettes. » (1769. — Ini>. Arch. H i
p. 3, col. 2.)
Chaudrounor (Mj., By.), v. n. — Faire la
cuisiiu' ; récui'cr les casseroles.
Chaut't'au, s. m. — Echafaud. V. Chafaud.
Hist. — l'rais de construction « des troys
estaiges du chauffault de MAL les maire et esche-
vins de la ville estant au parc ouquel naguères
a esté joué le mistère de madame Sainte Cathe-
rine. » (C. Port, Invent. p. 14.)
Chauffe s. f. — Gras, mis en boule, désa-
grégé et réduit en grumeaux inégaux, dont
les plus gros sont à peine de la dimension d'un
192
CHAUFROIDIE — CHAUX DE FONDS
grain de groseille. (Fabricat, de l'huile de
noix. Saumur.)
Chaufroidie, s. î. — Pleurésie, ou Chaud-
rejerdi. Syn. de Purésie.
Chaufumiers, s. m. — Les mariniers qui
viennent chercher la chaux et l'emportent
sur leurs bateaux. DifTérent de Chaufournier,
ouvrier cjui fait la chaux. — Chaufour, —
calidus furnus.
liiaugueni (Fu.), s. m. — Du chaugueni. Du
moisi. Très employé, comme le suivant.
fbauguenir (Lg., Sp., Fu.), v. n.— Moisir.
— Syn. de Vairir, Voirir, Mudir, Heurdrir,
Ouérir, Veurir. Doubl. de Chaumenir. Cf.
Chaubi. — Part. pas. « Pain chaugueni. »
Et. — Chaumeni, plein de chaume. Hist. « Si tu
les gardes longtemps, tu trouveras qu'elles chaume-
niront. » (B. Palissy. — L. C.) — « Mais, pour chas-
cune passade, ilz n'en ont qu'une nazarcie, et, sus
le soir, quelque morceau de pain chaumeny. »
(Rab., P.,n, 30.)
ChauDias (Mj.), s. m. — Inégalités dans le
fond d'un cours d'eau, ondulations à la sur-
face d'une grève submergée.
tiiaumassé, ée (Mj.), adj. q. — Mamelonné.
Se dit d'une grève couverte d'eau. V. Chau-
mas.
l'haumé, que j'cois. — Je crois que oui.
(Chpt.) Chaume qu'nenni, — je crois que
non. (Z. 77.) — Pour Sô mé = selon moi.
Cliaumeniro (Mj.), v. n. — Moisir. — Syn.
de Mudir, Hturdir, Voirir, Veurir, Vairir,
Ouérir ou Vouérir, Chauguenir. Voir ce dernier.
l'Iiauuienter (Mj.), v. a. — Se dit par qqs
personnes pour Chaucimer.
thaume-perdu, s. m. — C.-à-d. rez-terre.
On le brûle, ou on le couvre de terre. (Mén.)
''haumer (Lg., Fu.), v. a. — Chauler, du
blé. Syn. de Chaucimer, Chaumenler.
Chaumier (Mj., By.), s. m. — Meule ou tas
de chaume. || By. — Un bébé gras et bien
portant. Quée grous Chaumier I Syn. de
Daubier.
Et. — Lat. Calamus. — « Chaumier, p. ê. pail-
lasse. Il paraît que, de ce mot chaumier, nos tapis-
siers ont fait le mot sommier : « Il romp sa lance
contre la muraille, ou la fiche dans le ventre d'un
chaumier. » (Merlin Coccaie, i, 57.) — En note :
Sommier a signifié d'abord bête de somme, puis :
poutre ou matelas portant une charge animée ou
inanimée (L. C. et Note de l'éditeur, en correction.)
Il Un village de la Pommeraye porte ce nom.
V. F. Lore, xi, a.
Chaumiro (Lg.), v. n. — Moisir. On dit
aussi : Chaubenir. Voir Chaumenir pour les
synon.
Chaupetit (Lg.), loc. adv. — Peu à peu. Le
même que A ché petit.
Et. — Formé du fr. Petit et du préf. Chau, dans
lequel je vois un doublet de Cal, Cali, Gali. Cf.
Chaupiot.
Cliaupiot' (Mj.), s. m. — Le plus faible
d'une nichée d'oiseaux. !| Le dernier-né d'une
famille. Syn. de Rinot, Cailleau, Caillereau.
Et. — Pour Chaupetiot, de Petiot et du préf.
péjor. Chau. V. Chaupetit.
Chausse (Fu., By., Mj.), s. f. — Bas, vête-
ment qui couvre le pied et la jambe. Ex. : Je
vas me brocher des chausses. Souvent pro-
noncé chaosse.
Et. — Lat. calceus, devenu fém. dans les lang.
romanes. (Lttt.) — Calcia (Dakm.) — Le vx. fr.
employait ce mot, et le fr. moderne a le dimin.
Chaussette. — Hist. — « J'ay ouy raconter d'une
très grande princesse de par le monde, laquelle
aimoit une de ses dames par-dessus toutes les
siennes, seulement parce qu'elle lui tiroit ses
chausses si bien tendues et mettoit si proprement
sa jarretière. « (Brant., D. gai., Disc, m, p. 148.)
— « L'on brochait les gilets de laine, l'on tricotait
les chauses. » {La Trad., p. 259.) — On dit : tirer
ses chauses, pour : les quitter ; rhabiller ses ch.,
pour • les raccommoder.
« Donnèrent de la Tannerie
Mottes à faire feu.
Et la rue Normandie
Un petit linceul
Puis bonnets, chausses, mitaines...
Noëls angev., p. 61.
C'hausse-quasse, s. m. — Centaurée. Voir
Chardon-loriot. (Mén.) — Plutôt fém.
Chausser (Mj., Fu.), v. a. — Chausser une
plante, — la butter. || Fig. — Convenir,
plaire, agréer à. Syn. de Botter, Haiter. \\ Ec.
V. Chaucher.
Chausses-aux-cocus (Lg.), s. f. p,. — Prime-
vère jaune. Syn. de Cocou, Marteaux.
Et. — Le nom vient de ce que le calice de cette
fleur, dont la corolle est jaune, imite assez bien
une culotte bouffante.
Chausson (Lg.), s. m. — Pierre de remplis-
sage posée en long au milieu d'un mur.
Langue des maçons. "
Chaussumer, v. a. — Fumer un champ
avec la chaux. || Craon. — Répandre du
sulfate de cuivre sur du froment, pour semer.
Et. — De * chaussum, dér. de : chaux, et un suff.
umen, mot que l'on ne retrouve pas directement,
mais que l'on retrouve dans chaussumier, nom
dialectal du chaufournier. Cf. Chaucimer.
Chaut v. irr. — Chaloir. Ne me chaut où,
— peu m'importe où. . .
Hist. — Ne me chaud où je me fourre
Pour voir le doux Messiau,
Nau, nau.
(Noëls anc. et mod., 18.)
Chauvarder, v. n. — Rire d'une manière
forcée, contrainte (Segr. Mén.).
N. DoTT. : Rire ironiquement, se moquer de.
Chauve, s. f. — Défaut ; veine blanche
dans une carrière d'ardoises {Petit Courrier
du 18 juin 1904).
Chauveni (Lg.), part. pas. — Gâté, tourné ;
moisi. \ . Chauguenir, Chaumenir, Chaubenir.
Chaux de Fonds. — Ce mot est un contre-
sens, ce nom de lieu doit s'écrire Chaudes-
CHAVARI — CHEMIN
193
Fonts, Chaudes Fontaines, sources d'eaux
chaudes.
t'havari (Sp.), s. m. — Filet pour prendre
les oiseaux. 1| Chasse ou braconnage au moyen
de cet engin. V. Arigné.
€haveneau (Tlm., Lg.), s. m. — Sorte de
poisson que l'on pêche parfois dans les ruis-
seaux de la contrée.
C'est le Chevenne ; syn. de Chabosseau.
Chavirement (Mj., Lg., Fu., By.), s. m. —
Bouleversement, chavirade, tohu-bohu. Syn.
de Boulivarsement, Bousculernent. Te rv ire ment,
i'havoilles (Lg.), s. f. pi. — Fanes de
pommes de terre. Syn. de Fonces, Feuillées.
X. L'o conserve son son naturel: chavo-illes.
— S'emploie aussi au masc. et au sing. sous
la forme Chavoil. — Fanes de pois, de hari-
cots, etc. Il By. — On dit : fayes (y mouillé).
— Cf. Jebiche, Jaub.
Et. — Ce mot est certainement le même que
Chakouet, qui s'emploie à Sp. dans un sens voi
sin.
Chê. — Pour chez. On dit : ché ielle = chez
elle.
Chê (Lg.), s. m. — Chien. Mot très vieilli,
presque oublié, mais seul en usage il y a cin-
quante ans. Cf. Bé pour : bien. Syn. de Quien.
Chécher (Lg). v. a. et n. — Sécher. X. Cou-
rant au Lg., qqf. employé à Mj.
Chéchiquette (Sh.), s. f. — Petite quantité.
S'emploie dans la loc. : A la chéchiquette. Ex. :
._ ne me donnait ça qu'à la chéchiquette, par
petites quantités à la fois. — V. Chiquet. —
Cf. Déchiqueter.
Et. — C'est le pat. Chiquet, avec redoublement
de la première syllabe. — I>a rac. semble être la
même que pour chiche, avare. — Le vx fr. avait
chiqueter, couper, découper (L. C).
Chefo (Mj., By.), s. m. — Levée, partie
antérieure d'un fûtreau, formant un plan
incliné. || Ironiquement Chef d'ève, — chef-
d'œuvre, accident causé par la maladresse ou
la sottise d'une personne. || Lg. La pâte, telle
qu'elle est boulangée la première fois. Langue
des boulangers. Cf. Bafraîchi. || Chacune des
parois verticales d'une carrière d'ardoises
(la tête, le bout par lequel on commence
l'extraction?)
Et. — Du lat, caput, tête, avec l'f muet, comme
dans chef d'œuvre et olef. V. Se. — Hist. « C'est
une indust-ie fort intéressaute à étudier que celle
de l'extraction de l'ardoise, soit qu'on envisage
le côté purement technique... le mod,> d'exploi-
tation du Chef ». Le Chef est la couche de schiste
exploitée telle qu'elle se présente dans la carrière
soit... (Ler.-CesbR. V Etrangère).
■ De son bon ch..f ou de son chef, de sa
propre initiative, de sa bonne volonté, de lui-
même. « 11 a livré, de son chef, aux baïon-
nettes de ses volontaires, les prisonniers faits
à Xoirmoutiers. « (Dexiaf, IV, 59.)
Chégnasses (Lg.), s. f. pi. — Touffe da reje-
tons de chêne, qui poussent sur un tronc
coupé au ras de terre. — Dér. de chégne.
Chêgne (Lg.), s. m. — Chêne. Cf. Crâgne.
Mot vieilli. C'est la prononc. actuelle. Les
anciens disaient Châgne. !| Faire le c/jêgne dret,
— se tenir la tête en bas et les jambes rap-
prochées. Il Faire le chêgne fourchu, — id.,
mais les jambes écartées. || On distingue le
chêgne blanc et le chêgne rouge. Ce dernier est
le Doussier ou le Doucier de Mj. — X. Chêgne
rouge pourrait bien-être pour chêne-rouvre*
Chegniot ou Chenot (Fu.), s. m. — Jeune
chien. \'. Cheneau.
Chéhon (Fu.), s. f. — Chat-huant. V. Cho-
hon.
Chéier, v. n. — Choir, tomber. A vieilli.
Forme inchoative de Chair°.
Cheintre (Mj., Tlm., Lg.), s. f. — Lisière
d"un champ, bande de terre inculte et gazon-
née, située le long des haies et qui forme
comme la ceinture des terres labourées. j| Au
Lg., ce mot a le même sens qui est le plus
général, mais de plus il signifie la bande de
terre que le laboureur retourne à la charrue
perpendiculairement et à l'extrémité des
sillons,' ce que l'on appelle ailleurs : Tour-
nailles, Etournâilles , Détournâilles, Traver-
saine. — S'écrit aussi Chaintre. Voir ce mot.
Et. — Double du fr. Ceinture. Lat. Cinctura.
Hist. — « La dite disme faisolt leur revenu avec
douze boisselées de la Chaintre joignant le bois
(1739). Inv. Arch. E. n, p. 315, col. 2.) — « Elle
s'en alla courbée, rapide pourtant, le long de la
Cheintre. <> (R. Bazin. La Terre qui meurt, p. 14). »
— « Accord passé par Raoul, évêque d'Angers. . .
au sujet de la mairie de Villebernier « super
majofia de Villa Bernonis ». et diverses autres
prétentions « scilicet custodiam pratorum et
Clientram que (quae) ipsis pratis adjacet. » (Inv.
Arch. G., 107, 2.) — « Ils s'étaient étendus sur
l'herbe de la chintre (sic), et près d'eux rangées le
long du talus, les bêtes soufflaient comme leurs
maîtres. (R. Bazin. Les Trois gars de la Haus-
sière, dans le Pays Bleu, '.r» 1.)
Cheintrer (Mj.), v. a. — Faire pacager sur
une cheintre ou sur la bordure d'un chemin
Il (Lg. Mj. ). Fig. Flatter, entourer desoins, cher-
cher à circonvenir, à empaumer, à emba-
bouiner. Ex. : Il ara beau cheintrer le bon-
homme, il n'ara pas la fille. «
Chelinguer (Mj., By.), v. n. — Puer. || Che-
linguer du goulot, — sentir mauvais de la
bouche, être atteint d'ozène. — Argot.
Cheuii (Sjv.), s. m. — Chemin.
Et. — Du celtiq. Cam, pas ; camen, chemin.
Cheiiiicher (Mj.), v. n. — Sangloter, pleurer
silencieusement. i| Pleurnicher. Syn. de Che-
nucher, Pigner, Guigner, Brézer, Bichoiller.
Et. — Dirn. de Chimer, dont le sens primitif est :
jileurer.
Chemiu (Mj.), s. m. Fig. Xe pas y aller par
quatre cliemms, — aller droit au but, ne pas
garder de ménagements, dire nettement les
choses, ne pas tergiverser. || N'en faire qu'ein
13
194
CHEMINEAU — CHENNETER
chemin, — y aller par la même occasion. ||
Mener par des petite chemins où n'y a point
de pierres, — mener rondement. V. Chemi. \\
Aller dret son chemin, son petit bonhomme de
chemin (Segr.) — loyalement. || Écartement
que l'on donne aux dents d'une scie, de part
et d'autre du plan de la lame.
t'hemineau (Fu., etc.), s. m. — L'ouvrier
qui travaille aux terrassements, en général
et des chemins, de fer en particulier. || Ec.
Mendiant, vagabond. Syn. de Meillaud.
t'heminée (Mj., Fu.), s. f. — Faire la che-
minée. Se tenir les jambes droites en l'air, la
tête et les mains étant posées à terre et for-
mant trépied. Jeu d'enfants. C'est ce que
Brantôme appelle : Faire l'arbre fourchu. —
— N. Ce serait plutôt le chêne dret. V. Chégne.
Chemineresse. — Chanson que le paysan
chante en marchant (Méx.).
Cheminet (Mj., Fu.), s. m. — Petit chemin,
sentier. Syn. de Voyette, Adressée, Trutée.
Chemins-ferrés s. m. — Ch. macadamisés,
ou du moins à surface dure.
Hist. — « A tant fet et a tant erré
Qu'il entre en un chemin ferré.
R. du Renart, v. 764.
Chemins péaigeaux, s. m. — Ch. péagers.
V. Peaugeau.
Hist. — Le grand chemin péageau doit avoir
14 pieds de large pour le moins. [Coût. d'Anjou.)
Chemise (en). — (Li., By.). — Les œufs en
chemise, pondus sans coque. — Cf. Pommes
de terre en robe de chambre.
Chenagouille (Craon), s. f. — Gorge.
Chenard (Vh.), s. m. — Syn. de Cœur de
touffeau. — Voir Rairie. \\ Lue. — Pierrailles
qu'on trouve dans le sol. || En Berry, l'adj.
chenard a signifié : noirâtre, gris de cendre.
V. Jaub.
Chenarde, s. f. — Colchique d'automne,
veilleuse, safran, flamme nue. R. canis ardens;
tue-chien, qqf. (Mén,).
Chenârum (Ec). V. Chenorum.
Chênas (Fu.), Lieu planté de chênes. Plutôt
Chênâ, s. fém. Cf. Hâ, Va, Prâ, etc.
Chenasserie (Pell., Sp., Fu.), s. f. — Vice
de celui qui est chenassier; priapisme. Ex.:
C'est de la chenasserie toute pure. Syn. de
Vesserie. Paillardise. || Réunion de paillards.
Il Syn. de Chiennerie, Putasserie.
Chenassier (Pell., Mj., Sp., Lg., Fu.), adj.
q. — Paillard, libertin, qui a des penchants
erotiques. Syn. de Vessier, Putassier, Chien,
Fumellier, Fouailleur.
Chêne (Lue), s. m. — Chrysanthème.
Chenean (Mj., Lg., Fu., Br.), s. m. — Jeune
chien. || Fig. Faire des cheneaux, — vomir à
la suite d'excès de boisson. — Syn. de Chenne-
ton, Chegniot.
Chêne franc (Cnd.), s. m. — Espèce de
chêne propre à faire du charbon, par opposi-
tion à Douceau.
Cheneille (Lg.), s. f. — Chenille. Cf. Feille,
Fauceille, etc.
Hist. — « Tu périras,
Maudit pataud,
Comme la cheneille
La patte en haut. »
(DENiAr, n, p. 297.)
Chêne- marin (Mj., Fu., By.), s. m. — Chry-
santhème, plante d'ornement. La feuille rap-
pelle celle du chêne.
N. — Le ficoïde vésiculeux et plusieurs de ses
variétés. (Litt.)
Chénevié (Sp., By.), s. m. — Chénevis.
Et. — Chénevis, pour Chenevuis, dér. de
Cheneve, forme fr. très ancienne de chanvre. —
Cannabiscum. — Hist. : « Certaines drogues, les-
quelles rendent l'homme refroidy, maléficié et
impotent à génération. L'expérience y est en
nymphéa heraclia, ameline, saule, chénevé.
Chênier (chêgnier), s. m. (Br., Mj.). Grabat,
mauvais lit. On dit inséparablement : Ein
méchant chênier de lit. — V. Vergnasse, Ver-
sailles. Bois de lit en chêne.
Et. — Dér. du fr. Chêne, comme Vernasse de
Verne ou Vergne, hêtre.
Chênière (Mj.), s. f. — Grand bateau d'au-
trefois, du temps des trains de bateaux, c.-à-d.
au plus tard du premier quart de ce siècle
(xixe). Ils étaient, paraît-il, de construction
peu solide, sans doute dans le genre des
sapines. Je ne les ai pas vus, et je crois que
les vieux mariniers qui en parlent les ont à
peine connus. Ce n'est plus qu'un souvenir.A
noter qu'on ne les désignait guère que sous
le nom quasi inséparable de Grandes-chê-
nières. Ce mot est à rapprocher de chênier, ou
Grand-chênier, par lequel on désigne un mau-
vais bois de lit. Il venait sans doute de chêne,
comme Sapine de Sapin.
Chenille (Mj.), s. f. — Personne laide et
méchante. || Ec. — Enfant malingre. Syn. de
Chivrille.
Cheniller, v. n. — Tricher au jeu.
N. — Dans le Centre : Chavigner. (Jaub.)
Chenillette (Mj., Fu.), s. f. — Sorte de mau-
vaise herbe. A Saint-Paul on l'appelle Harbe-
grasse. C'est l'amaranthus prostratus, ou une
plante t-'ès voisine ; p.-ê. l'arroche blanche,
chenopodium album. Du reste il y en a plu-
sieurs espèces. || Mén. renvoie à Matricaire.
— Syn. de Grâseline.
N. — Nom vulg. du séneçon, à cause des che-
nilles zébrées de jaune et de noir qui sont les para-
sites de cette plante. (Jaub.)
Chenit (t final muet ou sonore) (Mj.), s. m.
— Chenil.
Chennetée (Lg.), s. î. — Portée de petits
chiens.
Chenneter (Lg.), v. n. — Mettre bas, en
parlant d'une chienne.
CHENNETON - CHET
195
Chenneton (Lg.), s. m. — Jeune chien.
Syn. de Cheneau, Chenol, Chegniot.
Chenorum (Mj.), s. m. — Sorte de jeu de
cartes. N. Ce n'est plus qu un souvenir. Se
jouait encore vers 1860.
Chenot (Chl., By.), s. m. — Jeune chien.
V. Cheneau. Fig. Faire des chenots, — vomir
à la suite d'excès de boisson. Le nom de
l'animal peut varier puisque l'on dit : Piquer
un ou des renards.
Chenu, e (Mj., Lg., Z. 134, Fu.), adj. q. —
Beau, bon, bien, remarquable, superbe. Syn.
deHurf, Chic, Chicard, Chicocandard, Rupin. \\
Sr., By. — Qui a du fion, du cachet. Ne s'em-
ploie qu'ironiquement, ou avec la négation.
C'est du chenu ! Cf. Frais.
Et. — « Dans la lang. popul. chenu se dit pour :
excellent, fort, riche, à cause que ce qui est vieux
s'est amélioré. Chenu : tout blanc de vieillesse ;
lat. Canutus, de Canus, pour Casnus. (Litt.). —
« V'ià de bon cidre, c'est du chenu. (Orain).
Chenucher (Sr, By Segr.) Pigner, pleurer,
V. n. jl Sa. Pleurer silencieusement, soupirer
tout bas. Doubl. et syn. de : Chemicher. Syn.
de Ouigner, Pigner, Èrézer, etc.
N. Le patois norm. a les deux formes Jimer et
Chouiner qui signifient également : pleurer. A la
première se rattachent nos deux mots Chimer et
Chemicher ; à la deuxième, notre mot Chenucher,
pour Chouinucher. || Sal. — Pleurer, larmoyer,
ordinairement sans raison.
Chenulard, e (Li., Br.), adj. q. — Qui pleure
souvent, pleurnichard. Syn. de Ouignard.
Chenuler (Li., Br.), v. n. — Pleurer. Cf.
Chenucher, Chemicher. Pour Chouinuler.
Cheoir, tomber ; Conjugaison : Ind. prés.
Je chée, il chet, il cheut, ils chéent; — imperf.
Je chéiais (je chédiais, Cz.). — Fut. : Je cher-
rai. — Condit. Je cherrais. — Subj. pr. : Que
je chée ou chéie. — Part. pass. chu, chute ;
cheut, cheute. V. Chair, Chéier, Cheyer.
Chépetit (à) (Tlm.), loc. adv. — Peu à peu,
par petites quantités. Corr. de Chaupetit.
Chérante, adj. q. — Qui vend chei. « C'te
marchande de beurre-là, a n'est point ché-
rante. )) (Sp.) V. Charant.
Cherbe-sauvage, s. f. — Voir Chanvre-joUe
ou Galeopsis, cherche à bourru ou euphrais3
tardive, qqf, queue de renard. (Mén.).
N. Charbe, Chanvre (Cherve, Charve). Jaub.
Cherche (à) (Fu., etc.). — Au jeu. Avoir
dix à cherche. Avoir 10 points quand l'adver-
saire cherche encore le premier, p. ex.
ChercheuY de pain (Sr., By., Fu.). — Men-
diant. \. Charcheux.
Chereutier s. m. — Charcutier. V. Chair-
cutier, Chartutier.
Chère (Fu.). — Chaise. Autre prononciation
de Chaire.
Chèrement (Mj.). Elever ben chèrement, —
être aux petits soins pour un enfant qu'on
élève.
Chérettes, s. f. — Vases de la pharmacie de
l'Hôpital de Baugé {Journal de B., 2 juillet
1904).
Et. — Chevrette, pot à Canon (en pharmacie).
On nomme pots-à-canon ceux qui servent à con-
server les électuaires. On nomme Chevrettes ceux
qui ont un bec au-dessus du ventre ; ils servaient
autrefois, chez les apothicaires, à conserver les
sirops et les huiles ; mais aujourd'hui il n'y a que
les épiciers qui s'en servent . (Dict. des Arts et
Métiers, Amsterd., 1767 v" Apothicaire, Litt. —
On a dit aussi Chèvre et Chievre pour la peau
de chèvre ; l'outre qui servait à renfermer l'huile
d'olive : « La chievre d'oille (d'huile) doit 2 den.
le cent. ;> {Ane. Coût d'Orléans.)
« Il fist par dedens, et hors œuvre
Les couvrir de chèvres d'olive. »
Vigiles de Ch. vn, n, 107. — L. C.
N. — Ces pots auraient-ils l'apparence d'une
petite chèvre dressée sur ses pattes de derrière,
avec une grosse panse, et peut-être des anses en
forme de cornes ? — On appelle bien choon une
grosse bouteille de grès contenant de 15 à 20 litres.
Corrupt. du mot Chat-huant, en vx fr. Chauant.
A Auverse et dans le Maine on dit Chouan. Les
bouteilles de grès dont il est question sont ainsi
appelées parce que leur goulot très court, sur une
panse rebondie, les fait ressembler à de gros
hiboux. Y. Choon.
Cherfeuille (Sa.), s. m. — Chèvrefeuille.
Syn. de Maùi-de-bon-Dieu. Contract. du mot
fr. Il D'autres lui donnent le sens de Cerfeuil.
C'herge (Craon, Li.), s. f. — Une charge ;
un plein tablier d'herbe, p. ex.
Chérie, s. f. — Nom vulgaire du lithosper-
mum ou gremil (Mén.).
Cheroué, s. m. — Pour : Encherroué, En-
cherrier.
Cherpoulet (Lg.), s. m. — Serpolet. Cf.
Cherfeuil.
Cherre (Fu.). — Choir.
Cherrée (Mj., Fu., Lg., By., My., Ti.). —
Charrée, cendres le.ssivées. Corr. du mot fr. —
Cf. Cherrue, Cherruer.
Et. — Hist. Du lat. Cinerata. — « En un cher-
rier à couvrir la lessive où serait entré trois aulnes
de toile à raison d'onze sols l'aulne, cv xxxiij sols. »
(D. C.)
Cherri.er (Ec), s. m. — Encherrier (en-
cherroué), grande et forte toile pour recevoir
les cendres, dans les endroits où on met les
les cendres en dessus du linge dans la panne ;
ou pour les recouvrir, dans les endroits où on
met les cendres au fond de la panne et le linge
par-dessus (usage établi pour la facilité de la
mouillée).
Cherrue (Va., By., Lue), s. f. — Charrue.
Cherruer (Va, By.), v. a. et n. — Charruer.
< lU'rubin, s. m. — Voir Ardoisières. Fils du
maitre fendeur d'ardoises sur les carrières,
Chet ( My.). ^^ Cheoir. '\ Fu. Chet, chète.
Hist. — « J'ai la vue faible et le jour chet. u
(Balz, 469) :
196-
CHETÉAUPANE - CHEVAU
« Tant ayme on Dieu qu'on, suit l'Eglise,
Tant donne on qu'emprunter convient,
Tant tourne vent qu'il chiet en bise,
Tant crie l'on Noël qu'il vient. »
(Villon. Poés. divers. Ballade des Proverbes.)
Chetéaupanne. V. F. Lore (Mj). XI, a.
Chétif, ve (Mj.) (L'f est muet et le t se pro-
nonce mouillé, chéqui). — Fu. Chéti. By.
Qui a l'air souiïrant. || Sp. Méchant, malicieux,
en parlant des personnes ; mauvais, en parlant
des choses. — 1| Malingre, maladif. j| Vaurien ;
chétif gars, mauvais garnement. On dit pro-
verbialement d'une association de deux gar-
nements : C'est chéti avec vauren. — || Lue.
— Mesquin, misérable ; My. de peu de valeur.
N. — A Sp., ce mot n'est employé que dans le
sens de : méchant, mauvais, et se prononce régu-
• lièrement: àMj.,il n'est employé que dans les deux
premiers sens, celui du fr., et : qui a l'air souffrant
et se prononce toujours chéqui, sans distinction de
genre.
Et. — Du lat. Captivus, captif, prisonnier, et de
là : faible, misérable. Vx. fr. caitif, chaiti. — Ital.
Cattivo ; Angl. caitifî, m. ss. V. Jaub. à Chaitis,
citation.
i'hétiveté (Tlm.), s. f. — Méchanceté, ma-
lice. Ex. : Il a sa pleine peau de chétiveté
Et. — Lat. Captivitatem. — Hist. « Il en est des
prêtres comme des femmes, qui sont toute bonté
ou toute chétiveté. » (G. Sand. François le Champi.)
— « Que Jhesus Christ en haut montant
Mena notre chaitiveté. » (Jaub.)
Chêtre (en). — Etre en chêtre, c'est être mal
en train. (Segr. — Méî^.) Cf. Chaintre.
Et. — Serait-ce une contraction de chevêtre ?
Hist. : « Ma chère dame, j'ay un maistre
Un grand bourgeois sy mal chevestre
Que je ne puys à lui durer. »
(Mir. de Sainte Geneviève. — LiTT. )
.Ici le sens pourrait être : acariâtre. Lat. Capis-
trum, de Capere. prendre. Cf. Enchevêtrer. Mais
c'est plutôt pour Cheintré. V. Chintrer.
Cheugne, s. f. — Quand qqn a chaud, on
dit qu'il a la cheugne (Th.).
Et. — Je trouve ds D. C. cheugner, donner un
mauvais coup, blesser.
t'heat, V. n. imp. — Il cheut de l'eau. V.
Cheoir (Lp.).
t'heute, s. f. — Chute. Cf. Chaite.
Hist. — « Extrait de la relation de ce qui s'est
passé à la prise du village de La Pointe à la cheute
de la rivière. » (Paris, 1612, in-4''.) — « Monsieur
estoit campé sur un petit ruisseau, dans lequel un
estang faisait sa chcutte. » (D'Aub., Hist., i, 287.)
LiTT.
Cheux, prép. Chez.
Et. — C'est le lat. casa, devenu régult. chiese,
puis réduit à chies, ches, chez. (Dakm.) — « Vau-
GELAs note et condamne la prononciation cheuz
vous, cheuz moi, cheuz lui, dont la cour usait.
Hist. :
« Mon Dieu, je n'avons pas étugué comme vous,
Et je parlons tout dret comme on parle cheux nous. »
(Mol., Femm. sav.)
Le mot casa signifie : la maison ; chez est ellip-
tique, et on a la locut. complète dans le vx. fr. à
ches, en chiés, qui signifie exactement à la maison.
— n Et de là suyvit tant le chevalier la pucelle,
qu'il la trouva cheux une sienne cousine. » {Perce-
forest. — L. C.)
Chevalage, s. m. — Labour donné avec le
pic entre les rangs des vignes avant le dé-
chaussage, (Méx.). — V. Chevau, Chevaler.
Chevalard (Lg.), adj. q. — Qui est porté à
chevaler, à grimper sur le dos des autres
aumailles. — Se dit d'un bœuf, d'une vache.
Chevalau, s. m. — Espèce de poisson. (MÉy.
— \'oir Chevalin, Chevau *.
Chevaler, (Mj.), v. n. — Ouvrir un chenal
au moyen du chevau. ]| Grimper à cheval sur
le dos des autres vaches, comme font les
vaches en chaleur. || Se recouvrir, empiéter
(Mj., Lg.). Ses dents chevalent les eunes sur les
autres. — Je sais pas comment ça se fait,
mais les dettes chevalent toujours d'eine année
sus l'autre. »
Et. — Dér. de : cheval ; syn. de cavaler. ||
L'ancre, solidement retenue au fond de l'eau,
chevale. \\ v. a. Chevaler les vignes, çàd. les bêcher
en laissant derrière soi la terre en dos d'âne.
(MÉX.) — V. Chevalage.
Chevalerie (Sp.,Mj.), s. f. — Nom collectif sous
lequel on désigne les bêtes de l'espèce cheva-
line. Ex. : Toute la chevalerie est malade. —
Fr. Cavalerie. Syn. de Chevaline.
Chevaleux (Mj.), s. m. — Hommes qui
manœuvrent le clievau pour ouvrir un chenal.
N. — Cf. Chevalets, espèces de chevaux de frise
en travers des rivières.
Chevalier adj. q. — Celui qui garde les
chevaux.
Hist. — « Alors, pendant la saison, un garde
bouvier et chevalier, comme on disait autrefois, s'en
va de prés en prés. » (Abbé Hocdebese. Anj.
Hist., deuxième an., p. 578.)
Chevalin (Mj.), s. m. — Jeune gardon. —
V. Chevalau, Chevau i.
Chevaline (Lg.), s. f. V. CJievalerie.
Chevalis (Mj.), s. m. — Chenal ouvert à
travers une grève, au moyen du chevau. —
V. Chevaler.
Chevau ' (Mj., Lg., Br.), s. m. — Cheval,
Cf. Gevau, Chuau. jl By. — Prononc. : ein j'vau
des j'vaux, ou : ein ch' fau, des ch'faux. Aller
à ch'vau, à dos d' chevau. i| Ados, terme de
culture.
On dit : Bêcher, mettre la terre en chevaux,
disposer la terre en ados. || Instrument qui sert à
ouvrir un chenal à travers une grève. C'est une
sorte de grande pelle, ou bêche, dont la lame, en
bois garni de fer, n'a que la hauteur habituelle,
mais mesure environ l'"50 de largeur. Une équipe
de chevaleux se compose de quatre ou cinq hommes.
Le chef tient le manche et enfonce l'outil dans le
sable, tandis que les autres, au moyen d'une
corde fixée au centre de résistance, baient l'instru-
ment, et entraînent ainsi le sable vers les bords du
chenal.
N. — A Mj. on dit : Ein chevau , des chevaux ;
et au Lg. on ne manque jamais de dire -. ein che-
vau, des chevals. — Hist. « Rab., énumérant les
jeux de Gargantua, dit qu'il jouait au chevau
CHEVAU - CHEZ
197
fondu. )i (G., I, 22.) — || Lue. — Le chevaii est.
tomb»'.
Chevau '\ s. m. — Chabosseau, sorte de
poisson.
Et. — Ce mot est probablement une contract.
de Cheveneau, mot inusité, qui serait un dimin.
de Chevenne. Ce dernier vocable est le nom offi-
ciel du Chevau ou Ciiabosseau. — N. A Tlm. et au
Lg., ce poisson s'appelle Chaveneau. Du reste,
on peut, et même on doit regarder ce mot Chevau
comme un dérivé direct du fr. Chef, lat. caput.
(à cause de sa grosse tête). C'est donc un vocable
tout différent de Chevau, cheval, lat. caballus.
Chevêche, s. f. — Espèce de chouette.
N. — H La comparaison du provenç. Chavesca
montre que le mot n'est pas un dérivé de chef,
tête. Il faut y voir sans doute un dérivé du rad.
Chav, qui se trouve dans Chavan, forme primitive
de chat-huant. — xiiF, chevoiche. (Abbé Vix-
CELOT, p. 23.)
Cheveille (Lg.), s. f. — Cheville. Syn. et d.
de Chuille. Cf. Feille, Fourneille, Béteille, etc-
Chéveiller (Lg.), v. a. — Cheviller. — Garnir
de clous le groin d'un porc. Syn. de ChuUler,
F or mailler.
Cheveneau (Fu.). — Chabosseau, Chevenne,
V. Chaveneau.
Chevêtre (Mj.), s. f. — Corde fixée aux
deux bords du fûtreau et attachée, au moyen
d'un nceud coulant à la partie antérieure et
supérieure de la pôtre ou peautre pour la main-
tenir latéralement.
Et. — Lat. Capistrum, de capere, saisir. —
« Licou, bride (cavestrum). . . Cavettre, Cavestre,
Chevestre, Chevecier, etc., étaient de grosses
injures, répondant à Pendard, qui mérite la corde :
« Le suppliant dit à Guerard des Potes qu'il estoit
mauvais homs ou chevestre, de batre ainsi sa
femme. •> (1395). — Jaub.
Cheveu (Mj.), s. m. — Souvent prononcé :
chueu. Avoir les cheveux creux, — être jaloux,
en parlant d'un époux. — || Se faire des che-
veux, — avoir des soucis, des inquiétudes, des
chagrins. (P.-ê. Se faire des cheveux blancs
ou gris.)
Cheveux ou Chevelure de Vénus (Ec.)
Nigelle. Cuscuta major (Bat.). Ne pas con-
fondre avec la nielle des blés. — Vulg. Épi-
thyme. V. Fil d'alouette.
Hist. — « D'autant que cette herbe embellit
les cheveux : et parce que les anciens peignoient
leur déesse Vénus avec belle chevelure, ce mot de
Vénus y est ajouté. » (O. de Serres, 61 L —
LiTT.)
Cheville (By.), s. f. — Se dit toujours
ChuïUe, cheviller, chuîUer.
Chevir, v. n. — \'enir à chef, à bout. (Mo-
lière).
Et. — N'est pas le B. L. Cheviare, mais le lat.
popul. Capire, pour Capere. (G. de G. — Y.) —
Hist. — «... Ceux qui faillent à rompre la dite
quintaine à cheval dedans trois coups.. . . doibvent
à leur seigneur soixante sols un denier d'amende,
ou 60 boisseaux d'avovne, au c/»ei'(> (choix) du
seigneur; >« Abbé Bbet.,"65.
— « Depuis qu'une femme a juré : par la merci
de Dieu, je suis femme de bien de mon corps ;
on n'en sauroit plus chevir ; on ne lui ose plus rien
dire. « (Béroalde de Verv, M. de p. II, 141.)
Chèvre (Mj., Fu.), s. f. — Instrument sur
lequel les scieurs de long hissent les troncs
d'arbres qu'ils veulent débiter. Il est formé
d'une forte poutre reposant à terre par une
de ses extrémités et soutenue à l'autre bout
par deux pieds solides. i| Sp. — Fig. Croûtes
noirâtres produites sur les cuisses des femmes
par l'usage immodéré de la chaufferette. (Mj.)
Métaphore expressive. Syn. de Chevrottes. \\
Dans les anciens bateaux à peautre, soutien
formé par deux fortes perches reposant sur
le pont d'arrière ou carrée et qui, se
croisant vers leur extrémité supérieure et
maintenues à cet endroit par des ligatures de
cordage, recevaient dans l'X ainsi formé
l'extrémité antéro-supérieure du billard de
peautre, qu'elles empêchaient ainsi de bas-
culer en avant. De plus, la chèvre contribuait
avec les recoussoires à maintenir le billard
de peautre dans son plan vertical. — V. Bique-
ion. Fu.
Chèvre-feuille (By) ou Vionne et Viorne.
Les tiges du chèvre-feuille sauvage sont
employées sous ce nom pour servir de liens,
surtout pour les fécines (fascines, fagots qu'on
tend pour prendre des anguilles).
Chevrette (Sp.), s. f. — Petit morecau de
bois pointu des deux bouts que l'on fixe sur
le timon des charrettes à bœufs, pour l'atte-
lage. Il (Mj.) Petit dispositif pour la manœuvre
d'une scie de long II est constitué par deux
pitons de bois appelés montants de chevrette,
fichés dans le bord supérieur du cadre de la
scie et portant une poignée transversale que
manœuvre le scieur monté sur la pièce de
bois à débiter. La chevrette et ses montants
sont dans le plan du cadre. V. Renard. \\ Lg.
Ephélides aux cuisses. Syn. de Chèvres, Che-
vrottes. Produites sur les cuisses des femmes
par l'abus de la chaufferette.
Chevronnée, s. f. — Réunion de plusieurs
chevrons (MÉx.)
Et. — Les lat, appelaient un chevron : capreolus.
Chevrette, s. f. — Nom vulgaire du Stachis
annua. (Méx.) — Epiaire annuelle (Bat.)
Chevrottes (Lg.), s. f. pi. — Croûtes noi-
râtres produites sur les cuisses des femmes
par l'abus de la chaufferette. — V. Chèvres,
Chevrettes. — j| Ec. Biques.
Chejer (Chpt., Cho., Ti.), v. n. — Choir,
tomber. Ex. : Il a ch^yé ; elle est chette. —
Après la messe i cheyail de la piée comme si
qu'on l'eût jetée avec une pelle. || Mj. Parf.
déf. je cheyis, de la forme Chai (r), fr. Choir.
Forme désuète en usage il y a un siècle. —
Part. pas. Chéyu. — J' a chéyu de la piée.
Encore usité.
Chez (de) (Mj., Fu.}. — Etre ben de chez
soi, — être personnelloment à l'aise, avoir du
bien de famille.
198
GHI - CHIEN
N. — Au jeu de manille, on fait la question :
Etes-vous bien de la maison ? avez-vous des
atouts ?
Il Fu. — Chez ielle, chez le, chez li, ché mé,
chez tè, chez enternous.
ChJ. — radical indiquant souvent un dimi-
nutif.
N. — Se trouve dans : chiquet, chique, chiche.
P. ê. de la même famille que l'italien cica, chose de
rien, l'esp. chico, petit. V" Chifîe. On trouve dans
le vx. fr. Chipe-lambeau, qui est le même mot que
l'angl. chip, copeau. (Darm.)
Chiâillage (Mj.), s. m. — Quantité insigni-
fiante. V. Chiailler. — (En parlant de toute
chose de rebut : Ce n'est que de la chiasse.
Darm.)
(iiiâillard (Lg.), adj. q. et s. m. — Ladre,
chiche, intéressé. Syn. de Chiard, Rouge-
couenne, Tacarin.
€hiâiller (Mj.), v. n. — Aller souvent à la
selle. Cf. Va-vite, Courante, Débord.
Et. — Fréquent du v. chier, avec un suffixe.
ChiâUloux (Tf.), s. m. — Pleutre. — De
chier. Cf. Chiard.
i'hiant (Mj., Fu.), part, pr., adj. verb. —
Très ennuyeux, vexant, emmerdant. En
franc, mitigé on dit : sciant, embêtant. Syn.
de Foutant, Foutimassant, Canulant.
Chiard, e (Sp.), adj. q. — Foireux, mer-
deux. Il Fig. — Lâche, poltron. i| Ladre, peu
pénéreux. Syn. de Chiâilloux. \\ Mj., Lg. —
Qui va souvent à la selle.
Hist. — « Escoutez dit notre retraict aux fau-
teurs : Chiart, foirart, petart, brenous. » (Rab., G.,
I, 13.)
Chias (Mj.), s. m. — Syn. de Chiure.
Chiasse (Mj., Sp., Lg.,Fu.), s. f. — Foire,
flux de ventre. Syn. de Va-vite. \\ Gour-
mand, rejeton vigoureux et inutile qui pousse
au pied d'unarbre. V. C/u'asser. Syn. de Jiton,
Jicton, Guesson. \\ 26*^ Z. — « Je vais, si
vous voulez, vous oriner de mes chiasses. »
Il Ec. — Avoir la chiasse, — la foire. ||
Chiasses de mouches. || Gourmand d'un
arbuste (Allonnes). — A By., on dit un jît, ou
un rejît.
Ctiiasser (Mj., Sp., Lg.,) v. n. — Aller sou'^
vent à la selle, avoir le flux de ventre. |i Sp.,
Fig. — Pousser des gourmands, en parlant
d'un arbre. V. Chiasse. Syn. de Jitouner.
Et. — Hist. : C'est le fréquentât, péjorat. de
chier. « Bren, c'est merde à Rouan. Tant cliiasser
et ureniller. » (Rab., P., iv, 10.) — « 1.,'orme
chiaule beaucoup, ainsi que l'acacia, l'épine noire,
le peuplier blanc, etc. »
Add. — « Les lilas, c'est ennuyeux ; on a
beau les déchiasser, ça rechiasse toujours. —
Madame, voudriez-vous ben m'oriner d'une
de vos chiasses de glycérine? »
Chibouillis, s. m. ^ Ornements de
tulle, etc., enroulés autour d'une colonne.
(Ag.)
Chic ' (Mj , s. m. — Art, adresse. Ex. : Aile
a le chic pour dresser les coiffes.
Chic % chique (partout), adj. q. — Beau,
remarquable. Ex. : T'as point vu la fête?
C'était chic ! — Syn. de Hurf, Chicocandard,
Chicard, Chenu, Rupin.
Chicard (Mj.), adj. q. — Beau, remar-
quable. Syn. V. Chic. N. Argot.
Chiche (Mj., Fu.), interj. — Défi jeté à une
personne de lancer l'objet dont elle vous
menace en plaisantant. — X. Les Russes
emploient cette même interj. dans le même
sens. — Comme qui dirait : Si tu ne le fais
pas, tu agiras chichement? — Méxiêre dit
que, dans certains villages, à l'époque de
Pâques, les enfants se jettent des œufs après
un défi. On dit : Chiche d'œufs !
Chicocandard (Partout). — V. Chic. —
Argot.
Chicoine, s. f. — Gifle. V. Girouflée.
Chicoire, s. f. — Chinchoire. Tabatière. ||
Fu., Mj. Seringue en bois de sureau. || Sal. —
Id. Pétoire. V. Chiquoire.
Chicotin ou Arum, servant à faire des vési-
catoires. — ij Amer comme chicotin.
X. Suc extrait de l'aloès. || Suc amer extrait
de la coloquinte. Mot altéré pour Sucotrin,
nom d'une espèce d'aloès, ainsi nommée de
l'île de Socotora. i| By. Id. — Fu. Chocolat en
soupe, par plaisanterie.
Chicourée (Mj., Fu.), s. f. — Chicorée.
Chie (Mj.), s. f. — V. Pète.
Chie-brut" (Fu.). — Individu tapageur. V.
Brut. Syn. de Potineur
Chiée (Mj., Fu.), s. f. — Quantité insigni-
fiante. S'emploie ironiquement... Une belle
chiée que ça! — Cf. Chiâillage. \\ Ec. Svn. de
Chinchée (Mj.).
Chie- mou (Mj.), s. m. — Thlaspi-bour-
sette, petite crucifère appelée vulgairement
Tabouret, Bourse à berger, B. à pasteur, Ma-
lette. Syn. de Bourse. X. Il est à croire que
cette plante possède des propriétés laxatives.
— Il Va. Graminée qui pousse près des haies
et donne un fourrage mou et peu estimé.
Epillet lâche, tige haute et grosse. Ce doit
être la flouve ou une houque.
Chien (Mj., Sp., Fu.), s. m. — Homme
porté aux plaisirs vénériens, paillard. Syn. de
Chenassier, Fuinellier, Fouailleur, Putassier,
Vessier. \\ Individu peu généreux, ladre. Syn,
de Crasseux, Requiet. \\ Eeau de vie commune.
Syn. de Tiaule, Schnick. On va boire un petit
coup de chien pour se réchaler. ]| Faire des
chiens, — vomir à la suite d'excès de boisson.
Cf. Piquer un renard (Lg.). V. Cheneau. || Sp.
Faire le chien et le loup, — être l'homme de
deux partis. Mj. Etre c. c/j/enet loup. — Etre
ennemis jui-és. Suivre en chien battu, — à
longue distance, d'un air soumis et craintif. ||
Jeter sa jambe au chien, — ■ faucher en mar-
CHIENDENT — CHILLOU
199
chant. Il Tlm. Déclic du cric d'un taillet.
Langue des tisserands. — P.-ê. à cause de sa
forme. || Mj. Garder ein c/uen desa chienne, —
garder rancune. || (Lg.) Mon chien a vu ein
loup. — il y a qqch. de nouveau, il y a anguille
sous roche. || Mj. Ne pasvaloir lesquatrefers
d'ein chien, — donc, ne rien valoir. || Jeu de
chien, — jeu qui risque fort de dégénérer en
rixe. Il Vin de chien, — ivresse querelleuse.
Ex. : Ils étaient en vin de chien ; ils se sont
foutu une flopée. || Faire du chien, — faire
beaucoup de toilette, être évaporée, éval-
tonnée, en parlant d'une jeune personne. ||
Mettre la marmite au chien, — l'accrocher à
la crémaillère de telle sorte qu'elle présente
deux pattes en avant. ||Lg.,id.Maldec/H'e«, —
peine extrême, grande difficulté. Ex. : J'ai
ieu ein mal de chien à en venir à bout. || Ec.
A la chien. — Ramer, nager à la chien, — par
mouvements alternatifs des deux bras. || Sens
spécial : Un chien est un bourgeon quand il
est seul, le bourgeon radical (Z. 26^).
Chiendent (Mj., Fu.), s. m. — Chiendent-k-
boulettes, — folle avoine. Syn. de Pâtinoutre.
Il Fig. — DifTiculté, malentendu. Ex. : C'est
justement ça qui fait le chiendent ! — le hic.
Il Ch. à bosses (Lg. ). Ch. à chapelet. Syn. de
Patinons, Maquille.
Et. — Triticum repens? Les chiens malades ont
beaucoup de goût pour celte plante. D'où le
nom.
Chiendent à bosses (Lg.), s. m. — Chien-
dent à chapelets. Syn. de Maquille, Patinons,
Chiendent à boulettes, ch. couillu.
Chiendent couillu (Sa., Sp.), s. m. — Syn.
de Chiendent à boulettes et de Pâtinoutre. Folle
avoine. A cause des renflements de la racine.
Graminée, encore appelée Maquille.
Chiendent-roquart (Mj.), s. m. — Sorte de
chiendent à tiges souterraines plus grosses
que celles du chiendent ordinaire. Pou.sse
dans les terrains sableux. Syn. de Ergot-de-joc.
Chien-fou, ou gâté (Mj., Fu.), enragé.
Chien gale enragé (galeux?)
Chien gâté, méchant, chétij, enragé.
N. — « On croyait par là prendre les précautions
nécessaires pour qu'il ne devînt ni chétif chin, ni
chin f(âté. ( La Trad., p. 259.)
Chiennerie (Mj.), s. f. — Crapule, abjec-
tion. Il Gens crapuleux, abjects. || Vie crapu-
leuse, débauchée, déréglée. — Syn. de Vie de
chien. Vie de Sarrasin. \\ Rassemblement de
chiens, au propre. — Cf. Cynique.
Hist. — « De cestuy monde rien ne prestant,
ne sera qu'une chiennerie. . . qu'ime diablerie,
plus confuse que celle des jeux de Doué. (Rab.,
P., III, 3, 221.)
Chiens-blanes (Lg.), s. m. pi. — La gelée
blanche. Ex. : Les petits chiens blancs mordant,
à matin. Cf. Geau, Jument blanche.
Chien de terre (Sa.), s. m. — Courtilière,
taupe-grillon. Syn. de Fumerole, Jardinière,
Taupe- jardrinière.
Chie-pommes. — Vieillard petit, recourbé.
(MÉN.)
Chier (Mj.), v. a. — • Chier la bousine. V.
Bousine. || Fig. Chier la guenille, — être efTi-
loqué, éraillé, en parlant d'un vêtement. ||
Sp. — Faire chier, — causer un sentiment de
dégoût, de répujsion (Syn. de Faire suer,
faire pisser le sang) d'ennui, d'exaspération.
Il Chier dans le son, renoncer à une entreprise
qu'on juge au-dessus de ses forces. || Sp., Mj.
Chier des yeux. — Pleurer, larmoyer, ||Mj. v. n.
et a. Produire une éruption cutanée. Ex. :
La fièvre illi a chié autour de la bouche. ||
Envoyer chier, c.-à-d. promener. N. On dit
souvent dans le même sens : Envoyer chier
au Mail. || Faire, Ex. : Que chies-tu là? ||
Avoir chié dans les bottes de qqn, — lui avoir
fait qq. grosse sottise, se l'être rendu hostile,
l'avoir indisposé. || Lg. — Ça va chier, ça
chiait, — il va se passer, il se passait qqch.,
une algarade. || By. — Ce vêtement chie la
penette (poenette), la pénille, la guenille ; il
ne vaut guère la peine d'être rhabillé (rac'-
modé). T'as beau essayer de le rabiscouder, tu
ne feras guère que le dabonner.
Chierie (Mj.), s. f. — Action de chier. Ex. :
Ils n'en font d'eine chierie, ces gorins-là ! Cf.
Boirie, Pisserie. || By. — Cause d'ennui.
« Quée chierie que d'être obligé de. . . » Syn.
de Chiasse.
Chiette (Sp., Lg., Fu.), s. f. — Syn. de
Chiotte, Latrines, lieux d'aisances, privés.
Syn. de Communs, Numéro cent.
Chiffe Pour : chiffonné.
Chiffon (Sp.). — Fig. Souillon, petite fille
malpropre, mal tenue.
Chiffonnier (Lg.), s. m. — Chiffonnier. Syn.
de Guenilloux, Gueneilloux, Guenillonnier. ||
Fu. — Chiffonnier, on nasal.
Chignon du cou (le). (Z. 151 By.) Le der-
rière de la tête. Cf. Châgnon, Châgnean.
Et. — Le même que Chaînon, par compar. du
chaînon d'une chaîne avec les nodosités des ver-
tèbres. Lat. pop. Catenioneni ; cadegnon, chae-
gnon, chegnon, chignon. — Cf. Chaînon. (Darm.)
— Se disait il y a longtemps :
— Si corut Ysengrin ferir
Parmi le chaaingnon dou col.
Renart, 24.471.
Chigreniine (Tlm.), s. m. et f. — Individu
maigre et chétif. Syn. de Maigremine, Chi-
vrille.
Et. — Je ne puis la voir nettement ; mais je
remarque que ce mot tient le milieu entre les deux
syn. indiqués.
Chigripie, s. f. — Augmentât, de Chipie
(Segr. — MÉN.).
Et. — Chipie semble dériver du rad. de Chipoter,
colle qui fait la renché.ie sur toutes choses. Vx.
fr. Chipe, lambeau. Cf. Chicoter.
Chillou, s. m. — Caillou.
Et. — C'est une déformat, du moi. V. Chail-
lou.
200
CHIMBRANLER — CHIPOTER
Chimbranler, v. n. — Se dit à Segré pour
Chamhranler.
Chimer (Lg.), v. n. — Laisser suinter par
sa tranche la sève ou l'humidité qu'il contient,
en parlant du bois que l'on met au feu. ||
Suinter, en parlant de l'humidité d'un tison,
— Le pat. berric. a Simer, pleurer, s'infiltrer
(Jaub.).
Chimère (Mj.), s. m; — Chagrin, soucis,
idées noires. Ex. : Il se fait ben du chimère.
N. Ne s'emploie que dans le sens figuré spé-
cial que j'indique, et seulement au singulier.
Et. — D'un mot grec, chèvre ; animal mytho-
logique.
Chimier (Lg.), s. m. — Cimier, morceau de
la croupe d'un animal. Syn. de Couard.
Chin (Ti., Zig. 153, Lx.), s. m. — Chien. Cf.
Chê.
Chini-hée (Mj., Fu., Lg., Seg.), s. f. — Petit
coup de vin, petite prise de tabac. Ex. :
Allons, encore eine petite chinchée ; on ne s'en
va pas comme ça sus eine jambe. !| Au Lg.,
cependant, ce mot a le sens d'une quantité
assez considérable. |1 Qqf. Supplément, syn.
de Amandon.
Et. — « L'angl. a le v. to Chinze, calfater. Il
apparaît que ce mot vient d'un vx v. Chincher,
qui aurait eu le même sens, et qui a donné Chin-
chée. Une chinchée fut d'abord une prise de tabac
dont on se bourre le nez. " (Litt.) — « Echanson
schancio en BL., Schenck, en ail., d"où Schenker
aujourd'hui : détaillant, cabaretier, vient du pri-
mitif Schenken, verser à boire, chinquer, en vx
fr. (Baron de Coston, Origine, étymol. et signifie,
des noms propres.)
Chinchoire, s. f. — Tabatière en forme de
poire (Segr.) Mén. !| En écorce de cerisier ou
de bouleau quelquefois ; alors elle a la forme
d'une petite boîte ellipsoïde et s'appelle aussi
Queue de rat.
N. — La chinchoire est une petite fiole (gourde)
à orifice étroit, fermée par une cheville... Pour
prendre une chinchée on ôte la chevillette, on
secoue la chinchoire, l'orifice en bas, on fait tomber
le tabac sur le dessus de la main, dans un creux
produit entre le pouce et l'index, et l'on aspire.
l'hinchon, s. f. — Préférée, « le petit chin-
rhon ■', le Benjamin (Segr. Mén.). 1| Sar. —
Chinchon ou Chouchou.
Chine (Mj., Fu.), s. f. — Quémanderie. ||
Colportage. V. Chiner.
Et. — Dér. de Echine, porter sur féchine. I|
Ironiquement. Tabac de Chine, — tabac quémandé.
V. Permission.
Chiner (Mj., Fu., By.), v. a. — Quémander.
Il Ex. : « C'est un harquelier qui venait pour
chiner Monsieur. » (Explication d'un domes-
tique qui avait refusé l'entrée à un quémandeur.
' Colporter. ;i Taquiner, turlupiner [[ Dénigrer,
débiner, déprécier. :| N'endre des denrées de
Dorte en porte. || Se dit des gens qui vont de
ferme en ferme, la hotte sur le dos, chercher
des œufs, des poules, etc., pour les revendre.
Il Lue. — Les vagabonds vont chiner de ferme
en ferme et demandent à coucher à l'Hôtel
du Bœuf, c.-à-d. à l'étable.
Chineur (Mj., Fu.), s. m. — Quémandeur.
Il Colporteur. Syn. de Contreporteur. \. Chiner.
Il Taquin, turlupin, satirique, moqueur.
Chins (Lg.). Prépos. — Chez. Forme
devenue rare. Cf. Cheux.
Chintre, s. f. — \ . Cheintre, Chaintre.
Espace laissé libre entre les sillons et la haie,
Chintrer, Cheintrer. Chaintrer. v. a. — Ti.,
Zigz. 150. — Mal chintre, — mal à son aise,
mal en point, en mauvaise posture. Syn. de
Mal tendu. \. Chaintrer. Cf. Chêtré.
Chioire (chi-oire), Sp., s. f. — Sorte de
trappe ou planche mobile à l'arrière et à
l'avant du fond d'une charrette, que l'on
enlève pour faire tomber plus facilement le
chargement de fumier ou de terre. De Chier.
Chiotte (Mj., Fu., By.), s. f. — Lieux d'ai-
sance, il Ironiquement. Méchante baraque.
Syn. et d. de Chiette.
Chioux (Lg.), adj. q. — Pingre, ladre.
Doubl. de Chieux. Syn. de Chiard, Bousoux,
Crasseux, Crassoux.
Chipaud (Mj.), adj. q."" — Qui chipote, qui
marchande, qui hésite. Syn. de Nêmeur. Ex. :
Lui, point chipaud, il illi rendu son coup de
poing. — Ma vache n'est point chipaude de
coups de cornes, — elle ne les marchande pas.
Chiper (Mj., Fu.), v. a. — Dérober, voler. ||
Fig. Attraper, occasionner une déception,
désappointer.
Et. — De chipe, lambeau, chose de mince
valeur. — Prendre de menus objets, les attraper
subtilement ; est formé p. ê. sur le vieux français
chipe, qui semble apparenté avec l'angl. chip,
mais non avec l'island. kippa. (G. de G. — Y.)
Cf. Chifîe. Les couturières appellent : chippes ce
qu'elles volent à leurs pratiques. Cf. Angl. Chip,
copeau.
Chipet (Mj.), s. m. — Qqs-uns emploient
ce mot au lieu de Chiquet, dans la loc. Chi-
quet à chiquet.
Et. — Ce mot doit être la rac. du pat. Chipoter,
tandis que Chiquet est la rac. du fr. Déchiqueter.
Cf. Angl. : Sippet, trempette, mouillette.
Chipotage (Mj., Fu.), s. m. — Un rien, une
petite quantité.
Et. — Du fr. Chipoter. V. Chiper. Syn. de
Chiàillage.
Chipote, s. f. — \". Dârée.
Chipoter (Mj., Lg., Sal., Fu.), v. n. —
Liarder, lésiner, marchander, barguigner,
hésiter, tergiverser. V. Chiper.
Et. — Le rad. est chiffe ou chippe. Proprement
découper en petits morceaux, le même que chi-
coter, qui est la vraie orthographe. » (L. C.) —
« Chat. Les chats du Poitou étoient aussi une
espèce de monnaie marquée au chat (erreur ; c'était
un léopard. N. E.). De là, selon D. C. on a dit :
livre chapotois, pour livre en monnaie appelée
chats du Poitou. (Gloss. lat. aux mots Chapotensis
moneta et Chipotenses.) Si c'est de là, comme il y a
GHIPOTERIE - CHOHON
201
apparence, qu'est venu notre mot chipoter, il
fallait que cette monnoie fût de bien peu de
valeur. » (L. C.) — R. O. propose l'angl. Sippet,
petite tranche de pain, trempée dans qqch., trem-
pette, mouillette, et Sipper, celui qui boit à petits
coups ; d'où Sipoter et Sippoter.
Chipoterie (Mj., Lg.), s. f. — Discussion
futile, taquinerie mesquine, difficultés que
fait un tapinier pour conclure un marché.
De chipoter.
l'hique ' (Sp.), s. f. — Morceau, assez
gros, de pain. Ex. : Eine chique de pain
grousse comme les deux poings. || (Mj.) Cou-
per la chique (fig.) couper la parole, interlo-
quer, déconcerter. || Poser sa chique, — mou-
rir. Syn. de Tourner de l'œil,, Avaler sa langue,
Casser sa pipe. — N. Qqf. simplement, se
taire : « Pose ta chique et fais le mort. —
Dans le premier sens : Avaler sa chique.
Et. — Primitivement, chose de peu d'impor-
tance. Ciccum, en lat. est la pellicule intérieure
d'une grenade. Plaute a dit : « Ciccum non int' r-
duini, je n'en donnerais pas un zeste.
Chique ^ (Sp.), adj. q. — Impair. Syn. de
Soute. Il Couble ou chique, — ■ pair ou impair.
C'est un jeu d'enfants qui consiste à faire
deviner si le nombre d'épingles qu'on tient
cachées dans sa main est pair ou impair. V.
Chiquette, Couble.
Chique ■'! Interj. — Fameux ! etc.
Chique '' (Sp.). — Syn. de Chiche.
Chiquenient (Mj., Lg.), adv. — Remar-
quablement .Ex. : C'est chiquement ben fait !
Syn. de Chouetteinent.
Chiquet', s. m. (Cho., Sa., Sal., Mj.). —
Usité surtout dans la loc. Chiquet-à-chiquet,
morceau à morceau, par lambeaux, petit à
petit. V. Chéchiquette. Syn. de Chipet, et
p.-ê. corrupt. de ce mot. Cf. Chipoter. A
regret, comme donne un avare. — Chiche,
ladre (Sal.).
Hist. — ... Et alors le pauvre drapier reprit,
chiquet à duquel, ses esprits qui s'égaraient à telle
musique. >[H"^^ dui'xtps, p. 392 et note.)
Chiquette (Sp.), s. f. — S'emploie dans la
loc. : Jouer à la chiquette, — jouer à pair ou
impair. Cf. Chique '\
Chiquoire (Mj.), s. f. — Clifoire, V. Giloire.
Et. — ,Ie regarde ce mot comme une corrupt. de
Jicloire, dér. inus. de Jicler. Le fait suivant vient
à l'appui de ma proposition ; à Auverse, le syn. est
Giloire. Ce peut être aussi un doublet de Ségoire,
E.ssigoire, E.'isaii'oir. car la chiquoire sert unique-
ment à lancer de l'eau. Cf. Chique-foire, dans
Jaubert. Il Fu. Bien distinguer la chiquoire et la
flûte. V. Chicoire.
Hist. — Rabelais : glyphouèrc. Variantes :
Ficfouère, Chiasse, Chie-foire ; Flictouère, Jille.
Chirat, s. m. — V. Chiron.
Chiron, s. m. — Pierre de grès ; bhic ou
quartier de rocher (dans tout l'Anjou, surtout
entre Gonnord et \'ihiers. — Sp., Tlm.) —
Bloc ou quartier de rocher dans un champ et
attenant au sol.
Et. — Hist. Note. Ce mot n'est plus connu, ou
du moins compris au Lg. ; cependant il a dû y être
usité, car il s'est conservé comme nom de lieu. Un
des champs de la ferme de la Roulière s'appelle
Champ des Chirons. — Jaubert : Tas de pierres
ramassées en rond dans les champs, dans les
vignes. — Et il l'explique d'une façon bien natura-
liste : Chie-rond. — Se dit au.ssi Chirat. « Jehan
Loys estant en ung Chiron de pierres, desquels il
prenoit et mettoit en son saing. » 1459. — (L. C.) —
« Le sol du Bocage est humide et argileux. . . : aux
abords de la Sèvre, et principalement de Châtillon
à Clisson, il est sabloneux, pierreux et parsemé de
blocs de granit. — En note : Dans le pays ces blocs
de granit s'appellent Chirons (Dexiau, i, 15). —
« Dériverait de l'auvergnat Cheire, qui signifie :
coulée basaltique. « Il existe d'autres régions où l'on
peut rencontrer ces trous glacés ; par exemple,
dans les magnifiques cheires basaltiques d'Aydat. »
(H. DE Parville. Annal pal. et litt., 946, 94, 1.
R. 0.) — « A quelques pas d'elle, sa chèvre dressée
contre un gros tas de pierre, ou cheyron (Journal
Le Temps). — « Dans Mireille, 228. 3 :
« Vincèn, comme un queiroun, aplanie de terrour
(Vincent, comme un quartier de pierre aplati de
terreur.) — Chiras, nom donné à des entassements
de grosses pierres, au sommet du Pilat, non loin
de Saint-Etienne. — Chiron s'est corrompu en
Chignon, puis Chinon ; de là le nom de la ville
de Chàteau-Chinon, en Morvan ; les habitants
prononcent le plus souvent Château-Chignon.
(Jaub.) — « Un Jac Chiron était curé de Cerqueux-
sous-Passavaiit en 1728. (Mén.)
Chirugien (Fu.). Chirurgien.
Chistophie (Segré). — ■ Un verre de cognac
(MÉx.)?
Chiure (Mj., Fu.), s. f. — Tache produite
par des excréments. Ex. : Les rideaux sont
pleins de chiures de mouches. Syn. de Chias.
Chivrille (Mj., Chl., Sal.), s. f. — Enfant
chétif, malingre. On dit habituellement : Ça
n'est qu'eine méchante chivrille. Cf. Bique.
— Syn. de Chat-grillé, Petit-grillé, Bourbite,
M«serine.— A donné l'angl. Cheveril, chevreau
— Il By. Chenille, miserite, quérée. — Petite
chèvre?
Chloï (Fu.), s. ni. — Faire chlof, dormir,
faire marguenne.
Et. — De l'ail Schlafen ? Souvenir de l'invasion
de 1815. (Marguenne ; mérienne, moérienne, moer-
dienne, pour : méridienne. (By.)
Ch(»bil!e (Segr.). — Gardeuse de vaches,
petite tillette (Mén.). Cf. Chivrille.
Choc (Mj., F'u.), s. m — S'emploie dans
l'expression : Faire le choc, — se hérisser,
avoir l'air renfrogné ou malade. Se dit des
poules et, p. ext., des malades. Syn. de Rebi.
N. — Qqs uns disent : Faire k joc. P.ê. sont-ils
dans le vrai, car ce mot pourrait bien avoir quelq.
affinité avec Jau.
ChoKrer(Sp.), v. n. — S'ennuyer à attendre,
faire le pied de grue, croquer le marmot. Syn.
de Droguer.
Chohon (Mj.), s. m. — Chat-huant, hibou.
Cf. Chahon. || Grosse bouteille de grès, con-
tenant de 15 à 20 litres. \'. Chevrettes.
Et. -^ Corrupt; du fn Ghat-huantj vx fr;
Î02
CHOHON\ER - CHOPE
Chauant. A Auverse et dans le Maine on dit
Chouan. Les bouteilles de grès sont ainsi appelées
parce que leur goulot très court sur une panse
rebondie les fait ressembler à de gros hiboux. —
Hist. « Aucuns le dirent, estant jeugne aignelet
par quelque aigle ou duc chauant là ravy, s'estre
entre les buissons saulvé. » (Rab., P., iv, 57.)
Breton : Kaouen, même sens.
Chohonner (Sp., Mj,. Fu.), v. n. — Se tenir
assis et replié sur soi-même, le cou rentré
dans les épaules, d'un air ennuyé ou grognon.
Il Bouder. || Se dissimuler.
Et. — Dér. du pat. Choon. Chohonner ou Chôner,
c'est avoir la pose habituelle et l'air maussade d'un
hibou, d'un chohon.
Choin (Lue), s. m. — Chat-huant. — Mieux
L.nouin. jj By. Prononciat. locale de chouan.
On pron. les chouens, la chouennerie.
Choîne, s. m. — Sorte de pain. Vieux mot
angevin.
Et. — Hist. « Ce mot se trouve dans Rabelais
(IV, 59), pain blanc. On dit en Anjou et en Nor-
mandie : " Il a mangé son chaîne le premier -, ce
qui fait voir que ce pain était un pain blanc et
délicat. — Je croy que ce mot a été fait de Cano-
nius, et qu'il a signifié primitivement : pain de
chanoine, pain de chapitre. » (Ménage.) — « Le-
quel suppliant. . . prinst trois pains blans, appelez
choesnes. N. E. 1885. (L. C.) — « Offrirent à Dieu,
ouvrans leurs corbeilles et leurs marmites : hypo-
cras blanc avec la tendre roustie seiche, pain blanc,
pain mollet, chaîne (Rab. P., iv, 59). — « Les
gars achetèrent un choîne qu'ils coupèrent en
tranches égales... » N. Gâteau grossier (?) que
je crois spécial à l'Anjou. » (H'»^ du vx tps, 582.)
Choir, V. n. — V. Cheoir. — Choir, chu, qui
est presque inusité maintenant, est resté
assez employé à Lue. V. Chair.
Choisir" (Mj., Fu.), v. a. — Choisir son
monde, — manifester de l'aversion ou de la
crainte pour certaines personnes, pour les
inconnus, comme font les petits enfants.
Et. — Du gothiq. kausjan, goûter, essayer ;
aha. Chiosan, voir, choisir ; cette signification,
dans le vx fr. est la principale, jusque dans le
xvp siècle (Litt.).
Choix (Mj.), s. m. — Faire choix, établir
une différence. Ex. : Je fais ben choix des
deux frères, N. Ce n'est pas là le sens de
l'expression française. || Sp. — lUy a ben
choix ; — il y a une grande différence. || Sp.
— Etre à choix, — être mis à même. Ex. :
J'étais ben à choix de me gager, jj Mettre à
choix, — laisser libre de choisir. — V. Choisir.
Cholà ! (Lg.). — Interject. Sert à arrêter
les bœufs. Syn. de Oche ! Ces .'
Cholailles (a très bref). (Sp. Sal.), s. f. —
Ne s'emploie qu'au pluriel. Feuilles. Syn.
de Talle. — || Fanes de la pomme de terre.
Syn. de Fonces, Chahouet, Chavoilles. Cholons.
Cf. le berrichon Châlons (Jaub.) et Châlas.
Et. — Dér. du vx fr. Chol, chou. V. Cholette.
Lat. Gaulis. Ds le vx fr. li chois (singul. nominat.).
ou : chos, chous : régime : le chol ; au plur. nomin,
li chol j fég. le ôhols, choâ, chous. (Litx.,.
Cholastique (Mj.), s. f. — Scholastique,
nom propre.
Cholé (Sal.). — Heureux. Etre bien cholL
Mais ironique.
Cholet (Fu.). — Bœuf de la Vendée, ainsi
appelé de son principal lieu de vente. Grand
marché.
Cholette (Mj., Fu.), s. f. — Jeune plant de
choux. De la cholette. Syn. de Cholon. Voir
Gouet, Cholailles.
Et. — Du vx fr. Cholet. ; lat. caulis ; angl. cole,
dans cole-wort. — Breton, kaol.
Cholettière (Mj., Fu.), s. f. — Terrain où
Ton élève la cholette ; semis de choux. Syn.
de Cholonnière. V. Cholette.
Cbolon (Tlm., Lg.), s.m.
choux. Svn. de Cholette.
Jeune plant de
Cholonnière (Tlm., Lg.), s. f. — Terrain où
l'on sème et élève du plant de choux. Syn. de
Cholettière.
Cholons (Sp.), s. m. — \e s'emploie qu'au
plur. Fanes de pommes de terre. V. Cho-
lailles, Fonces.
Chômant (Mj.), adj. verb. — Urgent.
Chômer (o bref) (Mj., By.), v. n. ou Chom-
mer (Lue). Tarder, presser. Ex. : Tu peux
ben attendie pour arracher ton chambe ;
çà ne chôme pas. || Chômer de, — manquer
de, avoir un besoin urgent de. On dit d'un
fâcheux : Il pouvait ben rester, je ne chômions
pas de lui. || By. Id. J'chom' dé tout, pouv'
malheureux ! jl Sal. Chômer, o long, au sens
de : tarder . Ça chôme. || Fu. Arriver en
retard... Vous allez chômer, le Sanctus est
sonné. »
Et. — C'est le fr. Chômer, mais il s'emploie
uniquement dans le sens ci-dessus. — Hist. « Mais,
dist-il, que faict cependant la part de notre armée
qui desconfit ce vilain humeux Grangousier ? —
Ils ne choument pas, dirent-ils, nous le rencontre-
rons tantost. « (Rab., G., i, 33). Du lat. popul.
Caumare, proprement se reposer pendant la cha-
leur (du gr. kauma, chaleur.).
Chôner (Sp.), v. n. — Chohonner. — \'.
Choon.
Choon, s. m. — Chouette, hibou, chat,
huant. — V. Chohon, Choonner. Bret, Coan-
Gohana (Morbihan).
Chope (By., Sal., Ag.), adj. q. — Trop mûr.
CholetaiS. La prononciation dans le Choletais,
présente des particularités très remarquables. —
Ti et Di, se pron. ghy (h très aspiré). Il est mighy,
— midi : on t'a menghy, — menti. — Impossible
de figurer mieux cette prononciation : on entend
presque un d : il est midghy. — Et. au contraire, qui
se pron. ti : Tranquille, pron. trantille ,; A Gon-
nord, Trémentines : Qui te l'a ghy, — dit ? en
traînant. — C'est ghy vrai ? C'est-il vrai ? —
Autres exemples : Aiguille, aig'hyille ; un dit-on,
g'hjiton ; anguille, ang'hyille : Guillon, G'hjillon ;
du gui, du gu'hji ; Lyon, — G'iyon.
CHOPER - CHOUANER
203
Cf. Blet, blette. — Les nèfles, comme les
cormes et les alises ça n'est bon que quand
c'est chope. Une poire chope, choppe, chopie.
V. Chopir, Chop- per.
Et. — Se dit des poires, des nèfles parvenues à un
certain degré de maturité ou de décomposition.
— Cormes choppes. — Du v. Choppii'. — V.
Chopper.
Choper (Mj., Lg., Spb., Fu.), v. a. — Pincer,
surprendre, prendre sur le fait, arrêter. Syn.
de Piger, Arquepincer. V. Chopper, Baiser.
Et. — Heurter du pied contre qq. ch. en mar-
chant. Vx fr. Chope, souche ; heurter une souche.
— Donc, par ext., meurtrir (un fruit). — « Qui
chope et ne tombe pas, Adjoute à son pas. « (L. C.)
P. ê. du germaniq. Schupfen, shoppen, pousser,
heurter, frapper, boiter.
Chô-petit (à) (Lg., Tlm.). — Peu à peu. Le
même que : à ché-petit. De choir. Mieux :
Chaupetit (à).
Chopineau (Lue, Fu., Mj., By.), s. m. —
Burette pour le service de la messe.
Et. — Chopine ; se rattache à l'ail, schopfen,
puiser. — Rabelais dit : Chopine de tripes. —
Hist. « On donne à l'orfèvre deux petiz chopi-
neaulx d'argent (1556.). — Inv. Arch. G. p. 103,
col. 2. — « Sa chapelle,... composée de chasuble
de satin roge, caHce, chopines et boueste d'argent
à mettre le pain à chanter ;> (1572). Jd. E, p. 195,
col. 1. — « A l'Eglise d'Angiers la propriété de ma
chapelle à dire messe, s'est assavoir mon calixe
doré, mon chandelier d'argent et choppines (1502).
— Id. G. p. 50, col 2. — « Les autres 120 livres ont
servi, pour le bien de la fabrique, à payer deux
chopineaux et un plateau d'a.gent « (1782). Id.
S. s. E, 265, 2.
Chopinette (Mj., Fu., By.), s. f. — Petite
chopine. Ex. : Si on buvait eine chopinelte?
— Ou même : Si qu'on buvait. . .
Chopir (Q., Z. 171, Lue, By.). — Mollir.
Ex. : Ça ne chopit pas, la vendange, dans les
portouères ; ça ne s'écrabouillera pas.
Et. — V. Choper ; heurter, frapper un fruit, qui
se ramollit au lieu du choc. Cela n'implique nul-
lement l'idée de pourriture. Ne pas confondre,
d'ailleurs, chope avec : blet, blette. On ne mange la
nèfle que quand elle est blette.
Chopper (Sp., Lg., Mj., Fu.), v. a. — V.
choper, même sens. Surprendre sur le fait. ||
Attraper, tromper. Syn. de Baiser. || Enle-
ver, voler, subtiliser. Syn. de Soulever. \\
Prendre, arrêter. Ex. : Le garde-pêche l'a
choppé. Syn. de Piger, Arquepincer, Baiser.
— On dit, dans le même sens, Subiter. Qui
m'a subite mes ciseaux?
Choquer (Mj.), v. n. — Donner des coups
de tête, comme font les béliers, les boucs, les
veaux qui tettent. !| Dans le langage des mari-
niers, jreyer par secousses et non d'un mouve-
ment continu et régulier. V. Choc.
Et. — Pour le rapport avec Souche, cf. Choque-
tage, pour Souchetage, vériflcation après une
coupe, d'après les souches, du nombre et de la qua-
lité des arbres abattus. (Darm.)
Choreau (partout).
Ou chorau.
Enfant de chœur.
Et. — Du lat. Chorus, chœur d'église. — Hist.
« Ne savez-vous pas qu'il y a des églises où les
chanoines ont des vicaires qui font pour eux et
sont dits choriaux ? » (Bér. de Verville, Moy.
de parv.) — J'ai joué à la gaulette quand j'étais
choro anssi moi. — La Vendée catholique, .31 mars
1907, 1, 6.
Chôrir°, Chôrier (Sp., Lg.), v. n. — Sourire.
Corr. du franc.
Chorisse (corice) (Mj.), s. m. — Syn. de
Choreau.
Et. — C'est le fr. Choriste, pris dan un sens
voisin.
Chose (Ec, etc.), s. f. — Terme trivial
dont on se sert lorsque le mot propre manque
à la mémoire. On dit aussi : machin. |i Etre
tout chose, tout je ne sais comment ; malade ;
troublé. — Il D'où choser — faire une chose,
sens imprécis.
Hist. — « Il faut rire de tout, aussi bien ne
(peut-on.
Changer chose en Virgile, ou bien l'autre
(en Platon.
(Régnier, Sat. x.)
« Depuis un tour de temps, notre Sylvain est
tout chose, comme contrarié, comme chagriné. »
(G. Sand. Claudia.)
Chou s. m. (Fu.). — Chou-poume, — chou
pomme. || Sp. fig. Chou poume, tête chauve.
Syn. de Genou. \\ Chou naveau, — chou navet.
Il Chou-hou\e, — chou-rave. || Sp. Chou-vache
— grand chou vert commun. || Sp. — Faire
ses choux gras de qqch., — s'en pourlécher les
lèvres. || Ssl. Apporter le chou, — venir faire
un accouchement. Se dit d'une ; mère tape à
la porte. \\ Expression employée comme terme
d'amitié à l'égard des enfants. — Enfant
chéri, cajolé, gâté. Le mot se redouble :
Chouchou. Par allusion (?) au chou sous
lequel on prétend les avoir trouvés.
N. — Noms de diverses espèces de choux :
Ch. brocolis ; Ch. dioc, pour : d'York : Ch. minet,
à feuille brune, plus lisse ; Ch. pancalier ; Ch.
piochon, — cœur de chou ; {Ch. radigonnc, trop
CU't).
Choiian, s. m. — Chat-huant (Lue). i|
Chouan, paysan des guerres de Vendée.
Et. — Hist. (Au l" sens) « Et çà et là se mê-
laient à eux des crapauds de terre et des crapauds
volants, des chouans. » (H'"^ du vx tps, 469.) —
(2« sens) . « Peut-être de Chouan, oiseau de proie
nocturne, par comparaison avec les habitudes'noc-
turnes de ces bandes (ou parce que le signe de ral-
liement était le cri de .et animal. A. V ( — De
Jean Chouan, un de leurs chefs. S'il est difficile de
déterminer l'origine de chouan, formé presque de
notre temps, on comprend combien d'autres déno-
minations plus anciennes sont restées obscures.
(LiTT.) — « Lat. du moy. à : Cavannum : germ.
Kawa, qui a donné le vx fr. Choe, et qui se retrouve
dans Chouart et Chouette.
Chouaner (Sp.), v. n. — Se cacher dans
les bois et y vivre en bandits, en parlant des
réfractaires à la conscription. Cf. Chouiner.
Hist. — « Et, dans la crainte d'être enrôlés de
force, ils ne voulaient pas rentrer dans les fermes
et restaient à chouanner sur les grands chomins.
204
CHOUANERIE — CHRÉTIEN
(Page 47. I^official, représent, du peuple. Jour-
nal d'un Conventionnel en Vendée. Dec. 1794,
juillet 1795, publié par C. Leroux-Cesbron). —
« Le 20 mars il assura au Comité de Salut public
que le projet des Chouans était d'afïamer les villes
pour les faire soulever, de s'emparer des arsenaux
et de faire chouanner par toute la France. »
(Dexiau, V, 185.)
Cliouanerie, s. f. — Les Guerre.s de Ven-
dée. Il Les partis réactionnaires. || (Sp.). Le
genre de vie des conscrits réfractaires. V.
Chouanner.
fhouau (Fu., Mj.), s. m. — Cheval et che-
vaux. Cf. Chevau.
(ilou-bourroclie (Mj., Fu.), s. f. — Bour-
rache. — Bat. Borrago offlcinalis.
Et. — Lat. du moy. âge : borrago, altération de
l'arabe : abou, rach, le père de la sueur. La forme
la plus usitée pendant le xvF s. et une grande
partie du xvii" est bourrache.
Choucolât (Mj.), s. m. — Corr. de Chocolat. (B
C'iiouchié (Mj.), s. m. — S'emploie dans la
loc. : Eter comme un chouchié, — rester les
bras ballants comme une personne hébétée,
qui ne veut pas se donner de mouvement ou
qui ne sait à quoi se prendre.
Et. — Trop claire ; mou comme un chou-
chié.
Chouchou (Mj.), s. m. — Personne chérie,
enfant gâté.
Et. — Réduplicat. du mot Chou, même sens.
Chouchouter (Mj.), v. a. — Gâter par
des cajoleries, un enfant. Syn. de Apégnoter.
Chouée, s. f. — Platée de choux cuits.
Chouette (Mj., By., Fu., Sal.), adj. q. —
Beau, remarquable. Syn. de Chenu, Rupin,
Hurf. — D'où Tadv. Chouettement.
Et. — Dimin. de Choue, d'un radie, ail. chouch
(cf. Choucas). — Hist. « Ma femme sera coincte
(gracieuse) et jolve comme une belle petite chouette. »
(Rab., p., m, 14.)
Chouin (Lg.), s. m. Chouan.
Chouiner (Sp.), v. n. — V. Chouaner. || Lg.
Faire l'école buissonnière.
Chouipe (Lg.), s. f. — Chouette.
Choulière (Lue) ou Machoulière. Champ de
choux.
Chou- Diacre (s. m.). — M. Ménière n'a pas
compris ce mot. Encore un reste de l'inva-
sion allemande. Il veut dire : cordonnier, fai-
seur de chaussures (Schumacher). || Grosse
injure : Bouifre, Pierrot, Pleutre.
N. — « Mots provenant de l'invasion, en 1815
(Bourgogne). Schlof, de schlafen, va te coucher. —
Oufte, ouste, corruption de Aufslehen, lève-toi. —
Chlaguer, schlagen, battre. — Gandrou, de Wan-
derer, vagabond. — Incre, criard, têtu, de Ein
schrener, id. — Choumac, Schulzmacher, cordon-
nier. — Sacramenteurtèche, sacrameiil der Teufel. — .
QuaLseurlique tèche. Injures, parmi les enfants.
(Ch. Nisard. Curiosités de l'étym. franc., p.
ÎELVI) »i
Chou-rèbe (Lg.), s. m. — Chou rave. Pour :
chourabe. Cf. Bette-rabe.
Chouse (Mj., Lg., Te, Fu., By.), s. f. —
Chose. Il Illy a ben des chouses dans un chou-
sier. — les choses ne sont pas aussi simples
qu'elles semblent de prime abord. i| Belle-
chouse, — beaucoup. « J'ai pris ben des
poissons, mais illy en a helle-chouse qui ne
sont pas fameux. — Cf. Berchouse. \\ Avoir
l'av chouse, éter tout chouse, — avoir un air
étrange, ahuri ou nigaud. || Individu étonné,
interloqué. Ex. : Il en est resté tout chose. ||
LTn, une pas grand chouse, — homme ou
femme dont on fait peu de cas.
Hist. — N'êtes-vous pas de bien grands fous
De dire chouse au lieu de chose ? »
(H. ESTIENNE.)
— « Je suis qui suis, j'ay parfait toute chouse.
Je suis le Dieu qui ay l'âme jalouse. >>
« Le bon père Pavault m'a appris qu'il y avait
trois sortes de chouses dont il se faut garder. . . »
(B. DE Verv.) — « S'ensuit la déclaration de la
vescelle, et aultres chouses d'argent doré. » (1438.
Inv. Arch. G., p. 2, col. 2.) — « Tant pour pain,
espèces, confitures, poisson, voirres, comme pour
autres chouses achatées par ledit censier. » (1388.
Id., H., Suppl., p. 49, col. 2.) — « C'est la décla-
ration des chouses héritaux, cens, rentes , dixmes,
et oultres chouses que nous les doyen, chanoines et
chappitre de l'église collégiale fondée de Nostre-
Dame... tenons et advouons tenir. « (Id., E,
p. 96, col. 1.) — « Calices, croix, draps d'or et plu-
sieurs autres chouses. » (1391. Inv. Arch. G. n,
p. 210, col. 1.) — « Ce fut fet à Angiers, sauve
notre dreiture en toutes chouses, le mercredi davant
la Chandeloz, l'an de grâce mil CCLXI. » (Ibid.,
H, I, p. 9, col. 2.)
Add. ^ On dit quéqchouse, pour quelque
chose (Jm.). Mj, queuque chouse.
Chouser (Mj., By.,), v. a. — Faire une
action indéterminée. On se sert de ce terme
vague toutes les fois qu'on ne trouve pas le
mot propre pour exprimer sa pensée. \'.
Chouse. Syn. de Machiner.
Chousetrac (Mj.), s. m. — Appellation
dédaigneuse que l'on applique à qqn que Ton
ne veut pas ou que l'on ne peut pas désigner
plus expressément. Syn. de Machin-chouette,
Chousinet. Dér. de Chouse.
Chousier, (Mj.) s. m. — V. Chouse.
Hist. « Je scay grand chose en un chosier. »
1560. Cité par Dabm.
Chousiner (Mj., By.), v. a. — Syn. de
Chouser. Sal. Remuer, brasser.
Chousinet. ette (Mj.), chose ; personne qu'on
ne peut désigner plus exactement (Mén.)
Syn. de Chouse, Chousetrac, Machin-chouette.
Chou -vert. — Brocolis ; dit : asperge du
pauvre. (Sf., Me.)
Chou de vigne, s. m. — Pied de poulain, ou
pas d'âne. (Mén.)
Choux (liocs. s. m. pi.
pour d' York. \\ By.
pour Choux de Milan.
Chrétien (créquien, * Kerkien. * ch'rquien),
Ou Choux diocres ;
Choux pancaliers,
CHUALER — CILLE
205
(Mj) s. m. — Homme, en général, quidam,
individu. Ex. : Je n'ai jamais de ma vie vu un
(7;/'é/ze;i si laid. !| Mj., Fu. — Marde de chré-
tien, — excrément humain, par opposition à
ceux des anim.aux. i| Adj. q. Du vin bon chré-
tien, — mouillé, qui a été mélangé d'eau. V.
Baptiser. || Syn. de : Citoyen, Client, Indien,
Oi'érier, Type, Gibier, Oiseau, Moineau, Aver-
lan, Paroissien.
Hist. — Molière l'a employé en ce sens :
« iSes regards m'ont fait peur, mais une peur hor-
(rible,
« Et je ne vis jamais un plus hideux chrétien. »
Ecole des Femmes, II
« Il faut parler chrétien, si vous voulez que je
vous écoute. » Mol., Préc. ridic. Se. 7.
« Il s'en va , comme il gargouille !
Mais que diable est-ce qu'il barbouille ?
Sainte Dame, comme il barbote !
Par le corps-bieu il barbelote
Ses mots tant qu'on n'y entend rien ;
Il ne parle pas Chrestien,
Ne nul langage qui appere.
Farce de Pathelin. (BoREL.)
Ch'ti, (Fu.), €h'tiau(Cho.), adj.q. — Chétif.
Oh ! le ch'ti gas. Xe veut pas dire ici : ma-
lingre, mais : méchant, chenapan.
Chualer (Fu.), v. a. — Couvrir, en parlant
du mâle. Les grenouilles chualent au prin-
temps. Pour Chevaler.
Cliuaii (Mj.), s. m. — Cheval. V. Chevau,
Gevau.
Ciîuchelin, adj. q. — Difficile à élever.
« Ces dindons-là sont ben chuchelins. » (Lé.)
Cf. Pichelin.
Chiiclion (Sa., Li., By., Fu., Mj.). — Mou-
cheron, moustique, petit insecte. — V.
Suchon, Suçon, Senuçon, Guibet, Guibot.
Et. — Du lat. culicem. On a dit : cheusson,
chuçon, avec le suiï. dimin. on. — Hist. « Toutes-
foys sus le milieu de l'esté sera à redoubter quelque
venue de pusses noyres et cheussons de la Devi-
nière. (Rab., P., Prognost., vi, .589.) Cf. l'esp.
Jejen, moustique.
Chuille (Mj., Fu.), s. f. — Cheville. || Slz.—
Se dit d'un cheval placé au milieu, sur trois
chevaux placés en flèche. \\ Mj. La chuille, — le
n" 1 au tirage des conscrits. Syn. de Bidet. Au
Fuilet. — Le laurier, le plus haut numéro du
canton, à qui on ofTrait un laurier, un houx
gigantesque, réservé depuis longtemps pour
cet usage. La possession du laurier donnait
lieu à des batailles en règle. Aujourd'hui, le
drapeau a remplacé le laurier ; mais, il y a
dix ans, le drapeau tricolore était mal vu
dans les Mauges. j| Ec. — Prononc. Chui-ille.
Et. — Lat. Clavicula, clavicla, cavicla : petite
clef, de clavis. — Hist. Voir Rabelals, P., ni.,
Prol., p. 212.
Cluiiiler (Mj., Fu.). v. a. — Cheviller. |!
Chuiller ein gorin, — lui enfoncer des clous
dans le groin pour l'empêcher de jauger. Syn.
de Formailler, Clouter, Chéveiller. \\ Ou hii
passer un anneau dans le groin. Ec.
Chupiron. s. m. Reste de cheveux sur la tête.
(Segr. — MÉx.)
Chut'-chut' ! (Mj.) s. m. — S'emploie dans
la loc. En chut-chut, — à la sourdine, à la
dérobée, en catimini, en grand secret. Ex. :
Ça s'est fait en chut-chut. || Ec. chute-chute.
Et. — De chut, onomat., par réduplication. —
Hist. Dans Mireille : cauta-cauto. avec prudence ;
p. 62, str. 4. — « Il fit ses préparatifs à la chut-
chut. pour ne pas éveiller l'attention. » (M<' Lar-
dent, de M. C. L. C, p. 23 4, 1. 29.) V. Catif aillons.
Chuter (Lue, Mj.), v. n. — Tomber, choir.
Chutrin (Mj., Ag., Fu.). — Meux lit Gale-
tas, chambre misérable. Cf. Cagibi. \\ Mj., Ag.
— S. m. Potin, tapage, vacarme. — N. Il est
remarquable que ce mot, en patois berrichon,
a le sens de : petite maison (Jaub.), de même
que son syn. Bousin = petite auberge. Syn.
de Chahut, Chambard, Menère, Bahut, Bou-
can, Chabanais.
Chuyé. — Sens peu clair, dans cette phrase
de notre compatriote, Bruneau de Tarti-
FUME : « Je ne veux pas dire que le pais
d'Anjou fut plus chuyé que les aut.es... »
{Philandin, p. 566.)— Choyé? Cheyé=chu ?
Ciarge (Mj., Fu), s. m. — Cierge.
C'ibot (Sar.), s. m. — Lézard vert. Syn. de
Liaî'urd.
Ciboiilot (Lg., Fu.), s. m. — La tête, consi-
dérée comme siège de la pensée et de la
volonté. Ex. : Quand il s'est mis quéq' chose
dans le ciboulot. . . Syn. de : Caillou, Micâ-
meau. Toupet.
Et. — Du fr. Ciboule (allium fistulosum) par
analogie de forme.
Cibrer (Ec), v. n. — Aspirer violemment.
Ou Sibrer, mieux ; du lat. Sibiîare, d. de
Subler.
Cier. — Du blé. Mieux : Séier, Scéier.
Hist. — 1707. « Le 19 juillet la challeur fut au
dernier degré ; ce qui causa en bien des endroits
des morts subittes. Il mourut en ce jour-là quan-
tité de personnes, les unes ciant du blé. » {Inv.
Arch., E. S. n, 398, 1.)
Cigale (en) (Lg.), s. f. — S'emploie dans la
locution : En cigale, — en brindes, en go-
guette, un peu ivre. V. Brindezingue, Bombe,
Guinguette.
Et. — C'est un proche parent de Cingalée,
Cigalée ; du lat. Cingulare. A Mj. même on dit
fort bien d'un individu très ivre : Il en a d'eine
cingalée !
CigaK^e (Sp., Bl.), s. f. — Syn. de Cingalée.
Averse.
Cigaler (Lg.), v. n. — Boire du vin avec
excès. Syn. de Pomper, Solder.
Cignailler, v. a. — Couper malproprement
un objet (Seg . — Mén.). — Pour : Cisailler.
Cf. Sigâiller, Zigâiller, Cisâgner.
Ciler (Sal.), v. n. — Jaillir, jicler. Le sang
illi a cilé ! — Onomat. Syn. de Jiler.
Cille (Mj.), s. f. — Cime du mil à balais, la
l>artie dont on fait les balais.
Et. — Cil ; lat. cilium (Cf. ciller, dessiller, sourcil).
2Ô6
GILLETTE - CITRÔLLE
Sorte de poil soyeux qui borde certaines parties des
végétaux. Feuilles ciliées.
Cillette (Ec, Mj.). — Abréviat. de Fran-
cillette. (François, Françoise, Francine, Fran-
cillet, Francillette). V. Cillon.
Cillon (Lg., Fu.). — Françoise, prénom de
femme. Forme vieillie. Syn. de Cillette. Abrév.
de Francillon.
Cimbalée (Lg.), s. f. — Averse de pluie
fouettante. Syn. et d. de Çaganée ; Çâlée.
Corr. de Cingalée, Cigalée.
fimentère (Lg.), s. m. — Cimetière. — X.
Ainsi disaient les anciens ; mais le mot est
totalement désuet. — Syn. et d. de Céme-
tière, Çoumitière ; Syn. de Ouche-des-mottes. \\
Ec. Som'tière. V. Jaub., à Cemetière.
€imoin (Lg.), s. m. — Bandeau de linge,
orné sur les bords d'une dentelle, que les
femmes se mettaient autrefois sur le som-
met de la tête, à même sur les cheveux, en
l'attachant sous le chignon par des cordons et
auquel elles fixaient leur coiffe, ou dormeuse,
avec des épingles. On n'en porte plus au
Long., mais, sur l'autre rive de la Sèvre, à
Saint-Aubin-des-Ormeaux, les femmes fixent
encore leurs saccots à des cimoins d'étofîe
noire. — Dér. du fr. Cime.
Cinioiner (Lg.), v. n. — Mettre ou porter
un cimoin, ou bandeau. Le mot a vieilli et est
presque oublié, car les femmes ne cimoinent
plus.
Cincenelle (Mj.), s. f. — Sorte de cordage
de la grosseur du petit doigt. V. Fourneau.
Terme de marine. — Littré dit : « Pour
hâler les bateaux sur les rivières ; — pour
faire glisser, au moyen d'une poulie, un bac
d'une rive à l'autre. « — Le lat. avait : cin-
cinnum, boucle de cheveux.
Cinetharine (Li., Br.), s. f. — La cantha-
ride.
Et. — D'une rac. qui signifie : briller. Cf. Tar-
tarine.
Cingalée (Mj.), s. f. — Averse de pluie, de
neige ou de grêle qui fouette. Syn. de Çaga-
née, Cimbalée, Çâlée, Cigalée.
Et. — Lat. cingulare, cingler, sangler.
Cinquante (Mj., Fu., By.), adj. num. —
S'emploie comme adj. ind. dans le sens de :
maint, une foule de. Ex. : Il voyait toujours
cinquante chouses.
N. — Nous disons : mille ; les Lat. disaient
600.
Cintième (Mj., By.), adj. num. ord. —
Cinquième. Voir note sur le t montj. —
Qqs-uns, qui se croient des puristes, pro-
noncent ainsi. — Cf. Chartutier. \\ Fu. —
Mesure bien connue des buveurs d'eau-de-
vie.
Ciqnoire (Lg., Tlm.), s. f. — Canon de
sureau. Doubl. de Chiquoire, avec un sens
très voisin. Syn. de Pétoire, Flaquoire,
Faquoire. V. Chiquoire.
Et. — Clifoire, pour Cliquefoire ; de clique,
impératif de l'a. v. cliquer, faire du bruit (cf.
Cliqueter) et foire, impérat. du v. foirer. —
xvr' Glyphouoire. (Rab. iv, 30.) — 1611, Clique-
foire (Darm.)
Cire (Mj., Fu.), s. f. — Stéarine. || Chassie.
Syn. de Beurre. \\ Mj. et Lg. — Cire de cor-
donnier, — poix. Syn. de Gemme.
Ciré (Mj., Fu.), part. pas. — Couvert d'une
boue rendue luisante par le frottement. Se
dit du bas d'un pantalon. || Elimé, luisant
d'usure, en parlant d'un vêtement. || S. m.
LTn ciré. Vêtement en toile cirée des pêcheurs
et des marins.
Cirer (Fu.), v. a. — On lui a ciré ses bottes
cette nuit : — on lui a donné l'extrême-
onction. (Li., Br.)
Cirounette (Lg.), s. f. — ■ Cuscute du trèfle
ou de la luzerne. Ex. : La cirounette veint
par tapins. Syn. de Teigne, Fil d'alouette.
N. — La cuscute du lin s'appelle Filouse.
Ciroux (Lg.), adj. q. — Sale, graisseux.
Dér. du f. Cireux.
Cirurgien Cirugien (Lg., By.), s. m. —
Chirurgien. On dit aussi : Çurigien.
Cisâgner (Fu.), v. a. — Essayer de couper
avec des outils mal aiguisés ; couper malpro-
prement. Doubl. du fr. Cisailler. C. Tirâgner
Syn. de Sigâiller, Zigâiller, Cignailler.
Ciseau (Mj.), s. m. — Herbe qui pousse en
touffes épaisses le long des berges de la Loire
et dont les feuilles longues, étroites et solides,
servent à faire des liens pour attacher le
chanvre. Syn. de Pointe d'épée. Laiche,
carex arenaria, probablement : laiche des
sables. — Carex paludosa. (Bat.)
Et. — Ces feuilles, finement dentelées sur leurs
bords, coupent la peau avec la plus grande faci-
lité.
Citarne (Mj., By.), s. f. — Citerne.
Citoyen (Mj., Fu.), s. m. — Individu. Syn.
de Indien, Client, Chrétien. Voir ce dernier.
Citre (Mj., Lg., Fu., Bv.), s. m. — Pour
Cidre.
Et. — Du lat, Cicera : grec cikera, venant d'un
mot hébreu : boisson enivrante. Hist. :
« De nous se rit le François,
Mais vrayement, quoi qu'il en die,
Le sildre de Normandie,
Vault bien son vin quelquefois. »
Basselix. Vau de Vire.
Citrée (Fu), s. f. — Pluie abondante. V.
Sitrer.
Citrer (Mj.), v. — Sitrer. Masser et durcir
la terre à la surface, comme fait une forte
pluie suivie d'une sécheresse.
Citrolle (Lg., Cho., Fu.), s. f. — Citrouille
Syn. de Citron, Palourde.
Et. — « Du lat. cltrus, citron, à cause de sa
couleur, qui est jaune. • Histor. — « Le citre est-
une autre espèce de citrouille qu'on esleve, prin-
cipalement pour la graine, servant en médecine. »
(O. DE Serres. — Litt.)
CITRON - CLAITÉE
207
Citron, s. m. (Te.)- — Citrouille. Syn. de
Citrolle, Palourde. ]| Fu. — La tête, le cibou-
lot, la trogne.
Cive-à-la-grolle (Mj., Fu.), s. f. — Plante
bulbeu.se nuisible, très commune dans les blés,
et dont l'odeur rappelle celle de l'ail. V.
Aillettr. Liliacée. Syn. de Ail-à-la-pie. \\ Fu. —
Donne du goût au beurre quand les vaches
en mangent la tige. — Allium vineale. (Bat.)
Et. — Lat. Cseva, oignon. — Notre civet de
lapin en vient. Proprement : plat à l'oignon,
cœpatum : ce mot, part. pas. a donné : civé, com.
amatum a donné : aimé. — Hist. :
« D'aulx et civots qui causent fort aleine.
N'en mangeassent bise crouste frottée. »
Villon. Contredits de Franc-Gontier. (Litt.)
— « Fortes sausses, oingnons ne aulx,
Civés aguz, poivre ne graigne
Ne usez, car trop font mal et paivre.
(D. C. Note de I'Ed.)
Civelle (Mj., Lg., Fu., By.), s. f. — Frai
d'anguilles. Les civellts remontent la Loire au
printemps et forment le long des rives un
cordon qui a souvent plus d'un kilomètre de
longueur. — Le lamproyon. (Litt., Suppl.)
Bret. : Silien, anguille. || Sal. — Se dit des
personnes minces.
Civier, (Mj.) s. m. — Plate-bande de cives.
Ex. : En février, bonhomme, fais ton civier.
Prov.
Civière (Lue), s. f. — Brouette. V. Cévière.
Et. — Du BL. cœno-vehum, de : cœnum, boue,
et vehere, porter. Elle servait ordinairement à
porter le fumier. (Litt.) — « Lat. pop. cibaria,
de cibum, nourriture, proprement : véhicule
pour porter les provisions. (Darm.) « Brancard
pour porter ou rouler des fardeaux. C'est notre
civière, et aussi une brouette. On trouve : Civière
rouleresse, ou à bras, dans le « Moyen de parvenir. »
(L. C.) — c( D. C. Tragula, Cœnovehum, Ceno-
vexia, Cenovectarium. — Hist. : « Un laquais
qui rouUe une civière et une malle verte dessus, n
(D'AuBiGNÉ. — L. C.-N. E.)
Clâ (Z. 142. Mj.), s. f. — Claie, .sorte de
barrière grossière, semblable à une échelle,
qui ferme l'entrée d'un champ. Ne pas
confondre avec l'échalier, qui est fixe, tandis
que la clâ est mobile et s'ouvre comme une
porte. Une clâ soignée roule .sur un pivot et
est équilibrée par un contre-poids ; les plus
communes sont retenues par des harts d'osier
ou de chêne à un poteau autour du((uel elles
tournent. !î On dit : Ferme la clâ. \\ Plateau de
vannerie sur lequel on fait sécher les fruits et
surtout des pruneaux. — V. Bourgne.
Et Corr. de Cloie. Cf. Prà, Va. — Dér. du B. L-
Clida, clia, dans les Lois des Barbares et dans de
vx Gloss. ; du celtiq. ; anc. irl., cliath ; kymri,
clwyd ; cornouaill., cluit ; bas-bret., cloued
(Litt.)
N. — By. Clâ, pour Claie. Prononciation nor-
male qui se rencontre partout comme finale. Une
saulâ, une saulaie ; les Frein-«âs les Frênaies.
V. Clon. 11 Fu. On mouille Cl. On dit aussi, et plus
souvent, claie, toujours Cl mouillés.
Clabard ' (Sp.), Clabat (Ag.), s. m. —S'em-
ploie dans l'express. ; Sonner le clabard, —
sonner le fêlé, en parlant des sabots. V. Tra-
quenard.
Et. — Comparez le wallon, clabot, clochette
pendue au cou des animaux ; du germ. : hoU.
Klappen ; ail. Klœffen, bavarder. Cf. Glapir,
Clabauder.
Clabard ^ (pron. Quiabard) (Mj.), adj. quai.
— Se dit du lait écrémé et à demi tourné.
Claboter (Mj.), v. n. — Clapoter. || Gar-
gouiller. Syn. et d. de Liagosser.
Et. — AU. Klappen, faire du bruit. Cf. Clapet,
du bruit que cette soupape fait en s'ouvrant et en
se fermant. V. Clagoter.
Clâbot (Fu). — Toupie. On réserve le nom
de toupie pour le grand clâbot à longue
queue, qui est toupie de luxe. V. Echabot.
Clagoter (Sp.), v. n. — Clapoter. || Faire
des glouglous. — V. Claboter. Cf. Flaboter,
Flagoter. (Jaub.)
Claietée (Fu. ), s. f. — Contenu d'une claie.
« Une claietée de prunes, de poires, de
pommes. » V. Claitée, Clâtée.
Claie-volr. — Mauvaise prononciation de
Claire-voie. Ouvertures de murs fermées seu-
lement de barreaux — ressemblant à des
claies — de sorte qu'elles laissent la liberté de
jouir de la vue.' Cf. Clar-voir.
Clainer (Segr.), v. n. — Se dit par ironie,
quand on prend une route opposée à celle
qu'on doit suivre. (Mén.)
Et. — « Clain, biseau que le tonnelier forme sur
l'épaisseur de chaque douve. Pour clin, sans doute,
de cliner, inus, mais qu'on retrouve dans : incliner,
décliner.
Clair-bassin, s. m. — Renoncule acre et la
plupart des autres espèces du genre. Surtout
la ficaire renoncule. — Petite Eclaire. (Bat.)
Claircer (quiercé) (Sp., Tlm.). — Sarcler;
éclaircir un semis. — On prononce aussi
Quiarcer (Fu).
Et. — « Si ce mot est mis pour sarcler, l'étymol.
est sarculare (sarculum, ratissoire, houe à deux
dents, sarcloir). Mais il peut bien être pour :
éclaircir et alors c'est un dérivé irrég. de clair, et
le 2® c. paraît dû à l'influence de : éclaircir.
Ctairin (qqf. Quièrin) (Lg., Sp.). — Son-
naille ; sorte de sonnette aplatie dont on
garnit le collier des chevaux. || Lg. — S. m.
Jacinthe sauvage, à fieurs bleues. Syn. de
Clefs de Paradis. Le même que ci-dessus, pris
au sens fig.
Et. — Du fr. clair, .à cause du timbre clair et
argenté de ces sonnettes. — Cf. Clairon. — Hist.
« Landis li connestables. . . au col de son cheval
pendi un clarain, autel com l'on atache au coulx de
ces bestes, qui vont en pastures ein bocages. »
(D. C. V. Clarasius.)
Clairté (Mj., Lg.), Claireté, s. f. —
Clarté. Il De clairté de jour, — pendant qu'i
fait jour.
Et. — Du fr. Clair. — Hist. <t C'est belle chose
voir la clairté du soleil. » (Rab., m. Prol.)
Claitée, Clâtée (Mj.), s. f. — Ce qui peut
208
CLAMPIX — CLAVETTE
*enir sur une claie. Ex. : Eine claitée de
preunes. Cf. Haitée. V. Clâ. V. Claietée.
Clampin (Mj.), s. m. — Gamin, galopin,
marmouset. Syn. de Moutard, Gosse, Mar-
deux.
Et. — Terme militaire. Soldat retardataire,
traînard, écloppé ; fainéant ; boiteux. (Litt.)
Clan (Sa., Segr.), s. m. — Petite barrière,
petite porte légère qui ferme une cour. Syn.
de Lucet. \\ Lue. — Porte à claire-voie.
Et. — Pour Clon, contract. de Cloyon, dimin.
de Cloie ou Clâ. — Hist. « Bonjour, mes enfants !
dit le bonhomme, en poussant le clan de sa vigne. »
(R. Bazin. La Sarcelle bleue, 231.)
Claque (Mj., By.), s. f. — Au plur. Sabots
plats. Il Sabots formés d'une semelle
en bois et d'une empeigne de cuir. Ces sabots
sont appelés, à Sp., sabots russes et, au Lg.,
Talonnettes. \\ Fig. Prendre ses cliques et ses
claques ; — prendre ses jambes à son cou,
s'enfuir, détaler, décamper. — Il y avait un
V. cliquer, faire du bruit.
Claquer (Mj., Ti., Zig. 146, Lg., Fu., By.)
V. n. — Fig. Crever, mourir.
Et. — Par ext. du sens de claquer, faire entendre
un bruit sec d'un sac qui crève. — Syn. de Quercir,
Terbélir, Car pailler.
Clar, Claire (Mj., Fu., By.), adj. q. — Bril-
lant, bien ciré, bien astiqué. Ex. : Ses meubles
ne sont guère clairs. \\ Propre, bien blanc, en
parlant du linge. || Clair. — Il ne fait pas clar
de soir. I| Clarté. — I fait ein beau clar de
leune. || Voir clar, — avoir la vue bonne, per-
çante, — au propre et au fig. |i Entendre
clar, — avoir l'ouïe fine. || Entendre clar, —
prêter volontiers l'oreille à une proposition
avantageuse. || Claire, — à demi usée, en
parlant d'une toile.
Claraud (Mj.), adj. q. — Un peu clair, un
peu liquide : clairsemé, en parlant d'une
emblavure, d'un semis. Ex. : Son lin est ein
petit claraud. — Cf. Vardaud.
tlarce (quiarce) (Tlm., Fu), s. f. — Cercle
surtout de barrique.
Et. — C'est le fr. Cercle, défiguré par une
curieuse métathèse des articulations. On n'en
doutera pas, si l'on remarque que le fr. Sarcler est
devenu dans notre patois Clarcer, ou vice-versa,
ou Quiarcer. Cf. Gabier, Paumoyer, Maupoyer, etc.
Clarcer et C/arcer (quiarcer) (Mj., Tlm.)
V. a. — Eclaircir un plant trop dru. || Sarcler.
Et. — Il se pourrait que notre mot patois fût
un dérivé du lat. Clarus, un doubl. de Claircir, ou
Eclaircir. et le fr. Sarcler en serait alorsunecorrupt.
par métathèse. Clarcer, ou Claircer, c'est propre-
ment eclaircir un semis, une plantation.
Clarin, s. m. — V. Clairin.
Clar-de-leune (Jum.). — Clair de lune. —
A By. : tenue.
Clarté (Mj.), s. f. — On dit aussi Clairté.
De clarté de jour ; de vue et de jour, — pen-
dant qu'il fait encore jour.
Clar-voir (Mj.), s. m. — Grillage de clô-
ture, sur un mur. Corr. pour Claire-voie. Cf.
Claies-voir.
C/âs 1 (Lg., Fu.), s. m. — Glas. Syn. de
Trépassement. Doubl. du mot fr.
Et. — fi Classicum, sonnerie de trompette,
devenu classium, d'où : clais, glais, sonnerie de
toutes les cloches d'une église, puis tintement lent
d'une colche pour annoncer l'agonie ou la mort
de qqn. (Darm.) — 2° « Classicum aurait donné
Cloche, comme persicum, pêche. Clas, glas n'est
probablement qu'une onomat. qu'on retrouve dans
le celtique, glas, son, plainte, et jusque dans le
sanscrit klas, retentir.
Clâs ^ s. m. — Branche de chêne morte
détachée. (Mén.) — P.-ê. parce qu'on en fait
des claies, clâs.
Classe (Mj., Lg.), s. f. — Faire ses classes, —
faire des études secondaires. \\ Homme de la
même conscription. Ex. : Tiens, te velà, la
classe f Syn. de Conscrit.
C^âtée, C/aitée (Mj.), s. f. — La quantité de
prunes, de poires qui peut tenir sur une clâ,
ou claie. V. Clâ.
Clâton',(Mj.), s. m. — Petite claie d'osier
servant à faire sécher les fruits. — V. Clâ.
Cf. Kâtée.
Clau. — Petite porte basse à claire-voie.
(\ . Cleau, Clan.)
Et. — P. ê de Clos, clôture ; à moins que ce ne
soit une corr. de Claie, clâ. — (Le lat. flagellum
a fait fléau, et, par le changement de fl. en cl.
qui est fréquent dans l'ouest, clau. Ne pas confondre
les deux mots.)
Clavelcux (Bi.), adj. q. — Linge claveloux
linge sale. Cf. le fr. Clavelée.
Claver (Mj.), C/aver (quiaver) (Lg.). v. a. —
Saisir, pincer, au fig. Syn. de Piger, Arque-
pincer. \\ Lue, Sal. — Fermer à clef. Déclaver,
ouvrir. La porte est déclavée. || Lg. — Plan-
ter des clous dans le groin d'un porc pour
l'empêcher de fouger. Syn. de Clouter,
C huilier, Fofmâiller.
Et. — Le même que le : claver de Mj., avec un
sens un peu diiïérent. — Le sens primitif est :
Mettre sous clef ; du lat. Clavis. — En terme de
marine, être clai-é, c'est être serré dans une ban-
quise ; se dit parmi les marins de Terre-Neuve
— Claver est un vx v. français.
Clavereau, C/avereau (quiaverâ) (Lg.),
s. m. Clou que l'on fixe dans le groin du
porc pour l'empêcher de fouger. || Mj. —
Vrille à cuiller ; sorte de perçage. — Pour
Cavereau"? de caver, percer? || Fu. — Pro-
nonc. C/averéou. Perçage, tarière.
Claveret (quiaveret) (Rg.), s. m. — Gros
hameçon.
Et. — Dér. de Claver, ou du latin Clavus. Syn.
de Haim. V. Citation à ce mot. — Dans le Péri-
gord, un hameçon est un clou.
Clavette (Mj.), s. f. — Espèce d'oie sau-
vage, plus petite que l'oie ordinaire et qui
émigré plus tard qu'elle vers le sud, en
décembre seulement. Ce doit être l'oie rieuse,
anas albifrons.
GLAVIOT — CLOCHE
20^
Claviot,, s. m. (Craon). — Genre de crachat
épais. Cf. Caraillas, Biritte, Morvias.
Clavure, s. f. — Fermeture.
Hist. — « ... Car en faisant le signe de croix
sur Ihuj'S de la chartre (prison), les serrures et
clavnures de la porte, et les fers dont les prisonniers
estoient enchesnés rompirent en pièces. (Saint-
Lezin. — J. de Bourdignk. Chroniq. 31 -) —
« Clefs desquelles il ouvroit à trente et deux cla-
veures, et quatorze cathenatz, une fenestre de fer
bien barrée (Rab., iv, 206). — « Plus rouillé que
ja claveure d'un vieil charnier. » Rab. V. Charnier.
Clayon, s. m. — Ruche à miel en paille,
sans être enduite de terre glaise, ou panier à
mouches. (Mén.)
€layot' (Li., Br.), s. m. — « Ouv'er' donc
le clayette », — le portail du jardin. —
Dimin. de Claie, Cloie, Clâ.
Cleau (clo ou quio) (Sp.), s. m. — Fléau,
instrument qui sert à battre le blé. V. Clau.
Cf. Cleumer, pour Fleumer. || Fu. — J'avons
battu ou cleaux.
Clef (Mj., By.), s. f. — Avoir la clef du four,
ou de la marmite, — avoir une tache de char-
bon ou de suie au visage.
Clef- de-paradis (Mj., By., Fu., Sal., Mm.,
Sal.), s. f. — Jacinthe sauvage. Syn. de
Clairin. Bat. Scilla nutans.
Et. — A cause de la forme et de la couleur bleu-
céleste de cette fleur.
Cléiau (Bg.), s. m. — Un loquet (clef). ||
Une petite barrière mobile. (Claie). V. Clan.
CIéient,Client,s.m. (Bl.Mj., Lg.). — Quidam,
paroissien, individu ; terme de mépris pour
caractériser un homme qui a mauvaise mine
et qui n'est pas estimé. — Ex. : J'avais
jamais vu ceté clienl-VA.
Et. Client et mauvais client. A Rome, plébéien
qui était sous le patronage d'un patricien.
Clenche (Sa.), s. f. — Syn. de Fargeol ou
Chabut.
Et. — C'est le mot fr. pris dans un sens spécial.
— Déclencher. — « Emprunté et dér. de l'ail,
klinke, proprement : ce qui fait du bruit, de Kbngen
sonner (cf. Clinquant). Pièce du loquet d'une
porte qu'on lève ou qu'on abaisse sur le mentonnet
pour ouvrir ou fermer.
« On ne puet entrer es osteus.
« Sans buscier le clenque. »
RUTEBEUF, XnP s.
Clerc, s. m. — Contremaître dans les
ardoisières. Clerc d'à-bas, dans les travaux
de mine. || Mj. — Clerc de maçon, manœuvre.
Ironique.
Et. — Primitivement : clerc, par opposition à
laïque, puis de nombreuses extensions.
Cleumer (cleumé ou quieumé) (Sp.), v. n. —
Flamber. Syn. et d. de Fleumer, que je
retrouve au Lg., — ainsi que du Mj., Clômer.
Et. — Pour Fleumer ou Flammer. Ce dernier
mot, employé dans le Haut-Poitou, est un dérivé
direct, du lat. Flammaro, Flamma, et \\x\ doubl.
du fr. Flamber. Quant au changement de l'articu-
lation 11 en cl, on peut comparer avec Cleau, Riclel.
C/euter (Kieuter), v. n. (Lg.), — Cligner
clignoter. On dit : Gleuter des yeux. Syn. de
Ber ciller.
Client (^Ij.), s. m. — V. Cléient. — Syn. de
Citoyen, Indien, Chrétien. V. ce dernier.
Clifoire, s. f. — « On appelle ainsi, à Angers et
à Bourges, ce que l'on appelle à Paris une calon-
nière, et en Normandie une saquebute, qui est ce
petit canon de sureau avec lequel les petits
enfants et les badins jettent de l'eau au nés des
passants. D'oculi ferla, pour lequel on a dit ocli-
feria ; qui se trouve dans l'épître 33 de Sknèque...
Les Manceaux l'appellent : cannepétoire (Ménage).
On reconnaît bien là les étymolog. fantaisistes de
notre compatriote : ocubferius veut dire : qui
frappe les regards, étalé pour la montre. — V.
Chiquoire, clisoire.
Clin, S. m. — V. Clain.
Clincailler, ou Trincailler (Ec), v. n. —
Faire un bruit de.
Clincaillerie, s. m. — Quincaillerie.
Et. — Ail. klinken, klingen, sonner, tinter,
rendre un son métallique. Clincaille, ustensiles de
ménage en métal, altéré en quincaille.
Cliques (Mj.), s. f. — V. Claques, Grippe.
Clir ° (Mj.), V. a. — Cueillir, récolter. Ex. :
Les parrains sont à clir du lin. L'imparL de
l'indic. est : Je disais. — Contract. du v.
Cueillir. ]| Clir du lin, l'arracher (Chpt., Fu.)
Clisoire, Clissoire. Petite seringue en sureau
ou en roseau avec laquelle les enfants font
jaillir de l'eau. Cf. Chiquoire et Clifoire.
Et. — Faut-il rapprocher ce mot de : clyso-
pompe ? Clysoir, du grec kludzeïn, laver. — Dans
Jaubert : Clichouere, rigole par où l'eau s'écoule-
évier.
Hist. — « ... Il puissent. .. faire GZic/ioueres
(infra, clichouere) une ou plusieurs se il leur
plait, pour essyauer par un fossé où l'yaue
s'en va derrière ledit torgoir. » (1308.) — « En
bourguignon : Chiccle, du bruit qu'elles font
lorsque cette liqueur est poussée. De là l'infin.
chicclai, pour : faire jaillir, et le nom Chicclo,
pour jet. (B. DE LA Monnoye.) — Cf. Jicler.
Clisse (Lg.), s. f. — Sorte d'armoire basse,
de basset, dans laquelle on sen-e le lait. || Ec.
Claie. Cl. mouillés.
Et. — Il est probable qu'autrefois les clisses
étaient faites d'osier tressé. — Eclisse î
Clo, s. m. — Fléau. V. Clau. || Fu. —
J'allons battre au clô.
Et. — V. Clau. M. MÉN. le tire de Claudicare,
clocher.
Clocane (Sp.), s. f. — Tulipe sauvage,
commune dans les prés humides. Syn. et d. de
Gogane. \\ Digitale pourprée. Bat. Fritillaria
meleagris.
Et. — Dér. du lat. Cloca, parce que ces deux
plantes ont des fleurs en forme de cloches.
Cloche (Mj.), s, f. — Fig. — Bulle qui se
forme à la surface d'un liquide. |i Mj. — Au
plur. Filets de morve qui, chez les enfants
malpropres, découlent du nez sur les lèvres.
Expression pittoresque : Ces filets rappellent
14
210
CLOCHETTE — CLOUETTER
les cordes des cloches qui pendent du clo-
cher. Syn. de Gnâ, Chandelle. \\ Au plur.
Ancolie. Se dit à Saint-Augustin et à Beau-
préau. Il Lg. — Sabot de frein.
Clochette (Lg-)> s. f. — Jacinthe sauvage.
— Syn. de Clairin, Clefs de paradis. — - Scilla
nutans. Bat.
Cloie (Sp.), pron. cloie ou quioie, s. f. —
Claie. V. Clâ. — Rac. du fr. Cloyère.
Et. — Dér. du lat. Clauderé, fr. Clore. La cloie,
pu clâ est proprement une fermeture, une clôture.
Le squelette de la claie ou clâ en vannerie repré-
sente exactement une cloie ou clâ de champ.
Cloison, s. f. — Taxe payée par les mar-
chands qui fréquentaient la Loire, imposés
sous Louis XII, pour faire les cloisons ou fer-
metures.|(Mén., qui ne cite pas la source.)
Hist. — Droit de cloison. « Les droits et privi-
lèges qui leur furent attribués, furent... l'impo-
sition et la perception du droit de cloison... »
(Anj. Hist., 6<= an., n° 6. — Abbé Rangeard.)
Clômée (Mj.), s. f. — Flambée. Syn. de
Baulée, Rigaillée. — N. Souvent on mouille l'I.
Il Fu. — L'o est bref.
Clômer (Mj.), v. n. — Flamber. A beaucoup
vieilli. Le même que Cleumer et Fleumer. —
N. Souvent on mouille l'I. — Fu. — Ça
clome, — o bref.
Clon (Auv.), Clan (Sa.), s. m. — Porte à
claire-voie. Syn. de Cloie.
Ëc. — Petite porte mobile, à loquet, en
dehors de la porte d'entrée d'une maison. —
Qqf., petite porte mobile à claire-voie pour
fermer un passage près d'une maison. — V.
Lucet, Clan.
Et. — Contract. de Cloyon, inus., dimin. de
Cloie. Cf. Pion.
Clônereau (Co.), s. m. — Champignon non
encore développé dont le chapeau est ra-
massé en boule. Syn. de Bonhomme. (Tlm.)
Clopette (Tlm.), s. f. — Sorte de chaussure
ou guêtre en cuir, syn. de Chahiron. Ce der-
nier est de beaucoup le plus usité. N. On pro-
nonce Gtopette.
Et. — Du fr. Cloper. C'est que les porteurs de
ces chaussures rustiques ne sauraient être des plus
ingambes et ne pourraient, sans qq. désavantage,
figurer au bal de l'Opéra, avec l'illustre Chicard. —
B L. Cloppus, boiteux ; vx fr. cloper, d'où : clopin-
clopant.
Clos- cul, s. m. — Le dernier né, éclos.
N. — « Nos paysans d'Anjou appellent Closcu
le poulet qui est le dernier éclos de la couvée,
l'œuf dont il est éclos fermant le eu de la poule.
. . . Nos anciens disaient Quloqul. — Du
TiLLET, au chapitre de Philippe de Valois : « La
quatriesme, M"« Blanche de France, religieuse à
Lonchamp, y mourut le 26 avril 1358. Est écrit sur
son tombeau « qu'elle était fdle Quloqul desdits
Roi et Reine ; parce qu'après elle ils n'eurent
enfants. On a dit aussi Closcuau. Belon, livre I de
son Histoire des Oiseaux, chap. 17 : « Encore dure
une opinion entre les paisants de nostre temps,
conforme à celle du temps d'Aristote, que les
oyseaux qui font beaucoup de petits, ne nour-
rissent le dernier esclos. Et de nom français, l'ont
voulu appeler le Closcuau. — Au Maine on dit :
Eclocu, pour Closcu. Syn- de Rinot, Caillaud,
Caillereau. Cf. Crôlc-cuI.
Closier, s. m. — Celui qui tient une clo-
serie (français), un bordage.
Et. — La closerie est une petite exploitation
rurale où il n'y a pas de bœufs de labour. De ;
clos ; B. L. Clausaria. — On dit qqf Clous, Clousier_
Hist. — « Mais le clousier pour faire fin de
[compte.
De son parler il ne tint pas grant conte
Ch. Boukdigné, p. Faifleu, p. 4l'
Clot.. — « Nous appelons ainsi, dans
l'Anjou, un trou. » Dans le Languedoc, clot,
c'est une fosse pour ensevelir un mort. De
crypta, qui a fait : grotte. . ., puis Clot, d'où
le V. Clotir, se clotir, c'est se cacher. Se dit
des animaux qui se cachent dans leurs
tanières. (Ménage.) j| Sal. Fléau à battre le
blé. V. Cleau.
Clotayer, v. n. — Fermer, rendre clos.
C/oté (quioté) (Mj.), adj. q. — Rebondi,
bien levé, percé de trous nombreux, en par-
lant du pain. On dit : Pain doté menu, pain
bien doté. Le mot a vieilli. Syn. de Mouffu.
V. Clot.
Et. — Le sens propre du mot doit être : dont la
pâte est bien travaillée, et j'identifie ce mot avec
l'angl. Clotty, grumeleux, caillé (R. 0.) — J'y
retrouve le rnot Clot. (A. V.)
Clotiau, s. m. (Segr.). — Petit enclos, voi-
sin de la maison, destiné au potager. Pour :
closeau ; autrefois : cloteau. (Mén.)
Hist. « Ainsi la perrière du Petit-Bencornu allait
jusqu'à la haie du petit cloteau. » (1553). De Clau-
deré. (Cité par Mén.)
Clotoyage, s. m. — Objet (?) servant à,
enclore les terres des colons. (Mén.)
Clôtoyer (Lg., Pos.), v. a. — Crépir, un
mur. Syn. de Gobeter, Regobeter. — Pour
Clouetloyer, fréq. de Clouetter.
N. — Ce n'est pas : enduire, mais seulement
garnir les joints et les creux des pierres. — Hist.
« Item, clôtoyer et habiller la muraille de la douve
de la grosse tour. » (1523. Inv. Arch. G. p. 19,
col. 2.)
Clou (Mj., etc.), s. m. — Fig. — Mont-de-
Piété. Il Salle de police, prison. Syn. de Ours,
Boîte, Hosteau.
Cloue (l'I est souvent mouillé), s. m. (Mj.).
— Sorte de rainette brunâtre ou de petit cra-
paud, qui, par les belles nuits d'été, fait
entendre un chant ou gloussement très doux,
qui lui a valu son nom. On l'appelle aussi
Guernouselle, Graisset. — Se dit à Sa. || Sorte
de petit crapaud. Syn. de Crapuchon, Bâil-
lon, Bâillard, Crapiche, Crapichon, Boillard.
Clouer (Mj.), v. a. — Clore. Ex. : Ça te illi
joliment doué le bec.
Et. — Doubl. de Cloure et du fr. Clore. Lat.
Clauderé.
Clouetter (Lg.), v. n. — Garnir de petites
CLOURE — COBLANCES
211
pierres les interstices des gros moellons sur le
parement d'un mur. — Dér. de Clouer.
Cloure (Mj., By.), v. a. — Clore, fermer. On
dit mieux Clouer.
Hist. — « Lesquelz, pour osier tout doubte de
fiction et fraulde occulte la faisoient despouiller
toute nue, et luy faisoient cloure la bouche et le
nez. )> (Rab. P., IV, 58, 456.) — Vx. fr. Clouz,
au part. pas.
Clous (Mj., Fu., By.), part. pass. et s. m. —
Clos. Ex. : Je n'ai jamais clous l'eil de la nuit.
— Ein beau clous de vigne. — V. Cloure.
Hist. — « Quand Penie sa régente se met en
voye, la part qu'elle va, tous parlemens sont clous,
tous édictz mutz, toutes ordonnances vaines. »
(Rab., p. , IV, 57, 456.) — « Colin de Menoaie. . .
baille à Saint-Serge... les courtils dou clous
du Fresne. » (1302. — Inv. Arch. H i, p. 269, col. 2)
— « Si, de malencontre, n'estoient tous les trous
fermés, clous et bouclés. » (Rab., P., ni, 9, 231.)
— « Vente par Droet de Maacon, bourgeys d'An-
giers..., d'un quartier de vigne séant ou (au)
clous Saint-Aoustin (1297. Inv. Arch. H, i, p. 171,
col. 2.) — « Guillaume de Rezay, « de la paroisse
de Ceaux », vend « à frère Guillaume, prior de
Ceaux, 2 sols de surcens « sur un quartier de vigne
sis au clous du Chastelet. » (1287. Id. S. H, 158, 1).
— « Le tout clous à toussez et auprès desqueulx
foussez a de présent une court. » (1530. — Id. G,
9, 2.)
— B Ensi conme la voie change
Lez un essart delez un clous.
Ileuc dut Renart estre enclous.
Ren. 539. — (Essart, champ
inculte, rempli de broussailles. — Ileuc, là, en
cet endroit.)
Clouserie (Sa., By.), s. f. — Très petite
exploitation rurale, closerie. Syn. de Bor-
der ie., Biquerie, Bordage, Valoir ie.
Hist. « Marie, femme veuve était Dame de deux
lieux (nous les appelons clouseriesj peu fertiles
entre ses mains. » {Cousu d'Anj., n, col. 435).
Clousier (Mj.), s. m. — Petit fermier exploi-
tant une closerie ou clouserie. Syn. de Bor-
dager, Bordier.
Hist. « Bergiers, bouviers, vachiers, porchiers
oizilleurs, jardiniers, grangiers, cloisiers. » (Rab.,
P., Prognost. V, p. 589.)
Clousser, v. n. — Pour Glousser. Se dit
d'une poule qui veut couver (Segr. — Méx.).
Et. L. pop., glociare (class. glocire) devenu
glocier, glocer, écrit arbitrairement : glosser,
glousser. Hist. « Se douce, se rapiele trestous ses
pouUonchiaus. » (xiv». — Darm.)
Clouter (Mj., By., etc.), v. a. — Clouer. 1|
Clouter ein gorin, — enfoncer et fixer dans le
groin d'un porc des clous, pour l'empêcher
de fouger. V. Gorin. Syn. de Chuiller, For-
mâiller. — Doublet de clouer.
N. — Clouter, pour clouer, cloure, clous, pour Clort
Clos, sont des mots mal prononcés et non pas dee
mots spéciaux, même pour ceux qui les emploiens
dans leur langage et qui cependant les écrivent
correctement. Il en est de même pour presque
toutes les défectuosités de prononciation. Ex. : on
dit toujours : Les prées de l'Outras, et on écrira :
les prés de la Rouvraie, et on marque d'un R les
bêtes qui doivent y paître.
C'mande (Ec), s. f. — Une commande.
C'mander (Fu., Mj., By.), v. a. — Pour com-
mander. — Dans la formule de politesse,
p. ex. : Sans vous c'mander, quel âge donc
que vous pouvez ben avoir?
C'mencement (Lg., Mj., Fu.), s. m. — Com-
mencement.
Hist. : i( P'r ma, v'ià qu'dé V quemencement
dau combat y m'sentchis (.sentis) pris d'ein maux
dau ventre. . . qu'y pouvâs faut dire pus rester en
place... Y essayas bé d'me r'tenir, mé ô y avait
pas moyen... ol était pus fort que ma!... Y
avàs beau m' t'rvirer à totes les mains ; pus qu'y
m't'rvirâs, pus qu'ô crêssait. » (H. Bourgeois.
H"" de la Grande Guerre, p. 219.)
C'mencer (Mj., Lg.), v. a. et n. — Commen-
cer. Cf. C'mincer, Commoincer.
C'menne (By., Fu.), s. f. — Commune. —
On dit : la C' menue, pour : les biens commu-
naux où vont paître les bestiaux.
Et. — Lat. popul. Communa ; class. Communia.
C'niincement (Fu.). — Commencement.
C'mincer (Fu.). — Commencer. (Zig. 145,
196. Br.) — Cf. C'mencer, Commoincer.
C'modité (Mj., Fu.), s. f. — Commodité, fl
Au plur., Waler-closet, n° 100, — Communs.
Coax. — Coac. V. Cornille, pour corbeau..
(MÉN.)
Cobé? (Lg., Fu.), adv. — Combien? Syn. et
d. de Coben. Cf. Bé. V. Coben.
Cobêche (Sa., Segr.), s. f. — Serfouette.
Syn. de Binette, Binochon, Piochette, Piochon,
Terbéchet, Trébéchet. || Sal. — Meurtrissure.
V. Cobiche.
Et. — Du fr. Bêche, et d'un préf. Co, qui se
retrouve dans Colimaçon.
Cobêcher (Sa.), v. a. — Biner. Syn. de
Binocher, Piochonner, Terbécher. \\ Sal. —
Egratigner, ôter de petits morceaux.
Coben (Mj., Fu.), adv. — Combien. N.
Il est souvent suivi de la conjonct. que, sauf
quand il termine la phrase. Ex. : Coben qu'ils
seront de monde? — Je sais pas coben. — V.
Cobé.
Cobiche (Mj.), s. f. — Bosse produite par
un coup. Il Coupure, entaille. V. Coubiche.
Et. — Vx fr. Cob, coup.
Cobir" (Mj.), v. a. — Coffir, Bossuer. Syn.
de Cabocher, Cabliner, Corner.
Et. — Hist. — « Cobbir. Ecraser, écacher : « Elle
luy cobbit toute la teste, si que la cervelle en
tumba. » (Rab., iv, 58.) — En Anjou et en Tou-
raine, on dit d'un fruit meurtri ou pourri qu'il est
cobbi. La Quintixie dit : cotti et .Ménage cite
coffi. — Proprement : cçtir ou coltir, — heurter de
la tête comme les moutons... De cobe, coup,
petit coup, cobeler, heurter, frapper à petits coups. »
(L. G.) — « Cette casserole est toute cobie ; — une
poÏTe cobie. » (Jaub.).
Coblances, s. L — Bandeaux de cheveux
qui descendent jusque sur les oreilles ; se di*
212
COG — COCHER
sait à Angers, alors que les dômes portaient
des bonnets en dentelles. (Z. 138.)
Et. — On a dit, à peu près dans le même sens des
êteinkerque ; ce mot viendrait-il d'une mode im-
portée de Coblentz, par l'émigration ?
Coc ! (Mj.), inte»-.]. — Toc ! — Exp-ime le
bruit d'un coup léger, celui que produit le
choc de deux corps durs, ou encore celui
d'une enveloppe dure, qui éclate sous la
pression. — Onomat.
Cocâiller (Sp.), s. m. — Coquetier, mar-
chand d'œufs et de volailles. V. Coconier. ||
Ironiquement. Homme efféminé, se plaisant
aux travaux de femmes. Syn. de Manette. Cf.
Cocassier. Ex. : Faire le cocâiller, faire la
Jeannette. — Sal. Id. — Il déniche les œufs
des poules.
Et. — Du fr. Coq, ou du patois : Coco.
Cocanibine, s. f. — ■ Topinambour (Li.). Cf.
T opine. {Coc en bie, autre sens.)
Cocane. — Fritillaire. Voir Clochette. (Mén.
Bat. Goganne, Fritillaria meleagris.
Cocaneau (Pt.), s. m. — Syn. de Gogane,
Clocane. — Fleur en forme de cloche.
Et. — Pour Clocaneau, dimin. de Clocane. On
voit que ce mot est intermédiaire entre le mot de
Sp., Clocane, et le nom Mj., Gogane. Il justifie la
dérivât, que j'ai donnée de ce mot.
Cocarde (Mj., Fu.), s. f. — Fig. Tête ; syn.
de Baptême. Ex. : Du petit sigournet comme
ça, ça tape tout de même sus la cocarde ! —
cela monte à la tête, enivre.
Et. — Dit de la crête du coq. Extens. de sens.
Cocasse ment, s. m. — Pour Coassement ;
gloussement. (Mj.)
Cocasser (Mj.), v. n. — Caqueter ; chanter
après avoir pondu, en parlant des poules.
(Luigné.) Il Sal. — Id. Se dit aussi de ceux
qui chantent immédiatement les nouvelles.
Et. — Du mot coq, ou onomat.
Cocassier (Lg., Mj.), s. m. — V. Cocâiller,
Coconier. Marchand d'œufs et de volailles,
coquetier. || Mj. — Fig. Nigaud, imbécile. ||
Grand cocassier, — vétilleur et nigaud.
Et. — De Coco, pris au sens de : œuf ; et au sens
de nigaud, de coq, sot, vaniteux. — Cf. Cocasse.
Coc en bie, s. f. (Th.). — Sorte de soupe.
Mettre du pain chaud dans du vin ; manger
de la coc-en-bie. N. A Mj., Soupe à la pie. \\
By. — La soupe à la pie se fait avec du cidre.
Coccâtri (Mj., Lg.), s. m. — Petits œufs
sans coquille, que pondent parfois les poules
fatiguées et que l'on regarde, à la campagne,
comme des œufs de jau. |i Fig. — Homme
efféminé, sans énergie. — Angl. Cokatrice,
basilic.
Et. et Hist. — « Objet de superstitions popu-
laires et que Furetière dit une espèce de basilic,
qui s'engendre dans les cavernes et les puits. »
D. C. Cocalrix. Abréviat. do Crocodilus. (Litt.) —
Cela me semble bien extraordinaire ! (À. V.) —
« Cocatris. — Tkippault, au mot coquart, dit que
rocatris signifie un basilic, parce qu'on croit que le
basilic naît de l'œuf d'un coq. Il y a une rue, à
Paris, appelée la rue Cocatris : laquelle, apparem-
ment, aura été appelée de la sorte parce qu'il y
avait dans cette rue une maison où pendait pour
enseigne un basilic. » (Ménage.) — « Cocatrix,
basilic. En Poitou, c'est un œuf gâté à la ponte. «
(L. C.) — « Cocadrille, reptile fantastique et mal-
faisant qu'on suppose né d'un œuf de jau. Sur la
route d'Orléans, entre Arpajon et Etrechy, se
trouve une montée appelée Cocatrix. » — « Coqua-
tris. Basilic, animal aquatique, amphibie, dont on
peut voir l'histoire naturelle dans la 13o<= réponse du
livre de Sidrac. » « Je trouvai un œuf de serpent,
duquel froissé sortit un poulet basilic dict coqua-
trix. » (L. C.) — Cocatrix, — basilic, crocodile :
« Li cocatrix est beste fiere
Et maint ades en la rivière
De ce fleuve que Nil a nom. »
N. — Le mot cocadrille, cité plus haut, se rap-
proche de : crocodile, prononcé qqf. cocodrille.
Coccigrole, s. f. ■ — Fritillaire. V. Clochette.
— N « Il y a une plante appelée Coccigrya, en
fr. Fustet, dont la graine est fort petite relative
ment à l'arbrisseau. ( En note : En Norm. et en
Berry, c'est le nom de la Bugrane gluante.) L. C.
Coccolêco ! (Mj., Fu.), interj. — Cocorico.
Onomat. qui représente le chant du coq. V.
Tuyau.
Cochais, s. m. — Des pissenlits. (Chpt., Fu.).
Hist. — Cochet : « En février et en mars, ils
vont aux viandis, aux chatons des saules et
courdes, aux bleds verdz, et dedans les prez au
cachet et aux boutons du mort bois, comme chè-
vrefeuil, bouleau et leurs semblables. » (Fotjil-
Loux. Vén., fol. 28. — L. C.) — « Les feuilles sont
dentées en forme de coches. — Bat. Taraxacum
dens leonis.
Coclié, ou Cochet (Pell.), s. m. — Blé mal
nettoyé, dont les grains sont encore recou-
verts de leur glume. Syn. de Enchapé, Hotton,
Quériances, Bougrain, Ecréiances. \\ Coché de
noix, — amandes de noix épluchées, pour
faire de l'huile.
Cochelet, s. m. — Nom vulg. du melam-
pyrum. Aussi : sariette, morelle, langeole,
queue de renard. (Mén.)
Cochelin, s. m. — Cadeau que les parrains
et les marraines faisaient aux mariés ; usten-
siles de ménage, etc. (Mén.) Cf. Chantenau.
N. — Cochet, conchet. Présent en viande, vin,
ou en argent que donnait un nouveau marié à ses
compagnons. Probablement, on donnait d'abord
un coq. » (Jaub.) — Explicat. contraire à celle de
MÉN.
Cocher i (Sp.), v. a. — Dréger, séparer les .
fibres textiles des fragments ligneux qui y
sont restés adhérents après le broyage. V.
Bâger, Paisseler.
Et. — Cocher et * Cocher. Pour : caucher, du lat.
Calcare, fouler. La forme régulière (elle existe dans
le patois, A. V.) serait chaucher (1564). Elle a été
remplacée par caucher, soit sous l'influence de la
forme picarde : cauquer, soit par une sorte de dissi-
milation. (Cf. Cauchemar.) L'orthogr. par o est due
à une fau.sse étymol., le mot ayant été pris pour un
dérivé do coq. — Des œufs cochés, fécondés.
(Darm.)
COCHER — COCU
213
Cocher - (Mj., Fu., By.), v. a. — Marquer,
au moyen d'une coche, un pain. V. Coché. \\
V. n. Compter pour qqch., être d'impor-
tance, au propre et au figuré. Ex. : Il a hérité
de dix mille francs, ça coche. — On dit aussi :
ça cube. — A rapprocher de la coche des bou-
langers. — Il se croit queuque chouse, mais
il ne coche pas auprès de M. Un tel. — Je ne
cochons guère auprès de ceté monde-là. —
Ein quart de vin, ça ne coche guère. || Il nous
a coché ein pain de trop. || By. — Id. — X.
F. Lore, ii. Coutumes.
Cochet ', s. m. (Sa., Lue). — Le bon de la
noix ; la noix, cassée, débarrassée de la
coquille et de l'entre-deux. || Intérieur du
grain des céréales. (Lue.)
Cochet' - (Mj., Fu. ), s. m. — Pissenlit. ||
Lg. — Crépide. Syn. de Bonhomme, Grim-
pard, Grimpor. — A rapprocher de Cocu, à
cause de la proche parenté et de la grande
ressemblance de cette plante avec le pissen-
lit
Et. — Les feuilles sont dentelées comme par des
coches. V. Cochais.
Cochoir (cochoué) (Sp.), s. m. — Instru-
ment qui sert à dréger. Syn. de Bâget, Pais-
seau. V. Cocher, 1 et 2.
Cochonnier, ère (Mj.), adj. quai. — Qui se
plaît dans la saleté, sale, ordurier. On dit
d'un mal élevé : Je sais pas qui illi a appris la
civilité cochonnière. \\ Lg. — S. m. Tueur de
cochons.
Cochonnière (Lg., By.). — Grande char-
rette de marchand de porcs, avec, à l'arrière,
un vaste compartiment à claire-voie, fer-
mant par une porte à coulisse.
Coco (Mj., Fu., By.), s. m. — Œuf, mot
enfantin. || Fig. Individu qui a l'air nigaud,
nicodème. Ex. : A-t-il tout de même un ar
coco ! Vilain coco, joli coco, — vilain, joli
monsieur. Ironique et dédaigneux. Syn. de
Dédais, Jaudais, .Jeannot, Colas. \\ Ventre.
Ex. : Il s'en est fourré dans le coco ! — Syn.
de Cornet, Fusil. \\ Terme de tendresse :
Pleure pas, mon coco. — Cf. Poulet, Pou-
lette, Poulot, Poule. |] Sal. — Il n'a pas coupé
la patte à coco, — c.-à-d., il n'est pas malin.
Et. — Ce mot doit se rattacher au fr. Coque-
Il a donné en fr. Coquetier, Cocasse, et en patois
Coconier, Cocâiller. A noter que la langue verte
emploie Coco dans le sens de : Individu quel-
conque, mais avec une pointe d'ironie. — Coco, au
sens de ventre, est peut-être emprunté au fruit du
cocotier.
Coco- bat^l'z- œufs (By., Sal., etc.), s. m. —
Homme qui est porté à remplir le rôle de la
femme et à batt'-e les œufs pour que celle-ci
n'ait plus qu'à faire cuire l'omelette, ou, en
patois, l'amelette.
. Cocodrille, s. m. — Cf. Cocatrix. — Cro-
codile.
Hist. — (( Le capitaine Cocodrille est nommé
dans la Satire Ménippée. » P. 246 et 308.
Coconibc (Mj., Fu., By.), s. f. — Concombre.
— Queune belle cocombe ! (Lue, Cocombre.)
Et., Hist. — De l'accus. lat. cucumerem. En
1668, un grammairien fait remarquer que beau-
coup disent : cocombres, et d'autres : concombres,
mais que cocombre est le meilleur. « Cocombres
sont froides et moistes au secont degré. » (xm?. —
LiTT. )
Cocon (Li., Br.), s. m. — • Le coucou.
Et. — Onomat. ; lat., Cuculus ; grec Kokkux ;
ail., Kuckuk.
Coconier (Mj., Lp.), s. m. — V. Cocotier.
Marchand d'œufs et de volailles. Syn. de
Cognassier, Cocâiller. \\ Coquetier, — petit
vase où l'on met un œuf à la coque ; coque-
By.
Les
f.
Fièvre
tier. Syn. de Cocotier, Cotier.
2 0 brefs. — Seule expression.
Cocote (Mj., Fu., BJ^), s.
aphteuse.
Cocotier (Mj., Fu.), s. m. — Coquetier.
Syn. de Coconier, Cotier. || Coco, ■ — • petite
boîte en forme d'œuf pour renfermer un cha-
pelet — ordinairement faite d'un fruit du
cocotier (cueilli avant maturité, autrement
d'aucuns, comme celui des Seychelles, pour-
raient contenir douze douzaines de rosaires).
Et. — Au premier sens, de coq, par l'intermé-
diaire d'une forme cocot, d'où cocote.
Cocou (Mj., Ti., Zig. 159, Fu.), s. m. —
Coucou, sorte d'oiseau. On dit proverbiale-
ment de qqn qui a les yeux malades : Il a les
yeux rouges comme ein cocou. \\ Primevère.
Syn. de Chausse au cocu. On l'appelle aussi
Cocou jaune, pour le distinguer du suivant.
Il Cocou bleu, pulmonaire. Syn.- de Poumo-
nique. \\ Sp. — Cocou lausanne, — prime-
vère. On distingue aussi plus spécialement
la variété dont les fleurs sont portées chacune
sur un pédoncule distinct. On l'appelle aussi
simplement Ausanne ou Lausane. Le nom
Cocou, sans épith., distingue la variété à
fleurs en grappes. Chose curieuse, cette der-
nière est la seule qui existe à Mj. à l'état
sauvage. — Ces deux dernières dénomina-
tions proviennent de ce que la plante fleurit
à l'époque où l'on chante dans les églises le
Hos-annah. \\ By. — Nom donné vulgairement
au Bouton d'or. Parmi les primevères, ce
nom désigne surtout la primevère sauvage à
corymbes, qu'on appeUe le coucou à ballottes.
— Pat. norm. Cucu, primevère. G. de G.
N. — Il importe d'avoir qq. argent dans sa
poche la première fois de l'année qu'on entend le
coucou chanter, parce qu'on peut être assuré que,
dans ce cas, on aura le gousset bien garni tout le
reste de l'année. Croyance populaire.
Cocu ^ (Mj.), s. m. — Pissenlit. Syn. de
Cochet. Il By. Inconnu à l'O. et au N. d'An-
gers. Signalé vers JÛs.
Et. — Le pissenlit est appelé : Cocu, à cause da
la couleur jaune de ses fleurs ; cette couleur étant,
on le sait, l'attribut de ceux que la colère des dieu.x
a destinés à être, comme dit Balzac, minotau-
risés.
N. — « Primevère, ou brayes de cocu. De là
214
COCU — COFIN
cette allusion qu'EusT. Deschamps fait à cette
plante, lorsqu'il fait dire à une femme résolue
à se venger des infidélités de son mari :
« Je lui feray, sans jardiner,
Avoir cocus en son mesnaige,
Si j'en puis nullement fmer. « (L. C.)
€ocu ^ s. m. — Pour Clos-cul. (Mén.)
Cocusseau, s. m. — Vulg. Ellébore fétide.
(MÉN.)
Cocutière (Als). — Marchande de pissen-
lits. — Prononcez : cocuquière. — V'ià la
cocutière. V. note à Cocu i.
Codâiller (Lg.), v. n. — Faiie des écarts en
labourant à la charrue ; tracer un sillon
sinueux, faire des lièvres. — Proprement :
faire des coudes.
Et. — Fréquent., péjor. de Coder, fr. Couder.
Code, s. m. — Coude (Li., Fu., Mj.) Aile m'a
donné ein coup de code.
Coder (Mj.), v. a. — Couder. || Fu. — De
code en code, de genoye en genoye ; les codes
en saignaient, les genoyes en écorchaient.
Et. — Lat. cubitus. — Variantes : Coûte, cute,
keute.
Codergne ! (Lg.), interj. — L'enfant s'en
sert au jeu pour indiquer qu'il entend jouer
le dernier. Cf. Cateprome, Catesègue, Cada-
vant (et Dargne, dans Jaub.).
Codéyer (Mj.), v. a. — Coudoyer, pousser
du coude. Doubl. du v. fr.
Codone (Mj.), s. f. — Coing. || Sal. Codogne.
Et. — Du lat. Malum cotoneum, pomme coton-
neuse ou couverte de duvet. Codone est donc un
doubl. du fr. Coing, doubl. beaucoup plus rap-
proché de la racine latine. — Cf. l'angl. Quiddany,
Cotignac, ainsi que ce dernier mot. — Autre
explication. « Du lat. Cydonia, du gr. Kudonion,
de Cydon, ville de Crète d'où provient le cognas-
sier. Coing est une contract. de l'anc. fr. cooin,
répondant à Cydonium. Cognassier se disait
autrefois : Coigner. » (Litt.). — Mais le Dict.
génér. donne cotoneum, devenu codonyo, codoin,
cooin (xrP), coin. L'orthog. coing, destinée à
marquer fortement, en anc. fr., le son nasal in,
a été conservée ou rétablie dans ce mot pour le
distinguer de Coin. (C'est le même que Cydonius.)
— H C. Port. Cydoneum.
Codonnier (Mj., Sal., Fu.), s. m. — Cognas-
sier. V. Codone.
Cœtil, s. f. — Pour : coutil. (Mén.)
Et. Lat. culcita (colcta, coilte, coite). L'orthogr.
couete (puis couette, par suite d'une confusion
avec couette -, petite queue, cauda = coe) n'est que
la notation de l'ancienne prononciation de la
diphtongue oi. D'autre part l'anc. fr. a possédé une
forme secondaire, coûte (cf. coutil) issue du lat.
pop. colta, pour colcta, particulièrement usitée
dans ^'expression coute-pointe. Plus tard, dans
cette express., le sens de coite ayant été perdu de
vue, le mot a été bizarrement altéré en contre,
courte.
Cœur (Mj.), s. m. — Mettre le cœ»r sus le ca''-
reau, — vomir. Jeu de mots emprunté au jeu
de cartes. || Cœur de poulet, — individu trop
sensible à la douleur physique. Syn. de
Pichelin. || Mj. — Porter au cœur, — ravi-
goter. Ex. : Eine goutte de tiaule, ça porte au
cœur. Il Au contraire, faire tomber en dé-
faillance. Ex. : Je me se fait eine coupe au
doigt que ça m'en a porté au cœur. N. On
voit que le sens général est : Impressionner
vivement, au physique. || By. — « Pouv'
p'tit mâtin, il a des vês (vers intestinaux) ; i
sent qu'ça y i pisse au cœur. » || Mj. Cœur de
touiïeau, — coquillage pétrifié, noyau très
dur dans la masse d'un tufîeau. Syn. de
Chenard. \\ Avoir contre son cœur, — avoir
à contre-cœur. || Lg. — Fertilité, force pro-
ductive. Ex. : C'est eine terre qui n'a point de
cœur. Il Mj. Tirer du cœur, — vomir, ou faire des
haut le corps pour vomir. Syn. de Cœurasser. ||
Tlm. — La case centrale de la figure sur
laquelle se joue le jeu de marelle. Elle est
carrée et partagée par des diagonales en
quatre compartiments. V. Chaudron, Chambre.
Cf. Semaine.
Cœurasser (Mj.), v. n. — Faire des haut-
le-corps, avoir mal au cœur.
Cœur-de- Marie (Tlm., Fu.), s. m. — Diely-
tra spectabilis, fleur d'ornement. Syn. de
Cœurs-pendants.
Cœur-de-pigeon (Mj., Lg., Fu.), s. m. —
Fruit du cerisier bigarreau.
Cœur-de-poulet (Mj., Lg. ), s. m. — [Indi-
vidu trop sensible à la douleur physique.
Cœureux (Mj.), adj. q. — Qui a du corps,
de la force, en parlant du vin. || Qui a du
cœur, c.-à-d. qui a le cœur fendillé, en par-
lant d'un arbre.
Cœur-Iianète (Mj.) (h fortement aspiré), s.
m. — Prêle, plante de la famille des équisé-
tacées. Syn. de Génetrole, Quoue de poulain,
Quoue de rat, Pinier. De cœur -f- haneter. —
Qqs disent : Tire-hanète, qui semble bien être
le vrai mot.
Cœurs-pendants (Mj.), s. m. — Xe s'em-
ploie qu'au pluriel. V. Cœur-de-Marie. A
cause de ses fleurs cordiformes. — Dielytra
ou Dielytra spectabilis. — Le joli vocable
patois •
Cœuru (Z. 137). — Courageux, qui a du
cœur.
Cofin (Lrm.). — Coffre.
COFFINE — COINE
215
Coffine (Mj.), s. f. — Ecuelle de terre tron-
conique et évasée. || Lp. — Ardoise bombée.
Dér. de Coffir. V. Cofine.
Et. Lat. cophinus, panier. — « Etui plein d'eau
où est une pierre à aiguiser et que le faucheur
porte à sa ceinture. Goffin signifiait un petit cofîre,
un petit panier. — Coffine, espèce d'ardoise convexe
coffiner, courber, voûter ; coffinet, petit coffre.
(LiTT.). — « Sorte de vase de bois ou de cuiller
en forme de pipe, qui sert à puiser l'eau dans un
seau, et dont le manche, creusé comme un tuyau,
ne laisse couler l'eau qu'en petite quantité. (Jaub.).
— Notre Goi^
Coffir" (Mj., My., Lue, Li., Br., Sal., Segr.),
V. a. — Bossuer, meurtrir. — On dit aussi
Cobir. — Syn. de Cabliner, Corner. || Déformer.
— Ecraser, détériorer un objet qcque ;
coffir une poire, la mâcher. || Faire des ren-
foncements : Il a tout coffi. son chapeau.
(Z. 149.) li By. — Serre pas c'te pêche-là, tu
vas la coffir. — Ma castrolle, elle a tombé, elle
est toute coffie.
Et. — Douteuse. Cophe signifiait : creux (D. C).
En fr. familièrement on dit : Escoffier. — Hist.
« De mode qu'elle lui cohbit toute la teste, si que
la cervelle en tomba près de la croix Osannière. »
(Rab., p., IV, 13.) C. Port propose Conficere.
Coffissure (Lue, By.), s. f. — Plaie contuse,
meurtrissure.
Coffre (Mj., Fu., By.), s. m. — Fig. — Esto-
mac, poitrine. || Par ext. — Constitution
vigoureuse. — Il a le coffre solide.
Cofine, s. f. — Etui du faucheur. Syn. de
Couiller, Couer. \ . Coffine.
Cofreseheiir (Mj.), s. m. — Mot inusité et
oublié aujourd'hui, mais que l'on retrouve à
chaque instant dans les vieux actes. Le
cofrescheur était un fermier, responsable pour
tous les autres fermiers du même domaine,
qqch. comme un Parsonnier. Ce genre de
contrat est encore en usage au Lg., pour deux
fermiers tout au moins. Il était imposé du
temps du comte Walsh à tous les fermiers de
Serrant. — Cf. Frérageiir, Frerescheur. \.
ce dernier.
Coger (Lg., Pm., Chl., Bg., Sp.), v. a. —
Obliger, forcer, contraindre. || V. réf. Se
coger, — se contraindre, se résoudre avec
peine, se résigner. « Je vas me coger à mettre
encore cent sous ; je vois ben que faut que je
m'y coge. » — Syn. de Mincher. — Il faut
vous coger à le faire.
Et. — Du lat. CogeT-e, même sens. — Hist.
« Quand les rentiers voudront faire le court.
De payer rentes deubs à l'enfermerye.
On leur pourra mettre termes à court
Et les cogez payer sans asnerye. (1522.)
{Ini>. Arch., H. I, p. 28, col. 2.)
Cognard, s. m. — Petit brochet d'un an,
ayant la forme d'un coin. (Mén.)
Et. — Lat. Cuneus. Vx fr. coignet, petit coin.
Cognassou, s. m. — Petite souche bonne à
brûler. (Mén.)
Cogne (Mj.) s. m. — Gendarme. V. Grippe-
Jésus.
Cogner (Fu., By., Z. 146). — Frapper, sur-
tout à la porte.
Et. — Lat pop. Cuniare (class. cuneare), pro-
prement : fendre en frappant sur un coin.
Coicaud (Mj.), s. m. — Nigaud, nicodème,
Claude, jocrisse. — Syn. de Colas, Nigue-
douille, Dédais, Jaudais, Jeannot, Bégaud. —
Nom propre.
Coie, s. f. — La coie, pour corbeau. De
coasser. (Mén.) — Ou : coua, onomat.
Coiffage (Mj., Fu.), s. m. — Genre de
coiffure de femmes. Ex. : J'aime mieux le
coiffage de Saint-Paul que celui des Cer-
queux. Syn. de Coiffé.
Et. — Douteuse. — Lat. pop. cofea , paraît se
rattacher au même radie, german. q. Kopf, tête.
On a écrit : coëfîe. || Se Coueffer de vin, pour :
s'enivrer. « On dit encore en Anjou, en parlant
d'une femme qui s'enivre, qu'elle se coiffe sans
épingle. » (L. C.)
Coiffé (Me.), s. m. — Genre de coiffure de
femme. Ex. : J'aime ceté coiffé-lk. Syn. de
Coiffage.
Coiffe- noire (Lg.), s. f. — Sorte de vête-
ment noir que les femmes portaient autrefois
et dont la mode n'a disparu que vers 1860.
C'était à la fois une coiffe ou capeline, enser-
rant la tête, et un manteau descendant au
moins jusqu'aux genoux.
Coiffis. — V. Virer.
Coiminer (Lg.), v. n. — Prendre un air
humble. Ex. : Il est venu en coiminani me
demander si je voulais illi servir de témoin.
Et. — Dér. du fr. Coi -j- Mine, l'-adj. coi étant
pris au sens de : humble ou piteux.
Coin (Mj., Fu.), s. m. — • Coin de beurre, —
motte de beurre. V. Forme, Façon. \\ La
connaître dans les coins, — être très au fait,
très averti, très retors. || Blague dans le coin,
— sans plaisanterie. (Lat. amoto joco.) By.
Id. Cf. Blague à part. |i Dans tous les coins-
cornières, — dans tous les coins. j| En boucher
ein coin à qqn, — lui fermer la bouche, le
confondre. Ex. : Hein ! ça t'en bouche ein
coin, mon vieux caneçon. || De bique, ou de
bisque en coin, — de biais, en biais.
Hist. — « Le bon Bringuenarille (hélas !)
mourut estranglé, mangeant un coing de beurre
frais à la gueule d'un four chaud, par ordonnance
des médecins. » (Rab., P., iv, 17.) — « Tous les ans
les fermiers devaient apporter des redevances à
leurs seigneurs et maîtres « Messieurs de Saint-
Vubin » ■ 150 livres de beurre net et loyal en pot
ou en coing, « 4 coings beaux et honnestes aux
quatre festes de l'an. » {A. h. II, 3», 586, 2-3.)
Coincée (Ti., Zig. 159), s. f. — Cri de dou-
leur, hurlement. Syn. et doubl. de Coinquée,
Rouincée.
Coincer (By.), v. a. — Enfoncer des coins,
assolider avec des coins, des chevilles. 'V.
Coincer, Coinquer, Cointer.
Coioe. — V. Couèm. (Cho.) Crotin de che-
val.
216
COINQUÉE — COLIN-TAMPON
Coinquée (Z. 132, Fu., My.), s. f. — Cri de
celui qui a peur ou à qui l'on fait mal ; gro-
gnement, braiement. Syn. et d. de Coincée.
Coinqiier (Pell., Li., Br., Fu., By., Sa., Th.).
— Crier d'émoi ou de souiïrance ; à rappro-
cher du cri du canard : coin-coin. — Pousser
un cri perçant ; se dit surtout du canard et du
lapin. • — J'ai entendu le gorin coinquer tandis
qu'on le tuait. ^- Laisse donc ton petit frère
tranquille, ne le fais pas coinquer. \\ By. —
Coinquer indique le cri de la cane ; siffler,
celui du canard. Bruit de planches qui se
désunissent, craquent. V. Qoincer, Coincer.
Coins, s. m. (Li.). — Des chevreaux.
C'ointer (Lg.), v. a. — Fixer à l'aide d"un
coin. V. Coincer.
Coipir ° (M.J.), v. a. — Rabattre. — Ne
s'emploie que dans la loc. : Coipir des
oreilles. Se dit, au propre, d'un cheval qui
s'apprête à ruer ou à mordre et, au fig., d'une
personne qui courbe la tête sous une humilia-
tion ou une réprimande. || Ec. — On dit : rire
des oreilles. « Faut s'défier d'ein j'vau qui rit
d's oreilles, c'est qu'i mord. » V. Rire.
Et. — Serait-ce une corrup. de Chauvir ? Chau-
vir de -l'oreille, dresser (le contraire de rabattre.
A. V.), l'oreille, en parlant des chevaux, des ânes.
Rabelais dit Chauver ou Chouer, ce qui rend très
probable que Chauvir, Chauver ou Chouer viennent
de Chowe, ou choe, ancien nom de la chouette,
et désignent ce mouvement des plumes, parti-
culier à la chouette, qui figure des oreilles com.
celles du chat. (Litt.). Hist. — « Seulement
baislans aux mousches, chovans des oreilles comme
un asne d'Arcadie au chant des musiciens. »
(Rab., p., v, Prol. p. 487.) — « Quand les garçons
d'estable criblaient, il leur chauvoit des oreilles,
leur signifiant qu'il ne la mangeroit que trop sans
cribler. » (Rab., P., v, 1, p. 449.)
Coiraud, e (Lg., Sp.), adj. q. — Penaud,
quinaud, pantois, qui a l'air confus et piteux,
décontenancé. !| s. m. (Lg.) Bœuf à l'engrais.
Le mot est vieilli. V. citation de Rabelais à
Gourbilleaux.
Et. — !«'■ sens. Provenç. Coart ; ital., codardo ;
du lat. cauda, queue, qui est de la queue, c.-à.-d.
qui se tient en arrière, ou qui porte la queue basse
com. les animaux qui ont peur. Coart est le nom du
lièvre dans le Roman de Renart. — « Hist. « Es-
coute, c... mignon, c... moignon, c... coyrauh,
etc. » (Rab., P. ni, 26.)
Coissin (Mj., By.), s. m. — Coussin.
Et. — 1° Génev. coissin : bourg, côssin, etc.
Même origine que couette, culcita, par un diminut.
culcitinum. » (Litt.) — 2° Du lat. pop. coxinum,
dér. de coxa, cuisse, devenu régulièrement en anc.
fr. coissin, et coussin, sous l'influence de couette. »
(Darm.) — « Puis avec son braquemart fendit la
coitte et coissin en deux, et par les fenestres
mettoit la plume au vent. » (Rab., P., v, 15, 513.)
— « Il luy respondit que très bien et que sa bonne
et grasse chair luy avoit fait grand bien. « Pour le
moins, dit-elle, avez-vous couru la poste sans
emprunter de coissinet. » (Bkant., D. gai., n,
p. 165.) — « Ung coissin à porter en croppe. »
Comptes de ménage de Jeanne de Laval. (A. h.,
1,532,15.)
Coite, s. f. — Couette. V. Cœlil.
Hist. — Et quant par nuit dormir voloient,
En leu de coites aportoient
En lor casiaus monceaus de gerbes.
La Rose, v. 8438. — (L. C. — N. E.)
Coix (Fu., Zig. 196), s. f. — Croix.
Col (Mj., P"u., By.), s. m. — Se pousser du
col, — prendre des airs avantageux.
Coluquin (Mj.), s. m. — Colocpiinte. || By
— Caloquine.
Colas (Mj.), s. m. — Pouf, enfant joufflu. ||
Imbécile, niais, nicodème. Syn. de Coco,
Dédais, .Jaudais, Jeannot, Coicaud. \\ Sp. —
Sorte de pichet. || Auv. — Corneille, corbeau.
Il Jocrisse. Ex. : Je n'en vois point iun avoir
l'ar si colas comme ceté pouvre Maiaud-\k. \\
Colas est venu, — avertissement ironique que
l'on donne à celui qui, en mangeant, a laissé
tomber de la sauce sur son vêtement. Cette
express. (Mj.) s'explique par la définition
précédente. Cf. Epinglelte. \\ Petit réchaud.
Et. — C'est le fr. Colas, abréviat. de Nicolas.
Ce dernier nom paraît avoir, comme Nicodème, le
privilège de désigner un imbécile et ils le doivent
sans doute à ce qu'ils se rapprochent, comme
forme, du mot Nigaud.
Colée (By.), s. f. — Perdre une colée, c'est
perdre la force qu'on peut obtenir en pous-
sant un bateau avec un bâton que l'on
appuie à l'épaule ou au collet. (MÉîf.) — V.
Collée, meilleure graphie.
Coléreux, euse (Mj., By., Fu., Sal.), adj. q.
— Colère, irascible, emporté.
Et. — Du lat. choiera, bile, colère ; du grec
kholera, qui signifie non pas : bile, mais : choiera.
Colère n'est entré qu'assez tard dans la langue ;
le mot habituel dans les âges anciens était : ire ;
puis est venu : choie, bile, grec kolè ; chaude cote,
pour : emportement, a été longtemps usité.
Colibert, s. m. (Lue). — Autre genre de
pierre que les cosses.
Colidor (Fu., By., etc.), s. m. — Pour :
corridor ; comme on dit dangeleux pour :
dangereux. (Mén.) V. Collidor.
Et. — De correre, courir ; l'endroit où l'on
court, où l'on passe. Vx fr. Courridour. Cf. Cour-
toire. — On trouve la forme singulière Curriioire :
■' Comme il fut sur l'entrée d'un petit curritoire
qui conduit à sa chambre. » (Litt. — Suppl.)
Colin (Lg.), adj. q. — Câlin, caressant. ||
Mignon, chéri. Terme d'amitié que l'on
adresse aux petits enfants. — N. C'est peut-
être ce mot que j'avais saisi sur les lèvres
d'une mère qui caressait son enfant. J'avais
cru entendre : Connin. (R. O.) — Pourquoi
pas? mon petit lapin. V". Connin.
Colin-Tampon (By., etc.), s. m. — Homm^
qui touche à tout, qui s'occupe de la cuisin®
et des détails du ménage. || On dit aussi : J^
m'en fiche comme de Colin-Tampon.
Et. — Batterie des tambours suisses. (Tampon,
tympanum, tambour ? Cela vaudrait donc dire,
au deuxième sens : ne pas se soucier de cet appel de
tambour. A. V.) — Colin, abrégé de Nicolin, dérivé
de Nicolas.
CQLLATION — COMBATTRE
217
Collation (Mj., Lg., By.), s. masc. — Ex. :
On va faire ein collation sus l'herbe. || « C'est
comme ein collation de chien, ça vint ben loin
à loin. » — Entendu ce propos d'un pêcheur
d'aloses, à qui je demandais des nouvelles de
sa pêche.
Colle (Mj., Fu., By.), s. f. — Mensonge. Syn.
de Craque, Carotte, Veurte.
Et. — Ainsi dite parce qu'une attrape est
comparée à une chose qui colle. — Cf. Etre collé
au pied du mur — par un examinateur qui vous
pose une colle. — Etre tangent à une colle, —
être menacé d'un simulacre d'examen
Collée (Mj.), s. f. — Effort, spécialemert
pour soulever un fardeau, pour pousser un
bateau à la bourde. Ex. : Y a eine bonne
collée à prendre pour charger ein sier de grain.
Il Fig. — Manquer eine bonne collée, — m.an-
quer une bonne occasion. ■ — Y. Calée.
Et. — Du fr. col, parce que, dans le genre d'ef-
fort désigné par le mot collée, ce sont les muscles
du cou et des épaules qui fatiguent.
Coller (Mj., By.), v. a. — En coller, — en
faire 'accroire. — Tu voudrais bien m'en
coller. — Mentir, tromper. || Etre à coller
contre les murs, — être étique. || Lg. — Dor-
loter, pouponner un enfant pour le consoler.
Littéralement, le prendre à son col, cou.
CoIIerée (Mj.), s. f. — Pelletée de terre for-
mant une motte compacte. De colle.
Collerette (Mj., Fu.), s. f. — La collerette à
Jeanne du Quarteron, — l'as de trèfle. —
On l'appelle aussi : la bouillerée à Jeanneton.
Colleretter (Mj.), v. a. — Orner d'une colle»
rette. « T'es collerettée tout de travers. » ^
Collet (Mj.), s. m. — • Cou. Charger à collet,
— charger sur l'épaule, sans s'aider de rien.
Syn. de Trousse. || Gros cou, comme celui
d'un homme vigoureux et bien musclé.
Colletée, s. f. — Collets attachés à une
ficelle, en crins, pour prendre les alouettes, —
ou colletières. (Mén.)
Colleter (Mj., Lg., Fu.), v. n. — Tendre des
collets. Il V. a. Prendre au collet, — du gibier.
Il Lg., V. a. — Munir, équiper d'un collier
bien adapté. « N'y a pas in bourrelier comme
lui pour colleter in cheval. »
CoUeteur (Lg., Fu.), s. m. — Celui qui tend
des collets.
CoUetière (Sp.), s. f. — Corde portant des
collets. V. Colletée. \\ By. — Collets, etc.,
qu'on tend le long d'une génétière.
Colleture (Sa.), s. f. — Enroulement,
embrassement, tour d'une hart sur elle-
même. Çhevêtre.
Collibert, s. m. — Vieux mot angevin.
Espèce de serviteur à gages.
Et. — « Au moyen âge, espèce de serfs. Actuel-
lement misérables habitants d'une partie de
TAunis et du Poitou. CoUibertus = franc, ou
affranchi — ensemble. Mais, comme les affranchisse-
ments ne donnaient pas toujours la pleine liberté,
les colliberis furent de bonne heure des espèces de
serfs d'une condition mitigée et ils finirent, dans la
Coutume d'Anjou, par être simplement le nom
des serfs. C'est de collibertus que vient cujvert ou
cuivert, terme d'injure si souvent usité dans les
poèmes. » (Litt., Suppl.) — « Nom donné à des
Poitevins émigrés au xnP s. dans les marécages de
la Basse-Sèvre, qui passaient pour descendre des
Wisigoths, défaits par Clovis à la bataille de
Vouillé (507) : persécutés pendant plusieurs siècles,
les descendants de ces étrangers furent obligés de
vivre à l'écart des autres habitants. Connus dans
le Bordelais sous le nom de Gahets, dans le midi
de Cagots, en Bretagne de Cacous, on les désigne
dans le Poitou et l'Aunis par le nom de Collibert,
qui signifie en vx fr. vassal, ou plutôt co-vassal,
compagnon d'affranchissement. Lat. co-libertus.
(Eveillé.)
Collidor (Mj., Fu.), s. m. — Corridor. V.
Colulor.
Hist. — « Et outre le carré, les deux collidors
à côté, et aussi la chapelle de Saint-Guinefort. »
(1740. — Inv. Arch. E, n, p. 67, col. 2.) — « Un
bâtiment composé d'un petit colydor. . . d'une
petite boulangerie. » (1768. — Id. — SE, m,
138. 2.)
Collineau, s. m. — Habitant de la colline,
du coteau. (Mén.)
Colombage (Mj., Lg., By., Fu.), s. m. —
Cloison en bousillage. î| Fu. . ., ou non.
Et. — Dér. de colombe.
Colombe (Mj.), s. f. — Outil dont les ton-
neliers se servent pour dresser le bord des
douelles. C'est une sorte de très longue et
large varlope montée sur trois pieds, le tran-
chant de la lame en dessus. || Lg. — Colonne
de bois dans un parpaing ou une cloison de
bousillage. De là le fr. Colombage. — || Pied-
droit d'une porte de barrage dans un cours
d'eau. Il (Sceaux). Table de nuit. V. Zigz. 184.
Ici, pour Colonne.
Colombin, s. m. — Poser un colombin, —
se soulager d'une façon abondante après un
bon repas.
Et. — Colombine, fiente de pigeons : terme
d'agriculture, engrais de fiente de volailles. Cf.
Colombage.
Colostre (By.), s. m. — Colosse.
Colta (Mi., Fu.), s. m. — Coaltar.
Et. — De : coal, charbon, et : tar, goudron.
Goudron provenant de la distillation de la houille
Coltazer (Mj.), v. a. — Enduire de coaltar ;
coaltarer. jj By. — Coltasser, Coltaquer.
Combat, (]\Ij., Fu.), s. m. — Action de se
débattre. Ex. : Il brouille ; il est d'ein com-
bat \ Il Fatigue, tracas, — Ex. : Aile a ben du
combat après lui ; il illi donne ben du combat. \\
Lue. — Peine. Avoir ben du combat.
Combattant (Mj.), adj. verb. — Turbu-
lent, fatigant, à cause de sa pétulance. Ex. :
Je n'ai jamais vu ein quenau si combattant.
Hist. « Lui (de Canimont) qui estoit renommé
d'estre divers et combateux et en avoir battu plu-
sieurs. • 1106. — (Jaub.)
Combattre (Mj., Fu., By.), v. réf. — Se
218
COMBATTU — COMME
combattre, — se débattre en alléguant. Ex. :
Il a ieu beau se combattre que ça n'était point
lui. Il S'agiter dans la fièvre. || Solliciter avec
insistance. Ex. : Il m'a pus combattu que je ne
sais pas que, pour que je m'en aille avec lui.
Combattu, e (Mj.), part. pas. — Fatigué,
rompu, harassé.
Combe (Lg., Fu.), s. f. — Dépression, même
de peu d'étendue, dans un pré, dans un
champ. Un des champs de la ferme de
Toucharête s'appelle le champ de la
Combe. — N. Ce n'est pas tout à fait le sens
donné par Darm. — Syn. de Baisseur,
Canche. \\ Tf. — Champ qui présente en son
milieu une dépression longitudinale. Le père
Besson, de la Grande Inchère, me le défmis-
sait : C'est in champ qui fait la tuile.
Et. — Hatzf, donne ce mot comme dialectal-
Je ne l'ai jamais rencontré ailleurs qu'au Lg. et à
Tf. Doit être rapproché du b. 1. Cumba, d'origine
celtique, mais qui se rattacherait aussi au grec
Kumbos, par exception. — (G. de G. — Y.)
Comble ^Mj., By.), s. m. — Excédent de
hauteur d'un plan d'eau sur un autre. Ex. :
Illy a deux pieds de comble à la porte. || Faire
le comble, — dans la langue des mariniers,
c'est faire la manœuvre nécessaire pour pas-
ser de l'aval à l'amont d'un pont. Ex. :
J'avons fait le comble du pont d'Ancenis. ||
Faire le comble, dans la langue des chau-
fourniers, c'est remplir de calcaire le four
d'où l'on vient de tirer de la chaux. || Faîte
d'une maison. || Absolument : Etre au
comble, — de ses vœux, du bonheur, au
summum, au pinacle de la félicité. || Au
cotnble, — très enflé. Ex. : Dans la journée, il
s'était piqué à eine mauvaise épine en
jÀessant, le soir, il avait la main au comble.
(Lg.) Il Fu. — Hauteur du blé au-dessus du
plan des bords, dans le boisseau. Le contraire
est Ras. || By. — Quand on vend au boisseau,
on vend ras ou comble.
Et. Hist. — Lat. Cumulus ou Culmen, selon le
sens. « Droit de mouture est que les meuniers
doivent rendre du rès (mesure de grain rase) le
comble (mesure de farine comble). Litt.
CombIir° (Mj., Fu.). — Combler, boucher,
faire un terrassement, remblayer.
Combrer (Mj.), v. n. — S'écrouler, s'effon-
drer. Il S'affaisser.
Et. — Ce mot est un doublet du fr. Combler. Il
dérive du lat. Cumulare, former un cumulus, un
monceau, par aphérèse de l'u, changement de la
liquide de 1 en la liquide r, et épenthèse du b,
nécessitée par la rencontre de l'n avec l'r. C'est la
racine des mots fr. Décombres, Encombre. On dit
aussi : Cabrer ; syn. de Avâcrer. — Hist. « Et
mesmes il s'est faict trois rupptures... la troi-
sième au meilleu dudit bourg qui a fait casbrer et
emmené le logis de l'hospilal dudit Saint-Mathu-
rin. (1669: — Inv. Arch., E, n, p. 303, col. 1.) —
« En l'an 1818 arriva une grande chute et cabre-
ment (à la carrière de Champrobert). » 1620. Id.
S, s, H, 65, 2.)
Côme I (Mj.), s. f. — ■ Bosse ou creux pro-
duit par un coup sur un objet métallique ou
sur le corps humain. (Cômer.)
Côme ■■' (Mj., Fu.), s. f. — Coffre où l'on
conserve le poisson vivant. V. Bottereau,
Bascule. \\ Avoir ein bachot en côme, — avoir
un bachot attaché le long des flancs du grand
bateau et remorqué par lui. Terme de marine.
V. Lucet, Fûtreau. || By. — Compartiment
ménagé dans un bateau de pêche pour y
conserver (momentanément du moins) le
poisson vivant, et non : coffre indépendant
du bateau. Ce serait alors une Botte ou un
Bottereau.
Côme ^ (Mj.), s. m. — Butor. || S. f. Sorte
de chouette de grande espèce.
Cômer (Mj., Lg.). — Bossuer, cabosser. —
Syn. de Cabliner, Coffir, Cabocher. \\ Fu. —
Coumer, bossuer. Se dit aussi du pli qu'on
donne à une gaule, à un brin d'osier qui se
trouve ainsi demi-brisé et qui a perdu sa
flexibilité. || Lrm. — Détériorer un objet en
frappant dessus, en le heurtant de manière à
produire des renfoncements et des bosses. !|
Sal. — Donner un faux pli.
Comète (Mj., Fu.), s. f. — Syn. de : Etoile
à grande queue. || Tirer des plans sus la
comète, — faire des projets chimériques.
Comeune (Fu.), s. f. — Commune. On ne
fait sentir qu'un m, et u se prononce eu,
comme dans meule. V. Cmeune, C'm^nne.
Commande (Mj.), s. f. — De commande, —
sur commande. Ex. : Je pense qu'il est fait de
commande pour faire fâcher. || Amarre, —
terme.de marine. Grosse corde qui, pour ainsi
dire, commande le temps d'arrêt.
Hist. — Ronsard écrit :
Permets que je coupe
Sous heureux sort la commande qui tient
Ma nef au bord. (L. C. — N. E.)
Commarcer (se) (Mj., Fu., By.), v. réf. —
Commercer, faire des affaires. Ex. : C'est
ein gibier qui se commarce. Cf. S'accouster. \\
Se commarcer de, — faire commerce de. Ex. :
Il se commarce de bœufs. || V. a. Même sens :
Il commarce les gorins.
Comme \ v. a. 3e pers. du sing. — Commer. \\
s. m.
Hist. — Bruneau de Tartifcme a un chapitre
intitulé : Des Commes usités (à) Angers et pays
d'Anjou. Il commence par citer toutes les compa-
raisons du Cantique des Cantiques et de nom-
breux auteurs de l'antiquité. — Ce Glossaire en
contiendra un grand nombre sous le titre : Adages
et Comparaisons.
Comme - (Mj., Fu., By.), conj. — Sert sou-
vent de relatif à l'adv. Aussi, après un compa-
ratif. Ex. : Il est aussi grand comme s(jn père.
Il C'est tout comme, — c'est la même chose,
cela revient au même. S'emploie absolument.
Il Sens variés : Je l'f'rai aussi ben comme (que)
vous ; je n'sé point aussi grand comme li ; il
est fort comme tout (extrêmement) ; il est
mignon comme tout, comme un cœur. || Avec,
en même temps que, — Je se arrivé comme
COMME ÇA - COMPAGNÉE
219
ielle. Il Lg. — Comme que, — comme. Ex. :
On fait comme qu'on peut. A Montj., on
dirait : On fait comme-i-oxi peut, ou : comme
n'on peut. N. Comme, devant une voyelle, est
suivi d'un t paragogique. Ex. : A fait comme-
t-a peut. Il Fu. — A signaler : Comme-i-i faut,
— comme il faut. || Comme si que, pour :
comme si, gouverne le conditionnel. Ex. :
Il me regarde de travers, c'est comme si que
j'arais mangé ein pain de sa fournée, jj
Comme qui, — comme si l'on. Ex. : C'est
comme qui pisserait dans n'ein violon pour
illi donner du son. — Comme qui dirait, — à
peu près comme. Ex. : C'est comme qui dirait
eine manière de lizard. || Comme de, — comme
pour. Ex. : A me regarde comme de dire :
Veins donc te promener.
Comme çà (Mj., Fu., By.)., — Couci-couci.
Ou dit encore : Comme ci, comme ça.
Comme de ben entendu (Mj., Fu., By.). —
Comme cela est clair, évident ; cela ne se dis-
cute pas. — I m'a cassé ein carreau, j'gui
frai payer, comm.e de ben entendu.
Comme de juste (Fu., By.). — Selon la
justice, bien entendu, évidemment.
Comme par lequel que (Mj., By.). —
Comme quoi. Vous me ferez un billet comme
par lequel que vous me devrez cent écus. ||
Fu. — On dit : Comme par lequel ou laquelle
que. By., id.
Comméne (Te), s. f. — Commune. L'o est
à peu près muet et l'on prononce C'méne. V.
C'menne, Cmeune, Comeune.
Comment (Mj., By.). — Comment que, par
comment que, — comment. Ex. : Je peux pas
comprendre par comment que ça se fait.
Commer, v. n. — Employer des compa-
raisons où entre le mot^comme. V. Comme.
Hist. — « Si je ne comme bien, qu'un aultre
comme pour moy. » (Mont., i, 20.) Une édition
porte : « Si je ne conte pas bien, qu'un aultre conte
pour moi. » A tort : « Si j'emploie des exemples qui
ne conviennent pas au sujet que je traite, qu'un
autre y en substitue de plus convenables. » —
« Des vaches, dans un pré, ne paissent pas et
regardent vaguement. Elles comment. (Trélazé.)
N. — Je comprendrais : elles chôment, chôment.
Commerce (Fu), s. m. — Occupation, dans
un sens péjoratif : « Que sapristi à' commerce
fait-y là? » Par ex., en entendant, au pre-
mier étage, un bruit insolite, bizarre fait par
le locataire du second.
Commère (Mj., Lg., Fu., By.). — Nouvelle
accouchée. C'est le sens unique du mot. !|
Faire la commère, — accoucher. Syn. de
Coumère.
Et. — Régulièrement, la marraine, de co -f"
mère, la deuxième mère, la mère spirituelle. —
Extension de sens. — Hist. « Nota qu'il ne faut
point amesser les conmâres qu'il n'y ayt quinze
jours pour le moings qu'elles soyent en leur
couche. » (1588. — Irw. Arch., E, n, p. 352, col. 1.)
— « Et estoit presque tous les jours de banquet,
de festin, de nopces, de commérage, de relevailles.
et en la taverne. » (Rab., P., m, 41, 308.) —
« Lucas Bestier. . . donne, entre autres legs, à la
fabrique de Thouarcé, « sa grande robe de drap
noir parée de taffetas, pour servir et en faire un
manteau à mener et conduire les commères a
l'église. » (1551.) Inv. Arch., E, p, p. 179, col. 1.)
— « Si nous allons cet enfant voir,
De le servir feray devoir.
De bon cœur servirons la mère.
Je crois qu'elle est belle commère. »
Sur la Nativité. (L. C.)
Commeun-eune (Mj , Lg:), adj. q. — Com-
mun. Ex. : L'argent n'est pas ben commeune.
Cf. Auqueun. \\ (Mj., By. ) A commeun,
— en commun. Ex. : Le puits est à commeun
avec les voisins. || S. f. Commune. || S. m. pi.
Communs, — commodités, lieux d'aisances,
privés. Syn. de Chiotte, Chiette, Numéro Cent.
V. Commun. || De commeun, — en commu-
nauté. Il S. m. — Terrain communal. Ex. : Ils
mettent leux vache dans les commeuns de
Champtocé.
Commissaire, s. m. — Dans le faubourg
Saint-Jacques, en 1820, on donnait ce nom à
celui qui s'occupait des travaux en retard
causés par la maladie d'un voisin. {Aff.
d'Ang., 1826, n*' 70. — Mén.)
Commis-voyageur (Mj.), s. m. — Les
enfants donnent ce nom à l'épi d'une sorte de
graminée, qui a des barbes fortes, rudes et
élastiques, et que, après l'avoir introduit
dans la manche de leur chemise, ils font
remonter vers l'épaule en secouant le bras.
Commode (Mj., Fu., By.) (c'mode, que-
mode), adj. q. — - Point commode, — pas le
moins du monde, pas du tout, il n'en est rien.
Ex. : A' vous vendu voûte gorin pour c'té
prix-là? — Point commode. — C'est point
cmode, c'est ben c'mode ! — Loc. très usitée. ||
C'est ben commode, — loc. explét., qui signifie
à peu près : De plus, mieux encore. Ex. : Et
pis, c'est ben commode, je ne sais s'ment pas
s'il va venir. || Etre fait commode pour, —
être fait exprès pour. Ex. : Il est fait com-
mode pour faire enrager les autres, celui-là ! —
D'autres disent : Etre fait de commande
pour. Il y a confusion de sens et de mots. —
Cf. Abboyon, Aboyant.
C(om)niodités (Z. 155, Fu.), s. f.— Latrines.
Commoincer, C'moincer (Mj.), v. n. et a. —
Commencer. Forme très vieillie. Cf. C'mencer,
C'mincer, Coumoincer.
Commotion, s. f. (Li., Br.)
Communiuux (Les),
nant à la commune.
Communs (Mj., Lg.),
dites, lieux d'aisance,
Chiotte, Chiette, Numéro Cent, Cmodités
CompasDée (Mj., Ti., Zig. 157), s. f. —
Compagnie.
Hist. — « Décès de François OUivier, « lequel
estoit soudard en la compagnée de M. du Plessis de
Juigné. » (1615. — Inv. Arch., S, s, E, 239, 2.)
Congestion.
Terrain apparte-
s. m. pi. — Commo-
privés. — Syn. de
220
COMPAGNIE — CONASSES
« Vous souhaitons le bonjour,
Madame la mariée.
Vous souhaitons le bonjour
A toute la compagnée. »
{La Trad., p. 390.) — V. F. Lore. Langage, vm.
Compagnie (Mj., Fu., By.), s. f. — La for-
mule de politesse rustique en abordant un
groupe ou en entrant dans une maison est de
dire : Bonjour la compagnie. — Qqs-uns
même disent : Bonjour, tout le monde et la
compagnie. 1| Sp. — Avoir de la compagnie.
Avoir ses règles. Euphémisme très usité entre
femmes. — Syn. Trahu, Araires, Mardi-gras.
Compagnon (Mj.), s. m. — Faire passer
compagnon, — faire baiser son derrière à qqn.
X. On croit que c'est de la sorte que les
compagnons du tour de France sont reçus
dans le devoir. Cf. Tonton.
Et. — Cum-panis ; qui mange le même pain. —
« Dans le psaume 40, 10 ; — Homo pacis mea^, qui
edebat panem mecum », c.-à-d. : socius meus.
(MÉXAGE.)
Comparaisons (Z. 152). — Té, t'es plate
comme eine douelle ! — Voir, dans ce Glos-
saire, toute une partie, sous ce titre. — Folk-
Lore XVIII.
Compasser (Mj.), v. n. — Transiger, traiter,
faire des concessions, partager le différend. !|
Compenser.
Et. — Compasser, plus clair pour le peuple, a un
autre sens, cum -\- passus. littéralement : mesurer
au compas. (Daem.) — Compenser, cum -|- pen-
sare, peser. (Litt.)
Compère, s. m. (Lg.). — Taille courte,
sorte de vêtement de dessous que les femmes
portaient autrefois en guise de corset. Au
bord inférieur, à hauteur des reins, était cousu
un bourrelet qui soutenait les cotillons.
N. — Ce mot n'est plus qu'un souvenir. Cepen-
dant, les gamines du cru s'exercent encore à
réciter, sans prendre haleine, la petite scie sui-
vante : J'ai été trouver le tailleur, brodeur, berlifi-
coteur, pour le prier de tailler, broder, berlificoter
mon compère. Le tailleur, brodeur, berlificoteur
m'a dit qu'il ne voulait pas tailler, broder, berlifi-
coter mon compère. Je m'en se venue en taillant,
brodant, berlificotant mon compère. Il était aussi
ben taillé, brodé, berlificoté comme si le tailleur,
brodour, berlificoteur avait taillé, brodé, berlificoté
mon compère. — Excellent exercice pour délier les
langu'-.p des commères futures. Cf. Pisseur.
Complice (Mj.), s. m. — Complice, ou
p]ut'':t Complicité ou Complot. Ce mot, en
effet, s'emploie toujours avec de. « Etre de
complice. » V. Esploter. N. On a dû aussi dire
autrefois : Etre à complice, car l'angl. a le
subst. Accomplice, — complice.
CompUmenteux (Mj.), adj. q.
ment'jur.
f.
Compli-
Etat de la
C:;mportance (Lg.), s.
santé Syn. de Portement.
N — Pour les anciens, la formule de politesse
rustique, après avoir souhaité le bonjour, consiste
à ajouter : Et la comportancet c.-à-d. : Comment
vous portez-vous î
Comporter (se) (Lg.), v. pron. — Se porter.
Ex. : Comment vous comportez-vous?
N. — Cette formule de politesse, fort en hon-
neur autrefois, n'est plus en usage.
Compose (Mj.), s. f. — Ne s'emploie que
dans : Poires de compose, poires de compote,
qui ne sont bonnes que quand elles sont
cuites ou en compote. Corrupt. du mot fr.
Comprendre (Mj.), v. a. — C'est à ne pas
illi comprendre, — c'est à n'y rien comprendre.
Comprenoire (Mj., Fu., By.), s. f. — Intelli-
gence, compréhension. « Il n'a pas la compre-
noire facile. Cf. Devinoire, Entendoire.
Comprets. — Pressoir pour presser la lie du
vin. De : comprimere. Voir l'admission à faire
le chef-d'œuvre du vinaigrier, t. XXVIII,
p. 86. (MÉ>-.)?
Compris (Mj.), prép. — Ex. : Il a tout
acheté, compris le meubilier, — y compris,
inclus.
Compte, s. f. — Tant qu'à bon compte.
V. Viré. Il (Mj.) Faire compte, — compter,
espérer. Ex. : Je faisais compte qu'a serait
venue me voir. Ij En avoir, ou en tenir pour
son compte, — avoir son compte, être suffi-
samment battu ou maJade. || Un certain
nombre. Ex. : Ils ont ein compte d'hectolitres
de pierre chaude à tirer par jour. || Donner,
ou foutre son compte à qqn, — le renvoyer, le
congédier. \\ Faire le compte, suffire. — Ça
fait le compte. \\ Mj., Lg. — Rendre ses
comptes, — vomir, en parlant d'un ivrogne. ||
Sens spécial aux potiers du FuUet ; une cer-
taine quantité ou valeur de poterie. Un
compte, c'est un pot, ou deux, ou trois, ou
quatre, etc., suivant leur taille.
Comptée, s. f. — « Préliminaire de tous les
jeux d'enfants pour savoir qui sera dessous.
Ces enfants formant le rond, celui qui fait
la comptée se met au milieu et met successi-
vement la main sur chaque enfant, en pro-
nonçant une syllabe de certaines formules. Le
dernier mot de la formule désigne le chat, ou
sert à éliminer successivement tous les
joueurs jusqu'à ce qu'il ne reste plus que le
chat. Voici quelques formules : Une poule
sur un mur — Qui picote du pain dur —
Picoti, picota — Lève ta queue et puis t'en
va. — Ou encore : Petit ciseau d'or et
d'argent — Ta mère t'appelle au bout du
champ — Pour y manger du lait caillé —
Que les souris ont barbotté — Va t'en, ta
mère t'attend. (Dottin.) V. Folk-Lore. For-
mulettes, i.
Compter (sans) que (Mj., By.). — Car,
assurément, certainement. — Ex. : J'irai
d'main au marché, sans compter que j'ai ben
des commissions à faire. — Sans compter que
vous ferez bien. — Ellipse : J'ai bien des rai-
sons pour aller au marché, sans compter
celle-ci, que j'ai. . .
Conasses (Mj.), s. f. pi. — Anneaux de fer
fixés les uns sur l'étambot d'un bateau, les
CONCEVOIR — CONFONDRE
221
autres sur le gouvernail et que traverse l'axe
de celui-ci.
Concevoir (Mj., By.), v. a. et n. — Avec
l'é fermé, et non muet. Concevoir, comprendre
Cf. Recevoir.
Conchier (Sp.), v. a. — Enger, infester-
Ex. : C'est tout conchié de picote.
Hist. — « Ce qu'il fait (le cinge) est tout conchier
et dévaster, qui est la cause pourquoy de tous
repçoit bastonnades. » (Rab., G., i, 40.) — « Ils
grippent tout, dévorent tout et concilient tout. »
(1d., p., y, 11.)
Concrir ° (se), v. réf. (Mj., Sp.). — • Se pro-
duire, naître spontanément. Ex. : Les vers se
concrissent dans la viande. — Mot inconnu au
Lg.
N. — L'idée de la génération spontanée des
bestioles de toute sorte est universelle dans nos
campagnes. — Cum-creare? ou mieux : cum-
crescere.
Et. Hist. — « Concréer (se), se former, être
formé : « En Inde, il se trouve du miel, soit qu'il
vienne de la rosée, soit qu'il se concrée d'une
humeur douce. » (Malherbe, Lexiq. Edit. Lalanne.
— LiTT., Suppl.) — « Nus hom n'est concriez sans
semence d'autre homme. » (L. C.) — « Concrer,
concrire. Engendrer, former. « Le mauvais air
concre les maladies ; l'himeur de la terre concrie les
champignons. » On dit que « la fiente de porc,
lorsque l'on s'en sert comme d'engrais, concrie les
courtilières ». On dit aussi que « manger des châ-
taignes crues concre des poux ». — Ce n'est pas le
même que : concréer, créer ensemble. — V. réf. —
« La grêle se concre dans l'air ; les hannetons se
concréent dans la terre ; les chenilles se concrient
sur les « bouchetures », à la suite des berouées
chaudes. » — Vient de concrescere, employé en ce
sens par Virgile :
. . .Ut his exordia primis
K Omnia et ipse tener mundi concreverit orbis. »
(Jaub.) — Concrire : Se dit des objets qui se
forment dans la terre, y durcissent ou y fermentent
et des animaux qui s'y engendrent. On dit de beau-
coup d'insectes qu'ils se concrient ou se concrillent
dans la terre ; les scarabées, et particulièrement
le hanneton. La concrétion est un subst. f. qui doit
correspondre à concrire. (De Montesson.)
Condition, (Mj.) s. f. — Aeine condition que,
— à condition que. || Aller en condition, —
comme domestique.
Conditionnel (Fu., etc.). — Emploi de ce
mode. « Je voudrais ben que ça s'rait comme
ça. »
Condor (^Ij.), s. m. — Talus de sable for-
mant chacun des rebords d'un chevalis.
N. — Condol. — Amas de terre ; relevé d'un
fossé, terre relevée entre deux sillons. — Hist.
« Lequel vigneron estoit sur un condot d'une our-
dière (ornière) de charrette sur le chemin. » (1417.
— L. C. — N. E.) — On trouve condol ou condot,
rendu en latin par le mot : porca, dans D. C. V»
Condis.
Conduire (se) (Mj., Fu., By.), v. l'éf. — Se
diriger. Ex. : C'est ben juste s'il voit se
conduire.
Conduiseur (Tr.), s. m. — Ouvrier chargé
de recevoir les blocs d'ardoise à l'orifice du
puits et de les répartir sur les chantiers.
Hist. — « Les conduiseurs desdites bêtes et
charroy seront tenus de l'amender. » (1371. —
L. C. — N. E.) — Dorénavant, les ouvriers d'à-bas
n'entendent pas payer les journaliers, les condui-
seux et tous les ouvriers qui ne sont pas employés
exclusivement à l'extraction. {Petit Courrier, 6 fév.
1905, 2, 4.)
Conduite (Mj., Fu.), s. f. — Règle de
conduite. On dit ironiquement d'un noceur
qui se range : Il s'est donc acheté eine
conduite? — Apprendre à se mieux conduire,
se corriger. || Accompagnement avec céré-
monie, il Conduite de Grenoble, — action de
reconduire à coups de bâton. C'est sans
doute une allusion à qq. conduite de compa-
gnons restée légendaire. || Conduite de onze
heures, — gourdin solide qui permet de
voyager la nuit avec qq. sécurité. || Dans un
bateau de marinier, on donne ce nom à une
forte pièce de bois, de 2 m. de long environ,
boulonnée sur les rabes du fond et qui sup-
porte le pied du mât. La conduite a remplacé
la carlingue, qui était beaucoup plus longue. ||
By. — Conduite de 11 heures ; syn. de Per-
mission de 10 heures ou de minuit. Grosse
canne.
Coner, v. a. — Priser ; se servir de la taba-
tière appelée -chincho ire, qui a la forme d'un
cône (?). Il By. — Côner, ô long. Priser beau-
coup, se bourrer le cône (le nez). — « Il cône
tellement que toujours sa touine est vide
(peu importe la forme de la boîte ou taba-
tière).
Confée (Mj.), s. f. — • Consoude. Plante de la
famille des borraginées. || Lue. — Id. Plante
des prés humides ; Delphinium- consolida. —
Syn. de Consôre. || Se dit à Pell. || Oreille
d'âne. (Mén.)
Confesse (Mj., Fu.), s. f. — (Français.)
S'emploie dans la loc. : Aller en confesse, — à
confesse
Et. Hist. — C'est le fém. de l'anc. partie, confès,
qui signifie : celui qui s'est confessé.
— « L'ennemi (le démon) qui nous caupresse
Ne het tant riens come confesse. (Vers 1300.)
Confessioniste s. m. (Ros.). — Celui qui
va habituellement à confesse. (Mén.)
Confiance (Mj., Fu.), s. f. — En confiance,
avec confiance. Ex. : Je illi donnerais ma
bourse en confiance. \\ Id. — confidentielle-
ment. Ex. : « Moi qui illi disais ça en
confiance ! » Ou : de confiance.
Confirmer (Mj., Fu., By.), v. a. — Giffler,
calotter. — Allusion au signe « sensible » du
sacrement.
Confondre (By., Mj.), v. a. — Abîmer,
gâter, détériorer. Ex. : Sa culotte est confon-
due. — Syn. de Rouiner. Tu vas confondre tes
souliers. || Lg. — Esquinter, tuer de fatigue.
Ex. : Je se confondu, — rompu, fourbu. Nout'
chevau était confondu. \\ Lue. — V. Enfondu.
Il (Mj.) V. réf. Se confondre, — faire con-
fusion, se tromper.
Et. Hist. — « Des choses qui sont fondues
22?
CONFONDU — CONSEILLER
ensemble n'existent plus, en qq. sorte : « Voyant...
mon herbe confondue, perdue. . ., si je ne dit mot. »
(P. L. Courrier. — Litt.) — « Finablement, la
plus grande partie de ladite porte fut confondue,
et cheut tout à plat. » (L. C)
Confondu (Mj., Lg., Lx., Br.), part. pas. —
De Confondre. Sali, gâté, abimé, détérioré : Sa
culotte est confondue. \\ Lg. — Rompu de
fatigue, épuisé, fourbu. Syn. de Grémi. \\
Fu. — Infesté : C'est confondu de chiendent.
Syn. de Efoisé, Guerpi. V. Confondre.
Confrérie (Mj.), s. f. — Confrérie ; l'ê très
long.
Hist. — « Ceux qui retiennent des papiers
concernant la fabrique, les confrairies et revenus
de l'église ne les ont point rendus. » (Anj. Hist.,
6" an., n° 6, 614. — Paroisse de Tilliers.)
Confusion (Mj., Fu.), s. f. — Grande quan-
tité, foison, grande abondance. Syn. de
Bénédiction, Foisance, Tournée. Ex. : Y a des
poume', à c't'année, que c'en est eine
confusion. — Y a eine confusion de vipères,
c't'année.
Hist. — « La nymphe porte un vase d'où
tombent en confusion des pièces de monnaie. »
(FÉNELON, XIX. 461.) — « Abondance de choses
placées pêle-mêle. » (Darm.)
Coniller, v. a. — Faire comme les conils
(lapins), qui se dérobent au moindre bruit.
Et. Hist. — Lat. Cuniculus. « Le fr. avait le v.
coniller pour dire : user de fuites ,de subterfuges, se
tapir. )) (Litt.) — Cette façon de parler est fort en
usage dans l'Anjou. (Ménage.) — En parlant de la
mort : « Je cherche à conniller et à me dérober de ce
passage. » (Mont., in, 349.)
Conjurer (Lue, Fu., By.), v. a. — Guérir un
mal par sortilège.
Conjureur, .s m. (Lue, Fu.). — Sorcier. —
V. Conjureux.
N. — Le conjureur de vipères arrête le venin en
prononçant des paroles cabalistiques aussitôt qu'on
lui a parlé de la personne mordue. Plus heureux
que le médecin, il n'a pas besoin d'examiner les
gens pour les guérir. Il ordonne tout de même des
remèdes, du séneçon et je ne sais trop quelles
autres herbes. — On assure que les gens soignés de
la sorte se ressentent des efTets de la morsure toute
leur vie ; mais c'est égal ; le conjureur s'y entend,
le médecin n'y connaît rien. » (Jl., Br.)
Conjureux (Mj., Fu.), s. m. — Conjurateur,
sorcier qui fait des incantations pour guérir
certains maux. V. Conjureur.
N. — Il est presque inutile de dire qu'on a la
plus grande foi dans les conjureux, dont les pra-
tiques et les formules mystérieuses se trans-
mettent de génération en génération, comme des
secrets importants. Il y a des gens qui conjurent les
brûlures, d'autres les entorses, d'autres le mal de
ventre, d'autres les morsures de vipères, les
anthrax, appelés vartaupes (Fu), etc., et il ne
manque pas de personnes qui vous affirment
sérieusement qu'elles ont éprouvé elles-mêmes un
notable soulagement à la suite des invocations des
conjureux, sans que ceux-ci aient, d'ailleurs, pra-
tiqué aucune manœuvre, appliqué aucun remède.
Seulement, la condition essentielle du succès est
une foi robuste de la part du patient. C'est là, en
effet, le point important. Ceux qui savent à quel
degré le moral peut réagir sur le physique ne dou-
teront pas que ces affirmations sont sincères autant
qu'elles sont désintéressées. . .
Connaissance (Mj., Fu.), s. f. — Maîtresse,
bonne amie.
Conneric (Mj., Lg., Tlm., Fu., partout). —
Bêtise, sottise, niaiserie, nigauderie. Syn. de
Bégaudage. Ex. : T'as encor fait là eine belle
connerie ! j| Mauvaise farce.
Conneûtre (Lg., Fu.), v. a. — Connaître.
Doubl. du vx fr. et de Queneûtre.
Connin (Lg.). — V. Colin. « Mon petit
connin, — mon petit lapin. » Angl. Cony :
lapin.
Connom. — Pour : prénom. Vx mot.
Hist. — « C'est ici le papier et ensignement où
est contenu. . . tous les noms, connoms des pères et
mères. . ., etc. » Le Longeron (dans tout le registre.
{Inv. Arch., t. ni, E, S, s., 384, 2.)
Conrayer, v. a. — Affûter une faux en
frappant dessus avec un marteau nommé
Bifflain. V. Forge, Batterie de faux.
Et. — « Se disait de la préparation de diverses
choses, particulièrement de celles qui exigeaient
d'être pétries, battues. (Conregere, corrigere.) Du
pain mal conréé, mal pétri. Cette acception pou-
vait bien venir de la préparation qu'on donnait aux
cuirs, qui consistait surtout à les battre, à les pétrir.
On nommait cette préparation courroi, du mot lat.
corium, cuir. De là, couroyer, mot qui, par l'alté-
ration de son orthographe, se confondit aisément
avec conréer. S'applique aussi à la préparât, des
draps, etc.
Conrée (Lue), s. f. — Courroie.
Conroie (By.). — Ou Conraie. Courroie.
Conroye (Château de la ). — Ainsi nommé
parce qu'il fut construit sur un emplacemnet
d'autant de terre que les conroyes d'un cuyr
de thoreau pouvaient circuir et environner
(par Hexgistus le Saxon — Jean de Botjk-
DIGNÉ, 18 1).
Et. — Lat. corrigia, fouet, de corrigere, coiriger.
Vx fr. Curgie, corgie, corgiere. (Litt.) — Soit :
mais Conroi signifie aussi : argile, marne argileuse.
De Montesson.)
Consarve (Mj., P'u), s. f. — Conserve. —
De consarve, qui se conserve longtemps, — se
dit des fruits.
Consarver (Mj., Fu), v. a. — Conserver.
Conscience (Mj.), s. f. — Faire conscience,
— donner du remords, exciter les reproches
de la conscience. || En conscience, — en vérité.
Il By. — En vérité conscience, — affirmation
sérieuse.
Conscrit (Tlm., Lg., Fu.), s. m. — Homme
de la même conscription. Ex. : Vous êtes
mon conscrit ; je sommes tous deux de la
classe 74. — Syn. de Classe. || Fu. — Se dit
aussi des filles qui ont le même âge que les
conscrits d'une même année.
Conseiller (se) (Mj.), v. pron. — Demander
conseil, se consulter. Ex. : Il s^était conseillé
à des gens qui s'y aconnaissent.
CONSENT — CONTRE
223
Consent (Tlm., Sa., Lg.), adj. q. — Consen-
tant, Ex. : Si ça s'est fait, c'est qu'il était ben
consent. — Aile en était consent. N. Ce mot est
invariable. || A Mj. et au Fu., on dit : à." A con-
sent ; à By. et Mj., être usassent.
Hist. — Très employé en ce sens au xvi« s.
« Pour ce firent tous d'un commun consent. >>
(Al. Chartier. — L. C.) — Brantôme a dit, en
parlant d'une révolte : « Il y en avoit qui n'estoient
nullement de consent, qui n'y consentoient pas. »
{Capit. fr. n, 248.)
Conséquent (Mj., Lx., Zig. 154, Fu.), adj. q.
— De conséquence, important. Ex. : C'est
eine somme conséquente ; — une ferme
conséquente, — considérable. — Ne se dit que
des choses.
N. — Conséquent, pour : considérable est un
.barbarisme que beaucoup de gens commettent et
contre lequel il faut mettre en garde. Une consé-
quence est une conclusion déduite d'une proposi-
tion. — On est conséquent avec soi-même quand
on agit comme on pense et comme on parle.
(LiTT.)
Consigne (Mj., Fu.), s. f. — Manger la
consigne, — - ne pas exécuter l'ordre reçu, ne
pas tenir la promesse donnée.
Consister (Mj., Fu.), v. n. — Le pat.
n'emploie ce mot que dans la loc. : Ça ne
consiste en ren, — cela n'a pas d'importance
ou pas de sens, cela est insignifiant.
Et. — C'est le sens le plus étymologique ; cum-j-
sistere, fixer.
Console (Sp.), s. f. — Consoude, V.
Consôre. Sans doute pour : Consode ; comme :
code pour coude. Syn. de Confée. Bat. Sym-
phitum ofTicinale.
llist. — « Ou la rose ou la violette.
Ou la consaude joliette. » Froissakt.
— « Je ne me doi retraire (cesser) de loer
La flour des flours , prisier et honnourer,
Car elle fait moult à recommender.
C'est la consaude, ensi la vœil nommer,
Et qui lui voelt son propre nom donner |
On ne lui poet ni tollir, ni embler ;
Car en françois a nom, c'est tout cler,
La margherite. (Froissart.)
Variantes : consaude, consolde, consoulde,
consourde.
Consôre (Mj.), s.f. — Consoude. Plante de
la famille des Borraginées. Syn. de Confée,
Console.
Et. — Les mots Console et Consôre sont l'un
et l'autre des doublets du fr. Consoude, dér.,
comme ce dernier, du lat. Consolidare. — Hist.
« Puis me torchay de mercuriale, de persiguière,
d'orties, de consolde ; mais j'en eus la cacque-
sangue de Lombard. » (Rab., G., i, 13.)
Conte 1 (Mj., Fu., By.), s. m. — Pour expri-
mer l'incrédulité, on dit : C'est ça des contes à
Robert mon oncle. |1 Au conte de X, —
d'après ce que dit Un tel. Ex. : A son conte,
c'est lui qui a raison. — Se rapproche de
Compte ; mais il y a une nuance : A ce qu'il
raconte.
Et. — Les deux mots, d'ailleurs, viennent de
computare et sont souvent confondus.
m. — Colporteur.
Conte - (Fu.), prépos. — Contre, à côté de.
Ex. : Il demeure conte chez moi. || Se pro-
nonce souvent Cotte, au Fuilet. On dit :
Conte chez le curé, ou bien Cotte chez. . .
Conté (Z. 150). — A côté de. Conté lé, à
ce Lé d'elle. || Se prononce presque conteure,
ou contere. || On dit aussi Quante, Quanté ;
quanté moi.
Content, e (Fu.), adj. q. — Entraîne l'idée
de saturation : Je suis content, pour : j'ai
bien déjeûné. — V'ià nos gorins ben contents,
— rassasiés, repus. || By. — J'ai entendu:Me
v'ia côre ben content pour à c'te heiire, Ghiou
marci (Dieu merci) la voûtre ; (s. e. bonté,
amabilité). — Ce n'est pas du langage usuel.
Hist. — V Nous avons pourtant
Tout nostre content
De mets pour notre repas.
. (Basselin. — L. C. — N. E.)
Conter, Contère (Mj., Fu., Zig. 196), prépos.
— Contre. || Près de, à côté de. V. Conte ^
Conterporteur (Mj.), s.
Corr. du fr.
Et. — Hist. « Colporteur. Sans doute de col^-
porter, porter sur son cou. Cependant la forme
ancienne est : comporter, qu'on peut expliquer en
disant qu'elle est pour : comporter, les syllabes on
et ou se confondant facilement dans l'ancienne
prononciation. Quoi qu'il en soit, Conporter reste
et rappelle le lat. comportare. On trouve aussi au
XVI® s. contreporter. « Les revendeurs de livres,
qui les portent à leur col par la ville, sont appelez
contreporteurs, d'un mot corrompu, au lieu de
colporteurs. » (L. C. — Littré.)
Contervention (Mj., Fu , By.), s. f. —
Contravention. Le Genevois dit Contreven-
tion, de Contrevenir. |j Fu. Id. Ou Contre-
vention.
Conteux (Lg.), s. m. — Conteur. Se dit
dans : Conteux de menteries, — menteur.
Contiendre (Mj., Fu.., By.), v. a. — Conte-
nir. Cf. Tiendre, Soutiendre, Retiendre.
Contient (Mj.), part. pas. — Contenu.
Continu, s. m. et adj. (Sa., By.). — Au
continu, — à proportion, proportionnelle-
ment. Ex. : Il était tout à fait grand, et puis
grous au continu. \\ Au continu de, — à l'ave
nant, à proportion de, relativement à.
N. — Ces deux locutions, inconnuesà Mj.,sontdes
plus employées à Sa. — || Lg. Au continu, — au
prorata.
Continuant (Lg.), part. pr. — Dans ein
continuant, — par la suite, à la longue. || Au
continuant, même sens
Contraire (Mj., By.), adj. q. et s. — Ben
du contraire, — tout au contraire.
Contre (Mj., By.), prép. — Auprès de, à
côté de. Il demeure contre chez nous. — Il est
venu se mettre contre moi à la messe. || Je ne
vais pas contre, — je ne dis pas le contraire, je
n'y contredis pas. || Ne pas aller contre de, — ■
ne pas se refuser à. Ex. : Je ne vas pas
contre de payer ce que faut. j| Il n'y a pas à
224
CONTREBAS — COPIEURS
aller contre, — c'est incontestable. || Sp. —
De contre, — auprès, à côté. Ex. : L'autre est
venu se mettre de contre ; je me trouvais
de contre. \\ Sp. — Au contre, — au contraire,
à l'opposé, en opposition avec. || Faire tout
au contre de, — faire le contraire de. || Mj. Avoir
contre son cœur, — avoir à contre-cœur. !|
S. m. — Le contraire. Ex. : C'est tout le
contre de ce que je pensais.
Hist. — « Dymanche 22 aougst 1568, à Valletz,
contre le bourg, sur le soyr, se trouvèrent l'un
contre l'autre M. de la Debaudière. . . et M. de la
Poëze. ). {Inv. Arch., S. E., m, 333, 1.)
Contrebas (Mj., Fu., By.). — En contre-bas,
plus bas. Un pré est en contre-bas d'un autre.
De même : En contre-haut.
Contre-bouter (Mj., By.), v. a. — Contre-
dire, contrecarrer. Par extens. ^'. Contre-
pointer.
Contre-guetter (Mj.), v. a. — Chercher à
arrêter, en se portant au devant d'elle, une
bête échappée, ii Rattraper au vol un objet
lancé. Syn. de Reciper, Recéper.
Contre- marche (Tlm.), s. f. — Forte
baguette de bois articulée d'un bout sur le
bâti du métier de tisserand et de l'autre bout
sur l'extrémité libre de la marche, qu'elle
rencontre à angle droit. Participant à tous
les mouvements de celle-ci, elle l'oblige à
monter et à descendre, suivant une surface
conique qui se rapproche d'un plan vertical.
Contre- moi. — Pour : avec moi ; se dit
d'accompagner qqn. « Viens-tu contre moi ?
M'accompagnes-tu? » — Voir Conte.
Contre-peste, s. m. — ■ Tussilago petasites.
grand bonnet. Autrefois, les médecins qui.
visitaient les pestiférés se couvraient la tête
d'un grand bonnet. (MÉx.) — Bat.
Contre-poison s. m. — Pied de griffon.
Vulg. Hellébore fétide. (Mén.) Bat.
Contrepointer (Tlm., By.), v. a. — Contre-
carrer. Il Contredire. Syn. de Contrebouter.
Proprement : Piquer une étoffe des deux
côtés.
Contreporteur (Mj.), s. m. — Colporteur.
V. Conter porteur. Syn. de Marcelot.
Contretirer (Mj., By.), v. n. — Tirer obli-
quement et irrégulièrement. Se dit d'un cor-
dage, d'une pièce de vêtement mal assemblée.
Contrevents (Lg.), s. m. — Favoris, barbe
qui couvre les joues. On les appelle aussi :
Tiges.
Contrôle (Mj.) s. m. (L'o très bref). —
L'enregistrement.
Contrôler (Mj.), v. a. — Contrôler. || Enre-
gistrer.
Convarsation (Mj., Fu., By.), s. f. —
Conversation.
Convarsion (Mj.), s. f. — Conversion.
Convartir (Mj.), v. a. — Convertir.
Conveint (Mj., Fu.), part. pas. — Convenu.
Ex. : C'est le jour que j'avions conveint.
Convenance (Mj., Lg., By.), s. f. —
Convention. .Ex. : Ça dépend des convenances
que n'on a ensemble. Ils avaient des conve-
nances entre eux.
Convenir (Mj., Fu.), v. a. — Convenir de,
fixer, désigner d'un commun accord. Ex. :
Faut convenir ein jour pour nous rencontrer.
Le part. pas. est : conveint. X. On dit Conve-
nir et Conviendre ; Conveint et Convient.
Convient (Mj., Lg.), part. pas. — Convenu.
Cop, s. m. — Coup à boire. || On voit dans
la loi salique (édit. Eccard, t. II, art. 7) :
« Usque ad très coppas >>, trois coups pour
punition. (C'est un autre sens. A. V.) Ou de
Coparius (échanson), qui est a copis vel
poculis (D. C.) — On achetait une cope de
sel ; copa, mensura vinaria, olearia et salina-
ria. — B. L. colpus, de la Loi Salique, de
colapus, colaphus, qui se trouve dans le sens
général de coup ; du lat. colaphus, coup de
poing, soufflet. — Coup de vin, ce qu'on boit
en un coup, en une fois. (Litt.)
— « Et quant rafTrechi fut l'abbé à son talent,
Et il ot bû un cop de ce riche piment. »
(Chroniq. manuscr. de Bertr. du Guesclin. —
MÉN.)
— « Avant le cop. j'ay profonde bleçeure. »
G. C. Bûcher, 173.
|[ Add. — Tlm. — Cop, coup. — Mai d'un
cop, tout d'un coup {Mireille, 42, 4.)
Copage (Lg., Tlm.), s. m. — Fourrage vert,
tel que le seigle, trèfle, luzerne, jarrosse,
vesceau, etc.
Et. — Syn. et d. de Coupage. Dér. de Coper.
Copay, s. m. (Craon). — Estomac d'un
animal.
N. — Copa, estomac (Orats). — Kopé, — le
gros intestin, le boyau supérieur des ruminants
(DoTTDf). V. Copet.
Cope (Lg.), s. f. — Coupe. || Castration.
Syn. de Coupe. || Trace de la castration au
flanc d'une truie. Syn. de Senure.
Cope-clioux (Lg.), s. m. — Nom que l'on
donne ironiquement aux paysans. — Cf.
Castaud, Chasse-pie, Dâbr'e, Vire-bouse, Pic,
Pampre. Pitois.
Coper (Tlm., Lg.), v. a. — Couper; forme
vieillie, mais encore en usage.
Et. — Doublet du mot fr. — A noter que de cette
forme vient le fr. Copeau, tandis que le patois
angevin emploie le s. Coupeau.
Copet, s. m. — Estomac (Segr.). Avoir mal
au copet. (Mén.) — V. Copay. \\ Mj., Fu.
Petit coup, à boire. Ex. : Si je boivions ein
petit copet. Syn. et d. de Coupet.
Copieurs, s. m. — Railleurs.
N. — « Il y a une espèce de raillerie qui consiste
à imiter et contrefaire les personnes. . . Et de là ;
Copieurs de la Flèche (Méxage). — Copie, rail-
lerie, brocard. Peut venir de Cop, dans le sens
de Coup de langue, ou de Copia, au sens d'imi-
COPIEUX - CORCI
225
tation moqueuse : « Voici qu'il y avait une vieille
accroupie au coin d'une muraille qui lui vint
donner sa copie en lui disant en son vieillois, etc. .
(Contes de Des Perriers, i, 28, 178.) — Copier.
Nous avons parlé des copieux de la Flèche les-
quels ont dit avoir été si terribles gaudisseurs que
jamais homme n'y passait qui n'eût son lardon ;
je vous dirai d'un grand seigneur qui entreprint
d'y passer, sans être copié. » (Id, ibid... p. 1-77.)
— Coppier vient assez clairement de Cop, coup
de langue, bon mot, plaisanterie, dans le passage
suivant : « Quand nous eusmes bien coppié.
'^i bien lardé, et devisé, etc.
COQUILLARD, p. 158.
Copieur, railleur, moqueur, plaisant. — L'éty-
mologie de Le Duchat, sur Rabelais, i, 178,
tirée de copier, contrefaire, ne vaut rien du tout.
Vient de Cop, coup de langue : « Copieux ont été
nommés pour leurs gaudisseries. » (Des Per-
riers). — « Mille et mille autres petits contes
faisait ce copieux curé à ses paroissiens, affin de les
engarder de dormir en ses sermons. » (Ibid.) —
On disait en proverbe -. Copieux d'Angers (Dict.
de CoTGRAVE), Copieux de la Flèche (Conte de
Des Perriers). — (Tiré de La Curne.) —
Kopyoé. Qui copie, qui imite les gestes et les
façons des autres. (Dottin.)
Copieux (Mj.), adj. quai. — Remarquable,
admirable, merveilleux. — Pas d'autre sens.
Copin, et mieux Copain. — • Compagnon ;
vx fr. compaing. — Qui mange le même pain.
Coquarder, v. n. (Segr.). — Se dit d'un
chant particulier de la poule au moment où
elle doit pondre. (Mén.) Cf. Cocasser.
Coquart. — Sot, niais (Lé). Ne serait-ce
pas le diminutif de Coquillard, qui signifie :
mari trompé par sa femme (Amiens) ou sim-
plement de Cocu ou de Coquet? (Mén.)
Et. — Hist. — Vieux coq ; — fou, benêt. « Icel-
lui Bernart dist audit Duchesne : . . .Va-t-en hors
de ma maison, Coquart ; lequel Duchesne rcspondi .
audit Bernart qu'il n'estoit point Coquart, mais
que ledit Bernard estoit bien Coquart, bernart et
tout SOS : car il n'estoit si mauvaise Couardie que
sotie. — Coquillard, Coquebin, Coijuebers. »
(D. G.)
Coquatre, s. m. — Demi-chapon, poulet
chaponné à moitié. On dit d'un homme oui
chante mal qu'il a une voix de coquâtre.
Et. — Coq+âtre, suff. péjor. (Litt.)
Coquaiid (Mj., Lg.), s. m. — Œuf. Terme
enfantin. Syn. de Coquet. N. J'ai écrit ailleurs
Coco, parce qu'oii le trouve ainsi ortho-
graphié au sens de : nigaud ; mais l'orthogr.
ci-dessus est plus conforme à la prononcia-
tion.
Coque (Mj., By.), s. f. — Ovaire de poisson
rempli d'œufs. 1| Enroulement, repli très
court d'un fil de fer. j| Lg. — Partie d'un bloc
de granit circonscrite par une fissure et qui
saute aisément à la taille. || Sa. — Coque à
l'Avent, coque du Levant. || Grande coque,
ou ciguë major ; cocue, ciguë, seguë, cerfeuil.
(Mén.) Il By. On dit : de la z'guë, l'ézguë.
Coque (Mj.), adj. q. — Se dit d'un poisson
dont l'ovaire est plein d'œufs, œuvé.
Coqueeigrolles (By.), s. f. — Maigre nour-
riture. Syn. de Coquecigrues. — N. J'ai
entendu dire en ce sens : Des coquecigrues et
des papillons rôtis.
Coquelourde, s. f.
tille. (MÉN.) Bat.
Vulg. anémone pulsa-
Coquer (Mj., By.), v. n. — Eclater avec un
bruit sec. Ex. : Je vas te tuer tes pouées
(poux), je vas les faire coquer. \\ Se heurter
avec bruit. — De : coc ! onomatop. || Prends
garde, la bouteille va coquer. (Li., Br.) ||
(Mj.) Se boursoufler. Ex. : L?s moches font
de mauvais murs ; ça fait coquer l'enduit. ||
V. a. Siffler, lamper, flûter, avaler d'un trait.
Ex. : C'est lui qui a bentout fait de coquer
eine verrée de vin. — N. De coc ! à cause du
bruit que fait le gosier de celui qui avale de la
sorte. Il Chaucher ; le coq coque ou coche sa
poule.
Coquereau (Mj.), s. m. — Jeune coq,
cochet. Dimin. régul. du fr. Coq. — Syn. de
Jaulet, Jolct. Cf. angl. Cockerell.
Coquerets. — V. Amour en cage. (R. Ba-
zin, La Sarcelle bLue, p. 256.) Coquerelles, de
Bat.?
Coquet" (Lg.), s. m. — Œuf. Syn. de Coco,
Coquaud. De là le fr. Coauetier. Terme enfan-
tin. Il Sal. — Limaçon, à cause de sa coque.
Syn. de Luma, Limas.
Coquette, (Mj.), s. f. — Saxifrage, plante
d'ornement.
Coquille (Pell., By.), s. f. — Copeau mince,
enlevé par le riflard ou le rabot. Syn. de
Rifle, Frison.
Et. — Du lat. Conchylia, plur. n. de Conchy-
lium (on trouve conquilium dans un vx Glossaire)
du grec. — Ou de : coque, dér. de : concha, avec la
forme diminut. ille. Cf. Flotte, flottille. (Litt.)
Coquoire (By.), s. f. — Pour : Pétoire. Tige
de sureau vidée de sa moelle, dont les enfants
font une sorte de canon. (Bl.). V. Chiquoire.
Cor — Pour : Encore. « Si c'tait cor vrai !
— encore, si c'était vrai! — En voul' vous
cor ? »
Corbeau, s. m. (Sp.). — Bout de rondin
incomplètement carbonisé. Terme de la
langue des charbonniers. || Fossoyeur.
Hist. — 1367 : « La nuit d'entre le 14 et IS" jour
d'apvril a esté ensépulturé dans le cimetière par
des corbeaux le corps de Michel Pétart ; lequel est
mort de peste. » (Iru>. Arch., ii, E. S. p. 364, 1.)
Corheillou. (By.), s. m. — Panier dans
leciuel ou distribuait le pain bénit.
Corbelet (Lg.), s. m. — Pièce de bois ou de
pierre en saillie, encastrée dans un mur et qui
soutient le manteau d'une cheminée ; console,
corbeau.
Et. — Dimin. de Corbeau. De ces mots vient le
ranç. Encorbellement.
Corci (Ba., De, By.). ■ — • Durci, surtout en
parlant des aliments, un artichaut, des
légumes : « C'est tout corci. » — Ne fais pas
15
226
CORDE — CORLETTÊ
trop cuire les rillettes, ça les ferait corcir. —
Cf. Corner.
Corde, s. f. — Mesure de solidité pour les
bois de chaufTage, bûches ou rondins. A
Montjean, la corde a 8 pieds de couche, sur
4 pieds 2 pouces de hauteur, et les bûches
doivent mesurer 32 pouces ; ce qui donne un
cube de 3,24 stères. |! A Saint-Paul, on
envoie promener les importuns en les priant
d'aller se baigner dans eine corde de bûches.
Fu., id. Il Au premier avril, on envoie les
simples d'esprit chercher la corde à virer le
vent. Il By. — Ancienne mesure agraire, de
63 au quartier.
Et. — On prenait cette mesure avec une corde ;
les fagots, au contraire, se vendent au nombre.
Lat. chorda, boyau, puis corde à boyau, et corde
en général. Elle contient environ quatre stères ;
3 st., 30. — Il V. Citation des Coustumes d' Anjou, au
mot Somme.
Cordé, ée (Mj., Fu.), part. pas. — Colique
cordée, — colique de miserere. Ainsi appelée
parce que, dans la croyance populaire, elle
proviendrait de ce que les intestins se
nouent ou s'entortillent les uns avec les autres.
Il Point cordé, sorte de point de tricot. La
maille, prise à revers, est enroulée sur elle-
même.
N. — By. — Il faut bien faire attention à la fin
de la cuisson des rillauds : un coup de feu mal réglé
et les rillauds (et les rillettes) sont cordés (sans
doute pour : cornés). — Les carottes, les choux-
raves, les navets, en vieillissant, deviennent cordés,
ou miches (l'un ou l'autre). — Filandreux.
Cordeau (Lg.). — Au plur. : Rênes, guides
d'un cheval. || Ec. — C'est la corde avec
laquelle on mène les chevaux à l'abreuvoir,
par exemple, ou avec laquelle on les attache
à l'écurie, — mais non les rênes. || Fu. —
Ficelle poudrée de blanc d'Espagne ou de
noir de paille pour tracer les traits de char-
pente. — Cordée pour la pêche à l'anguille.
Les cordelettes qui portent hameçon s'ap-
pellent cordillettes. || By. — Cordeaux. Lignes
de fond à deux brins. Elles servaient à sup-
porter les épinoches, montées pour la pêche de
l'anguille au printemps. — V. Champeaux,
Virecou, Perrons, Branles.
Cordée (Lg., Dt.), s. f. — Ligne de fond
dormante portant plusieurs hameçons atta-
chés à des cordelettes ; elle sert pour la pêche
à l'anguille. V. Cordeau.
Hist. — Procès-verbal pour pêcher à la cordée
contre L. M., etc. {Ang. de Paris, 23 juin 1907,
3, 3.)
Cordeler (Sa., Va.), v. a. — Arpenter.
Hist. — Desquelles vignes en a esté faict cor-
delaige et arpentaige par le menu. » (1614. — Jnv.
Archiv. G. 31, 1.)
By. — Faire une petite corde ou une cor-
delle pour mettre à la patte des canards de
chasse, — ou au bout du fouet.
Cordeieur, s. m. — Celui qui mesure la
terre à la corde et pour celui qui mesurait
ainsi le bois. (C. D.) La corde était de 25 pieds
de côté, un peu plus de 66 centiares. (Mén.) —
Se trouve aux Coutumes d'Anjor-
Cordelle (Pell., Crz., Lue). — Chiendent.
Et. — Dér. dimin. de Corde, pour raison évi-
dente. Qqf. petite corde pour le hâlage des bateaux.
Il By. et Mj. — C'est un Billon, en ce sens.
Corde à quoue (Mj.), s. f. — Cordage qui
sert à amarrer l'arrière d'un bateau à la rive.
V. Quoue ou Coue.
Corder (Lg., Fu.), v. a. — Rempailler une
chaise. Syn. de Joncer, Foncer, Fesser. \\ By.
— Machine à corder les fils de Champeaux.
Elle consiste en une boule en bois surmontée
d'une tige en bois, munie d'un crochet. On
attache deux fils à ce crochet, puis, d'un coup
sec, le pêcheur roule la tige sur sa cuisse ; la
boule entretient le mouvement et les fils se
cordent.
Cordes-de-ehat, s. f. — Filon de quartz
blanc au milieu des schistes. (Tr. — MÉx.)
Cordeuse (Lg.), s. f. — Rempailleuse de
chaises.
Et. — Dér. de Corder.
Cordillette (Lg., Fu.), s. f. — Petite ficelle
attachée à une cordée et qui porte un hameçon
à son extrémité. Syn. de Champeau.
Cordillon (Tlm.), s. m. — Cordelette qui
soutient Vyètre, ou pennon du métier de tisse-
rand. Chaque cordillon, tendu en son milieu
par une marionnette, se rattache par son
extrémité supérieure à une courroie de cuir
passant sur un rouleau de bois que supporte
le porte-chaîne et, par cette courroie, au
cordillon du pennon opposé.
Côre (Mj., Ti., Zig. 153, Fu., Z. 196, By.),
adv. — Encore. Ex. : A n'est côre pas venue.
C'est le fr., avec aphérèse de la première svl-
labe. V. Cor.
Coreau, et mieux Choreau (By.), s. m. —
Enfant de chœur.
Hist. — « Cureaux — Choralis — « Item, les
petits enffens, c'est assavoir les petiz cureaulx,
ne doivent pas seoir ne estaller es chaeses haultes
ne basses, mes ils doivent estre en estant es petiz
releiz du cueur en manière de station. » (D. C.)
Corellas — Mot inexpliqué.
Hist. — « Comme les gabeleurs (gabelous)
— en terme vulgaire — et les contrebandiers sont
deux corellas ; détruisant les premiers, ont détruit
une grande quantité de voleurs. » (Cahiers de La
Romagne. )
Corer (My.), v. a. — Arrêter une roue avec
un obstacle. Caler. Cf. Accourer. \\ By. —
Côrer, ou plutôt Accôrer.
Corgne (Lg.), adj. q. — Traître, brutal. Syn.
de Trique. Mot vieilli.
Corgnère (Mj., Fu., Zig. 196), s. f. — Cor-
nière.
Corletté, ée, adj. q. (Ec). — Une cane
cortettée (coUerettée), qui a comme une colle-
rette de plumes de couleur blanche tranchant
avec le reste. V. Amouré.
CORNAGE - CORNIÈRE
227
Cornage (Tlm., Fu.), s. m. — Manière dont
les cornes sont disposées. Ex. : C'était un bon
bœuf, mais il n'avait point un beau cornage.
Cornaige. — V. Cornage.
Cornâillard, e (Mj.), adj. q. et s. m. et f. —
Se dit d'une bête bovine qui aime à cornâiller.
Cornâiller (Mj.), v. n. — Donner des coups
de cornes de tout côté. V. Diguer. Ex. : Ceté
bougresse-là, a ne fait que de cornâiller dans
son piquet ! || Po., Als. — V. réciproq. — •
Lutter l'une contre l'autre en s'attaquant
avec les cornes. « Mes vaches a s'cornâillent. »
Cornard i (Mj., Sp., Fu.), s. m. — Mari
trompé. Il Auv. — Cerf, insecte coléoptère. ||
Mj. — Bateaux de la Maine, appelés aussi
Jobs, Mainiers ou Moiniers, caractérisés par
deux longues perches fixées verticalement au
bordage, à droite et à gauche de l'avant.
Et. — Au premier sens. Les cornes ont été de
tout temps un symbole de moquerie et ce sens est
très ancien :
— S'est plus cornars qu'uns cers rames
Riches bons qui cuide estre amés.
(Roman de la Rose.)
Et dans un acte de 1400 : « Renoul dist audit
Boursaut qu'il estoit un grand Cornart, qui vault
autant à dire, selon la coustume du pais, comme
un grand ceux. » (L. G. — N. E.)
Cornard - (Mj., By.), adj. q. — Corneur,
poussif, atteint de cornage, en parlant d'un
cheval.
Et. — D'après le bruit, comparé à celui d'une
corne dans laquelle on souffle.
Corne (Mj., Fu.), s. f. — Bigne, bosse au
front. Il Baisser la corne, — baisser le front
comme un coupable ou un enfant timide. ||
De corne en coin, — en ligne diagonale.
Et. — Du lat. pop. corna, pour : cornua, plurii
du n. cornu, employé c. f. s. — Au 2« sens : « Lors-
qu'on fut venu à bout, en 1412, de réprimer les
désordres et pilleries des Anglais : « Fut toute
la terre, et frontières des dits Anglois, esmeute, et
pleine de rumeurs, et tant qu'ils se retrahirent
toutes leurs cornes abaissées, mais dedans brief
temps recommenceront. » {L. C.) — N. — La
cornette, étendard, a été dite ainsi à cause de sa
forme.
Corné-ée, adj. q. (Li., Br.). — Qui sent
mauvais. De l'eau cornée.
Et. — Hist. — On disait aussi : corner pour :
sentir mauvais, se corrompre, en parlant du poisson
et du gibier. Cette acception naît de l'usage de
publier au son de la trompette le poisson que l'on
avoit de la peine à vendre : « Je ne scay... si
autrefois en Poictou on n'a point vendu le poisson
au son, et cry de cornet, qui servoit de tintinnabule,
dont usoient les Grecs, en la vente de leur poisson.
Car on dit, en ce pais, que le poisson corne, quand
il est gasté, puant et corrompu. » (Bouchet, Sé-
rées, I, 231.) Ainsi corner ne signifie pas absolument
et proprement : sentir mauvais. . . Il n'a eu cette
signification que parce qu'on a pris le signe pour
la chose même, et c'est de là que vient l'abus du
mot corner, en parlant du gibier qui se corrompt,
quoiqu'on en publiât la vente à son de trompe.
» Ils ne trouvoient bon le gibier sinon qu'il cornast
un peu, c'est-à-dire sans déguiser les matières,
qu'il ne fut un peu puant. » {Apologie pour Héro-
dote, p. 442. — L. C.)
Corneau ' (Mj., Fu.), s. m. — Sorte d'alose
de forme plus allongée et de qualité très infé-
rieure, qui remonte la Loire par bandes très
nombreuses dans le courant de mai. Les rive-
rains la pèchent la nuit, au carrelet à revers.
On l'appelle aussi Couvart ou Couverts. — Le
corneau a une légère échancrure au milieu de
la mâchoire supérieure. Il n'a pas de dents, ce
qui le distingue de la finie. V. Ratouillard. \\
By. V. Zigzags, Suppl. 2.
Corneau "^ (By.), s. m. — Lieux d'aisance.
Syn. de Gogueneau, etc.
Et. — Corneau paraît être une erreur pour
Créneau. Tuyau de plomb, de bois, servant au
passage des ordures provenant de la bouteille ou
de la poulaine (communs de l'équipage). V. Car-
neau, autre forme de Créneau. (Darm. V. Cré-
neau.). V. aussi Corné.
Corne-de-çarf (Mj.), s. f. — Herbe à odeur
forte que d'aucuns cultivent dans les jardins.
— Ménière la nomme (à tort) : Licochet, ou
laitue vivace. Thlaspi sativum, nasitort,
cresson alénois. Bat. |j Sorte de pâtisserie
(Ba.), d'après sa forme.
— Habitant de
Cornéiais (Mz.), s. m.
Corné.
Corneille. — V. Chasse-bosse. (Mén.)
t^jEt. — Emprunté du radie, de Cornéole ; lat.
du m. â corneola. Orig. incert. (Lysimachie,
chasse-bosse, corneille, genêt des teinturiers.)
Darm. — Cornéole, Cornaline, Corniole. (L. C.)
\(- Corner ' (Segr.), v. n. — Se dit en parlant
d'un fruit qui est plus que mûr, sans être
gâté ; une poire cornée, une poire dont l'inté-
rieur est mou. Syn. de Chope, Blette. \\ V. n.
Devenir très dur (ce qui est tout le contraire
du sens ci-dessus) sous l'influence de la séche-
resse. (Mj.) Se dit de la viande cuite sur un
feu trop vif et de certaines terres argileuses.
Se corner, même sens.
Corner '. — Crier très haut aux oreilles ;
répéter, ressasser. || Bourdonner. « Les oreilles
me cornent; il m'est advis que je oy Proserpine
bruyante. » (Rab., P., m, 17, 251.) || By.—
Ein beau ch'fal ; c'est-y dommage qu'i corne;
il a le chassifiau trop étret. — Souffler forte-
ment.
Cornet (Li., Br.), s. m. — Un carnet. || Mj.,
Lg. — Estomac, ventre. Ex. : Je n'ai ren
dans le cornet. V. Fusil, Sifflet, Coco.
Cornette (Mj., By.), s. f. — Variété de
chicorée à larges feuilles ; sorte de scarole.
Et. — Par analogie de forme. Nom vulg. de la
mélampyre des champs. (Plumelle, queue de
renard.) Darm.
Cornière (Mj., Fu., By.), s. f. — Coin. — On
dit : Dans tous les coins-cornières, dans tous
les recoins. |l Regarder de cornière, — regar-
der du coin de l'œil, regarder de travers.
N. — La cornière d'un bois, en Berry, est le
coin d'un bois. — Angl. Corner, coin, angle.
228
CORNIFLART — CORTÊ
Corniflart — Pour : Ecornifleur. Celui qui
vient en cachette écouter ce qui se dit, écor-
ner les phrases d'une conversation. (Mén.) —
Ecornifleur, le renard, dans La Fontaine. ||
Fu. Corniflart.
Cornîlle (Auv., Segr.), s. f. — Corneille,
groUe, gros corbeau ; choucas. V. Joquart.
Cornon (Mj.), s. m. — Petite corne. !|
Pointe de pioche. Ex. : J'ai cassé ieun des
cornons de ma pioche. Syn. de Piochon, Pique,
Picot.
Cornou, s. m. — V. Corneau \
Cornuchet (Lg.), s. m. — Sorte de jeu de
boules qui est à peu près le même que celui
de la Marque, de Tlm., et de Maulévrier. Voir
au Folk-Lore, vu.
Cornuelle (By.), s. f. — Poutre prolongée
au nez d'un bateau. — V. F.-Lore. — Cou-
tumes (bateaux), ii.
Coroure, s. f. — Sonnerie de cor, de trompe.
Hist. « Hardouin de Fontaine-Guérin, composa
un Traité de vénerie, laborieux poènae de 2.000
vers, où il enseigne sortes de cornures ou sonneries.
{Anj. hist., 2e an., n» 1, p. 93.)
. . . Qui se fera ordonner
De justement et droit corner
Les quatorze cornures dites, etc.
Il y en avait une qui s'appeloit : D'appel de
chiens la cornure. (L. C.)
Corpion (Mj., Fu.), s. m. — V. Courpion
Corr. de Croupion.
Corporé, ée (Mj., Fu.), adj. q. — Taillé, bâti,
bien découplé, en parlant d'un homme. Ex. :
Ben corporé, — bien pris dans sa taille.
Corporence (Mj., By.), s. L — Corpulence.
Il Taille, manière d'être, habitude du corps.
Hist. — Le genevois dit Corporance, usité aussi
au xvi« s. :
Car on dict, vu sa corporance,
Que c'eust esté un maistre bœuf. . .
(Marot. E pitre de Jehan le Veau.)
— « Il se fait adorer et sait mieux aimer que
n'aiment les gens d'une irréprochable corporence. »
(H. DE Balzac. César Birotteau, p. 108.) — « Il
n'est pas surprenant que M. le Cardinal dans l'obs-
curité ait pu prendre la fille d'Oliva pour la reine,
même corporence, même peau..» [Annales pol.
et litt., 946, 90, 1.)
Corps (côr) (Mj., By.), s. m. — Tomber à
corps mort, — faire une chute violente, sans
avoir le temps de se garantir avec les mains. ||
Se donner le corps à la peine, — trimer. || Fu.,
Mj. — Homme, individu en général, avec une
nuance de dédain ou de commisération, sur-
tout personne misérable et soulîrante. Ex. :
Jamais on n'a vu si hère que c'té pouvre corps-
là ! Il Fu. — Se prononce Caure, au Long., en
ce sens. Pauvre corps, pauvi'e hère. On dit
parfois : Pauvre corps du Seigneur ! || Lms. —
« Mon pauvre corps. » Mon pauvre bon-
homme ! — Zig. 196. Pouvre corps mordu de
puces. Il Mj. Corps d'âme, — personne. Ex. :
Je n'ai vu corps d'âme, âme qui vive. ||
Foutre par le corps, — accorder subitement
après un long débat. || Crier sus le corps, —
hêler, invectiver, menacer de loin. || Lg. —
Se prendre de corps, — avoir une rixe, une
querelle ou une dispute. || Sorte de corset
primitif. Syn. de Camisole, Corselette.
N. — On appelait jadis : corps, bâtes ou bâtines,
des espèces de corsets que les femmes se confection-
naient elles-mêmes, ou faisaient faire par les
ouvrières du pays. Ils étaient formés de toile
épaisse, mise en double et piquée, mais non ren-
forcés par une armature de baleines ou de lames
d'acier. Le corset parisien a remplacé tout cela,
et ces mots sont maintenant hors d'usage, comme
la chose qu'ils rappellent. |i By. — N. La chose
qu'ils représentent est encore très usitée, et on
lui donne le nom de taille (Segré) ou de camisole
(By.) — Les vieux corsets, grands et durs, sont
désignés sous le nom de Bâtes.
Corroie, s. f. — Courroie. V. Couraie.
Et. — Lat. corrigia, courroie, fouet, de corrigera,
corriger . (Litt.) — L. C. le tire de corium, cuir ;
ceinture de cuir, et bourse de cuir qui y était
attachée.
Hist. — « J'aurai à ces quaremiaus (quaresme)
Abit pour moi renouveller,
Corsie, espée et boqueler (bouclier).
(Froissart.) L. C.
Corrompre (Mj., By.), v. a. — Mitiger,
atténuer ; corriger la saveur de, remédier
aux propriétés pernicieuses de, tempérer,
assainir. Ex. : Ein petit de vin — de vinaigre
— ça corrompt l'eau. — On prononce Cor-
rompe. Cf. Dompter. — « C'a bonne envie de
geler toutes les nuits, mais heureusement que
n'y a eine petite bérouée le matin qui cor-
rom,pt ça. »
Et. — Corrumpere, rompre l'ensemble. — Mo-
difier dans sa substance ou sa forme. Corrompre le
cuir, l'assouplir ; la cire ; le fer. (Darm.)
Corronipure, s. f. — Corruption.
Corselette (Lg.), s. f. — Sorte de corset. —
Voir Corps, le dernier sens. — Ajouter :
muni d'épaulettes.
Corseté, — Pour : Corsé, qui a du corps.
On corse le vin en y ajoutant de l'alcool. « Ce
vin est corseté. » — On a supprimé le p
étymol. de corps.
Corsetter (Mj., By.), v. a. — Sangler dans
un corset.
Et. — Corps, cors, corset.
Corsière (By.). — V. Cossards.
Cors- de- ventre (Mj., By.), s. m. — Cours
de ventre, diarrhée. Syn. de Courante,
Va-vite, Débord.
Corté (queurté) (Fu., etc.), adj. q. — Vlk
eine petite fille bien coriée, bien mise, bien
attiffée, à qui ses vêtements vont bien. —
« En vela-t-il ieun qui passe qui est bien
querté ! » Cf. Querter.
Et. — De accort, accorte, avec suppression de
l'a initial ? Le sens primitif serait : qui est de
gentil esprit, avisé, gracieux, puis : insinuant,
llatteur. Ital. accorto, même sens. Le sens s'est
étendu de l'esprit à la physionomie, puis au cos-
tume. De Montesson propose Crête, propre, bien
CORVÉIBR — COSSON
229
mis : « La dispense que mesme des hommes,
ecclésiastiques et des plus crestez, jouissent en ce
siècle. » (Mont. Ess. m, 5.) Cf. Arrêter. — Orner,
parer. Crêter, c'est évidemment : faire la crête.
D. C. au mot Cresta, lui donne le sens de peigner,
mais, comme expression populaire, syn. de Mal-
traiter. « Vray ment, tu es bien accresté à ce matin. »
(Rab., g., XXV.) — '( Accresté à la mode antique. »
(Id., P., II, 1. — Le lecteur choisira.
Corvcier, s. m. — L'homme qui travaille
à la corvée.
Et. — Corrogata, corroata, corrovata, corvada,
corvede, corvée. L. class. corrogare, prier plusieurs
personnes en même temps. La : corrogata (opéra)
est à l'origine une œuvre collective demandée aux
vassaux. (Darm.) — Corvayer ; qui doit la corvée
(L. C.)
Cosaquin (Mj., Fu., By.), s. m. — Casaquin.
Et. — Casaque de : casa, vêtement de maison.
DiEZ cite à l'appui le B. L. casula qui, signifiant :
petite maison, a pris le sens de cape, et, à l'appui
du suffixe (cas-acca), Fital. guarn-acca, robe de
chambre. Ajoutez à ces arguments le B. L. cazeta,
sorte de vêtement. (Litt.) — Orig. incert. (Darm.)
Cf. Casaque.
Cossard (Lmy., Cho., Fu), s. m. — Oiseau
de maçon, dans la langue de ces ouvriers.
Forme masc. de Cossarde. || Grosse corde de
la seine. By.
N. — Il y a confusion (By.). Les cossards sont les
lièges enfilés dans l'une des deux grosses cordes
de la senne. Ces deux cordes, qui bordent la senne,
l'une portant les lièges, ou cossards. l'autre les
plombs ou les ardoises, s'appellent des Corsières.
Dans les petits engins, nappes, nappereaux, tra-
mails, elles s'appellent des filières. Ces cordes, de
différentes grosseurs, suivant l'importance de leur
emploi, doivent être faites avec du iijné (cordages
fabriqués avec du chanvre mâle teille et simple-
ment ébaudré. L'âme des câbles se fait surtout avec
la baudre du teille. V. Tramail, Lèche, Lège.
Cossarde (Mj., Lg.), s. f. — Oiseau de proie
diurne d'assez grande taille, qui doit être le
busard. — Fu., Buse. || By. — Epervier.
Hist. — « Pour les préserver des atteintes des
hobereaux, cossardes, éperviers ou autres. {La
Trad., p. 26.5.)
Cossardée (Lg.), s. f. — Le contenu d'un
cossard, d'un oiseau de maçon.
Cosse* (Mj.), s. f. — Sorte de pierre schis-
teuse ; première couche d'une ardoisière. [|
Lue, By. — Roches coquillières. i| Lg. —
Rocher, promontoire rocheux. N. Le même
que le mot Mj., avec un sens légèrement diffé-
rent. Il Lg. — Souche. Ex. : J'ai fendu mes
cosses cet après-midi. || Lg., Se^r. — Moule à
courber les tuiles. Syn. de Ouéau. V. Cossette.
Cosse - (Mj.), s. f. — Garniture de tôle qui
renforce la boucle formée à chaque angle
supérieur de Vencourre ou ralingue d'une
voile. — Anneau de fer plat qui, recourbé sur
les bords, présente une cannelure propre à
recevoir et à maintenir un cordage dont on
l'entoure. (Litt.)
Cossé. — Nom de lieu.
Et. -^ J'extrais les curieuses explications sui-
vantes de l'ouvrage de M. Sudre : Cours de Gram-
maire historique, rrP partie. Formation des mots
et vie des mots. — « Considérons un même type
de noms, Cautiacum ; il deviendra suivant les
lieux : Cussac, Cuisia, Cussat, Cuissai, Cussay,
Cossé (Maine-et-Loire), Cusset, Cussy, Cuissy,
Coisy, Choisey, Chouzy, Chouzé, Choisy. Ainsi
s'est formée cette quantité considérable de noms
de lieux (hameaux, villages, villes) qui, pour la
plupart, sont à l'origine des noms de fermes,
de domaines ruraux, gallo-romains. — Le sufî. ac-u
est d'origine gauloise. Après -la conquête de la
Gaule, Auguste (27 Av. J.-C.) y établit l'im-
pôt foncier ; la propriété foncière n'existait pas
alors dans ce pays, la terre appartenant à la
commune, au pagus. L'établissement de cet
impôt transforma la propriété communale en
propriété privée ; les grands personnages de la
commune devinrent propriétaires soumis à l'im-
pôt et durent exploiter les terres qui devenaient
leurs domaines. Il fallait désigner ces domaines
et créer une quantité de noms de lieux. On recou-
rut à un moyen bien simple qui consista à ajouter
au nom du propriétaire le suffixe gaulois ac qui
signifie : relatif à, et répond à peu près à notre
suff. ier. Si ce propriétaire était barbare, on ajou-
tait acum à son nom simple : Camarus, Camar-
acum; Eburus, Eburacum; Turnus, Turnacum.
Si, au contraire, il était devenu citoyen romain,
professeur d'un gentilice ou nom de famille, le
suffixe acum s'ajoutait à ce gentilice, qui était
toujours terminé par un i : Quintus, Quinti-
acum ; Paulius, Pauli-acum ; Sabinius, Sabini-
acum. — Ainsi se formèrent deux séries de noms
propres en acum et iacum. Ils subirent des modifi-
cations diverses suivant les régions. . . »
Cosser (Lue, My., Fu.), v. n. — Lutter avec
la tête, comme les bœufs. Ex. : V'ià deux
viaux qui s'cossent. Syn. de Cornâiller.
Et. — Hist. « D'après Diez, du lat. co-icere
jeter avec, partie, coictus, d'où l'ital. a fait :
cozzare, comme de : directus il a fait : dirizzare. —
(LiTT.) — P. ê. de même rac. que Cotir, heurter du
front. (Darm.) — En parlant d'un faon, Ron-
sard dit :
« Saute à l'entour de moy et de sa corne essaye
De cosser brusquement mon mastin qui l'abbaye.»
— Meurtrir, déchirer. Cosser une pomme, c'est
ce que font les enfants pour boire le jus d'une
pomme qui n'est pas mûre, sans la peler. Ils la
frappent tout autour d'une multitude de coups de
manche de couteau ou d'un morceau de bois.
(Jaub.)
Cossettes (Tlm.), s. f. pi. — Fragments de
souches, éclats de bois. Syn. de Souchottes.
Dim. de Cosse.
Cossine, s. f. — Alouette cossine. Cette
alouette reste dans le pays et se nourrit de
pois. . . (MÉN.)
Cosson (Mj.), s. m. — Bruche, petit insecte
coléoptère sauteur, qui ronge les feuilles des
plantes et surtout celles des crucifères. Il est
de la famille des charançons. V. Cotisson. —
Il ronge les pois à l'intérieur. Dérivé de
Cotir. V. ce mot et Saillon. Syn. de Artuson,
Puzon. Il Fu. Artuson, ronge le bois.
Et. — Hist. Lat. Cossus, insecte du bois. —
Cosset, sorte d'insecte dans le patois breton
(D. C. Cossi.) L. C. — « C'est, or de par le diable-
là, respondit Panurge, un cosson noir, né d'une
230
COSSONXER - COUAILLIÉ
febve blanche, or de par le diable-là, par le trou
qu'il avait fait la rongeant. » (Rab., P., v, 13.)
Cossonner, Cossouner (Lg.), v. n. — Etre
infecté de pucerons, en parlant des plantes. ||
Etre atteint de vermoulure, en pari, du bois.
Cossus (By.). — Larve de papillon, vul-
gairement appelé Cossus-taille-bois, ou Bom-
byx, feuille morte.
Costaut (Ag.), s. m. — Homme trapu, un
peu lourdaud. On dit aussi : Castaut.
Côte (Fu., By.), s. f. — Avoir les côtes en
long. Se dit d'un homme qui ne prend pas la
peine de se baisser pour saluer ou pour tra-
vailler. Dans l'opinion des gens de la cam-
pagne, cette disposition des côtes est, dit-on,
propre aux loups, ce qui les oblige à se retour-
ner tout d'une pièce. — Cf. Avoir un poil
dans la main. V. Coûte.
Côté- moi. — A côté de moi. Viens donc
côté moi. — C'est : Quant et moi. V. Cotret, —
curieux.
ÎS'. — Coste. On supprimait qqf. l'article de
ou la préposition en, et l'on disait par ellipse :
Coste ou Couste moi, pour : à côté de moi. — Hist. :
« Si trouvay amour coste moi
Qui dit : regardez que je voy. — (L. C.)
Côte- noire (Lg.), s. f. — Chacune des côtes
antérieures du bœuf. Langue des bouchers.
N. La viande de cette région est, en effet, de
couleur plus foncée.
Coterie (Mj., Sp., etc.), s. f. — Camarade,
ami intime. Eh ben ! la coterie, buvons-nous
ein litre? Syn. de Branche, Caneçon.
Et. — Hist. Mot ancien qui signifiait un cer-
tain nombre de paysans, unis ensemble pour tenir
les terres d'un seigneur. D. C. Coteria. — B. L.
Coteria, de Cota, cabane (Cf. Cottage). — (Litt.)
— « Item, XXXVI mencaudées de terre ou environ,
tenues en coterie du seigneur de la Falesque
(1376. — L. C.) — Cf. Bandes de paysans révoltés
sous le nom de Cottereaux.
Cotier (Mj., Lg.), s. m. — Coquetier, petit
vase où l'on met un œuf à la coque. Syn. de
Cocônier, Cocotier.
Cotillon (Mj.), s. m. — Boire sus le cotillon,
— boire aux frais des prétendants, en parlant
d'un père qui a une fille à marier.
Et. — Dimin. de Cotte. On devrait écrire cot-
tillon. Celtiq., cot ; angl. coat. B. L. Cotta, cot-
tus, dans un texte du ix<= s. — (Litt.)
Cotion (Lg.), s. m. — Cotillon. Se prononce
en deux syllabes. Le t est dur.
Cotir" (Sp., Lg., Sa., Fu., Bl., Li., By.,
Lue, Pell.), V. n. — Sauter, jaillir. Faire
cotir de l'eau ; en frappant du pied, d'une
pierre dans une casse d'eau, on fait cotir
l'eau, on la projette sur les côtés. — La rosée
cotit sur ton cotillon. Eclabousser. — Une
poire est cotie, c.-à-d. blette. || By. —
Faire cotir, — faire une souillée. Cela me fait
penser à faire une beurrée, lancer une
ardoise sur l'eau, de manière à la faire glisser
en sautillant sur la surface. i| Sal. — Sauter,
danser. Usité en ce sens à Mj.
Et. — Hist. Au dernier sens : Meurtrir. La
grêle a coti ces fruits, ces poires. Il est vraisem-
blable que cotir est le simple qui se trouve en
composition dans le provenç. per-cutir, du lat.
percutere; dans l'esp.re-cudir, recodir, dulat. recu-
tere.(LiTT.) — N.On voit que le sens a été étendu;
l'eau ne cotit pas, mais quand elle est cotic, elle
jaillit et éclabousse. — " Ledit Lorrain dist pour-
quoy il l'avait féru et coti la tête au mur. » (1377).
Cotis. Fruits meurtris, comme les poires tapées.
(L. C. — N. E.) V. Citât. Jaub.
Cotisson (Spr), s. m. — V. Cosson.
Et. Dér. de Cotir. « Cotissure, meurtrissure qui
n'entame pas le fruit. » Darm.
Coton (Mj.), s. m. — Fig. Profit, bénéfice.
Ex. : Je n'ai pas fait ein grous coton dans
ceté gorin-là. || Mj. Fu. — Filer ein mauvais
coton, — être en mauvaise posture, dans un
mauvais cas, dans un état de santé précaire.
(Tlm., etc.) — Tablature. Syn. de Chahail.
Et. — De l'arabe ; gothon, ou, avec l'article,
al gothon.
Côtoyeux (Lg.), adj. q. — Accidenté, se dit
d'un chemin.
Cotret, (Mj.), s. m. — Sorte de manne en
osier, munie sur les côtés de deux fortes
anses, dans lesquelles on passe des perches
qui servent à les porter. C'est au moyen de
cotrets que l'on décharge la chaux et le char-
bon des bateaux. Un cotret compte pour un
demi-hectolitre, en sorte qu'il faut cinq
cotrets pour faire une barrique de chaux. V.
Barrique.
Et. — Le sens français est tout différent : fagot
de bois. B. L. Costeretum. qui signifie une charge,
un panier, une botte (1295). « Chacune mande
(manne) de merlan ou poisson doit deux deniers,
et s'ils sont en coterès, chacun costeret doit deux
deniers. » Ce costeretum vient de costa, dans le
sens de panier, botte : une coste de raisins (1379) ;
Costa circulorum, une botte de cercles. On peut,
sans beaucoup de peine, passer de l'idée de botte
à celle de fagot. — La localité de Villiers-Cotte-
rets, se décompose en : Coste-Retz, auprès de
Retz (Litt.). — Huile de cotret, coups de bâton
(Darm.).
Cottin (Th.). — Ciguë. V. Ceguè.
Cou 1 (Mj., Rg., By.), s. m. — Prendre,
porter au cou, c'est porter sur le bras, un
enfant. || Rg. ,Fu. — Etre à cou, — être porté
sur le bras. || Casser le cou à une bouteille ; la
boire tout entière. — Proprement, c'est cas-
ser le goulot, en faisant sauter le collier de
verre d'un coup sec, faute de tire-bouchon.
Cou - ! (By., etc.). — Exclamation. Cri que
fait au jeu de Cut l'enfant qui annonce qu'il
est caché et que celui qui attend, à la sauve,
peut le chercher. Qqf. Coucou. Du cri de
l'oiseau?
Cou ^ pr. démonstr. — Celui-ci, celui-là.
(Cho.) Ex. : C'est i cou qui t'a volé ton cha-
peau?
N. — Vx fr. Çou ; ce, cela, celui. — Çou temps,
en ce temps. Etes-vous ço« ? est-ce vous ? (L. C).
Doublet et syn. de Quiou, Quiô.
Couaillié, adj. — Celui qui tue le temps.
COUANE — COUBLER
231
paresseux, preneur de cailles, les coailliers.
V. f. de Coisier, ou quoisier, se reposer ; de
quiescere. (Mén.) — Cf. Coi, tranquille.
N. — Dans L. C. Couailler, remuer la queue.
Couane (Mj., Fu.), adj. q. — Sot, nigaud.
Ex. : 11 avait l'ar pus couane ! || S. f. Individu
qui a l'air sot, nigaud, embarrassé de sa per-
sonne. Ex. : Il n'a l'ar que d'eine grande
couane. \\ Mj., Lg. — Mou, lâche, stupide.
Ex. : M'a-t-il l'ar couane ! Terme de mépris.
Et. — Couenne . (Var. : Couane, coane, coinne.)
Orig. obscure (en tout cas il est question de la
peau du cochon raclée). — Picard : quouane,
bête, poltron. — Semble venir de Cutis, peau,
mais le suffixe n'est pas expliqué (Litt.). — L. pop.
Cutinna (dériv. anomale du lat. class. cutem,
peau, devenu : Codenne, coenne, couenne). —
R. O. propose le breton : Oan, Goan, Koan,
faible. Angl. Wan, blême. — Cf. le berrichon
Cagne (Jaub.). — Et Couème, Jaub.
Couanée (Fu.), s. f. — Crottin de cheval en
tas. — Par opposition à Crottée, qui est
répandue en longueur par le cheval en
marche.
Couarant, adj. q. — « Il s'en est venu tout
couarant, en parlant de qqn qui s'approche
mine de rien, pour vous surprendre. —
Comme le renard, qui se rase, la queue entre
les jambes.
Couard (Mj.), s. et adj. — V. Quouard. —
Queue. || Cimier, en terme de boucherie. Dér.
de Coue. Syn. de Chimier. || Lg. — S. m.
C'est le Dalut de Mj., le Tarin, la Darut ou
Dérue, le Bissêtre, d'ailleurs, bête fabuleuse,
du nom de laquelle on se sert pour mystifier
les imbéciles.
Et. — Cauda, queue. Le sens est autre en
franc. En langage héraldique, on appelle lion
couard celui qui ])orte sa queue retroussée entre ses
jambes.
Couârer (Mj.), v. n. — Dormir au soleil. —
Cf. Angl. to Cower, se blottir, s'accroupir. —
« En mars, on couâre, le paysan se repose. —
Syn. de Soulailler, Souleiller. — Se trouve
dans les Proverbes de M. de Solaxd :
N. — Dans le mois de Mars
On care (état de somnolence).
Dans le mois d'Avril,
On dort un petit.
Dans le mois de Mai,
On dort malgré se.
Dans le mois de Juillet,
On dort un petit houpet.
Dans le mois d'Août,
On ne dort pas du tout.
Est-ce pour : couarder, faire le fainéant ? —
R. O. rapproche le Breton : Ar hoar, à l'aise ;
Ar men coar, à mon aise ; Ar ha goar, à ton aise ;
Ar hou coar, à votre aise. — L'h, le g, le c peuvent
s'échanger.
Couasse (Mj., Lg., Fu., By.), adj. q. — Qui
couve, ou veut couver ; couvasse. Ex. : Eine
poule couasse. || Sp. — Fig., s. f. Femme qui
a beaucoup d'enfants ; mère Gigogne. ]| Au
plur., Enfants, marmaille. || By. — Dans la
direction du Mans, une pie se dit : une
couasse. De Couer.
Couasser (Mj., Lg., By.). — Couver.
S'obstiner à vouloir couver, en parlant d'une
poule. Ex. : A ne fait que couasser, ceté
birogue-\k ! — Couvasser. i| Autre sens. —
Lg. — Croasser. Ex. : Les groUes couassent à
matin ; c'est signe de pieue. Syn. de Cacasser.
Couassin (Mj., By.), s. m. — V. Coissin.
Et. — Ce mot est probablement un doublet ou
un diminut. du fr. Couette. L'un et l'autre semblent
dér. du lat. Cubare, par l'aphérèse du b ou du v,
comme dans Couer. — « Gènev., Berry, — Coissin.
Lat. Culcita (v. Couette), dimin. culcitinum.
(Litt.). — « Du lat. pop. coxinum, de coxa
cuisse, devenu régulièrement en vx fr. coissin.
La forme : coussin, qui a fini par supplanter
l'autre, paraît due à l'influence de : coûte, var. de
couette.
Coubarbier (Lg.), s. m. — S'emploie dans
la loc. : Eté du coubarbier, — période de cha-
leurs, retour d'été, qui se produit ordinaire-
ment en octobre ou fin septembre. C'est ce
qu'on appelle, à Mj., l'été des Egobleaux.
N. — Il y a à TifTauges un village nommé le
Coubarbier. \\ Il y aurait là une épigramme devenue
historique sur d'anciens fermiers du « Coubarbier »
qui trouvaient toujours le temps de battre leurs
récoltes à la fin de l'été. On sait que dans toutes
nos régions le battage en grange est inconnu.
Coube (Fu.), s. m. — Couple, paire. « Ça
m'a coûté un coube de sous. » — Lms, Zig.
196. Id.
Coubèclie (Sa.), s. L — Coupure, entaille.
Syn. de CoubicJie, Cobiche.
Coubiche (Mj.), s. f. — Coupure, entaille,
taillade. Ex. : Il avait eine fameuse coubiche
au front. V. Cobèche, Cobiche.
Et. — Pour Coupiche, s. verb. inus. de Cou-
picher, dim. de Couper.
Coublage (Mj.), s. m. — Paire de bateaux
liés bord à bord et que les mariniers ma-
nœuvrent ensemble, — surtout quand ils
baissent ou dévalent.
Et. — Du lat. Copula, lien. — D. C. cupla.
CouiZe (Mj., Sp., Fu.), s. m. et f. — Couple.
Il Adj. q. Pair. || Sp. — Jouer à couble ou
chique, — à pair ou impair. V. Chiqu . ||
Lg. — Couble ou Soûle. \\ N. On prononce
aussi : Coube. || Fu. — Branche recourbée en
crochet pour puiser de l'eau. La courbure est
maintenue par un omblet. (Mm.)
Hist. — n Le cor Dieu, il prend plus de plaisir
quand on luy fait présent d'un bon couble de
bœufs. )) (Rab., G., i, 39.) — « Et lui demande au
retour, un couble de boisseaux de froment. »
(1709. Inv. Arch., E., p. 181, col. 2.)
Coub/er, (Mj., Sp.), v. a. — Accoupler, lier
ensemble deux objets. Fr. Coupler. —
Coubler du linge, attacher ensemble deux
pièces semblables, deux torchons, deux ser-
viettes. Il By. — Id.
Hist. — « Comme de masle et de femelle, coublés
ensemblement. » (Rab., P., rn, 20, 258.)
232
COUBLET' — COUÉ
Coublet' (Mj.), s. m. — Couplet. V. Couble,
Coubler.
Coubloire, s. f. — Peau d'anguille servant
à coubler le manche au fléau. (Mén.)
Couche (Mj.), s. f. — « En avoir eine
couche ! » sous-entendu de bêtise. || Seg. —
Appoint qu'on met sur la table à jouer. —
On dit : se carrer. (Mén.)
Et. — Le Duchat dit que c'est une métaphore
empruntée des jeux où on parie une somme au
delà d'une autre qu'on couche sur la carte.
Coucher (Mj., Fu.), v. a. et n. — Coucher
ein persoir, — serrer un pressoir. H Coucher
en retour, — comme dans un lit qui n'a pas
été fait, remué, brassé.
N. — Premier sens. — Cette expression vient
de ce qu'autrefois on se servait uniquement d'im-
menses pressoirs, dits à Casse-cou, dans lesquels
la pression s'obtenait à l'aide d'une énorme poutre
agissant comme levier du second genre que l'on
couchait sur le cep. L'expression est toujours en
usage, même pour signifier la manœuvre des
pressoirs à vis. qui ont partout remplacé l'ancienne
et dangereuse mactiine. I| Par ext., on dit d'un
pressoir qu'il peut coucher telle quantité de vin,
ç.-à.-d. presser en une fois cette quantité.
C'est ein petit persoir (pressoir) à coucher
trois barriques. || Coucher de l'argent, —
déposer l'argent, gage d'un pari, d'un enjeu.
Ex. : Je couche cent sous. || Coucher dehors, —
rester abandonné dehors pendant la nuit, en
parlant des objets inanimés. Ex. : Ma hache
a couché dehors, aile arait ben pu trouver des
jambes (m'être volée). || Envoyer coucher, —
envoyer promener. || Couché ! interj., — se
dit à un chien. — Peut-être : Couchez !
Couche-toi! Ou : Reste couché. AMj. Couche \
Et. — Du lat. collocare, mettre, poser ; de col,
pour cum, et locare, placer. Le sens général de
placer a été réduit au sens particulier de mettre
dans un lit, ou dans une position analogue à celle
qu'on a dans le lit. On a dit : Coucher une lance
en arrêt (Litt. ).
Coucheux (Mj.), s. m. — Coucheur.
touchis (Lg., By.), s. m. — Lattes de bois
qui recouvrent un cintre et soutiennent
l'intrados d'une voûte. — Lang. des maçons.
Coucou (Z. 153. Sal., Fu.). — Quand on
entend le coucou pour la première fois de
l'année, il est bon d'avoir de l'argent dans sa
poche ; ça porte chance, on en aura toute
l'année. |! Faire Coucou. V. Cou? \\ S. m. Nom
vulg. du primevère ; primula ofTicinalis. Les
enfants en font des balles à jouer en réunis-
sant les fleurs au moyen d'un gros fil. (Dott.)
1| Coucou ! Ah ! le voilà ! — Jeu de bébé. La
maman se couvre la figure de son tablier et se
découvre à ce cri, à la grande joie de l'enfant.
il Qqfois Cocou.
Coudaigre (Tlm.), s. m. — Ancienne espèce
de pomme. Ex. : Les pommes de coudaigre,
n'y a point meilleur pour faire du melage.
Et. — J'y vois le mot aigre. Cf. Coup d'œil.
Coudant (Lg.). — ^ Cousant. Part. pr. de
Coudre.
Condoune (Sp.), s. f. — Coing. V. Codone.
Coudounier (Sp.), s. m. — Cognassier. \'.
Codonn ler.
Coudre (Mj., Fu.), v. a. — Coudre le bec,
fermer la bouche à qqn, le réduire au silence.
— Ex. : Ça illi a ben cousu le bec. — N. On dit
dans le même sens : Cloure ou Clouer le bec.
Coudrer (Mj.), v. n. — Se dessécher un peu
au .soleil. On fait, par ex., coudrer le ciseau
(carex) avant d'en faire des liens pour le
chanvre. || By. — On ne se sert pas de ciseau,
mais de paille, pour lier le chanvre. On fait
dans bien des cas usage de jonc. S'il est vert,
il faut, avant de l'employer, le laisser
s'ét'ner (s'étonner), syn. de Coudrer, que je ne
connais pas.
Coudrie s. f. — Ou\Tage de couture. (Li.,
Br., Fu.). Elle a apporté sa coudrie, son
ouvrage. — Comme forme, on peut le rap-
procher de : Brocherie, Râserie, Batterie,
Sèmerie, etc.
Et. — B. L. Cucire ; de consuere ; cum, avec,
et suere, coudre (d'oîi : suture). La forme est très
contracte, mais régulière ; consuere donne coure,
et, par l'attraction de la dentale par l'r, coudre ;
puis, dans les temps primitifs, reparaît l's, je
cousais. — Coudrie est populaire (Litt.) — Cou-
durier, tailleur. D. C Codurerius (L. C).
Coudrier (Fu., etc.). — « La baguette divi-
natoire pour découvrir les sources et les tré-
sors est en coudrier. Elle a la forme d'un V ;
les deux branches ont une longueur d'envi-
ron 0™15. Pour s'en servir, on place à chaque
bout de la fourche l'index de chaque main et
on la tient suspendue de façon que le nœud
soit suspendu en bas. Le nœud est attiré vers
le point où est la source ou le trésor, comme
le fer est attiré par l'aimant. (Dott.)
Coudu, part. pas. (Fu.). — Cousu. X. Cette
forme est employée par qqs-uns à Mj. et par
tous au Lg. — Au Lg., Timparf. est : je cou-
dais. V. Coudant.
Coue (Mj.), s. f. — Queue. || Ça n'a ni coue
ni pattes, — ni queue ni tête, cela ne rime à
rien. — V. Ououe (By.). — La coue d'une île,
d'un bateau. La coue du Pré de l'île aux
chevaux, — la pointe qui est en aval. — La
coue d'un bateau, c'est la poupe.
Et. — Lat. Cauda. Hist. :
« Ma vache, qui n'est pas sotte.
Au tribunal se rend.
Eir retrousse sa coue,
Et s'assit sur un banc. »
(La Trad. p. 370.)
Coué. — Pour Couvé. Un œuf coué, gâté.
Il By. — Xe pas confondre Coué et Coui. L'n
œuf coué est un œuf couvé et un œuf coui un
œuf gâté.
Et. — Couvi. Œuf gâté soit par un commence-
ment de couvaison, soit pour avoir été trop long-
temps gardé. Berry, Coui (Litt.). — « Orthogr.
fautive pour Couvis ; xm® s. un œuf couvéis
(Dakm.).
Hist. « Quant l'en un oef couveis prent.
Ne n'est pas couvez à son terme.
S'il est brisiez, l'en voit le germe. »(L. C.)
COUÉE — COUILLAUT
233
Couée (Mj., Lg., Fu., By., Sal.)- — Couvée.
V. Couer. \\ Famille, ribambelle d'enfants.
Ex. : « Aile en a eine couée de quéneaux ! « —
« Je ne veux pas manger des œufs, puisque la
couée (les enfants) de la maison n'en mangent
pas. »
Et. — C'est la syncope de couvée. Hist. -.
« Couvée a le sens de : multitude dans ce passage.
Il viendra d'estrange terre par mer une grande
couvée de fortes et merveilleuses gens en la grant
Bretaigne qui toute la terre mettra en sa sub-
gection. » (L. C.)
€ouéffe (Fu.), s. f. — Coiffe. L'é est fermé
et traînant.
Et. — Lat. pop. cofea, devenu cofye, coife,
coiffe. Paraît se rattacher au même radie, germ.
que l'ail Kopf, tête. L'Académie a écrit coëffe
de 1694 à 1740 (Darm.).
Couelles, s. m. — Paysans ; dérivant p.-ê.
de couellier (Segi*.). — Et couellier? Ménière
ne le dit pas. Voir Couillé.
Couêne (Smm.), s. f. — Crottin, fiente de
cheval. — Couène, Coine.
Couêner (Tlm., Sp.), v. n. — Crier, faire
entendre un son aigre et aigu ; craquer, en
parlant des souliers. Syn. de Couinquer,
Couiquer, Rouincer, Couïller.
Couenne s. f. — Fainéante. Pour Couane.
Couer 1 (Mj., Li., Br., Sal., Fu., Lg., My.,
Cra.), v. a. et n. — Couver. — Se dit même d'une
femme. || Couer le feu, — se tenir au coin du
feu. Il Couer le lit, se tenir au lit. || Couer eine
maladie, — être souffrant, être atteint d'une
maladie qui n'est pas encore déclarée. || Cf.
Acouasser.
Et. — C'est le fr. Couver ; lat. Cubare, avec
aphérèse du v., comme dans le fr. Couette, Douelle.
Cf. avec le pat. Douet, Mouée
Couer ^ (Lg.), s. m. — Petite boîte, autre-
fois de bois et maintenant de fer-blanc, que
le faucheur porte suspendue en avant et où
trempe la pierre à aiguiser la faux.
Et. — Syn. et contract. de Couiller. — Syn. de
Peurrier.
Couet 1 (Mj.), s. m. — V. Quouet. Quantité
de tiges de chanvre ou de lin que l'ouvrier
arrache et maintient sous son aisselle avant
de la déposer à teire. Il faut plusieurs couets
pour faire une poignée. \\ Nom donné, dans
le M.-et-L., à un rameau de vigne, dit aussi
vinée, courbé en arc de cercle et attaché au
cep au moyen d'un lien d'osier. (Litt.,
Suppl.) C'est Couet '^ pris au fig. || Poignée de
filasse. Ex. : J'ai pus ren qu'un couet de
chambe à râger. \\ By. — Un couel de che-
veux, — partie de la gazenn
Couet - (Quoue ou Quouet, Couéter ou
Quouéter). — Queue.
Hist. — « Chacun de ses moutons lui passait
j>af les mains ; elle leur ajustait, un par un, la
quouette (queue) sur la sellette, et, d'un coup de
hache, elle en rognait un petit bout. » (La Trad.,
p. 263.)
Couéter, v. n. — V. Quouéter.
Couétil (By., Fu.), s. m. — Coutil. De
Couette, par l'intermédiaire du vx fr. Keute.
Hist. — « Remarquons l'immense lit de la reine :
il est en plume et « en couetil de Flandre. » {Comptes
de ménage de .Twa-wnk de Laval. Anj. hist., i, 530,
7.)
Couette ' (Mj., Fu., By.), s. f. — Français,
dans le sens de Lit de plumes. || Au plur.
Pièces de bois transversales formant chantiers
sur lesquelles on établit le fond d'un bateau
en construction. || Lg. — Le soleil brasse sa
couette, — il se couche dans un lit de nuages.
Et. — Du lat. Culcita, devenu colcta, coilte,
coite. L'orthog. couete (puis couette, par suite
d'une confusion avec couette ', petite queue)
n'est que la notation de l'ancienne prononciation
de la diphtongue oi. D'autre part, l'af. a possédé
une forme secondaire coûte (cf. coutil) issue du
lat. pop.* colta, pour colcta, particulièrement
usitée dans l'express, coute-pointe ,- plus tard,
dans cette expression, le sens de coite ayant été
perdu de vue, le mot a été bizarrement altéré en
contre ou courte-pointe (Darm.).
Couette * (Lg.), s. f. — Mortaise pratiquée
dans le baugeard d'une charrette, ou boucle
de fer qui y est fixée et dans laquelle s'en-
castre la membrure des ridelles.
Couettil" .(Mj., Fu.), s. m. — Toile de
coton très épaisse dont on se sert pour faire
l'enveloppe des couettes : coutil.
— Voir Couette. L'I final pourrait bien n'avoir
été mis que pour les besoins de la cause, pour
rapprocher Coutil du lat. Consutile (R. O.). Il
me paraît plus que probable que le français Coutil
n'est qu'une corruption de ce mot. La vraie ortho-
graphe pourrait bien être Couettis ; car il est à
noter que l'I final, que j'ai mis pour concordance
avec l'orthographe française, n'existe pas dans la
prononciation, pas plus du reste que dans celle du
français Coutil. Pour cet 1, voir ci-dessus.
Cougner (Sp., Lg.), v. a. et n. — Cogner.
Coui (Mj., Fu.), adj. q. — Couvi, gâté. Se
dit d'un œuf ; il est coui, parce qu'il a été
couvé. Il Ratatiné, desséché à demi. Se dit
des plantes. || S. m. Sentir le coui, — avoir
une odeur nidoreuse, de relent, sentir le
faguenas. \\ Qui a longtemps trempé. Ex. : Je
n'aime point la salade couie, macérée. || Abruti,
déprimé. — Ex. : On est moitié coui à force
d'être sus le feu. Syn. de Acoussé.
Hist. — V. Citation à Gaulette. Cf. Coué.
Couic ! (Mj., Fu.), interj. — Accompagne
le geste de piquer, de frapper du bout du
doigt pour chatouiller. || Faire couic ; —
porter rapidement le bout du doigt sur qqn
pour le (hatouiller. — Onomat.
Couïllard (Lg.). — Qui pousse de petits cris.
— De Couïller, verbe.
Couillard (Sp., Fu.), adj. q. — Xon châtré.
Ex. : Ein âne couillard.
Hist. — « Voyant une asne couiUart qui mangeoit
des chardons. >."(Rab., G., i, 20, 38.)
Couillardin (Sp.), s. m. — Coïon.
Couillautj s. m. '—^ Valet.
234
COUILLER - COULON
Hist. — « A ce mot magique de « Mathéas n,
le couillaut bondit sur place et se signa. » — En
note : « J'en suis fâché : c'était le nom exclusif et
spécial des valets des chanoines du Chapitre
d'Angers. » (H'" du vx tps., 446.) — Et De CoUi-
berti (V. Collibert). C'est l'explic. de Ménage.
mais elle ne me satisfait pas, encore qu'il ajoute ,
« De coUibertus on a fait : colliertus, colliartus:
couillart, pour lequel, par dérision, on a dit ensuite
Couillaut. » — Et voilà !
Couiller, (Mj., Fu.), s. m. — Peurier, appa-
reil que les faucheurs portent à la ceinture.
V. Couer .
Couïller (Coui-iller) (Lg.), v. n. — Pousser
de petits cris aigus et plaintifs, comme fait
un animal blessé ou pris au piège. Syn. de
Couêner, Couinquer, Couiquer, Couister.
N. — (Nous avons omis ici un assez grand
nombre de mots formés d'un vocable qui blesserait
les oreilles délicates.)
Couincer (By.), v. n. — V. Couiner. Xe pas
confondre avec Coincer.
Couiner, v. n. — Crier, gémir, grogner. Cf.
Couêner. On prononce Couigner. Ec.
touinne (Mj.), s. f. — Couenne.
Couinquer (Mj.), Couiquer (Mj., Fu.), v. n.
Pousser un petit cri aigu. || Hurler de dou-
leur. De Couic. Syn. de Couiquer, Couêner,
Couïller. Angl. to Quack, to Squeak.
Couir o (Mj.), V. n. — Tremper, macérer,
fermenter. Ex. : Que veux-tu faire laisser ceté
salade-là à couir dans le saladier? || By. — La
salade s'amortit, se confit ; on dit : de la
salade confie, pour : confite. — De la salade
fanée avant d'être faite serait : maufie ou
maufite.
Et. Couvir ; de couver, par extens. de sens.
Couister (Bg.), v. n. — Pousser des cris de
douleur, de frayeur. Syn. de Couêner, Couiquer.
Coulange (Mj.), s. f. — Etat d'une barrique
que l'on a commencé à vider. Eine barrique
en coulange, — en vidange. — Cf. Vidage et
Vidange. — Coulage.
Et. — Colare, faire passer au filtre, de colum,
filtre.
Coulant, e (Mj.), adj. verb. — Glissant. ||
Fig. Qui présente peu de côtes, en pari, d'une
route. Il Faut souvent mettre du coulant
dans les affaires. By.
Coulantage, s. m.
Ilist. — « Jusqu'au point où aboutit le coulan-
tage, comme l'appellent les mineurs, ç.-à.-d. la
principale artère par où s'écoule, au moyen desbassi-
cots, toute l'ardoise extraite de la mine. » (Le-
roux-Cesbron, U Etrangère.)
Coule (Mj., Fu.), s. f. — Ne s'emploie que
dans la loc. : A la coule, — au courant. Ex. :
Il est tout à fait à la coule ; il était ben à la
coule de son commarce. Syn. û.q : A la rou-
lette, au roule.
Hist. « E li gorpils commence à core.
Quant voit que prendre nel porra,
Porpense soi qu'èl criera :
n Harou l » escrie à pleine goule.
Li vilein, qui sont à la coule.
Quant il oient que cèle brèt,
Testuit se sont cèle part trèt,
Si li demandent que èle a. . .
(Rom. de Renart.)
Coulée (Mj.), s. f. — Pente couverte de
vignes. Ex. : La coulée de Serrant — clos
fameux de la commune de Savennières, qui
passe pour être le premier cru de l'Anjou.
Par plaisanterie, les riverains de la Loire
appellent l'eau du fieuve : le vin de la coulée
d'Orléans. || Dépression dans une prairie ou
un champ. V. Canche, Fondrée. \\ Fu ; id.
Vallée de ruisseau. « J 'irons après vêpres
ramasser des nozilles dans la coulée du
Moulin-Pichon. » j| Sal. — Id. — Un ruis-
seau y coulait primitivement. D'où : Décou-
liner, descendre en pente ; Découlinée, pente.
Il Mj. Action de laisser couler une vouillée au fil
de l'eau, sur une certaine longueur de rivière.
Portion du courant de la Loire, le long des
chantiers, où la pêche au carrelet à revers est
facile et productive. || By. — Une coulée de
lessive, — l'action de faire cette lessive.
Coulément (Lg.), adv. — Couramment
Ex. : A ne sait pas lire coulément.
Couler (Fu., By., etc.) la buée, la lessive. —
Verser sur le linge mis dans une panne de
l'eau chaude qui dissout la cherrée, les cendres,
et forme le lessif. C'est bien le sens de Colare,
faire passer au filtre. || (Mj.), v. n. Faire des
glissades. Il a coulé sus la glace. Les que-
neaux sont à couler sus la glace. Ij Etre glis-
sant, — Ça coule, dans ce chemin-là. jj Se la
couler douce, — mener une vie exempte de
soucis. Il Fig., V. a. — Insinuer. Ex. : Je illi
ai coulé ça dans le tuyau de l'oreille. || En cou-
ler à qqn. Lui en faire accroire.
Couleur (Mj.), s. f. — Couleur de diable
enrhumé, — couleur déplaisante à la vue. ||
Café aux trois couleurs, — additionné à la
fois de cognac, de rhum et de kirsch. — 11 est
en grand honneur parmi les bons fermiers et
gros marchands de bœufs.
Couleurer (Mj., Fu., By.,) v. ac. — Colorer.
Ex. : Faut mettre du tachant pour couleurer le
vin. Syn. et d. de Coulorer.
Couline, s. f. — Pour colline.
Coulinée (Mj.), s. f. — Eralure du terrain,
trace d'une glissade. V. Couliner. \\ Glissade.
Syn. de Glissée.
Couliner (Mj., By.), v. n. — Glisser. V.
Coulée.
Et. — Semble dériver de Couler, au sens de :
faire couler le long de la tige (Darm.).
Couloir ° (Mj., Fu.), s. m. — Couloire, pas-
soire. Pron. Couloué. || Fu. — Id. — Tamis
fin, ou linge pour passer le lait et le débarras-
ser de ses impuretés. Syn. de Couloux.
Couloire (Sa.), s. f. — Tuyau de descente
d'une gouttière. — V. Coulouère.
Coulon (Mj.), s. m. — Petit cultivateur qui
COULORER — COUPE
235
sous-loue quelques parcelles de terre d'un
gros fermier.
Et. — Doubl. ou corr. du fr. Colon.
Coulorer (Mj.), v. a. — Colorer. || Colorier.
Cf. Couleurer.
Couloué s. m. — Une passoire à lait ;
petit tamis pour nettoyer le lait après avoir
trait et arrêter le poil tombé de la vache. —
Pour Couloir.
Coulouére (Sa.), s. f. — Tuyau de dessente
d'une gouttière. V. Couloire.
Coulouette (Mj.), s. f. — Queue de chemise.
Pour Couette, ou Quouette, dimin. de
Quoue. Syn. de Bannière, Nappe.
Et. — Le patois berrichon (Jaub., Suppl.) a
Quhue et même Quheue, pour Queue. Il est donc
plus que probable que notre mot Quoue ou Coue
s'est prononcé autrefois Quouhoue ou Couhoue.
Le vocable Coulouette est le dimin. régul., avec
r 1 épenthétique.
Coulous (Lg.), s. m. — Petit tamis à passer
le lait. Syn. de Couloir.
Coumère (Sp., Fu.), s. f. — Accouchée. ||
Faire la coumère, accoucher. || Messe de
coumère, m. de relevailles. — Doubl. de
commère. || Commère (Sp., Lg.). — Ne
s'emploie plus en ce sens. Pourtant au Lg. on
chante encore :
« Ma coumère, quand je danse.
Mon cotillon fait-il bien ?
Fait-il le rond comme la ronde
Et comme les ailes du moulin ? »
C'est une variante de la vieille chanson que j'ai
citée à Coûte, ou peut-être en est-ce un autre
couplet.
Çoumitière, Cémetière (Mj.), s. m. —
Cimetière.
Hist. — « Super duabus domibus sitis in cymiterio
de Corchamp. » (1252. Im>. Arch. S. H., 51, 2.)
— « Cum mineta terre sitajuxta vêtus cymiterium. «
(1239. — /(/, ibid, 129, 1.) Cf. Cimenière.
Coumoincer (Lg.), v. a . et n. — Com-
mencer. Syn. et doub. de Quemencer,
C'mencer.
Counaille (Cho.). — Bonnet.
Counaître (Sp., Tlm.). — Connaître. Syn.
et d. de Queneuire.
Coup' (Mj.), s. m. — Porter du coup,
être avantageux, ou d'un bon usage. Ex. :
Ceté fournée-là nous a portée ben du coup,
aile a duré longtemps. || De coup, — tout
à coup, brusquement. Ex. : Ça l'a pris
ben de coup. \\ Eter aux cent coups, —
être outré, très irrité |1 Lg. — Eter aux cent
coups de sa vie, — être très désemparé, ou
très furieux. |I (Mj.). — Coup de temps, —
circonstance, occurrence. Ex. : Il est arrivé
sus ceté coup de temps-là, — sur ces entre-
faites. — Evénement imprévu. En velà
ein coup de temps ! 1| Avoir fait les cent
dix neuf coups, — s'être livré à toutes sortes
de débauches; faire le diable à quatre.
Il Coup de chien, — bagarre. || Coup
de renfoncement, — mauvais coup, atout>
horion, coup violent. || Coup de main, —
aide passagère. || Donner ein coup de pied
chez, ou jusqu'à. . ., se rendre chez, ou jus-
qu'à. Il Coup de tampon (se foutre ein), —
se battre. || Coup de soulé, — ivresse. N. Il
y a peut être ici un jeu de mots, entre soûlée
et soleil. Coup de Trafalgar, — catastrophe.
Allusion à notre défaite navale. || Ein coup
que, — une fois que, dès que. Ex. : Ein coup
qu'il a été à son pouilloux, il a bentout ieu
fait de manger son saint Crespin. || Dans n'ein
coup près, — dans une circonstance donnée,
pour un moment. Ex. : Ça peut sarvir dans
n'ein coup près. — Il n'est pas grous, mais
il donnerait eine bonne collée dans n'ein
coup près. Il Ein coup, — une fois. Ex. : Ein
coup la Toussaint passée. || Tenir coup, —
tenir bon, ferme, résister. || C'est pas le
coup, — ce n'est pas l'affaire. || Coup de
mistrac, — menée ou aventure mystérieuse,
suspecte, compromettante. || Ne pas foutre
ein coup, — ne rien faire. || Du coup, — à
l'instant même. || Pour le coup, — à cette
fois. Il Sus le coup de, telle heure, sus le coup
de midi, — à midi précis. |] Sus le coup, —
dans l'instant. Ex. : Il est arrivé sus le coup.
il A tout coup, — pourtant. Ex. : A l'entend'
causer, y s'donne ben du mal, mais à tout
coup, y n'fait ren. — V. Cop. \\ Ein coup, ein
maudit coup, — avec force, brutalement.
Ex. : Il l'a foutu ein maudit coup par terre,
que les deux bouts en ont relevé ! |! Lg. —
Endroit de la rivière où un pêcheur appâte
et tend ses lignes. Ex. : Quand c'est ben
appâté, le poisson se tient sus le coup. \\ Le
coup n'est que dans l'épaule. Jeu de mots.
Se dit, au jeu de boules lorsque l'un des deux
camps, qui pourrait faire facilement 3 ou 4
points, n'en fait qu'un seul, par maladresse.
Alors le coup n'est pas grave. . ., le cou n'est
que dans l'épaule.
Et. — B. L. Colpus, dans la Loi salique : de
colapus, colaphus, qui se trouve dans le sens
général de coup : du lat. colaphus, coup de poing,
soufflet (LiTT.). — Colapum ; colepo, colpo, colp,
coup (Darm.). — Add. Avoir un coup de marteau,
de soleil, — être un peu fou, timbré.
Coupage. (Mj., Fu., By.), s. m. — Toute
espèce de fourrage vert que l'on coupe à la
faucille ou à la faux. — V. Copage. On pro-
nonce qqf. Coupaige. (Segr.) — \'esceau,
trèfle, etc.
€oupàiller (Lg., Fu., By.), v. a. — Couper
en menus morceaux, déchiqueter. || Découper
profondément. Ex. : C'est eine harbe qui a les
feuilles ben coupaillées. Syn. de Coupicher.
Fréquent de Couper. Cf. Cisâgner. \\ By. —
Couper maladroitement et sans ordre, cou-
pilier ; d'où Coupillage.
Coiipanchf, s. m. — V. Çupanche et Coupée.
Espèce de vigne. Corr. de Cépage, de Cep.
€oupe 1 (Mj.), s. f. — Castration. Ex. :
Nos petits gorins sont guéris de la coupe. ||
Coupure, entaille. : Ex. Il s'est fait eine
23b
COUPE - COURANTE
fameuse coupe à la main. Syn. de Encisure.
Il Prés de coupe, ou prés gras (Tlm., Lg.,
Cho.) — Prés fertiles et bien arrosés où Ton
peut faire plusieurs coupes.
Coupe -! (By., etc.), interj. — Cri usité
dans certains jeux d'enfants, lorsque l'un
des joueurs veut cesser de jouer pour un
motif quelconque. — Vient de ce que dans
ce jeu ( le Loup coupé), lorsque l'un des
joueurs est poursuivi, si un troisième joueur
passe entre lui et le poursuivant, coupe, en
qq. sorte, la piste, le premier joueur est
libre, le troisième a pris sa place. Cf. Escart.
€oupe-asperges (Mj., Fu.), s. H. — Couteau
spécial pour couper les asperges.
Coupeau (Mj., Lg., Li., Fu., By.), s. m. —
Copeau. De : couper. — V. Orfeuvres.
Et. — Vx fr. Coipeau, jusqu'au xvi« s., puis
Goupeau aux xvi« et xvrp s. — Hist. — « Le
voyans au dehors, et l'estimans par l'extérieure
apparence, n'en eussiez donné un coupeau d'oi-
gnon. » (Rab., g., Prol.)
— « Ceux de sur le port. . .
(Donnèrent) De coupeaux deux grandes charges
Pour chauffer l'enfant. «
Noëls anc. et nouv. p. 61.
Coupe-biseau (Lg.), s. m. — Petit couteau
dont les sabotiers se servent pour abattre
le biseau d'un talon de sabot, ou celui de
dessus d'un sabot taupe.
Coup d'échappé (Fu., By., etc.). — Quand,
au jeu de billes, la canette échappe à un
joueur, s'il a le temps de crier : Coup d'é-
chappé ! avant les autres joueurs, il a le
droit de recommencer le coup.
Coupée, s. f. — Cépée. Syn. de Jarrie.
Et. — Ce mot a dû être d'abord -. Çupée, pour
Cépée, comme Çupanche est pour Cépage, et
suparer pour séparer. — Du reste on dit aussi
Çoupanche, mais Çupée est inusité. — De Cep.
Coupe-jeu! (Fu., By., etc.). — Voir
Coupe '.
Coupe-marc (-AIj.), s. m. — Syn. de Volant.
Coupe- pâte (Mj., Lg.), s. m. — Petit
outil dont les boulangers se servent pour
couper la pâte.
Couper (Mj., Fu., By.), v. a. — Châtrer,
Castrer. V. Affranchir. \\ Couper la figure,
la goule, — se dit d'un vent très froid. ||
• Couper le sifflet, la chique, — couper
la parole, interloquer, confondre. || Ne
pas y couper, — ne pas pouvoir échapper
à une chose. « Tu n'y couperas pas ! « dit
un soldat à un camarade qui vient de se
mettre en faute de façon à attraper quatre
jours de clou. || Couper dans le pont — don-
ner dans le panneau. || Couper la gueule, —
être très vert, très acide. Ex. : Ceté raudit
piqueton-là, il coupe la gueule à quinze
pas ; faut se tenir au bord de la table pour
l'avaler. || Couper par, — prendre un rac-
courci. Ex. : Vous n'avez qu'à couper par les
pièces de la Gohardière.
Coupet (Mj.), s m. — Petit coup à boire.
Ex. : Le bonhomme aime ben boire son
petit coupet. Syn. et doubl. de Copel.
Coupi (Lg.), adj. q. — Têtu, entêté.
Coupichage (Mj.), s. m. — Action de cou-
per en menus fragments. |! Menus morceaux.
— Coupicher.
Coupicher (-Mj.), v. a. — Couper en menus
mo.'ceaux, couvrir d'entailles nombreuses,
taillader. — || Sal., id. — avec un méchant
instrument. Syn. de Coupâiller, CLsâgner.
Cou-du-pied (Mj.), s. m. — Coude-pied.
Et. — 1° « Cou de pied. On ne doit pas écrire
coude-pied ; non pas qu'il n'y ait pas de coude,
puisqu'il n'a pas non plus de cou, mais parce que
cou-de-pied est l'ancienne locution, et que c'est
efTectivement à un cou que nos anciens ont com-
paré cette articulation (Litteé). — 2° On disait :
le coulde du bras, pour : le coude; comme si on
eût voulu distinguer le coude du bras du coude
du pied. Cette expression peut servir à appuyer
l'opinion de ceux qui prétendent que coude-pied
vient non de : cou de pied, nuais de : coude du
pied. Cependant on lit :
« Un grand soUers aveit. ke uns frères li porta ;
Entur le col del pié à nuals les laça.
(L. C. — N. E.)
Coup-d'œil, (Bo.), s. m. — Poire de coup-
d'œil. Ancienne espèce de poire. Cf. Cou-
daigre.
Couplage, s. m. — V. Coublage.
Courage (Mj., Fu.), s. m. — Aplomb,
toupet. Ex. : T'as point honte de mentir
comme çà ! T'en as d'ein courage f Svn. de
Culot.
Courageux (Mj.), adj. q. — Ardent au
travail. Syn. de Volontier.
Couraie (Cs.), s. f. — Lacet pour atta-
cher les sabarons (chabirons), guêtres, cour-
roie. N. Mieux avec 2 r. V. Courraie.
Courait (Lg.), s. m. — Verrou. Syn. de
Barroir, Couroil, Courâillet, Crouillet. —
Mot très vieilli.
Courâiller i (Mj., Fu., By.), v. n. — Courir
de çà et de là.
Courâiller - (Lg.), v. a. — Verrouiller. —
Syn, de CrouUler, Barrer. N. Alors qu'à
Mj., le vocable CrouUler et ses dérivés :
Crouillet', Décrouiller, continuent d'être très
usités, les doublets longeronnais de ces mots
sont entièrement tombés en désuétude
depuis un demi-siècle, à tel point que les
jeunes gens ne les connaissent plus. On dit
maintenant : Barrer, Débarrer, Barroir.
Courâillet (Lg.), s. m. — Verrou. Très
vieux. Syn. de Crouillet, Barroir. Dér. de
Courâiller.
Courance (Mj.), s. f. — Tige rampante ;
stolon de fraisier. Syn. de Filongue. V. Cou-
rants.
El. — Du fr. Courant, part. prés, de Courir.
Courante (Mj., Fu., By.), s. f. -^ Foire,
COURANTIN - COURGIBOT
237
flux de ventre, diarrhée. Métaphore ana-
logue à celle qui a créé Va-QÙe. Cette indis-
position fait courir. . . aux Cmodités. Syn.
Treûle, Trop-chie, Chiasse, Débord.
Hist. « Ne mangeoint les poures gens que prunes
et fruictz, car s'estoit la saison ; dont la courance
se preist dans l'ost (l'armée) et y moururent
beaucoup de nos gens. » (L. C.)
Add. — Il Autrefois, danse villageoise :
— « Et devant ly donsirant
la courante de village. « — N. P.
Courantin (Mj. Fu.) s. m. — Coureur, va-
gabond. Saute-ruisseau.
Courantine, s. et adj. — Faire la couran-
tine, se dit des servantes aimant à faire les
courses (Mén.).
Hist. — « Un bachelier courant est celui qui fait
son cours en courant les rues. Equivoque entre
courir, faire son cours, et courir les rues, perdre
son temps. » (L. C).
Courants, s. m. — Dagues ou archets.
Branches laissées par les vignerons pour être
recourbées. (Bf. — Mén.) — || By. — Pour :
coulants, — de fraisiers. Syn. de Courance.
Coiirard (Mj., Lue, etc.). — Porc adulte et
maigre, que l'on achète pour l'engraisser.
Ainsi nommés parce qu'on les laisse courir
en liberté dans les champs, surtout au nord
de la Loire. Syn. de Coureux. V. Laitons.
Hist. — « Les courards valaient de 40 à 50 fr. et
trouvaient difficilement acheteurs. » (Petit Cour-
rier du 13 novembre 1903.)
Couratier, ère.. — Personne qui court pour
apprendre ou colporter des nouvelles. Syn. de
Porte-venettes, Porte-et-va-querir.
Hist. — « Couratière, entremetteuse. C'est
proprement le fém. de Courratier, ou Corratier,
courtier, messager « pour ce que telles gens
courent tantôt à l'une des parties, tantôt à l'autre,
pour moyenner. » (L. C.) — « Courandière, Cou-
rater, Couraterie, Courateux, Couratier ; Mar-
chand forain, courtier, coureur, vagabond. Prend
qqf deux r (Jaub.).
Courratter. — Commencer à courir.
Hist. « De couratier au sabat. » Balz, p. 508 ?
Couraudoire. s. f. — Cf. Courdoire.
N. — Couradoux. Terme de marine. Espace
renfermé entre les deux ponts d'un bâtiment
(LiTT.).
Courbatrasse. (Craon), s. f. — Aire au blé.
Et. — Cour à battre ? V. Battrasse.
Courbe (Mj., By.), s. f. — Pièce de bois
coudée, à angle presque droit, qui sert à
former la membrure d'un fûtreau, d'un ba-
teau quelconque à fond plat, et qui permet
de rattacher solidement le fond avec le bor-
dage. Il Courbe à varneau, — forte courbe qui,
dans certains bateaux, remplace la car-
lingue ou la conduite, et supporte le pied du
mât. Elle est ainsi nommée parce qu'elle est
ras le varneau. \\ Sp. — Tumeur qui se déve-
loppe au jarret des bœufs, à la suite de
fatigues. Cf. le fr. Courbature.
. Et. — Lat. Curvus. — Hist. — « Contre les
courbes (des chevaux) faut employer cataplasme
fait de sauge. » (0. de Serres.) Courbature ne
peut pas venir de Courbe, mais de court-battu,
battu de court, à bras raccourci. Dans les environs
de Paris on dit : la fièvre de courbât. » (Litt.)
Courbe-échelle. (Lpc). — Se faire la courbe-
éi^helle. (Syn. de Pied-de- Selle). Expliqué par
la note.
N. — « Faire à qqn la courte-échelle, disposer
les mains de manière à lui ofïrix un appui sur
lequel il pose un pied pour monter de là sur les
épaules. » Au propre et au fig. (Darm.). — « Ceux
qui croient que dans Rabelais combrecelle est la
même chose que culbute se trompent. Rabelais
qui, par une mauvaise orthographe, corrompt sou-
vent divers mots, a mal écrit combrecelle, pour
combreselle, mot composé de combre et de selle.
On dit combre pour comble, ce qui se reconnaît dans
décombres, pour décombles, en ce que décombrer
n'est autre chose que débarrasser un lieu comblé
de plâtras et de démolitions. Combreselle est donc
une selle comblée, ç.-à.-d. chargée du cavalier.
Ainsi lo^-sque Panurge invite la dame de Paris à
lui faire la combreselle, c'est comme s'il invitait
la selle à recevoir le cavalier. » (B. de la Mon-
>îOYE.) — « Sinon qu'en vostre tour vous me
fassiez dehait la combre-échelle. » (Rab., n, 22.) —
« Faire la combreselle ou contreselle, se baisser
en avant, tendre le dos pour y faire monter qqn,
et faire la courte échelle. » (Jaub.)
Il By. — On dit Courbesselle, Courboesselle,
ou Courte échelle.
Courbejau (Me.), s. m. — Gros oiseau de
passage à long bec, de la grosseur d'un
canard. C'est un des noms du Courlis.
Et. — Corbijeau ; proprt Corbeau-coq, du rad.
de corbeau, et de geau, jau, coq. — xvi« corbi-
geaux. Rab., iv, 59 (Darm.).
Courbes (Ec). — V. Archelet.
Courbeton (Mj.), s. m. — Petite courbe du
chef d'un fûtreau. V*. Courbe. \\ (Sa). — Le
Court-berton de Sp.
Et. — « Courbaton, emprunté de l'espagn.
courvaton, de courvo, courbe. Souvent écrit,
par fausse étymol., court-bâton. Pièce de bois
courbée servant de contrefort. — || Courbeton.
Dér. de courbet. Le mot, recueilli au xvnr' s.
par Trévoux, et mal saisi, a été écrit d'une façon
absurde : court-bouton, et figure dans tous les dict.
sous cette forme. Cheville de bois recourbée ser-
vant, dans l'attelage des bœufs, à fixer le joug au
timon (Darm.). — || Fu. Grande cheville de bois
à laquelle on adopte une branche courbée, qui sert
à attacher les bœufs, conjointement avec l'ambiet.
Il D. c. Corbesson, v. Corba. » (De Montessox.) [|
By. — Prononc. . . Courboéton, Courbaérton.
Courcaillette (Mj., Fu.), s. f. — Caille.
Appeau à cailler. Franc. Courcaillet.
Hist. « Les hommes ont inventé certains petits
instruments de cuir et d'os, nommez courcaillets,
qui peuvent imiter la voix de la caille. Laquelle,
ayant le courcaillet, pensant que ce soit les femelles
et voulant les venir trouver, tombent dans les
fille ts. » <Belon. Livre des Oiseaux, cité par
Ménage.)
Courcibot. (Bg), s. m. — Homme de petite
taille. Syn. de Bas-cul.
Et. — Homme gros et court. Cf. Courtiban ou
238
COURDOIRE - COURIR
Courtibau, tunique ou chasuble courte que por-
taient autrefois les diacres et sous-diacres en
officiant. (D. C. Corabella, Cortiballus.) V» Court.
— Courte-botte (L. C. ).
Courdoire (Slg., Sa.), s. f. — Chemin par
lequel on descend aux caves servant d'ha-
bitation.
Et. — « De la même famille que corridor ; vx fr.
courridour. Renvoie à Couraudoire. » (Litt.)
« Corridor ; ital. corridore, de correre, courir.
On a hésité, à la fin du xvi<= s. et au commencement
du xvii« entre : courridour, corridour et corridor ;
aujourd'hui, une forme populaire très répandue
est : collidor, par dissimilation (Darm.). » —
« Corradoux, courradoux ; terme de marine.
Espace compris entre les deux ponts d'un vais-
seau. Ane. forme de corridor (Litt.). >)
(Lue), s. f. — Partie interne du
Courée
porc.
Et. — (
Berrichon,
(Litt.)
Le poumon de la çête. Bourguignon et
V. Jaub. Corée. Du lat. cor, cœur. »
« Coraille, entrailles. C'est proprement
ce que nous nommons, dans les animaux, la fres-
sure, et que, dans quelques provinces, on nomme
encore la courraye. (N. On prononce maintenant
courée.) On lit dans Perceforest, f» 143 : « Féru
d'une lance parmi le corps, si que la corée lui en
sailloit ».
« — Testot l'a pourfendu desci qu'à la corée. »
(D. C. Corallum.)
« — As lévriers a donné lor droit
Et le poumon et la coraille. (L. C. — N. E.)
{Roman de Renart.)
Intestins, fressure, rate ou mésentère. D. C.
Corallum, corata. — « Le curé lui manda qu'il
serait le bien venu, et incontinent s'en va acheter
force courées de veau et de mouton. » (Bonav. Des-
PERRIEKS. Contes et Devis. Nouv. xxxvi.) Cité
par De Montesson.
Courette, s. f. — Courroie. J'ai rompu
ma courette. Mieux : Courrette. V. Couraie,
Cour raie.
Coureux (Mj., By., Lg., Br., Zig. 183, Fu.), s,
m. — Coureur, celui qui aime à vagabonder.
Chemineau, trimardeur, batteur d'estrade,
Ex. : Je vas te faire ramasser par les coureux.
— dit-on aux enfants désobéissants. — Syn.
de Halos, Meillauds. \\ Lg. — Cochon adulte,
par oppos. à Laiton. Syn. de Courard. Ainsi
nommés parce qu'on envoie ces cochons
maigres pâturer dans les champs. 1| (Lg.),
adj. q. et subst. — Animal mâle qui sert
à la reproduction. Ex. : Ein belin, c'est ein
mouton coureux.
Et. — Curritorem, coureur ; forme supposée
par l'a. f. coreor. Tous nos subst. de ce genre, en
eur, dérivent d'une forme en eor, de l'anc. langue.
Courge 1, s. f. — Bronde, bourge, perce-
pierre, herbe à la carte ou douce amère. Ce
nom de courge lui vient de ses tiges allon-
gées. V. suppl.
Et. — Lat. Cucurbila ; l'a. f. est de trois syl-
labes, coourde, choourde, coucourde, cougourde
(Litt.). — Cucurbita : cogorbede, cogorbde,
coorde, couourde, courde.
Courge - (Lg.), s. f. — Petite perche ayant
des encoches aux extrémités, avec laquelle
on porte des seaux d'eau sur l'épaule, un en
avant, l'autre en arrière. Cf. Joug., Courjette.
Il Lg. Pierre ou pièce de bois posée en porte à
faux au-dessus du corbelet et qui soutient direc-
tement un manteau de cheminée. || Lg. — Ins-
trument primitif dont on se sert pour tirer
l'eau des puits. C'est une perche mince,
fendue en deux au gros bout sur une cer-
taine longueur. Les deux morceaux sont eux-
mêmes percés vers leur extrémité d'un trou
de la grosseur du pouce, perpendiculairement
au plan de la fente. Dans cette fente on engage
l'anse du seau ou de la buée et on la maintient
au moyen d'une cheville de bois passée dans
le trou. — Il est probable'que la courge fut
autrefois une lanière de cuir.
Courge ^ s. f. — Partie de la touffe du
fouet, en fil-fouet. (Segr., By.) ou lacet des
souliers en cuir. Les anciens comptes étaient
« couzus avec des courgeois de cuir ou papier. «
{Journal des travaux, en 1563.) MÉx.
Et. — Ecourgée, escourgée. De é (ex) et l'a. fr.
popul. coriata, lanière de cuir. Fouet fait de
plusieurs courroies ; coup donné avec l'escourgée.
Courgée. (Mj.), s. f. — Averse de grêle.
Et. — Ce mot me paraît être pour le fr. Escour-
gée, pris au sens figuré ; l'averse fouette le visage.
Il Long. — Le contenu de deux seaux.
Ex. : Va donc quérir (cri) eine courgée d'eau.
Sens vieilli.
Et. — Voir : Courge -. Ajoutez : « Courge
Gourde. On portait ce vase au bout d'un bâton, et
de là peut-être ces bâtons avaient aussi pris le
nom de Courges, qui a passé aux bâtons qu'on
mettait sur les épaules pour porter les « sceaux »
à la rivière. — Nicot croit cependant que ces
bâtons s'appelaient courges, au lieu de courbes,
parce qu'ils étaient courbés. — Courge peut venir
d'une forme : curvium, curuium, curjum, courge. »
« Pour deux seaulx et une courge ferrez, pour porter
l'eaue es chambres de Madame Ysabel et madame
Jehanne de France. » (L. C.)
Il Z. 145, Spb. — Trace laissée sur la peau
par un coup de lanière, de courgeon. V.
Courjée.
Courgeon (Z. 124, Fu., By.). — Lanière
de cuir très étroite. V. Courge ^ |t Lacet des
souliers, mais en cuir. V. Courge i. — L'at-
tache du manche au fléau (Méx.). Pays des
Mauges. || Sert à fixer une canne au poignet.
(Bâton des marchands de bœufs. — By.)
Il Fu. — La tabatière en écorce de cerisier
s'appelle Queue de rat à cause du Courgeon
du bout de cuir qui sert à lever le couvercle.
Courgeonner. (Lg.), v. a. — Munir d'un
courgeon.
Couril (Fu.), s. m. — Verrou. V. Courail.
Couriller (Fu.), v. a. — Verrouiller. Crouiller
(encore très usités). V. Courailler.
Courir, v. n. — Sens spéciaux.
Il II lui a donné son : Veux-tu courir, — il
l'a renvoyé, chassé, mis à la porte. || Mj. et
Lg. — Voir courir, — avoir une fringale de. —
Les asparges, je les voir courir. On dit dans
le même sens : La langue m'en va en procès-
CÔURJÉE — COURSÉ
239
^ion. Il Lg., V. a. — Couvrir, saillir, féconder.
V. Encourir (s').
Courjée (Sp.), s. f. — Zébrure, ou sillon
rougeâtre laissé sur la peau par un coup
de fouet. V. Courgée, fin. — Le g est meil-
leur.
El. — De Corrigia. Cependant D. G. donne
Scoriata et Scorgiata. — Mais Corium et Scrotum
ont le même sens : cuir. — « Un fouet composé de
cinq escorgées. » (Merlln Coccaie.)
€ourjette (Mjj ), s. f. — Morceau de bois
en forme de ccmi-cercle et terminé à ses
deux extrémités par des crochets. On le
mettait à cheval, en travers du bât, et on y
accrochait les bélières des portoires, que l'on
bafouait, pour plus de sûreté. — V. Somme
Courgée, Courge ^. — INIieux par un g.
Courjon (Mj., Fu.), s. m. — Petite courroie
qui sert à attacher les souliers ou à fixer
une canne au poignet. V. Courgeon. — Mieux
par ge.
Courlis (Lg.), s. m. — Courlis. Pron. cour-
yis.
Couroil (Couro-ye) (Lg.), s. m. — Verrou.
Très vieilli, comme son doublet Courail. N,
Le son naturel de l'o est conservé. Cf. Couril.
Couronne (Mj., By.), s. f. — Partie supé-
rieure et centrale d'un épervier, celle qui, ne
faisant pas partie du giron, est tortillée,
vrouillée par le pêcheur pendant qu'il relève
l'engin. || Le. — Couronne de mariée. Perven-
che. Syn. de Province. N. C'est une plante
toute difTérente qui est désignée sous ce nom
à Montjean.
C'ourpe (Tlm.), s. f. — Croupe. Doubl. du
mot fr. par métathèse. V. Corpion. \\ By. —
(Courpe, courpière). — On dit Crope,
cropière, pour : croupe, croupière (partie de
l'attelage d'un cheval qu'on lui passe sous
la queue).
Courpégnon, (Tf.), s. m. — Croupion,
coccyx. — V. Corpion, Cropion, Courpe, Crope.
Courpière, (Mj., Lg., By., Fu.), s. f. — Crou-
pière. On dit proverbialement d'une femme
entêtée : « C'est pas aisé de illi mettre la
courpière. » Métathèse de Fr.
Courpignon (Tlm.), s. m. — Croupion.
Syn. et très voisin du Montj. Corpion,
Courpion. V. Courpe, Courpégnon.
Courpion (Mj., Fu.), s. m. — Croupion. —
C'est le mot fr. avec métath. de l'r, comme
dans Querche (crèche), Berchet (bréchet).
V. Corpion.
Courrai (Mj.), s. m. — Le fond du sillon ;
le dessus de la terre non remuée en dessous
du guéret ; la terre qu'ont comprimée,
corroyée le soc et le sep, ou bien le fer de la
bêche, de la houe. — Du fr. Corroyer.
Courraie. — V. Couraie. \\ Fu. — Courroie.
Courrail (Th.
Courail.
Le verrou. V
Et. — Hist. — « Correau, barre de porte.
MoNET dit : « Barre coulisse et traversante de
porte. » — NicoT : « Courreaux de quoy on ferme
les portes » et il cite Amyot. — On trouve le
« courrail de l'huys », dans Rabelais.
— ... Le corrail de nostre porte.
Oui l'autre jour fut adiré (égaré'
Je comant qu'il soit bien gardé. »
On dit encore le « courray de la porte » pour le
verrou. Il y a lieu de croire que ce mot vient de
courroyer. Cette étym. me semble plus naturelle
que celle de Ménage, qui la tire de : rouler, aussi
bien que celle de : verrouil. — « Dans un acte
de 1471. on lit : Icellui Guionnet de toute sa force
frappa audit huys, tellement qu'il rompit le cour-
reil d'icellui et se ouvrist ledist huys. » — Dans
un autre (1459) on lit : verroul ou croil, d'où
dérive le verbe crouiller. — « S'il vous plaît,
dist Panurge, m'en vendrez-ung, j'en seray bien
fort tenu au courrail de votre huys. » (Rab., P.,
IV, 6.) — L. C. Vient de Curriculum, course, objet
qui court ? (D'' A. Bos.).
Courre, v. n. — Courir. (Lue, Mj., Fu.,
By., Lx.). — Courre à, — aller chercher en
hâte. Ex. : N'y a qu'à ben courre au médecin.
Il V. a. Aller chercher, aller en quête de,
Ex. : Courre les violettes, le cocous, les œufs
de Pâques. || Courre la galistrade, — c. la
guinevésée. \\ Courre la poste, — aller vite,
se hâter. Ex. : A n'est pas pour courre la
poste, à son âge. — Une bonne, à qui l'on
reproche sa lenteur : « J'peux pas courre,
ça m'fait soufï' ! » Je ne peux pas courir, cela
me fait souffler, m'essouffle. (Chm.)
Et. — C'est le vrai dérivé de Currere, d'où le
futur, je courrai ; s'il venait de courir, il ferait :
je courirai. Courir provient d'un changement de
la conjug. latine, currire, pour : currere, ce qui n'est
pas rare.
Hist. — Je vis le soleil éclore : (écloure ?)
Que t'en semble Colinet ?
Nau, nau.
Ne penses-tu point à courre ? (corre ?)
{JSo'éls anc. et noue, p. 18.)
Courrerie (Mj., Fu.), s. f. — Course, galo-
pade. Ex. : Queune courrerie qu'il fait, ceté
méchant galopin-là ! Il ne sarait durer tran-
quille. »
Courroi (Tlm.), s. m. — Couche de glaise
battue, corroyée. — A rapprocher de Conroi
et de Conrayer, Conreyer. Pour Corroi, du
V. corroyer.
Hist. — « Sur cette première couche, on trouve
un corroi de cinq à six centimètres d'épaisseur,
composé de terre glaise. » (J. Bodin. R. h. —
Tome I, p. 59.)
Cours, (Mj.), s. m. — Etre, ou se mettre
au cours, au courant. || V. Cors de ventre.
Fu . — Cours. Il Cours de maladie, épidémie
(Lg.).
Hist. — <( Et en y moru de la boche et de cours
ou flu de ventre plus de vingt mille personnes. »
(L. C.)
Coursé (Sa., By.), adj. q. — Ecourté,
rendu court. Ex. : « Le semis a besoin d'être
écoursé. » (Mén.)
N. — a Courson, branches taillées courtes, par
opposit. à d'autres taillées longues. » (Litt.)
240
COURSIBRE — COUSSOUNÉ
Coursière (Lg.). s. f. — Fournisseuse ordi-
naire de denrées agricoles. Ex. : « Ma cour-
sière m'a apporté du beurre. » Cf. S'^c-
courser.
Court (Mj.), adj. q. |1 s. m. — Le court et le
long, — tout le détail, tous les tenants et
aboutissants. Ex. : A ben fallu qu'aile en
save le court et le long. !| Les courts jours, —
les jours d'hiver.
Court-bâton (Mj. et Lg.), s. m. — Sorte de
jeu de force et d'adresse qui se joue de la
manière suivante. Deux jeunes gens s'as-
soient à terre, en face l'un de l'autre, la
plante des pieds se touchant. Tous d'^ux
empoignent par le milieu un court et sclide
bâton qu'ils tiennent transversalement entre
eux, et, s'arc-boutant contre les pieds l'un et
l'autre, ils s'efforcent de se soulever récipro-
quement de terre. — On dit tirer au court-
bâton.
Hist. — « Là jouoit au flux, à la prime. . . au
court-baston. » {Rab., I, 22.)
Court-berton (Sp., Lg.), s. m. — Morceau
de bois ou de fer, passé dans le joug des
bœufs et où s'attache VombUe. Cf. Cour-
beton.
Courte-échelle. (Mj.), s. f. — V. Courbe-
échelle.
Courtin (Mj.), adj. q. — Un peu court,
courtaud. |1 Vêtement un peu court, s. m. —
Le fém. n'est pas employé. || Fu. — Ou :
Petit courtin ; Petit troisième. Court jupon
de dessous. || By. — Jupon court, et non
jupon un peu court.
Courtines (Mj., Fu., Lg., Bg.), s. f. — Ne
s'emploie qu'au plur. et seulement dans
l'express. : Faire courtines, — relever ses
robes jusqu'aux genoux, afin de se chauffer
largement les cuisses devant un bon feu. Les
femmes aiment à faire courtines. V. Cha-
pelle, etc.
N. — Le mot fr. Courtines désigne les rideaux
d'un lit, la locut. ci-dessus vient de ce que les
robes relevées formant une espèce d'alcôve font
l'effet de courtines. Image vive et pittoresque. —
Mais cet usage est antihygiénique. Voir : Chapelle
(faire).
Court-au-lit (Mj.), s. m. — Petit bout de
chandelle. Le t est muet.
N. — On est obligé de courir, quand on va se
coucher, avec ce court luminaire, ou bien il sera
consumé avant qu'on soit au lit. Très pittoresque.
Courtoire (Cour-touée-re) (Mj., Lg.), s. f.
— Couvercle de marmite. Contract. de
Couvertoire, doublet inus. du fr. Couverture.
Syn. et doubl. de Quertoire. || Lrm. — Cour-
touère, id. || Fu. — id. Quertoire. || By. —
V. F. Lore, xii. Nourriture.
Court-à-queue, (Mj., Lg., By.), s. m. —
Qui a la queue courte ou coupée, en par-
lant d'un animal ; — dont les basques sont
courtes, en parlant d'un habit. — N. Le t
sonne fortement. — Pour courte-queue.
Courue (Mj.), s. f. — S'emploie dans l'ex-
press. A la courue, à la dépêche-compagnon.
— Syn. de Galope, Galopée. || By. — Id. On
dit aussi : A l'égalope sans doute pour :
au galop, car Egaloper a le sens de Pour-
chasser.
Courvée (Mj.), s. f. — Corvée.
Court- venettes (Lg.), s. f. — Personne
qui va de tous côtés s'informer de ce qui se
passe. Le mot est naturellement du fém.
Cf. Venettes, Porte-venettes, Porte-et-va-quérir,
Couratier.
Cousiller(Mj.
de couture.
■ Faire qq. petit ouvrage
Cousillonner (Mj), v. a. — Comme cou-
siUer. — Coudre maladroitement et sans
goût.
Cousin (Mj.), s. m. — Cousin du coûté de la
cuisse, — c. par alliance, régul. ou irrégul. —
îl Le cousin remué ou ernié de germain est
le fils du cousin ou de la cousine germaine, ce
que l'on appelle : neveux à la mode de Bre-
tagne. Il Ne pas être cousins, — être en mau-
vais termes. V. Chasse-cousins. — V. Remué.
Il Fu. — Cousin ermé de germain, — ce qui
expliquerait ermé.
Et. — B. L. Cossofrenus, dans un Gloss. du
vii« s., du lat. Consobrinus, de cum, avec, et
sobrinus, cousin. — « Cousin après germain, pour :
issu de germain. — « Cousin gervais remué d'une
busche de moule », était une plaisanterie sur le
mot cousin remué de germain. Elle s'employait
en parlant « d'un cousin de si loin, que. comme
on parle, il s'en fallait un cent de fagots qu'ils
fussent de même branche. » (L. C.)
Cousine, (Mj.), s. f. — Au plur. Femmes de
mauvaise vie. Ex. : Il a été voir ses cousines,
il s'est fait... avarier.
Cousiner (se), v. réf. — C'est , en mar-
chant, frotter les deux chevilles, ce qui use
les pantalons à cet endroit.
Cousin- maillard (Auv.), s. m. — Colin-
Maillard. Syn. de Casse-cou, Mapou, Oueille-
bandée, Alouette bandée, Casse-croûte.
Cousins de la foire du Sacre ou de la Saint-
Martin (By), se dit pour les étrangers qui
se rendent à Angers à cette époque, soit
parents, amis, et amis des amis. (Mén.)
Hist. — « Durant les octaves du Sacre, il n'y a
(à) Angiers que resjouissances, bonnes chères...,
faites à ceux qu'on appelle cousins du Sacre.
(Bk. de Tartifcme. — Philandin, 345.)
Consoux (Segr. Fu.), s. m. — Petit tail-
leur allant à la journée sur la campagne.
(Segr. — MÉK.)
Coussé (By.), — Mal levé, mal cuit, gras, —
en parlant du pain. — V. Accoussé.
Cousser (Pell.), v. a. — • V. Accousser.
Coussouné (Lg.), adj. q. — Attaqué par
les bruches. Se dit d'un pois. Dér. de Cosson. ||
Se dit aussi du bois échauffé, un peu pourri.
Syn. de Poujfi.
COUTAX - COUVÉ
241
Coûtan (Lg.); s. m. — V. Coûton.
Coûte (Mj., By.), s. f. — Côte. — Ex. :
Ma commère, quand je danse,
Mon cotillon fait-il bien ?
— Il fait le tour, il fait le rond,
C'est comm' les coûtes de nout' chien.
N. — Les chiens passent pour avoir les côtes
de long.
Coûté (Mj., Tr., Zig. 141, Fu., By.), s. m —
Côté. !| Sp. — Faire passer de coûté, — sup-
primer, faire disparaître. j| Par le coûté de,
— à côté de. Ex. : « Aile était assise par le
coûté de moi. )> |1 En coûté, — latéralement. !|
Hist. — « Relevé deux grands vitres dans une
fourme, près l'autel du coûté des femmes (1599).
Inv. Arch., H, suppl., p. 62, col. 2. — « Frère Jean
les regardoit de cousté, comme un chien qui
emporte un plumail. » (Rab., P., iv, 51, 443.)
— « Avec la lettre de chacun pseaulme du couste
ou n'a hvstoire. » (Compt. de J. de Laval, Anj.
hist., I, 404, 17.)
— « Suspicion se vire
Toujours du cousté pire. »
G. C. Bûcher, 129, p. 157.
Couteau (Sp.), s. m. — Couteau à deux
lames, homme hypocrite dont la conduite est
louche, qui est rempli de duplicité ; fourbe.
Syn. de Ficelle, de Porte à deux jetées. \\
(Mj.) Couteau à deux manches, — plane,
sorte d'outil.
Couteau, (Mj.), s. m. — Coteau. Cf. Coûte.
Ex. : M. Leclerc est enterré au bout des cou-
teaux de Chalonnes.
Et. — Hist. — On devrait dire : coteau, mais
l'accent a disparu de la prononciation et de
l'orthogr. — « Et dériva tout le pissat au gué
de Vède, et tant l'enfla devers le fil de l'eau, que
toute ceste bande des ennemis furent en grande
horreur noyés, excepté aulcuns qui avoient pris
le chemin vers les cousteaux, à gauche. » (Rab.,
G., I, 36.) — « Envoya le duc Phrontiste pour
admonester Gargantua à ce qu'il avanceast pour
gaigner le cousteau à la gauche. » (R. G., i, 48, 92.)
— « Qui a fait enlever les terres du couteau de
Bel-Essort. » (1688. Inç. Arch., S. s, E. 222,
2 h.)
Coutelée (Mj., Lg.), s. f. — Motte de terre,
levée avec le pic en déchaussant la vigne. —
Enlevée avec le coutel. — « Couteler, frapper
à coups de couteau. » (Dabm.)
Coûtelette (Mj.), s. f. — Côtelette.
Coûti (Rg.), s. m. — Côté. Doublet de
coûté.
Coutiâ (Lg.), s. m. — Couteau. Vieux.
Coutiau, s. m. — Couteau.
Hist. — « Il tenait trois coutiaux en son poing,
dont l'un entrait au manche de l'autre. » (JoiN-
VILLE, p. 259.)
— Et de coutiaux tranchants et de hache émoulue
A maint sarrazin eut la cervelle espandue. »
{Chanson d'Antioche, publiée par P. Paris, xiip"
S. Citations de Ménière.)
Coûtières (Mj.), s. f. plur. — Solides pièces
de bois fixées liorizontalement au nombre de
deux d'une part sur le varneau d'un baleau,
et de l'autre sur la tête de deux solides
madriers verticaux appelés pieds-drets. Elles
laissent entre elles un passage de la grosseur
du mât, et servent à maintenir celui-ci dans
le plan axial et vertical du bateau, lorsqu'il
se couche ou se relève, et que les haubans se
trouvent détendus. — Coûté. — (Pr.) Cô-
tières.
Coûtillon (Lg.), s. m. — Apophyse ver-
tébrale. Langue des bouchers. Dim. de
Coûte.
Coûton (Mj., Lg.), s. m. — Branche de
saule arquée qui forme la carcasse d'un panier
Il T^u. — Coûtons ; pièces de bois qui sont la
charpente flexible du panier ou de la « bour-
roche » ; généralement coudrier fendu. ||
(Mj.) Nervure médiane de certaines feuilles,
carde. Ex. : Des coûtons de bette. Dim. de
Coûte. Il Lue. — Quignon de pain. Sans doute
pour Croûton. Syn. de Cargnon.
N. On trouve Coston au sens de tige, trognon,
en vx fr. — Plumes rudimentaires qui restent à
arracher quand on a plumé la volaille. — Em-
prunté du provenç. mod. Coustoun, coutoun,
dér. de Coste, côte (Darm.). — Coûton. Bas de la
tige d'un végétal ; grosse nervure d'une feuille,
p. ex. de chou, de betterave. Cf. Coton (Jaub.).
CoutrioD (Lg., Tlm.), s. m. — Second
coutre qui, dans certaines charrues, est placé
en arrière du coutre proprement dit. Il en
diffère en ce que son extrémité inférieure est
engagée et fixée dans le soc. Syn. de Tenaille,
Sa.
Et. — Lat. Culter, coutre.
Couture, — « S'employait pour culture,
de cultura, d'où : champ cultivé. A Paris
la rue Culture Sainte-Catherine. — Maine-
et-Loire, nom de lieu (L. C). Vn quartier de
terrains au midi du bourg de Montjean s'ap-
pelle les Coutures.
Couvart (Mj., By.), s. m. — Couvercle, jj
Sorte de poisson, appelé aussi Corneau et
Ratouillard. \\ Anneau qui, placé au bout
de la chaîne de puits, tient le seau (Bn). Syn.
de Fargeot, Chabut. — || Adj. q. Couvert
(Jum.). — (Mj., By.). — Parler en paroles
couvartes, — p. de façon à n'être compris que
de certaines personnes, ou employer des mots
à double sens.
Et. Lat. Cooperire, couvrir.
Couvarture (Fu., By.), s. f. — Couverture.
Couvé (Ag.), s. m. — Un couvé, ou couvet,
vase en terre avec anse et couverture percée
de trous, pour chaufferette. Syn. de Mar-
motte. N. Couvet (Darm.). || By. — Inconnu
au N. d'Angers, très connu en « Champagne».
On dit ici une seille à feu, ou simplement une
seille, que le vase ait, ou non, une couverture.
1] Cf. Couer le feu.
Et. — Même mot que Couvoir, qui est devenu
Couvet par une substitution de suffixe due en
partie à la prononciation populaire couivé (Darm.).
— Couvre-cendre, se dit en parlant d'une femme
qui, pour se garantir du froid, a toujours du feu
sous elle, qui reste toujours auprès du feu sans
16
242
COUVERT — CRACHAT
rien faire (L. C.)- — Couvet, en parlant du feu, être
caché, couché sous la cendre. (Le feu couve sous
la cendre. D'où : chaufferette (D-- A. Bos.).
Couvert, (Mj.) (pron. Couvart), part. pas. —
Qqs-uns disent : Couvri. Il faut noter en
outre qu'on dit régulièrement : Couvert en
ardoises, en chaume, ou Couvart d'ardoises,
de chaume, tandis que l'on dit toujours
Couvert à tuiles. H Fu. — Pays de tuiles :
Couvert en tuiles.
Couverte, (Mj., By.), s. f. — Couverture
de cheval. Le mot est fr. dans un autre
sens.
Hist. — « Si elles sont couchées en leurs beaux
lits, ne pouvants endurer ny couvertes, ny linceux. »
(Br. Disc, I, 131, 30.)
« Fismes un lict sans plume ne couverte. »
Du FOUILLOUX.
« Donne mon père la couverte
Qui est sus mon cheval morel. » Fables mss.
Couvi, adj. q. Cf. Coui. Œuf gâté (My.).
Couvie, s. m. — Peurier servant aux fau-
cheurs pour mettre à tremper dans l'eau leur
pierre à (aiguiser). — Mén.
Couvrâilles (Fu., Mj.), s. f. — Ne s'em-
ploie qu'au plur. Les semailles. Dér. du fr
Couvrir qui, dans le patois, s'emploie abso-
lument au sens de : faire les semailles. Syn.
de Emblayures. On dit : Dans les couvrâilles,
pour désigner l'époque de l'année où l'on
sème.
N. — Rappelez-vous la fable de La Fontaine :
L'hirondelle et les petits oiseaux :
. . . Dès que vous verrez que la terre
Sera couverte. .
Couverte, ç.-à.-d. ensemencée. « Le mot couvert,
pris dans ce sens-là, est un terme d'agriculture
assez usité à la campagne, mais qui n'est pas fort
connu dans les grandes villes. >> (Coste.) — La Fon-
taine parle ailleurs de couvrir un champ de :
touselle. Dans qqs provinces, le mot couvraille
désigne encore l'ensemencement des terres. (Edi-
tion annotée par E. Thirion. Hachette.)
Add. — On dit : Débattre de la couvraille, —
lorsque les paysans sèment le blé et cassent
les mottes.
Couvrer (Lg.), v.'a. — Faire les semailles
(sèmeries, couvrâilles, emblayures) ; emblaver
Et. — Doubl. du fr. Couvrir.
Couvri (Mj.), part. pas. — _De couvrir. V.
Couvert.
Couyer (Fu.), s. m. — Petit ustensile de
bois ou de cuivre, dans lequel les faucheurs
mettent leur pierre à aiguiser. Cf. Couiller,
Couer, Peurrier.
Et. — Lat. Cotarius, (jui est relatif à la pierre'à
aiguiser, ou queux, du lat. cos, cotis. — Coyer,
d'après la. forme Co. (Cf. prov. mod. Coudié.
<Darm).
Couyèvre (Li., Br.), s. î. — Couleuvre.
Et. — Lat. Colubra.
Coyau, s. m. — Cordelette. V. Acoyau,
Saule. V. Ancreau. \\ By. — Ne pas confondre
Coyau et Coyet. Prononc. : coi-iau, coi-ié.
Coyau, morceau ajouté (rente) au bout d'un
chevron, pour relever la pente où sera placée
la gouttière. Sur les coyaux. s'appuie une
chanlatte, planchette genre volige (voliche),
taillée en biseau dans le sens de sa longueur.
Coyet, cordelette fermant le fond (vulgaire-
ment le cul) d'un ancreau et portant le mêr
(prononc. entre mêr et mar), ç.-à.-d. la
marque du propriétaire et au bout de laquelle
on attachera le perron.
Coyet — V. Coyau. Dimin. de Coue, Quoue.
Crû (Mj.), s. f. — Gros nuage noir, nimbus.
Ex. : Il va mouiller, y a eine fameuse crâ
dans la galarne. Syn. de Craie, Soutre, Nuau,
Bane, Banc.
Crabassée (Sp.), s. f. — Forte averse, dé-
luge. Ex. : Il a tombé eine crabassée d'eau.
Syn. de Laça, Aqua, Agua. Cf. Cramassée.
N. — Vx fr. Crabacier, tomber, s'écouler. —
D'où le sens de : chose qui tombe avec force. —
Inconnu au Fuilet ; mais on y emploie souvent
Décrabasser pour : Tomber avec fracas ou abon-
dance (personnes ou choses). A Loudun on dit
que la pluie tombe à crabas.
Crabossé, adj. q. — Ecraboui, écrabouillé,
écrasé Syn. de Ecramoui.
Crabuchage (Mj.), s. m. — Action de
Crabucher. Ex. : Il n'en fait d'un crabu-
chage avec ses sabots neurs. — Syn. de
Traquemardage, Cramâillage.
Crabucher (Mj., Fu.), v. n. — Trébucher.
Corr. du mot fr.
5.?"Crabut (Lg.), s. m. — Heurt, choc, col-
lision. Ex. : Dans le crabut, y a eu deux
hommes de tués.
Crabutter (Lg.), v. n. — Se heurter,
entrer en collision. Ex. : Les deux automo-
biles ont crabuué Fine dans l'autre. Cf. Cra-
bucher.
Crac s. m. — Crapaud (Segr.) par onoma-
topée (MÉN.). Il Sa. — Gros crapaud. N. Les
petits s'appellent Cloues. Onom.
Cracassage (Lg.), s. m. — Craquement,
éclat de la foudre.
Cratasser (Lg.), v. n. — P^'aire entendre un
bruit de craquement, surtout en parlant de
la foudre, lorsqu'un coup éclate à courte dis-
tance. Ex.: J'aime poit quand ça cracasse
toi à coûté.
Crachat ou Crache- de- cocou (Mj.), s. f. —
Flocons d'un liquide mousseux et p. ê. mu-
queux, qui j'essemble à de la bave ou à un
crachat de salive, et que l'on voit souvent
au printemps sur toutes les parties des plantes
sans acception d'espèce. On attribue l'ori-
gine de ces flocons écumeux au coucou,
parce qu'il se trouve qu'il commence à
chanter vers l'époque où on les observe. Je
crois qu'en réalité c'est la bave d'une espèce
de chenille. \'. Crache et Thion au Folk-
Lore, m. Ij By. — C'est la bave d'une larve,
^ mais pas du tout chenille — d'une sorte
CRACHE - CRAISSET
243
d'altise, vulgairement appelée Gilbert, nom
donné à plusieurs insectes qui ne se res-
semblent pas, entre autres à l'insecte qui
replie les feuilles de vigne en cigares pour y
déposer ses œufs, trois, je crois, par cigare.
Et. — « Ecume de terre, ou écume printanière,
dite aussi Crachat de coucou, crachat de grenouille,
écume dont s'enveloppe la larve d'un insecte
hémiptère (l'aphrophore écumeuse). On a donné
le nom d'écumes printanières à ces amas de ma-
tières mousseuses qu'on voit au printemps sur les
herbes des prairies ; le peuple, qui en ignore la
vraie nature, les prend pour des crachats de
différents animaux. « (Litt. V Ecume.) — « Cra-
chat, plaque écumeuse qui vient sur les feuilles des
végétaux attaqués par la larve du cercope. »
(Darm.) — « Flocon d'écume qu'exhale de son
corps un insecte, espèce de puceron, qui vit sur les
genêts principalement. >> (Ôrain.) Quant au mot
Crachat, il vient du germ. ; anc. scand. Krâki,
salive ; anglo-sax. hrœkan. La forme germ. avec
l'h devant l'r explique à la fois Cracher et Racher,
qui sont le même mot. Il est probable que le lat.
Screare renferme un radie, commun à celui des
lang. germ. (scr = hr), mais il ne peut rendre rai-
son des formes romanes ; il aurait donné Escréïer.
Crache (Fu., By.), s. f. — Salive. Subst.
verb. de cracher.
Crache- louis (Lm.), s. m. — Le cheval qui
crache perd de sa valeur (Mén.).
Crache- pain, (N. d'Angers), s. m. — Mets
assez peu ragoûtant. On fait cuire, avec des
pommes de terre, des petits poissons (qui
n'ont pas la bauge), le tout se réduit en une
sorte de bouillie, et, comme les arêtes y
sont mêlées, on les crache à mesure. D'où le
nom.
Crache- au- pot, s. m. — Vieillard caco-
chyme qui se tient près du foyer, tout
courbé. ■
Crachot' (Mj.). — Crachat, salive.
Crachotage (Mj.), s. m. — Crachotement.
Syn. de Crachoterie.
Cfachoterie (Mj., By.), s. f. — Action de
crachoter ; crachotement. Syn. de Cracho-
tage.
Crâgne (Mj.), s. m. et adj. Crâne.
Cràgneuient (Mj.), adv. — Crânement.
Crahouner (Lg.), v. n. — Tousser creux,
avoir une toux profonde. Syn. de Cahuter,
Cahurner, Battre-les-pieux, Teuyer.
Et. — Doubl. de Cahurner, par métath. de l'r.
Craie (Mj.), s. f. — V. Crâ, qui est plus
employé.
Crailler (Sar., Tir.), v. n. — Crier, appeler. ||
V. réf. 'E s'est crâillée, — elle s'est écriée
(Z. 150). Il Li., Br. — On les entendait
crailler.
N. — Se dit du cri de la corneille. Onomat. —
Extens. de sens. — Croailler. (Litt.) — « Un
craillard d'oie, la trachée-artère, l'organe qui sert
à crailler. Les enfants s'en servent pour produire
un son peu agréable. » (Jaub.) — V. Chassifiau. —
Il C'est une chose fâcheuse et malplaisante que
d'ouïr une poule croqueter et une corneille crailler
et. toutefois, celui qui contrefait la poule croque-
tante et la corneille craillante nous plaît. » (Amyot.
Œ. de Plutarq. 5® livre des Propos de table. Quest.
!'■<'. (De Montesson.)
Craindre (Mj., By.), v. a. — Craindre sa
peine, — plaindre sa peine.
Crainte (Mj., By.), s. f. — Crainte de, crainte
que, s'emploie elliptiquement pour : de
crainte que, ou de. Ex. i Fin comme Gri-
bouille, qui se jetait dans l'eau, crainte de se
mouiller. — Il avait tout mis dans le nom de
ses enfants, crainte que sa femme serait
morte avant lui. || Pousser la crainte, — ins-
pirer la crainte. || En crainte, — craintive-
ment, timidement. Ex. Il ne illi parlait qu'en
crainte.
Et. — Craindre. Du lat. Tremere, trembler, et
aussi Craindre. L'articulât, tr s'est changée facile-
ment en cr. Cremir répond à une conjug. changée,
tremire. — Hist. « Le présent papier ayant été
osté de l'église, crainte que les gens de guerre ne le
brûlassent. » (1652. — Inv. Arch., S, s, E, p. 364-
col. 2.) — « Dévoré par la fièvre, en proie aux tour-
ments de la soif et de la faim, il n'ose, crainte de
surprise, aller demander dans les métairies la nour-
riture dont il a besoin. » (Deniau, Hist. de la
Vendée, v, 504.)
Craint-peine (Mj., Bf.), s. m. — Celui
qui plaint sa peine. Syn. de Tire-à-cul.
Craintpenneté, (Bf.), s. f. — Action de
craindre sa peine, peur de se donner du mal.
V. Pelbrette.
Craion (Gré-on) (Mj., By.), s. m. — Crayon.
Cf. Bruère.
Craire (Mj., By., Fu.), v. a. — Croire. ||
Obéir. Ex. : N'y a gens de le faire craire,
ceté sapré graissoux-là ! — || Absolument.
Se craire, — avoir de soi-même une haute
opinion, être orgueilleux. j| Si je me crayais,
— si je m'en croyais. — Prononc. Créere.
Et. — Credere, creidre, creire, croire. — On
disait autrefois : crere, je crais ; prononc. inaugurée
au xvi« s.
Craisir, v. n. — On pron. Kersir ; — mourir,
expirer. (By.)
Craissant (Mj., By., Fu.), s. m. — Croissant.
Du fr. Craitre.
Craisset, s. m. — Lampe, chandelle ; fer
bifurqué qui soutient la résine allumée
(MÉN.).
Et. — « Creuset. — Altérât, du vx fr. Croisuel,
devenu Croiset par substitution de suffixe, et
Creuset, par un rapprochement arbitraire avec
Creux. » — L'a. f. signifie aussi : lampe, et le sens
primitif paraît être : « lampe à mèches croisées »,
Croisai étant un dér. de Croix. (Cf. B. L. Crucibu-
lum.) OrDix donne encore, en 1643, Creseul et
Cruzeul, à côté de : creuset :
« Ki a croisuel toute nuit veille. » D. C. (Darm.)
— « Cracet, espèce de lampe. (Cf. Chareil et Cha-
leil. — Lucubrum, crasset, gallice. — Variantes :
Cracet. crasset, craisset, craissés, crichet, gracet,
grassot, creuseul, croissol. — Crassier, marchand
de graisse ; cras, pour : gras. (Nombreux ex. de c
mis pour g.) » (La Curne.) — Crasset, Lampe,
CRAISSU — CRAPACIXE
vaisseau propre à faire brûler de l'huile ou de la
graisse pour éclairer. Crassa ' : « Le baston à quoy
l'en pend le chaleil ou crasset les soirs, pour alu-
mer en la maison. » 1356. — Crucibulum, quod
cruciet bolum, id est, bolum sepit. (En note :
risum contine, comme qui dirait : Gardez votre
sérieux, et il y a de quoi. ) — L'auteur admet
l'étymol. : en forme de croix. — Il propose aussi •-
Crassa, seu Adeps, de la graisse qu'on y brûle en
guise d'huile. (D. C.)
Résumé : 3 origines : Crasset, de crassa, graisse ;
Crucet, de crux, crucis, croix ; Creusset, de creux,
creuset.
ScHELER : Creuset. Ce mot et tous ceux de ce
genre (croisel, croiseul, etc.) dériv. du mha. Krus
(nha. Kraus) pot, cruche, jatte. Le B. L. Crucibu-
lum est une extension arbitraire du radical germ.,
opérée p.-ê. sous l'influence de Crux, à cause des
mèches croisées de certaines lampes. — Les formes
picardes : crachet. créchet, et angl. cresset, lampe,
sont indépendantes de notre mot et tiennent à
crache, graisse, suif.
Craissu, (Mj., Lg., Fu.), part. pas. — Crû,
de craître. N. Au Lg., cette forme e.st d'usage
courant ; à Mj., elle a vieilli et ne s'emploie
guère qu'en plaisantant. — Cf. Torsu. \\
Fu. créeçu.
Craît (Mj., Fu.), s. m. — Envie, petite
portion de peau qui se détache et se soulève
près de la base des ongles. Dér. de Craître,
parce que ce petit décollement de la peau
est attribué à la croissance. Syn. de Recu-
lons et de Echarde. \\ Mj., Lg. — Croissance.
Ex. : Ce queneau-là n'a pas encore flni son
craît.
Craître (Mj., Lg., Fu.), v. n. — Croître,
grandir. Et Lat. Crescere, creis're, creistre,
croistre, croître. — Au xvn^ s. plusieurs
prononçaient : craître, qui rimait avec les
sons en aître. Cf. Crére, de Credere, croire.
Cramail (Sa., Fu.), s. m. — Sauter au
cramail de qqn ; lui sauter sur le dos, le
prendre à la gorge. || By. — Crama, Crémâ.
Et. — Peut-on le rapprocher de cramignole
sorte de bonnet, toque? (L. C.) Je note encore
Cramaculum. d'orig. incert.. peut-être dérivé du
néerl. Kram, crampon, qui figure dans les Capitu-
laires de Charlemagne ; d'où : crémaillère. — V. Cra-
mas.
Craiiiâillage (Mj.), s. m. — Action de
crainâiller, bruit de sabots claquant sur le
sol. Syn. de Traqiiemardage, Crabuchaqe.
Cramâiller (Mj.), v. n. — Faire du bruit
avec les pieds, traîner ses sabots, les faire
résonner.
Et. — Nul rapport avec : cramâillère ; p.-ê. un
à- peu-près pour Truquemarder.
Cramâillère (Mj., Ti., Zig. 150, By.), s. f. —
Crémaillère. Branler la cramâillère. On dit
en plaisantant qu'il faut branler la cra-
mâillère, lorsqu'il se produit qq. événement
heureux, inespéré et à peine croyable,
lorsque qqn a pris une bonne résolution qu'il
aura peine à tenir, exécuté un acte dont on
ne l'aurait pas cru capable. A Sp. on dit, dans
les mêmes circonstances : faire une croix à
la cheminée. || Quand on s'installe dans une
mai.son neuve, on pend la cramâillère ; on
réunit ses parents et ses amis dans un festin
d'inauguration. || Fu. — A bref.
Et. — Voir au mot Cramail. B. L. Cramaculus,
du xn® s., cremasculus, cremasclus, du xiv«. —
Hist. « Quaresmeprenant. . . a les pores uretères
comme une cramâillère. « (Rab., P., iv, 409.)
— « Cramilliée de fer
Et grassot (lampe) en yver. »
Fables inss. L. C.
Cramâillon (Mj., Lg., By.), s. m. — Petit
crochet de fer, que l'on suspend par une
boucle au crochet de la crémaillère pour la
rallonger.
Et. — Dimin. irr. de Cramâillère. || Fu. — A bref.
Cramas (Bg.), s. m. — Le crâne. V. Cra-
mail.
Et. — A rapprocher de Cresmail. Espèce de bon-
net qu'on mettait sur la tête des catéchumènes
après leur baptême. Chrismale.
Cramassée (Lg.), s. f. — Grande quantité.
Ex. : Y a eine cramassée de boisis cette
année. Syn. de Affourée, Fouaillée, Tournée^
Râpée, etc. Cf. Crabassée.
Cramasser (By.), v. n. — Sauter avec
fureur sur qqn. — Vient de Cramas, comme
Cramailler de Cramail.
m. — Crapoussin.
Crôle-cul, Boustrou,
Cramoilot (Sp.), s.
V. Crapaud. Syn. de
Crapasson, Bas-cul.
Cramponner (se) — (Mj., Lg.), v. récipr. —
Se saisir à bras le corps, s'empoigner pour se
battre, lutter. — Se dit absolument.
Crampsé (crammpsé), adj. q. Mort. (Ag.)
Il est crampsé, — il est mort.
Et. — Est-ce la dernière crampe, celle qui
amène la rigidité? — Je trouve, dans L. Lakchey,
Cramser, mouvoir, pour crapser, et celui-ci pour
clapser. — Mais, clapser? Et claqué?
Crâne (Mj.), s. m.
N. — On prononce souvent : crâgne. A noter que
l'on n'emploie jamais ce mot que dans la loc. :
Crâne de la tête. Ex. : Ça illi a défoncé le crâne de
la tête. Cf. Poignet du bras. Chignon du cou,
Chiiille du pied. |] Mj., Lg., adj. q. — Hautain,
dédaigneux. Ex. : Il se tient crâne, depuis qu'il a
mouillé dans son assiette (qu'il est devenu riche).
Crâner (Mj.), v. n. —
brave. Syn. de Braver.
Cranoux, ouse (Sp.),
veux.
Craoner (Cho.), v. n.
lement.
Et. — Onomatopée (Mes
qui se produit quand on arrache le mucus.
Crahouner.
Crapacine (Mj.), s. f. — Ne s'emploie que
dans l'expression : Se prendre à la crapacine,
— s'empoigner, se saisir en se battant. ||
Endroit qcque par où on peut saisir une
personne.
Et. — Ce mot se rattache à la rac. Grap, Grip,
qui indique l'action de saisir. Il est voisin du fr.
Crampon, Cramponner.
Faire le crâne, le
adj. q. — Mor-
— Cracher diffici-
Rappelle le son Crrr,
V.
CRAPASSER — CRÉ
245
Crapasser (se) — (By.), v. réf. — Se tenir
fortement. — D'où Decrapasser (se), tomber,
après avoir lâché la poignée.
Crapasson (Lg.), s. m. — Crapoussin.
Doubl. de Crapuchon, Crapichon et du mot fr.
— Syn. de Bas-cul, Crôle-cul, Cropet, Cra-
molot, Boustrou.
Crapaud (Mj.), s. m. — Eborgneux de
crapauds, — nom sous lequel les cultivateurs
se désignent eux-mêmes par plaisanterie.
Il Fig. Avoir les mains comme des crapauds,
— les avoir enflées. || Sp., By., — Fig. Cra-
poussin, gamin, marmot. |! Id. — Magot,
bourse pleine. On dit de même en fr. : la
grenouille. — Dans ce sens, Littré : petite
bourse de soie dans laquelle les hommes
enfermaient leurs cheveux par derrière. ||
Z. 141. — Il a de l'esprit comme un crapaud
a de la pieume (plume), ç.-à.-d. qu'il en
manque complètement. || Les ouvriers de nos
ardoisières donnent ce nom aux plates-
formes destinées à recevoir le bassicot ou
baquet et (qui) permettent de le pousser jus-
qu'à l'extrémité de chaque banc au fond des
carrières nouvellement ouvertes (Mén.).
Et. — Incert. — B. L. crapaldus, crapollus. —
Anglo-sax., creopan ; frison, kriapa ; holl. kruipen.
Crapaudière, Corr. de Crapaudine. — Hist.
— R. J., fileuse à l'Ecce Homo, a eu la main
gauche prise entre la crapaudière et la balance
de son métier {Ang. de Paris, 13 décembre
1907, 3, 2.)
N. — Il fallait Crapaudine, plaque qui sert de
support et de coussinet à une tige verticale ayant
un mouvement de rotation. Balance, expression
impropre, pour Chariot. C'est un appareil qui se
déplace verticalement sur une hauteur de 0,25 à
0, 30 cehtim., par un mouvement régulier montant
et descendant. (M. P. . . Usine Bessonneau.)
Crapaud- boursier (Fu.). — Gros cra-
paud. — V. Boursier.
Crapaud-pissoux (Id.). — Variété de cra-
paud.
Crapaudine (Mj.), s. f. — Sorte de lichen
qui, api)li(]ué sur une contusion, fait sortir le
sang à travers la peau.
Et. — Ainsi nommé parce qu'il ressemble à lu
peau du crapaud.
Crape, s. f. — Crampe. V. Goutte-Grampe.
Et. — Ane. ail. Krampf, même radie, que
Crampon. Crampe, cranche, crance, grampe et
même grappe, sont toutes formes d'un même mot,
qui était adj. — Etre crampe, avoir les membres
contractés, engourdis, avoir là goutte-crampe.
(LiTT.)
Crapiche (Lg.), s. f. — Petit crapaud. ||
Sorte de rainette à peau jaune-brunâtre. Sjm.
de Crapichon, Crapuchon, Cloue.
Crapicliun (Lg.), s.
piche.
m. — Comme Cra-
Crapousser (Lg.), v
ruler.
a. — Pousser, bous-
El. — Si l'on compare ce verbe avec le Mj.
Crabucher, on se rend compte que le préf. Car
représente le fr. Tré, Très, lat. Trans, avec idée
d'au-delà. — Syn. de Poussarder, Pauficher.
Crapucher, (se) — (By.). — Empoigner
qqch. et s'y maintenir^fortement. D'où
Décrapucher, tomber. ^,,_, -\','^. '7^ ; C-!.:r)*V;
Crapuchon (Sp., Mj.), — Petit crapaud.
Syn. de Crapiche, Crapichon, Râillon,iBâil-
lard , Roillard, Cloue. \\ Fig. Crapoussin.
Syn. de Cropet, Cramoloi, Crôle-cul. Bous-
trou, Bascul, Crapasson.
Craquereau, ou rot (Sar.), s. m. — Tesson de
vaisselle. — V. Câquerot.
Crasse (Mj.), s. f. — Grande quantité.
Ex. : Des poumes, illy en a eine crasse, cette
année (pron. : stan-née).
Et. — Lat. crassus, épais, d'où : grande quan-
tité. On dit bien : Il n'y en a pas épais, — en par-
lant, p. ex., de gens d'esprit. — Syn. de Confusion,
Bénédiction, Flopée.
Il Procédés bas, indélicats. « Il m'a fait
eine crasse, mais il ne la portera pas en
paradis. » (Lg., Mj., Fu., By.) || Echauffer
la crasse, — impatienter, agacer. On dit de
même, en fr. : Echauffer les oreilles. — Cf.
Achaler.
Crasseux (Mj., Lg., By., Fu.), adj. q. —
Ladre, pingre, avare.
N. — Dans le même ordre d'idées, on dit en fr. :
Il est d'une avarice sordide.
Crassouillou.x, adj. q. — ■ « Dans un rap-
port d'experts : Attendu que le temps étant
trop crassouilloux et trop patduilloux, l'ex-
pertise a dû être remise. (Lpc). — Temps
pluvieux, rendant les chemins impraticables.
Cf. Gassoilloux.
Crassoux (Lg., By., Mj.), adj. q. et s. —
Crasseux.
Et. — Ce sufTixe, oux, est toujours signe de
mépris.
Crau, s. m. — Pierre celtique (Mén.).
N. — Probablement pierre, même non celtique.
— MoisY : Crom (angl. Crag), pierre provenant des
premières couches d'une carrière. Du celt. craig,
pierre, roche. Cray ou Gray, en Basse-Normandie.
« Nous appelons ici cray ou gray le menu caillouage
qui se trouve aux carrières, avant que l'on ren-
contre la bonne pierre. » (Moisant de Brieux.)
Crayable (Mj., By., Fu.), adj.q. — Croyable.
Cf. Craire, cr ayant.
Crayais, v. a. — Je croyais (Juni., Fu.,
By.). — Je crayais. V. Crére.
Crayance (Mj., By.), s. f. — Croyance.
Doublet du fr. Créance.
Crayant (Mj.), part. pr. — Croyant. ||
Adj. verb. Crédule.
Craye-vous ? (Mj., etc.), v. interr. —
Croyez-vous ? — Cf. Sa-vous ? Entende-
vous ? Pense-vous ? Voye-vous ? A vous ?
V. Crez-vous ? Cré-vous ?
Cré (Mj., By., Fu.), adj. q. — S'emploie
246
CRÊ - GRESCENT
dans les jurons comme abréviat. et atténua-
tion. Aphérèse, pour Sacré. Crk. mâtin !
crk coquin !
Crê (Mj., By., Fu.), s. m. — Crêpe, bande
d'étoffe noire que l'on porte au chapeau en
signe de deuil.
Et. — Du lat. Crispus. Dans l'a. langue, crespe
est un adj. signifiant : crépu, frisé. Cette étoiïe est
frisée.
Créature (Fu., etc.), (créiature, criature,
kériature), s. f. — Terme injurieux. C'est
eine créiature ! en parlant d'une femme
galante.
Hist. — « Et voilà que la pauvre créyature en est
devenue jaune comme un coin. » (Mol., Le Médec.
malgré lui. II, 1.) — Sainte Marie Egyptienne dit,
en parlant d'elle-même
« Jou ne li os (je ne lui ose) tourner mon vis.
Ne li os torner ma failure (taille),
Car je sui une créature. >< (L. C.)
Crèche (Mj.), s. f. — Dans une vigne dé-
chaussée, espace entre deux déchaus, formant
un sillon au milieu duquel se trouve la rangée
de ceps.
N. — On prononce très souvent Querche.
Et. — Orig. german. Ail. Krippe : dan. Krybbe ;
angl. crib ; celtiq., irl. grib.
Créere (By.), pour Croire. Cf. Craître, pour
Croître. — || Alors il faut Craire ?
Crégnasse (Sp.), s. f. — Tignasse. Cheve-
lure en désordre.
Et. — Dér. du lat. Grinis, avec le suff, péjor.
asse. Il est probable que le fr. Tignasse n'est qu'une
corr. de ce mot patois. V. Tégnasse. Cf. l'esp.
Grena, même sens.
Crégnière (Mj.), s. f. — Crinière.
Créiances (Lg.), s. f. pi. — Déchets du
criblage des grains. Mot vieilli et peu usité.
Syn. de Gratteilles, Ecréiances, Quériances.
Créiatoire (Mj.), s. f. — Créature. S'em-
ploie seulement en plaisantant. Cf. Créa-
ture, Créiature.
Créiature (Ag.), s. f. — Mauvaise pronon-
ciation de Créature.
Hist. — Renart le voit, si s'est dreciez.
Sire, fit-il, bien veigniez-vos,
Séez-vos si de joste nos.
Lez ceste lasse criature...
Crémeau, — Vx mot angevin. Coiffe ;
Vase.
Hist. — « Il y a trois calices, un soleil de ver-
meil, un ciboire, une custode et des crémeaux, le
tout d'argent... >■ (Anj. Hist.. 7« an., n" 1. juill.-
aoùt 1906). — « Béguin, coiffe. C'est, proprement,
le bonnet qu'on met sur la tête de l'enfant après
qu'il a reçu le baptême. « (L. C.) — C'est aussi le
vase où se conservent les saintes huiles : « Un
cresmeau à trois tournelles, dont le pied est en
façon de boette pour mettre le pain à chanter.
(Pièce de 1492. Du Cange.) — En 1416, on trouve :
Item, un cresmier d'argent veré à trois estiuz, pour
mettre le Saint-Cresme. (L. C. — N. E.) D'où le
nom. — Veré, vairé, ouvragé. V. Cramas.
Crémet (à peu près partout), s. m. — Lai-
tage fait avec de la crème, au moment où elle
va tourner au beurre dans la baratte.
Crémette (Mj.), s. f. — Syn. de Harbe au
beurre. Dér. de Crème, Crémer. C'est la
croisette.
Crémon (Craon), s. m. — Crachat ver-
dâtre. Syn. de Morvias, Biritte, Caraillas.
Cf. Quernon.
Créneau, s. m. — V. Bas-flancs, Bat
flancs. C'est un Bas-flanc fixe. Crèche d'é-
tables. Rappelle les créneaux des fortifica-
tions. Créniau. Cf. Quernon.
Créniau (Z. 69.), s. m. — Crèche d'étable.
Et. — De cran, d'après Tanc. forme Cren. —
Crena se trouve dans Plixe (leçon douteuse). Le
b. ail. a Karn, entaille. — Les bâtons de la crèche
la font ressembler à des créneaux.
Crénonille, s. m. — Voir Barbeau. MÉx.
Bat. donne Créconille, Centaurea, Cyanus,
Bluet, Aubifoin, Casse-lunettes.
Créon (Craon, Fu., By.), s. m. — Crayon.
V. Craion.
Et. — De : creta, craie. — On trouve Créon
en 1.554.
Crêpe (Mj.), s. f. — Fig. Ennui, désagré-
ment, déconfiture, entreprise manquée. « En
velà d'eine belle crêpe ! » V. Galette. \\ Virer la
crêpe, c'est mourir (Segr.). — Etre de la
crêpe, ou en débauche. (Id) Mén.
Crêpe (Mj., Fu.), s. f. — Crête. Ex. : Velà
eine poule qui va bentout pondre, aile a la
crêpe ben rouge. || Fig. Se sauter, se prendre
à la crêpe, — s'élancer l'un sur l'autre, se
battre. Se dit des personnes, aussi bien que
des coqs, dont les combats ont donné nais-
sance à cette métaphore. — Se crêper le
chignon, se rapporte à' crêpe ci-dessus.
Crispus, crispare. i| Rabattre la crêpe à qqn.,
l'humilier.
Crêpe-de-coq (Mj., Fu.), s. f. — Crête de
coq, rhinante ou célosie ; amaranthus crista
galli.
Crêpée (Th.) s. f. — Galette faite au four
de campagne.
Crêpelier, adj. q. — Des crêpes, où l'on
fait des crêpes. A Sa., com. à Mj., il y a un
dimanche crêpelier (celui de la sexagésime),
un jeudi crêpelier. La semaine crêpelière est
celle qui précède la semaine grasse.
Crépine (Sa.), s. f. — Péritoine. Syn. de
Dentelle.
Et. — C'est le fr. Crépine, peut-être dans son
sens propre. — Le péritoine est crêpelé, crispé,
frisé. C'est la petite toile de graisse qui couvre la
panse de l'agneau et qu'on étend sur les rognons
quand celui-ci est habillé.
Crépissage (Lg., By., Fu.), s. m. — Cré-
pissure, crépi, enduit.
Crére, v. a. — Croire. || Obéir. V. Craire. \\
Ec. — Creye-vous ? Croyez-vous ?
Crescent (Jum., Lé.). -— Le Croissant,
CRÉSOT — CRIBLER
247
le premier quartier de la lune. Comme en
anglais. || Lue. — poussant et profitant, en
parlant de plantes ou d'animaux. || Fu. —
Craissant.
Et. Lat Crescere, croître ; part. pr. Crescentem.
Crésot, s. m. — Lampe en fer à suspension.
V. Craisset.
Crêssion (Lg.), s. m. — Petite quantité
de marchandise que l'on ajoute à une mesure,
à une pesée. Syn. de Amendillon, Ajet,
Trait.
Et. — Dér. de Craître, || By. — On dit Amen-
don — qu'on prononce souvent Aliandon — pour
diverses marchandises : Ravouillon , pour le lait ;
Peson, pour le pain ; Rabiot, etc.
Cressonère (Mj.), s. f. — V. Scressonère.
Cressonnette, s. m. — Cresson des prés,
des vignes ; noms vulg. de l'Eresymum
praecox (MÉx.). — Nom de lieu. Fu.
Cresson des prés, s. m. — Vulgaire carda-
mine des prés (Mén.).
Et. — Probablement de Crescere, croître, à
cause de la rapidité avec laquelle croît cette
plante.
Cressu (Z. 139), part. pas. — Crû, grandi.
Et mieux : Crésu. V. Craissu.
Crésu, part. pas. de Croître, craître. Crû,
qui a pris de la croissance. « Oh ! nout ! jeune
maîtresse, comme v'z avez crésu et enfu-
rieusi ! » || By. — Crésu et enfoérieusi.
Crételle. s. f. Ou : queue de chien : cyno-
surus cristatus. (Mén.) Assez commune dans
les prairies et les bois et qui fournit un foin
de bonne qualité. Dimin. de Crète. (Bat.).
trêtion (Lg. — t dur), s. m. — Bande de
terrain en éteule, ou en étouble, large de 15 à
20 centim., que le laboureur laisse entre deux
sillons consécutifs, lorsqu'il retourne une
éteule vers la fm de l'été.
Et. — De : crête. — N. Les labours de (in d'été
se font soit en levâilles, soit en crêlions. Labourer en
levâilles, c'est retourner toute la surface du champ,
et alors on le laisse ainsi, sans l'ensemencer,
jusqu'au printemps. Dans l'autre cas. on y trace
des billons parallèles formés de deux billons
adossés et séparés par des crêtions qui servent à
couvrer ou à encrêter lorsqu'on emblaye ou emblave
à l'automne.
Crêtrc,
croître.
Autre graphie de Craître,
Creuser (By., Mj., etc.), v. a. et n. — Donner
de l'appétit. || Absolument. Vider son verre.
Ex. : Vous ne creusez point ? Faut creuser ein
petit ! !| Lg. — Creuser les abeilles, — ôter
le miel des ruches. Syn. de Curer.
Creuseur (Lg.), s. f. — Profondeur.
Creusiot Fruit altéré, dépourri. (Segr. —
Mén.) — De : creux ? V. Cureau, Curot.
Creusot '. — Plante, ou tiges, ou feuilles
baignées par l'eau, qui ne touchent pas
entièrement à la surface de l'eau et forment
une espèce d'arc (Mén.).
Creusot ^ (Cho.), s. m. — Lampe dont les
tisserands se servaient autrefois pour s'é-
clairer dans leur travail. C'était un petit
ustensile en fer battu, non étamé, en forme
de cône tronqué, muni d'une boucle à son
sommet et portant un bec latéral vers sa base.
Là se trouvaient deux réservoirs superposés,
l'un supérieur, contenant l'huile, où trem-
pait la mèche ; l'autre inférieur, servant de
trop-plein, où se déversait l'huile, lorsque
l'ouvrier, par mégarde, penchait trop son
creuset. — Du franc. Creux. V. Craisset.
Creux, se (Mj., By.), adj. q. — Avoir le
nez creux. V. Nez. || Avoir les cheveux creux.
— être jaloux. || Sonner le creux, — sonner
creux. I! Voix creuse, — v. sourde. !| Tousser
creux, — avoir une toux profonde. !| Trou
(Li., Br.). Une bonne femme donne une
ca.sserole à raccommoder et dit à l'éta-
meur : « Vôlez-vous mé boucher mon
creux ? »
Crevaison, s. f. — Mort des animaux.
Terme injurieux à l'égard des hommes
malades. — Etre à la crevaison (Mén.). Pron.
Kervaison. Il Fu. — id.
Crevant (Fu.), part. prés. — Fatigant. Un
ouvrage crevant. \\ Mj., Id., et : très drôle.
Syn. de Tordant.
Crevasse (Lg.), s. f. — Ouverture dans
une haie, produite par l'arrachage d'un arbre
ou par le passage de gens qui ont brisé les
épines. Syn. de Pas.
Crève- chien, s. f. — Ou morelle noire. On
la dit susceptible d'empoisonner les animaux.
C'est une erreur. — Solanum nigrum, Bat.
Crève-cœur (Sp.), s. m. — S'emploie dans
la locution : Charger à crève-cœur. Pour
charger une pochée à crève-cœur, on s'appuie
le creux de l'estomac sur l'extrémité supé-
rieure de la pochée et, se penchant au-
dessus, on l'embrasse au milieu, et on la
fait basculer sur l'épaule à la force des bras.
L'expression s'explique d'elle-même. A Mj.,
on dit : Charger à collet. Au Lg. : en trousse.
Crévou (Th.). — Petite cruche à huile.
V. Craisset.
Crez-voHS, Cré-vous ? (By., Zig. 183.), v.
interr. — Croyez- vous? Contraction de Crayez-
vous ?
Cribiolé (Lg.), adj. q. — Braque, à demi
idiot. Syn. de Maboule, Toc-toc, Timbré,
Tiqué, Crique.
Et. — Pour Crib/olé, dimin. de Criblé, part. pas.
de Cribler, dont le sens est : Rendre infirme. Ainsi,
Crib/olé signifie : Un peu infirme (du cerveau).
Cribler (Mj.), v. a. — Fig. Estropier. Ex. :
Dans ces travaux-là, y a de que se faire
cribler dix fois par jour. — Cf. l'angl. to
Cripple, estropier.
Et. — Le crible étant un instrument percé de
trous, le sens est venu de : être percé comme un
crible. — .Mur criblé de coups de canon. — Lat.
cribrum.
248
CRIBLEUR — CROCIIE-PIED
€ribleur (Fu., By.)' — Guerleux, — Crible
— guérie. « J'vas faire guerler mon grain ;
ou-l'-é temps. »
Cric (By.), s. m. — On dit proverbialement
fort comme un cric. \\ Tlm. — Roue à rochet
dont est muni le taillet d'un métier de tisse-
rand. Le cric est maintenu par le chien. \\
By. — Crî. — Mais, que le crique me croque.
Et. — Dans ce dernier sens, Cric est p.-ê. p. Clic,
inus., qui serait la rac. du fr. Cliquet, Cliqueter.
N. — J'ai connu, à Sp., un homme dont le juron
favori était : « Que le cric me croque ! » — L'asso-
nance de cric et de croque était sans doute pour
beaucoup dans l'adoption de cette sentence, que
je croyais alors dépourvue de sens ; mais je vois
que les dents du cric l'expliquent suffisamment. —
Cette exclamation est très usitée et employée
surtout pour désigner une chose impossible. Ex. :
Si j'y comprends ren, — si jamais je vas chez li, je
veux ben que le cric me croque ! — A. V. || Fu. Id.
Cricasser (a très bref) — (Sp., Fu.), v. n. —
Faire entendre le bruit de qqch. qui craque ;
craqueter. Ex. : Comme ça cricasse ! — se dit
lorsque le tonnerre gronde. Syn. de Cracasser.
Il Mj. Crépiter, craqueter. Ex. : Quand on
le remuait, avec sa jambe cassée, ça illi
faisait cricasser les rouchets. \\ Se craqueler,
se fendiller. Ex. : La patine est toute cri-
cassée ; ein bol tout cricasse, dont l'émail
est craquelé. || V. a. Fêler.
Et. — Onomat. Cric, exprimant le bruit d'une
chose qu'on casse, qu'on déchire. Cric-crac.
— N. La syll. cas est très brève.
Cripassiire (Mj., Sp.), s. fém. — Craque-
lure, fente légère, fêlure.
Cri-cri (Mj., By.), s. m. — Grillon. Syn. de
Guerlet, Guerzillon. \\ By. — Chant du grillon ;
l'animal se nomme (3rézillon (gherzillon).
Crier (Mj., Fu.), v. n. — Crier à la force,
— crier au secours. || Crier au vinaigre,
— crier de douleur. V. Vinaigre. \\ Crier sus le
dos, sus le corps, — huer, invectiver, menacer
de loin. || Crier après qq'un, — l'invectiver. ||
Ec. — Crier, forcer la voix, pousser des cris ;
pron. cri-er. — Pleurer, se plaindre^ pron.
Kérier.
Et. — DiEZ le rattache à l'ancienne étymol. lat.
Quiritare, appeler les Quirites, les citoyens à son
secours. L'i bref a facilement disparu ; il est resté
Kritare, qui a donné sans peine : crier. — Hist.
« Nous ne cesserons de crier après vous, comme un
aveugle qui a perdu son baston. » (Rab., G., i,
19, 38.)
Crignasse, s. f. — Chevelure en désordre.
(Segr.). Cf. Teignasse, Crégnasse (Méx.).
By. — Id.
Et. Hist. — Crigne, chevelure, crinière. « Avoit
ledit coursier la creigne, le toupet et la queue tout
de fil d'or. »
c< Trait ses crignels pleines ses mains amsdous. n
Il tire ses cheveux à plein ses deux mains. —
Chans. de Roi, st. 204, v. 15. (L. C.)
Crilloire, s. f. — Cave d'habitation à Sou-
langé. En langue romane on disait une ava-
louère pour désigner un objet en pente
(à-val) ; pour descendre dans la carrie, on deS'»
cend par la crilloire. Crilloire et Carrie s'em-
ploient l'un pour l'autre. Il y avait un sei-
gneur de La Crilloire à Lambinière (à Tré-
mentines). — Méxière, cité textuellement.
Il A Tlm., ancien château et paroisse qui,
avant la Révolution, était distincte de Mau-
lévîier. On dit encore en plaisantant : T. le M.
et la Crilloire.
Crique, ée (Mj.), adj. q. — A moitié fou,
qui a la tête qq. peu fêlée ; timbré. Syn. de
Cribiolé, Maboule, Toc-toc, Tiqué.
Et. — Ce mot est le part. pas. d'un v. criquer,
inus., doubl. du fr. Craquer, et qui a donné le
dimin. Cricasser. — « Criquer, se fendiller, en par-
lant de l'acier qui se fendille lors du refroidisse-
ment. De crique, fente, crevasse. (Litt.)
Crir (By., Fu., etc.), v. a. — Contract. de
Quérir ; Kri. Chercher. Va donc kri la bue.
Ne se conjugue qu'avec le v. aller. Signifie :
aller chercher, aller prendre, et rapporter.
Cristau (Mj. Fu., By.), s. m. — Sous-car-
bonate de soude ; cristaux de spude. Ex. :
Me faut du cristau pour mettre dans ma
buée.
Et. — C'est, si l'on veut, un doubl. du fr. cristal,
mais plutôt le plur. cristaux, ramené au sing.
Cette substance se vend en cristaux.
Cristau- fil. Verre d'eau de vie (Segr. —
MÉN.). \'. Chistophie.
adj. q. — Difficile, en
Ex. : C'est eine roule
Criticant, e (Mlr.),
parlant d'un chemin.
criticante.
Croart (Q. Z. 136.), s. m. — Vieil arbre,
en grande partie mort. Syn. de Crônier, Sicot.
Et. — Probablement du vx fr. Cro, creux. On
disait : escrouser, creuser.
Croas, s. m. — V. Groas ; gravier et Crau.
Et. — Grève, du lat. pop. grava, d'orig. celtique.
En Anjou, nom de plusieurs lieux : La Grouas
(commune des AUeuds), Les Grouas (commune
d'Andard), etc. — Cf. Guérouas. — Fu. Goéroua.
Croc' (Mj., By.), s. m. — Dans la loc. Il
faut avoir du croc, de la fermeté, de l'énergie.
Il Au plur., dents. || Fig. Avoir le croc dur, —
être sévère, mordant, revêche. || Croc-dur,
s. m. — Personne sévère, rébarbative,
hargneuse. || Lg. — C muet. — Plume d'oi-
seau qui commence à se développer. N. Le
mot ne s'emploie guère qu'au plur., et je ne
saurais garantir l'existence du c final. ||
Z. 156. Endroit d'un arbre d'où partent des
brancTies. || Sp. — Synon. de Proueil. Pièce
de bois servant à l'attelage de la charrue. On
distingue dans le croc : le Tapon ou Atteloire ;
la Tatoire, Tritoire, Tratoire ; la Retraite,
Retresse ; le Cheveilleau ; la Prouillère.
Et. — Rad. germ. et celt. — Lat. pop. Croccum,
d'or, incertaine, qui paraît avoir signifié : chose
recourbée ; cf. Crosse. (Dabm.) — Rac. celt. Cor,
courber. A donné * coroccos, contracté en * croc-
cos, fém. crocca, n. croccon ; croc, instrument de
forme courbe (en bret. Krôk, Krôg : corniq. crog),
— croche, — croce, crosse, — creux. (Malvezes.)
Croclie-pied (à) (Mj., Fu.), loc. adv- — A
cloche-pied.
CROCHET — CROLLE
2'i9
Et. — Cette loc. doit être prise à la lettre ; elle
peint exactement ce qu'elle exprime. Elle ne sau-
rait être regardée comme une simple altération de
la loc. fr., qui est une image beaucoup moins
juste. Qu'il y ait eu confusion entre les mots
Cloche et Croche, le fait n'est pas douteux. Mais
a-t-on dit d'abord : à Cloche-pied (pied qui cloche,
claudicare), ou bien : à Croche-pied (pied, jambe
croche)? C'est cette dernière opinion qui me pa-
raît la plus plausible, par la raison que j'ai donnée
plus haut, et aussi parce que les règles les phis
générales de la dérivation nous indiquent que les
consonnes fortes s'adoucissent ordinairement. Ce
serait donc le patois qui aurait conservé le vrai
mot. (R. O.) — On dit : jambes croches, genou
croche, avoir la main croche. (Litt.) — A cloche-
pied, de clocher, cloppicare, dont le rad., d'orig.
incert., se retrouve dans : clopin, dopant, clopiner,
écloper. (Darm.
Il By. — On dit seulement A cloche pied.
Crochet (crochète) — (Mj.), s. m. — Ba-
lance romaine. || Rester au crochet, — en
variant d'une dette, rester impayée. — Ou :
Rester au milieu d'une phrase sans pouvoi/
trouver une suite. || By. — Pour Croche, jj
Fig. et ironiquement Dent. Ex. : Je ne veux
pas illi rincer les crochets, — lui payer à
boire.
Et. — Peson, romaine, est la signification
propre cl primitive de ce mot. « Pareillement a
esté ordonné que l'on use par tout le pais et duché
d'un mesme pois, et croc de quoy la livre contienne
six onces. » Ordonn. des ducs de Bretagne. — L. C.
Crochetée-de-cerises (By.). — Pour :
trochetée. Vcm.
Et. — Trochée, dér. de troche. Faisceau de
pousses que donne un arbre qu'on a coupé un peu
au-dessus du sol. — Troche : faisceau, assemblage
d'objets de même nature. — Doublet de torche? —
Trochet (la forme féminine : trochete, se trouve
dès 1302), sorte de bouquet naturel de fruits, de
fleurs, que porte une tige. «(Darm.) — Croche, terme
de chasse, probablement pour r troche ; crochure,
pour trochure, les trois ou quatre épois (cors) qui
sont au sommet de la tête d'un cerf. (L. C.) —
Crocheté ; trochet, grappe (de castilles, de cerises).
DoTTiN. — Le mot fr. est : trochet.
Crocheter (Sp., By.), v. a. — Accrocher,
fixer à l'aide d'un crochet. Ex. : Faudrait
crocheter la porte en sortant. || Mj., Pell. —
S'accrocher l'une l'autre, en parlant de deux
roues de voiture. || (Mj.), v. réf. — S'empoi-
gner à bras le corps pour se battre. Ex. :
Après qu'ils se sont ieu ben engueulés, ils se
sont crochetés, le poil en volait !
N. — Veut dire ordinairement : ouvrir avec un
crochet, comme on ouvrait autrefois les serrures :
ici, fermer.
frocheton (Mj.), s. m. — Petit croc, petit
crochet. |l Employé dans les vêtements de
femmes (i''u.).
Crochette (Lg.), s. f. — Pierre do taille
pour une ouverture, qui se place en bou-
tirhe. Contraire de Lancis.
Crocodile, s. m. — Scie pour les pierres
iltnii-durps, d'après ses dents.
Croisé (Mj., By.), part. pas. — Dont les
pennes se croisent sur le dos, en parlant d'un
canard ou d'un oison adulte.
Croisette- noire. — Gro.sse croisette, vulg.
Gallium mollugo, galet (gaillet^ '^n'^e-lait
(MÉN.).
N. — Gaillet crucié (Litt.). — Croix de Saint-
André. (Darm.) — « Prenez une poignée d'herbe
nommée la Croisette, ou cruciate, une poignée de
rue, etc. (Salnove, Vénerie. — L. C.) Bat. Valan-
tia cruciata.
Croix (Mj. Fu.), s. f. — Fig. Traverses, peines,
épreuves. Ex. : Faut n' n'avoir des croix
dans la vie ! || Croix aurée. V. Aurée. — Croix-
Orée, de Saint-Pierre de Beaufort ; qui se
trouve sur la limite, l'orée d'un bois, d'une
forêt. Il Vendredi de la Croix aourée, le Ven-
dredi Saint (Aorer, prier, adorare).
Hist. — « Médiocrité a esté par les sages an-
ciens dicte aurée, c'est-à-dire précieuse. « (Rab.,
P., IV. Prol., .347.) — « Vente des arbres de la place
du Château (Baugé) : suppression des portes de la
ville, érection de la croix Orée (1775. — Inv.Arch.,
E, rn, p. 3, col. 2). — « Le 28 juillet 1764, je bénis
la croix stationnale du champ de foire de Saint-
Pierre... et, le dimanche de la Passion ds cette
année, j'ai aussi béni la croix Maure, appelée la
Croix-stationnale où Croix-Orée de Saint-Pierre. »
(Beaufort. — Inv. Arch., E, ra, p. 109, col. 2.)
Croie (Sp., Fu., Lx., Zig. 154.), .s. f. —
Ecuelle. Syn. dejCrone.
N. — Crône : pour Crosne (cf. crosnel, dans
GoD.), origine incon. — Excavation produite par
les eaux sous une berge. (Darm.) V. Crôlle.
Crôle-cul (Sp.), s. m. — Crapoussin, galo-
pin, marmot. Cf. Crôler. Syn. de Boustrou,
Cramolot, Crapasson, Cropet, Bas-cul. Cf.
Clos-cul.
Et. — Croler, se dit des oiseaux de proie, pour :
fienter, se vider par le bas. Sans doute de : crouler:
ou croler, qui s'est dit pour : agiter, et qui exprime
ici les mouvements de l'oiseau dans la défécation.
(Litt.) — Crouler, secouer. « Le faucon croule (on
écrit souvent croUe ou croie et, par erreur, croile,
fait ses excréments). (Syn. : Emeutir.) Darm.
Crôlée (Sp., Fu.), s. f. — Le contenu d'une
écuelle. V Croie.
Crôler (Sp.), v. a. — Agiter, secouer,
branler. Patois : Crouler, doubl. de Grouiller.
— V. Crôle-cul.
Et. — C'est l'a. fr. Crousler, qui avait le même
sens ; fr. moderne Crouler. Du lat. pop. * Crotulare,
devenu * crotlar, crodler, croller, crouler. Ce mot
représentait Corrotulare, composé de cum et de
rotulus, rouleau. (D.\rm.) — « Rac. celt. cor,
courber. — A formé croter, fréquent, croteler,
devenu croller, et crouler, rouler. Crouler un navire,
c'est le faire glisser sur des coulisses pour lui faire
prendre la mer : par ext., tomber en débris, en par-
lant d'une construction. (Malv.)
— Et Renart fet semblant de mort,
Qu'il ne se croie ni remu>..
Renart, 30, 005.
Crolette, s. f. — Rouille, vulg. Drapa
sylvestris. petite croile, fleurs en sorte de
corymbe (MÉx.). — Bâtard donne Draba.
Crôlle, Croile, s. f. — Ecuelle, — de
250
CRONE - CROTTÉ
chaufîe-pied, petit récipient. — Vase en
bois à fond plat. V. Croie, que nous préférons,
parce que c'est le subst. verb. de Crouler,
Crôler, et parce, que l'o est toujours très
long.
Crône (Mj.), s. f. — Petite écuelle, petit
vase. V. Croie. Plat de terre, écuelle gros-
sière. Il Sébile, vase servant à faire la quête.
— Croie est le vrai mot.
Crônée (Mj.), s. f. — Le contenu d'une
crône.
Crôner (Mj.), v. n. — Agiter l'eau pour
effrayer le poisson, qui se réfugie sous les
racines ou entre les pierres, où on le prend
ensuite à la main. Syn. de Gouêner, Lurer. \\
Quêter avec une crône.
Et. — Dér. de Crône. Ce mot a dû signifier autre-
fois les trous de la rive où se cache le poisson, bien
qu'il ne soit plus employé dans ce sens. V. Gouêne,
Gouêner. Voir la N. à Croie. — Pour : crôler, doubl.
de : crouler. — « Crône : un endroit au fond de
l'eau, garni de racines d'arbres, de grands her-
biers, etc., dans lequel les poissons se retirent.
(MÉNAGE.)
Crônier (Lg.), s. m. — Chicot, vieille dent
gâtée. Syn. de Sicot. \\ Tesson, écuelle ébré-
chée, pot cassé. Syn. de Tégot. Ceci nous ra-
mène au Mj. Crône. || Souche creuse. Syn. de
Croart, Sicot.
Et. — Probablement pour : Crôlier, dér. de
Crôler, branler. Cf. Crône, Crôner.
Cropet' (Mj., By.), s. m. ■ — Petite crotte,
bouson. On dit à un «nfant : Allons, fais ton
petit cropet, mon chéri, pour l'exciter à se
servir de sa chaise percée. || Fig. Crapoussin.
Tout petit enfant. Terme caressant. Ex. :
Ein petit méchant cropet. — Te velà, méchant
cropet ! — Syn. de Boustrou, Crôle-cul,
Cramolot, Bas-cul, Crapasson. \\ Nabot.
« Revenchez-vous, vous lairiez-vous (lais-
seriez-v.) battre à cestui cropet ? » (L. C).
Et. — Probablement dimin. de Croupe ; les
petits enfants sont ordinairement assis à crope-
tons. — Rac. celt. Cor, courber. Crope, forme de
Croupe ; Croper, croupir (dans la misère), s'accrou-
pir, etc. — Cropet. personne de petite taille. —
Cropeton, le derrière d'un petit enfant. — Se cro-
per, s'accroper, — ir, — prendre une forme courbe,
ronde. (Malv.)
Cropion, corpion (Mj.), s. m. — Croupion,
croupe.
Hist. :
« Il lui mist sur le chef la croppe Saturnale,
Puis dessus l'estomac assit la Quirinale,
Sur le ventre il planta l'antique Palatin.
(J. DU Bellay. Antiq. de Rome, p. 241.)
V. Z. 146. — By. — Corpéion.
Cropiton, Cropeton — A cropetons, — en
s'accroupissant. || By. — Id.
Hist. — « Or, regardez, ils veulent pondre. Veez
comme ilz sont à croupetons. » (L. C,
— « Ainsi le bon temps regretons
Entre nous, pauvres vieilles sottes,
Assises bas à croppetons
Tout en ung tas comme jielottes.
A petit feu de chenevottes. »
Villon, Les Regrets.
Croquant, s. m. — Xom sous lequel les
mariniers de Montjean désignent par déri-
sion les mariniers du pays haut. Ceux-ci,
en revanche,' appellent les nôtres : Pirriers.
Une politesse en vaut une autre. V. Péteux.
Et. — « On appela croquants les paysans de
Guyenne, révoltés en 1594, parce que leur cri de
ralliement était : « Sus aux croquants ! » c.-à-d. :
Sus à ceux qui croquent (mangent) le peuple. »
(Darm.)
C'roque-au-sel (Mj., Ag., Fu., By.), s. f. —
Assaisonnement sommaire avec quelques
grains de sel. Ex. : Il mangeait des lumas à la
croque-au-sel. — On dit aux enfants, pour leur
faire peur : Je te vas manger à la croque-au-
sel, ou : la pirre au vinaigre.
Croquée (Mj., By.). s. f. — Dentée, coup
de croc, morsure. || Fig. Raillerie mordante,
propos incisif.
Crosse (Mj., Ssl., Fu.), adj. q. — Se dit
d'une poule qui crosse i. V. Crosser. Elle est
alors ébouriffée et sauvage. Syn. de Couasse.
N. — Cf. l'angl. Cross, qui signifie : de mauvaise
humeur. — Crousse. (Jaub.)
Crosser i (Mj., By.), v. a. — Houspiller,
malmener, au propre et au fig. — « Attends,
va, je te vas crosser ! ■» — Mj. — Frapper à
coups de bâton. Fig. Rabrouer, tancer. ||
Lg. , V. réf. — Se ramasser, se replier sur
soi-même comme une crosse. Cf. Crosson.
Et. — Du fr. Crosse, pris au sens de bâton ou de
gourdin. Crosser est pourchasser en frappant.
Crosser ^ (Mj., Ssl., Fu.), v. n. — Glousser ;
cesser de pondre, et se disposer à couver, en
parlant d'une poule. La poule crosse fait
entendre un son rauque particulier. Syn. de
Couasser.
Crossier (Mj., Lms., Zig. 196., Fu.), s. m. —
Lieu escarpé et rocheux, talus pierreux et
couvert de broussailles. — Syn. Tôvre.
Et. — Cf. Cosse, causse. — Lat. Caix, calcis.
Avec épenthèse de l'r. — Langue d'oc, Gorsa.
Crosson (Mj.,), s. m. — Etat d'une per-
sonne ramassée et repliée sur elle-même, les
genoux au menton et le dos voûté. : Il se tient
tout en crosson ; il est amoui.
Et. — Courbé en crosse ; crux ; B. L. Crucia,
crocia, crossa, croceus.
Crossonère (Fu.). — Voir Scorsonère.
Crotte (Mj., By.), s. f. — Faire crotte, —
faire banqueroute. || Pénier à crottes, — le
derrière. || Fig. — Petit morceau. « Eine
crotte de sucre. » Syn. de Pierre. \\ Fu., Mj. —
Aller à la crotte, — aller ramasser le crottin
sur les routes.
Et. — Malv. le fait venir du celtiq. Cor, cour-
ber ; une crotte de chèvre, de mouton, etc., étant
une chose ronde.
Crotté, ée part. pas. — Riche. Ex. : Aile a
l'darrière croté, — elle est riche. (Li., Br.). —
On dit aussi : terroux. Elle a du bien, des
*orres.
CROTTÉE — CRUCHER
251
Crottée (Mj,, Fu.), s. f. — Quantité de
crotte qu'un animal fiente en une fois.
Crotter, v. n. — Lâcher des crottes. On
dit proverbialement, en parlant de cjqn à
qui l'on en veut pour une mauvaise farce : Il
n'en crottera pas plus menu. Cf. Pisser
Crotton (Mj.), s. m. — Petite crotte.
Crou s. m. — Pour : croc. Crochet double
destiné à attirer le bloc des ardoises (Ti'él., —
JMÉN.).
Crouast, s. m. — V. Croas. La métairie
des Croats, sur Saint-Germain des Prés (Mén)-
V. Crau, Gravât, Grossier.
Crouiilé, s. m. — Verrou. « As-tu poussé
le crouiilé F » (Bg., By.). — V. Grouiller,
Grouillet.
Crouiller (Ag., Fu., Sal., Bg., Lue., Mj.), v
a. — Verrouiller, fermer une porte. Syn. de
Courâiller, Gaucher, Barrer. By. — Couriller.
Et. — C'est probablement écrouiller, mettre
derrière la porte la barre de bois ou de fer, l'écrou.
— Fermer à clef, de Kroul, verrou, en bas-bret. —
C'est une contract. de l'a. f. courâiller, ou cou-
reiller, fermer la porte au courail, au coureil ou au
couroil. Le couroil, coureau, correau (rad. courir)
était une barre de fer qui formait verrou en pas-
sant par des anneaux : une branche verticale avait
un pontet qui s'encastrait dans l'ouverture d'une
serrure et empêchait le coureil de courir, le pêne de
la serrure étant passé sous le pontet... Il en est
de crouiller comme de : clever. On sait qu'une ser-
rure s'appelait autrefois : clavure, et que les rues
dites de la Clavurerie étaient celles où se trou-
vaient les ateliers des serruriers ou clavuriers. »
(Marche du patois dans le pays de la Mée, de
Alcide Leroux, dans Y Intermédiaire Nantais,
année 1902, p. 236.) — Hist. :
« C'est le corail de nostre oprte
Que l'autre jour fut adiré (perdu).
Je command qu'il soit bien gardé...
Je voil qu'il soit arrière mis. » (L. C. — N. E.)
Il Fu. — Couriller.
Crouiilet' (Bg., Lue., Sal., Mj.), s. m. —
Verrou. Syn. de Barroir, Gourail, Gourâillet.
N. — « C'est ainsi qu'on appelle le verrouil dans
les provinces d'Anjou et du Maine. (Ménage.)
« Mais il faict un grand bruit dedans l'étable, et puis
« En poussant le crouiilet de sa corne ouvre l'huis. »
(Ronsard. — Cité par Jaub.)
Croupion (By.). — Se prononce Cropion.
Croiisillc (By.), s. f. — Coquille. « La fon-
taine rrousilleuse. » C. PoRT, Dict. il, 159. —
Syn. et doublet de Grozille. Voir ce mot.
Crouste s. f. — Croûte. Aux Tuffeaux on
donne le nom de croûte aux pierres déta-
chées qui séjournent à la surface des car-
rières (MÉN.).
Et. — Crusta, tout ce qui enveloppe.
Croustillonner (Mj.), v. a. — Croustiller.
Il By. — .Manger le croîiton ou crouston, en
em])orlant le pain à la maison.
Crouston (Mj., By.), s. m. — L'extrémité
du pain, où il y a ie plus de croûte. Ou dit
aussi Croûton.
N. — Je me rappelle que, dans mon enfance, au
collège de Saumur, c'était à qui aurait le crouston,
lorsque le garçon servait le pain au réfectoire. Rien
n'était trop dur, à cette époque, pour nos dents
déjeunes loups. A.V. — C'est le vx mot franc., dont
l's s'est conservé dans la prononciation.
Croûte (Mj., By.), s. f. — Etre, ou se mettre
à ses croûtes, — être ou se mettre à son
compte. Syn. de : à son pouilloux. || Casser
la croûte, manger, faire un repas. || Fig.
Niais, imbécile. Syn. de Gruchon, Cornichon,
Patachon, Niguedouille.
Croûter (se) (Mj., By.), v. réf. — Se recou-
vrir d'une croûte.
Crozille (My., Mj.), s. f. — Coquille, coquil-
lage. On dit aussi : crouzille, crousille.
N. — Je lis dans la Géogr. de M.-et-Loire, par
M. Vannier, p. 2, col. 2 : « La fontaine Crousil-
leuse, commune de Saint-Clément-de-la-Place,
rejette, surtout au printemps, de petites coquilles
fossiles. — Et. Hist. L'étym. est douteuse : Le
D'' A. Bos dit : Cruise, cruie, cruche. . ., coquille.
Germ. Krus, Kruyse ; celt. crwe, sceau. Crasilles.
Débris de coquillages. A Genêts, localité près
d'Avranches, les crasilles de coques se vendent le
demi-prix des coques vivantes ; elles sont achetées
pour faire pondre les poules. » (Litt. — Suppl.) —
Cruche de l'oistre, coquille de l'huître ; Croises de
noix, coquilles de noix :
Et es croises de nois feu mistrent
0 (avec) li feu firent ens repondre.
{Roman de Brut. — • L. C.)
— Crozille ; copeau sorti du rabot ; crouzille, restes,
retailles ; — coquilles de bois, frisures. (Jaub.) —
Creuse, coquille de noix ou de noisette. (Guille-
MAUT. )
Crû (Mj., Lg.), s. m. — Douleur sourde
dans les gencives et dans les muscles des
mâchoires, que l'on attribue à la croissance.
Il Inflammation légère du pis, chez la vache.
Ex. : La vache a du crû dans Vameil : ce bœuf
a à.\x crû, il est légèrement enflé. || Maladie des
bovidés qui se manifeste par la présence de
mucosités dans leurs déjections. Ces muco-
sités elles-mêmes ; substance glaireuse. 1|
Gourme des chevaux.
Et. — Croître.
Cru 1 (Lg.), adj. q. — Découvert et froid,
en parlant du temps. Ex. : Si le temps est
cru de soir, je pourrions ben avoir de la gelée
queUe-net. \\ Lg. — Pansion crue, — fourrage
mouillé et froid. Du lat. Crudus.
Cru ^ (Mj.), s. m. — Grosse chenille qui se
trouve dans l'herbe. Elle serait très veni-
meuse, et on prétend que, ingérée par les
bestiaux, elle les indispose gravement. N. Je
ne sais si c'est la même que ï Ancelée de Pel-
louailles.
Cruau (Mj.), s. m. — Rognon calcaire qui
ne cuit pas au feu du four à chaux. — N. On
dit aussi Quéruau. Du fr. Cru.
Cruflié (Fu., Lms., Zig. 196), part. pas. —
Monté, grimpé, juché, perché. — R'garde
donc eillou qu' lé v'ià cruche !
Cruclier (Mj., By., Fu.), v. n. — Grimper,
se hucher, sauter sur ; décrucher, tomber.
252
CRUCHON - CUILLERI
Syn. de s" Encrucher. Ex. : Quin ! les queniaux
qui crachent ! (Sa., Lue, Li., Br.), v. réfl. Se
crucher.
Rac. — AH. zu Kriechen ; d'où dérive l'angl.
to Crouch, qui, tous deux, signifient ramper.
L'action de grimper (à un arbre) ressemble beau-
coup à la reptation.
« ...Comme un nouvel essaim
Au retour du printemps qui se jette et se cruche.
Dans un arbre feuillu au sortir de la ruche.
(R. Belleau.)
€ruchon (Mj., By.), adj. q. — Niais, imbé-
cile. Syn. de Bégaud, Cornichon, Nigue-
douille. Patachon, Moule. \\ S. m. Volet
blanc, plante (Méx.). Bat. Nymphéa alba.
Cruel (Mj., By.), adj. q. — En voir de
cruelles, — éprouver des afflictions, des dif-
ficultés graves. — En faire voir. . . V. Merdes.
Cru- noir (Lg.), s. m. — Sorte de clou ou
de furoncle qui se guérit ordinair. sans sup-
purer.
Cruon (My.). — Cellier. || Petite cruche.
N. — Crujon, cruon, dimin. de Cruye. « Icelle
Jeanne print sa cruye ou bouteille pour aler à
l'eau en une fontaine. » — Le Poitevin emploie
crugon et cryon. On trouve aussi : crugeon : « Denis
du Vergier vint quérir de l'uyle... et en s'en
retournant ung crugeon d'uvlle en un sac à son col. »
(L. C. — N. E.)
Crus renommés ou cités. — V. F. Lore.
N. — «... Ils s'en viennent le soir, à la brune, au
Port-de-l'Ile, boire une choppe de vin des Assis, de
Malpeine ou du Pauloup. . . » « . . .Souvent, aux
vins d' Avrillé ils préfèrent le vin de vingt sous des
grands crus des côtes de la Loire ou du Layon. »
(Abbé HouDEBiNE, Anj. Hist., 2<= an., p. 578.)
Et. — Terroir considéré comme ce qui fait
croître les végétaux et leurs produits. — Devrait
avoir un accent circonflexe. (Litt.) — En lat. :
Crescentia et Crementum. D. C.
Crusson (Lg.), s. m. — Cresson. Cf. Grime,
Suiner.
Crussonnière (Lg.), s. f. — Cressonnière.
Crystère (Mj.), s. m. — Clj'stère.
Et. — D'un V. grec qui signifie laver et se
retrouve dans clysopompe.
C'té (By.). — Ce. — C'ti-là ; celui-là. —
C'té-là, c'telle-là ; celle-là. — Ceûse-là ;
ceux-là. — C'telles-là ; celles-là. — Ceusse
qui ; les siens qui, ceux qui. — Celles qui ;
les siennes qui ; celles qui.
C't-i-ià — Pour Celui-là.
Cu d'anchère (Q., Z. 171), ou anche.
Cuve qui reçoit le vin à la sortie du pres-
soir.
Cuurd, s. m. — Un quart ; bafjuot rond,
demi-barrique ; cuvier (Li., Br., Sa., BL).
P. ê. pour Cuvard, de Cuve. Cf. Guette.
Cuber (Mj., Fu., By.), v. n. — Former une
valeur ou un total important. Ex. : Dix
mille francs, ça cuhe ! — V. Gocher.
Cubresaut (Sar.), s. m. — Culbute. Syn.
de Bousiquef, Garpéiole, Gapcriole. Lat.
Caprœ saltus.
Cuchet, s. m. — Brin de jeune bois de
vigne, auquel on laisse un talon de vieux
bois (Mén.).
Cue (Sa.), s. f. — Cuve. Cf. Doue, Guette.
Et. — Cupa. Cf. Coupe, vase. — Cue, Queue.
Vaisseau à mettre du vin. Var. Cueue. — Grosse
futaille (Queue) de la contenance de 350 à 530 litres,
suiv. les pays. (L. C.)
Cûe, cûte î (Lg., By., Fu.), interj. — Les
enfants s'en servent au jeu de cache-cache
pour s'avertir qu'ils sont cachés et que l'on
peut les chercher. On dit aussi à Mj. Kûte, dans
le même sens.
Et. — Dér. de Kûter, ou Keûter, mot qui, chose
à noter, est inconnu au Longeron.
Cueillaison — C'est le fr. Cueillette.
Cuéton, s. m. — Tonneau défoncé d'un
bout. Cf. Guette. Dimin. de Gue.
Cuette, (Mj.), s. f. — Cuve.
Et. — Cuette est pour Cuvette, dimin. de Cuve.
Il y a eu aphérèse du v, com. dans Couer,
Douet, Mouée, Douelle, Couette, Bouer. V. Cue.
Cueurté, ée (Li., Br.), adj. q. — Qui est
bien fait de sa personne et habillée élégam-
ment. « Aile est ben cueurtée. » — Accorte ?
Syn. et doublet de Ouerté, Gorté.
Cui-ci (Lg.), pron. démonstr. — Celui-ci.:
Cui-là "(Lg.), pr. dém. — Celui-là. N. On
dit même souvent : Çui-là-là.
CuUlar (Jum., By.), s. f. — Cuiller.
Et. — Du lat. Cochleare, de cochlea par comp.
de la cuiller avec la coquille du limaçon.
Cuillé part. pas. — « S'il pleut le premier
mai, les coings sont cuillés », ç.-à.-d. au temps
de la cueillaison (Mén.). — N. Je comprends
autrement : la récolte des coings est perdue ;
c'est comme s'ils étaient cueillis. — By. —
Le V. Cueillir et par suite le part. pas. Cueilli,
se prononcent Guilli (cu-illî) ; les formes
cueiller (cueu-iller) et cueille se trouvent sur-
tout en Ghampagne. V. Glier.
Cuiller (Tlm., Mj.). — !| Guiller à pot, ou cuil-
ler potagère, — Louche, par opposit. à : cuiller
à bouche. !1 Fig. La main ouverte, la paume.
Ex. : On s'est touché la cuiller, — on s'est
donné une poignée de mains. — Cf. La four-
chette du père Adam, les doigts, — les gens
primitifs négligent la fourchette.
Cuilleri (Tlm.), s. m. — Planchette horizon-
tale ayant à son bord des échancrures dans
lesquelles, après le repas, chacun des habi-
tants d'une ferme suspend son couvert,
dûment essuyé à la nappe, quand il y en a
une. Cet usage, jadis général, existe encore,
bien qu'il tende à disparaître, ainsi que le mot
lui-même. N. Qqs-uns disent : Guilleri. —
De Cuiller, évidemment. Voici une note
curieuse de R. O. Je lis dans Jaubert, à
Essoriller : « Le seul souvenir que rappelle
cette rue (ancienne rue de la Vannerie, à
Paris) est celui du carrefour Guilleri, au
milieu duquel s'élevait jadis un pilori sur
CUIXARD — CUL
253
- lequel se faisait l'exécution de l'essorille-
ment. » N. Le Cuilleri ou Guilleri de nos
fermes consiste ordinairement en une plan-
chette entaillée d'échancrures sur un de ses
bords ; mais souvent aussi c'est une lanière
de cuir clouée lâchement sur une poutre
basse, de manière à former des boucles dans
lesquelles on passe cuillers et fourchettes.
Ces ustensiles ainsi suspendus rappellent les
têtes des condamnés passées dans les carcans
du pilori ; ou plutôt c'est la réciproque qui
est vraie, et de là sans doute était venue la
dénomination du carrefour Guilleri
(R. O.)
Cuinard (Sar.), s. m. — Gros bâton noueux
avec une Riboule, grosse tête au bas de ce
bâton.
Cuirages (Lg.), s. m. pi. — Ensemble des
revêtements de cuir dont se munit l'ouvrier
qui pare les haies d'épine et qui fait des four-
nilles. V. Equipage de fourneille au Folk-
Lore, n.
Et. — Dér. du fr. Cuir ; voisin du fr. Cuirasse.
Cuir de brouette (Mj., Fu., By.). — C'est
le bois.
N. — ... d'une part gisait sa gibecière, de l'autre
son chaperon, de l'autre ses souliers en cuir de
brouette (donc, en bois, ses sabots). — H"' du vx
temps, p. 252.)
Cuir-laine (Mj., By.), s. m. — Cuir de laine,
sorte d'étoffe très épaisse.
Cuisine (^Ij., Fu., By.) (Cusine), s. f. —
Mets. — J'allons manger de la bonne cui-
sine. Il Cuisine de poisson, friture. Ex. : Il
emportait toute eine cuisine d'anguilles qu'il
avait prises à la ve.rmke. Syn. de Fricassée. \\
N'avoir pas lourd de cuisine, — être maigre
et petit, fluet. || Ivresse complète. Ex. :
Il en avait eine cuisine ! Syn. de Tripée,
Nuée, Culottée, Muffée, etc. A.Mj., pronon-
ciation régulière.
Et. — Coquina, de coquere, cuire ; et cocina,
usité à côté de coquina. = Une cuisine de gou-
jons de Loire, par métonymie (Jaub.)
Cuisiner (Mj.), v. a. — Faire cuire.
Cuisinier (Lg.), s. m. — Fig. Homme qui
aime à se tenir à la maison, à s'occuper du
ménage et de la cuisine. Syn. de Manette,
Coco-bat-Vz-œufs, Jeannette. On dit : Sapré
cuisinier ! terjours à la maison, voir si les
femmes tombant point dans le feu !
Cuisinier ((Z. 144.), s. m. — Tablier de
grosse toile. Se prononce Cuisinieu.
Cuissart, ard, s. m. — Brochet gros comme
la cuisse. Il y a le poignard et le jambart
(Mén.).
Et. — Coxa.cuisse; os de la hanche.
Cuisse (Mj., Fu.), s. f. — Cuisse de noix, —
un des quatre lobes ou segments de l'amande
dune noix. De là cette énigme, souvent pro-
posée : Quatre cuisses dans n'ein lit, ein
petit zizi dans le milieu. — Svn. de Carlelle.
Cuissière (Mj., Fu.), s. f. — L'une des
jambes d'un pantalon, d'un caleçon, formant
un fourreau qui enveloppe la cuisse.
Cuisu, e (Mj., Fu.), part. pas. du v. Cuire. —
Ne s'emploie qu'avec l'auxil. avoir, et sur-
tout au sens neutre. Ainsi on dira : De ceté
fois, le pain a ben cuisu. — Mais on dit : le
pain est ben cuit. — V. Nuisu, Nousu, Taisu.
Cuit, e (Mj., By.), part. pas. — Fig. Perdu
sans espoir, condamné. Ex. : Il est si malade
qu'il est ben autant que de cuit. V. Cuisu. —
Il est cuit, — il est flambé. Syn. de Foutu,
Fichu, Frit, Rousti, Fumé, Rincé.
Cuite (Mj., Fu., By.), s. f. — Excès de
boisson, ivresse. Ex. : Il a sa cuite. — Syn.
de Rardée, Riture, Cuisine, Culottée, Muffée,
Pétée, Tripotée. Allusion à la quantité de
liquide qui chauffe l'estomac de l'ivrogne,
par compar. à la cuite donnée au plâtre, à
la poterie.
Cuiter (Mj., Fu.), v. n. — Faire entendre
un cri faible, mais aigu ou strident. Se dit
des oiseaux et des insectes. — Pépier,
gazouiller, piailler. — Onomat. — N. On
prononce Cu-ïter et Quiter. || By. — Et
Cuiker.
Cuiter (se),) (Mj.), v. réf. — S'enivrer.
V. Cuite.
Cul (Mj., Spb-, Sa., Tlm., Lg. , Fu., etc.)
s. m. — Les personnes collet-monté n'em
ploient jamais ce mot et demandent à leur
boucher : une indécence de veau, etc. —
Locut. innombrables. !| A cul plat, — sur
le derrière nu. Ex. : Le poupon est assis à cul-
plat, cu/-su-bout. Il Sp. — Eter.de cul, —
être sur le derrière, assis. || Cul par-sus-
tête, — c. par-dessus tête. Exprime la ma-
nière dont se fait parfois la culbute d'une
personne qui tombe. V. Parsus. || Cul par-
sus pointe, — même sens, jj La tête a emporté
le cul, — se dit d'une personne qui est tombée
à la renverse. || Sp. - — A cul réjoui, syn. de
A cul-plat. Ex. : Aile avait assis sa fumelle à
cul réjoui sus eine formitière, fallait voir si
le queneau rouinçait ! || Lever le cul, — ruer,
lancer des coups de pied. || Relever le cul, —
donner des coups de pied au derrière. Ex. :
Attends, je vas te relever le cul d'ein cran ! ||
Secouer le cul, même sens. || Enlever le cul, —
rosser. Cf. Enlever le ballon. || En avoir son
plein cul, — en avoir assez pour ses forces.
Il Sp. — Etre com. cul et chemise, — être
amis inséparables. || Sp. — Tirer au cuL
quelqu'un, — le jouer, le duper, le mettre
dedans. || Sp. — Traîner à l'écorche-cu/, —
traîner de manière que les fesses frottent par
terre. || Sp. — Tirer à Técorche-cw/, — tirer
chacun de son côté. Il Mj.,Fig. — Cul, fond d'un
vase, arrière d'une charrette, d'un bateau.
Ex. : Le cul du bateau est engrevé. || Aller
à cul, — basculer ; mettre à cid, — faire bas-
culer. Il N'avoir que .son cul et sa chemise, —
n'avoir pas de dot, en parlant d'une jeune
fille à marier. || La galarne ouvre le cul, —
254
CULASSE - CULLERÉE
le ciel s'éclaircit vers le nord, présage du
beau temps. || Tirer à cul, — faire résistance,
tirer en arrière, renuter, au pr. et au fig. Une
boule de fort tire à cul lorsque l'effet produit
par le fort est trop considérable, qu'il se
produit trop tôt. || S'être levé le cul le pre-
mier, — être de fort mauvaise humeur, de
mauvais goût, d'un mauvais tour. V. Goût,
Tour. Ex. : Que qu'il a donc à faire le bouc ?
i s'est levé le cul le premier, ben sûr ! || D'ein
cul fumant, — avec précipitation. Ex. 11
est arrivé d'ein cul fumant. i| Prendre son
cul pour sa chemise, — se tromper. || Etre
à cul, — être à bout de ressources. ]| Etre à
vire-cul, — être en très mauvais termes. t|
Tomber par le cul de la charte, — être ruiné,
faire faillite. || S'en aller ein pouce au cul,
l'autre à l'oreille, — s'en aller tout déconfit,
tout penaud, avoir éprouvé une déconvenue.
I! Brûler le cul à qqn, — l'atteindre et le
dépasser. || Etre du cul, — être porté aux
plaisirs vénéi'iens. || Mj. — Pendre au cul,
à l'oreille, — attendre, menacer. Ex. : Ça illi
pend au cul comme ein sifflet de deux liards. il
Foutre au cul, — accorder subitement après
un long débat. V. Foutre par le corps. || 11
veut péter plus haut qu'il n'a le cul, — il
veut vivre au-dessus de ses moyens ; il a
des prétentions exagérées. |1 La goule illi
découvre le cul, — il est si gourmand, ou
tellement ivrogne, qu'il n'a pas de quoi
s'habiller convenablement. || N'y a pas à
tortiller ni du cul ni des fesses, — il n'y a pas
à tergiverser, à hésiter. || Aller de cul et de
bédée (ventre), marcher en portant son ventre
ou son derrière dans des mouvements sac-
cadés. Il Avoir qqn au cul, — le mépriser ou
le haïr. On dit plus congrument et dans le
même sens: Avoir qqn queuque part, sans plus
préciser. || Lg. Faire cul, — reculer. H Mj.
Mordre dans le cul à qqn, lui lancer des
propos mordants. || Grous cul, — personnage
important. Syn. de Grousse-léguine, Magnis-
magnas. \\ Absolument. — Pleutre, pied-
plat, paltoquet, cuistre. Ex. : C'est ein cul,
que ton Monsieur ! || Coucher à l'hôtel du
cul tourné, — avec une femme en colère. Cf.
Soufflet. Il Prov., c'est la marmite qui re-
proche au chaudron qu'il a le cul noir, —
reprocher à un autre son propre vice. || Cul
de four, — la partie d'un four la plus éloignée
de l'ouverture ; la masse de maçonnerie, gé-
néralement ronde, qui renferme un four .
Ex. : Ein joli trou que ceté bourg-là ; y a
quatre maisons et ein cul de four. || .Biser le
cul de la vieille, ou de la bonne femme, —
ne pas prendre un seul point dans une partie,
de boules, surtout. N. Evidemment la chose
ne se passe pas à la lettre, mais il faut
entendre les quolibets des gagnants ! « Va
donc kri la mère Unetelle!... » ordinaire-
ment la plus laide et la plus orde de l'endroit,
etc., etc. — Il A cul, — se dit du blaireau
acculé (Tlm.). — Une charrette est k-cul
quand elle repose sur sa partie postérieure,
les brancards en l'air. || A cul déviré (Z. 122).
En mauvaise intelligence. Syn. de A vire-
cul.
Supplément. — By. — Il y a de la belle
joubarbe sus le cul du four. — Le cul de
î'ancreau, — le cul de la senne (le paressef),
— le cul du bateau ; — rimer su cul, — ramer
en sens inverse pour arrêter le bateau. —
Le j'vau a été obligé de rimer su cul pour
empêcher la charte de devaller. — Si les
anguilles s' emboigassent, c'est que, se sen-
tant piquées, elles riment su cul et se vrillent
avec la ligne, etc.
Culasse (partout), s. f. — Sac de farine
de 157 kilogs. C'est une unité de compte
traditionnellement employée dans le com-
merce de la meunerie et de la boulangerie.
Mais on tend de plus en plus à abandonner
la culasse, trop lourde pour le quintal mé-
trique. Les générations baissent.
Hist. — Ce mot figure à la revue des marchés,
article Saumur, dans V Angevin de Paris, 7 juillet
1907. — Ne se trouve ni dans le petit Littré, ni
dans le Dict. général.
€ul- blanc — Ou hirondelle des fenêtres.
(MÉN.). Il By. — Petit pluvier, et je crois, une
espèce de traquet.
Cul-et-de-bédée (aller de). — Marcher
comme une oie, en avançant pas saccades le
ventre et le derrière. V. Bédée ; bedaine. \\
By. — De cul et de bodée (boédée) ou : de
tête et de bodée.
€ul-su-bot II Fu. — Cul-sur-bout. Mettre
sens de-sus dessous, un tonneau sur le fond.
Culée (Mj., By., Lpc, Segr.), s. f. — Racines
d'un arbre abattu qui restent en terre ou
que l'on en retirera pour les fendre et en
faire des bûches. Syn. de Débottura.
N. — La culée du cuir est la partie la plus proche
de la queue de l'animal.
Cul- gelé (Mj.), s. m. — Individu très
frileux. Ex. : Fourre-té donc dans le feu,
sapré cul-gelé !
Cul-de-grève (Mj., By.), s. m. — Eau
profonde en aval d'une grève (partout).
N. — Les sables de la Loire, roulés sans cesse
par le courant, forment des grèves étendues,
planes et presque à fleur d'eau, qui aboutissent
brusquement en aval à une sorte de gouffre, par
une déclivité abrupte qui en est le talus naturel.
Cette disposition, bien connue des riverains, est
souvent la cause d'accidents déplorables ; les bai-
gneurs étrangers, à qui elle n'est pas familière,
s'aventurent avec confiance sur ce tapis de sable
moelleux, dans cette nappe d'eau d'une profon-
deur uniforme. Tout à coup le sol manque sous leurs
pas, ils sont tombés dans le cul-de-grève. En vain,
essayent-ils de remonter, le courant les repousse et
le sable glisse sous leurs pieds, les enlise, s'ils ne
sont pas assez bons nageurs pour regagner la rive,
ils sont perdus.
Hist. — « Puis il rechercha le jeune Lamarre,
mais il ne le découvrit au fond du cul-de-grève
qu'après avoir plongé à plusieurs reprises. (Petit
Courrier, 30 juillet 1907 ; 2, 4.)
Cullerée ( Il non mouillés), (Mj.), s. f. —
CUL-LOURD - CURIEUX
255
m. — Espèce de
— Fig. Aplomb,
le ménage, en
By. — Culotte
Fig. Excès de
Le contenu d'une cuiller. Corr. du fr. Cuil-
lerée. Cf. Boulie pour : bouillie.
€ul-lourd (Mj.), s. m. — Individu peu
leste, peu agile
Cul-de-mulet (Tlm.), s.
pomme.
Culot (Mj., By.), s. m.
toupet. Terme d'argot d'importation ré-
cente. « Eh ! ben, t'en as d'un culot ! » Syn.
de Santé. Argot.
Culotte (Mj., By.), s. f. — Porter la cu-
lotte, être la maîtresse ds
parlant d'une femme. !| Fu.,
à pont. V. Pont. || Sp. —
boisson. V. Cuite, Culottée.
Culottée (Mj., By., Fu.), s. f. — Ivresse
totale. Syn. de Cuite, Pétée, Tripée, Muffée,
Biture, Bardée, Cuisine, etc.
Cul-Perrine s. m. — Fais donc le cul-
Perrine. C'est boire en renversant la tête
en arrière, de manière à vider le verre jus-
qu'à la dernière goutte. — Allusion aux
canards qui font le plongeon ? C'est alors le
verre qui les imiterait.
Cul-de-porc (Mj.), s. m. — Sorte de nœud, ■
le plus simple de tous. Terme de marine.
Cul-put (cupute), (Mj.), s. m. — Interpel-
lation naturaliste adressée aux enfants mal-
propres. Il Fig. Méchant enfant, détestable
gamin, garnement.
Cul-rouge (Mj., By.), s. m. — Fauvette
des murailles (Mén.). jj A Sp., c'était le sur-
nom du père Boileau , de la Revelette, qui
avait refusé de chouiner en 1832 et avait
préféré faire ein soldat.
Cul-de-terre (Mj.), s. m. — Syn. de Cul-
de-grève.
Cupanche (Mj.), s. m. — V. Çoupanche.
Cf. Sument, Suminaire, Suparer. — Corr. de
Cépage, espèce de vigne.
N, — Dans les anciennes vignes, il y avait,
outre le pinot, une foule de cépages blancs, que le
phylloxéra a achevé depuis quinze ans de faire
disparaître : fié. gouas, blanc-tendrillet, écartelis,
égrustaud, etc. J'ai encore connu les trois premiers.
— « Çupin, sans doute pour : cépin, de cep, pied
de vigne. Voilà un bon çupin. » (Jaub.)
Curage, s. m. — Nom vulg. de la renoue
persicane. V. Pied-noir (Mén.). Polygonuni
hydropiper (Bat.).
Curateur (Mj.), s. m. — Subrogé-tuteur.
Hist. — Puisque la confection de l'inventaire
est remise aux tuteurs et curateurs datifs. (Coust.
<V Anjou, II, col. 63). — « La veuve demanda au
curateur de l'enfant du premier lit l'entérinement
de son don. » (Ibid., col. 322.)
Curbichon (Car-Corbichon). — (Sar.) —
Aller à curbichon, — à califourchon.
Cureau (Sa.), s. m. — Cureau de pomme,
la partie intérieure d'une pomme mordue, jj
Pomme pelée, réduite en morceaux pour
faire de la boisson (Mén.). — On écrit aussi :
Curot. — V. Curer.
N. — Curon (Berry). Ce qui reste d'un fruit après
qu'on l'a curé ou rongé ; un curon de pomme
(Jaub.).
Cure-bourrier (Mj., Fu.), s. m. — Syn. de
Serre -bou rrier, Ramasse-bou rrier.
Cure- bourse (Mj.), s. m. — Celui dont
les vacations sont très coûteuses. Ex. : Les
notaires, c'est des vrai cure-bourse.
Cure-oques (à) (Lg.), loc. adv. — Au
dépourvu. Ex. : Je sommes à cure-oques de
foin, - — nous n'avons plus de foin. Syn. de :
à Vancre, à pain-querre. — Image très vive ;
celui qui est à cure-oques (ongles), cure ses
ongles pour y retrouver qqs miettes. — N.
Le mot : oques n'est plus connu au Lg. —
Cf. Acuroquer.
Cure-pieds (Mj.), s. m. — Décrottoir.
Curer (Fu., By.), v. a. — Curer, vider,
nettoyer. Curer une mare (français). || (Sal.).
C. Les raises. || Mais on dit : Curer une pomme
enlever, en rongeant, la pulpe de la pomme
jusqu'aux pépins. || Curer les bestiaux.
(Mj., By., Lue.).. — Enlever le fumier de
rétable. N. Fombrayer \\ Curer les aboilles, les
aboueilles. (Mj., Fu.), c'est enlever le miel des
ruches. Quand on a ramassé le miel en pres-
sant les rayons, les enfants viennent : licher
les brèches, ces rayons, où il reste encore du
miel. Syn. de Creuser. \\ (Mj.,). — Fig. Syn.
de Roup, Acuroquer. — Décaver, gagner
tout l'avoir de qqn.
N. — (Berry). Curer se dit d'une manière
absolue en parlant des noix : tirer Je noyau des
noix pour en faire de l'huile. C'est une fête que
d'aller Curer ; on réunit le soir un grand nombre
de Cureux, et l'on chante pendant qu'on se livre à
cette occupation (Jaub.).
Curette (Mj., Lg., By.), s. f. — Spatule,
petite palette de bois ou de fer, servant à
nettoyer un outil de labour de la terre qui
y est attachée. — On nettoie de même les
pelles, les sabots. Syn. de Dégouet, Dégou-
loire, Débottoire.
Hist. — « Ainsi que le suppliant ot lié ses bœufs
à la charrue, apperceut qu'il avoit oublié son curet,
dont il curoit sa terre et sa charrue. » — Curetel,
écuroir pour les pieds des chevaux. (L. C.)
Cureur (Mj.), s. m. — Cureur de gadoues,
vidangeur. || Cureur d'aboilles, — celui qui
fait la récolte du miel.
Cureux (Mj., Fu.), s. m. — V. Cureur.
Curieux (Mj., By., Fu.), adj. q. — Soi-
gneux. Amateur. Ex. : Il est curieux pour son
jardin ; il soigne son jardin en amateur. ||
Désireux, avide. Ex. : Je ne se pas curieux
d'aller m'y faire casser la goulo. — Sens très
étymologiqiu'. Curiosus veut dire : Qui a du
goût pour.
N. — « Il est curieux de la boisson, — ■ il aime
trop le vin. — Une fille est curieuse de la danse, — ■
de se marier (Jaub.) = Etre curieux de ses arbres,
de ses bestiaux, de ses récoltes (Moisy).
256
ÇURIGIEN — CZARIENNE
Çurigien (Lg.), s. m. — Chirurgien. On
dit aussi : Cirugien et Cirurgien. N. Pour
la métathèse des voyelles, voyez Geouri-
flée.
€urot (By.). s. m. — Trognon de pomme
dont on a enlevé la pulpe, surtout avec les
dents. V. Cureau. \\ Lg. Morceau de poire ou
de pomme que l'on a creusé pour les vider
des pépins et des parties véreuses.
Curoter (By.), v. a. — Gratter la pulpe
d'une pomme avec un couteau, tout en mé-
nageant (mein-né-geant) la peau, et la ré-
duire en bouillie. Ex. : J'ai pus de dents,
j'peux pus croquer les pommes (ou : mordre
dans n'eine poume) ; j'sé obligée de les
curoter.
Cusser (Bg.), v. n. — Reculer, se dérober. |1
(Ti). — Gronder, ronchonner entre les dents
(Zig. 157).
Cussoter, v. n. — Tousser fréquemment,
sans violence : « Qui cussote, vivote ». Pour :
toussote, Assimilation du c et du t. Cf. Cliar-
tutier. V. Pignocher.
Cute-cache, s. f. — Jeu d'enfant. Celui
qui est caché crie : Cute ! pour avertir celui
qui doit le chercher. Ce dernier, après avoir
visé son ou ses camarades cachés : (vise pour
un tel, derrière le pommier !) doit courir et
revenir à la sauve avant les autres. Le premier
visé est alors dessous et remplace le cama-
rade qui était à la sauve. Cf. Keute, Vise.
Hist. — Rabelais : i, 152. — Le Duchat croit
que ce mot vient de Cutis, peau, et que c'est
le jeu qu'en Lorraine on appelle : cachemains,
parce qu'on est obligé de cacher ses mains, à peine
de recevoir des coups de verges (L. C). C'est peu
probable.
Add. (Ec, Lue.), même sens. H Z. 146. Se
poster. Il Fu. — Se blottir dans un coin,
sous un meuble : « Il 'tait cuté sour le pont,
je l'avons chafouré (ou chacoté) avec une
rème (rame) de pois.
Hist. — Mucer, cuter ne povon mie
Car nous sommes en sa baillie.
Mais ne s'i sevent si esduire
Ne en cel leu cuiter ne fuire.
(L. C. — N. E.) = « Le suppliant et autres ses
complices avoient esté par nuit... en une cute
laquelle estoit en la ville de Condé... et icelle
cute avoient rompue et emporté aucuns biens que
ilz y avoient trouvé. » — « Ordennons que nuls
regrattiers. . . achattent denrées... jucques à
l'heure devant dite, (ne) en privé hors du marché,
n'en lieu rebot ou en cute (L. C. — N. E.). — D. C.
Du celt. Cuz. = Malvezin' : Rac-celt. Cut, couvrir
(var. de eue) ; d'où cuta*, cutta, dans cute, ca-
chette, lieu retiré, et cuter ; se cuter dans un trou"
En bret., Kuz, cachette.
Z. 15.3), V. réf. — Se
Cuter (se) (Ti.,
cacher. V. Keuter.
Cuton, s. m. L'homme s'occupant du mé-
nage, ou Coconier, ou le Champ-le-pope
(Longue). (MÉx.)
Cuvée (Mj.), s. f. — Fig. Avoir eine cuvée,
— être ivre. Syn. de : Avoir sa cuite. V. Cui-
sine, etc.
Cuvert, s. m. — Serf. V. Colibert.
Hist. — « L'ancienne coutume manuscrite
d'Anjou et du Maine, au titre de •■ l'homme es-
trange (étranger) et cuvert : « Si Gentishoms a
homes cuvert en sa terre, et il se muert, le Gentis-
homs aura la moitié de ses meubles... etc (Mé-
nage). = « Cuivers, serfs. • — En Anjou, ils sont
rangés parmi les serfs. Hs doivent des services
personnels définis, des corvées ; ils habitent un
domaine dit fiscus colliberti, qu'ils transmettent
à leurs descendants. Généralement ils payent une
redevance annuelle de 4 deniers, d'où leur nom
de servi IIII denariorum. On se déclarait coUibert
en plaçant sur sa tête ces quatre deniers, que le
Seigneur faisait tomber pour vous affranchir. Ils
formaient une classe, puisque le fils héritait de
la condition paternelle ; cependant ils ne sont pas
serfs, puisque dans les Cartulaires de Saint-Père de
Chartres et de Vendôme, des actes d'affranchisse-
ment transforment des serfs en colliberts (L. C. —
N. E.).
Cuvette de Vénus, s. f. — Cabaret des
oiseaux, peigne. Dipsacus sylvestris (Mén.).
Bat.
Czarienne. — Vx mot angev. inexpliqué.
Hist. — 1723. « A la Fête-Dieu cette année
nous nous somme donné les deux chappes cza-
riennes rouge et blanche ; coûtent 240 livres. »
{Inv. Arch., n, E. S., 292, 2.)
OBSERVATIONS
Prononciatiox. — Au N. de la Loire Di (Cf.
Ti) se prononce régulièrement. A Mj. et aux envi-
rons, c'est à peu près le son de illi, dans BouUie.
Il en serait de même vers Gonnord et Trémen-
tines. — A Sp. et aux environs, prononciation à
peu près régulière. — Autour de Cholet (Tlm.,
Lg., etc.) di se prononce dji, avec le son ji très
marqué. Cette prononciation, d'ailleurs, est impos-
sible à indiquer ; les indigènes seuls la possèdent.
Elle rappelle le fameux Shiboleth de la Bible. —
Qui te l'a dit, — ghy, en traînant. — Il est midi, — •
midghy.
Permutatiox, Métathèse. — Dre, initial ou
médial, se prononce habituellement Der. Ex. :
Dresser, Redresser, — derser, rederser. — Rem-
place t. Descente devient descende ; lente (de
pou) tende. — Remplace l. Piauder, Miauder,
pour : piauler, miauler.
Addition. — S'intercale entre deux voyelles
pour éviter l'hiatus. Je crédiais, pour : je créiais ;
budhier, p. buhier. — Dés, syllabe initiale sous-
tractive : Désattacher, p. détacher, pron. dz atta-
cher.
Apocope. — Davi, p. David.
Epexthèse. — Enchardir, p. enchérir.
Syncope. — Prenre, p. prendre.
DA — DALE
257
Da (Mj., By., Sal.), s. f. — Ne s'emploie
que dans la loc. : A la bonne da — simple-
ment à la bonne franquette. || Interj. ; oui-
dà nenm-dà renforce l'affirm. ou la négat.
Cf. Na. — V. Bonneda.
Et. — 1° « De deux petits membres de phrase :
(( Il est tout à la bonne, da », on n'en aura fait
qu'un : « Il est tout à la bonne da » (Dott.). —
« A la bonne dague. » (D. C.) Dagha, plaisanterie.
— 2« « Confusion : 1° da, de diva, pour : dis va, qui
sont deux impératifs contractés en : dea, puis : da
— 2" Dame, de dominus, dame Dieu, le seigneur
Dieu. » (LiTT.) '
Dabée (Lue, By., Li., Br.), s. f. — Forte
averse. « Tu vas en attraper d'eine dabée ! —
Il va pleuvoir tu seras trempé jusqu'aux os.
— V; Daber. Syn. de Trempe, Enfondure.
Et. — « Dauber ? De l'ah. dubban, frapper. »
Daber (Pell.) v. n. — • Tremper à fond
s'imbiber. Ex. : En velà ein laça d'eau : la
terre va-t-elle daber ! || Terre dabée impré-
gnée d'eau ; aguia. \\ Lue. — Une forte pluie
dabe la terre qui est alors cacée c.-à-d. croû-
tée. — Mieux : cassée, de Casse. || By. —
Quand on fait des semis délicats, faut toujou
pailler, ça oppose la terre de se daber à l'arro-
sage ou à la pluie qui chê d'acas.
Et. — Voir Dabée. — Cf. Angl. to Dable, même
sens, syn. de Enfondre.
Dabon (Mj., Lg., Bg., By., Cho., Sar., Sal.),
s. m. — Lange d'enfant. Ce mot semble être
une forme adoucie de Tapon. On dit plutôt
Dabon à Cliolet et Tapon à Saumur. [| Lange
qui sert à envelopper un enfant au maillot.
Par ext. : La lune est dans son dabon,
— pour exprimer qu'elle est couverte de
nuages. (Mén.) || Tas de linge (Bg.) — V.
Tapon. Il Pièce Z. 149. — Sal. — « Sa culotte
ne tient que de dabons et de morceaux. »
Et. — Semble être un dér. de Daber. A noter
aussi q. l'Angl. Dab signifie morceau, lambeau,
guenille. Cela paraîtrait indiquer qu'il y aurait
eu dans notre patois angevin une forme Dabe,
aujourd'hui désuète , qui a donné le mot anglais.
Dabonner (Sar., Q. Z. 149), v. a. — Rapié-
cer un vêtement. || Mettre pièces sur pièces,
sans faire attention si é sont pareilles (de
même étoffe ou de même couleur). By. —
Syn. de Taponner, Rapécoter.
Dâbre (Bc), s. m. — Paysan, par dérision,
dans le langage des ouvriers, surtout des car-
riers. Syn. de Castaud, Chasse-pies, Cope-
choiix, Pic, Vire-bouse, Pampre, Pitois, Crânais.
Daclie ! Mj. interj. — Marque l'incrédulité
ironique ou un refus dédaigneux.
N. — « Dans l'Indre, on dit : « Travailler pour
Darchis, ni payé, ni nourri. » (Jaub.) v° Travailler).
Cité par curiosité.
Dagote (Ag.), s. m. — Homme bavard.
C'est un dagote Syn. de Daras.
Dagoter (Ag.), v. n. — Bavarder. || Segr. —
Aimei' à contrarier. ]| (Mj., By.), v. réf. ou
réciproq . — Se harpailler, se disputer, se ta-
quiner, se chamailler. Syn. de se Grabucher,
se Gringoter, se Niagrer.
Et. — Ailleurs on dit dans le même sens se
digoter. Ce mot a des affinités avec le nom Diguet,
et dérive de la rac. Dag, Dig, qui a donné le fr.
Dague, le patois Diguet et l'angl. to Dig. Se
dagoter, c'est au fig., se piquer réciproquement. —
Il Dagoter, frapper à petits coups, se dit en parlant
du poisson qui attaque mollement l'appât. — Ça
me dagotait dans le genou. |1 Parler à tort et à
travers. || Contredire qqn pour l'agacer (Dott). —
LiTTRÉ cite le celtiq., bas-bret. Dag, dager =
dague, épée.
Dagron (By.), s. m. — Porte mobile de la
Botte.
N. — Les pêcheurs à la ligne et les amateurs
ont, pour conserver le poisson, une corne dans leur
bateau et, quand on veut en conserver une grande
quantité on le fait dans des bascules ou dans des
mues.
Les boutiques à poissons que les pêcheurs de
profession ont avec eux quand ils font la pêche,
et où ils mettent leurs poissons en réserve sont des
Bottes ou des Bottereaux. La Botte a une longueur
moyenne d'environ 8 pieds, et le Bottereau de
4 pieds à 4 pieds 1 /2.
Dans le Bottereau on conserve surtout l'an-
guille, et, comme il n'est pas long, il n'a qu'une
porte au milieu. Dans la Botte on conserve les
autres poissons, et, comme elle est longue et
qu'il ne faut pas fatiguer le poisson, quand on
veut l'en retirer, elle est munie en son milieu d'une
porte à charnière et, à l'une de ses extrémités, d'une
porte mobile permetttantde la vider dans une sorte
de grand fdet semi-circulaire appelé Troubleau où
on peut tirer la marée à l'aise. La marée désigne
les lots pour la vente. On dit : faire sa marée.
La botte offre un peu l'apparence d'un chapeau
de gendarme ; elle est amarrée au bateau par des
cordes appelées commandes (c'mandes).
Un dagron serait donc une planche façonnée
pour servir de porte ou fermeture mobile à l'un
des bouts d'une botte.
On remarquera que l'un des côtés de la botte
est dret (rectiligne) et que le bord extérieur va en
s'évasant, le fond étant plus étroit que le dessus.
C'est par ce bord dret qu'on amarre la botte à
Vappoué du bord (en l'appuyant le long du bord du
bateau).
Pendant la pêche on chuïlle (cheville la porte),
mais quand le poisson est en réserve, on la cague-
nasse (cadenasse) ainsi que le dagron, ce qui n'em-
pêche pas les vols d'être fréquents.
« Ça ne vaut rien de farfouiller dans les bottes,
çafatille (fatigue) le poésson et le fait kérver. Quand
il a l'z ouïes blancs, il n'est pas mangeable. »
Dague (Mj.), s. î. — Obliquité de l'axe d'un
bateau sur le courant ou sur sa propre direc-
tion ; tendance à faire des embardées.
Daguenette (Mj.), s. f. — V. Gaguenette.
Dagues s. f. — Branches laissées par les
vignerons pour être recourbées. — Archets ou
courants. (Bf.) MÉx.
D'à-haut (Tr.), loc. adv. — Ouvriers qui
travaillent sur les carrières et non dans le
fond (d'à-bas).
Dais dait (Mj., Lg., By.), v. a. et n. —
Dois, doit, du v. Devoir, l'''^, 2« et 3e pers. s.
ind. prés. — N. Ces formes ont beaucoup
vieilli à Mj.
Dale (Mj., By., Lg.), s. f — Gouttière. V.
Dalle.
17
258
DALÊE — DANGELER
Et. — Pourrait se rattacher à l'ail. Thaï., vallée.
La dale est thalweg du toit. — Angl. Dale, vallée.
Il Evier (Dott.).
Dâlée (Mj., Lg., Sal.), s. f. — Pissée abon-
dante. V. Dater. Syn. de Drinée.
N. — Flaque d'eau, averse ; mare d'urine (Dott.)
— « Queu dalé quiau drôle veint de faire dans ma
dorne ! » (Favbe.) Cf. Dâbé, Jaub.
Dîîler (Auv., By., Sal.), v. n. — Pisser
abondamment. Syn. de Driner.
N. — Ce V. n'est pas employé à Mj. — || On dit
plutôt Faire une dalée (By.).
Dalet (Lg.), s. m. — Sorte de sillon ou de
gouttière que forment en arrière le fond
d'une dormeuse et le rebord de dentelle qui
recouvre la nuque. Au fond de ce sillon est la
coulisse destinée à serrer la coiffe.
Et. — Dimin. de Dale. — Trou par où a lieu
l'écoulement de l'eau (Daguet). — Garniture d'un
bonnet de femme (Oeain). — Bavolet, partie de
la coifTure des femmes qui descend sur le chignon.
— Trou ou tuyau pour faire écouler un liquide
(Dott).
Daleter (Mj., Li., Br., Lg.), v. a. et n. —
Battre des ailes. « L'oie va daleter. » || Fig. —
Daleter les bras, ou des bras, — battre l'air
avec les bras, les agiter. — V. Saleter, Essa-
leter, Galeter.
Et. — Dér. du lat. De ala, aile, avec la termi-
naison verbale, eter. — || Ingénieux, plus que
solide. A V.
DaUe (Mg., By.), s. f. — Chéneau, gout-
tière. Cf. Dâler. \\ Fig. — S'arrouser, se rincer
la dalle du cou, — boire un coup. Syn. de
Goulot. Il Sa. — Rigole, saignée dans un pré.
Syn. de Essaivoir. V. Dale.
Et. — V. Datée. — Pourrait venir (?) d'un mot
arabe signifiant conduire, par l'espagn. a-dala.
(LiTT., v» daleau ; renvoie à : dalot ; picard :
ruisseau, égoût.) — Pierre d'évier.
Hist. — a L'eau des dattes insuffisantes tomba
par paquets sur les vitres. » (La Trad., p. 142.)
— « Arrousons-nous la datte, la datte,
Arrousons-nous la datte du cou. »
(Chans. pop.)
Dallée s, f. — Ce qui peut couvrir une
dalle.
Dalut' (Mj.), s. m. — Ce mot a perdu à
Mj. son sens primitif, du moins pour la plu-
part des gens ; cependant, on l'emploie sou-
vent sans se rendre compte de sa significa-
tion. Pour exprimer qu'on ne croit pas aux
paroles de quelqu'un, on répond couram-
ment : « Oui, le Dalut ! » — Le Dalut, c'est
la Darue de Saint-Paul. — Syn. de Darne,
Dérue, Couard, Tarin, Bissêtre. Cf. Dâlu.
Jaub.
Damas (Ec), s. m. — Pomme ou prune.
V. Amas-noir. — Les plus connues de ce
genre sont le Damas noir et le Damas violet.
On dit : Amar. Des preines d'Amar noir ou
d'Amar violet, ou simplement de l'Amar noir
ou de l'Amar violet. V. Amar, Amont.
Dame ^ ! (partout). — Exclam, signifiant :
Certes, c'est pourtant comme cela ! — Dame
si, dame oui, dame non ; ou : si, dame, etc. ||
By. — Ben dame, pour : cependant et sans
doute. — A Chemillé : Mein dame ! — Tandis
que Dame oui signifie : Ben sûr que oui.
Dame^ (Cff., Z. 187), s. f. — Haut fond,
espace assez grand laissé comme témoin par
la drague.
Dame d'onze heures s. f. — Aillon blanc,
petit aillet. Ornithogalum umbellatum. (Mén.)
N. — Se trouve ds Littké, au n° 14.
Damerette (Mj.), s. f. — Petite dame de
mince condition. Syn. de Damette.
Et. — Dameret, exprime le goût de se parer
comme une petite dame (Litt.).
Dames ou Damées. — « Femmes mariées.
Les dames distinguées demeuraient autre-
fois dans le Damier, à Angers. {Menagiana.
Cité par Mén.)
Damette (Lg.), s. f. — Petite dame de
mince condition sociale. Syn. de Damerette.
Damier s. m. — Quartier des dames bour-
geoises, à Angers. !| Goganne, coccigroUe, fri-
tillaire. (Méx.) — By.
D'amont (de) (Ec). — Pour : d'Amont. Cf.
Debas (de). |i De d'amont, pour : En amont,
en remontant ; comme : De d'bas, pour :
En aval, en baissant, en valant. — Ex. : Il
est de d'amont (par là-haut) ; il est de d'bas
(par là-bas). — 11 va de d'amont, il monte, il
remonte ; il va de d'bas, il baisse, il va en
valant, vers l'aval. Toutes expressions
usitées. Cf. De delà.
Dandin s. m. — Sonnette que l'on met au
cou des animaux qu'on laisse seuls dans les
champs. (Méx.)
Et. — - Hist. « Desquelles bestes à laine en avoit
une qui avoit un dandin ou clochette pendue
au cou. » (xiv« s.) D. C. Sonailla. Le sens primitif
de ce mot est : qui se balance, qui va et vient, sens
conservé en : dandiner. — Cf. Dig-din-don (Litt.).
-- Au Lg., un écolier de 6 ans, à qui je demandais
ce que c'est qu'un clocher, me répondit : C'est où
qu'y a des dindons.
Dangeler (Sa.), v. n. — Se dégoûter, être
écœuré. Ex. : « Leurs rillots, ils m'araient
ben donné de tout pour y goûter ; j'y dan-
gelais. Il Je ne me dangelle pas de vous, — je
n'ai pas peur de vous. C'est un autre sens.
Il A Mj., on dit dans le premier sens : Prendre
danger. — On dit : Dangeler à, — se dégoûter
de. — Syn. do se Requiétir. \\ Un galant croque
dans une pomme et pis, la présentant à une
fille : « Si tu te dangelles point de moé, mange
mon morguignâs, et dis-moi que tu m'aimes. )
— A quoi elle peut répondre : « Déporte-té»
de moé, va, car je n'veux point d'té. (By).
N. — Je lis dans Godefroy : Bret., Côtes-du-
Nord, dongierous, qui a de la répugnance, du
dégoût. (On dit à qqn qui ne veut pas boire après
un autre : Tu as danger de moi. — Dangeros-eus,
adj. — Difficile, qui fait des difficultés, sévère.. .
CI Ne demoura gaires que la dame empira de
car... et fu dangereuse de viandes, lors aperçut
DANGELEUX - DARÊE
259
qu'elle fu enchainte. » — Dangier. Faire dangier
de qqn, le rebuter.
Il n'est dame ne chastellaine
Que je ne tenisse à villaine
S'elle faisoit de lui dangier. (God.)
Et. — Ainsi Dangeler vient du fr. Danger, pris
au sens de dégoût. — Ou bien : avoir de l'inquié-
tude au sujet de qqn.
Dangeleux adj. — Pour : dangereux. Cité
par Ménière comme usité au xvii" s. Je n'en
ai pas trouvé trace. Cf. cependant : Dangeler.
Danger (Mj., Lg.), s. m. — Dégoût, répul-
sion. Il Prendre danger, — éprouver du
dégoût. Syn. de Dangeler. Cf. Fâche.
Hist. — <c Combien que la peste y fust par la
plus grande part des maisons, ils entroient par-
tout, ravissoient tout ce qu'estoit dedans, et
jamais nul n'en print dangier. » (Rab., G., i, 27
54.) — Il « Iras- tu avec y-eux ? — Ben, pas de
danger (certes non). » — Même sens : « Aie pas
peur, j'y-irai pas, j'ai poin'envie dé m'iasser pour
ren. » By.
Dangereux, euse (prou, dangeureux) (Mj.,
Lg.), adj. q. — Difficile, dégoûté.
Et. — B. L. Dangerium « Comme iceulx parti-
culiers ayant une très grande et dangereuse cause en
nostre parlement. » (1388. D. G. — Au sens fr.)
Dangeureusement (Mj.), adv. — Dange-
reusement.
Daniel (Lg.), s. m. — Petit œillet sauvage
à deux fleurs roses. Syn. de Amourette.
Danjon (Mj.), s. m. — Lisière de glace que
la Loire laisse attachée à ses bords, lors-
qu'elle charrie des glaçons. C'est une ban-
quise, une lisière continue, d'une largeur de
I à 2 m. et plus, que la Loire dépose par les
grands froids le long de ses rives.
Dans (Mj., By.),prép. — Dans les, — environ,
à peu près. Ex. : Ils sont dans les vingt à trente.
II m'a coûté dans les 25 pistoles. || A peu près
de, — Ex. : C'est ein homme dans voutre
taille, dans voutre mode. || S'emploie pour :
à, dans les loc. suivantes et autres analogues :
Avoir ses sabots dans ses pieds ; — la nanse
du pénier était passée dans son bras.
Hist. — « N'avoir pas de souliers à se mettre
dans les pieds. » R. P. G. R., qq.
Danse — « Les troupes diverses, joyeuse-
ment, se mêlèrent et dansèrent un branle de
Poitou où chacun à son tour récite un couplet
et va se placer au milieu du rond. » {Hist.
du vx tps. 157.)
Dansé ée. (Mj.), adj. q. — Les femmes gra-
tifient volontiers de cette épithète les per-
sonnes ou les animaux qu'elles apostrophent
avec colère. Ex. : Attends, va, mon dansé
mâtin ! »
Et. — Dansé est un à peu près pour Damné,
dont l'emploi est regardé comme coupable, le mot,
dans l'esprit des commères, constituant un blas-
phème énorme. V. Dious, Bleu, etc.
Danser (Mj.), v. n. et a. — Faire danser la
malaisée, — battre, rouer de coups ; infliger
une souffrance qcque. jj Se dit en parlant de
la parturition.
Dante (Craon), adj. q. — Apaisé, calmé.
Ex. : Mon cheval est dante depuis ce jour-là.
— Du fr. Dompter?
Daraine (Lg.), s. f. — Bavarde, javotte.
Syn. de Bavasse, Cacasse. \\ Se dit d'une poule
qui glousse. V. Darainer.
Darainer (Lg.), v. n. — Glousser, caqueter.
Syn. de Darasser. \\ Fig. — Bavarder, jacas-
ser.
Daras (Sal.) — Bavard. Syn. de Dagote.
Darasser (Mj., Lg.), v. n. — Glousser,
caqueter, claqueler, comme font les poules
lorsque qqch. les inquiète. Syn. de Darainer.
Et. — En bret. de Vannes : Darascl, grive. —
Simple rapprochement. — Les pies darassent.
Dard (partout), s. m. — Sorte de poisson
de Loire, très commun dans la Maine et ses
affluents, appelé ailleurs vandoise, aux
formes sveltes, aux allures vives et rapides,
ainsi nommé parce que, à la moindre alerte,
il file comme une flèche entre deux eaux. ||
Sp., Lg. — Faux, outil pour couper l'herbe.
Syn. de Dardine, Darine, Lamhardine. N. Les
Angl. emploient dans le même sens : Dart ;
The Death's dart , — la faux de la mort. Le
fr. a : Dail, faux. Oublié à Mj.
Et. — « C'est surtout le fer de la faux. Dalha
— dail, daille, dart. — « Jehan des Ouches, qui por-
tait un dart à faucher, appareillé et émolu de nou-
vel (1398). — « Deux faulx ou dartz, desquelx les
dessu ditz avoient faulché ladite herbe estant
audit pré. » (1481. — L. C.) — « C'est un poisson
grand comme un dar de Loyre. » (Rab., P., iv, 3.)
■ — « La mort six jours après, le rencontrant sans
coingnée, avec son dail l'eust fauché et cerclé
de ce monde. » (Id.. ibid, iv. Prol.) — « Pour
cinq douzaines et demie de dars et de gardons
et pour beurre pour les frire, 7 s. 2 d. (1403. Inv.
Arch., H. suppL, p. 30, col. 1.) — Députalion sur
la requête des fermiers de Bouchemaine, pour
mettre le prix aux dards, suivant la coutume de
la Poissonnerie. » (1695. — Id. G. p. 142, col. 1.)
Dardine (Sp.), s. f. — Faux à faucher. On
dit plus souvent : darine. Dimin. de Dard.
N. — Dans l'Indre : sardine, nom tiré de la
forme allongée de l'instrument, qui lui donne une
sorte de ressemblance avec le poisson de ce nom.
Cf. la sardine, les galons des caporaux (Jaub.).
Dardonne (Sa.), adj. q. — Se dit d'une
vache de petite espèce, telle que les vaches
bretonnes.
N. — Une vache dardonne, ne serait-ce point une
vache de Redon.
Dareau (Hf.), s. m. — Tablier. « Je prends
mon dareau et je débouille » (et je m'en vas).
Cf. Darne.
Dârée (Mj., Lg., Ag., Pell.), s. f. — Denrée.
Il Ne pas y aller à la petite dârée, — ne pas y
aller à pelils frais, ne rien ménager, au pr. et
au fig. — On dit de même : Ne pas y aller à la
petite chipote. Cf. Nâtir. || Un paquet, — une
dârée de choux, de feuilles de choux, de
piochons. (By.)
Et. — Hist « Denrée ; Berry, darrée ; provenç.
denairada ; esp. dinerada ; ital. derrata ; du B. L-
260
DARGNIER - DATER
denariata, la valeur d'un denier. Denrée a signifié
primitivement ce qui vaut un denier, ce qui s'ac-
quiert par denier, par argent : « S'il sanglouttoyt'
c'estoyent denrées de cresson. » (Rab., P., iv,
32. — LiTT.)
— « Et j'ay bien mengié sept denrées
De nouvel miel en fresches rées. » (Renart.)
— « Et donra l'en à chascun povre, qui y sera,
deux deniers, ou deux denrées de pain (1319. Tes-
tament de Jeanne de Bourgogne, femme du roi Phi-
lippe-le-Grand.) — Denrées de pain, de vin, de
cire, de paste (D. G.). — " Et por ce qu'ele veut que
li povres y puist aussi bien avenir comme li
riches, elle me dit que j'en feisse denrées ; car teiz
(tel) a 1 denier en sa borce, qui n'y a pas v livres. »
(RuTEBEUF, le diz de Verberie.) — « Quiconque
vend chanvre à Bourges, il doibt du quarteron
une obole parisis, et s'il n'en a que 4 denrées, il ne
doibt rien, et en sont francs tuitz li habitans de
Bourges. » {,Anc. cont. de Bourges.)
— « Lors dit le queus à son ribaut :
Compains, or voi-je bien de plain
Que d'une denrée de pain
Souleroie tous mes amis
Je n'en ai nul, ce m'est avis,
Ne je n'ai en nului fiance
Fors en la roine de France. »
Chroniq. de Saint- M agio ire, publiée par l'abbé
Lebœuf, t. II, p. 143.) — Citations de Lapaire.
Dargnier (Fu., Zig. 196, Mj.), adj. q. —
Dernier, [j En dargnier, loc, adv. — A la fin,
finalement. Ex. : En dargnier, il ne savait
pus que dire. V. Damier.
Darière s. m. — Pour : derrière.
Et. — Hist. De de + rétro, qui a subsisté dans
l'anc. fr. : rière (Litt.). — « Devisant avec elle,
luy persuada de monter darrière lui en crouppe. »
(Rab., p., y, 7.)
Darin (Segr.), s. m. — Ventre. L'enfant a
mal à son darin. (Mén.)
Darine (Sp., Lg.), s. f. — Faux à faucher.
Dim. irr. de Dard. Pour Dardine. Syn. de ces
mots et de Lambardine.
Djîriner (Sal.), v. n. — Faire des riens.
Cf. Dâronner.
Dârinier (Sal.), s. m. — Celui qui dârine.
Dariole. — Gâteau léger, sorte de flan.
(GOD.)
Darnes, f. — Le même que Dale.
Damier, ière (Mj., By.), adj. q. — Dernier.
Il En damier, — en dernier lieu, finalement.
V. Dargnier.
Et. — Hist. « Dernier ; derrenier. dér. de l'a.
fr. derrain, contract. de deerrain, forme eupho-
nique de dererain, du lat. pop. deretranum, dér.
de rétro, derrière (tous les autres). Dakm. — La
CuRNE, cite 31 manières d'écrire ce mot. — Vx
fr. Darrenier.
Darnièrement (Mj.), adv. — Dernière-
ment.
Daron (Craon, Ag., Bl., Bg., By.), s. m. —
Radoteur ; musard, qui se met en retard, qui
n'avance à rien ; tatillon. || Ti., Zig. 153. —
Adj. q. et s. m. — Lambin. Syn. de Dâron-
nier, Lamhinier.
Dâronner (Q., Ag., Mj., By.), v. n. —
Lambiner, s'attarder en chemin ; être trop
mintitieux ; musarder ; s'arrêter dans la rue
à causer. V. Dâriner.
Et. — On propose : Taronner, dér. irr. du fr.
Tard. Cf. Darine, pour Dardine. — Cf. aussi
Tarinier.
Dâronnier ère (Mj.), adj. q. — Lambin.
Doubl. et syn. de Tarinier. V. Dârinier.
Dârre (Lg.), adv. — Derrière. i| Adj. —
De derrière. Ex. : Touche les bœufs ! les deux
dârre ils ne tirant point. — Cf. Derre.
Darte, Derte. s. f. — Dartre. V. Enderse.
Et. — De herpetem, épenthèse du d. Pron. darte,
(By.).
Darue (Sp., Sal.), s. f. — Animal imaginaire
dont le nom sert aux loustics pour mystifier
les nigauds. Quelque jeune domestique de
ferme paraît-il peu déluré et suffisamment
crédule, les jeunes gens de la maison lui
vantent à l'envi les charmes d'une chasse
nocturne à la Darue et, quand ils le voient
suffisamment allumé, ils l'emmènent quelque
beau soir « courre la Darue ». Il s'agit, en
effet, d'une chasse à courre. La victime,
munie d'un sac (car le fin du fin est de
prendre l'animal vivant), est postée, avec
injonction de n'en point bouger, au coin de
quelque champ, près d'un Pas, ou Rotte, où
la bête doit évidemment passer. Les autres
font quêter les chiens. La Darue, ou un lièvre
quelconque, est levée dans le voisinage ; la
chasse fait quelques randonnées, puis s'éloigne
et les malins vont se coucher, en remettant
au lendemain les gorges-chaudes. Cependant,
le malheureux mystifié, soutenu par une foi
robuste, souvent pendant une partie de la
nuit, guette à la Rotte la Darue qui s'obstine à
ne pas venir. Syn. de Dérue, Dalut, Couard,
Tarin, Bissêtre. Y aurait-il du rapport avec
le Tarande dont parle Rabelais (Pant., iv,
2, 359)? Il Sal. — Fantôme, rien, rêve irréa-
lisé. Prendre la darue, — ne rien prendre.
Hist. — A le sens de fort :
« Regarde ; est-ce bien fort féru ?
Ne say vilain, tant soit dam.
Qui n'en fust rompt. » (God.)
Darn, Darut (Li., Br.), s. m. — Même sens.
K Quin. veins-tu prande le daru ?» — Même
explication. Le correspondant ajoute : « D'autres,
plus intelligents, aussitôt seuls, retournent à la
maison et ceux qui croyaient les attraper se
trouvent eux-mêmes fort attrapés d'y trouver les
premiers rendus avent eux et de voir leur ruse
déjouée. »
Dater (Mj., Lg., By.), v. n. — Se comporter
comme une personne riche ou d'un rani^
élevé. Se distinguer. S'emploie dans la loc. :
Dater du grand, — être ou sembler ricli.'.
hautain ou magnifique. Se dit des personms
et des choses. On dit parfois simplement :
Dater. |J Avoir de l'importance, de l'appa-
rence. Ex. : Vous ne parlez pas ! ein château
comme il s'en fait bâtir ieun, ça date ! » Syn.
de Noter.
Et. — Date ; du plur. data, choses données (Litt)
DAU — DÉBAGOULER
261
— Data (littera), premier mot de la formule qui
indiquait l'époque où un acte avait été rédigé. —
Dater, faire époque.
Daii (Lrm.). — Du. — Dau pain, dau lait,
— du pain, du lait. V. Dô.
Daubanne (Segr.), s. m. — Homme débau-
ché. (Mén.)
Daube, s. f. — Recevoir une daube, ou une
rossée. (Mén.)
Et. — 1° Ail. Dubban, frapper. Cf. Adouber
(un chevalier), lui donner un coup en l'armant.
(LiTT.), Darm. nie cette origine; Dealbare, revêtir
d'un enduit blanc, crépir. Le passage du sens de :
crépir, à celui de frapper s'expliquerait facilement
par la façon de travailler de l'ouvrier qui crépit.
Daubée (By.). V. Dauhe.
Daubier (Mj.), s. m. — Boulot, enfant gras
et joufflu. Ex. : Queu grous daubier de
quénau !
Et. — Daubière, terme de cuisine ; vase dans
lequel on cuit une daube (Litt.) ? — Syn. de
Lochon, Maloquals, Pape, Pâté, Tourteau.
Daumoise (Mj.), s. f. — Donzelle, péro-
nelle, pécore.
Et. — C'est une abréviation du vx fr. Damoi-
selle, avec allongement de la première syllabe.
Daumoise est donc le doublet du fr. Donzelle et
Demoiselle. — Domnizelle (x»), Damiselle (xi^).
B. L. Dominicella.
Davant (Lg.), s. m. — Celui qui précède.
Ex. : Il allait le davant. \\ Davant de, — loc.
prép., devant. Ex. : Aile était assise davant
de moi. Syn. et doubl. de Devant.
Davantiau (Ti., Zig. 159), s. m. — Tablier.
Syn. et d. de Devanleau. \\ Manteau ou hotte
de cheminée, bord de cette hotte. C'est le
doubl. de Devanteau, pris au fig.
D'da (By., Zig. 183), s. m. — Dieu. —
Forme hypocoristique dans les jurons. Ex. :
Save-vous ben que le nom d'da de bounhomme
i n'est point c'mode ! — N. A Mj. : Nom de
delà. V. au Glossaire.
De ( Mj ., By . ), prép. — Marque le temps. Ex. :
De soir, de ressiée, de matinée, — ce soir, dans
l'après-midi, dans la matinée. || Sp. — De
cul, de genoux, — sur le derrière, à genoux. ||
Entre dans un grand nombre de loc, pour
marquer la relation entre le verbe et l'ins-
trument : On dit : Travailler de bras, de tête ;
aller de son pied, se mettre de genoux. —
Mettons-nous de geneil. N. P. — A Sa., Sp.,
Tlm., de s'emploie invariablement et illogi-
quement dans certaines loc. : Je sommes
point de parents, — nous ne sommes point
parents. — J'en ai vendu de la moitié, — la
moitié. Il Redondant : de de chez. — Je veins
de de chez li. || Se place toujours devant les
pron. inlerrogat. qui, que, quoi? Ex. : De
qui est ça? De quoi que tu dis? N. On pro-
nonce dé et non deu. Ij A Mj., on l'emploie
toujours devant le mot : besoin. Ex. : En
as-tu de besoin? — J'en ai point de besoin. ||
Idiotismes remarquables. A Mj., comme à
Tlm., on l'emploie toujours après savoir,
suivi de Tinfinitif : Il sait de lire et ^'écrire. ||
Sp., Tlm., de joint toujours le nom gars au
nom de famille : « C'est le gars de Gazeau. »
Il pourrait sembler d'abord qu'il n'y ait rien
là que de naturel ; mais il faut observer que
l'on dit : « C'est le gars de Jules Gazeau », si
le fils s'appelle Jules, alors même que le
père aurait nom Mathurin. || Depuis. « Il est
marié de la semaine dernière ; aile est enter-
rée de dimanche. || Dans, à. — II est ben
affligé des yeux, d'eine main. |l De bon, pour
de bon, sérieusement ; de d'ià, de là ; de
d'pis, depuis ; de juste, comme de juste,
comme il est juste ; de vrai, vraiment ; de
roule, conduire une barrique de roule, en la
faisant rouler ; de c't'heure, à cette heure ;
rf'gui dire : N'y a point de (à) gui dire ; de
cul et de bédée ; de rire, pour de rire, non
sérieusement. |i (Lg.) Devant de, — devant.
Ex. : Il marchait devant de moi. | De, dans
l'expression : Tu n'as que f/'aller, n'est nulle-
ment une addition euphonique. N'avoir que
de, — n'avoir qu'à. Ex. : Tu n'avais que de
faire comme éje t'avais dit. || L'emploi abu-
sif de de est fréquent. De matinée (ce matin) ;
de moériennée (ce midi) ; de ressiée (ce soir) ; à
de soir (à ce soir') ; de depuis, dé d'pis...
huchqu'à... ; de meshui (désormais, d'ores
en avant). — A Feneu, on pron. d'méshè ; à
Neuville, d'mesheu) ; d'avec (d'accord avec),
etc. — « rte l'a accrasé d'sottises, i' y a ren
resté à y-i dire ; il l'a traité de d'pis Patar
huchqu'à Amen. » — De rebours (pron. sou-
vent dé r'bou), de mauvaise humeur, misan-
thrope). — « Dé d'pis Saint-Berthél'my
huchqu'à Terlazé, par au vis-à-vis de Pigne-
rolles, on en fait-i des crochets ! » — « D'avant
que de faire quéque chose, faut ben se gué-
manter. » — De qui c'est-i? (qui est-ce)? —
Dé d'bon, dé bon ; pour dé d'bon (vraiment,
et non pour rire). By.
Dé, préfixe. — Soustraction ou apposi-
tion ; déboutonner ; ou, au contr., augmenta-
tion, démarcher. — N. Nous n'avons pas
indiqué une centaine de mots commençant
par ce préfixe. Chercher le mot simple.
Dé (Mj., Lg., By.), s. m. — Doigt, en géné-
ral. Il Plus spécialement l'index. Ex. : Mon-
trer avec le dé, prendre avec le dé et le pouce-
N. Cette forme a vieilli, même dans notre
patois. Toutefois, elle est restée en fr. dans :
Dé à coudre.
Et. — Ane. fr. deel, du lat. pop. ditale (pour :
digitale) de digitus, doigt. Aurait dû aboutir à
Deau ; s'est confondu avec dé à jouer au xv« s.
(Darm.)
Déauipionné (Sal.). — Etre déainpionné,
se mal tenir. Cf. Ehampionné.
Deau, s. m. — Doigt. « Nous disons, en
Anjou : Deau, pour : dé », dit Ménage, ce qui
corrobore l'étym. ci-dessus.
Débaîîouler (By.), v. a. — Bavarder de
choses inutiles et ennuyeuses : « Que va-t-i'
côre avoir à nous débagouler? (Il y a du
bagout là-dedans.)
262
DÉBAILLER — DÉBÊTER
Débâfller (Lg.), v. a. — Se dit dans :
Débâiller les dents, — desserrer les dents,
parler. Syn. de Débâillonner.
Ilébâillonner (Sp., Mj.), v. a. — Ne s'em-
ploie que dans la loc. : Ne pas débâillonner les
dents, — ne pas desserrer les dents, ne pas
ouvrir la bouche pour parler, ne pas souffler
mot. V. Bâillonner. Syn. de Débâiller.
Débalancer (By.), v. a. — Pour Balancer,
ou : se Débalancer. — \". Balancer.
Déballer (Mj., Lg., By.), v. n. — Décamper,
détaler, déguerpir, vider les lieux. — Dé -j-
balle, paquet. Syn. de Décarrer.
Déballeur (Mj.), s. m. — Marchand qui va
vendre des marchandises démodées sur les
places publiques, camelot.
Débarbouiller (Mj., By.), v. a. — Débrouil-
ler. Ex. : « Il se débarbouillera s'il peut. » N.
Le verbe n'a jamais le même sens qu'il a en
fr. — V. Débardouler, Déboucharder, Bar-
bouiller.
Débarbouillette (Lg.), s. f. — Linge dont
on se sert pour se débarbouiller. Syn. de
Débardouloir.
réf.
Pour : Débar-
Débardouiller (se), v.
touiller ; se dépêtrer.
Débardouler (Bl., Mj.), v. a. — Débar-
bouiller. Cf. Bardouler. Syn. de Déboreer,
Déboucharder, Débernachouser. j| By. — \'a
donc te débardouler, mon p'tit gars. Où as-tu
été te bardouler comme ça ?
Débardouloir (By.) pron. loué), s. m. —
Linge dont on se sert pour se débarbouiller,
débarbouiloir. Dér. de Débardouler. Syn. de
Débarbouillette.
Débargouler, v. a. — Laver la figure ou la
goule de l'enfant. V. Débardouler.
Débarrasse (Lg.), s. f. — Débarras. Ex. :
Il est parti? Bonne débarrasse ! Syn. de
Décanche.
Débarrassé (By.), part. pas. — J'ai sou-
vent entendu cette exclamation : Sancte
débarrassé ! en parlant d'une personne gê-
nante qui se décide enfin à partir. Cela fait
partie des Litanies mondaines.
Débas (de) (Ec). — On dira : Ce que tu
cherches se trouve de debas (en aval), ou en
damont (en amont). j| Débas (Mj.), s. m. —
Bas d'une côte, vallon profond, pli de ter-
rain. Ex. : Il dériboulé jusque dans le débas.
— Leur maison est tout dans ein débas. ||
Un pré dans le débas (Li., Br.), dans la partie
basse, au pied d'une butte.
Débâter (Mj., By.), v. a. — Enlever la
garniture d'une table, ôter le couvert, des-
servir. V. Bâter.
Débattre (Mj., Sp., Lg.), v. n. — Emotter,
casser les mottes. Ex. : Ils sont à débattre
dans leux grande ouche. V. Couvrâille. \\ V.
réf. Se débattre que, — ■■ affirmer ou nier avec
énergie ; répéter ; alléguer avec insistance ;.
protester. Ex. : Il a ieu beau se débattre que
c'était pas lui.
Débauchenient (Mj., By.), s. m. — Chan-
gement du temps lorsqu'il se met à la pluie.
Ex. : S'il veint ein débauchenient de temps, on
ne sait pas quand c'est qu'on pourra faire les
semeries. Dér. de se Débaucher.
Et. — Dé + bauche, vx mot qui a le sens de :
lieu de travail, atelier. — Orig. inc. — Voir
Débaucher.
Débaucher (Mj., Lg.), v. a. — Faire quitter
à un ouvrier son travail ou son patron. ||
Fig. — Débaucher le temps, — mettre le
temps à la pluie. Ex. : Ceté grand vent-là va
débaucher le temps. — By.
Et. — « Bauche est un vx mot qui signifie :
boutique ; ital., botega ; grec, apotheca, Embau-
cher, mettre qqn en boutique ; débaucher, tirer qqn
de la boutique où il travaille, le détourner de son
exercice (Ménage). — « Bauche, en Saintonge, est
une tâche ; débaucher, interrompre une tâche
(N.-E.). Mais, dans plusieurs provinces, au con-
traire, engager dans qq. entreprise :
« Granz genz aveuc lui se débauchent.
Droit vers Lille en Flandre chevauchent. » (L. C.)
Debellois, s. m. — Dompté, vaincu.
(MÉx.)
Et. — Débeller, vaincre, réduire ; de , marque
la fin, et bellum, guerre (Litt.).
Deberciller (By.), v. n. — Le même que
Berciller, pron. boerciller. — Sans berciller, ou
sans deberciller.
Déberdancer (By.), v. n. — Tomber avec
fracas. De Bredancer, pron. boerdancer,
remuer avec bruit. V. Débricocher.
Deberdelé (Jm., Li.), adj. q. — Cassé.
Déberloquer (Mj., Lg.), v. a. — Démanti-
buler, disloquer. Syn. de Décaguenasser,
Déjerloquer, Dénâler, Déharnâcher, Dénie/n-
broler, Dépatraquer. — Dér. de Berloque, pour
Breloque. \\ Fu. — Déberloqué, — dégonté,
démoli, — ou mieux : disloqué.
Débernachouser (se) (Ac). — Se déber-
nachouser la goule, — se la laver. V. Ber-
nache. Syn. de Débardouler, Déborer.
Déberna ncer, v. n. (Cz.). — Dégringoler
avec bruit, p. ex., une pile d'assiettes tom-
bant d'une étagère.
Déberner (Lg.), v. a. — Nettoyer, débar-
rasser de la boue, des ordures. N. La syll. ber
se prononce brève et fermée. — Ne s'emploie
pas au fig. — Dér. de Berner.
Débernouser, v. a. (Chpt.). — Débar-
bouiller ; surtout en parlant d'un enfant. Cf.
Breneux, Brenoux. V. Débernachouser.
Débesiller (se), v. réf. — Prendre un
regard assuré. || Au fig., se déniaiser, en par-
lant d'un enfant. — Cf. Ebesillé, Besilloux.
Débêter (^Ij.), v. a. — Rendre moins bête^
raffiner. On dit d'un nigaud : Il n'est pas tout
dibêté. — Déniaiser, dégourdir. \'. Débesiller,
DÉBIFFÉ — DÉBOTTOIRE
263
Débiffé. — ffer. — Délustrer, perdre sa
fraîcheur. (Q., Br., Zig. 134.) — Chiffonner,
décatir. Syn. de Fôpir.
Et. — Dé + biffer — Mettre en mauvais .état. —
Drap débiffé. (Froissard, dans Godef., suppl.)
Débigoiser (Sal.), v. a. — Cancaner.
Débiller (Mj., By.), v. a. — Dévêtir,
Contract. de Déshabiller. Syn. de Déhaner,
Déprêter.
Et. — « Détacher (les chevaux de hàlage qui
tirent un bateau). Dé + bille (morceau de bois
où s'attachent les cordes du hâlage). — Sens dif-
rent.
Hist. — Desbillier, v. a., enlever, en parlant
d'un habit.
— Il est quitte de desbiller
Son habit, il est bien atout. (God.)
Se dit aussi dans la Haute-Normandie, vallée
d'Hyères et pays de Bray.
Débine (Mj., Lg.), s. f. — Débauche, dé-
portement. Ex. : Quand il a vu ça, il s'est mis
dans la débine. Syn. de Déhane, Dévarine,
Berdindaine.
Et. — Rouchi ou Wallon : Biner, fuir.
Débiner, v. a. — Ruiner.
Débiroter (Lue). — Renverser, v. a. et n. Se
dit d'une voiture.
Et. — Pour : Déviroter (et non de : bis + rota).
Débise ou Débisse (TIm.), s. f. — Poire, ou
pomme séchée au four, pomme tapée.
Débite, s. f. — La débite du timbre, endroit
où l'on débite le papier timbré. (Mén.)
Déblâme, s. m. (Mj.). — Excuse, défaite,
faux-fuyant, justification. Syn. de Dévise.
Et. — Du fr. Blâme, avec le préf. Dé. tJn
déblâme, c'est ce qui empêche, ce qui prévient le
blâme.
Hist. — « Ledit duc de Bretagne fist dire et
proposer ses excusations et déblasmes en la pré-
sence dudit M. de Bourgogne. » (1394). — Vienne,
Deux-Sèvres, Vendée. « Que dira-t-eil per san
déblâme ? » (God.)
Déble (Vendée), s. m. — Diable. Au
xiii« Deable.
Débloyer (Mj., By.), v. a. — Décombrer.
V. Remblayer.
N. — Desbléer, desblaer, debleer, deblaer,
desbloier, debloier, — yer. Récolter les blés, mois-
sonner. — Sens différent -. « A tenir, exploiter,
uffruictier, débloyer ledit héritage pour ledit pre-
neur. » (1388). Emblaer et Desblaer (1382) God.
Débogasser, v. a. (By.). — Défaire une
bogasse (pron. boégasse). L'anguille, prise à la
traînée, s'entoure souvent, comme d'une
bogue, de la ligne qu'elle enroule et emmêle
autour d'elle avec des herbes ; ainsi serrée,
elle est morte quand on lève la ligne : la peau
de l'anguille étant visqueuse, on la tire assez
facilement de la bogasse, qu'on démêle ensuite
de son mieux. V. Rimer su cul. Cf. Dépecasser.
Déboidrer (débouée-dré) (Mj.), v. n. —
Déborder d'un vase, en parlant d'un liquide ;
s'échapper de ses enveloppes, eu parlant du
contenu d'un paquet, d'un panier, d'une
caisse, etc.
Et. — On peut voir dans ce mot une corr. du
fr. Déborder, par métathèse du d et de l'r, et
allongement de l'o en la dipht. oi . — Pour moi
j'inclinerai plutôt à y voir une corr. anal, de
Débondrer.
Déboiser (dé-boué-zé) (Mj.), v. a. — Man-
ger, avaler. Le mot ne s'emploie que dans le
sens ironique ou plaisant. Ex. : Vous n'avez
que de illi en donner, il se chargera ben de les
déboiser. \\ Eplucher les arêtes d'un poisson,
les boises. \\ Manger goulûment : Il a bentout
ieu fait de déboiser son pot de rillots. || Déboi-
ser la monnaie, — dépenser, prodiguer
l'argent. || Fig. — Dissiper, dilapider, un bien,
un héritage.
Et. — Du préf. Dé, et du pat. Boise. D'après
son étymol., ce mot ne devrait être employé qu'en
parlant du poisson ; il s'emploie néanmoins pour
toute espèce de victuailles.
Débondée (Mj., By.), s. f. — Flot qui
débonde. — Se dira d'un enfant qui fait une
selle liquide et copieuse : En velà eine
débondée ! V. Débondrée.
Débondement, s: m. — Débordement de
l'eau sortant par une bonde. (Mén.)
Débonder (Mj., Lg.), v. n. — S'échapper,
jaillir, en parlant d'un liquide. || Lg. — Se
débonder, — se mettre à la pluie, en parlant
du temps. Syn. de se Débaucher. — C'est le
mot français.
Débondrée (Mj.), s. f. — Flot qui s'échappe,
au pp. et au fig. I| Forte évacuation alvine.
V. Débondée.
Débondrer (Mj.), v. n. — Sortira flots, au
pr. et au fig. ; s'épancher brusquement.
Dé -)- bonde. Syn. et d. de Débonder.
Débord (Sp., By.), s. m. — Flux de ventre.
Ne s'emploie que dans la loc. : Etre au débord,
— avoir la foire ; elle a le débord. Syn. Treûle,
Courante, Trop-chie, Va-vite.
Hist. — « Ni l'esbranler des vents impétueux,
Ni le debord de ce dieu tortueux
Qui tant de fois t'a couvert de son onde. »
(J. DU Bellay. — Antiq. de Rome, p. 244.)
Déborer (Lg., Som.), v. a. — Débarbouiller.
— Syn. de Débardouler, Débernouser, Déber-
nachouser, Débnucharder. A vieilli au Lg.
Etym. — Dér. de Borer.
Déborner (Mj., By.), v. n. — Chercher et
marquer les bornes. Ex. : Velà les faucheries
qui arrivent ; va falloir déborner dans les
Vernettes.
Hist. « IjBs bourgeois dudit lieu doivent des-
borner les pasquiers, les chemins et les communes
(1346) GoD.
Débotter (Lg., By.), v. a. — Débarrasser de
la boue qui y adhère, des chaussures, une
charrue (à la gorge et au versoir). Syn. de
Dégouer, Dégoûter.
Débottoire (Lg.), s. f. — Petit outil de bois
ou de fer avec lequel le cultivateur enlève la
264
DÉBOTTURE — DÉBOUTINER
terre qui adhère à sa charrue. — Syn. de
Curette, Dcgouet, Dégouloire.
Débotture (Lg.), s. f. — Terre, neige qui
adhérait aux chaussures et que l'on a enlevée.
Syn. de Galochée. || Partie inférieure d'un
tronc d'arbre que l'on enlève à la scie. Syn.
de Culée.
Et. — V. Déboîter.
Déboucbarder (Sp., My., Sa.), v. a. —
Débarbouiller. V. Bouchard. Syn. de Débar-
douler, Dcbar^ouler, Débernouser, Déborer
Une jeune fille qui a des dartres farineuses
reçoit le conseil d'user d'eau de Cologne :
« Quand je me déboucharde avec de l'eau de
Cologne, ça me cuit encore pus dur »,
dit-elle. (Do.)
Déboucbonner (se), v. réf. (Z. 118.). — Se
mettre à pousser.
Débonder (Mj., By., Lg.), v. a. — Faire
cesser de bouder. Syn. de Débouquer, Déra-
ter, li Se débouder. (By.)
Dcboudiner (Lg.), v. n. — V. Débouliner,
dont ce mot est une forme adoucie.
Débouêdrer, v. n. (Mj., Lg.). — Se ré-
pandre au dehors en s'échappant par-dessus
les bords ou à travers les parois d'un vase,
d'une enveloppe. Ex. : La pâte a débouêdré du
paillon. Syn. de Ebouêdrer. Se dit aussi d'une
fusée.
Débouéler (Lg.), v. a. — Décheveler. Syn.
de Ecréner. Dér. de Ebouéler.
Débouiller (Lrm.), v. a. — • Mêler en dérou-
lant ; dérouler, défaire en désordre ; tomber
ou faire tomber qqch. de haut en bas avec
désordre.
Débouillir (Lg.), v. a. — Faire bouillir
pendant cinq ou six heures du coton pour le
préparer à prendre la teinture. — N. Ce n'est
pas tout à fait le sens donné par Hatzfeld.
Lang. des ouvriers de filature.
Déboulctter (Lg., Mj.), v. a. — Luxer,
désarticuler, démolir une articulation. Ex. :
A s'est débouletté la cuisse. i| Syn. de Démou-
letter, Démolelter. Dér. de Boulette.
Et. — Boulet. Eminence arrondie qui forme
chez le cheval l'articulation du canon avec le
paturon.
Débouliner (Auv., Sa., My.), v. n. — Dé-
gringoler. Syn. de Déribouler, Décrimbaler,
Décrabasser, Dégrôler, Détribouler, Tribouler,
Décrôler. V. Bouliner. C'est tomber en rou-
lant comme une boule.
Déboulissage, s. m. — « Opération de la
première gomme mise pour les fils à tisser
pour l'encollage, ou deuxième gomme. »
(Mén.) — Débouillissage. V. Boulir.
Débouquer (Mj., Lg.), v. a. — Rasséréner,
remettre de bonne humeur, celui qui bou-
dait, qui faisait le bouc. Syn. de Débouder,
Dérater.
Et. — Dér. de Bouc, Bouquer.
Débourder (Li., Br.,), v. a. — Tirer de la
boue. — Je comprendrais Débourber. Ce-
pendant, il y a le v. Bourder, s'arrêter. Un
enfant qui s'arrête, hésite en récitant sa
leçon : bourde. Débourder s'exrilique donc
b =:d.
Débourner (Mj., By.), v. a. et n. — Enlever
les bornes de. || Rechercher les bornes sépa-
ratives. Cf. Bourne, Déborner.
Débourniger (Mj., Lg.), v. a. — Débusquer,
dénicher ; découvrir ce qui est caché ou dissi-
mulé ; aller chercher au fond d'une cachette. !|
Lrm. — Prononc. Débourgniger. — Faire
sortir d'une cachette, trouver qqn ou qqch.
dans un endroit retiré. Ex. : Débourgniger un
lièvre. || Sal. — Découvrir une chose enfon-
cée, — Débourniger un carnigeot. [| Fu. —
Mêmes sens, — après beaucoup de recherches.
« J'avons débournigé ein lapin sour la
mouche de fournilles. » Syn. de Démagasiner .
Et. — Ce mot n'est pas un dér. de Bourniger,
mais bien de Niger, composé avec les préf. Dé
et Bour. Ce mot, Niger, est une corr. du fr. Nicher.
Quant au préf. Bour, ce serait le lat. Per.
N. — Chose curieuse, notre autre verbe iNiger
(Nugari), se compose lui aussi avec ce même pré-
fixe, Bour, pour former un verbe : Bourniger. Il
semble que ce préf. Bour, qui est plutôt un aug-
mentât, qu'un péjorat,. soit pour Ber, du lat. Per.
V. à ce sujet, Emhournider. \\ Déhournicher (By.)
Débourrer (partout), v. a. — Débarrasser
de ses enveloppes, découvrir. || Démailloter
— Cf. Embourrer, dont il est le corrélatif,
comme Développer et Déballer le sont de
Envelopper et de Emballer. — Du fr.
Bourre.
Débourrichonner v. a. et réf. — Se débour-
richonner, c'est se déniaiser, sortir de la
gaucherie, de l'enfance, comme le papillon
sort de l'enveloppe qui emprisonnait la chry-
salide. V. Débiter, Débesiller.
Débourrure-rrage, s. m. (My.). — Façon
des vignes à une grande profondeur, surtout
au bas du cep. (Méx.)
Debout, adv. (Sp.). — Fig. — Eine parole
debout, — parole- brève et rêche. || Sa., By. —
Trouver la porte debout, — trouver la porte
fermée, ou : visage de bois. || Lg. — Parler
debout, — parler avec maussaderie.
Débouter (Mj.), v. n. — Expulser, sup-
planter. — N. C'est le terme de jurispru-
dence pris dans un sens spécial, Bouter-de ;
jeter hors de. || Lg. — V. a. — Enlever la
terre que les labours amassent à la longue vers
le bout des champs, afin de permettre l'écou-
lement des eaux. Cf. Déboutter. N. Ceci nous
ramène au franc. Bout et non Butte. Tant il
est difficile de déterminer les étymol. les plus
simples en apparence.
Déboutiiier (débouquiner) (.Mj.), v. n. —
S'échapper par le bout, passer par-dessus
l'obstacle qui le retenait. Se dit, p. ex., d'un
peloton de fil ou de laine, d'un bandage de
linge dont les spires se développent. — Ex. :
DÊBOUTOUNER — DÉCABLER
265
Ma fusée est toute déboutinée. Syn. et doubl.
de Déboudiner. Cf. Débouêdrer .
Et. — Dé + bout + suff. dimin. iner. || Débou-
quiner, comme Déboucher ou Débousquer. C. Port.
Déboutouner (Sp., Lg.), v. a. — Débou-
tonner.
Déboutter (Lg.), v. a. — Aplanir. Syn. de
Aplangir. Doubl. de Débutter. Toutefois. \'.
Débouter.
Debragué, part. pas. (By.). — Dont les
vêtements inférieurs sont mal soutenus. Reste
du temps où la brague (culotte) était à bra-
guette (à pont). Le pantalon à pisseton ne date
que d'un demi-siècle et on voit encore de ces
culottes à pont. En Anjou, le pont était
large et maintenu par trois boutons et il arri-
vait souvent qu'un bouton de coin manquait
ou n'était pas boutonné ; d'où : debragué,
lorsque la culotte est mal boutonnée ou mal
soutenue à la ceinture. — Le fr. a Débraillé.
Débraguenasser (Lg.), v. a. — Déculotter,
ou plutôt : ouvrir la braguette d'une culotte.
Syn. de Ebraguenasser, Débraguetter.
Et. — Du lat. Bracca, braie. Provenç. Braga.
Débraguetter (Mj.), v. a. — Déculotter. |]
Débrailler. Cf. Debragué, Ebraguenassé. —
Débraguetté, — dont la braguette est ouverte.
Par ext., débraillé, dépoitraillé, dont les
vêtements sont en désordre.
Wébrandelle, — oire (By.), s. f. — Balan-
çoire, escarpolette.
Débrandeller (se), v. réf. — Se balancer. !|
V. a. Faire osciller de çà et de là. On cite ce
couplet (Ti. Z. 150). — De Brandir.
— « Perrine, viens-t'en dîner.
— Je m'débrandelle, je m'drbrandelle.
— Perrine, viens-t'en dîner.
— J'aime mieux me débrandeller.
Il By. — Se balancer à la débrandelle.
Débrandelouère (By., Zig. 197), s. f. —
Balançoire.
Dcbranlier (Bi.), v. a. et réf. — Se balan-
cer. (Mén.)
Débrasser (Segr.), v. a. — Se découvrir les
bras quand on est au lit. (Mén.)
Hist. — Desbrasser (se). Laisser tomber les bras.
« A l'une foys me trouvent descouverte
Me desbrassant de pleurs toute couverte. «
(GOD.)
Débréger, v. u. (Bri.). — Se débattre.
(MÉN.)
Débréler (Fu), v. p. — Défaire un vête-
ment tenu par des cordons. Ne s'emploie
qu'au passif. — J'sé tôt débrélé, mes vête-
ments ne tieiment plus, on les a tiraillés. Y.
Bn'ler, Débrêner.
Débrêner (Lg.), v. a. — Dénouer, dépêtrer,^
démêler. Syn. de Dénouquer, Démoiler.
Et. — M. rac. q. Embrêner.
Débricoclier (Mj.. Sp.), v. n. — Echapper à
son point d'appui. Syn. de Dériper^ || Dérâ-
per. Il Dégringoler. S'échapper brusquement
et tomber. — Syn. et d. de Déricocher. Syn.
de Détribouler, Déribouler, DébouUner, Dé-
crimbaler, Décrabaler, Décrabasser, Tribouler,
Décrôler, Déberdancer..
Débridagc, s. m. — En battant la faulx, on
enlève qqf. des esquilles de fer ; la faulx est
alors débridée. (Mén.)
Débridée (Mj.), s. f. — Ce que l'on paye
pour le repas d'un cheval à l'hôtelier. ||
Détour où le vent, resserré par un obstacle,
soufïle avec violence. Ex. : Il se trouvait à la
débridée du vent.
Débrider (Mj.), v. a. — Débrider eine gifle,
— lancer une gifle à la volée. Ex. : Il te illi
débridé eine sacrée maudit beigne ! || Déco-
cher, détacher.
Débrier (Sp., Mj., Lg.), v. a. — Découvrir,
ôter l'enveloppe de.
Et. — Le mot est un composé de Abrier, avec le
préf. Dé, ou Dés : il est pour Désabrier, comme
Débuter est pour Déshabiller. || Priver d'abri :
Hist. — Nud, ne desabrié,
Mort de faim ou de soif,
Ne d'ostef desbrié. (God.)
Débringué (By.), adj. q. — Qui a une
tournure mauvaise, négligée, nonchalante. —
Aile est toute débringuée, — elle a l'air d'une
grande bringue Cf. Debragué.
Débrouiller (se), v. réf. (Rf.). — S'en
aller. V. Dareau.
Début (Mj., By.), s. m. — Xe s'emploie que
dans la loc. : Du premier début, — tout
d'abord. Ex. : Du premier début, ça n'était
pas grand' chouse. — Le début, c'est, au jeu
de boules, l'action de tirer de but, du lieu où
est le but ; de là le sens de : commencement.
Débutée (Mj.), s. f. — Prétexte peu admis-
sible, échappatoire ; mauvaise raison : bou-
tade, caprice ; entreprise déraisonnable, in-
vention. Il Prétention absurde, projet peu
recommandable. Ex. : En velà d'eine débutée
de vouloir s'en aller de soir par un temps
pareil !
Débuter, v. n. — ^lot dont se servent les
enfants dans leurs jeux.
N. — « Pour savoir qui débutera, c.-à-d. qui sera
le premier à jouer, ce qui est souvent un avantage,
on s'y prend de différentes manières. En voici une.
Deux joueurs se mettent en face à quelque dis-
tance. Chacun d'eux pose successivement le talon
d'un pied à l'extrémité de l'autre, jusqu'à ce que
les pieds des deux débutants se rencontrent. A ce
moment, celui dont le pied a le dessus est déclaré
le premier. Il est le prem' à débuter. S'il y a plus de
deux joueurs, ce premier recommence avec un
troisième, et ainsi de suite (P. Eudel. Vocabid.
Biaisais).
Débutter (Mj., Spb.), v. a. — Aplanir,
niveler, dresser. Svn. de Déboutter, Aplangir.
— Dér. du fr. BÙlte.
Décâbler (Lg.), v. a. — Débarrasser
câble qui le retient, — un chargement.
du
266
DÉCACHER — DÉCANILLER
Décacher (Mj., Lg., By.), v. a. — Décou-
vrir. Ex. : Faudra décacher la salade. || V. réf.
Se montrer. Ex. : Le soulé ne s'est pas
décaché de la ressiée. || Se découvrir les bras
ou le buste dans son lit. (By.) V. Débrasser.
Hist. — Descacher, v. a., dévoiler.
— « Car je ne puis son mauvais bruyt cacher
Si seurement qu'elle ne le descache
Comme inconstant. « (Marot, n, 165. — God.)
Décade (Mj.), s. f. — S'emploie dans la
loc. adv. : En décade, — dans un état anor-
mal. Ainsi, on dira d'un individu qui fait la
noce pendant qqs jours, qui est en bombe : Il
est en décade. On en dira autant d'un homme
énervé, exaspéré, en fureur, qui ne se connaît
plu..
Et. — Cette loc. est évidemment un souvenir du
Décadi républicain ; mais le Décadi lui-même est
parfaitement oublié.
Décadenancé (Pell.), adj. q. — En dé-
sordre, débraillé ; originairement : Décade-
nassé. V. Cadenas. Syn. et d. de Décague-
nassé.
Décadir (Ti., Zig. 159), v. a. — Décatir.
Syn. de Débiffer. V. Fôpir.
Décaguenasser (Mj., Lg., By.), v. a. —
Démantibuler, disloquer, démolir. Ex. : Ton
gilet est tout décaguenassé. — La chaire est
toute décaguenassée. Cf. Déquenailler, Digue-
nailler. — Syn. de Déferloquer, Déroquer,
Déberloquer, Dénâler, Dénienibroler.
Et. — Formé du préf. Dé et du pat. Caguena, fr.
Cadenas ; lat. Catena. Le sens s'accorde avec celui
de l'original lat., Chaîne, lien.
Décahiner (Mj.), v. n. — Dégringoler.
Et. — Cf. Cahin, dans Cahin-caha (qui semble
être une altération des mots lat : quà hinc, quâ
hac. Daem.)
Décahuter (By.), v. a. — Faire sortir de.
Syn. de Décaniger.
Décalabrage s. m. — L'ouvrier qui
s'occupe du décalabrage est celui qui sur-
veille les excavations susceptibles de se déta-
cher. (^lÉx.) Dans les carrières.
Décalabrer (Ag.), v. a. — Renverser avec
des leviers des blocs d'ardoise.
N. — « Il arrive souvent que qqs pierres (des car-
rières d'ardoises) se délitent naturellement et
peuvent, avec le temps, tomber seules ; presque
tous les mois le clerc d'à-bas (celui qui a la direction
des travaux du fond) fait reconnaître les flancs du
rocher, depuis le haut jusqu'au fond. Pour cela,
des ouvriers, s'attachant au bout d'un cordage et
munis d'une barre de fer, sont descendus par leurs
camarades le long du rocher souvent incliné et
même vertical, sur 300 pieds de hauteur. Ils ren-
versent avec leurs barres tous les blocs qui n'ont
pas une solidité suffisante. Cette opération s'ap-
pelle décalabrer (Annuaire statistique de M.-et-L.,
1837, p. 175),
Décaler (Mj., By., Ti., Zig. 159), v. a. —
S'emploie dans la loc. : Décaler des yeux, —
ouvrir de grands yeux, faire de gros yeux,
regarder avec yeux flamboyants, irrités,
lancer des regards terribles. V. Déchausser.
Et. — Ce mot doit venir de Ecaler ou Echaler
(les noix), les dégarnir de l'écale, forme normanno-
picarde du fr. échale. — C'est une loc. fig., usitée
aussi à Sa. — Z. 153.
Décalotter (Mj., Lg., By.), v. a. — Enlever
la calotte de, décoifTer. || Enlever le faîte
de. Ex. : Le vent a tout décalotté les veil-
loches. Il Lg. Retourner un parapluie, en par-
lant du vent.
Décampe, s. f. (Mj., Lg.). — Ne s'emploie
que dans la loc. : Prendre sa décampe, —
prendre la fuite, décamper. Ex. : Aile a pris
sa décampe à s'en aller. On dit aussi par
confusion : Prendre sa décanche, ou : prendre
Jean des Loges. i| Tournure, allure. Syn. de
Dégaine.
Décamper, (Lg.), v. n. — Avoir une tour-
nure, une allure. — Il décampe ben mal, —
il a bien mauvaise tournure. — Syn. de
Dégoter.
Décanche (Mj.), s. f. — Débarras. Ex. :
Qu'il aille ; bonne décanche f Syn. de Débar-
rasse. Il Allure, tournure, dégaine. Ex. : II a
eine vilaine décanche. (Q. Z. 134.) || Prendre
sa décanche, — escamper, s'enfuir, se hâter.
Syn. de Décampe.
Décancher (Mj., Lg., Do., Lue, Z. 150, By.),
v. a. — Débarrasser, dégager, dépêtrer. Ex. :
Donnez m' donc une purgation pour me
décancher, — pour me dégager les intestins. ||
By. Id. — Il m'a îdé (aidé) à me décancher. ||
Aller vite en besogne, et aussi, comme on
vient de le voir, déboucher, désobstruer. ||
Il V. réf. Se débarrasser, se dépêtrer. || Se
hâter, se diligenter. || Faire déguerpir ; délo-
ger, débusquer. Syn. de Décaniger, avec
lequel il semble qu'il y a eu qq. confusion.
Ex. : Je te vas décancher de delà. || Faire
filer. Ex. : Je te vas décancher à l'école. ||
V. réf. Filer, s'en aller vivement, se hâter.
Ex. : Faut que je me décanche à m'en aller. —
Décanche-toi à râger ceté couet de lin-là. —
Cf. Encancher.
Et. — Jatjb. cite Canche, mare. Cf. Conche. Ce
mot signifierait donc : Dégager d'une canche?
Décanicher (Mj.), v. a. — Faire déguerpir,
faire sortir qqn d'une cachette où il était
blotti, — d'un nid, d'un terrier, d'un retrait
qcque. Déloger, débusquer. Syn. de Décan-
cher, Décahuter. || V. n. et réf. — Déguerpir,
sortir d'une cachette. — Cf. Se Canicher. Syn.
de s' Evernâiller .
Et. — LiTTRÉ cite Décaniller. — « S'arracner
avec regret de son lit ou d'un lieu de paresse :
Attends, je vas te décaniller tout à l'heure, i
Orain.
Décaniger (Mj., By.), v. a. — Voir le précé-
dent.
Et. — Du préf. Dé, et d'un s. Ganige, inus., qui a
donné le dimin. Canigeot.
Décaniller (Mj.), v. n. — Décliner. Ex. :
Ils ont été ben riches, mais c'a toujours été
en décanillant, dans ceté famille-là. On dit
aussi Déqueniller. Syn. de Dévai'ier. \\ Z. 145.
DÉCAPELER — DÉCHEYER
267
— Sortir du lit, de la chambre, d'une cache. ||
Décantiller. (By.) ||/ Sar., Do. — V. a. —
Gorr. de Décanicher, — faire lever de son lit.
Syn. de : se Décancher.
Et. — « S'en aller malgré soi, avec qqs rebuf-
fades (LiTT.). — De caner ? = Se rattache p. ê. à
canis, chien. Cf. le pat. de la Creuse : se deicho-
nilla, se déprendre et s'enfuir, en parlant d'un
chien et d'une chienne accouplés (Darm.)
Décapeler (Mj.), v. a. — Dérouler une
corde qui était enroulée sur un marmouset,
un guinegau, etc. || Bj^ Id. Sur un inannoûl,
un guindâs (pr. guindeau).
Et. — Oter de la tête d'un mât ou du bout d'une
vergue tous les cordages qu'on y avait capelés. De
Capel, pour Chapel, ou chapeau.
Décaper (Lg.), v. a. — Enlever toute la
couche superficielle de, un terrain.
Et. — C'est le mot fr., pris dans un sens spécial,
qui doit être le sens primitif.
Décapiter (se) (Sp., Mj., Lg.), v. réf. — •
Entrer dans une violente colère, bouillir
d'impatience ou de dépit, être exaspéré.
Ex. : Vous crayez tout de même que n'y a
pas de quoi se décapiter? || Lg., v. a. — Exas-
pérer, mettre hors de soi. Ex. : Ça me déca-
pite, quand je vois ça.
Et. — Simple jeu de mots entre : se dépiter et
décapiter. Ce dernier, quoique peu usité, n'est pas
un inconnu pour les patoisants.
Décarcassé (Mj., By.), adj. q. — Dépoi-
traillé. Il Syn. de Ebaveretté, ÉhalvrettL
Décarcasser (By.), v. a. — Déchirer les
vêtements dans une batterie ; faire voir sa
carcasse. (Mén.)
Décarrer (Sp., Lg., Mj.), v. n. — Détaler,
s'enfuir. Syn. de Déballer.
Et. — LiTT. renvoie à se Carrer. — Daem.
explique : se carrer, par : développer toute sa car-
rure.
Décarrir v. a. — Vendre un coin de terre
qui modifie la forme régulière, carrée d'une
propriété. — Cf. le fr. Equarrir.
Décati (Craon, By.), adj. q. — Usé ;
aiïaibli. Etre ben décati, être bien affaibli par
l'âge ou la maladie. — Cati.
Et. — Catir, ou : vx. fr. Qualir, du lat. pop.*
Coactire, tiré de Coactus, de Cogère, presser.
Presser (le drap, les étoffes de laine) pour donner
de la fermeté et du lustre. Une étoffe catie. (Dar.m.)
Donc, décatie, qui a perdu sa fermeté et son lustre,
par un long usage.
De c(e) que (By.). — Tellement. Ex. :
J'pouvions pus grouler de c'que j'étions las.
Décesser (Mj., Lg., By.), v. n. — Cesser.
Ex. : Il a mouillé trois jours sans décesser,
sans désemparer. Syn. de Retentir, Relâcher,
Arrêter. Locut. : I n' décesse point de.... —
Gros barbarisme.
Déchafauder (Mj., Lg.), v. n. — Défaire
un échafaudage. — Cf. Chafauder. \\ By. —
Déchauffauder.
Décliafrer (Lue, Bl., Segr.), v. a. — Déchi-
rer, déchiqueter. Syn. de Dessajrer, Essafrer. \\
By. Déchâfrer. || Ti., Zig. 159. — V. a. Dévo-
rer à belles dents. Ex. : Les quéniaux ils
déchâfrent de bons calots de pain. — Qqs-uns
l'écrivent avec deux fî.
N. — « Chaffrer, détériorer. Chaffré se dit de qqn
dont le corps ou les vêtements sont délabrés. On
trouve dans Trévoux : chafTourer, défigurer, bar-
bouiller. » (Jaub.) Cf. Dessajrer.
Déchance (Mj.), s. f. — Malchance, dé-
veine. Syn. de Maledringue, Malette.
Déchancer (Mj., Lg.), v. a. — Démunir
d'une espèce de plantes ou d'animaux. Syn.
de Désoriner. Cf. Chancer, Chance. N. Malgré
leur grande ressemblance de forme et de sens,
Déchancer et Dégeancer ne paraissent pas
être le même verbe ; le premier se dit en
bonne part et le deuxième seulement en
mauvaise part.
Décliargée (Lg.), part. pas. — Qui a mis
bas, qui a vêlé. Syn. de Vâlée, Vélée, Renou-
velée.
Et. — P.-ê. de Ghevance, de chevir (capire,
prendre) être maître, disposer de. Déchevancer.
Décharger (Lg.)^ v. n. — Mettre bas, vêler.
Syn. de Faire. Vâler. \\ Lg — V. a. — Faire
vêler. Ex. : Venez donc bé vite décharger ine
vache à la Petitière.
Déchargeure (Lg.). s f — Mise bas-
vêlage Ex : Nout vache avait ben du lait à
la déchargeure. Syn. de Vêlure. Vâlure. N.
Prononcez : décharjure.
Décharrayer (Mj.). v. n. — Cartayer,
quitter les ornières, en parlant d'une char-
rette. V. Charrayer.
Déchausser (Mj.) v. a. — Fig. Ecarquiller.
Déchausser des yeux ; — faire les gros yeux,
ou regarder fixement d'un air eiîronté ou
hostile. Ex. : Il m'a déchaussé eine paire de
zyeux ! Syn. de Décaler.
Déchaux (Mj., Sal.), s. m. — Ados formé
entre deux rangs de vigne par la terre enlevée
au pied des ceps en les déchaussant ou déco-
tant.
Et.. — Par ext. de Enlever la chaussure.
Dèche (Mj., Lg.), s. f. — Tare héréditaire,
maladie congénitale ; atteinte, reste d'une
maladie. Ex. : II a eine dècfie de sa mère. !|
Ruine ; pauvreté, jj Rester en dèche, — ne
pouvoir payer. || Battre la dèche, — décliner,
sentir la misère, la déchéance.
Et. — P.-ê. Déchoir, ce qui tombe, se perd. —
Syn. de Relique, au l*' sens. Breton, Deiche ou
Teiche, défaut.
Déchet (^Ij.), s. m. — Cité pour la pro-
nonc. Le premier e est absolument nul et le
mot n'a qu'une syllabe. Cf. Péché. I| By. —
Déchet.
Déchéveiller (Lg.), v. a. — Décheviller.
Syn. et doubl. de Déchuiller. Ex. : Noutre
goret s'est déchéveillé. — Syn. de Déclaveler.
Décheycr (se) (Mj.), v. réf. — Donner du
268
DÊGHIASSER — DÉCOSSISSAGE
déchet, perdre. Au fut. : Ça se décherra, pour :
ça se décheyera.
Et. — Doublet ou forme inchoative du v. Dé-
choir.
Déchiasser (AIL), v. a. — V. Chiasser.
Décllifarner (Mj.), v. a. — Faire dispa-
raître l'enchifrènement. Cf. Enchifamer.
Déchintrer, v. a. — Défaire une chintre,
cheintre, chaintre.
Déchiqueter (Sp.), v. a. — Débiner, déni-
grer, décrier, chercher à discréditer par des
propos malveillants. — N. Le mot ne s'em-
ploie pas dans son sens propre ; mais quelle
énergique image dans cette acception figu-
rée !
Et. — Dé, au sens augmentatif, et Chiqueter,
qui veut dire : découper en petites dents.
Déchiré (Mj., Lg.), part. pas. — Pas trop
déchirée, — assez jolie, assez présentable. Se
dit d'une jeune fille. Virgile disait de même :
Non sum adeo informis.
Et. — Mot hybride ; dé + aha, skerran, même
sens.
Déchire tte (Lg.), s. f. — Déchirure, accroc.
Déchiiiller (Mj., By.), v. a. — Oter les
chevilles de. Cf. Chuiïler. Mauvaise prononc.
de Cheville. Syn. et d. de Déchéveiller.
Et. — Lat. clavicula. Syn. de Déchéveiller. Pron.
Déchui-ller.
Deci (Mj.), adv.
deci et delà.
Deçà. Ex. : Il allait
Décidé (Mj.), s. m. — Débat, discussion.
Ex. : Ils en ont fait ein grand décidé. Syn. de
Décis, Déjail, Délibéré, Chapitre.
Et. — De + cœdere, couper. De l'idée de tran-
cher on passe à celle de décider : une décision étant
ce qui tranche une question.
Décidément, s. m. — Consentement. Ex. :
Il faut aller chercher son décidément. (Mén.)
Syn. de Hait, Assent.
Décis (Mj., Sp.), s. m. — Délibération,
débat, discussion ; conférence, commentaire ;
conversation au sujet de qqn ou de qqch.
Ex. : Ils en ont fait tout ein décis ; — ils
étaient d'ein grand décis. — On dit aussi :
tout ein décidé, tout ein délibéré. Autres syn. :
Raffut, Pot-pourri, Chapitre. || Mj., By. — En
décis, — indécis, dans l'indécision, hésitant ;
en discussion avec un autre ou avec soi-
même. Syn. de Nême. Ex. : Je se en décis de
vendre ma taure. — N. Cette locut., très
usitée, est remarquable.
Et. — « Participe fait sur Decisum. Pris substan-
tivement. « J'approuve sans aucun doubte et fais
profession de tout ce qui a esté décis, déterminé et
déclaré par les saints canons et conciles sénéraux. »
(L. C.)
Déclairer (Lg., By.), v. a. — Déclarer.
Déclarer (Sp.), v. a. — Déclarer quarante.
V. ce mot. Il V. réf. Se manifester, apparaître.
— Ex. : Les lames vont bentout se déclarer.
Et. — ^ Ane. forme : Déclairer, rendre clair.
Déc/aveler (Lg.), v. a. — Enlever les clous
du groiu d'un porc. Y. Claveler. Syn. de
Déchuiller, Déchéveiller.
Déclouter (Mj., Lg., By.), v. a. — Déclouer.
Décœur (Mj.), s. m. — Dégoût, répu-
gnance physique ou morale. || Prendre à
décœur, — prendre en aversion.
Et. — Préf. dé -\- cœur. Toute affection est
censée résider dans le cœur. || « Chose qui lui estoit
fort à des-cœur », — à contre-cœur (God.)
Décœurable (Mj.), adj. q. — Ecœurant,
dégoûtant. Dér. de Décœur. Syn. de Ecœur-
dant.
Décoin (Mj., By.), s. m. — Coin, angle,
détour. Il Recoin. N. Décoin se dit surtout
d'un angle saillant et Racoin d'un angle
rentrant.
Décomposé (Sp.), part. pas. — S. m. Acide
chlorydrique neutralisé en partie par le zinc,
dont les chaudronniers se servent pour déca-
per les surfaces à souder.
Déconfesser (Mj., Sp., By.), v. n. — S'em-
ploie dans la loc. : Faire déconfesser, — faire
damner. || Scandaliser.
Hist. — « Mais dites-moi, qui n'a ne prestre, ne
llautrui,
S'il meurt desconfesses qeus conrois iert de lui !
(GoD.)
Déconforter (Mj., Lg.), v. a. — Oter le
confort, le courage.
Hist. — « Ne croyez que plus pitoyable fut le
déconfort des Lacédémoniens, quand... (Rab..
P., ni, 48, 323.)
Déconnaissable (Mj., By.), adj. q. —
Méconnaissable.
Et. — Dér. d'un v. Déconnaître, inus., d'où
vient également Déconnu.
Déconnu (Mj., Sa.), adj. q. — Prononc.
dec-nu. Désorienté. Ex. : A va se trouver
bien déconnue dans ceté grande maison-là. V.
Déconnaissable.
Déconvenue (partout), s. f. — Défaite,
prétexte. Ex. : De déconvenue, j'ai demandé
eine vache à acheter. — Faux-fuyant,
échappatoire.
N. — Le mot ne s'emploie pas dans le sens du fr.
Et. — Ce qui ne convient pas ; mauvaise aven-
ture.
Hist. — L'achison vous doy-je bien dire,
La cause est la desconvenue
Par quoy a vous m'en suis venue. (God.)
Décoquiller, v. a. — Décoquiller une
lettre, p. ex., c'est enlever l'enveloppe, tout
objet qui emlDOurre.
Décossir (Mj.), v. a. — Décrasser.
Et. — Probablement pour Décassir, formé de
Casse, Cosse, Encossir.
Décossirie (Mj.), s. f. — Décrassement, les-
sive soignée. Ex. : J'avais fait eine fameuse
décossirie. Syn. da Décossissage, Décrassage.
Décossissage (^Ij.), s. m. • — • Décrassage.
Syn. de Décossirie. Dér. de Décossir.
DÉCOTER - DÉCROCHETER
269
Décoter (Mj., Lg., Sal., By.), v. n. —
Quitter la place. Ce v. est toujours précédé
de la prépos. sans : Sans décoter, — sans
désemparer. Ex. : Il a travaillé toute la
ressiée sans décoter. \\ V. a. Faire quitter la
place. Il Ramener avec le pic la terre qui est
au pied des ceps sur le milieu du Déchaux.
Syn. de Déchausser. || A Segré, prendre la
place de qqn. (Mén.) Syn. de Dégoter.
Et. — Selon R. 0., ce v. est formé du préf. Dé et
du nom Ecot, société de buveurs. Logiquement il
ne devrait s'employer que dans cette loc. très
usuelle : Ils ont bu six heures d'affilée sans décoter.
L'usage lui a donné une signification plus générale.
Le fr. Dégoter est une forme adoucie de ce mot. —
J'y verrais la même rac. que dans Accoter ; enlever
l'appui, le soutien, l'obstacle, d'où: faire déguerpir,
partir. — « Ce maudit gars ne décote pas d'être en
malice, et je ne sais qui serait capable de le gou-
verner. » (G. Sand. Les Maîtres sonneurs. —
Jaubert.)
Découasser (Ec, Li., Br., By., Q., Lg.),
V. a. — Le contraire de Accouasser ; empê-
cher de couver. V. Découer, Décrosser.
Et. — Dé + couv + asser. — « Pour découasser
une poule, on la plonge dans l'eau. » (Lap.). || By.
— Pour découasser eine poule, y a pas qu'ein
moyen, mais l'meilleux, c'est côre de y-i tremper
la ponnoire (ponnouére) dans l'eau.
Découcher (Mj.), v. a. — Desserrer, un
jiressoir. V. Coucher.
Découdu (Lg.), part. pas. — Décousu.
Découer (Mj. Lg.), v. a. — Faire passer
l'envie de couver à une poule. Syn. de
Décrosser, Découasser. Pour Dé-couv-er. ||
V. réf. — Se découer, — ■ cesser de couver,
quitter ses œufs, en parlant d'une poule
couveuse.
Et. — Dér. de Couer. C'est le pendant de
s' Acouer. Cf. Découasser. — Jaub.
Découleurer, Découlorer (Mj., Lg.), v. a. —
Décolorer.
N. — Descolorable. — Discolor, descoulorable.
(Petit vocabulaire français du xin« siècle). Decou-
lourables, descoulourable .(GoD.)
Découliner (Trél., Bg., Mj., By.), v. n. —
Découler. || Glisser sur une pente. Glisser sur
le derrière, en hiver, sur la glace. Jeu d'en-
fants. Il Tomber goutte à goutte, — une
source, un vase trop plein. Syn. et d. de
Dégouliner. \\ Fu. — Couliner. Se laisser glis-
ser le long d'une colline. || V. F. Lorc.
Langage. By.
Et. — Dimin. de Découler. V. Couliner.
Découpe ! intcrj. — V. Coupe.
Découper (Mj., Lg.), v. n. — Absolument.
Recouvrir le joint des deux pierres sous-
jacenles, en parlant d'une pierre de pare-
ment. Lang. des maçons. — \'. Rate-cul.
Décourage (Mj., Lg.), s. m. — Découra-
gement. Ex. : Quand je vois ça, le décourage
me prend. Formé avec : courage, comme
Dégoût avec : goût.
Décourâiller (Lg.), v. a. — Déverrouiller.
Très vieux. V. Courâiller. Doubl. de Dé-
crouiller.
DécouroDué (Z. 139), part. pas. — Pour le
simple : Couronné.
Découronner (Lx., Zig. 143), v. a. —
Couronner, un cheval. — Prononc. : décou-
ronneu.
Décours (Li., Br., Jm., Mj.), s. m. — Fig. :
Les affaires ne sont jamais mises en décours,
— c.-à-d. : la renommée amplifie toujours les
nouvelles. — On prononce souvent : D'cours,
au sens de : le dernier quartier de la lune
(By.) - Id.
Toutesfois ils ne se meuvent, mais nous par le
decours du bateau. (Rab., P., v, xxvi, 537). —
Et, comme le prudent médecin, voyant par les
signes pronosticz son malade entrer en decours de
mort. (Id., P., IV, xxvn, 404.)
Décout (Segr.), s. m. — Pour Décours.
(MÉ.v.)
Découverture (Tr.), s. f. — Action d'enie-
ver la terre qui couvre le schiste, pour
découvi'ir la roche.
Découvrir (Mj.), v. a. — On dit d'un gour-
mand, d'un ivrogne : La goule illi découvre
le cul. (C.-à-d. : ses dépenses à table ou au
cabaret ne lui permettent pas d'acheter des
vêtements.) || Découvrir son four, ou son cul
de four, — marier son filleul, sa filleule.
Cette locut. vient probablement de ce que le
parrain et la marraine sont obligés de faire,
en cette occasion, un présent important, de
payer un Chanlenau.
Décraballer (Mj.), v. n. — Tomber en rou-
lant ou en glissant. Dégringoler. V. Décrini-
baller. Syn. de Décrabasser, Tribouler, Détri-
bouler, Déribouler, Débouliner, Dégrôler, Dé-
crôler, Débricocher.
Et. — Ce mot est composé du préf. Dé et d'une
rac. Crab ou Grab qui se retrouve dans le fr. Gravir,
et dans l'angl. to Climb.
Décrabasser (Sa., Fu., Zig. 196), v. n. —
Dégringoler. V. Décrimb aller. Autres synon. :
Débouliner, Dégrôler, Décrôler, Déribouler^
Délribouler, Tribouler, Décraballer. || Fu. —
V. Crabassée
Décraître (Mj., By.), v. n. — Décroître. Cf.
Croître, Recraitre, Récraître
Décrapasser (Ag.), v. n. — Descendre. Cf.
Décrabasser. \\ By. — V. Folk-Lore, viii.
Décrapuclier (By.). — Dégringoler. \". F.-
Lore. Langage, 38.
Décrépir (Sal.), v. n. — Défraîchir. Se dit
des personnes. Cf. Décatir.
Décrimballer (Mj., By.), v. n. — V. Décra-
baller.
Décrocher (Mj.), v. a. — Fig. Dégoiser,
éjaculer. Ex. : Ben ! il en a décroché queuques
tout-en-travers. (Jurons ; N. de D.)
Déeroeheter (^'a.), v. a. — Décrocheter. Cf.
210
DÉCROLER - DÉFENDRE
Accroclieter. \\ En décrocheter. Lg., — en
éjaculer, en dégoiser.
Décrôler (Sp.), v. n. — Dégringoler. V.
Crôler. Sj'n. de Décraballer, Décriinballer,
Décrabasser, etc.
Décrosser (Mj., Ssl.), v. a. — Faire passer
à une poule l'envie de crosser. N. Le traite-
ment consiste à les tenir à jeun sous une ter-
rine renversée. V. Découer, Découasser.
Décrouiller (Mj., Lue, By.), v. a. — Oter le
verrou, déverrouiller. V. Grouiller. — Syn.
de Décourâiller, Débarrer. V. aussi : Crouillet.
Il Descendre un objet encrouillé, comme un
jambon. (Segr.) Méîj.
Hist. — Descoreillier, descrouiller.
« Déjà deux fois le Dieu à la perruque blonde,
« Pour r'ajeunir le teinct de la face du Monde,
« Avoit descrouillé l'huis de l'estable au Taureau,
« Pour en mettre dehors le plaisant Renouveau.
(GoD.)
Décroûter (^Mj.), v. a. — Oter la croûte,
desquamer. H Fig. — Dégrossir l'intelligence
de.
Décrucher (Mj.), v. a. — Déjucher ; faire
descendre un peu brutalement, faire dégrin-
goler. Ex. : Attends ein petit, je te vas
décrucher de là-haut. — \. Crucher. Syn. de
Déhucher, Déjouquer.
Déculer (Mj., Lg.), v. a. — Couper la
culée (la souche) de, — un arbre. Syn. de
Ringeoler.
Déculotter, v. a. — Fig. (Sp., Mj.) Sup-
planter, dégommer, dégoter. j| Sans se
déculotter, — sans se gêner, sans efforts
extraordinaires.
Dédais (Mj.), s. m. — Dadais. Niais, mot
enfantin. — Queu grand dédais ! — Syn. de
Colas, Coco, Coquassier, Bégaud, Jaudais,
Jeannot.
Déde (Mj., Sp.), prép. — De. S'emploie
devant certains mots, comme : Que, pron.
relat., et les adv. Yoù, Là. Ex. : Illy a ben
déde que faire ; je se pas déde yoù qu'il est ;
c'est déde-lk que tu veins? — Redoublement
du fr. De. — Illy a ben déde que se fâcher. ||
Se joint au pron. interr. Ex. : Déde que
c'est il qui griche les dents quand on entre à
la maison? — La cramaillère. (Devinaille
traditionnelle.) || Déde que, — adverbe.
Qu'est-ce? qu'y a-t-il?
Dédé (Lg.), s. m. — Diminut. famil. du
pron. André.
De-debas (By.). — V. D' Amont.
Dédelà (Sp., Lg.), adv. — Là, dans cet
endroit-là, ici, tout près. Ex. : Eyour qu'est
ton petit frère? — Il est dédelà. || Dans là
forme adoucie du juron : Non dédelà, ou :
de delà! (By.) V. Delà. N. Dédelà indique un
endroit plus près que : Drélà. (Bl.)
Déd(e)uiager (Mj., Lg.), v.
mager. E nul.
Dédom-
Déd(e) mage ment (Mj., Lg.), s. m. —
Dédommagement.
Dédepuis, Dédepis (Mj.), prép. et adv. —
Depuis. Syn. de Dempuis, Dudepuis, Dupuis.
Et. Hist. — Formé du fr. Puis, et du préf. Déde.
— « Et mourut encore du depuis trois de leure
enfants. » (1627. — Inv. Arch. E. m, p. 279, col 1.)
— « Un esclat de tonnaire qui pénétra du depuis le
hault jusques à bas de ladicte tour. (1626. — Id.,
ibid, p. .385, col. 2.) — « Du depuys, ay entendu
dire qu'il a esté enterré au cymetière de Saint-
Pierre d'Angers (1630. — Id., Ss. E, 285, 2.) —
« Sçavoir est de la cresée de depuis la chère jusques
au grand autel. » (1611. — Inv. Arch., En, p. 302,
col. 1.) = La raison, parce qu'encore qu'un acte
nul dans son commencement ne prenne pas de
force par le temps qui s'écoule du depuis {Coût.
du Poitou, t. 1, p. 726, art. 225.)
— « Six mois y a, j'allay mon cueur lascher
Par devers toy, pucelle gente et coincte,
Mais du depuys, je croy qu'il desapoincte. »
(G. C. Bûcher. V. p. 81.)
Dedet, s. m. — Petit doigt.
Dedins, adv. — Dedans.
Dédire (Mj.), v. a. — Dédire qqn, — lui
refuser ce qu'il demande.
Défaillance (Mj., By.), s. f. — Le premier â,
très long. — Tomber dans les défaillances, —
perdre ses forces, devenir anémique.
Défaire (Pc), v. n. — Dans la loc. : Qui a
fait, défait. N. Au jeu de boules, si un joueur
a fait toucher le maître par deux boules, dont
une de son camp et une du camp adverse,
son camp doit jouer encore le coup suivant. Il
a fait un coup nul, son camp doit le défaire,
ou essayer. || V. réf. Se défaire, — quitter
sa toilette de ville, se déshabiller.
Défais, s. m. — Avoir du defaix ou du
défait, c'est ne pas recevoir la totalité qui est
due. (MÉN.) — Déficit?? V. Defaix.
Et. Hist. — « Defaix, vx mot qui signifie
défense, lieu défendu, et qui se trouve en cette
signification dans la coutume d'Anjou, art. 92. —
« Si le sujet pesche les estangs ou deffaix de son
seigneur, et prend ses connils de jour en ses
garennes, il fait amende arbitraire. De defîesus,
pour : defensus. (Ménage.)? — « Defay. Terre,
bois, garenne ou étang dont l'usage n'est permis
qu'à ceux auxquels le propriétgiire l'accorde. —
Deffaia, Defay, DelTois. « Trois charetes chargées,
attelées de buefs trespassans parmi certaines terres
labourées et cultivées, et en lieu de deffois, où il
n'avoit point de chemin. » De : defensus (1374.
D. C.)
Défatigiier (Ag., By.), v. a. — Délasser.
Défatiquer (Mj., Lg.), v. a. — Délasser.
Syn. et doubl. de Défatiguer.
Défaufiler (Mj., By.), v. a. — Efaufiler. ||
\'. réf. Se défaufiler, — se tirer de difficultés.
Et. — Faufiler. Altération par étymologie pop.,
de : f orfiler, fors -f- filer.
Défaupir" (Mj., Lg., v. a. — L"nir une étoffe,
une toile, en faisant disparaître les plis. Syn.^
de Déricasser, Déliser. Y. Faupir, Fôpir.
Défendre (Sp.). — Défendre de non, —
DÉFENDU - DÉFORMER
271
défendre de. Ex. : Je illi ai défendu de non
aller avec les gars.
Hist. — « Je voudroy' bien que... tous rois et
princes... défendissent... de non mettre en lumière. »
(J. DU Bellay. Dâf. et IlL, p. 56.)
Défendu (Mj., By., Lg.), part. pas. —
Impossible. Ex. : Ça illi est défendu comme le
Pater aux ânes. Prov.
Déferloquer (Sp.), v. a. — Disloquer,
ébranler, démolir ; détraquer ; mettre en
pièces. Syn. de Décaguenasser, Déroquer,
Déberloquer, Dénâler, Disloqueler, Dépalra-
quer.
Et. — Je crois que ce mot est pour Déberloquer,
dont la rac. serait le fr. Breloque. — Déferler,
marine ; déployer les voiles qui étaient ferlées ;
en pari, des vagues, se dérouler en nappe écumante.
— Ferler, c'est plier une voile. Orig. incon.
Déférouer (Mj.), v. a. — Défricher. Syn. de
Déjouer, Défrocquer, Défréchir, Dégâter. Cf.
Aférouer, Défrou.
Et. — Le vx. fr. a Frouer, briser ; Frou. —
Hist. — « Plan des froux de Goueze, dans la
paroisse de Gouis, contenant une vue de l'abbaye
de Chaloché. » (Inv., Arch., E, p. 59, col. 2.) —
« Dont il sera faict cy après mension des noms
et surnoms et de ceux qui les ont defroués et
deraissés. (Il s'agit des « novales », ou terres nou-
vellement défrichées.) 1495. — Id. G. n, p. 256.
col. 2. « Extrait et mémoire de ceux qui n'ont
assisté à la currée des froux de Beaufort. » (1638.
Id. S. H, 172, 2.) — Note. Un frou (ferum?) ou
gât (lat. vastum) était une friche, une lande.
De là : déférouer, ou défrouer, et dégâter. Il est clair
que les froux de Beaufort avaient été lotis, et que
certains habitants, qui se trouvaient lésés, récla-
maient leur part de la curée. » R. O. — « Il savait
les mérites de chaque sol, saisissait le moment
précis où il convient de labourer, ensemencer,
buter ou sarcler cette terre froide, ce feroux réfrac-
taire, cette légère groie (La Trad., p. 63.)
Deffaix, s. m. — V. Defaix. — Défense,
prohibition. Lieu où l'on ne pouvait aller
sans droit particulier. (L. G.)
Hist. — « En applégement de saisine brisée, sur
refus de plége d'avoir chassé en la garenne, ou
pesché en l'étang ou deffaix de son seigneur... «
(Coût. d'Anj. Art. 7. p. 7-8.)
Uefficile (Mj.), adj. q. — Difficile. — Peu
usité. — Cf. Déligent.
Défi (Mj.), s. m. — A défi, loc. adv. Au
défi. Ex. : Faut jamais mettre les fous à défi.
Prov.
Défilongée (A., Mj., Sal., Z. 136), s. f. —
Longue suite ; rangée de personnes qui se
suivent, file, kyrielle. Syn. de Filongée,
Séquèce.
Définitif (Sp., Mj., Lg.), s. m. — Résultat,
issue, conséquence, dernier mot. Ex. : Je
voudrais ben savoir le définitif de tout ça. —
C'est l'adj. fr. pris substantivement. || Loc.
adv. — En définitif, pour : En définitive. ||
By. Au définitif.
Définition, s. f. ^ Fin. — Ah ! ça, ça
n'aura doue point de définition, c't'affaire là?
Il Syn. de Finissement. || By. Finition.
Hist. — « DilTmition. Fin, cessation : » Si par la
seule guerre et violence ceste controverse eut eu à
recepvoir diffinition. » (L. C.)
N. — « Au xvin« siècle, le développement inouï
des sciences naturelles amène une quantité infinie
de mots grecs. On prend de tous côtés, sous toutes
les formes, des mots simples ou composés, et même
des radicaux grecs combinés en mots nouveaux
suivant les lois de la composition grecque. Quel-
quefois on ajoute à des radicaux latins ou français
des préfixes ou des suffixes grecs, et cette masse de
mots étrangers fait pénétrer dans notre langue des
procédés de formation conformes à son génie
« Cette langue savante reste en grande partie
étrangère aux gens qui ne connaissent pas le latin.
Le peuple, qui ne peut parler qu'une langue intelli-
gible pour lui, l'ignore, ou, s'il en adopte quelques
expressions, les rapproche, au prix des plus singu-
lières déformations des mots qu'il connaît : ainsi,
définition devient pour lui synon. de : fin ; un
travail qui n'a pas de définition ; délibérer, de :
libérer : un homme délibéré du service. Les mots
se déforment non seulement dans leur signification,
mais dans leur aspect extérieur : le « carbonate de
soude » devient « de la carbonade » ; le « stra-
pontin » d'un fiacre devient « le serpentin » ; le
« diabète » se change en « diablette » ; le « lau-
danum » en « lait d'ânon « ; la goutte « sciatique »,
en goutte « asiatique », etc. C'est ce qu'on appelle
l'étymologie populaire.
Le peuple, et en cela on ne peut lui en vouloir,
ne se décide pas à répéter les mots qu'il ne com-
prend pas ; il faut qu'il établisse, d'une façon
ou d'une autre, un rapport entre ces mots et ceux
qui lui sont familiers. Quant à la langue commune
et à la langue littéraire, elles se pénètrent de plus
en plus de ces mots savants. »
(L. SuDRE. 129 ; 94, 95).
Défoirer (se), v. réf. — Se défoirer, c'est
sortir du marché de la foire pour aller rece-
voir le prix d'une vente. (Mén.) || V. a. Lg. —
Retirer d'un champ de foire des bêtes
invendues.
Et. — Foire ; lat. : feria, proprement jour férié,
puis jour de marché.
Défonceiix (Mj.), s. m. — Celui qui
défonce. Ne s'emploie guère que dans la
compar. proverb. : Coiffé comme ein défon-
ceux de portes ouvertes, — coiffé en arrière,
ce qui donne une allure délurée, batailleuse
et provocatrice.
Défondrer (Mj.), v. a. — En parlant d'une
barge de chanvre, la décharger lorsqu'elle est
rouie, pour qu'elle remonte à la surface de
l'eau. C'est le contraire de Affondrer, comme
Débiller est le contraire de Habiller. Défondrer
veut donc dire : enlever une partie du sable
ou tout le sable qui leste la barge et l'abaisse
vers le fond. || Remettre à flot un bateau
coulé bas, renflouer. Le faire monter du fond.
— By., id.
Et. — Enfondrer, pour Enfonder. L'épenthèse
de l'r, très ancienne est probablement due à
l'influence de Fondre. — Vieilli, pour Effondrer ;
faire manquer par le fond, en surchargeant.
Alors Défondrer est très clair, c'est relever par le
fond, en déchargeant (Darm.)
Dcfôpir. V. Défaupir.
Déformer (Mj.), v. a. — Ouvrir la porte à ;
272
DEFOUER - DEGAINE
pour : défermer. V. Former. Ex. : Il avait
déformé le gorin et pis il a foutu le camp. —
Syn. de Désenjermer. || Défaire la clôture de.
Defouer, v. a. — Défaire. « Les laboureurs
défouërent les landes des haies » — sous
Foulques-le-Bon. (J. de Botjrdigné. Cité
par Ménièke.) P.-ê. pour Défrouer ; p.-ê.
aussi pour Défouir, du franc. Fouir, — lat.
Fodere.
Défourni (Lg.), s. m. — Creux à la surface
d'un bloc de granit. Syn. de Flâche. Lang. des
tailleurs de pierre. Cf. Dégarni.
Défréchir (Mj.), v. a. — Corr. du v. f.
Défricher. Syn. de Déférouer, Dégâter. Il y a
métathèse.
Et. — MÉNAGE le tire de Defruticare, frutices
avellere. Cf. Défreucher, Jaub.
Dcfréner (PelL, Lue, Lé.), v. n. — Décli-
ner, s'affaiblir, s'étioler. Syn. de Alinoter,
s' Abâchoter. — Défrener, à Lue ; Défrêner, à
Longue — où l'on dit : « Quand i pleut le
jour de Pâques, la récolte s'en vas en défrê-
nant, — en diminuant. || By. — Ne pas pous-
ser, tomber en langueur de maladie. Les
plantes cessent de végéter normalement,
puis, peu à peu, se dessèchent et finissent par
mourir, ou du moins par ne pas du tout pros-
pérer ; à moins que, pour une cause ou pour
une autre, elles ne reprennent plus tard le
dessus. c( Les bricolis (choux-fleurs, brocolis)
ont ben défréné c'te année. Par ces chaleurs,
tout défrène dans les champs. » Se dit aussi
pour les personnes. — Cela arrive toujours à
l'automne pour les chicons et les chicorées.
Déîrocquer. — Vieux mot angevin. Défri-
cher. V. Défrouer, Déférouer, Dégâter.
Hist. « 1728. — A été défrocqué cette année le
bois de la Sonnerie... contenant environ six sep-
terées. » (Inv. Arch., E. S. s., m, 222, 1.) V. Dé-
j rouer.
Défrôler (Mj.), v. n. — Se remuer, se tor-
tiller, comme fait une personne qui a des
démangeaisons dans le dos.
Et. — « Orig. incert. — Qqs-uns écrivent Frauler,
frotter légèrement des graines qu'on veut semer,
pour enlever des parcelles de fleur restées adhé-
rentes. (Dakm.)
Défrou (Mj.), s. m. — Terre nouvellement
défrichée.
N. — Ce mot, peu employé aujourd'hui, et pour
cause, s'est conservé comme nom propre de cer-
taines terres labourables. Ainsi il y a une pièce
dite le Défrout à la Queue de l'île de Montj., et les
actes orthographient ce nom avec un t. C'est à
tort, selon moi, car le t final sonnerait dans la
conversation, s'il existait ; et en outre Défrou
vient sûrement de Défrouer, ou Déférouer. Cf.
Jaub., Freux, Défreuche.
Défrouer (Mj., Sal.), v. a. — V. Déférouer.
Défrure (Mj.), s. f. — Défroques, dé-
pouilles, nippes, vêtements que l'on quitte.
Ex. : Petit sagouin, je vas être obligée de
illi laver toute sa défrure. |j Par ext. : Eplu-
chures, abats, détritus, décombres. — On dit
aussi Défures. (Ag.)
N. — C'est peut-être ce dernier sens qui est le
sens primitif, car le mot pourrait bien être pour
Défrouure, de Défrouer, ou Déférouer.
Défublé (Lue), part. pas. — Déshabillé.
Pour : dés-affublé.
Et. — AfTubler, a. f. Aflbler, agrafer. Du lat.
popul.* afRbulare. de ad -f fibula, boucle. —
Couvrir (d'un vêtement). — Darm. — Défuler
son chapeau, son bonnet. D. C. Diffibulare. Nous
disons en Anjou : dexubler (Méxage.) = Defeubler,
même sens ; d. son bonnet, — saluer. (L. C.) —
Defluber, ôter le manteau. (D. C). — Hist. Des-
fubler.
« Il défubla son mantel sebelin. »
(Garin le Loh. — GOD.)
Défuniage (Ag.), s. m. — Action de défu-
mer une cheminée.
Hist. — Aux annonces du Petit Courrier, n° du
l" nov. 1906, je lis : « Plâtrerie. — Fumisterie. —
Plus de cheminées qui fument. Tous défumages
garantis. — M. P..., etc.
Déîumer (Lg., By.), v. a. — Arranger de
telle sorte qu'elle ne fume plus, une cheminée.
Défunter (Mj.), v. n. — Mourir. Ne se dit
qu'en plaisantant. Syn. de Carpâiller.
Et. — Du lat. defunctus, proprement : qui s'est
acquitté (cf. fonction) s. e. de la vie. Hist. — Noble
messire Hue d'Anthoing, chevalier, et Philippe,
sa femme défunctée (1261. — God.)
Défures, s. f. pi. — Détritus poussières ;
surtout : épluchures de légumes. — V.
Défrures.
Dégabârée, (Lg.), s. f. — Grande quantité
abondance. Ex. : Y avait ine dégabârée de
beurre sur le marché anuit. — Syn. de Foi-
sance, Afoisance, Tapée, etc.
Dégabarer (se) v. réf. — Sortir d'un mau-
vais pas. (Méx.). — Probablement en par-
lant d'une gabare engrevée. — Cf. : Qu'allait-
il faire dans cette galère?
Dégacer (Mj., Lg., By.), v. a. — Aiguiser ce
qui était agacé. Ne se dit guère que des dents.
Ex. : Veins donc boire ein coup de mon petit
sigournet, ça va te dégacer les dents. || Faire
disparaître l'agacement ou réchauffement
produit par une nourriture trop sèche. Syn.
de Déroter. V. Agacer.
Et. — Pour Désagacer, du fr. Agacer, cora.
Débiller, pour Déshabiller.
Hist. — « Avait-il mangé des prunes aigres sans
peler? Avait-il les dents esguassées. (Rab., P., iv,
ProL)
Degaîne (Mj., Lg., By.), s. f. — Tournure,
allure. Ex. : Queun animau vart, a-t-il
ponmoins eine vilaine dégaine ! || Tenue, au
sens méprisant. Quelle dégaine !
Et. — Un homme, empêché dans ses habits et
ne se remuant pas, est comparé à un objet dans
sa gaine, et, quand il se meut, il a l'air de se
dégainer ; d'où l'emploi figuré de dégaine. Lat.
vagina, exemple du changement fréquent de v en g.
(LiTT.). — « Proprement : attitude de celui qui
se met en garde (en tirant son épée de sa gaine).
DEGAINER — DÉGÔUER
273
puis, par ext. tournure (ridicule), manière, main-
tien (ScHEL). — Le lecteur choisira.
Dégainer (Mj.), v. a. — Proférer. Ex. : A
ne nous a jamais dégainé eine parole. — C'est
le mot fr. pris dans un sens fig. et très spé-
cial. Il Verser, débourser. Ex. :• C'est pas aisé
de illi faire dégainer son argent. — Syn. de
Abouler. V. Dégaine.
Dégalocher (Mj.), v. a. — Enlever la boue
des chaussures. || Curer les dents. || A pour
pendant Engalocher, de Galoche. Vcm., et
Gailloches, Egaloche. j] Curer une charrue.
Syn. de Déboîter, Dégouler, Dégouer. V. Jaub.,
citât, de G. Sand.
Dégarni (Mj.), part. pas. — S. m. Creux,
vide. Cf. Défourni.
Dégâter (Sp., Lg. ), v. a. — Défricher.
Et. — Formé du préf. Dé et du fr. Gâter, pris
dans le sens de son origine lat. Vastare, et
surtout de la racine de celui-ci : Vastus, vaste,
désolé, abandonné. V. Gât, Agât. Syn. de
Défréchir, Déférouer, Déjouer, Défrocquer.
Et. — LiTTRÉ confirme la nôtre. Vastare, veut
dire ravager (v = g), rendre vaste. Cependant il
y a un mot germaniq. Wastjan, ravager, qui a
pu contribuer à changer le v. lat. en g ou gu,mais
qui aurait donné plutôt gastir (qui a existé en
effet, voyez le plateau de Gâtine). — Dégâter, c'est
donc, en effet, défricher une terre en friche.
Hist. — « Giraud Berlay a donné aux moines de
l'Absie, « fratibus (sic) de Absia... totum gastum..,
in bosco suo (1150, circa). — Inv. Arch., S. H.
192, 1, b.) — « Arrentement par l'abbaye de Saint-
Aubin d'une pièce de gas appellée vulgaument
les Vignes au feu Bertran. » (1405. — Id., ibid, 259,
1, 6) — « Poitou. — Mon valet m'a dégâtai trois
boisselaies de mauvaise terre. » (Abbé Rousseau.
— GOD.)
Dégaucliir (Mj., Sp., Lg., By.), v. a. —
Dans le langage des maçons, dégauchir un
mur, examiner s'il est bien tout entier dans
un même plan. || V. réf. Se dégauchir, — être
dans un même plan. || V. a. Fig. — Voler.
Ex. : Il illi a dégauchi son porte-monnaie. —
Subtiliser, flibuster. Syn. de Sourdre, Soulever.
Et. — Le sens fr. est tout autre. Cependant, au
xvF' siècle, on trouve : gauche avec le sens de :
tromperie (Palsgrave, p. 289, au mot Wyle.
D(e)gauts (Mj.) (l'e ne se prononce pas),
s. m. — Au pluriel. — Mauvais fruits, déchets.
! !| Au sing. Rogaton.
Dégeancer (Mj., By.), v. a. — Débarrasser
de qq. engeance. Pour Désengeancer. V.
Engeancer. Syn. de Dénenger, Dégénouir. Voir
la noie à Déchancer. Cf. le fr. Enger et le pat.
Enenger.
Et. — Désengeancer, de Dé.9 Engeance, de
Enger, anciennement pourvoir d'un plant, d'une
herbe. Contract. de Aenger, a fr. Aengier ; orig.
incert.
Dégelée (Cra.), s. f. — Grande quantité de.
J'aurons c't'année eine dégelée de poumes.
Dégénouir (Lg.), v. a. — Détruire une mau-
vaise engeance ; débarrasser d'une engeance.
Ex. : C'est pas aisé de dégénouir la veurglée !
Syn. de Dégeancer, Dénenger. Cf. Engénouir.
— L'orig. est incert. — A rapprocher du lat.
Genus.
Dégérer (Mj.), v. a. — Digérer. Cf. Déli-
gent, Déminuer, pour Diligent, Diminuer.
Dégîter (Lg.), v. a. — Faire sortir d'un
gîte, dénicher. Syn. et doubl. de Dégitrer, syn.
de Déniger, Débourniger, Démagasiner.
Dégitrer (LPm., By.), v. a. — Faire
déguerpir d'un gîte. Cf. : Se gitrer. V. Dégiter.
Et. — B. L. Gistum, gîte, du v. Gé;ir.
Déglatir (Mj.), v. a. — Dégager, des-
serrer, un cordage. C'est le contr. de Englatir.
L'un et l'autre mot sont de la langue des
mariniers.
Déglinde (Bg.), s. f. — Une maison, une
santé en déglinde, — en dégringolade. Déclin ?
Et. — Dégringoler? orig. incert. (Il y a le mot
Gringole. gouttière, corrupt. de gargouille.)
Dégober (Pell., Sa.), v. n. — ■ Vomir. Syn. de
Dégobiller, Houer, Ramener, Dégueuler.
Et. — Dé + gober, avaler sans savourer, sans
mâcher ; on gobe une huître. Parait appartenir
au celt. Gob, bouche..
Dégobiller (Mj., Lg.), v. n. — Vomir.
V. Dégober, avec terminaison diminutive.
Dégobillis (By., Zg. 83), s. m. — Matières
vomies. Syn. de Vomi.
Dégoiner (Lg.), v. a. — Déchirer, mettre en
lambeaux, au propre et au figuré. Syn. et d.
de Digoiner.
Dégoniber (Mj.), v. a. — Retirer ou débar-
rasser de la boue ; débourber, décrotter. Cf.
Engomber. V. Dégouer.
Dégonder (Lg.), v. a. — V. Dégonter.
Dégonter (Mj., By., Fu.), v. a. — Ebranler
les gonds de. Ex. : Il a fait eine foudre de
vent qui a tout dégonté la porte du jardin.
Et. — Composé de Gonter. Syn. de Dégonder.
Du fr. gond. — Hist. « Es aultres demouUoit les
reins, avalloit le nez, poschoit les yeux, ...desgondoit
les ischies. » (Rab., G., i, 25, 56.) — « Comme les
mouvements d'un horloge dégantez se font viste-
ment. » (Contes d' Eutrapel, p. 141.)
Dégorger (Mj.), v. n. — Fig. Monter en
épis, en parlant du blé. — Syn. de Epéier. —
Pron. Epier (By.)
Dégoter (Sp., Lg., Mj., By.), v. n. —
Avoir une tournure avenante, — ou disgra-
cieuse. Ex. : Qui est-ce grand galvaudeux-là?
Il dégote ben mal ! \\ Prendre la place de.
« Hein ! mon vieux, ça te dégote? » — Plus
vulgairement : ça te la coupe. Syn. de Décoier.
!| Surpasser, primer, distancer, l'emporter sur.
Dégoiibilter (Auv., By., Pell.), v. n. — V.
Dégobiller. Dégober. \\ Vx. fr., couper la gorge.
Dégouer (Sp., Lg.), v. a. — Dégorger,
débarrasser, une charrue de la terre, des
herbes et racines qui se sont attachées au soc
et au versoir pendant le labour. Ce mot a la
même rac. que le fr. Engouer, dont il est le
18
274
DÉGOUET — DÉGRINGOUILLER
pendant. P.-ê. pour : Désengouer, comme
Débiller pour Déshabiller. Cf. Dégomber. Syn.
de Dégouler, Débotter.
Et. — Engouer, obstruer le gosier. De en + gav.,
qui se trouve dans gavion. (Le passage du sens
propre au sens figuré consiste en ce que l'esprit est
occupé par qqch., comme le gosier par ce qui
l'engoué). Cf. Gave, le jabot des oiseaux ; d'où
gaver. (Litt.)
Dégouet (Sp.), s. m. — Petite palette de
bois ou de fer servant à nettoyer la charrue.
V. Dégouer. Syn. de Curette, Dégouloire,
Débottoire.
Dégouler (Mj., By.), v. a. — Dégorger,
rejeter, épancher, dégueuler. || V. n. S'épan-
cher, sortir à flot. — Ex. : L'eau dégoulait à
plein par le tuyau de la dalle. V. Découliner.
Il V. a. (Lg.) Débarrasser de la boue qui
adhère à la gorge et au versoir, une charrue.
Syn. de Débotter, Dégouer.
Et. — Dér. de Goule. Cf. Regouler, Gouler.
Dégouliner (Sar., Mj., Sal.), v. n. — Décou-
ler, s'épancher. Ex. : L'eau me dégoulinait
dans l'échiné. — L'eau dégouline du toit. —
Fréquent, de Dégouler. C'est surtout tomber
lentement et goutte à goutte. V. Découliner.
Hist. — « Saint Laurent au logis revint
Lâchant des soupirs plus {le vingt,
Fleurs de ses yeux dégoulinèrent.
(Cité par Eveillé.)
Dégouloire (Lg.), s. f. — Petit instrument
de fer ou de bois qui sert à débarrasser une
charrue de la boue qui y adhère. Syn. de
Curette, Dégouet.
Dégourdeli (Lue). — M'est donné avec le
sens de : qui a les mains gourdes, engourdies
par le froid. V. Engourdies. — J'aurais cru
le contraire. || Au fig. — Homme dégourdi,
qui sait se tirer d'aiïaire. — By.
Et. — Dé -|- gourd, du lat. gurdus, qui, d'après
Sénèque, était un mot espagnol.
Dégourdélir (Mj., By.), v. a. — Dégourdir.
— C'est le mot fr. avec la termin. élir, spé-
ciale à notre patois. V. Engourdélir, Etour-
délir. Ne s'emploie qu'au propre à Mj.
Dégournier ((Mj.), v. a. — Débarrasser de
l'inflammation du pis, une vache ; la traire,
lorsque son pis est trop gonflé de lait. — Se
dit aussi des femmes. Syn. de Déronfler. —
Cf. Engourmer.
Dégoût (Mj., Lg., By.), s. m. — Mauvais
goût. Ex. : C'est du petit sigournet, mais il n'a
point de dégoût.
Dégoûtation (Mj., Lg., By.), s. f. — Chose
dégoûtante, au pr. et au fig. Ex. : Queune
dégoûtation qu'ein temps pareil. — C'est
eine vraie dégoûtation que c't'afîaire-là. —
Syn. de Purée.
Dégoûter (Lg., By.), v. a. — Avoir le
dégoût de. Ex. : Moi, je dégoûte les choux.
Syn. de Répugner. Cf. Dangeler.
Dégouttière (Mj., By.), s. f. — Endroit
par où l'eau dégoutte, gouttière.
Hist. — « En maisons et autres amasemens qui
se font et édifient de pan les unes coutre les autres
et entre parties, l'on doit laisser pour degoustière en
couverture d'estrain deux pieds et demy, et en
couverture de thuile, pied et demy. » (L. C).
Dégrabouiller (Mj., Lg., Lrm.), v. a. —
Raviner, dégravoyer, dégrader. — C'est un
doubl. du fr. Dégravoyer, formé comme lui
de la race allemande Grab, dont le sens est :
fouiller, creuser, laquelle a donné l'angl.
Grave, fosse. || Cho. — V. n. Dégringoler. —
Cf. Gravats. V. Débouiller.
Et. — Rac. Grav., gravier ; dégravoyer, c'est
enlever le gravier au moyen de qq. courant d'eau.
Dégravoîment, effet d'une eau courante qui
déchausse un mur, un pilotis. (Litt.)
Dégraduer (Lue, Mj., By.), v. a. — Dégra-
der, détériorer, endommager. Corr. du fr.
Et. — Proprement : dépouiller qqn de son grade ;
faire descendre (de-gradus, degré) — abattre par le
pied.
Hist. — (( Il (le tonnerre) pénétra ensuite dans
la chambre où reposait M. de Piédouault... et
dégradua les murs autour de son lit. (Extrait des
Affiches d'Angers. — Anj. hist., UP an., 138, 4.)
Dégraduir (Lg.), v. a. — Syn. et d. de
Dégraduer.
Dégraisserie (Mj., By.), s. f. — Dans une
lessive, on appelle ainsi tous les objets de
laine ou de couleur. Ex. : Toute la dégraisserie
est lavée ; ça nous décanche ben. Syn. de
Grousseries.
Dégrammatiser (Sa.), v. a. — Abîmer. Ex. :
Il en a d'eine figure dégrammatisée ! || Se dit
de la vieille chaux tombant d'un mur. — Et,
au fig., on a l'estomac dégrammatisé. (Mén.)
Et. — Où nos bons paysans ont-ils bien pu aller
pêcher un mot si savant? On le retrouve ailleurs.
— Dégramatiser, v. a. Dégrader. Enlever l'enduit
d'un mur. « Ces enfants dégramatisent tout dans
la maison. » (Orain, Ille-et- Vilaine.) — Fatigué
par une longue course ; exténué par des excès
qcques. (Dagnet, Gloss. Manceau.) — DoTTiN,
Bas-Maine, donne ces deux sens : Dégrabatiser.
dégraboliser, dégramatiser. — Le cite dans son
Gloss. de Pléchâtel.
Dégravouiller (Mg.), v. n. — Tomber en
coulant. Pour Dégrabouiller.
Dégrever (Mj., By.), v. a. — Renflouer,
un bateau engrevé.
Dégrigner (Craon, By., Sal., Cho., Segr.),
V. n. — Grimacer avec dédain ; dégrigner sui-
un plat, signe de dégoût. Cf. Grincher, gricher
des dents. || By. Faire le dégoûté. || Chercher
à déprécier qqn. « C'est eine mauvaise |
langue, al' n'aime qu'à dégrigner l's autres.
Syn. de Déchiqueter.
Et. — Au mot Grignoter. — Grigner, vx fr.,
montrer les dents ; aha Grinan ; am. Greinen,
grincer des dents (Litt.). — « Montrer les dents;
se dit d'un chien qui grogne. (Okain.)
Dégringer (Segr.). — V. Dégrigner. Mén.
Dégringoler. — V. Folk-Lore. Langage
viu
Dégringouiller (Mj.), v. n. — Dégringoler
DÉGRIXGUEBALER — DÉJÀ
IIB
Se dit en plaisantant. Syn. de Décraballer,
Décrimhaller, Décrapucher.
Dégringuebaler (Auv.), v. n. — Détaler,
décamper, fuir. Syn. de Décarrer. A rappro-
cher de Déglinde (du fr. Grègues, dans la loc. :
Tirer ses grègues) et aussi de Dégringoler.
Dégrôler (Mj.), v. n. — V. Décrôler,
Dégringoler. — (Lue.) Dégrôler, — tomber de
haut. — Syn. de Décrimbaler, Décrabaler,
Débouliner, Décrabasser, Détribouler, Tri-
bouler, Débricocher, Décrapucher.
Et. — Paraît être un dér. de Crôler, crouler. Le
mot fr. pourrait bien en venir, par réduplication
de la syll. fondamentale.
Dégrouillard (Lg.), adj. q. — Débrouillard-
Dégrouiller (se) (Lg.), v. réf. — S'agiter, se
remuer, se débrouiller. Syn. de se Démerder.
Dégroussir° (Mj., By.), v. a. — Dégrossir,
au propre.
Dégrucher (Sar.), v. a. et n. — Descendre.
Ex. : Je l'ai fait dégrucher de dessus son
âbre. Syn. et d. de Décrucher. \\ By., id.
Déguenailler (By.), v. a. et n. — Réduire
ou : Etre à l'état de guenille, — déchiré,
dépenaillé.
Dégueulade (Mj.), s. f. — Matières vomies.
Déguigner, v. n. — Faire des grimaces.
(MÉx.) Pour Dégrigner.
Déguiser (Mj., Lg., By.), v. a. — Enlaidir,
déparer. Ex. : Ses dents la déguisent ben ! —
N. Se dit des personnes et des choses.
Et. — Changer la guise, de manière qu'il soit
difficile de reconnaître. — Aha, wisa, manière ;
am. weise. (Litt. — Contraire à l'ancienne mode.
Hist. — « Et qui voudra avoir robes déguisées
autres que la commune et ancienne guise. » (L. C.)
Déhagne (Ag.), s. f. — La foire, le débord,
le cours de ventre. Doubl. et voisin du sens
de Déhane.
Déhagné (By.). — V. F.-Lore. Langage,
vm.
Déhairement. — Vieux mot angevin.
Hist. — « (Une femme étant morte de la peste, il
ne se trouva personne pour tenir sa fdle sur les
fonds) « et y pouvoit avoir du péril à la toucher,
...ce que nous différâmes à la quarantaine, en
attendant le déhairement. » {Inv. Arck., E. S. n,
232, 2.) V. Haire, Hairer.
Déliaite (Mj.), s. f. — Aversion, haine,
dégoût. S'emploie surtout dans la loc. :
Prendre en déhaile, prendi'e en grippe. Hait.
Et. — Dé + vx fr. Hait, joie, plaisir, gré,
bonheur ; santé ; bonne humeur, bon caractère ;
courage, ardeur ; bon espoir, désir, envie, souhait.
— Du german. hait, heit : promesse, vœu, espé-
rance. — Dé est ici privatif.
Hist. — a La noble besongne
Joseph pas n'entend,
A peu qu'il n'en gronde,
Pas n'en est content ;
Mais l'Ange céleste
Lui dit en dormant
Qu'il ne s'en déhaite.
Car Dieu est l'enfant. »
Noëls angev., p. 16.
Déliane (Mj.), s. f. — Chose, chance
contraire, série de revers, adversité, déca-
dence, mauvaise fortune, déclin, déconfiture,
cours de mauvaises affaires. S'emploie dans
la loc. : Etre en déhane, — aller en déclinant,
s'enfoncer. V. : Se déhaner. Syn. de Male-
chance, Maledringue, Malêtrie. — Cf. Déhait. \\
Mj. — Qqf. et même assez souvent syn. de
Bombe, Berdindaine, Dévarine, Dévarinade,
Débine, Guinguette, Riole, Cigale, Ripom-
pette.
Et. — P.-ê. Déhale ; se déhaler, reculer par une
manœuvre contraire au hâlage, et, populairement :
sortir d'une mauvaise position (Litt.). — Je ne
crois pas. (R. O.) V. le suivant.
Délianer (se) (Mj., Lg.), v. réf. — Se
déshabiller. — Ce mot signifie proprement :
quitter son pantalon.
Et. — Déhane, Déhaner. La rac. de ces mots est
un vocable Hane, qui s'emploie, ou du moins s'em-
ployait autrefois dans la région de Varades, Ance-
nis, Candé, avec le sens de Culotte. Et je note que
ce très vx mot, Hane, que j'ai encore entendu
employer en plaisantant, pourrait bien être le
même que l'angl. Gown, robe, et que le lat. Vagina,
donc un doubl. de Gaîne. L'existence du vocable
Degaîne, tournure, allure, n'est pas pour infirmer
cette opinion. (R. O.).
N. — Déhaner, déhener, déculotter. Au fig.,
dégoter, avoir facilement le dessus, et cette expres-
sion implique la couardise ou la faiblesse de la
personne en question. (Dottin. à Ernée.). — Syn.
de Débiller, Déharnâcher, Déprêter.
Déharnâcher (Lg.), v. a. — Le deuxième a
très long. || V. réf. Se disloquer, se démolir,
en parlant d'une chaise, d'une charrette,
d'un meuble. Cf. Désharnâcher.- Syn. de
Déberloquer, etc. || (Mj.), v. a. — Désharnâ-
cher ; par ext., déshabiller. Syn. de Déhaner. \\
V. réf. — (By.) Quitter ses vêtements de
cérémonie (du dimanche, pour prendre ceux
de tous les jours, de travail).
Détiarponné, adj. q. (Ag.). — Déchiré,
déchiqueté. « Il est tout déharponné. » — De :
harpon, avec extension de sens assez claire.
Deliors (Mj., L^.), adv. — Aller dehors, — •
a. à la selle. — N. On dit aussi : Aller hors.
Déliuclier (Sar., By.), v. a. et n. — Des-
cendre. V. Dégrucher (Sp., Mj.). Faire dégrin-
goler, précipiter, faire tomber de haut, ren-
verser. Syn. de Désencrucher, Décrucher. Pro-
bablement pour Déjucher, du fr. Jucher. ||
V. n. Dégringoler, tomber
Et. — Déjucher, faire sortir du juchoir, et, par
ext., d'un lieu, d'une retraite, d'un poste. (Litt.).
Cf. Dégucher. (Jaub.).
Deil (Mj., By.), s. m. — Deuil. A vieilli.
Cf. EU, Feille, etc
Et. Lat. Dolium, de : dolere, avoir de la douleur.
Deillot (Mj., By.), s. m. — Petit sac de
toile ou de cuir dont on enveloppe le bout
d'un doigt blessé, doigtier. — On écrit :
Déiau, Dayot, Deyot. V. Deau. Syn. de
Catin.
Déjà (Mj., Lg., By.), adv. — D'ailleurs, du
276
DÉJAIL — DÉLIGENCE
reste. Ex. : Il n'est pas déjà si commode ;
c'est déjà point si beau de sa part.
Déjail (Sp.), s. m. — Conversation, confé-
rence, pourparler, discussion, contestation.
Syn. de Dialogue, Décis, Décidé, Délibéré,
Raffut, Chapitre.
Déjeter (Mj., Lg., By.), v. a. — Mépriser,
tenir ou laisser à l'écart, traiter de haut,
n'avoir pas d'égards pour qqn. Ex. : (En par-
lant d'une jeune fille, d'une personne que l'on
tourne en ridicule). Aile n'est déjà point si
déjetée.
Et. — Le mot est fr., jeter de côté ; avec ext. de
sens. — Déformer une ch. de façon qu'elle porte
plus d'un côté que de l'autre.
Déjointer (Lg.), v. a. — Déjoindre, dis-
joindre. Il By. — Enlever les joints (maçon-
nerie).
Hist. — Trois des quarrials d'un contrefors
virent dejointies et quasses. (God.)
Déjoue (Mj., Sal.), s. m. — Dégel, débâcle
des glaces. Lg. Syn. de Déjouquée.
N. — Je ne saurais voir dans ce mot une simple
corruption du fr. Dégel. Il y a, selon moi, une
figure, très vive et très juste. Le déjoue est cette
phase des saisons où le givre et le verglas sont
déjuchés, déjouqués des branches d'arbres, des
toits où ils étaient comme perchés. En un mot.
Déjoue est le dérivé du v. Déjouquer.
Hist. — « Chantons Noël, tant au soir qu'au
desjue. »
Cl. Marot, Bail, n, 76 (Eveillé.)
Déjouquée (Mj., Lg., SsL), s. f. — Le mo-
ment où les poules quittent leur perchoir, la
pointe du jour. S'emploie dans la loc. adv.
A la déjouquée, — à l'aube, au saut du lit. V.
Déjouquer. \\ Sal. Id. || By. — On dit plutôt :
Sitout soulé levé.
Et. — « Ne peut guère dériver du lat. jugum,
comme on l'a dit. Je Us dans le Gloss. du D'' A. Bos :
Juc, joc, juchoir, perchoir, reposoir. On dit encore :
joc, pour : repos du moulin... Le Normand a :
huchier dans le sens de : faire le pied de grue,
attendre, rester sans rien faire, se coucher, et Diez
le rapproche de l'allem. Hocken ; holl., hukken,
s'accroupir, se blottir. L'Académie a rejeté juc et
conservé : déjuc, moment du matin où les poules
quittent le juchoir. — Notre compatriote Ménage.
Joq. Ce mot se dit des moulins qui ne travaillent
point, par faute de vent ou d'eau, ou par quelque
autre accident. On dit : Ce moulin est à joq. Et de
là le V. joquer : « Cela est capable de faire joquer le
moulin. (Vern. — Déjocquée).
Déjouquer (Mj., Lg., SsL, Sal.), v. a. —
Oter, ou faire descendre du perchoir, déju-
cher. Il V. réf. Descendre du perchoir. — Rac.
jouquer.
Hist. — « Vient as chapons, si les desjoches,
L'un en manjue, au cuer 11 toche. '>
Rom. de Renart. v. 15229.
Déju^/er, v. a. — C'est Déjuguer, écrit
comme on le prononce souvent, comme s'il y
avait deux 11 mouillées. — Détacher du joug.
Déjûner (Mj., Lg.), v. n. — Déjeûner. —
N. Beaucoup prononcent ainsi.
Et. — Le genevois, l'itaL, le provenç. ont u, et
non eu, conformément à l'étymol. — Vx. fr. Des-
juner, du lat. pop. Disjunare, où l'ace, toniq. était
sur l'u. — En Langued., déjeuner signifie : jeûner,
et : lou déjeun, le jeûne. — Hist. « L'on paye douse
sols et à desjuner au curé ou viquaire de Mazières. »
(1660- Inv. Areh., S E, ni, 370, 2.).
Delà (Mj., Lg., By.), s. m. — Dieu. Forme
atténuative, usitée seulement dans les jurons
d'enfants : Nom de Delà, bon Delà. V. Dis,
Dious, Gouet, D'da, etc.
Delaide (Mj., Lg.), s. f. — Adélaïde. Cf.
Risti, Gustine.
Délaizer (se) (Lg.), v. réf. — Se rétrécir, en
parlant d'une pièce de toile ou d'étoffe en
cours de fabrication. Langue des tisserands.
Et. — Du fr. laize. — Lat. pop.* latia, de latum,
large.
Délayât, s. m. — Boue délayée. Express,
vulg. (MÉ>r.)
Et. — Délayer ; lat. dilatare, étendre, allonger ;
en efTet, pour délayer, il faut étendre, allonger par
un liquide.
Délecter (Mj., By.), v. a. — Dégourdir,
délasser. Ex. : Je vas me promener, ça va me
délecter les jambes. C'est le mot fr., dans un
sens spécial.
Et. — Lat Delectare, fréquentât, de Delicere,
(d'où Délices), extens. de sens. — Delicire ; de
lacire, faire tomber dans un lacs.
Déléiance (Mj.), s. f. — Doléance, peine.
Ex. : A m'a conté toute sa déléiance, — toute
sa peine. — Corr. du fr.
Et. — Ital., doglienza, du lat. dolere ; partie.
prés, doleant, a. forme de : dolent. — Pour : doliance
(Cf. Orliens, pour Orléans), de doliant, part, de
douloir.
Délibéré (Mj.), s. m. — Syn. de Décis. —
Par ext., : Résultat, solution définitive,
décision. Ex. : Faut que j'en save le délibéré. \\
Délibération. Ex. : Ils en ont fait tout ein
délibéré. — Conférence, commentaire. Syn.
de Décis, Décidé, Raffut, Pot-pourri, Déjail,
Chapitre, Rapiâmus, Rapplaudis. \\ Autre sens.
Délivré : Délibéré du service militaire. — By.
Il En parlant d'une fille alerte. (My., By.)
Et. — Dé + liberare, peser. Enlever le poids.
Délibérer (Mj., Sp., Lg.), v. n. ; a. — Libé-
rer, remettre en liberté, débarrasser, délivrer,
remettre. Ex. : Il a fini son congé, il est
délibéré de tout.
Et. — Dér. du fr. Libérer ; doubl. du fr. Délivrer.
Délicat' (e nul, Dlicate) (Mj.), adj. q. —
Délicat. Il By. — De tempérament faible ;
difficile à nourrir, rien ne flattant l'appétit ;
dégoûté.
Délices, s. m. — Poires cuites ; pour :
délicieuses, excellentes. (Mg.) Méx. — Cf.
Délecter. \ . Débise.
Délicol(e)ter (se), v. réf. (Mg.). — S'enlever
le licou. — Balzac, p. 465 : « Se delicoltant
les bras. »
Déligence (Mj., By.), s. f. — Diligence
DÉLTGENT — DEMAISHI
277
Hist. Se trouve dans les Ordonnances des rois de
France, t. m, p. '.69. (L. C).
Déligent (Mj.), adj. q. — Diligent. Cf.
Déminuer, Dériger.
N. — « Marguerite Buffet, Ohserv., p. 33, en
166H, signale la mauvaise prononciat. ■ déligent =
« Soient les maistres deligens de veoir les tiltres. ■>
Ordnnn. des r. de Fr., vu, 776 (xiV' siècle).
Déligoyé (By.). — Déluré. — On dit :
dérigogué. — « C'est ein homme ben sérieux
(grave dans ses attitudes et ses relations) ;
pourtant, à l'occasion, quand i' connaît ben
son monde, i' r'fuse pas d'se dérider, il est
même ben dérigogué (gaîté et plaisanterie de
bon aloi). » N. Ce mot dériverait-il de
Déridé, dérideillé, déridoillé? — Doubl. de
Dérigogué, Dérigodé.
Delinquer (Lg.), v. n. — Manquer à l'appel,
faillir, disparaître. Ex. : « J'étions quinze
beaux-frères et belles-sœurs, je ne se pus
ren que tout seul ; tous les autres ont delin-
qué. )) — Mot vieilli. N. Pron. Dlinquer.
Et. — C'est le fr. Delinquer, au sens étymol ;
lat. Delinq\iere.
Délinqneter (Lg.), v. n. — Décliner, se
faire vieux, se casser, en parlant des per-
sonnes. Syn. de s' Abâchoter. || Se fatiguer, se
casser, s'user, en pari, des choses. — Cf.
Jaub., à Delinquer.
Déliser (Cho.), v. a. — Unir et lustrer, une
étoffe, en défaisant les plis ; catir. Syn. de
Déricasser, Défaupir.
Et. — C'est le fr. Délisser, avec un léger chan-
gement, de sens.
Déliseur (Cho.), s. m. et f. ~~ Ouvrier, ère
qui travaille au délisoir.
Délisoir (Cho.), s. m. — Appareil qui sert
à déliser.
Délisseuse, s. f. — Ouvrière séparant les
drapeaux ou chiffons destinés à faire du
papier. (Mén.)
Et. — Parce qu'elle enlève, au moyen d'un ins-
trument, aux chiffons destinés à faire du papier,
les coutures et autres accessoires (et les rend
lisses.) LiTT.
Délits, s. m. — Plans de rupture de quartz
ou de charbon bien accentués dans l'exploi-
tation des schistes ; les principaux délits sont :
le torsin, les chefs, les erures ou rembrayures,
ces feuilletis, les chauves, les assereaux, les
cordes de chat ; les chauves sont des veines en
bizeau cédant facilement, des veines noires,
golorées. (Mén.)
Et. — Ce qui est hors de son lit, de sa position
régulière. (Litt.).
Délivrance (Mj., Lg.), s. f. — Arrière-faix. ||
By. Délivre.
Et. — C'est la chose expulsée pour l'action
même. Syn. de Mère, Einérure.
Délivrée (Mj., Lg.), part. pas. — En par-
lant d'une vache. Qui a rejeté l'arrière-faix.
Délivrer (Mj., Lg.), v. n. — Et absolu-
ment : Rejeter l'arrière-faix. Ex. : Neuf
vache n'a point n'encore délivré. — Syn. de
'Emérer.
Délivres, — anees, s. f. pi. (Mj., Lg., Ag.).
— Décombres. « A la charge d'enlever les
délivres. » || By. Au sing. Arrière-faix.
Délossé (Bg.), adj. q. — Démantibulé. Un
fûtreau est délossé quand les planches dis-
jointes laissent passer l'eau. — « J'ai la
mâchoire délassée. « || By. — On dit : élossé,
pour tout objet fatigué, désarticulé. Cf.
Elosser, Elocher.
Déluge (Mj.), s. m. — Fig. — Individu
turbulent, brise-tout. Ex. : Je n'ai jamais vu
ein déluge de gars pareil. — On dit aussi :
Déluge tout. Syn. de Brise-barrières, Jupitar.
Hist. — « Lesdits Bretons rompirent l'uys du
grenier du chapitre et collège, et bailloient le blé
des mesdits sieurs à leurs chevaux, et en faisaient
grand déluge (1490. — Inv. Arch., G, p. 193, col. 2.)
Déluger (Mj.), v. a. — Ca.sser, briser,
détruire, ravager, abîmer, gâter, détériorer.
Déluré (My.). — Dégagé.
Et. — Dé -f leurre. Celui qui ne se laisse plus
piper par le leurre. (Litt.).
Démacliiner (Mj.), v. a. — Défaire. — De
Machiner.
Démâconner (se) (Sel., Mj.), v. réf. — ^Se
casser l'avant ou la levée, en parlant d'un
bateau. Cf. Démaquégner. — V. Mâchoire.
Et. — La racine de ce mot qui est pour : se
Démâcouiner, est la même que celle de Mâcouiner,
Mâcouinette. De fait, la levée d'un bateau à qq,
analogie de forme et de position avec la mâchoire
inférieure de l'homme ou des animaux-
Démagasiner (Mj.), v. a. — Retirer d'un
magasin. || (Lg.) Eparpiller, soulever et
séparer les brins de, — un fagot. Ex. :
Démagasine donc pas quelle fourneille, a
flamberait trop vite. || Lg., Lcq. Faire déguer-
pir. Syn. de Décancher, Décaniger.
D(e)inage (Mj., Sp., Lg., By.), s. m. —
Dommage. || Passer, aller, être en demage, —
passer, aller, être sur les terres des voisins, en
parlant dos bestiaux. || Grand demage ! interj.,
— Parbleu ! — Ex. : Ils t'ont invité des noces?
— Tiens ! grand demage !
Et. — Se trouve dans les Ordonnances des rois
de France (L. C). — Hist. « En permettant aux
propriétaires de se saisir des bêtes trouvées en
dommage. « (Cont. du Poit., I, p. 237, art. 75.)
Démain (à) (Lg., Mnl.), loc. adv. — Syn.
de : à désamain ; du côté le moins commode.
N. — A la démain (Jaub.). — Id., être mal
à son aise pour enlever un fardeau ; c.-à-d. à la.
démain, agir avec la main gauche. Se dit aussi
d'un lieu situé à une certaine distance du chemin
que l'on suit : « Aga, y ne passerai pouët pre là, o lé
trop à ma démain. » (Favke.)
Demaishé (Mj., Lg.), adv. — Désormais,
dorénavant. — Forme vieillie de Demaishuit.
Deuiaislii (Lg.), adv. — Désormais. Syn.
et d. de Demaishé, Demaishuit ; syn. de
Dormaishi, Dormaishuit.
278
DEMAISHUIT'
DÊME
Demaishuit' (demée-zuite) (Mj., Sal.),
adv. — Désormais, dorénavant. — Syn. et d.
de Demaishi, Demaishé, etc.
Et. Hist. — Des mots lat. De-magis-hodie,
littéralement : « De ce jour en avant. Demaishuit
est donc formé avec : hodie. com. le fr. Désormais
l'est avec : hora. — « Les perdrix nous mangeront
les oreiles mesouan. (Rab., G., i, .39, 77.). — « Il
n'y a plus meshuy de ces femmes si charitables, qui
veulent aller de leur gré dans la fosse avant leurs
marys, ni les suivre. » (Brantôme ; D. gai., Disc.
I, p.45, 1. 4). — « Débarrassez-m'-z en bé vite, p'r
que VHomme sons tête y m'iaisse d'mési, tront-
chille. )' (H. BovB,G., H^''^ de la Grande Guerre, p. 55.)
Démalaiser (se) (Mj.), v. réf. — S'émou-
voir, se mettre en mouvement, s'occuper
activement de. — Ex. : Il est ben temps de
s'en démalaiser, ça chôme. Syn. de se Déma-
ler, se Démarrer, s'Emover, s' Emouver, se
Démerder, se Dégrouiller, se Dégabarer.
Et. — Dér. du fr. Malaise, pris au sens de Non-
chalance. — « Guérir, faire cesser le mal-être.
— « Quand telz ennuiz démalayser y efîorce.
Je suis surpris d'une amoureuse force,
Qui en langueur redouble mes tourments. «
(La Cukne.)
Démaler (se) (Lg.). — S'inquiéter, se tour-
menter ; s'agiter. Syn. de s'Emover, s'Emou-
ver, se Démalaiser, se Démarrer.
Hist. — « La reine se démaloit
Et dementoit et ert dolente.
— « On peut boire s'il a talent,
Mais il se va moult demalent.
[Renard contrefait. — GoD.)
Démancher (Mj., Lg., By.), v. a. — Fig.
Luxer, un membre. Ex. : Il s'est démanché
eine jambe. Syn. de Démoletter, Démouletier,
Débouletter. \\ Démantibuler, démolir, dislo-
quer, défaire. Ex. : Je vas démancher ces
vieilles chausses-là. — Syn. de Démolition-
ner, Disloqueter, Déberloquer, Déferloquer.
Et. — Claire. C'est se séparer de son manche.
Hist. — « Desmanchez vos chalumeaux. »
(J. DTJ Bellay. Ode pastor., p. 134.)
— Au son de la bourse commenceront tous les
chats fourrés jouer des griphes, comme si fussent
violons desmanchés. » (Rab., P., v, 13, 509.). — « A
un des records fut le bras droit défaucillé, à l'aultre,
fut démanchée la mandibule supérieure. » (Id,
ibid., IV, 15, 383.). — « Voudrois-tu faire rétro-
grader les plantes? démancher toutes les sphères
célestes? (Id., ibid., tu, 2, 278.).
Demande (Mj., By.). — « Queune de-
jnande, Monsieur le Curé ! » — En voilà une
demande ! que me demandez-vous là? !| A la
demande, — selon que l'exige la disposition
des lieux ou des objets. Ex. : Faudra que la
bande de porte seye faite à la demande.
Et. — De -f mandare, confier, remettre ; puis,
au fig., confier à l'oreille, à l'esprit, donc : faire une
demande. (Litt.)
Demander (Mj.), v. a. — Ne pas demander
l'argent de son reste, — en avoir assez. ||
Demander sa démission, — donner sa démis-
sion. Il Exiger, falloir. — Ex. : Ça demande
Pâques avant que j'ayons du beau temps. ||
Bv. — Mendier.
Démanier (se) (Mj.), v. réf. — Se hâter, se
débrouiller. — Syn. : se Démalaiser, se
Démaler, se Démerder, se Dégrouiller.
Démaquégner (se) (Lg.), v. pron. — Com-
mencer à profiter, à se développer ; se dé-
nouer. Se dit d'un enfant, d'un jeune animal,
d'une plante qui étaient malingres, harnis,
noués.
Et. — Paraît être un doubl. de : se Démâconner.
L'étymol. donnée pour ce dernier mot serait alors
p. ê. un peu fantaisiste.
Démarcher (By.), v. n. — Commencer à
marcher ; en pari, d'un enfant. Syn. de
Courre.
Et. — Sens très étymol. ; la démarche est le pas
qu'on commence à faire quand on veut aller en qq.
lieu ou en sortir.
Démarder (Mj.), v. a. — Nettoyer de ses
excréments. |! Fig., v. réf. — Se débrouiller.
Démarrant (Lg.), adj. verb. — Qui se met
volontiers en mouvement, vif, pressé, alerte.
S'emploie surtout avec la négation. « Il n'est
guère démarrant. » Syn. de Pressant.
Démarrer (se) (Lg.), v. réf. — Se débrouil-
ler. Syn. de se Démerder, se Décancher, se
Dégabarer. \\ Se mettre en mouvement, se
presser, se hâter. Syn. de ^.'Emover, s'Emou-
ver, se Démaler, se Démalaiser. j| Segr. —
Sortir avec difficulté d'un mollet, d'une
mare. (Mén., qui ajoute :) En terme de
marine : amarrer ; amarre signifie câble. —
Cette étymol. me semble meilleure que celle
de : mare. A. V. || Sal. — V. a. Tirer d'une
ornière, etc., id. || By. v. n. Sens spécial : Se
mettre en mouvement : « I' n'démarre pas
(il ne part pas) le jour qu'il embarque ! »
c.-à-d. : il n'en finit point. — « Vas-tu ben-
tout démarrer? » — te décider à agir. — L'a
est bref. || Mj. Bouger; s'en aller.
Démateronner (Mj.), v. a. — Défaire les
grumeaux. Ce mot est le contraire de A?7ia-
teronner, dérivé comme lui de Materon. Syn.
de Dématouner.
Et. — Maton ; rad. mat, qui se retrouve dans
l'ail, dialect. matte, lait caillé. Cf. Pâte mate, mal
levée. (Daem.)
Dématouner (Lg.), v. a. — Défaire les
grumeaux. Doubl. et syn. de Démateronner,
dér. de Maton.
Dême (Mj.), s. f. — Doubl. du fr. Dîme. ||
(By.), s. f. Redevance ; dêmes, l'objet dû.
Mots employés par les rouisseux qui prennent
pour salaire de leur travail la treizaine (la
treizième poignée de chanvre, quand ils le
remettent roui au propriétaire). D'où :
dénier.
Et. Hist. — Provenç. : desme, deime, de décima,
la 10'^ partie d'une chose. — « Tôt ce qe il aveyt et
poeyt aver a prendre en la deyme de Braace. »
(1262. — Inv. Arch. H i, p. 266, col. 2.). —
n Vendent à Robert de la Plesse « prioul de Goyz
(Gouis) tote lor partie et la porcion de ferrage, de
déisme de blé et de vin. » (1296. Id., ibid., p. 54,
col. 2.). — « Ce sont les demes de Saint Martin
DEMEAU — DÉMOILER
279
d'Angiers receus par la main Colin de Brie (1343.)-
— « Testament de Jean Savary, « saignour de
Concourçon », portant legs de 100 s. de rente « sus
nostre deenie que nous avons en la paroisse de
Toarcé. » (1303. — Id., ibid., G, 48, 2, bas.)- —
« Che sunt les desmes deen (du doyen) et chapitre
Saint Martin d'Angiers, deues à Bourc et recheues
par monsour Richart Chemel, prestre, en l'an de
grâce mil CGC cinquante et dous. » (13.52. — Id.,
ibid., p. 157, col. 2.). — « Guill. de Corlon baille et
octroie au prieur de Gouis « sa desme que il a en
la paroises de la Chapelle d'Aligné. » (1274. —
Id., S, Hï, p. 54, col. 1.).
Demeau (Mj.), s. m. — Ancienne mesure de
capacité pour les grains. Les vieux actes en
font mention et le mot est encore parfois
employé par les anciens du pays. Ils pro-
noncent Demeau ou Deumeau. || Zigz. 69. —
Double décalitre, boisseau.
Et. — Ce vocable me semble dérivé de Dême,
Dêmer, parce que le Demeau servait à prélever la
dîme, à dêmer. — En usage à Châteaugontier,
Champtocé, Daon {Anjou hi^t. 4" ann., n° 5, p. 397.)
— Demiaus... moitié, (dimidium) du boisseau.
« Cinq demiaus de froment, un denier sus Guffroy
Menart, un demiaus de froment sus Pierre Chois-
net. ». — « Item, très demellos seu demiaus fru-
menti et unum denarium super Droctum. » (L. C.
— N. E.). — Demidus (Demellus) ; Demion
(Demionus). Le \" de dimidium, le 2" de Demi -f-
onus, mot hybride : la moitié d'une chopine. « L'un
d'eulx dist qu'il failloit avoir demion de vin, et le
suppliant dist que ce serait peu et qu'il en con-
venoit avoir chopine. » (1452). — D. C. — Dans
Jaubert : Ameau (Suppl.). — Demeau (demya (o),
mesure pour les grains valant actuellement un
double décalitre (boisseau ordinaire), ou un quart
d'hectolitre (boisseau d'Ernée) : le mot demiau
est usité surtout dans l'arrondissement de
Mavenne. Anciennes valeurs du demeau : à Mayenne,
30 î. 782; à Villaines, Lassay, 40 1. 183 : à Château-
gontier, 10, 923; à Craon, Cuillé, 10, 686. (Dottin.).
— Demel (God.).
Démembroler (Mj., Lg., Sal.), v. a. —
Démolir, démantibuler, dislocjuer. Syn. de
Déferloquer, Déberloquer, Dénâler, Déhar-
nâcfier, Dènâfrer, Déroquer. Dim. du fr.
Démembrer. || Sal. — • Brouette démemhrolée.
Déménager (Mj., By.), v. n. — Perdre la
raison, devenir fou. ^ Syn. de Foléier. —
C'est la raison qui déménage. || Déguerpir. ||
V. a. Faire déguerpir, jeter à la porte. Syn. de
Démagasiner, Décancher, Démûrailler.
Démenter (se) {Guéinanter), v. réf. — Se clia-
griner, se plaindre, se lamenter, se préoccu-
per, se tracasser.
Et. — Ce v. a deux sens : s'emporter, devenir
furieux, et : se tourmenter, se lamenter. — Le sens
propre est : perdre le sens (D. C. Ementare). — Se
démanter, ou : se guémenter se dit pour : se mêler
mal à propos d'une chose. « Après soupper il se
complaigny et dementa d'acheter vin en la ville de
Fimes à ladite Marguerite. » — « Esquelles estuves
icelle Martinette se feust démentéc du chapperon
sa fille, que elle avoit perdu. » (L. C. — N. E.). —
Dementare. « Laquelle Emmelot se commença
moult à démenter, à pleindre et à doulouser, et
avoit moût d'angoisse. » (1390. — D. C).
Dêmer (Mj., By.), v. n. — Prélever la
dîme. V. Dême.
Démerder (se) (Lg.). — Fig., v. réf. Se débar-
raisser d'un importun, se tirer des difficultés,
et, p. ext., se hâter, faire diligence. Syn. de :
se Démarrer, se Décancher.
Demésui, Demeshui, Demaisiiuit Demais-
huit (Z. 127, By.), adv. — Aujourd'hui. ||
Désormais : « Demeshui je suis perdu. || Tu ne
feras jamais ren de ben demeshuit. » || Lrm. — •
Ou dur meshui. Désormais, dorénavant.
Demi (Mj., By.). — C'est à-demi, loc.
prov., ce n'est ni bien ni mal. || A demi l'un, à
demi l'autre, — tantôt l'un, tantôt l'autre.
Ex. : Ils illy travaillaient à demi l'un, à
demi l'autre. || De demi en demi les jours, —
de deux jours l'un. Cf. Demit-en-jour. || By. —
Aile a la fièvre de demi en demi les jours. || En
demi, même sens, mais moins usité. || A
demi, loc, prép., de deux l'un. Ex. : Y a des
choux pou mes à detni les rangs.
Demi-double (Sp., By.), s. m. — Mesure
d'un décalitre. — C'est la moitié du Double.
Demi-clé (Mj.), s. f. — Sorte de nœud, ou
plutôt de ligature, que les mariniers pra-
tiquent en enroulant une amarre sur le col
d'un marmouset.
De mi- frère (Mj., By., Ag., Lg.), s. m. —
Frère consanguin ou utérin. Syn. de Beau-
frère. On dit aussi : Frère de père, ou de mère.
Déminuer (Mj., By.), v. n. et a. — Dimi-
nuer. Cf. Déligent, Dériger. \\ V. a. et n. Bais-
ser de prix. Ex. : Ils ont déminué le beurre à
matin.
Et. — Di-minuere, rendre moindre. Cf. Menn.
Avant le xiv s. on trouve : demenuisér (xrp).
Déminiition (Mj.), s. f. — Diminution. V.
Déminuer. \\ Baisse de prix. Ex. : Y a ben de
la déminutioti sus les œufs.
Demi-rez, ou Comble. — \"oir Mi-rez.
(MÉN.)
Demi-route (Lg.), s. f. — Chemin vicinal.
Denii-sargent (Mj.), s. m. — Espèce
ancienne de poire. (Poire de bon-sergent?)
Demi-sœur (Mj., Lg.), s. f. — Sœur consan-
guine ou utérine. Syn. de Belle-sœur. On dit
au.ssi : Sœur de père ou de mère.
Demit-en-jour (Segr.). — Pour : moitié du
jour. K \"enoz donc chez moi demit-en-jour. »
— Cf. Demi.
N. — Mal écrit et mal interprété. C'est : de
milan jour, c.-à-d. dans le milieu du jour. A Mj., on
dit en ce sens : Sus le haut du jour. Par ailleurs on
dit : Dans les milans jours (s. e. de la semaine).
Ex. : J'érons vous voir dans les milans jours, c.-à-d.
mercredi ou jeudi. V. Milan. Il y aurait lieu sou-
vent de rectifier les données de certains correspon-
dants qui n'ont vraiment pas assez le sens de leur
patois. (R.O.).
Demi-vin. — Voir Boite. Cf. Mévin.
Démoiler (Mj., Lg.). Pron. dé-mouê-ler,
V. a. — Démêler. Mot très vieilli à Mj. ; syn.
de Débrêner. Dér. de Moiler.
280
DÉMOISILLON — DENTIER
'^t. — Lat pop. misculare, mes'clar, mesler,
mêler. (Darm.).
Demoisillon (Lg.). V. le suivant.
Demoisillonne (Mj.), s. f. — Jeune demoi-
selle, jeune personne.
Et. — Dimin. du fr. Demoiselle. Cf. Damerette.
LiTTRÉ donne Demoisillon. || Damoiselette. GoD.
Démoletter (Mj., Lg., By.), v. a. — Luxer,
déboîter, démettre un membre, désarticuler.
Syn. de Débouletter, Démouletter, Démancher.
Se dit surtout du genou, mais aussi de toute
autre articulation.
Et. — Formé du préf. Dé et du fr. Molette, pris
dan.s le sens de sa rac. lat. Mola, meule. Les extré-
mités des os dans les articulations s'emboîtent et
frottent l'une sur l'autre à la manière des meules
antiques. Hist. — « Démoller, déboîter : « Tombe
à la renverse, et chéant sur l'eschine il se démole la
cheville du pied et se rompt le cropion. » — « Es
aultres démolloit les reins. » (Rab., i, 193 et note.).
— L. C. — Autre explication : De + moler = mou-
ler, façonner (modulare, modler, mosler, moller),
mouler, façonner ; ...prendre la forme de, fait au
moule ; bien fait. {Df A. Bos.). Et alors cela vou-
drait dire : démouler, défaçonner. — Je préfère la
première.
Démolir. — Mot d'enfant. « Pourquoi
as-tu démoli ta poupée? » — « Je vas la
remolir. » répond la fillette. — M. Bernier.
Dcmolitionner (Mj.), v. a. — Démolir.
Tiré de Démolition, comme Infectionner de
Infection.
Démordre (Lg.), v. n. — Démanger. Ex. :
Ça me démord au grous-t-ortail.
Demoselle, s. î. — Demoiselle.
Démouletter (Lg.), v. a. — Désarticuler,
luxer. Syn. de Démancher, Débouletter,
DémoleUer, sorte de compromis entre ces
deux derniers.
Dempis (Mj., Lg.), adv. et prép. — V.
Dempuis. Cf. Pis, Pisque.
Et. — De -|- in -j- post. — Hist. « 01 é p' t' et bé
n-à caôse de tchieu qu' 1' homme-sons- tête y r'vint
m'rabatter dempis tchiéque temps? »
(H. Bourg., H'^^ de la Grande Guerre, p. 53.).
Dempuis (Mj.), adv. et prép. — Depuis.
V. Dempis. Syn. de Dédepuis.
Hist. — Sépulture de Michel Chartier « Lom-
balais, lequel dempuys peu de temps s'estoit retiré
en ce bourg de Loroux. » (1613. — Inv., Arch., S. s.
E, p. 239, 1, bas.). — Ordonnance des ducs de Bre-
tagne (L. C).
Démuleter (Sp., Lg.), v. a. — Féconder
une femme restée jusque-là stérile. V. Mule,
Mulet.
Démurâilter (Lg.), v. a. — Faire déguerpir.
Syn. de Décancher, Démagasiner, Déménager,
Décaniger. \\ V. réf. — Se démurâiller, —
déguerpir.
Dénâfrer (Mj., Lg.), v. a. — Déchiqueter,
mettre en lambeaux, en pièces, lacérer. Pour
Dénavrer, composé du fr. Navrer, pris dans
son sens ancien. Syn. de Dénâler, Déferlo-
quer ; Echaffrer.
Et. — Ane. fr. Navrer et Nafrer, dér. du rad.
german. Narv ou narf, cicatrice. (Daem.).
Dénaître (Tlm.), v. n. — Enrager, se dépi-
ter. Ex. : Tu le fais dénaitre, ceté pouvre gars-
là, — tu le fais enrager.
N. — Denaistre, v. n. Cesser d'exister. « Sans
cette petite créature qui me ravage le tempéra-
ment, c'est les sept péchés capitaux ! Elle me fait
dénaître ! Imaginez-vous... » (A. Léo. Mariage
scandaleux, p. 33. — GoD.).
Dénâler (Lir., Lg.), v. a. — Di.sloquer,
démolir. !| Déchirer, découdre. Syn. de
Eraler, Dénâfrer, Déberloquer, Déjerloquer,
Démembroler, Déroquer, Déharnâcher.
Dénantir (By.). — V. Chatière.
Déneiger (Sp.), v. n. — Enlever la neige.
Dénenger (Sp.), v. a. — Débarrasser de
quelque engeance. Syn. de Dégeancer, Dégé-
nouir.
Et. — On peut regarder ce mot com. un dérivé
direct du fr. Enger : sa forme régul. serait alors
Désenger. Mais on peut y voir aussi un composé
du patois Enenger, mis pour Désenenger, par
aphérèse d'une syll., com. Déplir, pour Désemplir,
Débiller. pour Déshabiller. Cette dernière opinion
me paraît la plus plausible.
— Enger, pourvoir d'un plant, d'une herbe.
[2^ sens : embarrasser). — Enge = race, espèce.
Orig. incert.
Denier (partout), s. m. — Absolument
pour : Denier à Dieu, arrhes données à un
domestique. Ex. : Il a rendu son denier.
Déniger (Mj., Lg., By.), v. a. — Dénicher,
— V. Niger. De : nid.
Hist. — « Denigeant des passereaux, prenant des
cailles, peschant aux grenoilles et escrevisses. i>
(Rab., p., I, 24.). — « Lucifer se desliera et... voul-
dra deniger des cieulx tous les dieux. » {Jd., P.,
m, 3, 220.). — « Pour donc se soulager de mal, fit
apporter son curedens, et... vous denigea bien
messieurs les pèlerins, » (R., G., i, 38, 74.).
Dénouquer (Lg.). v. a. — Dénouer. Syn. de
Débrêner. Dé'", de Nouquer.
Denrée, s. f. — V. Darée.
Mist. — « Les perpétuelles médisances (de Thi-
baut de Champagne) réduisirent tellement le
nombre de ses amis qu'il les eût facilement nourris
avec « une denrée " de pain. — La valeur d'un
denier. (Cité par M. Levrault. — Les Genres
littéraires. La Satire, p. 23.).
Dent (Mj., By.), s. f. — Avoir eine dent,
loc. prov. ; avoir une rancune, une haine,
contre qqn. Syn. de Rogne. \\ Parler de la
grousse dent, — parler d un ton sévère.
Denté (Mj., By.), adj. q. — Par aphérèse,
pour : Endenté, garni de dents. Ex. : Aile est
ben mal dentée, ça la déguise ben. — Syn. de
Dentelée.
Dentelé (Lg.), part, pass. — Qui a des
dents, endenté. — Se dit des personnes
comme des choses. V. Denté.
Dentelle (Mj., Lg., By.), — Fig. Péritoine.
Syn. de Crépine, Pérentoine.
Dentier (Mj., Lg.), s. m. — Gencive. Ex. :
DENTISSE — DÉPENANCÉ
281
Aile a des brins de scorbut sus les dentiers
Syn. de Gendive. Sens voisin de celui que
donne Hatzfeld.
Hist. — « Ceux qui étaient mordus au dentier
ou aux yeux en mouraient. » Lehoreau, 1712.
(Anj. histor., iv, 628, 14.).
Dentisse (Mj., By.), s. m. — Dentiste. Cf.
Ebénisse, etc.
Dents (à) (Mj., By.), loc. adv. — Tout
penché, courbé ou cassé en deux, en parlant
des personnes.
Et. — Ce mot, un peu vieilli, mais encore très
usité, ainsi que son dérivé s' Adenter, a une étym.
évidente, et fait image, surtout pour qui a vu les
vieux vignerons d'autrefois, marchant pour ainsi
dire la face contre terre, sur les dents.
Dénué, ée (Lg.), part. pas. — Se dit d'un
sol, d'une terre qui a été laissée en friche
depuis qqs années.
Et. — On pourrait voir là un doubl. du fr. Dé-
nudé, lat Denudatus. Toutefois Jaubert a Désan-
uué (avec a nasal — du lat. annus). Propriété qui
ne produit plus rien depuis plusieurs années, faute
de soins et d'entretien.
Dénuer (Lg.), v. a. — Dépouiller, dénuder.
Ex. : La navine s'est dénuée de feuilles.
N. — C'est le sens propre du v., que le fr. n'em-
ploie qu'au fig.
Denuit (By.), s. m. — Ce qui se porte la
nuit, toilette de nuit. On dit : un denuit ; je
ne trouve pas mon denuit (s. e. vêtement).
Cf. Tous -les -jours, Dimanches.
Dépadanser, v. a. — Couper, décrocher,
faire tomber. Ex. : Dépadansez donc les
colliers des chevaux. — je vas dépadancer
des chardons. Cf. Apadanser, Apendanser. —
Dépendanser. C'est dépendre ce qui pend.
By. Dépendancer, décrocher, faire tomber.
Dépanner (Mj., By.) (dé-pan-ner ; pan, très
nasal), v. a. et n. — Retirer le linge lessivé
de la panne. Ex. : Va falloir dépanner la buée.
— Cf. Empanner.
N. — Ne pas confondre avec : dépanné, dégue-
nillé, déchiré (lat. pannus), ce qui est en lambeaux.
— « La peussiez voir tant vies dras dépannés,
Et tant grande barbe, et tant ciés hurpés. .>
(Le Roman de la conqueste d'Outremer.) D. C.
Dépapoter (Ag.), v. a. — Décoller. Ex. :
La bande est dépapotée. Langue des fabri-
cants de billards.
Depaquetter (Mj.), v. a. — Dépaqueter.
Cf. Empaquetler, Bempaquetter, où les deux tt
sonnent.
Déparcher, v. a. — C'est enlever les parches
ou perches qui servaient à ramer les pois.
D'où le proverbe : On ne déparche pas les pois
qui n'ont pas de parches. — On ne peut pas
faire une chose impossible.
Et. — Pertica, perche.
Départ (Mj., By.), s. m. — Eter sus le, sus
son départ, — être sur le point de partir.
Département (Mj., By.), s. m. — Fig.
Employé pour donner l'idée d une chose très
grande, vêtement, vase, etc. Ex. : Queuns
souliers ! c'est des départements ! Cf. Bateau,
pour indiquer des souliers trop larges.
Dépassant, e (Mj., By.), adj. v. — Qui sait
se tirer d'affaire en toute circonstance, qui a
de l'entregent. Cf. se Dépasser. Syn. de Adri-
gant.
Dépasser (se) (Mj., Lg., By.), v. réf. — Se
tirer d affaire, faire son chemin.
Dépatouiller (Mj., Lg.), v. a. — Débarras-
ser de ce qui entrave ou retient les pieds (les
pattes). Syn. de Décancher. \\ V. réf. Se
débarrasser des obstacles quelconques. ||
Fig. Se hâter. || Se débourber, se tirer ou se
débarrasser de la boue. — Autres syn. : se
Débarbouiller, se Démanier, se Démarder.
Et. — Le Dictionn. général, au mot Patrouiller,
renvoie à Patrouiller, dér. de patte, piétiner dans
la boue. Cf. Patauger, dér. de pataud, de patte. Vx
fr. patoyer. — La Curne : se Dépatrouiller, se
dépêtrer. « Mille personnes veulent assommer
Balde, tombé sous mille pierres, mais il se despa-
trouille habilement de dessoubs le monceau de
pierre. »
Dépatraquer (.Mj.), v .a. — Disloquer,
réduire à 1 état de patraque. Syn. de Déber-
loquer, Déferloquer. — Dér. du fr. Patraque.
Dépanner (Lg.), v. a. — Retirer de la
paune ou panne le linge lessivé. Syn. et dou-
blet de Dépanner.
Dépéeasser (Mj.), v. a. — Débarrasser de
qq. substance poisseuse, nettoyer de la boue
qui s'est attachée. i| Se dépécasserles dents, —
les nettoyer des bribes d'aliments qui sont
restées prises dans les interstices ; les curer.
Et. — Formé du préf. Dé et de la rac. allem.
Pechs, lat. Pix, fr. Poix, avec terminais, verbale
péjorative. V. Empécasser. Cf. Débogasser.
Dépeigne (Jean), s. m. (Segré). — Pour
Ajonc de peigne. V. Aien, Haguin, Hudin,
Jaunets. — Il faudrait lire Jonc.
Dépelouner (Tlm.), v. a. — Dépouiller de
sa couche de terre gazonnée, un pré.
Et. — Pour Dépelonner, inus., qui a pour rac.
l'élan. Syn. de Depêvrer.
Dépenaillé (Sal.), a. q. Réduit en guenilles,
en loques. Se dit des choses. V. Citât, de
Sully au suivant. Cf. Dépenillé.
Dépenancé (Z. 146, By.), adj. q. — Triste,
défait, mal fichu. Ex. : T'as la goule toute
déperiancée !
Et. — Dépenaillé ; dé -|- penaille, du vx fr. pêne
ou pane, drap, étoffe. — Le vx fr. disait : despené,
despané, mis en lambeaux (Litt.). — « Vx fr.
dépané : dé -\- pan, lambeau. Il parait y avoir eu
confusion entre dépané et despené. déplumé ; de là
dépenaillé au lieu de dépanaillé. (Darxi.). — « Ce
terme s'appliquait d'abord aux oiseaux dans le
sens (le déplumé, ou plutôt : qui a le [)lumage en
désordre. (B. L. Depenare, déplumé ; de penne, lat.
penna, plume) ; ou bien c'est un dér. du vx fr.
dépané, déchiré. (B. l... Depanare), de pannus,
morceau, lambeau, pan. Le mot penaille parle en
faveur de la 2« étymol. (Schelee.). — Dépenaillé ;
282
DÉFENDEUR — DÊPOUICHER
« Leurs grands panaches blancs et noirs, tout
brisés, dépenaillés. » (Sully, Mémoires. — Éveillé. )
Dépendeur d'andouilles (partout). —
Homme grand, maigre, mauvais sujet, à qui
sa haute taille permet de dépendre, c.-à-d.
d'enlever les saucissons ou andouilles que
les charcutiers suspendent devant leurs bou-
tiques pour leur servir d'enseignes ; — se dit
d'un niais, grand imbécile. (Guillematjt.)
Uépenillé (Ag., By.), adj. q. — II, elle est
toute dépenillée ; ses vêtements sont tout en
loques, effrangés. — On dit aussi : Dépe-
naillé. Cf. Diguenaillé. V. Déponardé.
Et. — Voir Dépenancé.
Dépense, s. f. — Prodigue, Dans cette
locut. : Aile est ben de dépense. (Li., Br., Mj.,
By.)
Déperrayer (Mj.), v. a. — Enlever un per-
rayage. || Oter la garniture de pierres d'un
filet. V. Perrayer, Perré.
Dépêvrer (Lg.), v. a. — Dégarnir de gazon,
d'herbe, un terrain. Cf. Dépelouner, Apêvrer.
Et. — Dér. de Pêvre.
Dépiauter, v. a. — Enlever la peau, — d'un
lapin. (Ag., Lue, By.), — d'une anguille ;
dépouiller, écorcher. Syn. de E piauler.
Et. — Dé -f- piau, forme dialect. de peau. — N.
Au fig. Parlant du livre de E. Biré sur V. Hugo,
Gaston Deschamps écrit : « On le fouille, on le
déshabille, on le dépiaute. » (.Journal Le Temps,
6 décembre 1903.).
Dépîgner (Mj.), v. n. et a. — Dépîgner des
dents ou les dents, — découvrir les dents par
un rictus forcé, faire une grimace de dégoût.
Ex. : T'as pas besoin de dépîgner les dents sus
de la bonne bernâche comme ça. Syn. de
Gricher, Grincher.
Et. — Du préf. Dé et de Peigne. Dépîgner les
dents, c'est montrer son peigne. Le vieil Homère
parlait de la « barrière » des dents. — Pignocher,
altérât, de Epinocher, sous l'influence de Peigner,
manger du bout des dents. — Manger de l'épinoche,
en prenant beaucoup de précautions, à cause des
arêtes. — Epines. (Darm.)
Dépile (Mj.), s. m. — Débâcle des glaces.
V. se Dé piler.
Et. — Dépiler, abattre des piliers (dans une
mine). Darm.
Dépiler (se) (Mj.), v. réf. — Se débâcler,
devenir libre de glaces, en parlant d'un
fleuve. V. Empiler. Du fr. Pile.
Hist. — Desciré l'ont et depillié. [Renart le
Nouveau, 6181. — God.)
Dépiquer (Mj., By.), v. a. — Déplanter,
arracher. V. Piquer.
Dépiquetter (Mj.), v. a. — Arracher le
piquet qui retient dans un pré une vache.
Ex. : Voutre taure s'est dépiqueltée ; a
mouche. V. Empiquetter.
Depis (Mj.), prép. et adv. — Depuis. V.
Dempis.
Hist. — « Vacat à cause des troubles, car depys
le 28 septembre 1567 j'ay esté à Blain. » (Inv. Arch.,
E, II, p. 7, col. 2.)
Dépit (Mj.), s. m. — Faire dépit, causer du
dépit, vexer. « Ça fait grand dépit de voir ça. »
Dépitant (Mj., By.), adj. verb. — Qui
cause du dépit, vexant.
Et, — Despectus (de-spectare), regarder de haut
en bas, mépriser.
Dépiter (se) (Mj., By.), v. réf. — Se dépiter
à, — s enrager à, s'acharner à. Ex. : Il se
dépite à travailler ; a se dépile à faire tout à
revers du bon sens.
Déplaneher (Lg.), v. a. et n. — Rejeter la
terre vers l'extérieur de l'espace que circons-
crit le parcours de la charrue ; commencer le
labour par les bords du champ, pour finir au
milieu. Cf. Plancher.
Dép/eunier (Mj.), v. a. — Déplumer. Cf.
Pleume. Le pi est souvent mouillé. || By. —
pi distinct.
Dép/eyer (Lg.), v. a. — Déployer, déplier.
Cf. Pleyer. \\ By. PI. distinct.
Déplir (Mj.), v. a. — Désemplir, vider. Cf.
Débuter.
Déponinier (Lg.), v. a. — Débarrasser
d'une pomme, d'un navet, l'œsophage d'un
ruminant. C'est le pendant de s'Empoumer.
Langue des mégeilleurs.
Déponardé (Ag.), adj. q. — Déchiré.
N. — Déponasser : détruire un nid d'oiseau,
l'arracher, le briser. (Orain.) ij Morv., dépondre
quitter, lâcher, cesser d'être, joint ou uni à. —
Forez et Lyon., id., déchirer, dégueniller. — Fr.
Comté, Suisse rom., id., — disjoindre, détacher,
discontinuer. Cf. Dépenaillé, Dépenillé.
Déponé (Ag.), adj. q. — Déchiré. Il est
tout déponé. — Cf. Penilles, Epéner.
Déponter (Mj.), v. a. — Enlever le pon-
tage, ou les appontements de, d'un bateau ;
fr. Pont'
Déporter (Mj., By.), v. a. — Exonérer,
dégrever, décharger. Ex. : Je vas me faire
déporter de mes prestations. Syn. de Désim-
poser. Déposer. \\ Rayer. Ex. : Il s'est fait
déporter de sus la liste. — Il s'est fait déporter
du conseil. || Se déporter, — renoncer à, un
héritage, une amoureuse.
Et. — C'est le mot fr., employé uniquement
dans ces sens spéciaux.
Hist. — « Et ne vous faschera, si pour le présent
je m'en déporte. » (Rab., G., i, 1.)
Déposer (Lg.), v. a. — Exonérer, d'un
impôt, dégrever. Ex. : Je veux me faire
déposer de mes prestations. — Syn. de
Désimposer, Déporter.
Dépoter (Li., Br., Mj., By.), v .a. — Trans-
border. « On va nous dépoter », nous chan-
ger de train, — à Ecouflant, p. ex. || V. n.
Absolument : Changer de voiture, de train. ||
Transvaser.
Dépouiclier (Bg.), v. n. — « La chemise
DÉPRESSER — DERASSER
283
dépouiche,
le ofilet.
se montre entre le pantalon et
Dépresser (se) (Mj.), v. réf. — Se débarras-
ser des ouvrages pressants. Ex. : J'érons vous
voir quand je serons ein petit dépressés.
Déprêter (se) (Lg.), v. réf. — Se déshabiller,
pour : se désapprêter. Syn. de se Débiller, se
Déhaner, se Déharnàcher.
Déprier, v. a. — Vx mot. Faire déclara-
tion de marchandises ou denrées qui doivent
péage. (LiTT.)
Hist. — « Si aucun marchand ou autre trespasse
(passe outre) aucun péage sans acquitter, et il
retourne par la coustumière qu'il a trespassée, le
seigneur d'icelle le peut contraindre à payer
soixante sols d'amende et la coustume, et n'aura
point de confiscation pour ce qu'il n'a plus de den-
rée, et pareillement en usera l'on au regard des
nobles et autres privilégiés s'ils failient à déprier. »
(L. C.)
Déprise (Mj.), s. f. — Décollement. S'em-
ploie dans l'expression : Avoir eine déprise
d'ongle, — avoir un ongle soulevé et séparé
de la chair sous-jacente. — De Déprendre.
Déprocher, v. a. — Joli mot d'enfant :
« Bébé, tu t'es trop approché de la table ! >>
— « Eh ! ben alors, grand-père, déproche-moi
donc ! )) (Mekcier, Jean.)
Depuis (du). — Pour Depuis. Se trouve
dans la Satire Ménippée, Régniee, Cor-
neille, G. Sand, etc.
Hist. — 1692. Sépulture d'honnête fille Margue-
rite du Temple, « laquelle actuellement et du depuis
trois ans servoit en qualité de fille de chambre. . . «
{Inv. Arch.,n, E, S, 291, 2.)
Dépulanter (Mj.), .v a. — Enlever la mau-
vaise odeur. V. Einpulanter, Pulantie. Syn.
de Dépester, Désempester, Désinjectionner.
Dépulantir (By.), et même Désempulantir.
— On entend aussi Dépulanter et Désempu-
lanter.
Deqiié? Dédequé? (Mj ), adv. interr. —
Quoi? Qu'est-ce?
Déqueniclier (Mj.), v. a. — Faire sortir
d'un retrait, d'une cachette, faire déguerpir.
V. Enquemcher. Corr. de Décaniger, Décani-
cher. V. Canicher. Syn. de Démurailler.
Déqueniller (Mj.), v. n. — V. Décatiiller.
Déqiienu (Sa.), adj. q. — Privé, séparé:
qui ne sait où rechercher, où prendre. Ex. ,
Pau' petit chaton ! il braille parce qu'il est
déquenu de son frère ; je l'avons donné. V.
Déconnu. \\ Absolument : Isolé, abandonné.
Hist. — Desquenoitre. V. Desconoistre.
— « Quar ge l'ai trai et vendu
Et du tôt l'ai desquenu. »
(Passion D. N. — GoD.)
Déquérouer (Mj.), v. n. — Se décrocher,
tomber. Ex. : Faire déquérouer des poumes.
Syn. de Décrimbaler
Et. — P.-ê. le contr. de Ecrouer (Equérouer),
écrou. De l'ail. Schraube.vis. Cf. Encroué. '
Déqueuter (Mj., By.), v. n. — S'emploie
dans la loc. : Sans déqueuter, — sans désem-
parer. Ex. : Il a fait dix carambolages sans
déqueuter, c.-à-d. sans quitter la queue, au
billard. — Par ext., on emploie cette expres-
sion en toute circonstance. Ex. : Ils ont
joué cinq heures aux cartes, sans déqueuter.
Et. — Dér. du fr. Queue (de billard). — H y a,
lorsque le mot n'est pas pris dans le sens propre, qq.
confusion avec Déroter.
Déquiller, v. a. — Chasser d'une place.
Et. — Expression empruntée du jeu de quille.
« Duras, voulant prendre sa place, l'accusa...,
le desquilla facilement. (Agr. d'Aubigné, Hist.
univers., Il, 222. — EvElLLÉ.) Syn. de Dégoter.
Déquinteler (Lg.), v. a. — Défaire les
quinteaux de gerbes. Cf. Aquinteler.
Der ! exclam. — Apocope de Dergne, lui-
même de Dernier. A certains jeux, cri poussé
pour indiquer que l'on veut jouer le dernier.
Cf. Preum, Seg, Avant dergne.
Dérabioler (Mj.), v. n. — Délirer, divaguer,
extravaguer, déraisonner.
Et. — Dé, et une rac. Rab, qui se retrouve dans
le lat. Rabies, Rabidus, et dans le fr. Rêve. On dit
aussi : Dérêbioler. ■
Déragotonner, v. a. et n. (Segr.). — Aller
chercher, fouiner partout.
Et. — De ragaton. pour rogaton? Aller chercher
les rogatons, de : rogatum, chose demandée, —
objet sans valeur, bribe. — P.-ê. pour Dérabâton-
ner, de Rabâter.
Dêrai (Lg.), v. a. — Futur du v. dire. Ex. :
J'y dêrai bé, — je lui dirai bien. Forme
vieillie.
Déraillard (partout). — « On désigne sous
le nom de Petit Déraillard le petit chemin de
fer départemental de l'Anjou. La dénomina-
tion est peu justifiée.
Et. — Angl. Rail, proprement Barre. — On
devrait dire Dérailer (dérêler).
Dérailler (Mj.), v. n. — Fig. Déraisonner.
Ex. : Il a beau être plein comme ein boudin,
il ne déraille point.
Déramer (Mj.), v. n. — Ramer à revers,
pour faire reculer ou tourner un bateau. ||
(By.), V. n. Ramer à revers pour rimer su
cul ; ramer à revers d'une main et à Tendret
de l'autre pour faire deux bouts (faire demi-
tour).
Déranimaillé (Ti., Zig. 159), adj. q. — Qui
est de travers, qui louche. Se dit des yeux.
« II a les • yeux tout dérammaillés. » Cf.
Dégrammatiser.
Déraser (Lg.), v. a. — Se dit dans : Déraser
ine roue, — aplanir les jantes au ras du cercle
de fer qui entoure la roue. || By. — Se dit
toutes les fois qu'on veut mettre' de niveau
deux parties accolées d'un objet.
Derasser (Z. 145, Br.), v. n. — Caqueter,
glousser, en parlant d'une poule qui veut
couver. Cf. Découasser. \. Darasser. Syn. de
Darainer.
284
DÊRATELIS — DÉRINSER
Dérâtelis (Mj., By.), s. m. — Intervalle ou
hauteur du mur entre le sol d'un grenier et la
naissance du toit. Syn. de Râtelis.
Et. — Dé + le fr. Râteau. V. Batelières.
Dérater (Mj.), v. a. — Remettre en état
de fonctionner, un mécanisme qui s'était
brouillé ou raté. \\ Mj., Lg. — Fig. — Faire
cesser de bouder, surtout un enfant pleurard.
Syn. de Débouder, Débouquer.
Déraver (Mj.), v. a. — Dégarnir de terre,
les racines d'un arbre. Formé du fr. Rave,
indiquant ici la maîtresse racine, le pivot de
l'arbre, qu'on appelle en patois Naveau.
Dérayer (Mj., Lg., By.), v. a. — Déranger
qqn de sa besogne. || V. réf. Quitter son tra-
vail.
Et. — Dér. du préf. Dé et du fr. Raie. Ce v. est
le pendant de Enrayer. — Hist. « I^es tabourineurs
avaient défoncé leurs tabourins d'un costé pour les
remplir de raisins ; les trompettes estoient chargées
de moussines ; chascun estoit desrayé. » (R., P. i
27.)
Il V. n. Cesser. Sans dérayer, sans cesser.
Syn. de Décoter, Déqueuter. — Raie = sillon ;
sans dérayer, sans quitter le sillon qu'on
laboure.
Derdéier (Lg., Sp. Z. 158, Tlm.), v. n. —
Trembler menu, de peur, frissonner. Syn.
de Fribler, qui se dit également.
Et. — Probablement pour Dardéier. du fr. Dard,
parce que la personne qui tremble vibre toute
comme une flèche qui a frappé le but. — Jaub.
donne Dardeler. — « Dardai, le rayonnement. «
(Mireille, 308, 3.)
Derdiner (By.), v. n. — Derdiner de la
tête, — trembler de la tête. V. Derduner,
Derdumer.
Derdumer (Ti., Zig. 159), v. n. — Trembler,
frissonner. Syn. de Derdéier, Fribler.
Derduner (Z. 158), v. n. — Trembler de
peur. — V. Derdiner, Déribioler.
Dérêbloler (Mj.), v. n. — Délirer, devenir
fou. Ex. : \eux-tu ben te taire, tu dérêbioles.
V. Dérabioler, Déribioler.
Et. — Dér. de Rêbioler. — Déraisonner, dire des
folies, extravaguer.
Dérenarder (Lg.), v. n. — Elever la pre-
mière levée d'un mur, soit au-dessus du sol
des fondations, soit au-dessus du niveau d'un
échafaudage.
Derénavant, ad. — Dorénavant.
Dergne ! — Voir Dern. Pour : dernier. Cf.
Prem, Segue, etc.
Et. — Le picard dit : dergner, et le berr. : dergne.
Défi (Ti., Zig. 157), adj. q. — Avancé,
déluré, à la roulette. Abrév. de Dérigohié.
Dériber (Lp.), v. n. — Dériver. L'eau, en
grandissant, se déribe. (Mén.) Doub. de
Dériper.
Déribioler (Sal.), v. n. — Déraisonner. Il
ne fait plus que déribioler. V. Dérabioler.
Déribouler, v. n. (Z. 142, Mj.). — « Tomber
en roulant comme une boule, dégringoler. V.
Ribouler. Syn. de Débouliner, Débricocher,
Décrahasser, Décrabaler, Décrimbaler, Décrô-
ler, Dégrôler, Détribouler, Tribouler.
Déribouliner (Sal.), v. n. — Rouler du haut
en bas sur une pente. Y. Déribouler.
Déricasser (Lg.), v. a. — Unir une étoffe,
une toile, en défaisant les plis. Pendant de
Aricasser. Syn. de Défaupir, Déliser.
Déricocher (Mj., By.), v. n. — S'échapper
de son point d'appui, se décrocher et tomber.
V^. Débricocher, Dériper.
Déridaler, v. n. (Craon). — Tomber.
Dérien (Lg.), s. m. — Adrien. Syn. de
Andrien.
Dérigaillé ou
débrouillard. V,
galiié (Te.)
Dérisosué,
— Matois, rusé,
Dérigodé.
adj. q. — En
C'est tout déri-
— Une femme
Dérigandé (Ag., By.),
désordre, démantibulé. —
gandé, ça ne tient plus.
dérigandée est celle qui a une très mauvaise
tournure. — V. Dérigodé. || Ti., Zig. 157. —
Dévergondée. V. Dérigodé.
Dériger, (Mj.), v. a. — Diriger. Cf. Déli-
gent.
Dérigodé (Mj.), adj. q. — Tourné, campé.
Se dit des choses, en bonne ou en mauvaise
part. Ex. : C'est ben dérigodé, — cela a bonne
tournure. — C'est toujours ben queuque
chose qui est ben mal dérigodé. — Mal fait.
Et. — Ce mot est plutôt le part. pas. d'un verbe
Dérigoder qui n'existe plus. Si l'on réfléchit que,
dans notre patois : Tourner un air, signifie : modu-
ler un air, on saisira aussitôt le rapport qui existe
entre Dérigodé et Tourner. De fait, Dérigoder a dû
signifier d'abord : Moduler ou tourner un Rigodon.
Et pourtant, chose curieuse, ce mot ne s'emploie
plus qu'en parlant des formes, des apparences,
jamais en parlant d'un air de musique. (R. O.)
Derigogué, — gohié, — goillié (Ti., Zig.
157). — 1° (Bg.) Mal derigogué, mal mis. —
2° (Te:) D'humeur enjouée. Il est ben déri-
gohié. Ce qui s'explique ; il est d'un bon tour.
Il Sal. — Dérigoyé. |1 V. Déri. Doubl. de
Dérigodé.
Dérigouliner (Sal.), v. n. — Même sens que
Déribouliner. — Suivre la rigole.
Dérimer (Mj.), v. n. — Déraisonner,
n'avoir pas le sens commun, tenir des propos
peu sensés. Ex. : Tais- té, tiens, tu dérimes. —
Cf. : N'avoir ni rime ni raison. || Autre sens :
Faire disparaître les gerçures de Rime =
gerçure. Lat. Rima, — fente, fissure, sillon.
Sortir du sillon. Cf. Délivrer.
Déringue, s. f. (Craon). — Redingote.
Et. — Faut-il voir là une métathèse, pour :
Rédingue?
Dérinser (Mj., Lue, Mnl., By., Te, Bi.),
v. a. — Déraciner. — (Chf., Lue.) Dérinser
des navets. — V. Défrouer. \\ Oter la terre
DÉRIPÊE — DÊROTER
285
autour d'un gros arbre ou d'une grosse pierre
pour l'arracher. (Sar.)
Et. — Ce verbe n'est nullement une corrupt. du
V. Déraciner ; il est pour Dérisser, dér. dir. du pat.
Risser, de Ris, et doit s'écrire avec un s et non un c.
On dit : « Il a foncé pour couper les ris des frênes
qui mangeaient toute sa terre. » P.-ê. de la même
origine que le grec Ridza, racine. — Dans le Haut-
Maine : couper les épines d'une haie en laissant le
bois franc. Sans doute, ici, pour Déroncer. — Hist.
■< Dont il sera faict cy après mension des noms et
surnoms de ceulx qui les ont défroués et déraissés.
(Il s'agit de iroux ou gâts, transformés en novales
c.-à-d. en terres nouvellement défrichées. » (1415.
— Inv. Arch., G, n, p. 256, col. 2.)
Déripée (à la), loc. adv. — Sur le point de
tomber, de déraper. — V. Dériper.
Dériper (Mj., Lg., By.), v. n. — Quitter
brusquement son point d'appui, s'échapper,
en parlant d'un objet inanimé. — Doubl. du
fr. Déraper. Syn. de Débricocher, Déricocher,
Eriper. || Dévier de sa route ; comme : déri-
ver, dévier de sa rive. (Mén.) || Dévaler, des-
cendre rapidement.
Et. — Déraper, Dé -|- holland. rapen, saisir
(l'ancre saisit le fond). Litt. — « Tu fais passer ta
charrette trop près du fossé, la roue déripera et tu
verseras. » (Jaub., qui le tire de Ripa, rive.) —
Déraper et Dériver n'ont pas le même sens. Le
bateau, après avoir dérapé, peut dériver. — Cf.
l'angl. to Drive, pousser. La forme primit. Dri-
ver, employée jadis et qu'on retrouve encore en
1700, a été remplacée par Dériver, sous l'influence
de Dériver, au sens de : Faire sortir une eau cou-
rante de son lit. (Darm.) Cf. Dévier, sortir de sa
route.
Dérire. — Prosthèse de Rire. Ex. : C'est
pour dérire que je vous dis ça. — Les enfants,
dans leurs jeux, emploient ce vocable et
l'opposent à : pour-de-bon, alors j'écrirais :
pour-de-rire. « Si tu veux, on va jouer pour
de rire, pas pour de bon. » — By., id.
Hist. — Se moquer de. « Les unes choses doit-on
atarger, les autres derire et despire, les autres
apaisier. ■» (J. le Bel. — Gop.)
Déris, s. m. — Les eaux du déris. Les
grandes eaux qui dérivent sur les prairies, —
qui les couvrent. (Mén.) \. Dériver.
Dérision, s. f. — Abondance. C't'année,
j'avons des pommes comme par dérision, —
que c'en est ridicule. || By. En dérision...
qu'c'en est eine dérision.
Dériver (Lg.), v. n. — Déborder, en par-
lant d'un cours d'eau. — Peu usité. i| Se
dériver (Sa.), v. réf. — Avoir la corne du
sabot usée jusqu'à la chair, en parlant d'une
bête bovine. Syn. de s'Egraver.
Et. — Du fr. Rive, parce que c'est le bord du
pied qui s'use d'abord. — Dériver. Limer la rivure
d'un clou pour le faire sortir de son trou. Se
dériver, perdre sa rivure.
Derlindiner (Mj., Lg.), v. n. — Sonner,
tinter, vibrer avec un son clair, comme une
sonnette, une vitre. Pour Drelindiner, du fr.
Drelin, onomat. — Syn. Dinder.
Hist. — a Un tintinnabulemenl de grelots
argentins drelindina dans la vallée. » (Emile Ber-
GERAT. — Annales pol. et litt., n" 279, p. 263, col. 2.)
Derliner, v. n. — Comme Derlindiner.
Dermaishuit, adv. — Désormais. V. De-
mésui, Deineshui, Demeshuit, Dormeshui, etc.
Dérocher (Mj.), v. a. — Raviner, afîouiller,
creuser, déraciner. Syn. de Dégrabouiller,
Dégravouiller. Ex. : L'ousée a tout déroché le
chemin. \\ Mj., Lg. Déterrer, exhumer, sur-
tout un animal. Cf. Enrocher, Déroquer,
Roche.
Et. — Composé du pat. Roche, fosse. Etymolo-
giquement parlant, Dérocher a donc le même sens
littéral que Dégrabouiller. Il a pour contraire Enro-
cher. — On peut aussi admettre l'explication •
détacher un roc en le minant, par afîouillement. —
Hist. « Finablement, trouvèrent une montjoye
d'ordure. Lors les pionniers frappèrent sus pour la
desrocher.. » (Rab., P., n, 33.)
Déroger (Mj., By.), v. n. — Déraisonner,
tomber en enfance. Ex. : Le bonhomme est
ben vieux, mais il porte ben son bois, et pis
qui ne déroge pas d'eine petite miette. i|
Perdre la tête, bafouiller.
Et. — Au propre : Prendre des dispositions qui
sont différentes de dispositious antérieures ou qui
y sont contraires. — De -(- rogare (porter une loi.)
Déronf/er (Lg.), v. a. — Traire une vache
dont le pis est distendu par le lait, surtout
pour la première fois après le vêlage. Se dit
aussi d'une femelle quelconque et des
femmes. Syn. de Dégourmer.
Et. — Dér. du fr. Enfler, Renfler. Cf. Enronfler.
C'est donc Désenfler, Dérenfler.
Déronf/ure (Lg.), s. f. — Action de traire
une vache pour la première fois après le
vêlage. Ex. : Aile a ieu ben du lait à sa
déronflure. V. Déronfler.
Déroqiier (Lg., By.), v. n. — S'emploie
dans la locution : Sans déroquer, — sans se
déranger, d'affilée. Ex. : Il a bu six verres de
vin sans déroquer. Syn. de Déqueuter. \\ Sa. —
Déranger, bousculer. Ex. : « Tu vas tout
déroquer dans l'armoire. — Le Déroquer du
Lg. est le même que celui de Saint-Aug. et
avec le même sens, doubl. du Mj. Dérocher.
Et. — Paraît venir du fr. Roc. — Cf. Roquer,
au jeu d'échecs. — Jeter en bas d'une roche, faire
rouler d'en haut. (Darm.)
Dérôrter (Mj.), v. a. — Défaire la hart, la
rôrte, d'un fagot, le délier. V. Rôrter. Se dit
au Lg., mais on dit plus souvent Déroter.
Et. — Desrioté. Ce mot est formé de Rote,
Riote, ou Riorte, lien de fagot. Il vient de Route
ou Roupie, du lat. Ruptus, une branche rompue
ou coupée dont on se sert pour lier les fagots. »
(L. C). — Plutôt de Retortus. V. Rôrte. R. O. —
Hist. « Pour ce que la chosette, faicte à l'emblée,
entre deux huys, à travers les degrés, darrière la
tapisserie, en tapinois, sus un fagot desrotc, plus
plaît à la déesse de Cypre. » (Rab., P., ni, 18.)
Déroter (Lg.), v. a. — Délier la hart de, un
fagot, une limande. || Lg. — Rafraîchir, faire
passer l'agacement et la constipation d'une
bête bovine enrôlée. Syn. deJ)égacer
Et. — Dér. de Rote ; doubl. de Dérôrter.
286
DÈROUIXE — DESCEXDRIE
Dérouine (Sp., Mj.), s. f. — Sorte de hotte,
en forme de chaise, sur laquelle les chaudron-
niers vitrier-s portent leurs marchandises et
leurs outils lorsqu'ils vont chiner. [| Machine
à repasser les ciseaux se mettant en mouve-
ment avec le pied ; se dit aussi pour vrai
moulin à paroles (Segr.), vx fr. Deresne, chi-
cane. (Mén.) Donnerait l'ét. de Darainer.
Et. — Au premier sens, paraît tiré de Dere,
derrière. — D'autre part je vois que le pat. nor-
mand a Têrouine, peau de cochon dont sont recou-
verts les colliers de la charrue ou l'arrière-selle. Or
je remarque que la dérouine du rétameur est ordi-
nairement recouverte d'une peau garnie de ses
poils. Ce doit être la vraie étymologie et la racine
est le fr. Truie. Du reste ce mot doit nous être venu
directement de Normandie. 11 y a cinquante ans
presque tous nos chaudronniers étaient du dépar-
tement de la Manche. R. 0.
Dérousi (Cho.), s. m. — Saleté. Ex. : « Des
couvreurs jettent les décombres et disent, en
les voyant : Quel dérousi ! Quelle saleté !
Déroute (Mj.), s. f. — Alerte, grande hâte.
Ex. : Fallait qu'ils aillent prendre le train de
huit heures ; ils en ont ieu d'eine déroute ! \
Échauffourée.
Derre (Sa., By.), s. m. — Derrière, arrière.
Ex. : J'avions mis les gorets dans le derre de
la charte. || Par derre, par derrière. — N. Cet
adv. s'emploie à Mj., mais c'est une expres-
sion vieillie.
Hist. — « Derere » dans la Chanson de Roland.
— « Quand je vis tcheu, y passis p'r dâr lé cama-
rades, et y desçondjis dans n-in p-tchit pré tôt
contre le pont de Roch'tervière. Y me cachis
quemm't'y pus le long d'ine ahaie, et, sauf vont'
respect, y mis bas ma tchulotte, avec man fusil à
coûté de ma. «(H. Bocbg., //'"rfe la Grande Guerre,
p. 219.) Cf. Dârre.
Derrrière (Mj., By.), s. m. et prép. —
Retourner sus les buttes de derrière, revenir
sur ce qui a été dit.
Derser (Lg., Mj., By.), v. a. — Dresser. ||
Repasser du linge. — Cette prononc. est
maintenant désuète à Mj.
Dertre (Mj.), s. f. — Dartre. Vieux. — Syn.
de Enderse. \\ By. Derte.
Et. — MÉNAGE cite cette prononc. — P. ê. du
celtiq. — Rad. tarz, éruption ; sanscrit Dardru,
dartre (Litt.).
Dérue (Sp.), s. f. — V. Darue.
Dérunter (Mj.), v. a. — Déranger, détruire
l'équilibre, la stabilité ou la solidité de. Syn.
de Déyoter. Cf. Arunter.
Désabérier (Lg.), v. a. — V. Désabrier.
Désabrier (Lg.), v. a. — Découvrir, ôter ce
qui couvre. Syn. de Débrier.
Et. — Formé du préf. Des et de Abrier. On pro-
nonce souvent Désabérier et, By., désaboérier. —
Sans abri, nu :
— « Nud, ne desabrié
Mort de faim ou de soif
Ne d'ostel desbriâ. » (L. C).
Desagréiab, adj. q. — Désagréable. — By.
Désagrément (Mj.), s. m. — Le 2« e très
long.
Désaguériable (Mj.) adj. q. — Désagréable.
Forme vieillie. Cj. Agréiable, s' Agréier.
Désalter (Mj.), v. n. et a. Déserter. — Cf.
Essaher.
Désamain (ou D'zamain) à (Mj., By.), Loc.
adv. — Du côté le moins commode. V.
Amain. En sens contraire de l'amain. Syn.
de Démain.
Désaquer, v. a. — Défaire la laine tricotée
pour la retricoter de nouveau (Segr.). Ne
serait-ce pas : défaire un sac sous forme de
bas, ou tirer d'un sac? (Méx.).
Désargoter (Lg.), v. a. — Enlever les
onglons de, un porc. Ex. : Pour désargoter in
goret, on illi fait routir les soteilles. \\ V. n. Des-
soler. Perdre ses onglons par décollement, com.
il arrive aux bœufs et aux vaches dans certaines
maladies. Syn. de Dessaboter, Dessoquiller.
Et. — Dér. de Argot, fr. Ergot.
Désart (By.), s. m. — Désert. X. Une
grande ferme de Chalonnes-sur-Loire, dans
les prés, s'appelle Désart ou Desart. A dû être
jadis un vaste désert.
Désarter (Mj.), v. n. et a. — Déserter. On
prononce souvent Désalter. — By.
Désattelé (Lg.), adj. v. — Dont les bêtes
d'attelage sont peu nombreuses ou en mau-
vais état ; qui n'a pas une bonne charrue, un
bon harnais de bœufs.
Désaubée, adj. q. (Br., Li.). — Ta taille est
toute désaubée, ton corsage est tout déchiré.
Et. — Désauber : 1° Oter la robe blanche (alba)
que l'on mettait aux catéchumènes le jour de leur
baptême ; 2° Oter les aubes d'un bateau à vapeur
qui peut aller à la voile. (Litt.).
Desbagouler, v. a. — Dégoiser, raconter.
« Desbagouler ses jolis propos. » (Balz.).
Et. — Tiré du mot Goule. Rac. Bagou, ou
Bagout. — V. Bagout.
Desbouler, v. n. — Débûcher, culbuter.
Et. — Rouler du haut en bas comme une boule.
— Tirer un lapin au déboulé, au moment où il
s'élance hors du terrier d'où l'a fait fuir un furet.
Descende, s. f. — Descente (Lg.). Pente.
On va plus vite à la descende qu'à la montée.
Syn. de Descendée.
Descendée (Mj., By.), s. f. — Descente. —
Côte, rampe. || By. Id. — La montée et la
descendée. — Aux carrières on dit : à la des-
cendée, et non pas à la descente, par similitude
sans doute avec : la montée. — Syn. de Des-
cende.
Descendre (Lue), v. n. — Digérer.
Descendrie (Mj., Tr.), s. f. — Puits vertical
ou galerie en pente, pour la descente des
ouvriers dans les mines par le moyen des
échelles.
N. — « L'autre, le puits de « descendrie », sert,
DËSENCRUCHER — DESSOURCELER
1^1
comme son nom l'indique, exclusivement aux
ouvriers à descendre au fond de la mine. »
(Leroux-Cesbkon. U Etrangère.)
Désencnicher (Lg.), v. a. — Faire des-
cendre, déjucher. Ex. : Attends, va, j'te vas
désencrucher de quel tuilloler (tchuilloler,
tilleul) ! Syn. de Décrucher, Déhucher. Cf.
s'Encrucher, C rucher.
. a. (ou-ferger, Long.). —
By. Pron. Désenfoerger,
Désenfarger,
Désentraver.
feurger.
Et. — Oter les Enferges, les Enfarges des pieds
des chevaux. En vx fr. on trouve Defferger, Def-
farger, et dans Montaigne Désenfarger avec le
même sens.
— « Et saint Liénart qui deffarge
Les prisonniers bien repentants. >>
(Rom. de la Rose.)
— « Le plaisir qu'il (Socrate) eut à gratter sa
jambe après que les fers en furent hors, accuse-il
pas une pareille doulceur et joye en son âme pour
estre désenfargé des incommodités passées. »
(Mont., Ess., n, 11, 142.). — C'est un coureux de
femmes, une tête à l'évent, un poulain déserv-
fargé. » (G. Sand. Claudie). Eveillé.
Désennier (Lg.), v. a. — Désennuyer. —
Ex. : Je vas me promener, ça me desenniera.
Cf. Ennier.
Désennui (Mj., By.), s. m. — Ce qui désen-
nuie, distraction. Ex. : Ça n'est qu'ein desen-
nui de cheintrer les vaches, la ressiée. Vx. fr.
Désennuiement (Tlm., Z. 146), s. m. — Ce
qui est capable de désennuyer, distraction,
récréation, désennui (qui n'est pas fr.).
Désenorter (Craon), v. n. — Se promener.
De serrant. — Si le temps est froid et sec,
on dit que M. de Serrant est arrivé (Mén.).
Cf. Ecacher, Jean des Loges.
Desilloa (Mj.), s. m. — Ardillon, petite
pièce de bois attachée par le milieu au bout
d'une corde, et qu'il suffit de passer dans la
boucle d'une autre corde pour rabouter l'une
avec l'autre ; tresillon. Franc. Etrésillon. —
Syn. et corr. de Tersillon, Arsillon, Terseillon.
Et. — Tresillon. V. Etrésillon, pour : estésillon,
du vx fr. Esteser, tendre, vx fr. teser, du lat. pop.
tensare (cf. Entoiser). — On trouve aussi Tre-
sillon, primitivement Tésillon, morceau de bois
dont on se sert pour serrer deux cordages ensemble
au moyen d'une ligature. » (Darm.).
Désole (Sp.), s. m. — Désolation. — Ex. :
Je l'avais jamais vue dans ein désole pareil. —
Désespoir.
Et. — Désoler ; de -|- solus, rendre seul, désert.
(Tandis que Consoler, de cum -\- solari). Puis il y a
eu réaction de l'un sur l'autre. Le radie, est le
même, d'ailleurs (Litt.).
Désorîner (Mj.), 'V. a. — Démunir d'une
espèce de plantes ou d'animaux. Ex. : Je se
désorinée de lapins. Syn. de Déchancer. || adj.
verb. Dégénère, en parlant d'une plante ou
d'un animal. V. Oriner.
Désouiller (Mj.), v. a. — Faire passer le
dégoût amené par une satiété excessive. Ex. :
Je vas boire un coup pour me désouiller. V.
Ouiller.
Dessaboter (se) (Sa.), v. réf. — Perdre son
sabot, avoir la corne du pied décollée, en
parlant d'un cheval, se dessoler. Syn. de
Dessoquiller, Désargoter.
Dessafrer (Lg.), v. a. — Déchirer, déchi-
queter. Syn. de Essafrer ; doubl. et syn. de
Déchafrer.
Et. — Me paraît dérivé du fr. Safre. Essafrer,
Dessafrer c'est déchirer gloutonnement sa proie.
Déchafrer ne serait qu'une forme corrompue dans
laquelle la chuintante a remplacé la sifflante.
Dessaisonner (Fu.), v. a. — Cueillir avant
maturité, pour expédier en Angleterre, p. ex.
— « La poire de Milan est meilleure quand
al é dessaisonnée. » || (Mj.) Semer une plante
hors de la saison convenable.
Dessert. — By.
— Desservir.
Dessart (Mj.), s. m.
Dessarvir (Mj.), v. a.
Desseniencer (Mj.),
a. — Dégarnir (un
champ) de son emblavure, en parlant des
intempéries ou de la vermine. Ex. : Les
Bureaux sont tout dessetnencés, rapport au
varménier. C'est- le pendant .du fr. Ense-
mencer.
Dessentêrie (Mj.), s. f. — Dyssenterie. Syn.
et doublet de Dyssenterie. || By. — Par : é.
Desserviteurs, s. m. — Autrefois vicaires
des paroisses. (Mén.) Actuell. Desservants. —
Vx fr. Desservitorerie.
Dessetrois (Mj., By.), adj. num. — Deux
ou trois. Il Adj. indéf. — J'ai dessetrois pa-
taches ; — poids de chanvre ; -^ à vendre. ||
Quelques.
Dessident (Sp.), s. m. — Nom que l'on
donne aux membres de la Petite Eglise. Syn.
de Camisard, Petit-Elu. — Corr. de Dissident.
Et. — Dis, séparation : sedere, être assis. Celui
qui s'écarte des règles d'une Eglise.
Dessoquiller (se) (Sa.), v. réf. — Perdre la
corne du pied par décollement, en parlant
d'un bœuf, d'une vache. Se dessoler. Dér. de
Soquille. Syn. de Dessaboter, Désargoter.
Dessos (Lg.), adv. — Dessous. Syn. et d.
de Dessour. \\ Prép. Sous. Syn. de Sour. Ex. :
Le chat est dessos le lit.
Dessour (Mj., By.), adv. et subst. m. —
Dessous. Il Le dessour, — le côté ou la partie
aval. Terme de navigation. || Du dessour,
dans le dessour, en dessour, — en aval. V.
Sour. Il Aller en dessour, voir ses affaires
décliner, déchoir. — Syn. et d. de Dessos. \\
Mj. — Au dessour, — au dessous. — Au
dessour de, — en aval de. En ce sens, on dit
mieux : En dessour de.
Dessourage (Pell., By., Lue), s. m. — Sous-
bois. Il Bourrées. || Action de dessourer. Syn.
de Brousille.
Dessourceler (Mj.
désenguignonner.
a. Désensorceler,
288
DESSOURDINE — DEUL
Et. — Dés, avec le radie. Source, qui se trouve
dans Sourcier, Ensourceler. Cf. Débiller, Déplir.
Dessourdine (Sp.), s. f. — Ne s'emploie que
dans la loc. : A la dessourdine, — à la sour-
dine, en tapinois, en cachette. Syn. de : En
cache-cache.
Dessourer (Pell.), v. n. — Nettoyer un bois,
couper les sous-bois, faire des bourrées.
V. Dessour.
Dessur s. m. — Dessus. Syn. : d'sur, sus. Le
dessur du panier. || (Mj.), Prép. Sur. N. Peu
usité, sauf dans les chansons, quand la
mesure l'exige. C'est le pendant de Dessour.
Dessuroter, v. a. (Ag., By.). — Prendre.
— « Je cherche mon dé ; ben sûr, on me l'a
dessuroté. Cf. Subiter, etc.
Dessus (Mj.), adv. et subst. H Côté ou par-
tie amont. Du dessus, dans le dessus, en
dessus, — locut., pour : En amont.
Desvée, s. f. — Etre en desvée, folle, extra-
vagante. Se disait au xiii^ s. \. Endkvke.
(MÉK.)
Et. — Endèver. Il faut rejeter l'explic. par de-
ex-viare. — Diez propose Dissipare, simple con-
jecture. — V. B'eve.
Desver, v. n. — Devenir comme fou. —
Variantes : Derver, dierver, dever (Goc).
V. Deve.
Det' (Lue), s. m. — Doigt. — Digitus.
Détarder (Sp.), v. n. — Tarder. || V. a.
Retarder. \'. Tarder.
Dételée, s. f. (Lue). — Une dételée est le
travail que l'on fait en labourant sans déte-
ler.
Dételer (Lg.), v. n. — Fig. Abandonner le
travail, laisser sa besogne. Ex. : Les maçons
ont dételé de bonne heure, anhuit. ;; Se ran-
ger, cesser une vie déréglée. « A votre âge, il
serait temps de dételer. Cf. : Etre guéri du
galop, même sens.
Détêter (Lg.), v. a. — Faire passer le mal
de tête à. Ex. : Je prise un peu pour me
dététer. Cf. Entêter.
Détortre (Mj., By.), v. a. — Détordre. Le t
est étymol. lat. Detortum. Tourner d'un
autre côté.
Détour (Mj.), s. m. — Moment ; conjonc-
ture. Ex. : Je le rebaiserai à queuque détour.
Détournâilles (Mj., Sp.), s. f. pi. — Syn.
de Elournâilles, Tournailles, Traversaines.
Détourne (Sa.), s. f. — V. Harbe, Herbe à la
détourne.
Détrancher (Sp., Mj.), v. a. — Donner à la
terre labourée d'un jardin une seconde
façon au moyen du pic ou de la houe, de la
tranche, sorte de bêche (truncare, * trincare).
N. — LiTTRÉ donne : Délranger, bouleverser la
terre pour faire la guerre aux taupes. — Cela
semble une corrupt. de notre mot patois. A moins
que l'on n'y voie, avec Darm., Dé -|- Etranger,
éloigner.
Détraqueter (Mj.), v. a. — Détraquer. ||
Démantibuler. Cf. Décrocheter. Syn. de
Déferloquer.
Et. — Dé + traquer ; proprement : Détourner de
la trace, — traque, prononc. picarde. — « Trac, a
deux sens : 1° allure du cheval (rac. trac, aller,
marcher, qui se rencontre dans presque toutes les
langues germaniques ; cf. Tracasser) ; 2° trace,
piste. (SCHELEE.)
Détrajer, v. a. (Mj.). — Sevrer un enfant,
opposé à traire. Syn. et d. de Détrier.
Et. -\- Détrier, retirer de nourrice : « Les Juifs ne
les Romains ne les sevroient, ne detrioient qu'ils
n'eussent trois ans. (Bouchet. Sérées, n, 322. —
L. C.) — Détrier, Déterier. Renvoie à Trier, sépa-
rer. (Jacb.) — Sevrer. D. C. Districare, pour
Extricare. Lat. Districare. « Notre hostesse de
nourrice, ayant bien remarqué ce qui avoit esté
dit pour faire tarir les nourrices, va demander
combien de temps on devait laisser teter un petit
enfant. A qui il fust respondu qu'on trouvait aux
Machabées et es lois romaines que les Juifs... »
(Comme plus haut. G. Bocchet. — Guillemact.)
' Detre. — Droite. Le détrier est le bœuf
attelé à la droite de la charrue. (Mén.) — C'est
le fr. Destrier. Dextre et Senestre ; droite et
gauche.
Detré, adj. q. — Avant d'avoir le droit
d'être nommé perreyeurs, il faut être detré,
au prix de 150 francs. (Mé>-.) — Je suppose :
Guêtre, muni de la guêtre ou des guenilles
fixées autour de la jambe qui protègent le
fendeur d'ardoises.
Détremper (Mj., By.), v. a. — Délayer. ||
V. n. Se délayer. Ex. : Ça me breuye dans le
ventre ; c'est la foire qui détrempe. Prov.
Détribouler (Lg.), v. n. — Dégringoler,
tomber d'une certaine hauteur en roulant sur
soi-même. Syn. de Tribouler, Déribouler,
Décrimbaler, Décrabasser, Décrabaler, Dégrô-
ler, Débricocher, Décrapucher.
Détrier (Mj., Lg., Q., Do.), v. a. — Sevrer,
un nourrisson. Je vas détrier mon poupon. ||
Fig. Déshabituer. Syn. de Etrier. Cf. Détrayer
et Trier. — jArs. — V. le suivant.
Détriller (Sal.). — Faire perdre une habi-
tude. Se dit surtout pour le lait. Détriller un
enfant, un jeune veau. — Je préfère Détrier.
Détruire (se) (Mj., Lg.), v. réf. — Se suici-
der.
Deugnet (Lg.), adj. q. — Difficile, délicat,
dégoûté. Ex. : La grand vache jaune aile est
deugnette pour boire. Syn. de Dangeureux.
Et. — Doublet du fr. Douillet, mais avec un sens
différent.
Deul (Lue, By.), s. m. — Deuil, chagrin. —
Tu me fais ben du deul. -^ Cf. Deil.
Et. Hist. — xi«, doel ; xn«. duel : xi\-«, deul ;
xvr, dueil. (Litt.) — Lat. Dolium.
« Femme n'aras pas à ton eulx
Mais diverse et de dur langage ;
A donc te croistra tes deuls. »
(E. Deschamps, f" 242. — L. C, qui cite 25 ma-
nières d'orthographier ce mot.)
DEUMEAU — DÉVARINE
289
Deumeau (M,j.), s. m. - — V. Demeau.
Deurinési (Craon). — Désormais. V.
Demeshui, etc.
Deusse (Mj.), adj., n. c. — Mauvaise pro-
nonc. de deux. — Cf. Dessetrois.
Deuzio (Mj.), adv. — Secundo, deuxiè-
mement. Ne se dit qu'en plaisantant, par
compar. avec Primo.
Deva, V. n. (Lm.). — Un malade qui
s'aiïaiblit : deva ; il s'en va. C'est : aller mal
(MÉN.)
Dévalant, part. prés. — En dévalant, en
descendant du côté du val, — une pente. —
By.
Hist. — « La haie ou bois en dévalant l'eau, sous
le moulin des Essarts, formait la départie des
paroisses de Loire et d'Angrie, en 1765. » (Mén.)
Dévalée (Mj., Lg., Lue), s. f. — Pente, des-
cente. — On dit : A la dévalée, ou : à la d'valée,
à la descente. Ex. : Ça va le diable à la
dévalée. — Au fig. : Ça va trop vite, en pari.,
p. ex., d'un liquide qui bout, d'une chose qui
se fait trop fort. (Ag.) — ■ La rue qui longe le
Jardin des Plantes est surtout connue sous le
nom de la D'valée Saint-Samson, ou sim-
plement : La D'valée. (By.) — Mieux :
h'avalée, — elle descend. Mais non : la vallée,
comme on le pense.
Dévaler (Ag., Lue, Sar., Th., By.), v. n. —
Descendre. || Sal. — Descendre en suivant le
courant, || Lrm. — Descendre une côte, c'est
dévaler
Hist. — Ronsard, Ode, in, 1. IV.
— « Ne scais-tu pas qu'à (tout) chacun
Le port d'enfer est commun,
Et qu'une âme impériale
Aussytost là-bas dévale.
« On luy attachoyt un casble en quelque haulte
tour pendant en terre. Par iceluy avecques deux
mains montoyt puis devaloyt si roidement. . . que
plus ne pourriez parmy un pré bien égualé. »
(Rab., g., I, 23.) — « Et puis le voir de là en trois
jours dévaller. » (J. du Bellay.) — Se trouve dans
Villon, Balzac. — « Je semble au mort qu'en la
fosse on dévale. » (Ronsard.) — Dans une moralité,
Dieu le père s'adresse ainsi à Raphaël :
« Raphaël, il me vient à gré
Du povre ladre visiter ;
Pour ce te convient dévaller.
Là-bas à lui incontinent. »
(La vie du mauvais riche. — GuiLLEMAUT.)
Devance (Lg.). — A la devance, au devant
de. Ex. : J'ai été à leux devance. Syn. de
Redevance, Eredévance (premier e nul).
Devanirade (Segr.), s. — Etre en devani-
rade, c'est se mettre en bamboche. (Mén.)
V. Dévarine.
Devant (Mj.), s. m. — Celui (jui précède.
Ex. : Il allait le devant. Syn. et d. de Davant. \\
Pour : devanteau, devantière, ou devanlôre,
devantier. (Mén.) || (Mj.) En devant, loc.
adv., — devant, par devant. Ex. : Aile allait
toute seule en devant. \\ En devant de, — loc.
prép., devant. Ex. : J'étais assis en devant de
ieux. Il De devant, — d'avant. Ex. : Le
dimanche de devant la Pentecoute. (Lg., By.)
Il D'auparavant. Ex. : Je nous sommes
mariés dans la semaine de devant. \\ Devant
soi, — à sa disposition. Ex. : 11 a de l'argent
devant lui. jj Lg. — On fait suivre ce mot de la
prépos. de. Ex. : Il allait devant de moi. jj
Devant de cheminée (partout), s. m. Pan-
neau mobile dont on bouch:; u:.e cheminée. —
By.
Devantage (Mz., Rg.). — Devantage de, —
plus de.
Devanteau (Mj., By., Lg., Lue, Sal.), s. m.
— Tablier, devantier .(Li., Br.) Id., avec
corsage.
Et. Hist. — Dér. de Devant. — Syn. de Dorne,
Devantière, Gorinier. — « Je vis qu'elle deschaussa
un de ses esclos (nous les nommons sabotz), mit
son devanteau sus sa tête. . . » (Rab., P., m, 17.) —
« Ceux qui, parmi les jeux, refusent les opinions
sérieuses, font, dict quelqu'un, comme celui qui
craint d'adorer la statue d'un saint, si elle est sans
devantière. » (MoNT., Ess., m, 359.) Litt. — m Tire
de sa sarcote quelques pièces recousues et plus
sales que le devantail d'un cuisinier. » D. C. V"
Perizonium. — « Si Mélusine nous est d'abord
apparue dans la clarté lunaire, c'est encore ainsi
que le peuple se l'est représentée, portant dans sa
« dorne », dans son devanteau de mousseline les
matériaux qui lui sont nécessaires. » (La Tradit.,
p. 216, 1. 17.)
« Ton devanteau.
Ma tieusinière.
Ton devanteau.
Il est salaud.
Il faut d'ia cendr', i faut d'ia sau (du sel)
Pour laver ta devantière,
Il faut d'ia cendre, i faut d'ia sau
Pour laver ton devanteau. »
( Vieille chansonnette. — Guillemaut.
Il Devanteau (à My.).
Devantiau (Sar.). — V. Devanteau.
Devantière (Sp., Lg., Lue), s. f. — Tablier
de femme, devantier. Le fr. emploie ce mot
dans un sens qq. peu différent. V. Devan-
teau, Dorne. — Prononcer : devanquié,
devanquière. || Ne pas confondre avec
Devant hier, où l'on fait sonner le t, Devan-
tière, avant hier.
Hist. — « Qu'est-ce mitrons? ô pauvres igno-
rants ! les garçons boulangers sont ainsi nommés
parce qu'ils n'ont point de haut de chausses, mais
seulement une devantière. . . et le devanteau. »
(BÉB. DE Verville, M. de parv., n, 28. — Jaub.'
Devant que de, loc. conj. Devant que £
veni (r), — avant de venir. Voir Devant.
Devarier (Lg.), v. n. — Décliner. Se dit des
personnes, des bestiaux, des récoltes. Ex. : La
trèfle a bé devarié dempis quinze jours. Syn.
de Décaniller, Dequeniller.
Dèvari!;on«ler (Lg.), v. a. — Dévergonder.
Cf. Variglds.
Et. — Plus rapproché que le mot fr. de l'origin.
lat. : de-verecundia, enlever le sentiment de la
honte, de la vergogne.
Dévarine (Z. 139., Sa.), s. f. — S'emploie
19
290
DÊVARTIR — DEVIN
dans la loc. : Etre en dévarine, — être en noce,
faire la noce. Syn. de : Etre en bombe, Ber-
dindaine, Déhane, Débine, Dévanirade, Guin-
guette, Riole, Cigale, Dondaine, Verdée, Tri-
noche. j| Lx. Zig. 149. — Désordre. Mettre à
la dévarine, — mettre en désordre, à feu et à
sang, à quatre.
Oévartir (Mj.), v. a. — V. Divarlir.
Dévartissement (Mj.), s. m. — Divertisse-
ment.
Dêve (Mj., Sp.), s. f. — S'emploie surtout
dans l'expression : Faire la dêve, — faire le
diable à quatre, faire du tapage ; badiner,
batifoler, folâtrer avec bruit. || Que la dêve, —
en grande quantité. Ex. : Y a des poumes que
la dêve, cette année, — que c'en est une déri-
sion. Syn. de : Que le diable. — N. A noter que
Endémené (de Démon) a le même sens que
endêvé.
Et. discutée. — Est-ce un doubl. du fr. Diable ;
ital. Diavolo ; lat. Diabolus ; ail. Teufel ; angl.
Devil? Il est la rac. du fr. Endêver. — Diez a pro-
posé Dissipare. V. Desvée. — C. Port affirme Diva,
Indivare. Répondrait à Enthousiasmer (théoç).
Dévenancée'JMj.), s. f. — Flot de liquide.
Dévenancer (Br., Mj., Sal.), v. a. —
Répandre, verser, laisser échapper le contenu,
déverser. || Tomber (By.).
Devenir (Mj.), v. n. — S'emploie généra-
lement avec à. Devenir à, en venir à. Ex. : Il
va devenir à ne pus entendre. Ça va devenir à
ren. || Venir. — Ex. : Irez-vous à la ville? —
J'en deviens. Sens inconnu à Mj. !| Lue. —
Dépérir. || Mal venir, s'amoindrir ; se déjeter.
Il est tout dévenu (é fermé) par les fieuvres.
Déventer (Sp.), v. a. — Présenter au vent
la tranche des ailes d'un moulin.
Dêver. — Qui a formé Endêver. V. Dêve.
Et. Hist. — Perdre le sens : » Cil chastelains est
desveiz ; se nous le voulons croire, il nous fera tous
mourir de maie mort. » — • « Atant se parti du roi
comme une rfes(.'ée. » (Blanche de Castille.)
« Au roi Charboucle est venu la novele,
Con il entend qu'à poi il ne desve. »
(L. C.) — « Desvier — deviare : « Bone gens, ares-
tés ; quelle cose vous est avenue ? Pourquoy vous
desvyez-vous ensi? (Egarer, troubler. — Fkois-
SABT.) — Desipere, de-ex-ripare (aller à la dérive,
comme : delirare, sortir du sillon, délirer.) D'' A.
Bos. — Desvé, diswitted :
« Respunt irez Charles li reis,
Si très marriz et si desvez,
Por poi ne s'est toz forsenez. »
BÉN., Chron. de Norm. — MoisY, qui le fait venir
du vx norm. desveer, dévoyer. Via a donné au fr.
voie, d'où : dévoyer, et au norm. veie, d'où :
desvéier, desvéer.
« Bien ressemble femme desvée
Tote enragiée, eschevelée.
(Benoît DE Sainte-Maure, Roman de Troie.)
« Diva, feit-elle, es-tu desvez
Ou de ton sens si forsenez
Que tu n'as mes (plus) cure de toi? » Id.
(Devillard.) — Diez : de desipit = desve, d'où
un nouv. verbe, desver, derver. (Constans.)
Dévers (Mj.), s. m. — Pente, côte, flanc
d'une colline. Ex. : Noutre vigne est dans ein
dévers à regarder en galarne, aile est ben
gelante. || Tendance à se renverser, manque
d'aplomb. Subst. verb.de Déverser. Ex. : La
poudre (poutre) a du dévers. \\ Inclinaison. i|
Dénivellation. || Contre-bas, escarpement,
revers. || (By., Sal.) Tenir le dévers, empêcher
de verser, de tomber sur le côté. Ex. : Tiens
ben le dévers ! \\ Dévers de main, claque
envoyée subitement à qqn qui ne s'en défiait
pas. V. Vire-main. Mj. A citer la vieille chan-
son de deux ivrognes :
Tiens ben le rfécers-eu
Jamais je ne mangerons tout. bis.
Ma femme est soûle, eu
Et moi je ne tiens pas debout, bis.
Et. et Hist. — Dévers, qui n'est ni droit, ni
d'aplomb. Un mur dévers. |; Terme de charpente.
Le dévers d'une pièce de bois en est le gauchisse-
ment ou la pente. Il faut marquer ce bois suivant
son dévers. (LiTT.) — Le dévers d'un rail, excès de
hauteur du rail extérieur sur le rail intérieur, qui
incline le train en dedans de la- courbe pour com-
battre la force centrifuge. (Darm.) — Cette char-
rette de foin versera, si vous ne tenez pas le dévers
avec vos fourchots. (Jattb.) — Deversus, tourné
d'un côté. D'où Déverser, pencher, incliner.
(ScHELER.) — Autre mot. V. Devers.
« Puis s'augmenter devers la fin du jour. »
J. DU Bellay, Les Amours, p. 187.
Devers (Mj.). — Prépos. Le l^r e muet. —
Vers. Ex. : Ça sera devers lundi de l'autre
semaine que je ferons tuer noutre gourin. I!
Comme devers, à peu près vers. Ex. : C'est
comme devers Pâques, qu'elle est morte. — Il
est devers onze heures. V. Dévers, s. m.
Déverser (Déversé, ou Dévarser.) (Mj.),
V. a. — Renverser, retourner, culbuter. ||
Faire tomber. Ex. : Je te l'ai déversé les quatre
fers en l'ar ! — Y a ieun des soûlauds qui a
déversé l'autre dans le foussé.
Et. — C'est le mot fr. pris dans un sens spécial.
— N. On prononce la 2« syllabe très brève.
Dévesser (Sp.), v. a. — Réprimander,
morigéner, gronder, rabrouer. V. Vesse.
Dériander (se) (Lg.), v. pron. — Maigrir,
dépérir. Se dit surtout des animaux.
Déviauler (Cz.), v. réf. — Vas-tu bentout
te déviauler, cesser de fainéanter ; par ex. à
qqn qui reste trop tard au lit. C'est ne plus
faire le vieau, le veau. Cf. La Foxtaixe :
« Tandis que ce nigaud comme un évêque
assis,
« Fait le veau sur son âne et pense être bien
sage. »
Dévidette (Lg.), s. f. — Sorte de cannetière
à faire les épelles mécaniquement. Langue des
tisseurs. Du fr. Dévider.
Devin (Lg.), s. m. — Sorcier, Syn. de Sour-
cier.
Et. — Divinus, celui qui a des clartés divines.
(LiTT.) — Théologien ; savant en divinité, en
théologie. (L. C.) — Hist. « Dès qu'on voit une
personne atteinte d'une maladie un peu extraordi-
naire, on court chez le devin, on le conjure de sou- ,'iJ
DEVINAILLE — DIABLE
291
lager le malade. » (Boxjrniseatj, cité par DEîHAtr,
Hist. de la Vendée, I, 49.)
Devinâille (Mj., By.), s. f. — Enigme. Ex. :
Devine, devinâillle ; Qui pond sur la paille?
— Ce distique sert toujours d'entrée en
matière. — V. au Folk-Lore, viii.
Devinée (d'vinée) (Mj., By.), s. f. — ■ Lubie,
idée ou dessin peu raisonnable. Ex. : En velà
eine devinée! \\ By. N'avoir guère de devinée,
— d'idée, d'intelligence. Syn. de Devinoire.
N. A Mj. on dirait plutôt presque : devinée.
Devinoire (Mj., By.), s. f. — Ingéniosité,
esprit d'invention, pénétration. — Syn. de
Gingin, Ingénie. Cf. Comprenoire, Pensoire.
Devir° (Sp.), v. a. — Devoir, être rede-
vable de. Ne s'emploie qu'en ce sens. — A
vieilli. Dér. dir. du lat. Debere.
Déviration, s. f. — Sens dessus dessous,
bouleversement. « Ils ont tout mis en dévi-
ration chez moi.
Dévire (à la) (Lue). — Sens dessus dessous.
Dévire- main, s. m. — Une gifle. J'vas l'en-
voyer un dévire-main ! — V. Dévers.
Dévirement (Mj.), s. m. — Billebaude,
confusion, désordre.
Dé virer (Lue, My., By.), v. a. — Chavirer,
renverser. Ex. : Il l'a déviré cul par sus
pointe, — les quatre fers en l'air, !| Retourner.
— Ex. :I1 a déviré ses poches. — I dévirait les
yeux. Il Dévirer ses guêtres, mourir, passer de
vie à trépas. || v. réf. Se renverser, tomber. ||
Se retourner brusquement. Ex. : I s'est déviré
sus moi eine secousse, j'en ai ieu peur. || v. n.
Tomber à la renverse. Fr. Virer. || Bousculer,
déranger.
Et. — Augment. de Virer. — Retourner sens
dessus dessous. — Détrevirer, même sens. — Aucun
mot du fr. moderne ne peut rendre exactement
cette expression. Trevirer signifie : tourner sens
dessus dessous. La syllabe dé, dans cette circons-
tance, devient augmentative, au lieu d'être,
comme dans une foule de mots, soustractive ou
oppositive. La signification de Détreviré est donc
facile à saisir, sinon à rendre. C'est un esprit à
l'envers, un fils de famille dissipateur, un zouave
qui ne connaît que le plaisir et le combat, ou bien
un poète qui se met à genoux devant une fleur. On
voit que Détreviré peut toucher à l'idéal et s'appli-
quer à l'âme qui se tourne vers le ciel, ou à celle qui
ne s'attache qu'aux plaisirs les plus grossiers. —
Détreviré signifie aussi : mettre à l'envers. Ainsi, la
culotte du roi Dagobert était détrevirée. (Beattchet-
FiLLEAU, de Chef- Boutonne, cité par Favre.)
Déviroler (Mj.), v. a. — Renverser. || v. n.
Tomber. Dimin. de Dévirer. Culbuter.
Dévise (Mj., By.), s. f. — Sorte de bonbon
en forme do cornet au fond duquel est fixée
une petite bande de papic-r roulée qui porte
imprimé un distique en vers, aussi mauvais
que la pâte du bonbon. || Lg. — Malice, sub-
terfuge, prétexte inventé pour tromper.
Syn. de Rubrique, Déblâme.
Devise (Lue), s. f. — Jalon.
Et. — Devise, de Division ; d'où idée de tracer,
de dessiner. — Un jalon porte ordinairement un
carré avec des divisions. — Peut-être aussi de ce
que le géomètre vise un but par ce moyen. Confu-
sion entre les deux. (Litt.). — Cailloux servant de
limites ; borne qui sert de limite aux champs.
(G. DE GUER.)
Dévitorser (Sp.), v. a. — Lancer avec
raideur, par un mouvement de torsion parti-
culier du bras. Ex. : Il illi a dévitorsé eine
tape par la goule. — Il a jeté sa boule en
dévitorsant.
Et. — Je vois bien la rac. de Torser (torquere,
torsum) ; mais Dévi? Dévier?
Dé voir, s. m. (Mj.). — En dévoir de, en
train de. Ex. : Aile était en dévoir de tirer ses
vaches. — A Sp., on dit dans le même sens :
En chantier de.
Dévorée (Sa.), s. f. — Grand repas, festin,
bombance. Se dit qq. peu à Mj. — Syn. de
Gueuletoiv.
Dévorer (se) (Lg.), v. réf. — Eprouver de
vives démangeaisons.
Dévot' (Mj.). — Dévot. Cf. Délicat' N. —
La f"^ syllabe est muette.
Devotieux, (Mj.-), adj. q. — Dévot. || By, é.
Dévouer (Sar.), v. a. — Dévider, dépelo-
tonner.
N. — Dévouyer (ouiller), tourner rapidement
un travouil ; dérouler une corde, dépelotonner du
fil. - By.
Dévouiller (Craon). — Aller vite. Une
fois commencé, ça va dévouiller. Cf. Travouil.
V. Dévouer. Cf. Dévrouiller.
De vrai. — Loc adv. Vraiment ; ce que je
dis est la vérité. Interrog. De vrai ? V. Vrai.
Deyot (BL, Mj.), s. m. — Petit linge dont
on enveloppe un doigt malade, brûlé, coupé.
V. Deillot. N. Le t final est souvent sonore.
Déyoter (Sp., Lg.), v. a. — Décaler,
détruire l'équilibre de, déranger de son
aplomb. Contraire de Ayoter ; composé,
comme lui, de Yot, Yoter. Syn. de Dérunter.
Dézubler, v. a. — « Dézubler son chapeau,
c'est mettre son chapeau. R. difiibulare, —
et affibulare, c.-à-d. s'affubler de son chapeau.
(Mén.). V. Dexubler, Défublé.
D'hic et de Iioe. loc. adv. (Q.). — Avec
difficulté, cahin, caha ; comme qui dirait : de
ci, de ça.
D'Iiiii, Dui. — Pour : aujourd'hui.
Diabète (Mj.), s. f. — Ex. : Il avait la dia-
bète. N. On prononce souvent Diabète. Syn.
de Buvette.
Diable (Mj., Sp., By.), s. m'. — Sorte de
vase de terre avec couvercle dans lequel
on fait cuire à l'étouffée des marrons ou des
pommes de terre. « Ainsi nommé parce
qu'il concentre la chaleur et constitue une
sorte d'enfer. (Gtjillem). » || Grand insecte
coléoptère, appelé à Mj., Biche. \\ Petit
véhicule très bas pour le transport des
pierres de taille, des barriques pleines, etc.
292
DIABLEMENT — DIFFAMER
Dans ce dernier cas on l'appelle aussi Poulain.
Il Et, au contraire, chariot à roues très hautes
pour le transport des troncs d'arbres, jj Pell.
— Syn. de Erussoire. \\ Mj., Sorte de herse,
formée de dents très courtes fixées au-dessous
d'une boîte oblongue que l'on remplit de
pierres et qui est traînée perpendiculairement
à sa longueur. || Que le diable, loc. adv. —
beaucoup, fort, extrêmement. Ex. : Va y
avoir du vin que le diable. Syn. de : Que la
dêve, tant que la dêve. || Pas diable, — pas
merveilleux (Lg.). Ex. : Il n'est pas diable,
quiô vin. || Le diable m'ampute ! Pron.
m'ampue. || Le diable me brûle ! |1 Sorte de
juron. Il II criait comme si le diable était après
li. Il Nombreux proverbes : Vaut mieux tuer
le diable que le diable vous tue ; — On ne peut
pas peigner un diable qui n'a point de
cheveux ; — Ça va le diable à la d'vaUe, etc.
Il Syn. de Grattaud, Pipet.
Diablement (Mj.). adv. Très. — C'est dia-
blement bon, mauvais.
Diâbler (Mj.), v. a. — Suspendre sous un
diable, une pièce de bois. || Herser, avec un
diable, une pièce de terre.
Diablerie. — « La diablerie de Saumur,
c.-à-d. la passion à personnages, ainsi appelée
apparemment par rapport à cinq ou six
démons qui y jouent un rôle. « (Le Duchat,
Notes sur Rabelais, t. IV, p. 58.). Il en
dérive le prov. : Faire le diable à quatre. —
La Diablerie de Doué, — id. iv, 60, note 9.
Diablutou (Mj.), s. m. — Diablotin.
Diâbresse (Mj.), s. f. — Diablesse. Forme
atténuative, régulièrement employée par les
femmes.
Diâche (Mj.), s. m. et interj. — Diable,
diantre, bigre. Ex. : Ceté diâche de gamin-là.
Syn. de Diâtre.
Et. — C'est une corr. du fr. Diable, c. Diantre,
un -de ces jurons atténués si communs dans le
patois. V. Dis, Dious, Bleu, Gouet, Dougre, Sarché.
Diacre, s. m. — Plante qui croît au milieu
des prairies. V. Roulée.
Dialogue (^Ij.), s. m. — Discours, commen-
taire. Ex. : « Il a causé pus d'eine heure de
temps tout seul; il en a fait d'ein dialogue/ »
— Syn. de Délibéré, Chapitre, Déjail.
N. — Bernard de la Monnoye, dans son édi-
tion des Noëls bourguignons, rapporte qu'un doc-
teur faisait venir ce mot du nom de l'ânesse de
Balaam, nommée Logos, parce qu'elle parla lorsque
son maître, la battant de toute sa force, lui criait
Dia pour la faire avancer. (Paris, Lavigne, 1842,
ou, comme le dit la traduction : Cheu stu don j'ai-
mon bé le ju, — chez celui dont nous aimons bien
le jus.)
Diamant (Tr.). — Cristaux de sulfure de
cuivre que l'on trouve incrustés dans certains
échantillons d'ardoise.
Diane (Tlrn.), s. f. — '^Maîtresse, catin,
p , ribaude, femme de mauvaise vie. Syn.
de Pouffiasse, Catau. Prouonc. Yane ou
Guiane. N. Serait-ce un souvenir de Diane de
Poitiers?
Diarès. — Pâtisserie faite au sucre, en
vogue vers 1820. (Affiches d'Angers, 1820).
Serait-ce une idée de denrée? (Mén.). — Non,
c'est le Guillaret, de Nantes, connu chez nous.
Diâtre (Lg.), s. m. — Forme atténuative
pour Diable. Ex. : Quio diâtre de gars ! Doubl.
de Diâche et du fr. Diantre, adj. q. —
Méchant, endiablé. Syn. de Endetté.
Dicter (Mj., By.), v. a. — Rédiger, écrire.
Ex. : La lettre était vrai ben dictée, très bien
tournée.
Hist. — « Et luy monslrerent le dicté de Rami-
nagrobis. Pantagruel l'avoir leu et releu, dist... »
(RAB.,P.,m, 29,280.).
« J'ai veu l'escript très docte et entendu
« Que m'as mandé pour me mesler aux dieux,
« Mais pas n'est tien, l'as pris en d'aultres lieux,
« Va, va le rendre à l'homme vertueux
« Qui l'a dicté...
(G. C. Bûcher, 237, p. 321.)
— c( Car mort ne va les œuvres abbatant.
« Et mortel est cestuv-là qui les ditte. »
(Cl. MÀrot, p. 231.)
— « Je me suis entremis de dicter et croniquer
cette histoire. » (Fkoissart, m, p. 1. (L. C).
— K I endyte, i wTite. — Write thou, and i will
endyte : tu escriras et je composeray, ou : je dic-
teray, ou je coucheray le langaige (Palsgrave.)
Composer, rédiger, exprimer sa pensée par écrit.
Horace a dit : Dictare versus, pour : composer des
vers, et Suétone : dictare actionem, pour : com-
poser un plaidoyer. On dit en pat. norm. : Voilà
une lettre bien dictée. » — « Je ne sais dicter une
lettre. » Au moy. âge, on appelait dictée un récit,
une histoire, etc., recueillis par écrit :
« Je parole à la riche gent
« Ki ont les rentes et l'argent,
« Quer por els sunt li livres fez.
« E bien ditez et bien retrez.
(Wage, Roman de Rou.)
— « E si n'estoit homme vivant
« Mielx dictant ne mielx escrivant. »
(Pet. poèmes du Mont Saint- Michel. — MoiSY.).
Dictons sur l'Anjou. Voir au Folk-Lore, V.
Didi, Didit' (guiguite) (Mj.), s. m. — Petit
doigt d'enfant. Mot enfantin, formé par rédu-
plicalion de la première syll. du lat. Digitus,
doigt.
Dié (Mj., By.), s. m. — Dieu. Par dié, pour :
par Dieu. Par dié oui. — Prononc. souvent
Parguié. (Lg.). — Syn. de Zieux, Dien, Dis,
Bleu, Gouet, Dious, Zié, Zien, Gouatte.
Dien (Lg., Tlm.), s. m. — Dieu. Forme
atténuative employée dans les jurons. Ex. :
Nom de Dien. — Le montj. Dienne en est la
forme fémin. — Cf. Bleu, etc. — Sacrédienne.
Dieu (Mj.). — Dieu de Dieu ! Exclamation
très employée pour marquer le dépit, rimpii-
tience, la surprise. Elle n'est pas considérée
c. un jurement.
Diffamer, v. a. (Mj.). — Rendre affreux,
horrible, au physique. || Blesser affreusement,
abîmer.
N. — C'est le fr. Diffamer, dont la signification
DIFFÉREMMENT — DIRE
293
a été transportée d'une très curieuse manière du
moral au physique.
Et. — Di, qui marque retranchement, et fama,
réputation, avec a long.
Hist. — « Décédé de cette nuict dernière de mort
pitoyable, pour avoir esté diffamé en le visage par
un chien enragé. (1648. — Inv. Arch. E, ii, p. 228,
col. 1.). — « Et voylà l'ouvrage gasté et diffamé. »
(Rab., P., II, 15, 1.52.)
Diflféremmeut (Mj.). — Diiïéremment que
ça, — sans cela. Ex. : Faudra mettre deux
pistoles ; différemment que ça, j'allons point
faire affaire. — Cf. Autrement.
Différente (Pc, By.), adj. — Indifférente,
« C'te fille-là n'est point différente », c-à-d.
elle n'est pas désagréable à voir. Dans le
même sens : A n'est point abjecte.
N. — Il y a ellipse -. Elle n'est point différente
d'une autre qui est bien. — A moins que, tout
simplement, la première syll. de : indilTérente se
soit soudée à la dernière de point.
Digane (Sp., Do.), s. f. — Charogue. ||
Viande de mauvaise qualité. Syn. de Querrée.
C'est le montj. Guégane. Cf. Digue, Digoiner.
l>igeon-jon (By.). — V. Canard.
Digoine (Sal.), s. f. — Etre en digoine. —
Avoir le désir de briser, de mordre. On dit,
en un seul mot : être endigoiné.
Digoiner (Tlm.), v. a. — Lacérer, déchi-
queter, arracher par lambeaux, dévorer à
belles dents. Ex. : Il a bentout ieu fait de
digoiner son calot. — Syn. et d. de Dégoiiier,
Ligoiner. Cf. Mâcouiner. \\ Lg., Se digoiner, se
disputer. Syn. de se Dagoler, se Diguenâiller.
Et. — CoTGRAVE enregistre Dignoner, piquer,
comme un mot normand. Cf. Digon et Digot, tige
de fer pour retirer les coquillages du sable, ou : fer
barbelé adapté à une perctie pour harponner le
poisson. — GoDEFROY : Digart, éperon. — Dottin ;
Digonner, quereller continuellement. — Diguer,
piquer ; diguet, bois pointu (G. de Guer. ). || Dér.
de Diguer, comme le prouve le pat. norm. Digun-
ner, piquer, pousser.
Digue (Lg.), s. f. — Charogne, carne. Syn.
de Cargne, Digane, Guégane, Querrée, Quéquée.
Abrév. ou rac. de Digane.
Diguenâiller (guiguenàiller (Mj.), v. a. —
Tirailler, secouer violemment en tous sens.
Il V. réf. Se tirailler. || Sp. — Fig. — Se dis-
puter, discuter avec violence. Syn. de se
Dagoter, se Digoiner. \\ My. — Diguenaillé,
déguenillé. Cf. Dépenaillé, nillé.
Et. — Ce mot me paraît être pour Dilenailler,
formé du préf. Dis, qui marque division, sépara-
tion, et du fr. Tenailler. La substitution de la gut-
turale gue à la dentale paraîtra moins impro-
bable si l'on rapproche Diguenâiller de Décaque-
nassor, dans lequel cette même substitution parait
indéniable. — Toutefois il est plus probable que
c'est un fréquentatif de Digoiner, et qu'il vient de
Digane ou Guégane.
Diguer (Auv., Jm.), v. n. — Broquer,
donner des coups de cornes, en parlant d'une
vache. Syn. de Comailler. — Voisin de l'angl.
to Dig. — Cf. Dagoter. Daguer? Digoiner.
T\\ — Diguer (to dig, to dygge, Palsgr.) aiguil-
lonner, piquer avec le diguet, nom donné en patois
à un morceau de bois très court, taillé en pointe,
dont on se sert pour faire avancer les ânes. » —
« I faut crere que ch'est Satan qui Vdigue. » — Le
fréquentât, est Digonner. « N'eurent les mouches...
moyen de la (jument) poindre ni digonner. » A
Guernesey les fabricants d'éperons s'appellent
Digards. (Moisy.).
Diguet (diguète) ou Dillet (Sp., Mj.). —
Morceau de bois pointu ; plantoir. V. Diguer.
Piquet qcque.
Hist. — « Alors, dist Gargantua, qu'on fist de
vostre nez une dille pour tirer un muy de merde » .
(Rab., p., i, 11, 27.). — « Autant que vous en
tirerez par la dille, autant en entonneray par le
bondon. » (Id., ibid., ni, Prol, p. 212.).
Dimanche (Mj.). — Au plur. Habits des
dimanches. Ex. : Il était encore dans ses
dimanches quand le feu a épris ; il s'est con-
fondu. — Cf. Tous -les -jours, Denuit.
Dindelles, s. f. — Petites cloches qu on
plaçait dans les clochers ; c'était le dindélier
qui les sonnait. || On donne ce nom à deux
clochettes qu'on agite d'une manière particu-
lière en tête de la procession dans les cam-
pagnes. Ce mot. est formé par onomatopée,
V. Echelettes.
Dinder, v. n. — Envoyer dinder, ou pro-
mener. MÉNiÈRE, qui le tire du lat. inde, contre
toute vraisemblance. — Mi^ pour Dinguer. \\
Lg., Tf. — V. n. Sonner, vibrer. Se dit des
cloches, de la vaisselle, des vitres. Syn. de
Derlindiner.
Hist. — « Gens saphirez, qu'un dint de verre
esveille (G. C. Bûcher, p. 192.
Dindon (Lg.), s. m. — Son de cloches. || P.
ext., les cloches elles-mêmes, grelot, — dans
le langage des enfants. Cf. Dandin. De Dinder.
Dinguer (Sp., Mf., Ag., By.), v. n. — Ne
s'emploie que dans l'expression, très usitée,
d'ailleurs : Envoyer dinguer, e. promener ;
lancer au loin. || Argot.
Dious (Mj.), s. m. — Dieu. Cette forme
n'est usitée que dans les jurons : Nom de
Dwus, bon Dious ! Cf. Dis, Dien, Dié, Bleu,
Zieux, Gouet, Ziou.
Dire (guire) (Mj.), v. a. || v. n. — En dire,
clabauder. jj Dire après qqn, lui faire des
reproches ou des réprimandes. || Le cœur
ne m'en dit pas, je n'en ai pas envie.
Il Dis donc, écoute donc. || N'y a pas à
dire, malgré tout. N. On ajoute qqf.^ : mon
bel ami. 1| Y en a pas pour dire, il n'y en a
qu'une qantité insignifiante ; ce n'est pas la
peine d'en parler. || Dire sus, critiquer, cen-
surer, gloser de. Ex. : lelle, qui est toujours à
dire sus les autres, a ne se voit donc point'? ||
Absolument. — Plaire, agréer, convenir.
Ex. : Sa mère voulait la faire marier, mais ça
ne illi disait pas. || En dire long, durer,
fournir longtemps, abondamment. Syn. de
Sucéier. Ex. : Velà eine lampe qui ne va pas
en dire ben long demais-huit. — Velà ein
poupeau de filasse qui en a dit ben long. ||
294
DIRIES — D'JARNI
Redites de ce mot : I me dit, dit-i ; qu'i m'a
dit, dit-i — N. On conjugue : Je dis, tu dis, il
dit, je disons, v. disez, ils disent. || Gronder,
trouver à redire : « T'as pas fini de dire ? »
Il Faire dire, taquiner.
Diries (Mj., Sp. Segr., By.), s. f. — Ne
s'emploie guère qu'au plur. — Dires, discours,
propos, clabauderies. Ex. : Si on voulait
écouter les diries du monde ! — N. C'est
peut-être ce mot qui, avec une légère aspi-
ration, est. devenu Giries dans la bouche du
populaire parisien. C'est la prononc. chole-
taise. — Tout ça c'est des diries, des bavar-
dages, des cancans sans valeur.
Hist. — « Telle fut donc sa dirie, issue des gloses
antiques du pays de Segré... » (/f'«' du vx tps,
p. 240).
Dis' (Mj.). — Dieu. Cette forme n'est guère
employée que par les enfants, dans les jurons
atténués : Nom de Dis ! bon Dis ! — Corr. de
Dious. Cf. Dien, Bleu, Zieux, Dié, Gouet.
Discampette (Sp.), s. f. — Ne s'emploie que
dans la locution : Prendre sa discampette, p.
la fuite, décamper, escamper, détaler. Syn.
de Décampe, Décanche, et de Jean des Loges
(déloger).
Et. — Ce mot est un dimin. de Discampe, doubl.
inus. de Décampe, qui répond au fr. Décamper. Le
fr. emploie : Prendre la poudre d'escampette ;
dans cette locut. les deux derniers mots pourraient
bien n'être qu'une corruption du pat. Discampette,
malgré l'existence d'un v. Escamper, probable-
ment formé après coup, par influence du mot
Escampette (R. O.). — Littré. V. Escampette.
Vx fr. Escampe, Escamper, de : es -f" champ,
prendre les champs.
Discipline, s. f. — Pour Bicyclette ! Mais
j'ai toute confiance en mon correspondant.
(A. V.) (Li., Br.) || Je l'ai bien entendu,
à Mj., appeler Berniclette, par des vieux qui
ne l'avaient vue qu'à travers leurs lunettes,
ou bernicles. (R. O.)
Discré (Mj.), adj. q. invar. — C'est une
forme atténuée du fr. Sacré, employé comme
juron. Les femmes font de cet euphémisme
un fréquent usage. Ex. : Attends, va, mon
discré cochon ! Syn. de Sarché, Sapré, Satré.
— Oh ! la discré pivée ! — Oh ! la sacré
pihiée! (Fu.) || (By.) Très usité. Une grand
discré piatrée, pour : une platée au comble,
tout fin plein son plat, de soupe, p. ex. N'est
pas connu à By. com. syn. de Sarché, etc.,
pour : sacré.
Diseux (Mj., By.), s. m. — Diseur.
Disgracieux (Mj., By.), adj. quai. — Désa-
gréable, fâcheux, contrariant, déplaisant.
Disloqueter (Mj.), v. a. — Disloquer. Cf.
Accrocheter. Syn. de Déberloquer, Déferloquer.
Et. — Dis -j- locare, de locus, lieu ; chasser de
son lieu ; séparât, violente de parties jointes.
Disparser (Mj., By.), v. a. — Disperser.
Plus près de son orig. lat. Di-spargere, dis-
parsus.
Disputard (Mj.), adj. q. et s. m. — Bougon,
querelleur.
Disputer (Li., Br., Mj.), v. a. et n. — Tu vas
te faire disputer, nom de Gouatte ! || Faire
de vifs reproches, invectiver.
Dissiper (se) (Lue), v. réf. — S'amuser.
Et. — Lat. dis (marquant dispersion) et le vx
lat. supare, jeter. C'est, proprement : faire éva-
nouir en disséminant, en dispersant. Se dissiper,
c'est disperser son esprit au lieu de l'attacher à un
seul objet.
Distinguier (Mj.), v. a. — Distinguer. Cf.
Seringuier.
Distinguo, s. m. (Mj., Lg.,) — Contestation,
Ne s'emploie que dans la loc. : Avoir du dis-
tinguo, avoir du différend, des difïïcultés, de
la bisbille. Syn. de Bisbise, Chalail.
Et. — Terme d'argumentation scolastique,
signifiant : je distingue, et qu'on emploie pour
indiquer que, dans une proposition, l'on accorde
une partie (concedo) et nie l'autre (nego), ou
simplement que l'on fait une distinction. — Hist.
« Distinguo, mademoieslle ; dans ce qui ne regarde
point sa possession, concedo ; mais dans ce qui la
regarde, nego. » (Molière, Mal. imag., n, 7. —
Littré. )
Distribution (Mj.), s. f, || Fig. Fessée,
raclée, volée de coups. Ex. : Il te illi a foutu
eine sacrée distribution que le cul illi en
traînait par terre. || Grande quantité, abon-
dance. Ex. : Y en a eine distribution de poires,
cette année. — Syn. de Fouâillée, Râpée.
Tournée, etc.
Diton (Mj., By.), s. m. — Dicton, proverbe,
adage, locution. C'est un diton.
Et. — C'est le fr. Dicton, dans lequel le v. a pris
sa forme moderne par la chute du c ; du lat.
Dictum.
Divars',e (Mj., Sp., Lue.), adj. q. — Frivole,
étourdi, léger, changeant, ondoyant, sans
consistance dans les idées ou dans les sen-
timents, sans esprit de suite dans la conduite,
fantasque. !| En pari, d'un enfant, étourdi,
léger, turbulent surtout, difficile de caractère.
— N. L's final sonne, même au masc.
Et. — Di -j- versus, tourné vers (différents
objets). — Divers. Plein de méchanceté : « Estoit
Frédégonde diverse et de grant cruauté. » V. Citât,
à Deul.
Divartir " (^Ij.), v. a. Divertir, jj Dissiper
dilapider, prodiguer. Ex. : Il sait ben de
divartir la monnaie || v. réf. Se divartir.
Divers' (Craon, By., Ag.), adj. q. — Se dit
d'un enfant grognon et difficile à élever. ||
Etourdi, vif.
Divertir, v. a. — Détourner, soustraire. V.
Mins.
Dix-liuit (Mj., By.), adj. num. !| s. m. —
Se mettre sur son dix-huit, faire toilette,
s'endimancher. Syn. de Trente et un.
Et. — Lorédax Larchey demande si c'est un
jeu de mots sur : deux fois neuf : habillé à neuf.
D'jarni. — « Juron. Pour : Je renie. — A
D'JARNILLER — DOMAINE
295
Segré, rarement. D'Jarnicoton. Coton était
le confesseur de Henri IV. Ce jésuite était
très en faveur ; il devint le confesseur de
Louis XIII. Comme il était dangereux dans
ses rapports, le renier ou ne pas l'écouter,
c'était une faute. (Extrait de la Société
d'émulation du Doubs. Glossaire de Tissot,
patois des Fourgs, arrondissement de Pon-
tarlier. — Cité par Ménière.).
D'iarniller, v. a. — Pour : renier. V-
D'jarni. (Mén.). — Je pense qu'il faut D'jar-
nigué. je renie Dieu.
D'mage (By.), s. m. — Prononciation de
Dommage. C'est grand d'inage ! \\ Beau
d'mage ! il ne manquerait plus que cela.
D'méshuit' (By), adv. — Désormais.
Avec le t sonore, se dit dans la vallée de
la Loire ; D'méshui, vallée de la Sarthe ;
D'méshé et D'mésheu, vallée de la Mayenne.
Dô (Lg.), art. composé. — Du. Ex. : Ça,
c'est dô bon vin. — N. On dit aussi : dou.
Dober, v. a. — Frapper à coups de poing
sur le dos. V. Dauber.
N. — Jaub. l'explique aussi par le mot dos.
Cela me svirprend.
Dodâiller (Lg.), v. n. — Somnoler. Fré-
quentatif de Doder.
Dodas (Mj.), s. m. — Petit garçon. Forme
adoucie de Gogas. V. Gas. Ces réduplications
enfantines sont de tous les instants.
N. — On a beaucoup ri, jadis, à Mj., d'une
maman quelque peu maniérée qui répétait à son
affiaii : Mémarche, mon petit dodas, sus tes petites
papattes, dans ta petite chochàrte.
Doder (Mj., Lg.), v. n. — Dormir profon-
dément, faire un somme, sans être couché ;
roupiller. Syn. de Dodâiller. \\ Segr. Com-
mencer à dormir, éprouver les premiers symp-
tômes du sommeil (Mén.).
Et. — Dérive du fr. Dodo et il a comme dérivés
les V. f. Dodiner et Dodeliner. A donné l'angl. to
Doze, même sens ; hoUand. Dutten ; island. Dotta.
V. à Redotard.
Dodiner. — Bercer un enfant, et, par ext.,
le caresser. N'a pas le même sens que le fr.
Dodeliner.
Et. — Sens propre : Remuer, d'un radie, possible
Dod, balancement. Cf. l'angl. to dodale, se laisser
aller nonchalamment. — Ou de Dodo, formé par la
réduplication de la première syll. de Dormir. —
Dodeliner, Bercer. « Dodeliner de la teste se dit en
Anjou pour : remuer de la tête. (Ménage.) » —
!< Ainsi marmottant de la bouche et dodelinnnt de
la teste, alloit voir prendre quelque connil (lièvre)
aux filets. » (Rab., i, 39.) — « Vin par trop prins
trouble, rougit les yeux et afïoiblit la vue et le
chief et fait dodiner et trembler. »
Dodo, s. m. — C'est le lit d'un enfant, ou
encore le mot enfantin signifiant le sommeil.
Redoublement de la \^^ syll. de Dormir.
Doguer (Li., Br.), v. n. — Faire entrer de
l'eau dans ses sabots. Cf. Noguanl. \\ Sar.,
Lue, Luigné. — Donner des coups de cornes,
se dit des vaches. V. Boucquer.
Doigt (Li., Br.), s. m. — Un dé à coudre.
Cf. De.
Doille (Tlm.). — Pron. do-ille, s. f. Douille.
Doubl. du mot fr. j| Douelles, planches du
tonneau.C. PoKT. iîet';/e(^er^«/o",1880,p.l95.
Doit. — V. Douet (Sal.).
Hist. — « Sépulture d'un inconnu... qu'on a
trouvé noyé dans un doit. . . appelé le Doit de
l'Angevine. . . » (Im<. Arck., t. ui, E, S, s., p. 344, 1.)
Doite, Doitte, s. f. — C'est une bonne
doitte », se dit en parlant d'aiguilles. « Je
n'en ai point de cette doitte-\à. » Sans doute :
grosseur, numéro. (Ag.). — Se dit plutôt du
m.
Et. — Doite. Terme qui sert à comparer la gros-
seur, l'égalité du fil dans un même ou plusieurs
écheveaux, etc. « Voilà deux pelotons qui pa-
raissent de la même doite, tandis que ce troisième
est d'une doite plus grosse. — Ce que vous filez là
est d'une jolie doite. (Legoarant.) — De : doigt.
(LiTT.) — La grosseur du fil s'apprécie avec les
doigts? (Darm.) — Doettes, s. f. pi., fils.
« Et leurs robes estoient si nettes
Que l'on comptoit bien les doettes. »
Filer à longues douettes ; filer en laissant le fusean
suspendu à un long fil. — « I^es filles d'autre part,
leurs quenouilles sur la hanche, flloient, les unes
assises en lieu plus élevé..., sur une huche, ou
met, à longues douettes, afin de faire plus gorgiase-
ment pirouetter leurs fuseaux. » (Contes d'Eutra-
pel, p. 135.) — On dit encore, à Brest : une douette
de fil. Ailleurs, on dit Doitée. (L. C. et N. E.) —
L'étymol. par Doigt est indiscutable. La fileuse
obtient une grosseur de fil plus ou moins considé-
rable suivant que son doigt l'allonge plus ou moins
en tirant sur la filasse. Ne peut se dire des aiguilles,
comme l'a pensé mon correspondant, sinon par
une extension facile à expliquer. 1| R. O. y voit
plutôt un doublet du fr. technique Duite. — V.
Hatzfeld. — Douette, doitée. Brasse, quantité
de fil, — à la longueur de bras d'une fileuse.
(DoTTiN, Pléchàtel.) Cf. Aiguillée.
Doleaii (Lp.), s. m. — Outil assez semblable
à la doloire des tonneliers, dont les carriers
se servaient autrefois pour tailler l'ardoise.
Et. — De : doler ; aplanir, unir avec la doloire.
Lat. Dolare, même sens.
Dolleau (Z. 14L), s. m. — V. Doleau. Sorte
de grand couteau très lourd servant à équar-
rir les ardoises. V. Chappu. Ces deux outils,
d'ailleurs, ne servent plus depius une ving-
taine d'années ; l'ardoise se taille maintenant
à la mécanique. • — • Le Dolleau faisait cisaille
avec le rebord métallique du billot ou chaput
(MÉN.)
Doler (se) (Lue), v. réf. — Se plaindre, se
lamenter. Lat. Dolere. Cf. Doulasser.
Dolette (Chl.), s. f. — On dit : Gueux
comme la dolette.
Et. — Rac. Dol, — dolor, douleur? Peut-être
surnom d'une mendiante.
Domaine ,adj. q. — Vieux mot angevin qui
semble signifier que l'on a la propriété du
sol et non pas seulement le revenu.
Hist. — (Revenus consistant en). . . 14'journaux
de vignes domaine. . . (Anj. Hi^t., G" année,
n°6, 610.)
296
DOMINER — DORMAILLER
Dominer (Mj., By.), v. a. — Révolter,
irriter, exaspérer, faire bouillir de colère.
Ex. : Quand je vois des affaires comme ça, ça
me domine. Syn. de Audacer. Pas d'autre
sens. C'est le fr. pris dans un autre sens.
Dommage (d'mage) (Mj., Lg.). — Aller, ou
passer en dommage, en pari, des bestiaux,
aller sur le champ du voisin. || Beau dommage!
Affirmation ironique : Parbleu, il ne man-
querait plus que ça ! Ex. : Un enfant, grondé
pour avoir cassé un carreau, s'excuse en
disant qu'il ne l'a pas fait à Vexprès. « Beau
dommage ! » lui réplique-t-on. V. D'mage.
Dompter (Mj., Lg.), v. a.
N. — Je donne ce verbe, qui n'a pas d'autre sens
qu'en franc., parce que je dois faire remarquer que
le p s'y fait toujours très fortement sentir, comme
dans le composé : indomptable. Nous retrouvons là
encore (voir aux citations de Bodin) une preuve
évidente de la fidélité de notre patois à la pronon-
ciation ancienne. Car, si l'on n'avait pas prononcé
de la sorte, il n'y aurait en aucune raison étymolo-
gique d'adopter l'orthograptie en usage. Obser-
vons qu'au rebours, comme en fr., le p est muet
dans Compter. (R. O.) || By. Le p est muet.
N. — Et nous arrivons à ce résultat singulier
que le p sonne dans dompter, venant de Domitare,
qui n'en a pas, — et qu'il est muet dans Compter,
venant de Computare, qui en a un. Le p n'est pas
étymol. dans Dompter ; il provient d'une vicieuse
tendance qu'avait le moy. âge à mettre un p après
un m ou un n, d'où, p. ex., temptation, qui est
resté en anglais. (A. V., d'après Littré.)
Donaison (Mj., By.), s. L — Donation.
Doublet du fr.
N. — On peut remarquer que la forme en est
bien française et que, par la dérivation, il est abso-
lument semblable au fr. Raison, oraison, inclinai-
son. Il a été conservé de l'anc. langue juridique du
xvni^ s. — Le breton l'a conservé comme notre
patois : Donœson, — don, présent. || (Lue).
Donnaison. || Hist. — La donayson de l'église de
Saint-Brevein (1103-1109. — Irw. Arch., p. 250,
col. 2). — « Ce sont les choses que le priour et
frères de la maison Dieu ont acquit tant par
donaisons comme les ont acheté. . . » xvi*= s., /(/.,
S, s. H, 15, 2, 29.) — « J'voulons parler à monsieur
Je notaire, point à d'autre, rapport à une donaison
que veut nous faire nout' mère. » (C.-L. C. —
Maître Lardent, p. G9.)
Doue (Mj.), conj. — Mot intercalé. — Quel
donc mois que j'sommes? Pour : En quel
mois sommes-nous donc. Dans les phrases
intcrrogatives.
Dondaiue (Sp.), s. f. — Bombance, ripaille.
Faire la dondaine, godailler. Syn. de Bombe,
Cigale, Dévarine, \\ Sal. Humeur bonne ou
mauvaise. « Elle est en dondaine après son
homme.
Et. • — Onomatopée. Mot qui s'applique encore
à des refrains de chansons triviales et qui est ordi-
nairement accolé au mot Dondon ; la Faridon-
daine, la faridondon. — On appelle aussi Dondon
une fdle, une femme qui a beaucoup d'embonpoint.
Queune grousse dondon !
Donnée (Mj., By.), s. f. — Action de
donner, don, cadeau. Ex. : C'est eine vraie
donnée, dit-On, lorsque dans une vente les
objets sont adjugés à vil prix. || Donnée de
pain, distribution de pain que les familles
aisées tiennent à honneur de faire faire aux
pauvres, à la suite du service d'un de leurs
membres. C'est une très vieille coutume
locale. On donne aussi de l'argent.
Hist. — « Ses discussions se faisaient intermi-
nables sur le plus ou moins de droits de tel ou tel à
participer aux données de pain ou aux données de
bois. )) (C. Lekoux-Cesbron, p. 97, 1. 24.) —
« J'exigeais simplement que le dimanche, à la
sortie de la messe, le garde-champêtre, grimpé sur
la borne aux publications, annonçât qu'il serait
fait une donnée de pain au nom de M. Un Tel.
(Id., p. 281, 1. 18.) — « Le maximum de la condam-
nation consistait en une donnée de pain aux
pauvres de la commune, (id., p. 281, 1. 13.) —
Souvenirs d'un maire de village.
Donner (Mj., By.), v. réf. — Se donner
chez, s'attacher à la maison de. Ex. : C'est
ein chat qui s'est donné chez nous ; je ne sais
pas déde yoù qu'il est venu. || Se donner à,
s'abandonner aux soins de qqn, contre
cession de son avoir, en parlant d'un vieillard.
Il Se donner à, s'adonner à. Ex. : Il s'est donné
à boire. || Se donner le corps à la peine, se
donner du mal, prendre de la peine. V. Corps.
Se donner, être contagieux. « La vérette,
ça se donne. || Se donner, se procurer. Ex. :
A n'a jamais su se donner sèment eine dou-
zaine de chemises. || v. a. et n. — Donner du
nez, allonger le nez pour voir ; se réfugier.
Ex. : Il ne sait pas eyoù donner du nez. ||
Suppurer. Ex. : Son fronde a ben donné.
Syn. de Rendre. || Z. 149. — Ne pas donner
ses morillettes, vendre cher. || Donner sus les
ongles, réprimander, rabrouer. 1| D. sus le
nez, humilier.
Dont (Mj., By.), pr. relat. — A noter que
ce mot, assez usité, semble n'avoir par lui-,
même aucun sens dans les loc. où il entre. Il
est toujours suivi de la conj. que. Ex. : C'est
le meunier dont que le gars s'est tué. || Dont
que, loc. conj. qui sert à relier deux membres
de phrase, mais sans y ajouter aucune idée
particulière ; c'est une simple formule de
transition. Ainsi on dira : Ils avaient été en
farme à Brodeau, dont qu'ils illy sont restés
pus de cinquante ans. || Dont il y a, pour : il
y a. (C. PoBT, Rei'. de V Anj., 1880, p. 180. i|
Dont auquel. C'est l'homme dont auquel je
vous parlais.
Doré. — Ce mot, ajouté à un nom de lieu
semble mis pour : d'orée, et indique qu'il se
trouve à l'orée d'un bois, à la lisière d'un
champ. Il La venelle est l'opposé du doré du
lit, le devant (MÉx.).
Doreau, s. m. — Pièce d'or. « Aux ardoi-
sières on dit : Tu vas toucher le doreau, moi
j'aurai le sac en toile », pour, je recevrai le
cuivre. (Mén.).
Doriper. — Pour : dériper.
Dorise, s. f. — Femme ridicule.
Dorniâiller (Mj., By.), v. n. — Dormir un
peu, d'un sommeil interrompu, somnoler.
DORMAISHI — DOUÇARD
297
Dormaislii (Lg.), adv. — Désormais, doré-
navant. Syn. et d. de Dormaishui ; syn. de
Demaishuit, Demaishé.
Dormaishui (Sp., Lg.), adv. — V. Demais-
huit, Demeskui, etc.
Dormant, s. m. (Sp.). — Le temps du
sommeil.
« Fais-moi voir en mon dormant
« Celui qu' j'arai en mon vivant. »
Dormesliui adv. — Désormais. V. Demais-
huit. S'écrit aussi : Dormesuit, Dormesuite.
N. — Je lis dans le Castoiement d'un père à son
fils, xnP s. :
« Au jouvencel vient, si li dit -.
« Ge ne vueil mais des ore attendre. »
{Le Jugement de l'huille qui fut prise en garde,
V. 42-3.)
Dormeuse (Lg.), s. f. — Coiffe des femmes
du Longeron. Elle rappelle assez la coiffe nan-
taise, mode de la Varenne et de Ghampto-
ceaux, en ce sens que c'est aussi une sorte de
hennin ; mais elle en diffère en ce que le fond
est moins long, avec une incurvation concave
sur le dessus. En somme, ces coiffes ont exac-
tement la forme du sabot couvert, ou sabot
taupe. Par ex., on se demande à quel propos
ce nom de dormeuses, et comment il serait
possible de dormir avec ces appendices sans
les réduire à l'état de bonnets à bouses. —
Syn. Queue-de-pie.
Dorraeux (Mj., By.), adj. q. — Dormeur.
Dormir (Mj., By.), v. n. — Dormir en gen-
darme, ne dormir que d'un œil. || D. dur,
être difficile à réveiller. || Tourner sans que
son axe oscille et si vite que sa rotation soit à
peine perceptible, en parlant d'un échabot.
On dit alors qu'il ronfle.
Dormirle (Mj., By.), s. f. — Action de
dormir. Ex. : Il n'en fait d'eine donnirie, ceté
chien-là ! Cf. Tousserie, Chierie, Pisserie, etc.
Dormi toir (Mj.), s. m. — Ne s'emploie
que dans la loc. : Aller au dormitoir, aller se
coucher. Aiigl. Dormitory, dortoir.
Dormiton (Mj., By.), s. m. — Celui qui
aime à dormir, dormeur.
Dorue (Sp., Tlm.), s. f. — Tablier de
femme, devantier. Syn. de Devanteau, Devan-
tière. Ce mot a qq. peu vieilli. || Autre sens :
Darne de puits (Z. 116.), pierre placée debout
à l'entrée d'un puits et par-dessus laquelle
on puise l'eau. Ce n'est pas la margelle, qui
est le bord horizontal ; elle forme bien :
tabjier. N. Au Lg. cette dernière acception
est la seule en usage ; le sens primitif du mot
est complètement oublié. Habent sua fata...
Il Le sens de tablier couvrant les genoux s'est
étendu à celui de genoux même, giron. La
mère dit : Vins donc sur ma darne. (Cho.).
Hist. — « Le giron, espace depuis la ceinture
jusqu'aux genoux quand on est assis. La chanson
du Lendemain de noces, citée par M. J. Bcgeaud,
dissipe les dernières illusions de la mariée, en lui
faisant toucher la triste réalité. Elle lui dit :
« V's aurez le cotillon cendroux,
« L'devant d'vot' dorne pissoux. »
(Favre.) — « Il y a des vocables qui sont français
naturels, qui sentent le vieux, mais le libre et le
français, comme : tenue, empour, dorne, bouger, et
autres de telle sorte. » (Agb. d'Aubigné, Conseils
de Ronsard à ses disciples.)
Dornée (Lg., Sp.), s. f. — Le contenu d'une
dorne, d'un tablier. — N. Chose curieuse, ce
mot est encore usité au Lg., alors q. Dorne,
dans son sens propre, est oublié. — Syn. de
Gironnée. || Fig. Ventrée. On dit d'une femme
grosse, d'une chienne pleine : Aile en a ine
dornée !
Doron (Bg.), s. m. — Un causeur
ennuyeux.
Doronner (Bg.), v. n. — Causer de façon
à gêner, ennuyer. Cf. Dâronner.
Dorothe (Mj.), s. f. — Mauvaise femme,
chipie. Pour Dorothée? qui vient de deux
mots grecs : don de Dieu ! P. ê. à rapprocher
de Darasser, Dcrasser. Ce serait une femme
querelleuse, disputeuse.
Dorures (Mj., By.), s. f. pi. — Bijoux.
Ex. : A ne manque pas de dorures. Ils ont été
ajeter leux dorures.
Dorusé (Segr.), adj. q. — Doré. (Mén.)
Dôsse (Sa. ), adj. au comparatif? S'emploie
dans la locut. Aller de pire en dôsse, aller de
pire en pire, de mieux en mieux, de plus fort
en plus fort. — Je ne sais pas quel peut être
le sens propre, ni l'origine de ce mot. || Mj.,
Lg. — s. f. Dose.
Dossière (Mj., By.), s. f. — Courroie de
cuir qui fait partie du harnais d'un cheval et
qui, passant sous la sellette, soutient les
brancards de la voiture.
Et — Dér. du fr. Dos ; doublet fém. de Dossier.
Dou (Lg.), art. composé. — Du. V. Dô, et
citations, à Clous.
Doublage (Sa., Sf., Mj.), s. m. — Cloison
qui sépare les stalles des chevaux dans une
écurie. Syn. de Rasage.
Hist. — « Abatre et raser le donjon du chasteau
du costé de la ville... parpains de doul)laiges et
toutes autres maczonneries qui se trouveront
esdites tours. (1092. — Inv. Arch., E, n, p. 17,
col. 1.)
Double (Sp., By.), s. m. — Double déca-
litre. Ex. : J'ai acheté six doubles de blé de
semence. || (Mj.) Aller en double, marcher
courbé en deux. || Gangner le triple et le
double, faire de gros bénéfices. || A double
guindas. V. Guindas. Se pron. avec bl mouillés
(Lg.) ou : doubel, e presque nul, ailleurs : J'en
ai le douVl de vous.
Et. — Du (duo) — plex (plicare), plié en deux.
Doublé, ée (Mj.), adj. q. — Gras, étoffé,
râblé, en parlant d'un animal. Syn. de Ponnet.
Doubleau (Lg.), s. m. — Pierre de taille
qui en double une autre pour former une
assise.
Doucard, e (Mj.), adj. q. — Douceâtre.
298
DOUCE — DOUGÊ
Et. — Franc. Doux, sufF. ard, comme dans
Blanchard, Grisard.
Douce (Mj.), s. f. — Chacune des deux
planches les plus extérieures du fond plat
d'un bateau, dans le langage des charpen-
tiers. C'est sur les douces que sont chevillées
les varges. \\ adj. q. — Terre douce (Lue) — t.
légère et sablonneuse, jj Non salée. On crie la
sardine : A la fraîche, à la douce ! \\ loc. adv.
A la douce, doucement, cahin-caha. En
parlant de la santé. Ça va-t-à la douce.
Douceau (Cnd.), s. m. — Espèce de chêne,
impropre à faire du charbon.
Et. — Dér. du fr. Doux, parce que les branches
de cette espèce de chêne sont douces, liantes,
flexibles. Syn. de Doucier.
Doucereux (Mj., By.), — Syn. de Doucin.
Il Douceâtre. Ex. : Les rillots sont ein petit
trop doucereux.
Doucet (Mj.), adj. q. — Doucereux. Ne se
dit que des personnes. Syn. de Doucin.
Et. — Dér. du fr. Doux. Cf. Grandet, Jeunet.
La Fontaine :
« ...ce doucet est un chat
« Qui, sous son minois hypocrite,
« Contre toute ta parenté
« D'un mauvais vouloir est porté. »
Doucettement (Mj., By.), adv. — Très
doucement.
Hist. — « Seulement tira Panurge à part, et
doucettement lui remontra que... » (Rab., P.,
m, 2, 216.) — « Et le sort, par après advenant,
soit plus doucettement porté des parties condem-
nées. » (Id., Ibid., 140, 306-7.)
Douceur (Mj.), s. f. — Légère humidité.
Il En douceur, avec lenteur et précaution.
Ex. : Je illi coulé ça en douceur dans le tuyau
de l'oreille. Laisse venir le mât en douceur.
(By. id.).
Doucier (Mj.), s. m. — Espèce de chêne qui
se distingue par les caractères suivants : pas
ou peu de glands ; branches très droites et
plus grosses que dans les autres espèces ;
bois de très mauvaise qualité, même pour le
chauffage, car il s'échaufTe et se pique très
vite, et, dans le feu, il regarde noir. Syn. de
Douceau. C'est, je crois, le chêne rouvre.
Et. — Du mot Doux, au sens de ^flexible ; ses
rameaux sont plus flexibles que ceux des autres
chênes.
Doucin-e (Mj.), adj. q. — Doucet, douce-
reux, délicat ; hypocrite. Se dit de la figure
ou des manières d'une personne. || Sal. adj.
fém. Doucine, doucereux, mais fade.
Doucineux (Lg.), adj. q. — Douceâtre.
Ex. : L'eau de la Fontaine-Brûlée était
doucineuse. V. F. Lore, xi a, Suppl.
Doue (Sp., Ma., Z. 205), s. f. — Douve
Et. — C'est le fr. avec l'aphérèse fréquente du
v. V. Douet, Couer, Mouée. V. Douille.
Hist. — « Sommes tenuz à soutenir les doez
desdiz moulins à nos propres couz et despens à
toujourz. (1306. — L. C.)
Douelle (By.), s. f. — Douve ou planche
dolée qui forme le corps des ouvrages de ton-
nellerie. V. Douille. Il Ag. — Ça bout sous
douelle. Métaph. tirée du vin ; ça se prépare,
ça se manigance en dessous. Ex. : « Y a un
mariage qui doit bouillir sous douelle » se
préparer secrètement. Variante de Douve.
Hist. — « Le suppliant avecques une docile de
pippe rompit le morillon de la claveure de la
huche. » (14.50. L. C.) — C'est un dérivé du vx fr.
doue, variante de douve, du lat. doga, et non dova.
(G. DE GUEE.).
Douêner (Mj.), v. a. — Dauber, battre
com. plâtre. C'est p. ê. une corr. de Tauner,
Tanner. En efîet, la loc. Tanner la peau est
souvent employée ds le même sens. Syn.
Rouster, Lâtrer, Lauder, Bondrer, Flôper,
Feurter, Jâbler, Roter, Scionner, Touroiller.
Et. — Cf. Bret. Donein. battre, de Dorn, main.
— Hist. « Mais je lui baillis si vert dronos (coups)
sur les doigts... » (R., P., n, 14, 150.) — « Si quel-
qu'un de sa vieille cognoissance lui crioit : « Ha,
frère Jean, mon ami, frère Jean, je me rends ! »...
soubdain lui donnoit dronos. » (Rab., G., i, 27, 56.)
Ce sont plutôt des rapprochements.
Douet (Th., Mj., Sal.), s. m. — Mare, abreu-
voir, lavoir, il Lrm. Lavoir.
Et. — Il y a deux courants, breton et latin. —
D'après M. Godabd-Faultrier (l'Anjou et ses
monuments), ce mot serait d'origine celtique. Ne
serait-il pas plus simple de le regarder comme mis
pour Douvet, dimin. régul. du fr. Douve, au sens
de : fossé? L'aphérèse du v n'a rien d'extraordi-
naire. V. Doue. — LiTTRÉ, V Doit, Dois. Petit
cours d'eau, du lat. Ductus, de ducere, conduire ;
et Douet : « Il s'en va porter un faix de drapeaux
(langes) à un douet qui estoit sur le chemin. »
(Desperr., Contes, 36.).
« Au renouveau de la doucour d'esté,
« Que resclaircit li doix en la fontaine,
K Et que sont vert bois et vergier. »
En Bret. et en Norm. on prononce : doue, qui
désigne aussi les lavoirs : en Poitou, la forme est :
douet. Le nom est employé dans les noms de lieux :
Saint Jean du Doigt (Finistère). Variantes gra-
phiques nombreuses (L. C). — « Un homme
incognu, ...qu'on a trouvé noyé dans un doit, qui
est dans le grand pré de la métairie de la Jobel-
lerie, appelé Le Doit de l'Angevine. » (1712. —
Inv. Arch., E, m, p. 345, col. 1.). — « Avons trouvé
le S'" Rousselot ...qui tarissoit un douet. » (1795. —
Anj. hist., iir an., 534, 24.).
Dougé, adj. q. ou Douget' (Mj.). — Fil
très fin, filé à la main pour coiffes, etc. — N.
Il ne s'en fait plus et le mot est presque
oublié.
Et. Hist. — « On appelle ainsi en Anjou ...ce
qui est délié et fin. Ainsi on dit : du fîl dougé, de la
toile dougce. Ronsart, au livre n de ses Amours,
au poème intitulé La Quenouille :
« Aussi je ne voudrois, que toy. Quenouille, faite
« En nostre Vendomois (où le peuple regrette
« Le jour qui passe en vain) allasses en Anjou,
<( Pour demeurer oisive et demeurer au clou.
Je te puis assurer que sa main délicate
« Filera dougément quelque drap d'écarlate. »
Sur lequel endroit Belleau a fait cette note :
Dougément : subtilement, <è filets prins. et menus.
Dougé est un mot d'Anjou et de Vendomois,
propre aux Filandières, qui filent le fil de leur
fuseau tenu et menu. — .\u Roman de la Rose :
« Le corps est droit, gent et dougé. »
DOUGET — DOUZIL
299
Ce mot, comme celui de délié, a été fait de Delica-
tus. (MÉNAGE.) — « Elle... avait amassé des
petites pellicules légères, comme celles des poules
dougées et délicates. >> (B. de Verville, i, 18.) —
« Prédicat dit que cette eau venoit filant douge
(mince, menue) comme petits filets de soie. »
(Id., m. de parv., i, 169.) — Dougé comme foing, —
comme un saz, — comme soye. (Brun, de Tartif.,
PhiL, 525.) — Toile douge. (1480. GoD.)
Douget (Tr.), s. m. — Instrument à fendre
les ardoises, qui sert après le passe-parteau.
(Mén. ). — Douge.
Dougre,-esse (Mj.), s. f. — Bougre, -esse.
C'est une forme atténuative du mot fr.,
employée surtout par les femmes. Cf. Bour-
gesse, Sarché, Satré, Dioiis, Gouet, etc.
Douillet, s. m. — Gilet de tricot.
Uoiiji (Sal.), s. m. Fente. — Dousil. — Je
vois ben le douji par où la bue gâte, c.-à-d., le
défaut de l'affaire, de quoi il retourne.
Doulasser (Lg., Tlm.), v. n. — Faire mal,
f. souffrir, poindre, s'élancer. Ex. : Ça me
doutasse dans le coûté de la tête.
Et. — Forme fréquent, dér. du vx fr. Douloir,
lat. Dolere. V. citât, à Démenter, in fine.
Doiileureux (Mj.), adj. q. — Douloureux.
Et. — Dér. direct de Douleur. Cf. les mots fr.
Chaleureux, Peureux, etc.
Hist. — « Et crient comme diables à ce sentement
de solution, laquelle leur est doloreuse en diable. «
(Rab., p., in, 23, 266.)
— « Ung doloreux et dur gémissement...
— « Où t'en vas-tu, mon cueur si (^o^orewz. . .
(G.-C. Bûcher, p. 81 et 282.) — Cités comme rap-
prociiement.
Doumoire. - — Vieux mot angevin. Sens
inconnu. Dalmatique ?
Hist. — Don d'une chazuble, une chappe, ung
doumoire..., deux fanons de ostade noire... »
(Inv. Arch., ii, E, S, 367, 1. — Allençon.)
Dounaison (Z. 131), s. f. — Donaison,
donation.
Oouner (Sp., Tlm., Lg.), v. a. — Donner.
Je vas te les douner.
Hist. — « Sais poué si l'Bleu m'ontondjit ; tôt
c' qu' l'a que (tout ce qu'il y a que, c'est que)
r metchit à couri' avec les aôtres, tchi filiant
queunne daux enragés p'r douner la chasse aux
Rovaux. )) (H. BoxJBGEOls, Hist. de ta G. Guerre
p. 220.)
Dourcher (Lg.), v. a. — Toucher. || Aiguil-
lonner. Syn. et d. de Durcher.
Dousil. — Au sens de « petite branche de
coudrier taillée en cône, qui sert à boucher
les trous percés dans un tonneau », ne repré-
sente pas directement le latin Duciculus,
d'où est sorti le vx fr. Dois, Doisil, du fr.
moderne, et dousil, dosil, deuzi, du fr.
dialectal, n'en sont que des dérivés. » (G.
deGuer. —Y.).
Doutable (Lg., ^Ij.), adj. q. — Douteux.
Souvent bl mouillés.
Doutance (Mj., Lg., Lue., By.), s. f. —
Doute, idée vague, soupçon, pressentiment.
« J'en ai comme eine doutance. — J'avais
eine doutance que c'était comme ça. || (Lseg.).
Tendance, hésitation. Ex. : Le vent a toujours
eine doutance de se tourner dans ceté canche-
là. — Citât, dans Jaub.
Doute (Mj., By.), s. m. — Soupçon. |1
Hésitation. Ex. : J'ai été en doute de illy
aller. Syn. de En dècis, en Nême ; c.-à-d.
J'ai eu un moment l'idée d'y aller. || Demi-
intention. Ex. Je se en doute si je ne vas point
le vendre. || N'y a pas de doute, ce n'est pas
douteux, c'est certain. || Etre en doute de,
même sens. Ex. : J'étais en doute d'avancer
jusque là-bas.
Douter (Mj., By.), v. n. — Soupçonner,
avoir des soupçons. Ex. : Je doute ben fort
sus lui, je le soupçonne fortement. || v. a.
Croire reconnaître, sans être sûr de son fait.
Ex. : Je l'ai pourtant doutée, mais j'étais pas
ben sûr que c'était ielle. || Redouter. Ex. :
Je ne le crains ni ne le doute. (Lg.) || Lx.
Douter de.
Hist. — M. J. . ., fermier à Motron (Lx), s'était
aperçu que des colzas qui se trouvaient dans un
champ disparaissaienj;. Doutant de la personne qui-
ie volait, il avertit la gendarmerie. (Ang. de Paris,
7 avril 1907, 3, 3.)
Douve, s. f. — Plante. Petite d., ranunculus
flammula ; grande d., r. lingua. — Elle croît
ordinairement dans les douves. (Mén.) Bat.
Doux (Mj., Lg.), adj. q. — Humide, en
pari, du linge, des habitations, etc. Ex. : Vous
avez eine maison qui a l'ar ben douce. Cf.
Rude. \\ Pluvieux. È'.n temps doux. \\ Monter
à doux, monter un cheval sans selle, ni cou-
verte. Sans doute par antiphrase. || Tout à
la douce, tout doucement. Ex. : Vas-y tout à
la douce, comme les marchands de sardine, de
cerises. V. Douce. \\ Filer du doux, filer doux.
I! Modéré, dans les prix doux, pas cher, || s. m,
Liqueur douce, de dame. Un verre de doux,
anisette, crème de noyau, etc. ||adj. q. — ■
Liant, fibreux, en pari, du bois. Ex. : Velà du
noyer qui est doux comme ein étain. Compar.
proverb. — Du fer doux. \\ Se la couler douce,
vivre sans soucis. || Qui flatte le toucher par
un contact sans aspérité.
Doux d'argent (Mj., Tlm., By.), s. m. —
Ancienne espèce de pommes ainsi nommée
parce qu'elle est douce au goût et très
blanche de pelure.
Douzil (Lue, By.), s. m. — Fausset de bar-
rique, ou plutôt : trou du fausset. || By. qqf.
Doizil, pron. douzî.
Et. — B. L. Duciculus (D. C), dimin. de dux,
qui conduit, petit tuyau : le nom ayant été trans-
porté du trou à la cheville qui le bouche. (Ijtt.) —
Doisil, du vx fr. Dois, source, — même étym.
(Darm.) — Dousil o (l final muet, comme dans
fusil). Petit morceau de bois de coudrier, et plus
ordinairement d'osier (d'où son nom), taillé en
pointe ou en cône, dont on se sert pour fermer ou
boucher un tonneau. C'est tantôt un fausset...,
tantôt une cannelle. » — « Il faudra tordre le
douzil, et bouche close. » (Rab., G. V.) — « Et ça,
300
DOUZILLER — DRET-HAUT
Tragemala, de ce mot
de par le diable ! ça, dit-il, le douzil est en la pinte. »
(Bonav. des Périkrs, Contes. — Cités par Jaub.,
dont nous contestons l'étymologie.) — Moisy le
fait venir du celt. Doul, pour : dour, eau, et de sil,
passoire.
DouzMler, v. n. — Se servir du douzil. ||
Segr. — Prendre de l'eau et allonger un
liquide avec. — V. Jaub à Bousiller ; citât,
de Remy Belleau. Cf. Doziller.
Douzit' (Mj.), s. m. — Petit trou par où
s'écoule un liquide. || La cheville qui bouche
ce trou. — V. Douzil. \\ Douzit de la panne
à buée ; (Craon) conduit de cuve à lessive.
Doyau, s. m. — Linge qui enveloppe un
doigt malade. — Pour, ou comme Déyau.
Doziller (Mj.), v. n. — Tomber goutte à
goutte, s'écouler lentement, en parlant d'un
liquide. Pour Douziller. dér. de Douzil, ou
Douzit. — Voyez ces mots pour l'Historique.
Dragée (Mj., By.), s. f. ■ — Cracher la dragée,
lancer en parlant des goutetlettes de salive.
V. Postillon.
Et. — B. L. Dragata
grec signif. friandises.
Drageline, s. f. — V. Matricaire (Mén.).
Dragou-rouge (Lg.), s. m. — Sang-dragon,
sorte de parelle à nervures rouges.
Draguée (Lg.), s. f. — Le contenu d'une
drague.
Et. — Angl. drag, crochet, fdet ; to drag, tirer.
Dragiienée (Bg.), s. f. — Aller à la dra-
guenée, marcher de travers comme un homme
ivre. Cf. Haquenée, Traquemard.
Draillée (Segr.), s. f. — Donnée une draillée,
ou : donner le fouet. (Mén.). Cf. Drainée
Drainée (Mj.), s. f. — S'emploie dans la
loc. Battre la dmmée. C'est à la fin des bat-
teries, lorsque la dernière airée est égrenée, se
mettre à battre tous à la fois, à grands coups
de fléau non rythmés. Amusement tradi-
tionnel.
Et. — Ce mot semble avoir de l'affinité avec
l'angl. Drum, tambour.
Il Lg. — Rossée, volée de coups. Syn. de
Lâtrée. Cf. Draillée.
Drap' (Mj.), s. m. — Drap de corps, drap
lont on recouvre le cercueil d'un mort. || Mj.
— Ne pas être dans de beaux draps, être en
mauvaise situation, en fâcheuse posture.
Drapeau (Mj., Sal.), s. m. — Usité surtout
au j)luriel dans le sens de Langes d'enfants.
C'est un petit drap.
Hist. — « Quoi donc. Colin, ne sais-tu pas
« Que Dieu vient de naître ici-bas?
« Qu'il est logé dans une étable?
« Il n'a ni lange, ni dmprau.
« Et dans cet état misérable
« On ne peut rien voir de plus beau. »
(Vx Noéls.)
— « — Et en ces ords cuveaux
« Où nourrices essangent leurs drappeaux.
(Villon. )
— « Vous verrez deux animaux
(^ui échauffent ses drapeaux. »
(Nocls anc. et nouv., p. 74.)
— « Ta mér' ail' é poué là,
Air é à la rivière
A laver tes drapias. »
(Chanson locale. — Lrm.)
Draper (Tlm.), v. a. — Rouer de coups.
Il Sp. — Fouetter, en pari, de la pluie.
Drègues (Chai.), s. f. — Vêtements.
Et. — Pour Grègues, vêtements. Autre forme de
Grecque. (Cf. Grégeois, Grièche, Grive.) Culotte
sans braguette, autrefois. La forme indique un
emprunt au provenç. Grega, ou à l'esp. Griega.
CoTGRAVE définit Grègues par : grand haut de
chausses gascon ou espagnol, gallogascoines, en
angl. Galligaskins. — Il y avait alors des chausses
à la grecque, à l'italienne, à la napolitaine.
Dré là (Cho., Sar., By.), loc. adv. Là bas,
tout droit. — Drela, Dedla, Dret là (My.)
« Où donc qu'tu vas? » — « J'vas dré-là. » en
montrant le lieu, tout près. — V. Drez.
Dreiller (Z. 115.), v. n. — Bêcher en sillons.
Vient de raie, rayon. C'est bêcher de raie.
Dresser (Lue, Mj.), v. a. et n. — Repasser
au fer chaud, du linge. Ex. : Va falloir que je
prenne la lingère, j'ai pus de coiffes de dressées.
C'est unir, aplanir, rendre droit. || Plutôt :
Mettre debout, dresser, en état d'être porté,
empeser, parer, ou repasser du linge (C. Port.)
Dret' drète (Mj., Lg., Lrm., Sal.), adj. q.
— Droit. Cf. Fret, Adret, Maladret, Etret,
pour le changement de oit en et. || Licite,
permis. Ex. : Il n'est point dret de manger de
la viande anhuit. — On dit aussi, par ellipse :
Il n'est point dret de viande. || Au dret de,
vis à vis de, en face de. Ex. : Il demeure au
dret de chez nous. || Au dret de soi, en ce qui
le concerne. Ex. : Chacun paiera au dret de
.soi, sa quote part. V. Vis-à-vis. \\ Ec. —
Tenir au dret ; maintenir le bateau dans la
bonne direction avec le gournâ (gourneau),
quand il va à la voile ou à la hâlée. Pron. dré.
— By.
Hist. — (I A la Rompure, au droict delà Pierre de
Drain, l'eau estant grande, voilant passer la dite
rompure. » (1568. — Inv. Arch., E, ui. p. 332-3.) —
« Donné à Angiers, sauf notre dreit, le seniadi
emprès l'an noef l'an de grâce M. CC quatre vinz
diez et noef. » (1299. — Id., H, i, p. 10, col. 1.) —
— « Ce fut donné à Angiers, sauf nostre dreit et à
tous autres, le mercredi empres Noël, l'an de grayce
mil dous cenz e quatre. » (1204. — /ne. Arch.,
p. 171, col. 2.) — « Donné à Angiers, sauf notre
dreit, le jeudi- empreis la saint Hillaire, l'an de
grâce MCC quatre vinz deiz e noef. » (1299. — Id.,
H, I, p. 171, c. 2.) — n Et ainsi qu'il fut au droit
d'entre eux, il luy demanda... » (Rab., P., n,
9, 134.) — « L'encolure d'un cygne, effilée et bien .
drette. » (Mol., Les Fâcheux, n, 7.)
Et. — C'est l'ancienne prononc. de Directus. —
Cotte diphtongue oi, dit H. Estienne, a été chan-
gée en e, comme es mots dret et endret, pour droit
et endroit. » (H. Estienne, Dialog. du nouv. lang.
fr. italianisé. — Cité par Eveillé.)
Dret-haut (By.). V. Galerne.
Hist. — « Dreit haut. « Lorsque le vent passant
DREITIER — DRRR!
301
de la galerne au nord devient dreit haut. » (Anj.
hist. — Abbé HouDEBiNE, 2« an., n» 6, p. 579.)
Dretier,ière (Mj., Lj;., By.), adj. q. Droitier.
Drez (Lg., Mj.), prép. — S'employait uni-
quement dans l'express. : Drez-là, par là, là.
Ma bisaïeule, Marie Bastard, veuve Angus-
seau, morte en 1877, à l'âge de 96 ans, n'em-
ployait jamais d'autre expression, non plus
que les personnes de sa génération. Le mot a
aujourd'hui définitivement disparu. (R. O.).
N. — On pourrait p.-ê. écrire Drée-là, car c'est
ainsi que le mot se prononçait ; mais je ne crois
pas que l'on puisse admettre Dret-là, car, alors, le t-
final aurait sonné infailliblement. — A rapprocher
le breton : Dré-men, par ici ; dré-zé, par là ; dré-
brehan,paroù? — AU. Durch;angl. Through. (R. 0.)
Drî ! (Mj.), interj. — Cri dont les charretiers
se servent pour faire arrêter ou reculer les
chevaux. Abrév. de Drière, Derrière.
Drière ! (Mj.). — V. Dri. Corr. de Derrière.
Drigal (Fu). s. m. — Saint-Frusquin.
Ex. : Il ont chârreyé son pauvre drigal à
matin. » V. Adrigail. « Le matin, j'en
finissons point d'êter après nout' drigal. »
Drigiie (Segr.), s. f. — Cours de ventre. En
picard : dringuer, ou jaillir. (Mén.). C. Va-vite.
Drijjou, s. m. — Sans soin (Mén.). —
Grigou?
Drigiier (Sp.), v. n. — Agir ou marcher
avec vivacité. Cf. Driner.
N. — Ce mot a sans doute la même rac. que
Dringuet. V. à Drucher.
Et. — Briller ; courir. Voir Godefroy. Orig.
incon. — (Darm. ) — Driller, sautiller, se sauver
promptement. « Au trot, je drille comme un che-
val. 1. (L. C.)
Drinard (Sp.), s. m. — Enfant pisseux.
!! Fig. Gringalet, homme petit et fluet.
Driner (Segr., Mj., By.), v. n. — Se hâter,
se dépêcher, courir, trimer. Syn. de Briguer.
Il Pisser. || Ex. Où donc que tu vas driner par
là? Il Lcq., Sp., id.
Et. — « Driller, courir. Cf. Angl. to drill. percer,
s'échapper. » (Litt.) — Darm. conteste. — C'est
ce V. qui est devenu l'angl. to Drain, égoutter, et
qui nous est revenu sous la forme Drainer. (R. O.)
Dringiie (Lg., By.), s. f. — Grande per-
sonne mal bâtie ou méchante. Bringue. — Se
dit aussi des bêtes. Cf. Drogue.
«riiigiift, ette (Mj., Sal.), adj. q. — Vif,
alerte. || Bien tourné, bien campé. || Soigneux
de sa personne, coquet sans excès. Cf. Bri-
guer. Il Pimpant, sémillant. Syn. de Mus-
cadin.
Et. — Dér. de Driguer, c. Ginguet de Gigue. Le
sens primitif a dû être ■. vif, alerte.
Drit (Li.), s. m. — Le drit, l'humidité.
Drogue (Mj., By.), s. f. — Bête ou personne
méchante. Ex. : Oh ! la vilaine drogue ! —
C'est eine mauvaise drogue, c'est une harpie.
— Cf. breton : Droug, Drouc, mauvais, mal.
Droguer (Partout), v. n. — S'ennuyer à
attendre, faire le pied de grue, croquer le
marmot, se morfondre.
Et. — Ne vient pas de Drogue, ingrédient, mais
de Drogue, jeu, où le perdant porte sur le nez un
petit morceau de bois fendu, qui le gêne fort. On
le garde jusqu'à ce qu'on gagne. (Litt. et Darm.).
Droit (Mj.), s. m. — Se prononce le plus
souvent Bret, mais non, du moins à l'époque
actuelle, dans l'express, suivante : Au droit
de soi, en ce qui le concerne. Ex. : Chacun
paiera au droit de soi, sa quote-part. || Lue.
Se trouver au droit, rencontrer. Mettre au
droit, atteindre en tirant. !| Droit comme mon
bras quand je me mouche, dit-on par déri-
sion, p. ex. à un enfant qui a tracé une ligne
de travers et qui prétend qu'elle est droite.
Hist. — « Ainsi doncques, toutes les choses que
la nature a créées, tous les arts et sciences... sont
chacune endroit soy une mesme chose. » (J. dtj
Bellay. — Déf. et III. L. i, ch. i, p. 4.).
Drôle (Li., Br.), adj. q. — « Elle est ben
drôle, elle a une jolie taille, sa toilette lui
va bien. || Autre sens. (Lg., Sp.), s. m.
Enfant, dans le sens le plus général, ij Plus
spécialement petit garçon. Syn. de Queneau,
Races.- (Th.). Mon drôle est malade.
Et. — Peu satisfaisante. — Hist. « ...qui désigne
tantôt le drôle, ou petit gars, comme en Poitou. »
(La Tradit., p. 72, 1. 2.).
« Tous les droites, mes compagnons,
« Quand d'eux me viendra souvenir
« Auront part en mes oraisons. /)
(Basselin, lui.).
Drôlerie, des Ponts-de-Cé. — V. au Folk-
Lore, Dictons, V.
Drôlet, ette (Mj., By.), adj. q. — Assez
drôle, avenant, gentil. || Drôlette (Ché).
Chanson grossière et satirique, chantée pour
danser, endormir les enfants. (Mén.).
Drôlichon (IMj.), adj. q. — Drôle, assez
drôle. Cf. le fr. Folichon.
Hist. « Mon ami Drôlichon, qui n'est pas une bête,
« Obtient pour quelque argent un arrêt sur requête.
(Racine, I^es Plaideurs. I. 7, 211-12.)
Drôlière (Sp., Lg., Mv.), s. f. — Petite
fille. V. BrÔle (Th.) Drollière. — Syn. de
Queugne.
Dr orne (Mj.), s. f. — Train de pièces de
bois flotté. La drome et Véchaduau sont au
fond une même chose, mais ce dernier était
beaucoup plus important et construit d'une
façon bien plus solide en vue du long voyage
qu'il avait à faire pour venir de la Nièvre.
La drome est formée de bois du pays, assem-
blés sommairement pour un trajet de qqs
lieues. N. L'o se prononce très bref, commme
dans le mot : homme.
Drouillurd (Lue), s. m. — Sorte de chêne
de qualité inférieure. Quercus cerris.
N. — Drouille, chêne blanc, aussi appelé chêne
drouillard. En grec Druç. || ]\Iénièke l'appelle
chêne rouge, et le tire de derw, mot celtique, ou
du vieux gaulois. — Je conteste l'étym. grecque.
Drrr ! Interj. — Pour arrêter ou faire
reculer les chevaux.
302
DRU — DURER
Dru, e (Mj., By.), adj. quai. — Fort,
vigoureux, bien portant, gaillard. — Le mot
a vieilli à Mj. || Auv. — Fort, croisé, adulte.
Se dit des canetons, des oisillons. || By. Dru
com. père et mère.
Et. — Sens primit., herbe drue : p. ext. s'est
appliqué aux personnes. — Du celtiq.? hardi,
volontaire ; beaucoup, gras. (Litt.). — Constans
lui donne deux sens : 1° ami, amant. — 2° serré,
« dens drus, petis. — dents petites et serrées. —
Malvezin : « Dru, fort, solide, vigoureux — racine
celtiq. — D'où* drutos, qui se retrouve dans le
gallois drud, autrefois drut, audacieux, brave,
fort ; le gaéliq. druth, volontaire, pétulant ; le
corniq. dru, beaucoup, et le fr. dru, pour drut,
abondant, épais : blé dru, pluie drue, herbe drue
Employé com. préfixe, dru donne un sens aug-
mentât. : druida, pour druvida (de vid, savoir,
selon d'Arbois de Jubainville et Holder) ; en
fr. druide, proprement très sage, supérieur par le
savoir. — Hist. — « En peu d'années vous y
voiriez les sainctz plus druz, plus miraclificques...
que ne sons tous ceux des neuf éveschés de Bre-
taigne, excepté seulement sainct Ives. (Rab., P.,
m, 4, 222.). N. Ainsi le mot avait bien au xvp s. le
sens que notre pat. lui a conservé.
— Arbre planté chevelu
Pousse dru.
Qui sème dru récolte menu ;
Qui sème menu récolte dru. » (Mén.).
Drucher (Segr.), v. n. — Sauter. Ex. :
Vous venez trop tard à la chasse. Il faut
arriver à la pique du jour ; les lièvres dru-
chant avec les cheval. » — Vx fr. Druge, fuite,
retraite? Cf. Briguer.
Drugir (Auv., By.), v. n. — Devenir fort,
se développer. Se dit des canetons, des oisil-
lons. Dér. de Dru.
N. — « Druger. Etre ardent au plaisir. Du celt.
drujal, folâtrer. — Druge, leste de corps, actif
d'esprit. Du celt. drud, fringant, robuste, brave. —
Drugesse, activité d'esprit, etc. (Moisy.).
Driizir (By.). — Devenir Dru. — V.
Drugir.
D'sour, s. m. — Un (Tsour. (Bl., By.). Un
vêtement de dessous. Cf. le fr. Pardessus.
Dû, part. pas. (Mj., By.). — Avoir dû,
avoir failli. Ex. : Il a dû en terséler, il a failli
en mourir. || Donné. Ex. : C'est pas dû à tout
le monde d'être riche.
Duchequé (Lg.), prép. — Jusque. C'est
une corr. du mot fr. — Se rapproche du
latin : De-usque. Ducheque-lk, jusque là.
Cf. Tucheque Hucheque, Enjusque.
Duchèse (Mj.), s. f. — Duchesse.
Diidepuis (Lg.), prép. et adv. — Depuis.
Cf. Dupuis, Dempis, Dedepuis.
Duit° (Mj.) s. m. — Petit barrage en
branches de saule, pour diriger le poi-sson
vers les nanses ou ancreaux. \\ Petite jetée,
petit éperon de pierre le long d'un chantier.
Et. — Lat. Ductum. — Cf. Angl. Duct, conduit,
canal.
Il Petit lavoir. Syn. de Douet. Pas à Mj.
Duiter (Tlm.), v. n. — Lancer le fil de
trame au moyen de la navette, afin de faire
une duite.
Et. — Dér. du fr. Duite. — Ductum, de ducere.
Dupe (Mj.), s. f. — Ne s'emploie qu'avec
la prépos. dans, ce qui forme l'express, sui-
vante, très usitée, mais logiquement inexpli-
cable : Se trouver, Etre dans la dupe, être
dupe, Etre la victime, subir les conséquences
fâcheuses, payer les pots cassés. — Dupe,
ici, est employé dans le sens de duperie ; de
même : Etre dans les dettes de qqn. — Ex. :
Avec tout ça, c'est moi qui en se dans la
dupe, qui suis le dindon de la farce.
Et. — Ce mot a été le nom de la huppe, oiseau
qui passe pour l'un des plus niais. De la sorte,
la huppe ou la duppe fut prise, dans le jargon
ou argot du temps, pour une personne aisée à
tromper, sens que « pigeon )' a de nos jours. Mais
duppe, ou dupe est-il une altération de huppe?
Cela est possible, mais non certain. (Litt.).
Dupuis (Lg.), prép. et adv. — Depuis.
Syn. de Depis, Dédepis, Dempis, Dudepuis.
Dur (Mj., By.), adj. q. — Dur à son mal,
peu sensible à la souffrance, stoïque. || s. m.
Liqueur forte. Un verre de dur (rhum, eau-
de-vie, etc.). V. Doux. Il Entendre dur, être
un peu sourd
Durant (Mj.), prép. (Mj.). — Tout durant,
tout le temps de. Ex. : Il n'a fait que de
grouler tout durant la messe, ceté méchant
galopin-là.
Duraud (Sa,), adj. q. — Un peu dur.
Durbasse (Tlm.), s. f. — Lobe d'une tête
de chêne mousard. — N. Les vieilles têtes
de chênes mousards ne sont pas simples, mais
se composent de plusieurs durbasses, vieilles
branches d'émonde qui ont grossi jusqu'à
devenir énormes.
Durcher (Lg., Tlm.), v. a. — Toucher,
dans tous les sens. Syn. de Dourcher.
Dureau (Mj.), s. m. — Centaurée jacée,
grande centaurée. Dér. du fr. Dur. Les tiges
de la plante, desséchées, sont très dures et,
mêlées au foin, elles le déprécient. Syn. de
Chabossée, Têtes de fer, Têtes de trèfle.
Durement (Mj.), adv. — Peu vigoureu-
sement. Ex. : Velà des naveaux qui poussent
durement. — Se dit des plantes ou des ani-
maux dont la croissance est pénible. Cf.
Tendrement.
Durer (Ag., Mj.), v. n. — Absolument :
Rester tranquille. Ex. : Vous n'avez jamais
vu ein queneau si combattant ; il ne dure
point. — vUlons, dure donc ! — Il ne dure ni
en lieu ni en place. || v. a. Endurer, supporter.
« On illi mettrait ben ein emplâtre de
mouches, mais il ne le durera point. — Faut
ben durer ce qu'on ne sarait empêcher. — Je v
ne vas point durer ça ben longtemps ! — Il
n'a pas pu durer son pâteau de moutarde. »
Il Paraître long, en parlant du temps.
Et. — Série des sens : Etre dur contre les causes
de destruction, continuer d'être, persister à être
DURET - E
â03
(tranquille) (Litt.)- — C'est le : « durare nequeo in
œdibus » de Plaute ; Je ne puis durer à la maison,
c.-à-d. y rester. Cité par Jaub. — Eveillé.)- —
Hist. « En sorte que le diable n'y eût pas duré. »
(Rab., P.,n, 16, 156.).
« Voilà, mon cher Morel, combien le temps me dure
« Loin de France et de toy... »
(J. DU Bellay. Les Regrets, p. 220.).
— « Trêves pour Dieu ! de ce jaloux
« Qui est si maussade et f ascheux
« Qu'on ne peult durer avec luy,
M Car il y a trop moins d'ennuy
« En purgatoire qu'en ces jeux. »
(G. C. Bûcher, 235, p. 229.)
Duret (Tlm.), s. m. — Troëne. Syn. de
Verzelle. Pour qqs uns c'est, comme à Sp., le
troène, ou verzelle ; pour d'autres, c'est
l'arbuste appelé à Mj. garais. || Au Lg., on
distingue le duret blanc, qui est le duret de
Sp. et de Tlm., la verzelle de Mj., c.-à-d. le
troène, et le duret rouge, qui est l'arbrisseau
appelé à Mj., pied-fût. Le garais porte le
même nom qu'à Mj. || Bâtard : Verzelle,
ligustrum vulgare ; Garais, evonimus euro-
pseus.
Duretal, pour Durtal, en Anjou. On dit,
quand une femme a la tête dure, qu'elle a été
faite à Duretal. (Mén.).
Durger (Lg.), v. n. — Durer. Ex. : O fait
trop beau temps, ça veut pas durger.
Duriou, s. m. — Durou jaune. Vulg.
Chondrilla juncea, ou Durou.
Durzillon (Mj.), s. m. — Durillon. De
Durzir.
Durzir ° (Mj.), v. n. — Durcir. Corr. du
mot fr. — Au sujet de l'adoucissement du c
en z, cf. Noirzir.
Dusite- — Pour Dusil, Douzit. (Mén.).
D'valant (Ec). — V. Valant.
Dyssentêrie (Mj.), s. f. — Dyssenterie.
Syn. et doublet de Dessenterie.
D'zur. — Dessus.
S
OBSERVATIONS
Prononciation. — E muet devient é ; concevoir,
recevoir, — concevoir, recevoir. — Er, é finals
deviennent eu (Gn). — Flamber, flambée, aisé, —
flamiew, aiseu, — E devient oé ; mérienne, —
moérienne. Mais les élégants disent : mérienne pour
méridienne, revenir, ert'éwir, fermer, f oermer (By.).
— E , ê se prononcent ée ; être, c'est, qu'est, mais,
— éêtre, c'ée, qu'ée, mée (Vern.). — E ouvert
devient eu, — fièvre, lièvre, — fieuvre, lieuvre. —
Devient é fermé et traînant dans la plupart des
finales en ère, père, mère, — péere, méere ; même
devient meinme, avec nasalisation.
Ei. — Devient i ; oreiller, veiller, réveiller, —
oriller, viller, réviller, — remplace oi : accroire,
croître, — accreire, creître.
Œ, Eu. — Devient yè ; couleuvre, couyèvre. —
Ou u, — seulement, — sument, à. peu près, pleu-
résie, — (• pu près, plurésie. — Ou ei : deuil, œil,
feuille, — deil, eil, feille. — Ou ou : peuplier, —
pouplier.
Permutation. — E devient très souvent a ; —
commercer, cher, cuiller, conserve, élégant, s'ali-
bertiner, enchérir, renchérir, — commarcer, char,
cuillar, consarve, alégant, s'alibarliner, enchardir,
renchardir. — E fermé, de même ; — chercher,
cierge, trébucher, — charcher, ciarge, crabucher. —
Et, au contraire E, É remplacent a ; ramer, rame
deviennent : rémer, réme. Pois rémards. — Epar-
gner, sarcler, sarment, — épergner, sercler, ser-
ment. — E remplace i : diligence, — déligence ;
régal, régalant, — rlgal, rigalant. — E devient
0 : préfet, précaution, — projet, procaution ; fermer,
— former. — E devient ou : pépie, pépin, —
peuple, poupin. — Ou in : mercredi, — minkerdi. —
Ou oi : peser, regret, — poiser, regroit. — E de-
vient u : semer, séminaire, séparer, cresson,
cépanche, — sumer, suminaire, suparer, crusson,
çupanche. — É, es — deviennent in, ins ; éduquer,
essentiel, — induquer, inssentiel. Au contraire, es
remplace ins : installer, — estaller.
Addition. — E s'ajoute à l'intérieur d'un mot :
tablier, — tabelier ; oublier, crier, — obelier,
querier. — Par prosthèse, euphoniquement, aux
mots commençant par s suivi de certaines consonnes
statue, — estatue. V., à sa place, l'observation à Es.
Retranchement. — Aphérèse. Ecrabossé, —
craboosé. — Chétif, — ch'ti.
Métathèse. — Re devient presque toujours
er ; redresser, erdreser ; s'entreregarder, s'enter-
garder.
Groupes de lettres. — Eau — ' se prononce
le plus souvent iau ; couteau, chapeau, veau, etc.,
— coutiau, chapiau, viau. — Mais aussi iâ. V. au
F. L. XI, a, l'article Chatéaupannc. — Dans les
mots terminés par eau, à Cho., Ché., on appuie
sur l'e ; marteau, ciseau, — marteau, ciseau. — Il
ne faut pas dire, d'ailleurs, que eau intercale un i.
D'abord, cette prononciation est devenue rare
partout. D'autre part, les anciens, les vrais pa-
toisants, ne prononçaient pas ieau, mais euau,
en une seule émission de voix. Et, dans cette diph-
tongue, eu n'était autre chose que l'e des termi-
naisons en el ; tandis que au représentait l'I
final, ri lourd, tel que le prononcent encore les
Anglais. C'est donc une redondance d'écrire
ieau. Il faut adopter carrément iau (ou euau).
Iau, à Saint-Julien de Vouvantes
Eau se prononce éou à Mot., Sf., Bpu. — J'ai
toujours vu écrit, dans les « paysanneries », viau,
baliau, etc. Cette prononciation est inconnue dans
les Mauges du Nord. On dit véou, batéou, chapéou,
mantéou. Si bien que j'ai longtemps considéré les
œuvres oii ce langage était employé, comme imi-
tant mal le patois. En réalité on"^ choisit la pro-
nonciation : batiau, coutiau, parce qu'elle est plus
facile, qu'au théâtre l'acteur l'accepte mieux et
qu'elle est plus sonore, plus à effet que l'autre ;
elle différencie mieux, en apparence, le patois du
français (Fu.).
Eau, devient é (Lrm.) ; beau, — bé. Lg. iâ.
En, devient oin ; commencer, — commoincer,
c'moincer ; et ein (Saumur) : einfeint, pour enfant.
Elet, let, devient iet ; chapelet, sifflet, — cha-
piet, subiet.
304
E — EAU
É, Er. — Dans la région de la Pouèze, Bécon,
le Louroux-Béconnais, le son p, surtout aux fi-
nales, se change en eu. On dit Prru, Lahbeu, pour
Pré, Labbé (abbé). Tous les infinitifs de la première
conjugaison se terminent en eu : Mangeu, Alleu, etc.
On dit aussi : Eulle, pour Elle. — Dans cette
même région le son è, se change en ée très long.
On prononce Guéere, Péere, Méere, Mée, Ée, pour
Guère, Père , Mère, Mais, Est (il en est de même
à Mj.) ; de plus toutes les finales en ais des verbes
sont prononcées en ée : Je f aisée, je disée, etc.
Er devient éier à l'infin. de certains verbes :
Cerner, gauler, ronder, éclairer, deviennent : Cer-
néier, gauléier, rondéier, éclaréier.
Sur les bords de la Mayenne Er devient aussi
eu (v. plus haut) : Cuisinier, étrier, — • Cuisinieu,
étrieu. — Devient ier dans les noms de profession :
Boulangier, houchier. Lg. Horlogier.
Eur devient eux, oux (péjoratif) ; baveur, ba-
veux, oux ; grêleur, grêleux, oux.
Et remplace oit : droit, étroit, froid, — dret,
étret, fret.
Grê. — Dans des mots comme Grêler, grêle
(tamis), devient Gher qui se prononce dur : gherler,
gherie. Le blé a besoin d'être gherlé par le gher-
leux.
N. — Voir d'autres observations dans le Glos-
saire, à leur place, et aussi les mots cités ci dessus.
E. (Mj.). Pron. pers. f. s. et pi. Elle, elles.
Ex. : É veint d'arriver ; é sortent de partir.
Syn. et d. de ^, Aile.
Eau (Mj.), s.f. — Urine. S'emploie en ce sens
dans la locut. : Gâter de Veau, uriner. — By.
— Id. — J'ai entendu : Pancher (épancher)
de l'eau, — même sens. A S' Crépin, on dit :
s'égoutter, pour : prendre ses précautions, le
soir, avant d'aller se coucher. H Mj. Au plur.
Eaux, — urines. Ex. : Le médecin qui a vu
de ses eaux a dit qu'il 'tait ben malade. ||
Jugeux d'eau, — empirique qui traite d'après
l'examen des urines. || Sp. Juge à l'eau, même
sens. Il Mj., Lg. Tirer à Veau, — être fort, et
chargé d'humidité, en parlant du vent. || Eau
de lait, — petit lait. || Mj. £'a».r-fortes, — s. f.
plur. Toutes les solutions de drogues chimiques
aux affinités énergiques, et non pas seulement
l'eau forte. Ex. : C'est fait avec des eaux-
fortes. Il Eau rouillée, — eau ferrugineuse. ||
Mettre par eaw, une seine, — la déployer dans
l'eau. Il Morte-eau, — eau qui dort, remous.
Ex. : Faut tendre en morte-eau. — By. C'est
le moment où il n'y a pas de courant,
ou bien, lorsqu'il y a du courant dans le
lit principal, l'endroit où le courant ne se fait
pas du tout sentir, ce qui constitue un mollet ;
le remous est un contre-courant.
Etym. — Comme j'aurai de nombreuses occa-
sions, dans le Glossaire, de renvoyer à ce mot, je
vais en traiter l'étymologie d'une façon très
détaillée.
Eau vient du mot lat. Aqua, qui s'est déformé
de bien des manières, depuis dix-neuf siècles, et
est devenu successivement : Ague, aiguë, egue,
awe, èwe, ève, iave, iaue, eau. De là viennent :
Aiguade, aiguail, aiguayer (devenu, à Angers,
guayer, ghé-hyer), aigue-marine, aiguière,
Aix. Toutes les villes de ce nom, ou composées
avec ce nom, indiquent des stations d'eaux ther-
males : Aix-les-Bains,: Aix-la-Chapelle, etc. Nous
avons à Angers la rue des Aix. — Aigues-Mortes,
Aigues-Vives. — Le grand Aix, autrement dit
Hay, commune de Marcé, moulin à eau. Dans le
même ordre d'idées citons ici les Eaux-Bonnes, et,
chez nous, Bonnes-fau-r.
Chaudesaigites, Eaux-chaudes, évidemment. —
Chaudefonds, canton de Chalonnes. que l'on écrit
quelquefois, bien à tort. Chaux de fonds, sans
doute à cause des carrières de pierre à chaux qui s'y
trouvent, signifie : Fontaine chaude (du nom de
la fontaine Sainte-Madeleine, qui a longtemps
passé pour thermale. C. Port).
Ancolie. Plante renonculacée, dite Gant Notre-
Dame. Corrupt. du lat. des botanistes Aquilegia,
qui recueille l'eau à cause de ses pétales disposés
en urnes.
Aquarium, aquatile, aquatique, aqueux, aquo-
sité, aquifère, aqueduc ; terraqué.
Antraigues, Entragues, Antraygues. Noms propres
de personnes ou de lieux. Qui se trouve entouré
d'eau, à l'origine.
Rapprochons : Boileau, Boisleve. « Ces surnoms
facétieux plaisaient fort à nos pères. Il nous sou-
vient d'avoir vu, au bas d'une ancienne charte
latine, un témoin qui s'appelait Non bibens aquarti
(ne buvant pas d'eau). Nous avons des Boileau en
nombre ; mais il n'y a plus un seul Ne boit Veau.
J'ai grand peur que le Ne ne soit resté en route.
(LORÉDAN LaRCHER.)
Aquitaine. Cette province devait son nom
à la grande quantité d'eaux thermales qu'elle
contenait.
Serdeau. La forme ancienne est Sert de l'eau. Il
est donc impossible de n'y pas voir un officier,
ou un domestique qui, primitivement, servait l'eau.
— Officier qui recevait des mains des gentils-
hommes servants les plats que l'on desservait de
la table roj'ale. Lieu où l'on portait cette des-
serte.
Verseau, pour Verse-eau. Traduction des mots
latins et grecs qui désignent ce signe du zodiaque
(entre le 20 janvier et le 20 février) (Darm.). —
I.iTTRÉ ne donne pas ce sens ; il l'explique par
Retourner ; époque où il faut verser, retourner la
terre.
Evier. Le peuple dit souvent levier, un levier.
UEvière ou VEsvière. Un quartier de la ville
d'Angers porte ce nom. Dans les chartes du moyen
âge Aquaria. « Le tuyau d'égoût des anciens bains
se voit rue de la Blancheraie. Y avait-il là une
source, des bains, un lavoir ? La partie de cet
égoût qui traversait la rue se trouve sans doute
encore, d'un seul morceau, dans la cour de la
maison qui est en face. » (Corresp. de By.)
Acadeau, accadiau. Esséver, Essevoire, Enêvé.
V. Gloss.
Guyenne (La). — J'aurais pu ajouter, plus haut :
«Du mot Aquitania, Aquitaine, se forma peu à peu
le mot Aguienne, dans lequel il est facile de recon-
naître encore le mot Aqua, sous la forme Ague,
et que l'on s'habitua insensiblement à écrire la
Guyenne, au lieu de l'Aguienne, comme le deman-
dait son origine, et comme le voulait le bon
sens »
Aigoual (V), un pic, est de la même famille,
ainsi que le :
Credo, qu'il fa\it écrire le Crét-d'cau.
Aiguardentier, s'est dit à Genève, au xvi« siècle
pour Fabricant d'eau-de-vie, — eau ardente.
Fontainebleau. Il serait tentant d'expliquer
ce mot par Fontaine-belle-eau. Mais ce mot vient
de Fonteni-Bitaldi, sans doute La Fontaine de
Bleau. du nom du seigneur de la contrée.
On connaît les innombrables proverbes où entre
le mot Eau.
ËBAFFER - ÉBESILLÉ
305
D'autres noms de personnes :
Trinquelague, nom d'une famille titrée par
Louis XVIII, et synon. de Boileau, Dring-Water
en angl., Bevilacqua en italien. On retrouve dans
le mot fr. le v. ail . Trinken, boire, d'où Trinquer.
Morteau, s'explique tout seul. Cf. Mortemart.
Et tous les Daix, Daux, Delage, Deleau !
Aigueperse, aqua sparsa, eau versée. Faut-il
citer : Aquapuncturer, Aqua-tinta, Aqua-forte,
Aquarelle — et Water-closet ?
J'allais oublier Caldaguès. Voici un nom qui
ne doit pas venir des Flandres ! Eaux-Chaudes.
Et Soda-water, et Kirsch- wasser, mots étran-
gers, devenus français. Et tous les mots tirés
du grec (udôr, hydor, hydr) ; plus de trente, dont
je vous fais grâce.
Je vous dirai ici une bien jolie explication du
mot lat. aqua, lui-même. Je la trouve dans Littré,
au mot Épinard. Un vieil étymologiste, Jean
Bauhin, fait venir ce mot du grec Spanios, rare,
« parce que, ajoutait-il en latin, les médecins en
usent rarement ». Et Fittré -. « ce qui rappelle la
fameuse étymologie Aqua, a qua vivlmus, dont
nous vivons ! »
Pour finir, voulez-vous connaître les diverses
manières d'orthographier ce mot chez nos pères ?
Voir le mot Aiguë.
Et, dans les patois : Aiguë, aiguy, aigua, eygua,
eigue, ivoue, igoué, ive, if.
Voir CocHERis. Nom de lieux, pages 7 à 22.
Chapitre des plus intéressants.
Racine Av. L'AIT (Morbihan), l'Avon, l'Avario
(Aveyron), l' Avéra (Avron, affl. du Cher).
Rac. Eve. Eve, Evelle, Evaux, Esves le Mou-
tier, Esvres, Evian, Ayvaillé sur l'Embleve, Deux
Evailles, Longuève, Belleve, Megève, Amblève,
Entreves, — Glandeve, Lodeve. — Aibes, Aveline,
Ayvelles, Auvegny, Avouze, Avigneau, Albeuve,
Morteuve, Euvy, Enencourt l'Eage, Yvette,
Iviers, Yvoine, Yvuy, Yvory, Yvoy le Pré, la
Rogive, Saint-Pierre des Ifs. — Azay (Indre-et-
Loire, de Essia, Assia.)
En sanscrit, la rac. Av. est l'un des signes du
mouvement.
Rappelons la racine celtique Aa, rivière, eau
courante qui, en France et dans d'autres pays,
forme des noms de rivière, l'Aa, l'Aar.
Ébaffer (Mj.), v. a. — Ebahir, ahurir, effa-
rer. — Ebaffé, le part, passé, mêmes sens. —
Essoufflé, épouff'é, haletant.
Ébagé (Z. 142), adj. q. — Egaré, qui a pris
la clef des champs.
Ébahir (s') (By.), v. réf. — S'évanouir.
V. F. Lore. Langage, viii, 39.
Ëballer (Sa.), v. a. — Egrener || v. n. —
S'égrener. Ex. : Le grain n'éballe point de ce
• temps-là. Il Pour : s'éballer, sortir de la balle.
Et. — Du lat. E, et du fr. Balle, glume dont on
fait les ballins.
Ébalveretté (Mj.), adj. q. — Gorr. de Eha-
veretté.
Ébaraiider (Th.), v. a. — Ebrancher un
arbre. || Ebarrauder (By), de bai'raude, solive
grossière mise sous les parquets (tranche
équarrie).
Ébaupin (Mj., Lg., Li., Br.), s. m. — Aubé-
pine. Corrupt. du mot fr. par métathèse des
voyelles, avec tei'min. mascul. || Ebaupin de
rivière. Reine des prés (Lg.), ainsi nommée à
cause d'une vague ressemblance entre la
fleur de cette plante et celle de l'aubépine. ||
Nom vulg. du néflier (Mén.) — || Lg. Nom
d'une ferme. || By. — De Vébaupin, et même
du lébaupin, pour aubépine. L'épine noire est
appelée souvent de l'aubépine noire. La reine
des prés est désignée sous le nom de frênelle
(frée-nelle). Les mots : néOie." et nèfle ne sont
pas connus; on dit le niHier et Icmêle. ||Sal. ic?.
Ébauvelée (Craon), adj. q. — Personne un
peu en l'air, — qui n'a pas froid aux yeux.
Éba veretté (Mj.), adj. quai. — Décolleté,
qui a le cou et la poitrine à nu. V. Ebalveretté.
Dér. de Baverette.
Ébecher (Mj.), v. n. — Sortir de la coquille,
la percer avec son bec. Ex. Les petits poulets
sont ébechés. De : E, ex, hors de, et de Bec.
V. Bêchée. Commencer à éclore. Ex. : J'avons
ein poulet d'ébeché. Cf. Bêché. — C'est, de
fait, le bec qui sort le premier. || By. — On
dit : pécher. « Les petits canetins vont bentoû
écloure, les œufs sont tout péchés, — Les
petits commencent à briser la coque, coquille
de l'œuf avec leur péque (s. f., la pèque, pour :
le bec.) Le petit pèche l'œuf ; l'œuf est péché,
mais non le petit.
Ébecqueté (Mj.), adj. q. — Qui a le cou
mince et le museau allongé et pointu, en
parlant des animaux. Se dit aussi des per-
sonnes qui ont une physionomie du même
genre. — Le héron au long bec, emmanché
d'un long cou.
Ëbeilloiiir'^ (-Mj., Lg.), v. a. — Eblouir. Syn.
et d. de Ebélouir. Forme vieillie à Mj. — Cf.
EqueiUouir, Beillouetter.
Ëbeill'ouisscment (Mj.), s. m. — Eblouisse-
ment.
Ébélobé (Z. 142, Li., Br., By.). — Faible
d'esprit, ahuri, à demi fou, dément. — Syn.
de Bobé, Bobane, Boban, Maboule. — || Etre
ébelobé, — être pris d'un léger étourdisse-
ment. Cf. Ebobé.
Et. — Pour Eboilobé, dér. de Boilobé.
Ëbéloiiir (Mj.). v. a. — V. Ebeillouir.
Remarquez la difficulté de prononcer deux
consonnes consécutives, éblouir. Cf. Eberché,
ébréché. Il By. Pron. Eboélouir.
Ëberché (Mj.), part. pas. — Ebcrchii. —
Pour : Ebréché. On est éberché quand il
manque une dent, ce qui fait brèche. || By.
— Eboerché.
Et. — Aha, brecha, de brechon, rompre.
Ëberluté, adj. q. — Niais, stupide.
Et. — Berlue, de Bis, particule péjorative, et
lue, se rattachant à : lucem, lumière, mauvaise
lumière. — || Ebloui. (Jaub., qui renvoie à Ber-
luter.) Il By. Eberluré.
Éberzéler (s') — (Sal.), v. réf. — Crier avec
effort. i< 1 séberzelle des coups ! » Y. s'Equer-
zéler, s'Elerzéler.
Ébesillé (Mj.), adj. q.
Qui a les yeux
20
S06
ÉBESÎLLER — ÉBOUILLANTER
chassieux. Dér. de la même rac. que Besil-
loux.
Ëbesiller (Sar., By.), v. a. — Eventrer une
volaille. || By. Prononcer : Eboésiller et Ebou-
siller, — eventrer malproprement, maladroite-
ment, une volaille, un poisson ; écraser. « Le
pouv' chien a été ébousillé sous la roue de la
charte. »
Et. — Cf. dans Littré : Eberguer le poisson :
prendre les morues vivantes, ouvrir le ventre et en
extraire les entrailles. — !| Même rac. Bes, que
dans Béserot, Abrzarder. V. Beille, Bouse.
Ébicanée (Sp.), s. f. — Cri strident, bruyant
éclat de rire. Dér. dO'S'Ebicaner.
Ébicaner (s') — (Sp.), v. r. — Pousser des
cris ou des éclats de rire aigus. V. Bicaner.
Syn. de Picrasser, s'Equerzéler, s' Eterzéler.
Ëbichoter (Lg.), v. a. — Cueiller les cœurs
de choux verts. D. de Bichote.
Ébigorner (Segr., By.), v. a. — Ebigorner
un animal ; tuer en suçant. La belette ébi-
gorne la poule en suçant le sang à la gorge
(Mén.). Dér. de Bigourner. Cf. ÈpiJwrgné.
Ébiroillé (Lg.), adj. q. — Rouge et chas-
sieux. Se dit des yeux. — Syn. et composé de
Biroillé.
Èble, s. m. — Euble. Nom vulg. du sam-
bucus ebulus (Mén.). [| By. On dit de l'yèble,
et, même, du z'yèble. Fr. hièble.
Éblé (Chl., Mj., Sal., By.), adj. q. — Idiot,
imbécile, qui a l'air égaré, hébété, abruti, à
demi inconscient. — || Etourdi, évaporé ;
vx fr esblouir, du lat lux, lumière (Mén ) ||
Ebloui? Il Individu dont la vue est troublée,
au physiq. ou au moral. I| Dans le pat. man-
ceau, je trouve : Œblé, qui se frotte les yeux
pour s'assurer de — confirme la supposition
de Ebloui, — Syn de Bobé, Ebobé, Ebelobé.
Ébobé (Mj., Lg., Ag., Sal.), adj. q. — Qui a
l'air nigaud, ahuri, ébaubi. Dér. de Bobé.
Syn. de Eblé. <- Aile ouvre toujours la bouche,
aile est comme une ébaubée. » Ebaubi, en
franc.
Ébobeluche (Mj.), s. f. — Sainte imagi-
naire, qui a la spécialité d'enlever le temps.
C'est la commère de sainte Guénetie et de saint
Guernuchon. N. — Subst. verb. dérivé du
suivant qui est oublié à Mj.
Ëbobelucher (Tlm.), v. a. Eplucher, au
propre et au fig. Cf. sainte Ebobeluche. Dér.
de Babeluche.
Ëbogler (Mj.), v. Ecosser. Ex. Ebogler des
pois. Il Enlever la drupe d'un fruit. Ex. : Ebo-
gler des noix, — ôter le brou. — Contract.
pour Eboguiller, qui serait le dér. régul. de
Boguille, et Bogue. J'écrirais Ebogueler. —
Syn. de Egobler, Epelouner. V. Eboguer.
Et. — Bogue. P. ê. de l'ail. Balg., enveloppe,
balle, — de châtaigne, et aussi : enveloppe conte-
nant la graine de certaines plantes.
Ëboglures (Mj ), s f — Xe s'emploie qu'au
plur ; cosses, drupes enlevées à des fruits.
— Dér. de Ebogler.
Éboguer (Auv., By., Sar.), v. a. — Ecosser,
V. Ebogler. Dér. de Bogue. — Oter les coques
piquantes des châtaignes. || Craon. — Rece-
voir des coups. Syn. de Écoper.
Eboguiller (s') — (By.), v. réf. — S'ébo-
guiller les yeux, en enlever l'humeur chas-
sieuse, — peut-être comme on enlève la
bogue des châtaignes, etc. || Segr. Eboguille
les fèves, écosse les fèves, enlève les cosses des
fèves.' — By.
Ëborgneur d'âchées (s. m.). — Laboureur
novice qui cherrue mal. Cf. Eborgneux de
moches.
Eborgneux (Mj., By.), s. m. — Celui qui
éborgne. Les cultivateurs se donnent à eux-
mêmes le nom à' Eborgneux de crapauds. —
V. Eb. d'âchée. — V. Crapaud, jj Eb. de
moches. Se dit d'un mauvais ouvrier à qui on
ne peut confier que des moches — morceau de
tuffeau, de moellon peu utilisable. Dans toutes
ces expressions satiriques, le mot Eborgneux
est synon. de Maladroit. !| A Pléchâtel, Ebor-
gneux de mottes, de crapauds. — tourner les
crapauds à revers, labourer. Dott.
Ëboudiner (s') (Tlm.), v. réf. — Se défaire,
en parlant d'une fusée de fil, d'un peloton. —
Syn. de s'Ebouéler, Déboutiner. Paraît être
une corr. du dernier mot.
Ébouédrée, Ëbouédrâillée (Lg.), adj. q. —
Se dit d'une femme un peu grosse, qui n'a
pas de corset et dont les seins ballottent. Syn.
de Ebouélée, Ebousée. \\ By. — On dit : époi-
traillée ou dépoitraillée. Prononc. : époé-
trâillée.
Ébouêdrer (Mj., Lg.), v. n. — S'ébouler. ||
S'échapper par le bout du fuseau, en pari, du
fil. — Syn. de Ebouiller, Ebouéler, Déboué-
drer. \\ Lg. S'écraser, en pari, d'un fruit pourri.
Ëbouélé (Mj.), part. pas. — Éboulé, écroulé.
il Affaissé, avachi, déformé. Se dit d'une
femme dont les seins ne sont pas contenus
par un corset. Ex. : Queune grousse vache !
A ne prendrait sèment pas ein corset. A
n'est que ça ebouélée ! — Syn. de Ebouédré,
Eboué'drâillé, Ebousée, Epoitrâillé.
Et. — « Ane. fr. Esboueler, eventrer : de f^s.
ex, et bouel, forme anc. de boyau. Pour le pass.ur
du sens primitif au sens actuel, cf. : le mur fait
ventre, menace de s'ébouler.
Ebouéler (Li., Mj.), v. n. — • S'ébouler. ||
En pari, du fil, s'échapper par les bouts du
fuseau, i \'. réf., même sens || v. a. — Faire
ébouler, faire écrouler. || Ebouéler son pailler, ,
— accoucher. V. Déboutiner. || Tu vas ebouéler |
eine pétarée, — tu vas tomber brusquement.
Il Sal. Ecraser. Ebouéler une roue. V. Ebouil-
ler. "Sla, Id. Syn. de Ecramouir, Ecraboutir.
Ébouillanter (By), v. a. — Nettoyer une i
barrique, un vase en terre, avec de l'eau ;
bouillante. || By. Brûler avec un liquide jj
bouillant, ébouillanter qqn. ; s' ébouillanter.
ÉBOUILLER — ÉCACHER
307
Ébouiller (Lg.), v. a. et n. — Ebouler. Syn.
et d. de Ebouéler. || Ebouiller son pailler, —
accoucher.
Ëboiilevancée (Sal.), s. f. — Cancanage.
Éboulevancer (Sal.), — Faire une ébou-
levancée, — répandre tout d'un coup un
secret. Cancaner en grand.
Éboiirrer (Bg.), v. a. — Ebourrer son gueux
(chauiïe-pied) avec une clef ; remuer la
cendre de sa chaufferette, pour ramener les
braises à la surface, en s'y prenant par la
circonférence. — C'est le contraire de Em-
bourrer, garnir de ce qui bourre. Syn. de
Ebrâsiller.
Il A By., le gueux s'appelle : seille, seille à
feu, chaufferette en terre avec une anse.
Ébousée (Lg.), adj. q. — Dont les chairs
sont débordantes et les seins ballotants, en
parlant d'une grosse dondon.Syn. de Eboidlée,
Ebouédrée, Ebouédrâillée, Epoitrâillée.
Et. — Dér. de Bouse. Littéralement : étalée
comme une bouse.
Ëboutouneui' (Li.,Sp., Br.),s. m. de Casse-
boutons. Oiseau qui arrache les boutons des
arbres fruitiers, des pruniers surtout.
Pour Eboutonneur, dér. du fr. Bouton. ||
Mj. — Pinson boutonnier.
Et. — Eboutonneur, eux. — Le bouvreuil s'at-
tache aux boutons des arbres fruitiers.
Ëbouziller (By.), v. a. — V. Ebraziller.
Ebouziller le feu ; farfouiller avec la palle et
les pinces pour le ranimer. — • Ebouziller un
bobo, gratter l'escarre. Syn. de Echarigner. \\
Po. — Syn. de Ebourrer sa chaufferette,
mouver ou émouver le feu. || Li., Br. —
Blesser. — I va V ebouziller avec sa fourche.
— Ce sens n'est pas connu de mes autres cor-
respondants. C'est le même, alors, que Ebe-
siller ; crever le ventre, ou bouse.
Éboyer (Rf.), v. a. — Ecraser « Je me
suis éboyé le doigt. » Est-ce Ebogué? enlever
l'épiderme, qui est comme la bogue du doigt.
Et. — Ebouiller. Jaub. renvoie à Ecrabouiller.
Ëbragueiiassé (Lg.), adj. q. — Déboutonné,
débraillé, dépoitraillé. Syn. de Débraguellé.
Et. — Dér. de Brague, braie ; lat. Bracca.
Ëbrâiller (s') — (Segr., By., Mj.), v. réf. —
S'écrier, brailler. Syn. de s'Epicrasser, s'Equer-
zéler, s^Eterzéler, s^ Ebicaner, s' Eberzéler.
Ëbrancher (Mj.), V. a. — Echai'per. « N'ap-
proche pas, sinon je Vébranche ! »
Ëbraser (Segr., By.), v. a. — Etre ébrasé.
se brûler. Au fig. Etre ébrasé de soif, être
brûlé de soif (Méî^.).
Et. — Le sens fr. est autiv. — Le vx fr. a Esbra-
ser, — mettre en braise. Cf. Abrasé.
Ebrâsiller (Sp., Z. 149, Li., By.), v. n. —
Remuer la braise, pour raviver le feu. — Pour
Ebraisiller, dér. du fr. Braise. Syn. de Ebour-
rer.
Et. — Aha. brasa ; ail. mod. braten, rôtir. —
A. f. brese, régulier. — L'a est dû à l'influence de
brasier et de embraser.
Ébreter (s') — (Z. 153, Ti.), v. réf. Se
fâcher (Craon). Crier. — S'animer, s'exciter,
élever la voix, s'emporter (Ag., By.). Faut
pas Vébréter », dit-on à qqn qui se met en
colère. V. Ebruter. || Peut-être pour Ebreuter.
Ébrive (Mj.), s. f. — Elan, escousse, erre
d'un bateau. || Au fig. On dit du chanvre, du
lin dont la croissance s'arrête subitement : Il
a pardu son ébrive. N. On prononce qqf.
Ebrife. || Ex. : Astheure, avec les tape-nez,
ein bateau fait le comble d'ein pont sans
pardre son ébrive.
Ëbrivé, ée (Mj.), adj. q. — Bien lancé, qui
marche avec entrain, à une allure vive et
délibérée. Dér. de Brife. L'ital. Abbrivo
signifie : élan. || Lpc. — Joyeux, très gai.
« As-tu l'air ébrivé ! »
Ébriver, v. n. — Ebriver sur le tard, — se
presser. || Lg. — v. réf. — S'élancer, se mettre
en marche à une vive allure. Dér. de Brife,
Ebrive.
Ébroqiiiner (Lpz., Zig. 146), v. a. — Ecor-
cher, dépouillei-, vider, un animal. Syn. de
E piauler, Effondrer.
Ébroquinée (Z. 146), adj. q. — Ecorchée.
N. — Jaub. : Ebroquer, Ebrécher. — Ebroquer
une assiette. — Renvoie à Broque, cassant. Cf.
Angl., Breack.
Ébruter CM]., By.), v. a. — Ebruiter. ||
Publier, proclamer, annoncer. Ex. : Ils
ébrutent le vin ben char. Cf. Ebreter.
N. — Les Bas-Norm. disent : Ebriter, de brit,
pour bruit. (MÉN.4GE.) V. Eboulevancer.
Ëbuer (Mj.), v. a. — Ebarber, déraser.
Ainsi : ébuer une pierre, c'est la casser à
coups de marteau, jusqu'au ras du mur dont
elle fait partie ; ébuer une pièce de bois, c'est
la déraser à l'herminette jusqu'à l'affleure-
ment du bordage où elle est fixée.
Écabocher, v. a. — Meurtrir la tête, y faire
un trou, une caboche. Caboche, tête dure.
(Mén.). Cf. Camocher.
Écabouir (Pell., Sa., By., Sar., Lue), v. a.
— Syn. de Ecramouir. Ecraser, aplatir. Se
rapproche de Acamer. \\ By. — Ecabouir,
c'est : écraser complètement. Ecrabouir. —
plus complètement. Ecarbouiller, — encore
plus. Ecrabouiller, id. « J'ai pêché
(pris) eine taupe, faut-i Vécrapouti (r) comme
un crapaud, ou l'élinguer au bout d'eine
branche? »
Et. — Ecrabouiller. Bruxelles : scrabouilles,
le résidu du charbon non entièrement consumé.
(Marine, escarbilles), de Excarbunculare, réduire
en charbon, et, par là, mettre en pièces. V. Escar-
boucle.
Écacher (Sp., Lg., Tlm.), v. a. — Serrer
fortement, saisir, pincer. || Fig. Ça écache dur
à matin, — le froid est vif. — Cf. itad. Schiac-
ciare. Angl. to squash, écraser, aplatir ; to
squeeze, serrer, exprimer. — Jaub. Escacher.
SOS
ÊCACHI
ÉCARRURE
Et. — Le simple : cacher, se trouve dans Ron-
sard :
«... à pieds descheaux cache le vin nouveau. »
Et. incert. ; p. ê. se rattache au lat. Coactus,
serrer, presser (I>itt.). — Briser, froisser : L. C.
« Terre, mère de nous, que jà tiens ecachez
« Tant de braves mortels , que l'âge a fait dissoudre,
« Dy moy, les as-tu tous faict retourner en poudre,
« Si tost qu'ils on esté dans ton giron couchez. » —
— « Ne Ta triblée n'esquachie (une racine),
« Ainçois la menja sans tribler. »
(Renan. 25.106.)
— « Le flum (fleuve) est toujours trouble, dont
çaus du pais qui boire en vuelent, vers le soir en
le prennent et esquachent quatre amendes ou quatre
fèves, et lendemain est si bonne à boire. » (Joix-
viLLE, //'■« de Saint Louis.) Le sens est : appuyer
fortement, aplatir en écrasant. (De : calcare,
quatere, ou quaxare.) — Buffon l'emploie ; « Ils
(les éléphants) écachent et détruisent dix fois plus
de plantes avec leurs pieds qu'ils n'en consom-
ment. » (L. C.) — Une maison d'Ecachehouton,
« unam domum in vico de Cacheboton. (1282. Ini>.
Arch., S. H., 11, 1, h.) « Il (Jarret de fer) ne faisait
usage de son fusil qu'à la dernière extrémité. D'or-
dinaire, ses deux poings lui suffisaient pour. . .
écacher les Bleus. . . Mais il les écachait si bien. . . »
(H. Bourgeois. W^^ de la Grande Guerre, p. 195).
« Quand on donne oled net et curé, le Meusnier
doit rendre du boisseau de bled rez un comble de
farine ; et de deux boisseaux, l'un de la dite farine
empli, caché et pressé avec les deux mains en croix,
et de rechef comblé. » {Coût, du Poit., t. I, p. 132,
art. 36.)
Ëcachi (Sar.), part. pas. Ecrasé. V. Ecacher.
Écaîeter (Mj.), v. a. — Arracher en déchi-
rant. Ex. : Il a écafeté eine branche de pom-
mier. Il Déchirer. Ex. : J'ai écafeté la cuissière
de ma culotte. Syn. de Ecaler, Eclafer.
Et. — Pour Eclafeter. dim. de Eclafer. Syn. de
Elosser, Eglâsser. — Ecaffer. Terme de vannier.
Partager l'osier en deux dans le sens de son épais-
seur. (LiTT.) — Ecafer, forme norm-pic. dér. du
vx fr. eschafe, coquille, écaille. (Cf. le provenç.
moderne Escaiadou, outil à fendre l'osier, de
Escaia, proprement Ecailler.) Le vx fr. Eschafe
est le lat. scapha, qui, du sens de barque, a passé,
au m. âge, au sens de cosse, coquille (Darm.).
Écaigner (Segr.), v. a. — Ecaigner un mal,
çàd. le taquiner ; de même que grabotter un
mal. On écaigne un chien en l'excitant à la
colère (Mén.). — De canis? chien. Doublet de
Aquiner, syn. de Echarigner, Ebouziller.
Écailler (Ag.), v. a. — Ecailler le feu, le
remuer. Ne serait-ce pas plutôt l'égailler.
V. Débourrer, Ebourrer, Ebrâsiller.
Ëcaleaux (Di.), s. m. — Ne s'emploie qu'au
plur. — Noix. Syn. de Caleaux. N.^Ce mot
forme le trait-d'union entre son synon.
Caleaux et le v. Echaler, duquel tous deux
dérivent. V. Ecalot.
Et. — Ecale. Enveloppe. Enveloppe qui couvre
la coque des noix. Le même que Ecaille. (Litt.). —
Hall. Skalia, se rattache au goth. Skalja, tuile
(Cf. Ecaille), pour Echale (D.\rm.). — Echaleau.
On appelle ainsi en Anjou une noix qui commence
à sécher (Ménage.)
Écaler (Mj.), v. a. — Détacher par arra-
chement. Ex. : Le vent a écalé une branche
de tilleulier. Syn. de Eclafer. — Ecaler des
noix. V. Caleaux.
Et. — Ecaller, de squallare. V. Ecaille. M. de
LA QuiNTiNYE : Ecaler se dit des poix et des fèves,
qu'on écosse, ç.-à.-d. qu'on sort de leur cosse. »
(MÉNAGE.) — Oter l'écale des fruits à coque
dure. S'applique par ext. à des fruits, des légumes
dont l'enveloppe est tendre, des pois. Dans ce
cas, le fr. emploie -. écosser. Cf. Echaler, Egousser.
(.Iaub.)
Ëcalniouehée (Mj., Sal.), s. f. — Frasque,
équipée, entreprise annoncée à grand fracas
et qui échoue misérablement. Ex. : Il en a
fait là eine belle écalmouchée ! — Syn. de
E^arouchée, Esgarade. — Semble tenir au
fr. Escarmouche.
Écalot (My.) s. m. — Noix épluchée ;
coquille de noix écale. V. Ecaleaux.
N. — « En des escalles, cuire leur viande. »
(BoDiN. Preuves. Saumur, note 26.)
Ëcamouir (Jl.) v. a. — Ecraser. Syn. de
Ecramouir. Doubl. de Ecabouir.
Écan (Ec. By.), adj. q. — Couleur d'un
gris un peu foncé. V. Amouré. \\ By. — S'ap-
plique aux canards. Une cane écan.
Écarbeiller (Segr., By.), v. a. — Ecarter
les jambes. — Ecarbeilîard, cheval ayant les
jambes écartées. — Corbeillard, celui qui se
frotte les genoux en marchant. Voir Escar-
quillé. Molière a dit : « Ils marchent escar-
quillés comme des volants. » (Mén.). — Ne
serait-ce pas Ecarquiller, de Ecartiller, avec
ti prononcé qui? || By. — Prononc. Ecar-
boeiller. D'où la locut. : à carboeillon (car-
boeillon). S'assire à carboeillon su eine chaire
(chéere, chaise). Ecarboeiller les jambes, ou :
s'écarboeiller.
Et. — « Ecarquiller, ecartiller (vx), pour équar-
tiller, ex-quart-iller ; mettre en quatre (à force
d'ouvrir), yeux ou jambes. (Darm.)
Écarbiller (s'). — (Ag., By., Sal., Mj.), v.
réf. — Ecarter les jambes. Syn. de s'Ecar-
fillonner, Ecarbeiller, Ecarquégner. — V. Car-
billette. !| Sal. Il écarbille les yeux comme un
qualre-épée (quaterpée) qui chie des macres. »
Écarfignonoer ou Écarfillonncr (v. réf.). —
(Mj.) Ecarter largement les jambes. V. Car-
fignon. Syn. de s' Ecarquégner.
Et. — Ce V. semble être un dimin. de s'Ecar-
quégner ; d'autre part, il est évidemment composé
de CarfiUon. D'où il faut conclure que ce dernier
mot et i' Ecarbiller ont une rac. commune, Carb,
Carf, dont je ne vois bien ni le sens, ni les attaches
avec les langues voisines. — Voir cependant
l'étym. à Ecarbeiller.
Ecarquégner (Lg.), v. a. — Ecarter large-
ment. Il S' Ecarquégner, v. réf., E. largement
les jambes. Syn. de s'Ecarfîllonner, s'Ecar-
biller. C'est le fr. Ecarquiller. — \'. Ecarbiller.
Il By. Écarquigner.
Écarrure (Mj.), s. f. — Carrure. || By. —
On entend même : Ecarrissage, pour Ecar-
rure. « Dame oui, qu'elle est forieuse (foé-
rieuse. V. Furieux), elle en a d'un ecarrissage !
ÉCART — ÉCHALER
309
— C'est vrai ; mais si elle est groussière
-grosse) de corps, elle est ligeare (légère) d'es-
prit. Comme bonté et comme savoir, elle est
ben râle (rare), ein cœur de promière, ma
chère. » — C'est du genre de : protestations,
pour : prestations ; la maladie du père Antoine
pour : une péritonite ; un rhododendron cire
jaune, pour : Sir John Broughton.
Écart (Mj.), s. m. — Ferme ou village éloi-
gné des routes. Ex. : Le postillon est en retard
il ara ieu des écarts à faire. « || Lg. — Les
cartes qui rentrent, et non pas seulement
celles que l'on écarte. Ex. : J'ai fait in bel
écart. Syn. de Récart, Rentrée.
Et. — LiTTRÉ, au sens 8, dit que c'est du mot
Carte et de l'Ecart aux cartes que sont venus
tous les sens de Ecarter. — L. C. dit que Escarre
vaut mieux com. orthogr. ; ce sont les fragments
d'une commune. (N. E. — que nous ne pouvons
adopter.) « Les habitants des villes et villages qui
ont leurs finages contigus, et joignant l'un de
l'aiitre, sans moyen, ni privilège, peuvent mener
leurs bestes, grosses et menues, l'un sur l'autre,
en vaine pasture, jusques aux équar-s des clochers
des églises. » (Coût, de Verdun.) — Equare indique
'étymol. V. Escart.
Ëcartant (Lg., Sep.), adj. v. Qui fourvoie,
où l'on s'égare. Se dit d'un chemin. Ex. : La
route n'est point écartante. » Syn. de Egarant.
Écartéier (Sb.), v. n. — Suivre la voie
charretière en s'écartant des ornières. Syn. de
Décharrayer.
Et. — Cartayer, p. ê. pour Carretayer (cf. char-
tier, pour charretier), dér. de carrette, forme
norman-pic, — pour charrette. Eviter les or-
nières en dirigeant les roues de la voiture dans l'in-
tervalle qui les sépare. (Darm.)
Écarteler (Mj., By.), v. a. — Fendre. Ex. :
Ne chante donc pas comme ça, tu m'écartèles
la tête. Il V. n. Se fendre. — Ex. : Ta
culotte est toute écarlelée. — Syn. de Encar-
teler. — C'est le v. fr. dans un sens plus général.
Et. — Ex -|- quartellus, dim. de quartus. C'est
partager en quatre. Nous devrions écrire Equar-
teler, com. les Ital. squartare. de quartus (et
scartare, de carta, écarter.) Litt.
ËcartélLs (Mj.), s. m. — Ancien cépage
blanc qui a disparu. Il était d'ailleurs de
mauvaise qualité. V. Çupanche.
Écartélure (Mj.,), s. f. — Fente, lézarde.
Syn. et d. de Encartélure. — Du fr. Ecarteler.
Écarter (Tlm.), v. a. — Etendre et aplatir,
un moiTeau de fer avec la panne d'un mar-
teau.
Ëcarterie (Lg.), s. f. — Atelier où l'on
carde le coton, la laine.
Et. — Pour Carderie, par confusion avec
Ecarter.
Écarts. — Nom de plusieurs fermes, lieux-
dits ; réunion de métairies. V. Ecart.
Écatouir (s') — (Sp., Chc), v. réL —
S'accroupir. Syn. de s' Amouir, s' Appou-
guenir, s" Ajoupir, s^ Assoutrer, s' Aguérouer,
Serait-ce l'angl. to squat?
Écaubu (Segr.), s. m. — Espèce de taudis
sans cheminée. . . (Mén.). — V. Ecobue.
Et. Ecobuage. Opération qui consiste à enlever
la couche superficielle du terrain avec l'écobut —
terme angevin — et à brûler sur place les ma-
tières organiques qu'elle contient Je pense que
MÉNiÈRE a confondu.
Eccétéra (Mj., By.). — Adv. Pour Et
cœtera. — DifTiculté de prononcer deux con-
sonnes différentes consécutives, d'où assimi-
lation de la première à la seconde. Les ga-
mins (dont je fus) ajoutent souvent : pan-
toufle — que je ne chercherai pas à expliquer.
Éce (Mj., By.), pron. dém. — Ce. Cette
forme s'emploie surtout après les prépositions
avec, par, pour Ex : Avec éce qu'elle a, a
peut ben vivre. — Pour éce que je veux en
faire, c'est encore trop bon !
Éceté (Mj., By.), adj. dém. — Ce, cet,
cette. Forme employée surtout après les pré-
pos. avec, par, pour. Ex. : N'y a qu'à aller
par éceté voyette-là. Syn. et d. de Ceté. \\ Ma
fdle n'est point pour éceté gars-là. — Je
connais ren de méchant comme -écezé fumelle-
là. — V. Ceté.
Échabot' (Mj.), s. m. — Toupie. Syn. de
Moine, Pibole, Pibot, Piffre, Chabot. \\ By.,
t final muet, o très bref.
Et. — Ce mot a pour rac. Chabot qui a formé le
dimin. Chahosseau, et qui dér. du lat. Caput (grosse)
tête. Jaub. Sibot.
Échaduau (Mj.), s. m. — Brelle. Grand
train de bois, comme il en descendait autre-
fois de la Haute-Loire à destination de
Nantes. L'échaduau portait une cabane où
les mariniers logeaient et faisaient leur cui-
sine. On n'en voit plus passer.
Échaffrer (Bg.), v. a. — Déchirer, déchi-
queter, mettre en guenilles. Des gens qui se
battent s'échaffrent. Syn. de Dénâfrer. \\ By.
— Déchâffrer.
Éfhale (Pell., By.), s. f. — Coquille de
noix. Doubl. de Chaille, malgré la différence
de sens. Ecale. — D'où Echaler.
Et. — Ail. Schalle, même sens ; angl. Shell.
Échaleaii s. m. — Noix qui commence à
sécher. — V. Ecalot, Ecaleaux, Caledux.
Éebaler (Sar., Bv.), v. a. — Oter le brou des
noix. Ecaler. — D"^ouble du français Ecailler,
du lat. Scala, écaille. A donné les noms Eca-
leaux, Caleaux, Echaleau. Dér. de Echale, et
doubl. de Ecaler. — On échale aussi les
amandes. — Syn. de Ebogler. \\ Q'échaler, v.
réf. Se dessécher, s'exfolier, se desquamer. Se
dit d'un bobo superficiel, etc. — Ex. : Ton
fromage commence à s'échaler (Lg.)
Et. — V. Echale. Hist. « Cependant les mes-
taiers, qui là auprès challoient les noix, accou-
rurent avec leurs grandes gaules. » (Rab. G., I,
25.) — « Comme on avalle les huytres en escalle. »
(Id., p., m. 18.) — « Le duc. . . commanda à ses
gens achetter toutes les noix qu'ils pourroienl finer,
et des escalles cuire leur viande , ainsi fut fait» .
310
ÉGHALETTE — ÉCHANTILLONNAGE
(OitiU. des Chronifj. de Norm. — J. B. — R. h. I.,
420.) « (Dépensé) en deux milliers et demy oistres
escallées, et deinv cent non escallf., 31 s. » (1556. —
Inv. Arnh. S. s.' H, 57, 2, 41.) — A donné l'angl.
to sheal, même sens, ainsi que les noms : shal,
shell, écaille.
Échalette (Lg.), s. f. — Grande claie ou
ridelle à claire-voie que l'on implante à l'un
des bouts d'une charrette pour maintenir le
chargement. i| Par ext. : Assemblage de
tringles qui soutiennent les tablettes ou
rayons d'une boutique. — Syn. de Echafon,
Echilon. Dimin. du fr. Echelle, pat. Echalle.
By. — Echelette.
Échaleuré-ée (Mj.), adj. q. — Echaufïé, en
nage (ou en âge), en sueur. |1 Qui n'est pas
sensible au froid. 1| Pris subst., Echaleurée, —
suée, transpiration.
Échalier s. m. (By., Sal., Sp., Tlm., Sar.»
Mj., Sa.), s. m. — Escalier. Pas à Mj. j]
Barrière fixe qu'on enjambe pour entrer
dans un champ.
Bv. — Fermeture de l'entrée d'un enclos, for*
mée de deux barres de bois, fixées horizontalement
par leurs bouts, l'une au-dessous de l'autre, à
deux pouteaux (poteaux ou pieux) verticaux
Pour passer un échalier, on met un pied, le gauche,
par ex., sur la barre inférieure, et on enjambe
l'autre, en appuyant le pied droit sur la même
barre inférieure, pendant qu'on passe la jambe
gauche. — Souvent la barre inférieure est rem-
placée par des branches épineuses ou des fds de
fer à pointes, qui bouchent complètement le dessous.
N. — Petite échelle double et basse appuyée des
deux côtés d'ure haie (boucheture, bouchure)
au point d'intersection d'un sentier avec la haie,
afin de donner aux piétons le moyen d'enjamber.
Souvent l'échelle est simple et n'existe par consé-
quent que d'un côté ; l'on se contente alors de
planter de l'autre un pau, ou une petite fourche
saillante d'un ou deux décimètres au-dessus du
sol, et servant de point d'appui au passant pour
son pied droit, tandis que le gauche est encore
engagé sur l'échelle. La partie de la haie qui cor-
respond à l'échalier est soigneusement cordelée,
pour que les vêtements ne s'y accrochent pas.
Dans les pays où il existe des bancs de pierre cal-
caire, plats et minces, on en dresse en guise d'é-
chalier des fragments pourvus de part et d'autre
des points d'appui ci-dessus décrits. ^ Cordelée, —
entrelacée. Ce mot s'emploie en parlant des haies
faites avec de grandes branches flexibles, généra-
lement de saule, tressées horizontalement autour
de paux (pieux) fixés en terre de distance en dis-
tance, et destinés à la consolider. La haie cordelée
est comme une étoffe dont les paux sont la chaîne
et les branches forment la trame. ( Vocabul. du
Berry, 1842.)
Et. — Hist. Echelle, lat. scala.
«... L'une part du pont fondi,
« Par ne sais quele mescheance,
« En tel sens que li rois de France
« Vint à l'yaue, sans eschaliers. » (L. C.)
— Mais l'entrée habituelle des enclos de la
Gâtine et du Bocage... consiste d'ordinaire en
un échalier fixe qui barre le sentier. » (La Trad.,
p. 35, 1. 2.)
« Notaire du Perche, passe plus d'échaliers que
de contrats. » Livre des Prov. fr. I, 380. — « En
c-e pire état de choses, les piétons, pour cheminer
plus facilement, se frayaient d'étroits sentiers
par les champs, le long des haies, et escaladaient,
à chaque clôture, des échaliers très élevés. » (De-
NIAU. H" de la V., I, 20.)
Ëchalin (Sar.), s. m. — La première enve-
loppe de la noix. Cf. Echaler.
Ëcba/iné et Echaliiné (Lg.), adj. q. —
V. Achaliné.
Ëcha/iner, Ëcliailliner (Lg.), v. a. —
Echauffer, mettre en sueur, une personne.
Syn. de Echauffarder, mettre en nage.
Et. — Dér. de la même rac. Chai, qui se retrouve
dans Achaler, et dans le fr. Chaleur.
Ëchalle (Bl., Mj., Fu., Zig. 196), s. f. —
Echelle. Forme vieillie à Mj. — Cf. Palle.
Lat. scala, d'où : escalader. — N. Ainsi se
prononce vulgairement le mot échelle, qu'é-
crivent correctement ceux mêmes qui le
prononcent mal. V. Echelle de meunier. By.
Hist. « S'ensuit ce que Grégoyre le Taillandier
a déclaré au gibet des Melonnières, luy estant au
pié de Véchalle d'iceluv gibet. » (1501. Jnv. Arch.,
G, p. S^t, col. 1.)
Échalon (Sp., Sa..), s. m. — S'emploie sur-
tout au plur. — Sorte de grandes claies que
l'on place à l'avant et à l'arrière des char-
rettes pour en retenir le chargement. Dimin.
du fr. Echelle, comme Echalier. Syn. de Echa-
lette, Echilon. \\ C'est aussi le côté à claire-
voie d'une charrette. Syn. aussi de Rancher.
Et. — De Echelle, ou du pat. Echalle ; ridelle.
Hist. « Mon petit mignon, où nous menez-vous ?
— A l'estable, dist-il, de mes grands chevaulx.
Nous y sommes tantost ; montons seulement ces
eschallons. » (Rab.. G., /, 12.) — « Lequel cheva-
lier tenait en sa main, par contenance un eschillon
de charrette. » (D. C.)
Ëchalot (Sar.), s. m. — Noix échallée.
X. — Noix dépourvue de son brou. (Jaub.)
Ëchamboti (BL, Ag.), adj. q. — Enfant de
quatre ou cinq ans, qui peut se passer de sa
mère. | Il est ben venu, vont' queniau, il est
tout échamboti, — il marche et est tout à fait
débrouillé.
Ëchambotir (Z. 136, Q.), v. n. — Prendre
de l'âge, de la force. || By., v. réf., id. ou
reprendre, etc.
Échange (Mj.), s. m. — Faire ein échange.
Marier en même temps le frère et la sœur
avec la sœur et le frère d'une autre famille.
Échanger (Mj., By.), v. a. — Essanger,
tremper le linge dans l'eau.
Et. — Barbarisme, très usité parmi les blan-
chisseuses, et né de l'assimilation avec essanger,
le seul correct. Enlever la sanie ; lat. sanies.
Exsaniare. (Litt.)
Échantillonnage (Bg., Sgl.), s. m. — Nom
donné à l'état de lieux dressé en jouissance
d'un moulin, soit moulin tournant, virant et
travaillant (.Mén.).
Et. — Echantil, mot qui s'est dit autrefois
pour étalon de mesure ; de E, Es, et un dimin.
de Cant, coin, morceau (Litt.). — Altération de
Echandillon (sous l'influence de Chant -, chanteau),
mot qui se rattache à la même racine que le prov. ;
ÉCHAPPE — ÉGHAUDÉ
311
escandilh, peson, jauge, l'ital. scandaglio, sonde,
etc., ç.-à.-d. au lat. scandere (cf. scander.).
Échappe (Mj., By.), s. f. — S'emploie dans
la loc. : Coup d'échappé, — coup donné par
mégarde, échappade. Ainsi un enfant, au jeu
de billes, laisse échapper la sienne au lieu de
la lancer, il s'écrie : Coup d'échappé ! c-à-d.
Ça ne compte pas, j'ai le droit de recommen-
cer. Il Mj. adj. q. — Délivré, hors de danger,
indemne, sain et sauf.
Et. — Il y a deux formes : échapper, sortir
de la chappe, la cape, se mettre h découvert, —
et escamper, sortir du champ, s'en aller. — (Litt.)
Échappée (Mj., By.), s. f. — Elan que
prend un enfant lorsqu'il échappe aux mains
qui le soutiennent pour faire seul ses premiers
pas. — C'est le mot fr. dans un sens spécial.
Échappement, s. m. — V. Echappe.
Échapper (Mj , By.), v. n. — Disparaître
aux regards. Ex. : Je l'ai aparçu comme t il
échappait. \\ V. a. Préserver, conserver. Ex. :
Presque toutes mes laitures ont péri; j'ai vu
l'heure que je n'en échapperais pas ieune. —
Se dit des poulets, des lapins, des jeunes
plantes. Les tirer d'affaire, réussir à les élever.
Il Laisser échapper. — J'ai échappé ein point
de ma brocherie.
Écharde (Mj.), s. f. — Ecaille de poisson.
V. Echarder. \\ Lg. — Envie, pellicule qui se
détache de la peau à la base d'un ongle. Syn.
de Crait, Reculons.
Et. — Proprement : piquant de chardon, de
Ex ou Es -)- carduus (Litt.). — Ane. fr. Escharde,
— écaille et éclat de bois ; a. f. escharder, fendre
du bois ; mot d'orig. germ. ; néerl. schaard, ail.
scharte, anc. partie, du v. scheren, fendre. Le mot
actuel écharde est identique à l'a. f. escharde : le
sens de piquant de chardon a été imaginé pour
l'expliquer. « (Darm.) — Nicot dit que c'est cette
petite éclature en tronçon de festu qui s'élève
quand on fent du bois. De cardus, dit pour car-
duus... on a fait excardare, d'où echarder et
écharde. Les Angevins disent éjarder et jarde.
(Ménage.)
Echarder (Mj.), v. a. — Ecailler, un poisson.
li Lg. — Carder. Lang. des ouvriers fileurs. Cf.
Ecarterie.
On dit : éjarder, — ôter le jard, les écailles
d'un poisson.
Ëchardeuse (Lg.), s. f. — Machine qui
arrache et fait ressortir les poils d'un tissu de
coton ou de laine, de manière à le rendre pelu-
cheux. — Même rac. que le franc. Carde,
cardère, chardon.
Ëchargeau, s. m. — Charge de planches de
sapin qui payait cinq sols, selon le tarif des
droits de Boëte. (Méx.). \'. Boîte.
Écharigner (Mj.), v. a. — Egratigner, déchi-
queter avec les ongles, remettre à vif une plaie
ancienne en enlevant les croûtes qui se sont
formées. C'est proprement mettre la chair, la
char au vif. — Syn. de Egracigner, Chacrogncr,
Ebouziller, doubl. de Echarner. Cf. Ecaigner.
P. ê dér. de Eschare.
Écharpigner (Lg.), v. a. — Réduire en
charpie, lacérer, mettre en pièces. -V. Echar-
p Hier.
Écharpiller (Ag., By.), v. a. — V. Echar-
p igner.
Et. — E -j- charper -^ charpir (diviser le crin,
la laine) puis, mettre en pièces, — lat. carpire,
carpere.
Échaiihouillé (Segr., By.), part. pas. —
Etre échaubouillé, être en transpiration, avoir
très chaud. (Mén.). || By. Echaubouilli.
Et. — Echauboulure. Altérât, de chaude bouil-
lure, proprement : bulle (cf. bouillon), ampoule
chaude, ç.-à.-d. produite par la chaleur. La subs-
titution de 1 simple à ill paraît due à l'influence de
boule, et l'addit. de l'é initial h celle de échauder,
échaudure, échauffure. — Eschaubouillure (1549.
Darm.)
« De ton mouchoir, piqué de gent ouvrage,
« Par ces chemins je m'alloys éventant.
« Un feu plus vif de ce mouchoir sortant
« Me chaubouilloit col et sein et visage. »
(Poés. de Jacq. Tahureatj. — L. G.)
Échaubouillure (My., By.), s. f. — Ampoule
faite par l'eau bouillante. V. Echaubouillé.
Et. — Echauboulure. De caleo et bulla, on a dit :
excalbuUare, d'où : échaubouler, échauboulé :
« qui cutim papulis exasperatam habet », a dit
Nicot. Les Angevins prononcent -. échaubouillé.
(MÉNAGE.)
Ëchaubourdir (Tlm.), v. a. — Tuer de
chaleur. Ex. : Queule chaleur ! J'en se toute
échaubourdie ! Se rapproche du fr. Echau-
boulure. i| Mzs., Lrm. Frapper d'insolation.
Échaucruer (Lg.), v. a. — Havir, cuire
rapidement et superficiellement. Syn. et d.
du mot Echauquérouer.
N. — Cette forme longeronnaise indique à mon
sens, l'origine des deux mots ci-dessus. Ils vien-
draient du fr. Chaud et Cru.
Échaudé ^ (Lg.), part. pas. Desséché dans
l'épi par la chaleur avant la maturité. Se dit
du blé. Syn. de Halni. \\ By. — Echaudoui.
Échaudé^ (Ag.), s. m. — Sorte de gâteau
sec, fait avec de la pâte non levée, du safran
et qqf. du beurre. Je ne trouve pas cette
pâtisserie mentionnée dans le fameux Noël
Angevin : O merveille des merveilles. ||
Gâteau fait de blanc d'œuf surtout, dont il
est fait une grande consommation pour les
petits oiseaux de volière, les serins principa-
lement.
Et. — Ilist. Ainsi nommé de ce qu'il reste envi-
ron vingt minutes dans l'eau (Litt.). — Petite
pâtisserie légère faite de pâte échaudée (passée à
l'eau chaude), d'oeufs, de beurre et de sel (Darm.).
— Escaldati (panes) (Ménage). — Escaudis. Et
leur escaudis et tout autre pain qui est tournez
pour vendre. — Escaudisseur. Boulanger nui cuit
ces pains . — Eschaudé. « Nus tameliers (nul bou-
langer) ne puet cuire au jour de la teste aux mors,
se ce ne sont eschaudés à donner por Dieu. {L'vre
det Méfie/ 1, 4.) — L. C. — Pain légèrement cuit.
Hescaudel. 1*^20. — « Item, à la Raint-Remy,
'•2 deniers. Item demy ■lescaudcl. — « Concesse-
runt singulis diebus unam michiam. in pistrino
suo, vel unum Escaudelum in festis, item duas
312
ÉCHAUDOUIR - ÉCHELLE DE MEUNIER
justas vini. » — « I-o jour de la feste de saincte
rSeneviefve, qui est es foiries de Noël, si ont li
peagier de petit pont et le Prévost de Paris à
chascune feste 12 sesliers de vin et 12 Eschaudez,
et 2 sols et 1 2 Eschaudez petits. ( D. C.) — «... Fu-
BETiÈRE dit qu'il était fait en forme deHriangle
ou de cœur. — Les échaudés manceaux ont conservé
cette forme. — Robert Fstienne traduit par :
crustulum bicorne. — D. C. indique Cornuyau
comme synon., sous Cornuta. (De Montessox.) —
Gâteau sec, sans levain, qui se fait en Vendée, dans
la commune de Féaule. Ce gâteau est l'objet d'une
grande consommation dans les foires de la Vendée
et des Deux-Sèvres. Qqs antiquaires ont cherché
a trouver dans la formf» circulaire de l'échaudé un
symbole de la fécondité. Leurs dissertations sont
plus ingénieuses que vraies. (Favre.) — ...Ce
gâteau ne se vend guère qu'à Laval et on n'en
fabrique que dans le Carême :
« Et d'Astillé les tessiers
« De leur farine
« I>ui feront des échaudés
« De beau safran tout dorés. »
{Noël du Comté de Lai'al. — DoTTrN.;
Ëchaudouir (s'), v. réf. — Ce verbe s'em-
ploie quand le soleil rhaufîe les noix de ma-
nière à les faire échaler. (Méx.). || V. a. —
Faire mûrir trop promptement, brûler ou
dessécher à moitié un fruit, en parlant du
soleil. By.). — CL le fr. Echauder. H Sal.
Gâter par la chaleur venant après la pluie.
Blé échaudoui. Mj. Echauduir.
Ëchauffaison (By.), s. L — Maladie
inflammatoire, pleurésie, Chaud-refroidi. On
dit : Attraper une ëchauffaison. |j (Mj., By.).
EchaulTement du corps se manifestant par de
la constipation.
Échaufïardée (Mj.), s. f. — Suée, transpi-
ration. Ex. : J'en ai attrapé d'eine échauf-
fardée à courre après lui ! Syn. de Echaleurée.
Ëchauffarder (Sp., Mj.), v. a. — Mettre en
sueur, en nage. Ex. : Tu as couru : te velà ben
échauffardé. — j| V. réf. S'échauffer. || Fu. —
Echauffardé et Chaud illon se disent de celui
qui a bu un coup, qui est légèrement pris de
vin. = N. Au suj. du sufl'. péjor. arder, cf.se
Poussarder. || Syn. Echaliner.
Échauffées (Bri., By.), s. f. pi. — « Prendre
des échauffées, se dit lorsque le sang monte à
la tête. » (MÉN.). V. Echauffardée.
Échauffer (Mj., By.), v. a. — EchaulTer les
oreilles, la peau, la crasse, — agacer, impa-
tienter. Il Echauffer le cœur, — donner des
nausées. Cf. Achaler.
Échaupiard (Lg.), adj. q. — Qui aime à
observer, à épier, à espionner, qui se tient
aux écoutes. Syn. de Fouinard. V. Echaupier.
Éehaupier (Sp., Lg.), v. a. — Épier, obser-
ver avec une curiosité indiscrète, espionner.
— Syn. de Rafouiner. Cf. Echaupion. Doubl.
du fr. Epier et de Echaupir, Espier.
Echaupion (Sp.), s. m. — Espion. || Obser-
vateur indiscret. V. Echaupier. Doubl. évi-
dent du fr. Espion.
Éehaupionner (Sp.), Vi a- -— ^ Espionna)',
épier. Dér. de Echaupion ; doubl. de Espion'
ner.
Echaupir" (Sp.), v. a. — V. Echaupier.
Ëchauquérouer (Mj.), v. a. — Havir, cuire
seulement à la surface. Ex. : De la viande
échauquérnuée. Blanchir mal, du linge ou du
fd, comme il arrive lorsqu'on chauffe trop
fortement la lessive, le blanchir une première
fois. — Dér. irrég. de Chaud, chauffer. ||
Faire rissoler ; Syn. de Routillonner. V. Echau-
cruer.
Échausse (Mj.), s. L — Echasse. Syn. de
E galoches, Equér loche.
Échavoillcr (Lg.), v. a. — Effeuiller, les
navets, les betteraves. Syn. de Effouiller. Dér.
de Chavoil.
Éché, Echais (Segr.), part. pas. — Etre
mal éché, mal tombé. Rac. Cheoir. S'emploie
au moral. (Mén.).
Échelette • (Sp., Mj., Sa., Sal.), s. f. — Son-
nette. Ex. : Le sacrisse sonnait les échelettes à
la tête de la procession, — à la Saint-Marc,
aux Rogations. — Aux Ponts-de-Cé : Echi-
lettes. Il By. V. Echilettes, Achelette.
Et. Hist. — (LiTT. et Darm. donnent un sens
tout autre.) '1 Echelette et Echilette. On appelle
ainsi, en plusieurs lieux de France, et particulière-
ment sur la rivière de Loire, ces cloches que les
crieurs portent aux enterrements. De : scilletta,
dimin. de scilla, lequel se trouve en cette significa-
tion en plusieurs endroits. De l'ail. : schell. Dans la
loi salique : « Si quis skellam de caballis furaverit. »
— DuRANDL's : De divlois ofrciis : ... Il y a trois
espèces de cloches dont on se sert dans l'église. . .,
sqailla, cymbalum, etc. — Squilla pulsatur in
triclinio, id est, refectario. » — « Schellam caballi »
est interprété par : « tintinnabulum quo utuntur
equi onerarii. » — Des grelos ont remplacé le plus
souvent ces sonnettes aux coliers des chevaux.
(MÉNAGE.) — Escalette, Escheletes :
« Et li poitrax fu a or estelé, ■
« Tôt environ d'escheletes ovré :
« Quand li chevax a un petit alez,
« L'or retentit et a un son geté. »
{Agolant.)
— Eschiele. — . « Li abbés les mena en refroitour
(réfectoire), ou li premiers signes de Vesrhielle fut
sonez. » — Et encore : Eschille. (L. C.) — D. C. dit
que l'on appelle, en Anjou: Eschillettes de petites j
cloches que l'on peut tenir et porter à la main. — j
Clochettes à manche, portées aux processions. —
Dans un inventaire du 12 messidor an II : ... 6° deux
échelettes. » Cité par : abbé Bretaudeau, p. 282.
Échelette - (By.), s. L — Petite échelle.
« Les enfants, en faisant passer un jeune
oiseau d'un de leurs doigts sur l'autre, lui
font monter Véchelette. » (Méx.). CL Ichelette.
Échelettée (Sp.), s. f. — Ribambelle,
kyrielle, grande quantité. Syn. de Bache-
lettée, C ramassée, Bénédiction, Flopée. N. Le
même, sans dcute, que Bachelettée.
Échelier, ,s. m. — Echalier.
Échelle de meunier (Mj.), s. f. — Echelle à
larges échelons, qui est fixée à demeure et sert
à monter au grenier. Elle tient lieu d'escalier
dans beaucoup de fermèsi i| Byi »=" Prononai
^S
ÉCHELLE A POISSONS — ÉCLATOIRE
313
Echalle. Sorte de civière sur laquelle les
pêcheurs poumoyent (paumoyent) leur senne
après une bâclée et qu'ils tirent à travers sur
les bords du fûtreau, pour en opérer le trans-
port. Serait mieux à Echalle, tout court.
Échelle à poissons, s. f. Coursier d'usine,
voie d'eau passant entre deux rangs de pilotis.
Défense d'y pêcher (Mén.),
Éclieni mêlée (Lg.), s. f. — Couche bien
rangée de tiges de céréales sur une aire pour
le battage. Syn. de Vargée. Y. Gaule.
Et. — Je pense que ce mot est pour Enchemmée,
et jele rattache à-È'«e/îewme, parce que les Echem-
melées forment une sorte d'assemblage en se
recouvrant comme les rangées d'ardoises d'un toit.
Échevrote (Lg.), s. f. — Muflier sauvage, à
fleurs rouges, commun dans les terres cul-
tivées.
Écliiché (Mj., By.), adj. q. — Pauvre, qui
vit chichement. || Etriqué, en parlant d'un
vêtement. || Z. 124. — Maigre, petit, qui
manque d'ampleur. Du fr. Chiche.
Et. — Cf. Italien, cica, chose de rien : esp. chico,
petit.
Échiclier (Sal.). Donner peu et de mauvais
gré.
Écliigner (Mj., By.), v. a. — Echiner dans
ses divers sens. || Fig. v. réf. — Se fatiguer
beaucoup, se rompre l'échiné : « A qu'faire
z'échigner le tempérament? » — Du fr. Echine.
Et. — Echigner est la prononc. popul. —
Echine, celt. chein ; bas-bret. kein, qui ont pu faci-
lement devenir : eschein, sivein. (Litt.) — La forme
popul. echigner paraît due à une confusion avec
î'anc. V. eschigner, syn. de : rechigner. (Darm.) —
« Je ne veux pas que vous alliez vous faire échisner
mal à propos à la contrescarpe. » (Lettre de J.
Racine à Boileau. — Eveillé.)
Échilettes (Ec, Lue, By., Po.), s. f. —
(( Ces clochettes sont au nombre de deux, que
l'on tient, une de chaque main, en les levant
alternativement. Elles sont un peu grosses et
de timbres différents. Le manche est assez
long. » Il A Montsoreau, aux Rogations, on
dit:
« Quand on entend les échilettes,
« On dit que les guignes verdellent. «
(26e z.) = Il On ne dit pas : sonner, mais
branler les échilettes. — || On obtient un cer-
tain rythme spécial. — V. Echelettes (Po.),
Achelelle, surtout.
Écliiloii (Sa.), s. m. — V. Echalon.
Écliirer (Lg.), v. a. — Déchirer.
Échu, p (Mj., By.), part, pas. — Lssu, né.
Ex. : Il n'a pas besoin de vouloir tant dater
du grand, on sait ben qu'il n'est pas échu
d'ein prince.
Et. — C'est le fr. : échu, confondu avec : issu, à
cause de l'a-ssonnance, sans doute. Cf. Vu.
Éclater (Mj.), v. a. — Détacher par éclate-
ment ou arrachement, une branche, un ra-
meau, uue bouture. [| V. réf. — S'arracher.
E)L. : La branche a éclafé. Syn. de Ecafeter,
Bctajner, Elosser, Eglâsser,
Et. — Ce V. paraît être le même que le fr. Eclater.
La Fontaine a dit : « Le premier qui les vit de rire
s'éclata. » — Aujourd'hui, on dirait : s'esclafTa. ||
V" Eclabousser. — La plus anc. forme est : escla-
boter, qui paraît une transformation irrégul. de
Esclafer, qui veut dire : faire éclater, et dont le
radie. Claf ou Clif se trouve sans doute dans
Clifoire.
Éclafeter (.Mj.), v. a. — V. Eclafer.
Ëclafure (Mj.),s. f. — Eclat, bouture, petite
branche détachée par éclatement ou arrache-
ment. Ex. : Aile a planté des éclafures d'eil-
lets. V. Eclafer.
Éclaire-cul (Lg., Jb.), s. m. — Ver-luisant.
Et. — C'est, en. effet, l'arrière-train de l'insecte
qui émet une lueur phosphorescente.
Éclarcir (By), v. a. — Pour éclaircir, —
eine planche de carottes (ou autre sBmis); sar-
cler (sercler) et déraincer (arracher) ce qu'il
y en a de trop. Syn. et d. de Eclarzir.
Éclaréiant (Mj.), adj. verb. — Brillant,
reluisant. Syn. de Eclarescent.
Éclaréier (^Ij.), v. n. — Reluire. Ex. : Tes
souliers néclaréient guère. — Dér. à forme
inchoative de Eclarer:
Éclarer (Mj.), v. a. || V. n. — Faire des
éclairs. Ex. : Il éclare à faire peur. — Syn
de Eparer. Dér. de Clar, doubl. du fr. Eclairer.
Hist. — « Le ciel tonner de hauU, fouldroyerc
esclairer, pleuvoir, gresler. » (Rab., P., iv, 18, 390.»
Eclarescent (Mj.), adj. q. — Reluisant.
Syn. de Eclaréiant. — Fr. Eclairer.
Éclarzie (Mj., Lg.), s. f. — Eclaircie. Syn.
de Eparée. \\ Lg. — À V éclarzie, — à la pointe
du jour. Syn. de A la déjouquée.
ÉcIarzir» (Mj.), v. a. — Eclaircir, rendre
clair. — Doubl. de Eclaircir, dér. de Clar.
Pour la terminaison, compar. avec Noirzir
N. — L. C. donne un sens contraire : « Esclarzir
(s'), s'éclipser. « Aussitost comme l'ame issi du
corps, li solail s'esdarzL et la lune et les esteilles
perdirent lur clarté, por sept jors. » [Hist. de la
,'->ainte Croix.) — « Est tombé en obscurité aussi
difficile à esclarcir. » (J. du Bellay, Déf. et III.
II, 2, 34.) — « Pour toutes fois vostre double,
esclarcir. » (Rab., P., ni, 21, 260.) — « Regarde au
ciel quand il est esclarcu- »
G.-C. Bûcher, xi, p. 103.)
« Qui pourtraira sur blanc marbre esclarcy
« De ceste nymphe et tant belle déesse
<i L'excellent corps et visage fulcv? »
(Id.^ 1-i. p. 104.)
« Mais c'est affin qu'elle soit esclarcie
« Par ton sçavoir des nuaux d'ignorance. »
(Id., Epistre, 76, p. 283.)
Éclateries, s. f. pi. — Chemin des Eclateries,
près d'Angers, donnant route des Ponts-de-
Cé. Rempli, au moins originairement, d'éclats
de schiste provenant des carrières d'ardoises.
Et. — Aha. skleizân, rompre ; am. schleissen.
Éclatoire, s. f. — Prendre des petits oiseaux
à V éclatoire, dans une meule, dans un buisson,
le soir, avec une lanterne, en recouvrant le
tout avec un filet {MÉ^^), •=- Vi Edottoire,
314
ÉCLIPSE — ÉCOMOBINE
Éclipse (Lg.), S- f- — Cf. Esclipe. \\ adj. q.
Eclipsé. Ex. : Le soleil est éclipse. — Cf.
Asme.
N. — Partout on dit : Le soleil a fait éclipse,'ou
esclipe, pour : Il y a eu une éclipse de soleil. V,
Eclipse de soleil au F.-L., m.
Écilr» (Mj.), V. n. — Eclater, se briser;
tressauter. Se dit des muscles lorsque, par
suite d'un faux mouvement, ils se dérangent
ou se déchirent en produisant une sensation
de douleur vive et, pour ainsi dire, fulgu-
rante. Ex. : Ça m'a édi dans le bras.
Et. — Ecli. Terme de marine ; languette de bois
éclaté. — Eclié, Eclisse. Aha. kliozan, fendre.
(LiTT.) — Ecli, s. verb. de Eclier, même origine
que éclisser. Du francique Slitan.
Éciis (Mj., By.), s. m. — Eclisse, écharde,
éclat de bois. Dér. de Eclir, et doubl. du fr.
Eclisse.
N. — Breton : Asclœden, p.. Asclœde, éclat de
bois. — Hist. « Le tonnerre n'a causé d'autre
dégât que d'avoir enlevé quelques ardoises et
emporté qqs éclis de bois de la porte d'une petite
cour. » {Affiches d'Angers.) — 178L Anj. Histor.,
3« an., 148,"3L
Éclisser (By). — Casser sans précaution,
de manière à produire des éclis.
Éclocher (Segr.), v. a. — Ecorcher. « Les
ronces éclochent les doigts. » (Mén.). Ex +
cortex ; Excorticare.
Éc/opereau (Equiopereau) (Sp.), s. m. —
S'emploie surtout au plur. Arrête-bœuf, Ono-
nis spinosa. Syn. de Arque-bœuf. Dér. du fr.
Ecloper. La plante est armée de fortes épines
et qui s'y frotte s'y pique. — V. Equiopin.
Et. — Es -)- anc. adj. Clop. Cf. Clopin-clopant.
Éclore, V. n. — \. citation à Eclouer.
Éclosé (SI.), adj. q. — Champignon qui
vient d'éclore (Mén.).
Et. — Ex -(- cludere (claudere, clore), fermer
hors de (Litt.). Mieux : Dé-fermer.
Éclosser (Z. 158, Ti.), v. a. — Casser la tête,
au fig. — Ils nous éclossent la tête. — Double
de Aclasser.
Éclottoir (Chm.), s. m. — Filet à prendre
les oiseaux (comme l'Iraignée), de nuit ; on
éclaire le filet. — V. Eclatoire.
Ëclouer (Sp.), v. n. — Eclore. Dér. de
Cloure ; doubl. de Ecloure. Cf. Clouer.
Hist. — « C'est pour faveur que les éléments
portent aux alcyons... qui pour lors ponent et
esclouent leurs petits lez le rivage. » (Rab., P., v, 6.)
— « C'estoit un pigeon prins on colombier de
Gargantua, escluuant ses petits. » (hL, P., iv
3, 360.)
— « A l'heure du plein minuit
« Je vis le soleil :'-clore
« Que t'en semble, Colinet,
« Nau, nau,
a Ne penses-tu point à courre? »
(Noels Ang., p. 18. — Eclore rime avec courre et
devait se prononcer : écloure.) V. le suivant.
Écloure (By.), v. n. — Eclore. — Part,
pas. Eclous, pour : éclos. V. Eclouer.
Écobue s. f. — Espèce de pelle en fer,
légèrement courbe, servant à enlever le
gazon pour l'écobuage (Mén.). — Employé
par K. Bazin (Angers et l Anjou, p. 1).
Hélas ! j'ai vu la charrue coucher à terre les
derniers genêts du Craonais, il y a quelques
années, dans un petit champ qui s'appelle
VEcobu. . . ))
Écôbus (Mj., Sp.), s. m.. — Ne s'emploie
qu'au plur. Champs écobués.
N. — Il est à noter que l'opération agriculturale
de l'écobuage est aujourd'hui totalement inconnue
à Sp., aussi bien qu'à Mj. Mais elle a dû être prati-
quée autrefois, car, à Sp., plusieurs champs s'ap-
pellent encore les Ecôbus ; et, d'autre part, à Mj.,
c'est une loc. prov. de dire : Je fumons comme des
écobus ; c.-à-d., il fume beaucoup dans la maison.
Cette expression, très usitée, n'est pas comprise de
ceux qui l'emploient. — On a écobué, jadis, au Lg.
— Syn. de Jeannoille, Taupinenu. V. Ecobue.
Écoché (Sp.), s. m. — Grain de céréale qui
est resté enchâssé dans sa glume après le
battage. Syn. de Enchapé, Encoche, Coché.
Ëcoeur i (Sp.), s. m. — V. Ecœurde.
Écceur ^ ou Équeul (By.). Voir ce dernier.
— Toujours précédés de : tout. « Il a avalé ça
tout écœur, ou équeul, — vivement, sans
mâcher ni goûter. — Faute de mieux, je
soupçonne : tout et quel (queul), — tel qu'il
est? Il Syn. et d. de Eciœil.
Écœurdant (Sp.), adj. verb. — Ecœurant,
dégoûtant. Syn. de Décœurable.
Écœurde (Sp.), s. m. — S'emploie dans la
loc. Faire écœurde, écœurer. V. Ecœurder.
Éco'urder (Sp.), v. a. — Ecœurer. Le d
vient du lat. Cor, cordis — - par épenthèse.
Écœuré (Lg.), adj. verb. — Très fatigué et
affamé. — Nous sommes loin du sens fran-
çais. Et cependant on dit : J'ai une faim, que
j'en ai mal au cœur !
Écogâiller (s"). — (Lg.), v. réf. — Crier, à
s'arracher la gorge. Syn. de Picrasssr, s'Epi-
crasser, s' Equerzéler, s,' Ebicaner. s'Ecopailler.
Ëcoite (Li.,), s. f. — Torchon de four. \'-
Ecouvillon. — On le passe dans le four chaud
pour enlever le reste des cendres laissées par
la raclette. Syn. de Nippe. Pour Ecouette.
Et. — Ecouvette ; a. fr. Escouve, balai (lat.
scopa), ecouvillon de boulanger. (Darm.) — Esco-
bat ; battu d'une escoube, d'un balai de verges.
(I L'an 136'i, le pilori fut dressé. . et ung homme y
f>ist foété ou escobat. » Chroniq. de Montpellier.
(L. C.) Peut-être, primitivement, le torchon était-il
un balai.
Écele (Mj., By.), s. f. — Mettre, être aux
écoles, mettre, être en pension dans un éta-
blissement d'enseignement primaire supé-
rieur, secondaire ou supérieur.
Écolleter (Mj.), v. a. — Décolleter. Ex. :
Aile avait une robe toute écolletée.
Écuiuobiiie (Sa.),
Cf. Auto/naboule.
s. f.
Automobile.
ËCOMOTIF — ÉCOULETTE
315
Écomotif (Chl., Z. 142, Mj.), s. f. — Loco-
motive !!! — Cf. Etanies, pr Litanies. — On
consent parfois à dire Ecomotive. || Cf. By.
— Le fil estrî (c), pour : le fil électrique.
Ëcopailler (s') — (Segr.), v. réf. — Faire
beaucoup de bruit en éternuant, ou bien,
pour marquer sa surprise, en grondant. (Mén.)
Cf. s^Ecogâiller.
Écoper (Mj., By.), v. n. — Recevoir un
horion, une réprimande, une avarie. Syn. de
Etrenner. \\ Etre la victime, être condamné à
payer les pots cassés, — toute une tournée de
consommations. — Ex. : J'ai écopé de quatre
jours de boîte. Syn. de Gober, Trinquer.
Et. — Vider avec l'écope. Allusion à l'ennuyeuse
corvée de canotage qui consiste à vider l'eau d'un
bateau au moyen d'une écope.
Écoperche (Mj., Lg., Sa.), s. f. — Perche
d'échafaudage, dans le lang. des maçons.
Et. — Le mot Goberge, que donne Littré dans
un sens voisin, doit être une corrupt. de celui-ci. —
A. f. Escot, bâton, morceau de bois et perche. D. G.
Escoparius. (Litt.) || Pat. norm. Etamperche.
Cette forme, qui est la plus correcte, nous fournit la
véritable étymol. de ce mot : Stantem perticam.
Notre mot angevin n'est qu'une corruption du mot
normand et le franc. Golaerge une corruption du
nôtre. (R. O.)
Écoquelucher (Sar.), v. a. — Ecoquer.
Est-ce enlever la coque? J'ai reçu le mot sur
une liste, sans explication. C. Ebobelucher.
Ëcorbigner (s') — (Ag.), v. réf. — S'écor-
cher, surtout le nez, en y introduisant le
doigt. — Un tufîeau est écorbigné si une de
ses arêtes est écornée. Cf. Echarigner.
Écorce (Mj.), s. f. — Betterabe-écorce. Variété
de betterave dont la chair et le jus sont très
rouges et qui se cultive pour les usages culi-
naires.
Ëeorcliard (Lg.), s. m. — Equarisseur. Syn.
de Zeguin, Zien.
Écorclie-cul (Sp.), s. m. — S'emploie dans
les locutions : Traîner à Vécorche-cul, tr. de
manière que le derrière frotte à terre. Tirer
à V écorche-cul, chercher à échapper, à s'ar-
racher de l'étreinte d'un adversaire.
Hist. — « Ainsi estoit traisné à écorche-cul par la
poultre (jument), tous jours multipliante ses
ruades contre luy. » (Rab., P., iv, 13, 380.) — « Il
le jeta en arrière à jambes rebindaines, et vous le
traînoit ainsi à Vescorche-cul plus d'un traict d'arc. »
(/c/., ibid.,n, 29, 190.)
Écorner (Mj.), v. a. — Fig. Blesser de qq.
manière. Syn. de Ehamper. Ex. : En velà
ieun d'écorné. \\ Ecloper, infliger un horion,
en général.
Ëcornifier, Écornifler (Ag., Z. 137. By.,
Mj.), V. a. et n. — Regarder ou écouter avec
une curiosité indiscrète et gênante, espionner,
reluquer, moucharder. Du fr. Ecornifler, dans
un autre sens. Syn. de Bicler, Bignoler, Echau-
pionner, Echaupir, Echaupier.
Et. — Au sens franc. Ecornifler est une dériv-
irrég. et plaisante de Ecorner. Ecorner son bien.
c'est, en qq. sorte, en prendre une corne, un coin.
D'où Ecorner le bien des autres, se faire donner çà
et là de l'argent, un dîner. Par extension. (Litt.)
Ëcornifleur (Mj., By.), s. m. — Celui qui
écornifle. Syn. de Chandelle, Echaupion.
Ëcorvailler (Reçu ce mot sur une liste,
sans explication. Angers.)
Ëcot (Mj., Lg., Sar., By.), s. m. — Frag-
ment d'un tuyau de plume qui reste adhérent
à la peau de l'oiseau plumé. — || Petite plume
dont la penne n'est pas encore développée,
chez les jeunes oiseaux. || Par analogie, le
chaume ou le pied de l'herbe qui reste après
la moisson ou la fauchaison. Dans ce sens, le
mot ne s'emploie que dans la loc. : Avoir eine
récolte, céréale ou foin, sus Vécot, c.-à-d.
éparpillée dans le champ où on l'a coiipée et
exposée à la pluie. Syn. de Eteule, Etouble. ||
Lue. Ecot, de blé. Champ moissonné dont les
gerbes et le chaume ont élé enlevés. i| Pied
de genêt privé de ses branches. (Mén ). —
Il Ec. — Ecots. Voir Piron. \\\\ Ranger les
écots ; opération qui consiste à enlever le
talon d'une masse de schiste à peu près régu-
lière et qui empêcherait l'abatage de la pièce
suivante, si on ne l'enlevait. (Méx.).
Et. — AU. schiessen, pousser des rejetons. (Litt.)
— Aba., skot. ; am. schoss, pousse, rejeton.
Ëcoter (Segr.), v. n. — Enlever la racine
des genêts coupés (Mén.). Syn. de Glouer.
Écouailles (Lg.), s. f. pi. — Laine du ventre
du mouton.
Ëeoubelle, s. f. — Ecoubette jaune. Vul-
gaire Chondrilla juncea. (Mén.).
Éeouette (Sar.), s, f. — Chiffon mouillé
avec lequel on nettoie le four. — Cf. Ecoiivil-
lon, Ecoite, Ecoulette. Syn. de Nippe.
Et. — Ecouvette. De l'a. fr. Escoube, balai. Lat.
Scopa. (Litt.)
— " Et le deust-on vif brusler
« Comme un chevaucheur à'escouveUe. »
(Villon. — Comme un sorcier qui chevauche un
balai.) — Il y a, à Paris, une rue qui s'appeile la rue
des Ecoufes ; on y vendait sans doute des balays. »
(MÉNAGK.) — Escoube. « Une grant escoube, ou
balay, dont l'en nettoyé le blé batu en Tarée. »
Les marins disent encore : écoupe. — Escouvette.
Excudia (1252. — L. C). Crins d'une queue de
cheval attachés à un manche, dont on se sert pour
émoucher les chevaux pendant qu'on les ferre.
(Jaub.)
Ëcouetter (Sar.), v. a. — Nettoyer le four
avec l'écouette. Syn. de Nipper.
Écouflant — .T'ai entendu expliquer ce mot par :
La roche (jui pleure. Non. C'est la traduction de
Confluentem, confluent. Ce bourg se trouve au
confluent de la Sarthe et de la .Maine. Villa Conflen-
tis (396-1010), Capellania d'Escoflain (1190), et
Cl. Port, ij By. — S'écrit Ecouflant ; s'écri-
vait Ecouflans, Confluentem (vicus ou pagus). Le
village de j)ècheurs, dépendant autrefois de Can-
tenay, était bâti entre les confluents du Loir et de
la Sarthe, de la Sarthe et de la Maine (appelée
aujourd'hui ^layenne).
Ecoulette, s. f. — Petit balai. (Mén.). Voir
Ecoite, Eeouette, etc.
316
ÉCOULORGNER — ÉCRASABLEMEXT
Ëcoulorgner, v. n. Ménage dit : Mot ange-
vin qui signifie : tomber en glissant. Ecolorger
traduit Elabi, dans le Diction, lat.-fr. du
P. Labbé.
Ëcouronner (Mj., By.), v. a. — Couronner
un cheval. i| Couper la tête de, émonder pour
la première fois, un arbre, écimer.
Ëcourre (Lg.), v. a. — Laisser écouler l'eau
de, — un étang. Dér. de Courre.
Ëcoursoire (Mj.), s. f. — Corde qui retient
la peautre d'un fûtreau et l'empêche de glisser
en arrière suivant son axe. Dans les bateaux
de mariniers, Vécoursoire était une forte
chaîne. — Dér. du fr. Course, parce que l'é-
coursoire limite la course de la peautre. ||
By. — Sur les rivières, le fûtreau n'a pas de
peautre, il se guide au gourneau (gournâs).
Ëcourté, ée (Li., By.), part. pas. — Trop
court. Des robes écourtées, trop courtes. Sens
un peu différent du français.
Écourues (Mj.), s. f. — Temps pendant
lequel on met à sec une portion de canal. ||
Etat de la rivière lorsqu'on ouvre les portes des
barrages et qu'on laisse courir les eaux.
Et. — Dér. de Ecourre. — Hist. (Ch. Bourdigxé,
P. Faifeu, Epitre. — A la suite d'une famine.) —
« Mesgresse faict ainsi ses escouruës. »
N. — By. Action d'ouvrir le« portes marinières,
pertuis, écluses sur les rivières, au mois d'août, pour
laisser courir, couler l'eau et amener une baisse
aussi grande que possible, afin que l'administration
des Ponts et Chaussées puisse faire les travaux
utiles et les réparations des divers ouvrages intéres-
sant ces rivières. — Ecouriie, — Cliômage des
rivières et canaux. — Ce mot, adopté par les Ponts
et Chaussées et qui figure dans les Affiches offi-
cielles de notre région, ne se trouve pas au Diction-
naire général. On l'emploie surtout au pluriel. —
Hist. Voici maintenant le tableau des heures
d'ouverture des portes marinières ou pertuis situés
dans le département pour servir à l'exécution de
Vécourue générale prescrite par le précédent
arrêté. (Ang. de Paris, 16 juin 1907, 2, 6.)
Écouter (s') (Mj., By.), v. réf. — Veiller de
très près sur sa santé, avoir qq. maladie ima-
ginaire ; être un peu pichelin.
Et. — Lat. Auscultare. P.-ê. formé de .4ms, an-
cienne forme, oreille, et cultare, ou clutare, fré-
quentât, de Cluere, entendre, — entendre par
l'oreille.
Ëcoufes (Li., Br., By.), s. f. — Ne s'emploie
qu'au plur. — Quand on n'a rien à donner à
manger à des hôtes de passage, on leur sert
des Ecoutes. On n'a rien ; alors on écoute. . .
ce qui va venir ou tomber des nues.
Ëcoute s'i pleut (Ag.), s. m. — Niaiseries,
mauvaises explications. « Tout ça, c'est des
Ecoute s'i pleut ! »
Ëcouteux (Mj., By.), s. m. — Ecouteur.
Ëeouvilion (Ag.), s. m. — Un homme très
grand et très maigre. « Queu grand écouvillon.
— Cela fait image. U écouvillon est le paquet
de guenilles, longuement emmanché, dont on
fourgonne le four; ^- V. Ecouelie. Cf. Manche
à balai i
Hist. — « Sec et noir comme escouvillon. »
(Villon. Petit Testament.)
Ëcraboui (Ch.), adj. q. — Ecrasé. — Un
objet écraboui conserve encore sa forme ; un
objet écrasé n'est plus reconnaissable? — V.
Ecabouir.
Écrabouiller (Li., Br., Ch., Sal.), v. a. —
Ecraser complètement, mettre en bouillie, en
marmelade. Dér. irr. de Ecraser. — A Auverse
Ecramouir, Ecrabouir (r fin. muet). V. Eca-
bouir. Franc. Ecarbouiller.
Et. — On pourrait y voir un composé de Ecra-
ser et de Bouillie. — Orain dit que c'est écraser de
telle façon qu'il y ait un jet de sang ou de matière
qcque. Ecraser un limaçon avec le pied, c'est
l' écrabouiller.
Hist. — « Ny plus ni moins que font ceux qui
sont mordus de fescorpion : le plus souverain
remède qu'ils ont, c'est de le prendre, tuer ou de
Vescarbouiller et l'appliquer sur la morsure ou
playe qu'il a faite. » (Brantôme, Dam. gai.,
D, I, p. 47, 1. 30.) — D. C. Esboellare, Esboeler,
Esboueler :
— « Si tu la porte ne nous ouvres,
« T'esbouelerai comme un chien. >
Escrabouiller. La bouele, c'est le ventre, les
boyaux. V. Ebouéler.
Ecrabouir (Auv.), v. a. — Ecraser. V.
Ecramouir, Ecabouir, Ecraboutir, Epoutelir.
Ëcrabousiller (Sal.), v. a. — Ecraser en
projetant de côté et d'autre les débris d'une
chose molle. V. Ecabouir, Ecrasiller.
Ecraboutir (r fin. muet). — (Mj.), v. a. —
Ecraser. Dér. irr. de ce mot. V. Ecrabouir.
Ëcrailler (s') — (Sar.), v. réf. — Criailler,
s'écrier, s'égosiller. V. s' Ecogâiller.
Ëcralt (Mj., By.), s. m. — Partie dont un
terrain s'est agrandi par des apports d'allu-
vions. Dér. de Ècraitre. || Lais, atterrissements.
Cf. Le Craissement, nom de lieu.
Et. — Croître avait une seconde forme : craître.
Ëcraître (Mj.), v. a. — Agrandir, accroître,
augmenter. Corr. de Accraître, pour Accroître
du lat. Accrescere. V. Craitre. || By. Accraître.
Ëcraïuaillé (Li.), adj. q. — Ecorché. Ex. :
T'as la goule toute écramaillée. Même rac. q.
dans Ecraboui? etc. Cf. Dérammaillé.
Ecramouir (Mj.), v. a. — Ecraser. || Fig.
Pet écramoui, — vesse, pet silencieux, Syn.
de Ouesse, Vessie. Corr. de Ecrabouir, qui se
rattache à Ecraboutir Syn. de Epoutelir,
Avâcrer, Ecamouir, Ecabouir, Ecrapoutir,
Ecrémouir, Ëcrabousiller, Acrâser.
N. — Faudrait-il voir, dans qqs-uns de ces
vocables, l'adj. moût
Ecrapoutir (Lg.), v. a. — Ecraser. Syn.
et d. de Ecraboutir, V. Ecramouir. || Lrm. —
Ecrapoutchir, id, aplatir. V. Ecabouir, etc.
Ëcrasable (Lg.), adj. q. — Abominable.
Ex. : Il a eine cuite écrasable. Cf. Escrasable.
N. Bl. est souvent mouillé.
Ëcrasablenient (Lg.), adv. — ^ Prodigieuse-
ÉCRASER — EFFANT
317
ment. Ex. : Les poiriers sont préparés écra-
sablement cette année. Cf. Escrasable.
Écraser (Mj., By.), v. a. — Rayer. Ex. : Il
a tout écrasé la table avec son ongle. — N. Le
sens patois est sans doute la signification
primitive du fr. Ecraser. Ce mot semble,
en effet, dérivé du lat. E + Cratère?
Et. — Ane. scand. Krassa, broyer, briser.
Écrasiller (Sal.). — V. Ecrabousiller, etc.
Écréiances (Sp.), s. f. — Ne s'emploie qu'au
plur. Syn. de Quériances. Ce mot me paraît
être employé pour Ecribiances, ou Ecri-
blances (bl mouillés), dér. du fr. Cribler. —
Il Th. — Ecuériances. Le déchet du moulin.
Syn. de Créiances, Gratelles.
Et. — Crible ; lat. Cribrum.
Écréiiioiiir (Lg.), v. a. — V. Ecraniouir.
Écrêner (Lg.), v. a. — Décheveler. Syn.
de Débouéler, Ecrigner, Ecriner.
Et. — Doubl. de Ecriner, dér. du lat. Crinem.
Le pat. norm. a Décringneu, mal coifTé.
Écreviche (Mj., By.), s. f. — Ecrevisse.
Syn. et d. de Equerviche.
Écrier (s') — (Sp.), v. réf. — Se publier,
se répandre, — en parlant d'un bruit. Ex. :
Ça s'est écrié qu'il allait être saisi.
Ecrigner (Sal., By.), v. a. — Echeveler.
Syn. et d. de Ecriner, Ecrêner. — Crin, cri-
nière.
Ecriner (Mj.), v. a. — Décheveler. Syn. et
d. de Ecrêner.
— Lîn écrit, — un
l| Ein mot d'écrit,
Écrit (Mj., By.), s. m.
papier, une assignation,
qqs mots. Ex. : A nous a envoyé ein mot
d'écrit avant-z-hiar.
Écriteur (Lx., Zig. 154), s. m. — Ecrivain,
comptable, bureaucrate, plumitif.
Écriture (Mj., By.), s. f. — Ecritui'e de
plume, de main, — texte manuscrit. Ex. :
Je sais point de lire V écriture de plume.
Écrot (Lg.), s. m. — Plume qui n'est pas
encore développée. Syn. et d. de Ecot. N. Le
mot a vieilli.
Écrues (Ec, By.), s. f. — V. Apetissures.
ECU (Lue, Mj., By.), s. m. — On compte
encore souvent par écus de 3 francs. || De-
mander mille écus, — d. mille excuses. Jeu
de mots qui fait toujours rire. || Compter les
écus, pour les enfants, exprime le mouve-
ment de tête du hanneton qui se dispose à
s'envolei', et, plus particulièi'ement la dilata-
tion des antennes. (Mén.).
Et. — Lat. Scutum ; grec skutoç, peau et bou-
clier ; radie, sanscr. sku, couvrir. Le bouclier pri-
mitif était en bois couvert de cuir. — La monnaie,
ainsi nommée parce que, sur une des faces, elle
portait, comme un écu de blason, trois (leurs de lis.
— N. Ecuyer, en vient, celui qui porte Vécu du
chevalier ; mais non Equitation, de equus, che-
val. — Confusion fréquente.
Ëcueil, lie (Mj.), adj. q. — Apparent,
visible, qui surnage. Ex. : C'est de la graisse
toute écueille.
Et. — Y aurait-il qq. rapport avec le fr. Ecueil,
s. m.? C'est peu probable. — Il y a bien, outre le
sens de : rocher, scopulus, celui de : rassembler,
excolligere, vx fr. escueil. — Serait-ce le lat.
Oculusv On dit que la graisse, le beurre font des
yeux sur le bouillon.
Écuit' (Mj.), s. m. — Etui. Corr. du mot fr.
Cf. Tuile, Tuyau.
Et. — La plus vraisemblable est celle de Darm.
Estui, s. verb. de l'a. v. Estuièr, renfermer. Orig.
inconnue. — Nie celle de Litt. Mha, Stûche
(d'après DiEz), sorte de gaîne ; am. Stauchen,
entonner.
Écullée (Mj., By.), s. f. — Ecuellée.
Et. — Lat. scutella, dimin. de scuta. — Hist.
« Plus de Fabius, préteur romain, lequel mourut
sufToqué d'un poil de chèvre, mangeant une
esculée de laict. » (Rab., P., iv, 17.) — • « On devait
autrefois, trois écullées de farine sur trois boisseaux
de méteil, droit de mouturage ; ces trois écullées
pesaient 6 livres 3 quarterons. » (Mén.)
ÉcurieuK (Lue), s. m. — Ecureuil.
Et. — Vx fr. escurel, escuriaus, — escurieu
(xvi® s.) B. L. squiriolus, scuriolus ; lat. sciurus ;
grec skiouroç; de skia, ombre, et oura, queue, —
l'animal qui se fait de l'ombre avec sa queue.
(LiTT.) Syn. de Ecuroil, Chat-écureuil, Fouquet.
Écuroil (Ecuro-ïl) — (Lg.), s. m. — Ecu-
reuil. Syn. de Chat-écureuil, Chat de percJie,
Ecurieux, Fouquet. — N. Dans la dern. syll.
l'o conserve son son naturel.
ÉcHsser v. a. — Fendre en deux.
Et. — Ecuisser, faire éclater le tronc d'un arbre
en l'abattant. E, es — cuisse; couper les cuisses.
Hist. — « Laidement (il) t'a ton chapel trait ;
« Par poi qu'il ne t'a escuissié. »
(Par poi que = peu s'en faut que. — Renart,
V. 10431.) (Litt.) — Ce sens ne paraît qu'au
xvF s., par confusion, sans doute, avec : éclisser.
(Darm.)
É(l.âler (Mj.), v. a. — Disjoindre les douves
ou douelles d'un fîit, en parlant de la séche-
resse. — Probablement pour Edoueller du
fr. Douelle.
Éfenâillée (Mj.), s. f. — Eparpillement de
foin (lat. fenum). V. Efenailler. — Mieux par
deux ff, ainsi que le suivant.
ÉfenâilIer (Cho., Mj., By.), v. a. — Epar-
piller du foin ; répandre ou disséminer des
graines, des objets légers, foin, paille, menues
branches, linge, papiers. Syn. de Epirâiller,
Egâpler.
Éfestoui (Br., Mb. Sar., Do.), adj. q. —
Gai, en fête. « Les petites sont ben efestouies. »
— Ecesloui. Il By. Evoestoui. V. Effestoui. Cf.
Révestoui.
Et. Hist. — « Enfesté, qui aime les fêtes. »
— « Mais soit toujours près de ma coste,
« Sinon pour aller au moustier
« Quant au jour qu'il sera mestier
« Et qui ne soit pas enfestée
« Ne de saillir à la volée. »
(E. Deschamps. — L. C. )
Effant, s. m. — Enfant.
âi8
EFFARER - EFFOEL
Et. Hist. — Bourg., éfan ; pic, efîant ; prov.
effan ; du lat. in-fantem, celui qui ne parle pas.
(LiTT.) — « Un vers (verrat) ochist (occit, tua) un
effant. . . en le rue S. Gille, jiour lequel fait et par
grant délibération de conseil, on trayna et pendi
ledit vers, et fu pendus par les pies et en sonna on
les trois cloches la vegille S. Vinchent el mois de
janvier l'an 1323. » (L. C. — N. E.)
« Corné l'z éfants d' Laval,
« Qui c'mençant ben et fin'ssant mal. »
(DOTTIN.)
Effarer (Lg.,) v. a. — Découvrir, — le
temps ; dissiper les nuages. Syn. de Eparer,
Eviâiller, Ebobelucher.
Effarouché, ée (Mj.), part. pas. — Fig.
Evaporé, évaltonné, qui a des manières un
peu extravagantes, en parlant d'une jeune
fille. Il S. f. Equipée. Syn. de Ecalmouchée.
Et. — Dér. du fr. Effaroucher, par confus, avec le
fr. Echauffourée. Il y a eu métathèse syllabique
comme dans Ebaupin, Maupoyer, etc. Syn. de
Esgarade. — Farouche. Lat. pop. * feroticum, de
ferocem, devenu feroche, ferouche, farouche. Cf.
silvaticum, sauvage. (Darm. )
Effenailler (Sal.), v. a. — Jeter, disperser,
— ^du foin. — Lat. fenum. Voir par un f.
Effeniller (Z. 124, By.), v. a. — Eparpiller.
V. Efenailler. — Les deux ff sont préférables,
mais la prononciat. n'en indique qu'un. ||
Sar., Do. — Lacérer, déchirer, mettre en
feuilles. V. Effeuiller.
N. — « Effeniller de la paille humide pour la faire
sécher, c'est l'écarter en la secouant comme du
foin, la rejeter hors du fenil. — Lat. fenum. (Jaub.1
Efferdiller (Mj., Sal.), v. a. — Transir de
froid. Syn. de Afferdurer, Afferdeiller. —
Efîerdillé, — adj. verb. — Frileux, transi de
froid. Syn. de Ferdeilloux, Efferduré. \\ By.
Pron. Efïoerdiller.
Efferduré, ée (Lg., Jum.), adj. q. — Qui
craint le froid. « AU' est ben efferdurée. »
Et. — Lat. frigidus, de frigus ; ail. frieren, froi-
dure ; vx fr. fridore ; ital. freddura. — Il faut deux
f, quoique un seul se fasse sentir. H By. — Efîoir-
duré, pour Eiïroiduré. V. Efferdiller.
Ëffestoui (Sar.). — V. Efestoui, Evesloui. \\
By. Evestoui, évoestoui. || Mj. Révestoui.
Effet (Mj., By.), s. m. — Occasion, cause.
Ex. : C'est la boisson qui a été Veffet de son
malheur. || D'effet, comme d'effet, — en effet,
efîectivement. || Faire effet, — produire
de l'effet. || Faire de Veffet, — frapper,
impressionner. || En effet de, — en fait de.
Ex. : Ce que j'eume le mieux, en effet de frui-
tages, c'est des guermoiselles. || Si c'était ein
effet de voûte bonté, de voûte complaisance,
— si vous étiez assez bon, assez complaisant.
Formule de politesse rustique des plus
usuelles.
Effieller (Ag., Mj., By.), v. a. — Crever la
vésicule biliaire de. Ex. : Tu vas effondrer ces
poissons-là, et pis tâche de ne pas les effieller.
Il Au fig. Effieller une bouteille de vin, — la
boire. Cf. Effioler. — Effieller des huîtres, — les
manger el laisser les coquilles. || By . — « Tu vas
habiller ces poissons-là, éjarde-les ben, les
ébousille pas trop et surtout prends garde de ne
pas les effieller. — Sa' vous ce que c'est que d'e/-
fieller des huîtres? — Sont-elles bonnes, les
huîtres? — Oh ! j'en se ben sûr, je les ai
touVeffiellées. — Sont-elles bonnes, ces allu-
mettes-là? Tu sais que les darnières ne
valaient ren. — Oh ! c'te fois, y a ren à
craindre, je les ai tout effiellées (essayées).
Effil (Ghal.), s. m. — Bois scié en long.
N. Mot désuet. Je le retrouve dans l'inventaire
de Brodeau, 1745. (V. Charlit.) « Item, six planche.?
ou effil de léard. . . » Et, ailleurs : « Item, dix-sept
morceaux de cerizier syé tant en eff^l qu'en carré. »
C'est : dans le sens du fil. (R. O.)
Effilasser (Mj.), v. a. — Effilocher, effîlo-
quer.
Et. — Ef, pour : es, et fil, filasse.
Effiler (Sa.), v. a. — Rompre la colonne
vertébrale à une vache. Ex. : Ils ont effUlé
leux vache quand aile a vêlé. V. Equasiller.
Et. — C'est le fr. Effiler, de fil, parce qu'il y a
rupture de la moelle épinière. — Effiler, 2« sens,
Enerver, fatiguer. Es -\- fil, dans le sens : de
tranchant ; comme on ne donne le fil qu'en limant,
diminuant, effiler a pris le sens de : user, fatiguer.
(LiTT.) — Affaiblir en donnant moins de corps. Cf.
Exténuer. Epuiser de fatigue, les chiens, en les fai-
sant courir trop jeunes. V. Fil (des reins).
Effioler (Ag.), v. a. — Vider une fiole. Cf.
Effieller.
Efflandri (Seg.), s. m. — Personne de haute
taille et sans tournure ; syn. de : grand flan-
drin, fluet, élancé. Syn. de Flamand.
Et. — Flandrin, — de Flandre. Sobriquet péjo-
ratif donné aux gens grands et fluets, à cause de la
haute taille qui est ordinaire chez les Flamands.
Effleurer (Mj.), v. a. — Ecrémer. C'est là
une image très jolie et très juste ; la crème est
la fleur du lait. Au Lg., à Tlm., elle en est la
lie. V. Lie-de-lait.
Effleuroir (pr. effleuroué) — (Mj.), s. m. —
Vase dans lequel on conserve la crème. V.
Effleurer.
Effluanté, adj. q. — Agité.
Et. — Effluent. Terme de physique : fluant hors,
lat. Effluens. — Ce serait bien savant pour nos
paysans. Voir Effuanter.
Elïoel (Segr.), s. m. — L"accroît du bétail.
V. Effouil. « Le seigneur a la moitié des
effoils. )i
Et. Hist. — Effoëil. « Et si peut le seigneur de
fief prendre et lever Veffoil, revenu et accroist dudit
bestail, nourri du domaine et mestairie tenue de
lui. » (Coût. d'Anjou, 103.) De Exfolium, comme
Effeuiller de : Exfoliare, Effeuiller la vigne, c'est
vitem pampinare. (Ménage.) — Effoueil. Part
portée, profit et croît du bétail. (L. C.) — Effouil
bénéfice obtenu par la vente de ce que Ton a de
trop en éclaircissant un taillis ; — bénéfice sur la
vente du bois, des bestiaux : « J'avons pus de
cinquante pistoles à'effouil ren qu'su les viaux. »
(DoTTiN.) — De ; ex, folium, à cause qu'on les
nourrit des feuilles des arbres et herbes. (Borel.) —
Je ne le crois pas ; je préfère l'explication de
DoTTIN.
i}
EFFONDRER - ÉGAILLÉE
319
Effondrer (Mj.), v. a. — Ouvrir et vider
un animal. || (Z. 146). — Un cheval effondré,
usé, fatigué, éreinté. Syn. Ebroquiner, Epiau-
ler.
Et. — LiTTRÉ, au 3" sens. Ef, pour Es -\- fond.
L'r est épenthétique. Le provenu, ne l'a pas :
Esfondar. — « Fay effordrer la paux, et vuider, et
très bien laver. » (L. C.)
Effore (Sar.), s. m. — Dernier vin qui coule
du pressoir. Cf. Létors.
Effouanter (Mj.), v. a. — • Epouvanter,
effrayer, effaroucher. Syn. de Effourachcr. V.
Effuanter.
Effoiiil, s. m. — Eflfouilie (Pell.), s. f. — Ne
s'emploie qu'au sing. — Bénéfices accessoires;
réalisés sur l'élève du bétail. Ex. : Ils font ben
de Veffouille sur le bestail dans ceté ferme-là.
Et. — C'est le subst. verb. correspondant à
Effouiller, pris dans >in sens métaphorique. —
Hist. « Elle (la coutume) ajoute qu'il prendra
Veffoeil, etc. (Voir ce mot.) — « Lesquelles vaches
et Va^oueil qui en proviendra seront gardées et
conservées au mieulx que faire se pourra en ladicte
isle. » {Bail de l'île Saint-Aubin, 1594.) — Anj.
Hist., 2« an., n° 3, 585, 2';-25.) — Des bœufs
à'effouil — ou d'efîouage — nés sur la ferme, qu'on
n'a pas achetés. — V. Effoet.
Effoiilller (Me, By., Segr.), v. a. — Effeuil-
ler du brout. Il (Lue, By.). Eff. les choux, la
vigne, et aussi : vendre des animaux sans être
obligé d'en racheter. || (Mj.). Ne se dit qu'en
parlant des plantes dont les feuilles servent
de fourrage. On dit : Effouiller des choux, des
betteraves, des carottes ; on ne dirait pas :
Effouiller eine rose. Pour les feuilles des
arbres, on dit Groger. \\ Br. — Enlever les
jits qui poussent au pied, au printemps. ||
Lpos. — id.
■ Effoiiilleter (Pc), v. a. — Enlever les feuilles
pour la pans ion.
Effouracher (Lg., Tlm.), v. a. — Effarou-
cher. Syn. de Effouanter. Doubl. par méta-
thèse du mot fr. Cf. Gobier, Geouriflée, Çuri-
gien.
Effrâgner (Tlm.), v. a. — Egratigner,
excorier, érafler. Dér. de Frâgner.
Effranger (Mj., By.), v. a. — ■ Déchirer,
entr'ouvrir sur une grande longueur, — déchi-
rer en général.
Et. — Dér. direct du lat. Ex-frangere, ou
Effringere. — Frange. Du lat. fimbria, par transpo-
sition de l'r, frimbia, où bi (cf. plonger) se change
en g doux, à l'ex. de mi, dans simius, singe. Var-
EON rapproche fimbria de fibra, fibre.
Effrangeure (Mj.), s. f. — Longue déchi-
rure. De effranger ; c. Gageure, de Gager.
Effreuser (Sp.), v. a. — Effriter. || V. réL
— S'effriter, s'efileurir. N. Ce mot semble se
rapprocher du fr. Froisser, af. Freusser, du
lat. Fricare. Syn. et d. de Effriser.
El. — Berry, freusser (faire du bruit à travers les
branches). Probablement de : frustum, morceau,
d'où, barbarement : frustare, mettre en morceaux.
On trouve dans le B. L. : frussura domus, bris de
maison ; frussura, terre mise en culture ; frustrare
racler, mettre en pièces ; frustura terra?, morceau
de terre, ou encore : fraustrum, frostrum. — Et
non de : frendere ou frictiare. (Litt.) — Effriter,
2" se 13 : e -|- rad. de friable, avec intercal. d'un t,
due à efTriter, !«■■ sens. (Comme Littré. — Darm.)
Effrichon (Lg.), s. m. — Léger flocon de
neige. Ex. : Il tombe des effrichons. Syn. de
Grémillages, Bouchon.
Et. -|- Pour : efïrison, dér. de eiïriser. C'est donc
le synon. exact de Grémillages.
Effriser (Lg.), v. n. — Effriter, émietter.
Syn. de Effreuser.
Et. — Effriter. S'en aller en poussière. Rien ne
paraît justifier ce sens. — Effruiter, ôter le fruit,
rendre incapable de fruit est le sens originel ;
Es-fruit. Ueffrilemeni, c'est l'épuisement d'une
terre par le retour de certaines cultures. (Litt.) —
V. Effreuser.
Effrit (Sar.), part. pas. — Etre eff rit, avoir
froid, frissonner.
Effrite (Po.), s. f. — Effrayant.
Et. — Af. esfreer ; ex -|- germ. frida ; am. friede,
paix. M. à m. faire sortir dé l'état de tranquillité.
(Darm.)
Effuanter (Lg., Sar., Sal.), v. a. — Effarou-
cher, mettre en fuite. V. Effouanter.
Effumeler (By.), v. a. — Enlever la femelle
du chanvre, en laissant le mâle qui nourrira sa
graine, le chénevié.
Et. — Fumelle, au xvt« s. ; femella, dimin. de
femina. (Litt.)
Éffunier (s') — (Mj., By.), v. réf. — Fumer
avant de flamber.
Et. — Du préf. E, qui marque émission, et du
lat. Fumare.
Ëfoisé (Lg.), adj. q. — Qui a assez et trop,
à foison. Ex. : Des carottes, j'en se éfoisé. \\
Infesté. Ex. : Je sommes éfoisés de vipères.
Syn. de Guerpi, Confondu.
Égacer (Z. 124, By., Ti., Zig. 159), v. a. —
Rebuter ; agacer.
Égaciier (Segr.), v. a. — Ecraser. P.-ê. pour
Ecacher?
Et. Hist. — Ecacher, écraser. Dans ce sens, le
simple, cacher, est dans Ronsard :
— « . . . A pieds deschaux cache le vin nouveau. »
Tiré probablement du lat. Coactus, serré.
Ëgaciâ (Ec, By.), V. Agacia.
Égail (Lrm., etc.), s. m. — Rosée. Voir Eau.
V. Recarreler. C'est le franc Aiguail.
N. — Un prov. vendéen dit d'une chose qui est
très tendre : « Tendre queme égail. » Nous disons,
nous, tendre comme la rousée. || A Mj., on dit :
Comme ein aiguail.
Hist. — 1788. Cette année, le gouvernement a
commencé à établir dans tout le royaume les
assemblées provinciales ou municipales..., dont
les fonctions seront Végail des impositions. {Inf.
Arch., n, E, S, p. 358, 1.) Ici, le sens est : distribu-
tion, répartition.
Egaillée (Mj.,) s. f. — Objets dispersés. Ex.:
En velà eine égâidée de prennes ! — V. Egâil-
Itr. Il Eparpillement. || By. — A Végail, à
320
ÉGAILLER - ÉGAPLER
Végâillée (éparpillée). Eparpiller de la paille
à Végâillée, pour la faire sécher. Ce n'est pas
le syn. de Etendre. — a bref dans Egail.
Égailler (é-gâil-ler). — (Mj., Sal., By.), v.
a. — Disséminer, éparpiller, disperser. Ex. :
Egaillez-vous, les gars. — Ce commandement
des chefs vendéens, que l'histoire a recueilli,
a rendu fameux notre v. Egailler. Il résume
une tactique heureuse et intelligente dont
usèrent maintes fois les Chouans pour se sous-
traire aux feux de peloton ou à la canonnade
des Bleus. [| Ec. Egâillez-vous, les gars des
Echaubrognes. || Lg. — Biner avec la houe
à cheval. Syn. de Trimbaler. \\ Etendre. —
Egailler la buée, — étendre le linge de la
lessive. || A Végâillée (Lue), en désordre. || Se
mouiller de rosée (Th.). Tu vas V égailler. \\
Li., Br. — Bg. — Mêmes sens.
Et. — C'est se répandre comme l'égail, l'ai-
guail (de aqua. — V. Eau). — Hist. « Rapport de
CoLBERT, Archives d'An/o^', p. 111 : « Un rejet de
120.000 livres, qui serait égaillé sur toutes les
élections. » — « Composition arrestée à 700 livres
qui ont été motié par motié égaillées sur les col-
leptes es années 1701 et 1702 » M 696? Im: Arch.,
E, n, p. 397, col. 2.) — « RooUe et égail fait sur le
général des paroissiens, manants et habitants de
Chazé-Henri, pour l'année 1735, de la somme de
2.000 livres du principal de la taille, taillon... »
(1735. — Id., G, II, p. 253, col. 2.) — « Taux et
égail de l'impôt du sel en la paroisse de Coutures,
pour l'année 1695. (îbid., E, ii, p. 10, col. 1. —
Egail = répartement.) — D. C. Gajardus. || « Le
jour où le Saint Esprit s'est égaillé sus' l's apôtres,
tu n'y étais point, mon pauv' gas. » (De Moxt.1 —
« Ainsi troussée, la bande s'égailla dans la vallée. »
(Hist. du vx tps, 270, et N.) !] V'ià l'soleil qui
s'montre. faut aller égailler le foin. — Egay'-\ous,
les gas (disait Jean Chouan à ses hommes), pas de
bulot. V. Hugo, dans 93, commet une amusante
erreur sur le sens de ce mot. (Dott.) — « Tous
deux (Cathelineau et Perdriau), après avoir
placé leurs trois prisonniers au premier rang pour
les (?) protéger, s'avancent vers le feu des coule-
vrines ; ils égaillent leurs hommes dans les jardins
qui bordent la petite rivière. » (Deniatj, i, 269.) —
« Entre tout, un ormeau qui devant lui se panche,
« Et s'égaille ombrageux de mainte verte branche. »
(Baif. — L. C.)
La forme et l'étymol. se refusent à l'explicat. du
D'' A. Bos, que je cite souvent : Egailler, Egaliser ;
étendre également, répandre uniformément. It.
Eguagliare. Etvm. * Ecqualiare, d'sequalem, égal,
v. f. ivel. — Eguer, égaliser. Cf. iver, de eqvare,
pour œquare.
N. — Ne pas confondre avec Aiguailler, tremper
du linge dans l'eau.
Ëgaillettes (Pc), s. f. — Echasses. Cf. Ega-
loche. N. On y a vu le rad. du mot Eau ; les
echasses permettent d'aller à sec dans les lieux
mouillés.
Égâilleuse (Lg.), s. f. — Houe à cheval. Syn.
de Bilieuse, Trimbale.
Ëgairer (Lg.), v. a. — Egarer.
Ëgaisser (Sa., Mj.), i^v. a. — Syn. de
Aiguancer,, Gueiller. \. Eguesser (s'). 1| By.
— Gaicher (ghée — cher).
Égal (Mj.), adj. q. « Avoir tous égalé portion,
avoir tous part égale, [j C'est égal, — quand
même, tout de même. Locut. très usuelle qui
sert de conclusion à un discours, et de tran-
sition à un autre sujet. — Ex. : Cest égal,
j'arais jamais cru ça de lui. || Adv., — égale-
ment. Ex. : J'avons payé tortous égal.
Égalettée (Mj.), s. f. — Amas de matière
molle, demi-liquide, largement étalée à terre,
flaque.Syn.de Eguerlée,Véserée.\ . s'Egaletter.
Égaletter (s') — (Mj.), v. réf. — S'étaler en
plaque, s'aplatir, comme fait une matière
molle et pâteuse qui tombe d'une certaine
hauteur, ij V. a. Aplatir, étaler. — De galette.
Et. — Galet, l»'' sens. Caillou poli et arrondi
aux angles ; d'où : galette, par assimilation de
forme. A. f. Gai, caillou ; bas-bret. kalet, dur ;
gaël. gai, caillou.
Égalfurcher (Lg.), v. n. — Faire un violent,
écart des jambes dans une glissade imprévue.
Et. — Pour Ecalifourcher, dér. de Califourche,
Califourchette, mots qui, cependant, sont oubliés
au Lg.
Égaliser (Mj., Tlm.), v. a. — Légaliser. Ex.:
Y a eine signature à égaliser.
Égaloche (Mj., By.), s. f. — Echasse. Syn.
de Egailletle, Equérioche, Echausse. Ne s'em-
ploie en ce sens qu'au plur. || Sorte de quille que
l'on place debout devant le /)o?eaa,dans certains
jeux de palet analogues au jeu bien connu du
bouchon. Syn. de Mère. Dér. du fr. Galoche,
signifiant dans le pat. tout ce qui rehausse la
chaussure. V. Gailloche, Gaillocher, Galocher,
Dégalocher, s'Engalocher, Galochée.
Et. — Galoche vient p.-ê. de Gallicae, sorte de
chaussure gauloise. Il Sar. — On appelle encore
ainsi un gros amas de neige sous les pieds.
Égancer (Mj., Sal.), v. a. — V. Ëgaisser,
Aiguancer, Eau. Laver à grande eau, du linge.
Égandriller (Mj.), v. a. — EfTiloquer, effilo-
cher, érailler sur les bords. Ex. : Sa robe est
toute égandrillée.
Et. — La rac. de ce mot, Gand, a probablement
qq. rapport avec le fr. Ganse.
Ëgâpiller (Tlm.), v. a. — Disperser,
répandre. Syn. de Egailler, Egâziller, Epi-
gâiller, Egâpler.
Et. — Le mot est très curieux en ce qu'il est un
doubl. certain du Mj. Egâziller, Epigâiller et qu'il
rattache ensemble les deux mots. Ce demie'", en
effet, n'est qu'une métathèse de Egâpille:. Cf.
Maupoi/er, Gabier, etc. Et, d'un autre côté, il vient
singulièrement troubler les idées que nous avions
pu nous former sur l'étymologie de ces divers mots.
Il paraît bien que, malgré leur ressemblance exté-
rieure, ils appartiennent à deux familles distinctes
par leur origine : 1° Egailler, Aivâiller ou Ei'âtller,
du lat. Aqua, Aive. V. Eau ; 2'' Egâziller, Ëgâpiller,
Epigâiller, qui, en considérant les deux derniers
comme des corruptions du premier, pourraient
être des dériv. du lat. Vasum. — Sinon, il faudrait
admettre que Ëgâpiller et son sosie Epigâiller ap-
partiennent à une troisième famille, celle du franc.
Gaspiller, dont ils seraient un composé. (R. G .
Ëgâp^er (Lg.), v. a. — Disséminer, faner,,
éparpiller. Syn. de Ëgâpiller, Effenâiller,
ÉGAPI - ÉGÔURBAIL
321
Egailler, Aivâiller. Doublet du premier. X.
On mouille souvent l'I.
Égapi (Sar.), adj. q. — Sentir Végapi, le
gâté, le relent. || Si, à l'époque des vendanges
le raisin a été longtemps exposé à l'air avant
d'être mis au pres.soir, le vin prend un goût
d'évent très prononcé qu'on désigne sous le
nom (ïégappi. (Mén.). — ■ Cf. Agapi (vent).
Égarance (Sp.), s. f. — Ne s'emploie que
dans qqs loc. prov. — Pardre ^'égarance, —
perdre de vue. || Trouver d'égarance, s'aper-
cevoir qu'on a perdu, ne plus trouver.
Et. — Egarer. De E, es -|- garer, du ha. waron,
prendre garde ; celt. kimry, gwara, défendre l'accès
des palissades ; bas-br. gwarer (garenne, garer).
Garder, aha. warten, prendre garde ; rad. war,
considérer. (Litt. ) — Il se peut que l'étymol. pri-
mit. ait été : Perdre de carence. En e'Tet, ce mot
juridique était jadis très répandu, même dans le
langage commun. Il y aurait eu plus tard confusion.
(R. O.) — Et cela me rappelle l'erreur réjouissante
de ce scribe qui orthographiait : Procès-verbal de
garance, — parce qu'il le copiait sur papier de cou-
leur rouge. (A. V.)
Égarant (Mj.), adj. verb. Qui fourvoie, qui
égare. Se dit d'un chemin. Syn. de Ecartant.
Ëgârsille, s. f. — S'emploie dans la loc. A
Yégârzille, — à la débandade, en désordre.
Ex. : Les moutons s'en allaient à Végârsille.
Et. — Dér. de Egosiller. — N. L'a est long.
^gasille (Mj.), s. f. — Action d'égâsiUer,
d'éparpiller. Ne s'emploie que dans la loc.
adv. : A Végasille, de ci et de là, de droite et de
gauche. V. Egâ.siller, Ëgârsille. N. L'a est bref
dans Egasille, bien qu'il soit long dans Ego-
siller.
Égâsiller (Mj., Sp., Sal.), v. a. — Eparpiller,
répandre, disséminer, disperser. Syn. de
Egailler, Egâpiller, Epigâiller, Egâpler. —
Dér. du lat. E -f- vas? — || Je le tirerais plu-
tôt de la racine de Eau, Aiguasiller. || V. réf.
(Sp.), s'ébaudir, se donner de l'air, du mouve-
ment, de l'exercice, de la distraction.
Ége remplace souvent la terminaison âge.
« S'il aimant ben l'fruitège, qu'i n'en pren-
nyant donc. — (By.)
Ëghuier (Cho.), v. a. — Enlever les feuilles
du bas, — des choux. « Eghuier troais fagas
de choux dans le chon (champ) du Moulin. »
— Ta, gas Pierre, feras fomberdhier et pis
apré, tu prendras la blanche, et pis feras
charcher de la pansion. — Aiguier, éghier.
On dit : léguer à Chaudefonds. — V. Egler.
Ëglâser (By.), v. a. — Glacer. V. Aglmer.
ÉgZâsser (Lg.), v. a. — Détacher par arra-
chement, une branche. Syn. de Elosser,
Eclafer, Edafeter, Ecafeter. — Péjor. de Egler.
Égier (Sar., Mj., Sal.), v. a. — Œilletonner.
Il Elaguer. Syn. de Eguerter, Elouetter, Ep\er.
— Ebrancher un jeune arbre. Cf. Aiguier.
Et. — Du lat. Oculare, oculus. || La Ccrne,
Eiller : regarder; œiller; dans Oudin. C'est donc
bien : enlever les œilletons, sorte de bourgeon
allongé qui se développe tantôt à l'aisselle d'une
feuille, comme dans l'ananas, tantôt au collet de la
racine d'une plante vivace, comme dans l'arti-
chaut. (Petit Larive et Flelry.)
Églese, s. L — Vieille forme angevine du
xiii^- siècle. V. Revue de V Anjou, t. LIV, p. 308.
Très voisin du latin Ecclesia.
Église (Mj.), s. L — N'avoir pas couché
dans l'église, — être un imbécile. V. Saint-
Esprit. On dit : S'il a couché dans l'église, il a
été ben honnête (il n'a pas volé le Saint-
Esprit) (By.). — V. Petite Eglise.
Égluau (Mj.), s. m. — Gluau.
Et. — Lat. Glutem.
Égnelle (Lg., Sp., By.), s. f. — Jeune brebis.
V. Agneau, Ignelle. Pour Agnelle, fém. du fr.
Agneau ; vx fr. Agnel.
Égobleaux (Mj.), s. m. — ■ Ne s'emploie
qu'au plur., et seulement dans l'expression :
L'été des égobleaux. V. Gobeaux.
N. — On appelle ainsi une période de chaleur qui
se produit vers la mi-septembre, c.-à-d. au mo-
ment où l'on épluche les noix. On dit aussi l'Eté des
gobeaux. — Le mot EgobleaUx est une métathèse
pour Ebogleauv, dér. de Ebogler. C'est la même
transposition de son q. dans Gobier, Gobasse. —
Oter la bogue. Cf. Coubarbicr.
Égobler (Mj.), v. a. — Ecaler des noix.
Syn. de Echaler. Pour Ebogler, du pat. :
bogue. Cf. Gobier.
Égoïgner (Mj., By.), v. a. — Couper mal,
en déchirant, couper avec un outil mal aflilé.
Syn. de Sôdigner.
Et. — Egoïne, ou égohine. — Orig. incon.
Égoine (Mj.), s. f. — Petite scie à la main.
Il By. — Outil de jardinier. — Ne pas con-
fondre avec zague, petite scie à la main, outil
de charpentier. — L'égoïne prend en attirant ;
la zague prend en poussant.
N. — Dans D. C. Goia, Legoy, Goye =» Serpe.
Égoïsse (Mj., By.), adj. q. — Egoïste.
Ego sum. — Comment se forme ou se déforme
un mot. Il Aux Ponts-de-Cé, à la Société de la Paix,
jouant à la boule, nous étions 6 points à 9. Je joue
le dernier et, par une chance inespérée, le maître,
légèrement poussé en avant, donne 3 points à mon
camp. — «Qui donc l'animal qui ajoué ce coup-là?»
s'écrie notre excellent copain et parajot L...,
celui que nous appelons l'Ingénieur de la machine à
eau. — « C'est moi, dis-je. » Et, la caque sentant
toujours le hareng, je me crois obligé d'ajouter en
bon latin : Ego sum (s. a. qui fecil. — « Je com-
prends bien, allez, me dit-il : c'est pas malin. Ça
veut dire : J' sommes égau^, 9 -'j 9, pas vrai? » —
« Tout juste. ') — Ego sum est en train de devenir
légendaire dans « l'île '>. Et, dans cinquante ans,
sans cet article, on pourrait se demander comment
Ego sum peut se traduire par : J'sommes égaux. Je
l'ai écrit pour :
« Aux Saumaises futurs épargner des tortures. »
comme dit l'autre. (Boileau.)
Ëgourbail (Tlm.), s. m. — Désordre. Ex. :
Ah ! quel (gourbail que y a dans quio bers ! »
Comme tout est sens dessus dessous dans ce
berceau ! — Mot vieilli.
21
322
ÉGOURNER — ÉGRETTER
— Egrener. || Emier,
Egorner, Egueurner,
Égoiirner (Lg.), v. a.
émieller. On dit aussi
Eguerner.
Et. — Doubl. du fr. Egrener. Est pour Egruner
Cf. Grune.
Égousser (Mj., By.), v. a. — Ecosser, cosser.
Dér. de Gousse ; orig. inc. — Cf. Cosse.
Égracigner, ou Ëgrassigner (Li., Br., By.
Mj.), V. a. — Egratigrier. V. Egraciner.
Et. — E, es -)- gratiner, de gratter ; pic. égrafi-
gner.
— « Toujours le chardon et l'ortie
« Puisse esgra^gwe/- son tombeau. » (Ronsard.)
Dans D. C. Ingratinare. — Le D^ A. Bos l'explique
ainsi : De Graphe, 1, poinçon, stylet à écrire, petit
poignard ; et Grapiie, 2, croc, griffe, par l'intermé-
diaire d'un dimin. grafin (?) ; mais il est plus pro-
bable que grafTignier, qui ne date aue du xv« s.,
vient directement du provenc. Grafinar, beaucoup
plus ancien.
Égracignure (Mj., By.), s. f. — Egratignure.
Égraciner (Lg., By.), v. a. — Egratigner.
Doubl. de Egracigner.
Égrainclier (Segr.), v. a. — Pour Egrigner ;
Egrainer. Tige égrenée. (Mén.).
Égrandezir" (Sp.), v. a. — Agrandir. V.
Egrandir. Pron. Egran-dzi. — N. Au sujet
du préf. E au lieu de A, cf. Ecraitre.
Ëgrandir° (Mj., By.), v. a. — Agrandir.
Corr. du mot fr. V. Egrandezir, et la note.
Ëgrandissenicnt (Mj., By.), s. m. — Agran-
dissement.
Égrasseau (Mj., By.), s. m. — Egrain,
égrin ou aigrin, — poirier ou pommier sau-
vage. Il Chl. — Tige d'une plante qui pousse
au-dessous de la greffe. — Syn. Sauvageau.
Et. Hist. — J'écrirais Aigrasseau, Aigrin, tirant
ces mots de Aigre. — Du Gange donne Egre,
comme Aigre, Aigrat. raisin aigre, qui n'est pas
dans sa maturité, Acerbi. — Le C'« Jaub. : Aigras-
seau. Fruit du pommier et du poirier sauvage,
ainsi nommé à cause de sa saveur. L'arbre lui-
même : « Enter des aigrasseaux. » S'écrit aussi
Egrasseau. — Egrin, dit le Dict. général, voir égrin
et mieux aigrin. Lat. pop. acrumen ; vx fr. aigrun,
par confus, de suffixe. — Ménière dit qu'en 1783
on disait aigraffaux, de graiffe, graiffer. — N'y
aurait-il point confusion typographique? l's's
double et l'ff double avaient autrefois beaucoup
de rapport. — Se prononce qqf. Egrasyao. —
« Et se plaint d'un sien voisin, lequel couppoit les
branches de ses arbres et déroboil les aigrasseaux
de sa pépinière. » {Coust. d'An/., t. u, col. 501.) —
« A une bonne famme d'Avrillé, pour 11 boues-
seaux, de pommes sauvages, pour faire esgraz. »
(1406. Inv. Arch., S, s, H, 50, 2, 21.)
Égrate (à 1') — (Z. 128), loc. adv. Au loin,
en éparpillant.
Égraver (Mj., By.), v. a. — Faire mal à la
plante des pieds en y imprimant ses saillies,
comme font les bas, surtout de coton, à la
suite d'une longue marche. — Fr. Graver.
Syn. et d. de Agraver. \\ Mj., Lue, By. — Un
animal est égravé quand il a le pied meurtri
par la marche excessive. — Rac, Gravier,
sans doute, par suite d'un gravier introduit
dans le sabot? !| My. — V. réf. — Se faire des
ampoules aux pieds et aux mains.
Et. — Gravats, gravois ; de : grève. (Cf. gravelle,
gravier, grève.) Lat. pop Grava, d'orig. celtiq.
(Darm.) — « Je lis dans le Dictionn. des Sciences de
i^rivat-Deschanel et Focillon : Aggravée
(Médecine vétérinaire), maladie que l'on observe
aux pieds des animaux qui ont marché longtemps,
surtout sur un sol dur et graveleux, etc. » —
Hist. — « Sur le marbre des cieux
« Engraveront trop mieux
« Le vif de ta mémoire. »
('. DU Bellay, Au seigneur de la Haye, p. 139.)
— « Et engravoit en ses monnoyes les victoires
qu'il avoit gaignées. » (Amyot, Alèx.-le-G., p. 4.) —
« Escrite, voire certes insculpée et engravée on pos-
térieur ventricule de mon cerveau. » (Rab., P.,
IV, 4, 362.) — '( Ensemble la maie tache y demou-
roit perpétuellement,
« Si énormément engravée
« En l'âme, en corps et renommée,
« Que le diable ne î'eust ostée. >>
(Rab., p., u, 16, 157.) — » \J angravure de la pierre
mise sur la fousse, x sols. » (xvP s. Inv. Arch., E,
408, 1, 38.)
N. — J'ai recueilli ces citations. Toutefois, il
ne faudrait pas confondre Graver, tracer sur une
matière dure, au moyen d'un burin, d'un ciseau
(une figure, une inscription), de l'aha. graban, am.
graben, — avec Grave, de la famille de Grève, gra-
vier, d'orig. celt. Voir ci-dessus.
Ëgremiller (Mj., By.), v. a. — Egrener
très menu, émietter. Pour Egreniller, dimin.
du fr. Egrener.
Et. — Du préf. E, et d'un v. Gremiller, inusité,
auquel répond le subst. Gremillage. — Semble tenir
au fr. Grumeau, — « Gremil. Paraît composé de :
mil, millet et d'un premier élément de sens incer-
tain. » — Nom propre : Gremillon.
Égreneaux, Égrenofs (Z. 136, Q., Mj., By.),
s. m. pi. Syn. de Greneaux. \\ Par égreneaux,
— par petites quantités à la fois ; dispersé ;
en petits groupes ou isolément. Ex. Le monde
s'en revenaient de Saint-Méen par égreneaux,
— à la débandade — comme des grains que
l'on détache de la silique, de la cosse, de la
bogue. Il Lue. — Premières châtaignes tom-
bées. - « Premières graines ou premiers fruits
mûrs qui tombent avant la récolte ; ce sont à
peu près exclusivement les châtaignes et les
marrons ainsi recueillis qui portent ce nom.
N. — By. — Ne devrait-on pas écrire Egrai-
neaux? Ne pas confondre avec des Graineaux ou
Greneaux, qui sont des pois de mai (nom vulgaire
des haricots) écossés avant leur maturité. Mj., id.
Égrenée (By.), s. f. — Une égrenée de pain.
V. Ëgremiller. (MÉN.). Pain que l'on a réduit
en miettes en le froissant dans ses mains, pour
le faire tremper dans du lait, par ex.
Ëgreniaux (Segr.), s. m. — Châtaigne tom-
bée de l'arbre sans sa bogue (MES'.). — \".
Egreneaux.
Égretter (By.). — Pour Egherter ; enlever
par la râche les greffes (ghertes) du chambre
qui a été hrayé. Syn. Bâcher, Bâger. || Enlever
à la serpe les brindilles d'une branche coupée
— ou les brindilles qui poussent sur le tronc
d'un arbre. V. Eguerter.
ÉGRIGNÉ - ÉHAMPINER
323
Égrigné (Do.), part. pas. — Abîmé.
Égroïgner (Mj.), v. a. — Effriter, détacher
par le frottement les grains d'une pierre. ||
Erafler la peau. || Erailler, user. — V. Eguer-
gner. Syn. de Effreuser, Effriser. Cf. Ègué-
roinché.
Ëgron (Craon), s. m. — Héron. V. Hégron.
Et. — Berry, Aigueron, aigron, de l'aha. Heigero,
suéd., Hœger. (Litt.) — Pour Hairon, de * Hagiro-
nem, forme latinisée de l'aha. Heigir. — Vx fr.
Haigron, aigron (conforme à l'étymol.). (Dabm.) —
Jaub. l'explique par : oiseau du bord de l'eau
(Aigueron, de Algue). — Ingénieux.
Égrousser (Mj.), v. a. — Essanger. || Faire
d'une façon sommaire, superficielle, un travail
qcque.
Et. — Dér. de Grous. C'est, proprement, enlever
le grous de la crasse. \\ Faire d'une façon superfi-
cielle, sommaire, un travail. |] By. — On dit
Dégrousser et Dégroussir, au l" sens.
Ëgruner (Sp.), v. Egruger, réduire en gra-
nules. V. Egroïgner. \\ Sp. — Egrener. Doubl.
du mot fr. et de Egourner. Syn. de Egorner,
Egueurner, Eguerner.
Et. — E, es -f- gruger ; du ba. grusen, écraser.
(Litt.) — Gruger paraît être pour : gruiser, em-
prunté du hoU. gruizen, écraser ; rad. gruis, grain.
(Darm.) — Grumus salis, pour : un grumelet de sel
se trouve dans Pline, 1. 33, 4. — Egrumeler,
exgrumellare. (Ménage.) — Esgruner. Réduire en
poudre. V° Temperare. (D. C.) — Esgrumer,
réduire en fragments, en morceaux, grumeaux,
égruger, morceler, émietter, broyer, écraser, égrai-
ner, ébrécher. Ital. sgrumare. Etym. * exgrumare,
de : grumum, petit tas de terre, fragment, gru-
meau. — Esgruner. Grumu donne Grum ou Grun.
(D-- A. Bos.)
Égrustaiid (Mj.), s. m. — Ancien cépage
blanc, qui a disparu. V. Çupanche.
Égueiller (Lg.), v. a. — Etirer, un brin de fil
à demi tordu, pour défaire les matons ou trées.
Syn. de Eneiller.
Et. — Dér. de Guée, Gueiller, parce que les doigts
font l'office d'une guée.
Égiienâillcr (Lg.), v. a. — Eparpiller. Syn.
de Egailler, Egârziller, Epigâiller, Egâpiller,
Evâiller, etc.
Et. — Sorte de fréquentât, de Egailler; ou, p.-ê.,
dér. de Guêne, comme Egailler l'est de Aive.
Ëgueneillé (Lg.), adj. q. — V. Eguenillé.
Ëgiieni (Ssl.), adj. q. — V. Eguenillé.
Ëgiicnillc, ée (Z. 171. Q., Mj., By.), adj. q.
— Dont les grains .sont peu nombreux et
écartés en parlant d'un fruit en grappes. Cf.
fr. Guenille. Syn. de Ëgueneillé, Egueni.
Éguergner (Sp.), v. a. — Syn. de Egroïgner.
— Ce mot est pour Égrégner, par la métath.
habituelle de la voyelle et de l'r dans les
doubles articulations. Kg:\:>gner et son doubl.
Egroïgner sont des corr. du fr. Egrener.
Ëguerlée (Lg.), s. f. — Flaque de matière
demi-liquide, largement étalée. Ex. : Le bœuf
en a chié d'eine éguerlée ! Syn. de Egalettée,
Véserée.
Et. — Dér. de Guérie, Guerler. Une éguerlée a dû
signifier d'abord les menus grains projetés par
dessus les bords de la guérie.
Éguermeiller (Lg.), v. a. — Triturer,
écraser, pilonner, — de la vendange, par ex.
Syn. de Guermoirer. Dér. de Guermeille.
Eguerner (Lg.), v. a. — V. Egourner.
Égueroinché (Segr.), adj. q. — Objet
rugueux, brisé avec une tenaille. (Mén.). Cf.
Egroïgner.
Ëguérouailler (Mj., By.), v. a. — Epar-
piller, disperser. V. Guérouée.
Et. — Grouiller : prov. mod. groux? — grouiller
et couver, frayer, engendrer. (Darm.) — Une
guérouée, ou grouée serait alors une couvée (idée de
nombre), et : éguérouer, disperser, la grouée.
Ëguerre, Ëgaire, s. f. — Variété de lyco-
pode qui a la mauvaise réputation de faire
perdre la mémoire de leur chemin aux per-
sonnes qui marchent dessus. Vient donc de
Egairer, mauvaise prononc. de Egarer. Cf.
Boilobe, Herbe à la détourne.
Ëgiierter (Mj.), v. a. — Elaguer, enlever les
menues branches le long d'une jeune tige
d'arbre ; ôter les épines. || Enlever les bour-
geons (Z. 118). Syn. de Elouetter, Egler, Epier.
Et. — Dér. de Guérie, pris ici aufig., dans le sens
de : petite branche, épine. V. Egretter.
Éguerzéler (s'), v. réf. — S'écrier, pousser
des cris perçants, clamer. Syn. de s'Epicrasser,
s' Eguerzéler, s'^Eterzéler, s Ebicaner.
Et. — Forme adoucie de s'Equerzéler, dér. du fr.
Crécelle.
Ëguesser (s') — (Fu.), v. réf. — Se dit d'un
cheval qui se baigne dans un gué. V. Egaisser.
A rapprocher de Aiguë, Egue, V. Eau.
Egueurner (Lg.), v. a. — V. Egourner.
Ègues, s. f. — Eaux. — « Le juge des
Egues et des forêts. ))1(De Bourdiqné. Chron.
p. 10.) V. £'au.
Ëguéyer (Partout), v. a. — Baigner, laver
le linge, le passer à l'eau avant de le tordre.
Cf. Guéyer (ghé-yer). — De Egue, Aiguë. —
V. Eau.
Ëguie (Mot transmis sans explication).
Ëguillette. — V. Aiguillette.
Hist. — 1603, 22 mars, requête de Sébastien
Hervé et de Jacquine Roche, qui se sont mariés à
Saint-Evroult d'Angers, pour éviter le noument de
Vesguillette ou autres maléfices dont on les mena-
çoit aux Ponts-de-Cé. (Inv. Arch., t. II, E, S,
p. 271-2.)
Éguser (Ec, By.), v. a. — V. Aguser.
Ëhaniper (Sp.), v. a. — Ecloper. Syn. de
Ecorner, Ehampionner, Ehaupionner, Epi-
horgncr, Ehampiner, Ebigorner.
Et. — Paraît dér. du fr. Hampe, pris par mé-
taph. au sens de jambe. V. Hampane. Cf. dans
Jaub. Arampé.
Ehampiner (Tim.), v. a. — Ecloper,
affliger de qq. bobo.
324
ËH AMPIONXER — ÊLAITER
Et. — Dér. de El imper, dont il est le synon.
Ëhanipionncr (Mj.), v. a. — V. Ehamper.
Éhancher (s') — (Mj., Lg., By.), v. réf. —
Se luxer l'articulation coxo-fémorale, en par-
lant d'un animal. Cf. s'Epauler.
Ëhannetonner (Sar.), v. a. — Enlever les
hannetons, les vers qui doivent les produire.
(MÉN.).
Et. — De l'ail. Hahn, coq ; en angl. cock-chafer,
coq, scarabée.
Ëhaupionné ée, (Sp.) adj. q. Blessé, de
qq. façon que ce soit. Ex. : Il est toujours
ëhaupionné d'un bout ou de l'autre.
Et. — Pour : éhampionné, dim. de : éhampé.
Eh ! ben ... '' Eh / ben, que donc, eh ! ben
que donc ! » — Que voulez-vous que j'y fasse?
Que voulez-vous donc? (Bg., By. et ailleurs).
N. — Expression qui se répète deux fois, vive-
ment, pour exprimer la surprise, l'ennui, ou plutôt
la part que l'on prend à l'ennui, au chagrin. L'é de
Que est plus que fermé, dans le lang. baugeois.
Ei — s'emploie souvent pour : oi : creître,
pour : croître, etc. (By.).
Éiard (Mj.), s. m. — Peuplier. Ce mot, qui
est pour Léard, ne s'emploie guère qu'au
plur. Beaucoup de personnes disent : Ein
léiard, des éiards. Cf. Ziard. — Du bois de
léiard, des léiârds.
Eil (Mj., By.), s. m. — Œil. Ex. : J'ai
attrapé ein bourrier dans Veil. Le plur. est
Zyeux. Il Regarder d'un bel eil, — regarder
d'un bon œil, avec sympathie, jj Avoir un eil
•qui regarde de bise et l'autre de galarne, —
ou : Avoir un eil qui dit marde à l'autre, —
loucher. V. Pertoire.
Hist. — « Qui jamais ne sent en son eil
« Couler l'emmiellé sommeil. »
(J. DU Bellay, Contre les avaricieur, p. 129.)
« Là semblait que nature et l'art eussent pris peine
« D'assembler en un lieu tous les plaisirs de Vœil,
a Et là s'oyoit un bruit incitant au sommeil. »
(Id., Songe ou Vision sur Rome, p. 254. Œil rime
avec : sommeil.)
« Quand Gylon vient chez moy, fust-il nuyct noire,
« Toute chose y reluits comme le beau soleil ;
€ Et quand elle s'en va, fît-il cler comme yvoire,
« Tout y devient obscur et ténébreux à Vœil. »
(G.-C. Bûcher, 23, p. 02.)
Eillet (By.). Œillet.
Eillosser. — Transmis sans explication.
Elosser? Eglasser?
Ein, eine (Mj., By.), adj. num. et art. indéf.
Un, une. S'emploie exclusivement avec un
nom. V. Jeun. Ex. : J'ai acheté ren qu'etn
gorin, et pis quand même j'en ai trouvé ren
que ieun qui me convenait, c'est encore eine
chance. || N'être qu' ein, — être tout couvert
de. Ex. : Il n'était qu'em sang. — A n'était
qu'eme casse des pieds à la tête.
N. — C'est la corr. du fr. Un. — Il importe de
noter que, dans le pat., le mot fr. Un a deux équi-
valents, absolument distincts et qui ne s'emploient
jamais l'un pour l'autre, l'usage qu'on en fait étant
strictement soumis à la règle indiquée plus haut.
Hist. — « In onge avecque daux plumats (bis)
« Vaint de m'avreti qu'à minet
« 01 est né chez Colas
« Sus de la paille, dans son tet,
« Daux enfants le pus bias. »
(La Trad.,]}. 201, 10-14.)
Ein petit (G.-C. Bûcher, p. 221) : un peu.
« Je n'en sçauroys rien perdre que la peine
« Et ung petit de jaulne de ma bourse. »
Eioù (Mj., Fu., By.), adv. Pour : où donc.
« Eioù air vous donc? — Eioù vas-tu? —
Eyoù vaut mieux. V. toutefois Eoù.
Eizion, s. m. — Nom vulg. d'un osier (Mén.)
Éjanibée (Lg.), s. f. — Enjambée.
Éjainber (Lg.). Enjamber. On dit encore :
Ajamber.
Éjarder (By.), v. a. — Oter le jard du
poisson. V. Echarder (pour l'étymol.).
Et. — Echarde, piquant du chardon. (Litt.) —
Non. — Hist. :
a . . .Que se garde
« Du poisson qui a dure escharde. » L. C.
Éje (Mj., Lg.), pron. pers. Je. Cf. le lat. :
Ego, l'ail. Ich.
N. — « Autrefois, les gamins du Longeron
s'amusaient traditionnellement à se proposer
l'énigme suivante : « Joue éje t'ô dis, joue éje t'ô
noume;jepeux pas mieux t'ô dire que de t'ô
fourrer dans la goule. » — Et, si l'interrogé s'avi-
sait de dire : « C'est ein joue à poules », l'autre lui
répondait : « Merde dans ta goule. »
ÉJonc (Fu., Mj., By.), s. m. — Ajonc. —
C'est aussi un nom de lieu, à cause de la cul-
ture d'ajoncs qui y était faite. L'ajonc pilé se
donnait aux chevaux.
N. — L'anc. forme fr. était Ajoou, ajou ; semble
avoir été modifiée sous rinfluence de jonc.
Ek. Contract. pour Et que, pour quoi. —
Veux-tu v'ni icit ! — « Ek fer ? » Et pourquoi
faire?
Ëlaiguier (Mj., By.), v. a. — Elaguer. Syn.
de Elouetter, Eguerter, Egler, Léguer.
Et. — Doubl du mot fr. — « Alayer un arbre. »
Est-ce une simple forme euphonique ? Cependant
Roquefort cite dans le même sens : « Allagayer,
allayer, élaoruer, retrancher (en lat. : alleviare),
alléger ; et allégier, soulager, rendre léger », ce
qui mettrait sur la voie de la loc. suiv. : Alayer une
vache, la disposer à donner son lait. (Jaub.)
Élainiant (Mj., By.), s. m. — Aimant. N.
On dit dans le même sens : Pierre d'élaimant.
Ex. : C'est pacequé n'y a de Vélaimant là-
dedans. — Magnétisme, force magnétique.
Ex. : Y a de Vélaimant dans son couteau.
N. — Je ne crois pas qu'il y ait eu confusion avec
le fr. Elément, mot abstrait, parfaitement inconnu
de nos paysans. J'estime qu'il y a eu simplement
agglutination de l'article et de la voyelle e, de la
prép. de. On a dit : l'aimant, puis : laimant, le
laimant, l'élaimant (R. 0.).
Et. — Aimant, Adamantem, acier, diamant,
d'où : adamant, adement, aement, aimant, aimant.
Ëlaiter (Mj., Lj., By.), v. a. — Faire sortir
le lait qui reste dans le beurre après le bara-
tage.
J
ÊLAIZE — ÉMAGINÉ
325
Élaize (Mj., By.), s. f. — Laize. || Bord irré-
gul. d'une planche que l'on a enlevé d'un
trait de scie. || Planchette longue et étroite
que l'on accole au bord d'une planche pour
l'élargir. Cf. Egluau. \\ Bande d'étoffe que l'on
rapporte pour élargir un vêtement. || N'avoir
guère d'élaize, — ne pas suffire, ne pas durer
longtemps. Ex. : Quand faut aller à la bou-
cherie, eine pièce de quarante sous, ça n'a
guère d' élaize.
Et. — Laize. Lat. pop.* latia, de laturri, large-
Cf. Lé. — N. — Est-ce élaize ou rlèse ? bande
étroite (dont un côté est irrégulier et contient
l'aubour — ou l'aubier) qu'on a détachée d'une
planche rectifiée avec la scie. De lé, prononcez
le, ou lais, presque toujours remplacé par lèse ou
laise. — Au sens de lisière : Pour tenir ses chausses
(bas) elle fait toujours ses jarreteli''res avec des
laises de drap. (By.)
Élancé (Mj.), part. pas. Fig. Lancé très en
dehors, un peu viveur. [| Absolument : qui
marche à une vive allure. Ex. : Vous velà
ponmoins élancé! Syn. de Ebrivé, Embromé.
Il N. Il est d'usage, lorsqu'on rencontre une
personne, même inconnue, de lui dire en
passant : Vous velà parti !
Élarge (Lg., By.), s. f. — Espace. Ex. :
J'avais point d'élarge dans le guernier pour
botteler le foin. Syn. de Elargisse.
Élarger (Lg., By.), v. a. — Elargir. Ex. :
On met des harasses pour élarger les chartes.
Il V. n. s'Elargir. Ex. : Le bois fend ; je vois le
trou élarger quand je cogne sus la cheveille.
Élargisse (Mj.), s. f. — Elargissement,
agrandissement, espace additionnel. Ex. : Ça
va donner de V élargisse. Syn. de Elarge.
Élève-pape (Lg.), s. m. — Elève ecclésias-
tique. Se dit par une douce ironie. On dit
aussi : Apprenti-pape. Usage très fréquent.
Cf. le dicton sur le soldat qui porte dans sa
giberne le bâton de maréchal.
Élever (Mj., By.), v. n. — Dans un ouvrage
de tricot, faire deux mailles sur une seule.
Élevure (Mj., By.), s. f. — Endroit d'un
ouvrage de tricot où l'on a élevé. V. Appe-
tissures (By.).
Éliet (El, mouillé) — (Mj., By.), s. m. —
Œillet. Cf. EU.
Éiinguer (Mj., By.), v. a. — Hisser ou des-
cendre à l'aide d'un palan fixé au bout d'une
vergue. Syn. de Palanquer. \\ Attacher un
objet avec une corde. V. Ecabouir.
Et. — Elingue. Corde qui a un nœud coulant
à chaque bout, et qui sert à entourer les fardeaux
pour les mettre dans les vaisseaux, ou hors des
vaisseaux. — D. C. à Fundibule. — Angl., sling,
élingue et fronîe. (Litt.) — Aha. slinga ; am.
schlinge (Darm.). — En norm., petit bâton fendu
par un bout, dont les enfants se servent pour jeter
des pierres. (Ménage.)
Elle (Mj.), pron. pars. — Le, la. C'est le cas
rég. ou accusatif. — Ex. : Velà eine palourde,
va falloir elle emporter. — Si le chevau galope,
je vas pas pouvoir elle arrêtert — V. Le* On
double l'I parce qu'il se prononce très lourd.
— N. Je verrais ici la prosthèse d'un e; je ne
peux pas (e) l'arrêter. A. V.
EUégir'^ (Mj., By.), v. a. — Alléger. Dou-
blet de Allegir. Cf. Soulegir. \\ Lg. — Ellegir
un trou de boulin, — ménager un trou de
boulin au-dessus de l'arasement d'une levée
de mur, en commençant la levée suivante.
Élllou (^Ij.), adj. quai, invar. — De l'œil.
Ne s'emploie qu'avec le mot dent. Ex. : Dents
elliou, — dents de l'œil. On appelle ainsi les
deux canines supérieures, dont la racine
pénètre en effet dans les os de la face, très
près de l'orbite de l'œil. — Eil. || By., é-illo,
eillot.
Ëlocher (Mj.), v. a. — Locher, ébranler un
piquet, un arbre, une dent, un objet qui est
planté, piqué. Mais on ne dira pas : élocher
ein mur, eine porte. — Double de Elosser.
Et. — Elocher, vx mot qui signifie : ôter de sa
place, renverser. Ebranler une plante com. si on
voulait l'arracher. Lat. fictif : ex-locare, déplacer.
(Litt.) — « Locher, mot d'orig. germ. ; am.
locker, mha, loger, qui branle. » (Darm.) — Es-
locher. Secouer, ébranler. Branler, remuer. Dé-
boîter, disloquer. — « Pour ce que le suppliant
vit que le petit Jehan s'efïorçoit de courir sus à
icellui Nicolin, il eslocha ledit espieu, et en frappa
le petit Jehan (1447). — « Les clous de quoy les
planches de la nef estoient attachiez estoient tous
eslochez. » (Joinville.)
— « Neptune s'en venoit, d'un souffle véhément,
« De la terre elocher le massif fondement. »
(Baif.) — Citations de L. C.
— « Sont de leurs lieux esquelz souloient gésir
« Tant deslochez et haultement ravis
« Que...
(Rab., Epistre à Jehan Bourhet, 604.)
Il DiEz propose le mha lùcke, branlant ; Scheler,
le germ. loc, mod. locke, boucle, mèche de che-
veux ; lochier serait ainsi : faire flotter les cheveux,
et, p. ext., agiter. — Je propose l'ail. Loch, trou.
(R. O.)
Éloquence (Z. 139), s. f. — Avoir de Vélo-
quence, c'est crier très fort. V. Loquence.
Élosser (Ag., Lue, By., Z. 150, Lg.), v. a.
— Mêmes sens que Elocher. \\ Lg. — Déta-
cher par arrachement, une branche. Syn. de
Eglasser, Eclafer, Eclafeler, Ecafeter. Doubl.
de Elocher, avec un sens voisin. Ou p. ê. corr.
de Eglasser. — || By. — C'est : ébranler afin
de pouvoir arracher.
Élouetter (Te.), v. a. — Elaguer, couper les
menues branches le long de la tige d'un arbre.
Ex. : Je m'en vas élouetter dans ma balise. —
Syn. de Eguerter, Egler, Ep\er, Elaiguier.
Éniaginablc (Sp., By.), adj. q. — Inimagi-
nable, incroyable. Ex. : J'ai ieu eine peine
émaginable à passer. — Corr. du mot fr.
Émaginant (Lg.), adj. verb. — Etonnant,
incroyable. — Ex. : C'est émaginant si c'est
vrai.
Éniagination (Mj., By.), s. f. — Imagina-
tion.
Ëmaginé (Mj., Lg.), part. pas. — Imaginé-
326
ÉMAGINER — EMBARGER
Lg. — Devant un adj. sert à former une sorte
de superlatif. Ex. : C'était in bœuf émaginé
bon, — parfaitement bon. — Cf. Fini, Par-
fait.
Ëmaginer (Mj., By.), v. a. — Imaginer. ||
V. réf. S'émaginer de, — imaginer, inventer.
Ex. : Tu ne Vémagines de ren. || Lg. — Eton-
ner. Ex. : Ça m'émagine, s'il en veint à bout.
Ëmagineux (Che.), adj. q. — En parlant
d'un cheval ombrageux. V. Aparcevanl.
Ëmaginoire (Mj., By.), s. f. — Imagination.
Cf. Comprenoire.
Ëmaier (s'), v. réf. — S'inquiéter, s'émoyer.
Cf. Emayer.
Et. — Wall., émaï, bourg, émeger. Mot hy-
bride, es -f- aha magan, pouvoir, être fort; action
d'ôter force et pouvoir. Esmoi est la forme pic.
esmai la f. directe, venue de l'ail. Vx. fr. : esmai,
esmay, esmoy. (Litt.). — Emoi, pour : esmoi,
subst. verb. de l'anc. v. esmoyer (Montaigne),
pour : esmayer. Confus, de suff. (Dabm.) —
« Et che esmaia durement chiaux de la ville. »
(FkOISS. SCHELER. )
— « Fol est qui tant pour un bouclier s'esmaie,
« .T'ai bien jette le mien dans une haj'e. )>
(Amyot. Œ. de Plut., Dits notables des Lacédémon.
— DE MoNTESs.) — Nul rapport avec le lat.
Eraovere.
Ëmanicant (Lg.), adj. q. — Impotent, in-
firme, manchot, bancal. — Syn. de Manicant.
Ëmarder (Sp.), v. a. — Nettoyer, torcher
un jeune enfant. || Passer à l'eau, essanger
des langes pour en enlever les ordures. || Mj.
Fig. Emarder une personne, — médire d'elle,
gloser sur elle, publier ses défauts ou ses vices,
la débiner ; décrier, calomnier, desservir.
Ex. : Ils ont été nous émarder partout. — •
Pour Emerder, du fr. merde. — Tympaniser.
N. — Cette énergique et pittoresque expression
ne rappelle-t-elle pas invinciblement le mot de
Napoléon î^^ -. « Il faut laver son linge sale en
famille T »
Ëmayer (s'), v. réf. — Pour : s'émoyer. V.
Emaier.
Embabouiner (Tlm., Lg.), v. a. — Enve-
lopper, entourer d'un bandage. Syn. de Em-
bourrer. || Embarrasser, ligoter. — Lrm., id.
Et. — Dér. de Babouin. Or, ce mot n'est qu'une
autre forme du pat. Boubelln ou Boublin, et du
fr. Bobine. Il en résulte que Embabouiner est un
doubi. du fr. Embobiner, ou Embobeliner, lequel
a, au fond, même signification (R. 0.1. — Enlacer
comme la bobine avec le fil (Litt.). — En -f-babouin.
Prendre par des singeries, de fausses démonstra-
tions (Darm.). — Embaboiné : « Dont a dict l'a-
postre, que ceux qui se laissent embabouiner à
cette passion et cupidité, font naufrage et s'es-
garent de la foy et s'embarrassent en diverses
peines. » (N. E. — Sacesse de Charron, I, 21.) —
Esbaboyner, tromper : « Icellui Perrin dist au
suppliant que il n'estoit que un falroulleur, et le
cuidoit ainsi esbaboyner, et que tout ce qu'il disoit
estoit mensonge. » (L. C.) — Envelopper la fi-
gure. « Il est tout embaboviné, on ne lui voit cjue
le bout du nez. « (Jaub.^
Emballe (Mj., By., Lrm.), adj. q. et s. m.
ou f; — Olibrius, ardélion, qui fait l'empressé
et se mêle de tout sans nécessité, qui aime à
s'ingérer dans ce qui ne le regarde pas. Syn.
de Embousé. || Lue. — Fanfaron, vantard. —
C'est la mouche du coche. || Ag. — Marie-
quatre-emballes, — personne qui fait des
embarras, qui se donne une importance
qu'elle n'a pas. — Syn. Tabousse.
Et. — MÉNAGE dérive ce mot de baie, sac, pa-
quet. La succession des idées est claire : 1° mettre
des objets en balle pour les expédier ; 2" les expé-
dier ; 3° expédier qqn, le faire partir ; 4'^ s'emballer,
au fig., sortir de son calme, se laisser entraîner à
qq. bévue, s'emporter, se passionner pour qqch.
Emballé (Tlm.), part. pas. — S'emploie
dans la loc. : Voix emballée — voix voilée,
assourdie.
Et. — C'est le v. s'emballer, pris au flg. — La
cause de l'enrouement est rapportée à une balle, à
un obstacle qcque fixé dans la gorge.
Emballer (s') — (Sp.), v. réf. — Syn. de
s'Emboiser. — || (Mj., By.). — Se mêler de.
Ex. : A s'est emballée de vouloir les marier.
Emballeur (Sp., Mj.), adj. q. et s. — V.
Emballe. Syn. de Tabousse.
Embâme (Mj.), s. f. — Ne s'emploie que
dans la loc. : Sentir eine embâme, — sentir
bon, embaumer. On emploie aussi dans cette
loc. la forme modernisée : Embaume.
Et. — Dér. du lat. Balsamus, — vx fr. basme.
Hist. — « Prenant à gré ma mort comme doulx
basme. »
G. C. Bûcher, 98, p. 139.)
« Et n'y a bajime
« Perle ny gemme
« Qui sceust doulcir son amer. »
(ID., 139, p. 165-,
Embâme (Lg.), adj. q. — S'emploie dans
la loc. : Embâme de dormir, — qui a très
grande envie de dormir, mort de sommeil.
N. — Ce mot est probablement un double du
mi'y.aba'imi, qui signifiait : enflé. Celui qui a grande
envie de dormir a les traits gonflés et les yeux
gros de sommeil.
Embâmer (Mj.), v. a. — Embaumer. Du
vx fr. Basme ; lat. Balsamum.
Hist. — « La chair en est tant délicate et tant
friande que c'est basme. » (Rab., P., IV, 1.)
« Embasme de son odeur
« Le vert honneur delà préo. »
•J. DU Bellay. Chant de l'amour, p. 273.)
Embarboiiillé (Ag., By.), part. pas. — Bar-
bouillé.
N. — « Se salir ; se couvrir, en pari, du temps ;
avoir le cœur embarbouillé, disposé à vomir ;
faire perdre à qqn le fil de ses idées : v. réf. s'em-
barbouiller, s'embrouiller, se perdre dans ce qu'on
dit. — « Ne embarboyllez vostre neuve robe, je
vous prie. » (Palsgr., p. 5i9. — Guillem.)
Embarboiiiller (Mj., By.), v. a. — Em-
brouiller. Syn. de Emberlificoter. Cf. Débar-
bouiller. — V. le précédent.
Embarger (Sa., By.), v. a. — Disposer en
barge, entasser, — des fagots. || Mj., Lg. —
Disposer en grosses meules, du foin, de la
paille. De Barge. \\ Ec. — V. Abarger.
EMBARLIFICOTER — EMBERVER
327
Embarlificoter, v. a. — Entortiller, em-
barrasser par ses raisonnements, embrouiller.
Cf. Emberlificoter.
Et. — Mot de fantaisie (Litt.). — Id. Semble
être une variante, faite à plaisir, de emberluco-
quer, s'entêter ridiculement (d'une idée). Orig.
incert. (Darm. ). — Hist. — « Qu'est-ce que la vie ?
Un sentier hérissé de ronces et d'épines où l'on ne
peut faire un pas sans s' embarlificoter les jambes. »
(Werther, ou les Egarements d'un cœur sensible.
Vaudeville. .Jaub.)
Embarras (Mj.), s. m. — Ça n'est pas Y em-
barras,— ou (ailleurs) d'emèarras, — loc. fami-
lière, employée à tout propos et d'une signifi-
cation presque nulle, souvent. — Effective-
ment, etc. Ex. : « Je crais ben qu'il est fou. — Ça
n'est pas Vembarras ! « c.-à-d. C'est bien pos-
sible, ma foi. — Cette formule approbative
est des plus employées à Mj. — L'a final se
prononce très bref.
Et. — En 4- barre.
Embarrassée (Mj., Sp., Lg., By.),adj. q. —
Se dit d'une fille enceinte.
Hist. — « Ma fiancée, qui avait peur que je ne
revinsse pas, étant déjà embarrassée, pensa mourir
de tristesse et de regret de sa noce perdue. «
(P. L. Courrier. Pamphlets.)
Embarrasser (Mj., Sp., Lg.), v. a. —
Rendre enceinte. Syn. de Enguernousir,
Enceinter. \\ Se débarrasser, accoucher.
Embasse (Mj., Lg.), s. f. — Embase, emba-
sement.
Embâter (Sp., Mj.), v. a. — Syn. de Enros-
ser, Embirnqiier. Ex. : Est-il pourtant ben
embâté, pouvre corps ! avec ceté grousse
trouille-là! — !| V. réf. se mêler. Ex. : Il s'est
embâté de vouloir la marier. Syn. de s Em-
baller, s' Emhouser.
Et. — Charger d'un bàl.
Embatoir (Sp., Tlm.), s. m. — Fosse étroite
et remplie d'eau, dans laquelle on plonge une
roue dès qu'on l'a embatue.
Et. — Dér. du fr. Embatre que l'Académie écrit
avec un seul t, tandis qu'elle écrit avec deux t le
v. battre.
Embattre (s') — (-Mj.), v. réf. — Se recou-
vrir en partie, en pari, de deux objets, de
deux planches, p. ex. Syn. de Chevaler. \\ V. a.
— Engager partiellement l'un sur l'autre. ||
Sp. Mettre un cercle de fer sur les jantes
d'une roue.
Embaiiclie (Mj., By.), s. f. — Embauchage,
embauchement. Ex. : Il est parti chercher de
V embauche ; il a trouvé eine bonne embauche.
Et. — En -j- bauche. Embaucher, commencer ;
c'est faire entrer dans la bauche, ou bauge.
Embauché, pai-t. p. — Se dit du temps,
quand il est à la pluie. \. A Mj. on dit en ce
sens : Débauché. By., id.
Embaucher (Mj.), v. a. — Entreprendre.
Ex. : Il en embauche pus qu'il ne peut en san-
gler.
Embauchoux (Mj.), adj. q. — Embaucheur.
Il Mère-emèauc/«e«se,
boute-en-train.
femme qui est un peu
Embaume (Mj.), s. f. — V". Embâme.
Embauner (Lue), v. a. — Mettre sur la
figure d'un cheval des œillères pour l'empê-
cxer de voir ce qui pourrait l'effrayer. || Au
fig., s'embauner de qqn., — ne voir que ses
qualités. Ex. : Elle s'est embaunée de cette
personne », c.-à-d. elle ne voit qu'elle ; des
œillères lui couvrent les yeux quand il s'agit
de ses défauts. V. Emboiné. Cf. Embâmé.
Embayure (An-ba-iure). — (Mj.), s. f. —
Sorte de nœud. Terme de marine.
Embeaudezir (Tlm.), v. a. et n. — Embellir.
Dér. irrég. du fr. Beau. Embellezir.
Embécassé (Segr.), part, pas. Ennuyé. «
Cet homme m'embécasse », pour dire : J'ai
assez de son bec. — Une fille embécassée, ou
amoureuse. (Mén.). — V. Empécasser, bien
préférable, sous tous les rapports.
Embedouflé (By.), adj. q. — Haletant,
oppressé, qui a l'estomac (la bedoufie) trop
plein. Syn. de Gonfle, Guède.
Embéguiné, part. pas. — Coiffé. || Au fig.
être coiffé de qqn, avoir un béguin pour une
personne.
Et. — Béguin. Coiffe de Béguine. Dér. de Lam-
bert le Bègue, fondateur au xiv s. du premier
couvent de Béguines (Darm.).
Embelleziro (Tlm.), v. a. et n. — Embellir.
Cf. Embeaudezir''.
Embenêzir" (Mj.), v. a. — Améliorer, jj V.
n. — S'améliorer. Vieux.
Et. — Dér. irr. de Embonnir, dont il est aussi le
synon. — Syn. de Embonnezir.
Emberlificoter (Mj.), v. a. — Embrouiller,
embarrasser ; troubler, entortiller. || Ennuyer,
V. Embarlificoter. \\ By. — Pron. Emboerlifl-
coter.
Hist. — « Ha, pour grâce, n'emburelucoquez
jamais vos esprits de ces vaines pensées. » (Rab.,
G., f, 7, 16.) — Rapprochement.
Embernaché (Segr.), adj. q. — Empêtré.
« Not'vieau était embernaché dans son licou. »
Sjm. de Embrèlé. By. Emboernaché.
Emberniclé (Mj.), adj. q. — Enchifrené.
Et. — Je ne vois pas bien l'origine de ce mot. On
pourrait croire qu'il vient de Bernicle, par une
métaph. un peu forte. Mais l'existence du doublet
Embourniflé vient à l'encontre de cette hypothèse.
En effet, on doit remarquer que toujours c'est
l'articulation cl qui s'est substituée à fl. (V. Cléau,
Cleumer, Hidet). tandis que la réciproque n'est
pas vraie. Il faut donc admettre que Emberniclé
est pour Embourniflé. (R. O.)
EmbernoHsé (Th.), adj. q. — Couvert de
boue des pieds à la tête. — De Bren, Brenoux.
Emberver (Mj.,) v. a. — Combuger, remplir
(j'eau, — un fût sec, pour le rendre étanche.
Corr. du fr. Abreuver. — Emberver, Em-
beurver, Embrever,. jj Lg. — Infester. Ex. :
328
EMBESOGXÉ — EMBORDOUFLÊ
Il est embervé de gale. — Cf. Embeurver.
Jaxjb.
Enibesogné (Lg.), adj. q. — Indisponible,
en pari, des choses. Ex. : Ça fait bé de l'argent
embesogné. — Ne se dit, en franc, que des per-
sonnes.
Embêtant (Partout), adj. verb. — En-
nuyeux, agaçant. Syn. de Hébétant, Chiant,
Canulant.
Embêtement (Mj., By.), s. m. — Ennui.
Syn. de Hébétement.
Embêter (Mj., By.), v. a. — Rendre bête,
abêtir, mystifier. [| Ennuyer, importuner,
agacer. — Syn. de Hébéter.
Embeurrée (Mj.), s. f. — Plat de légume
copieusement assaisonné avec du beurre.
« Eine embeurrée de choux. » Mot d'importa-
tion récente.
Embeurrer (By.). — Etendre du beurre
sur du pain, ou étendre des rillettes, des con-
fitures, des fraises écrasées. Syn. de Graisser.
Embiaisons (Tlm.), s. f. plur. — Semailles.
Syn. de Sèmeries, Couvrâilles.
Et. — Ce mot est évidemment pour Emb/aisons.
avec l mouillé, et vient de blé (que les vieux pro-
noncent Bié), lat. Bladus. Il est voisin du fr.
Emblavure. V. Einblayer. — « Pour Emblavaison. «
Au propre : mettre en blé, puis, au fig., embarrasser,
parce que la récolte sur pied encombre le champ :
de même que Déblaver (déblayer) a signi^'-é :
ôter la récolte ; puis : ôter ce qui encombre.
Embiber (Mj.), v. a. — Imbiber. Cf. Enéver.
Embiciller. — Transmis sans explication.
P.-ê. rendre imbécille ; c. Embêter, rendre
bête.
Ëmbiroquer (Mj.), v. a. — Syn. de Enros-
ser, Embâter.
Et. — Formé de En et de Birogue ; correspond
exactement, c. sens et c. forme, à Enrosser.
Embistrouiller (Ag., By., Mj.), v. a. —
Engager dans qq. diffîcuîté. || Fig. — Em-
brouiller, embarrasser, interloquer. |j Agacer,
ennuyer, embêter. — V. Emberlificoter. \\
Embobiner. || Faire perdre le fil de ses idées.
— Syn. de Enquiquiner.
Et. — En Bistrouiller. « Ex. : Il est arrivé tout
embistrouillé, — tout saisi. »
Emb/aisons (Tlm )s. f. pi. Emblavures.
cjyn. de Semaisons, Couvrâilles. Y. Embiaison.
Emb/ayer (Lg., Tlm.), v. a. — Emblaver,
ensemencer surtout en blé. — On prononce :
Embiéyer. — Ce mot a vieilli. — V. Embiai-
sons.
Emb/ayures (Lg.), s. f. — Emblavures. Syn.
de Embiaisons, Semaisons, Couvrâilles. Pro-
nonc. : Embiéyures.
Emblouser (Sp., M.), v. a. — Blouser,
duper, tromper, mettre dedans. || V. réf. se
tromper, etc., faire erreur. On dit aussi : Se
blouser.
Et. — Dér. de la blouse des jeux dé biUàrdi
Enibobeliner — Emboubeliner (Mj.), v. a.
— Enjôler, circonvenir qqn, persuader avec
astuce, il Envelopper, — d'un manteau,
d'une fourrure ; un doigt, un membre malade,
d'un linge.
Et. — De bobine ; on l'entoure d'un fil : de
même, la personne est circonvenue par les cajo-
leries, les (latteries. les compliments. — Hist. (qui
suppose Popin ou Poupin) : V. Boublin.
« Se vest et lace et enpopine
M Plus acesmez que une reine. » (xni, Litt.)
Embocagé, ée, (Mj.), adj. q. — Boisé, cou-
vert d'arbres, en pari, d'un champ, d'un
pays. — Bocage.
Embocager (ou Emboucager) — (Mj.), v.
a. — Couvrir, ombrager, étouffer, en pari.
des haies, des arbres. Ex. : C'est eine terre
qui est trop embocagée. il n'y veint ren ;
ceté vigne est embocagée l| P. ext., masquer,
cacher. Ex. : Il a fait ein grand hangar qui
ben emboucagé sa maison. » — Bocage.
Embogasser (s') — (By.). — Prononc.
Emboégasser. — L'anguille se sentant piquée
et retenue par l'hameçon, rime su cul, cherche
à se dégager en s'enroulant la queue à tout ce
qu'elle rencontre, de l'herbe, la ligne elle-
même, se tord et se vrille cent fois sur place
et s'entortille très serré, corde et herbe, autour
du corps ; elle s'embogasse et s'étrangle. — Il
faut la débogasser. Il suffit souvent de tirer
dessus d'une manière convenable pour la
sortir et enfin on défait la bogasse (boégasse)
en la démêlant de son mieux. Le pêcheur
apporte ainsi des mortes et des vives (s. e.
anguilles). Dér. de Bogue.
Emboiné (Q. Z. 171), adj. q. — Enthou-
siasmé. \\ Embauné.
Emboiser (s') — (em-bou-è-zé) — (Mj.,
By.), V. réf. — Avaler par mégarde une arête
de poisson, qui se fixe dans la gorge. — Boise.
— Syn. de ?,' Emballer.
Emboisure (Lg., By.), s. f. — Cadre de
menuiserie ou de charpente servant de mon-
ture à une scie, à un rouleau à battre, etc. |1
Cadre d'une fenêtre. — Dér. de Boisure.
Embondezir " (Lg.), v. a . — Améliorer.
Syn. de Embonnir.
Embonnezir " (Sp., Tlm., Lg.) ou Embuii-
nezir °, v. a. et n. — Améliorer, abonnir. V.
Embonnir, Embenêzir. Cf. Embellezir, Egran-
dezir, Salezir.
Embonnir ° (Mj., By.), v. a. — Améliorer.
Il V. n. et réf. — S'améliorer. Syn. de Embon-
nir, Embonnezir, Embenêzir. — « Oh ! nout'
jeune maîtresse, comme v'z avez krézu (crû,
grandi) et embonni (profité) ! (Dott.). || Li.,
Br. — Embellir, j] — On n'embonnit point à
vieuzir.
Et. — En -)- bon. — Hist. « 11 fait comme nous
tous, il n'embonnit point à vieillir. » (M. Xlanic.
Ma cousine. Annal, p. et L, n" 939, p. 399.)
Bmbordoufl4 (Ag.), adj. q. — Eesoufflé.
EMBORNIFLE — EMBRENER
329
Arriver en courant, tout embordouflé, — hale-
tant. V. le suivant. || By., Emboerdouflé.
Eniborniflé (Ag.), adj. q. — Enchifrené,
enrhumé du cerveau. Syn. et d. de Embour-
niflé.
Embotter (Lg. ), v. n. — Prendre l'eau ou
la boue dans ses chaussures. Syn. de ?>' Enai-
ver, s' Embouillonner, Poicher. j| E. une poule,
c'est lui attacher aux pattes un linge afin de
l'empêcher de gratter ; on croit que, dans ces
conditions, la poule ne doit pas pouvoir
pondre. (Mén.).
Eniboubeliner (Mj.), v. a. — Envelopper,
entourer de linges ou de vêtements, empa-
queter avec soin, emmitoufler. || V. r. Se cou-
vrir avec excès. V. Embobeliner.
Emboucagé (Mj., Lg.), adj. q. — V. Embn-
cagé. 11 Fu. — Se dit d'un lieu embroussaillé,
où il est difficile de pénétrer. — De Boucage,
bocage.
Emboucager (Mj., Lg.), v. a. — Entourer
d'arbres nombreux et épais, assombrir. Cf.
Boucage.
Eiuboudiner (Craon, By.), v. a. — Mettre
la viande dans le boyau.
Eniboue (Sar.). V. Embout.
Enibouiller (s'). — V. Tramail.
Embouillonner (s') — (Sp., By., Sa., Th.),
V. réf. — Prendre l'eau dans ses chaussures.
Syn. de s'Enaiver. De Bouillon. — On dit
aussi s'Embouillouner. — Embotter.
Embounir (Lg.)> v. a. — Abonnir, amé-
liorer. Il V. n. — Devenir meilleur ou plus
fort, plus gras. Syn. et d. de Embonnir, Em-
bonnezir.
Eiubourdiner (Sal.), v. a. — Bourdonner
autour. Embourdiner les oreilles.
Eiiibournicler (Mj.), v. a. — Enchifrener-
Embournifler (Chf.), corrupt. du précédent.
V. Emherniclé. Syn. de Enchifarner, Enre-
ni fier.
Et. — Composé d'une racine Nifl qui tient au
verbe Nipper, au s. Nippée, au franc. Renifler,
avec les préf. En et Bour. Ce dernier, qui se trouve
dans Bourniger et prend les formes Bor dans Em-
bordouflé, Emborniflé, ou Ber dans Embernidé,
paraît être le latin Per, employé comme augmen-
tatif ou péjoratif. (R. O.)
Emboiirniger (Chf.). — Corrupt. de Em-
bouriiiiler. V. Emberniclé.
Enibourras (Mj.), s. m. — Enveloppe. Ex. :
Y avait ein gvous-l-einbourras. — De Em-
bourrer. Cf. Remarias. — ■ Jaub. a Embour-
rasser.
Einbourrer (Mj., l'.y.), v. a. — Envelopper,
dans le sens le plus général. D'ailleurs, on
n'emploie pas d'autre mot. i| Fig. — Avoir
le cœur embourré, — éprouver de l'inappé-
tence avec nausées. — C'est le mot fr. avec
extension. || Lue. — Enterrer ; ou : couvrir
de vêtements. || Sari -— Couvrir le feu, des
ordures, un petit tas. || Ti., Zig. 203. — Fig.
Duper, rouler. Ex. : Si ben que le diable fut
embourré. Syn. de Baiser, Rincer.
Hist. — a Qu'on aille vite me chercher des
feuilles de lierre. Il faut Vembourrer dans du lierre,
ça gardera mieux la chaleur. « (C. Leroux-Ces-
BROX. — Souvenirs, p. 101, 21.)
Enibousé (Mj.), adj. q. — Empressé sans
nécessité, qui se mêle de ce qui ne le regarde
pas. Ardélion. Syn. de Emballe. De En -|- bouse.
Embouser (s') — (Mj., By.), v. réf. — Se
salir de bouse. || Fig. S'empresser sans en
être prié, se mêler de ce qui ne vous regarde
pas; s'ingérer. Syn. de s' Embâter, s' Emballer.
Et. — Bouse. V. Bouser. — Hist. « Car sa barbe
est presque toute embousée. > {Rab., G., i, 2.)
Embouson, s. f. — Etre un embouson, c'est
faire ses embarras ; de bousare, en bret., qui
signifie : assourdir. (Mén.). V. Embousé.
Embousonner, v. a. — V. Embouson.
Eniboussicrer (Spb., By., Sal.), v. réf. — Se
salir les mains avec un corps gras, épais. V.
Boussacrer, Boussicre.
Embout (Chm.), s. m. — Sorte d'entonnoir
au moyen duquel on gave, on embout (du
v. Embouter) les oies pour augmenter leur
foie.
Et. — D. C. Embutum, vx fr. Embut. De in
et butis, tonneau. — Emboquer. Mettre de la
mangeaille dans la bouche des animaux. De en
+ boque, bouque, pour bouche (Litt.). — Le sens
est différent. — V. Embut.
Embouveter (Mj.), v. a. — Encastrer dans
une rainure. Dér. du fr. Bouvet..
Et. — Bouvet, .^eune bœuf, et Rabot à faire
les mortaises, — com. le bœuf creuse le sillon.
(Darm.).
Embrasement (Mj.), s. m. — Incendie.
Beaucoup disent : Abrasement
N. — « On appeloit « maistres des embrase-
ments » ceux qui ont inspection sur la police qui
regarde les incendies. » (L. C.)
Embraseur, s. m. — Incendiaire (Mén.).
Embrayer (Mj.), v. n. — Ne s'emploie que
dans la loc. Aiguille à embrayer, — grosse
aiguille qui sert à coudre les cordes, encou-
res, etc. Elle est aplatie et recourbée vers la
pointe. N. Le mot embrayer n'a pas d'autre
emploi ni aucun sens défini.
Embrêchements (Mj.), s. m. — |Ne s'em-
ploie qu'au plur. — Complications, obstacles,
difTicultés inattendues. V. Rembrêchenients,
Ëmbrcches.
Embroches (Mj. ), s. f. V. Embrèche-
ments.
Embrêler (Lg.), v. a. — 1" Engager,
empêtrer, entortiller. Dér. de Brêler ; Brai-
teler. Syn. de Embricocher. — 2« Empêtrer,
entraver. Syn. de Brider. Doubl. et syn. de
Embrêner. Cf. Embernaché.
Embrêner (Lg., Sp.), v. a. — Empêtrer,
entraven Ex. i Je me se embréné dans oine
330
EMBREUNE — EMMANCHÉ
rôrte, et pis j'ai fait le bousiquet. — Doit
être pour Embréler. V. Bréler, Braiteler.
Braiter. Syn. de Embricocher. Cf. Débrèner.
Il Lrm. — Embréner. Enchevêtrer des brins,
des fils, des tiges minces. Ex. : Un écheveau
embréné, c.-à-d. emmêlé, mal préparé.
Embreune (Mj.), s. f. — Crépuscule, brune,
chute du jour. De Breun, breune. \\ La grousse
embreune, — la nuit tombante. — Cf. le fr. se
Rembrunir.
Hist. :
«... Les traictz de sa face
« Qui chacune aultre embrunist et efface. »
G. C. Bûcher, 83, p. 128.)
Enibreunir" (s') — (Mj., By.), v. réf. — ■
S'embrunir, se couvrir, en parL du temps. De
Breun, breune, p. brun, brune.
Embrever (Sal.). Abreuver. Mettre de
l'eau dans les fûts pour faire gonfler le bois.
Embricocher (Mj.), v. a. — Engager, em-
pêtrer, entortiller. Syn. de Embréner, Embré-
ler. Cf. Débricocher et Embernaché.
Embrocher (Lg., By.), v. a. — Frapper
avec ses cornes. Syn. de Encorner, Broquer.
Embromé, ée (Sp.), adj. q. — Pressé,
empressé, hâté. — Dér. de Bramer, ronfler, à
cause du bruissement ou ronflement que pro-
duit la marche d'une personne qui se hâte.
D'ailleurs, on dit proverbialement : Il va, que
tout en brome. Syn. de Elancé, Ebrivé.
Embrouille (Mj., By.), s. f. — Embrouille-
ment, confusion, chaos. || Brouille, défaut
d'entente, difficulté, contestation, malen-
tendu. — Fr. Embrouiller. Syn. de Bistrouille.
Cf. l'ital. Imbroglio, devenu fr. || Ni vu, ni
connu, je V embrouille. Se dit après un tour
d'adresse ou de passe-passe. Et on ajoute
même un geste ; on tourne ses mains l'une
autour de l'autre pour imiter la vivacité du
tour. — Cela peint la rapidité d'un acte et la
difficulté de l'expliquer.
Embriinche, s. L — Nom vulg. d'une eu-
phorbe dont les tiges forment une ombelle.
(MÉN.). — Donne encore : Embrunchie. Cf.
Embrunchun.
Embrunches (Lg.), s. f. pi. — Filets de
résine fondue que laisse couler un oribus, sur-
tout lorsque le temps est à la pluie. Ex. : Le
rousinard est à la pleue, il fait des embrunches.
Et. — Pour Rambrunches, parce que ces filets
rappellent les tiges de la vigne sauvage. — Lat.
Labrusca.
Embrunchun (Rf.), s. m. — Tithymale
réveille-matin. Syn. de Homblel, Embranche,
Embrunchie. Bat. Euphorbia helioscopia.
Embu (Sp., By.), s. m. — Reploiement ou
froncement insensible de l'étoffe, au moyen
duquel un tailleur regagne et annule la diffé-
rence de longueur de deux morceaux d'étoffe
qui se cousent bord à bord.
Et. — Embu, part, pas, d'emboire. Marine.
Une toile à voile a de l'embu quand On l'a fait boire,
ç.-à.-d. quand on l'a cousue lâche à sa ralingue
(LiTT.). — Embuer, mettre la lessive, la bue, dans
le cuvier. De buée, qui vient lui-même d'un radie,
lat. Buere, imbiber, qui se trouve dans Imbuere.
Embûches (Mj., By.), s. f. pi. — Traverses,
empêchements, obstacles, difficultés quel-
conques, déconvenues, anicroche, contre-
temps, encombre.
N. — C'est le mot fr., dans un sens spécial et fig-
— Pas d'autre sens.
Et. — Embusquer. En -f bosc (bois) ; anc.
forme, embuscher.
Emburonner (Z. 124), v. a. — Mettre le foin
en petits tas, en barons. Syn. de Abeulotler.
Embut (Fe.), s. m. — Entonnoir. — Em-
bout.
Hist. — « On ne faisoit que luy entonner vin en
gorge avec un embut. » (Rab.,' P., n, 27.). —
Et. — De In et buttum, pour butta, bouteille,. —
N. De tonne, nous avons fait entonnoir.
Émêché, ée (Partout), adj. q. — Légère-
ment pris de boisson. Gris. Syn. de Pom-
pette, etc.
Et. — « On mèche (on assainit) un fût en y
'jrAlant une mèche (bout de sangle enduit de
soufre.) Darm. « Comparaison de l'ivrogne
i la mèche ravivée d'une chandelle : « Quand je
rentre un peu émùché après minuit, elle me dit :
« La cruche est dans le coin, éteins-toi. » (MoN-
SELET. Cité par L. Larchey.) — J'v vois, en effet,
une comparaison avec la mèche d'une lampe qui
est imbibée d'huile, etc.
Ëmeiliaudé (Lg. ), adj q — Loqueteux, en
haillons. Syn. de Impenaillé, Gueneillé, Gue-
nilloux. Dér. de Meillaud.
Ëmeiller (s') — (Lue). — S'émoyer, se
tourmenter, s'inquiéter. V. Emaier.
Émener (s') (Sar.), v. réf. — Sortir d'un
engourdissement en donnant du mouvement
à ses jambes.
Émérer (Lg.), v. n. — Rejeter l'arrière-faix.
Syn. de Rendre la Mère, Délivrer.
Ëmérure (Lg.), s. f. — Arrière-faix ; enve-
loppes du fœtus. Syn. de Délivrance. V. Emé-
rer.
Ëmiâqué (Li., Br.), adj. — Pourri, écrasé.
Les potterres sont tout émiâquées. »
Et. — De mâcher, sans doute, avec sens péjorat.
Masticare, mâcher, machurer : préf. E. (Darm.)
Ëmitation (Mj.), s. f. — Imitation.
Émiter (Mj., By.), v. a. — Imiter. Cf.
Emaginer.
Emmanche (Mj., By.), s. f. — Arrangement,
manière dont plusieurs objets sont attachés,
ajustés, enchevêtrés. Ne s'emploie qu'en
mauvaise part, et jamais dans le sens pr.,
qu'exigerait l'étymologie. Ex. : En velà
d'eine emmanche ! \\ Conjoncture singulière,
coïncidence étrange, aventure louche, imbro-
glio. — En -f manche.
Emmanché (Mj., By.), part. pas. — Mis,
habillé, vêtu. Ex. : T'es ben mal emmanché
avec ceté culotte-là ! Syn. de Querté.
EMMANCHEMENT — ÉMOUGHETTE
331
Emmanchement (Mj., By.), s. m. — V.
Emmanche. Combinaison, mécanisme.
Emmancher (Mj., By.), v. a. — Mettre,
arranger, ajuster. Ex. : Que velà ein lit qu'est
mal emmanché ! \\ V. réf. — S'ajuster, se
mettre, se parer. Ex. : Je n'ai toujours ben
jamais vu eine fille savoir si mal de s'emman-
cher. (Sal.). Il S' emmancher après qqn, ou après
sa culotte, — entreprendre qqn., s'attaquer
à lui, le malmener. Ex. : Les mariniers se
sont-ils pas emmanchés après sa culotte ; ils
illi en ont dit depis Patar jusqu'à Amen. ||
^'emmancher après qqch., — se mettre à, y
travailler. || Compter des frais, faire une note.
Ex. : Les médecins ont bentout fait de nous
en emmancher pour ben de l'argent.
Emmanchure (Mj., By.), s. f. — Syn. de
Emmanche et Emmanchement. \\ Circonstance,
conjoncture. !| Combinaison, mécanisme. ||
Manière dont un outil est emmanché. !| Fig.
Imbroglio.
Emmantibuler (Sal.), v. a. — Organiser,
disposer, — plutôt mal, sans ordre. Contr. de
Démantibuler. Syn. de Emmancher, Apponter.
Emmarehement (Lg.), s. m. — Disposition
des marches d'un escalier ; surtout hauteur
des marches, dans la langue des maçons.
Emmardée (Mj.), s. f. — Excréments dont
un enfant s'est sali. V. Mardée.
Emmardement (Mj., Lg., By.), s. m. —
Ennui, agacement, sujet d'irritation.
Emmarder (Mj., Lg., By.), v. a. — Emmer-
der. Ennuyer, agacer, importuner ; dédaigner
souverainement. Syn. de Enquiquiner, Enqui-
nequiner, Emmieller, Enzuter, Enrousiner,
Enrhumer, Bassiner, Canuler.
Emmarrer (Lg.), v. a. — Embarrasser.
Syn. de Encancher.
Emméchanter (Sar.), v. a. — Rendre
méchant.
Emmétrer (^Ij., Lg.), v. a. — Disposer en
tas réguliers d'un mètre cube, du macadam.
E m miauler (Lg.), v. a. — Enjôler, chercher
à circonvenir, à séduire par de douces paroles.
Doubl. du fr. Emmieller .
Et. — Jatjb. propose : de la voix doucereuse du
chat, lorsqu'il sollicite sa femelle.
Emmieller (Mj., By.), v. a. — Par euphé-
misme pour Emmarder. V. ce mot pour les
synon.
Enimoller (s'). — (Lg., Sal.),v. pron. — S'em-
bourber. Syn. de ?, Emmolletter, s' EnmioUiner,
s'Engomber. [\ Prendre la boue dans ses chaus-
sures. Syn. de s'Enaiver.
Enimolletté (Segr., Mj.), part. pas. — Em-
bourbé, enfoncé dans une fondrière. I! Sa.,
adj. q. — Boueux, bourbeux, en pari, d'un
terrain. Syn. de Mâqueux. — V. Mollet, de :
mou, mol.
Enimolletter (s') — (Mj., Sal.), v. réf. —
S'embourber, s'enfoncer dans une fondrière,
dans un mollet. Syn. de s'Emmolliner, s'Em-
nioller.
Emmolliner (s') — (Sp.), v. réf. — S'em-
bourber, V. Mollin, Emmolletter.
Emmortoiser (Mj., By.), v. a. — Emmor-
taiser. Cf. Mortaise.
Emmoulageur (Mj.), s. m. — Faiseur de
moulins.
Hist. — « Jacques Barbot, charpentier emmou-
lageur, a certifié que... « (1743. — Inv. Arch.,
S. E., rn, 410, 1, h.) — Syn. et d. de Amoulageur.
Emmurâiller (Mj.), v. a. — Murailler ;
envelopper, encastrer dans une masse de
maçonnerie. — Emmurer. Ex. : Y a eine
panne emmurâillée, — diffère d'une panne
libre.
Hist. — « Qui la (ville de Paris) voudroit emmu-
râiller, comme Strasbourg, Orléans ou Ferrare. »
(Rab., p., II, 15, 1.52.)
Émoier. — V. Emaier.
Ëmoiement, s. m., dér. de Emoier.
N. — Esmoi est la forme pic, et esmai la forme
directe, venue de l'ail.
Émonde (Mj.), s. f. — Emondage. S'emploie
surtout dans la loc. : Bois d'émonde, —
émondes, bois provenant de l'émondage des
arbres.
Et. — E -}- mundus, propre. — Cf. Truisses.
Ëmorche (Mj.), s. f. — Amorce, jl Herbe à
paître. Ex. : Y a de Vémorche dans ceté pré-là.
Doublet du fr. — C'est le sens propre du mot ;
ce que l'on peut mordre. Syn. de Pévre,
Pécage, Paissage, Pânage.
Hist. — «Enl'aultre, un fouzilgarny d'esmorche,
d'allumettes, de pierres à feu. » (Rab., P., n,
16, 156.) — Autre citation assez malpropre, G. i, 13,
29.
Émorcher (Mj.), v. n. — Tondre l'herbe,
paître, en parlant d'une vache. Doubl. du fr.
Amorcer, pris dans le sens de sa rac. lat.
Mordere, morsare.
Ëmotteler (Lg.), v. a. — Epandre, défaire
les mottes de — le fumier. Ex. : Après qu'on
a égâplé le fumier dans les champs, on Vémot-
telle. — Dér. du fr. Emotter.
Ëmoucheronner (Sar.), v. a. — Casser la
pomte de. . .
Émoucheter (Mj., By.), v. a. — Emoucher,
chasser les mouches. — N. Le fr. a un autre
sens.
His. — :<■ Luy disant qu'il esmouchasl bien sa
playe, que les mousches n'y fissent ordure. »
(Rab., p., n, 15, 152.)
Émouchette (Sp., By.), s. f. — Petit bâton
portant à son extrémité un pinceau de longs
crins, dont on se sert pour chasser les mouches
qui piquent les chevaux pendant qu'on les
ferre. || (Lg.). Bandeau de genêts ou de
menus branchages que l'on suspend en été
sur le fronteau des bœufs pour chasser les
mouches» Syn. de Emouchoire. \\ Li., Br. —
332
ÉMOUCHOIRE — EMPATOUILLER
Petit oiseau de proie. C'est le fr. mis au
féminin. || My. — Mèche de fil fouet.
Ëniouclioire (Lg.), s. f. — V. Emouchelte.
Ëmouler (Sp.), v. a. — Ecraser, broyer,
briser, fracturer. — Doubl. de Emoudre.
Et. — Préf. E -|- lat. mola, avec termin. verbale.
— Ex-molere. Le composant Mouler est donc
un doubl. inus. du fr. Moudre. — Hist. — « Es uns
escarbouilloit la cervelle... es aultres demoulloit
les reins, avalloit le nez, poschoit les yeux. »
(Rab., g., I, 27.)
Ëniousard (Ssl.), s. m. — Têtard, arbre,
que l'on émonde à intervalles fixes et dont la
tête est coupée. Syn. de Mousard, Têtaud,
Truisse, Trouesse, Troignard, Hurard.
Émouser (Fu., Zig. 196), v. a. Emonder,
un arbre. Cf. Mousard.
Hist. — 1608. Sépulture d'Et. Marsault, « qui
étoit à ébrancher ou émouser des aunes des saules
sur les biés ou rivùre du moulin de Troys Houers ;
et est tombé. . . » (Inv. Arch., t. III, E. S. s., L. 26,
1, h. — Saint-Pierre Maulimart.)
Émousse (Craon), s. f. — Souche de bois.
N. — « Chêne que l'on a coupé à qqs mètres au-
dessus du sol, pour lui faire rapporter les émondes
que le fermier coupe tous les six ans. « (Dott.)
Syn. de Mousard, Truisse.
Ëmouti (Segr.), s. m. — Tomber en èmouti,
— le bois, la pierre qui tombent en poussière,
— comme s'ils avaient été moulus. (Mén.).
Ëmoiiturer (Mj., Lg.), v. n. — Prélever la
mouture sur un sac de blé. Ex. : Les meu-
niers émouturent ben dur. — Fr. Mouture.
Ëmouvation (Mj.), s. f. — Surexcitation
nerveuse. Ex. : Aile était d'une émouvation
qu'a ne se sentait pas. — On dit aussi : Emo-
vation. — V. Emouver. || By. Syn. de Emou-
vette.
Émouver (Mj.), v. a. — Surexciter, émous-
tiller. On dit aussi : Emover. — Lat. Emo-
vere. — Doubl. du fr. Emouvoir. || Remuer,
activer, chasser. « J'vas vous émouver de
delà. )) — (Z. 149). « Emouve donc le feu de
ta chaufferette avec ceté clef-là. » || S'émou-
ver, — se remuer, se presser.
Ëmouvette (Mj., By.), s. f. — Ne s'emploie
que dans les loc: Mettre en émouvette, être
en é. — Surexciter ou être surexcité. — V.
Emovette. — Z. 142. Emoi, effervescence.
Ëmovation, Ëmové, Ëiiiover, Ëiuovette
(Mj.). Voir ces mots avec la syll. ou.
Émoyance (Mj., By.,) s. f. — Transe, appré-
hension, trouble, inquiétude, effroi, émoi.
Ex. : Il ne sent plus son mal de dent, c'est
Yémoyance qu'il a de se la faire arracher. —
Emoyer. — Ex. : U émoyance c'est de braver.
Ëmoyant (Sar., Mj., By.), adj. q. — In-
quiétant, tourmentant. « C'est ben émoyant
de séier le bié de ceté chaud là.
Ëmoyé (Z. 134. Q., Mj. By.). part. pas.
■ — Inquiet, troublé, tourmenté, — qui craint.
Ëmojer (Mj., Lg., Sar., By j Th.), v. a. —
Mettre en émoi, inquiéter, troubler. || S'émoyer,
s'inquiéter.
N. — Ce mot si expressif, un des plus usités
du patois angevin, mériterait de passer dans la
langue française classique, qui possède déjà le
dérivé : émoi. || Jaub. S'améger.
Et. — Ne vient pas du lat. emovere, com. on
serait tenté de le croire. — V. Emaier. Je rap-
pelle : Es, ex (privatif) et le german. magan, être
apte, pouvoir ; resté en angl. anc. : to amay ; mod.,
dismay, épouvanter (D'' A. Bos.). — De Unmagen,
vha ; ail. mod. unmacht, défaillance (mal orthogr.
ohnmacht). — Scheler, qui, lui aussi, repousse
Emovere.
Hist. « Gylon soubzrit. Amours commence à rire,
« Gylon s'esmoye, Amours est soucieux. »
G. C. Bûcher, 76, p. 12.^.)
— c( C'est nostre Roy, nostre chef, s'il a mau,
« Chascun membre s'en esmoye. »
(ID., 278, p. 254.)
Empafïé (Mj.), adj. q. — Ivre. Dér. de Paf.
N. — Empiffrer, enivrer || Tromper. Jaub. —
Il Mj. — Somnolent. Syn. de Endêvré, Embnmé, ou
Embaumé de dormir.
Empanner (Mj.). — (Em-pan (très nasal)
ner), v. a. — ■ Entasser dans une panne, du
linge. Cf. Dépanner.
Ënipannure (Mj.), s. f. — Ensemble des
planches qui formaient la lame de la peautre.
Vieille marine. N. — L'a est bref, non nasal.
— Pour empennure, du lat. Penna. Cf. Empe-
non.
Empaquetter (Mj.), v. a. — Empaqueter.
Cf. Reinpaqueiter, Dépaquetter.
Enipar (Mj., By.), prép. — A partir de.
Ex. : Ça prend (ïeinpar\à. \\ Empar icit, s'em-
ploie dans la loc. : Empar icit de, — de ce
côté-ci de, en deçà de. Ex. : II demeure ein
petit empar icit de la Poumeraye. — Brodeau
est ben empar icit de la Basse- Ile. (By., id.).
Il Vers, du côté de. Ex. : Ils demeurent empar
les Orchères.
Et. — Du fr. En -|- par. Cf. Emprès, Empour.
Enipas 1 (Lg., Sp., Mj., By.), s. m. — Em-
pan. Syn. de Empon.
Bnipas ^ (Lg., Sp.), s. m. — Ne s'emploie
qu'au plur. Maladie du cheval, caractérisée
par des aphtes, des boutons qui apparaissent
sur les gencives de l'animal et l'empêchent
de manger. — Cf. Jatjb. à Lampas ; il cite :
Hist. :
« Et durera ce temps de passe-passe.
« Jusques à temps que Mars ait les empas.
(Rab., g. n.)
Empâter (Z. 134, Q., Mj.), v. réf. — S'em-
pâter, s'étendre, s'élargir. — \. Empatter.
N. — « Epater. Donner à un ouvrage d'art
moins de hauteur qu'il ne faudrait, eu égard à
sa base. De é -j- patte ; priver de patte, rendre plus
petit, — écraser, aplatir (Litt.). — Aplatir en
élargissant la base. Nez épaté (Dabm.).
Empiîter. (Lg.), v. a. — Appâter.
Empatouiller (s') (Mj.), v. réf. — S'enfoncer
dans la boue, patauger. Syn. de s' Engomheri
Dér. de PalouU. V. Patouiller,
EMPATTE - EMPILER
sâd
li!mpatte (Mj.), S. f. — Pose, embarras.
S'emploie dans la loc. : Faire de Vempatte ou
des empattes, poser, chercher à épater. Cf.
Epate, Flafla.
Et. — Epater. Rompre le pied d'un verre.
Trivialement, faire tomber sur les 4 pattes, et,
fifT-, étonner, déconcerter.
Empatté, ée (Mj., By.), adj. q. — Large et
jifu proéminent, en parlant d'un abcès ; qui
s't'tend largement sous la peau, en parlant
d'un bobo, d'un furoncle. || Camus, en par-
lant d'un nez. |] Qui a une large base, ou les
p:ittes très divergentes, en pari, d'un vase,
d'un billot, d'un chevalet, etc. |i Pris sous les
pattes. Il Qui a de grosses et larges pattes. —
lipater.
Hist. — « Et estoient largement pattes, comme
sniit les oyes. » (Rab., P., iv, 41.)
Einpatter (Mj.), v. a. — Saisir avec les
pattes, comme essayent de faire certains che-
vaux vicieux, jj Fig. — Empaumer, s'emparer
de l'esprit de. || Sp. — Monopoliser, ij V. réL
Poser, chercher à étonner, à épater. iJ S'in-
gérer, se mêler des affaires d'autrui, se
nii'ttre en avant. — V. Empâter.
Empatteur (Mj.), s. m. — Poseur, celui qui
cherche à épater. Syn. de Epateur.
Empaumer. V. Empommer.
Empécasser (Mj.), v. a. — Salir de qq.
Riilistance poisseuse. || V. réf. — S'embourber
(Sal.).
Et. — Du préf. En et de la rac. ail. Pechs, lat.
Pix, picis, poix. V. Dépécasser. Syn. de Engriboter.
— V. Embécassé.
Empêcher (Mj., By.), v. a. — Dans la loc. :
Nt'mpêche que, — il n'en est pas moins vrai
que. Ex. : Il a beau être riche, n'empêche que
c'est un sot. — H y a ellipse. — || En empê-
cher, — empêcher cela, s'y opposer, y obvier.
Ex. : Ça s'est fait parce que que je n'ai pas pu
en empêcher. — V. Empéger.
% Et. — Du mot lat. pes, pedis, pied ; in pedem-
icare. Otjstacle placé devant le pied ; piège, lat.
pedica. Cf. Prœdicare, prêche
Empéger (Tlm.), v. a. — Embarrasser,
empêcher. Ex. : Je me se trouvé ben empégé.
Et. — Pour : empiéger, du fr. piège. Il y a une
autre explication : « Pris, embarrassé, arrête
comme par de la glu ou de la poix ». « Vous me
semblez à une souris empeigée, tant plus elle s'ef-
force soy dépestrer de la poix, tant plus elle s'en
embrene. » (Rab., P.) — « Empiger, graisser,
enduire de poix. V'^ Gema : « Icelle Cardine de-
moura avec son frère omlit pressouer pour lui
aidier à goutrenner (goudronner) et empiger la
meth d'icellui pressouer. » (1457, D. C.) — Empai-
gement. Littéralement : Position de ce qui est pris
dans la poix ou pai (D. C. Impechementum. —
DE Mont.). || Empaiger : Poisser, prendre dans la
poix, empêtrer, embarrasser. « Et par ce moyen
demeuroit empestré comme une souris empeigée.
(Rab., p., n, 3. — Id.) — (La sangsue à vos
jambes) s'empega (se colle). Mireille, 32, 4.) —
Conclusion : Ne pas confondre Empêcher et
Empéger, dont le sens se rapproche parfois. « Et le
rat coupa un jour la maille qui empiégeait le lion. »
(Diderot.) Ici, c'est bien le sens de piège ; lat.
pêdica, lien aux pieds.
Empeigne (Ag., Mj., By.), s. f. — Goule
ou gueule d'empeigne, — langue bien pendue,
grand bavard. Ex. : Il a eine gueule d'em-
peigne ; queune gueule d'empeigne que cet
indien-Xk !
Et. — Rappelle l'ouverture béante du soulier.
B. L. Impedia ; in -[- pes, pedis. — Ce qui est sur
le pied ?
Empendancer (Lue, By.), v. a. — Pendre,
accrocher un objet qui reste pendant.
Empenons, ou Emplons (Mj.), s. m. pi. —
Rayons de la nageoire dorsale de certains
poissons. Le 2 est une corrupt. du 1. — ||
Planches qui, dans les peautres des grands
bateaux d'autrefois, formaient la lame trian-
gulaire ou le corps de la peautre. Elles étaient
encastrées en dessus dans le billard de la
peautre et fixées en dessous à la barre, qui ne
correspondait nullement à la barre des gou-
vernails actuels. Cf. Empannure.
Et. — Ce mot est pour Empennons, voisin du
fr. Empenné, et dér. c. lui du lat. Penna. Les
Empenons sont tout à fait analogues aux
pennes des oiseaux. — Hist. — « Extendant
toute la main comme une aisle d'oiseau qu une
pinne de poisson. » (Rab., P., n, 19, 166.)
Empérique (Tf.), s. m. — Empirique, hon-
greur. Syn. de Mégeilleur.
Empesseler (Lue), v. a. — Mettre des
é chai as.
Et. — Paisseau. L. pop. paxellum (class. paxil-
lum), paissel paisseau. — D. C. Paisselare.
Empestiférer (Mj., By.), v. a. — Empester.
Et. — In, pestis, ferre.
Empetchié (le t sonore) — (Mj.), adj. q. —_
Empressé sans nécessité, qui se mêle de ce qui
ne le regarde pas.
N. — Si l'on remarque que ce mot ne s'emploie
que par ironie, que d'ailleurs il est invariable, on
comprendra ss peine que ce soi-disant adj. est
l'équivalent, plus naturaliste encore, de Embouséy
et qu'au fond il n'est autre qu'une loc. adv. :
En pet chié. — Glissons, n'appuyons pas.
Empetoiiser (Segr.), v. n. — Faire des em-
barras. (^lÉN.). Cf. Empetchié, Embousé.
Empeiireur (Mj.), s. m. — Empereur.
Emplâtre (Li., Br., By.), s. f. — Emplâtre,
avec le pi mouillé.
Empicoré (Mj.), adj. q. — Endiablé, qui a
le diable au corps. Syn. de Endétnené, Ende-
mené, En.<falbâné, Endêvé. \\ Sal. — Empi-
couré.
Et. — Du fr. Pécore ? ?
Empiétation, s. f. — Action d'empiéter sur
un terrain voisin.
Empilée (Mj., By.), s. f. — Tas d'objets
empilés, entassement.
Empiler (s') — (Mj.). v. réf. — S'embàcler,
s'obstruer ou se prendre de glaces, comme il
arrive parfois à la Loire. On se rappelle le
334
EMPILLER — EMPRES
glacier de Saumur en janvier 1880. La même
chose se produisit et se produit souvent à
Montjean, où le fleuve est particulièrement
étroit. Il Fig. Ne plus pouvoir avaler, faute
de boisson. — Syn. de Barrer. Cf. Emliâcle
(By.).
Et. — Du fr. pile (lat. pila, colonne), parce que
les glaçons, non seulement se soudent par leurs
bords, mais chevauchent les uns sur les autres et
forment des piles ou amas énormes.
Hist. — « Le 16 décembre commença l'hiver, et
la glace se fist en la rivière de la Loire le samedy
ensuivant et s'arresta, condensa et épaissit en
sorte la nuit entre le 29 et 30 dudit mois, qu'elle
fut toute prise et empilée. » (1660. — Inv. Arch.,
E., n, p. 314, col. 1.)
Empiller (Segr.), v. n. — Animal qui a trop
mangé de trèfle (Mén.). — C'est le précédent.
Enipiquetter (Mj.), v. a. — Mettre au
piquet une vache. Syn. de Enjener, Enfuner.
Cf. Dépiquetter.
Emp/anter (Lg.), v. a. — La trèfle verte
est mal emplantée, aile est trop claire.
Et. — Doublet , plus véritablement français, du
mot franc. Implanter.
Emplâtre (Mj., By.), s. f. — Il a l'ar d'eine
grande e/Hp/â^re. || Fig. Individu gauche, niais,
avachi, ganache. — Cf. Emplâtre.
N. Lorsqu'on rencontre un cavalier, une plai-
santerie courante consiste à lui dire : Tu reveins
de chez le vétérinaire ? ou : Ton chevau est tou-
jours ben malade ! Seuls les jeunes nigauds
s'y font prendre, et s'ils se laissent aller à demander
pourquoi, on leur sert la réponse flatteuse : Pas-
qu'il a ein emplâtre .' (Mj.)
Emplir « (Mj., By.), v. a. — Féconder. Syn.
de Garnir.
Emplons (Mj.), s. m. pi. — V. Empenons.
Empocher (Mj.), v. a. — Empocher des
gogues, — introduire dans leurs enveloppes
le sang de porc et le hachis de lard et de
bettes qui y est mélangé. — V. Gogue, et, au
Folk-Lore, la Mort du Gorin. || Jouer à empo-
cher, à mettre les gains en poche. — Autre-
ment l'argent du gain pourrait être consacré
à payer les consommations. C'est une conven-
tion à établir avant de jouer. || By., id.
Empocheux, s. m. pi. (Mj.). — Bandits
dont la tradition a conservé le souvenir terri-
fiant et qui, à une époque lointaine et indé-
terminée, faisaient disparaître les gens en les
jetant à l'eau cousus dans des sacs. — V.
FoIk-Lore, x. (Mj., By.).
Empoigne (Mj., By.), s. f. — Se dit dans
Foire d'empoigne, le vol. Ex. : Il a acheté ça
à la foire d'empoigne. — En + poing.
Hist. — « Les tableaux du capitaine Cluseret ont
été achetés à la foire d'empoigne. » (Moniteur,
31 mai 1872. — L. Labchey.)
Empoisonner (Sp.), v. a. — Empoisonner.
Empommer (s') — (By.), v. réf. — Mâcher à
moitié, de manière que la pomme, la poire,
le topinambour, etc., reste à moitié de l'œso-
phage, sans pouvoir avancer ni reculer. Se
dit des animaux.
Empommier, s. m. — Instrument destiné
à refouler la pomme de l'animal enipommé.
Empon (Lg.), s. m. — Empan. Syn. de
Empas.
Emponter (Lg.), v. a. — Couvrir avec la
main étendue, comme lorsqu'on mesure un
empan.
Et. — Est p.-ê. pour Empanner (Cf. Jaub.),
ou vient du fr. Pont. La main forme en effet comme
un pont au-dessus de l'objet ainsi mesuré. — Je le
tirerais simplement de Empon.
Emportant, e (Mj., Lg., By.), adj. q. —
Emporté, irascible ; colère. Syn. de Coléreux.
Emporter (Mj.), v. a. — Emporter le chat,
— partir sans répondre. || E. la savate, —
s'en aller d'une noce sans avoir dansé.
N. — Jaub. explique ainsi la première locut.
Déménager complètement et d'une manière fur-
tive ; le chat étant, de tous les animaux domes-
tiques, le plus fidèle au logis.
Emporture (Tlm.), s. f. — Déchirure pro-
duite sur le bord d'une pièce de toile par une
tension trop énergique, au moyen de la
temple. On dit : Eine emporture de temple.
Empoté (Z. 124, By.), adj. q. — Embar-
rassé, maladroit ; comme s'il avait les mains
ou les pieds engagés dans un pot — Quel
empoté ! Syn. de Impopompe.
Empougner (Tlm., Sp.), v. a. — Empoi-
gner. Cf. Pougnet.
Empoumer (s') — (Mj., By.), v. réf. —
Avaler une pomme, un fruit quelconque, un
navet, une pomme de terre qui s'arrête dans
l'œsophage et, en comprimant la trachée-
artère, produit la sufTocation. Se dit des
bêtes bovines. De Poume, pour Pomme. Cf.
S'empommer, etc.
Empour (Mj., Lg. By.), adv. et prép. — A
la place, en échange. Ex. : Je illi ai donné ein
sou empour. || Empour que, loc. conj. —
parce que, à raison de ce que. Ex. : II a ieu
eine image empour qu'il a été ben sage. || Sp.
— A Vempour, loc. adv. — Syn. de Empour.
— En -f- pour, pour cela.
Emprès (Mj., Lg.), prép. — Près de, auprès
de. Ex. : Je me trouvais tout emprès lui. ||
Adv. — près, auprès. — En -|- près, près de
cela. — N. Les vieillards font souvent cette
réflexion mélancolique : « Je serais ben mieux
en terre qu'en pré. — C'est un jeu de mots
sur Emprès = Ex. : II s'en allait tout
emprès la haie. || 'B'emprès — d'auprès.
Hist. — «Ce fut donné à Angiers,. . . le maer-
credi emprès Nocl-l'an de grayce mil dous cenz e
quatre. » (1204. — Inv. Arch., H., i, p. 171, col. 2.)
— « Donné à Angiers, sauf nostre dreit, le jeudi
empreis la Saint- Hillaire, l'an de grayce MCG
quatre vinz deiz e noef. » (1299. — Id., ibid., p. 171,
e. 2.) — «Ce fut donné à Angiers le mercredi
emprès le dimanche que l'on chante Judica me.
(1314. Id., G, p. 44, col. 1.) — « Ce fut donné à
Saumur le jour de mardi emprès le dimanche
EMPRÊT — EN
335
ouquel l'en chante en saincte église Oculi mei, en
l'an de grâce mil dous cenz quatre-vinz-dez et
oyt. » (1298. — Id., ibid., p. 54, c. 1.) — « Donné
en nostre maner des Ulmes, le samedi emprès la
feste saincte Scolaice virge. » (1315. — Id., ibid.,
p. 164, c. 2.) — «... Pour aider à faire « le pillier
du chevreau d'emprès Bonnevoisine, 100 s. »
(1388. — /fZ., S. s. H., 49, 2, 31.)
« Si je ne t'ai visité tous ces jours
« Dame très honorée,
« C'est qu'emprrs toy estoient cent mille Amours
Qui ont ma mort jurée. »
(G. C. Bûcher, 59, 113.)
Emprêt (Sp., By.), s. m. — Emprunt.
Amené par : prêter.
Et. — Très compliquée. — A. f. Emprest.
« Celui de qui la chose est, et à qui l'on la requiert
à emprest, ne la prestera ja se il ne viaut (veut).
(Assises de Jériis, I, 193.)
Eniprêter (Sp., By.), v .a. — Emprunter.
Et. — Corr. du mot fr., par confus, avec le v.
Prêter.
Empulanter (Mj.), v. a. — Empuantir. V.
Pulantie, Dépulanter, Empulantir.
Et. — C'est le v. fr. avec un 1 épenthétique et
un changement de terminaison.
Empulantir ° (Lue, By.), v. a. — Empuan-
tir. V. Empulanter.
Hist. : « Si grans pueurs fors en issoit,
« Tout l'air en e m pullent issoit. »
(D. C. — N. E.)
Empunaiser, v. a. — Infester de punaises.
P^t. — « Punaise, de punais. Semble venir du
lat. pop * puttinasium, pour : putidinasium
(putidus, puant, nasus. nez), devenu putnais
(Darm.). — « Que desdittes boucheries soient tou-
jours issues grans punaisies et ordures. . . telle-
ment que les lieux d'environ en ont esté toujours
corrompuz et empunaisiez. » (D. C. 1391.)
Emput' (Mj.), V. a. — Emporte. C'est une
forme irrégul. de la 3" p. du sing. du subj.
prés, du V. Emporter, dans le juron très
usité : Que le diable m'empuC ! — juron très
atténué comme bien d'autres. || Au Lg. on
dit : Que le diable s'empuf ! ce qui est encore
moins compromettant.
Et. — Pourquoi ne pas y voir le verbe fr. Am-
puter ? — Emputer, premier sens : imputer,
accuser, dénoncer ; — délateur, calomniateur (ce
qui va bien avec le sens de : diable). Lat. : imputare.
?" Ëmputeur de gens ; qui blesse ou qui tue les
gens. Gloss. Tribulare ' « Icellui Conte, qui estoit
homme très rioteux, ëmputeur de gens et tribou-
leur... » (1382. — D. C.)
N. — Dans Emput le t est sonore ou muet. —
A By., il est muet : on dit : le diable m'empu. —
« J'ai supprimé Vc final, car, à Mj., où Ton aime
pourtant à appuyer sur le t, on le supprime sou-
vent dans ce mot. Rabelais a écrit : « Je n'y vays
pas. Diable m'emport si j'y vais. » (Rab., P., m,
23, 264.) Le t est muet, et il s'agit bien ici de
Emporter et non de Amputer. (R. O.)
Éniution (Lg.), s. f. — Emotion. || Excita-
tion. Syn. de Emouvette, Emovette.
En ' (By., Mj., etc.), prép. — S'emploie au
lieu du fr. à ou de après plusieurs verbes, pour
gouverner le compl. indirect. On dit : Penser
en, Rêver en, surtout lorsque le compl. est un
nom de personne. Du reste, le fr. a Croire en
Dieu. Il De même dans une foule de loc. —
On dit : En nuit, en jour, en loin, pour : De
nuit, de jour, de ou au loin. Ex. : Je n'aime
guère voyager en nuit ; — je le voyais en
loin, qui venait à moi. On dit aussi : Sus jour,
mais non sus nuit. || Mj. — En premier, en
darnier, au commencement, à la fin. Ex. :
En premier, il prenait ça pour rire, mais en
darnier il ne savait pus guère si c'était du
lard ou du cochon. || De tout en tout, — entiè-
rement. Ex. : 11 était enfondu, a fallu qu'il
change de tout en tout. || De tout en tout,
— du tout au tout, — Ex. : 11 a changé
de tout en tout, depis qu'il est malade ; il est
aussi maigre comme-t-il était gras. || S'em-
ploie toujours devant certains noms de lieux,
au lieu de à. Ex. : En Buhuard (Béhuard), en
Blaison, en Saint-Laud, en Brodeau, en
Margerie (lieux-dits de l'île de Chalonnes), etc.
— Il En un, en deux, en trois, — un, deux,
trois ; — à divers jeux d'enfants, par ex.
quand il s'agit de sauter, on prend 3 fois son
élan — ou d'éliminer : En un, en deux, en
trois, du bois (un joueur sort ; en quatre, en
cinq, en six, du bis (id.) ; en sept, en huit, en
neuf, du bœuf. — 1| Lg. — En Gholet. || Vers,
du côté de. Ex. : La maison regarde en midi,
en mar ; — le four est en galarne ; la cave est
en à haut ; le tet aux vaches est en basse mar ;
la mette est en à bas. || Remplace Dans.
S'éveiller en peur, être en doute. \\ En tout, —
du tout. Ren en tout, — rien du tout. — ||
Locut. nombreuses : En après, après, ensuite ;
— En derrière, par derrière ; — En dréture,
directement, franchement ; — En errière, en
arrière ; — En guérouage, égaré ; — En place
de, au lieu de ; — En conscience, conscien-
cieusement. — En ré, en raie, en moyenne ;
En saison, en rut ; — En suivant, à la suite ;
En lieu de, au lieu de.
Ex.
L'en
En ^ Pron. indéf. pour : on.
m'a dit », on m'a dit. (By.)
En ', prononcé (e) nn'. — Ex. : Faudrait
nn'avoir. Il faudrait en avoir (Mj., By.).
« En, équivaut à An. — Le son nasal s'est
conservé chez nous dans : nen-ni, hen-nir, que le fr.
actuel prononce : na-ni, ha-nir. Nous prononçons
aussi en-ivrer, an-ivrer. D'autres dictionn. sont
d'accord avec nous ; l'Acad. ne se prononce pas. . .
En prend le son nasal Ein dans ennemi, einnemi. —
En (ayant le son in) se substitue dans qqs mots à
ien. Ainsi l'on dit : ben (adv.), ren, l'auren, le men,
le ten, le se?i, pour : bien, rien , vaurien, le mien, le
tien, le sien. Nous avons hésité dans l'écriture de
hen, men, ten, sen, dont la prononciation se serait
fait comprendre sans explication à titre de syncope
d'une des voyelles formant diphtongue en fr.,
par bin, min, tin, sin ; mais nous avons considéré
que : men, ten, sen, font au fém. menne, tenne,
senne, et non pas : minne, etc. Le lecteur est averti.
— Cette espèce de syncope d'une des voyelles
formant dipht. en fr., se rencontre dans qqs can-
tons dans le mot chien, rarement dans bien
(subst. ) et jamais dans chrétien, qui se prononce
chréquien, ou kerkien.
336
ÊNAFRER - E^XAVER
N. — Enn', à l'initiale, ou après une consonne
et devant une voyelle. « Faut gagner de l'argent
pour enn avoir. — Enn' a-t-y s'ment ? (En a-t-il,
seulement ?) — Comben y enn' a-t-y î — i'enn'
ai ieu. — I «n'ont (Ils en ont) — I nn' a ieu. —
J'vas nn' avoir. — S'enn'aller. — A' «n'a tout ce
qu'a peut en faire après ses queniaux (Dott.). —
On conjugue : Je «n'ai, tu «n'as, i /m'a, nous nn'a-
vons, vous nn'avez, i nn'ont. — (de AI ont.)
Énâfrer (Lg.), v. a. — Déchirer, déchique-
ter, lacérer, mettre en lambeaux. Ex. : Leux
chien a manqué de m'énâfrer. Cf. Dénâfrer, syn.
Et. — Pour 'Enâvrer, dér. du fr. Navrer.
Énaivé (Fu., Mj.), part. pas. — Qui a pris
i'eau dans ses chaussures ; il n'y a pas d'autre
expression usitée. || Fig. — Un peu ivre.
Syn. de Eméché, Vinaigré. V. Enaiver.
Ënaiver (s') — (Mj., Sp.), v. réf. — Prendre
l'eau dans ses chaussures. — De Aive. V. Eau.
Prononc. : s'en-èvé. — Syn. de s'Embouil-
lonner, Emboîter.
Ënâler (Lg.), v. a. — Syn. de Dénâler.
Enaller (s') — (By., Mj.), v. réf. — L'em-
ploi de cette expression prouve que, pour nos
paysans, il n'y a pas là deux mots, mais un
seul. Il Mourir lentement : A s'est enallée de
la poitrine.
Hist. — « Qu'est-ce que peuvent bien faire,
pour gagner leur vie elles-mêmes, les filles de la
petite ou même de la grande bourgeoisie quand le
chef de famille s'est en aWé. . . /'(Fr. Saecey. Annal.
p. et l. n» 614, p. 194, col. .3, ligne 12.) — La poésie
des demeures abandonnées, où toutes choses sont
revenues à l'état sauvage, et où l'on sent errer
l'âme des hôtes en allés. » (A. Theuriet. Fron-
tières d'Italie, Id, n" 929, 228, 2.)
« Mardi gras,
N't'en va pas,
J'f'rons des crêp', tu en mang'ras.
« Mardi gras s'est enallé,
« J'avons fait des crêp', i n"n a point mangé. »
(Refrain populaire.)
« Quand Joseph eut apperçu
« Que sa femme avait conçu,
K II ne s'en contenta mie,
« Fâché fort contre Marie,
« Et s'en voulut enaller.
« Joseph est bien marié.
(Noéls ang., p. 11.)
Énansé (Z. 123, By.), adj. q. — Dont
l'anse est cassée. V. Nanse.
Ënanseter (Mj.), v. a. — Casser l'anse de.
V. Nanse. Ex. : Aile a énanseté le pichet, ceté
pâgnon-là. V. Nanse.
Énargie (Mj., By.), s. f. — Energie.
Encabaner (Mj.), v. a. — Engoncer. Cou-
vrir presque complètement le visage, en par-
lant d'une coilîure trop large. Mot très
expressif. Sens tout autre que celui du fr.
Encabrer (Cho., By., Segr.), v. a. — Mettre
dans un trou, enterrer, enfouir, — un chien,
et même un homme. Syn. de Enrocher. || By.
— E. un cadâbre d'animal.
Encaguenasscr (Mj.), v. a. — Museler un
chien. || By. — P'ermer solidement, avec un
caguenâs.
Et. — Dér. du pat. Caguenâs, fr. Cadenas ;
lat. Catena. Ici encore on retrouve le sens primitif :
chaîne, lien. V. Décaguenasser.
Encaissement (Mj., Lg., By.), s. m. —
Couche de macadam qui recouvre une chaus-
sée.
Encaisser (Mj., Lg., By.), v. a. — Encaisser
un chemin, — le recouvrir de macadam.
Encameloter (Sp.), v. a. — Ensorceler.
Syn. de Ensourceler, Ensabbater, Ensavater.
Et. — Camelot. Dér. de chameau ; la forme
vraiment fr. est Chamelot, employée par Jors-
viLLE. Grosse étoffe qu'on fabriquait dans le
Levant avec du poil de chameau ou de chèvre, —
tout objet de pacotille, — façonner com. le camelot.
— D'où : Embobeliner qqn par des boniments
semblables à ceux dont use le camelot pour placer
sa marchandise.
Encanclie (Mj., By.), s. f. — V. Décanche,
Encancher. Obstacle, désagrément, embarras.
Et. — Canche, Mare. En Artois, c'est une
rivière d'un cours lent, qui transforme la vallée
en une vaste canche.
Encancher (Mj., Lg., By.), v. a. — Embar-
rasser. Il Engager, bien ou mal, un travail. ||
Fig. Surprendre, pincer, prendre sur le fait.
Ex. : Qu'il tâche que je l'y encanche à me voler
mes choux ! Syn. de Piger. || V. réf. — S'em-
barrasser, au pr. et au fig. — le pied dans
une racine, — dans une entreprise ardue. ||
S'engager dans un passage étroit ou difïïcile.
Syn. de s'Emmarer. \\ Lue. — Boucher,
embarrasser.
Encanillé, Enquenillé (Segr.), — Avoir le
nez enque-nillé, embarrassé, bouché (MÉx.).
Encarbichonner (Br., Z. 145), v. a. — En-
jamber. Cf. Carfignon, Carbillette, s'Ecarbiller.
Dér. de Carbichon (à).
Encartéler (Mj., Tlm.), v. a. — Ecarteler,
fendre.
Et. — Ecarteler pour 'Ecarterer, de é, ex, et
quartier. Partager en quatre quartiers (Dakm.).
Encartélure (Mj., Tlm., Sp.), s. f. — Fente
Syn. et d. de Ecartelure.
Encastiné, adj. q. — Sec et dur comme la
castine.
Et. — Castine. Altérât, de l'ail. Kalkstein,
Kalk, chaux, et stein, pierre.
Encatiner (Lg., By.), v. a. — Envelopper
le bout de, — un doigt. V. Calin.
En cause, loc. adv. — Etre bien en cause,
c'est parler facilement. On dit de même. Etre
bien en parler (qui devrait s'écrire en un seul
mot : emparlé). ij By. Encausé, Emparlé, —
qui cause volontiers, pas fiar. V. En parlé.
Eneaver (Mj.), v. a. — Laisser en contrebas,
masquer. Ex. : Tous ces haussements là, ça
va eneaver ta maison. || (Tlm.). Eneaver l'ou-
vrage. — Abaisser le taillé de jusée le long des
montants du métier, de manière à rendre
horizontal le paré de la pièce de toile. — V.
Tasseau. Langue des tisserands.
ENCEINTER
EXCISELER
337
Enceinter, v. a. — Rendre grosse. Syn. de
Embarrasser, Enguernousir.
N. — On trouve enceintée dans les Lois de
Guillaume, ?5. De in, privatif, et ceinture ; pro-
prement. Qui ne porte pas de ceinture î
Encenser (Mj.. By.), v. a. — || V. n. —
Secouer la tête de haut en bas, en pari, d'un
cheval. Le mot fait image.
Et. — Encens ; du lat. Incensum, brûlé. Cf.
Incendie.
Enchancré (Mj.), adj. q. — Qui a des
chancres au fondement. Se dit des animaux
de l'espèce bovine. Cf. Chancrelle.
Enchantement (Mj.), s. m. — Infatuation,
engouement, entichement.
Et. — LiTTRÉ, 4« sens. Satisfaction, joie vive.
Lat. Incantare ; opérer par des chants magiques.
— On dit de qqn.': Il a l'air enchanté de lui, —
souvent par ironie.
Enchanter (Mj.,) v. a. — Infatuer, ember-
lucoquer, enticher.
Enchapé, ée (Mj., Lg.), adj. q. — Ecoché.^
Se dit d'un grain de céréale qui est resté
enfermé dans sa balle, même après le battage
et le vannage. 1| S. m. — Grain couvert de sa
glume. Syn. de Coché. — Du fr. Chape.
N. — Terme de commerce. Enfermer un baril
de vin ou de marchandise dans un second baril.
En + chape.
Encharzir ° (Mj.), v. n. — Renchérir, deve-
nir plus cher. Cf. Rencharzir. Syn. et doub. de
Encherdir. \\ By. — Enchardir, renchardir.
Enche, Encheneau, s. m. — V. Anche,
Ancheneau.
Et. — Enchenot. Ryn. d'Echeno. V. Echeneau.
Renvoi à 'Echenal. — Gouttière en bois pour rece-
voir l'eau des toits. — De Cheneau (Litt.). —
Aha. Ancha, tibia et tuyau. Cf. le lat. Tibia, os
de la jambe et llùte (Darji.). — Boeel dit que ce
mot signifie Canal de pressoir, sens subsistant en
Anjou et en Normandie.
Enchenime (Mj.), s. f. — Assemblage de
deux pièces de bois : mortaise, rainure,
jable, etc., et tenon, ou pièce correspondante.
Ce mot est de la langue des mariniers. J
Partie du bordage d'un bateau qui dépasse
le fond en dessous. On dit aussi Encheume.
N. — Cf. Angl. Enseame, couture ; ail. Insieme,
ensemble.
Encherdir " (Lg., By.), v. a. — Enchérir,
augmenter de prix.
Enchère (Mj., By.), s. f. — Porter la folle
enchère d'une chose, — en subir les consé-
quences, en poi'tor indûment la responsabi-
lité, en payer les pots cassés.
Hist. — « Pour fî.n je concluray que si nous fai-
f] sons des maux. . . à ces pauvres cocus, nous en
portons bien la folle enchère, comme l'on dit, et en
payons les triples intérêts. » (Bbant., D. G., i,
112, 20.)
Encherrier (Lue, Z. 151, By., Ti., Zig. 153,
Li., Br., Mj.), s. m. — \. Encherroir. Toile de
essivage, celle que l'on met dans la panne,
sur le linge, et qui reçoit les cendres, la cher-
rée. Elle a la forme d'un grand drap de lit.
Et. — LiTTRÉ, St.'pfil. — Encharron ; nom
en Normandie..., même sens. — N'admet pas
comme sûre la dériv. par Cendre, et en propose une
autre plus discutable.
Encheume (Mj.), s. f. — \'. Enchemme.
Encherroir (enchée-roué), s. m. — Drap de
lit dont on couvre le linge mis dans la panne
et qui retient les cendres de la lessive, ou
charrée, lorsque l'on coide. || Bois cylindrique
qui retient la lessive sur la panne. (Méx.). N.
Il confond avec les sarches. = \\ Pièce de toile
qui sert à changer les abeilles de ruches. {Id.).
N. — La Curne. Charrier, grosse toile : charrée.
Ce mot qui subsiste en terme de blanchisseuse pour
désigner le canevas sur lequel on met la cendre
quand on coule la lessive, a été employé, dans un
sens moins déterminé, pour une espèce de grosse
toile, par Favin, qui dit, en parlant des Mexi-
cains : « Le commun populaire n'usoit de chaus-
sure. . . et ne se pouvait habiller que de « nequen,
ç.-à.-d. de bourras, de charrier et d'estoupes. —
On dit aussi Charrier, pour Charrée, cendre de
lessive. — On ht dans Paré : « Puis faut passer les
dites choses par dedans un charrier double ou
autre toile... Puis coulerez le tout au travers
d'une grosse nappe, ou charrier. — Cendrier;
charrier. C'est le sens propre. On a nommé Cen-
drier la toile ou canevas qu'on met sur le cuvier
de lessive parce qu'elle soutient les cendres. On
l'appelle en Anjou Encherroir. — De là, toute
toile grosse et forte.
« L'eau est à la cendre meslée,
« Mais elle est paravant coulée
« Sur le cendrier, si que ne passe. »
(Et. Deschamfs.)
Langes, suaue, linceul.
Enchetribi (Lg.), .s. m. — Mécanisme com-
pliqué, disposition de pièce, — en mauvaise
part. Syn. de Enquibrage. — N. Terminai-
sons mises à part je vois un seul et même mot
dans ces deux vocables. — Syn. et d. de
Achelribi.
Enchévelis (Mj.), s. m. — Nœud coulant.
N. — Ce mot semble dérivé du lat. Capere, par
l'intermédiaire d'un dér. de ce v., voisin de celui qui
a donné Chevctre.
Enchevelurc (Z. 118), s. f. — Manière de
passer le lien pour arrêter l'attache. || By. — •
Sorte de nœud.
Enchifarner (Mj., Lg.), v. a. — Enchifrener.
Syn. de Embournifler, Embournicler, Enreni^
fier. Il By. — Pron. Enchifoerné.
Enchiz, s. m. — Meurtre commis sur une
femme enceinte (MÉ>".).
Et. — Hist. MÉXAOE dit : « L'ancienne coutume
d'Anjou et du Maine, non imprimée : « Le Baron
a en sa terre le meurtre, le rapt et Vends. . . Rapt,
si c'est femme forcée. Encis, si est quand l'en fiert
femme enceinte, et elle et l'enfant se meurent. . . »
Et la nouvelle, ^rt. 4 i • «... et (îc- encis ; si est de
meurtrir femme enceinte ou son enfant au ventre. »
De incisium, de incidere, intus cœdere.
Enciselcr (Craon, Sar., By.), v. a. — Fendre
faire une entaille, inciser. — || By. — Faire
des enciselures (incisions), en particulier aux
22
3â8
ENCISER — EXDÉMENÊ
poissons qu'on veut faire frire, et surtout aux
anguilles, qu'on coupe ensuite par (rançons
(tronçons).
Enciser (Mj.), v. a. — Inciser, couper,
entailler. ■ — Cf. Embiber, Enflammation.
Hist. — « Le mantel e les dras tresqu'al cuir
encisa (jusqu'au cuir). — L. C.
Encisiire (Mj.), s. f. — Incision, coupe,
coupure, entaille.
Hist. — « Il s'arma d'une brave et galante bra-
guette, faicte de feuille de figuier, lesquelles sont
naïfves, et du tout commodes en dureté, incisure,
frizure, polissure. . . « (Rab., P., m, 8, 2.30.)
Enc/avelé (Lg.). — Pron. En-quia-velé,
part. pas. — Complètement fermé et comme
cloué. Syn. de Lissé. Ex. : Le loup avait la
goule endavelée. — V. au Folk-Lore. — D. de
Claçer.
Encleume (Mj., Bv.), s. f. — Enclume.
Vieilli.
Et. — Du lat pop.* Includinem, altérât, du lat.
class. Incudem (altér. due d'une part à l'influence
de Includere, inclure, et, de l'autre, à celle des
noms en udo, udinis), devenu, par substitution
desufT. Inclumine, enclume. !| Cf. Enfleume.
Encliquetage (Mj.), s. m. — Roue à rochet,
avec déclic.
Et. — En -|- cliquet, de : cliquer, faire du bruit,
primitif de cliqueter. Cf. Clinquant, clique, cli-
quetis, cliquette.
Enclous (Mj., By.), s. m. — Enclos. V.
Clous. Se trouve dans le Roman de Renart,
xni« siècle. — On disait Cloure, pour Clore.
Encontre (Li.), loc. prép. dans : A ren-
contre de, le long de. '< Aile est à rencontre
du mur. ))|| Adv. — Je ne vas pas à rencontre,
— je ne dis pas le contraire. Ag.
Encorcir ° (Bg., Ag., By.), v. a. — Salir,
encrasser. Il est encorci de poussière. Un
tablier encorci. Syn. et doub. de Encossir.
Encorder (Mj., Lg., By.), v. a. — Mettre en
corde, du bois de chauffage. V. Corde. \\ Lue.
— Autre sens. Se dit d'un animal atteint d'os-
téoclastie.
Encore (Z. 136, Q.), s. f. — La cale mise
pour arrêter une roue. Syn. et d. de Accoure. ||
(Mj.). — Adv. Encore.
Et. — Premier sens : Accore, altér. de Ecore.
pour Escore, de l'angl. Score (aujourd'hui Shore),
rivage, étai. Accorer un navire.
Eneornailler (Sal.), v. a. — AfTicher les
bans de mariage. || V. réf. — Se faire afTicher.
Et. — Douteuse. Se mettre les cornes sous le
joug, com. les bœufs ; — publier à son de corne ;
— allusion au sort qui attend qqs maris ? P. ê. pour
Accordailler; du fr. Accordailles.
Encornailles (faire). Sal. — flaire afficher
pour le mariage (Mettre dans les cornes?)
Encorner (Lg., Hy.), v. a. — Frapper avec
ses cornes. Syn. de Embrocher, Braquer.
Encossir (r fin. muet) — (Mj.), v. a. —
Encrasser. Syn. et doub. do Encorcir.
Et. — Com. son pendant Décossir, ce mot
semble être un dériv. de Casse, boue. Il serait pour
Encassir.
Encoublère (Pell.), s. m. — Sorte d'arrête-
bœuf sans épines. — Medicago falcata. Bat.
Encoure (.Mj.), s. f. — Grosse corde qui
forme la bordure d'une voile, ralingue.
Encourer (Mj.), v. a. — Border d'un cor-
dage, d'une ralingue, une voile. V. Encoure.
Encourir " (s') — (Mj., By.), v. réf. — S'en-
fuir, se sauver. Ex. : Il s'est encouru à toute
sa force.
Encourre (s') — (Mj., By.), v. réf. — S'En-
courir, s'enfuir, se sauver.
Hist. — « Tous les prebstres. devins et prophètes
qui lors estoyent en Ephèse . . . s'en coururent comme
forcenez par la ville. » (Amyot, Vie d'Alex,
le Grand.) — « Adonc Alexandre s'en courant
vers le cheval, le prit par la bride. » — Id., ihid.
Encrais (By.). — Y. Folk-Lore. Lang^L-.
VIII, 32.
Encrêter (Lg.), v. a. — Labourer en bil-
lons. On encréte un champ avant de le couvrer.
Il Recouvrir jusqu'au faîte les billons embla-
vés, avec la terre des crêtions. L'opération se
fait au moyen de la rabale {vau, huau).
Dér. du fr. Crête. Cf. Virelécher, Plancher.
Encr'ner (s') — (Sa.), v. réf. S'invétérer et
s'aggraver, en parlant d'un mal aigu. || Faire
des dettes de plus en plus criardes, s'enfoncer
dans la gêne par trop de dépenses. || S'em-
barrasser, au propre et au flg. — de dettes ou
de vêtements.
Encroiser (Lg.), v. a. — Entrecroiser. Syn.
de Enterbouécher.
Eucros, s. m. — Engin, nasse à prendre le
poisson. (Pc). V. Foudret, Ancra. \\ By. —
Ancreau, Encreau. — Engin en fil, appelé
verveux, à peu près de la forme de la bosselle
(boisselle) et de la nasse (nanse) qui sont en
osier.
Encrouiller (Segr.), v. a. — Endependancer
dans une cheminée, à un clou ; Décrouiller est
le contraire. — V. Crauillcr.
Encrucher (s') — (Lg. ), v. réf. — Grimper,
se jucher ; s'engager dans un passage. Ex. :
N'allez pas vous encrucher dans quiô chemin.
Syn. de Crucher, s'Enquiller, s'Endrénier,
s" Enquenicher.
Et. — D. C. Incrocare. — Accrocher un objet
dans les branches d'un arbre ou sur un point
élevé.
Endabonner (Bg., By., Mj.), v. a. — Mettre
un enfant dans un dabon, l'envelopper de
langes.
Ëndemuger (Mj.
ger. Cf. D'mage.
Endeméné (Lg.,
mené.
Endémené (Ag., Do., Segr., Br., Mj.), part,
pas. — Endiablé, turbulent, pétulant. || Qui
By.), V. a. — Endomma-
adj. q.
ba
\". Endé-
ENDEMENTIERS — ENDOVRER
339
se donne du mal, qui s'agite : « Comme vous
êtes endémenée ! » — comme vous vous déme-
nez. Il Pressé. — Je se ben endémené. » By. —
Pron. End'miné.
Et. — Hist. On pourrait croire que ce mot
dérive du v. fr. se Démener. Je ne le pense pas, et
ce qui, à mon avis, milite contre cette opinion,
c'est l'existence du syn. ital. Indemoniato. Il est
clair que les deux mots dériv. du lat. In et Daemon
(Grec : En et Daimôn). — Syn. de Empicoré ;
Endeméné (Sa.). — Littré. En, démener, s'agiter
violemment. — « Cest fleur d'aage est fort cha-
touilleuse et endémenée à prendre tous ses plaisirs. »
(Amyot, Plut., Com. on nourrit les enfants.) —
(L'atroce blessure) endemounio lou brau — rend
le taureau démoniaque, l'endiablé. — {Mireille,
154, .3.) — Cf. Endèvé.
Endemeufiers (adv,). — Vieux mot ang. —
Cependant, en attendant.
Et. — MÉNAGE : in-de-interim. — « Advint
que endementiers que ledit Taupin jouoit... »
Entrementiers, — Entretant (D. C.)
Et prist trêves endementiers
« Entre dix jours et vint entiers. »
{Rom. de la Rose.)
Ëndependancer, v. a. — Pendre, suspendre
V. Encrouiller.
Enderse (Lg.), s. f. — Dartre. Syn. de
Dertre. N. Dans la syll. Der, l'é est fermé.
Et. — Pour : enderte, ou endertre, dér. de :
dertre. — « Quand le sel de tartare (tartre) est
mis en lieu humide, il se réduit en huile de tartare,
et plusieurs guérissent les enderces dudit huile,
parce qu'il est corrosif. » (B. Palissy. — Jaub.)
En-dessour (Mj.), adv. — • Au dessous, en
aval. Il Aller en dessour, — décliner dans ses
affaires.
En-devant (Mj., By.), adv. — Devant, surle
devant. Ex. : Aile 'tait assise en-devant. \\
Loc. prép. — Par en-devant de, — par devant.
Ex. : J'ai passé par en-devant de la maison.
Endêver (Sar., Li., Br., Mj., ChL, Craon,
Lue), V. n. — Faire fâcher, taquiner, irriter.
— Le partie, passé a, bien entendu, les mêmes
sens. — Syn. de Empicoré. Formé de Dêve.
Endiablé. A Saint Paul : Faire la dêve, faire
le diable à quatre, du tapage ; badiner, bati-
foler, folâtrer avec bruit. — Est français ; je
le donne cependant, parce que j'y renvoie
Desvée, Desver, Dêver.
Et. — Le sens est clair ; l'étymol. l'est moins.
Littré : En -j- desver. Diez rejette De-ex-viare,
qui aurait donné Desvoier, et propose dissipare,
simple conjecture. — Gachet propose : diable :
encore une simple hypothèse : — il le rapproche
del'angl. Endeavour, s'efforcer. — Ital. Indiavolare,
endiabler. — Dict. Génrr. : En -(- desver, perdre la
raison ; — ou derver. Orig. incon. — L. C. — « Je
ne l'ay prins que ce malin, mais déjà j'endcsve,
je grésille d'estre marié. » (Rap., P., m, 7. —
N. E.) — Jaubkkt : Fou, insensé, terrible, enragé.
Desvé — hors de la voie. || Impatienter, faire
donner au diable. Le b de diable s'est changé en
V, dans l'ital. diavolo, et dans l'angl. devil, de
même que dans endcvcr — Scheler : De toutes les
étym. proposées, une seule est à retenir, celle de
Diez : « On s'est servi d'abord de la 3® pers. sing.
desve, qui répond correctement au L, desipit (il
est fou) ; puis, de la forme du prés, desve, on a
dégagé un infinitif prés, desver, et un part. pas.
desvé. — BoREL. Forcener. De indivare, a Deo,
vel demone corripi ; ç.-à.-d. être espris de fureur
divine, com. les Sybilles et ceux à qui on faisait
rendre les oracles ; car ils devenaient tous trans-
portés (Virgile, En. VI.) On bien : indeviare, s'éga-
rer de sa voie. GuiLL :« On s'ennuyait quand vous
n'aviez plus personne à faire endcvcr. » Rousseau ;
La N. Héloise. — Ménage : Indeviare, deviare,
extra viam ire ; aller hors de la voie. (Contesté ;
vo'r plus haut). On dit de même : Délirer, qui
signifie littéralement : Sortir du sillon ; De lira
arare. — Nous lisons dans un très anc. texte : . .
« Por poj qu'il ne s'en est desvé. : — -.'
(Peu s'en faut qu'il ne s'en a'^foUe.) |i h'Endé-
varie était un ancien jeu. L'enfant qui devait être
endovey se couchait sur le dos, ayant les pieds nus ;
celui qui devait procéder à l'invocation lui intro-
duisait d'abord dans le nez Vendovoir. ç.-à.-d.
l'Achillea à mille feuilles, et lui criait : Endrvé, etc.
— Après avoir rempli les narines et mis entre les
doigts l'Achillea, puis sur un caillou placé près de
• sa tête, un de ses camarades frappe à coups re-
doublés, en criant • Endévé. — Les autres se re-
tirent. Voilà l'en'ant endévé, qui fait des diable-
ries. » (MÉN.) — Dans le Castoiement d'un prre à
son fis .
« Nostre maistre par lunoisons
« A en la teste estordisons,
« Le sens perd, devient desvez.
{Du tailleur le Ro>i et de son Scr;iennt, p. 27, 50-
51. — Desverie, p. 27, vers 149.) • — « Et de même
qu'elle n'eût jamais songé à regarder un faucon-
nier entre mille, de même elle cndévai' de voir
celui-là parce qu'il était invisible. — En N. —
Endêver de, désirer vivement, au point d'être en
colère. » (//''« du vx tps, p. 101.) — « ... Bien
entendu qu'ils ne manquaient jamais de se trouver
sur la même route et de se gêner étrangement ;
et si le soudard endêvait. . . » {Id., 387.) — En
résumé : 1° Indeviare ; 2° Indivinare ; 3° Diabolus :
4" Desipere — quatre étym. entre lesquelles je me
prononcerai pour la deuxième. Cf. Endémené, et
V. Déve et l'explication de C. Port, surtout.
Ëndodeliner (By.), v. a. — Tromper ;
comme Endodiner, endormir quelqu'un
avec des paroles trompeuses. (Mén.). — Cf.
Emb beliner.
Endodiner, v. a. — Comme Ëndodeliner.
Endormi (1'). — Paresseux, nonchalant.
Ce nom se donne aux animaux occupés au
labour, comme : la Blanche, la Grise, la Fai-
néante, la Bâilleuse, le Roujeau, le (iaillé, le
Cailleté, le Levreau, le Châtain, le Marjolet,
le Moureau (noir et blanc), le Vermé (pour :
vermeil). (Mén-.)
Endormir (Mj., Lg.), v. a. — Engourdir,
paralyser, rendre insensible, en parlant de la
fatigue. Ex. : J'en ai le bras tout endormi à
force de cogner.
Endôvé (Sp.), adj. q. — \'. Endôvré.
Ëndôvré, ée (Mj.), part. p. — Endormi,
somnolent, engourdi, apathique, qui manque
d'activité, de ressort. Syn. de Endôvé, Em-
paffé.
V,- Et. — P.-ê. pour Endrôvé,- dont la rac. Drôve
aurait donné l'angl. Drowsy, même sens.
Endôvrer (Mj.), v. a. — Rendre somnolent,
endormir, abrutir.
340
EXDRAIT — EXFARGES
Ëndrait (Mj., By.), s. m. et f. — Endroit.
V. Dret, Drait et Endret.
Et. — Proprement : en droit, ce qui est droit,
ç.-à.-d. opposé à envers, et, au sens de : localité,
ce qui est dans le droit chemin, sur la route, dans
la direction de. (Ijtt.) — Qqf. pour Métairie,
closerie.
Endréraer (44" Z., Ec, By., Mj.), v. a. —
Endrémer un bateau, le faire passer juste dans
un chenal, sous une arche de pont, surtout
par un mauvais temps. — Embouquer. —
« Par un coup de fort temps pareil, c'est pas
facile d'endrémer un pont. » \i Bien mettre le
travail en train. — My. !| S'engager dans qq.
passage étroit ou difficile. Ji Engager, faire
pénétrer. — Enquiller.
Et. — En dret mener ? — Le préf. en et le bret.
Dremeine, Tremeine, passer ? — je préfère la
première. || R. O. préfère la deuxième : le patois
n'aurait pas laissé tomber la syllabe finale de me-
ner. V. Endémener.
Endret' (Mj.), s. f. et m.— Endroit. Ex.: Ils
demeurent dans eine vilaine endret. — T'as
point mis ça dans la bonne endret. — N. Il
existe à Mj. un lieu dit : La Petite Endret. —
(Lue, etc.) V. Endrait. Etymol.
Et. — C'est le fr. Endroit. Cf. Dret. — A noter
que le breton nous a emprunté ce mot : Afidret,
endroit. — Hist. — (Je m'en viendrais, moi, la
reine, aux Baux) moun paure endré (mon pauvre
pays.) {Mireille, p. ^4, str., 2.) — Pays natal.
« La vue de son cher endroit. . . » (G. Saxd. Le
péché de M. Antoine, col., II, ch. 18.)
Enduëment (Lrm.). — Traitement? ce qui
est dû?
Hist. — 2° « Sera aussi suppliée Sa Majesté de
supprimer tous les financiers..., et de substituer
dans leurs places un receveur dans la capitalle de
chaque province à qui on assignerait un enduë-
ment fixe. . . » {Cahier des plaintes et doléances de la
paroisse de la Romagne.) A donné l'angl. Endowe-
ment = dotation.
Endurer (Lg., By.), v. n. — Absolument:
Souffrir. Ex. : C'est des choux qui ont enduré
pour la sécheresse. » || Supporter, avec l'idée
d'un bien-être résultant d'une souffrance
évitée. — (Mj.). On endure ben ein petit ar de
feu par eine fret' pareille. || By. — J'endure-
rais ben ein manteau tellement qu'i fait fret'.
Ëneiller (Mj.), v. a. — Etirer le fil pour
l'amincir et le régulariser, comme font les
fileuses. Syn. de Eguetller.
Et. — Ce mot est pour Enœuiller, défaire les
nœuds, doubl. du fr. Enucléer.
Enenger (En-nengé) — (Sp.), v. a. — Enger,
embarrasser de qq. engeance, bonne ou mau-
vaise. Fr. Enger. — V. Engeancer, Dégeancer,
Dénenger, Engénouir.
Énerter. Ménage dit : Xos paysans d'An-
jou disent : Enerter un lieu, pour dire : Y
planter des arbres. P.-ê. d'inarbustare. =
Très forts, nos paysans. Syn. de Affier.
Et. — « Enherter. Semer, préparer pour ense-
mencer, mettre une terre en valeur, en produit.
Ertaye ou Ertoye, désigne une terre inculte.
(D. G. Hertemus.) En hers, le produit quelconque
donné par ce labour. (D. C. Adhœrere, 2), Herte-
mus, champ qui ne peut être ni cultivé, ni labouré,
en fr. Ertaye, ou Hertaye, Hertoye : « Trois deniers
assis sur demi-arpent de terre ou environ... joi-
gnant à la terre et hertaye feu Estienne Cornillau...
d'autre part à Y ertaye de Guion le Bouyer. »
Enéver, ou Enêver (Mj.). — V. Enaiver,
V. a. — Mouiller. — j| V. réf. Se mouiller les
pieds, faire entrer l'eau dans sa chaussure.
On s'enève en passant un ruisseau, en s'em-
bourbant dans un mollet (mauvais pas,
endroit boueux dans un chemin détrempé
par la pluie). Prononc. En-nêver.
Enfafouiner (Sal.), v. a. — Embarrasser;
gêner les mouvements. Avoir la tête enfa-
fouinée, — avoir mal à la tête.
Enfaîteau (Mj., By.), s. m. — Tuile dont
on recouvre le faîtage d'un toit. Syn. de Faî-
teau.
Enfance (Mj., By.), s. f. — Sénilité. Ex. :
Il commence à ne pus guère savoir ce qu'il dit,
il dhoge souvent ; y a de Venjance. \\ D'en-
fance, — dès l'enfance.
Enfantin (Sp., By.), s. m. — Crasse jau-
nâtre qui se forme sur le cuir chevelu des
jeunes enfants. Syn. de Râche, Rage.
N. — Pour rien au monde les mères ne consen-
tiraient à enlever cette crasse de la tête de leurs
enfants, pas plus qu'elles ne voudraient leur
rogner les ongles ou les cheveux dans le cours
de la première année. A leurs yeux, Venfantin,
la ràche est pour leurs nourrissons un signe et un
gage de bonne santé. Tel n'est pas l'avis des mé-
decins hygiénistes.
Enfar (Mj., By.), s. m. — Enfer. 1| Bête
d'enfar — petit coléoptère à élytres rouges
marquées de points noirs.
Enfarger (Mj.), v. a. — Mettre des enfarges
à, entraver, [j Fig. Etre enfargé, — avoir de
lourdes chaussures, qui entravent la marche.
Et. — • Ce mot est formé de la prép. En, et d'un
V. Farger, inus., dér. de Far, fer. V. Fargeot. et
Fergon. — || By. — Pron. Enfoerger, Enfeurger.
C. PoKT, le dérive plus justement de Fabrica,
comme Forge et Farge. Cf. Enforger.
Enfarges (Mj.), s. f. — Ne s'emploie qu'au
plur. Entraves formées de deux anneaux de
fer réunis par une chaîne, dans lesquels on
engage les pieds de devant d'un cheval. V.
Enjarger. \\ By. Pron. Enfoerges, Enfeurges. -
Hist. — « Le suppliant donna à icellui Piron
ung coup des mailles des enferges dont il vouloit
enferger et lyer ladite jument. » (1472.) — En-
forgez des pieds et des mains. (Mont., i, .'^27.)
— « Ceux qui, faibles de corps, ont l'esprit grand,
fort et puissant, est-ce pas grand dommages de
les enferger et garrotter, à la chair et au mariage,
comme l'on fait les bestes à l'estable. >> (Charron,
178.) — Grelots et effarges de mulets de charbon-
nier. » {La Trad., p. 80, /. 18.) — « Pour un de ses
paroissiens, il (le curé) fit une recommandation telle
en son prône : Il y a un honnête homme qui avait
mis sa cavale enfargée en ses fossés. Messieurs mes
paroissiens, on lui a pris les enfarges avec une ser-
rure à bosse. (Cf. Bosselle). Il vous prie, Messieur-.
de lui rendre lesdits enfarges, et pour votre pein.\
de par Dieu, que la bosse vous demeure. » (B.
DE Vekville, m. de p. I, 113.)
ENFEL — ENFONDRE
341
Enfel, leiifel (Do.), adj. q. — Il est enjel ;
Enflé. — P.-ê. doit-on prononcer : enf'l, enfle.
Enfener (Mj.), v. a. — Attacher dans un
pré une vache à un piquet, au moyen d'une
/ène, ou corde. Lat. : Funis.
Enfenouiller (Ag.), v. a. — Porter au cœur
comme ferait l'odeur du fenouil. Ex. : Les
radis, je les aime ben ; mais les bonbons, ça
m^enfenouille.
Enferdezir " (s') — (Lg.), v. réf. — Se
refroidir. Ne se dit que du temps ou du vent.
Enferdir " (s') — (Mj.), v. réf. — Se refroi-
dir. Ex. : Le vent s'enferdit ; il va venir à
mouiller. \\ By. S'enfoerdir.
Et. — Pour s'Enfroidir, de : froid. V. Ferdir, se
Renferdir. — Syn. de Enfrédezir.
Enferduré, adj. q. — Qui a froid.
Enferger (Lue, Sar.), v. a. — V. Enfarger-
Entraver au moyen de fers.
Et. — Du Gange : Disferiare, Inferrare. « Entre
les Scythes, quand les devins avoient failli de ren-
contrer, on les couchoit enfor^ez de pieds et de
mains sur des charriotes pleines de bruyère. »
(Mont., Ess., i, 30.) — « Du plaisir qu'il sent à
gratter sa jambe après que les fers en furent hors,
accuse-t-il pas une pareille doulceur en son âme.
pour être dcsenforg'-e des incommodité?, passées. »
(Id., n, 11.)
Enferges (Lg.), s. f. pi. — V. Enfarges.
Enfcrmier, infirmier, s. m. — Mot désuet
qui avait encore, au xvii'' siècle, cours en
Anjou.
Hist. — En 1625 il (Madelon Claude de Saint-
Offange) était enfermier (infirmier) et profès de
ladite abbaye (de Saint-Maur). — (Revue de V Anj.,
mars-avril, 1907, t. LIV, p. 183.)
Enferiiailler (Craon, Ac), v. a. — Mettre
des pointes ou du fil de fer dans le groin d'un
porc pour l'empêcher de fouiller la terre. Syn.
de Formâiller. \\ E. un taureau, lui mettre
une pince au nez. — Qqs-uns disent : Enfer-
mailler.
Ënfertlcr, v. a. — Mettre un jertyao.
Et. — Frelte. Orig. inc. — Cercle, virole de fer,
dont on garnit un mât, le moyeu d'une roue, la tête
d'un pilotis, le manche d'un outil, le bois d'une
lance, d'une flèche, etc., pour l'empêcher de se
fendre (Darm.). — En Anjou, cercle pour les
sabots. V. Ferquiau, Ferteau.
Enfilée (Mj., By.), s. f. — Enfilade.
Enfiler (Mj.), v. a. — Rejoindre, sur une
glissoire, celui qui s'est lancé en avant.
Enfilette (Lg.), s. f. — Sorte de longue
aiguille sans pointe et portant un chas, ou
œil, à chacune de ses extrémités. Elle sert aux
pêcheurs pour passer la cordilletie dans les
ouïes des petits poissons servant d'appât. —
Du fr. Enfiler. || By. — Souvent en baleine.
Enflammant (Mj), adj. verb. — Inflam-
mable. Syn. de Eprenant.
Enflamniation (Mj., By.), s. f. — Inflam-
mation.
Et. — Dér. logique du fr. Enflammer. Cf. Enciser,
Embi'ier.
Enflamber (Lue), v. a. — Enflammer.
Enflé (1') ! (Mj.). — Exclam. Interpellation
amicale ou ironique. Ex. : Te velà, té, Venflé !
— la personne fût-elle maigre comme une
perche.
Enfler (Mj., By.), fig., v. réf, — S'enfler, —
s'emporter, se mettre en colère. Ex. : I s'est
enflé comme eine soupe au lait, 'i' enfler la
bousine, se gonfler d'importance, s'enorgueil-
lir. Il Sp. — S'enfler le nez, — même sens. ||
N'avoir pas la tête ben enflée de, — n'être pas
très enthousiaste, enchanté ou entiché de.
Et. — In flare ; souffler dans.
Enf/esse (Tlm.), s. f. — Enflure, œdème.
Syn. de Enflun, Enfleume. N. On pron.
Enfiesse.
Enfleume, Enflume. Enflun (Mj.). — ^ Comme
Enflesse. — S. f. — Enflure, œdème.
Enfolie, s. f. — Mode spécial de peuple-
ment et d'entretien des vignes surtout usité
dans l'arrondissement de Saumur. Un jeune
cep est abandonné à lui-même et sans être
taillé jusqu'à la 'i" et même la 4^ année. A
cette époque, on coupait, au printemps, toute
la tête de la jeune souche, pour laisser un
petit sarment appelé Queue de rat comme
amorce de végétation et préservatif d'apo-
plexie foudroyante. . . Le viticulteur obtient
autour de la .section la sortie de 4 ou 8 gour-
mands vigoureux. L'hiver suivant, ces sar-
ments sont étalés sur le sol, rangés comme les
rais d'une roue de voiture et recouverts, à
leur centre, d'un mamelon de terre, de 0™60
à O-nSO de base, et de 0™40 à 0'"50 de haut à
son centre. Les sarments sortent autour de la
base de cette motte et sont rognés à deux
yeux francs hors de terre. On appelle cette
opération Enfolier une souche, mettre une
souche en enfolie. Du lat. Infoliare, enfeuiller..
(Sur la viticulture du N.-O. de la France.
Rapport à S. E. M. de Forcade la Roquette,
ministre de V Agriculture, par le D"' Jules GuYOT
Paris, imprimerie impériale, 1867). = Qqs-uns
expliquent par : en folie ; c'est une folie de
tailler ainsi un cep qui, de ce fait, est perdu.
— Je préfère Infoliare.
EnfoIié (Lue), part. pas. — V. Enfolie.
Enfolier (Lue), v. a. — V. Enfolie.
Enfoncer (Mj., By.), v. a. — Enfoncer qqn,
le ruiner, le couler. || Réduire à quia. || V. réf.
Se ruiner peu à peu.
Entendre (IVIj., Lg., Sal., By.), v. a. —
Mouiller complètement, tremper les vête-
ments, il V. n. — Avoir ses vêtements trem-
pés par la pluie. Ex. : J'ai enfondu en m'en
venant. — Cf. Dater.
Et. — Lat. Infundere. — C'est : mouiller jus-
qu'au fond, aux os. — Hist. :
« Mais ce qui est en ton cueur enfondu
!t No nous est pas mûristré nv entendu.
(O. C. BouCûÊft, 189, P..194J
342
ENFONDU — ENGONCÉ
Enfondii (By., Li., Br., By., Sar., Mj.),
part. pas. — Trempé, mouillé complètement
à fond. « J'sé tout enfondu, — de pluie, d'iau.
— Cf. Confondu.
Hist. — « Icelle Gernesote pour se évader de la
voye se mist en une mare, ou il y avoit beaucoup
d'eaue ;. . . ils allument du fe>i pour lui seicher ses
habillements qui estoient tous enfondus d'eaue
(1473. — L. C).
« Maigres, velluz et morfonduz
« Chausses courtes, robbe rongnée,
« Gelez, meurtriz et enfonduz.
(Fr. Villon. Petit Test. — st. 30. — Eveillé.)
Enfondiire (Mj.), s. f. — Pluie dont on est
trempé. Syn. de Saucée. Ex. : Aile a attrapé
eine belle enfondure, le temps de ramener ses
vaches. || Mj. — Etat de celui qui est trempé
par la pluie. Syn. de Trempe, Trempée, Trem-
pure.
Enforger (Li., Br.), v. a. — Entraver.
Enforger un cheval, c'est lui mettre des fers
spéciaux pour l'empêcher de courir. V. En-
farges, etc.
Enfornailler, v. a. — Le même que Enfer-
nailler.
Enfermer (Mj.), v. a. — Enfermer.
Enfourner (Mj., By.), v. a. — Fourrer dans
la bouche, ingurgiter, avaler.
Et. — En -|- four, autrefois : forn.
Enfré (Segr.), adj. q. — Pour : enferré,
sans doute. « Quand une jeune fdle se marie,
on dit qu'elle est enfrée, ou enfergée (Mén.).
Enfrédezir « (Lg.), v. a. — v. a. et n. —
Refroidir, se refroidir. Syn. de Enferdir.
Engaillocher (s') — (Li., Br.), v. réf. —
S'enfoncer dans la boue, avoir des bottes de
boue.
Et. — D. de Galoches.
Engalipoter (Sal.). — • Embarrasser les
mains dans qqch. de collant, comme la pâte,
la boue. Du franc. Galipot. Syn. de Empé-
casser.
Engalocher (s') — (Mj.), v. réf. — Salir de
boue ses chaussures. — Galocher. Syn. de
s'Engomber, Boiter, Palier, Patiner, s'Èmmo-
ler, s^Emmolliner, s'Emmolleter.
Engarder (s') — (Mj.), v. réf. — Se garder,
prendre garde. Ex, : Il s'est ben engardé de
venir. || Etre engardé, — être dans l'impossi-
bilité de. Il V. a. — Empêcher, mettre dans
l'impossibilité de. Ex. : Aile était ben engar-
dée d'y aller.
Et. — En + garde. — Hist. — « Et envoyoit
peu de gens à l'assault pour engarder seulement les
Tyriens de pouvoir reposer. » (Amyot. Vie d'A-
lexandre le Grand.) Porus tenoit toujours ses élé-
phans sur l'aultre rive en bataille, les testes tour-
nées devers les ennemis pour les engarder de passer,
{Id. ibid . p. 25.) — « Faulte de chiffre m'en-
garde vous en escrire davantage. » (Rab., Lettre
à M. de Maillezais, p. 612.) — « J'advoue Dieu,
si j'eusse esté au temps de Jesuchrist, j'eusse bien
engardé que les Juifs ne l'eusent prins au jardin
d'OlJvet, » (Rab., G., n, 39, 76.) — « Ne voyez-
vous, dist Panurge, que les chastaignes qu'on faict
cuire au feu, si elles sont entières, elles pètent
que c'est raige ; et pour les engarder de peter, l'on
les entame. » (R. P., n, 31, 197.) — « Non qu'il
engardost les dicts théologiens sorbonicques de
chopiner. » (I^ab., P., n, 10, 137.)
Engendré (Mj.), part. pas. — Constitué,
conditionné. Ex. : C'est toujous ben des
sabots qui sont ben mal engendrés ! »
Et. — In -j- gêner, generare.
Engénouir ° (Lg.), v. a. — Enger, embar-
rasser d'une mauvaise engeance. Ex. : Mon
jardin est tout engénoui de môrion. — Syn.
de Engeancer, Enenger. — In, genus.
Engin (Ec, By.), s. m. — Filet. V. Apeiis-
sures.
Engiponné, adj. q. — Enjuponné.
Engirunné (Mj.), adj. q. ou part. pas. Pris,
emprisonné dans le giron d'un épervier. Se
dit du poisson.
Engivane (Mj., By.), s. f. — Ingéniosité,
esprit inventif. — V. s' Engivaner. \\ Craon.
Sorcellerie populaire.
Engivanement (Bg.). s. m. — Corvée désa-
gréable. V. s' Engivaner.
Engivaner (s') — (Mj.), v. réf. — S'ingé-
nier. Ex. : Il ne sait pas de queune sottise
s'engivaner. \\ Bg. — Se charger d'une com-
mission désagréable ; faire mauvaise société.
Et. — Corrupt. du vx fr. Engeigner.
« Tel, comme dit Merlin, cuide engeigner autrui
« Qui souvent s'engeigne soi-même. »
(La Font. — La Grenouille et le rat. Ce verbe
3 ici le sens : de tromper ; cf. Engin, de ingenium.)
Engivasé, adj. q. — Etre engivasé, dans
l'embarras, le bourbier, la boue, la vase.
(MÉx.).
Englalir « (s') — (Mj.), v. réf. — S'embar-
rasser, s'engager. Terme de marine. Ex. . : La
glane s'est englatie dans le rias du poulieau.
Englôtir '^ (Mj.), v. a. — Engloutir. Cf.
Môron.
Et. — En -)- radie, de glouton. Lat. gluto, de
glutus, gosier.
Engoiser (Lg.), v. a. — Engouer.
Engomber (s') — (Mj.), v. réf. — S'em-
bourber. Cf. Dégomber. Syn. de s' Engalocher,
Botter, Patter, Patiner, s' Emmoller, s' EmmoUi-
ner, s'Emmolleter.
Et. — Ital. Ingombrare, de in -\- combri, ou
cumbri, amas de bois abattu. Cumbrus s'est dit
poiir Cumblus, leq\iel est une forme barbare du
lat. Cumulus, comble. (Litt.^
Engoncé (Ag.), part. pas. — Mal vêtu, v.
Engoncer.
Et. — La Curne : « Conche, coquille, — bassin,
-r- ajustement. Et alors il vient de l'ital. : acconcio.
suivant Pasquiek, et, en remontant plus haut,
du lat. Concinnus. Il ne servait guère que dans
ces expressions : en bonne conche, mal en conche
et semblaliles : « L'hôtesse le voyant (Philo-'
fiœmen) =i laid et mal en con'-he présuma que ce,
fit quelqu'un des gens du capitaine qui eut été là
ENGOULER — ENJAQUETER
343
envoyé devant, si lui fit fendre bragardement
du bois. » — S'enconcer.
Engouler (Mj., By.), v. a. — Saisir avec sa
gueule. Ex. : Le chien illi a engoulé le mollet.
Il Avaler. N. Le fr. a le composé Engoulevent.
— Fig., Accaparer. || Lg. — V. réf., se bourrer
d'herbes arrachées, en parlant de la gorge
d'une charrue. A Mj., on dit dans le même sens
s'Engorger. ^ Se dit encore (au neutre), en
parlant d'une charrue au versoir de laquelle
la terre trop humide s'attache, adhère. Ex. :
Ma charrue engoule ; aile est engoulée. On dit
aussi Botter.
Engoiirdélir « (Mj., By.), v. a. — Engourdir
par le froid. (Lue). — V. Gourd.
Et. — Hist. :
« La pensée ont vers Dieu si froide
« Qu'il sont engorddi et roide
« Plus que ne soit poil en fouache. »
(D. C.) — Sens primitif : obtus, inepte, sot. »
Icellui Boyn commença à desmenlir le suppliant
et l'appeller villain Gnrdin. » — D'où : En^ardeli,
enÊjourdeli, engourdi. (Id.). — Forme diminut.
du fr. — Pour la terminais. Cf. FAourdMir.
Hist. — « Dis, c... (latry, c. moisy, c. en-
gourdely. » (Rab., P., m, 28, 278.)
Engourdélissenient (Mj., By.), s. m. —
Engourdissement.
Engoiirmée (Mj), adj. q. — Dont le pis ou
le sein est gonflé, soit par un excès de lait,
soit par l'inflammation. Syn. de Enronflée.
Du fr. Gourme ; orig. inc. — Cf. Dégourmer.
Engoiitté, adj. q. — Qui a de la goutte. —
La légende de Saiat-Lubin. — A Thouarcé
on soutient que tous les curés de ce lieu
auront la goutte, tant que la statue de saint
Lubin ne sera pas remise en sa chapelle.
(MÉx.).
Engraineur (Lue), s. m. — L'homme qui
engage les herbes dans la machine à battre.
Et. — En -j- Grain. V. Engreneur. Su pp.
Engravé (Mj.), adj. q. — Animal dans le
sabot duquel une pierre s'est introduite. N.
On dit plutôt Egravé. Cf. Agravé.
Et. — De en -j- grav., rad. de : gravier. Le
même q. Grève. — Bas-bret. : grouan, sable ;
idmry, grou ; sanscr., gravan, pierre. (Ne pas
confondre avec Graver, faire des gravures, de
l'ail. Graben, creuser.)
Eugrf'Iure (Tlm.), s. f. — Entre-deux de
tulle dans une broderie.
Et. de Grêle ou Guérie, parce que cet ornement
rappelle le fond d'une guérie.
Engrener (Lg.), v. n. — Verser le grain
dans un tarare. C'est le mot fr. dans un sens
spécial.
Hist. : « Prince, combien qu'on ait envye
« D'engrener quand le moulin mouU,
« Pi force et puissance dévie,
« n ne faict pas ce tour qui veult. »
(J. Marot. — Eveillé.)
Engréver (s') — (Mj., By.), v. réf. — S'en-
graver, toucher sur un banc de sable, en par-
lant d'un bateau. V. Engraver. — De Grève;
C'est s'échouer.
Engriboter (Mj.), v. a. — Salir, souiller.
Ex. : J'ai les mains tout engribotées de pâte.
Syn. de Einpécasser, Engalipoter. — Cf. Gri-
baud, Gribot, tache d'encre.
Enguerguéter (Mj.), v. a. — V. Engouer.
Engorgeter, de Gorge. V. Gorgoton.
Enguerlucher (s') — (Vr., Chf.), v. réf.
S'embrasser. || En argot Greluchon estramant.
Enguernousir ° (Sp., Mj.). Rendre enceinte
une femme, et surtout une fille. S'emploie
par plaisanterie. Pour Engarnousir, de Garnir.
Syn. de Embarrasser. Enceinter. V. Abernote
au Suppl.
Engueulade (Mj.), s. f. — Engueulement,
prise de bec. || Semonce. Syn. de Abattage,
Savon, Suif, Poil. '
Engueuser (Segr.), v. a. — Se faire engueu-
ser, c'est faire une mauvaise affaire. (Mén.).
Et. — Un ex. du xV s. prouve que gueux a
signifié : cuisinier, et est une autre forme de :
queux. Ce mot a passé, par dénigrement, des
marmitons aux mendiants, aux mauvais sujets. —
Les Gueux de Hollande viennent p. ê. du holl.
Guit, coquin, indépendant du mot fr. — Schiller
les appelle cependant Die Geusen, ce qui appuie
fortement l'étymol. fr. (Litt.) Cf. Gueux, réchaud,
chaufTerette.
Enguiberdé. V. Aguibré.
Enguicher (Ag., Sal., Mj.), v. a. — Faire;
feutrer. Ainsi, en frottant dans l'eau les bas
de laine blanche surtout, les lavandières les
enguichent de telle sorte qu'ils se rétrécissent,
se durcissent et qu'il serait presque impos-
sible de les défaire. = Ex. : C'est de la laine
enguichée, a n'est pas aisé à charpir. — Syn.
de Aniatelasser. La laine d'un matelas très
emmêlée est enguichée. || S'enguicher, v. réf.
Se feutrer. |j S'engager dans un passage
étroit Syn. de [s'Enquenicher, s'Enquiller.
Enlionter (Fu.). — Se moquer de. Ex. :
'• Les gars ! enhnntez-\e donc ; il a pissé dans
sa culotte. » Syn. de Ahonter.
Enhuit' (anuite). — (Partout), adv. —
Aujourd'hui. || By. — On dit anhui ; mais on
dit : d'an/i/u'-t-en huit, en quinze. Demaishui,
sans t final.
Et. — Ce mot, l'un des plus couramment em-
ployés, est, selon moi, formé de la prépos. En
(prononcée com. dans les mots ■ Enivrer. Ennoblir,
Enorgueillir), et de l'adv. fr. Hui, avec le t final,
dont l'addition est dans le génie même du oatois
angevin. V. Deniaishu.it' . Tahal\ -'eut', etc. —
Le sens littéral est : dans ce jour, in hoc die. —
Peut-être pourrait-on rapprocher ce mot de la loc.
A matin, et y voir la prépo'-. A, reliée à l'adv.
Hui par un n euphonique. Cf. A n'ein. (R. O.)
Par curiiisit'', je cite les variantes suivantes.
« Enhui, cnhuy, ennuy, ennuict. ennuyt, annuit,
enuit, aenqui. ancui, encui, enquenuit, anquenuit,
encornuyt, encornuit, encorenuit. — Pour les
formes ayant un c . banc horam hodie. (L. C.)
Enjaqueter (Pell., By.), v. a. et n. — En-
goncer, gêner les mouvements du torse et des
bras. Ex. : C'est trop etvjaqueiant d'avoir ein
344
ENJAVELER
ENOMBRER
gros gilet broché. — En + jaquette. || V. réf.
(Bg.). S'habiller de vêtements qui engoncent.
Enjaveler (Mj., By.), v. a. — Réunir les
javelles en gerbes (et non : mettre le blé en
javelles).
Et. — Javel, monrcau, en vx fr.
Enjointure (Mj., By.), s. f. — Jointure'
articulation.
Enjoui, adj. q. — Enjoué. — Une étoffe
qui a de belles couleurs est enjouie, c.-à-d.
qu'elle réjouit les yeux. (Mé>'.).
Enjiisqiie (Sp., Mj.), prép. — Jusque. Ex. :
Je vas aller enjusqiik la cloie du champ. — .
N. Rare à Mj., très usité à Sp.
Eniaidezir ° (Lg.), v. a. et n. — Enlaidir.
En l'air (Tlm.), s. m. — • Prétexte. N. Ce
mot, qui s'emploie surtout au plur., a bien le
sens que je lui attribue, et non celui de :
propos en l'air. Syn. de Déconvenue, Déblâme.
Enlarme (Sal.). — Pour : Enarme. Bois
des carrelets. — || (Mj., Long.). — Branche de
saule arquée qui soutient un des coins du
carrelet. Pour armer un carrelet il faut donc
quatre enlamies, dont les extrémités sont
fixées dans les quatre trous de la Tête de
mort. Syn. de Remelle.
N. — « L'écu, c'est le bouclier chevaleresque.
Il peut couvrir un homme debout, depuis la tète
jusqu'aux pieds. Il est en bois cambré, couvert d'un
cuir plus ou moins orné et peint, le tout solide-
ment relié par une armature de bandes de métal
qu'on faisait concourir à son ornement. Il est muni
d'enarmes, ou d'anses, dans lesquelles le chevalier
passe le bras.
Ex. : — « L'Escu au col par les Enarmes tint. . .
« Ils s'enheurtent et de cors et de pis
« Que les Enarmes se font des poins saillir. »
(Ils s'entreheurtent et de corps et de poitrine
(à tel point) qu'ils se font sauter les enarmes des
poings.) — Ne pas croire, comme quelques-uns,
que « armes » ici veuille dire des « armes », c'est
le mot. lat armus qui veut dire : bras. C'est donc
bien la branche flexible que l'on ajoute au verveux,
et rappelant les anses dans lesquelles le chevalier
passait le bras. Littré n'a pas compris ce mot ;
il le rattache à « larme ». Enlarmer un filet ; faire
de grandes mailles à côté du filet avec de la
licelle. — Terme de pêche. Mettre de petites
branches le long d'un verveux. Etym. En et larme;
ces mailles étant semées comme des larmes. — Il
est vrai qu'il se corrige dans le supplément, mais
pour retomber dans une autre faute. Il l'ex-
plique par armes. Ce n'est pas : arma, armorum ;
c'est armus, armi. En angl. et en ail. : arm, bras.
Le Dict. génér. dit aussi que Enlarmes est une
altération popul. de Enarme, courroie pour passer
le bouclier au bras ; subst. verb. de Enarmer, du
lat. pop. Inarmare, passer à son bras : in, armus.
— On dit Enlarme dans Trévoux ; Branche flexible
oliée en cerceau que l'on ajoute au verveux. —
La Curne : Enarme ; anse, courroie par laquelle
on tenait l'écu ou bouclier.
L'escu par les enarme" prant. »
Enarm^ voulait dire : Qui a de fortes épaules.
Enlernes (Ec). — V. Ancreau, Enlarmes.
Enlcvé« (Mj.), .4. f. — = EnlèvÉtnient, rafle,
ucrnprtivitTifinl, i-(4t}uiHU.)oii. Kv. » U^ ont fjîlt
eine fameuse enlevée de jeunes gens. || Les
marchands de vin d'Angers en ont fait eine
enlevée du coûté de Thouarcé. — « Les Cho-
letais ont fait toute eine enlevée de foin. »
Enlever (Mj., By.), v. a. — Fig. Enlever le
cul à qqn, — le rosser, le rouer de coups. Syn.
Enlever le ballon. || V. réf. vh'enlever, —
s'éclaircir, devenir serein, en pari, du temps.
I! Se dissiper, en pari, d'un brouillard. i| Se
gonfler et déborder, par suite d'une trop vive
ébullition, com. fait le lait. !| S'emporter, se
mettre en colère. On dit proverbialement
d'un homme irascible : Il s'enlève comme eine
soupe au lait. |j Enlever \e temps, — l'éclaircir.
Ex. : Ceté vent-là va enlever le temps.
Enli<,'neuient (Mj., By.), s. m. — Aligne-
ment.
Enligner (Mj.), v. a. — Aligner. Viser.
Enlitrer (Lg.), v. a. — Faire perdre un litre
à un joueur. Ex. Te xeikenlitré, mon gars! —
dit-on au perdant — tu vas être l'ofTicier
payeur.
Ënlourdéier (Mj.), v. n. — S'alourdir, aug-
menter de poids. Ex. : Il a ben craissu et
enlourdéié. X. Vieille forme qui ne s'emploie
plus qu'en plaisantant.
Ënlourdir » (Mj., By.), v. a. — Alourdir. ||
V. n. — S'alourdir. — Cf. Enligner.
En'n'a. — Abréviation de Elle en a. —
En' n'a, du fait.
Enni (Lg.), s. m. — Ennui. Syn. de En-
nuyance.
Hist. :
« Uns petiz bien vaut mieux, si Diex me voie,
« Qu'on fait courtoisement,
« Que cent greignor fait ennieusement. »
(L. C. — N. E. — Greignor, plus grand.)
Ennier. (Lg. ) v. a. Ennuyer. Cf. Essuer,
Evier.
Ënnuit' (Lrm.), adv. — Aujourd'hui. V.
Enhuit.
Hist. — De Caxge cite Ennutigium,* Ignite-
gium, couvre-feu. extinction des feux ; — le soir,
noctanter. — Mais a le sens de : Aujourd'hui dans
des Lettres de rémission de 1390. — « Je reny
Dieu, se tu ne le comperras ennuit qulque part
que tu ailles. . . Colin Raoulliaus, oncle de Ba-
rigot, lui dit : Beau neveu, va t'en, tu es bien
taillié de faire ennuit une grant folie. » — A Lrm.
on fait aussi fortement sonner le t, — comme qui
dirait : aujourd'huite.
— « Ennuit la chose me plaira,
Et demain il m'en déplaira.
(Pierre Grixgore ou Gringoire. Le Jeu du
Prince des so/s et Mère sotte, joué aux Halles de
Paris, le mardi gras de l'an 151 L)
Ennujance (Mj. By.), s. f. — Ennui. Syn.
de Enni. Angl. Annoyance. Formé de En-
nuyant.
Et. — In, odio. On dit en provenç. mod. :
Mé vénes en odi ; tu m'ennuies- (Litt., Suppl.)
Enoit)I>rer («')■ v. V^h -"- ^c mettrp à
l'ombre, at> VonfArmer;
ÉNOULÉE — ENRAIE
345
Hist. — « Enumbrier, dans Saint Bernard,
répond au lat. Obumbrare. || « La fumée qui de
eulx et de leurs chevaulx yssoit, les enumbroit tel-
lement, qu'il sembloit qu'ib- fussent en une nuée.
(Perceforest, v, /p 17 6.) «=- « Ce mot se dit de J.-C.
quand il a pris la forme humaine dans le sein de la
Vierge : « Et de toutes rentes qui nous appartien-
droient... pour cause de iceUiy royaume de
Jherusalem, lesquelles seroient où notre Seigneur
enumbra en la glorieuse Vierge Marie. » (1383. —
L. C.) — « En une Vierge s'enombra. »
{IVoëls Angev., 1, 3.)
Énoulée (Bg., Au.), s. f. — Faire l'énoulée;
casser les noix pour en retirer l'amande et
faire l'huile. || Opération de l'épluchage des
noix.
N. — Pour cette circonstance, on invite les voi-
sins et amis à donner un coup de main, quitte à
leur rendre ensuite le même service, et le travail
se fait à la veillée et en nombreuse et joyeuse
compagnie,
cleare.
V. Guérouée, Enouler. Lat. Enu-
Énouler (Auv.), v. a. — Casser et éplucher
les noix destinées à la fabrication de l'huile.
Et. — Enucleare, ôter le noyau ; de e, hors de,
et nucleus. noyau. — Fr. 'Enucléer, extirper une
tumeur (Litt.)". — Hist. :
— « L'hiver vient-il ? les noix lors on énoule,
« Et l'huile étreinte hors de la presse coule. «
(Baif.)
En parlé, Locut. — Etre bien en parlé,
avoir la parole facile, et en abuser. Il est bien
en parlé. Se dit plutôt ironiquement.
N. — On devrait dire, en un seul mot : Emparlé.
Les exemples abondent. « Si emparlé et si sage
était en paroles, qu'il sembloit que ce fust ung
grant clere et un grant maistre. « (Chroniq. de
Saint- Denis.) — « Thelamon, qui étoit le plus em-
parlé, dist tout hault... » [Percef.) — « Femmes
trop emparlées. »
— « Donnez pour Dieu , soiez po eniparlée,
« A vo mari ferme et obéissant,
« Sobre, en tous cas, prude femme trovée. »
(E. Deschamps.)
— « Icellui Macé, qui estoit homme noiseux,
emparlé et moqueux. » (1453. — N. E.) — Et les
mots : Emparlerie, office d'avocat. — Émparleur,
traquet de moulin. — Emparlier, avocat. D. G.
Amparlarii et Prelocutor. — « Les advocats
estoient anciennement appeliez amperliers, qui
parloient pour les parties, sous tenoient et défen-
doient leurs droicts et causes, et lors, comme j'ay
observé en mon vieil praticien , les parties ne plai-
doient par procureurs, ainz parloient et plaidoicnt
leurs cau.ses par amparliers. » (Citations de L. C.)
"il pour (ParloUt), loc. adv. — En échange.
« Que (ju'tu m'donneras en pour? — En pour
de que?
Hist. — Vo troqué le séjor des ainges
Anpor quoi ?
(La Monnoye. Noëls Bourguignons.)
« Prisonnière là-bas, mais princesse là-haut.
« Elle changea son trosne empour un eschaffaut. »
Agr. d'Aubioné, Tragiff., t. IV, l. Il', p. 15.5.)
Eveillé. — Très usité au m. -âge ;
« Empor tei, filz, m'en estoie penaz. »
(C'est pour toi, mon fils, que je m'étais donné la
peine d'en prendre soin. — Vie de saint Alexis.)
Enquenklipr (Mj.), v. a. — ■ Engager, intro-
duiro Uuiiip q^. recoin ou dans un |)a88age
étroit. Pour Encanicher, pendant de Décani-
cher. Dér. de Canicher. Syn. de Enquiller,
Endrémer, Masser, Encrucher.
Enquenillc, Encanillé (Segr.). — Avoir le
nez embarrassé. (Méx.)
Enquenoillé (Segr.), adj. q. — Acculé dans
un coin ; se dit pour un animal.
Enquibrage (Mj.), s. m. — Mécanisme»
dispositif, combinaison de pièces, en mau-
vaise part. Il Bric à brac, encombrement. Ex.:
En velà d'ein enquibragge ! Cf. Aguibrée. Syn.
de Enchetribi, Machicatoire.
Enquiller (Lg., Sp., Mj.), v. a. — Enfiler,
engager, introduire, insérer. — Syn. de En-
quenicher, Endrémer, Masser.
Et. — « Dans l'argot : Cacher entre ses jambes.
Ou : entrer, m. à m. jouer des quilles dans. »
Enquinequiner (Mj., Lme.), v. a. — En-
nuyer, embêter, agacer. V. Enquiqainer. —
N. Cette forme, qui est la vraie, est employée
au Mesnil et à Mj. par beaucoup de personnes.
Syn. de Bassiner, Canuler. \\ Se moquer de,
dédaigner.
Enqiiintcher (Segr.), v. a. — Mettre les
gerbes par cinq, l'épi en haut, et dont la cin-
quième recouvre le tout, l'épi en bas. Rac.
Quinque. — Dans les Manges, mettre les
gerbes en quintuaux; on a 40, 50 quintuaux
de blé. (Méx.)
Enquiquiner (Mj., By.), v. a. — Ennuyer,
agacer. Ex. : Tais-toi, tu nous enquiqaines. ||
Se moquer de. Ex. : Et pis, s'il n'est pas
content, je Venqaiquine. V. Enquinequiner,
forme vraie.
Et. — Màm. : Maculer, souiller. Forme redou-
blée du vx mot Inquiner, lat. Inquinare (le lat.
vient lui-même de In, cœnum, boue ; et cœnum
du V. Cunio, aller à la selle.) — Syn. de Enrousiner,
Emmieller, Bassiner, Enrhumer, Emniarder, En-
zuter. — GrriLtEMAUT propose le vx mot fr.
Quine, grimace, d'où quiner, faire mauvaise mine.
La Fontaine a créé le v. Enquinauder, que n'ad-
met point l'Académie. Le mot popul. Enqui-
quiner a été formé avec redoublement, comme dans
ces termes enfantins : Bébête, Pépère. — Je pré-
fère la première explication.
Enrager (Tlm., Sp.), fig. v. n. — Quitter
son service avant le terme convenu, en par-
lant d'un domestique de ferme. 1| Mj. By. —
Enrager sa vie, — se dépiter. [| Fermenter
tumultueusement en parlant du vin nouveau.
Il Etre tourmenté d'un violent désir. Ex. :
Velà des poules qui enragent de chier: a n'ont
renjdans le ventre !
Et. — Au premier sens, serait-ce pour Enrayer î
Retenir les roues en barrant les rai-; avec un bâton ;
s'arrêter ? — Ou Enriager, s'arrêter au milieu du
riage.
Enraie. En ré. En rez (By.). — J'ai cru
comprendre que cette expression signifiait :
en moyenne. \'endre son blé en raie, à tel
prix, l'un dans l'autre. \". Raie.
N. -" Cependant : — > n Au mot Enfailer. —
Remplir péfideesui Iob bordS) ajoutar à un« mi*
346
EXRAILLER — ENROSSER
sure déjà pleine ce que l'on peut y faire tenir de
denrées sèches. <.- Enfaîter un boisseau d'avoine,
de pommes, de noix, etc. » Certaines denrées ne
s'cnfaîtent pas, telles que le blé, l'orge, on les
radure, avec la radoire ; d'où : Radurer, rader,
niveler le blé dans le boisseau. — Rez, mesure
qcque remplie. — Raire, de Radere, au ras, au
niveau i(JAUB.). — Vendre c raie, serait-ce user
de ce procédé ? (Non. R. O.) — Comme la raie est
aussi le sillon, serait-ce vendre Je blé encore dans
le sillon, sur pied, avant la moisson ?
Eorâiller (Q., Do., Sar., By., Zig. 134), v.
a. — Enrhumer. Ex. : J'sé ben moins enrâillée.
— Raille, enrouement. Syn. et doub. de En-
rouâiller.
Et. — « Etoffe éraillée, dont les fils s'écartent-
Etym. incert. Littef propose : es -(- rallum. râcloir,
ce qui conviendrait bien à notre sens. S'Erâiller,
c'est faire des efforts violents, se racler la gorge,
pour en faire sortir les mucosités. — 'Brailler,
pouf Esraailler, ancient Esroeiller ; e -|- roeiller,
proprement rouler en dehors. L'a. f. se rattache
au lat. rotare. rouler, par l'intermédiaire du lat.
pop. Rotelliare, devenu Rodeillier, roeiller. Des
yeux éraillés, dont le bord est retourné. — Dété-
riorer, en écartant les fils, les mailles ; — la voix,
en raclant, en qq. sorte le gosier, n (Daem.)
Enrâteler (Tlm.), v. a. — Engager entre les
dents d"un râteau, par demi- portées, les fils
de chaîne d'une pièce de toile, pour la mon-
ter sur le métier. — En + râteau.
Enrayer (Mj., Lg., By., Sal., My., Craon,
Sar.), V. n. et a. — Commencer un travail.
Ex. : J'ai enrayé eine paire de chausses. —
J'avons enrayé en huit à battre dans l'aire. H
Commencer sa journée. Mal enrayer, c'est :
mal commencer (Z. 141.) -^ \\ En sep-
tembre on enraye les labours. A douze mois
les quenaux enrayent à courre (c. à marcher).
Saint-Paul. \\ Faire un demi labour, les deux
premières raies ; les dernières se font plus
tard. (DoTT.) — || V. réf. — 8' enrayer à, —
commencer à, se mettre à.
Ce mot a un sens tout opposé, celui de :
finir, terminer, arrêter. (Lue.) 1" Commencer,
comme la charrue qui fait une raie, un rayon ;
2» plus rarement, s'arrêter. En voici l'expli-
cation.
Et. — ScHELKK distingue très bien : 1'"-' Enrayer,
retenir les roues en barrant les rai'-- (radius)." Cf.
Désenrayer : — 2» Tracer le premier sillon dans un
champ qu'on veut labourer ; de roie, raie (lat.
Rigal entre deux sillons, puis • sillon. Cf. Rigole. .
Enrechir " (Mj., By.), v. a. et n. — Enrichir.
Ex. : N'y a ren de pus suffisant qu'ein gueux
enrech i.
Enrênement (.\g.), s. m. — Action de
mettre les rênes.
Hist. — « Claude s'entendit appeler par M. Lof-
ficial, qui était allé présider lui-même à Venrè-
nemeiit du cheval. " (R. Bazin. La Sarcelle bleue,
l: 235.)
Enrenifler (Lg.), v. a. — Enchifrener. Syn.
de Enchifarner, Enibournifler, Embournicler.
Enrotoiirner (s") (^Ij., By., Lg.), v. réf. —
S'en retourner, s'en aller. Éx. : Je me se enre-
tourné comme j'étais venu ; '-^ A s'est enre-
tournée dès dans le soir. — Syn. de se Ren-
tourner.
Enrevenir (s') — (Mj., By.), v. réf. — S'en
revenir. Ex. : Il ne s'est point enrevenu qu'à
matin, que le lendemain. Cf. s'Enretourner,
en Envouloir, etc. || Pour vous enrevenir à
mon histoire, dit-on après avoir été inter-
rompu. Il Revenir de. Ex. : 11 s'est enrevenu
de la foire d'Ingrandes avec eine belle taure.
I Absolument : Revenir à son état normal.
Ex. : Les vignes ont ieu ein petit de mal,
mais s'il faisait queuques jours de beau temps,
ça s'enreveindrait ben. i| Se ramollir. Ex. : Le
pain est dur, mais n'y a qu'à le mettre dans
la cave, il a' ( nreveindra ben. X. Les cuisiniers
font s enrevenir un morceau de viande, des
légumes sur le feu.
Enrevers (à 1'), loc. adv. — V. Virer.
Enrheunier (By.), v. n. — S'enrhumer.
Et. — I^at. rheuma ; grec, id. — xirp s. reume.
Le patois est donc conforme à l'étymol.
Enrhumer (Mj.), v. a. — Fig. Ennuyer,
agacer, embêter. Euphémisme fréquent pour :
Emmerder, Emmieller, Emmardcr, Enqui-
quiner, Enrousiner. || V. n. — S'enrhumer.
Enriagé, ée (Sp.), adj. q. — Qui est en
retard. Prend un complément avec de. Ex. :
Je se enriagé de dormir.
Et. — Du préf. En, et du pat. Riage. Enriagé
signifie m. à m. : Oui est dans le riage, alors qu'il
devrait être au bout.
Enrière (Z. 127. Sal.), adv. — Au contraire.
II Lg. — Mais, d'un autre côté. Ex. : A ne
serait pas trop laide, enrière aile est point
fine. Syn. et d. de Arrière.
Enrioché (Tlm.), adj. q. — Rieur, enjoué.
Et. — Dér. de Riochcr. \\ Sal. — Parti à rire.
Enrocher (Mj., Lg., My., By.), v. a. —
Enterrer, inhumer. Ne se dit que des animaux.
Quand il se dit d'un|homme, c'est par mépris.
C'est mettre dans un trou un cadavre. De
Roche. Syn. de Encabrer.
Hi^t. — « Qui, en enrochant un porc mort de
peste. . . » (1708. — Inv. Arck., E, n. p. 251, c. 1.)
Enronf/ée (Lg.), part. pas. — Dont le pis
ou le sein est gonfié, soit par excès de lait,
soit par inflammation. Syn. de Engounnée.
Enronf/er (Lg.), v. n. — Etre atteinte
d'une inflammation, d'une induration de la j
mamelle ou du sein. Se dit d'une vache, d'une
femme, etc.
Et. Pour : Enrenfler, dér. du fr. Enfler, Renfler.
Cf. Déronfler.
Enronf/ure (Lg.), s. f. — Inflammation,
engorgement, induration de la mamelle chez,
une femelle qui nourrit. — De Enronfler.
Enrosser (Mj.), v. a. — Munir d'une mau-
vaise bête ou d'une méchante femme. Ex. =
Il a pris eine fille riche, mais n'empêche qu'il
s'est ben fait enrosser. — Du fr. Rosse. Litté-
ralement, munir d'une rosse. Cf. Embâtcr.
Syn. de Embiroquer (By., id.).
ENROTER — EXT
347
Enroter (Lg.), v. n. — Etre atteint d'échauf-
fement et d'agacement par suite d'abus des
fourrages secs, en pari, d'une bête bovine.
Une bête enrôlée rouge (ronge) le bois, le linge
qu'elle peut saisir, elle est constipée et mai-
grit. V. Déroterau Folk-Lore. XIV. || Devenir
anémique, en parlant du bétail. N. Un bœuf
enroté marche en titubant comme un homme
ivre.
Enrouâiiler (Mj., Lg., By.), v. a. — Enrouer
V. Rouâille. Cf. Enrâillé.
Et. — En -|- raucus, rauque.
Enrouser (Sp.), v. a. — Arroser. Syn. de
Arrouser.
Ënrousiner (Bg., Mj., By.), v. a. — En-
nuyer, agacer, embêter. Syn. de Enquiqui-
ner, Enrhumer, Bassiner. « Tais-toi, tu nous
enrousines. » \\ Se moquer de : Et pis, s'i n'est
pas content, je Venrousine.
Et. — Engluer comme par de la poix, de la
résine, de la rousine. — Autre explication : Piquer
avec des ronces, enrossiner. de Runciaï : « Lequel
Hue fery ledit Jehan de la pointe de son espée
en la joue, jusques à bien petit effusion de sang,
ainsi comme s'il se fut enrossiné d'une ronce
tant seulement. » (1403. D. C.) — On trouve,
au même sens : Enronciner. — Troisième sens :
Enrosiné, couvert de rosine, dimin. de rosée.
(D-- A. Bos.)
Enruuzouc (Li., Br.), s. m. — Arrosoir.
Eii$al)!)a(é, ée (Sp., Lg.), , part, passé. —
Endiablé, po.ssédé, ensorcelé. — Cf. Ensour-
celer ; qqs-uns disent : Ensavaler. Syn. de
Endtvé et du suivant :
Ensalbâné, ée (Mj.), adj. q. — Cor:\ de
Ensahhalé. Syn. de Empicoré, Endévé.
Ensalboiner (Sal.), v. a. — Ensorceler pour
de bon. Cf. Ensourdiganer. V. Ensavaler.
Ensaqueter (Mj', By.), v. a. — Ensacher.
Cf. Epuceter, etc.
Et. — Dér. du fr. Sac, par l'intermédiaire d'un
V. inusité Ensaquer, doubl. du fr. Ensacher. Cf.
Saqunler, Saquetée, Saqueton.
Ensauver (s') — (Lué,^By., Mj.), v. réf. —
Se sauver, s'enfuir. Ex. : S'il veut me battre,
je m'ensauverai. V. s^Enrelourner.
Ensavater (Lg.), v. a. — V. Ensabhaler.
Corrupt. |)roduite par une confusion du radie,
avec I3 fr. Savate. Syn. de Ensourccler,
Encameloter, Ensalboiner, Ensourdiganer.
ERseigner (Mj., By.), v. a. — Prescrire. Ex.:
Le mégeilleur a enseigné de illi faire ein
pâteau d'harbes fortes et de illi mettre sus le
pé (pis). — B. L. In, signare.
Eiisemblénient (Te). — Ensemble.
Ensemencé (Mj., By.), s. m. — Guérels
ensemencés, emblavure ; récolte qui y croît.
Ex. : Velà ein temps qui va faire grand bien
aux ensemencés. — Ces gelées-là, ça fait ben
du mal aux ensemencés.
X. S'emploie surtout au plur. — Syn. de
Emhiaisons, Emblayures.
Enserronner (By.). — V. Serran.
Ensommeillé (Sar.), adj. q. — Endoi'mi.
Ensoucier (s') — (Lg., By.), v. réf. — Se
soucier. Ex. : Je ne m'en ensoucie poit. Cf.
s^Enrelourner, s'Enaller, s' Ensauver.
Ensouï (Chm.), adj. q. — Un lapin tiré de
très près et criblé de grains de plomb est
ensouï. — • N. Du franc. Souil, pat. Soue. Un
lapin ensouï est un lapin tiré dans son souil,
dans son gîte.
Ensouïller (Mj.), v. a. — Bourrer, faire
entrer de la laine ou de la plume dans l'enve-
loppe d'un matelas, d'une couette, d'un oreil-
ler. — Souille. Il Ailleurs : Ensouiller.
Ensouïllure (Z. 145, M.j, By.), s. f. — Enve-
loppe d'une couette, d'un oreiller.
Et. — Hist : « Entoyer, couvrir d'une toile. »
« Un treillis nuef à entoyer un lit. » (L. C. — N. E.)
— Enveloppe d'un matelas, taie d'oreiller. De
touaille, ou touaillai. C'étaient des nappes, des
serviettes, de la toile. — D. C. Toacula :
« Quand tu auras tes mains lavées
« Et à la toaille essuiées. »
Nappes d'autel, linges servant pour la célé-
bration de la messe : « Très tuellas, unam ster-
nendam super altare, aliam sub libro, tertiam ad
tegendas manus. " (de Montes.) — N. — Je ne
saurais admettre que Ensouïller soit le même que
Entoyer ou Entouailler, nique Souille = Touaille.
— Souille a essentiellement le sens d'enveloppe,
tandis que Touaille, du germanique : twahan,
laver, a le sens d'essuie-mains. Les citations ne
sont pas du tout concluantes. Je m'en tiens à
Sepeliculum = Souille. (R. O.) — Dont acte.
(A. V.)
Ensosirceler (Mj.), v. a. — En.sorceler.
V. Sourcier. Sj^n. de Ensabhaler, Ensavaler,
Encameloler. P.-ê. aussi sous l'influence du
mot Source ; les sorciers prétendaient pou-
voir les découvrir. V. le suivant.
Ensourdijjaner (Sal.), v. a. — Ensorceler,
mais moins fort que Ensalboiner. « Je se
ensourdigané, ren ne me réussit. «
N. — Ce mot vient évidemment de Sourdigue,
pour Sourdille. Ainsi Ensourdiganer c'est le fait du
simple sourcier, de celui qui ne sait que faire
tourner la baguette de coudrier pour découvrir les
sourdilles, et n'a à ses ordres que des petits diablo-
tins de rien du tout : tandis qu'au vrai sorcier,
qui va faire le sabbat avec le chœur des puissances
infernales et est familier avec Belzébuth et Asta-
roth. il appartient d'ensahhater, é' ensavater, (ï en-
salboiner ou ensalhâncrhèies et gens (R. O.)
Ensuairer (Mj.), v. a. — Mettre dans son
suaire, un mort ; l'ensevelir.
Et. — Sudarium, rendu par Suaire, d'après
Suer. (Dies irœ : Sudarium et vestes.)
Ensumencer (Lg.), v. a. — Ensemencer.
\. Su mer, Sumence.
Ent (By.) Terminaison de la troisième per-
sonne plur. — Les anciens devaient la prononcer.
Ils disent encore : S'i' n'en voulant, qu' i' n'en
mangegeant donc. — Eh ! ben, qu'i viennegeant,
s'i pouvant. — J'venant — ou vennegeant (indic.)
d'arriver. — I fésiant ben. — Eh ! ben, qu'i fég'
géant donc (qu'ils fassent donc). || Encore dans
tout le Choletais, mais pas àMj. ent devient tantôt
ant, tantôt ont.
348
EXTABLER — ENTIAR
Eotabler (Lm., Mj., By.), v. n. — Jouer la
première carte. N'a pas tout à fait le même
sens que Etablir. — C'est poser la carte sur
la table.
Entaille (d') — (My.), loc. adv. — Avec
ordre. — En -f taille, d'après la taille.
Entarder (Lg.), v. a. — Attarder. Cf. Enli-
gner.
Entenâiller (s') — (Mj., Sp., Lg., Sa.,
Tlm.), V. pron. — Saisir et maintenir solide-
ment un morceau de fer avec des tenailles.
Langue des forgerons. Ex. : Le plus difTicile
pour un apprenti, c'est de ?,' entenâiller.
Entend (s') — (Partout). — Locut. ellipt.
souvent employée en manière de parenthèse
et qui signifie : ou plutôt, c'est-à-dire. On
dit aussi : Qui s' entend. Sert pour se reprendre,
quand on s'est trompé : « Je l'ai vendu dix
pistoles..., dix pistoles et un écu, qui s'en-
tend. » — « C'est le gars, s'entend, qu'avait
fait ça. »
Entendement (Mj., By.), s. m. — Entente,
accord, conciliation. Ex. : N'y a point d'en-
tendement avec li, avec ieux, avec du monde
comme ça.
Hist. — « En ce premier article, Messieurs les
Réformateurs commencent leur traité par la dé-
claration et rntendement des Justices... du pays
d'Anjou. ). (Coust. d'Anj., t. n, col. 3.)
Entende-vous? (Mj.) v. interr. — Enten-
dez-vous? Cf. Voye-vous? Sa-vous?, etc.
Entendoire ( — douère) — (By. Mj.), s. f. —
Entendement, intelligence. Ne se dit qu'en
plaisantant. Ex. : V n'a pas Ventendoire facile.
Cf. Comprenoire. || Mj. — Ouïe.
Hist. — « J'ay assez belle entendouoire, voire. »
(Rab-, p., IV, 17, 405.)
Entendre (Mj., By.), v. a. — Entendre
haut, dur, — avoir l'oreille dure. || Ne pas
entendre de cette oreille-là, — ne pas l'en-
tendre ainsi, refuser de consentir. || N'en-
tendre ni à hue, ni à dia, — ne tenir aucun
compte des observations, ne pas entendre
raison. |! y entends két' — je ne comprends
pas. Loc. importée par les bretons ; két est la
négation.
Entendu (Partout), part. pas. — Compris,
admis. Ex. : Convenu et entendu : trente-
six fesses font dix-huit culs. Prov. |I Comme
de ben entendu, — cela va sans dire, bien
entendu (Mj., By.).
Enter' (Mj., Sp., Lg., By.), prép. Pour :
entre. liLoc. : Enter deux : «La trouves-tu ben
belle? — Enter' deux. — Ni jolie, ni laide.
N. — Voir l'observât, à Tre. C'est Tinter du
lat., que le fr. a gardé dans Interdire, interposer.
On dit : Enter prendre, entercouper, entermis, l'e
nul.
Enter (Long.), v. a. — Refaire un ])ied à
un bas usé. Syn. de Renier. \\ Enter ine porte,
— rallonger une porte.
Enterboiiêcher (Mj., Lg.), v. a. — Entre-
lacer, "ncliovdt.-prj emmêler. Dér* de Ter*
bouécher. Syn. de Encroiser. — L'e, de enter,
presque nul, ainsi que dans les mots suivants.
Enterbourder (s') — (Sa.), v. réf. S'arrêter
de temps à autre de travailler, se reposer par
intervalles. — \'. Bourder.
Enterbûcher (s'), Entr'bûcher (s') — (Ti.,
Zig. 153), V. récipr. Se battre, se rosser.
Enterdorniir (s') — (Lg.), v. pron. S'endor-
mir à demi. Syn. de %Entr endormir.
Enterniaigré (Mj.), adj. q. — Entrelardé,
ni maigre, ni gras. Entre, maigre (entre-gras).
Enterniangé (Mj.), adj. q. — Variable,
incertain, changeant. Ne se dit que du temps
qu'il fait.
Entermis e (Mj., Lg., Sal.), adj. q. — Qui
agit avec décision, d'un air délibéré ; déluré,
remuant, actif, pétulant. Corr. du fr. Entre-
mis, qui sait s'entremettre. — Cf. Qui a de
l'entregent.
Enter nèrge (Lg.). V. Enterniage. Syn. et d.
de Enterniar. Dér. de Nerge.
Enterniage (Mj.), adj. q. — Livide, violacé,
Ne se dit que de la peau bleuie parle froid ou
par un coup. Ex. : Ah ! que t'as grand fret !
T'en es tout enterniage ! — Syn. de Enter-
nèrge.
Enterniar (Mj.), adj. q. — V. Enterniage.
Enterrer (Mj., Lrm.), v. a. — Fig. Enivrer
complètement qqn en buvant au défi avec lui.
Entèrtenir (s') — (Mj., By.),v . pron. S'en-
tretenir. V. s'Entretiendre. Forme vieillie. ||
Se tenir l'un l'autre, ne pas aller tout seul.
Ex. : Ça va ben s'entertenir pour qu'il s'en
retire dans sa farme.
Enterver (Sp.), v. a. — Comprendre, saisir,
s'expliquer. Corr. du v. fr. Entrevoir. Cf.
l'angl. Interview. || Entendre.
Hist. — Cité par L. C. qui l'explique par :
regarder, considérer, suivi d'un point d'interro-
gation ? — Enterveux, dans Villox, p. 105, et,
en marge, Entreveux : (Jargon, 17.)
« Si grupez estes des carieux,
« Rebignez-moi tost ces enterveux. »'
— Cependant Bouchet, dans ses Sérées, avait
dit : Entrever, c'est entendre et M. A. I^oxgxox, dans
sa belle édition des œuvres complètes de Vello:^
(Lemerre, 1891), l'explique ainsi.
Enterviolet, ette (Sp.), adj. q. — Violacé.
Syn. de Enterniage. De entre (à demi) et
violet. Syn. de Violeté.
Entêtas (Sa.), s. m. — Bout d'un sillon. En
4- tête, ji Le faîte, le sommet d'un billon ou
d'une planche de terre.
Entêter (Partout), v. a. — Donner des
maux de tête. Ex. : Ceté bouquet-là, ça
m'entête. Cf. Atêter.
Ent'eurgarder (s') — (Ti., Zig. 153), v.
récipr. — Se regarder l'un l'autre.
Ëntiar, ère (Mj., By.), adj. q. — Entier. <\
Fig. -« à demi abruti, un p@u butor. I! Nor.<
ENTIARÊMENT — EXTREMIS
349
chalant, apathique, sans ressort, sans initia-
tive.
Entiarément. (Mj., By.) adv. Entièrement.
N. On dit ordinairement : Tout entiaré-
ment.
Entonic (Mj., Lg.), s. f. — Entamure, en-
taille, coupure, incision. Dér. de Entamer.
Et. — Lat. Attaminare, mettre la main sur
qqch. — Cf. Contaminer (Litt.). — Intaminare,
proprement souiller, par ext, : atteindre dans son
intégrité. (Darm.) — Ménage : « Le verbe grec
qui signifie couper, prend un o à l'une de ses
formes, entomein. Et Maître Fr. Rabelais (qui
savait le grec) a visé sans doute à cette étymo-
logie, lorsqu'il a fait le nom de Frère Jean des
Entommeures, au lieu de Des Entamures. —
ScHELER : In-taminare, pour at-taminare, rad.
tamen, — tagmen (rac. tag, tang, toucher). —
Il Tout cela n'est pas concluant ; nous écartons le
grec, au moins directement. Souiller ne peut
amener le sens de couper.
Entomer. (Mj., Lg., Lrm, Sal.) v. a. En-
tamer.
Et. — « Ce mot dérive du grec En, tomoç. Il
est donc plus voisin de sa racine que le doublet
fr., lequel n'en est qu'une corruption. (R. O.) —
Je n'admets ces sources grecques que faute de
mieux. (A. V.) V. Entome.
Hist. — « Mais vistes-vous oncques chien ren-
contrant quelque os medullare ? Si veu l'avez,
vous avez pu noter de quelle dévotion il le guette...,
de quelle prudence il Ventomme. » (Ra^b., G.' Prol.) —
« Rien du blanc sacrosainct barbouillé ne fut...,
ne cntomné. » (Rab., P., iv, 52.) — « Fit un son tel
que font les châtaignes jettées en la braze sans
e.stre eniommées lorsque s'esclatent. » (Rab., P.,
IV, 56, 483.)
Entomure(Mj., Sar.), s. f. — L'entame d'un
pain, d'un fruit, etc. Voir Entome, Entamer.
Hist. — « Va , ladre vert, respondit Frère Jean,
à tous les millions de diables, qui te puissent ana-
tomiser la cervelle et en faire des entommeures. »
(Rab., p., IV., 66, 472.) — Prend un ou deux m ;
le patois n'en fait sonner qu'un.
Entors, se (Mj., By.), adj. q. — Toidu,
démis. Ce mot est hors d'usage, sauf dans la
loc. : Avoir la pirre entarse et le jabot de tra-
vers. — Se dit en pari, de qqn. qui se plaint,
à tort, d'un mal imaginaire. Ici, entorse est
mis pour : torse, tordue. La pirre, c'est le
poumon.
Et. — Part. pas. du vx v. Entordre.
Hist. :
« Dont l'heur d'.Vngiers semble manchot,
« Les droits entors et indispos. »
(G. C. Bûcher, 285, 257.)
Entorté (Segr.), adj. q. — Pour Entortillé.
Qqf. Entourtié (Mén.).
Et. — De l'a. v. Entordre ; tordre serré et non
régulièrement.
Entortiller (Mj., By.), v. a. — Circonvenir
qqn., le mettre dedans, le duper.
Entoiirner, v. a. — Couvrir un objet en
tournant autour. — Cf. Contourner. (Mén.)
Et. — Dér. de Entour, d'après la forme primi-
tive Entorn.
Entournure (Mj.), s. f. — Dans les anciens
bateaux à peautre, échancrure demi-circu-
laire pratiquée sur le bord supérieur de l'ar-
rière du bateau et qui recevait le billard de
peautre, auquel elle servait de coussinet. —
N. C'est le mot fr. en un sens spécial.
Entraînasse, ée (Mj.), adj. q. — Languis-
sant, atteint d'une maladie de langueur. Dér,
de Traînasser. Syn. de Malageux, Mala-
geaux.
Entr'aparcevoir (Mj., By.), v. a. — Aper-
cevoir d'une manière peu distincte. Ex. :
J'ai cru V entr' aparcevair comme aile échap-
pait.
Et. — Composé du v. Apercevoir, écrit comme
il se prononce dans le patois, avec la prép. Entre,
qui, en composit., a le sens de : à demi.
Entre (Prononc. Entre ou entére). — Pré-
pos.
N. — A Saint-Paul, et c'est là une des carac-
téristiques du patois de la localité et des environs,
cette prépos. s'emploie devant la plupart des pron.
pers., auxquels elle s'unit inséparablement lors-
qu'ils sont pris com. complément d'une préposi-
tion. Ainsi on ne manquera jamais de dire ;
Avec entre eux, chez entre nous, auprès d'entre vous
et même : entre entre eux. — N. — On retrouve cet
emploi, mais p. ê. moins général dans la plus grande
partie des Mauges et jusqu'à la Pommeraye, mais
non à Montjean.
Hist. — « Mais soudain je m'advise de mes
lardons, et les jettois au milieu d'entre eux. (Rab.,
P., rr, 14, 151.) — « Je vous les exposerais selon
la relation d'entre eux-mêmes. » (Rab.. P., n,
20, 169.) — « Et ainsi qu'il fut au droit d'entre
eux, il luy demanda. . . » (R., P., u, 9, 134.)
Entr'attendre (s') — (Mj., By.), v. réf. —
S'attendre l'un l'autre. Cf. s' Entr' envoyer, etc.
Entrechamper (Sar.), v. a. — Placer alter-
nativement divers objets les uns à côté des
autres. Cf. Enterbouêcher.
Entrée! (pron. entreci ou enterci) — (Mj.,
Sp.), prép. — D'ici à, sous. Ex. : J'érons vous
voir entreci huit jours, — d'ici à huit jours,
sous, dans les huit jours.
Entre-cuisse, s. m. — Partie sèche qui
sépaio la partie charnue de la noix. (Mén.).
Cf. Cuisse.
Entredens (Lg.), s. m. — Goison qui
sépare deux stalles ou boxes dans une étable.
N. — Dans chaque stalle on met une couple de
bœufs, les deux parsonniers ou parageaux.
Entreflus (Lg.), s. m. — Morceau de viande
de bouchei'ie constitué par les muscles du
diaphragme. On en fait des biftecks. Les bou-
chers nomment aussi ce morceau : Rampe.
Entrejeter (s') — (Mj., Bk.), v. récip. —
Se jeter l'un à l'autre. S'entrejeter le chat aux
jambes. V. Chat. On dit aussi : se jeter...
Entremis (Mj., Tlm., Lg.), adj. q. — Décidé,
touche à tout ; qui se mêle de tout, ardélion.
Syn. de Emballe. || Débrouillard. V. Entermis.
Et. — Du fr. s'Entremettre, pris au sens de :
Se mêler de tout, se fourrer partout.
350
ENTR' ENDORMIR — ENVERRURE
Entr'endormir '^ (s') — (Mj.), v. réf. • — S'en-
dormir à moitié, s'assoupir. Syn. de s'Enter-
dormir.
Entr'engueuler (s') — (Mj., By.), v. réci-
proque. Se jeter réciproquement à la tête des
grossièretés et des injures.
EDtr'envouloir (s') — (Mj., By.), v. réci-
proq. — S'en vouloir réciproquement. — V.
Envouloir.
Entr'envojer (s") — (Mj., By.), v. récipr. —
S'envoyer l'un l'autre. Ex. : Le monde s'en-
tr' envoi/aient voir ça.
Ëntrepas, s. m. — A demi-pas, à petits pas.
Et. — L'intervalle entre les deux pas : l'amble.
Hist. — K Eh ! oui. je vais tout Venlrepas. «
Entrepoiircliasser (s'), Ent'pourchasser (s')
— (Ti., Zig. 173), V. récipr. — Se pourchasser
l'un l'autre.
Entreprendre (Mj., By.), v. a. — Entre-
prendre qqn., lui intenter un procès ; assi-
gner en justice de paix. « J'vas l'entreprendre.
Il Essayer de guérir qqn.. Ex. : Le médecin
n'a pas voulu V entreprendre. »
Hist — « M. le Prieur de Lasse a gagné un gros
procès contre M. d'Oysonville, son frère et sa
sœur, et qqs habitants qui l'avoient voulu entre-
prendre pour de prétendues réparations. » (1739.
— Inv., Arch., S. E., m, 238, 1. h.)
Entrer, v. — On dit à l'impérat. : Enter -
don (ent'r). — (Ec).
Entretiendre (s') — (^Ij.), v. réf. — Se
tenir l'un l'autre, dépendre l'un de l'autre. ||
Présenter des difficultés. Ex. : Ça s'entretient
ben pour vivre avec çà. De Tiendre.
Entrevire (Lg.), s. f. — La masse des intes-
tins d'un bœuf, dans la lang. des bouchers.
V. Sagourne.
Entribarder (Mj., Sal.), v. a. — Mettre un
tribard. \\ Entraver. || Embarrasser, d'une
manière qcque, les jambes d'un homme ou
d'une bête. || V. réf. S'embarrasser les jambes
dans qq. obstacle. V. Tribard. || (Lg.). Entri-
berder. i| Cf. Entriinarder.
Entriboicher (Ag.), v. a. — Entremêler.
P. ex., dans un breack les personnes qui se
font \is-Si-\\s entriboichent, entrecroisent leurs
genoux. Rapprocher Tête-bêche. V. Terboicher.
Ëntriniarder (Sal.), v. a. — Empêcher, —
mettre dans un triniard. Cf. Entribarder.
Entrînassé (Mj.), adj. q. — Entraînasse.
Péjorat. de Entraîner.
Entrîner (Mj.), v. a. — Entraîner. Cf.
Triner, Giner.
Entr'ôvrir " (Mj.), v' a. — Entr'ouvrir. Cf.
Ovrir.
Entrure (Mj., By.), s. f. — Se dit dans :
Entrure du soc, — profondeur à laquelle
pénètre le soc. On la règle au moyen de la
jauge. Syn. de Goule.
Entures (Li., Br., By.), s. f. — Greffons de
poirier, de pommier.
Et. — Du lat. pop. Emputa, plur. neutre,
devenu fém. sing., qui est le grec Emphyton,
planté dans, devenu Empte, Ente.
Enturlupiner (Mj., By.), v. a. — Taquiner,
agacer, ennuyer. || Se moquer de. Syn. de
Enquiquiner. V. Turlupiner.
Enturlute (Mj.), s. f. — S'emploie dans la
loc. : Avoir Venturlute, n'avoir que des cartes
de même espèce au jeu de mouche. Ex. : Ah !
dame, de ceté fois, j'ai eine belle enturlute.
Et. — LiTTRÉ donne le mot Lanturelu, ou Lan-
turlu. refrain de chanson et jeu de la bête. Le pat.
Enturlute est probablement le même mot, et, bien
qu'il ne désigne jamais un refrain de chanson, il
paraît dériv. de Turluter et Turlntutu.
Ëniitile (Mj., By.), adj. q. — Inutile.
Et. — Doubl. du mot fr. — Pour la forme
cf. le fr. Ennemi (du lat. Inimicus), que, par paren-
thèse, il serait plus logique d'écrire 'Enemi.
Ënutilement (Mj.), adv. — Inutilement.
EnveiUoclier (Sa., By.), v. a. — Disposer en
veillés, du foin, en meules. — De Veilloche.
Et. — Enveilloter. — Rassembler le foin coupé
et le mettre en petits tas. En veillote, non expli-
qué. (LiTT.)
Envêler (s') — (Sp.), v. réf. — S'envoiler,
se gauchir. || Lg. — S'enveler, e muet. - Syn.
de s'Envoler.
Et. — Se courber, se gauchir, en parL du fer,
de l'acier, lorsqu'on les trempe. Les limes s'en-
voilent qqf.à la trempe. En -j- voile, par compar.
à la courbure d'une voile que gonfle le vent.
Envelimer (Mj.), v. a. — Envenimer|| v. n. —
S'envenimer. De Velin. Syn. et d. de Enveri-
mer.
Et. — In, venenum. Au xn^ s. Velin, pour
venin. Hist. — « Survint une appostume ou bosse
audit GefTroy, laquele il fit fendre et flamer à un
barbier qui se envelima telement qu'il n'en pot estre
guéri. » — Au fig. Irrité (contre). — L. C.
« Alexandre, qui tant feist de hemée,
« Qui voulut veoir l'estoille poucinière,
« Sa personne par moy fut envlimée.
(Villon. Ballade au nom de la Fortune.)
Envener (By.), v. a. — Faire, lacer le voin.
Envenir ° (s') — (By.). « Vous envienne-
vous de chez vous? — Vous envenez-vous. ||
Mj. — A s'est envenue comme-t-alle a pu.
Enverimer (Lg., Tlm.), v. n. — S'enveni-
mer. — Doubl. du mot fr. et de Envelimer.
Envéroueille (Mj.), s. f. — Orvet; — le
sourd, c'est la salamandre. — Syn. de Nielle.
Syn. et d. de Envrain, Envrun, Envrogne,
Envrougne.
Et. — Dér. de Envrouiller, parce qu'on trouve
ordinairement l'animal enroulé sur lui-même en
spirale. — « Envoyé. Un des noms vulg. du ser-
pent qu'on nomme aussi : orvet et aveugle (Anguis
fragilis.) Litt.
Enverrer (Sa.), v. a. — Vitrer. Ex. : Ils ont
fait enverrer leur fenêtre. — De Verre.
Enverrure (Li., Br.), s. f. — Verrue.
Et. — Lat. verruca . Syn. de Verrure. Pour le
préfixe. Cf. Enderse.
ENVERS — ENVROUILLER
351
Envers prép. (prononc. envars). — (Mj.).
— En comparaison, de. Ex. : Il est ben fort,
mais c'est ren envers son frère. 1 — Ceti-là n'est
pas char envers l'autre. || Envars se dit peu.
N. — Le picard dit : A m' n'envers, à mon égard.
Le fr. dirait : A mon endroit.
Enveurg/er (Lg.), v. a. v. a. — Enrouler,
enlacer. Syn. et d. de Envrouiller. Dér. de
Veurgler.
En veux-tu, en voilà. — Grande quantité.
Y a des poumes, c't'année, en veux-tu, en
voilà. (By., etc.).
Enviant (Mj.), adj. veb. — Enviable, dési-
rable, capable de tenter, alléchant.
Envie (Mj., By.), s. f. — Souvent m. —
Avoir Venvie bon ; avoir grand envie. || Avoir
eine envie bleue, eine envie rouge, — avoir un
très grand désir. || Absolument. Avoir l'envie
bon, — avoir envie de bien faire, se montrer
travailleur et actif, en pari, d'un jeune gar-
çon. Il Cf. Une peur bleue.
Et. — Individia ; in, videre, fixer les yeux sur,
com. fait l'envieux. — Hist. « Georgette avait eu
une envie rouge d'être carrément malhonnête
pour couper court à ses assiduités. « (C. Leroux-
Cesbron. Maître Lardent, p. 73, /. 12.)
Envieuse (Lg.), adj. q. — Se dit d'une
femme grosse qui a des envies.
Envieuzir " (Mj.), v. a. et n. — Devenir
vieux ; en vieillir. Cf. Vieusir. Lat. Vetustare.
Enviouv, ouse (Mj., Lg.), adj. q. — En-
vieux. Il Désireux. Syn. de Ambitionne iix.
Environ (Lpm., Segr., By., Lue), prép. —
Autour de, alentour de. Ex. : Il est toujours
environ ielle. — Ne sournège donc pas tout le
temps environ moi. (Segr.) — « Comme je
sais faire un peu de cuisine, les vendangeurs
voulaient me charger des repas, mais j'aimais
mieux être environ (m'occuper de) mes busses.
Et. — Hist. — L'Acad. ne l'admet pas comme
préposit., mais ce mot a été employé en ce sens
par de trop bons auteurs pour qu'on le rejette. De
En, viron (de virer, autour).
«... C'est à dire environ le temps
« Que tout aime dans la nature. »
(La Font., iv, 22. — Litt.)
— « S'esveilloit donc Gargantua environ quatre
heures du matin. » (Rab., G'., i, 23, 45.) — .< En
l'année 1664, environ le milieu de décembre, parut
au ciel une commète. » (1664. — /ne. Arch., E, ii,
p. 194, col. 1.) — « Le testament que fit Hardouin
Brehier, le 28 juillet 1501, le codicille du 28 jan-
vier 1506, où il parle de sa sœur Anne, qui « a pris,
dit-il, grande peine environ moy pendant ma ma-
ladie », sont conservés à la Bibliothèque d'Angers
(m.ss. 635, n» 105.) — Note aux (Euvres de G.
C. Bûcher, p. 23.
Environnoir. — Morceau de linge servant
à envelopper le corps de l'enfant nouveau-né
V. Testron.
Envoierai, Envoyerai (Mj., By.). — Fut. du
V. Envoyer.
Envoler (s') — (Mj.), v. réf. — S'envoiler,
se gauchir. Syn. et d. des' ^wcéier, s'Enveler. \\
By. — S'anvoiler. C'est le franc, mal écrit.
Envouloir (Mj., By.), v. n. — Avoir de la
rancune, de la haine. S'emploie avec en. Ex. :
Il m'en enveut ben ; ils nous en envoûtent tout
plein.
Envoyer (]\Ij., By.), v. a. — Envoyer aux
prennes, — e. promener. || E. dinguer, au
pétard, chier, chier au Mail, à l'épluche, —
même sens. || Lancer, décocher, un bon mot,
un lazzi, une saillie ; un air, un couplet, une
romance. — C'est ben envoyé. Fut. J'envoie-
rai.
Et. — In, via. — Hist. — « Luy disant, si elle
en avait un fils, qu'elle luy envoyeroit. » (Brant.,
D. G., VI, 300, 32.) — « Et les envoyerons joyeux
à leurs domiciles. » (Rab., G., i, 29.) — « Fut
conclud en baralipton que l'on envoiroit le plus
vieux et le plus suffisant de la faculté théologale
vers Gargantua. » (R., G., i, 17, 36.)
— « Trop et trop tost la Parque
« T'envoira prisonnier
« Dedans l'avare barque
« Du vieillard nautonnier. »
(J. DU Bellay. A Salmon Macrin, p. 95.)
— c( £'nroî/ra jusqu'au ciel le bruit de ton renom.
(Id. — Sur la mort de Sylvia Mirandola, 194.)
— « Très volontiers et girofles et roses
« Je Venvoi/rais. . . (G. C. Bûcher, 88, 132.)
— « Je Venvoijrai flamme si chaleureuse. »
(Id., 45, 168.)
Envrain (By.), s. m. — Orvet, reptile inof-
fensif. — Cf. Le Sourd, ou sourd-gars, qua-
terpée ou salamandre. V. Envrun.
Et. — Je vois dans ce mot une corr. de Envrimer,
qui envrime. Car une croyance popul. présente ces
êtres comme très dangereux, bien à tort :
« Si un envrain voyait
« Si un sourd-gars entendait,
« La fin du monde viendrait. »
Voir un article intéressant dans Larousse,
tome XIV, p. 100.
Envrimé (Z. 130), part. pas. — Envenimé.
Serait mieux écrit Enverimé. || By. — On dit
plutôt Envelimé, deVelin (e nul). Un velin,
c'est une vipère. Du Velin, pour : du poison,
du venin, — et même bobo à l'état d'inllam-
mation aiguë.
Bnvrogne (Sp.), s. f. — Orvet. V. En-
vroug,np, Envéroueille. Syn. de Nielle, Anvain.
N. — Il est clair que ces trois vocables sont des
doublets très voisins et, en somme, un seul et
même mot. J'avais pensé que la vraie forme était :
Envéroueille, que je dérivais de Envrouiller,
Vrouiller. Cette opinion, assez plausible, vu les
mœurs de l'Orvet, me paraît maintenant discu-
table. La forme primitive pourrait bien être
Envrogne, et dér. du breton Amprehon, qui dé-
signe je ne sais quel reptile ou insecte, et qui
semble avoir donné, outre notre mot patois, le fr.
lamproie. R. O. || Ce n'est pas l'avis de Littré.
Envrou<!ne (Sp.), s. f. — Orvet. V. En-
vrogne. Envéroueille.
Envrouille (Lrm.), s. f. — Couleuvre.
Envrouiller (Mj., By.), v. a. — Entortiller.
Et. — A rattacher au" lat. Inverticulare, de
Invertere, et non à Veruculum. — Hist. (Leurs
grandes cornes, trois fois) envertouiado. (Mireille.)
— V. Vrouiller, Veurgler.
352
ENVRUN — ÉPAULE
Ënvrun (Pell.), s. m. — Orvet. Syn. de
Enveroueille, Envrougne, et doubl. de ce der-
nier, ainsi que de Anvain, Envrogne, Envrain.
Enzuter (Mj.), v. a. — Ennuyer, agacer,
impatienter. Ex. : Il Tii'enzule, avec ses contes.
(I Dédaigner complètement. Ex. : Le patron,
on Venzute. Syn. de Emmarder, Emmieller,
Enquiquiner. De zut.
Épaffer (Mj.), v. a. — EpoufTer, essouffler.
Épais (Partout), adj. q. — Nombreux, en
grande quantité. Y en a pas épais. Il n'y en a
pas beaucoup. || — (Mj.). Couvert, nuageux,
en parlant du temps, jl Sale, encrassé, en par-
lant d'un verre à boire, d'un verre de lampe.
Il Chargée, en parlant de la langue. || s. f. —
Epaisseur.
Et. — Lat. spissus. — Hist. « Nul ne peut faire
construire latrines ou chambres aisées en son hé-
ritage près l'héritage de son voisin, si non qu'il y
ait entre deux un mur de deux pieds et demi d'épois,
à chaux et à sable. » {Coût. d'Anj, Art. 516, p. 366.)
Épaiss r (s') — (Mj.), v. réf. — Se couvrir,
devenir nuageux en parlant du temps.
Ëpâmer (s') — (Lg.), v. réf. — Se pâmer,
s'évanouir. — Conforme à l'étymol.
Et. — Lat. pop * Pasmare, pour Spasmare,
proprement : Avoir un spasme.
Ëpampler (By.), v. a. — Enlever les
pampres de la vigne. Lat. Pampinus.
Éparée (Mj., Sal.), s. f. — Eclaircie, em-
bellie. Syn. de Eclarzie. — V. Eparer. \\ 2° By.
— Ensemble d'objets étendus à terre. Syn. de
Egaillée, Epirâillée.
Et. — De : épartir ? e, partiri, partager.
Éparer (Lue, Sal., By., My., Mj.), v. a. —
Etendre du linge pour qu'il sèche. Syn. de
Egailler. || Ti., Zig. 151. — ^''éparer, v. réf.
— S'étaler à terre, tomber tout de son long. ||
Achever de chauffer au rouge blanc, un four.
Il Débarrasser, désencombrer, découvrir. Ex. :
Ça t'a ben éparé la figure de te faire couper les
cheveux. 1| V. réf. — Se découvrir, s'éclaircir,
devenir serein, en pari, du ciel. Ex. : Velà le
temps qui s'épare. — Geté petit vent-là va
ben éparer le temps. Syn. de Eviâiller et de
Effarer. \\ Sp., v. n. — Faire des éclairs. Ex. :
Il épare dans la galarne, j'allons avoir de
l'orage. V. Eclarer.
Et. — Epartir, devenu de la première conju-
gaison ? — De E, et du vx fr. partir, partager.
— Hist. :
« Car c'est lui qui répand la neige à pleines mains ;
« Comme flocons de laine il l'oblige à descendre ;
« La bruine à son choix s'épari sur les humains,
« Comme s'épartimit la cendre.
(Corneille, Psaumes.)
— (( Car, comme le blanc exteriorement dis-
grege et espart la veue. » (Rab., G., I, 10,24.) —
« Je voy le ciel du cous té de la Transmontane qui
commence à s'esparer. » (R. P., iv, 22, 396.)
« Sont tes vertuz qu'il espart et desmontre
« Jusques aux desers pour les faire produyre. »
(G. C. Bûcher, 160, p. 177.)
Épargnant (Mj., Lg.), adj. verb. Qui
s'épargne, que l'on mange par petites bou-
chées, en parlant d'un mets. Cf. DonnanU
allant, etc. Ex. : La moutarde, c'est ben épar-
gnant.
Et. — LiTTRÉ donne un sens différent. — De
l'ail, sparen, ou du lat. parcere ?
Épargne (à F) — (Mj., By.), loc adv. —
Parcimonieusement. Aller à l'épargne, —
faire le moins de frais possible.
Épars, Épart (Z. 118, Sp., Lg., Sal., By.),
s. m. — Eclair. V. Eparer. \\ Eg. — Au mo-
ment d'un coup de vent, on dirait un oragan,
mais non : N'y a ren que des orages épars de
coûté et d'autre. — Expliquerait ce mot au
sens de éclairs.
Et. — « Epars, se dit de petits éclairs qui ne
sont pas suivis de coups de tonnerre. A. fr. Espars,
éclair ; espadre, éclairer, mot qui coïncide pour la
forme avec Espardre, disperser (spargere), l'es-
pars étant ainsi dit de la dispersion de la lumière
dans le ciel. — xni« s. (Litt.). — Epart, subst.
verb. de Epartir, au sens intransit, de : faire des
éclairs, proprement : se fendre, en parlant du ciel.
(Darm.). — Hist. — « En celle partie ou l'ost
(l'armée) le roi Clothaires estoit logiés, ne venta
point, ne ni chaï yaue, ne nuz signes d'espart. ne
de tonnoire. » D'où le v. Espartir. « Le suppliant
veant grant et horrible horage de temps..., en
plouvant, greslant, tonnant, ventant et espar-
tissant telement que à peine ne povoit homme
cognoistre l'autre. » (L. C.) — Eparnir, nuir,
éclairer. (Jaub.^ Agi. Spar := rayon; Spark =
étincelle.
J:_jÉparvier (Mj., By.), s. m. — Epervier. Syn.
de Esparvier, Rifflet, Riclet.
QEt. — Aha, Sparvari, epervier ; ail. Sperber .
goth. Sparva, moineau ; ail. Sperling ; angl;
Sparrow, les noms d'animaux permutant souvent
de l'un à l'autre. — Hist. — « Gerfaux, autours,
sacres, laniers, faucons, esparviers, esmerillons. «
(Rab., g., I. 55, 102.) — « Sus le poing mignonne-
ment engantelé portoient chascune ou un espar-
i'ier ou un laneret. >> (Ibid., 57, 105.)
Ëpastrouiller (Mj., Fy.), v. a. — Epater,
étonner.
Épate (Mj., By.), s. f. — Pose, embarras,
forfanterie, piaffe. S'emploie dans la loc.
Faire de Vépate, — poser, chercher à épater.
Syn. de Empatte, Flafla.
Et. — Faire tomber sur les quatre pattes, et,
fig. étonner, déconcerter. Cf. Tomber à la renverse
(Litt.). — Epater, chercher à ébahir qqn par qqch.
de renversant.
^pateur (Mj., By.), s. m. — Poseur, piaffeur,
forfante : celui qui cherche à épater. Syn. de
Estrabroufjeur, Empalteur.
Épaucantée (Segr.), s. f. — Se dit d'une
femme aux allures masculines (Méx.).
Épaule (Mj., By.), s. f. — Avoir les mains
comme des épaules de mouton, — c.-à-d.
larges et fortes. || Fig. Faire la forte épaule,
— f. le gros dos, comme qqn qui s'attend à
recevoir des coups, ou qui éprouve un senti-
Jment d'effroi en voyant une personne sur le
point de faire une chute ou d'être victime
Id'un accident qcque.
\ Et. — Lat. spalhula, omoplate, dim. de spatha,
ÉPAVE — ÉPICOTOIR
353
spatule, ainsi dite à cause de la forme large de cet
os. Ane. forme : Espalde.
Épave (Mj.), s. f. — Ne s'emploie que dans
la loc. adv. D'épave, — isolément, seul de sa
société, de sa bande, débandé. Ex. : Y a ein
bœuf qui s'en va d'épave sus la route.
Et. — B. L. Espavus, espava ; du lat. expavidus»
effrayé, écarté par la peur (parce que ce mot s'est
dit d'abord des bêtes effrayées et égarées). Ex +
Pavidus (LiTT.). = « Ce mot a donné à aucuns
chrétiens de facile créance de s'adresser par prière
à saint Antoine de Padoue. . . pour recouvrer les
choses égarées : parce que, en ancien langage ita-
lien, on appelait Pava ce qu'on appelle aujour-
d'hui Padoua : en laquelle ville repose et est gran-
dement vénéré le corps de saint Antoine, dit de
Padoue, ou de Pade, que d'ancienneté on appelait
saint Antoine de Pave. » (Coquille. Institutions
au Droit français. Chap. Des Droits de justice en
commun. — Ménage.) — « h'espave étant un
bien errant et égaré. . . Ce n'est pas le Seigneur qui
prend et trouve des bêtes égarées ou autre espave
dans son territoire. » (Coût, du Poitou, u, p. 390-1,
art. 303.)
Épée, s. f. — Couteau en bois ou en buis
servant aux tisseurs pour serrer les fils de
tissage. || Plante, Scandix pecten. (Bat.).
Et. — Spatha est le nom d'une longue épée chez
les Gaulois et, par hasard, conforme avec le lat.
spatha, outil de tisserand (Litt.).
Ëpéguiller (Mj.), v. a. — Manipuler, manier
délicatement du bout des doigts.
Et. — Pour Epoguiller, dér. de Poguilles ; et
Pégililler.
^peicre, s. m. — Oiseau, Epeiche.
N. — « Les paysans de l'Anjou disent épeicre (au
lieu de épeiche). Oiseau qui gravit par les arbres
comme un pivert, dont il est une espèce. De Spicare
piquer. (Ménage). — « Espec, lat. Apiaster ; il
mange les abeilles (L. C).
Épéier (Lg.), v. n. — Epier, monter en épis.
Syn. de Dégorger. On dit aussi en ce sens :
L'épi sort de la botte.
Ëpeigner (Mj), v. a. — Casser une douelle
au jable, en briser le peigne. Syn. et doubl. de
Epéner.
Ëpeignoir (Tlm.), s. m. — Couteau dont le
tisserand se sert pour couper ses bouts do fds.
Dér. de Peigne. Cf. Epelloir.
Épelle (Lg., Tlm.), s. f. — Petite bobine
chargée du fil de trame, que le tisserand met
dans sa navette. Cf. l'Angl. Spindle, fuseau,
broche de fdaturc.
Épelieter. — Mol communiqué sans expli-
cation. V. Epelloir?
Êpelioir, Épéloir (Cho.), s. m. — Couteau
dont les tisserands se servent pour couper
leurs fils. Prononc. Epéloué. Cf. Ëpeignoir.
Et. — Peut se dériver de Epelle, mais tient peut-
être plutôt au français Peler. L'épéloir sert, en
effet, à rogner les bouts de fils qui forment comme
\me toison, une pelure, sur la toile, après le tissage.
Ëpelouner (Lg.), v. a. — Débarrasser de
son enveloppe épineuse, une châtaigne. Syn,
de Egobler. Dér. de Pelon.
Épeneiilé (Lg.), adj. q. — Dépenaillé, dé-
guenillé, loqueteux. — Syn. de Peneilloux,
Penailloux, Pendillé, Guenilloux, Gueneilloux.
Dér. de Peneille.
Ëpéoer (Sp.), v. a. — S'emploie dans la loc:
Epéner un fût, en casser les jables. N. Ne
s'emploie que dans ce sens particulier. —
Doubl. et syn. de Ëpeigner.
Ëpenillé (Ag., By.), adj. q. — Y. Epeneiilé.
Il est tout épenillé, — ses vèteii^ats sont en
loques, effrangés. Cf. Dépenillé. V. Epeniller.
Ëpeniller (Segr., By.), v. a. — Défaire de
la laine tricotée (Mén.) — et Dépeniller (Po.).
Effiler un vieux tissu de laine avant de l'écar-
der (de la carder) pour la refiler ; d'où Epe-
nillé et Dépenillé, — se dit du bas d'un vête-
ment usé et frangé. Celui qui le porte est
dépenaillé. \\ Sal. — Disperser en petites par-
ties, — mettre en pénilles (guenilles).
N. — « Epeniller le fumier. Le diviser avec des
fourches, souvent même avec les mains, pour le
répandre d'une manière plus égale sur toutes les
parties d'un champ. — De Pénilles (mauvaises
bardes, guenilles ; — d'où épenadlé). Jaub.
Ëpenter (Segr.). — Même sens qu'à la note
de Epeniller (Mén.).
Ëperaillée (à 1') — loc. adv. (Sp.). Çà et là.
— C'est Epirâillée.
Ëpergne (Lg., By.), s. f. — Epargne. || Aller
à Vépergne, — épargner. || A Vépergne, —
parcimonieusement. Ex. : Il panse à Vépergne,
les bœufs n'en ont pas leux souc.
Épergner (Lg., By.), v. a. et n. — Epar-
gner.
Ëperon, s. m. — Tige adjacente à une tige
de ronces destinée à faire des harts. (Mén.).
Et. — Aha. sporo, sporon ; a. mod. Sporn.
Épéyer (Lg., By.), v. n. — Epier, monter
en épis. Lat. spica, épi.
Ëpiaii (Auv.), s. m. — Tête ou cœur de
chou commun. Dimin. du fr. Epi, par ext.
V. Epéyer, Epier. Syn. de Bichote. — Berry :
Epiot, Epijot, — petit épi qui se développe
mal. 1! C'est le piochon.
Épiaiiler (Mj., By.), v. a. — Echarder ;
enlever la peau, pat. pieau. i| Z. 146. — Un
cheval épiaulé, écorché. Cf. Epiauter. Syn.
Effondrer, Ebroquiner.
Épiautcr (Jum., By.), v. a. — Dépouiller
un lapin, lui enlever la pieau.
Ëpibociier (s') (Br., Sar., By.), v. réf. —
S'écorcher. As-tu bentôt fini de t'épibocher
les doigts? de te les écorcher. |! Se dit aussi de
la figure, et surtout des envies, des craits. On
dit encore Pibocher. V. Epigrogner (Sar.).
Il P.-ê. pour Epibécher, s'éplucher avec le
bec (Sar.) se dit des poules.
N. — Epigocher, — irriter (un bouton, avec les
ongles) ; s'épigocher, se taquiner. (Dott.). — By.
Ëpieotoir (Cré.), s. m. — Crible pour passer
23
354
ÉPIGRAILLER — ÉPINOCHES
le grain, les épicots ou épigots. V. Epigot.
(Méx.).
Bpicrailler (s') — (Z. 145, By.), v. réf. —
Crier d'une voix, d'un ton perçant ; s'écrier.
Syn. de s'Epicrasser, s'Equerzéler, s' Eterzéler,
s' Ebicaner.
Ëpicrasser (s') — (Mj.), v. réf. — S'écrier.
Syn. de s'Ebicaner, s' Equerzéler, s^ Ebrâiller,
s'Eterzéler, s'Ecogâiller. Dér. de Picrasser,
Picras. \\ Sal. — Crier de voix de tête.
Épi d'eau. Potamogeton natans (Mén.,
Bat.).
Épié (Mj.), part. pas. — Verrure épiée, —
crevassée, dont l'aspect rappelle celui d'un
épi de blé.
Épier, Épéier (Lg.), v. a. — Détacher à la
main les brindilles garnies de feuilles de cer-
tains arbres, surtout du frêne ou du chêne,
pour les faire manger aux bestiaux. Syn. de
Groger, Eruffer, Erusser. — Du fr. Epi ; de là
Epiot ; Epiau, cœur du chou cassé à la main.
N. — Epier n'est pas tout à fait le syn. exact des
deux derniers mots. On épie ou épeye le chêne ou
le frêne, en cassant les menues ramilles ; on éruffe
l'ormeau en passant la main le long des branches
pour arracher les feuilles. Dans les deux cas on
fait du brout. Le Mj. Groger correspond à la fois à
Epier et à Erufjer. — || By. — On dit : Erusser,
surtout en parlant des umeaux (ormeaux), pour en
faire manger les feuilles aux bêtes. On dit : Efïeiller
pour : arracher les feuilles inutiles. Serrer les choux,
c'est les effeiller pour avoir de la pansion. De cette
façon les choux sont Effouillés, — débarrassés de
leurs basses feuilles.
Ëpiétant (Mj.), part. prés, de Epiéter, adj.
verb. — Avantageux, qui se fait ou peut se
faire vite, en pari, d'un travail. Syn. de
Avangeant. \\ Qui va vite en besogne, en par-
lant des personnes. Syn. de Avantageux.
Épiète (Mj.), s. f. — Faculté de travailler
vite, d'être avantageux, adroit et actif à la
besogne. Ex. : Il a de Vépiète. V. Epiéter.
Épiéter ' (Mj., Lg.). Devrait s'écrire Epié-
ter (pi mouillé) ; V. n. — Avancer, aller vite
en besogne. Syn. de Açanger. Doublet du
franc. Exploiter. — Cf. Jaub. à Epiéter. ||
Sal. — Aller vite. — C'est ëpiétant, — facile.
— Ménière dit que Epiéter veut dire à Cholet
supporter avec patience, tandis qu'à Segré
c'est le sens de Mj., — Quelques-uns y ont vu
un dérivé de Pied. Cf. Piétiner (comme forme,
non comme sens), Empiéter.
Épiéter ^ (Lg.), v. a. — Enlever avec un
balai la couche de balles, deglumes détachées
qui recouvre le grain, après le battage au
rouleau. Dér. de Epi. Syn. et doubl. de Epio-
ter.
Épieur, s. m. — || M. X, épieur à Beaupréau
{Le Petit Courrier, 25 janvier 1904). Semble
vouloir dire : Ouvrier en toile ; mais quel
rôle ? Cf. E pelle, Epelloir.
Épigoclier, v. a. — Prendre malpropre-
ment du beurre, par exemple. (Mén.). V. Epi-
bocher.
Ëpigotis (Segr.), s. m. — Déchet du bat-
tage d'orge, d'avoine, etc. (Mén.). V. Epi-
gots. — Spica.
Épigots (Segr.), s. m. — Enveloppe du fro-
ment, du blé. On écrit aussi Epigaut. (Mén.).
N. — Epigeaux. Epis qui échappent k l'action du
battage et qu'on retrouve ensuite dans la paille
sortie de l'aire ou de la machine à battre. (Favke.)
Épigrogner V. Epibocher, même sens (Sar.).
Ëpiliorgné, ée (Mj.), adj. q. — Eclopé,
blessé de qq. manière. Syn. de Ehaupionné,
Ehatnpé, Ecorné. V. Champi. Corr. de Ebi-
gorné, littéralement : qui a les deux cornes
cassées.
Épiloguer, v. n. — Donner un tas de mau-
vaises raisons comme excuses. — As-tu ben-
tout fini d' épiloguer ?
Et. — De 2 mots grecs ; petit discours récité par
l'auteur à la fin de la pièce. — P. ext. Trouver à
redire sur ce que qqn fait ou dit :
— « Et pourquoi, s'il vous plaît,
« Lui bailler un savant qui sans cesse épilogue f »
(Mol. F. S. v, 3.)
Mot très savant emprunté par le peuple.
Épine, s. f. (Sp., Mj.). Fig. — Mauvaise
épine, — ennemi acharné; créancier fâcheux,
homme dangereux dont il faut se défier. |1
ii/^tne blanche, aubépine. V. £'èaf/pm. || Epine
noire, — prunellier. 1| Epine du dos, — épine
dorsale. Syn. de Râteau de l'échiné.
N. — Certaines piqûres d'épines sont fort diffi-
ciles à guérir ; aussi, dans nos campagnes, on croit
qu'il y a des mauvaises épines, des épines veli-
meuses, sans acception de plante. Cette nocivité
particulière est attribuée à la présence d'un reptile,
d'un velin qui aurait élu domicile au pied de la
souche.
Épine-nère, s. f. — Epine rioire. Vulg.
prunier sauvage.
Épiner (Mj., Lg.), v. a. — Garnir d'épines.
Ex. : J'ai épine la rotte pour que le monde n'y
passent point. || Ménière donne un sens tout
opposé : enlever les épines.
Hist. — « Car il est un peu chatouilleux, et à
peine y toucheriez-vous sans vous espiner. (Rab.,
P., IV, 11, 376.)
Épingles (Lg.), s. f. pi. — Gratification,
pourboire que l'on donne aux valets de ferme
ou aux toucheurs à l'occasion d'une vente de
bestiaux. Syn. de Aiguillettes. — Se pro-
nonce qqf. Epingues.
Épinglette (Sp.), s. f. — Fig. — Tache de
graisse qu'on a laissée tomber par mégarde
sur ses vêtements. V. Colas.
Épinoclies (By.). s. f. — Epines d'aubé-
pine montées pour la pêche de l'anguille au
printemps. Voir : Champeaux, Cordeaux,
Virecou, Perrons, Branles, Achées.
N. — Voici comment on se sert de l'épinoche. On
attache le cordeau au coude de l'épine, en le remon-
tant du côté de la pointe de celle-ci. Puis on intro-
duit le ver, coupé à cet effet, sur le bois, d'abord,
puis sur l'épine et la corde. L'anguille avale le tout
et, en se sentant piquée et résistant, s'accroche de
ËPIOC — ÉPOUTELIR
355
plus en plus. On ne se sert de l'épinoche que pour
les petites anguilles; les grosses casseraient l'épi
noche au coude et se dégageraient. On tend au fond
de l'eau, surtout pendant les crues, les lignes dor-
mantes ainsi préparées (Mj.). — Syn. de Cordée.
Il Tendre des épinoches, — aller en titubant. Pro-
bablement par allusion au pêcheur qui ne les tend
pas en lignes très droites. Syn. de Faire des portes
à chambranle, des paraphes.
Épioc, Ëpioque (Ag.), s. m. ou f. ; adj. q.
— Qui n'a aucun mérite à faire ce qu'il fait.
Ex. — On parle d'une femme très économe,
et l'on vante en elle cette qualité. — « Ah !
oui, vous réplique-t-on, aile est épioque ;
quand aile a bu, a n'a plus soif. » — Elle ne
peut pas faire autrement, soit que les moyens
lui manquent, soit que, comme je le croirais
plutôt, quand elle est satisfaite, elle s'arrête.
J'ai recueilli moi-même ce mot, dans les meilleures
conditions d'authenticité. A. V. — « Je comprends
cette expression autrement. Sens laudatif, — et je
l'écris : Et pi hoc, — et puis voilà, et puis c'est ça.
Parlant de cette femme économe, on dira : De ce
fait-là, vois-tu, c'est une femme et pi hoc, — je ne
te dis que ça. On l'emploie aussi en plaisantant. —
Eh ! ben oui, c'est un homme et pi hoc ; quand il a
bu, il a pus soef. — J'veux ben, c'est eine femme et
pi hoc, — après ielle y a pus qu'à tirer la corde, ou
l'échalle.
Épiot (Mj.), s. m. — Nom collectif par
lequel on entend tous les épis détachés qui
restent sur l'aire après le battage, et lorsque
les pailles sont levées. || Lg. — Petit épi mal
développé.
Ëpioter (Mj.), v. n. — Enlever V épiot de
l'airée. — Syn. et doub. de Epiéter.
Épirâillée (Mj.), s. f. — Eparpillement.
Syn. de Pagalée. V. Epirâiller. \\ Sal. — Dé-
sordre d'objets jetés à terre. Syn. de Eparée,
Epirâiller , v. a. — Eparpiller. Syn. de
Efenâiller, Egailler, Egâsiller, Egâpiller.
Et. — Ce mot peut avoir pour racine le pat.
Piron au sens de javelle. Il signifierait proprement :
Défaire les pirons. On peut aussi y voir une corr.
du fr. Eparpiller ; mais le contraire est peut-être
plutôt vrai.
Épistolier vieux mot angevin. Secrétaire ?
Hist. = « Deux épistoliers... » Etat du clergé
de la cathédrale. (Anj. hist., 6« an., n» 6, p. 576.
Abbé Rangeard.)
ÉpZer (Lg.), v. a. — Elaguer. Syn. de Egler,
Elouetter, Eguerter.)
Et. — Je considère que ce mot est pour Epeler,
composé du fr. Peler, légèrement détourné de son
sens. Subséquemment l'e radical est tombé et l'on
a mouillé l'I (on pron. épier), que l'on mouille même
lorsqu'on est obligé de rétablir l'e devant une
muette finale. C'est ainsi que l'on conjugue :
J'épeille, t'épeilles, il épeille, j'épions, vous épiez,
ils épeillent. Toutefois c'est p.-ê. le même que
Epier ou Epéyer.
Épluche (Mj.), s. f. — Ne s'emploie que
dans la loc. : Envoyer à V épluche, — envoyer
promener. V. Mail, Pétard. — Orig. incert.
Épluchée (Mj., By.), s. f. — Epluchage,
action d'éplucher, ce que l'on épluche,' quan-
tité d'objets épluchés. |i Fig. Destruction.
Ex. : C'en a fait eine épluchée de monde, ceté
maladie-là ! |] Volée de coups, rossée. Ex. :
Ils te illi ont foutu eine épluchée ! — Syn. de
Dégelée, Roustée, Laudée, Pleumée. By.,
Zig. 183
Épluchures (Mj.), s. f. pi. — Dans la loc. —
« C'est ce que gnia de bon dans les épluchures/ »
En parlant d'un vaurien. Cf. Dans le royaume
des aveugles un borgne est roi.
Ëpogassé adj. q. (Ag.). — Qui n'est point
réveillé. Syn. de Endôvré.
Épondoire'(Mj.), s. f. — Sorte de trident ou
croc à trois dents recourbées, qui sert à retirer
la litière souillée de déjections de sous les
pieds des bestiaux et à arranger les fumiers.
V. Fombréier.
Et. — P.-ê. pour Epandoire, parce que l'instru-
ment sert parfois à épandre les fumiers dans les
champs. — Le vx fr. a Epoindre, piquer.
Ëpopondre, s. m. — Perclus (Pour : hypo-
condriaque) ; paralytique. || Infirme ; niala-
droit ; imbécile, sot, brutal. — On dit encore :
Ipopondre, Epopontre. « I va comme ein épo-
pontre. » Syn. et doubl. de Impopompe, Impo-
pondre.
Et. — De deux mots grecs, sous les cartilages des
côtes, siège supposé de l'hypocondrie.
Ëpoulailler (Segr., By.), v. a. — Renvoyer
la poulaille, les poules, de l'endroit où il y a
du grain. (Mén.). Syn. de Pergaler.
Et. — Pulla, f. de pullus, petit d'un animal, et
poule a dû désigner primitivement une jeune poule,
avant de supplanter Gcline, au sens de : femelle du
coq.
Ëpoumonnage (Nt., Vh., The, By.), s. m.
— Façon donnée à la vigne.
Et. — Ce nom lui viendrait-il de ce qu'elle est
très dure, fatigante ?
Épounionaire (Dr., Cho.), s. f. — Pulmo-
naire. Syn. de Cocou-bleu.
Ëpourchasser (s') — (Mj.), v. réf. — Gagner
sa vie, se débrouiller, se tirer d'affaire. S'em-
ploie absolument. — Cf. Pourchas.
N. — Les Italiens disent dans le même sens : Pro-
cacciarsi di che vivere. C'est le même mot.
Épouser (Mj.), v. a. — Marier.
Et. — LiTTKÉ, 3" sens ; lat. sponsare. Vx fr.
Espouser, marier. = Hist. « M. de Mouchant, pres-
tres, les a espousez à Saint- Jean (1602. Inv. Arch.,
S. s. E., 298, 2, 6). — « Furent espousez ensemble
par un cordelier nommé Chevreuse. d (1593. Id.
Ibid., 329, 2, b).
Il Sp., V. n. — S'épouser, se marier légale-
ment. Ex. : Ils épousent de soir à la mairerie.
— S'emploie par opposit. à Marier.
Époussiérer (Mj., By.), v. a. — Epoudrer,
épousseter.
Ëpoutelir*^ (Sar., Pr.), v. a. — Ecraser, éca-
bouir ; s'en aller en lambeaux, en bouillie.
Ex. : Nout'chien s'est fait époutlir par le
chemin de far. || By., Zig. 183, id. — Syn. de
356
ÉPOUVANTAS — ÈQUIQUETTE
Ecramouir, Ecrahoutir. \\ Ecrouler. Syn. de
Avâcrer.
Épouvantas (Mj.), s. m. — Epouvantail.
Ëprenant (Mj.), adj. verb. — Inflammable.
Syn. de Enflammant.
Éprendre (Mj.By.) — (qqf. Eprenre), v. n. —
S'allumer, s'embraser, en pari, du feu. Ex. :
Le feu a ép/'îs dans n'ein pailler. || v. réf. —
Même sens.
Hist. — (G. C. Bûcher, 15, 87.)
« Mais ceste dame-cy est plus dure et plus grave
« Que fer, aymant, ni roc, carpour veoir flamme es-
(prendre,
« Pour larmes ny pour pleurs dont ma face se lave,
« Ny pour mon sang coulant, doulce ne se veult
(rendre. »
Épreux (By.). — Eperons.
Épris (Mj., Lg., By.), part. pas. — Pris,
enflammé. Se dit du feu lui-même ou du bois
qui flambe. || Epris d'eau, — très pluvieux.
Ex. : Le temps est ben épris d'eau.
Hist. — « Se précipita pour penser esteindre le
feu qui estoit esprins en la maison de la Bauldoui-
nière. » (16.^8. — Im<. Arch. E. m, p. 280, c. 1.)
— « Mais tes vertus sans plus me font transy
« Et telle amour en mon cueur ont esrrise
« Que je n'ay rien, fors tov seule, en soucv. »
(G. C. Bûcher, i, p. 78.) '
Épuceter (Mj., By.), v. a. — Epucer ; dé-
barrasser des puces. Ex. : Le chien a ben assez
à faire de s'épuceter Cf. Emoucheler. — Puce,
lat. pulicem.
Épuzer (Lg.), v. a. — Syn. de Epuceter.
Équasiller (Sa., Lg.), v. a. — Romp?e la co-
lonne vertébrale, à une vache. Syn. de Effiler.
Et. — Dérivé de Quasi, terme de boucherie,
parce que, lors des mises-bas difficiles, c'est dans la
région lombaire, ou du quasi, que se produit par-
fois cette rupture. = « Se dit du bœuf dont les
muscles et tendons se déchirent quand il tombe
sous le coup du marteau. Il arrive très souvent que
le boeuf, violemment étourdi, tombe les jambes de
derrière écartées et, suivant l'expression consacrée
dans la boucherie, il s'équasille, c.-à-d. que les
muscles et les tendons se déchirent par la violence
de la chute et causent dans l'intérieur des cuisses
de graves désordres qui font que la viande est
moins bonne. » (Journal Officiel, 21 mai, 187*^. —
Cité par Littré, Suppl.). — Le auasi est un mor-
ceau de la cuisse.
Équeillouir ° (Lg.), v. n. — Eclore. Pour
Eclouir, doubl. de Eclo.uer, avec allongement
de cl en queil et terminaison en ir au lieu
de er. Syn. de Ecloure.
Et. — Esp. et port. : excluir ; ex-cludere pour
les formes en u), et de ex-claudere (pour les formes
en 0 et en au). — Litt.
Équérioche (Auv.), s. f. — Echasse. Corr.
de Egaloche ; syn. de Echausse.
Équerviche, s. f. — Ecrevisse. Forme
vieillie. Syn. et d. de Ecreviche.
Équerzéler (s') — (Mj.), v. réf. — S'écrier
avec une voix rauque ou perçante. Syn. de
s'Ebicaner, s'Epicrasser, s'Ebrâiller, s'Eco-
gâiller. Dér. de Querziler. V. s'Eterzéler.
Équeul (Sar., By.). — Tout entier. — Ce
doit être le même q. Ecueil. A Mj., cet adj.
est toujours précédé de : tout. Tout écueil.
Èqueume mer (Mj.), s. f. — Verbe. —
Ecume, écumer. Mot vieilli. — Cf. Leune,
Preune.
Et. — Ecume ne vient pas du lat. spuma, le c du
fr. s'y oppose, mais du german., aha, skûm, ail.
schaum ; gaél. sgiim.
Équiangle (Ag., Cho.), adj. q. — Fig., Egal,
indifférent. Ex. : Ça m'est équiangle. Syn. de
Equilatéral, Inférieur.
Équier (Tlm.), v. n. — Tressauter, se
déchirer par suite d'un effort, en parlant
d'un muscle. Syn. de Eclir. — Mot vieilli, qui
devrait s'écrire EcZer, doubl. de Eclir. Cf.
Quier. Ex. : Ça m'a équié dans les reins. — Cf.
Eclisse.
Equilatéral (Ag., Cho.), adj. q. — Fig. —
Indifférent. Ça m'est equilatéral. Syn. de
Equiangle, Inférieur.
Équilibre (Mj.), s. m. — Etre sus Véqui-
libre, — être dans l'incertitude, dans l'at-
tente.
Équiller (Mj., By.), v. a. — Au jeu de
boules, de billes, de palet ; jouer un coup pré-
liminaire dont le résultat doit régler la com-
position des deux partis et l'ordre dans lequel
on jouera. Quiller, Abuter. V. Esquille.
Et. — Jeter une quille en visant à la placer près
de la boule pour savoir qui jouera le premier, etc.
Quille, de l'aha : kegil ; ail. kegel, objet allongé en
forme conique. — N. Jette-t-on bien une quille,
même au jeu de quilles? Je n'ai jamais vu équiller
qu'avec des billes, des boules, des palets. Je préfère
l'explication par Esquiller, tâcher de conquérir la
première place par son adresse. (Angl. Skill). Il me
semble que le sens est bien plus général et autre-
ment satisfaisant pour l'esprit. — (R. O.)
— V. Eciopereau.
Arrête-bœuf, Ono-
Équiopereau (Sp.), s. m
Équiopin (Tlm.), s. m. —
nis spinosa. Syn. de Equiopereau, Arque-
bœufs, Picote.
Et. — Du fr. Ecloper, comme Equiopereau, qui
devait s'écrire par cl mouillé, comme Equiopin.
Équiper (Z. 146). v. a. — Atteler, || By. —
Préparer tous les objets nécessaires à la
pêche.
Équipier (Pc), s. m. — Joueur faisant
partie d'une équipe dans un Concours de
boules de fort.
Hist. — Le cercle de l'Ordre, des Ponts-de-Cé,
invite... à un vin d'honneur... MM. les Equi-
piers qui ont participé au Concours de la Coupe
Cointreau. {Ang. de Paris, 2 juin 1907, 1, 5.)
Équiquette (Li., Br.), s. f. — Un afliquet.
Noyau d'abricot percé d'un trou. Nos grand' -
mères Axaient ce noyau à leur ceinture et
tricotaient en y appuyant une des aiguilles.
On ne se sert plus guère d'affiquet de nos
jours.
Et. — Affigere, fixera? Cf. Ridet = Rifiet.
ÉRACE — ERGUÉLISSE
357
Érace (de F), Lrm. — Du lierre. — ^lieux
hérace.
Érâcliée (Sa.), s. f. — Eraflure. Semble
dér. de Râche, Râcher, Râjer. Erussée paraît
être une corrupt. ou un doublet de ce mot.
V. Râchage.
Ërâclier (Segr.), v. a. — Er. les épines.
Mettre une haie à nu ; chêne ou ormeau, on
ne laisse que la souche. — L'épine noire,
blanche, les genêts sont érâchés tous les
quatre ou cinq ans, au moyen d'une vouge,
serpe à grand manche, en forme de croissant.
V. Râcher.
Et. — Eradicare? — Cela voudrait dire plutôt
déraciner, et ce n'est pas le sens.
Ërâflée (By.), s. f. — Eraflure. Syn. de
Erâchée. Cf. EraleUe.
Érai, érais (Mj.), v. n. — Fut. de l'ind. et
cond. prés, du v. Aller. Ex. : i'érons demain
aux noces. N. On prononce : ée-rai, ée-rais.
Éraigne s. f. — V. Iraigne. C'est un grapin,
à plusieurs branches, une araignée.
N. — LiTT. donne Erigne, petite pince armée de
crochets (pour la chirurgie).
Érâiller (s') — (Mj., By.), v. ré. — Faire
des elîorts pour débarrasser la gorge des
mucosités qui l'obstruent ; chasser violem-
ment l'air des poumons. Syn. de Râgonner.
Même rac. que Râillonner et Râgonner. Fr.
Râle, râler.
Et. — Probablement de Es et Rallum, râcloir.
Ne peut venir de arracher. (Litt.) Dans son Suppl.
LiTTRÉ ajoute : Exradiculare, de radere, comme
fodiculare, fouiller, de fodere. = Scheler : D'un
type lat. exrallare, tiré... du subst. rallum,
ràcloir. Un type E-radulare, de radula, même sens,
est également admissible.
Éraler (Sp., Mj.), v. a. — Casser les jambes
à, rendre boiteux. Ex. Chaire éralée, — chaise
boiteuse. — V. Raie, qu'on retrouvera dans
Râloire. \\ (Lg.). — Par ext, et au fig., déchi-
rer. Ex. : J'ai éralé ma culotte dans les érondes.
— N. A rapprocher du v. Erailler. — Jatjb.
Araler.
Éralettc (Lg.), s. f. — Eraflure. On dit
proverbialement : Il n'est pas fort ; pour
charger eine gearbe il fait trois trous et eine
éraleUe, — c.-à-d. qu'après avoir piqué sa
fourche (2 trous), il est obligé d'appuyer le
manche à terre, ce qui fait un 3^ trou, et
encore ce manche, en glissant, écorchele sol.
— De Eraler. \\ Déchirure, accroc. Syn. de
Echirette.
Er — (By.) Observations. « L'interversion Er,
remplaçant Ile, se rencontre dans une foule de mots;
elle est aussi fréquente que les syll. hre, cre, cire, fre
sont communes dans notre langue. Mais une con-
dition est nécessaire, c'est que l'e de re soit bref
ou presq\ie muet. S'il est long ou traînant, com.
dans Grêler, frelon, l'interversion n'est plus pos-
sible. Ainsi Fermer, (ait fre mer (Jaub.). — Fuilet,
By., Ercommencer, er joindre, ermarcicr, erdes-
endre, erveni (r), etc. — Venderdi. Bat.
Éraacelces (Sar., By.), s. f. — Toiles d'arai-
gnées. V. Irancelées. || By. Rare. On dit :
Irantègnes, d'où : irantégner.
Éranceler (Ec, By.), v. a. et n. — Abattre
les toiles d'araignées, les érignées ou iraignées.
V. Irancelées. Syn. de Irantégner.
Ëranculant (en) — (Lg.), loc. adv. — En
traînant la jambe ; s'emploie avec : aller,
marcher.
Ëraouir (Segr.j, v. a. — Etouffer. (Mén.)
Erbouchcr (Segr.) du nez. V. n. — Faire la
moue. (Mén.) Cf. Remuser, Rimoucher.
Er brasser (Segr.), v. a.- — Relever les
manches de sa chemise (Mén.) — De : bras.
Ercéper (Partout), v. a. — Recevoir. On
dit Ercéper une ballote. — Recéper ; reci-
pere.
Erchigner (Ec, By.), v. n. — V. Archigner.
Erclamer, v. a. — Réclamer.
Ercoiter (Segr.), v. a. — Ercoiter un gre-
nier ; réparer en terre glaise, mêlée de bouse
de vache, le sol d'un grenier. De couette, espèce
de matelas. (Mén.) — V. Couette.
Erdaler, v. a. — Syn. de Ridaler.
Erdévance (Mj., By.), s. f. — Redevance ;
aller à Verdévance de qqn, — à sa rencontre,
au devant de lui.
Erdévancer (Mj.), v. a. — Devancer.
Erdhiéter (Cho.), v. a. — Attraper au vol,
saisir, empêcher de tomber (recéper, :eguet-
ter). Ex. : Y s'penchait su la dorne du puits ;
si j'I'avais pas r'dhietté, y chédhîait (chéait,
tombait) dedans. »
Et. — Guetter ; Pic, vater ; wall., waiti ; aha,
wathân, veiller, garder. — P. ext., saisir qqn qus
l'on guette.
Erfoiirclier (Segr.), v. a. — Deuxième labou-
rage à la cobèche ou à la tranche ; 2" travail
à la fourche. (Mén.).
Ergancier (Sal.). — Eglantier. Rosier sau-
vage portant ce qu'on appelle larose de chien.
V. Argancier, Arlantier.
Ergarder (Zig. 203. By.), v. a. — Regarder.
Y. Are garder.
Ergot-de-Joc (Pell.), s. m. — Chiendent
roquarl. — Métaph. très expressive. V. Joe.
Ergiieillé (Z. 134, Q., By.), adj. q. — Irrité,
envenimé. Le verbe : Ergueiller.
Ergiipillir (s') — (Br., Zig. 134), v. réf. —
S'irriter, s'envenimer, se gonfler. Syn. et d.
de s'Orgueillir.
Ergiieillisser (Mj.), v. a. — V. Regueillisser,
qui est le même mot, avec métath. de l'r et
de l'e, très fréquente. Voyez Er, Note. Se
rapproche de Orgueillir. — Hérisser, ébour-
rifter. Syn. de Harissonner, V. Erguelissé.
Ergiiélissc (Mj., By.), s. m. — Réglisse
Corr. de Reguélisse.
Et. — Pour : rcguelice,'. requelice, sorti par
358
ERGUÉLISSER — ERRÉ
métath. de lequerice, du lat. liquiritia, transcrip-
tion popul. (sous l'influence de liquor, liqueur) du
grec glukurridza, proprement : racine douce. Aux
xn«, xm®, liquorece, reçulisses.
Ergiiélisser (Mj., By.), v. n. — Hérisser, en
parlant par ex. des cheveux. Cf. Ergueillisser.
Et. — P.-ê. du lat. hericius, hérisson ; (hericio-
nem, forme augmentée). — Non. Gorrupt. de Er-
gueillissé, Regueillissé, dont la rac. est Guée ou
Gueille.
Éribé (Sp.), s. m. — V. Girbé. Coupe-
bourgeon.
Érielle (Mj.), s. f. — Tête ou borne de bois
fixée au bordage d'un bateau pour l'amarrage
des cordes de manœuvre. Ex. : Eine érielle de
bouline. V. Rielle.
Érifler, v. a. — Erafler. Egratigner. On dit
aussi Erofler. On érifli l'eau en jetant des
ardoises à la surface de l'eau (Mé>'.). —
Ricochets.
Érignées, Iraignées (Ec, By.), s. f. pi. —
Araignées ; toiles d'araignées.
Éripeaiix (Lx.), s. m. Oreillons. Pour Ori-
peaux? Syn. de Jottereaux, Goumons, Ori-
peaux.
Ériper (Lg., By.), v. n. — S'échapper par
le bord ; échapper brusquement à son point
d'appui ; déraper. Plus employé au Lg. que
son syn. Dériper. Syn. de Débricoler, Dérico-
cher.
Et. — Déraper ; dé -^ germ.; holl., rapen ; suéd.,
rappa ; ail., rafïen, saisir. C'est : ne plus saisir.
Erlache, s. m. — V. Chardon.
Erlâche, Erlâcher (By.). — ■ Relâche, relâ-
cher. V. Erlantier après Errière.
Erliquette, s. f. — Un reste, un reliquat.
« J'avons ben tertous eune erliquette de
bonnes chouses à vous marquer. . . » (M. VÉ-
TAULT, Angevin de Paris.)
Erluire (Mj.), v. n. — Reluire. Ex. : Tes
sabots ne sont guère erluisants. Syn. de
Reluiser.
Et. — Mot picard ; paraît être d'orig. german.
Cf. l'angl. to look.
Ermarque (Mj.), s. f. — Marque, point de
repère. Doubl. de Remarque.
Ermé adj. q. ou part. pas. — V. Renié.
Erminette (Bg.), s. f. — Goule d' erminette ;
visage, maigre.
Et. — Erminette, ou herminette, espèce de hache
à tranchant lunaire convexe, pour planer et doler
le bois. De : hermine, parce qu'on a comparé la
partie recourbée de l'erminette au museau de l'her-
mine.
Ermenae, s. m. — Almanach. Syn. et doubl.
de Arména.
Ermoire (Ec, By.), s. f. — V. Onnoire.
Ernafler (Segr., By.), v. n. — Aspirer
bruyamment ; se dit d'un animal qui a peur.
Pour : renifler. — On donne une erniflée de
tabac, pour : une prise. (Mén.).
Et. — Re 4- nifler ; souffler par le nez ; d'un mot
germ. q. signifie : bec, nez.
Erne (Li., Br.), s. m. — Vent d'Est. Etre
sous l'erne. Cf. Galerne et Soulère. Quand le
vent est sous la Galerne, les aspics courent
aux champs ; mais quand il est sous Verne,
les aspics restent dans leurs trous.
Et. — Bas-bret. Gwalarn, galerne ; de gai, vent,
et? V. Erne au supplément.
Éronce (Lue, By.,), s. f. — Ronce.
Et. — Lat. Ruraicem. V. Eronde, Eronze.
Ëroiide (Sp.), s. f. — Ronce. V. Eronce. Ne
pas confondre avec : Queue d'éronde, terme
de menuiserie (Mj.), où éronde vient du lat.
Hirundo, hirondelle.
Ëronder (Lg.), v. a. — Piquer avec des
ronces. Syn. et d. de Bronzer. Dér. de Eronde.
Ëronfier (Lg., Fu.), s. m. — Eglantier.
N. — Ce mot est syn. de Argancier, Arlantier,
Argancier, Ergancier. Il en est aussi très proba-
blement un doublet, aussi bien que. du mot fr. —
A noter toutefois qu'il se rapproche par sa forme
de Eronde, Eronze, Eronzier.
Ëronze (Fu., Mj.), s. f. — Ronce. V. Eronde.
Ex. : Il é chêt dans lés éronzes ; il a la goule
toute égracignée. »
Ëronzer (s') — (Mj.), v. réf. — Se piquer
à des ronces. Dér. de Eronze. Syn. et d. de
Erotider.
Ronceraie, hallier
Eronzier (Mj.), s. m.
de ronces — de Eronze.
Ëroiière (Sm.), s. f. — • V. Rouère.
Erpecre, s. m. — Revêche (Mén.), Je sup-
pose : Air pècre, picras, pèque.
Et. — Pecque. Emprunté du prov. mod. péco,
fém. de pec, sot. Lat. pecus. — Employé par Mo-
lière.
N. — « Je le ferais venir de Pecque, pour Bec.
Un coq en colère est redoutable par ses ergots ;
mais la plupart des oiseaux, lorsqu'ils se défendent,
donnent des coups de pèque dont il faut se défier.
Avez-vousvu un héron, un cormoran, une poule
d'eau, etc. en colère? Tout coup de pèque fait trou.
Il faudrait écrire Erpecque (By.). — Je m'en tiens
à la première étym. (A. V.), RO. à la 2«.
Erprésenter (Mj.), v. a. — V. Représenter.
Erqué (Craon), adj. q. — Las. — Recru?
Erquelier ( Ag. , Cnd. , Segr. ), s. m. — Vaurien'
paresseux. Se dit aussi Harquelier. \\ By. pour
ce dernier.
N. — DE Mont, cite : Erquanier, Erquenier,
Arquanier.
Erqueiiper (Po.), v. n. — Redoubler, se
presser. — Recoper?
Erré, adj. q. — Mois qui a un r dans son
nom. 11 By. — Les huîtres et les moules sont
dangereuses dans les mois qui ne sont pas
erres. V. Trèfle verte, au F. Lore, m, Suppl.
— « Si les mois ne sont pas erres,
« Le poisson ne mangerez. » (Prov. MÉx.)
— « Boire eau point ne devez
« Aux mois où R trouverez. »
(Le Roux de Lescy).
ERREUR — ESBROUFE
359
Les Anciens disaient :
« Mensibus erratis, ad solem ne sedeatis. »
Ne vous asseyez pas au soleil dans les mois errés.
— Mensibus erratis medicus probat ostrea sumi.
Erreur (Mj., By.), s. f. — Se mettre en
erreur avec qqn, — être en désaccord, en bis-
bille, avoir un différend.
Errière (Mj.), s. m. An ière 'Enerrière. jj Interj-
Errière ! — Les charretiers s'en servent pour
faire reculer leurs chevaux. — Cf. Derriou !
Arre.
Erlantier (Li., Br.). — Eglantier.
Et. — Norm., Argancier ; Berry, arlantier. La
forme primit. est l'anc. fr. Aillent. — Diez le tire
de Aculeus, aiguillon. Syn. de Eronfier ,Arlantier,
Argancier, Ergancier.
Érudée, s. f. — Erussée.
Érufer, ÉniiVer (Lg.), v. a. et n. — Cueillir
les feuilles d'arbres, en les détachant au
moyen de la main passée en rebroussant le
long des branches. Doubl. du v. f. Erafler.
Syn. de Groger ; Erusser, qui semble bien être
le même mot et en est syn. à Auverse ; Epier,
Epier, Epéier.
Ërussage, s. m. — V. Erussée.
Érusse, s. m. — Rembrayures. Espèces de
délits qui ne sont jamais accompagnés d'au-
cun dérangement de la couche sclristeuse.
(MÉN.)
Erussée (Mj., By.), s. f. — Grand travail,
grande fatigue, accident ou maladie grave.
Ex. : Il en a attrapé d'eine erussée ! \\ Auv. —
Action de gruger le chanvre. C'est là le sens
propre du mot. Ce sens, comme la chose elle-
même, est inconnu à Mj., où l'on broie tou-
jours le chanvre. Dans la région d'Auverse, le
travail de Vérussée se fait dans les veillées,
appelées elles-mêmes Erussées, auxquelles on
convoque les voisins. V. Enoulées. \\ Epreuve
cruelle. || Tr. — Plan de glissement des
schistes par une masse de rocher plus ou
moins considérable qui tend à tomber dans
une carrière, c.-à-d. à s'érusser. (Mén.).
Érusser (Te, Lue, By., Sar., Mj.), v. a. —
Ecorcher, gratter fortement, comme fait un
corps rugueux. Ex. : La corde m'a érussé les
mains. || User, érailler. Ex. : Tu as joliment
érussé ta culotte à te traîner sur les genoux. j|
Se servir de, porter pour la première fois un
objet neuf. Ex. : C'est moi qui ai érussé ces
chemises-là. || Auv. — Gruger, dépouiller de
ses graines, le chanvre. Extraire la graine
d'une plante en la faisant glisser entre deux
corps durs, sans détruire la tige. — Syn. de
Erufjer, Groger, Epier, Epéier. — On érusse des
feuilles de vigne, d'orme, etc. pour les vaches ;
de Tavoine folle pour les oisons. — Ti.,
Zig. 150, id. Erusser de la feuille, la détacher
à la main. Syn. de Groger. || Mj. — Fig.
Erusser ein confesseur, — se confesser la pre-
mière à lui. Il V. réf. — S'adoucir, se polir par
l'usure.
Et. — Par curiosité je citerai Ménage : « Belon,
livre 3 de son Ornithologie, ch. vrn, parlant de
l'oiseau appelé lièvre : Sa queue est ronde comme
celle des oiseaux de rivière. Mais la voyant errussée
par le bout, avons eu occasion de penser qu'il ss
perche et fait son nid par les rochers et sur les
arbres. » — Nous disons en Anjou : « érusser le
chanvre », pour dire : arracher la graine du chanvre
avec un certain bâton fendu. Peut estre d'Eruo,
erusso, erussare, érusser. Dans le passage de Belon
errussé semble être dit pour hérissée » = Dottin,
propose : Emonder une « rus », vieille émousse,
souche. — Tout cela est peu concluant.
Érussoire (Pell.), s. f. — Instrument qui
sert à égrener le chanvre. On l'appelle aussi
Diable (à Pell.). Il est constitué par un pan-
neau en planches, maintenu verticalement,
dont le rebord supérieur est garni de pointes
très rapprochées.
Érut (My.), s. m. — L'érut. Le lierre. Syn.
de Lier ru, Hé race, Erâce.
Esbaubi
V. Ebaubi.
Esbigner (s') — (Mj., By.), v. réf. — S'en-
fuir, s'esquiver avec l'idée de le faire en se
dissimulant. Syn. de se Cavaler, prendre sa
discampette. Argot.
EL — LiTTRÉ, Suppl. — « Géxin le dérive de
bigne, pioche, et, trouvant dans le dialecte napoli-
tain « sbignare », dans le même sens que le mot fr.,
veut qu'il ait été introduit à Naples par les soldats
de Charles VIIL Erreur ; le mot est d'origine ita-
lienne et se trouve dans les « Donne curiose » de
GoLDOKi (II, 23) ; Arlequin s'y sert de cette expres-
sion qui, par conséquent, n'appartenait pas seule-
ment au dialecte de Naples, mais aussi à celui de
Bergame (ou p.-è. de Bologne, où la scène se passe).
L'auteur (ou l'éditeur) l'explique par « svigno »,
que le dictionnaire de Buttura traduit ainsi :
décamper, sortir de la vigne (probablement comme
un maraudeur). Buttura donne un exemple tiré
du Malmantile. Le mot est donc originairement
italien et l'origine pleinement éclaircie. (Félix
BOVET.)
— « Et l'amant qui s'sent morveux
« S'esbigne en disant : Si j'tarde,
« Si j'm'amuse à la moutarde,
« Nous la gobons tous les deux. »
(DÉs.\UGlERS, Parodie de la Vestale, II, 7* couplet.
Jaubert qui renvoie à Génin, Récréât, philol. II,
104.)
Esbiner (s'), v. réf. — V. S)' esbigner.
Esbroufe (Partout), s. f. — Embarras, airs
prétentieux. Ex. : Faire de Vesbroufe ou des
esbroufes, — faire de l'embarras, se donner
des airs importants. — Syn. de Epate, Em-
patte, Escarts. '
Et. — On choisira. — Litt. « Ch. Nisard {Reçue
de l'Instr. pubL, 2 août 1860), trouvant dans des
textes anciens « esboufer », pour : éclater, rejaillir,
pense que c'est le même mot ; cela est possible.
Es — Observations. — Es (sifflant) s'emploie
qqf. pour s simple, au commencement des mots,
comme dans Escandalc, Escabicusc, Espécial,
Esqueletie. Estatue, Estomachique, Estudieux, etc.
— Es est une interversion de la syllabe se, dans
Escouer, Escousse, pour Secouer, Secousse. — ■ Voir
Observ. à S.
360
ESBROUFEUR — ESCOLTER
bien que l'épenthèse de l'r au milieu fasse difliculté.
— Au Suppl. : Vol à Vesbroufe, où des compères
bousculent une personne qui vient de toucher de
l'argent et la volent. » = Dict. gén. « Emprunté du
prov. mod. esbroufa, proprement s'ébrouer ; — il
sort une certaine vapeur (brouée) de la narine du
cheval, quand il s'ébroue. » = Du vx mot italien
Sbruffo, éclaboussure. Sbruffare, éclabousser, cor-
respond à notre provenç. Esbroufar (ébrouer, en
parlant des chevaux, c.-à-d. souffler avec force en
éclaboussant.) L. Larchey.
Esbroufeur (Mj., By.), s. m. — Celui qui
fait de Vesbroufe. Syn. de Epateur, Empatteur,
Estrabroufeur.
Escabieuse. — Scabieuse. — Voir Es. Note.
Et. — Lat. du m. âge Scabiosa, de scabies, gale ;
on employait autrefois la scabieuse des champs
contre la gale. Syn. de Beaux-hommes, Veuve.
Escache-breton. — «... et vindrent les
enfants du duc et leurs gens au pied du chas-
teau d'Angers, jusques à la tour qui, depuis,
fut nommée escache-breton. » J. de Bofrd.,
C. L.l, 212. — Y.Ecacher.
"îlseandale, Escandaliser, Escarlatine, etc.
Voir Es. Observations. Note. — (Mj., By.).
Escarbouffias (Ps.),s. m. — Plaques de bou-
tons sur le visage. N. Inconnu à Mj., pour
Escarbouf/as = e.s«arbouc/as. (Cf. Riclet :—
riflet; Cleau = fléau, etc.) qui est le franc.
Escarboucle avec termin. péjor., du lat. Car-
bunculus.
Escargot (Lg.), s. m. — Scarabée ; tout
gros coléoptère. Syn. de Barbot. Corr. du fr.
Escarbot.
N. — De la sorte, au Lg., les escargots volent
très bien. || By. — Limaçon. Son nom vulgaire est :
lumâs. Pour désigner les scarabées et autres gros
coléoptères, surtout les hydrophiles, on dit : un
a'ibot, qqf. barbot.
Escarnoufler (Sal.), v. a. — Scandaliser.
(Ironique)
Escarpiller, v. a., les yeux. — P. Ecarquil-
1er.
Et. — Vx. fr. Ecartiller, — la prononc. ti = qui,
a donné Ecarquiller. De E-j- quart -j- iller. Propre-
ment : mettre en quatre, à force d'ouvrir.
Escart (Mj., By.), s. m. — Répit, trêve. Ce
mot est employé par les enfants dans les jeux
de barres, de vise, du loup. Cf. Coupe.
N. — Lorsqu'un des joueurs, poursuivi de près,
se sent fatigué, il demande : De l'escart, c.-à-d. un
moment pour reprendre haleine.
Et. — C'est le vx fr. Escart, avec l'ancienne pro-
nonciation ; fr. mod. Ecart. = C'est de Vécart aux
cartes que sont venus tous les sens de écarter.
LiTTRÉ, qui cite Escart. Terme d'écolier. Au jeu
de barres, avance sur l'adversaire, dans la course
qu'on doit fournir. Demander de Vescart. Sans
doute le même (}ue : écart. = « Soy amusant à Ves-
cart de la compagnie. » (Rab., Sciom., p. 596.)
Escarts (Sp.), s. m. — Ne s'emploie qu'au
plur. dans la loc. Faire ses escarts, — f. de la
piaffe, des embarras. Syn. de Esbroufe. Sans
doute le même que le précédent, pris au fig.
— V. Epate, Empatte. Cf. Verver.
Eschabouillure, s. f. — Ampoule prove-
nant d'une brûlure. Franc. Echauboulure.
Eschdettes, Bschilettes (Sar.), s. f. —
V. Echelette, Echalette.
Ilist. — « En 1598 mourut la dame du jeu de
paulme du Pélican... les Angevins en dressèrent
aussy l'ordre du convoy de cette sorte : Et premier :
Les sonneurs d'eschelettes. . . (Bk. de Taetif, Phi-
landin, 510). = Campanelle.
— « Frains seurorez, et compenelles,
« Et eschelettes, et lorains. »
(G. GUIART. — L. C.)
Escicotter, Scicotter (Sar.), v. a. — Couper
avec difficulté ; alors viendrait de scie ; et
ôter les tuyaux à la volaille, de sicot.
Esclande (Bl.), s. m. — Esclandre, Scan-
dale. — Lat. Scandalum.
- Eclipse. Ex. : La
il y a eu éclipse de
Esclipe (Mj.), s. f.
leune a fait esclipe, -
lune.
Et. — Corr. du mot fr. par une de ces métathèses
familières au patois. « C'est le jour où le soulé a
fait esclipe. »
Esclopié, adj. q. — Eclopé. Cf. Clopin,
dopant.
Esclos, Esciops, Esclots (Sp., By.), s.
m. — Gros sabots, appelés à Mj. Sabots cou-
verts, et ailleurs : beutliers. « Et portant lous
esciops ferrats », et portent leurs sabots ferrés.
N. P. — Syn. Sabots taupes, eu ataupés.
Et. — LiTTRÉ, Suppl. uEsclot. Nom, en Dauphiné-
d'une espèce de sabot, tout en bois, d'une seule
pièce. A. fr. Esclo, trace, vestige des pas ; pro-
venç., esclau, qui viennent d'après Diez, de l'aha-
Slag, corrompu en Sclag, am. Schlag, coup. — Es-
clotier, le fabriquant. — Rab., IIL 17, parlant de
la Sybylle de Panzoust. — « Depuis je vis qu'elle
déchaussa un de ses esclos : nous les appelons sabots ;
mit son devanteau sur sa teste. . . » — Au ch. xxvn
du 1. V, il appelle Isle des Esclots, l'isle des religieux
qui portent des socques. — Y aurait-il du rapport
avec Soccus? Douteux. = la Curne ; Bûche. —
Souliers de bûche, pour : sabots : « Souliers de
bûche (alias des sabots) qu'ils disent en ce pays-là
(à Toulouse), des esciops, si bien m'en souvient,
lesquels esciops ils font pointus par le bout, pour
la braveté. « (Contes de Des Perriers). = « Le
reste emplissans d'eau, comme font les Limosins à
belz esclotz, charroyans les vins d'Argenton. »
(Rab., p., m, 52, 332.) — Se trouve dans Daudet.
Souvenirs d'un homme de lettres. (Notes sur Paris.)
— « Les nounous ». — Les nourrices arrivent, par
fournées de huit ou dix, piétinent et s'alignent
soumises, leur enfant au bras, avec un bruit d'es-
clots, de souliers à clous. » — V. Roman de Renart,
7895. — D. C. v» Esclaux. — Bonav. des Per-
riers. C. et J. devis, 81. — Rapprocher Eclopée,
— de la difficulté de marcher avec des éclops , on
va clopin-clopant. (Ch. Nisakd, 315.)
Escoffier (Mj., Lg., Sal., By.), v. a. — Tuer.
Syn. de Estourbir.
Et. — Ex conficere (achever, tuer), tiré lui-
même de cum (avec), ficere (faire). Cf. Confire.
Ital. Sconfiggere. — Hist. — « Vous allez peut
être ben vous faire escoffier. (La Vendée catho-
lique, 31 mars 1907, p. 2, col. 1.)
Escolter (Mj., Lg., Li., Br.), v. a. — Escor-
ter, accompagner. Cf. Désalter, Essalter.
ESCORBUT — ESPLICATION
361
Et. — Ex, corrigere, diriger. — Ital. scorta,
action de diriger.
Escorbut (Mj., By.), s. m. — Scorbut. V.
Es. il Grain d' escorbut, — aphte.
Escouble? — « Jaune comme pied d'es-
couhle. )) (Br. de Tabtif, Phil. 528.)
N. — C'est tout bonnement soit une corruption,
soit une mauvaise orthograpiie, en tout cas, un
doublet du vx pat. Estouble, devenu Etouble
au Lg., et en franc. Eteule. La comparaison est
très juste. (R. O.)
Escourgeon, s. m. — Lanière de cuir ser-
vant de lien pour un fléau.
Et. — Escourgées. Fouet fait de plusieurs la-
nières de cuir. Formé de Corgie, avec renforcement
de Es prosthétique ; le même que courroie. De
cuir ; lat. corium. Cf. Courgeon.
N. — Pour façonner ces liens on se servait de
peaux d'anguilles (By.). — Hatz. le donne à
Ecourgeon.
Escrabe (By., Als), adj. q. — Exécrable.
V. F. Lore, Langage, 32.
Escrasàble (Mj.), adj. q. — Abominable,
affreux, hideux, physiquement ou morale-
ment. — Du vx fr. Escraser, devenu Ecraser.
Doubl. de Ecrasable.
Esculpter (Mj.) — Voir Es. Note.
Escuse (Mj., By.), s. f. — Excuse. || Faites
escuse, — ou simplement Escuse f — excusez-
moi, pardonnez-moi, pardon. || Demander
escuse, — demander pardon. — N. Loc.
bizarre. Faites excuse veut dire : Faites des
excuses, littéralement. — J'ai entendu dire à
la fois : Pardon-ej:cwse.
Et. — xir^ s. escuser, — xirP s. id. — xiv», ex-
cuser. Du lat. Excusare. Il faut voir l'étym. donnée
de Accuser. Excuser, accuser, c'est tirer de cause,
mettre en cause ; causa paraît donc bien être dans
le mot. Mais, d'autre part, causa se rattache à
cudere, frapper, pousser, dont le fréquentatif cu-
sare est admis par les ctymol. latins, com. radie.
de accusare et de excusare ; causa se rapportant
pour la forme à cudere, comme clausa à cludere,et,
pour le sens signifiant : ce qui pousse, et figurément,
affaire juridique.
"îsciiser (Mj., By.). — Escusez ! — inlerji.
fichtre, diantre. Marque la surprise et l'ironie,
Ex. : Ren (jue ça qu'aile est triflée ! Escusez !
Ane se mouche pas du pied, comme les poules.
— On dit aussi : Escusez du peu ! — V. Escuse.
Esgail. — V. Eau, Egail. — Répartition.
Hist. — « ... de fasson qu'il leur est inutille
et n'ont aucun moyen de fournir aux charges
ordinaires ausquellcs ledit revenu est des-
tiné, en quoy votre service est de jour a autre
retardé avecq beaucoup d'incomodité, et telle que
s'il n'est question que de fournir dix e.scuz, soit
pour racoustrer l'une des portes de la ville, faire
une barière ou autre menue dépence, mcsmes pour
les fraiz d'un messaiger, l'on est contrainct de {)ro-
céder par esgail et déparlement, à faulte de deniers
communs. » (Requête adressée par Pierre de Dona-
dieu à Henri IV. — P. MaRCHEGAY, p. 4). —
« Commission pour faire egail de la somme de
10.000 livres réclamée par le roi pour subvenir
aux frais occasionnés par les troubles. » (C. Port,
Im'ent. p; 30.)
Esgarade (Mj.), s. f. — Equipée. |! Eter' en
esgarade, — en colère. — Syn. de Escalmou-
chée, Effarouchée, au premier sens.
Et. — Ce mot paraît être un dér. du vx fr.
Esgarer, fr. mod. Egarer. D'un autre côté il res-
semble un peu au fr. Algarade, avec lequel il n'est
pas sans avoir une certaine analogie de sens. —
E, garer.
Espacanage (By.., Ché.), s. m. — Espace
compris entre deux jeunes arbres, de 0,60
(MÉN.).
Espadronner (Segr.), v. réf. — Faire le
beau, le fier (MÉx.).
Et. — Espadon, de l'ital. spadone, augment. de
spada, épée. — Espadonner, manier cette épée. — ?
Espartise (Mj., By.), s. f. — Expertise.
Esparvier (Sp., Li., Br.), s. m. — Epervier.
V. Riflet, Bidet.
Et. — C'est, avec la prononciation pat., pour la
2« syll., le vieux fr. Espervier, angl. Sparrow.
Espèce de. . . — Loc. qui commence toutes
les injures. Espèce de vieux sot, d'imbécile,
de propre à rien, etc. — || Mj., Lg. — Bête
d'espèce, — bête de race pure. Ex. : N'y a pas
eine mauvaise vache, mais a n'est point d'es-
pèce. Il Espèce ! — • absolument. — Exclama-
tion marquant le dédain, avec le sens de :
nigaud ou mauvais sujet.
Espectacle (Mj., By.), s. m. — V. Es, note.
— Ex. : C'est ein bel espectacle.
Espédient, Espédier (By.). — Expé-
dient, etc.
Espérer (By.), v. a. — Attendre. Ex. :
Espérez-moi une minute.
N. Jaubert : « S'emploie même en parlant de
choses fâcheuses. « On espère encore une crue,
disaient les riverains de la Loire, après le désastre
du 31 mai 1856. » — Virgile dit : (En., iv, 149).
« Hune ego si potui tantum sperare dolorem. »
— « Adonc fusmes tous esbahiz plus que devant
et espérions tous être en péril de mort. » (Joixv.
Histoire de saint Louis.)
Espérieiice (Mj., By.). — Expérience.
Espert (Mj., By.). — Expert. De même :
Espertise, Espartise.
Espic (Ec, By.). V. AspL — Eau d'espic,
ou de spic. — Alcoolat de lavande.
Espiègrc (Lg.), adj. q. — Rechigné, de
mauvaise humeur, de caractère difficile,
rébarbatif. Syn. de Rechignoux, Rechégnoux,
Hargnoux, Harguégnoux. C'est le mot fr.
Espiègle, détourné de son sens et estropié.
Espicr (Mj., By.), v. a. — Epier, observer.
Syn. de Echaupir, Echaupionner.
N. — Cette forme, employée naguère encore par
quelques vieillards est maintenant hors d'usage. —
Aha spehôn, ail. spàhen ; angl. to spy. Cf. lat. Spi-
cere ; grec, skopein. — Voir.
Espiriluol. — V. Es, note. (Mj.).
Esplicàfion (Mj.), s. ï. — Explication. ||
Au })lui'. Discours abunliiqués. prétentieux;
362
ESPLIQUER — ESSAIVER
Espliquer (s') — (Mj.). — Absolument :
Parler d'une manière prétentieuse et pédante,
avec affectation ; employer des mots recher-
chés, le plus souvent mal compris.
Et. — Lat. Ex. plicare ; fjroprement : déployer.
La forme d'origine est : esployer (Cf. Eployé).
Expliquer a été refait sur le latin. — ïtal., esplicare.
Esploter (Mj., By.), v. a. — Exploiter.
Et. — D'un fréquentatif fictif : explicitare, de
explicare, lequel ayant le sens d'achever, terminer,
a donné toutes les acceptions du v. exploiter. —
N. Cette forme patoise, dont l'assonance avec le
franc. Comploter est frappante, m'amène immé-
diatement à établir l'origine de ce dernier. Hatzf.
dit : Comploter vient de complot, mais l'origine de
ce dernier est inconnue. J'ose dire au contraire :
Complot est le subst. verb. de comploter, et com-
ploter vient du lat. fictif Complicitare ; Exploter
de Explicitare. D'ailleurs complicitare vient de
complex, — icis, qui a donné le franc. Complice. Et
qui complote (complicitat) sinon des complices
(complices)? A noter aussi que nos paysans disent
toujours : Etre de complice, comme qui dirait : Etre
de complicité, de complot. Il y aurait lieu de recher-
cher si l'on n'a pas dit autrefois Comploiter, comme
on a dit Emploite pour Emplette, comme on dit
encore Exploiter. La diphtongue oi est la transfor-
mation naturelle de l'i latin. (R. O.)
Espofié (Segr.), part. pas. — Blessé légère-
ment, tandis que Escofié = tué. (MÉx.).
Esponton (Ag., By.), s. f. — Se dit d'une
petite apprentie maladroite. « Quelle espon-
ton ! »
Et. — (Par curiosité.) — Bourguign. : Se tenir
comme un éponton, — se tenir droit et ébahi ; de
l'ital. puntone, pointe: de punto, piqûre: du lat.
punctum. L'esponton, demi-pique que portaient
autrefois les officiers d'infanterie (Litt.). — Cf.
Droit comme un cierge. — Il marche raide comme
s'il portait le Saint-Sacrement. — Il a avalé sa
canne. A. V.
Esposant, — set — sitiou (By., etc.). —
Exposant, etc. V. Exposition pour un sens
spécial.
Esprès (Mj., By.), adv. — Exprès. || A
l'esprès, — exprès, de propos délibéré, avec
intention. Ex. : Je ne l'ai pas fait à l'esprès. ||
Par esprès, — au suprême degré. — Ex.: Aile
est sotte par esprès.
N. — Par exprès est une loc. pop. que le bon
usage rejette et qu'il faut éviter, mais le vx fr.
nous montre que ce n'est pas une faute en soi,
mais un archaïsme. Il faut même remarquer que
l'adv. exprès s'explique par l'ellipse de : par, devant
l'adj. exprès, pris substantivement. — Lat. ex-
pressus, part, de exprimere, ex-premere, presser
hors : « Qui est exprimé de façon à ne laisser
aucun doute possible. »
Espress (Lg., Mj., s. m. et f. — Le train
express. — Ex. : Lespress a n'est petêtre
sèment pas amvée.
Esprit (Sp., By., Mj.), s. m. — N'avoir pas
volé le Saint-Esprit, — être bête. Cf. Eglise.
Il Oribus, — chandelle de résine (Sp., By.).
Syn. de Rousillarde, Rousinard.
Esproprier (Mj., By.), v. a. — Exproprier-
Mettre hors de sa propriété.
Esquelette (Mj., By.), s.
Cf. Estatue. V. Es.
m. — Squelette-
Esquille, ée (Mj.), adj. q. — Adroit, au
prop. et au fig. — N. Il est impossible de ne
pas reconnaître ici l'angl. skilled, de Skill,
adresse. \\ Esquiller (Mj.), v. n. — Ancienne
forme de Equiller.
Esquinté — -er (Mj., By.), part. pas. et
verbe a. — Qui a les reins cassés ; assommé.
il Très fatigué, recru, moulu, rendu, fourbu.
« J'sé ben esquintée. — Je suis bien lasse. ||
V. a. — Casser les reins, assommer, i| Fati-
guer beaucoup ; — se dit des personnes, des
animaux et des choses.
Et. — Même rac. que le fr. Echine. — Il faut
rejeter le lat. Spina. — Provenç., Esquina ; esp., Es-
quena. — ha. skina. — Celtiq. — cornwal., chein,
dos ; bas-bret. Kein, qui ont pu devenir eskein,
ou skein, — (Litt.). — « Du prov. mod. Esquinta,
propr. : Partager en cinq ; du lat. pop'* exquintare.
Esquintement (Mj., By.), s. m. — Ce qui
esquinte, ce qui fatigue à l'excès. Syn. de
Tue-homme, Tue-gens, Tuerie, Tuette, Tue-
ment. \\ Grande fatigue. Syn. de Esquinture.
Esquinture (Mj.),s. f. — Fatigue excessive.
Esquipot (Craon), s. m. — Tasse, petit
vase [| ou Estipot. Enjeu, à Segré ; à Cholet,
stipot, corbeille qui sert à mettre l'enjeu,
pour : petit pot? (Mén.). — Cagnotte. (P. Eu-
DEL.)
Et. — Sorte de tire-lire ; pot, avec un préf.
inconnu. (Litt.) — « « C'est donc le tronc des
chirurgiens : ç.-à.-d. une petite boîte faite en forme
du tronc des quêteuses, dans laquelle on met ce
que gagnent les garçons chirurgiens et qui est
ensuite partagé entre eux et leurs maîtres. M. le
Noble, dans sa Fradine :
« Et qui de Vesquipot hureusement tirée
« Du lit d'un Maltotier tu te vois honorée. »
Par corr. pour Estipot, formé de stipus, qu'on a
dit pour stipes ; c.-à-d. un tronc. » (Ménage.)
Essafrer (Lg.), v. a. — Déchirer, déchique-
ter. Syn. de Dessafrer, Déchaffrer.
Essaife (Pell.), s. f. — Canal d'écoulement
pour les eaux ; saignée ou drain dans un ter-
rain. Syn. de Ségoire, Essigoire.
Et. — Dér. de Essaiver, avec durcissement de
l'aspirée labiale. — V. Eau. \\ By. — J'écrirais
Essef (fin de la baillée) ; essève, l'endroit où l'on
essève une baillée.
Essailter (Sar.), v. a. — Couper l'aile d'un
volatile. V. Essaleter.
Essaimis, s. m. — Petit essaim d'abeilles.
(MÉx.).
Essaiver (^Ij.), v. a. — Tirer hors de l'eau,
la seine. Terme de pêche. — V. Eau. || By. —
Esséver.
Et. — Essaver. Tirer avec une pelle l'eau d'un
fossé ou celle d'un ruisseau qu'on a barré. — D. C.
Essavare Et -f- eve, iave. — Exaquare.
Hist. — « Quod segetes suas exaquare non pos-
sent, quia qua parte aquam demitterent non babe-
rent. » (1143. — Inv. Arcli., H, i, p. 38, col. 1.) —
« Chascun pescheur escenant sur la turcye (levée)
ESSAIVOIR — ESSOTIR
S63
de la loyre doibt demander congé de ce faire, sur
penne que sa sayne sera confisquée aux pauvres. »
(1561. — Inv. Arch. H, suppl. p. 58, col. 2). — N.
Escener (esseiner) vient de seine, que l'auteur écrit
sayne. J'ai cru devoir relever ce mot quand même.
Il est clair que le mot patois actuel Essainer pro-
vient d'une confusion produite par l'assonance
avec cet ancien vocable ; car Essaiver vient indu-
bitablement de Aive, témoins : Essaivoir, Ségoire.
Tel est le sort des vocables patois, qui ne sont pas
fixés par l'écriture. (R. O.). — « Essaiver une seine
me semble fort bien dit ; c'est la sortir de l'eau. —
Je ne puis vérifier le texte cité ; mais je croirais
fort que l'on a lu un n là où il y avait un u pour un
V, dans Escenant. (A. V.).
Essaivoir (Sp.), s. m. — Fossé d'écoule-
ment pour les eaux ; rigole d'assainissement.
— De Essaiver. V. Eau. Syn. de Essaife,
Essigoire, Ségoire. V. ce dernier pour l'éty-
mol.
Essalter (Mj.), v. a. — Blesser grièvement,
broyer à demi, écharper. Cf. Ebrancher. \\ By-
ou Essaleter (pron. esselter. V. Essailter)-
Briser une aile d'un oiseau à la chasse ; lui
couper une aile ou les pennes d'une aile pour
l'empêcher de voler. V. Daleter, Saleter, Gale-
ter.
Et. — De Essarter? écobuer, déchirer. B. L*
exartare, du v. fictif exsarittare, de ex -\- sarrire,
sarcler. — Discutable. — Pourquoi pas de Ala, aile ?
Essanger, v. a. — Tremper le linge dans
l'eau avant de le mettre dans la panne à les-
sive.
N. — Est français. N'a aucun rapport avec le
mot Eau. Vient de Ex-saniare, proprement :
Faire sortir la sanie.
Essart (Pell.), s. m. — Branche d'arbre qui
n'a qu'un an de pousse. C'est la rac. du fr.
Essarter.
Et. — B. L. Exsartum. Champ qui était en friche
et couvert de bois, et qui est défriché et prêt à
mettre en culture (Litt.). = Exsartum, fréquent
dans les lois barbares, est le subst. participial de
Exsarrire (class. Sarrire), sarcler, issu d'une confu-
sion entre sarritum, part, de sarrire, sarcler
et sartum, part, de sarcire , raccommoder
(Darm.). = Lieu défriché ou à défricher. Essarter,
Arracher, défricher, détruire, déchirer. (L. C.) =
Nom de lieu, — de famille. Des Essarts. (Jaub.).
Essarver (Mj.), v. n. — Manœuvrer avec
une rame de manière à empêcher l'avant du
bateau d'aborder trop rapidement la rive.
De Ex, servare? Cf. Obsarçer.
Essayer (Mj.), v. a. — Essayer qqn., l'at-
taquer.
Esscî (Chm., Lue), s. m. — V. Essigoires.
Rigole pratiquée dans un champ pour l'écou-
lement de l'eau. — V. Eau. Ane. fr. Esseau,
évier. V. Essaife. \\ By. — Fin de la baillée.
Essemcaii (Fu., Sal., Mj.), s. m. — Essaim
d'abeilles. Pour Essaimeau, dimin. du fr.
Essaim. V. Essemer. Syn. et d. de Essumeau.
Essenier (Mj.), v. n. — Essaimer. Corr. du
mot fr. — Syn. et d. de Essumer.
Essémiller (Lg.), v. a. — Ebaucher une
face plane à la surface d'un bloc de granit.
On essémille par stries parallèles ou briquées,
creusées à la pioche de carrier. — C'est le fr.
Smiller.
Esséner v. n. — Coudre à grands points ;
aller trop vite.
Esscrmenter (My.), v. a. — Emporter les
sarments taillés. Revue de U Anjou, 1883. Août.
Cf. Sarmenler.
Esserpilière, s. f. — Serpillière.
Esscver, v. n. — V. Essaiver.
N. LiTTRÎ;, Suppl. — Lait essevé. Dans le Calva-
dos, nom du lait écrémé ; ainsi dit parce qu'on
nomme Sève du lait la crème. Es -)- sève. — Sens
autre, cité^'par curiosité.
Essève, Essevoir (By.). — V. Essaiver,
Essaivoir (Segr.). Une Essève, tranchée pour
que l'eau -puisse «'courir dans les^^ fossés,
quand le blé j est semé et le dos du
sillon roulé dans le sens de la pente. « As-tu
renéti Vessevoué ? — Cf. Essaife, Essef.
Esseiil, s. m. — V. Mouilleul. Essieu. L'es-
seul de la roue est cassé.
Et. — Lat. AxiculUs, dimin. de Axis, axe ; xiF s.
Aissel, xiii« essiau, aisil — xvF aixieu.
Essief, Vx mot ang., s. m. — Etalon servant
de point de comparaison pour les mesures.
Hist. — « Ont aussi lesdils moyens Justiciers
droit de bailler mesures à bled et à vin du patron
et essief du Seigneur, dont ils tiennent leur justice. »
{Coût. d'Anj. Art. XIV, p. 11).
Essigoire (Lg.), s. f. — V. Essaivoir, Ségoire^
forme de transition entre les deax. || Pour
faciliter l'écoulement des eaux, on pratique
généralement dans les mâques des rigoles en
diagonale qu'on nomme Essigoires. V. Essef,
Essaife, Essève.
Hist. — « Icelui Scrvatu saichant lesdiz deux
champs... estre moult chargiez d'eaues,... vint
à leurs diz champs aiant une pelle ferrée en sa
main, et faisant voie et essaigouere aux eaues. »
{1400. — L. C).
Essille (Z. 124), s. f. — Résidu de nourriture
laissé par le bétail.
Essodir (Mj., Sp.), v. a. — Assommer. |j
Etourdir par des coups. Syn. de Essotir que
cite Jaub.
Essoriller (Mj.), v. a. — Essorer légèrement.
!| Dessécher, griller légèrement à la surface. ||
Etroit (Ag., By.). Un bonnet est essorillé,
quand il ne couvre pas les oreilles.
Et. — De deux sortes. Au l""- sens : Essorer,
égoutter, sécher ; exaurare, mettre à l'air pour
sécher :
« Et après qu'elle ara esté
« Un jour et une nuit d'esté
« Trampée en celle yauve sus heure,
« On le doit traire, sans demeure,
« Et mettre en tel lien essorer
« Que l'yauve n'y puisl demorer. » L. C.
2" sens. Ex, sans, auris, oreille.
Essotir (Lg.), v. a. — Etourdir, assomme,
en portant un coup à la tête. || Fig. Abrutir
Doubl. de Essodir. Syn. de Assobrer.
364
ESSOUCHER - ESTOMAC
Essoucher (Sp.), v. n. — Couper à la hache
les têtes des souches dans les bois taillis, après
l'abatage des cépées.
N. On fabrique ainsi des souchottes. Les boitiers,
ou bûcherons, dont ces souchottes sont un gain
supplémentaire, professent que l'opération non
seulement n'est pas nuisible aux taillis, mais encore
qu'elle leur est utile en ce que, les surfaces des
souches étant rajeunies et avivées, les jarries ou
cépées nouvelles doivent pousser plus drues et plus
vigoureuses. Quelques propriétaires de bois, mal
convaincus de la justesse de cette théorie, qu'ils
trouvent plus intéressée que séduisante, inter-
disent la pratique de Vessouchage ; la plupart la
tolèrent. — V. Souche.
Essouriter (Lg., Tlm.), v. a. — Moucher,
pincer, battre qqn ; au fig., lui infliger une
défaite morale, une déconvenue pénible.
Et. — Le Dict. génér. donne : Essourisser, de ex
et souris ; fendre la souris, cartilage des naseaux
pour empêcher le cheval de hennir bruyamment.
= Ou de Sourit', pris au sens de pénis?
Essueau (Sp.), s. m. — Torchon, essuie-
mains. De Essuer. Syn. de Essue-mains.
Essue-mains (Mj., Lg., By.), s. m. —
Essuie-mains. Syn. de Essueau. V. Essuer.
Essuer (Mj., Lg., By.), v. a. — Essuyer.
Cf. Ennier.
Et. — Du lat. Ex-succare, enlever le suc, l'hu-
midité. Provenç. Eisugar ; ital. Asciugare. xm*^ s,
essuer. — xvi« s. : « Hz commençarent cryer.
myault, myault, feignan cependant s'essuer les
œilz comme s'ilz eussent plouré. » (Rab. P., iv, 54)*
— « Et cessoient ordinairement lors que suoient
parmy le corps, ou estoient autrement las. Adonc
estoient très bien essués et frottés. » (Rab., G., i,
23).
Essuette (Lg.), s. f. — Torchon à essuyer la
vaisselle. De Essuer, Essaiinis.
Essuitîer (Lg.), v. a. • — Débarrasser de son
suif, dégraisser. || Fig. Battre, rosser. Syn.
de Flôper, Rouster, Estamper.
Et. — Lat. Sébum, devenu : siu, sui, suif.
Essumeau (Lg.), s. m. — Essaim. Syn. et
d. de Essemeau. Cf. Sumer, Essaimis.
EssuHier (Lg., By.), v. a. — Essaimer-
Doubl. de Essemer.
Essuyon s. m. — Torchon. V. Essuer.
Estable (Mj.), adj. q. — Stable, durable. H
Fixé. — V. Es, note.
Estallation (Mj., Lg.), s. f. — Installation.
Jf. Induquer, Insentiel.
Estaller i (Mj., Lg.), v. a. — Installer. |i
Camper, poser. Ex. : Il s'est estallé à pisser le
long d'une bourne. Syn. de se Braquer. \\
Absolument v. réf., S' estaller, tomber sur le
derrière. Syn. de Attraper ein tape-cul ; casser
son verre de montre.
Estaller - vx mot ang., v. a. — Etaler.
Hist. — « Le dimanche 21« jour de février...,
la rivière estallée aux champs..., a si fortement
poussé par dessous la glace... » (1711. — /ne.
Arph., S, E. ITT, 98, 1, h).
Estame, s. f. — Se dit d'un travail de lai-
nage surtout ; une bonne estame, un bon
tricot.
Et. — Stamen, fil de la quenouille. = Stamina,
plur. n. pris pour une fém. sing. En ang . Stamina,
force de résistance, vigueur naturelle.
Estamper (Mj.), v. a. — Gourmer, rosser,
battre. Syn. de Flôper, Rouster, Essuiffer,
Douener. C'est le v. fr. dans un sens spécial.
Et. — Norm., Estamper, broyer ; aha stamfon,
frapper du pied ; ail. stampfen. — On estampe la
monnaie avec le balancier. (Litt.).
Estarniiner (Mj., Bk.), v.a. — Exterminer.
Estâse (Mj., By.), s. f. — Extase. De deux
mots grecs : transport.
Estatue (Mj., By.), s. f. — Statue. V. Es,
note.
Hist. — « Ny plus ny moins que firent jadis
aucuns des conjurateurs de la mort de César, les-
quels, ainsi qu'ils alloient faire leurs coups, se tour-
nèrent vers Vestatue de Pompée. » (Bkajn't, D. G.,
VI, .336, 31.)
Estatuer (s') — (Mj., By.), v. réf. — Se
baser, prendre comme point de repère, comme
terme de comparaison. Ex. : Faut pas s'esto-
tuer là-dessus, fr. — Statuer. V. Es, note.
Estau (Mj.), s. m. — Rocher qui forme la
voûte d'une galerie de mine et limite la veine
de charbon à sa partie supérieure. Ce mot est
de la langue des mineurs. Travailler sous
estau, c'est travailler directement sous le
rocher. •
Et. — Le même que Etau. Etym. dont. — « Tiré
de étoc, où le c ne se prononçait pas devant l's ;
écrit : étau par confusion entre étocs et étaux, plur-
de étal. Par ext. — N. J'ai déjà pensé bien des fois
que ce mot devait s'écrire Estoc, avec c muet, et
qu'il n'est autre que le mot franc, pris à peu près
dans le sens où on l'emploie le plus habituellement :
D'estoc et de taille. Dans les mines de charbon il y
a la paroi verticale que le mineur abat : c'est le
front de taille. N'est-il pas naturel d'appeler Estoc
la voûte que la pointe de l'outil vient menacer à
chaque coup? (R. 0.).
Estèque (Ts., Mlr.), s. f. — Outil de potier
consistant en une lame de bois ou de métal,
avec la tranche de laquelle l'ouvrier abat les
bavures et les irrégularités de la pièce qu'il
vient de tourner.
Et. — Ail. Stecken, bâton. (Litt.). Plutôt Ste-
chen, piquer.
Estipot s. m. — V. Esquipot.
Hist. — « M. Pkessac, dans le Glossaire qui ac-
compagne les poésies patoises de l'Abbé Gusteatt
dit que V estipot « est un coffret étroit, en bois, placé
au dedans d'un coffre, à la partie supérieure du
côté droit et dont le couvercle relevé sert à main-
tenir ouvert le coffre, toujours muni d'au mnin'^
un estipot, car souvent il en a deu^c. C'est là qu"n
met l'argent, que la maîtresse du logis renferme ce
qu'elle a de plus précieux. » (Favee.)
Estomac, Estomal, Estomat' (Mj.), s. m.
Estomac. ;j| Toute la région thoracique
interne et externe. Ex. : Ça illi chante sus
Vestomac, — il a la respiration sifllaulu.
ESTOPPER
ÉTABLIR
365
Cb. — Avoir Vestomal à bas ; la sorcière le
relève avec un peigne bénit, par un mouve-
ment de bas en haut. || Sein. — >;. Quelques-
uns disent : Estumal.
Et. — Lat. stomachus, du grec stomakoç, de
stoma, bouche ; — gorge, pharynx, qui tient à la
bouche. C'est dans le lat. que, de pharynx, sto-
machus a glissé au sens de gaster, ventre.
Hist. — « Voulant Gylon estouffer une puce
« Qui menoit guerre à son bel estomac
(i Et ne pensant qu'on la vist à la muce,
« Son sain descouvre et mect la puce à sac. »
(G. C. Bûcher, 148.)
— « De Veslotnach de ma belle maîtresse. »
(G. C. Btjcher, 199, 202.)
— « Mon estomac, gros de ce dieu qui vole. »
(J. DU Bell. Sonnets de l'honn. amour, 190.)
— « Son estomac, enflé divinement.
» Devient rassis. . .
Id. Les Amours, p. 184.)
« Ladite Chassebœuce se defferma sa robe et se
gressa soubz les esselles en l'estomac. "
{Inv. Arch., G. p. 84, col. 2.)
Estopper (Mj., By.), v. a. — Passer à l'ai-
guille de la laine dans l'intérieur du talon
d'un bas, afm d'épaissir et de renforcer cette
partie. || Lg. — Faire une reprise à un bas.
Et. — Etouper ; lat. stuppa et stupa. Cf. Kstofer,
estofe. — Cf. l'ail. Stoff, étoffe ; l'angl. StulT, id.,
l'espagn. Estopa, étoupe, et Stop, boucher et par
conséq. le fr. Etoffe s'y rapporte.
Estoppure (Mj., Lg., By.), s. f. — Doublure
faite à l'intérieur du talon d'un bas avec des
brins de laine passés à l'aiguille. || Lg. Reprise
faite à un bas. Syn. de Passis.
Estoumac (Lg., By., Mj., Tlm.), s. m. —
V. Estomac. \\ Poitrine, thorax. || Les seins.
Hist. — « Et lesdits loups qui lui mangèrent la
fase et l'estoumac. » (1598. Ini>. Arch., S. E., m,
424, 1, b).
On dit aussi Estoumal (Mj., Tlm.) et Estumal
(Mj., By.).
Estourbir (Mj., By.), v. a. — Tuer, Assom-
mer. Syn. de Escofier. — || Etourdir (Bg.,
Do.). « Ne me flanque pas la balle dans la
tête, tu vas vcCestoarbir. — Cf. pat. norm.
Eteurbue, instrument servant à émietter les
mottes.
Estra (Mj., By.), adv. — Extra. — C'est
de Vestra, — du luxe.
Estrabouft'eiir (Lg.), s. m. — Forfante,
individu qui fait beaucoup d'embarras. Syn.
de Esbrouffeur, Epatleur, Empatteur. V.
Esbroufe.
Estradcr (Mj.), v. n. — Battre l'estrade,
vaguer, rôder, courir la campagne, aller à
l'aventure. || Z. 115. — Traverser.
Et. — L'estrade, c'est la voie, strada, du lat.
strata, voie pavée. L'a fr. avait estrée, route.
Battre l'estrade, c'est battre les routes. Cf. Ail.
Strasze ; angl. Street ; ital. Strada. V. Galistrade.
L'esp. a Estrada, chaussée.
Hist. — « Et feray voulentiers courir
« Et cstragner toute la ville
« Pour savoir où est vostre fille. «
(G. C. BUCHER, 195, 198.)
— « J'ai au talons les mules
« Par quoi je n'y puis plus trotter.
>( Prises m'ont les froidures
« En allant estraquer.
[Noëls angevins, p. 30.)
Pat. norm. Etrat, sentier dans la neige.
Estrangcr (s'), v. réf. — Se tenir éloigné de.
Et. — Du lat. fictif * Extranearius, de extra-
neus, de extra, hors. Beaucoup de dialectes ont
cet s. — xni8 s. Estrangier, Eloigner d'un lieu.
Ital. Straniare. (Litt.) — Hist. « Ce desseing n'a
jamais esté que pour me satisfaire et m'estranger
de l'oysiveté que peut causer une faynéantise. '>
(Brun, de Takt., Philand., Préf.) — « Une petite
somme étrange celui qui l'emprunte, une grande
le rend ennemi. » (Malherbe, Lexiq. Edit. La-
lanne.) — « . . .ceux que la dévotion, la religion et
la piété estrangent de leurs foyers pour faire pa-
roistre en aultres lieux les scintilles de leur charité.
(Br. de Tart., Phil., 97.)
Estrangouiller-gouyer (Ag., Mj., Sp.). —
Etrangler. — Xe se dit qu'en plaisantant :
Que le diable ra' estrangouille I
Et. — Lat. strangulare, d'un mot grec qui veut
dire : serrer. — Cf. Estranguillon, angine qui
attaque le bœuf et le cheval. — Poire d'étranguil-
lon, d'un goût très âpre. (Litt.). — Cf. Jaub.,
Estringoler.
Estraquer, v. a. — Chasser l'oiseau.
Et. — Traquer ; orig. incert. — Hist. : V. Estra-
der.
Estrope (Mj.), s. L — Bout de cordage fixé
à demeure en quelque point du bateau, et
dont l'extrémité libre peut se frapper sur un
autre cordage, sur une charre, etc. — Doubl.
de Etrieu et de l'angl. Stirrup.
Et. — Lat. Stroppus, corde, lien. Estroper une
poulie.
Estropié (Mj.). — On dit : Estropié de cer-
velle ! — imbécile, nigaud.
Estropisie (Mj.), s. f. — Hydropisie. C'est
le mot fr. absolument estropié.
Et. — Du grec : accumulation d'eau. — Hist. :
« Contre Vhystropisie, l'hypocrisie ou hydropisie,
nos paysans font encore usage d'un joli petit
topique. » (La Trad., p. 248, 1. 3L)
Estiiberlu, Estiibutu, , Hiistiiberlu. s. m. —
Corr. de Hurluberlu. — On dit encore : Hutu-
butu.
Estumal (Mj.), s. m. — V. Estoumal.
Esvit^re (F). —V. Eau.
Et. Conjonct.
N. — Comme en fr. on ne fait jamais sentir le t,
mais on ajoute à la suite un son mouillé eupho-
nique devant les voyelles, du moins en certaines
circonstances. Ainsi les vieux disaient : A té e« y a
mé, je ferions ben ça. — On dit toujours : En trop
et y en point, y a point de mesure. ^- A faire et y a
défaire; y a toujours de l'ôvrage. — A pied et y k
cheval. — Siir et y assuré. — Il avait eine vache et
y eine belle (Mj.) — 1| Ménière dit : Le Et, à Segré,
c'est le consentement du maître. On dit : Je vous
vends cet objet, sauf le et de not' maître. — Erreur.
C'est le hait qu'on trouve dans le mot Souhait.
Etablir (Mj.), v. a. — Jouer le premier aux
366
ÉTAGUE — ÉTAURE
cartes ; jouer une première carte. Ex. : J'éta-
blis carreau. Dans ce sens, syn. de Entabler.
Et. — Du lat. fict. Stabilescere, de Stabilire, de
Stabilis, stable.
Étague (Mj.), s. f. — Corde qui soutient la
vergue et qui sert à liisser la voile. — Cf. Etai.
Hist. — « Voyez la roideur des estails, des
utacques et des escoutes. » (Rab., P., iv, 65. 470.)
Étai, s. m. — Corde qui soutient le mât en
avant et sert à l'abaisser ou à l'élever.
N. — Dans les bateaux de mariniers; le mât
n'est pas fixe comme ceux des navires. Il est néces-
saire qu'il soit mobile; parce que la hauteur qu'on
est obligé de lui donner ne permettrait pas de passer
sous les ponts. A cet effet, la base du mât est reçue
dans une sorte de forte boîte verticale, située au
milieu du bateau et que l'on appelle Castreau.
Cette boîte, fermée en avant et sur les côtés, est
ouverte en arrière, si bien que le mât, retenu d'ail-
leurs par des haubans, ne peut s'incliner en avant,
ni latéralement, mais peut se coucher entièrement
sur l'arrière du bateau, en pivotant autour de sa
base, laquelle est taillée en biseau légèrement
arrondi.
Et. — Du flam. Staede, staye, appui. (Litt.)
Hist. Voir la citât, à Etague.
Étaiser (Mj.), v. a. — Produire ou donner
une hernie. || V. réf. — Se donner une hernie.
Il part, passé Etaisé, — hernieux, qui a une
hernie. Syn. de Blesser.
Et. — Ce mot est formé du préf. E et du fr. Taie,
pris dans le sens de : membrane. La hernie est le
résultat de la déchirure du péritoine.
N. — Les commissions de révision des conscrits
ont constaté que la proportion des hernieux est très
forte parmi les riverains de la Loire, tant parmi la
population agricole que parmi les mariniers. La
raison en est que mariniers et laboureurs, ceux-là
pour la manœuvre des bateaux engrevés, ceux-ci
pour la mise à l'eau du chanvre, ont à exécuter des
travaux pénibles et qui nécessitent de violents
efforts, étant plongés dans l'eau souvent jusqu'aux
aisselles, et cela pendant des heures entières. Le
relâchement des parois abdominales qui en résulte
est la cause de ces hernies fréquentes.
Ëtaisure (Mj.), s. f. — Hernie. V. Etaiser^
Étaler (P.C., Mj., By.), v. a. — Arrêter
l'élan de, — surtout un bateau. Lorsque
l'ancre a mordu, le bateau tire sur le câble et
étale, reste immobile. By., — Le commande-
ment d'étaler abrège le mot : 'taV tout ! ||
V. réf. S'étaler, — rompre son erre. — Crue
qui s'étale, qui s'arrête. Cf. Etau.
Et. — On disait en ce sens, jadis : Faire estai,
résister, tenir tête (Lîtt.). = Aha, Stal, place. Cf.
Stalle, Piédestal. — Mer étale, stationnaire.
Étalon (Lg,), s. m. — Se dit de tout animal
destiné à la reproduction, même d'un tau-
reau, d'un verrat, etc.
Et. — Loi des Visigoths : equus ad stallum, du
B. L. Stalla ou Stallum, écurie ; c.-à-d. cheval tenu
à l'écurie et non soumis au travail, pour être
employé à la reproduction. — xin* s. Estaloun.
Étamer (Mj., By., Lg.), v. a. || v. n. —
Commencer à sécher, se ramollir sous l'action
de la chaleur. Se dit d'une feuille verte et
tendre exposée à un soleil briilant ou à un
feu vif. Ex. : Fais donc étamer eine feuille de
bette, de chou || v. a. — Rendre mate et
molle une feuille verte, en pari, de la chaleur,
du feu. Il Fig. — Faire mûrir un abcès, faire
blanchir la peau qui le recouvre, en pari, d'un
emplâtre. || Se trouve dans le sens de Essuyer
pour faire sécher, dans un passage de Bér.
DE Verv., Moyen de parv., I, 162, qui ne
peut, en vérité, être cité.
N. — By, — Le linge éparé commence à s' étamer,
s'essorer. On dit : Si tu veux que les joncs frais
coupés ne soient pas cassants, il faut les laisser
s'ét'ner au soulé (les étendre au soleil et les laisser
se faner. En ce sens : Coudrer (Mj.) V. Etonner.
Et. — Un objet étamé est recouvert d'une surface
blanche. — Etain. — Lat. Stannum, de Stagnum,
supposé. Les mots romans ont un g ; m = n. Cf.
Venimeux, de venin. (Litt.).
Étanchelefte (Mj.), s. f. — V. Tanchelette
et Poil (Vaspit, ou Poueil d'aspit.
Étanies (Mj.), s. f. — Litanies. Corr. du
mot fr. — Pour Létanies, qui se dit égale-
ment, avec chute de 1'/ initial. Cf. Ecomotij.
Et. — Lat. ecclésiastique, litania : grec, litaneia,
prière. — Par ext. — Hist. « Là fut décrété qu'ils
feroient une belle procession, renforcée de beaux
preschans et létanies contra hostium insidias
(contre les embûches des ennemis). » (Rab., G., i,
27.)
Étarnel (Mj., By.), adj. q. || s. f. pi- —
Etarnelles, variété d'immortelles à petites
fleurs jaunes. — Elychrysum stœchas (Bat.)
Étaruité (Mj., By.), s'v f. — Eternité.
Ëtarnuer (Mj., By.), v. n. — Eternuer.
Étarquer (Mj.), v. a. — Etendre et assu-
jettir fortement sur la vergue, une voile.
Et. — Etarque : haut, tout à fait hissé, en pari,
d'une voile. Orig. inc.
État' (Mj., By.), s. m. — Faire état de, —
faire attention à. Ex. : Il est ben au bas, mon
pouvre bonhomme ; je illi ai montré son riga-
loir par-dessus le pied du lit, il n'en a point
fait à'état. \\ Etre dans tous ses états, — être
hors de soi. || Gens diétat, — artisans, par
oppos. aux cultivateurs et aux bourgeois.
Étau (Mj., By.), adj. q. invar. — Etale,
qui ne monte ni ne baisse, en parlant de l'eau.
Ex. : L'eau est étau ; faut espérer que j'allons
avoir du rabais. || Par ext., immobile, en
général. Rester étau, — ne plus bouger, rester
coi, déconcerté, déconfit, confondu, interdit,
interloqué, à quia. Ex. : Aile est restée étau.
Syn. de Coiraud. « Pourquoi que tu restes
étau, au lieu de courir°, — de te sauver?
N. — C'est le franc, étal, sous une autre forme.
Jatjbert cite Esto et le dérive de stare ; c'est pos-
sible. — Hist. « L'anguille y est et en cest esiau
musse. )) (Rab.. G., i, 2.)
— « Et si le pleur n'est à la perte esgau
« Ne souffre pas toutevoye
« Que les soupirs du Roy tiennent estau
« Ny que la France a dueil soit proye. »
(G. C. BtJCHER, 278, p. 254.)
Étaure, Éfors, Étort (Li., Br., Bl., By.), s.
ÉTAURER — ÉTOUBLE
367
m. — De l'étaure, du vin qui se fait, qui n'a
pas encore bouilli. — V. Etor. Cf. Létors,
Bernâche. |j Sal. — Vin qui sort le dernier
d'un cep pressé.
Étaurer (s') — (Sar.), v. réf. — Avoir des
pandiculations, s'étendre. — C'est un mouve-
ment par lequel on renverse la tête en arrière
en étirant ses membres. — Serait-ce pour
s'Etirer?
Étausser, v. a. — Etausser un arbre, couper
les branches de la partie supérieure, se dit
principalement pour les mûriers. V. Têtards
(Méx.). Syn. de Emouser.
Et. — Etau, souche morte, en picard. Semble se
rapporter à estoc, tige, bâton. Plutôt dérivé du lat.
E. + Tunsare.
Éteindre (Mj.), v. a. — Combiner avec de
l'eau, la chaux. Ex. : J'avons vingt hesto-
litres de chaux à éteindre.
Et. — Exstinguere, ôter en appuyant.
Éteint 1 (Mj.), part. pas. — Fait au fém.
éteinze. Cf. Etreint, étreinze.
Éteint ^ (Mj.), s. m. — Charbon ou nielle
du blé, ou plutôt blé niellé, épi qui a coulé à
' a floraison. Ex. : Y a de V éteint dans ceté
forment-là. N. Ne pas confondre avec la
Fouédre. C'est le part. pas. de Eteindre, pris
substantivement.
Ételon (Mj.), s. m. — Etalon, syn. de Pou-
lain.
Étendard (Lg.), s. m. — Corde tendue sur
des piquets et qui sert à faire sécher le linge.
Syn. de Billon. — Dér. du fr. Etendre.
Étendier, s. m. — Poteau enfoncé dans le
mur et soutenant les bouliniers. — Relevé sur
une affiche de vente, à Angers.
Étendnre (Mj.), s. f. — Etendue, immen-
sité. Ex. : lUy en avait eine étendure d'eau !
— N. Pour l'éponthèse de l'r, cf. Sangsure.
Éter' (ét(^re) (Mj.), v. subst. Etre. — Eter'
pour, — être sur le point de. Ex. : J'étions
pour partir quand il est arrivé. || By. — Et',
et'. V. Eteur, Etre.
Étercer (Lg.), v. a. — Etrécir. Syn. et d.
de Etercir.
Étercir (Mj., By.), v. a. — Etrécir. V.
Etercer.
Éternue (Sa.), s. f. — Sorte de graminée à
tiges grêles et rampantes, appelée ailleurs
Cernue ou Cernoux. C'est l'agrostis blanche.
N. — N'a aucun ra[)port de sens avec Eternuer.
Rac. Sternere, étendre (ramper'
Éterzéler (s') — (Mj.), s. réf. — S'écrier.
Autre forme de Equerzéler. Syn. de s'Epicras-
ser, s' Ebrâiller, s'Ecogâiller. Cf. Terzéler,
Terbélir.
Êtes (v') — V été ben émoyé. Vous êtes.
Étêter (Mj., By.), v. a. — Etèter ses choux ;
marier les cadets de ses enfants avant les
aîués.
N. — « En Anjou, quand le plus jeune se marie
avant son aîné, on appelle cela étêter les choux ;
aussi, au dessert, cet aîné, non marié, apporte à
l'époux un gros chou à vache, et l'époux casse la
tête du chou, aux applaudissements de toute la
noce. )' (Deniau, Histoire de la V., i, 77.)
Éteur' (By., etc.).
V. Eter.
Etre. Eur, très bref.
Etez (By., Zig. 203). — V. être ; 2^ pers.
plur. ind. prés. Ex. : Mais vous été (étez) pas
sans connaître la mère Y.
Ëtiialer (Sal.), v. a. — Oter les feuilles
{égler) des choux. Du grec thalloç, feuille,
thaïe, mot employé. Cf. Talle.
Étiant (Tlm., By.). — Verbe Etre, à la
3^ pers. du plur. de l'indic. imp. — A T. le M.,
cette forme est toujours en usage, et d'ailleurs
toutes les 3" pers. du plur. en aient se pro-
noncent iant : ils disiant, ils faisiant.
Hist. — « Mez tote neutre assomblée
« lour dissit que les raves en la Judée
« n' étiant guère estimie. (Noëls pop.)
Étiller. Équiller (Ds.), v. n. — Au jeu ;
tirer pour savoir à qui jouera le premier.
Equiller, c'est approcher le plus près de la
quille. Cf. Rabuter.
Étiniager (Mj.), v. a. ou Estimager, c'est
estimer ce que peut peser un récipient, en
faire l'estime.
N. — Ager est un suffixe comme : oyer, eyer,
éier. — On prononce souvent, à la montjeannaise,
Equimager.
Hist. — « Procès-verbal û'étlmagement de la
contenance de la mesure dite guibourg (17® ou
18° s. Iiw. Arch. G., p. 114, col. 1.)
Étoile, s. f. — Etoile à grand-queue, comète.
(M.,Sp.) — Celles qui sont populaires: L'é.du
berger, Vénus ; la Poussinière, les Pléiades ;
la Char'le du roi David, la Grande Ourse ; le
Chemin de Saint-Jacques ou \'allée de Josa-
phat, la Voie lactée ; les Trois rois mages, le
Baudrier d'Orion.
Étonner (By.), v. a. — Pron. : Et'ner. V.
Coudrer. Expression technique exprimant :
faire agir la chaleur pour produire des
fissures ou pour préparer la fusion. — V. réf.
s' Etonner. V. Etanier pour la définition.
Étor, Étors. (Pc). — Premier vin exprimé,
Tétor, l'étors {Angevin de Paris, n" 2). V.
E taure, Létors, Bernâche.
Et., Hist. — Estorse. L'action de retirer du suc
en pressant. — Extortura (D. G.). « Ce sont les cou-
tumes des presséors de Charronne : 1° Qui aura au
presséor le marc d'un tonel de vin creu en vigne,
qui doit dime et prainte, il doit avoir de la seconde
estorse, ou de la tierche, deus setiere de vin. » (Id.)
Étou, adv. pour Itou, aussi. Et moi étou,
et moi aussi. A rapprocher du lat. Item, même
sens.
Étoiible (Lg.), s, f. — Eteule ou éteuble.
Syn. de Ecot. Cf. Etrouble (Jaub.)
Et. — Du lat. pop. * stupila (class. stipula),
devenu estoble, étouble. — Chaume qui reste sur
368
ÉTONNER — ÊTRE
le champ après la moisson. — Stipuler. Chez les
Romains : contracter par la paille. « II est curieux
de suivre la biographie d'un symbole. . . comment
l'herbe, suivant le cours de la végétation juridique,
devient paille, stipula ; comment, la formule rem-
plaçant le symbole et se perdant elle-même dans
une locut. vulgaire, le souvenir de cette paille nous
reste en un mot : stipuler. (Michelet. Origines du
droit fr. Introd. 112.) — Plus tard, toute trace de
symbole s'étant effacée, stipuler, c'est contracter,
en formant le contrat par l'échange d'une interro-
gation et d'une réponse effectuées dans des formes
et avec des paroles solennelles. — Aujourd'hui,
énoncer expressément dans un acte qq. condition
obligatoire. « Dicta stipulatio a stipula ; veteres
enim, quando sibi aliquid promittebant, stipulam
frangentes frangebant ; quam iterum jungentes,
sponsiones suas agnoscebant. » (Isid. Hispal.,
Orig.,y, 24.). — Stipula, dimin. de stipa, paille.
Se rattache à stare, se dresser. (Dabm.) = En Berry,
estrouble, avec l'r épenth., comme dans jardrin.
— « Tout ainsi que la flamme est plus vite attachée
« A i'estouble, du vent et du soleil seichée,
« Qu'à l'herbe verdoyante...
(De Moncheestien. Jatjb.)
Ëtouner (Sp., Tlm.), v. a. — Etonner.
Et. — Ex, tonare. Ebranler comme par un coup
de tonnerre.
Étoupas (Li., Jum., By), s. m. — Pièce de
tôle qui .sert à fermer le four. — V. Etouper.
Syn. de Bouche-four. \\ By. Toupas.
N. — « Pour fermer hermétiquement le four, on
entoure l'étoupas de fiente de vache que l'on pétrit
à pleines mains. » (Dott.)
Étouper (Chili., By.), v. a. — Boucher. Ex.:
Le toulon est étoupé, bouché par des fascines,
des épines. 1| Lue. — Boucher, étouper la
brèche d'une haie avec des bourrées d'épines,
= ou en rabattant les branches vertes. Syn.
de Former, Epiner.
Et. — Le BL. a stuppare, dans la Loi des Alle-
mands. — Lat. stuppa, étoupe, la partie de l'écorce
du chanvre la plus voisine du tronc (grec, stupoç ;
lat. stipes). — P. ex t. boucher, (Litt.) — Hist.
« Ores est a scavoir si ce trou par ceste cheville
peut entièrement estre estouppé. » (Rab., P., iv, 9.)
— « Cette menace... m'estouppa de manière le
gosier que je ne sceus avaller une seule goutte. »
(Mont. — Ess., n, 17. — De Moxt.)
Ëtourdéli (Mj., By.), s. et adj. q. — Pour :
Etourdi ; qui a des vertiges. Ne se dit pas au
figuré.
Et. — On suppose comme rac. le mot turdus,
grive, prise ici pour un type de sottise, comme
l'étourneau l'est lui-même. D'où Estourdir. L'esp.
et le port, ont Aturdir. — (Litt.). = Orig. incert.
S'applique surtout, en vx fr., à l'action du vin sur
le cerveau, ce que semble appuyer l'opinion de
ceux qui y voient un composé avec la partie. E et
tourd, grive. (Cf. la loc. Soûl comme une grive.)
Étourdélir (Mj., By.), v. a. — Etourdir. Cf.
pour la termin. Engourdelir.
Ëtourdéiissement (Mj., By.), — s. m.
— Etourdissement, vertige. V. Ëtourdéli.
Syn. de Etourdélition.
Ëtourdélissons (Pc, By.), s. m. — Etour-
aissements.
Etourdélition (Mj.), s. f. — Etourdisse-
ment, vertige. V. les mots précédents.
Ëtournâilles (Sm.)l s. f. — V. Tournailles,
Détournâmes, Traversaine. || Sal. — Bout du
champ non cultivé en droite ligne, où l'atte-
lage tourne.
Étourneau, s. m. (Tlm.). — Couleur étour-
neau, — c. bringée, en pari, d'un cheval. Syn.
de Péchard. — Lat. Sturnus, sturnellus.
Ëtrangé, part. pass. « Le moine vint dans
la salle où étoit le roi (Louis XI), lequel le
voyant demeura fort étonné et lui sembloit
avoir devant lui le spectacle hideux de l'âme
monachale, étrangée de son triste corps. «
(B. DE Verv., m. de parv., t. III, 66.) V.
Etranger (Il croyait que le moine était mort).
Ëtranger (Lp., Mj., Lg.), v. a. — Rebuter.
Eloigner de soi. Ex. : Faut pas étranger le
monde quand on arrive dans un pays pour
faire des affaires. 1| Etriller (en affaires),
égorger. = Oh ! ma chère, comme tu m'é-
iranges ! — dit par une femme, au marché,
sur une de nos plages, à une compatriote qui
lui vendait du poisson. J'avais compris :
Traiter en étranger. Pour peu que l'on fré-
quente les stations balnéaires ou autres, on
me comprendra. V. Estranger. — Angl. to
Estrange. || V. réfl. — Même sens.
Hist. « Ma bonne amour que tu as offensée
« Rompra l'Enfer comme toute incensée
« Et s'en ira tes plaisirs estranger. »
(G. C. Bûcher, 169.)
— « Etrangez-vous de ces pifres présomptueux,
qui, voyant les bonnes personnes désireuses de se
calfeutrer le cerveau d'un peu de bonne lecture et
profitable, s'en scandalisent. » (B. de Verv., M.
de P., I, 42.)
Ëtranges, adj. q. — Pour : étrangers.
Etranges pays, pays étrangers. — Balz, 367.
Ëtrang/er (Mj.) (é-tran-iller), v. a. — Au
pr. et au fig. Cf. Sangle, Liéner, com. prononc.
Être (Pron. étére), v. s. || (Mj.). — Etre
pour — être destiné à. Ex. : Après ein assaut
comme ça, il n'est pas pour être queuquefois
ben portant. \\ Etre pour, être capable de.
Ex. : Avec le butin qu'il a, il n'est pas pour
vivre de ses rentes. || Y être, — être prêt. Y
es-tu? il Y être, — être fait. Ex. : Ça y est. \\
(Mj., By.). Etre de, — être sous le coup de, en
proie à. — Ex. : Aile était rf'eine impatience !
— \\ était t^'un pété-mou! \\ Mj. Cest pas de, —
il n'y a pas à, — ce n'est pas un moyen. — Ex.:
Pour dresser ein chien, c'est pas de trop le
battre. || C'est pas de refus. — Voul' vous ein
verre de vin? — C'est pas de refus, par la
chaud qu'y fait. — || Etre à son amain, — V.
Amain.
Hist. — « Lorsque les brigands prirent Saumur
et Angers, et jurent pour attaquer Nantes, « (Inter-
rogat. de René Mercier par la municipal. d'In-
grandes. — C. Port. — Légende de Cathelineau,
p. 323.) — « Madame, qui, à ce que j'entends, est
pour s'en aller bien tost es pays de Monseigneur le
duc son mary. » (J. du Bellay, Lettre au sieur
Jean de Morel, p. 322.)
Conjugaison du verbe Etre en Anjou, d'après les
Notes de M. Pucelle, professeur au Lycée. M. X.
De By., et R. Onillon.
CONJUGAISON DU VERBE ÊTRE
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372
CONJUGAISON DU VERBE ÊTRE
N. — Telles sont les formes notables du v. être
(et en même temps du v. avoir) dans les localités
indiquées. Il est entendu que les formes Montjean-
naises se retrouvent au Lg. et à Tlm. toutes les
fois que le contraire n'est pas spécifié. Il faut
remarquer que la forme en ornes, de la 1"^ pars, du
plur., tend à disparaître, bien qu'elle soit encore
employée par nombre de vieillards (R. O.)
J'ajoute quelques observations qui m'ont été
communiquées de différents côtés.
« ...Je ne sais où j'ai entendu dire couram-
ujerit — je crois bien que c'est en Anjou, côté
Craonnais — je sommes, nous sont, et surtout :
j'allons, nous vont. Il y a une nuance. Dans : je
sommes, le sujet parle surtout de lui-même ; dans :
nous sont, le sujet parle au nom de tous (ce qui
suppose qu'ils sont en grand'èoi<ée (nombre)...
On aime beaucoup le futur composé ; au lieu de :
je serai, on dit volontiers : j'vâs être. . . — A l'im-
pératif : mon gâs, sée toujours bon sujet ;. . . seyez
de bons travailleurs... J'ai entendu souvent dis-
tinguer : Faut-il qu'il se (seye) assez lâche pour. . .
au présent — et : Fallait-il qu'il seille (seye)...
pour : qu'il fût, temps pa.ssé. !l Au Lg., il n'y a pas
de nuance entré Je vons et J'allons.
Et je compléterai cet article par des citations de
phrases sur chacun de ces temps ; elles en éclairci-
ront le sens.
Indicatif présent
J'sé Den lassé — J'sé t'i ben comme çà? T'é trop
grand pour le — E'tu pré? — Il ô riche comme un
puits Al è pu riche que li — E' t'i v'nu chez té?
— J'sommos pardus ! — J'sommes t'i bentou ren-
dus? V's êtes s'ment pas à moquié ch'min. — I
sont sour la grange, à faire marienne. — A' sont
tojou à s'prom'ner. Sont elles encore ou (aux)
champs? — On dit .encore, interrogativement :
Aile est-elle? Ils sont-ils? — E sont toujou', sont-ê
core aux champs? j
Indicatif imparfait
J'tais pas là — Ah ! j'en n'tais-t-i soûl ! —
T'étais ou lit quand j 'avons parti. — 'tait-elle ou
noces? Etait-ou poissé ben dur? (C'était-i collé
bien dur?) — Oul'tait trop lourd, j'ous ai laissé à
bas. (II. cela était..., je l'ai...) — J'tions quat'
gars et quat' filles. — J'tions t'i à ton goût? —
Vous 'tiez rouges comme dés c'rises. — II' 'talent
rendus avant enter nous. (Enter, prononcez enterr,
est explétif). Al' 'talent couéffées en bounet rond.
Indic. parf. défini
J'guy (j'v) fus dé ou matin. — A'guy fut (elle y
fut) tout de suite. — J'guy fûmes var la Saint-
Jean.
Indicat. parf. indéfini
J'ai été malade. — J'ai t'i été longtemps? —
T'as été rampré (tout auprès) d'chez li, t'as s'ment
pas entré. — As-tu été à la fouerre? — Il a été à la
chasse su Saint-Rémi. — A t'i été avec enter vous.
Al' a été chamberrière (femme de chambre)
pendant quinze ans. — J'avons été pas pu d'deux
heures à faire nout' tour. — J'avons-ti été pu fort
r\Wenter vous? — Il (s) ont tertou été malades. —
Al (s) ont été Dimanche à l'assemblée de Morvault.
A By., au lieu de rampré, — cont' chez li ;
eir au lieu de al.
Indic. parf. indéf. composé
— Quand j'ai iu été rendu, je mé se r'pousé. —
Quand t'as iu été pris, t'as point asseye d't'en
sauver? — Quand al'a iu été mariée, ça été fini,
al'a jamé recommencé à chanter. — Dé(s) que
j'avons iu été ou lit, la piée s'é mise à chè (la pluie
s'est mise à tomber). — S'tout qu' vous avec lu été
partis, al'a arrivé. — Apre qu'il (s) on (t) iu été
r'venus, ça leûs a pris.
Indicat. p. q.parf. composé
— Si j'avai(s) iu été là, il (s) arraient rin dit. —
Si t'avai(s) iu été là, t'arrais jéliment ri. — Si
al'avait iu été pu riche, il en a'rrait ben v'Iu
(voulu). — Si j'avion(s) iu été avartis à temps, ou
(cela) n'arrait poin(t) arrivé. — Si j'y avions iu été
ensemble, queu brut qu'j'arrions m'né ! (quel bruit
nous aurions fait). — Si il(s) avaient iu été là, il(s)
ous arraient point soufTart. — Si al' avaient iu été
éiou qu'à d'vaient éter, al' arraient rin attrapé.
Futur simple
J' s'rai pré quand tu vindras. — J' s'rai-t'i
invité de c'te noce-là? — I s'ra b'n aise dans c'te
meson-là. — -\' s'ra point pour tè, t'as pas besoin
d'y aller.
Ce même futur, employé spécialement comme
interrogatif dubitatif. Même emploi à MJ.
N. — Tu s'ras dans une bonne place, pas vrai?
(Sans doute es-tu là dans une bonne place, n'est-ce
pas?) — r s'ra là dans. . . — Vous s'rez ben payé,
payés là d'dans? (J' suis sûr que v's êtes ben paj'é
là dedans.) — I' s'ront riches, ces gars-là? A'
s'ront riches, ces filles-là (Sans doute, ils, elles
sont riches. . . )
Futur antérieur
Quand j'y arrai (t) été, j'ouerrai. (Après y être
allé, je verrai). — Quand tu y arras été, tu nous
diras ce que t'en penses. — Quand t'arras été
pincé une bonne fouè, tu r'vindras pu. — Dé
qu' al' arra été là, al' arra ben vu qu'où (il) y
faisait point bon. (Dubitatif et interrogatif : Pro-
bablement, en arrivant là, elle aura vu qu'il n'y
faisait pas bon). — T'ous arras quand oui arra été
arrangé. (Tu l'auras quand cela aura été arrangé).
— Quand j'y arrons été, j'ouerrons. (Lorsque
nous y serons allés, nous verrons). — Quand vous
arrez été pris, vous r'commencerez pu.
By. — Quan' j'y arrons été, ou quant' c'est que
j'y-i arrons été, j'vârrons.
Conditionnel présent
J'y vas pas, j's'rais p'têt' point ben r'çu ! —
I s'r'ait b'n aise de t'ouerre (de te voir). — A s'rait
— J'serions ben bêtes de faire atten-
, à lé. — J'serions t'i pas ben mieux là,
— I s'raient ben à minme (à même) si i
b'n aise,
tion à li.
à Tombe
v'iaient.
Conditionnel passé
J'arrai(s) été rendu 1' premier, si j'avais v'iu
courre à ma force. — J'arrai(s) t'i été ben attrapé ;
(comme j'aurais été bien attrapé !) — T'arrai(s)
été ben fin ! (Ironique : Vraiment, si tu avais fait
cela, tu aurais été...) — Si a s'était mariée, al
arrai(t) été comm' lés autes (sous-entendu : elle
aurait éprouvé le même sort). — J'arrion(s) été
ben bêtes d'où crére (de vous croire). — etc.. ||
Au Long., cela signifierait : de le croire.
Subjonctif présent
Faut que j'seye rendu à huit heures. — Faut-i
que j'seye là, aussi moi? — Mée qu'tu seyes rendu
à midi, 't'arras le temps. (Pourvu que tu...) —
J'avons pas besoin d'aller fort, mée que j'seyons
rendus à midi, ça s'ra ben assez tout. — Faut qu'i
sèent fous pour dire ça. — Faut qu'a sèent folles
pour prêcher comme ça.
Subjonctif imparfait
Faudrait que j'fuje rendu dès l'matin, ou
jour, etc.
CONJUGAISON DU VERBE ÊTRE — EVAILLER
373
/ nfinitif présent
— Veux-tu éter le parrain d'mon p'tit gars? —
Faut éter fou pour aller courre par un temps
pareil ! — Eter si pré d'gagner, et pi pardc !
(perdre).
Infinitif passé
Aoué été (Avoir été).
Additions. — Plus-que- parfait de l'indicatif
(Auxiliaire aitéré)
.I'aouai(s) été, t'aouai(s), il aoué, j'avions, vous
aviez, il(s) aouaient été.
Étreint,-ze (Mj.) — Etreint, te — part,
pas. — Ex. : A s'est étrelnze bon dur, à n'en
chier la bousine. Cf. Plaint, plainze. — Lat.
Stringere.
Étrenner (Mj.), v. a. et n. — Fig. Recevoir
un horion. Syn. de Ecoper.
Étret, ète (Mj., Lg., By.), adj. q. — Etroit.
Cf. Dret.
Hist. :
« Demoiselle belette, s\i corps long et fluet,
« Entra dans un grenier par un trou fort étret. «
(La Fontaine, m, 17.)
« Echappé d'un filet qui d'une attache estrette
« Les tenoyt enserrez, chacun fait sa retraite. »
(J. DE MONTLYARD, aU XVI« S. MÉN.)
Étrétezir ° (Lg.), v. a. — Etrécir. Vieilli.
Ëtrier (Lg.), v. a. — Sevrer un enfant, un
jeune animal. Syn. de Détrier, seul employé
à Mj., et qui se dit aussi, mais plus rarement
au Lg.
Ëtrieu (Mj., Lg.), s. m. — Etrier. Cf. Etrou,
Et. — Assez confuse. Le radie, semble avoir
l'idée de Appuyer avec effort. — L'étrier paraît
avoir d'abord été la courroie qui, maintenant,
soutient l'étrier proprement dit. — V. fr. Estrier,
comme notre patois. De même, on a dit Angieus,
Poitieus, pour : Angiers, Poitiers. — L'angl.
stirrup est un composé de Stigan, monter, et rope,
corde. — Dér. Estrivière. — Vx verbe: Desestriver,
renverser des étriers, désarçonner. N. Je ne le crois
pas. Stirrup — Estrope — Etrieu — Etrou.
Ëtrilleiir (Ag.), s. m. — Ouvrier ([ui polit
les cordes avec un Raidat.
Hist. — A l'usine Delahaye-Rougère, M. V...,
élrilleur, portait un fardeau lorsqu'il tomba sur les
genoux. (Anfi. de Paris, 21 juillet 1907, 3, 2.)
Étripcr (Mj., By.), v. a. — Enlever les
tripes.
H. — Cité par Rab., P., m, 28, 278.
Ëlrdiifî/tT (Lg.), v. a. — Etrangler.
Étroii (Mj., By.), s. m. — Tolet, boucle
d'osier fixée dans un trou pratiqué au rebord
du fûireau et dans laquelle on engage le
manche de la rame, ou laagourt de gâche. \\
Dansles autres bateauxon remplace Vétrou par
le tolet.
Et. — Etrope, pour Estrope. Corde qui attache
l'aviron au tolet. (Dakm.) Doubl. de Etrieu.
Ettache (Lg.), s. f. — Attache, lien. Mais
on (lit : Attacher et non Ettacher.
Étiiit*, s. m. — Etui. — N. Se prononce qqf.
Ecuit.
Étuler (s') — (Mj., Sa.), v. réf. — S'amincir,
s'élancer, devenir grêle, en parlant de la tige
d'un arbre; s'amaigrir, en parlant d'un plant
trop épais. — Doubl. du fr. s'Etioler.
Et. — Etioler, de Eteule, pousser en chaume. —
du lat. stipula, paille.
Ëturgeun (Mj., By.), s. m. — Esturgeon.
N. Ce poisson remonte parfois, quoique rare-
ment la Loire ; il en fut pris un, d'une cen-
taine de livres, à Chalonnes (1900).
N. — Il est remarquable que le pat. ait, dans ce
mot, supprimé l's. Cf. les mots Etude, Etoile, etc.
Et. — Aha. sturio. — Eturgeon se trouve dans
Retz, i, 2.
Eiible, s. m. — V. Eble, sureau.
Et. — Euble, hièble. Lat. Ebulum. Cf. Hcble.
Eules (Mj), pron. f. plur. — Elles. Ou
Eulles. — Cf. lelle, leuUes.
Eunier (Mj.), v. a. — Aimer.
Eun,'eune, (Ti., Te, Zig. 203), adj. déterm,
et adj. numér. — Un, une. Syn. et d. de Ein.
In, leun, Y in. — By. Dans n'eine colère.
Eusse (Mj., By.). Pron. pers. Eux. — N.
C'est une prononc. affectée qui nous est
venue récemment des villes. Les vrais patoi-
sants n'en usent pas.
Évâiller (Segr., Craon, Mj.), v. a. — Syn.
de Egailler.
Eu. — Observations. — Eu remplace e dans :
chez, — cheux nous. — Est remplacé par u dans :
hurter, hureux, malhureux, et par é dans /ène, jeune,
ai'cgle, aveugle (Lg.). — Eux remplace souvent la
terminaison eur : laboureux, flatteux, leux. Cette
particularité est restreinte aux adjectifs en général
et aux subst, qui indiquent une profession ou
peuvent prendre la forme fémin., comme ven-
dangeur, — geuse. Les autres snbst., cœur, odeur,
seigneur, ne subissent point cette modification.
(Jaub.) — Inutile de la signaler partout. V. plus
bas : Eun.
Eur. — Prononciation de : re dans les mots
comme s'Entreregarder, — s'entr'eurgarder.
Eux. — Prononciation de Eur.
N. — En moyen français, l'r final de eur dispa-
rut de la prononc. popul. et même dans celle des
classes élevées. On disait : un menteu, un porteu
d'eau, un coupeu de bourses, un arraciteu de
dents, etc. — Nous trouvons une trace de cette
prononciat. dans le vers de La Fontaine :
« Mon bon Monsieur, (eu)
« Apprenez que tout flatteur (eu)
« Vit aux dépens de celui qui l'écoute. »
— L'r reparut dans la prononciation de la bour-
geoisie dans le milieu du xviir" s. Toutefois, l'on
dit encore faucheux à côté de faucheur (araignée
des champs), baveux, pour baveur, etc. C'est sur-
tout dans la langue popul. que la prononciat. par
eux s'est maintenue de façon à amener une confu-
sion avec le suiï. eux, euse. C'est en réalité un
suffixe différent de celui-ci et péjoratif : les parta-
geux, pour : les partageurs. C'est" ainsi que l'on a
dit : les Conimuneux, pour : les Communards. A la
même origine se rattachent d'autres termes de
mépris, comme les Gommeux. etc. (L. Sudre.
W., 129, p. 83.)
374
ÉVANGILE
ÉVIS
Et. — Semble dér. de Aivail (v. Eau), comme
Egailler du fr. Aiguail. En sorte qu'aux doublets
Aivail et Aiguail, l'un purement patois et l'autre
admis en fr., correspondraient les deux doubl.
riat. Evâiller et Egailler. Il est à noter que, dans
l'un et dans 1 autre, l'a se prononce très long, très
lourd, tandis qu'il est très bref dans Aivail, aussi
bien que dans Aiguail. — Se rapproche de Eve,
évier. — Evâiller du foin, du fumier, l'étendre. ||
Z. 1.39. Etendre, allonger.
Ëvangile, s. f. — Ex. : Ils ont lu la grande
évangile.
Ëvangiler (Fu., Mj.), v. a. — Lire l'évan-
gile sur qqn, bénir, faire des prières religieuses
sur. Les femmes, à leurs relevailles, se font
évangiler par le curé ; on fait aussi évangiler
les petits enfants le jour de la Saint-Jean. ||
Sp. — Ironiquement: Exécuter, saisir. — Ex.
L'huissier a évangile ein tel.
Évas (Lg.), s. m. — Evasement. Ex. :
Uévas d'une porte, d'une fenêtre. Langue
des ouvriers du bâtiment.
Eve. — Eau. Mais aussi Jument. Dans le
premier cas, il vient de Aqua ; dans le second,
de Equa. Se lit dans Fane. Coutume d'Anjou
et du Maine, non imprimée. Le Hers est
pendu quand ils emblent chevaux ne èves. »
— Les Gascons disent Eques.
Évée (Chem. Cha.), s. f. — Abondance de
pluie. Cf. Aivée.
Éveille-fou, s. m. — Ce son se donnait à
la cloche des moines indolents. D'après
Ménage : « à cause de la cloche qui sonnait
les matines». Dans une Charte de l'Hôtel-
Dieu d'Angers (1183) on lit : « Tintinnabulum
quod evigilans Hultum dicitur. » Au contraire,
sur la cloche du réfectoire il y avait ce vers :
« Vox mea, vox grata est, quia prandia dico
(parata. »
Que ce son est doux, quand elle me dit que
le repas est prêt. (Mén.)
Événouir (Z. 139, Lx., Zig. 143), v. n. —
S'évanouir. Elle a événoui ; — elle s'est éva-
nouie.
Éventé (Lg., By.), part. pas. — Goût
d'éventé, goût désagréable que prend le lard
trop avancé. Syn. de goût de vent.
Éventer (Mj.), v. a. — Dans le langage de
vignerons, éventer une pièce, c'est en l'Ogner
l'extrémité. Ainsi le blanc tendrillet coule
régulièrement à la floraison, si on Vévente. \\
Lg. — Ouvrir la panse de, une bête bovine,
au moyen du trocart ou d'un couteau, en
cas de météorisation. Langue des mégeilleurs.
N. Et non Eventrer.
Et. — Du franc. Vent, parce que les gaz
s'échappent par la plaie.
Et. — LiTTRÉ, sens 4 et 5. Eventer un œil,
approcher la coupe très près de cet œil ; éventer
la sève, faire de trop grandes plaies aux arbres.
C'est : altérer par l'exposition à l'air.
Évernâiller (s') — (Sp.), v. réf. — Sortir
d'une cachette, se montrer subitement. Syn.
à.Q^QDébourniger,^Q Décanicher. || Ma. Z. 205.
— Se secouer, se réveiller, faire montre
d'énergie.
Éverrer, v. a. — Couper le filet de la langue
pour préserver un animal de la rage.
N. — Enlever sous la langue des chiens un petit
nerf qu'on a pris pour un ver occasionnant la
rage. (Litt.) V. Everter.
Éverter (Lg.), v. a. — Extraire de la cer-
velle d'un mouton atteint du tournis ou aver-
tin le ver qui occasionne la maladie.
Et. — Evidemment dérivé du fr. Ver. Il est
d'ailleurs très vraisemblable que c'est de ce mot
que vient le fr. Avertin, et non du lat. Avertere,
comme le prétend Hatzfeld.
Éverzillé (Li., Br.), adj. q. — Avisé. Ma
petite est bien éverzÛlée.
Évestoui (Sar., Li., Br., Lg., By.), adj. q.
— Gai, réjoui, déluré, gaillard, rusé. Mon
gars- est ben évestoui. Cf. Révestoui. \\ By.
Evoestoui.
Éveuveter (Lg., Sp.), v. n. — V. Veuveter,
Veuver.
Éviâiller (Mj., Tlm., Sal.), v. a. — Décou-
vrir, mettre au beau, rasséréner, en parlant
du temps. Syn. de Epurer, Egarer, Ebobe-
lucher. — Du fr. Vie? i| v. a. — Réjouir,
ragaillardir, égayer, rasséréner le caractère.
— C'est le même mot qu'à Mj., dans un sens
très voisin. j| V. réf. S'éviâiller ; se donner du
mouvement, de la gaîté, en parlant des per-
sonnes.
Evier (Lg.), s. m. — Evier. L'e se prononce
très ouvert, conformément à l'étymol. Aive.
On devrait même écrire Aivier. Eve existe
toutefois. V. Eau. \\ Br. Ee-vier, ée-vier.
Et. — Lat. Aquarium. — Le peuple dit souvent :
un levier, par suture de l'article.
Évier (Lg.), v. a. — Eveiller. Cf. Vier,
Viée, Cotion. — Lat. Evigilare. || By. Ev'iller,
ill, dur.
Évisi (Mj., Z. 149, Sal., Chl.), s. m. — Avis,
opinion. Ex. : Il m'était ben évis que j'avais
entendu queuque chouse. || Conscience,
notion des choses extérieures, perception
réfléchie. On dit d'un petit enfant : Uévis va
le prendre, c.-à-d. la conscience va se déve-
lopper en lui. Il Sembler évis, — sembler,
paraître, être avis. Ex. : Me semblait ben
évis que je l'avais déjà vue queuque part,
mais je n'étais penlecas de illi mettre un nom
sus la figure. — N. Cette loc. pléonastique est
en usage à Tlm., comme à Mj. — Il me semble
évis que, — n'est autre chose qu'un amalgame
assez illogique des locut. : Il me semble
que..., etc. Il m'est avis que... — Cf.
Tâcher moyen, dans : Tâchez moyen d'aller,
plus vite. 'I Fu. — Il n'est pas évis comme
c'est difficile, — on ne saurait croire, s'ima-
giner combien c'est difficile, Mj., id..
Et. — Avis. De à + vx fr. vis, lat. visum, ce
qui est vu. On a dit d'abord : Ce m'est à vis, puis :
ce m'est avis : enfin : c'est mon avis.
ÉVIS — EXTRAIT D'AGE
375
Hist. — « Ayant perdu la connaissance et adi>is
du monde, rendit son âme à Dieu. » (1619. —
J/u: Arch., S. E. m, 305, 1, m.)
— « Ny plus ne moins qu'à ceux qui sont sur l'eau
« Passans d'un lieu à l'aultre par basteau.
u II semble advis, à cause du rivage
« Et des grands flotz, les arbres du rivage
« Se remuer, cheminer et danser. »
(Rab., Epit. à Jehan Bouchet, p. 60o.)
— Voir : Avis.
Évis = (Mj.) (Evice), s. f. — Vis, machine
simple. Corr. du mot français. Cf. Ai'isse.
Éviter (Mj., By.), v. a. — Ne pas inviter.
Se dit en plaisantant. Ex. : Ils ont invité les
autres, mais moi ils m'ont éi'ité. — Invitare,
Evitare.
ÉvTole, s. f. — Ampoule ou vessie qui vient
sur la peau. De Eve. V. Eau. Syn. de Bouffie.
N. — 1564. Eaurolle, aerole. — Aquariola.
« Un râteau mal rangé, pour ses dents, paraissoit
« Où le chanvre et la rouille en monceaux s'amassoit
« Dont pour lors je connus, grondant quelques
(paroles,
« Qu'expert il en sçavoit crever ses éveroles. »
(RÉGNIEK, Sat., X.)
On dit Evrole, en Anjou. — Ménage.
Examiner (Mj.), v. pr. — S'examiner, —
s'user, s'érailler, se faire mince, en parlant
du linge ou d'une étoffe. Ex. : Velà eine che-
mise qui commence ben à s'examiner.
Et. — Examen ; proprement, l'aiguille de la
balance qui dénonce l'équilibre ; de là : action de
peser, d'examiner, pour : Exagmen, de Exigere, ou
Exagère, réduire à. (Litt.) — Examiné, d'oii :
usé, tourmenté : « Car voirement du temps passé
(ce pays) avoit esté trop fort examiné et traveillé
de tailles. » (L. C.) — Je lis au mot Essaimer,
maigrir, s'en aller peu à peu. En parlant de la
santé, Montaigne (n, 22) dit : « Il nous la faut
essimer et abattre. » — « J'aimerois presque
également qu'on m'ostast la vie, que si on me
Vessimoit. » (ui, 10.) — Si Essimer est pour Essai-
mer, comme Examiner est de la même famille,
p.-ê. faudrait-il voir là une identité de sens.
(Voir Montaigne et son Gloss. — De Mont.) —
Examiner (to examine), décourager, accabler,
éprouver. — Du lat. Exanimare, consterner,
inquiéter ; littéralement : ôter la vie. Par méta-
thèse, en ce sens, pour Exanimer. « La durée de
cette playe fut longue... afin... que Dieu resti-
tuast (pourvût) sa terre de peuple tout nouvel,
examiné par adversité. (Al. Chart., EEsp., p. 321.
— Cité par MoisY.) || R. O. propose s'Etaminer,
du fr. Etamine. Vx fr. Estamine.
Exarcer, Exarcice (Mj.)- — Exercer, Exer-
cice.
Hist. — Les habitants de Saint- Aubin avaient
demandé « que l'église de Sint-Aubin en set
commune leur fut ouverte pour par eus y être
exarcer leur culte ». (Cité par abbé Bretaudeau,
p. 182.)
Excès (By.), adv. — Trop. Ex. : N'y a
point d'excès. Il n'y a rien de trop. — Exces-
sus, de excedere.
Ex. — Ce préfixe, devant une consonne, se
prononce toujours Es. On dit Esprés, esploiter,
esposer, estase, etc. (Mj., By.)
Excuses, s. f. — Faites excuses, — excusez-
moi. Cf. Escuse.
N. — Cette loc. est à rejeter ; le sens rigoureux
serait qu'on demande à son interlocuteur qu'il
fasse ses excuses ; comme dans : Exiger des excuses.
C'est le contraire de ce que l'on veut dire.
Exemple (Mj., By.), s. f. — Ex. : Dame !
c'en est ieune qui donne de belles exemples à
ses quenaux !
Et. — A été fait du fém. (Régnier.) L'est
encore qqf., sans raison, dans exemple d'écriture.
(Litt.) — N. Les plur. neutres, en lat., étant ter-
minés en a, comme beaucoup de noms fém. sing.,
furent assimilés souvent à ceux-ci. Tel : Exemple.
Exiler (Sp.), v. a. — Détourner, distraire,
subtiliser. || v. réf. — S'isoler, s'écarter, se
tenir à distance. — C'est le fr. Exiler, con-
fondu sans doute avec Isoler, et pris dans des
sens spéciaux.
Exister (Lg.), v. n. — Mener large et
joyeuse vie, se donner du bon temps. Ex. :
C'est ein homme qui a existé.
Expédient, e (Mj., By.), adj. q. — Expé-
ditif, vif, prompt, en parlant des personnes. ||
Expéditif, simple, facile, efficace, en parlant
des choses. Ex. : Je crais que c'est le pus
expédient de faire comme ça. — Pratique.
Et. — Dér., comme le fr. Expéditif, du lat. Expe-
dire. Ex, pes, pedis : dégager, tirer le pied hors. —
« Aultres sont par le monde qui, estant grande-
ment affligés du mal de dents..., n'ont trouvé
remède plus expédient que de mettre... » (Rab.,
P., n, Prol.) — « I-e même du Moulin, toutefois,
accorde qu'ils peuvent faire ad dictum... Mais
il semble qu'il trouve plus expédient que... »
(Coust. d' Anjou, t. n, col »9.)
Exposant (Mj., By.), adj, verb. — Dange-
reux, périlleux. Syn. de Risquable. C'est ben
exposant ! »
Exposition (Pc, Mj.), s. f. — Péril, danger,
risque. Au jeu de boules : « N'y a point
d'exposition à s'-appuyer sur. à pousser le
maître. » Sous-entendu : nous avons une boule
devant, ça ne peut que nous faire un point
de plus.
Expr<^s (Esprès) — (Mj., By.), adv. — Ex..
C'est fait exprès, comme les chiens pour
mordre le monde, ji A l'exprès, — même sens
— je ne l'ai pas fait à l'exprès. || C'est comme
un fait exprès, je voulais sortir et y tombe de
la piée à verse. 1| Lg., s. m. pi. — L'outillage.
Ex. : Pour bûcher, faudrait avoir les exprès.
Et. — Qui est exprimé de façon à n'avoir aucun
doute possible.
Exténuer, v. a. — « Il cherche à m' exté-
nuer, à me faire du tort, à diminuer ma clien-
tèle, en me prenant mes clients. « Entendu
ce mot d'une personne étrangère à l'Anjou ;
mais comme il est expressif ! — Cf. Atténuer.
Et. — Ex tenuis, rendre plus petit, plus ténu.
Extrait d'âge (Mj., By.), s. m. — Acte de
naissance.
Hist. « Qui avait refusé de délivrer son extrait
d'âge. »(1743. — Inv, Arch., E., m, p. 410, col. 1),
376
ÉYON
FAGUEXAT
Éyon (Sp.). — V. Yon.
Éyoù (Ec, Mj., By.), adv. — Où. Marque
le lieu. Ex. : Eyoù est-il? — V. Yoù. ■ — Eyoù
donc qu' tu vas? D'éyoù donc qu'tu viens? ||
Et même : d'yoù donc qu'tu viens ? Il
Y a eyoù, — il y a de quoi. Ex. : S'il n'y a pas
éyou en tourner ! — s'il n'y a pas de quoi en
perdre la tête ! — N. Après Eyoù on emploie
ordinairement que. Ex. : Je ne sais pas éyoû
que c'est. — Souvent aussi on ajoute un s para-
gogique. — Ex. : Je sais pas eyous que c'est.
— N. A Mj., on dit indifféremment : Eyoù,
Yoù, Eyous, Yous, Oyou, ayons. — Dans le
Choletais (Sp., Tlm., Lg.). Èyour, Your.
Éyour (Sp.), adv. — Où. — Marque le
lieu. Ex. : Je sais pas éyoùr qu'il est ;
je l'ai mis, je sais pas éyoùr. — Cf. Your,
Eyoù.
Éyous' (l's final se prononce fortement).
Comme Eyoù, Eyoùr. Je sais pas éyoùs qu'il
est, (Mj., By.)
F
OBSERVATIONS
Voir, à leur ordre alphabétique, et en note
diverses remarques. De plus :
FI se prononce souvent Cl ; ex. : Fléau, clenu,
fleumer, cleumer ; riflet, riclet.
F devient r : neufs, neurs; remplace v : dénâfrer.
Ne se prononce pas à la Pin des mots : chétif °,
ch'ti.
F. — Indique une monnaie frappée à
Angers. X. Voir au Musée des antiquités à
Angers. . . 5° un denier tournois de Henri III,
frappé à Angers, lettre F. (Abbé Bretaud.
p. 9, note.)
Fabriqueur, s. m. — Membre de la fa-
brique d'une église. (Brossier, t. II. — Méx.)
Face (Mj., Ag.) s. f. — En face, loc. prép.
— en face de, vis à vis de. Ex. : Il demeure
en face chez nous.
Hist. — Son cadavre a été retrouvé en face la
Baumette. {P. Courrier, 30 juill. 1907, 2, 4.)
Faces, s. f. — Grand côté des bancs de
schistes, tandis que les petits côtés, ou chefs,
ne servaient pas à marquer les foncées (Tr.).
Méx.
Fâche (Mj., Lg.), s. f. — Dégoût, écœure-
ment. X"e s'emploie que dans l'express. :
Prendre fâche, se dégoûter, être écœuré.
Ex. : J'y prenais fâche sus leux cuisine. — •
Syn. de Prendre danger, Dangeler.
Il By. — Fâcherie plus grave. — Des
p'tit's fâcheries d'abord ; c'est anhui eine
vrai' facile entre-y-eux ; d'meshui i' s'ront
toujou à couteaux tirés.
'^.t. — « Le lat. Fastidium n'a pu donner direc-
tement fâcher. Provenç. fasticar, — gar ; fâcher.
Ce V. dérive de Fastic, Fastig, qui, conformément
au génie de la langue provenç., représente le lat.
Fastidium. Fâcher est donc proprement : donner
du dégoût, de l'ennui.
Façon (Sp.), s. f. — Façon de beurre, motte
de beurre. Syn. de Coin, Forme. || Sens ero-
tique. Cf. Faction, Aller au beurre.
Et. — Du lat. factionem. pouvoir de faire.
Façonnier (Sa., Mot.), s. m. — Bûcheron
qui fait des fagots à la tâche. — V. Façon.
Faction (Mj.). s. f. — Prendre en faction,
— pr. sur le fait. || Etre en faction, — sens
erotique. — V. Façon.
Fade (Mj., By.), adj. q. ^ Amer. Ex. : C'est
fade comme de la suée (suie). — A Mj., le
mot n'a pas d'autre sens, et Amer est inconnu.
— A Sp. on emploie les deux mots dans leur
vrai sens, jj Lue, id.
Et. — Lat. fatuus, insipide. Cf. Fat. (Litt.) —
Lat. vapidum, éventé, devenu fapidum, fapde,
fade. (Darm.)
Hist.
<! Par un seul mot on y pourroit pourvoir
« Et faire miel le fade de mon cœur. »
(G.-C. Btjchek, 134, 160.)
Fadéier (Mj.), v. n. — Devenir amer. Ex. :
Velà eine cocombre qui va bentout fadéier.
Et. — Du fr. Fade, pris au sens patois, avec le
saff. inchoatif : éier. — V. Fade.
Fadi (Sar.). — Voir Fade.
Faducliet (Segr.), s. m. — Petit avorton,
frêle, chétif ; faible, débile, difficile à nourrir.
V. Faluchet.
Fagas (Cho.), s. m. — V. Faguenat.
Fagotage (Lg.), s. m. — Xom collectif
sous lequel on désigne les fagots, la bourrée,
la fournille ou fourneille. Ex. : Cobé le fago-
tage paye-t-il d'entrée à Cholet?
Fagotier (Auv.), s. m. — Tas de fagots.
Syn. de Massière, Mouêche.
Fagoton (Mj.), s. m. — Petit fagot.
Fagots (Th.). — Quand le vent est au N.,
on dit qu'il est dans les fagots.
Fagot' (Li., Mj., Br.). — C'est le mot
Fagot, avec le t final sonore.
Faguenat s m. — Moisi., ou Faguenas.
Et. — Orig. incert. — Faguenas. Terme familier
et vieilli. Odeur rebutante qui sort d'un corps
échaiiiïé ; odeur d'hôpital. " Odeur de crocheteur
échauiTé ;, dit L.a. Moxxoye. {Gloss. des Noëls
bourguign.) — (LiTTRÉ.) Odeur de gousse. « Le
faguenat des Hespaignols, par Fra Inigo. » (Rab.,
I, 72.) — Y aurait-il du rapport avec : fange,
fangeas, — bourbier, mare, — faignes et fagnes,
dans le Luxembourg?
— « Une mare, un fangeas qui n'a rive ni fond. »
(Belleau,87.)
FAIGNANT
FAIRE
377
— Staguenat, saguenat, s. m., urine qui croupit.
(Favre.) — La P* forme rappelle Stagnant. —
« Il est vrai que le cas de celles qui font des enfants
est toujours faguenant et mal odorant. > (B. de
Verville, m. de p., m, 83, 4.)
Faignant (Partout), s. m. — Fainéant.
Et. — « On prend, d'ordinaire, feignant pour une
corrupt. de fainéant ; mais Génin a soutenu que
c'est le part, du v. feindre, ou se feindre, ayant
eu le sens de : hésiter, reculer. Cette manière de
voir est appuyée sur feintise, prise au sens de
fainéantise. (LiTT.) — N. L'existence de notre v. se
Poindre et de l'adj. Fointroux vient appuyer l'opi-
nion de Génen. — Faingnant ; chiche, avare, —
aujourd'hui syn. de paresseux, — part, de faindre.
« De vous me guermente, et plain,
« Du plus jaingnant et fau.x et mauvais villain
« Qui oncques fu. » — (Deschamps.) L. C.
— Se faindre, se ménager, travailler nonchalam-
ment :
« Car amors ne se faint niant. « (D. C.) —
ScHELER donnera la conclusion : « Il faut distin-
guer, comme l'observe fort bien Génin, le mot
fainéant, qui ne fait rien, de feignant, mot popu-
laire signifiant : qui ne va pas de tout cœur au tra-
vail, ou plutôt qui, n'osant pas avouer sa paresse,
accepte le travail sans le rechercher. Ce feignant là
vient de : se feindre, hésiter, faire difficulté, se
soustraire au travail.
Faignante (Sp.), s. f. — Siège de roulier,
formé d'une bande de forte toile que sup-
portent, en avant de la roue, deux pitons en
bois fixés dans le limon de gauche de la char-
rette.
Et. — Corrupt. de l'adj. fr. Fainéante, pris
substantivement et métaphoriquement.
Faigne (Lg.), s, f. — Patrouillis, ordure
demi-îiquide, boue, fange. Ex. : J'ons sèment
pas de la bourrée (litière) ; les bêtes sont dans
la jaigne. Syn. de Pilroil, Pitoil, Fatouille.
Faignoux (Lg.), adj. q. — Boueux, fan-
geux, plein d'ordure. Syn. de PatouiUeux,
Pitroilloux. De Faigne.
Faije (Tlm., Lg.). Faise (Mj.), fa.sse (que
je), subj. prés, du v. faire. — Il faut que je
fnije, ou Fai.'^c.
Faillait, impai'f. de Falloir, et Faillii, part
pas. Mj. — Pour : fallait, fallu. — On dit encore :
Faillait ben, a ben faillu ; mais ces formes ont
vieilli. Il Z. 152. Faullait, pron. fauyait (By.,
ici. et faillu, pron. fauillu). — Se confond avec
Failli. Ex. : Il ne s'en est guère faillu qu'il
tombe dans le puits.
llist. — « Voyant que naturellement sus vos
vieulx jours, étiez constipé du ventre et que,
journellement, vous faiUoit au cul fourrer un
apothycaire, je dis un clistere. » (Rab.. P., iv, 67,
\~'i.) — « Ce jourd'huy joudy... que l'eau estoit
par les rues de ceste paroisse et faiUoii y aller par
batleaux. » (1623. — /ne. Arch., S, s., E. 284, 2, m.)
Failléte (Lg.), s. f. — Faillite.
Failli (Lue, Sal., Mj., Lg.), adj. q. — Terme
de mépris et sens vulgaire. — Failli gars, —
mauvais garnement, jj Malade, qui dépérit :
« Il est bien failli , — il a bien mauvaise mine.
— Syn. et d. de Fâli. (Lrm., id.) i By., a très
lonjî.
Et. — Faillir, de fallere, faillire (a produit faillir
et falloir). Le lat. fallere a passé aisément du sens
de tromper à celui de faillir. — On disait : failli de
cœur, cœur failli, — lâche, sans cœur. (Litt.) —
Jehan de Bourgeauville dist au suppliant qu'il
batroit bien un si failli et si foireux chevalier
comme il estoit. )> (1388.) L. C.
Faillir (Mj.). — Falloir. X. Ces deux verbes
sont sans cesse confondus. Même orig. —
Fallere, Fallire. V. Failli. || By. — Pron.
Fauiller.
Failloir (Mj., Lg.), v. n. — Falloir. Forme
très vieillie. Cf. Vailloir. Y. Faillir.
Hist. :
« Vis à vis, de l'autre costé.
S'assit le segineur de l'hostel.
Et eurent du vin. Dieu sait quel,
Il ne failloit poinct demander. »
Villon, les Repues franches. — Jaub.
Failli! (Mj.), Part. pas. de Falloir. — Vieilli
Il By. fauillu.
Hist. — CI En l'an 1593, il a faillu à Pasques,
pour accommunier le peuple de la paroisse de
Cuon. " (Iiw. Arch., S, E, 111, 2, h.)
Faim-calle, s. f. — Faim valle.
Et. — De faim et du celto-breton gwal , mau-
vais. Cette étymol., corroborée par l'express, ana-
logue Male-faim, explique aussi les formes acces-
soires : faim-gall, faim-calle et fraimgalle, fringale.
Faine (Segr.), adj. — N'être pas faine,
c'est : n'être pas embarrassé ; — p.-ê. fai-
néant (MÉx.). Angl. Fain, contraint.
Fainiant, Fainianter, Fainiantise. Pour :
Fainéant, fainéanter, fainéantise. (Partout).
\'. Faignant.
N. — Le gallo-roman a perdu la particule in qui
s'unissait aux subst. et aux adj. poTir leur donner
une valeur négative et l'a remplacée, dans l'anc.
fr., par : neent, nient. D'où : fainient. Le peuple ne
prononce déjà pas si incorrectement ce mot.
Faire (Mj., Spb., Lg., By.), v. a. — Sens
innombrables, jj Proposer en vente pour un
certain prix. Ex. : II m'a fait sa vache vingt-
cinq pistoles. — A m'a fait ses codones dix-
huit sous le quarteron. || Faire son, faire le.
Ex. : Il a fait son sot, fais donc pas ton sot. —
Faire son rococo, son pidoux. \\ v. n. Absolu-
ment. — Mettre bas. Ex. : Je crais que la
jument va faire ceté nuit. || Tendre, pêcher.
Ex. : J'ai fait là pendant pus d'eine heure, je
n'ai point vu mordre, jj .Absolument. Faire,
— suffire. By. Ex. : Ce que j'avais de grain
ne fera pas, ou ben ça fera bique à bique. —
Vingt écus, ça ne fera pas pour payer mes
quatre laitons. — Les Angl. disent de même :
That vont do, cela ne suffira pas. || Avoir de
que faire, avoir ben de que faire, — être à
l'aise, être riche. || Sp. — par ellipse. Avoir
de que, — même sens. Ex. : C'est des gens
qui ont ben de que. |1 Faire pour, — se pré-
parer à. Ex. : Faut faire pour nous en aller.
Als. Faire après, soigner. By. Ex. : Ein
homme puissant comme ça, qui est en para-
lésie, je vous réponds que sa femme a du
tahut à faire après. Cultiver. Ex. : C'est eine
terre point commod(! à faire. [\ Atleindre à
378
FAISANT — FAISE-EXT
un poids, à un volume, à une dimension. Ex. :
Ceté coi'de-là ne fait pas quatre pieds et demi.
— Ton gorin ne fait pas sept-vingts. || Pro-
duire .son effet. — Ex. : Sa médecine a ben
fait. — Faut donner le temps à la médecine
de faire. \\ Faire des souffrances, — souffrir,
pâtir. Ex. : Il a fallu qu'aile en faise des souf-
frances pour mourir. || Faire fracture, —
casser qqch., f. effraction. || Faire frayeur, —
effrayer, épouvanter. || Donner les cartes. —
Ex. : C'est à moi de faire. \\ Tant faire de ses
pieds et de ses mains que . . . , — en faire tant,
agir avec tant d'ardeur, que. || v. n. — Affec-
ter, impressionner. Ex. : Ça illi fait ben que
son chien a querci. \\ Absolt. Illy faire, —
avoir qq. effet, être de qq. importance. Ex. :
Je ne crais point que ça illy fail. — Ça illy
fait comme ein cautère sur eine jambe de
bois, — au pied comme à la jambe, c.à.d.
rien. || N'avoir que faire de. — Hist. « Car,
comme elle, pensant luy faire plaisir, luy
envoyoit tous les jours force viandes
exquises..., il luy manda qu'il n'en avait
que faire. (Amyot. Vie cC Alex, le G.) — || N'y
a que faire de, — il est inutile de s'y attêter
(entêter), ça ne sarvira à ren. || Que faire que?
pourquoi? Ex. : Que faire que tu illi parlais?
Ben, que faire veux-tu te lever? \\ N. — Faire
est souvent rejeté à la fin de la proposition.
Ex. : Que illi parlais-tu faire? — Que veux-tu
l'attacher faire? \\ Faire de l'homme, — faire
l'homme. — || Faire du chien, — f. beaucoup
de toilette, en parlant d'une jeune fille. || V.
n. — Mesurer, avoir une longueur, une lar-
geur, une grosseur de, — Ex. : J'ai tué ein
vipère qui faisait ben ein mètre, i] Faire cons-
cience, — donner des scrupules, Ex : Ça me fai-
sait conscience de illi prendre si char. |j Fairela.
vie, — mener une vie de débauche. j| Faire
vieux, — avoir l'air vieux, et, a^ fig., paraître
abattu, hâve, défait ou déconfit. || Faire du
jeu, — faire bon jeu, amuser beaucoup. ||
Faire du retour, — durer, suffire longtemps.
Ex. : Eine pièce de cent sous, ça ne fait guère
de retour, ça n'a guère d'élaize (dé laise). — ■
Syn. de Sucéier. || Y faire, — avoir de l'in-
fluence. Ex. : La lune, ça illy fait ben pour le
temps. Il Absolument. Faire à, — Pêcher, ou,
plus exactement, essayer de pêcher, tendre.
On fait à la ligne, à la sine, à la trouble ; on
fait à la vermée, au vif, et (au Long.), au
fleuré ; on fait à la ligne de fond, à la ligne
volante ; on fait au goujon, au gardon, au
brochet, etc. — On fait, on fait ; mais on a
beau faire, on ne pêche pas souvent. || Faire
de que, impressionner. Ex. : Ça m'a ben fait
de que, de le voir comme ça. || Faire affre. —
V. Affre. Il Faire canne, — porter une canne,
se pavaner avec une canne. || Faire caprice,
— inspirer un caprice, une passion. || Faire
danger, — dégoûter. || Faire eine mort,
mourir. On dit : faire eine belle, eine bonne,
eine triste mort. || N'avoir que faire de,
— s'occuper vainement de, — Ex. : il n'a
que faire de la demander, ce n'est point
pour lui. Il Faire divorce, — divorcer.
— « Un linot depuis peu, charmé de votre
(note,
A fait divorce avecque sa linote. »
(Pellisox. — Cité par Jaub. à Linot.) — ||
A voir faire (Lg.) — d'après ce que l'on dit
— Ex. : J'en ai demandé des nouvelles ; à
voir faire, il n'a pas si grand mal comme ça
s'est dit. il Se suffire, vivre, v. n. — Ex. :
Avec cent francs par mois et quatre enfants,
vous pensez ben qu'ils ont ben du mal à faire.
Il Lue. — Il fait de la piée, — il pleut. |] Faire
sa poire ou sa merde, — s'en faire accroire,
se pavaner. || Faire de l'herbe, — en cueillir.
Il On fait une haie, on ne l'émouse pas. (Fu.)
— il Z. 141. — Il n'y a guère où en faire, —
en parlant d'un mauvais ouvrier qui ne tra-
vaille pas. Il est comme la mauvaise pierre
dont on ne peut tirer d'ardoise.
Il Faire affaire, — conclure un marché.
Ex. : Eh ben, as-tu fait affaire avec ton mar-
chand de gorins? || Ben faire (Mj.), v. a. et n.
— Suffire. Ex. : Ça c'mence à ben faire, —
en voilà assez. || Qu'ça peut-i faire? — qu'est-
ce que cela peut faire. I est mis pour : il, et
non pour y. Ce n'est pas comme dans : Ça
n'y fait ren. Tous les remèdes ça n'y fait ren ;
y pour : à lui, au malade, ou : à elle, à
la maladie. || Faire sa religion, — la pra-
tiquer. Il Faire son jubilé, sa mission, —
suivre les exercices d'un jubilé, d'une mis-
sion. Il Se faire besoin de, — avoir besoin de,
désirer. — Et : Vous me faites besoin, — j'ai
besoin de vous, de vos services, !| Etre fait
mourir, — être mis à mort. — N. En parlant
de canards, une femme disait : Je vas faire
mon bonhomme les tuer, pour : je vas les
faire tuer par mon bonhomme. || Faire un
taureau, — le châtrer. Langue des mégeil-
leurs. Il Lg. — Faire un bœuf, une vache, —
abattre et dépecer. Lang. des bouchers.
Hist. — Proust, ce cruel maire de Joué-Etiau,
qui fit égorger un si grand nombre d'habitants de
sa commune..., a fait une mort des plus effrayantes.
(Deniau, Hist. de la V., t. VI, 157.)
Faisant (Mj.), adj. verb. — Actif, labo-
rieux, travailleur. I| My. — Domestique.
(MÉx.)
Faiscinage, s. m. — Fascinage. Usage de
fascines placées dans l'eau pour arrêter le
poisson — 1772 — • sorte de barrage. (Mén.)
Et. — Lat. fascina, de fascis, faisceau. — Fai-
sine, sorte de panier d'osier propre à la pêche. —
Fessina. En fr. Faisse, ou Fesse, « vimen tortum »,
jonc tordu.
Faiscine (By.), s. f. — Prononc. Fée-cine.
Fagot à deux liens d'ormeau ou de frêne
garni de pierres, que l'on tend pour la pȐche
des anguilles.
Faise-ent, — Subj. prés, du v. faire (Li.,
Br., Mj.).
N. — Les enfants et nombre de grandes per-
sonnes conjuguent comme suit le prés, de l'ind. du
V. faire : Je fais, tu fais, il fait, je faisons, vous
faisez, ils faisent. — On dit aussi, à l'impérat. :
fais, faisons, faisez. Pour tout le monde à Jieu
FAISEUX — FAIX
379
près, le subj. a la forme : Que je faise, que tu
faise(s), qu'i faise, que je faisions, que vous faisiez,
qu'ils faisent. — Ex. : Que vouTyous que 'f faise': —
Syn. et d. de Faije. \\ By. « Qu'i faigegeant, — qu'ils
fassent. »
Faiseiix (Mj.), s. m. — Faiseur. Ex. : C'est
ein grand jaiseux d'embarras. j| Faiseux de
gueux, — exploiteur.
Faisselle, s. f. — Vase en terre, percé de
trous dans le fond, pour laisser égoutter le
petit lait du fromage, qui s'y sépare de la
partie caséeuse et coagulée. — Panier d'osier,
corbeille ou paillasson ayant la même desti-
nation. Il By. — Pron. Fraisselle (frée-celle).
Et. — Lat. fiscella, de fi.scus, panier (d'où notre
mot fisc.) — D. C. Fiscina. « Par les trous des
faisselles ou esclisses les fourmages s'égoutteront «.
(O. DE Serres.) Litt. — Dans Jaubert : Fesce de
Moule à fromages en forme de petite caisse ou de
pyramide tronquées, monté sur deux petites ba-
guettes attachées en croix, relevées et reliées entre
elles par des brins de paille de choix.
— « Tune fiscella levi detexta est vimine junci
« Raraque per nexus est via facta sero. »
(TiBtTLLE, n, 3, 17.)
— « Li saut (sort) à grans gros la cervelle,
« Si comme fait de la faisselle
« Le lait quand on fait le fromage. »
(Ane. traduct. d'OviDE, citée par de Laborde.)
— « Cumque jam celare non po.sset, sumpsit
/tsce//a/MScirpeam, et linivit eam bitumine ac pice.
(La corbeille où fut exposé Moïse. — Exode, i et n
— Fiscella, dans Virgile, EgL, x, 71.
Fait (fête) — (Partout), s. m. — Ne s'em-
ploie qu'au sing. — Avoir, biens, possessions.
Ex. : Ceté gars-là a du bon fait. — Il ont
tout mangé leur fait. \\ Effets d'habillement
Ex. : Ne va pas salir ton fait. \\ Beaufait. \\
Lue, — id. — Il a emporté tout son fait, —
toutes ses affaires, tout ce qui lui apparte-
nait. Il Z. 151. — Ce mot ne désigne pas seu-
lement le mobilier (linge, etc.) garnissant une
maison ; il signifie aussi : chose. Ex. : Un tas
(le fait, — un tas de choses. || Z. 150, Et
même : propos, histoires. — On dit ein tas de
fait sur son compte. || Sar. — id. — Lg. —
Parfaitement mûr, — adj. q. — en parlant
d'un fruit. || Fermenté à point, en parlant
d'un fromage. Il Bislourné, châtré, en par-
lant d'un bouvilion.
N. — L'emploi de ce mot au sens d'avoir dénote une
pensée vraiment philosophique, à savoir que tout
bien, toute utilité est un produit de l'activité
humaine. C'est le principe sur lequel se basent les
économistes pour soutenir le droit de propriété.
(R. O.) Cf. Butin.
Il Petit fait (Lue, Mj., By.), s. m. — C'est
un petit fait, — un propre à rien, un pares-
seux. Il Se dit d'une personne insignifiante,
sans valeur morale ni physique. Ex. : Il a
oine marraine qui est ben petit fait.
Et. — LiTTRÉ, 12'-' sens : La part qui revient à
chacun. On a partagé la succession, chacun a eu
son fait. — 13" sens : Le bien, la fortune de qqn.
— « Bienheureux qui a tout son fait bien placé. »
(Mol., L'Avare, I, 4.)
— a Elle est modeste, elle prend soin
B De son fait, bonne ménagère. »
(Rémy Bsllsac.)
Fait (Sp.), s. m. — Dos, échine d'un ani-
mal, bête de somme ou autre.
Et. — Faix. Ane. fr. Fest, devenu fêt, écrit faix,
par confus, avec faix (charge, de fascem, faisceau).
— V. Faîteau.
Faite (.Mj.), s. f. — Donne, main, — aux
cartes.
Faîteau (-Mj.), s. m. — Tuile posée sur le
faîtage d'un toit. On dit aussi Enfaiteau ; fr.
Faîte. Il By. — Prononc Féeto, enféeto,
enféetio, — o bref.
Et. — Ne peut venir de Fastigium. De l'aha.
Firste ; am. First, devenu ferste, teste, écrit plus
récemment : faiste (puis faîte), par fausse étymol.
avec : fastigium, pignon, sommet. L'a. f. dit : feste,
s. f., ou : fest, s. m. La langue actuelle a conservé
le l'-"'' mot en lui donnant par confus, le genre du 2» ;
et on trouve le 2" écrit à tort : faix.
Hist. :
« Toutesfois l'eau plus haute
« Cœuvre le fest et par dessus lui saute. »
(Marot.)
Fait-faire (de) — (Lg.), loc. adj. — Que
l'on fait faire spécialement pour la maison,
ou à la maison, ou avec des matières pre-
mières fournies par la maison. Ex. : De la
toile de fait-faire. Syn. de Faiticier.
Faitieier — ■ issier (Ag.,), adj. fait à la
maison, par opposit. à ce qui est acheté tout
fait. Il Mb. — Adroit de ses mains. « Mon gas,
il est ben faitissier, il a fait un baquet à
cochons de sa tête, — c.-à-d. tout seul, sans
conseil. »
N. — M. E. Pavie (nom cher au.x Angevins) me
raconte cette anecdote. Son père avait connu à
Paris Alex. Dumas père. Celui-ci, passant par
Angers, alla le voir à son imprimerie, rue Saint-
Laud, lui demanda à déjeuner et resta même au
dîner. Apercevant une pièce de pâtisserie sur le
buffet, comme le dessert touchait à sa fin, il
demanda pourquoi on ne la servait pas : « Ah !
Monsieur, répondit la cuisinière, j'avais fait ce
pâté pour vous, mais je l'ai manqué : et puis ça
n'est qu'un gâteau faiticier, on aurait mieux fait
d'en avoir un d'achetis de chez le pâtissier ! J'en
se ben confuse, allez ! » — Dumas se fit expliquer
ces locutions du pays, puis, pour consoler la cuisi-
nière : « Servez le gâteau faiticier, la bonne ; les
gâteaux ratés ont une saveur particulière, croyez-
moi. » — MÉNAGE : Faitissier ; comme quand on
dit : Serge faitissière, — qui est un mol fort usité
dans la province d'Anjou. De factitiarius : à la
différence des étoffes étrangères. On a dit aussi :
faitis, de factitius. Le drapier, dans la Farce de
Pathclin, parlant de son drap :
« Je l'ai faire ioni faitis
« Ainsi des laines de mes bestes. »
— La Curne. . ., ce qui se faisait à la main, de la
maison, pour éviter de l'acheter au marché. —
Féticier, qui cuit le pain à son four. (Berry.)
Faix (Mj., By.), s. m. Fig. — Avoir tout
son faix à, — avoir toutes les peines du monde
à... Ex. : J'avais tout mon faix à m'empê-
cher de rire. || Fu. — Prononc. fé. Un faix
de choux se porte sur le dos, au moyen d'une
rôrte. — Zig. 196.
Et. — Lat. fascis j xi^ s., fais.
380
FALANGE — FARAMINE
Falange (Mj.), s. f. — Diaphragme des
animaux. Terme de boucherie. Syn. de
Rampe, Hampe, Entrevire.
Fâli, e (Mj.), adj. q. — Hâve, défait, amai-
gri. Il Méchant, malhonnête. Ex. : C'est un
grand fâli gars. ;j Mauvais, de peu de valeur.
Ex. : J'ai trouvé un fâli couteau. — Corr. du
fr. Failli. — Cf. bret., Fal, mauvais.
Falimeuche (By.), s. f. — V. Falmeuche,
pour Falimèche ; famble, iris des lavandières ;
pron. qqf. famb-y (e), id. pour flamme. Syn.
de Casse-pierre.
Fallenchère (Chl., Ag.), s. f. — Folle en-
chère. Fig. — T'en auras la fallenchère, — tu
en supporteras les conséquences.
Faller (Fu., Zig. 196), v. n. — Falloir.
Fallu. — V. Faillu.
Falmeuche (Segr.), s. f. — Flammèche.
(Mén-.). Il On dit : falimeuche, pour falimèche.
Faluchet, etfe (Mj.), adj. q. — Débile, mal
portant, gringalet. Dimin. de Fâli. Syn. de
Muserin.
Fâmbe (Li., Br.), s. f. — L'iris. — On dit
aussi Famble (Z. 151) — pour Flambe et
Flamme. Syn. de Casse-pierre, Falimeuche.
Et. — Corr. du fr. Flamme ; lat. flammula. —
Au xiv« s. « Yreos (iris) est flambe qui a la fleur
blanche. » (H. de Moxdevh.le. — Litt.)
Famble. V. Fambe. \\ By. — Pron. qqf.
famb-ye. Se dit aussi pour : flanime, d'où :
flamber, pron. souv. fambler, et même fam-
bier et flamber.
Fambler (Mj., By.), v. n. — Flamber. Syn.
de Cleumer. Par métathèse de l'I. V. Fambe.
— Pat. norm. Fambler. — V. Famble.
Fambray s. m. — Fumier.
Et. — '( Fembroi, fremboi, femeroi : fumier.
B. L. * fimaretu, de * fimarium, de fimum, fien,
fumier que l'on trouve aussi sous la forme de
fembrier. (D^ A. Bos.) — Femeri, femeria ; purin :
« Y ne fo po léchi corre la femeria au tarau de la
rua. » Il ne faut pas laisser le purin courir (se
perdre) au fossé de la route. (Guill.)
Fambrayer -bréier (Li., Br., Sar., Lg.), v.
a. — Nettoyer. Oter le fumier et mettre de la
litière fraîche. !| Fombréier.
Et. — Voir Fambray. — Dans de nombreux
exemples, j'ai trouvé le sens de : fumer les terres,
sous les formes : fambrer, fiambrer, fembroïer. —
DoTT., ce même sens : plus : nettoyer les étables.
Fameusement (Partout), adv. — Très, fort,
extrêmement. Ex. : Il est /o/7îeusemen/ grand ;
c'est fameusement bon. — \'. Fameux.
Fameux, se (Partout). — Grand, gros, fort,
vigoureux. Ex. : Velà-t-il ein queneau qui est
fameux pour son âge ! — Se dit des personnes
et des choses. || Z. 146.
N. — C'est le mot fr., détourné de son sens
propre. Dans le patois, il n'a que la signifie, ci-
dessus.
Famine (Va.), s. f. — Fig. — Sorte de gra-
minée du genre brize, ainsi nommée parce
qu'eUe fait le plus grand tort aux céréales.
Fanal (Mj., Sp.), s. m. — Le ventre, l'esto-
mac. S'emploie, en plaisantant dans la loc. :
Se bourrer le fanal, — manger, se repaître,
s'empiflrer. — Ne rien avoir à se coller dans
le fanal. Cf. Fusil, Cornet, Sifflet, Coco.
Et. — B. L. Fanale. Cf. le grec phœnoç, brillant.
Fanchette (By.). — Prénom. — Fanchon,
Fancine,*Fanie pour Françoise. (Mén.)
Fanfols (Mj., By.), s. m. — François, forme
enfantine, caressante et parfois ironique. V.
Bouffer.
N. — J'ai souvent entendu dire, par plaisan-
terie : « Fouffe le feu, Fanfois, — souffle le feu. . .
Probablement par moquerie d'une prononciation
fautive. — Forme hypocoristique. |] By. —
L'enfant répond : Mouman, i famb-ye.
Faquin (Mj., Lg., By.), adj. q. — Faraud.
Syn. de Muscadin, Dringuet, Ragot.
Hits. — « Leurs gilets... laissaient leur che-
mise former à l'extérieur un bourrelet peu gra-
cieux ; mais les faquins, aux jours de fête, avaient
soin de la cacher sous une ceinture de mouchoirs
artistement plissée. » (Deniau, Hist. de la V., i,
5.5.)
Faquoir, (Lg.), s. m. — Tige de bois qui
sert à pousser les balles d'un canon de sureau.
Syn. de Poussoir. Cf. Faquoire, Ficaire.
Et. — P.-ê. pour Flaquoir, de Flaquer, jeter
avec force un liquide. (La Beuyèee.) — De
flac !
Faquoire (Lg.), s. f. — Canon de sureau,
clifoire. Syn. de Chiquoire, Péterole, Pétoire.
N. — Jaub. donne Fie-foire, du fr. Foire et du
lat. ficare. — Pour Flaquoire.
Far (Mj., By.), s. m. Fer. — Au plur., ce
mot se prononce comme en français. —
D'où : Farblantier. Mj.
Fara (BL). — Celui qui est effrayé ; bruit
qui effraye. || Sal. Faraud.
Faraicliier. — V. Frescheur.
N. — L. C. — Frerescheurs, s. m. p . Cohéri-
tiers, copartageurs. — Frarescheurs. (Coutum.
général. )
Faramine (Mj., Lg.), adj. q. — Horrible,
épouvantable. Ne s'emploie que dans l'expres-
sion : Bêle faramine.
N. — L'argot emploie en ce sens le mot Fara-
mineux, — étonnant, merveilleux. C'est farami-
neux ! ■ — Animal fantastique, à craindre et que
Ton poursuit. « On dit qu'la bête faramine recom-
mence à courre ; l'gas ne l'a-t-il point vue dans
l'chemin de Saint-Bervin, ça qu'était grous comme
une busse et ça roulait d'vant li, et ça qu'a dis})aru
dans la périère. » (Dottix.) — Vermine qui se
multiplie. « Ceux qui ont les chiens et les engins à
prendre les mauvaises bestes, et sa faramine, qui
destruisent les bestes, et les nourritures que les
bonnes gens nourrissent. » (Ane. Coût, de Bret.) —
L. C. — Ferain, bête sauvage. Feramen. « Ut in
forestis nostris nemo feramina nostra furari
audeat. )> (802.)
ÎWRAUDER
FAUSSE-COUCHE
381
— « Ciers i mist et bisses, et dains,
« Puis counins, lièvres et ferains
« Et manière de sauvagine. » (813. D. C.)
— LiTTRÉ. Supp . — Pharamineux. Etonnant,
merveilleux (mot qui paraît avoir été en usage à la
cour de Louis XV et qui n'est usité aujourd'hui
qu'en certaines contrées). — « Aussitôt qu'ils (les
convulsionnaires de Saint-Médard) le voyaient
arriver (le chancelier de Folard) dans leur cime-
tière ou dans leur galetas, les cris pharamineux, les
bonds, les sauts de carpe et les contorsions y
centuplaient d'ardeur et d'activité frénétique. »
— LiTTRÉ ajoute : orig. inconnue. — D. C. nous la
donne plus haut. — Cité de Decourchamp. —
Souvenirs de la marquise de Créquy, n, 11.)
Faraudcr (Mj., By.), v. n. — Faire le faraud,
coqueter, mugueter. — Syn. de Fionner.
Farce, s. f. — Entendre la farce (Mj.)- Eter'
ben de la farce (Sp., By.), — entendre la
plaisanterie. '
Et. — Même origine que farce, terme de cuisine.
Lat. farsus, part. pas. de farcire. Parce que la
Farce était, ou, comme la farce de la cuisine, qqch.
de mélangé et d'agréable, c.-à-d. une espèce de
revue de sujets divers, ou une pièce farcie. La Fox-
TAINE :
« Le récit en farce en fut fait ;
« On l'appela le Pot au lait. »
Fard (Ag., Mj.), s. m. — Piquer ein fard,
— rougir de confusion. Cf. Feu, soleil.
Farfadets (Sal.) — Apparition merveil-
ItMise de l'eux pendant la nuit.
Farfouiller (Sal.), v. n. — Rechercher
jusque dans les coins. Sens français. || By. —
Attaquer, creuser, etc. « Comme la bûche,
trop longue, mise en travers dans le feu, n'en
finissait point de se couper (se rompre en
deux morceaux), impatientée, elle farfouil-
lait le charbon avec les pinces (pincettes).
Fargeot (farjote) — (Mj.), s. m. — Crochet
de i'(M', avec fermeture à ressort, fixé au bout
de la corde d'un puits, et dans lequel on
engage l'anse du seau qu'on veut y des-
cendre.
Et. — Dimin. de far, fer ; comme Enfarge. V.
Clenche, Chabul, Gerfaut.
Fariné-net (Tlm., Lg., Fu.), s. m. — Xom-
dont on baptise souvent les bœufs blancs.
V. Garelle.
Farinier (Sp.), s. m. — Garçon meunier,
plus spécialement chargé de la fabrication de
la farine. V. Porte-poches. \\ Nom qu'on donne
souvent aux bœufs qui ont le pelage blanc.
V. Fariné.
Hist. — « Ils s'acheminent vers un moulin à
,vent pour demander encore du pain. Le farinier
leur en donne. » (Deniau, Hist. de la V., t. IV,
p. 505.)
Farme (Mj.), adj. q. — Frais, non orageux.
Se dit du temps, du vent, etc. — Pour :
ferme. || Ferme, solide. (By.) « la grande
chaleur vous rend mou ; par les frais du matin
on se sent farine et disposé au travail. — Le
temps se tient forme. || s. — Farme, far-
mier, — pour : ferme, fermier.
Farmer (Mj.), v. a. — Fermer. Syn. et d.,
de Former, Fromer.
Farmier (Mj.), s. m. — Fermier.
Faroi.j (Segr.), s. m. — Sentir le farois, ou
une odeur forte, en pari, d'un animal sau-
vage. On dit aussi le farouan (Mén.) — Cf.
Faguenas.
Fars" (Mj., Lg., By.), s. m. — Farce, hachis
de viande, de mie de pain et d'herbe dont on
garnit l'intérieur d'une volaille, etc. — Farce.
Des œufs au fars. Oseille cuite. — « Eine
brème d'ein coub' dé livres, c'est vrai bon,
avec ein fars. Les petites brémilles (boer-
milles), ça n'vaut ren, ça n'est qu' du bois. »
Fatique (Mj., By.), s. f. — Fatigue (pron.
faquique). Le bret. nous a pris cette forme :
faticq.
Et. — Lat. fatigare. — D'un radie, fat, fass ou
fess (fessus, las ; fatiscere, se lasser), et un sulT.
igare (de agere? pousser). Ita . Faticare. — Se dit
surtout de l'estomac qui réclame à manger.
Fa/iquer (Mj., By.) (faquiquer), v. a. —
Fatiguer |1 v. réf. V. Fatique.
Fauceille (Lg.), s. f. — Faucille. Cf. Béteille,
Feille, Pendeiller, etc, Cheveille. Lat. Falci-
cula.
Fauchée, s. i. — • Ce qu'un homme peut
faucher dans une journée. (Mén.)
Faucheries (Mj., By.), s. f. plur. — Même
sens que Fauches. La fauchaison. Cf. Batte-
ries, Arracheries.
Fauches (Sp., Lg., Tlm.), s. f. pi. — Fau-
chaison, fenaison. Ex. : Il est mort au mois
de juun, dans le temps des fauches. V. Fau-
cheries.
Faucheux, Feneux (By., Mj.). — Fau-
cheur. « Les faucheux et les feneux se mettent
à l'œuvre. » {Anf. Hist., n° 3, p. 577, 1. 18).
Fauciller (Mj.), v. a. — Couper à la fau-
cille.
Faulait (Lg.), v. imp. — Fallait, 3^ pers.,
s. ind. imparf. de Falloir. — Cf. Faillant. \\
By. — Fauillait.
Faulu (Lg.), part. pas. de Falloir, pour :
Fallu. V. Faillu.
Faupi (Segr.), adj. q. — Chiffonné.
Et. — Foupir, pr. feupir, felpir, du rad. felp
(orig. inc), qui se trouve dans friper ; — frepe.
forpe, felpe, — guenille.
Faupir (fôpi), v. a. — Froisser. Se dit des
étoiles, du linge. — (Chol., Sar., By., Mj.,
My.). — Chiffonner. — V. Faupi, Fôpir. Syn.
Aricasser
Hist. — « Monstrans leurs paniers rompus,
leurs bonnetz foupis, leurs robes dessirées. »
(Rab., g., 1, 26.)
Fausse-châsse (Mj.), s. f. — Catafalque.
Lat. Capsa. — • Fausse parce que vide.
Fausse-couche (Mj.), s. f. — Fig. Avorton,
ni fait ni à refaire.
382
FAUSSE-GORGE — FEILLARDER
Fansse-gorge (.Mj., By.), s. f.
trachée artère.
Larynx,
Faut, Faudra, Faudrait. — Impers, employé
sans le pron. il. — A'fallu. — (Mj., Bv., etc.)
Hist. :
<; ...O sentences abstruses,
« Quand mourir fault à jour non révélé. »
(G.-C. BrcHEE, 255.)
« Et fault qu'amour tue son feu
« Quand le bon sang n'est .secourable. »
(Id., 99.)
— « L'idée de laquelle faudrait tirer l'exemple.
(J. DU Bellay, Déf. et Illustr., i, 11, 28.) — « A ce
propos, faut se souvenir que M. Blanchet, qui m'a
précédé... »(1699/«f. Arch., E,m, p. 184, col. 1.) —
« Et celles qui étoient un peu élevées, a fallu les
couper par le pied. « (1709. — Id., ihid., p. 252,
col. 1.)
Faute (Mj., By.). — Locutions : Par faute
de, — faute de, par défaut de, par manque de.
— Ex. : Il est mort par faute ^'haleine. Plai-
santerie proverb. — || Faire faute, — man-
quer, faire défaut.
Et. — Lat. pop. * fallita, subst. partie, de fallere,
— devenu : faite, faute.
Fauteil (Mj., By.), s. m. — Fauteuil. Cf.
EU, Seil, Feille.
Et. — B. L. Faldistorium, ou-tolium, de l'aha-
faltstual, de falten, plier, et stuol, siège, am-
stuhl.
Faut-il"! (fôti!) (Mj., By.), interj. — Marque
le regret, la pitié, la douleur. — Faut-il
qu'i soye bête ! — Mon Dieu, faut-il ! faut-il !
Fauveau, s. m. — Nom nonné aux bœufs
de couleur fauve.
Et. — Rad. german. falvv (a. m. falb.). Il faut
rejeter le lat. fulvus et flavus.
^ Hist. — « Voicy trippes de jeu, goudebillaux
d'enuy, de ce faulveau à la raie noire. » (Rab., G.,
v.) — « Ce fauveau à la raie noire doit souvent
bien estre estrillé. » (R., P., iv, 9.)
Faux 1 (Li.), s. m. — Le terrier du renard.
N. — Faux-à-connils. Terriers de lapins. —
Hist. : « Noble homme peut faire en sa terre, ou
fief noble, faux à connils, au cas qu'il n'y aurait
garenne à autre seigneur es lieux prochains. »
ih.C.)
Faux - (Mj., By.), adv. — Faussement.
« Il n'est point faux nommé. »
Faux-cordon (Mj., By.), s. m. — Large
bande de percale, unie'^ou brodée, dont les
femmes couvrent les cordons qui retiennent
et fixent la coiffe.
Faux-cul. s. m. — Tournure, pièce de toi-
lette féminine suppléant à une nature ingrate.
(Partout, hélas !)
Faux-manche (Mj., Lg.), s. m. — Manche
de faux. Syn. de Hampier.
Faux-rond (Mj., Sp., Lg.), s. m. — Excen-
tricité. Ex. : La meule a du faux-rond, —
elle est mal centrée. || Qqf., par abus, on
désigne sous ce nom les oscillations de part
et d'autre de son plan de rotation, que fait
une roue qui n'est pas perpendiculaire à son
axe.
Faveur (Mj.), s. f. — Saveur appétissante
Ex. : Quand les pois-sucre s'en vont secs, ils
n'ont plus guère de faveur Syn. de Retonton.
N. — Bien que l'angl. ait le mot Flavour, de
forme très voisine et de sens identique, je ne
pense pas que les deux vocables n'en fassent qu'un.
Je suis plutôt porté à croire qu'il y a eu confusion
entre les deux mots : Saveur et Faveur, confusion
qui daterait de l'époque où, dans les livres impri-
més, les lettres s et f étaient aisément prises
l'une pour l'autre C'est un curieux ex. de
confusion par l'œil. Toutefois. Cf. Piéger = Féger
= Figer. (R. O.) H Me. — » Voul' vous m'par-
mettre d'érusser des feuilles de coudrier? » —
« J'créyais qu'on n'érussait que l'umeau (l'umiaô)»
— « C'est par la faveur de la rareté. »
Fayan, s. m. — Fauteau, hêtre. — Lat.
fagus.
Hist. — « Plusieurs verriers, de ceux qui font
les verres de vitre, se servent de la cendre de bois
de fayan en lieu de salicor. » (Palissy.) — Cf.
Foyard. On le tire de : fou, un des noms vulg.
du hêtre. (Fouteau, de fagitellus, dim. de fagus.) — ■
Fou, de fagus. (L. C. V» Fayard.)
Fayaux, Fayots (Mj., Lg., By.), s. m. pi.
— Haricots. Syn. de Feuvette, Mougette.
Et. — Fayo(l). — Altérât, de faséole, — xv« s.,
faisole. — xvr' s., fazeols. — Lat. faseolus, du
grec phazèloç, qui = aussi : barque. Le nom a
p.-ê. été donné au fruit à cause de sa forme. (Litt.)
Hist. — L'exemple y est manifeste en pois,
faseolz, noix... (Rab., P., m, 8, 229.)
Fayes (By.), s. f. — Branches de pois
(fayots), après la récolte. Syn. Chavoilles.
Fay-Feu, n. pr. — Pierre Fay-Feu était
recommandable par ses facéties ; on dit :
c'est un Fay-Feu, d'après Tartifume, pour
Celui qui aime la plaisanterie. (Mén.). —
Souvent cité dans ce Glossaire.
Fecine (By.), s. f. — Fascine, fagot tendu
pour prendre les anguilles. V. Barbe de bouc.
Chèvrefeuille. V. Faiscine.
Fée (Avoir ben du) — (Lms., Z. 196). Locut.
— Avoir tout son fée à. . ., avoir de la peine
à obtenir un résultat, y mettre toutes ses
forces ; en avoir autant qu'on en peut porter, ,
— d'un fardeau. Pour faix.
Féger, v. a. et n. — Figer. — Qqf. Fléger. ij
By., Mj. — toujours.
Et. — LiTTEÉ : De figere (e bref), devenu figere
(e long). V. Sangofigie (le mot manque). — Dict.,
gén. : Pour : fégier ; du lat. pop. fidicare, de fidicum.
foie ; proprement : faire ressembler au foie. (Cf:
l'a. ail. geliberet, caillé, de leber, foie.) — Hist. :
« Ils s'embatirent en ung lieu où le porc avoit
rendu estai. . . et trouvèrent grand planté de sang
fégé. (L. C.)
Feillage (Mj., By.), s. m.
On a dit Fueille et Feille.
Feuillage. — •
Feignant (Lue), s. m. — V. Faigniant.
Feillard (Mj., By.), s. m. —Pour : feuillard
(bois ou tôle).
Feillarder (By.), v. n. — Froufrouter dans
les feuilles sèches, comme font les reptiles.
Syn. de Ferter, Ferdasser. Dér. de Feillarde.
FEILLARDES — FENER
383
Feillardes (Mj.), s- f- pl- — Feuilles sèches.
Il Branches garnies de leurs feuilles sèches. ||
Bourrées. Syn. Fournille, Fourneilte.
Et . — Pour Feuillardes, du fr. feuille. Syn. et
d. de Fouillardes. Hist. :
— « O vous, mes vers, qui volez par le monde
« Comme feuillars esparpillez au vent. »
(J. Dtr Bellay. — Sonnets de Vhonn. amour., 199)
— ic (Les vents) croulent son tronc d'une horrible
(menace,
« Et de feuillars pavent toute la place. »
(Id., IV, 19.)
Feillardoux'^(Lg.), adj. q. — Qui a beau-
coup de feuilles, feuillu. • || Qui garde long-
temps ses feuilles. Ex. : « Le chêgne rouge
est jeillardoux. — Dér. de Feillardes.
Fellle 1 (Mj., By.), s. f. — Feuille. Cf. Seil
Ed. Syn. et d. de Foille.
Hist. — « Au mitan de laquelle y a une figure
de grand arbre, duquel jeillages et fleurs... »
(1596. Inv. Arch., S, s, H, 82, 2, 2.) — « . . .Et y
ap'rçus in portefeille avec daux papiers d'tot'
manières. « (H. Bourgeois, Hist. de la Gr. Guerre.
p. 53.)
Feille - (Lg.), s. f. — Fille. Ex. : Aile est bé
sotte ceté jeille-là ou : quelle feille.
Feillé (Lg., Bv.), adj. q. — Feuillu. De :
feille.
Feillé»* (Lg.), s. f. — Feuillée, ensemble de
feuilles, feuillage. Ex. : La navine s'est
dénuée de feillée, a n'a pas ein saccage de
feillée.
Feillet" i (Lg.), s. m. — Petite scie à main
avec monture. || By.
Et. — C'est le pat. Feillet, fr. Feuillet : Une
scie n'est qu'une bande de tôle, ou feillard, avec
monture à cadre.
Feillet % Fcilleter, Fcilleton, Feiilette, pr.
Feuillet, etc. (Mj.). — Le dernier, un des
estomacs des ruminants, le 3" feuillet.
Hist. — K Extraict d'un livre relié en bois cou-
vert de cuir, escript en parchemin, contenant cin-
quante feilletz escriptz. . . commençant au premier
' feillet par ces mots... » (xviP s. Inv. Arch., H-
I, 171, col. 1.)
Fein (Lg.), s. m. — Foin. Ex. : A laulu
donner dô fein aux aumailles. — Forme très
vieillie. Lat. fœnum. V. citât, à Fener.
Feindre (se), v. réfl. — Sans point m'y /<?mf/re
= sans hésiter, sans dissimuler. Et aussi : se
contraindre, par extens. naturelle du sens
primitif. L'hypocrite se contraint à faire
montre de sentiments qu'il n'a pas. De suite
on aperçoit que le mot Faint, signalé par
Mén. dans le Segréen, et dont j'ai indiqué
l'identité avec l'angl. Faint, n'est autre que
le part. pas. de ce verbe. Il est encore évident
que Feindroux, du Lg., et son syn. montj.
Fointroux en viennent directement et que le
V. se Foindre en est le doublet. Le Feindroux,
Fointroux, Faignaiu ou Feignant, autrement
dit le pare.ssenx, se feint, se faint, çàd. ne tra-
vaille que contraint et forcé. Il n'est pas
impossible même que le v. se Refreindre, de
Sp., soit un composé de celui-ci, avec r épen-
thétique. (R. O.)
Et. — Fingere. Dans le vx fr. Se feindre, —
souvent : ne pas vouloir, hésiter à. Le sens primit.
du rad. fig. est : toucher. Ainsi, le sens propre de
figere est : façonner, puis : feindre, — façonner une
apparence. De ce qui n'a qu'une apparence et qui
est vide, faible, on en est venu au sens de hésiter,
craindre. (Litt.) — Dans les Noëls angev., 4,
Introd. :
« Au saint Nau chanterai sans point m'y feindre. »
Feindroux (Lg.), adj. q. -^ Paresseux, fai-
néant. Syn. et d. de Fointroux. Mot vieilli.
Feint (Mj.), s. m. — Fissuré, veine dans la
pierre qui en favorise l'éclatement. On dit :
Ein feint de pierre. Ce mot est de la lang. des
perreyeurs.
Et. — Findere, fendre. — Bourg., l'arbre se
foint. (LiTT.) — Doubl. masc. du fr. Fente? —
P.-ê. Fin. Cf. Fine.
Feinte (Mj., Lg., By., Sal.), s. f. — Foi. Ne
s'emploie que dans la loc. affirm. ou négat.
Ma feinte, — ma foi. Ex. : Ma feinte, j'en sais
de ren ; ma feinte, oui, ma feinte, non. V.
Finie.
Feluet " (Tlm.), adj. q. — Faible et ma-
lingre. Syn. de Faluchet. Les deux mots
paraissent être des diminut. de Fâli.
Femme i (Sp.), Fig. — Fève.
Et. — Lat. faba. — Souvent prononcé Fauve. 1|
Mj., By., feuve. Mais, ici, l'étym. est tout autre ;
allusion à l'empreinte.
Femmes -. — Une buée à quatre femmes
(Z. 151) est celle où l'on emploie quatre
femmes, donc buée importante. — - By., id.
Fenasse (Lg.), s. f. — Mauvaise herbe
commune dans les guérets, sorte de graminée.
Et. — Un des noms vulg. du sainfouin. Foin ou
Fain, avec la désin. péjor. asse. (Litt.) — Agrostis,
et autres. (Jaub.) Cf. Fein, Fener, Afenasser.
Fendi (Tr., Zig. 141), s. m. — Action de
fendre l'ardoise. — Mieux : fendis, semble-
t-il.
Fendre (Mj., Lg.), v. n. — Se fendre. Ex. :
\elà du bois qui fend ben. — J'ai eine
migraine que la tête m'en fend. \\ Se fendre
(By., etc.), V. réf. — Se livrer à une prodigalité
peu habituelle. — « Je me se fendu de vingt
sous pour aller à eine baraque de la foire.
Fendnre (Mj., By.), s. f. — Fente. Dér. mal
formé du v. fendre.
Hist. — « Parmi les fendures (ouvertures) des
barrières. » (Froissart. — L. C.)
Fend-vent (Sal.), s. m. — Poseur, fat.
Fi^ne (Mj.), s. f. — Corde servant à con-
duire les vaches au pré et à les enfener. —
LaL Funis. Syn. Nâche.
Fener (f'ner) — (Mj., Lg., Chpt., By., Sal.),
v. a. — Faner, tourner et retourner l'herbe
pour la faire sécher. Vx fr. Fein. — L'e est
nul. — V. Fenasse. \\ By. f'ner. Etendre à
plat le foin coupé. || Cf. Fein, Fenasse.
384
FÉNÉRAILLE - FERGANE
Et. — Doubl. du V. fr., plus rapproché que lui
de la rac. fœnum. — Hist. :
— « Si plein de fein, de fourment et de vin. »
(J. DU Bell., A Cérès, à Bacchus, p. 216.)
Fénéraille (Mj., By.), s. f. — Y. Funérailles.
« Au palier la fénéraille. » C.-à-d. quand le
paillier (la meule de paille) sera fini, nous
ferons la fête. — Dans palier, l'a est très
bref, tandis que cette voyelle est ordinaire-
ment très longue.
Et. — Funeralia ; pi. n. de Funeralis, dér. de
funus, obsèques. — Quel changement de sens !
Féneries (Mj.), s. f. pi. — Fenaison, époque
où l'on fane ; travaux de la récolte des foins.
Cf. Sèmeries, Arracheries, Batteries, etc. || By.
foénerie.
Feneux (Mj.). — - V. Faucheux. By. f'neux.
Fenir (Br., Zig. 134), v. a. et n. — Faner,
se faner. Syn. et d. de Fener.
Fenit' (Mj.), s. f. — Fenil. Cf. Chenif. \\
By. F'nî.
Et. — Fœnile. — Hist. : « On congnoist grant
sanglier du jeune à trois signes : le l**"" si est par
les trasses, le 2^ par le lit, et le 3« est au fenil. » —
« Ils descouvrirent dedans le fenil de son logis,
sous de la paille et du foing. » (L. C.)
Fenoil (Lg.), s. m. — Fenouil. N. Le son
naturel de l'o est conservé : fe-no-ïl.
Fénouille (Lg.), s. f. — Ce nom s'applique
à la plupart des herbes aquatiques qui ne
sont pas la parielle (nénuphar) ou des gra-
minées, et spécialement, par confusion, à la
renoncule aquatique à fleurs blanches.
Et. — Doubl. fém. du fr. Fenouil, parce que cer-
taines herbes aquatiques ont une vague ressem-
blance avec cette plante.
Fenouillet. — MÉNACiE nomme ainsi « une
sorte de pomme, venue d'Anjou à Paris,
ainsi appelée du goût de son eau. « Le fenouil-
let gris, dit M. Merlet, ou pomme d'anis, est
une bonne pomme, qui ne sent point : et en
la mangeant il semble que l'on mange du
fenouil, ou de l'anis musqué. »
Et. — Fenouil, de fœniculum, petit foin. (Cf.
Genouil, de genuculum.)
N. — Fenouillet anisé. Il est difTicile d'en trou-
ver aujourd'hui aux environs d'Angers, où cette
pomme était connue autrefois. On pourrait,
paraît-il, s'en procurer des greffes aux environs
de Chalonnes. — V. au F.-I,ore, la Veillée du vil-
lage. J'en ai vu maintes fois à Mj. (R. 0.)
Fenoiiillette (Sal.). — Dans la loc. : Etre
en fenouillette, — être agité. V. FenouilloJi.
Fenouillon (Mj.), s. m. — Colère sourde,
rage concentrée. S'emploie dans la loc. En
fenouillon. — Surexcitation. Syn. de Pété-
mou, Vezon, Fenouillette.
Ferdaine (Mj.), s. f. — Fredaine. || Mésa-
Fer. — Interversion de Fre, S}'11. initiale ou in-
tercalaire. Il By. Foér. — Dans presque tous les
mots commençant ainsi.
venture, méchef. — « Il illi arrive toujours
queuques ferdaines. Syn. de Sornette, Aver-
nette, Bachelette.
Ferdasser (Lg., Mj., By., Tlm.), v. n. —
Froufrouter ; faire entendre un bruit comme
de feuilles, de branches sèches ou d'étoffes
froissées. Ex. : Y a un v(e)rin qui ferdasse
dans la haie (f'rdace). Syn. Feillarder.
Et. — Pour Fertasser, dér. de Ferler. — N. Les
Poitevins ont encore adouci ce mot davantage ;
ils disent : Frelasser.
Ferdeilloux (Tlm., By.), adj. q. — Frileux.
Syn. de Ffferdeillé. Même rac. que ce dern.
mot. Mis pour Ferdilloux, de Ferdir.
Et. — Froidir. Berry : frédir, ferdir, frédezir.
Froid ; lat. frigidum ; norm. la fred ; Berry, la
fret : ital. freddo. — Frileux ; Berry, frédilleux,
ferdilleux. * Frigidulosus, de Frigidulus. (Litt.)
Ferdéler (Mj.), v. a. — Entourer un gros
cordage, ouun objet cylindrique qcque d'une
cordelette mince appelée fertage, enroulée en
une hélice dont les spires se touchent. (Mari-
niers.)
Et. — Ce mot est pour Fertéler, dim. d'un v.
Ferter, inus., qui est la rac. de Fertage. Tous ces
mots dér. de Fretter. — V. Ferteau. — DiEZ
voit dans Frette une contract. pour Ferrette, petit
morceau de fer.
Ferdir ° (Mj., By.), v. n. — Froidir. —
Refroidir. Ex. : La soupe ferdit (frdi) pen-
dant ce temps-là. |1 N'attendre ni à buffer ni
à ferdir, — être très impatient. W Buffer. —
C.-à-d. manger sa soupe trop chaude, sans
avoir la patience de soufïler dessus ou de
l'attendre à froidir.
Et. — Pr. Frédir, qui est le fr. Froidir, avec la
prononc. du xvi« s. — V. Fr£t, Dret.
Fergâillée (Mj., By.), s. f. — Flambée, feu
vif et clair qui ne dure que peu de temps. Ex. :
J' allons faire eine fergâillée pour nous récha-
1er. Syn. de Bigâillée, Bigalée, Baulée, Fouée,
Frisée, Joie de mariage. — V. Fergâiller.
Fergâiller (Mj.), v. a. et n. — Fourgonner,
aviver le feu dans un four au moyen du four-
gon. Il Aviver le feu, en général, remuer la
braise. Dér. de Fergon. Fréquent irr. de Fer-
gonner.
Et. — Fourgon, longue perche garnie de fer
pour remuer la braise dans le four. De fourche ;
esp. hurgon ; ital. forcone. — On a dit : feurgier
dents, pour : curer les dents. — Lat. furca. (Litt.)
— Fourgon, dér. du même rad. que l'a. v. fourgier,
fourger, fouiller, fourgonner. Du lat. pop. foricare,
de forare, ])ercer.
Fergâillère (Tlm.), s. f. — Poche de côté, à
une robe de femme. Syn. de Poche-aux-
puces, Migâillère, Chatière. Dér. de Fergâiller.
Syn. de Fernâillère.
Fergancer (Mj., By.), v. n. — Nettoyer,
faire le nettoyage d'une maison, d'un ménage.
Syn. et d. de Fourgancer. Cf. Fergon, Fer-
gâiller. Syn. de Fertoirer.
Fergane (Z. 153, Sar., Sal., Mj., By. ),
s. f. — La bouche ouverte. Ex. : Il ôvrait eine
FERGON — FERSAIE
385
fergane à illy fourrer eiri bon sabot. Syn. de
Freu, Ganache, Four. V. Fourgon. — By.,
Foerganne. — Sal. Tendre la fergane, —
brailler haut et clair, en ouvrant grandement
la bouche.
Fergon (Mj., By., Sal.), s. m. — Fourgon.
Instrument qui sert à aviver le feu dans le
four. Cor. du fr. Fourgon. V. Freu. \\ By.
Forgon.
Fergonner (Mj., By., Sal.), v. n. — Four-
gonner. V. Fergon. — || Fergouner (Bl.). ||
By. Forgonner. || Frotter, nettoyer (Sal.).
Fergonnettc (Sal.), s. f. — Arbuste à fruits
rouges, épineux. — Sans doute le Ruscus
aculeatus, de Bâtard ; petit Houx, Houdin,
Fourgon, Houx frelon. V. le suivant.
Fergonnièrcs (Mj.), s. f. — Ne s'emploie
qu'au plur. — Fragonniôre ou petit houx.
Syn. de Fragonnelle, Hudin, Fringounelle. V.
Fergonnette.
Et. — Fragon, même sens, ruscus aculeatus.
D. C. Froncina ; orig. inc. — La forme la plus
ancienne est Fregon.
Fériand (Sar., By.), adj. q. — Friand,
curieux.
Et. — C'est, comme l'a vu Ménage, le part. prés,
du V. Frire, avec le changement du t en d. puisque
le fémin. est friande. (Cf. Galande, de Galant.)
Qui flatte le palais (en pari, des ch.), en le flattant
comme qqch. qui est frit ; — personne vive, —
comme ce qui frit. — Lat. frigere (Litt.). — Id.
Proprement : qui grille (d'impatience), — sens act.
ou pass., — qui allèche ou est alléché.
fériau, vx mot angev., adj. q. — De fête.
Et. — Férial ; de féria, jour de fête ; férié,
feriatus.
Hist. — u Car le jour est feriau,
Nau, nau, nau. »
(Noëls ang., 4, Introd.)
Féricr (Lg.), s. m. — Nom d'une ancienne
espèce de poires. Poires de férier. V. Feurrier.
Férieuse (Z. 145), adj. q. pour Furieuse,
— grosse, belle.
Férieusement (Mj.), adv. — Enormément,
excessivement. — V. Férieux.
Férieux (Segr., Sar., Bl., Mj.), adj. q. —
Gros, gras, fort, bien venu ; énorme. || By.
Pron. foérieux, et plus souvent forieux, syn.
de : fort, en bonne santé. !| Sp. — Férieuse,
— gro.sse, enceinte, en parlant d'une femme.
C'est le sens exclusif de ce mot à Sp., il ne l'a
pas à Mj. — !| On dit : Vont' gars est devenu
ben férieux pour : il a pris de la force.
Ferlampier (Lg.), s. m. — Frelampier.
Inconnu à Mj. |1 Sal. Petit faraud.
Ferlimousse (By.), s. f. — Firlirnousse. V.
Frimousse. Orig. douteuse, — de I-'rime. ||
By. Foerlimousse.
Perluchet (Pc, By.), adj. q. — Mince,
grêle. Freluquet. V. Faluchet. \\ By. Foerlu-
quet.
Et. — Freluquet, — celui qui porte des fre-
luches, petite houppe de soie, sortant d'un bouton,
d'un gland. D. C. Flocus. — (De : loque, et d'un
préf. fre, fer, fra?)
Ferme (Lg.), adj. q. — Froid et sec. Se dit
du temps, par oppos. à mou. — Cf. Malade.
Fcrnii (Mj., Lg.), s. m. et f. — Fourmi.
Syn. et d. de Formi, Fronii, Frémi. N. Au Lg.
une ancienne espèce de poire s'appelle : poire
de fermi.
Fermière (Lg.), s. f. — Fourmilière. Syn.
de Formitière. N. La première syll. se pro-
nonce fermée et très brève ; la seconde très
fermée (comme ée) et traînante. Dér. de
Fermi ; doubl. de Formière.
Fermoyer (Ac), v. a. — Charrier du
funiier. Cf. Famhreyer, Fombreyer.
Ferraure, s. f. — Fermeture d'un pré, d'une
barrièi'e. — Cf. Formure.
Fernacul (Mj., Sal.), s. m. — Freluquet,
godelureau, mirliflore. — Queu pauv' p'tit
fernacul !
Fernailler (Fu.), v. a. — Clouer le nez d'un
porc pour l'empêcher de fouger. V. Formâiller.
Fernâillère (Lg.), s. f. — Ouverture longi-
tudinale sur le côté ou au devant d'un cotillon
et qui sert aux femmes pour certains soins
intimes. — Syn. de FergâUlère, Migâillère,
Poche-aux-puces, Chatière.
Et. — Pour Fournàillère, de Fournàiller. Ce
n'est donc pas un doubl. de FergâUlère.
Férouard, e (Mj.), adj. q. et s. — Plante ou
branche qui a poussé trop vigoureusement,
gourmand. Ex. Du chambe férouard, —
chanvre qui a poussé trop vile- et dont la
filasse est de mauvaise qualité.
Ferquiaii (ferkiao), s. m. — Freteau, frette,
petit cercle de fer qui sert de lien à un mor-
ceau de bois ; p. ex. à des sabots pour les
empêcher de fendre, — à une roue, etc. —
Var. : Fertiau, Frettiau. Frette.
Ferrailloiix (Lg,), s. m. — Marchand de
ferraille ambulant.
Ferrer (Sp., By.), v. a. — Empierrer, maca-
damiser. — Ex. : Le chemin n'est pas ferré.
Syn. Encaisser. || (Mj.) Ferrer uu bateau, —
étouper les joints et maintenir avec du ferris.
Ferrets (Mj.), s. m. pi. — Grosses guertes
provenant de la racine du lin ou du chanvre.
Et. — Dér. probablement du fr. Fer, parce
qu'elles sont plus dures que les guertes qui pro-
viennent de la tige et rappellent le ferret d'une
aiguillette.
Ferris (Mj.), s. m. — Garniture de gavé, qui
se place à la ligne de jonction du fond avec
les bords d'un fûtreau, à Venchemnie. \\ De
Ferrer.
Fersaie (Z. 130, Sal., Mj.) — Pour Fresaie.
Espèce de chouette. — Ou Effraie. V. Ferzâ.
S'écrit par s ou z. By. — Foerzaie ou Foerzà.
Et. — En Poitou : Presaie, d'après .Ménage,
que cette forme conduit au lat. Prœsaga avis,
25
386
FERSILLER — FESSETURE
l'oiseau qui donne des présages. — D'autres ont
tiré son nom d'une manière de fraise qu'il a autour
du cou. (LiTT.j
Fersiller, v. n. — Se dit pour un liquide qui
commence à bouillir. — Lat. Fritillare.
Et. — Frétiller? — Berry : fertiller ; prov.
frezilhar. D. C. donne Fritillare, piler du poivre
dans un mortier, et Fritillum, Fratillum, mortier
à piler du poivre : c'est le mouvement de va et
vient du pilon qui a donné Frétiller. Quant à
Fratillum, il est dans Isidore sous la forme plus
intacte de Fractillum, ce qui conduit à Fractum,
supin de frangere, briser, le pilon étant considéré
comme instrument qui brise. (Litt.)
Fertage'(Mj.), s. m. — • Cordelette dont on
se sert pour ferdéler. — Ferter, fretter.
Perte ou Feurte (Chm.), s. f. — Bâton pour
la chasse à la martre, p. ex., avec chiens spé-
ciaux, la nuit. Ils n'aboient que sur cet ani-
mal qui, poursuivi, grimpe dans un arbre. Là,
la martre est abutée. Les chiens aboient au
pied. La ferte sert à battre les buissons. ||
Lue, Segr., — Même sens. Grand bâton pour
aller à l'affiàt — qqf. ferré. || By. — Foerte.
V. Troie.
N. — DoTTEST. — Ferte, frette, long bâton, dont
l'un des bouts est garni de fer, qqf. même d'une
petite fourche en fer. On s'en sert pour franchir
les fossés larges et profonds et les haies élevées.
Dans les commencements de la chouannerie, un
certain nombre d'insurgés n'avaient que la frette
pour se défendre et attaquer, mais ils la ma-
niaient habilement.
Ferteau (Mj.), s. m. — • Frette, anneau de
fer qui enserre la tête d'un pieu. — P. Fret-
teau, dim. du fr. Frette.
Ferter (Mj., By.), v. n. — Produire un
bruit léger en froissant des feuilles ou des
branchages secs, comme fait un reptile dans
une haie. ||
Et. — Je le rapproche de Frétiller (fertiller),
qui en serait le diminutif. || Dans qqs. régions :
Peigner le chanvre. — V. Ferloirer. Ce v. est pour
Feurler, de Feurte, branche. Cf. Feuillarder et
Feuillard. \\ Pron. foerter (By.), syn. de fureter,
chercher dans tous les coins, — Fur'ter, c'est
chasser au furet.
Fertis (Mj.), s. m. — Étoupe, corde défaite
pour calfats. Pour Frettis. Tient au fr. Fretter
Cf. Fertage, Ferteau, Ferdéler.
Fertoirer (Mj.), v. n. — Travailler à net-
toyer, à mettre tout en place dans le ménage.
Syn. de Fergancer.
Et. — Pour Frétoirer ou Frottoirer, sorte de
fréquentatif de Frotter. Notre patois a diî avoir
un verbe Fréter, ou Fretter, qui a donné l'angl.
to Fret, frotter, user en frottant. Et même j'ose
dire que ce v. existe encore. C'est notre v. Ferter.
Fertoué (Segr.), s. m. — Petite herse ser-
vant à verser les grosses mottes (Mên.)
Fertouper, v. a. — Frapper dur et long-
temps.. . (Mén.) Cf. Touper, Vartaupe.
Ferzâ (Auv., Li., Br.), s. f. — Fresaie,
chouette. Orfraie. — On dit aussi Ferzaie,
Ferzée. Pour la termin. Cf. Clâ, Prâ. — V.
Féseraie, Fer saie.
N. — Oiseau nocturne de sinistre présage. Elle
vient chercher qqn dans la maison auprès de la-
quelle elle a chanté.
Féseraie (Mj.), s. f. — Pour Fersaie, par
interversion des consonnes. V. Ferzâ.
Fessée (Mj.), s. f. — Grande quantité, abon-
dance. Ex. : Y a eine fessée de mêles cette
année. Syn. de Tapée, Tournée, Cramassée,
Foissée, Fouée.
Et. — Je comprendrais Faiscée. Un « fais » de
foin, c'est ce qui peut entrer en un lien de blé. —
Fkoissart dit : a Grand faiz de chevaux )-, —
grande quantité. (L. C.) — Fessel, faisceau,
fagot : Fessellus, faisceau, gerbe. — Fessus est
traduit par ; tas. — P.-ê. faut-il y voir simple-
ment un rapprochement avec le grand nombre de
coups donnés dans une fessée. Cf. Tapée, Flopée.
J'ai remarqué ailleurs que beaucoup de mots signi-
fiant : volée de coups ont aussi le sens de : grande
quantité.
Fesse- merle (Ang.), s. m. — Nom donné
par les paysans à l'épervier, parce qu'il
« chasse les merles ». (Ab. Vincelot, p. 60.)
V. Foisse-méle.
Fesser (Sp.), v. a. — Rempailler une chaise.
Syn. de Foncer, Joncer, Corder. Cf. Fesseter. ||
Segr. — Se dit en parlant du bois. « J'ai
fessé dur ce bois ; j'ai eu du mal à le fesser. »
— J'ai frappé dur, j'ai eu du mal à le fendre.
— Il By. — Syn. de Battre et de Frapper
sur : « Oui, je me fais honte, j'ai fessé (foessé)
mouman ; c'est vrai que j'étais sou (saoul).
— Ein' brut' ; i foessait sus son j'vau (cheval)
avec le manche de son fouet ! »
Et. Geangagnage cite dans le wallon fesî,
entrelacer de l'os'er ; a. \v. fesse, latte. — Diez :
fitse, baguette ; bavar. fitzen, fi'apper avec une
verge. — (Litt.'> — Faisse, s. f., bâton : « Lequel
suppliant tenoit un petit baston, appelé faisse,
aussi comme un petit paisseau d'une haie. » (1350.)
— Ecrit aussi : fesse. Faisselle, feisselle, foiselle, —
chaseret de bois ou d'osier pour les fromages :
« Je lui porteray mon formage
« Dans cette feisselle de jon. » (Noël.)
(L. C.) — Fascia, lien, bande. Un faissier, c'est un
vannier. (Schl.) — Fesser, battre ; ruer ; travailler
dur, frapper. (Dott.) — Ne signifie pas seulement
fouetter, mais frapper sur n'importe quoi et
n'importe comment. (De Mont.) Cf. Faiscelle.
Fesseter (Lg.), v. n. et a. — Entrelacer
des branches coupées pour former une haie
sèche.
N. — Lorsqu'il s'agit d'une haie vive, on dit
Plesser. || Tresser, clisser un panier, faire un ou-
vrage de vannerie. — N. En ce sens on dit plus
souvent Plisser.
Et. — Fréquent, ou dimin. de notre v. pat.
Fesser, qui dérive probablement du lat. Fascis.
Par ailleurs, Fesseter a donné l'angl. to Fasten,
qui signifie : attacher, fermer. Il est probable
encore que notre v. Foncer (rempailler) ne dérive
pas de Fond, mais qu'il vient directement, comme
Fesser, d'une forme primit. Fascer ou Fasser. V.
Fesser.
Fesseture (Lg.), s. f. — Haie sèche, faite
de branchages coupés et entrelacés. Dér. de |
Fesseter.
FESSIER — FEUVETTE
387
Fessier (Mj., By.), s. m. — Ne s'emploie
qu'au singulier. Grosses fesses. || Lg. — lîidi-
vidu à grosses fesses.
Fessoir s. m. — Espèce de houe.
Et. — Fessou, Fessouet. Houe triangulaire aiguë.
Altérât, du vx fr. Fossouer, instrument pour fouir.
Lat. Fodere. — Cf. Fossoyer. (Litt.) — Fesseur, —
oir, — ooir. . . Fessoir à fouir vignes. « Fossorium
dictum, quod foveam faciat, — cum quo fodi-
tur. » ■ — «... Fossierres et autres instruments à
fessier, et fait faire fossez. . . » {1360. — D. C.)
Feste, s. m. — Faîte, sommet.
Et. — La Coutume d' Anjou, art. 173 : Tous ven-
deurs de drap en détail les aulneront par le fest,
sur peine d'amende arbitraire, c.-à-d. par le haut.
De fastum, inusité, dont : fastigium. » (Ménage.)
Fet (Br.), s. m. — V. Fait. Bien, vêtement,
Fêtages. vx mot ang.
Hist. — « ... Le clergé de ces églises conserva
l'usage des cloîtres, des repas, des distributions
communes. Les fêtages mêmes, quoique convertis
en distributions pécuniaires, en étaient encor& une
image sensible. » (Anj. Hist., 6" an., n" .574. Abbé
Rangeakd.)
Fête (Lg.), s. L - — Au jeu de manille, les
atouts, la maison. Ex. : Etes-vous ben de la
fête?
Fête-Dieu. — Pour la Procession de la
Fête-Dieu, lire : Anjou Historique, 6« an.,
n" 6, 187. Extrait de I'Abbé Rangeabd.
Fêter (Mj., By.). — Absolument, v. n. —
Chômer une fête. Ex. : Demain on va fêter :
c'est la Saint-Jean.
Fêtons. — Fêtons de Pâques, ou ceufs au
lait (MÉN.)
Feu (Mj., By.), s. m. — Pierre à feu, —
pierre à fusil, silex. || Fig. — Rougeur de la
figure, avec sensation de chaleur occasionnée
par l'afïlux du sang. Ex. : J'ai eiu feu dans la
figure ! || Goût de feu, — goût particulier du
vin poussé. On dit de ce vin qu'il a goût de
feu, ou (ju'il a du feu. || Sp. — Feu sec, —
sorte d'éruption cutanée. || Avoir goût de feu,
être trop chaud, en parlant d'un mets. (Lg.)
— Plaisanterie. || Mj. Brûler à /eu mort, — se
consumer lentement. || Feu guerzais. ||Ardeur
vénérienne chez un animal femelle. Se dit
surtout des chiennes. Syn. de Lice, Marois,
Saison. Ex. : Eine chienne en feu. By., id. [|
Avoir du feu dans le tison, être encore vert,
plein d'ardeur. || Au feu ! — Appel pour se
rendre à un incendie, || Piquer ein feu, —
rougir de confusion. Cf. Fard, Soleil. \\ Faire
feu, produire de l'effet. |1 Faire feu des quatre
fers, loc. prov., fulminer.
Et. — Du lat. focus, foyer, qui a remplacé le
lat. popul. ignis. Devenu : fou. — Hist. : On lit
sur un registre de 1336 : « Clamando et alta voce
dicendo : à foc à foc. » (L. C.)
Feuger (Segr.), v. a. — Se dit des porcs
quand ils cherchent dans la boue : « Les
porcs feugent. »
Et. — Fouger, de Fodicare, fodere, creuser,
fouir. (Litt.) — Les sangliers ont été aux feuges
quand ils « ont fait grans fossez, et ont fouy bien
en parfont en terre pour avoir une racine qui est
appelé feuges ». Feugage, — droit payé pour laisser
les porcs fouir la terre. (L. C.)
Feuillard (Sp.), s. m. — Tôle mince. De
Feuille. ^'. Feillard.
Fe Mille. — Prononcé Feille. By.
Feuillées (Lg.), s. f. pi. — Fanes de pommes
de terre. Syn. de Chavoilles, Fonces. C'est le
mot fr. en un sens spécial.
Feuillet, s. m. || Sa., By. — Feuillet de foie,
— lobe du foie. Le foie a quatre feuillets.
Feuilletis (Tr.), s. m. — Espèces de délits
qui ne contiennent pas d'amandes quart-
zeuses. (Mén.)
Et. — Endroit où l'ardoise est facile à diviser
en feuillets. (Litt.)
Feuillette (Mj.), s. f. — Feuillet. Troisième
estomac des ruminants. Syn. de Livre.
Feurieuv, adj. q. — Mauvaise prononc. de
Furieux.
Feurquiau (Segr., dit.), s. m. — Prononc.
pat. de Fortiaut. Bande de fer blanc pour
consolider le dessus des sabots. — Fretter.
Feu dé r'culée (By.). — V. Raviêe.
Feurrier (Lg.), s. m. — Nom d'une espèce
de petite poire commune dans les grands
poiriers des haies. Des poires de feurrier.
Mûrit assez tard. V. Férier.
Feurrier (Lg.), s. f. — Verge, branche
menue et souple. Syn. de Scion. V. Ferte.
Feurte (Lg.), s. f. Branche, rameau. Dou-
blet de Ferte, avec un sens plus général. Syn.
de Branseau, Scion.
Et. — Pour Frète, dér. du lat. Fractum. De fait;
la feurte est la branche détachée de l'arbre, jamais
colle qui tient au tronc. A cet égard on pourrait
peut-être faire un rapprochement avec le fr. Scion,
dér. possible du lat. Secare, scier. (R. O.)
Feurter (Lg.), v. a. — Fouetter avec une
verge. Syn. de Scionner, Roter. Dér. de
Feurte.
Feuve (Li., Br., By., Mj.), s. L — Fève.
Syn. de Femme.
Et. — Lat. Faba. — Hist. : « En cette année il y
a cherté de bleds ; le froment xx sols, le seigle
xvn sols, feubves xvii. » (1583. Inv. Arch.) — « Le
premier jour d'avril, le fourmant valoit lxx sols le
boisseau, le seigle Lxnn sols, et le boisseau d'orge
et feubves xlv sols. (1630. — Inv. Arch., E, n
164, 1.) — « S'ensuivent les cens, devoirs et rentes
tant par deniers que par froniens, seilles, avoennes,
poys, feuves, chappons, poullez, vin, vendenge, que
cyre deux chaincun an au prieur. » (1467. Id., G.
p. 135, col. 2.)
Feuvêrier (Mj.), s. m. V. Feuvrier.
Feuvette (Mj., By.), s. f. — Haricot blanc.
Et. — Diniin. de feuve. Le haricot est l'image
réduite de la fève. Syn. de Mougette, Fayots, ou
Févettes. A Trélazé, les perreyeux disaient
févette pour fauvette.
Hist. — « Aux prisonniers et aux renfermés
388
FEUVRIER — FICTER
dans les prisons..., chaque dimanche de carême,
une chaudronnée de fevettes. » (1769. — Inv. Arch.,
H,i, p. 3, col. 2.)
Feuvrier (Mj., By.). — Février. N. Les
vieux disent Feuvérier, Févérier.
Et. — Februarius, de februare. faire des expia-
tions, mot sabin, suivant Vaeron, et non de
febris, fièvre. (Litt. ) — Febrarium. (Darm.) —
Hist. : « Le 10« jour de feubvrier 1644, les cloches du
Plossis ont esté réfecte par le procureur et le curé,
comme il est écrit sur ycelles. « (Im>. Arch., S,
s, E, 163, 1, bas.) — Le dernier jour de feuvrier feut
faict un accord de M. Chabot, duc de Rohan, avec
le maréchal d'Ocquincourt. (1639. Id., ih., 164,
2, m.)
Féyence (Mj., By.), s. f. — Fayence.
Et. — De Faenza, bourg d'Italie, où cette pote-
rie a été inventée. Dfniau raconte qu'après la
bataille de Torfou, les paysans vendéens, grisés
par le succès inespéré qu'ils avaient remporté sur
Kléber, coururent jusqu'à Cholet raconter qu'ils
avaient battu l'armée de faïence (Mayence).
Fiac ! (By.), interj. — Exprime le bruit que
fait un corps qui tombe dans Feau ou dans
la boue.
Fiacher (Li.), v. n. — Les cochons fiachent.
Se vautrent.
Et. — Flache (o« sens), mare d'eau dans un bois
dont le sol est argileux. — Cl = Fi. (Litt.) — Lat.
Flaccus. (Darii.)
Fiambée (Lue), s. f. — Prononc. de F/am-
bée.
Flamber (Lue), v. n. — Flamber.
Fiance (Lg., Tlm.), s. f. — Confiance,
sûreté. Syn. de Fiète, Fiement. ■ — Dér. du fr.
se Fier. Tis. Fiançailles (vieux).
Et. — Fidere. — Hist. : « Le cinquiesme advis
que je donne icy à se bien conduire aux affaires, est
un tempérament et médiocrité, entre une trop
grande fiance et défiance. » (Sagesse de Charon.) —
Au sens de fiançailles : « . . .Notre promoteur nous
a remontré que... on continuait 4 faire des
fiances et mariages après les heures réglées par les
ordonnances... » {Anj. Hist., 6« an., n° 6, 614.
Paroisse de Tilliers.)
Fiar (Bl., Mj., By.), adj. q. — Fier. fém.
fière. Lat. Férus.
Fiaraud (Mj.),
fiérot.
adj. q.
Un peu fier
Fiarté (Mj.), s. f. — Fierté.
Ficelle (Sp., Mj., By.), s. f. — Homme faux
et hypocrite, individu madré, retors, fourbe.
Syn. de Sac-à-diable, Couteau-à-deux-manches.
Porte-à-deux-jetées, Planche.
Et. — Allusion aux fils qui font mouvoir des
pantins. Tenir, voir la ficelle. Connaître les ficelles
d'un métier. Diez le tire de filicellum, comme cer-
velle de cerebellum, avec changement de genre.
C'est possible. Mais le mot s'est écrit : fiscelle et
paraît avoir été rapproché de fiscella, petit panier
tressé de jonc ou d'osier. — Delvau :
— « Cadet Rousselle a trois garçons,
« L'un est voleur, l'autre est fripon,
« Le troisième est un peu ficelle. . . »
Fichant (Mj.), adj. verb. — Forme atté-
nuative de : foutant. — Ennuyeux, désa-
gréable. C'est fichant ! Syn. de Chiant.
Fiche (Mj., By.), s. f. — Axe d'une porte
d'armoire dans les meubles de style local
ancien. Ces axes, ou tiges de fer cylindriques,
qui avaient la même hauteur que la porte, lui
étaient extérieurs et constituaient un orne-
ment qui ne manquait pas d'un certain
cachet, mais qui nécessitait des soins cons-
tants d'entretien. \\ v. a. — Forme abrégée
de : ficher. Ex. : \'a te faire fiche ! — va te
f. lanlaire.
Hist. — « Dans les cabinets (armoires) les plus
anciens, le vantail s'ouvre sur une tige de fer
placée à l'extérieur et nommée fiche, dont la ména-
gère entretient soigneusement le poli. » (La Trad.,
p. 43,1. 30.)
Ficher (Mj., By.), v. a. — S'emploie comme
forme atténuative dans tous les sens de
Foutre. Ex. : Je te vas ficher mon pied dans
le cul. — 11 n'a l'ar que de se ficher du monde.
— X. On dit aussi à l'infinitif : fiche. Ex. :
11 n'a l'ar que de s'en fiche. — Il y a deux
participes passés, fiché et fichu. Ce dernier
est le plus usité. Il a été emploj^é par asson-
nance avec : foutu, dont il a tous les sens, ce
qui n'est pas vrai pour l'autre.
Et. — Vo Fichage. — A eu le sens de faire une
chose avec vivacité : « Quand les gens le conte
virent ce, ils lessirent l'ost et se fichèrent par-dessus
la lice et coururent sus aux Sarrazins à pié. »
(Jorsv. — LiTTEÉ.) — Dès la fin du xrv« s., ficher
se trouve dans le « Livre du maréchal de Bouci-
CAUT )) : Quand Chateaumorant, avec la compai-
gnée des autres prisonniers, feurent arrivez à
Venise, adonc on les ficha en forte prison. » —
Sens innombrables ; Jeter, placer, donner, faire,
au diable (allez vous f lire fiche .'), se mettre à,
s'habiller, se poster, se moquer, tromper, etc.
(L. Larchey.) — Ne peut venir directement de
Figere, mais d'un type Figicare. (Cf. fodicare, de
fodere ; vellicare, de vellere.) (Scheler.)
Ficheur (Mj.), adj. q. — Syn. de Fouteur.
Dér. de Ficlier, Moqueur.
Fichu (Mj., By.), part. pas. du v. Ficher.
— Capable. Ex.*^ : T'es pas fichu de sauter
ceté foussé-là. — N. Fiché n'a jamais cette
acception. — Syn. atténuât, de Foutu. ||
Lancé, jeté, jl Lue. • — Terme de mépris et
sens vulg. i| Mal fichu, — mal portant, indis-
pose; ou mal vêtu.
fichu de moi.
Se moquer. — 11 s'est
adv. — Beaucoup, à
mal.) — Velà du vin
Syn.
Fichument (Mj., By.
l'excès (en bien et en
qu'est fichument bon, — ou mauvais,
de Foutrement, Foutument, Bougrement.
Ficre (My.), adj. q. — Creux.
Flcter (Mj.), v. n. — Godiller, faire avancer
un bateau à l'aide de l'aviron. || Inconnu à
By. où l'on godille à l'aide d'un aviron droit
spécial pour cette manœuvre.
N. — C'est là une manœuvre toute spéciale et
peu connue, qui ne ressemble en rien à l'action
de ramer. Laviron est passé dans une boucle en
corde, fixée sur la partie médiane de l'arrière du
FI-DE-QUATRE-ÉPÉES — FIÈVRE
389
bateau, et plonge dans l'eau sous un angle de 40
à 60°. Lorsqu'il est dans sa position initiale,
c.-à-d. situé dans un plan vertical et l'intersection
de sa lame avec l'eau étant perpendiculaire à
l'axe du bateau, le marinier lui imprime un léger
mouvement de rotation sur son axe propre, de
manière que l'intersection de la lame avec le plan
d'eau devienne oblique à l'axe du bateau. En même
temps, il incline l'aviron vers la gauche ou vers la
droite, selon que la rotation a été « dextrorsum « ou
« sinistrorsum » ; c.-à-d. que ce mouvement laté-
ral est calculé de sorte que l'action oblique de la
lame sur l'eau repousse celle-ci en arrière. Avant
de ramener l'aviron d'un angle égal sur l'autre côté
du plan vertical, il lui imprime sur son axe un mou-
vement de rotation inverse. De cette manière, le
manche de l'aviron, tout en tournant alternative-
ment sur lui-même, exécute un mouvement pen-
dulaire, d'une amplitude totale de 70 à 80" de part
et d'autre du plan vertical passant par l'axe du
bateau.
Ce mouvement a lieu dans un plan dont l'inter-
section avec le plan d'eau est perpendiculaire au
plan axial du bateau, mais est en même temps
incliné sur l'horizontale de 45 à 60°. Or, si le manche
est situé dans ce plan que, pour l'explication,
j'appelle plan pendulaire, on remarque que la
lame, par suite de la rotation alternative que j'ai
indiquée, est sans cesse oblique à ce plan, dans
lequel se meut son axe de figure. Il suit de là
qu'elle exerce sur l'eau, par son mouvement
latéral ou pendulaire, une pression dont les réac-
tions produisent :
1» Un mouvement pendulaire du bateau autour
d'une verticale menée sur le milieu de son axe ;
20 un mouvement pendulaire du bateau autour de
son axe horizontal, en raison de son élévation au-
dessus de cet axe, de la boucle qui est le point
d'application des réactions ; 3° enfin et surtout un
mouvement de propulsion du bateau suivant son
axe.
Ce dernier mouvement est encore favorisé
par ce fait que le marinier ne fait pas, en réalité,
mouvoir le manche de l'aviron dans ce que j'ai
appelé le plan pendulaire, mais bien sur la surface
d'un conoïde, ayant son sommet à la boucle,
conoide dont la génératrice, située dans le plan
vertical, est inclinée de 45° environ sur l'horizontale
et passe, pour les positions latérales extrêmes de
l'aviron, à une inclinaison de 60" à peu près.
En résumé, l'action de l'aviron tient à la fois de
celle de la rame et de celle des propulseurs héli-
coïdaux, et le bateau, en même temps qu'il reçoit
un mouvement de roulis, progresse dans la direc-
tion de son axe longitudinal, son avant et son
arrière décrivant une ligne sinueuse, aux inflexions
inverses, de part et d'autre de cet axe.
On comprend que cette manœuvre ne peut se
pratiquer que sur ces bateaux légers qu'on appelle
barhuts. Les mariniers de la l>oire y sont fort
habiles et elle leur est d'autant plus précieuse
qu'elle permet à un seul homme de mener un ba-
teau à son gré. La vitesse obtenue en fictant est au
moins égale, malgré les réactions nuisibles, à celle
que l'on obtient par celle plus directe de la rame.
En outre, le bachot une fois lancé, il suffit au mari-
nier, pour le diriger, de ramener la lame de l'aviron
dans le plan vertical, ce qui en fait un véritable
gouvernail. (R. O.)
Fi-de-quatre-épécs (Z. 135), s. m. — Va-
riété de lézard. — V. Quaterpée.
Fidèle (Mj.), adj. q. — Honnête, intègre,
loyal. Syn. de Fiscal, Catholique, Solvable.
Fié (Mj.), s. m. — Sorte de cépage blanc.
V. Fiers.
Fiel (Mj., By.), Fig., s. m. — Toupet,
aplomb. On dit'^d'un individu qu'il a du fiel
quand il fait, sans sourciller, des propositions
inacceptables. — Eh ! ben, tu ne manques
pas de fiel, té ! — On dit aussi : T'es pas
bileux ! — Remarquer la concordance. Syn.
de Culot, Santé.
Fiel-de-terre (Sp.), s. m. — Petite cen-
taurée, ainsi appelée à cause de son amertume.
— Fumaria officinalis. Bat.
Fiement (Sp., Z. 145, Mj., Tlm., By.), s. m.
— Confiance. Syn. de Fiéte, Fiance. || Sécu-
rité. Ex. : Y a point de fiement à illi prêter
son argent ; — à champoyer eine bête de
même (une bête aussi méchante). H En
fiement, — en toute confiance, en toute sécu-
rité. Ex. : Moi qui illi avais donné ça en fie-
ment. — Du fr. se Fier.
Fienge, s. f. — Fiente.
Et. — Fiente. Le sens propre est fumier ; la
forme anc. est Fien, du lat. : fimus, fumier ; d'où
on a tiré un nom fém. avec l'épenthèse d'un t, aidé
en cela par le lat. fimetum, lieu rempli de fumier,
qui a un t. (Litt.) — Lat. pop. * femita, dér. du
lat. pop. fémur, femoris. (Class. fimus, i.)
Fier (se) (Mj., By.), v. r. — Se fier en qqn.
Hist. — « Se fiant en eux, nous serions trop
elongnez de la victoire. » (J. Dt; Bell., Déf. et IlL,
n, 2, 34.)
Fiers, s. m. — Sorte de raisin. V. Fié.
Et. Hist. — Fiers, sorte de raisin, appelez autre-
ment des fumez : « Car notez que c'est viande
céleste à desjeuner raisins avec fouaces fraîches -.
mesmement des pineaux, des fiers, des musca-
deaux, de la bicane et des foyrards. » On prononce,
en Anjou : fiez ; mais on dit : figers en Poitou : ce
qui me fait croire que ce mot de fiers a été formé
de ficarii et qu'on appelle ces raisins de la sorte à
cause de leur douceur, qui approche de celle de la
figue ; et, ce qui me confirme dans cette créance,
c'est ce que dit M. Borrel, qu'on les appelle, à
Montauban, des raisins goust de figue. (Ménage.)
Fiette, Fiéte, Fiement (Te, Z. 146, 149, By.,
Mj.), sf. — m. — Confiance, sécurité. Ex. :
N'y a point de fiéte à le laisser tout par li. —
V. Fiement, Fiance. — On a trop élossé cet
arbre ; n'y a pas de fiette à passer dessous.
Fieuvre (By.). — Pour Fièvre. — Cf.
Feuve. d. fève.
Fieux (Mj.), s. m. — Fils. Ne s'emploie
guère qu'en plaisantant. — Uoubl. du fr. P'ils.
Vieilli. Syn. de Affîaux.
Hist. — « Par ma foy, nos fieulx, j'aimerais
mieulx voir un bon et gras oison en broche. » —
Employé par I^a Fontaine.
Fièvre (Mj., Lg., By.), pron. fiève. — ||
Absolument : Avoir les fièvres, — avoir les
fièvres de marais intermittentes, communes
dans la vallée de la Loire. || Les grands
fièvres, — la fièvre tyhpoïde. jl Fièvre mu-
tueuse, ou muteuse, — i. muqueuse. !| Fièvre
célébrale, — fièvre cérébrale. || Fièvre mi-
390
FIFILLE — FIL-FERRÉ
nante, — fièore sourde. !| Les mauvaises
fièvres, — typhus, fièvre typhoïde, fièvre
muqueuse.
N. — A Sp., pour faire passer les fièvres inter-
mittentes, on va enterrer dans une fourmilière une
douzaine d'œufs et on les y abandonne. On aura
peine à croire à cette affirmation et, cependant,
rien n'est plus vrai. En fait de superstition, rien
ne doit étonner. L'effet de cette médication phara-
mineuse est, on le pense bien, immanquable. A
Montjean, le malade doit, chaque matin, à jeun,
aller mordre dans l'écorce d'un pêcher ; quand
l'arbre est mort (car, disent les commères, il
gagne la maladie), le malade est guéri. Cette pra-
tique, au moins, est logique, le pêcher étant un
amer et un fébrifuge énergique ; mais on pourrait
appliquer ce remède d'une manière plus commode,
et l'explication que l'on donne des effets très réels
qu'il produit est absurde et confine à la supersti-
tion.
Fifllle (Mj.), s. f. — Fille. Forme cares-
sante.
Fifine (Mj., By.), s. f. — Joséphine, pré-
nom féminin. Forme hypocoristique, fami-
lière et caressante, par réduplication de la
dernière syllabe.
Fi-de-garse ! (By., etc.). — Interj. expri-
mant simplement la surprise, sans idée d'in-
jure ; très employée.
Et. — Garce n'avait autrefois aucun sens
déshonorant ; c'était simplement le fém. de gar-
çon et signifiait jeune fille. Le sens ancien s'est
conservé dans qqs localités. « C'est une fameuse
garce » est un éloge peu compris que recueillit
\\me (Je Staël dans un petit canton du Vendomois. »
(Honoré de Balzac, Les Chouans.) — Cette ten-
dance à prendre les mots en mauvaise part produit
de fâcheux effets. Garce avait un sens très bon, on
l'a rendu déshonnête ; il a fallu prendre fille.
Aujourd'hui, fille est devenu déshonnête en cer-
tains cas ; on ne peut plus dire : une pension de
filles ; il faut dire : de jeunes filles, ou : de jeunes
personnes. Où s'arrêtera-t-on?
Fifrelin (Ag.), s. m. — Très petite quantité,
presque impondérable. Ce mot est de la
langue des potards.
Fignoler (Mj., Sp., By.), v.n. et a. — Faire
. un ouvrage remarquable, le parfaire avec
soin. Il Se distinguer par un travail très soigné,
une tenue afTectée, un langage recherché. « Il
a fait ça pour fignoler ; il a voulu fignoier. »
Et. — Trévotjx écrit : fignoler, ou finioler, ce
qui le rattacherait à : fin, fine ; raffiner. — Grand-
GAGNAGE : fignou, = élégant, pimpant ; propose
dubitativement comme primitif le mha. Fin, am.
fein, etc., fin, délicat, joli. L'angl. fine, beau, et
l'express, ail. Schônthun, cajoler, mignoter,
appuient cette supposition. Pour la consonne gn,
on peut alléguer Cligner, pr. cliner, et le vx fr.
Crigne, du lat. Crinis.
Figure (Mj., By.), s. f. — Figure de papier
mâché, — figure hâve, défaite. || Figure de
sot, et, absolument Figure, — imbécile.
Fil (Mj., By.), s, m. — Avoir un fil, — se
dit d'un homme qui parle beaucoup avec
aplomb. Cela revient à dire : Il a la langue
bien pendue, il a du bagout. Syn. alors de :
Losse, Babille, Platine, Tapette. V. Filoux. H
Par le menu, dans le détail (Mj.). Il m'a tout
conté de fil en aiguille, — de point en point.
Sens difïérent du franc. || Alliance en or,
très mince ; jonc, anneau de mariage.
Fil d'alouette (Auv.), s. m. — Cuscute,
plante parasite des trèfles, des luzernes et du
lin. Syn. de Teigne, Cirounette, Filouse.
Filandaines (Sgp.), s. f. plur. — Fils d'arai-
gnées que l'on voit tendus sur l'herbe des
prés, sur les chaumes, etc., en septembre,
octobre. Elles passent pour donner la toux
aux bestiaux. On les appelle aussi semailles,
mais ce dernier terme a vieilli. A Sa., on les
nomme Semeuses, jj Sa., au sing. Stolon de
fraisier, syn. de Courance, Filongue. \\ Segr.
— Aiguillée de fil, de laine, outre le sens pré-
cédent. (Mék.).
Et. -^ Ce mot tient au fr. Filandres, au pat.
Filongue et Filondrée. — Filandre, pour Filande,
de Filer.
Filandreaux (Lg.), s. m. pi. — Fils de la
Vierge, fils d'araignée qui flottent en l'air ou
qui s'attachent aux plantes et aux guérets
par certaines journées d'automne. Syn. de
Semailles, Semeuses, Filandaines.
Filanza (Li.. Br.), s. m. — L'influenza. Syn.
Flûte en l'ar.
Filasse (Sal.), s. f. — Avoir du goût « comme
à manger de la filasse », c.-à-d. n'avoir pas
d'appétit.
Fil de bergère (Vendée). — Gros fil obtenu
des étoupes de lin (MÉîf.).
Fil de bœuf (Segr.), s, m. — Plaie rongeante
au pied d'un bœuf qu'on guérit par l'herbe à
fil; le guérisseur prend une feuille de plantain
dans sa poche, la suspend à un arbre, le fil
s'en va. (Mén.)
Filée (Mj.), s, f. — File, enfilade, rangée ;
suite de pensonnes ou d'objets placés à la
file.
Filer (Mj., By.). v. a. — Filer son nœud,
— filer, passer, s'en aller sans rien dire. ||
V. n. — Filer du doux, — mettre les pouces,
baisser le ton, n'oser répliquer, se faire
humble. — Filer doux, jj Filer ein mauvais
coton. V. Coton.
Filerie (Mj.), s. f. — Action de filer. Cf.
Brocherie, etc.
Filet' (Mj.), s. m. — Petit brin de fil. ||
Couper le filet, — inciser le frein de la langue,
lorsqu'il est trop court. || Pardre son filet, —
baver, en parlant d'une personne. || V. Lignou.
Hist. — « L'ung contrefaisant le ladre, s'estant
lié la gorge avec ung filet. >' (Noël du Fail, Propos
rustiques, ch. vn. — Jaub.)
Fil-far (Mj.), s. m. — Fil de fer.
Fil-ferré (à) — (Ag., By.), s. m. — Uh-fil-
ferré. — Pieu avec pointe de fer. Serait, ce
semble, mieux écrit : Afïil ferré. Corrupt.
évidente de Affitre ferré.
FIL-FOUET — FIN
391
Fil-fouet (Mj., By.), s. m. — Sorte de
petite ficelle dont on fait les mèches de fouet ;
fouet.
Filières (By.). — V. Cossards.
Fillâtre (fiâtre) — (Sp., Lg.), s. m. — Beau-
fils, garçon né d'un premier lit du conjoint. 1|
s. f. — Belle -fille.
Et. — Dér. du fr. Fils, Fille, qui correspond à
Parâtre et à Marâtre. Ital. figliastro.
Hist. — « II m'est tombé en mémoire que nos
ancestres par un honneste silence furent trop
plus copieux es paroles de consanguinité et affinité
que nous autres... » (Ménage.) — L. G. (Chan-
son de Roi., V. 743.)
« Guesnes respunt : RoUanz, cist miens flUastre. »
Filles (Baillée des). V. Folk-Lore. II. Cou-
tumes.
Fillette (Lue, By., Ag., Cho.). — Demi-
bouteille de vin bouché, soit environ 0,30 cent.
Il Les fillettes de Beaufort. Ce nom se donnait
à sept paroisses qui dépendaient autrefois de
Beaufort ou succursales. La Possonnière, dit
Méxage, était la fillette de Savennières.
(Affiches d' Angers, 1821). Mén.
Et. — Au !«'■ sens. Pour Feuillette, de l'ital.
foglieta ; qui signifie aussi une mesure de vin.
P.-ê. les Ital., au contr., ont-ils emprunté ce mot
au français. — La queue de vin, mesure et jauge
de Dijon, contient 2 muids, ou poissons, le muid
2 fillettes, la fillette 9 stiers, le stier 8 pintes, par
ainsi la queue contient 288 pintes. » (L. G.) —
P'olietta ; feuillette, fillette ; demi-pinte, vulgo
chopine, a fiala, ou phiala. (D. G.) — La pinte de
Bourgogne (voir plus haut) équivalait à 1 litre
33 centil. (Guillemaut.) — Scheler réfute l'étym.
de D. G. phiala.
Hist. — « La journée de mercredi (des Gendres)
a été humide et froide... Les bateaux n'ont fait
que des voyages très médiocres... Les trams
d'Erigné et de Trélazé ont eu un peu plus de
chance et un assez grand nombre de voyageurs ont
bravé quand même les averses. . . pour aller par-
tager le pot de rillettes et boire la dernière fillette
du carnaval. (Petit Courrier, 14 févr. 1907, 2, 3.)
Filleii (Mj., P.y.), s. m. — Filleul.
Filocliée (Mj., By.), s. f. — Grand nombre
d'objets enfilés. Ex. : Il avait eine belle filo-
chée de guernouilles, — de dards, — y en
avait eine belle cuisine. — Enfilade.
Filoir (filoué) — (Mj.), s. m.), s. m. — Syn.
do Guinegau. Dér. du v. Filer, parce que c'est
sur cet organe que l'on file ou (^ue l'on freye
un câble.
Filondrée (Fu., Mj.), s. f. — File, enfilade,
série, séquelle, procession.; personnes ou
choses qui se suivent à la queue leu-leu. Ex. :
Illy avait toute une fiilondrée de monde. —
Pour Filandrée, dér. du fr. Filandre.
Filon gée. V. Défilongée.
Filongues (Sp.), s. f. — Filandre. || Tige
rampante du fraisier. Syn. de Courances.
Corr. du mot fr. — V. Filandaines.
Filoseille (Mj., By.), s. f. — Filoselle.
Et. — Ital. filosello, altérât., sous l'influence de
fil, de folisello, du lat. pop. follicellus (class. folli -
culus), proprement, enveloppe, cocon de ver à soie.
(G'est la soie irrégul. ou bourre qui entoure les
cocons véritables.)
Filou, Filoux, ouse (Lue, Mj., By.), adj.
q. — Trompeur et flatteur. Patelin, patte-
pelu, papelard, câlin avec une arrière-pensée
d'intérêt, flagorneur.
N. — Du mot : fil? Etre filoux, c'est mettre sa
langue bien affilée au service de ses intérêts. Filou,
voleur, et filoux, flatteur, seraient le même mot.
Le premier ne dérive pas de Filer ; un voleur ordi-
naire file, sans doute, et se sauve : un Filoux, non.
(R. O.) — « Il existe un arrêt du Parlement en date
du 16 août 1623, dans lequel les voleurs sont qua-
lifié d'hommes hardis, se disant filous. — A dû être,
à l'origine, le voleur qui file (suit) le pigeon, comme
l'agent de police le file lui-même. (L. G.)
Filouse (Lg.), s. f. — Cuscute du lin. Ex. :
La filouse rend le lin pelassoux, râchoux. Syn.
de Fil d'alouette. Cf. Cirounette, Teigne. —
Du fr. Filer, parce que les tiges de cette
plante sont longues et ténues.
Filouser (Mj., By.), v. a. — Câliner par
intérêt, flagorner. — V. Filoux. \\ Chercher à
se concilier par des flatteries. Syn. Filouter.
Filouter (Sp.), v. a. — V. Filouser.
Fil de pierre. — Direction d'une couche de
schiste. La galerie est faite dans la direction-
du fil de pierre (Mén.). — By.
Fil- terre (Sa.), s. m. — Chiendent commun.
Fil-en-trois (Mj., By.), s. m. — Mélange
d'eau-de-vie et d'eau sucrée ; grog., syn. de
Canard, Pigeon. P.-ê. de ce qu'il y entre deux
tiers d'alcool et un tiers d'eau. — Non. Il y
a trois ingi-édients : eau, eau-de-vie, sucre.
Fin (Sp., Mj., Sa., By.), s. f. — Locutions.
— A la fin des fins, — par renforcement de
sens : « Vas-tu te taire, à la fin des fins ! »
Marque l'impatience, l'irritation. || Avoir la
fin de, — venir à bout de. On dit aussi avoir
l'about de. || By. A cette fin, — dans le but
de, pour. Et non pas : à seule fin. Y. Açalfin.
V. le suivant. Mj. A seule fin, à surfin. Bret.
Acel fin"= afin que.
Fin, e (St-P., Mj., St-A.), adj. q. — Fin
comme de la toile à quatre sous l'aune, —
très sotte, en parlant d'un personne. || S'em-
ploie adverbialement devant un adj., en
étant lui-même précédé de l'adj. tout, et
prend néanmoins le genre de l'adj. -\Iors il
signifie : absolument, exactement. Ex. :
C'est tout fin pareil ; ceté poule-là est toute
fine pareille h l'autre. || Dire le fin mot, —
dire le fond de l'alTaire. jj La fine pointe, —
l'extrême pointe, jj A fine fin de, à fine force
de, — Ex. : A fine force de le supplimenter, il
a tout de même aconsenti. A fine force de
hanetiner, j'ai tout de même ôvri la clà. H
Tout fin, toute fine, — Ex. : Il était tout fin
plein de pouées ; aile est toute fine pleine de
brossons. (Voir ci-dessus). V. Fincan. Le
seillot est tout fin plein. || Lue. — Tout-à-fait.
C'est fin plein. V. le précédent.
392
FINABLEMENT — FISTON
Et. — DiEZ le tire, par apocope, de finitus, fini,
achevé, parfait. — L'or fin, c'est l'or fini, parfait ;
puis viennent les sens d'excellence, de perfection ;
puis celui de svelte, menu, délié, — fig. spirituel,
rusé. (LiTT.)
Hist. — « Jamais, jamais, au grand fin jamais. «
(Rab., i*.,ni, XI, 236.) — «Si me la voulez laisser, je
vous sacrifiray un bon et grand pot de laict, tout
fin couvert de belles frayres. » (Id., P., iv, Prol.,
353.) — Les femmes et les filles vont s'assemblant
au beau soleil, afin d'y faire leurs ouvrages, ou bien
vont cueillans les violettes de mars à cellefin d'en
faire des bouquets... » (Brun, de Tartif.,
Philand., 344.) — « Le roy feist oster la couverture
du temple de Saint-Denis, qui estoit d'argent, à
cellefin d'en ayder les plus nécessiteux. » (En 649,
Louis II, dans une famine. — Id., Ibid., 566.) —
« A celle fin que nous soyons plus assurés du fait. »
(Bonav. Desper., C. m., p. 39.)
Finablement (Mj.), adv. Finalement.
Fincan (Mj., Sa.), adj. q. — C'est une sorte
de forme superlative invar, de l'adj. fm ;
forme qui ne s'emploie que dans la loc. adv.
Tout fincan, et seulement devant l'adj. plein.
Ex. : Son jardin est tout fincan plein de séne-
çon.
Fine (Av.), s. f. — Fissure dans une ardoi-
sière.
Hist. — «A son avis, c'est une fine, ou fissure
horizontale, invisible à l'œil nu, qui a été la cause
de la mort de G. . . » (1906. Ang. de Paris, no 34,
2, 3.) Cf. Feint. Cela donne à croire qu'il faudrait
écrire : Fin ce dernier.
Finer (Lue), v. a. — Mener à bout (D'où :
maufiner, mal tourner). || Finir, mourir. —
Ainsi fina le conte d'Anjou (Odoacre) sans
laisser aucuns enfans (495 environ). J. de
BOURDIGNÉ.
Finette (Mj., By.), s. f. — Sorte de flanelle
très fme. Ex. : Je illi ai fait faire deux gilets de
peau en finette.
Fini, ie (Mj., By.), part. pas. — Parfait,
complet, absolu. Ex. : A nous a fait ein mal
fini avec sa mauvaise langue. — || Adverbia-
lement, très. Ex. : C'est fini bon. — |1 C'est
ein soulard fini, eine souane finie. || Z. 146. —
V. Fin, Vrai, Raide, Parfait, Franc.
Finir o. — (Z. 153.)
Finissement (Mj., Lg., Tlm. By.), s. m. —
Fin, terminaison, conclusion, achèvement.
Hist. — xiv-xv« s. « ...Dieu... Et qui jamais
n'avra finissement. » (Eust. Desch.) — Ces affaires-
là ne prendront donc pas finissement. (G. Sa>'d,
Claudie. — Jaub.) Esp. Fenecimiento = id.
Finition (By.), s. f. — Fin. Ex. : Ça n'aura
donc point de finition, c't'afl'aire-là?
Finoche (Lé.), s. m. — Fin, rusé (Mén.).
Finte (Segr., Lms, Sal., Z. 196, By.), s. f.
— Foi. Dans ces locut. : Ma finte oui, — ma
foi oui — Il fait un temps superbe, aujour-
d'hui. Ma finte oui. V. Feinte.
i Et. — Ménage lui donne, sans raison, une origine
obscène que désapprouve L. C. Ce mot remplace :
foi, que l'on hésitait à prononcer trop souvent. —
« Par ma finte, ou : En bonne finte, par ma foy.
Jamais ces gens, qui font tant la petite bouche, ne
furent qu'hypocrites, ils jurent par ma finte ; ils
n'osent proférer le mauvais, ils ne sçavent dire les
choses par leur nom. » (Bér. de Verv., i, 149. —
L. C. ) — On a dit : ma figue, ma fine.
Fio, s. m. — Pour F/éau.
Et. — Fiau. Lat. Flagellum, dimin. de Flagrum.
Radie. Flag ou Flig (Af-fligere), — frapper, blesser,
appuyer sur. — Fieau vaut mieux que Fio. || By.
Flo, Oé-iau. || Mj. Fléau, Cleau.
Fioc — Interj. — V. Floue, Fiac.
Fiole (Mj., By.), s. i. — Figure. — S'em-
ploie en ce sens dans la loc. : « Se foutre de
la fiole de qqn, se payer sa fiole, — se moquer
de lui. « Te payes-tu ma fiole, par hasard? »
— Lat. phiala, autrefois : phiole. — Syn. de
Trombine, Bobine. Binette.
Fion (Mj., By.), s. m. — Air afîecté, genre,
coquetterie. Ex. Il fait du fion. \\ Coup de
fion, dernière main mise à l'ouvrage. — Cf.
i'angl. Fashion, et le v. Fignoler. |i (Sa.). —
Sorte de jeu d'enfants, assez analogue au jeu
de Saule-poulain, de Ligne, ou du cheval-
fondu. V. F. Lore, vu.
Fionner (Mj.) v. n Coqueter, mugueter.
Syn. de Farauder.
Et. — Fignoler pourrait être pour Finioler et se
rattacher à fin. V. Fion.
Fioque, Fiouque ! Interj. V. Fioc.
Fiqueter (Sal.), v. n. — Godiller. V. Ficter.
Piquette. — V. Fixe.
Firli mousse, s. f. — Figure. — V. Frimousse
(MÉN.).
Fiscal, e (Ag., Mj., By.), adj. q. — Honnête,
probe, digne de confiance, loyal. En parlant
d'une personne dont la conduite n'est pas
sans reproche, surtout au point de vue de
l'honnêteté, on dit : Il n'est guère fiscal. —
Syn. de Fidèle, Catholique, Solvable.
Et. — C'est, proprement, être zélé pour le fisc,
être exempt de fraude. Fisc, panier dans lequel
les collecteurs d'impôts mettaient l'argent. — J.\ub.
Régulier, légal. Le procureur fiscal, l'avocat fiscal,
le fiscal, comme on disait par abréviation, étaient,
sous l'ancien régime, les représentants de la loi dans
nos campagnes. De là à faire du fiscal le représen-
tant de la légalité, il n'y a pas loin. — Ne s'emploie
guère qu'avec la négation : « Cette a/Taire n'est
pas bien fiscale », c.-à-d., il y a du louche. Et, par
une extension encore plus singulière : En bon état,
bien portant. — « Depuis sa dernière maladie, il
n'est pas bien fi.-ical. » — Ce poinçon n'est pas ben
fiscal. » — Et même : « Le temps n'est pas fiscal. »
(P. EuDEL. Le vocab. blésois.)
Fisicle. — \'x mot ang. — Physique, pour
Médecine.
Hist. — « Car fisicle le me defent. » — Renart,
7316.
FJsqucr (By.), v. a. pr. Fixer. — Fisque,
pr Fixe !.
Fiston (Mj., By.), s. m. — Fils. S'emploie
comme interpellation amicale Ex. : Oui, mon
fiston. Dimin. de Fils.
i
I
FISTONNEAUX — FLANCHER
393
FistonneauY (Sp.), s. m. — Ne s'emploie
qu'au plur. Les seins d'une femme. Mot
égrillard. Syn. de Nénés, Avant-train, Avont-
lait, Bossoirs, Fr'stonneaux.
Fixer (Mj.), v. a. — Regarder fixement, en
face et avec insolence, dévisager. V. Fisquer.
N. — Grosse faute ; fixer qqn, c'est le rendre
fixe ; fixus, de figere.
Flac ! (Mj.), interj. — Représente le bruit
que fait un corps tombant dans l'eau ou
dans la boue. On prononce souvent Fiac !
Onomat. Cf. Fioc, Fiouc.
Hist. « Au branle du navire et an flot des
vagues de la mer, l'eaue entroit dedens par la
passée, tout à flac » (L. C.)
Flâche (Lg., Mj., Sp., By.), s. m. — Défaut,
concavité dans une pièce de bois ou une
pierre de taille. Syn. de Défourni. V. Lâche.
N. — Jaub. : « Se dit de l'état de dépression
d'une surface, d'un creux : ainsi les fîâclies d'une
route. Il Partie du bois équarri que la hache ou la
scie n'ont point atteinte et qui est en dessous du
plan ou de l'arête d'équarissage : « Ce soliveau a
bien du flâche. » Dér. de Fléchir. — ? — S. et adj.
du lat. flacceo ; exacte traduction de Flaccus
(oreilles pendantes). Cf. Flasque. Ang. Flaw, même
sens ; esp. Flaco, maigre.
Flâcheux (Mj., Lg., Sh., By.), adj. q. — Qui
a du flâche, ou des flâches, en parlant d'un
madrier.
Flafla (Mj., By.), s. m. — Étalage, ostenta-
tion. Syn. de Epate, Empatte.
Flageole (Mj.), s. m. — On dit : insépa-
rablement, pois flageole, — flageolet, espèce
de haricot.
Et. — Barbarisme. II faudrait dire : Fageolet'
du lat. phaseolus, haricot ; dimin. de fageol. (Litt.)
— Lat. pop. fabeolum, altérât, du lat. class.
faseolum, sous l'influence de faba, fève. Cf.
faséole. (Darm.) — Ménagk prétend que tous les
mots de cette famille viennent de flare, soufller.
Flagoter (Lg.), v. n. — Clapoter. Syn. et
doublet de Clagoter. N. Une fois de plus on
constate l'équivalence des articulations fl et
cl dans notre patois. Cf. Cleau, Cleumer,
Bidet, etc. — Cf. aussi Jaubert à Flaboter.
En tenant compte de ce dernier mot, on a la
série des formes, tant françaises que patoises :
Clapoter, Flaboter, Flagoter, Clagoter. Flabo-
ter c'est : Rendre un son comme celui d'un
liquide dans une bouteille qui n'est pas pleine
et qu'on remue, d'une amande ou d'une noix
sèche, dans sa coque sèche, de l'eau que l'on
a prise dans son sabot en marchant.
Flaître, adj. q. — Flétri. Syn. et d. de Flaire.
Et. — Rerry, flâtrir. — DiEZ a, adj. flaistre,
flesire, fané, qu'il tire d'une forme -. flaccaster, de
flaccere, être flasque. — Du lat. flaccidum (flaisde,
flaiste, flaistre.) Darm.
Flamaçon s. m. (Sp.). — Franc-maçon.
F/. — Ces deux lettres sont souvent mouillées :
f/amber, pron. flamber.
Flamand (Mj.), s. m. — Flandrin, halle-
breda, individu grand, fluet et dégingandé.
Et. — C'est le fr. Flamand, habitant des
Flandres. Il est curieux de constater que le fr. et
le pat. attribuent aux habitants des Flandres le
même défaut de conformation. Pourquoi cette
épigramme passée dans notre langue et de quelle
époque date-t-elle? Probablement du temps de
Philippe-deValois ou de Charles VI. .
FIambant-neuf° (By., etc.). — Tout neuf
(habit, chapeau, casquette, gilet), si neufs,
jetant tant d'éclat qu'ils en flambent (Jaub.).
— Cf. Un chapeau à huit reflets. V. Bouge.
Flambard (Mj., By.), s. m. — Individu qui
fait de l'embarras. || Petit maître, coq de
viUage. i| Vaniteux et maniéré, affecté dans
sa tenue. || Bellâtre, piafTeur. Syn. de Epateur,
Fernacul, Emballeur. Dér. du fr. Flamber,
syn. de Briller.
Flambe (Mj., Lg., Sal.), s. f. — Flamme.
Ex. : Je n'avons ni feu ni flambe. \\ Fig. — Le
grand flot, le maximum d'une crue. Ex. :
C'est la grande flambe de la crue qui passe.
On dit aussi : la houée ou la vouée de la crue.
Il Mj. Nom vulg. de l'iris de nos marais, à
fleurs jaunes, et non de l'iris germanica, à
fleurs bleues, appelé Casse-pierre. V. Fambe.
Et. — Flamma ; m = b. Cf. Marmor, marbre.
L'iris est ainsi nommé de ses couleurs qui rap-
pellent celles de l'arc-en-ciel et aussi de ses feuilles
qui ressemblent à des langues de feu. (Cf. Gladio-
lus, petit glaive, glaïeul.) — (Traduit de Ch.
Etienne, dans son De re hortensi. Iris, sive
flammula : des flambes. (Ménage.) — Flambe, pour
Flamhle, lat. flammula. (Schel.) — Hist. : « Car
la véhémence de la flambe du feu avait porté quan-
tité de cendres contre mes pièces. » (B. de Palissy,
cité par R. Jagnacx, Hist. de la Chimie, t. II,
p. 444, 1. 11.) — « Comme si tu coupois de travers
avec ton bragmard une flambe de feu ardent, j
(Rab., p., ni, 2.3, 266.) — « La partie ligneuse,
laquelle est inutile, fors qu'à faire flambe lumi-
neuse. » (Id., ibid., m, 50, 326.) — « Et ne voyoit-
on autour que feu, flambe et fumée. » (Rab.,
Sciomachie, 598.)
Flambé (By., Mj.), part. pas. — Fig. —
Perdu complètement. Syn. de Frit, Cuit, Fumé.
Flambée (Tlm., By.), s. f. — Soûlée com-
plète. Syn. de Tripotée, Culottée, Muffée,
Cuite, etc. — Cf. Etre briilé soiil.
Flamber des yeux (.Mj.). — Avoir des yeux
étincelants. |i On prononce souvent Fambler,
et même Fambier et Flamber. || Grez-Neuville :
Flambé, flamber. — Flambeu.
Flamuie-nue, s. f. — Voir Chenarde, col-
chique d'automne (Mén.), Bâtard : Petite
flambe, — gladiolus communis. Flambe, —
Iris germanica.
Flammée, s. f. — Pour Flambée, flammèche
(MÉN.).
Flancher (Mj., Lg., By.), v. n. — Fléchir,
Plier, céder. Syn. de Caler, Caner, Quéner.
Et. — Paraît être un doubl. du v. Fléchir. En
tout cas, c'est le même que l'angl. to Flinch,
même sens. Syn. et d. de Plancher. — Jaub.
39^
FLANCHIR — FLEMME
Franchir, francher. — Dikz tire le mot : flanc du
lat. flaccus, mou, faible, avec l'épenthèse de l'n
(comme dans ancolie, pour acolie) ; mais d'autres
le tirent de l'aha. lancha, hlancha, flanc. D. C.
flanchus. — Ce serait : tourner par le flanc, ne plus
faire face.
Flanchir (.Mj.), v. n. — V. Flancher.
Flandre (Tlm.), s. f. — Iris. Syn. de Flambe,
Casse-pierre. — Gorr. de Flambe.
Flâner (Mj., By.), v. n. — L'a est très bref.
Pour Flâner.
Flanquer (Mj., By.), v. a. — Donner, jeter,
appliquer, infliger. Syn. plus convenable de
Foutre et de Ficher, Fiche. On dit : Je m'en
se flanqué eine bosse ; tu t'es flanqué à bas ;
je nous sommes flanqué des coups de poings;
le caporal illi a flanqué quatre jours de bloc.
— C'est le V. fr. en un sens local.
Et. — Flanquer (2« sens). Lancer un coup. Ce
paraît être le v. flaquer, avec intercalation d'une
nasale. Cependant, on cite le scand. flengja, frap-
per ; angl. to fling, lancer. — Hist. : « Manasses lui
va flaquer ce fourmage mou dans le bagoulier, si
proprement qu'il entra tout et que rien n'en sortit, -i
(B. DE Verv., p. 258.)
Flanquette (By., etc.), s. î. — Dans la loc.
A la bonne flanquette, c.-à-d. simplement,
sans cérémonie. Syn. de Bonneda.
Et. — Franquette, de franc, forme picarde. La
forme fr. serait : franchette.
F/aquer (Mj., Lg.), v. a. — Lancer avec
force une matière molle qui se plaque sur
l'objet atteint. Ex. : Il te illi a flaque eine
bouse de vache sus la goule ! » — De flac, fiac.
Pron. Fiaquer, a breL — Anglais to Flash,
faire jaillir, frapper l'eau, éclabousser. —
Onomat. de Flac ! — N. Une flaque d'eau
viendrait du flam. vlacke, lagune.
F/aquoir (Lg.), s. m. — V. Faquoir.
N. — Jatjb. : Flictouère, — Fic-fouère. Seringue
faite avec un morceau de branche de sureau, qui
sert de jouet aux enfants et avec laquelle ils
s'amusent à flaquer de l'eau aux passants.
F/aquoire (Lg.), s. f. — V. Faquoire. — On
mouille souvent fl. — Dér. de Fiac
Flasque (Lp.), s. î. — Pour Flaque.
Et. — Flasque. B. L. flaco, du fl. vlacke, lieu
bas au bord de la mer où il se forme des mares
après la marée. (Litt.) — « Tous poissons de
vivier, d'estang ou d'une fosse entour d'une for-
teresse, sont tenus pour héritage, et tous autres
poissons... comme des vuez, de flasques ou de
rivières, sont tenus pour meubles. » (L. C.)
Flâtre (Mj., Sal.), adj. q. — Flétri, à demi-
desséché. V. Flâtrir. || Z. 149. — Flasque,
ratatiné. Cf. Flètre, Flaitre..
Flâtrir° (Mj.), v. a. — Flétrir. || v. n. Se
flétrir, se dessécher à demi.
Et. — Orig. germ. ; angl. flat, plat ; dan. flad ;
a. scand. fletia, rendre plat. Le sens propre est :
jeter à plat, d'où frapper à plat, marquer d'un fer
chaud. La forme flastrir est la plus ancienne.
(Litt.) — Le vx fr. flastrir, tomber à plat, est pro-
bablement distinct de : Flaistrir (d'où : flétrir, —
ternir, décolorer) et a laissé sa trace dans flàtrer,
appliquer un fer chaud à un animal mordu, se
flâtrer, se mettre sur le ventre (terme de vénerie).
SCHELER.
Hist. — « Et pour ledit cas, fut flastré au fronti
le poing couppé. . . » (L. C.) — « Hz en restoient
tous effilés, tous évirés, tous énervés et flatris. »
(Rab., p., 6, 226.)
Flatteur (Mj.), adj. q. — On dit aussi dans
ce sens : Flatteux. || s. m. — Vantard. Dans
ce sens on fait sonner l'r final.
Flau (flo) — (Ec), s. m. — V. Anguille.
Flaupée (Do., By., Z. 136, Q., Mj.), s. î. —
Raclée, rossée, volée de coups. Ex. : Ils se
.sont foutu eine sacrée flaupée, le poil en volait.
— Syn. de Pile, Bondée, Boustée, Lâtrée, Lau-
dée. Il Grande quantité. Syn. Tournée, etc.
Flauper (Mj., By.), v. a. — Rosser, fouetter,
battre, rouer de coups. Je l'ai flaupé ; i s' sont
flaupés. Syn. de Douéner, Bouster, Bonder,
Lauder, Lâtrer.
Et. — « Flôpe, tout vêtement long et large,
comme une redingote, une soutane, etc. — Flôper :
Rosser, rouer de coups. On dit encore, aujour-
d'hui, qu'on a donné sur la friperie de qqn, pour
dire qu'on l'a battu ; or, friperie et flesperie (qui
est quasi flosperie) étaient synon. — Ingénieux,
plus que concluant.
Flautre (Ché.). — Étoffe de laine servant
à égoutter la pâte destinée à faire du papier.
(MÉN.)
Fléau (Do., Mj., By.), pron. flo, s. m. —
Fléau, instrument qui sert à battre le blé. Ne
s'emploie pas au figuré. V. Cleau. Cf. Beau-
preau, Marpeau.
N. — Le fléau, ou cleau, se compose d'un toulot
ou manche et d'une verge. Celle-ci, qui est une lame
épaisse de bois de frêne, était, autrefois, un simple
houssin, de là son nom. La verge est rattachée au
toulot par un virolet que des peaux d'anguiUes
relient à la chape. \\ Au plur. Grande balance à
peser les denrées agricoles.
Et. — Lat. Flagellum. Dans Marot, fléau est
monosyllabe.
Fléger (Mj., By.), v. n. — Se figer. Ex. : La
graisse est toute flégée. Corr. du mot fr. —
\'. Féger, Fliger.
Hist. — « MÉNAGE dit que la ville de La Flèche
est appelée, dans les vx titres latins : Castrum fissa,
il ajoute qu'on y a inséré un 1. Et, à ce propos, il
est à remarquer, dit-il, que les Angevins disent
Fléger, pour Figer.
Flegme s. m. — Pour paresse. Corr. de
Flemme.
Et. — Vx fr. Fleume, flume, timidité, manque
d'énergie. — Pituite ; du grec phlegma, pituite,
proprement, ce qui est brûlé, ce qui, n'a plus de
vertu. (Litt.) — Scheler : lymphe, lymphatique ;
caractère froid, calme.
Flemmard, e (Mj., Sy., By.), adj. q. —
Paresseux, nonchalant, mou, sans énergie. ||
Syn. de Vesse, Niant, Fointroux. — \'. Flegme-
Flemme (Mj., By.), s. f. — Paresse, non-
chalance, mollesse, manque d'énergie. i| Sp.
' — Fig. Alarme, peur, venette. Ex. : Il m'a
FLETRE
FLUX
395
donné la flemme, avec son histoire ! |j Battre
sa flemme, — paresser, fainéanter.
Et. — Corrupt. de Flegme, malgré la différence
de sens et de genre. V. Flegme.
Il Mj. Individu paresseux, un fainéant.
Ex. : Ceté gars-là, c'est eine grande flemme
— et ienne souane.
Hist. — « Flemme est froide et moiste. » (Bru-
NETTO Latini, Le « Trésor », xin» s.)
Fletre (Do.). — Flétri. V. Flaitre.
F/eumer (Lg.), v. n. — Flamber. Syn. et d.
de C/eumer, C/ômer.
Fleumenette s. f. — V. Houdin (Mén.).
Fleur (Mj.), s. f. — Loc. A fleur — à fleur
de. On dit : A fleur peau, — à fleur terre. « Les
racines de frêne ça file à fleur terre. » Mais : à
fleur d'eau. N. A Sp., les anciens mouillaient
i'I. Ex. : Aile est morte à la f/eur de soun âge
(a bref).
Fleur de l:iit (Lg.), s. f — Crème. Syn. de
Lie de lait.
Fleuré (Lg.), s. m. — S'emploie dans la loc.
Pêcher au fleuré, — p. à la ligne volante en
faisant courir une mouche à fleur d'eau.
Et. — C'est le part, pas., pris substantivement
du V. fr. Fleurer, employé au sens de Efïleurer.
Fleuret' (Mj.), s. m. — Petites plantes du
genre champignon qui se développent sur
les vins mal bouchés et qui affectent la forme
de petites lamelles rondes et blanches.
Et. — Dimin. de Fleur; doubl. du fr. fleurette.
Fleuri (Lg.), part. pas. — Dont la robe est
parsemée de taches blanches. Se dit des bêtes
bovines. Est souvent appliqué comme nom
propre aux bœufs de ce pelage. — Syn. de
Garre. Prononc. P'ieuri.
Fleurir» (Mj., Lg.). — De la loc. Faire
lleurir les cartes, les escamoter, faire des tours
de cartes. || By. — Les vagues fleurissent. —
En hiver, pendant les grandes eaux, quand
les vagues déferlent au large, on dit qu'elles
llt'urissent.
Fliac ! (Mj.), interj. — Exprime un l)ruit
de clapotis dans l'eau ou dans la boue. Doubl.
de Floc, Floue, Ploc, etc.
Fliger (By.), v. n. — Pour Figer. V. Fé-gcr,
Fléger.
Flingot s. m. — Fusil. Mot d'argot qui
nous vient probablement de l'Allemand. —
Sal. /d. Aiit,^l. Fling., silex, pierre à feu.
Flip ou Flipe (Sp., Segr.), s. m. — Grog
chaud. Mélange sucré d'eau et d'eau -de- vie,
et qqf. d'eau-de-vie et de cidre. V. Pirre. Syn.
de Maquereau. — Angl. Flip, boisson cordiale.
Hist. — « Pendant que la ménagère surveillera
la soupe à la pire. . . préparera le flip ou les châ-
taignes. . . i> (Anj. Histor., 2® an., p. 59'i).
Flôpe (Mj.), s. f. — Grande redingote-
S'emploie ironiquement. — V. Flaupée,
Flopée (Lue, Sal., Mj.)s. f. — V. Flaupée.
Se... fiche eine flopée, — se rosser. Syn.
Draillée, Dramée.
Flôper (Mj., Sal.), v. a. — V. Flauper. Cf.
l'angl. to Flap, frapper, battre.
Floquette.-Xev. — Nom vulg. du coucou.
(MÉN.).
Florence (Mj., Lg.), s. f. — Pour : Crin de
florence.
Florir° — Dans la loc. Faire florir les
gourdes, — faire des embarras (By.).
Flottes (Mj., By.), s. f. — Au fig. — Grande
quantité ; se dit surtout au plur. Ex. y a pas
des flottes de patades, cette année; — gn'y ara
des flottes de vin. |! Engin de pêche formé
d'un morceau de bois flottant auquel est
suspendue une ligne. C'est le français pris
dans un sens spécial.
Et. — Flote, dans le vx fr., ainsi que les mots
congénères des langues romanes, signifie : multi-
tude et vient du lat. fluctus, flot, pris métaphori-
quement pour : abondance. L'a. f. ne s'en servait
pas pour désigner une réunion de vaisseaux, mais
de : estoire. On 'a dit : flotte de nefs, comme flotte de
gens. — Mais les lang. gerrn. ont un mot qui signi-
fie : réunion de vaisseaux ; holl., vloot ; suéd.,
flotta ; anglo-sax., flict ; angl., fleet. Ce dernier
mot a fourni flete, directement, comme on peut le
voir à l'historique : « Après, avironna (rama) le
suppliant et mena la flette du côté du port. » D. C.
V' Avirunatus. — Dans tous les cas, les mots ger-
man. ont agi sur flotte, multitude, pour y déter-
miner le sens de : réunion de vaisseaux. (Litt.^
Flottes (Li., Br.), adj. q. —.Molles. Des
pommes de terre flottes, flasques. Cf. Flâtre.
Floue ! (Mj.), interj. V. Fiouc, Ploc. — Cf.
l'angl. Flowk.
Fluchsia (Mj. By.), s. m. — Fuchsia, plante
d'ornement.
Et. — Du nom de I^éonard Fuchs, botaniste
bavarois du xvr' s.
Flumatique s, m. — Vulg. Geum urba-
nurn (Méx.). Benoite commune (Bat.).
Flustrer v. a. (Mj.). — Frustrer, dépouiller,
voler. — Cf. Flamaçon, Escolter.
Flûte (Mj., By.), s. f. — Fig. et ironique-
ineiil. Jambe longue et maigre, li Se tirer des
flûtes, — décamper, déguerpir, s'esquiver.
V. Pied. Il Interj. zut ! || Fu. — Canon de
sureau, jeu d'enfants. Voir Bonde, Poussoué,
Ficoire. \\ Flûte en bas, influenza (Lg., mais non
Mj., ni Tlm. où l'on dit : Flûte en Var.) || Au
sens de Décamper: Syn. s'Esbigner, se Cavaler,
Prendre sa discampette.
Flùter (Mj., By.), v. n. — Jouer de la flûte.
Hist. — J. DU Bell., Epigr. pastor., p. 306.
— « Tant Perot fluste bien, fredonne et sonne icy
« Du flageol, du rebec et du cornet aussi. »
Flux (Lg.), s. f. — Ancien jeu de cartes
encore en usage dans le pays il y a une ving-
taine d'années;
396
FLUXION — FOIRER
N. — Rabelais mentionne ce jeu parmi ceux
de Gargantua. — Jaub., au mot Beuverie, cite :
« Combien des vostres voit on plus
(I A qui le jeu des dez ou flus,
« Le long veiller, les beuveries
« Ont engendré des resveries
«Et des fureurs. . . »
Cl. Maeot, !«'■ Colloq. cT Erasme.
Fluxion (Mj.), s, m. — Ironiquement. —
Fluxion de pavé, — ecchymose à la face pro-
duite par une chute sur le pavé.
Et. — Fluxionem, de fluere, couler.
Foée s. L — V. Fouée. — Du lat. Focata,
de focum, feu.
Foi, s. î. I! Mj.. Anneau à large chaton que
les femmes portaient autrefois (il y a cin-
quante ans) au petit doigt, tandis que l'al-
liance, ou fil, se portait à l'annulaire. ;] Sp. —
Ma grand foi. Ma grand foi jurée, — sur ma
parole, en vérité. |î Tlm. — Foi de la messe,
— la seconde sonnerie de cloches, à neuf
heures, qui, le dimanche, annonce la grand'-
messe. C'est ce qu'à Mj. on appelle le second
son. — Lat. Fidem.
Foidre (By.), s. f. — « Foudre, maladie du
blé par laquelle les grains sont réduits en
poussière noire comme du charbon. Cf.
Fouédre. — On confond sous ce nom la Tilletia
caries et l'Ustilage segetum (Dott.).
N. — « Foudre ne signifie pas du tout que cette
maladie envahisse le blé avec la rapidité de la
foudre, comme on le dit qqf. et comme on serait, en
effet, tenté de le croire, d'après Teflet indiqué.
L'épi devenant noir comme du charbon, il faut
rapporter l'étym. à Faude, que l'on trouve dans
le Gl. de D. C., sous Falda, 1. » (De Mont.) —
Pourquoi pas : noirci comme un objet frappé de la
foudre? (A. V.)
Foidré, part. pas. ■ — V. Foidre.
Hist. — « c( Le seigle d'une qualité admirable, le
froment foidré. » (1783. — Inc. Arch., S, s, E,
p. 358, col. 1, mil.)
Foidrer (Sal.), v. n. — Mal finir, — sens
moral. Syn. Maufiner. || S'effondrer. Tout a
foidré, — tout s'est écroulé.
Foie (Sp., Lg.), s. f. — Les foies, — les
poumons. V. Pyre, Pirre.
N. — A Sp., on évite que les moutons mangent
des glands, parce que, dit-on, cela leur pique les
foies. Il Lg. — Foie dur, — foie. || Foie mou, —
poumons, pirre.
Et. Hist. — « Du lat. ficatum, proprement :
jecur (foie d'oie) ficatum (engraissé avec des
figues) :
« Pinguibus et ficis pastum jecur anseris albi. »
(Horace, Sat., ii, vni, 88.) — Ce mol, ficatum, (jui
était, chez les Latins, un terme de cuisine, est
devenu, dans toutes les langues romanes, le nom
du foie et a fait disparaître complètement le mot
propre jecur. — Nombreux exemples de ce fait.
(LiTT.) — Lat. pop. fidicum, pour ficatum, devenu :
fedigo, fedio, fedjo, feie, foie. (Darm.) — Cf.
Truie, trojanus porcus; soie, seta serica, écheveau
de soie ; réverbère, lanterne à réverbère. » (Schel.)
« Ladite beste l'a tout à fait mangé, fors les
foys et quelques petits os. (1697. Inv Arch-, E. m,
282, L)
Folé ', s. f. — Pour : Foi. Ma fait oui (Méx.)
Foille (Sa.), s. f. — Feuille. — Cf. Poisser,
Poiser, Adroisse, Regroit. Doubl. du fr. du
Mj. Feille. Du lat. folium.
Hist. — « Couci, xnr' s. (L. C.)
a Quand li estes et la douce saisons
« Font faille et flor et les prés reverdir. »
Foillu (Sa), adj. q. — Feuillu. V. Foille.
Foin (Mj., By., etc.), s. m. — Avoir du /om
dans ses bottes, être riche. On dit aussi en ce
sens : avoir du pain sur la planche.
Et. — Fœnum, devenu : frain, fain, fein, faings.
folng.
Foindre (Mtl.), v. n. — Craindre, avoir
peur, se contraindre. Ex. : A foint de causer,
— elle a peur de parler, elle s'y contraint.
N. — Je relève ce verbe, qui est encore employé
à Montrelais, près d'Ingrandes, bien que cette
localité ne fasse pas partie de l'Anjou. J'estime
qu'il a dû appartenir à notre patois montj., car il y
a laissé un dérivé, Fointroux, bien vieilli lui-
même et désormais presque inusité. — Rappro-
cher Feindre. — Cf. se Feindre, Feignant, Faint.
Fointroux, ouse (Mj., Sal.), adj. q. — Fai-
néant, indolent, dépourvu d'énergie (vieilli),
mou, veule, paresseux. Sj'n. de Flemmard,
Niant. — Cf. fr. Faitardise. V. Littré.
Foirard, e (Mj.), adj. q. — Foireux. V-
Foirer.
Et. Hist. — Du lat. foria. — Scaliger l'explique
par l'adv. foras, dehors, « quia stercora liqui-
diora facile feruntur foras », ajoute Méxage.
— « Renard fait comme pute beste :
« Quand il li fu de sus la teste,
« Drece la queiie et aller lesse
« Tôt contreval une grant lesse
« De foire clere à cul overt,
« Tout le vilain en a covert. »
Roman de Renart. (Delvatj.)
Foire (Mj.), s. f. — Foire, marché. || Part
de foire, — petit cadeau que le père rapporte
de la foire pour les enfants qui sont restés à
la maison. ^1 Foire d'empoigne, — vol. On
dit d'un objet volé qu'il a été acheté à la
foire d'empoigne. Cela rappelle cette plaisan-
terie : Ça t'a coûté cher, ce coutiau? — Non ;
le marchand n'était pas là quand je l'ai
ieu. Il J'peux pas sortir aujourd'hui, j'ai la
foire chez moi. — Plaisanterie. !| On dit pro-
verbialement de deux objets dépareillés : y
en a ieun de la foire et l'autre du marché,
— de deux paroisses.
Et. — Lat. Feria. L'anc. lang. avait le verbe
Foirer, chômer. — On distingue les Foires maigres,
qui ont lieu dans le courant du Carême, et les Foires
grasses, où Ton expose principalement en vente du
bétail gras ; elles précèdent le carnaval, ou ont lieu
à Pâques. || Lg. — Tiff., Ch. — Foires grasses.
Foirée (Mj.), s. L — Flaque d'excréments
demi-liquides. Cf. Bousée, Mardée. \\ Lg. —
Ce qu'il y a de bestiaux dans une foire.
Ex. : Y en avait ine foirée de bœufs à Cholet !
pus de 1.500 pièces de bêtes.
Foirer (Lg., Craon). v. a. — Exposer,
mettre en vente sur un champ de foire
FOIREUX
FOLS
397
Ne s'emploie qu'au
: Les Foiriées de la
Ex. : Y avait pus de bœufs de foires que je
n'avais pensé. || Avoir la foire, le cours de
ventre, ou, au Fig. Rester en afîront.
Foireux, s. m. — Ceux qui vont à la foire.
V. Foireux.
Foiriées (Sp.), s. f. —
plur. Grande foire. Ex.
Toussaint, à Vihiers.
Et. — Du lat. Feriag, dont le nombre même s'est
conservé.
Hist. — No'éls angevins, p. 27.
— « Au Saint Nau
(c Chantira sans point m'y feindre,
« Je n'en daignerois rien craindre,
K Car le jour est fériau,
« Nau, Nau, Nau. »
— Foeries de Penthecouste, — de Pâques, — de
Noël ; — foiriées de Noël. (1390. L. C.) — « Lequel
arbitre... en pourra ordener. . . toutesfois que il
li plaira à jour /oi>ié ou non foirié. (1314. — D. C.)
V. Citation à Marion.
Foiriens s. m. — Marchands étalagistes.
Foiroux (Mj., Lg.), adj. q. — Foireux.
\'. Fnirard. \\ Ceux qui vont à la foire ou
qui en reviennent. Plaisanterie basée sur un
jeu de mots. Syn. et d. de Foireux.. — Cf.
Noçoux.
Fois (Mj., By.), s. f. — Locut. Des fois
que, — si toutefois, si parfois. Ex. : Dame !
des fois qu'a voudrait , ça pourrait tout de
même se faire. — Dame ! des fois que ça
serait vrai, pourtant ! — Des fois qu'y ferait
beau dimanche, j'pourrions aller voir nout'
cousin. — Des fois qu'il arriverait à matin
(s'il arrivait ce matin). — ■ Cf. Queuquefois. \\
Autre sens ; parfois. || Mj. — Par les fois,
loc. adv. — Parfois. Ex. : Sa femme est-elle
ben eumable ? — Par les fois, quand le diable
la berce. — Plaisanterie courante.
Et. — Le provenç. et le vx fr. présentent deux
formes, l'une : fois, vetz ,- l'autre : feiede, foiée,
fiée, fie, vegada. La première vient du lat. vices,
fois, avec changement du v en f. dans le fr., et
même, pour une seule forme : fetz, dans le prov. ;
la deuxième en est dérivée, comme si le lat. vices
avait donné vicata. (Litt.) — « Et si ce n'est trop
dire, il y a mesme des fois que je ne voudrais pas
qu'il fût arrivé autrement. » (Voiture.) — A des
fais, il s'imaginait voir et entendre son besson. »
(G. Sand, La Petite Fadelle.) — Jaub.
Foisance (Mj.), s. f. — Foison, abondance.
Syn. de Afoisance, Flaupée, Bénédiction,
Crarnassée, Foissée, Fouaillée, Dégabârée.
Et. — Lat. fusionem, de fusum, de fundere,
fondre. La foison est ce qui se répand en abon-
dance. (Cf. Il y en a une confusion.) Litt. — Fui-
son, plus près du latin. « Un grant fuison d'années, u
Froissard. (L. c.)
Foissat s. m. — Verge, bâton pour frap-
per. (Mén.) Syn. Scion, Feurte.
Foissée (Sa., Mj., By.), s. f. — Fessée,
volée de coups. Cf. Moitier. \\ Grande quan-
tité de. Syn. de Fouaillée, etc. — N. Le mot
a vieilli, surtout au sens propre. V. Fessée.
Foisse-niêie (Sa.), s. m. — Oiseau de proie
diurne qui, pour la plupart, est l'épervier
ou riflet, et, pour d'autres, le tiercelçt. V.
Fesse-merle.
Et. — Foisser et Merle. Proprement : Qui fesse
les merle.-, qui bat le merle, chasseur de merle.
Foisser (Mj., By.), v. a. — Fesser. A vieilli.
Cf. Moitier.
Foissis, s. m. pi. — Branchages verts, ser-
vant à retenir les quelles de chanvre dans la
Loire (Mén.). — Quelles. = Tielles. Cf.
Fesser, Fesseter.
Folaision (Lg.), s. f. — Accès de folie,
affolement.
Folaison (Bu., Tlm.,), s. f. — S'emploie
dans la loc. : Etre en folaison, — faire des
folies, des extravagances. C'est le syn.
exact de la loc. de Tlm. : Etre en berdin-
daine.
Et. — Bas-bret. foll. ; B. L. follis (ix« s.), soufflet,
ballon, le fou étant comparé à un ballon, à une
vessie gonflée. D'ailleurs, Fol se trouve aussi au
sûns de : soufflet : xiii« s. Li fous à fevre (le soufflet
de forgeron), 8 deniers et li doi (les deux) foel à
fevre 16 deniers. » (Litt.) — Scheler : B. L.
foUus. — L. Follere, se remuer çà et là, qui vient du
lat. Follis, soufflet, pour : qqch. qui est toujours en
mouvement de va-et-vient. Cette idée de mouve-
ment, de ballottement était encore propre à l'a.
v. foler, folier, errer ça et là, marcher de côté et
d'autre, flotter, puis : extravaguer, errer, etc. —
D'autres insistent moins sur l'idée de remuement
que sur celle gonflé de vent. AfTaire de goût.
Folasse (Lg.), adj. q. — Folâtre, folichon.
Folayer, Foleyer, Foléier (By., Mj.), v. n. —
Devenir fou. V. Affoler, Perdre la boussole, la
termontade.
Et. — De fol, avec le sufl. verb. irichoat, éier. —
L. C. Folier, foloyer
— « . . .trop doluser
a Est racine de foloier. »
— D. C. — '( Infollare, proprie est buccam inflare ;
et quia folles inflantur quasi quadam re inani,
inde est, quod follis dicitur stultus, superbus,
vanus, inflatus. »
— « Car plus qu'aultre homme se desroie
« Unq sages homs quand il folloie. »
— « Quelquefois, le sage faict ce qui est de la
folie, non pour ce qu'il folaye, mais pour ce qu'il est
homme. >> (Br. de Tartif., Phil., p. 458.) — Le
manant... contempla vaguement ces vapeurs
fantastiques. Et son imagination chancelante
dominée par l'effrayante assurance de son compa-
gnon, il foleya devant ce brouillard familier : il vit!...
Au.ssi, tombant à genoux. . . » {Hist. du vx tps, p.
445.)
Follet, s. m. — Ménière dit que : « Au-
trefois le follet était le chef de ces bandes
de jeunes gens qui visitaient les paroissiens
pour obtenir d'eux des secours pour le lumi-
naire de l'école paroissiale, et qui étaient
employés en débauches, banquets, etc.
(Statuts de Ch. Miron.)
Fols. — « Les fols, chez Beaumont »,
prov. popul. faisant allusion à la gaieté et
folâtre humeur de René Bault et de sa fa-
mille, — ancien échevin d'Angers. (1" mai
1564), Ménière.
398
FOMBRAYER
FOXTAISIE
Fombrayer (Segr., My., Craon), v. a — Se
dit en parlant des étables ; enlever le fumier
de dessous les bestiaux : « As-tu fombrayé
les étables ? — as-tu nettoyé les étables. ||
Fu. — Fomberrier, Fombrier, — faire la
litière. — V. Fombréier, — breyer. \\ Lrm.
Rouler le fumier, la terre ; transporter à
la charrette ou à la brouette un engrais
quelconque. |i Sal. — Nettoyer.
Et. — Fim(a)retu, de fimarium, de fimum, fien.
On trouve aussi : fembrier, fumier ; et les verbes :
fembrer. fembroier. (D' A. Bos.)
Fombrèche (Mj.), s. f. — Flammèche,
étincelle qu'emporte le vent. — Syn. Bueite.
Et. — Ce mot pourrait bien être tout simple-
ment une corr. et un doubl. du fr. Flammèche, de-
venu Flambèche et Famblèche- Il n'est pas rare
d'entendre prononcer : Fambler, pour Flamber.
— Syn. deBerton, Auvis.
Fombréier, Fombréyier ÇSlh., Mj.), v. a.
et n. — Comme Fembrayer. < Je m'en vas
fombréier les vaches. || Nettoyer, en général ;
enlever les ordures. !| Fig. — Jeter à la porte,
qqn. Ex. : Il n'a qu'à venir icit', je te vas
joliment le fombréier. || Cho. — On pron.
Fombredier, Fomberdhier.
Et. — V. Fombrayer. Le b est épenthétiq. et
amené par la rencontre de l'm et de l'r, suite de
l'aphérèse de l'a, exactement comme dans Fom-
brèche. La termin. est inchoative. Cf. Foléier-
Fonçailles (Sp.), s. f. — Ne s'emploie
qu'au plur. Planches ou panneaux qui gar-
nissent le fond d'une charrette. — V. Foncer. !|
Lg. — Fond de culotte ; chacune des pièces
qui forment le fond d'un pantalon. Lang.
des taill. et des couturières. — C'est le mot
fr. dans un sens spécial.
Et. — Lat. fondus ; vx fr. fons, — fond, fonds ;
fonsaille.
N. — « L's final étant considéré comme radie, le
dér. fonser, foncer, est tout naturel.
Foncée (Mj., By.), s. f. — Approfondisse-
ment d'un puits de mine, d'une carrière. ||
Méx. : (( Faire une foncée dans une carrière,
ç.-à.-d. 3 mètres de profondeur. On dit qu'une
carrière a tant de foncées (ce que l'on voit sur
les faces ou grands côtés des bancs de
schistes, et non sur les chefs, ou petits
côtés.) Trélazé. — Vx mot. Enfoncée. V.
Foncer.
Hist. — « Par la faute de la troupe et l'insou-
ciance de l'ancienne municipalité, le presbytère
Maurille est complètement dévasté, les portes
sont foncées. » — Cité par ab. Bretaudeau, 155.
Foncer (Mj., By.), v. a. — Mettre un fond.
i! Rempailler une chaise. Syn. de Fesser,
Joncer, Corder. Cf. Fesseter. \\ V. n. S'enfon-
cer dans la boue. !| Céder sous les pas. Ex. :
Ne va pas par là, ça fonce. \\ Foncer un ter-
rain, — le défoncer. V. Foncée.
Hist. — Lorsqu'il a fait bastir une maison et
défricher et foncer à quatre pieds de terrain.
(1777. Ino. Arch., E, m, p. 262, col. 2, m.)
Fonces (Mj.), s. f. plur. — Fanes de la
pomme de terre. Syn. de Cholailles, Cho-
Ions, Feuillées, Chavoils, Fournes.
Fonceur (Av., Tr.), s. m. — Ouvrier qui
travaille à l'extraction de l'ardoise, qui
l'abat au fond d'une carrière.
Hist. — « Il était 10 h. 25 quand les fonceurs
A. et P. L., occupés à l'abatage, entendirent un
craquement. » (1906. Ang. de Paris, n" 34, 2, .3.) —
« M. P. accourut et, accompagné de M. M., fonceur,
se mit à la poursuite de E. (Id., 12 mai 1907, 3, 5.)
Fonceux (Mj.), s. m. — Journalier employé
à défoncer un terrain. V. Foncer.
Foncis (Mj.), s. m. — Terrain nouvelle-
ment défoncé ; novale.
Fond (Mj., By.), s. m. — Aller à fond, —
couler, sombrer, être submergé. 1] Piquer
en fond, — s'enfoncer. Ex. : Les racines
d'umeau, ça court à fleur terre, mais les
siennes de chêne, ça pique en fond.
Et. — Vx fr. fonz, fons ; du lat. pop. fundus,
fundoris (class. fundus, i). Dabm.
Fondement (Mj.), s. m. — Anus. Ex. :
Ça me mord au fondement, je vas manger de
la bonne soupe de soir . Prov. — '| Avoir des
épreuntes (démangeaisons) au fondement. —
Ag., By.
Fondis (Lue), s. m. — Endroit bas et em-
broussaillé.
Et. — De : fondre, — s'affaisser. Eboulement du
sol dans une carrière ou un édifice. (Dakm.)
Fondrée (Lg.), s. f. — Dépression longi-
tudinale et assez étendue dans un terrain.
Syn. de Coulée, Canche. |; Endroit d'un champ
où, dans une dépression du roc, la couche de
terre arable est plus épaisse qu'ailleurs.
El. — Filiation des sens : fundere, fondre,
répandre, d'où, d'une part, rendre liquide, mettre
en fusion ; — d'autre part, verser, renverser,
tomber, se précipiter. (D"^ A. Bos.)
Fondrillon (Mj.), s. m. — Ce qui reste d'un
mets au fond d'un plat ou d'une casserole,
effondrilles. ]| Ce qui reste d'un peloton dont
la plus grande partie est employée. || Petit
bouchon de papier ou de linge, objet quel-
conque qui fait le noyau d'un peloton. || On
dit aussi Fondrilles, au premier sens.
Hist. — « Espoincter les fuseaulx, . . .calumnier
les bobines, . . .condemner les frondrillons. défiler
les pelotons des Parces. » (Rab., P., m, 28, 278.)
Fonds (Mj., By.), s. m. pi. — En fonds.
c.-à-d. comme propriété foncière, par oppo-
sition à : en usufruit. Ex. : C'est à lui en fonds
mais sa mère en a V usurfruit.
Fontaine (Lg.), s. f. — Dépression que le
bourrelier pratique dans le rembourrage du
collier d'un cheval blessé, pour que la garni-
ture ne porte pas sur la plaie. !i Fu. — ^ .
Baratte. Mj. Fontanelle, chez les enfants.
Fontaine-brûlée (Lg.), s. f. — ^^ Douci-
neux.
Fontaisie (Mj., By.), s. f. — Exaspéra-
tion, colère violente et muette. Ex. : Aile
était d'eine fantaisie ! Syn. de Veson, Foute-
foute, Fenouillon, Fousquenette, Foutillon.
FOPIR — FORIEUX
399
Et. — Con. du fr. Fantaisie, détourné de son
sens. — Du grec phantasia, action de se montrer,
apparition, — autrefois : imagination, — d'où :
sans réalité ; — esprit, pensée, idée, — volonté
passagère, — caprice, boutade.
Fôpir (fôpi) — (Mj., By.), v. a. — Froisser,
chifîonner, foupir. — Syn. Aricasser. V. Fau-
pir.
Et. — Foupir, — pour : feupir, felpir, du rad.
felp, d'origine incert., qui se trouve dans : friper'^.
Forbi (Mj.), part. pas. || s. m. — Saint-
frusquin, saint -crespin, avoir. Ex. : Il a
mangé tout son forbi Syn. de Bazar. || En-
semble d'objets mobiliers. Ex. : A fallu
déménager tout le forbi. \\ Histoire, aventure.
Ex. : En velà d'ein forbi ! Syn. Averneite.
Forbir" — (Mj., By.), v. a. — Fourbir. |i Sp.,
Tlm. Forbir la marmite, — en parlant des
parents d'une jeune fille, aller faire un repas
chez les parents d'un jeune homme qui s'est
posé en soupirant, afin de constater de visu
l'état de la maison qui recevra l'épousée et de
régler les conditions du mariage. C'est le pré-
liminaire obligé de toute noce et ce n'est qu'à
la suite de cette démarche que les futurs sont
réputés être : par accord. En un mot, ce sont
les accordailles.
Et. — Aha. furban nettoyer. xi« s. furbir ; xn®,
forbir.
Hist. — « Avaient-ils bonne parole (les parents
d'un prétendant), on faisait au plus tôt ce qu'on
appelait « l'entrée de la maison », ou « la fourbis-
sure de la marmite », c.-à-d. un repas où mères,
frères, sœurs, oncles et tantes des deux parties
s'assemblaient et qui était donné dans la maison
de la future mariée. » (Deniau, Hist. de la F., i,
68.)
Forbissure (Mj.), s. f. — Action de fourbir.
Ex. : Le chaudron a ben gangné sa forbissure,
— c.-à-d. il est assez sale pour avoir besoin
d'être fourbi.
Forçable (Lg.), adj. q. — Qui exige beau-
coup de travail et d'efforts. Syn. de Forçant,
Travaillant 1| s. m. — Le moment le plus
pénible, celui où on est le plus pressé. Ex. :
Le mois de juillet, c'est le forçable pour méti-
ver.
Forçant, e (Mj., Tlm.), adj. verb. — Pé-
nible, fatigant, qui exige beaucoup de force,
se dit d'un travail. Ex. : C'est ben forçant de
monter eine pièce de toile. — C'est eine
ôvrage ben forçante pour toi. Syn. Forçable.
Force (Mj.), s. f. — A la force ! — au secours
à l'aide ; cri que jette un homme assailli par
des ennemis. V. Crier. \\ Sp. — D'eine force,
— à la fois, d'un coup. Ex. : J'avaiscinq atouts
d'eine force. \\ Lue, Mj., By. — Obligation.
— Il n'y a pas force. — T'en feras ce que tu
voudras, n'y a point de force. || Mj. Trou
de force, — trou produit dans une étoffe par
un accroc, déchirure. || Ensemble. Ex. : Ils
For. — Interversion de
fromage, etc.
fro ; formage, pour :
sont arrivés trois d'eine force pour faire la
veillée. || Mj. — A fine force de, — à force de.
il Dans la force de, — dans le fort de. Ex. :
Je serons dans la force des ôvrages. By. ||
Etre en force, — être fort, valide. Ex. : Ses
gars vont commencer à être en force ; ça va
illi tirer la faim du cou. || A toute force, —
malgré tout.
Et. — B. I^. fortia, forcia, de fortis ; mais plur.
neutre pris pour un fém. sing. sans doute. — Hist. :
« Et la vouloit embrasser, mais elle fit semblant de
se mettre à la fenestre pour appeler les voisins à la
force. » (Rab., P., Il, 21, 170.) — « Meschante,
c'estoit on dortouoir, pourquoy ne criois-tu à la
forçai » (Rab., P., m, 19, 257.) — « Et nous
vouloit pareillement les pieds baiser à toutes
forces. » (Rab., P., iv, 48, 439.)
Forcer (^Ij., By.), v. a. et n. — Forcer à,
mettre avec abondance, employer en excès.
Ex. : Faudra forcer au beurre. H Absolument.
Abonder. Ex. : La pêche est bonne? — Ça ne
force pas. li Insister. Ex. : Je forçais pour
nous en aller.
Forces (Mj., Lg., By.), s. f. pi. — Sorte de
grands ciseaux sans ressort, et que l'on
manœuvre des deux mains. Servent à tondre
les haies. — Sens un peu différent du fr.
Et. — Lat. forfices, ciseaux. (Litt.) — L.
forpices, plur. de forpex. Cf. herse, de hirpex-icis.
(SCHELER.)
Foré. — Vx mot angevin. — Forain?
Hist. — « Jehanne. . ., fille de l'argentier foré. »
— Dans une épitaphe. Citât, de l'ab. Bretaudeau,
258.
Forgane (Bg., By.), s. f. — La figure ; la
bouche. — « J't'y ai envoyé une mandale par
la forgane ! » Y. Fergane.
N. — « Fourgane, fourgonne. Arrière-bouche ou
pharynx. Dans notre idiome, toutes les parties du
corps où il y a bifurcation ou simplement jonction
portent un nom qui se rapporte à fourche ou four-
chu. La rencontre du larynx et de l'œsophage a
créé fourgane, qui se donne, par ext., à la bouche,
au palais, au visage, à la gueule d'un animal. »
(De Mont.)
Forge (Mj., Lg.), s. f. — Sorte de petite
enclume portative, que le faucheur peut
enfoncer au milieu du pré, et sur laquelle il
bat de temps à autre la lame de sa faux pour
en amincir le tranchant, avant de l'aiguiser.
Et. — Du lat. fabricia ; prov. forga. Étym.
incontestable et appuyée sur de nombreux
exemples. Dans un texte de 1790, Forges, hameau
de l'arrondissement de Loches, est dit Fabricise. —
Forge est la forme presque régul. pour Fabrica ;
il n'y a que la chute du b d'irrégulière. Mais, ica
se rendant par : ge (pedica, — piège), le b est
devenu incompatible ; il ne pouvait y avoir
fabrge, et le b est tombé.
Forger (Mj., By.), v. a. — Fig. — Forger
dans la tête, — faire entrer dans la tête une
chose, à force de la répéter. || v. n. — Heur-
ter ses fers les uns contre les autres, en trot-
tant. Se dit d'un cheval. || Souffler longtemps
le feu.
Forieux (Ti., Zig. 152), adj. q. — V. Fé-
rieux.
400
FORMAGE - FORTERESSE
Formage (Mj.), s. m. — Fromage. Vieilli.
Et. — Lat. Formaticum, de : formare; ce à quoi
on a donné une forme, le fromage se faisant dans
des formes d'osier. — Le patois est plus près du
lat.
Hist. — « Le pot pourry estoit plein de potages
d'espèces diverses, sallades, fricassées..., for-
mages, joncades, gelées, fruicts de toutes sortes. »
(Rab., p., V, 23.) — J. DU Bell., Moretum,
p. 260 :
— « Mais seulement le rond d'un vieux fourmage
« Par le milieu traversé d'un genêt. »
Formaige (By.), s. m. — Fromage. — V.
Formage.
Formailler (Mj.), v. a. — Planter des clous
dans. Garnir de clous le groin d'un porc pour
l'empêcher de jauger. Ex. : Faut que je faise
formailler ce gorin-là, n'y a gens de l'empê-
cher de fouger. Syn. de Clouter, Chuiller,
Claver, Quiaver, Chéveiller, Enformailler,
Enfornailler, Fernailler.
Formature (Mj.), s. f. — Fermeture, clô-
ture. Syn. de Formure. De : former, pour :
fermer.
Forme (Sp.), s. f. — Motte de beurre. Syn.
de Façon, Coin. || (Mj.) Fruits des cucurbi-
tacées, lorsqu'ils commencent à nouer. Ex. :
Y a des formes de palourdes dans le palour-
dier. |i Lg., Tf. — Raisin avant la floraison.
Syn. de Lame. \\ Forme de fumier : Tas de
fumier (By.). Syn. et d. de Fourme.
Forment (Mj.), s. m. — Froment.
N. — Cette forme, uniquement employée il y a
cinquante ans, a vieilli aujourd'hui. — Cf. For-
mage, Corpion.
Et. — Lat. frumentum, contract. pour : frugi-
mentum, se rapportant à : fruges.
Hist. — « Le premier jour d'avril, le fourmant
valoit Lxx sols le boisseau. » (1630. — Inv. Arch.,
E, n, p. 164.) — J. DU Bell., Moretum, p. 259 :
« D'un morcelet de fourmenl il va prendre
« Autant que peut la mesure comprendre. »
— « Si plein de fein, de fourment et de vin. »
(Id., A Cérès, à Bacch., p. 266.)
Former (Mj.), v. a. — Fermer, jj Plier et
attacher ensemble les tiges d'arbrisseaux
dans les haies, de manière à fermer les pas.
Syn. de Plesser ou Piesser. || Entourer d'une
clôture. Doublet de : fermer. Par niétalh. on
dit aussi Fromer. |j By. Foermer.
Formi (Li., Br., Mj., By.), s. m., rarement
fém. — Fourmi. — On dit encore : Frémi,
Fromi, Froumi. — Qqf., mais rarement.
FormiC \\ Lg., s. f. — Nom d'une espèce de
poire. Ex. : Les poires de formi, a sont
grousses assez, mais a sont guermeillouses.
Et. — Lat. Formica ; esp. Hormiga. — Hist. :
« Le formy est ainsi nommé pour ce qu'il porte des
grains de froment. » (.Iaub.)
Formière (Mj., Tlm. Lg.), s. f. — Fourmi-
lière. On dit aussi Formitière à Mj. Dér. dir.
de Formi.
For mit' (Mj.), s. m. — V. Formi. Ex. :
C'est un formit' rouge qui l'a mordu. Par
métath., on dit aussi Fromit.
For mitée (Mj.), s. f. — Grouillement. Syn.
de Groulonnée. Cf. Formiter, Formitière.
Formiter (Mj.), v. n. — Faire éprouver une
sensation de fourmillement. Ex. : Ça me
formite dans le poignet du bras.
Formitière (Mj.), s. f. — Fourmilière. Syn.
de Formière. — Dér. de Formit'. Syn. de
Formière.
Formure (Mj.), s. f. — Fermeture, clôture.
V. Former. Syn. de Formature.
Fort, e (Mj., By.), adj. q. — Il est fort
comme eine charte, ij Fort pour, — très porté
à. Ex. : Il est fort pour se moquer du monde.
Il Fort sus, — qui aime beaucoup, très habile
à : 1° Il est fort sus la boite ; aile est forte sus
le poisson ; 2° Il est fort sus le violon. || Fori
de bois, — invraisemblable, diflicilement ad-
missible ; étonnant, inouï, incroyable. On dit
aussi : Fort de café, fort de moka, fort de chi-
corée, — difficile à avaler, jj C'est pus fort
que de jouer au bouchon avec des pains à
cacheter par un temps de neige, 'j Ça, c'est
pas fort, ce que tu dis là, — pas malin. || En
dire de fortes, — des plaisanteries plus que
gauloises, très épicées ou peu croyables. || Fort
temps, — tempête, ouragan, au propre ; et, au
fig. — difficultés, grabuge. N. ô long. H s. m. —
Goût de fort, — goût de rance, pour le beurre,
le lard ; goût fort et désagréable dans le lait
des vaches qui approchent de leur terme ou
qui sont noyères. \\ s. m. — Le côté le plus
bombé et le plus lourd d'une boule de fort. \\
Prendre sonfort, — s'incliner ducôtédu forten
parlant de cette boule. [[ Prendre son fort
à l'envers. — Excepté dans certains coups
de tirage ou de charge, le fort doit être en
dehors (et le faible, la partie concave, en
dedans du jeu). Le prendre à l'envers, par
distraction, c'est se tromper lourdement, et
les quolibets pleuvent dru sur le joueur, ij La
boule de fort, dont un côté est plus bombé
que l'autre, est opposée à la boule ronde. ||
Trop dru, — se dit d'un semis trop épais. N.
L'o est assez bref, excepté dans : Un fort
temps. Mj. — Point fort, — non seulement :
faible, mais aussi : souffrant, mal portant,
malade. Ex. : Mon père n'est point fort de
ceté temps-là, il a comme eine manière de
chaud referdi.
Fortage, s. f. — Vieille corde goudronnée
utilisée dans les bateaux. (Mén.) V. Fertage.
Fortau, s. f. — Lien cylindrique en fer
qu'on met aux brancards d'une charrette à
laquelle on attelle les bœufs, pour consolider
une pièce de bois qu'on ajoute à l'extrémité.
(Mén.) — Fréter, frette. — Cf. Ferquiau.
Fort en diable (Ag.), s. m. — Étoffe résis-
tante fabriquée à Rouen sous ce nom. —
(P. Eudel). Je crois qu'on la nomme aussi
Peau de taupe. — Du fort en diable.
Forteresse (Lg.), s. f. — Dispute, explica-
tion vive. Il Faire des forteresses, — faire des
FORTOUPER — FOUDRE DE VENT
401
scènes violentes, du tapage. — C'est le mot
fr. dans un sens spécial.
Fortouper, v. a. — Crosser. Xe serait-ce
pas Tauper, pour : taper fort? (Mén.). V.
Fertouper.
Fort-temps, s. m. — V. Fort.
Hist. — « A cause du fort temps qui est sur la-
dicte rivière, n'ont peu yjasser pour aller à l'église
de Sainte-Gemme. (1628. — Irw. Arch., S, s, E,
285, 1, m.)
Fortuner (Lue), v. n. — Réussir.
Et. — Fortuné ne devrait jamais être pris pour :
riche. (Fortuné, dans l'a. langue, avait aussi bien
le sens de malheureux que celui d'heureux, en
raison du double sens qu'avait fortune.) Litt. —
Dans Malherbe, traduct. de Senèque, de
Beneficiis, iv, 35, fortuné veut dire : avoir la for-
l^une contraire.
Fou, folle (Mj.), adj. q. — Fou, dénient. ||
Idiot, imbécile, crétin. || M]., By. — Enragé,
hydrophobe. Ex. : Illy a des chiens fous. || Mj.
Eter comme ein piron fou, — être comme un
fou, s'agiter comme un insensé. || Porter la
folle enchère. || Lg. — Folle, se dit d'une
manille accompagnée d'un trop grand nombre
de cartes de la même couleur pour avoir des
chances de passer. Ex. : J'ai eine maneille,
aile est folle. || Lg. — Mouton fou, — atteint
de l'avertin ou tournis. — V. Folaison,
Foléier.
Fouace (Partout), s. f. — Galette. || Lg. —
Cadeau que les parrains et marraines des
époux leur font le jour de leurs noces. V. au
Folk-Lore II, Syn. de Chantenau. \\ Interj.
— Zut ! Syn. Flûte, Miel, Ust, Ut. — V. Foua-
cières.
Et. — B. L. Focacius, cuit au foyer, focus. —
D. C. Fouhacea. (Litt.) — Focacia (pasta). Darji.
— On fait, à Lernay, paroisse du Poitou, « une
espèce de galette ou tourteau cuit au feu, que ceux
du pais appellent fouace, et ceux du Languedoc
disent fougace, et le petit peuple de Touraine
fouée, dans la même signification ». (Le Duchat.)
— Cuite sous la cendre. (L. C.) — « Cinere coctus et
reversatus est et focacius. » (Isid. de Séville, xx.)
— Pline distingue le « panis focacius », cuit dans
l'âtre, de « panis fornaceus », cuit au four (xviii, 2).
— Eveillé.
Fouace-à-râne (Sp.), s. f. — Chardon-
Roland. Syn de Chardon-roulant. Eryiigium
campestre. Bat.
Fouacier (Mj.), s. m. — Mauve. — Malva
sylvestris. Bat. — N. Ainsi appelée parce que
les graines, en forme de petits disques, res-
semblent <à des fouaces. Les gamins s'amusent
à les croquer.
Fouacii^res (Les). — Nom de lieu. Banlieue
d'Angers, où l'on fabi'i(iuait spécialement les
fouaces. — Dans l'expression : La rotte à la
fouace (Als, Msu). « Tiens, c'a encore été dans
la rotte à la fouace, — voilà que j'ai encore
avalé de travers, et je tousse.
Fouâillée (Mj.), s. f. — Grande quantité,
abondance. Syn. de Tapée, Craniassée, Tour-
née. V. Fessée, Fouée. \\ Volée de coups,
rossée. C'est le sens propre. Syn. Roustée.
N. — Jaub. cite Une fouâillée de poulets ;
couvée. V. Grouée.
Fcuâiller (Mj.), v. a. — Fouetter un enfant.
Il V. n. — Fouetter. Ex. : La p/ée fouâille, —
il fait une pluie battante. Syn. de Draper. \\
S'adonner aux plaisirs vénériens ; coïter. —
Fréquent, de fouetter.
Fouâilleur (Mj.), s. m. et adj. q. — Paillard,
coureur d'aventures galantes. Syn. de Chien,
Chenassier, Vessier, Fumellier, Putassier,
Marrainier, Saillant.
Foucade (Mj., Sal., By.), s. f. — Fougasse,
emportement, frénésie, accès de colère subit
et violent, Syn. de : Fenouillon, Veson,
Foute-foute, Fousquenette, Fusseguené, Fou-
tillon. Il Coup de tête.
Et. — « Fougade a signifié une mine, et, par une
métaphore aisée à saisir, un coup de tête. — Même
mot que fougasse, pour le radical. — Focus,
foyer. — Foucade (fouk *, fulke *, folk, la foule,
le monde; flock, troupeau, bande. Ces quatre mots
sont congénères et possèdent la même acception
générale), s. f. Course désordonnée d'un troupeau
de moutons, de bœufs, etc., laissés en liberté dans
les pâtures, espèce de panique et d'effarouchement
dont la cause n'apparaît pas toujours. — Se dit
aussi, par métaphore, pour : coup de tête, action
irréfléchie. — EfTouquer (m. rac), eiïaroucher,
effrayer. S'applique particulièrement aux ani-
maux domestiques réunis en bandes. Effouquer,
c'est, à proprement parler, disperser une troupe
d'animaux en les effrayant, ce que l'on appelle, en
pat. norm., causer une foucade. (MoisY.) — Foie,
troupe, multitude :
— « Cum foie en aut grand adunet
« Lo règne prist à dévaster.' » {x" s.)
Lorsqu'il en eut réuni une grande multitude, il
se mit à dévaster le royaume. — V^ie de saint
Léger. (CoNstaxs.)
Foucadier (Eg.), adj. q. — « Mon chien est
moins foucadier que l'an dernier, — moins
jouasse.
Foucage, s. m. — Travail particulier opéré
par les ouvriers d'à-bas dans le fond des car-
rières : c'est l'ouverture d'une rigole ayant
3'"33 de profondeur, composée entre deux
chefs de règle qui limitent la carrière dans le
sens du fil de la pierre ou de la longueur.
Chaque ban ouvert porte le nom de foncée.
Ce travail se fait à la poudre et à la pointe,
espèce de pique dont un seul bout est acéré.
(Travail sur les Ardoisières, par M. Blavieb.
Cité par Ménière.)
Fouchet" (Lg.), s. m. — Maladie des mou-
tons qui les fait boiter. Elle consiste dans une
inflammation dont le siège est entre les
soteilles ou onglons. Probablement le piétin.
Foudon, s. m. — V. Reliques.
Foudre de vent (Mj.), s. m. — Cyclone.
Et. — Fulgur, même radie, que fulgere, briller. —
Fouldre de mer, — horrible tempête : « Si avoit si
grant suytte de chevaliers, d'une partie, et d'autre,
que ce sembloit fouldre de mer de la fumée, et de la
poussière que tous les chevaux faisoient. » (Per-
26
402
FOUDRER — FOUIX
ceforest. — L. C.) — « Ce désastre épouvantable,
causé par la foudre des vents opposés les uns aux
autres... » (1751. — Inv. Arch., S, s, E, p. 170,
2, m.)
Poudrer (se) — (Lg.), v. pron. — Se bai-
gner dans la poussière, comme font les oiseaux
et spécialement les poules.
Foudret (Pc), s. m. — Se dit au lieu de
Encros, dans le Pays-haut.
Fouédre (Mj., By.), s. m. — Carie du
blé. Blé carié. Maladie qui donne au grain des
céréales une odeur de sardine. — N. Ne pas
confondre avec Y Eteint. V. Foidre. — Causée
par un champignon.
Fouédré (Mj.), adj. q. — Carié, en pari, du
blé, du froment, du seigle. — \'. Foidre.
Foliée (Auv., Mj., By., Lue, etc.), s. f. —
Feu vif et clair, qui ne dure que peu de temps
et s'élève subitement. Syn. de Eigalée, Ri-
gâillée, Fergâillée, Frisée, Baulée, Ricaillée
(Bg.). Il Galette mince que l'on met au four
avant le pain et qui cuit très rapidement. —
A Mj., on appelle cette même galette : Ga-
lette à la fouée. Syn. de Gâte-mâche. \\ Sensa-
tion subite de chaleur à la tête ; — ressentie
surtout par les femmes au commencement de
l'âge critique. || Chaleur de bonne femme. —
Chpt. Il Lg. — Grande quantité, abondance.
Syn. de Fouâillée, Fessée, Tapée, Tournée, etc.
Et. — Focata. V. Fouace. — L. C. Fagots de
chauffage. — En Norm., une fouée, — flambée.
Fouesser (se) — (Zig. 151), v. réf. — Se
jouesser la goule à bas. — J'y verrais l'atté-
nuation du mot grossier Foutre. — V.
Fouetter. \\ Ti., Zig. 153, v. a. — Fesser. || v.
n. — Cogner, heurter. Ex. : Le queniau
fouessait sus eine castrolle. || Ti., Zig. 159 v. n.
Fouesser ou Foisser. Frapper. Ex. : Ça foues-
sait dans la porte. Doubl. du fr. Fesser.
Fouetter (Mj., By.), v. a. — Forme atté-
nuative de Foutre, dans un grand nombre
d'expressions. Ex. : Je te vas fouetter ma
main sur la goule ; il s'est fouetté à bas. —
Il ne faut donc pas y voi ■ le v. fouetter, se
servir d'un fouet. Cf. Flanquer, Ficher.
Fougeâlller (Lg., By.), v. n. — • Bouleverser,
retourner sa litière, en parlant des animaux
et surtout du porc : fouger. \\ Par ext. Cher-
cher partout en bouleversant les objets. Syn.
de Furgâiller, Fouineter, Rafouiner, Chaf-
fourrer. Fréquent, de Fouger.
Fouge-niarde (Sp.), s. m. — Stercoraire,
gros insecte coléoptère qui creuse des galeries
dans les fumiers. || Csp. Fermier, ouvrier
agricole qui a l'habitude de travailler jusque
dans la nuit, comme les vidangeurs. Syn. de
Tard-à-jouc.
Et. — De fouger -f- merde. Ce mot exprime la
même idée que Stercoraire, mais d'une manière
plus pittoresque.
Fouger (Z. 149, etc.), v. a. — Vermiller. ||
Fouiller le sol avec son groin. — By., Sal.
id. — V. Châler.
Et. — Lat. Fodicare. — « Se dit des pourceaux
qu'il est deffendu de laisser aller dans les prez ou
dans les étangs vuides, par ce qu'ils mangent le
fray et les œufs du poisson qui se conservent sous
le limon. » (L. C.) — Fogerare, — humum rostro
fodere. (D. C.) — « Ce que faisans, semblent es
coquins de villaige qui feugent et escharbotent. »
(Rab., p.)
Fougère-bâtarde (Lg.), s. f. — Scolo-
pendre. Syn. de Herbe-à-la-rate.
Et. — Du lat. Filix, développé, à l'aide d'un
sufTixe, en une forme non latine Filicaria.
Fougis (Mj., Lg., By.), s. m. — Bouleverse-
ment, fouillis, chaos. — \'. Fouger. — By.
Foûgis.
Fouigneter, Fouineter (Mj.), v. n. — Far-
fouiller. Syn. de Furgâiller, Fougeâiller.
Et. — P.-ê. pour Feuilleter, dim. de Fouiller.
P.-ê. de la même famille que Fouger. — Plutôt
dérivé de Fouine : comme fait la fouine. V.
Fouinard.
Fouillard (Mj.), s. m. — Feuillard. \'. Ef-
fouiller. — V. Trolet.
Fouillardes (Mj.), s. f. pi. Syn. et d. de
Feillardes. — Branches sèches garnies de
feuilles. Pour Feuillardes, inus. du fr. Feuille.
Cf. Effouiller, Foille. — Lat. folium.-
Fouillée (By., Zig. 179), s. f. — Rangée de
branches coupées figurant des arbres, un
bocage, pour la chasse aux canards. Doubl.
du fr. Feuillée, voisin de Fouillis. V. Chasse
au canard. F. Lore, ii.
Fouiller (se) — v. réf. — Expr. vulg. « Tu
peux te fouiller ! » — ce que tu pourras faire
ou dire est inutile, tu ne trouveras rien.
Fouillet 1 (Z. 124), s. m. — Feuilles,
graines et menus débris de foin.
Fouillet '■' (Mj.), adj. q. — Follet. — Se dit
dans : Poil fouillet. — V. Pouliot.
Fouillouse (Mj.), s. f. — Poche d'un vête-
ment, surtout considérée comme renfermant
l'argent de poche. — Xe se dit qu'en plaisan-
tant. Syn. de Profonde, Mallette, Pochette.
Et. — Dér. de Fouiller.
« Richelieu et Chastellerault
« Avecque Foye la Vinouze
« Qui aviant bain dos métaux
« Dos peces dans lou fouillouse. n
Noëls popul.
Ainsi, ce mot d'argot est emprunté à notre vieux
patois. — « Car il arrapoit l'un par les jambes,
î'aultre par les espaules, l'aultre par la besace,
l'aultre par la fouiÙouze. » (Rab., G., i, 38, 74.) —
« Plus d'aubert n'estoit en la fouillouse pour solli-
citer et poursuivre. » (Rab., P., rn, 41, 309.)
Fouilloux (By.), adj. q. — Feuillu. —
Saint-Martin-du-Fo!fz7/oifj (en Anjou). — Se
trouve aussi dans l'arrondissement de Laval
(DOTT.).
Fouin, s. m. — Putois. — Dans le Roman
de Renart : foinez, v. 9046. — (Li., Br., Lue,
Mj.) Fouine. V. Chat-fouin \\ Au fig. Individu
malpropre. Ex. : Hue ! le petit vilain fouin !
Il Interj. de mépris et de dégoût, mal écrit :
FOUINAGE - FOURCER
403
join / Il Sal., id. et, en général, les bêtes qui
dévalisent les basses-cours. — Puer comme
ein jouin (blaireau).
Et. — La forme primit. était Faine (xm® s.), ce
qui donne fagina pour étymol., faîne, fruit du
hêtre. En efTet, la fouine se nomme : martre des
hêtres. (Litt.)
Hist. — G.-C. Bûcher, 181, p. 189.
« Mais elle sent le musc et le Ijinjouin
« Et toy tu es puant comme un fou in. «
Fouinage (Lg.), s. m. — Pluie légère. Syn.
de Veni-vole, Serinée. \\ Pluie fréquente. Syn.
de Mouillasse. Dér. de Fouiner.
Fouinard, e (Mj., By.), adj. q. — Tatillon.
Il Lambin. — Berdin, Berginier, Berzinier,
Berdinier. — V. Fouiner. \\ Lutin, espiègle. ||
Celui qui va furetant dans tous les coins, qui
épie. Syn. de Bafouin, Echaupiard. La fouine
entre dans un poulailler comme elle s'en
dérobe, avec ruse et rapidité. (L. Labchey.)
Fouine (Mj., By.), s. f. — Sorte de trident
avec lequel on prend des anguilles dans la
vase.
Et. — Lat. fuscina, trident. (Litt.) — Dimin.
de Furca. (Daem.) — Remarquez les trois vieux
mots : a) foine, fouine, faine, faine, — fouine,
l'animal ; — b) foine, fouine, action de creuser,
fouille, tranche, de fodina, de fodere ; — c) foine,
fouine. — fourche, de fuscina. (D'' A. Bos.)
Hist. — « Qu'il attrape la fièvre à piquer des
anguilles avec la fouine. » (R. Bazin, La Terre
qui meurt, 43.)
Fouineau (Mj.), s. m. — Sorte de cordage
de la grosseur du petit doigt. V. Cincenelle.
Terme de marine.
Fouinée (Lg.), s. f. — Bruine, légère averse.
Syn. de Serinée, Pissée de guernouille, Foui-
nage, Vent-voie.
Fouiner (Mj., Sal., By.), v. n. — Tâtil-
lonner. || Lambiner, vétiller. Syn. de Berdi-
ner. \\ Pêcher à la fouine, fouiller la vase
avec la fouine pour pêcher des anguilles. ||
S'attarder. Ex. : Que fouinent-\\s comme ça,'
qu'ils ne s'en vennent point ? — Qu'as-tu à
fouiner partout ? fureter. || Syn. de Bérouiner,
Bersouiner , Bèrouasser , Seriner, Serinoter,
Serinâiller. V. Fouine, pour l'étymol.
Fouincfer (Mj.), v. n. — V. Fouigncter.
Fouir (Lg.), V. a. et n. — Fuir.
Foule, s. f. — Pêcher à la foule, en foulant
le sable avec les pieds. (Mén.). Surtout pour
les goujons.
Et. — D'un radie, lat. qui se trouve dans Fullo,
foulon, et Fulcire, appuyer.
Fouiyard (Lg.), adj. q. — Fuyard.
Fouler (Mj.), v. a. — Foulé de monde. Ex. :
C'était pas foulé de monde, — il n'y avait pas
foule. Il i^'ow/éd'ôvrage, — accablé de besogne.
Il Ein pas (enjambée) foulé, l'autre mou, —
sans se presser. Ex. : Le velà qui s'en veint
là-bas, ein pa.s foulé, l'autre mou. |i Sp., Lg. —
Fouler qqn, — le charger devant la justice,
apporter contre lui des témoignages acca-
blants. Il V. réL — Se fouler la rate, ou sim-
plement se fouler, se la fouler, — se donner de
la peine. Ex. : 1\ ne se foule pas la rate, il se la
coule douce. Mj., By. — Surcharger d'imposi-
tions, de frais. Ex. : Si chacun payait son dû,
parsonne ne serait foulé. || By. — Fouler des
âchées, — les faire lever ou sortir de terre,
en foulant la terre avec les pieds.
Hist. — « Et en la F*rovince ; tempérant les diffé-
rends qui naissent de la diversité des jugements
précédents, et afin que personne ne soit excessive-
ment/ow/é. (Coust. (T Anj., t. II, col.
V
Canard.
s. f. — Foule, multitude,
d'importation récente, est un
Foulque (By.).
Foultitude (Mj.
Et. — Ce mot,
hybride des deux mots qu'il synthétise.
Foupir V. a. — Chiffonner, froisser, en
parlant d'étoffes, de papier, etc. V. Faupir,
Fôp ir.
Et. — Fourpir, dont foupir est une altération,
de l'anc. fr. Ferpe, felpe, qui est le mot actuel
Fripe (orig. obsc). Litt. — Hist. : « Bonnetz
foupiz, — bonnets fripés. » (Rab., G., 36.)
Fouquet (Auv.), s. m. — Ecureuil. Syn. de
Chat-écureuil, Chat de perche, Ecuroil. \\ Jeu
qui consiste à éteindre avec son nez un flam-
beau allumé. — Rabelais en parle (G., I, 22,
43), — et La Curne en donne la description.
N. — Ce nom est inconnu à Montjean et à Sp.
Par un jeu de mots fréquent dans la science héral-
dique, le célèbre surintendant Fouquet l'avait
choisi pour emblème, avec cette devise : Quô non
ascendam?
Et. — Dimin. de Foulque, nom propre. Cf.
Martin, Robin, etc.
La bouche ouverte.
Lat. furnus.
Four (Mj., By.), s. m.
Syn. de Freu, Fergane.
Fourbi (By., Sal., etc.), s. m. — L'avoir,
le bien, ce qu'on possède. Syn. de Bazar. \\
Affaires compliquées, désagréables. — Bien
faire son fourbi, — bien tirer son épingle du
jeu. V. Forbi.
Et. — « Se fourbir se dit des soldats de cavalerie
cuirassiers, p. ex., qui nettoient leur armure. »
Le cuirassier a tant par jour pour se nourrir, se
fourbir. De l'aha. furban, nettoyer.
« Vous avez tuit bouche à court ;
« Mais l'on vous fait d'avoir gaiges le sourt.
« Et si n'avez rien pour fourbir vos dens
« Fors bouche à court, sans rien mettre dedans. »
(Eust. Deschamps, xv« s. — Littké.)
— Piège, malice, dans l'argot du peuple, qui ne
sait pourtant pas que le fourby (le Trompé) était
un des 214 jeux de Gargantua. Connaître le fourbi,
être malin. (Delvau.) — Cf. Polisson, de polir, et
Filou, de filer? (Schel.)
Fourbis (Sal.), s. m. — Nettoyage. De
Fourbir. V. Fourbi.
Fourcelle (Seg".), s. f. — Avoir la fourcelle
à bas ; quand on a mal à l'estomac, on relève
la fourcelle avec un peigne bénit. (MÉx.) V.
BrtcJiet. Ce mot est mis pour fourchette.
Fourcer v. n. — Frayer (Le Petit Courrier
du 20 fév. 1908, 2, 2).
404
FOURCHÉ — TOURNES
Et. Hist. — « Fourcer », v. Frayer. (Bouteiller,
Somme rurale, p. 507 ; Cotgrave). « Fource », s.
m. et f. Frai, action de frayer : « Qu'aucuns ne
prennent secquetaux (poissons secs) du fource
de l'année. » {Nouveau Coutumier général, II, p.
150 a.)
Les trois mères, pour le peuple édifier.
Qui mortes sont, est Franchise première ;
Raison aussi, pour tout fructifier ;
Et Justice est auques la derrenière ;
Et la f ourse est du peuple la matière
Que l'en destruit pour les tenir roit.
(Eustache Desch.\mps, 138 a.) L. C.
Mais d'où vient ce mot? Frayer est formé du
latin Fricare, frotter. En parlant de la femelle du
poisson, déposer ses œufs, — ce qu'elle fait le plus
souvent en frottant son ventre contre le sable, les
herbes, pour faciliter l'émission. En parlant du
mâle, féconder les œufs en passant dessus.
Il était téméraire de rattacher directement
Fourcer à Fricare, frayer.
Ce vocable était-il une corruption de Forcer, des
efforts faits pour émettre les œufs? C'était pos-
sible.
J'aime mieux le rattacher à Froisser, — vieux
français Frouesser, Froissier, Fruissier, du latin
frictiare, fréquentatif de fricare. On disait :
« Frouesser son serment », manquer à son serment.
{Ancien Coutumier de Bretagne, folio 86 a.)
Rommain queurent à la rescousse ;
Qui lance porte, tost la frousse. . .
(Roman de Brut, folio 91 d.)
Cette explication par F'rictiare est proposée,
sous réserves, par le D"" A. Bos. « Mais cela ne rend
pas compte de ui ou oi qui appartiennent à ce
verbe. Les deux ss paraissent indiquer st, comme
dans Brosse (bas-latin brustia ; ancien haut-alle-
mand burst, brusta ; allem. moderne Burste).
V. Effreuser, où les mots B. L. indiquent, ce
semble, que fruisser ou froisser provient du lat.
frustum, morceau, d'où, barbarement, frustare,
mettre en morceaux ; heurter, comprimer brusque-
ment : friper brusquement (froisser du papier). Le
Dictionnaire général est de cet avis.
Fourché (Mj.), s. m. — Sorte de fourche
aj'ant une corne très longue, droite et dans
l'axe du manche, et une autre corne, très
courte, oblique à la première. On s'en sert
pour porter des faix de fourrage. Syn. de
Paufourche. Lat. Furca.
Hist. — « Lettre du fermier de Trêves, portant
plainte au supérieur de Cunaud, de la mauvaise
façon dont lui a été servie, l'année précédente, la
redevance d'une pièce de bœuf « présentée par je
ne sçay quel gardeux de bois, embrochée dans un
fourchai/, comme pour faire la curée à des chiens. »
(1657. Jnv. Arch., G, 123, 1.) — Li dous fourcat
fan pas' no gibo. — Les deux araires ne font pas
une inflexion. (Mireille, 350, 3.) Le bâti de l'araire
primitif n'était autre qu'une sorte de fourche ou
fourché.
Fourcliée (Mj., By.), s. f. — La quantité
de foin, de paille, de fourrage qu'on peut
porter avec une fourche. Syn. de Broquée.
Fourche-ferrée, s. f. — Centaurée noire
(MÉx.).
Fourchette (Mj., Lg., By.), s. f. — La bifur-
cation des jamljes. Syn. de Vézet, Carrefour-
Briion. On dit aussi Califourchetle. \\ Marquer
à la fourchette, — marquer plus qu'il n'est dû.
(Vient, je pense, de ce qu'avec une fourche, à
2 ou à 4 dents, on marquerait 2 ou 4 fois la
somme due ; comme font ces élèves qui
écrivent un pensum avec deux plumes). |1
Sorte d'enjolivement en forme de fourchette
sur un bas, à la hauteur de la cheville du
pied. Il Fourchette du père Adam, les cinq
doigts. Il Aux cartes, avoir la fourchette —
2 cartes, telles que le roi et le valet, qui pren-
dront forcément la dame et l'as, ou le dix de
l'adversaire jouant le premier.
Fourchetter (Mj.), v. n. — Manier sa four-
chette. Ex. : Faut savoir de fourchetter pour
aller manger de la grand viande avec les
monsieurs.
Fourgailler, v. a. — Nettoyer le four avec
le fourgon (Mén.). V. Fergâilîer.
Et. — Fourgon, même radie, que l'a. v. fourgier,
fourger (fouiller, fourgonner) ; lat. pop., foricare,
tiré de forare. (Darm.) — Prov. : La pelle se moque
du fourgon. Se dit de deux personnes également
ridicules qui se moquent l'une de l'autre, sans
valoir mieux qu'elle.
Fourgancer (Tlm.), v. n. — Nettoyer dans
une maison, faire le nettoyage. Syn. de Fer-
gancer, Fertoirer.
Fourgane, s. f. — V. Forgane.
Fourme (Auv., Mo.), s. f. — Tas de fumier-
Corr. du fr. Forme, fosse à fumier. — V-
Frome, Forme.
Et. — Fumarium? pour Fimarium. — Ou plu-
tôt doublet de Forme, motte de beurre. La fourme
est une motte de fumier. Lat. Forma.
Four ment, s. m.
Froment.
Fournâilier (Mj.), v. n. — Activer le feu,
surtout dans un four ; tisonner. Syn. de Fer-
gâilîer.
Et. — Du fr. Four, et mieux du lat. Furnus.
Cf. Dormâiller, Tournailler.
Hist. — « La contrainte de foumoyer à aucun
four, dépend des droits de basse juridiction. »
(Coût, du Poitou, t. I, 149, 46.)
Fourneille (Lg.), s. f. — Fagot de menues
branches, bourrée. Syn. et d. de Fournille, S.
de Râchage, Serpage. Cf. Feille, Cheveille.
Fournelier (Mj., Sal.), s. m. — Chaufour-
nier.
Et. — Dér. du fr. Fourneau, a, f. Fournel. —
N. P.-è. faut-il distinguer le fournelier, ouvrier
préparant le bois ou fournil qu'on met dans le
fourneau pour faire la chaux, du Chaufournier,
fabricant de chaux. (Mén.) — V. Fournil. —
Ménière a raison et tort. Le fournelier est bien
l'ouvrier chaufournier, et le patron s'appelle de ce
dernier nom, jamais fournelier. Mais celui-ci ne
prépare pas la fournille, vu que l'on chauffe exclu-
sivement au charbon de terre. Il l'a peut-être pré-
parée autrefois, il y a deux siècles. D'après M. Port,
c'est un Clémanceau de la Lande qui le premier,
à Mj., chauffa à la houille les fours à chaux, au
xviir= s. — En tout cas, il est inutile de faire inter-
venir Fournille pour expliquer Fournelier, qui est
le dérivé direct et régulier du vx fr. Fournel. ||
Sal. — Spécialement celui qui tire la chaux à la
goule du four.
Fournes (Sal.), s. f. — Feuilles de pommes
de terre. Syn. Fonces, Chavoil, Chahouet.
FOURNIL — FOUTEAU
405
Fournil, s. m. — Fagot d'épines destiné à
chauffer le four. S'emploie aux deux genres
dit Mén., mais au fém. il doit prendre la
forme Foumille.
Et. — De four, par l'anc. forme forn ou fourn. —
D. C. cite : fornilia, fournilles. V. Foumelier.
Foiirnille (Mj., Lg., Sal.), s. f. — Bourrées,
bois propre à chauffer le four ; fagot de brin-
dilles, de ronces, d'aubépines, etc. V. Fournil,
Fourneille.
Hist. — « Le feu fut mis avec une quenouille
d'honneur aux fagots de foumille qui garnissaient
le haut mai planté au bord de la route. » (Semaine
Belig. d'Ang., 42'= an., n» 43, p. 1162, mil.)
Fourniiler (Segr.), v. a. — Heurter, Fureter
(MÉN.).
Fourniments (Sp.), s. m. plur. — Les
quantités de marchandises qui complètent
les unités commerciales usuelles. Ainsi il est
d'usage de livrer 105 fagots au cent, 105
livres de foin au cent, soit 21 pour 20. Cette
quantité de 21 est ce qu'on appelle à Mont-
jean Fourniture. A Sp., les livres ou unités
quelconques complémentaires sont les Four-
niments. — Œufs, 13 pour 12. (Jadis, peut-
être ; mais pas de nos jours !) — V. Fournir.
— By., id.
Fournir (Mj., Lg.), v. a. — Egaler de
vitesse dans l'exécution d'un ouvrage. Ex. :
Je ne pouvais le fournir à motiver. || v. n. —
Avancer, aller assez vite en besogne. Ex. : Je
ne sarais fournir à ramasser les prennes. Syn.
de Avanger. By., id. \\ Mj. — Fournir à, —
fournir de. Ex. : Je ne sais pas qui pourrait
fournir à la monnaie. || Mj., Lg., v. n. —
Abonder, foisonner, donner un rendement
abondant. Syn. de Sucéier, Soucéier. Faire
du souc.ès, Repondre, Ranger. || Au sens, ci-
dessus, de Avancer (Y'peux pas fournir à le
tenir propre, ceté sapré lucifar-là) on dit pro-
verbialement au Lg. : Il est comme la misère,
il fournit partout.
Et. — Germ. frunjan, devenu : fromir, formir,
fornir, fournir. (Daem. )
Fourniture (Lue). V. Molle (Mj., Lg.).
Nombre de 21 objets. C'est une unité souvent
employée dans le commerce local. V. Four-
miments. Fourniture de chaux, 21 barriques,
soit 52,5 ou 47,25, ou même 42 hcctol.,
selon les localités où la chaux est li\Tée.
Hist. — « La fourniture se compose de 22 pipes
de 42 boisseaux chaque. » (Anj. Hist., 5*= an., n° 5,
p. 507.)
Fournoyer, v. a. — Faire cuire une fournée
de pain au four (MÉx.). V. Fournâiller.
Fourraîjère (Sp.), s. L — Partie mobile que
l'on fixe au rebord supérieur des ridelles
d'une charrette, et au-dessus des roues,
quand on veut y charger du foin. 1| (Lg.). —
Claies mobiles placées à l'avant et à l'arrière
d'une charrette.
Et. — Feurre, foere, foure, — paille, qui avait
donné fourrer, d'où fourrage.
Fourt! — Interj. pour chasser, un chat, un
chien. — De l'ail. Fort ! Souvenir de 1814. —
Cf. le lat. Foras, par curiosité. — Simple
onomatopée. Cf. Foute-foute.
Fousquenette (Tlm.), s. f. — Colère subite
et brève. Syn. de Foucade, Foute-foute,
Foutillon, Vezon, Rondon. V. Fusseguené.
Fousse (Mj., Lg., By.), s. f. — Fosse. V.
Foussê. Il Chpt. — Réservoir au milieu d'un
grand jardin.
Hist. — « Et pensoient qu'on les eust mis en
quelque basse fousse des prisons. » (Rab., G., i, 38.)
— « Icy davant, en ceste large fousse,
« Gist le mortel, ennemy de famine,
« Qu'on appelloit maistre Jehan Malesfousse. »
(G.-C. Bûcher, 282, p. 255.)
— « Veux-tu sçavoir ou sera mon tombeau
« Apres ma mort? non point en terre doulce,
« Non point en l'air, encores moins en l'eau,
« Mais je feray en tes membres ma fosse. »
(/f/., 114, p. 149. — Fosse rime avec doulce.)
Fousse (Lue, Lg., Mj., By.,) s. m. — Il V.
Clous.
Hist. — « Thibaud de Mathefelon et de Durtal
désavoue ses sergents qui ont pris « dedenz la
cloison des murs et des faussez dou priorre de Goiz
(Gouis) des chevaus, qui estoient à l'abé. « (1282.
Inv. Arch., H, I, p. 54, col. 2.) — « Fortiffîer son
dit prieuré et y faire muralles crénelées et autres
barbecanes, pons levis et faussez. » (1437. — Id.,
ibid., p. 37, col. 2.) — « Lui donne congé et licence
de fortifier et remparer sa maison des Noyers-
Ourceau « de murs, tours, faussés, portes, pons
leveys. . . » (1445. — Id., G, 185, 2.) — « Sépulture
dans l'église (Saint-Aignan) « d'un cappitaine
nommé Le Fresne, lequel... estoit tombé dedans
les faussez du chasteau. » (1585. Id., S, E, sup. A,
55, l,b.)
Fousset° (Lg., Sal.), s. m. — Fausset, che-
ville de bois qui bouche le trou percé au cul
d'une barrique. Ij Sorte de clef en bois pour
tirer le vin.
Fousscyeur (Mj.), s. m. — Fossoyeur.
Hist. — « Si premièrement ils n'avoient en leurs
propres pastifz fuussoyé et bêché. » (Rab., P.,
III, 5, 224.)
Foutaise (Sp., By.), s. f. — Chose sans
importance. « T'as pardu cent sous? Eine
belle foutaise f >> Syn. Chiée.
Foutant (Mj., By.), adj. verb. — Ennuyant,
vexant, embêtant. — Syn. de Chiant, Fichant,
Foutimassant.
Hist. — « Ce fut le mot de Pierrerit lorsqu'il
apprit le rejet de son pourvoi : C'est foulant de
mourir lorsqu'on a amassé tant de bien, dit-il.
(V. Le drame du Moulin d' Yvray, par L. BÉCHET,
in fine.)
Foutard, e (Mj.), adj. q. — Moqueur. Syn.
de Moquard, Fouteur, Moqueret.
Fouteau (Bg., By.), s. m. — Hêtre. — Ce
mot est français. — Cité pour la note de
Ménage.
N. — « Les Parisiens et les Normands croiraient
«dire une ordure en disant fouteau. Je rapporteray
ici, à ce propos, un conte que fait Mont.vgne tou-
chant à cette obcénité prétandue. l\ est plaisant.
406
FOUTE-FOUTE — FOUTRE
Le voicy : « Nous dressons les filles, dès l'enfance,
aux entremises de l'amour. Leur grâce, leur attifure
leur science, leur parole, toute leur instruction ne
regarde qu'à ce but. Leurs gouvernante.^ ne leur
impriment autre chose que le visage de l'amour :
ne fust qu'en le leur représentant continuellement
pour les en dégouster. Ma fille ; c'est tout ce que
j'ay d'enfans ; est en âge auxquelles les Loix
excusent les plus échaufïées de se marier. Elle est
d'une complexion tardive, mince et molle ; et a été
par sa mère élevée demesme : d'une forme retirée
et particulière ; si qu'elle ne commence encore
qu'à se desniaiser de la naïveté de l'enfance. Elle
lisoit un livre François devant moy. Le mot de
Fouteau s'y rencontra : nom d'un arbre connu. La
femme qu'elle a pour sa conduite, l'arresta tout
court un peu rudement : et la fist passer par
dessus ce mauvais pas. Je la laissay faire, pour ne
troubler leurs reigles : car je ne m'empesche aucune-
ment de ce gouvernement. La police féminime a
un train mystérieux. Il faut le leur quitter. Mais,
si je ne me tromi)e, le commerce de vint laquais
n'eust su imprimer en sa fantaisie, de six mois,
l'intelligence et usage, et toutes les conséquences du
son de ces syllabes scélérates, comme fist cette
bonne vieille par sa réprimande et son interdic-
tion. » (Mont., IO, ch. v.)
Et. — « Le fagitellus, de Littré, est inadmis-
sible ; mieux vaut, avec Diez, voir dans Fouteau
une variété de forme, avec t intercalaire, du
rouchi joiau (fagellus *). A l'appui de cette expli-
cation, on peut citer le norm. Foutille, faîne.
Pour l'emploi du t dans un but de dérivation, cf.
Cloutier, de clou ; Feutier, de feu. » (Schel.) —
« La furie des vipères expire par l'attouchement
d'un rameau de fouteau. » (Rab., P., iv, 62.)
« Or, puisqu'il faut chanter, allon sous le feuillage
« De ce large fouteau qui rend si doux ombrage. »
(Rémy Belleaxj. — Berg., V^ journ., t. L)
Foute-îoute (^Ij.), s. m. — Virevouste,
mouvement désordonné. || En îoniQ-foute, —
en colère. — Onomat. — Syn. de Veznn, Pké-
jiiou. Fantaisie, Fenoutllon, Fousquenette, Fus-
seguené. , Foutillon , Rondon. — || Exclam,
employée pour mettre en fuite un chat.
Fouleur (Mj.), adj. q. et s. m. — ^Moqueur.
On dit aussi Foulard, comme on dit Moquard.
Voir une citation de Rabelais, par trop gau-
loise. [P., V, 29, 546.)
Foutillon (Sal.), s. m. — Etre en -foutillon,
de mauvaise humeur, jeter tout par les places.
Foutimassant (Mj.), adj. q. — Tout à fait
vexant. Ex. : Si c'est pas foutimassant de
voir son pouvre fait se pardre sans être en le
cas d'en empêcher. — Fichumassant. — Syn.
de Foutant.
Foutimasser (Mj.), v. n. et a. — Faire peu
de travail et le mal faire ; mettre en désordre,
s'occuper de riens, dire des niaiseries. <( Que
fouiimasses-iw là? » (Dott.) !| Hist. — Après
beaucoup de telles foutimasseries capitulaires,
il fut résolu... » (B. de Verville. M. de
parc.)
Foutre (Partout). — Avant d'expliquer ce
mot je demande à nos lecteurs de lire la note
suivante de Génin {Récréations philologiques,
t. II, p. 153).
N. — GÉNiN, mis au défi d'expliquer ce mot, de
mauvaise compagnie, répliqua : a Et pourquoi
non? La science purifie tout ce qu'elle touche.
Est-ce qu'il y a des obcénités dans la médecine et
l'anatomie?. . . C'est le but qui décide de tout.
Si vous vous adressez aux sens, l'expression la
plus innocente devient incendiaire. Si vous ne
voulez parler qu'à la raison, à l'intelligence, la
pureté de l'intention calme et refroidit la matière,
et des hauteurs de la philosophie il n'est de détail
qu'on ne puisse examiner sans péril de souillure. . .
(je résume la suite. A. V.) — Le mot Foutu est de la
même famille que féal et féauté. Au mot Fidelitas,
D. C. dit que fouté s'employait pour signifier la foi
jurée, le serment prêté au suzerain. De là le mot
foutu, pour désigner celui qui avait trahi ce ser-
ment. Ce mot, devenu, par longueur de temps,
banal et vague, était, dans l'origine, une injure
précise et la plus sanglante de toutes. « Cela devait
être, puisque tout l'édifice féodal reposait sur le
principe de la foi réciproque entre le vassal et le
suzerain. » Nous trouvons dans des lettres de
grâce de 1416 : « Berthelemy Gentil dist de Mau-
giron d'Estissac qu'il estoit un faulx, mauvais,
traistre et faitif et foutu chevalier. » (D. C. V°
fidelitas.) . . .On finit par dire : un /om«m savetier, un
foulu gredin, sans y ajouter d'autre idée que celle
de l'abjection et du mépris... « Une équivoque
accrut encore cette énergie et contribua au succès
de l'expression. Cet adj., issu du subst, foulé,
était, pour la forme, identique au part, passé d'un
vx V. fr. formé du lat. futuere (qui a, en effet, un
sens obscène), mais qui n'a rien à voir dans ces
locut. : un foutu soldat, il a foutu le camp ; c.-à-d.,
c'est un soldat parjure, il a trahi le camp, il a
déserté. D'où : Fous-moi le camp, — sauve-toi
au plus vite, honteusement, comme le soldat qui
déserte... Et, malgré l'erreur où l'on est sur la
véritable racine, le peuple a maintenu la direction
du sens originel. Qu'est-ce qu'un Jean-Fowrre? un
débauché? Nullement ; c'est un lâche, tout ce qu'il
y a de plus abject dans la lâcheté, un homme à
foutre (trahir) le camp, s'il était soldat. . . — Tout
ce qui précède peut se résumer en cinq mots qui
présentent l'ordre des déductions depuis le moyen
âge jusqu'à nous : Foi, — parjure, — désertion, —
lâcheté, — mépris. « Un malheureux hasard a
voulu que l'identité de deux formes, dont les
racines n'avaient d'ailleurs rien de commun, ait
fait prendre le change et, par suite de cette confu-
sion, répandu sur tout un groupe de locut. excel-
lentes une odeur de grossièreté désormais indélé-
bile. » — Cf. fieffé ; — un maraud fieffé, — un
fieffé voleur, — une coquette fieffée. — L'Acadé-
mie, en repoussant ces mots de son asyle. s'est
jointe à la fortune, pour achever d'accabler la
vertu malheureuse et le mérite méconnu. >
Ce mot, quelle qu'en soit l'origine, est trop
employé pour qu'on puisse l'omettre dans ce
glossaire.
V. a. — Coïter, faire l'amour. || Jeter,
lancer. H Foutre sus ou par la goule, la gueule,
— battre, rosser. || Sp. — Foutre par, sus le
nez à qqn. — l'humilier. || Foutre à l'air, —
Sp. — Jeter dehors un objet hors d'usage. !!
!! Sp. — Foutre par le corps, — accorder ino-
pinément à l'acheteur, pour le prix qu'il vient
de promettre, l'objet marchandé. Ex. : Il
m'a dit 30 écus de mon gorin ; ma feinte je
illi ai foutu par le corps. || Aller, se faire
foutre, — aller au diable. Ex. : Qu'il aille se
faire foutre. \\ Envoyer faire foutre, — envoyer
au diable, promener. Syn. de Envoyer din-
FOUTREAU — FRAISIER
407
guer, baigner, paître. || Se foutre dedans, — se
tromper. || Interj. Diable !
Hist. — '( Pompons la goutte,
« Pompons-la souvent,
« Envoyant faire foute
« Ceux q\ii n'sont pas contents. »
(Refr. popul.)
— Donnons une lettre que reçurent Lombardel et
J(oseph) Clémanceau d'un frère de celui-ci, qui
s'était débaptisé et avait pris le nom romain de
Probus. Probus Clémanceau écrit donc, le 30 dé-
cembre 1793, de Montjean, où il s'était réfugié :
« ...J'ai eu une peur bougre que ces honorables
messieurs ne vous eussent foutu la patte sur le
corps. » {Anj. Hist., i, 712, 29.) En note : « Joseph
Clémanceau de la Lande, né à Montjean, membre
de la Législative, président du Comité révolution-
naire de Cholet, membre du Conseil des Cinq
Cents, juge de paix de Saint-Florent-le-Vieil sous
l'empire, mort à Mj. en? »
Foutreau, s. m. — • C'est le jeu de bourrique
à Moutrelais et à Saint-Pierre-Quiberon.
N. — Je cite ce mot parce que, Montrelais
étant à la limite même de l'Anjou, il est probable
qu'il sera usité dans qqs-unes de nos communes
voisines de la Bretagne.
Foiitreraent (Mj., By.), adv. — Diable-
ment, terriblement, extraordinairement. Ex. :
C'est foutrement difficile. Syn. de Foutu/nent,
Bougrement. V. Foutre.
Foutu, e (Mj., By.), part. pas. — Perdu
sans espoir. Il Capable. Ex. : T'es pas foutu
de porter ça. || Se joint à une appellation
injurieuse. Ex. : C'est ein foutu sot, eine
foutue bête, — c'est un fieffé sot, une fichue
bête. — V. Foutre. \\ Lue. — • Terme de mépris
et sens vulgaire. || Mal foutu, — dilTorme, ou
mal portant. || Foutu comme quatre sous, très
mal vêtu, très mal fait.
Hist. — « As-tu récité, chaque soir, la prière que
je t'avais indiquée? — Oui !. . . Mé rin n'y fait !. . .
Y se ine homme foutu. » (H. Bourgeois, Hist. de la
Gr. Guerre.) — Foutu chevalier. D. C. — Parjure à
son serment de fidélité. (V° Fidelitas.)
Foutunient (Mj.), adv. — Diablement,
.terriblement, diantrement. Ex. : Il est foutu-
nient sot. Syn. de Foutrement, Bougrement,
Fichument.
Fouyer (Lé., Mj., Lg.), s. m. — Foyer,
âtre. i Chpt. — Foyers d'un puits, — les
deux jambages en maçonnerie qui avancent
de part et d'autre de l'ouverture et sur les-
quels on dispose les seaux. — Lat. Focarium.
Fracfur»' (Mj., By.), s. f. — Bris, effraction.
Ne s'emploie que dans la loc. : Faire fracture,
faire effraction ; casser, briser qqch. — C'est
le mot français, avec extension.
Et. — Lat. Frangera, fractum, fractura.
Fragile (Mj., Lg., By.), adj. q. — De santé
chancelante. || Lg. — Incertain, changeant,
en parlant du temps. — C'est le fr. pris au
fîg. et dans un sens spécial.
Prâgne (Lg.), s. m. — Frêne. Forme très
vieillie. Aujourd'hui on dit Frêgne. Cf.
Châgne. Lat. fraxinus.
Frâgner (Mj.), v. a. — Frôler, frotter légè-
rement, érafler. || v. réf. — Se frotter, se
gratter. — Corr. du fr. Frôler. Cf. Tirâgner,
pour tirailler.
N. — L'I s'est mouillé d'abord, puis a passé à
i articulation gn. Le changement de ô long en
â long et lourd n'infirme pas cette explication.
Fragonelie (Lg.), s. f. — Fragon, petit
houx. Syn. de Fergonnière, Fringounelle,
Hudin. — La forme la plus anc. est Fregon.
Fraîcheur (Mj.), s. f. — A la fraîcheur, —
quand il fait frais, le soir. Ex. : Je nous sommes
en venus à la fraîcheur. By., id. — Au plur.
Des fraîcheurs, — un chaud et froid. Ex. : Il
a attrapé des fraîcheurs.
Et. — Frais. De l'aha. frise ; am. frisch.
Fraîchun (Mj.), s. m. — Fumet particulier
des tripes fraîches. — Jaub. Fraîchin.
Cf. « Sus la fruchais que trelimo. » — (Sur les
viscères palpitants. — Mireille, 246, 2.)
Fraide (By.), adj. q. — Froide. — V. Fred,
Fret.
Fraillcr, v. a. — Frotter en se salissant, sa
robe (Mg.). Mén.
Et. — Fraier, froier, froër, frier, — frotter. Lat>
Fricare.
Frairies (Cho., Mg.), s. f. — S'emploie sur-
tout au plur. — Fête patronale. Kermesse,
Assemblée. — Vogue. — Syn. Prévail,
Préveil, Pervail ou Patinons.
Et. — C'est le mot fr., par ext. — B. L. Fratria,
collège, corporation (en grec : phratria, tribu),
même rad. que frater, frère. Le sens propre est :
assemblée ; de là : fête, gala. — Fête, régal. De là-
en parlant de qqn dont les doigts sont gras et mal-
propres : « Les doigts comme landiers de frarie. »
(Rab., IV, 134.) L. C. — « Un loup étant de frairie.
(La Fontaine.) — « Si gens d'Eglise, Frairies
(confréries), communautez, ou autres Mains-
mortes, acquièrent... » (Coût. d'Anf., art. 131,
p. 91.) — « L'assemblée du village. Ce sont les
mêmes types... dans le décor d'une ballade ou
frairie. » {La Trad., p. 58, 1. 41.) — « Les assem-
blées, prévails, frairies, bachelleries, ballades (car
elles portent, en Poitou et en Angoumois, ces
noms variés) représentent... » (Id., p. 328,
1. 17.)
Frais, fraîclie (Mj., By.), adj. q. — Fig. En
bol état. Dans ce sens, il ne s'emploie qu'iro-
niquement ou avec la négation. Ex. : Eh !
bien, te velà frais ! — dans de beaux draps.
— Je ne te vois pas frais ! — |i Frais comme
ein petit gardon. j| Ironiquement. Il est frais
le coco ! Il II est frais comme ein petit cochon
qui a la teigne. || Adverbialement ; — nou-
vellement, récemment. Ex. : Frais fait, frais
arrivé, frais pont (pondu), frais éclous.
Fraisenne, s. f. — Pour Freselle. V. Fais-
selle.
Fraisier (Mj.), s. m. — Potentille ou Quin-
tefeuille. N. Cette rosacée est, en effet, très
voisine du fraisier.
Et. — Fragum, par l'intermédiaire d'un type
Fragea.
408
FRAISIER-SAUVAGE — PRÊCHE
Fraisier-sauvage (Sp.), s. m. — Potentille.
V. Fraisier. — Potentilla fragaria.
Fraissure, s. f. — « La jraissure est en
Vendée un mets fort goûté, fait avec le sang
du porc fraîchement tué. (Reçue de V Anjou,
t. XXXXIX, p. 228.) \. F. Lore, xii, et
Fressure, plus loin.
Frait. — Pour : froid. V. Fret, fred.
Franiinous, s. m. — Frères mineurs.
Hist. — i( Frères mineurs, fratres minores. »
(Lettre de René d'Anjol', 20 juin 1453.) Anj.
Hist., 28 an., n» 4, janv. 1902, p. 370, note. —
Frères menus. Les Frères Mineurs ou Cordeliers ;
d'où, par corr., on les appelle, en Languedoc,
« Lous Framenous ». — Mehun, au Codicille, dit :
« J'ay mes petits enfants, à qui ie suis tenus
« Plus qu'aux poures Estrangiers ne qu'aux
Freres-Menus. (Borel. )
Franc, clie (Mj., By.), adj. q. — Brave.
Deux hommes qui se provoquent ne manquent
pas de s'adresser ce défi : Avance donc si t'es
franc. || Sain, non pourri. On dit ironique-
ment de qqn qui manque de franchise, de
loyauté ou de courage : 11 est franc comme
eine poume pourrie. ;î Franc du collier, — se
dit d'un cheval de trait plein de feu et qui
tire sans plaindre ses efforts. || S'emploie
adverbialement devant certains adj. dans le
sens de : très, fort, tout à fait. Ex. : C'est
franc bon, franc beau, franc usé. — Bien
qu'adverbe, il s'accorde avec l'adjectif ou le
partie. Ex. : Velà eine culotte qu'est franche
usée. V. Fin, Raide, Vrai, Fini, Parfait. —
On dit : Franc-io\\Q ou Franche-ioWQ.
Français, e (Mj., By.), adj. q. — Franc,
loyal, probe. [| Sp. — Brave, hardi. — Le
mot fr. a un sens un peu diiïérent. || Pour
François. — Bords de la Loire (AIén., By.).
Francliipane s. f. — Frangipane.
Francine. Prénom ; Françoise.
Francormier, s. m. — Vulg. Aigremoine
Empotoire (Mén.). — Aigremoine eupatoire.
Bâtard.
Frandouiller (Segr.), v. a. — Rincer une
barrique. (MÉx.).
Franger (By.), v. a. — Réduire le bas de
sa robe à l'état de frange. Syn. Effranger.
Et. — Frange. Du lat. fimbria, par transpos. de
l'r, frimbia, où bi se change en g doux (cf. Plonger),
comme mi se ctiange en g doux : simius, singe. —
On a dit : frianger.
Frangin (Mj.), s. m. Frère. — Mot d'argot
assez usité.
Frapialasse (Segr.), s. î. — Grand nombre.
Cette femme a une frapialasse d'enfants.
(MÉx.).
Frappage (Tr.), s. m. — Travail particulier
des ouvriers d'à-bas dans les ardoisières.
(MÉN.)
Frapper (Mj.), v. a. — Dans la langue des
mariniers : fixer, assujettir très solidement
un cordage.
Frappette (Bss.), s. f. — Sorte de chasse
nocturne aux oiseaux. — N. Je n'ai pas de
détails sur la manière dont elle se pratique,
mais tout semble indiquer que c'est la même
que la Tapette de Saint-Paul.
Frappeur-devant (Mj., Lg., Spb.), s. m. —
Aide d'un forgeron.
Fraquedale (Mj.), adv. — Bredi-breda,
dare-dare, brusquement.
Frase, s. f. — Fraise. Corr. du fr. Lat. pop.
Frasa, tiré de : frasum, pour fragum.
Frâsier (Sp.), s. m. — Fraisier. V. Frase.
Frâsil (Br., By., Mj.), s, m. — Fraisil,
poussier*^ d'escarbilles.
Et. — Fraisil, pour : fraisil, du lat. facem, torche,
tison. Répond à un type du lat. pop. : facile, î
long.
Fratres (fratrèce) — (Mj., By.), s. m. —
Barbier. On dit : Je vais chez le fratres.
Et. — Vient peut-être des anciens moines chi-
rurgiens ; garçon chir., puis : chir. ; puis : barbier.
Hist. — « Par mov Denvs Chenuau, f rater chi-
rurgien. » (1678. — Ini.\irch., S, E, m, 369,
2,b.)
Frayant (Mj.), adj. q. — Affriolant. \\ Spr.
— Où l'herbe pousse drue. Se dit d'un pré.
Et. — Douteuse. De frai, de l'a. v. froier, lat.
fricare? — De frire, friand. Proprement : qui
grille d'impatience? Syn. Gouleyant.
Frayer (Mj., By.), v. n. — S'unir pour la
fécondation. \e se dit pas que des poissons.
V. Loche. !1 Frayer avec, — hanter. — Lat.
Fricare.
Frayeur (Mj., By.), s. f. — Xe s'emploie
guère que dans la loc. : Faire frayeur, — faire
peur. Ex. : Ça faisait frayeur de voir ça. Cf.
Faire affre.
Et. — Lat. fragorem, bruit violent. De bonne
heure il a pris le sens actuel, par confus, avec :
esfreor, dér. de : esfréer. (Dabm. ) — Littré pro-
pose : frigorem (de frigidus, froid), frigdorem.
Provenç. esfreidar.
Frayon (Sp.), s. m. — Bande de fer appli-
quée latéralement le long du sep d'une char-
rue, pour la garantir de l'usure. — Syn. de
Gorde.
Et. — Pièce de bois qui forme chapeau sur le
gros fer d'un moulin. De frayer, — frotter contre ;
de fricare, qui devait former : frier. — Frion, —
au sens de notre patois. (Litt.)
Frâziller (By.), v. a. — Frâziller, le feu.
Le défaire, le curer pour prendre les braises
et les mettre dans la chaufferette. Cf. Frâsil.
Fréclie (Auv., Pc, By.), s. f. — Friche.
Et. — Doubl. du fr. et rac. de Défréchir. —
Friche, B. L. friscum, fractitium, champ auquel on
a donné le labour pour la première fois, de : frac-
tum, brisé ; cela a pu donner : friez ou fractis ;
Fre. — Syllabe initiale et intercalaire ; inter-
version de : fer, dans : frenier, renfretner, etc. C'est
le contraire de Fer, pour Fre<
FRED — FRESSURE
409
mais comment friche ou frictum en ont-ils pu
naître? — Douteux.
Fred, Frède (Mj.), adj. q. Froid. — Lat.
Frigidus.
Hist. — « Cellarium quod dicitur Freide Ecuelle...
in feodo prioratus eorum de Thorigne. » (1264. —
Im: Arck., S, H, 157, l,bas.)
Fred-au-cul (Lg.), s. m. — Celui qui
manque de décision, individu pusillanime,
surtout en affaires. Ex. : Je ne veux pas illi
vendre mes bœufs, c'est ein vrai fred-au-cul.
Fredennes (Do.), s. f. — Sorte de beignets
creux. On découpe la pâte avec l'orifice d'un
verre, par ex. pour qu'elles aient toutes la
même forme. V. Bottereau.
Fredurier, adj. q. — Qui est trop sensible
au froid. Syn. Èfferdillé, Ferdeilloux.
Frêgne (Lg.), s. m. — Syn. et d. de Frâgne.
Frégnelle (Lg.), s. f. — Sorte d'herbe com-
mune dans les prés et les haies, de laquelle
les tiges creuses sont employées par les tisse-
rands pour y envider leurs trames ou épelles.
Freinnâs (Les) — (By.), n. pr. — Les Frê-
naies ; frein, très nasal et a long.
Fremer, v. a. — Fermer. V. la Remarque à
Frémis et Fre (en note).
Freiiii,-mis (Mj.), s. f. et m. — Fourmi par
métathèse. Cf. Fromit, Forma.
Hist. — « Plus tost en un tas de paille,
« Si m'aïst Dieu et Saint Rémi,
« Trouveroit un oef de frémi. "
Rom. de la Rose. 14872.
Frénelle (Mj., By.), s. f. — Flanelle.
Doubl. du mot fr. Cf. l'esp. Franela, même
sens. Il Sorte d'étofîe de drap grossier dont
on faisait jadis des robes, des pantalons. —
C'est le mot fr., mais avec un sens un peu
différent. || By. Reine des prés. — Spirœa
ulmaria. Bat. Syn. Ebaupin de rivière.
Et. — Darm. propose l'angl. flamel, emprunté du
gallois gwalen. Cf. Frégnelle. Tout simplement
parce que les feuilles sont découpées comme celles
du frêne, ou frêgne.
Frénellier (Mj.), s. m. — Tisserand qui
fabrique de la frénelle. N. Cette mdustrie a
aujourd'hui disparu, et le nom n'est plus
qu'un souvenir.
Frépefte (Mj.), s. f. — Jeune lille qui fait
trop la mijaurée ; petite ouvrière trop pincée,
trop coquette. Syn. de Pécusse, Pince-fesses,
Pince-cul.
Et. — P.-ê. de Friquet, — un galant, un amou-
reux. Friquenelle ou Friquet te, " jeune coquette
qui suivait la cour ». (1560. — Borel.) — De fri-
quet, passereau, moineau, diminut. de frique, gai,
vif ; vx fr., — anglo-sax. frec, vif.
Fréquenter (Mj., By.), v. a. — Courtiser,
une jeune fille.
Frère (Mj., By.), s. m. — Frère quatre bras.
Frère de la Doctrine chrétienne. Ils sont
ainsi nommés à cause du manteau qui fait
partie de leur uniforme, et dont les manches
restent toujours flottantes, jj Lue. — Se dit
pour Beau-frère et Sœur pour Belle-Sœur.
Et. — Frater, proprement : celui qui porte, qui
soutient la sœur, du rad. bahr, porter.
Fresche, s. f. — Vieux terme de droit cou-
tumier que l'on retrouve à chaque instant
dans les anciens actes et quittances, ainsi que
ses dérivés freschcur, cofrescheur, frerescheur,
cofrerescheur.
N. — Partout, dans les actes de vendition du
xvnF s., on lit que l'acquéreur devra payer les
cens et devoirs féodaux et seigneuriaux « en
fresche ou hors fresche». Les quittances de fermages
qui furent délivrées à mon quadrisaieu! Mathurin
Bastard (V. Trépas de Loire) par les procureurs de
la mense épiscopale, Mézeray, Voisin, Fleury, pour
la ferme de Brodeau qu'il tenait de l'évèché (1756
à 1789) portent invariablement la mention :
« Donc quitte sans préjudice de la solidité. «
Que faut-il entendre par ces termes? La solidité,
c'était la solidarité entre cofrescheurs ou fermiers du
même domaine, responsables les uns pour les
autres. La fresche, c'était le statut même des co-
frescheurs, ou ce mode de fermage imposé abusi-
vement par les seigneurs à leurs tenanciers et qui
établissait entre ceux-ci la solidité ou responsa-
bilité collective.
Je possède un « Extrait de la remambrance de la
tenue des assises de la chàtellenie de Champtocé
en 1774 », qui fixe bien le sens que j'ai donné. Il y
est dit qu'à ces assises (23 août) « a comparu sieur
François Trottier, marchand fermier, demeurant
au bourg et paroisse de Montjean, lequel s'est
avoué sujet censitaire immédiat de cette chàtel-
lenie de Champtocé pour raison )i de divers biens
situés en l'île Hazard qu'il avait acquis indivisé-
ment avec plusieurs autres. « Pour raison de quelles
choses ledit sieur Trottier audit nom a reconnu et
confessé qu'il est dû chacun an au terme de Tous-
saint à la recette de cette cour six deniers de cens
et quatorze livres de rente foncière annuelle et
perpétuelle en fresche des autres cy-dessus dénom-
més propriétaires du surplus de ladite Isle Ha-
zard. » Ces assises avaient été tenues par Louis-
François Papin. avocat au Parlement de Bretagne,
sénéchal. J'ajoute que ce sieur François Trottier
fut mon trisaïeul dans la ligne paternelle et qu'il
fut aussi le grand-père de M. Trottier, fondateur
des fameuses forges d'Hennebont, où une rue
porte son nom. (R. 0.)
Frescheurs. — Cohéritiers.
Et. — Frerescheurs, s. m. pi. Cohéritiers, copar-
tageans. Terme coutumier qui subsiste dans qqs
provinces. On trouve : « partage de cohéritiers et
frarescheurs » dans le Coutum. général. (L. C.) —
Frérâgeux. — Cofrerescheur, dans un acte de
notaire du xvir» s., au Blanc. (Jaub.) — Fraresche,
freresche, — héritage entre frères, — fratrestica,
fratraticum, de fratrem. (D'' .\. Bos.) — Fraterni-
tas, — fratriogium, frareschia, — frairescam, —
fraireschiam, — frarescheurs. (D. C.)
Fressure (Lg., Tlm., Sp., Sal.), s. f. — Pré-
paration culinaire qui consiste en une sorte
de bouillie de sang et de graisse de porc
mélangés de mie de pain, dont on se régale
lorsqu'on tue le noble. On la cuit longuement
dans un vaste chaudron où on la remue sans
cesse. La préparation de cet amalgame indi-
geste est une fête de famille ; on invite les
amis à y assister et à venir brasser la fressure.
' — V; au Fôlk^Lore un très curieux article de
410
FRET — FRICASSÉ
M. Ch. Leroux-Cesbron-, hymne en l'hon-
neur de ce mets. — V. Fraissure et, aux
Récits, la Mort du gorin.
Hist. — Les viscères. « Il fist. mettre un orfèvre
en l'eschiele à Cezaire, en braies et en chemise, les
boiaus et la fressure d'un porc en tour le col. »
(JoiNv., § 685.) — Rabelais cite les fressures
parmi les mets que les Gastrolâtres offrent à leur
dieu Manduce. (P., iv, 59.) — « Depuis le matin,
à la grande cheminée cuisait la fressure, mets gâti-
nais composé de sang, de chair, de pain et de graisse
bouillis ensemble. « {La Trad., p. 228, 1. 27.) —
On dansait aussi quand il y avait réunion pour
brasser la fraissure. » (Deniau, Hist. de la T., i,
58.)
Fret' (Mj., By., Sal.), adj. q. et s. m. et f. —
Froid. Lorsqu'on l'emploie comme subst. on
le fait indifféremment des deux genres. Ex. :
Il fait eine fret à matin ! — Y fait fretie à
nuit ; le vent est haute galarne. — Queune
fret qu'y fait ! — Syn. et d. de Freud.
Et. — C'est le fr. Froid, avec la pronoc. du xvr- s.
et la finale forte.
Freteau, s. m. — Cercle en fer ajouté à un
maillet pour l'empêcher de se fendre. On
prononce foerteau. Il est destiné à fendre le
reparton. (Mén.). — Cf. Forleau, Ferquiau.
Et. — Fretter ; garnir d'une frette, p.-ê. contract.
de ferrette, petit morceau de fer.
Hist. — « La hanste est de pumier/reZée,
« Ne puet brisier, tant est bendée. »
(Partono;>ex, v. 3007. — L. C.)
— « ...Et estoit cauchiés d'un housiax et d'un
sollers de buef frétés de tille dusque deseure le
genol. » (Il était chaussé de houseaux et de souliers
en cuir de bœuf garni d'écorce de tilleul jusqu'au-
dessus du genou. « [Aucassin et Nirolette.)
Frettoir (Craon), s. m. — Herse. Lat.
Fractor ?
Freu (Mj.), s. m. — Bouche ouverte. Ex. :
Il ôvrait ein freu à illy fourrer ein moyen
sabot. Syn. de Ganache, Fergane, Four. Corr.
de Four.
Freud" (Te), s. m. — Froid. Syn. et d. de
Fret, Fred.
Freuler (Bg., By.), v. a. — Frôler. || Segr.
— Se dit quand qqn. ne sait pas commencer
la conversation. (Mén.).
Freulon, Frûloii (Mj., By.), s. m. — Frelon.
Syn. de Bergot, Burgol, Breui/aud. Cf. Feuve,
Orfeuve.
Et. — Pour : frulon, farion ; du lat. pop. fur-
lonem (Isid. dk Séville), qui paraît composé de :
fur, voleur, nom donné au frelon dans Varron, et
de : leonem, lion. (Cf. Fourmi-lion, et cette glose du
vin" s., crabrones : furs leones.) Darm.
Freyer (Mj.), v. n. et a. — Dans la langue
des mariniers, laisser filer doucement une
amarre enroulée à plusieurs tours sur un point
d'attache fixe, en retenant à la main l'extré-
mité libre.
Et. — P.-ê. de l'ail. Freien, libérer. Serait-ce le
même que Frayer? — Fricare.
Friand (Ti., Zig. 153), adj. q. — V. Frayant,
Gouleyant. Sert de superlat. (Z. 153, By.) Il
est tout friand neuf, — Syn. de Tout rouge
neuL
Et. — Partie, pr. de frire. — Appliqué aux ama-
teurs de chère fine et délicate, au pr. et au fig. :
« Si tu vois que le faucon est bien friant à la char
et qu'il mengue bien volontiers. " — Appliqué aux
mets et boissons délicats qui semblent frire sur la
langue :
« Il n'est si bonne armeure que de ce vin friant
« Et de ces pastez-là qui vont souez flairant. »
L. C.
Friblée (friblée ou fribiée) — (Sp.), s. f. —
Frisson. V. Friblon. Dér. de Fribler.
Fribler (fribler ou fribier) — (Mj., Sp., Lg.,
Sal.), V. n. — Frissonner. Angl. to Fribble.
Et. — Friller, frissonner. — On lit dans un gloss.
du fonds Saint-Germain : Frigutire. soy démener
ou traveiller pour le froit ; friller, frilleux. (L. C.)
Frib/on (Mj., Lg., Sp.), s. m. — Frisson. ^^
Fribler. On prononce le plus souvent Fribion.
Syn. et d. de Frilon.
Frlb/onner (Lg.), v. n. — Frissonner. Syn.
de Fribler. Dér. de Friblon.
Fribolée (Lg.), s. f. — Bonne écuellée, bon
plat. Syn. de Migolée. || Régal, régalade.
N. — Doubl. du mot Fribolère de Sp., mais
dans un sens différent, quoique voisin.
Fribolère (Sp.), s. f. — Grande réunion de
fermiers et de leurs attelages pour un charroi.
Il Sens primitif : Grand repas, grands prépa-
ratifs.
N. — Jadis, dans tout le pays, au bon vieux
temps où chacun cousinait avec la i)aroisse entière
— et quibusdam aliis — il était d'usage de se
réunir pour faire en commun et gratuitement cer-
tains ouvrages, comme essarter un champ de genêts,
battre et peigner le lin, faire un transport de maté-
riaux, etc. Le fermier pour lequel se réunissait la
fribolère, qui faisait la fribolère. devait régaler ses
ouvriers volontaires et leur rendre le même ser-
vice à l'occasion. Cet usage patriarcal a presque
disparu. Seuls, les boulangers et les charrons font
encore des fribolères et invitent leurs clients à
venir faire leurs transports de bois. Aux environs
de Cholet, ces réunions prenaient le nom de
Guérouées. A Auverse, on en use encore ainsi pour
l'égrenage du chanvre et l'épluchage des noix. V.
Enoulée. — Friboler, dans Jaub.
Et. — Par curiosité : « Frigoler, faire griller.
Ce mot s'applique surtout à la cuisson des marrons
et châtaignes. — Frigolé, grillé. — Vx fr. frigoler,
faire des fritures. — Frigoloire, poêle ou casse
percée de trous dans laquelle on fait griller des
marrons. — De Frigere, frire. (Guillem.) — P.-ê.
les marrons — ou les fritures — faisaient-ils le
fond de ces repas. — Friboler, voltiger, papillon-
ner, par contr. de fariboler ; a de l'analogie avec
Frivole. (Jaub.)
Fricasse-à-fré (Fu.). — Nom de lieu.
Fricassé (pain), ad-, q. — Lorsque la noix
destinée à faire de l'huile a été écrasée sous
la meule, on la met dans une chaudière pour
la chauffer. Lorsqu'on la retire, il reste dans
le fond un gras, dans lequel on roule des lèches
de pain, assez agréables au goût.
N. — On prend une ou plusieurs miches très j
fraîches (quatre, c'est assez) et on les fend dans' |
FRICASSÉE — FRIPE
ill
leur longueur en huit morceaux égaux. On les met
dans la poêle et l'ouvrier continue de brasser la
chaude. Après cinq minutes, le pain est fricassé ;
il s'est légèremi^nt approprié tout ce qu'il a pu
du gros et de la chaufîe. On le bat à deux ou trois
fois sur une pelle pour le débarrasser de ce qu'il
aurait pris de trop et l'on sert chaud et bouillant.
C'est un régal pour les enfants. (Galleau. L'huile
de noix. Article paru dans le Petit Courrier.)
Fricassée (Mj., Lg., By.), s. f. — Ce qui est
ou doit être fricassé. Ex. : Je vas ramasser
eine fricassée de pourrée. |i La quantité de
poisson qu'un pêcheur a pris, sans préjudice
de la sauce à laquelle ils seront mangés. —
Syn. de Cuisine. j| Fr. de museaux, — une
embrassade.
Fricasser (Mj., By.), v. a. — Frotter d'une
manière répétée. Ex. : J'ai beau me fricasser
les mains, je peux pas me les réchaler. i| Sens
fig. — Dévorer. Ex. : Son père illi avait laissé
de bon fait, mais il a bentout ieu fricassé tout.
— Syn. de Friper, Fricoter.
Et. — Dér. du lat. Fricare, qui a donné l'ital.
Fregare, employé dans le même sens : Fregaro le
rnani.
Fricher. — Vx mot ang. Défricher.
Hist. — 1662, 27 février, sépulture de la femme
de René Morin, « lequel était venu pour abattre
et fricher la chaisnaie de la Haulte-Roche ». {Inv.
Arck., Il, E, S, 353, 1.)
Frichti (Mj., By.), s. m. — Fricot. Mot d'ar-
got importé. — Cf. l'ail. Fruhstuck, déjeuner.
Fricot, (Mj., By.), s. m. — Tout ce qui se
mange avec le pain. Syn. Fripe \\ Bl. —
Même rad. que fricasser. — Orig. incert. —
il Fu. — Fricot de treus de bettes ! — Au
fig. — mauvais ouvrage, ou : histoire, aven-
ture peu honorable. « Queu fricot de treus
(troncs) de bettes ! — En effet, ce mets
serait peu gouleyant. N. Mais treu est mal
traduit par tronc. Il s'agit des côtes. Tronc
est le doublet de Trou, Treu, mais non
l'équivalent. Ce fricot est très bon quand il
est bien préparé ; ce sont : les asperges de
cordonnier.
Fricoter, v. a. — Dévorer, son bien. Syn.
do Fricasser, Friper.
Fricoton (Mj., By.), s. m. — Petit fricot.
Fridolin (Ag.), adj. q. — Sensible au froid.
Syn. et voisin de Ferdeilloux, Fredurier.
Frigousse (Segr.), s. f. — Aimer ou sentir
la frir^ousse, c'est être gourmand (Mén.).
Et. — Frigge"*, culotte de bœuf ou de mouton,
s. f. viande en ragoût. La désin. ousse indique un
sens péjoratif, comme dans le mot pop. frimousse.
Frilon (Csp.), s. m. — Frisson. Syn. et d.
de Frihlon.
Friloiix, se, adj. q. — Frileux.
EL. — Frileux; frigorosum, friolos, friuleus,
frieleus, frileus, frileux. (Darm.) — Frillousement,
frigorose ; frillousetc, frigorositas. (L. C.)
Frime (Sa., Lue, By.), s. f. — Gelée blanche
qui s'attache aux branches des arbres, givre.
— Fr. Frimas. « Y a beaucoup de frime à
matin. » — Ij Ruses.
Et. — Ane. fr. frimer, geler : de l'a. scand.
hrim ; angl. rime ; le h = f :
« En cel temps ke voi frimer
« Les arbres et blanchoier. »
(Avant 1300. L. C.)
— Dans le sens de : ruses :
« Renart qui scet de toutes frumes
<( Luy esracha quatre des plumes. »
{Rom. de Renart. — Delvaxt.)
— Frimé, gâté par le brouillard, les frimas :
Bled frimé. — Frimer, se couvrir de frimas.
(L. C.)
Fringant (Mj.), adj. q. — Chatouilleux, en
parlant d'une personne. || Très sensible au
fouet, en parlant d'un cheval. — C'est le mot
fr. dans un sens voisin. || Sémillant. Syn. de '
Dringuet. Cf. Fringuenette.
Et. — Lat. Frigere, sauter, bondir, avec intercal.
de la nasale n. (Litt. ) — V. fr. Fringuer.
Fringounelle (Lg.), s. f. — Fragon, petit
houx. Syn. de Fergonière,Haguin, Fragonnelle,
Hudin. Ruscus aculeatus. Bat.
Fringuenette (Sal.), adj. — Léger, sautil-
lant. Pensée fringuenette. V. Fringant.
Frinqiiis (Lg.), s. m. — Action de battre
pour la première fois la surface d'une airée.
On dit : faire le frinquis ; le frinquis est battu.
C'est ce qu'on appelle, à Mj., rompre l'airée.
Et. — D. du lat. Frangere.
Fripe (Sp., By., etc.), s. f. — Tout ce qui se
mange sur le pain. Syn. de Fricot. \\ Frian-
dises : beurre, crème, confitures.
N. — GÉNIN, Récréât, philolog, i, 409. « La
frippe était. . . de la friandise, beurre, <;rème, confi-
ture. » Voilà de la frippe, terme aujourd'hui
vivant en Anjou. (Et il cite un passage de Balzac :
Eugénie Grandet.) — Grandet dit à Nanon qu'il y
aura suiTisamment de pain... « D'ailleurs, ces
jeunes gens de Paris, tu verras que ça ne mange
point de pain. — Ça mange donc de la frippet dit
Nanon. » — En Anjou, la frippe, mot du lexiq.
popul., exprime l'accompagnement du pain,
depuis le beurre étendu sur la tartine, frippe vul-
gaire, jusqu'aux confitures d'alberge, la plus
distinguée des frippes. Et tous ceux qui, dans leur
enfance, ont léché la frippe et laissé le pain com-
prendront la portée de cette locution. » — Talle-
MAXT dit de M"*" de Puisieux : « .Jamais il n'y eut
une si grande friande... Elle endetta le couvent
des Dix- Vertus d'une somme considérable, et cela
pour des friponneries, car le pâtissier seul demanda
I^eaucoup. » — Je vois dans Trévoux que des
boîtes de cotignac d'Orléans s'appelaient des
iripons. Cela s'explique tout seul par l'étymol.
fripe, mais il paraît difficile d'en rendre raison à
l'aide de.s fripiers. — (Précédemment. Génin avait
écrit : ) « A propos de fripiers, je trouve dans
l'ouvrage de M. Louis Delatre (Des rapports du
français avec le sanscrit)... une explication du
mot fripon que je crois absolument fausse :
« Fripon, dans l'origine, désignait un homme cou-
vert de fripes, ou guenilles : même racine que
fripier. « — Oui (dit Génin), même rac. que fripier,
j'y consens, mais non pasàce que fripe ait jamais
signifié guenille, ni fripon un homme déguenillé. »
— ScHELER pense que friper aurait pour acception
originelle chiffonner, de là gâter par usure, consu-
mer, enfin : manger goulûment.
412
FRIPÉE — FRITEUR
Fripée (Mj.), s. f. — Petite quantité de
matière étendue sur une surface. — V. Friper.
Syn. de Lichèe.
Friper (Mj., By.), v. a. — Essuyer avec le
doigt le reste d'une sauce, la crème adhé-
rente au vase, pour la lécher. || Lécher. Sal.
— Prendre le dessus de qqch. — Friper sa
beurrée, le gratin. — Embrasser. Friper la
goule à qqn. ij S'en friper les barbes, — s'en
lécher les lèvres. || Manger avec gourmandise
et complètement. Ex. : Il a tout fripé ben net.
Il Friper son pouce, — n'avoir rien pour sa
part.
Et. — C'est le fr. Friper, avec une extens. de sens
très logiquement déduits les uns des autres. Le fr.
emploie Fripe-sauce.
Hist. — « Trajan estoit pescheur de grenoilles, —
Hector estoit //-//je-saulce. » (Rab., P., n, 30,
193.) — GÉxiN, Récréai. phiL, i, 409-410, cite
FuRETiÈEE. « Fripper, manger goulûment (il eût
mieux dit : sensuellement). Il y avait à ce festin
assez de quoi fripper. Et, en ce même sens, on
appelle des goulus, des parasites, des frippe-sauces.
Fripi (Li., Br.), part. pas. — Léché. C'est
ben fripi.
FripoDDer (Mj., By.), v. n. — Faire le
fripon, le gourmand.
Et. — GÉxix, Récr. phiL, i, 410. — « Friper, de
notre temps, n'est plus qu'un syn. de chiffonner :
du linge fripé ; mais, au xvii« s., il signifiait :
dérober en cachette, à la façon des écoliers qui
dérobent des friandises... Furetière reproche à
Charpentier son embonpoint, son parasitisme et
surtout une prodigieuse avarice : « Son cabinet
même n'était rempli que de livres donnés ou
frippés. » — Dans son Dictionn., il explique :
friponner : « Manger en cachette ou hors des repas
quelque friandise. « Les fempies ont toujours en
poche de quoi friponner. » — « Ce galand a tou-
jours dans son cabinet quelque langue de bœuf,
quelques confitures pour friponner. »
Cette acception s'est tout à fait perdue : nous
n'avons conservé à fripon et friponner que le sens
dérivé du primitif et qui s'applique à une probité
douteuse. En effet, de convoiter la fripe à la déro-
ber, il n'y a qu'un tour de main. Voleur est le gros
mot ; fripon en est un aimable diminutif. —
Fripon, — dérivé de friper, lécher avec sa langue
la sauce d'un plat, en Berry. Le sens primitif
est donc : gourmand. — Friponner, — bien
manger.
« Feste n'est que de vieux chappons,
« Comme dient tous bons fripons. »
(Leroux de Lency, i, 155.
Friponnier. ère (Mj., By., Sal.), adj. q. —
Fripe-sauce, goinfre, goulu, gourmand. De
Friper. — Cf. Lainbinier.
Fripouille (Mj., Lg.), s. f. — Canaille, vau-
rien, crapule.
Et. — C'est probablement un dér. irrég. du fr.
Fripon. — Frape ; frapaille, s. f. — frap ; frapin ;
frapail ; frapon, s. m., — coup, verge ; bagarre ;
foule, vile multitude, populace, canaille ; goujats
qui servent les soldats, t^tymol. ? — On dérive ordi-
nairement tous ces mots de fraper, dont on ne
trouve des exemples qu'à partir du xiv« s., tandis
que ces mots sont plus anciens. Frape, de fraper,
frapper, aurait passé du sens de coup à celui de
foule, comme foule et presse, de fouler et presser. -^-^
Frape est aussi une autre forme de frepe, ferpe,
felpe, qui signifie haillon ; de là pourrait venir le
sens de : foule déguenillée. (D' A. Bos.) — Fra-
paille (frape *, as.semblée, réunion de personnes),
s. f., bande, troupe de valets d'armée, de goujats. —
Terme de mépris. (Mois y.)
Frippe (Zig. 50), s. f. — V. Fripe.
Friquet (Lue, Sar., Mj., Lrm., Sal.), s. m.
— Ecumoire.
Frisée (Mj.), s. f. — Flambée. Syn. de
Fouke., Joie de mariage, Baulée, Èigalée,
Rigâillée, Fergâillée. — Feu vif et clair. Ex. :
J'allons faire eine frisée pour nous réchaler.
Et. — Du V. friser. Le mot fait image. Les
copeaux, les rifles de menuisier se recroquevillent ;
déjà frisés par eux-mêmes, ils semblent se friser
dans la flamme. — Cf. le rad. germ. Frisle, crépu.
Frise-poulet (Mj., By.), s. m. — Appella-
tion ou interpellation ironique que l'on
adresse parfois à un gamin sans conséquence.
Syn. de Jaquedale, Jacquot-Pignard.
Friser (Mj., By.), v.. n. — Friser comme des
baguettes de tambour, être raides et lisses,
en parlant des cheveux. 1| Friser comme ein
guéion, — avoir les cheveux lisses. || Ne pas
friser, — être penaud, avoir peur, n'être pas
fier, rassuré ; n'en pas mener large. || Friser
à plat, — même sens.
Frison (Mj., Lg., By.), s. m. — Copeau
mince et frisé, enlevé par le riflard, la var-
lope ou le rabot. Syn. de Rifle, Coquille. \\
Mèche de cheveux frisés. ]] Surnom donné aux
enfants qui ont les cheveux frisés,
Hist. — (Il y a une herbe que nous nommons
l'erbeto di frisoun, — l'herbette aux boucles.
Mireille, 170. 3.) — « Elle avait caché le cadavre
de son enfant sous des frilons. » (Le Petit Courrier.
Tl faut lire Frisons, sans doute.)
Frisquelande (Mj.), s. f. — Nom d'une
ancienne espèce de poire.
Fristonneau (Lg.), s. m. — Sein. Syn. de
Fistonneau, Néné, Bossoir, Avant-train, Avont
lait. N. Une jeune personne très avantagée
sous ce rapport portait naguère le nom de
Fristonneau.r dorés.
Frisure (Tlm.), s. ï. — Partie antérieure et
tuyautée d'une coifîe.
Frit (By.), part. pas. Au fig. — Perdu,
ruiné. Syn. de Cuit, Flambé, Fumé.
Hist. :
« Muchez-vous tost en quelque lieu,
« S'il vous trouve, vous êtes frit. »
{Farce de frère Guillebert. Ane. th. fr., I, 315.)
Eveillé.
Friteur, s. m. (Ag.). — Établissement
annexe à un débit de vin, où l'on fait frire.
« A céder après décès. — Très pressé. Bon I
débit et friteur. — Hôtel garni. Très bonnes |
conditions. S'adresser place de la R. )> —
Annonce du Petit Courrier, 18 juillet 1905.
Et. — De frire. — Cuisinier chargé spécialement j
des fritures; Lat. frigerê. (Litt.) \
PRÔGNE — FROUX
413
Frogne (Sal.), s. f. — Air sournois. Cf. Ren-
frogné.
Froid (Mj., Lg., By.), adj. q. et s. — Ma-
çonner à froid, — sans mortier. || Mur en
pierre froide, — en pierre sèche.
Froit' (Cs). — La froit ne tiendra pas, —
ne continuera pas. V. Fret.
Frôlée (Lg.), s. f. — Volée de coups. Syn.
de Pile, ,Roustée, Laudée, Lâtrée, Bondée,
Dégelée, Aubade.
Et. — Berry, frôler, battre. — Pour : frotter,
dirnin. de frotter. (Litt.)
Frôler (se) — (Lg.), v. réf. — ■ Se remuer,.
se tortiller comme qqn c[ui a des démangeai-
sons dans le dos. Cf. Défrôler.
Fromage de forme (Z. 130), s. m. — Gruyère.
— V. Formage.
Frorae (Pell., By.), s. f. — Tas de fumier.
V. Fourme, Forme.
Et. — Corr. du fr. Forme.
Froment s. m. — « Porte difTérents noms vul-
gaires : le poulard, blé poulard et aubron rouge,
froment petit-roux. L'aubron, la gouape diffère
du précédent par ses épis blanchâtres ; la gouape
sans barbe, ou gros blé sans barbe ; le pétonielle ou
froment renflé, ou blé poulard : blé à six carres.
.\ubron, goua, gouape, goise, gloise, goile, gros. —
Le mot gouape, d'après Desvaux, viendrait d'un
mut, celtique qui voudrait dire faucille, en raison de
la disposition courbe de l'épi. Blé à mailloche, blé
de miracle ou froment renflé, rameux froment de
trois mois, blé trémois, petit froment blanc, barba
ou froment barbu trémois, blé joanet, blé barbu,
froment gris à barbe, froment gris, froment breton
blanc, barbichon ou froment barbu rouge, froment
rouge ou froment sans barbe gros grains, blé de
î-iint-Laud, de Saint-Nazaire ou froment sans
barbe, blé sans barbe, froment trique, froment
raque ou raze, petit froment grillé, petit rouge,
petit breton sans barbe, froment rouge, blé tri-
quet, rouge ou froment d'Alsace sans barbe, fro-
ment renflé ou gouape, blé souris, blé à mailloche
cultivé à Saint-Florent, le trémois, cultivé à Beau-
préau, et le talaver, cultivé à Saumur, Beau-
préau, Segré. (Mémoire de Desvaxjx. Soc. industr.-
t. V, p. 117, n° 4.) MÉNiÈRE. V. F. Lore, iv, pour
compléter ou rectifier.
Fromentui, s. m. — ■ Vulg. Avena elatior
ayant du rapport avec le froment. (Méx.,
Bat.)
Fromentoaii (Mj., By.), s. m. — Grande
graminée à épi lâche, qui croît sur les berges
de la Loire, dans les lucettes. Hauteur, 2 m.
On dit aussi : Herbe-fromenteau. — De fro-
ment.
Fromer (Mj.), v. a. — Fermer. || Entourer
d'une clôture. Pour Former, par métath. de
l'r. Cf. Fromit. — V. Fro. Note.
Fromit" (Mj., By.), s. m. — Fourmi. Par
métath. pour Formil. On dit aussi Frémi. My.
Hist. — « Dist la fromiz : or chante à mei. »
(Marie, Fables, ii, 124. — L. C.)
For, Frou. — Interversion de For, Four. — Ex. :
Fromi, frourni, fromillLère.
Fronde (Mj., Lg., By.), pron. fronque. —
s. m. — Furoncle.
Et. — Lat. furunculus, de fur, larron, ainsi dit
par une plaisanterie dont maintenant on ne peut
plus voir que vaguement le sens.
Front (à) — (Lg.), loc. adv. — S'applique
au mode d'attelage de deux bœufs qui, seuls,
traînent une charrette, une charrue.
Fronteau (Mj.), s. m. — Cloison transver-
sale dans un bateau de marinier. V. Biez.
Frontevault Pour Fontevrault.
Et. — De Fons-Ebraldi. ce qui explique la pro-
nonciation ci-dessus... Mais il faut dire Fron-
tevaux avec les peuples d'Anjou et du Poitou. . . On
y a inséré un r comme dans fronde, de funda.
Frontière (Mj.), s. f. — Sus les frontières de
Ponet, — au Diable-Vauvert.
N. — Ponet est un lieu dit sans importance situé
au bord septentrional de la boire de Champtocé, à
mi-chemin de ce bourg à Ingrandes. C'est, d'ail-
leurs maintenant un lieu très fréquenté, puisque
la grande ligne ferrée Angers-Nantes y passe.
Mais c'est le cas de le dire : Habent sua fata libelli,
— les blagues ont leurs destinées.
!| Lg. — Solive dans laquelle est encastré
un linçoir. i| Lg. - — Front d'un bœuf. Ex. :
Noute petit veau a eine lune à la frontière.
N. — - L'ancien sens de r frontière est : front de
bataille, d'une troupe, — faire frontière, — se
mettre en bataille pour combattre, se défendre, et
comme on faisait frontière particulièrement sur les
limites d'un pays, le mot a pris le sens d'Etat à
Etat. (Litt.) — 11 y avait le v. frontier, confiner.
Frote-Penil. — « Curage du ruisseau de
Frote-Penil. — (Petit Courrier du 13 octobre
1901). — Le pénil est la partie de l'abdomen
située au devant de la symphise pubienne.
Frottée (Mj., By.), s. f. — Raclée, rossée,
volée de coups. Syn. de Lâtrée, Bâchée, Bon-
dée, Roustée, Frôlée, Triffouillée, Aubade.
Frotter (.AIj., By.), v. a. — F. les oreilles à
qqn, le gifller. || Fr. du linge, — Vessanger.
Syn. de Echanger.
Frou, s. m. — Cheintre. V. Défrou.
Froiichement (Sar.), s. m. — Bruissement.
Cf. Frou -frou.
Froussard (Lg.), adj. q. — Peureux, lâche.
\ . Frousse.
Frousse (Craon, Mj., Lg., By., etc.), s. f.
— Peur, frayeur, venette. Avoir la frousse.
— Semble pouvoir être rapproché de Fris-
son. Syn. de Pou, Trac.
Frouster (Lg.), v. a. — Battre, donner une
volée de coups. Syn. de Bouster, Lâtrer, etc.
Et. — Pourrait venir d'une forme de Fruci-
tare ou P>icitare, fréquentât, du lat. Fricare.
Il serait le prototype du fr. Frotter, dont IIatzfeld
déclare l'orig. inc. — D'autre part, il est bien vrai-
semblable que le montj. Rou-iter en est une alté-
ration.
Froux, vx mot angev. — En friche.
Hist. — « Le 2 mai nOG a esté bénite la croix de
pierre donnée en l'honneur de Saint-Pierre, située
414
FRUITAGE — FURET
en l'extrémité des landes froux de cette paroisse;
(Inv. Arch., Il, E, S, 250, 1.) Syn. Gât, Vaste.
Fruitage (Mj.), s. m. — Fruits, en général.
Ex. : De ce temps chaud-là, je ne mangerais
que du fruitage. \\ Au plur. Les fruits, pris
collectivement. Ex. : Faut pas manger des
jruitages quand on a la va-vite. Rac. de Affrui-
tagé. Il By. Du frûtège.
Hist. — « De bledz, de fruitages et legumages
on n'en veit oncques tant, si les soubhaytz des
pauvres gens sont ouïs. » (Rab., P., Prognost,
IV, 588.)
— « Oranges, citrons, fruitages
« Raye sèche et merlan. «
{Noëls angev., p. 61.)
— « Et haissoit laict, cerises et pommes
« Figues, raisins et tout aultre fruytaige. «
(G.-C. Bûcher, 248, 237.)
— « Lors sçavoir est que les humains plus copieu-
sement usent de fruictages qu'en aultre saison. »
(Rab., p., ni, 13, 244.)
Fruitier (Mj.), s. m. — Arbre fruitier. Ex. :
Y a de Idéaux fruitiers dans son jardin. || By.
Frûtiers.
N. — Fruitière, même sens. Verger. « Planter
fruitière. » L. C.
Frûlon (Mj., By.), s. m. — V. Freidon.
Frusques (Mj., By., Sal.), s. f. pi. — Nippes,
habits, vêtements ; qqf. meubles ou collection
de biens meubles. S'emploie le plus souvent
dans le sens péjoratif.
Et. — Ce mot doit avoir la même rac. que
Défrure, et cette racine est probablement le mot
Froc. — Frusques est le rad. des mots fr. Frus-
quin et Saint Frusquin, dont le sens a passé, au
moyen de l'assonnance, au mot Saint Crespin.
Fuée, s. f. — Mauv. prononc. de Fouée.
Fumé (Mj., By.), part. pas. — Fig. Com-
plètement perdu ; près de mourir. Syn. de
Cuit, Foutu, Flambé, Frit.
Fumelle (Mj., By.), s. f. et adj. q. —
Femelle. || Personne du sexe fém., femme ou
fille. Corr. du mot fr. — Syn. de Pisseuse. —
Surtout en mauvaise part. || Enlever la
fumelle du chanvre, c'est l'elTumeler. (Méx.).
Hist. — « Arrivé depuis trois jours en ceste pa-
roisse, mallade. avec une fumelle sov disant sa
femme. >. (1647. — Inv. Arch., E, n,' 288, 1.) —
« Li royaumes de Franche est bien si nobles que
il ne doie mie aller à fumelle, ne par conséquence à
fil de fumelle. » (Froissart.)
Fumellier (Sp., By., Mj.), adj. q. et s. m. —
Débauché, qui aime trop les femmes, pail-
lard. Syn. de Vessier, Chenassier, Fouâilleur,
Chien, Putassier, Saillant, Marrainier.
Fumereau (Mj., By.), s. m. — Fumeron,
tison qui fume, jj Ironiquement. Grand
fiimeui'. En ce sens on dit aussi : Fumier.
Fumerie (Mj.), s. f. — Action de fumer.
Funierole i (Mj., Sp., Sal.), s. f. — Planche
qui forme un des rebords d'une charrette.
Lorsque le rebord est à claire-voie, on le
nomme Rancher, ou Echaton, Echilon.
Et. — La fumerole s'adapte à la charrette,
surtout pour transporter le fumier, d'où son nom.
Fumerole - (Mj.), s. f. — Courtilière ou
Taupe-grillon. Syn. de Jardinière, Chien de
terre. Taupe-jardinière. — Tire son nom de
ce qu'elle se plaît surtout dans les terrains
bien fumés. — Le même que le précédent,
étymologiquement.
Fumeterre. — Français, mais du masculin.
Fumeux (Mj)."s. m. — Fumeur,
Fumier (Mj.), s. m. — Ironiquement.
Grand fumeur. || Personne très méprisable,
crapule. — Au 1" sens, syn. de Fumereau.
Fumoué (Do., By.), s. m. — Tison enflammé,
fumant. Syn. de Fumereau.
Fune, s. f. — Corde. V. Fène.
Et. — Du lat. funis. — « Item, cordage, appelée
fune, pour encorder bestes à mettre en pastures,
pezera une livre et demie, et aura sin brasses. »
(C. Port., Inv., p. 332.)
Funer, Funicler, v. a. — Attacher avec une
fune. Cf. Enfener.
Funérail, s. m. — V. le suivant.
Funéraille (Lue, By., Mj., etc.), s. f. —
S'emploie au sing. et au plur. — Grande céré-
monie quelconque, aussi bien pour une noce
que pour un enterrement. On dit d'un repas
de noces que c'étaient de grandes funérailles.
V. F énér ailles.
X. — Les Anglais emploient leur mot Funeral
dans ce même sens général. .Je lisais dernièrement
dans le Strand Magazine de février 1902, n" 134,
une Nouvelle de Richard Marsh, intitulée :
Brealing the ire (La glace rompue). Une jeune fille
et son amoureux ont été faire une partie de pati-
nage : la glace s'est rompue et la demoiselle a pris
un bain froid, qu'a partagé le jeune homme en
sauvant sa belle, ainsi qu'il sied. Dans cette mate-
lote, cuisinée selon la formule, je n'ai trouvé de
piquant que le mot de la fin. L'héroïne, qui est
aussi la narratrice, raconte qu'au retour son frère
Dick leur fit un singulier compliment : « Well, old
man, you bave escaped one funeral, but you 're
booked for another, — that 's a cart ! » The opi-
nions wich brothers allow themselves to utter of
their sisters are astonishing. Fancy Dick calling me
a funeral ! « (R. 0.)
Funicler v. a. — V. Funer.
Furet 1, s. m. — Appareil placé à l'extré-
mité d'une perche et qui sert à effrayer le
poisson ; à l'extrémité se trouvent quatre
anneaux en fer qu'on agite pour chasser le
poisson, au moment où on lève le filet. (MÉx.).
Et. — Furet. Lat. pop. furittum, dimin. de fur,
le petit voleur.
Furet ^ s. m. — Jeu d'enfants.
N. — Ainsi décrit par .Jaub. « Les personnes qui
jouent au furon (Berry) sont rangées en cercle et
tiennent un cordon formant une chaîne sans fin,
passé dans un anneau qui est le furon. Les joueurs,
le faisant glisser le" long du cordon, se le passent
vivement les uns aux autres, en ayant soin de le
cacher autant que possible avec leurs mains et en
chantant les paroles suivantes :
c II court, il court, le furon,
n Le furon du bois, mesdames,
« Il court, il court, le furon,
« Il a passé par ici,
« Le furon du bois joli
« Il court, il court. . . »
FURGAILLER — FUTREAUf
415
Cependant, l'un des joueurs, placé en pénitent au
milieu du cercle, cherche à saisir le furon. S'il y
parvient, il est reçu dans le rond, et celui dans les
doigts duquel il a saisi le furon donne un gage et
prend sa place. — Quelquefois, la corde et Tanneau
sont remplacés par un simple morceau de bois, ou
un mouchoir roulé, etc.
Furgâiller (Lg.), v. n. — Remuer la braise
dans un four ou dans un foyer. Syn. de Fer-
gâiller. || Par extension, — chercher partout
en bouleversant les objets. — Syn. de Fou-
geâiller, Fouineter, Rafouiner, Chaffourrer. \\
Froufrouter. Syn. de Ferler, Ferdasser, Guer-
gnoler.
Et. — Furger, même sens. — Furgon : « Un
baston appelle /wr^o» de four. « L. C.
Furieux (By., etc.), adj. q. — • Gros, bien
venu, solide. « Ah ! il est furieux (feurieux)
son petit gars, et point délicat, mais diverse
(BL). — V. Férieux. N. Furieusement sert de
superlatif. — Voir, pour la discussion de cet
emploi, le mot infiniment, dans Littbé. —
— Enfeurieusir, devenir gros. « Comme il
enfeurieusit ! « — || Un homme très furieux,
— très gras (Craon). — || By. Forieux ou
foérieux.
Fusée II Sp. — Fig. Vomissement d'ivrogne.
Et. — Lat. Fundere, fusum, fusus ; lat. pop.
Fusata.
Fuselier, s. m. (Mj.). — Planchette percée,
placée à demeure dans la cheminée sur
laquelle la fileuse fiche ses fusées pour les
faire sécher.
Et. — Dér. du vx fr. Fusel ; fr. mod. Fuseau.
Fusil (Mj.), s. m. — Pour exprimer l'incré-
dulité ou signifier un refus, on répond ironi-
quement : Oui, mon fusil ! V. Sabot. \\ Pierre
à fusil, silex, jj N. On dit de certains vins,
poussés sur les grès et sujets à jaunir, qu'ils
ont le goût de pierre à fusil. \\ Estomac,
ventre. By. Ex. : Je n'ai ren dans le fusil. V.
Cornet, sifflet. Coco, Fanal. Etre à jeun. ||
Pierre à aiguiser, jj Changer son fusil d'épaule,
— changer de parti, changer sa ligne de con-
duite.
Fusotier (Gn.), s. m. — Le fusotier, l'arti-
ficier.
Fusseguéné (Tlm.). — S'emploie dans la
loc. : En fusseguéné, — en colère. Syn. de
Foucade. Doubl. de Fousquenette.Y. V-ezon.
Fût, s. m. Il Sp. — Bois sur lequel sont
fixées les dents d'un râteau. || Lpos. — Poutre
qui formait le levier principal de l'ancien
pressoir à casse-cou.
Et. — Fustaille signifiait autrefois : tout ce qui
est de bois... « Quiconnue veut être esctieiliers à
Paris, c'est à savoir venderes de auges, fourches,
pelés, beesches, pesteuz et toute autre fiistaille,
estre le puet fran(;hement. )>{Livredes M(^ticrs, 112.)
Fut. — Du verbe Etre. Très usité dans la
locut. : Un temps /;//, — Autrefois. — Bv., Mj.
— Fû.
Futé (BL), adj. q. — Flétri. Cf. Ratéroui,
Rouète ou Rouèire. \\ Mj. — Défiant. || By.
Dégoûté de. Syn. Ratatouille.
Et. — « Futé, en Norm., se dit d'un corps poli,
terni par un souffle, par une fumée : les carreaux
sont futés, on ne saurait voir à travers. » — A
Dives (Calvados), rassasié : « -Je n'ai jamais été
futé d'huîtres. » — Le sens propre de futé est :
battu, du v. fuster, qui, très employé, signifiait :
battre, placer à l'affût, fouiller, piller. — De :
battu, il a passé au sens de : rebattu, las, fatigué,
ennuyé ; enfin, de : rebattu, il en est venu à signi-
fier : qui a de l'expérience, habile, rusé. On a qqch.
de semblable dans les acceptions de : roué. (Litt.)
— Fustetz : Dans L. C. :
« As oi com Girars contre toi gronce et parle !
« Tu es li plus fustetz, li plus déshonorez,
« Se celz or vilz Bourgoins n'est par toi acorez. «
— Fût, bois coupé, arbre...!" Futaie; 2° Fu-
taille ; 3° Fuster, fustiger ; se dit en vénerie de
l'oiseau qui s'échappe des bois, c.-à-d. de la trappe ;
de là l'expression : futé, fin, rusé ; 4" Affûter,
affût ; .5° Futier, anciennement Charpentier, etc.
(ScHELER.) — Ennuyé, — d'une personne ou d'une
chose. Ex. : J'avons tant mangé d'naviots qu'j'en
sommes futés.
Futeau (Lg.), s. m. — Se dit dans : Chêne
de futeau, — chêne à haut vent, marmenteau.
Du fr. Futaie. — Lat. fustis.
Fûter, V. a. (Sal., By., etc.). — Donner au
vin le goût de fût. || Fig. Rendre défiant. V.
Futé. N. Le fr. emploie le part. pas. de ce
verbe soi-disant comme adj. dans un sens
très voisin de celui-ci. Cf. Tangl. Fusty.
Fûtreau-(Fustreau) (Mj., Sal.), s. m. —
Petit bateau des riverains de la Loire, aux
extrémités trapézoïdales et relevées. — Aussi:
Futereau. \\ By. — C'est une grande galiotte
à deux levées ; il se manœuvre avec une ou
deux gâches munies d'une palle de gâche et
avec le gournâs, muni de son taugourt ou
manche.
Hist. — ...Un jeune gars des 4ireaux, éner-
gique et robuste, qui manie son futreau avec
adresse et le dirige vers les points où émerge un
naufragé. {Angev. de Paris, 18 août 1907, 1,4.)
FA. — Fuste. Long bâtiment qui va à voiles et
à rames. — B. L. Fusta, merrain, et aussi fuste, ou
fût, boi':. (LiTT.) — MÉNAGE l'explique ainsi : De
fusta, dit pour : fustis, qui signifie toute sorte de
bois. De fusta, nous avons fait fuste, pour une
espèce de vaisseau de mer de bas bord à rames. De
fusta, on a dit (? !) fustarus, et ensuite fustarellus,
dont nous avons fait fustereau, mot angevin, qui
signifie un bateau. — Hist. : Le passeur « dirige à
la godille ou à la perche le futreau des piétons. »
{Anj. Hist., 2« an., n» 3, 579, 26.) — N. Le futreau
de Mj., muni d'une pôtre, ne saurait se mener qu'à
la perche (bourde) ou à la rame (gâche). On ne
godille (ficte) qu'en bachot. Le futreau des Varan-
nas se mène au f;ournâ. (R. 0.) — Navires, galleres,
galbons, brigantins, fustes et aultres vaisseaux de
son arsenac de Thalasse. » (Rab., P., m, 334, 52.)
— Le suppliant et icelui toutefoy entrèrent en-
semble en certain vaisseau ou fustereau. » (1 459.) —
Fusterie. Chantier de bois. (L. C.)
— « Ces jours passez en certain navigage
« Les chevahers hardiz, francs et robustes
« Ont envesty de rame et de courage
« Sans perdre un seul de leurs gens quatre
{fustes. »
(G.-C. Bûcher, 280.)
— a Croy qu'il v a tant de fustes sur mer.
\fd., 280.)
416
FUTROLÊE - GABOTAGE
N. — Notre mot fûtreau étant le dimin. de ce
mot fuste, il faudrait l'écrire Fustereau, Fûtereau.
Fûtrolée (Mj., By.), s. f. — Ce que peut
contenir ou porter uu fûtreau. — Pour
Fûtrelée, dér. rég. de Fûtreau. Cf. Tomberolée.
Fuyard (Mj.), adj. q. — Farouche, sauvage.
Ex. : La fumelle n'est pas fuyarde.
Et. — Du mot Fuie, colombier, de fugia, dit par
métaplasme pour : fugium, refugium. La Fuie est le
refuge des pigeons, ou, comme parlaient les an-
ciens, le refui. Les pigeons fuiards, les pigeons de
fuie, à la différence des pigeons domestiques. —
« Ça, que l'on se depesche, garçon, au vin. au poula-
lier, au crochet, à la fuye, serviettes blanches. »
(Moy. de parv., p. 32.3.)
o
OBSERVATIONS
Pbokonciation. — Souvent muet à la fin des
mots. Se prononce qqf. comme c ; joug, joue. —
Gu, son dur, de Gh ; Guerlage, Gherlage.
ERMUTATioN. — Remplace :
b. 0. — Le g dur remplace qqf. le b et le v, deux
lettres qui elles-mêmes se permutent aisément.
" ne faut pas trop s'étonner si nous faisons
Oariau, Garreau et Barré de Varius, et Garaud de
Varus, de même que Guêpe vient de Vespa.
c. — Dans : Ganif, DiffiguUé, Segond, Segret,
Segrétaire.
ch. — Déniger, p. Dénicher.
d. — Giries, p. Diries ; Guiette, Diète.
g. doux, ou le son j. — Garbe, pour Gearbe,
gerbe.
h. — Giquet, p. Hiquet, Hoquet ; Gouspiller.
n. — Gnaiae, p. niaise ; Ginau, Gnièce.
". — Fatigue, pour Fatigue. (Ici q remplace g).
(V. Germanique. — Guinche , de winden ;
Guindas, pour Vindas, de winden.
z. — Bigearre, p. Bizarre.
Addition. — Par prosthèse : Gingin, p. Engin ;
Giron, p. Arum ; Gniau, pour Niau. Par épenthèse :
Pégnier, p. Panier.
Caractérise le subjonctif : Que je veinge (vienne) ;
que je sége (sois).
Sert d'aspiration : Gourgueille, de Orgueillir.
Retranchement. — Par aphérèse. Biarre, pour
Bigarre.
Notes particulières, à leur place. — Ghi ; Gl ;
Gn ; Gre ; Guer ; Gui.
Gabârage (Mj.), s. m. — Action de gabârer.
Il Toue de gabârage, — gabare, petit bateau
servant à décharger et à charger les grands.
V. Gabârer. \\ Fig. — Course, tracas. — Ex. :
Ils en ont fait d'ein gabârage par le jardin
pour repêcher ceté poule-là !
Et. — Inconn. — On lit Gabarotus (1399). —
« Ung autre gabarrier... lequel amarra sa gabarre
joignant celle du suppliant. » (1478. D. C.)
Gabâreau-rot (Mj.), s. m. — Grande toue
de gabârage. ^'. Gabârer.
Gabârer (Mj.), v. a. et n. — Conduire un
bateau en marinier inexpérimenté. || Fig. —
Pourchasser. Ex. : Gabâre donc les poules qui
sont dans le jardin. (Fu.), id. — J'te l'ai
gabârré, fallait vouerre ! || Syn. Pergaler. \\
Transporter à petite distance, au moyen de
toues de gabârage. Ex. : Ils gabârentla chaux.
Il v. n. — Faire des voyages fréquents, aller et
venir. || Tourner de côté et d'autre, en parlant
du vent. Ex. : Le vent ne fait que de gabârer
enhuit. || Fig. — Délirer. Se débattre dans le
cauchemar ou dans la fièvre. Syn. de Batailler.
|l Q., Ag. — Marcher en zigzags, d'un côté
de la route sur l'autre. Cf. Bourneyer ; —
rappelle la manœuvre d'une gabare en des-
cendant le courant. — V. F.-Lore. Phrases,
VIII, 67. Il Fu. — Errer, courir, ne rien faire.
Gabârier (Mj., By.), s. m. — Marinier qui
conduit une toue de gabârage. || Tuffeaux
d'une certaine dimension, ainsi nommés
parce qu'on les transportait par gabares. V.
Barreaudes, Gabârage,
Gabegie-gis (Mj., By.), s. m. ou f. — DifTi
culte, malentendu, brouille, bisbille. Syn. de
Chahail. \\ Manœuvre louche, frauduleuse ;
machination, manigance. Ex. : Y a du
gabegie là-dedans. — Quelle gabegie ! — fu-
misterie, tromperie, escroquerie. V. Galbazou.
Et. — Paraît tenir au v. Gaber. Du scand.
gabb, raillerie, qui a p.-ê. un rapport avec le rad.
gav, du lat. gaudere, se réjouir. (Litt.) — P.-ê.
apparenté à Grabuge. Vx fr. Gabuser, tromper.
(Daem.) — Gab, raillerie, plaisanterie ; moquerie |;
tromperie, fausseté. (L. C.) — A rapprocher du
provenç. Galéjade. — « En provenç., un coq est,
comme vous savez, un gai, et un petit coq un gale.
Et galéja, dans l'esprit où ce mot est employé ici,
donne bien, en effet, l'impression de celui qui fait,
à une personne, des manières de petit coq. — Lors-
qu'on dit d un jeune homme : que galéja une jeune
fille, cela veut dire qu'il lui conte fleurette, qu'il
joue, auprès d'elle, le rôle de coq sautillant autour
de sa poule. D'une façon générale, son syn. en fr.
n'est-il pas : « plaisanterie inoffensive >? — En tout
cas, les galéjades sont, ici, quelque chose de léger,
de riant et d'aimable. N'est-ce pas bien méridio-
nal, avant d'être français? » {Annales pol. et lit.,
n-î 1120, Dim. 11 déc. 1904.)
N. — Est toujours masc. à Mj., Gabegis. — Le
rapprochement avec Galéjade me paraît forcé.
La galéjade est la plaisanterie, la fanfaronade
inoffensive et sans conséquence. — Le gabegis est
la machination louche et même, et surtout, la chi-
cane, la brouille, le grabuge. C'est de ce dernier mot
autrefois garbuge, qu'il convient de le dériver. (R.O.)
Gabionner (se) — (Bg.), v. réf. — Se bien
couvrir.
Et. — Gabion ; proprement ; grand panier,
grande cage, de Gabbia, cage. — Rac Gab. saisir,
prendre. — « Ils avaient en partie (par la vertu des
femmes qui se gabionnoient de corps morts) repoussé
l'ennemi. » (D'Acb., H, i, 50.)
Gaborias (Cho), s. m. — Mêlé-cassis.
Gabotagc (Mj.), s. m. — Transports flu-
viaux à courte distance. — Ne s'emploie
qu'au sing.
GABOTER — GADILLOUX
417
Et. — C'est le fr. Cabotage, pris dans un sens
voisin. Cf. Gamion, Ganif. — De Cabo, forme
espagn. du mot Cap. — Proprement : aller de cap
en cap.
«aboter (Mj.), v. a. — Transporter par
bateau à petite distance. Ex. : Il gabote la
chaux. V. Cabotage.
Oabrl (Lg.), s. m. — Dimin. de Gabriel, ou
(By.) Gabrielle et Bériaud (Boériô) Gabriel,
masc.
Gâche 1 (Ec, Mj., By.), s. f. — Rame
manœuvrée sur le côté du fûtreau. — Ex. :
Passe donc le taugourt de gâche dans Vétrou.
Et. — Aha. waskan, laver ; waschen • angl. to
wash. Le sens propre est : Instrument à battre
l'eau. « Jehan, qui estoit à un port de la rivière de
Loire, print un aviron nommé gaiche. » (D. C. —
Gachum.) Cité par Littré. — « Guasche sera dit
l'aviron, parce que ceux qui voguent es vaisseaux
de rame battent et froissent l'eau avec les rames ;
et guascher, pour brouiller parmy l'eau : comme on
dit Guascher du plâtre. « (Ménage.) — « Le sup-
pliant et icellui Toutefoy entrèrent ensemble en un
certain vaisseau ou fustereau... ayant une
gasche. . . pour aider à menir ledit fustereau. »
(1459. — L. C.) — « Guaische, gaische, guasche,
gâche, gace, wace, — gâche ; instrument à battre
l'eau, battoir ; aviron, rame, godille ; bourbier,
gâchis ; tas d'ordures ; flaque d'eau, marécage,
marais. — Et. Subst. verb. de Guaschier. Germ.
waskan, laver. (D"' A. Bos.)
Il Tlm. — C'est dans ce dernier sens qu'il
s'emploie dans la loc. « Laisser le cul dans la
gâche, — c.-à-d. laisser dans une situation
critique et embarrassée. Correspond à la loc.
vulg. : Laisser dans la panade, dans la purée.
Il Lg. — Attraper la gâche. Syn. de Gâcher.
Il By. — La gâche est une rame composée de
deux parties, le manche, ou taugourt, et la
pelle (palle), lame mince de chêne fendu
(merrain de chêne, de forme pentagonale, à
deux côtés parallèles et clouée par son angle
aigu sur le bout du manche. N. La rame pro-
prement dite est d'un seul morceau.
Gâche ^ (Lg., Sp.), s. f. — Galette, gâteau.
Et. — Du V. fr. gâcher, qui signifie : délayer,
pétrir.
Gâche ^ (Li., Br.), adj. q. — Frais. « Je
veux du pain ben gâche, — bien frais.
Gâche- mâtre (r muet) — (Sp.), s. f. —
Sorte de galette, appelée à Auverse : Fouée, et
à Mj. Galette à la fouée.
Et. — De Gâche ^ et de l'adj. pat. maire ; parce
qu'en effet, cette sorte de galette est molle et
flasque. — Orain donne à Gâche le sens de : pain
mal cuit, plat, mou.
Gâcher (Sp., Lg.), v. n. — Etre surpris par
la pluie au moment où l'on bat le blé dans
l'aire. A Mj. on dit dans le même sens :
Attraper la galette. Ainsi, à Mj. et à Sp., la
même déconvenue est exprimée par la même
métaphore, bien qu'avec des mots diiîérents.
Il By. — Manœuvrer la gâche, ou les deux
gâches. Manœuvrer le gourneau (gournâs)
comme une longue rame se dit : gourner ; le
manœuvrer comme gouvernail se dit : tenir
au droit (au dré), à l'aide de deux mouve-
ments qu'on désigne par : se serrer et se
que Hier.
ISâchette (Lg.), s. f. — Petite trappe qui
ferme un tape-cul. C'est le mot fr. en un sens
spécial.
Gade, s. f. — Jeu d'enfants (Ag.).
N. — On commence par rabuter, pour savoir
qui sera dessous, en lançant un palet ou une pierre
vers le but, la gade, sorte de quille placée dans un
rond de 0, 50 c. de diam. — Celui dont le palet
est le plus éloigné de la gade se place aun-'^s d^ celle-
ci, prêt à la relever quand elle sera abattue. Avant
que le jeu commence, il faut qu'il ait touché du
pied son palet. Il s'agit, pour les autres joueurs,
d'abattre la gade, puis de revenir avec son palet vers
la.sawf'esans être pris. Celui qui est dessous, lorsque
la gade a été abattue, doit d'abord la relever et la
faire tenir debout, puis courir après l'un des
joueurs, qu'il doit toucher avant qu'il arrive à la
sauve. Si. pendant qu'il le poursuit, la gade tombe,
soit qu'elle ait été mal placée, soit abattue par
un joueur, il doit revenir la relever. Pendant ce
temps-là, les autres joueurs cherchent, évidemment,
à l'abattre. Si, en jouant, on touche de son palet le
palet d'un autre joueur, les deux joueurs sont
délivrés et peuvent revenir à la sauve sans être
poursuivis. Celui qui est pris prend la place du
perdant. — V. Galette. — Faut-il rapprocher ce
mot du vx fr. Gadel, s. m., chèvre, chevreau?
N. Probablement le même que Got, Gau, par ext.
de sens. V. à Galette..
Gadille (gaguille) — (Li., Br., SI. Mj., By.), s.
f. : 1° Rouge-gorge, petit oiseau des haies.
Syn. de Vache. \\ 2° Roupie, goutte de mucus
nasal. vSyn. de Reusse. = L'oiseau est la Mota-
cilla rubecula. V. Gadrille, Vachette, Bedue,
Gorge-rouge, Russe. \\ Br. Bergeronnette, =
Il (Do.), Berrichon, Bourichon, roitelet. || Lue.
— Petit oiseau tel que : Rouge-gorge, mou-
che!;, roitelet, troglodyte.
?\. — « Fauvette rouge-gorge. Cette fauvette,
la plus répandue de toutes et la seule qui soit
sédentaire en Anjou, est presque méprisée dans
toutes les contrées qu'elle habite. Le nom popu-
laire qui lui est donné dans plusieurs campagnes
vient ajouter encore au ridicule attaché à sa triste
existence. On l'appelle gadille. Cette dénomination,
cependant, comme le nom commun et le nom scien-
tifique du rouge-gorge, est fondée sur le plastron
rouge qui couvre sa poitrine, en remontant jusqu'à
la gorge. En effet, d'après Ménage, gadille dérive
de rubiadilla, rubjadilla, jadilla, gadilla ; dès lors
la racine, dont la terminaison seule aurait pré-
valu, serait : ruhia, « rouge », ce qui expliquerait
pourquoi gadille est syn. de « roupie. » Belon dit
qu'on appelle le rouge-gorge la roupie ou la
gadille, parce qu'on voit cet oiseau venir aux
villes et aux villages lorsque les « roupies » pendent
au nez des personnes ; ce qui signifierait que ces
oiseaux voltigent même pendant les plus grands
froids, qui font rougir le nez des villageois. » (Abbé
ViNCELOT, p. 202.)
Hist. :
« Philomele en avril ses plaintes y jargonne ;
« L'arondelle l'esté, le ramier en automne ;
« Le pinson en tout temps, la gadille en hyver. »
Ronsard, 297.
Gadilloux (By.), adj. q. — Qui a la gadille,
la roupie, la morve au nez.
27
418
GADOLAINE — GALANDAGE
• Cadolaine (Mj., hg.), s. f. — Hallebreda,
grande fille mal bâtie, pei'che. On dit tou-
jours : grande gadolaine. j| Molle, sans éner-
gie. Il — Faut-il rapprocher ce mot de Gade ?
— de Gondolée?
Gadoues (Mj., By.), s. f. pi. — Lieux d'ai-
sances. Il Sal. — Eau sale et boueuse.
Et. — « Gadoue ; prostituée, entremetteuse. En
B. L., Gadalis a eu le même sens. « Similiter de
gadalibus et meretricibus volumus ut apud
queraque inventée fuerint, ab ils portantur ad
mercatum, ubi flagellandœ sunt. » — En bas-bret.,
Gadal, entremetteuse. La véritable origine de ce
mot, applique aux femmes de mauvaise vie de la
plus basse condition, paraît être le wallon Gadau,
jus de fumier, et le vx fr. Gadoue, matière fécale,
qui avait encore ce sens au xvn,= s. — PacHELET
définit Gadoue, ordures et excréments qu'on tire
des lieux. Gadoûard, vidangeur. {Dict. fr. Edit.
de 1680.) — Mercier l'a employé dans le même
sens. Tableau de Paris. (Eveillé.)
Gadouiller, v. a. — Agiter l'eau avec une
rame (Méx.).
Gadrale (Z. 136, Q.), s. f. — Mauvaise
chaussure.
Gadras (Mj., By.), s. m. — Grand parleur,
bavard. S'emploie surtout dans la loc. : Gou-
1er comme ein gadras. Mot vieilli. — Serait-ce
le nom de qq. oiseau sauvage? A rapprocher
de l'angl. Gander, jars.
Gadrille (Sa.), s. f. — Rouge-gorge. Syn.
de Gadille, Vache, Reiisse, Russe, c'est le mot
Mj. Gadille, avec épenthèse d'un r, comme
dans Jardrin, Sardrine.
Gadrilloux (Tlm.), adj. q. — Boueux, en
pari, d'un chemin. Le même que le mtj.
Godilloux, avec épenthèse, d'un r. Cf. Jar-
drin, etc.
Et. — Pour : gaudrilloux, de Gaudrer.
Gadroilloux (Lg.), adj. q. — Pluvieux.
Syn. de Mouillé, Mouillasseux, Mouillassoux,
Gassoilloux, Gadrilloux, Godilloux. Cf. Gau-
droux ; Jatjb., Suppl. — Pour Gaudrilloux,
dér. de Gaudrer.
Gadron (Do.), s. m. — Mauvaise chandelle
de résine. V. Rousillarde, Oribus, Esprit.
Gafïe (By.), s. f. — V. Bourde.
Gageas (Mj.), s. m. — Gageure. Ne s'em-
ploie que dans la loc. adv. En gageas, — à
l'envi, par gageure.
Et. — Deux étym. probables. La l'« latine ; vas,
vadis, répondant, caution, garant ; 2» germ., goth.
vadi ; aha. wetti ; frison, ved, gage, caution, pro-
messe. 11 est probable que les deux étyraol. ont
concouru pour former le mot roman. (Litt.)
Gagerie (Lg., By.), s. f. — Foire où se
gagent les domestiques. Syn. de Louerie.
C'est le mot fr. dans un sens spécial. || Louage
des domestiques. Ex. : Eine foire de gagerie.
Gagne (Ag., By.), s. f. — Dans la loc.
Avoir la gagne (pron. : gangne), — avoir le
dernier mot, l'emporter. « T'en auras pas
la gagne ; on n'peut pas 'n n'avoir la gagne de
ce failli gas-là !
Et. — Curieuse. — Gagner, de l'aha. weidan-
jan, faire paître ; weida, pâturage, sens qui figure
dans Gangnage. Du sens rural de paître, la langue
d'oïl a passé au sens rural de : labourer : puis le
profit fait par la culture a désigné toutes sortes de
profits, le gagner, ce qui est le seul sens resté
aujourd'hui en usage. — Au xvf s., gaigner. —
« Le subst. Gain témoigne de la vie agricole de nos
ancêtres. Gagner (gaaignier), c'était : faire paJtre ;
un gagnage, c'était un pâturage : le gaigneur était
le cultivateur : le gain (gain) était la récolte. Il en
est demeuré un témoin qui ii'a pas varié : c'est le
regain. Quant au simple ga n, à mesure que la vie
s'est compliquée, il a étendu sa signification ■ il a
désigné le produit obtenu par toute espèce de
travail, et même celui qui est acquis sans travail. »
(Michel BrÉal, Essai de Sémantique, p. 129.)
Gagner son avoine. — Se dit d'un cheval
qui se roule dans les champs. || By. — Gan-
gner. V. Gagne.
Gaguenette (Mj.), s. f. — Canal pour
l'écoulement des eaux.
Et. — De l'ail. Gange, issue? — Peu probable.
Se rapproche du fr. Goguenot.
Gaigner Pour Gagner.
Hist. — « En dehors des gens qui vont et qui
viennent en tout temps dans Tîle pour travailler
et gaigner, il en vient d'autres au beau temps. . . »
(Anj. Hist., 2"' an., p. .579. — L'Ile Saint-Aubin.
M. l'abbé Houdeelse.)
Gailleret (Fu, Zig. 196), s. m. — Nom de
bœuf. Dim. du fr. Gaillard.
Gaillert (Lms, Zig. 196). V. Gailleret.
Gailloêber (Sp.), v. n. — Syn. de Galocher.
y. Galoche.
Gailloches (Sp.), s. f. — Ne s'emploie qu'au
plur. Neige qui s'attache sous la semelle des
chaussu.'es. Syn. de Galochée. V. E galoche.
Et. — Corr. du fr. Galoche.
Gain (Li., Br.), s. m. — Du gain, c'est du
gland ; par suite de la prononc. de gl mouillé.
Il Lg. — Regain, herbe qui repousse dans un
pré après la fauchaison.
Et. — Regain, pour : regain, regaïm, subst. verb.
de l'anc. v. regaïner, repousser. De re -|- waim. Ce
dernier mot paraît correspondre au lat. vulg.
vuadimen, où se trouve le rad. germ. de : gagner.
V. Gagne.
Gaine (Sal.), s. f. — Rosée dans l'iierbe. Se
gainer, se mouiller de gaine. Y. Guène.
Gain-gain (Mj.), s. m. — Raisin, mot enfan-
tin.
Et. — C'est le fr. Grain, débarrassé de l'r. dont
l'articulation est trop dure pour les petits enfants,
et répété. — Ou tout .simplement la dernière syll.
de Raisin, modifiée. len, ien.
Galandage (Tlm.), s. m. — Action de cour-
tiser une jeune fille, galanterie. — Dér. de
Galander.
Qal. — Syll. préfixe d'origine celtiq., donnant à
presque tous les mots auxquels elle est associée une
signification injurieuse et dépréciante. V. Bar et
Ber.
GALANDER — GALEAU-LOT
419
Et. — Vx fr. Gale, d'où l'a. v. Galer, se réjouir,
faire la noce, mener du train. — Orig. vha. Geil:
luxurians, libidinosus. Le sens foncier est donc ,
plaisir, joie. Dans tous les mots de cette famille se
dessine le culte de la femme dans ce qu'il a de noble
et d'élevé, aussi bien que dans ce qu'il présente
de sensuel. (Voyez à ce sujet le Dici. phil. de
Voltaire, au mot Galant.) Toutes ces acceptions
se rapportent, en dernier ressort, aux relations de
l'homme avec la femme. » (Scheler.)
Cialander (Mj.), v. a. — Courtiser, galan-
tiser. Ex. : C'est eine marraine qui aime beii
se faire galnnder.
Galants (Eu.). — Faire venir les galants.
Se dit d'une fille bonne ménagère qui fait
ronfler le fuseau, ce qui indique qu'elle est
active et digne d'être recherchée en mariage.
Il Sal. — On se fait craquer les articulations
des doigts pour compter ses galants.
Galapias (Mj., By., Sal.), s. m. — Batteur
d'estrade, vagabond, chemineau, trimar-
deur. Ne se dit qu'en mauvaise part. Syn. de
Calureaux, Hâlots, etc.
Et. — Pour Galopias, du fr. Galoper, avec le sens
primitif de vagabonder, rôder. — P.-ê. forme péjor.
de Galopin.
Oalarne (Partout), s. f. — Le Nord. Ex. :
1 fait du grand vent de galarne. || Mj. Avoir un
eil de bise et l'autre de galarne, — bigler,
loucher. V. Pertoire. \\ La Galarne. — Tout
le pays au N. de la Loire. On dit proverbiale-
ment d'un dépensier : « I mangerait ben
Galarne et tout ce qui en reveint. » !| Sp. —
Galarne L'Ouest. || By. — La Galarne, vallée
de la Mayenne et de l'Oudon. Vers le N. C'est
le Pays-haut (pai-guî haut, vallée de la
Sarthe). — La vallée de la Loire est le Pays-bas.
V. Enie.
N. — Ainsi, on appelle, à Sp., Galarne ce qui, à
Mj., s'appelle Le Bas : et le point cardinal, appelé,
à Mj., Galarne, s'appelle, à Sp., le Haut.
Et. — C'est le fr. Galerne, qui désigne le vent du
nord-ouest. V. Bise. — Bas-bret. Gwalarn ; Gai,
vent.
Hist. — « Le vent de Galerne, dist Panurge,
avoit donc lanterné leur mère. » (Rab., P., iv, 9.)
« Hz ne se contentent de santé, d'abondant ilz
souhaitent gaing, voire les escuz de Gadaigne.
(Rab.. p., IV, Prol. 355.)
N. — Ceci nous donne l'explication de la locu-
tion curieuse : Il mangerait ben galarne et tout ce
qui en reveint. Evidemment, Galarne a été pris
par confusion pour Gadaigne, personnification du
gain, de la richesse, — lat. Guadagnare. (R. O.)
François de Gadagne, financier du temps, prêta
de l'argent à François pr, prisonnier. (A. V.)
«alarne (Mj.), adj. q. — Qui vient du Nord.
Se dit du vent. Cf. Bas-Galarne, Soulère, Bise.
Il By. — Galarne, prononciation de Galerne,
côté N. O., d'où : le vent va se galarner, pour :
se galerner.
Oalarnois (Mj.), s. m.
au Nord de la Loire.
Habitant du pays
N. — Ce n'est jamais sans une pointe d'ironie
qu'un Montjeannais pur sang parle des Gnlarnois.
(Je tiens de M. Bompois, instituteur à Tiercé et
natif de Gennes, que, dans cette dernière localité,
le même sentiment existe vis-à-vis des voisins de la
rive droite.) Use moqueravolontiers de leur langage,
de leur costume, de leurs usages, ce qu'il ne fera
guère pour les habitants de la rive gauche, même
pour ceux qui habitent loin dans l'intérieur des
terres. Ceux-ci seront pour lui des chouans, comme
il est pour eux un pataud. Mais l'antipathie des
riverains des deux bords de la Loire est plus pro-
fonde, date de plus loin et est d'ailleurs générale
dans notre département. Elle ne tient pas simple-
ment a des dissentiments politiques : elle provient
d'une rivalité de races et de pays. L'habitant de la
rive gauche a plus de sang celtique et romain ; c'est
un homme de langue d'oc, par les affinités, tout
au moins.
L'habitant de la rive droite est un français de
langue d'oil, de sang germain et normand. Celui-ci
a été l'envahisseur, le conquérant ; et, si le vaincu,
l'homme de la rive gauche, ignore aujourd'hui que
la Loire a formé jadis les Marches de l'Aquitaine et
de la Neustrie, il a malgré tout conservé, sinon le
ressouvenir, au moins le ressentiment vivace,
instinctif et, pour ainsi dire, inné des luttes, des
pillages et des cruautés de jadis. Du reste, cette
antipathie tend tous les jours à s'effacer et, bien-
tôt, il n'en demeurera plus de traces. — V. Mar-
peau. (R. O.)
ttalas (Mj., By.), s. m. Bombance. C'est le
fr. Gala, mais qui s'emploie isolément et abso-
lument dans le sens indiqué, le seul que notre
patois lui attribue.
Et. — V. Galandage.
Cialatas (Mj., By.), s. m. — Galetas, grenier
perdu. Se rapproche le plus du mot Galata,
d'où il vient.
Et. — Galathas a été le nom donné à une tour
de Constantinople ; puis le nom d'un apparte-
ment dans la maison des Templiers, etc. — Com-
ment en est-il venu à signifier une chambre sous
les combles? (Littbé.) — Au xiv« s., le haut de
tout édifice important.
Oalau (Cho.), s. m. — Œuf (ou noix?) —
Doublet de Caleau, Calot.
Hist — « Même qu'une fois on avait jeté sur la
tête de la mère Fanchette un vieux galau qu'elle
nous avait donné. » — N. H s'agit d'une niche de
choraux quêtant les œufs de Pâques. (La V. catho-
liq., 31 mars 1907, 1, 6.)
Oalbazou (Do.), s. m. — Brouille. —
Inconnu à Mj. — Mais nous. voici revenus à
Garbuge, Grabuge et Gabegis, qui est synon.
Galçon (By., Zig. 189), s. m. — Caleçon. Cf-
Ganif, Ganiion.
Cale (Mj., By.), s. f. — Squame, eschare,
croûte, exfolialion épidermique du genre de
celles que produit la gale, quelle, d'ailleurs,
qu'en soit la cause, jj Méchant comme la
gale, — très méchant. || Mauvaise gale, —
personne méchante, harpie. Syn. de Chipie.
Et. — LiTTRÉ en propose cinq et penche pour la
5« : Galla, galle des arbres, maladie des végétaux
qu'on a transportée aux hommes et aux ani-
maux.
Galé, ée (Mj.), part. pas. — Squameux,
recouvert de croûtes, en pari, d'une plaie.
Galeau-lot (Lg.), s. m. — Perche dont
on se sert pour porter de la paille. N. Deux
420
GALÉE — GALICHETTE
>,lileaiix portés par deux hommes forment une
!î jrte de civière. Syn. de Pau, Pot.
Et. — A p.-ê. qq. rapport avec le fr. Galée,
j)lanchette dont se servent les imprimeurs.
Cîalée (Lg.), s. f. — Quantité de paille que
l'on peut porter sur deux galots ou galeaux.
<jialège (Segr.), s. f. — N'avoir pas assez de
galège, c.-à-d. pas assez d'espace pour faire
tourner une charrette. (Mén.) — • Garage? |I
By. — Garège.
tialenée (Lg.), s. f. — Porclie d'une église,
auvent placé en avant de la grande porte,
comme il en existait partout autrefois. N.
Pron. Gainée.
Et. — Galilée, — porche d'église. « Et ils es-
gardent si com ils issoient de l'iglise ; si voient
devant la porte du mostier de fors la galilée un
perron tôt caré. » D. C. Galilœa. (Cité par L. C.) —
N. By. — Est-ce la même chose que le Balleil
Galer (se) (Mj.), v. réf. — Se couvrir de
croûtes, en parlant d'une plaie, d'une
eschare. N. Littré donne ce mot avec un sens
voisin : se gratter
Gâler (Sa.), v. n. — Se gercer, se fendiller.
Il By., id., produire des gâlures ou geales
(a bref). V. Folk-Lore. Remèd. popul. XIV.
Et. — Cf. l'angl. to Gai, écorcher, blesser, — et
le mot fr. Gale, parce que les galeux se frottent
continuellement. — Terre galée, gercée par la
chaleur.
Oalére (pron. galéere). — (Mj., By.), s. m.
— Galère. || Fig. — Petite exploitation où le
fermier travaille beaucoup pour ne rien gagner.
On dit : C'est ein petit galère. || Direction
dans le fil de la pierre qu'on approprie pour
fendre les ardoises. (Mén.)
Et. — Nom d'un bâtiment à rames et à voiles,
Parait dérivé du même rad. que Galée, même
sens. — Emprunté du B.-grec Galaïa, petit navire
— « Elle n'a (la galée) qu'une rangée de 25 à
32 rames par bande ou bord. ■ (L. C.)
Oalerne (Li., Br.), s. f. — \'ent d'ouest.
Etre sous la galerne. — Cf. Galarne, Erne. \\
Lue. Vent du Nord. || Th. — Quand le vent
est à l'Est, on dit qu'il est dans la galerne. —
N. La direction varie donc suivant les
régions. || Haute et Basse Galerne, — Sud-
Ouest, Nord-Est. (Tiercé.) || Sal. — Occident.
N.-O. — Gâs de la galarne ; le vent vient de
galarne. Vire la piautre en galarne.
Et. — Legonidec l'explique par : Gwall, mau-
vais, méchant, et Arné, orage. — Dans le Berry,
c'est le vent d'est. — Hist. : Lorsque le vent,
passant de la galerne au nord, devient dreit haut,
lorsque le froid pique... » (Anj. Hist., 2^ an.,
n° 3, 379, 3, 4.) — N. P. — Il est clair que, pour
l'auteur (M. l'abbé Houdebine), la galerne est le
N. W., tandis qu'à Mj. c'est le Nord ; mais il prend
haut, comme nous, dans le sens de E., ou au moins
N.-E. — « Avoir échappé à tant de dangers dans
la Galerne et venir se faire prendre à sa porte ! »
(Deniau. h. de la V., t. IV, p. 512.) — « On sait
où le soleil s'est levé, où le soir il se couchera, que
le nord et l'est, « pays haut », sont plus riches et
moins religieux que le sud ; le « pays bas »,
devenant poitevin a des gens d'humeur moins
alerte ; volontiers on le regarde comme légère-
ment arriéré. Reste l'ouest ; c'est la galerne d'où
viennent les bœufs maigres et les mauvais vents. »
(P. GouRDON, Le Pays des Mauges. Correspondant,
n° du 25 avril 1907.) — Région de l'Ouest, a Abu-
tant de galerne. » Désignation de bornage. (P.
EUDEL. V. Blés.)
dlalernée (Pell.), s. f. — Pluie froide. Cf.
Marée
dlalerner (se) — (Mj., Pell.), v. réf. —
Tourner au N., en pari, du vent.
Oaleter (gal'ter, ghel'ter) — (By., ) v. a. —
Battre l'air avec les bras, en proie à une suffo-
cation violente. V. Daleter, Saleter, Essaleter.
Galette (Mj., By.), s. f. — Galette à la fouée.
— galette peu épaisse, que l'on met cuire
rapidement dans un four très chaud et que
l'on mange brûlante. On en fait aussi de la
Soupe à la pie, soupe au cidre. Se servent dans
des bols. Il Fig. — Averse subite qui sur-
prend les batteurs et mouille le blé étendu
sur l'aire. On dit : Attraper la galette, —
être ainsi surpris. V. Gâcher. \\ Sp. — fig. —
Bévue, impair, lapsus. || Mj., Sp., By. —
Fig. — Individu dépourvu d'énergie physique
ou morale, poule mouillée, ganache, ij Quibus,
espèces sonnantes, argent comptant. Syn. de
Braise, Pépettes, Monacos, Poignon.
Et. — De Galet, par assimilation de forme. Vx
fr. Gai, caillou ; du celt. ; B.-br. Kalet, dur ; gaël.
Gai, caillou.
N. — Gai faisait au plur. Gaux. « Nos enfants ap-
pellent gais ou gaux deux pierres plantées et posées
en telle distance que l'on veut, dans quelque
grande place où ils jouent avec des crosses, dont ils
frappent et poussent une balle, ou autre chose ; et,
partant promptement du lieu où est leur gai,
tâchent de la pousser jusqu'à l'autre gai, ce qu'ils
peuvent faire, sans que les compagnons qui jouent
contre eux les empêchent; cela s'appelle : avoir ou
gagner le gai ; c.-à-d., gagner la partie. . . Il faut
présentement parler de l'origine du mot Gai. Il
vient de Calculus, callus, gallus, gai : calculi,
calli, galli, gaux. On a dit : dégoter, pour dire :
commencer à pousser cette balle dont il vient
d'être parlé. Et, dans notre province d'Anjou,
quand celui qui la pousse est sur le point de la
pousser, il crie aux autres joueurs : Dégot s'en va ;
et les autres joueurs lui répondent : Quand il vou-
dra : ce qui montre que ce Gaux a été aussi appelé
Got. » (Ménage.) De là Yot, Ayoter, Déyoter.
Galettier (Lg.), s. m. — Syn. de Galettoire.
N. Au Lg. on fait surtout des galettes de
farine de mil.
Galettoire (Mj., Cra., Segr., Ag.), s. f. —
Vase de fonte, large et très peu profond, sou-
tenu par trois pieds et ressemblant à un cou-
vercle de marmite renversé, dans lequel on
fait cuire les galettes de blé noir.
Galeux (Mj., By.), adj. q. — Fig. — Chiche,
pingre. Dans le même sens, le fr. emploie
Ladre. Syn. Nacre, Chiard, Râchoux.
Galibaiides (Bg.), s. f. pi. — Giboulées,
grésil. Il tombe des galibaudes.
Galichette. — « Bravo, la galichette ! »
Dans l'article La Fressure, de M. Ch. Leroux
GALIERE — GALOPE
421
Cesbrox. — Angevin de Paris. — jj Xe serait-
ce point un nom propre? J'ai connu des per-
sonnes de ce nom, à Sp. R. O.
Cialière (Bg., Pell., Sa.), s. f. — Veste,
carmagnole, blouse, souquenille. — Apportez-
moi ma galière. — Ce mot a vieilli. Syn. Bâche.
Galiet, s. m. — Contraction de Caille-lait.
— Lat. Galium ; de la famille dse Rubiacées.
Oaliinache (Sp.), s. f. — La bouche.
Et. — Dér. du préf. Gali et du fr. Mâcher, dont
le pat. fait souvent l'a bref. V. Mâcher. — Le fr.
Galimafrée paraît avoir qq. rapport avec ce mot.
Galimatias (Mj., By.), s. m. — Mélange
incohérent de toutes sortes de matières, gali-
mafrée.
Et. — Incertaine. — Préf. Gali.
Galinette (Sp.), s. f. — Xe s'emploie que
dans la loc. : Se mettre en galinelte ; — se
dévêtir presque complètement, surtout le
torse, pour se livrer à un travail pénible de
culture. Il Galignette (My.). — • Etat d'une
personne qui ne conserve que sa chemise et,
par conséquent, peu gênée.
N. — Gallinet (être en). Favke, Poitou.
Galiote (Jv., Bch., Lpc, By.), s. f. — Yole,
bachot. Il (Mj.). — Faîtage qui soutient les
panneaux du pontage d'un bateau à leur bord
supérieur. V. Hiloirc, Galère.
Hist. — En une minute ils embarquent dans la
galiote de mon beau-père. (Ang. de Paris, 18 août
1907, 1, 2.) — Une galiote a été volée dans la nuit
de samedi à dimanche à M. G. . ., pêcheur à Bou-
chemaine. {Id., 7 avril 1907, 3, 3.)
N. — La galiote à une levée force sur le bâton et
plonge. Elle a une côme et une cabane. A rarrière
la commande (c'mande), corde pour s'amarrer. —
La galiote à deux levées va dans les deux sens ;
elle est bien nageante au bâton. — Ce mot est
inconnu à Mj.
Galipettes (Sp.), s. f. — Xe s'emploie qu'au
plur. et seulement dans la loc. Virer des gali-
pettes. Sens obscène.
Hist. — «Puis c'était le Noël des Pastoureaux,
en patois poitevin, lequel commençait ainsi :
u Voisin Colas, dame o lé a thio cot
« Qu'o faut prindre en mains ses deux bots ;
« Et pis courir le trot,
« Le trot et la galipotte
« Sans soulay, ni bots, ni bottes,
« Per veure dans la grange à Guillot
« Un Dieu dans un maillot. »
(La Trad., p. 193, 1. 14.)
(Voisin Colas, dame, c'est à ce coup, Qu'il faut
prendre en mains ses deux sabots. . . etc. — Gali-
pote veut dire ici Aller au galop, du cell. Galoupa.)
Galipot (Lg., By.), s. m. — Nœud coulant
que l'on fait avec la corde ou fène autour du
mufle d'un bœuf, d'une vache, pour les main-
tenir plus facilement. Syn. de Lipol. \\ Brissac.
La tête.
Et. — Etant donné que Pot, dans notre patois
signifie : moue; on peut voir dans Galipot ce vo-
cable avec le préf. péjor. Gali ; et alors le mtj.
Lipot en serait une corrupt. Ou bien, puisque
Lipot signifie aussi Lèvre, on peut admettre que
Galipot est pour Galilipot. et i! faudrait l'écrire
Gallipot.
Galipoter (Ag., By.), v. a. — Manier, avec
une idée de dégoût.
Et. — Galipot. Térébentine impure ; mastic
particulier à la marine, composé de résine et de
matières grasses. Galipoter, c'est donc : enduire de
galipot. — Dér. de l'ail. V. Scheler à ce mot.
Galistrade (Mj., By.), s. f. — Ne s'emploie
que dans la loc. : Courre la galistrade, —
courre la pertentaine, le guilledou.
Et. — Ce mot est formé du celt. Gali, Gai,
Gwal, mauyais, et d'une rac. Strad, qui se rétrouve
dans le fr. Estrade, le pat. Estrader, l'ital. Strada,
l'angl. Street, l'ail. Strasze. Galistrade signifie
littéralement : Mauvaise voie.
Galivage (Mj.), s. m. — Littéralement :
Action d'errer. Ce mot ne s'emploie que dans
qqs loc. prov. ij Etre en galivage, — courir la
prétentaine, etc. || Envoyer au galivage,
envoyer qqn au loin pour s'en débarrasser,
envo3^er promener.
Et. — Du préfixe Gali et du lat. Vagus. Cf.
Galistrade. — ■ Jaub. Gallouage.
Gallise. vx mot ang. Probablement Calice,
mal écrit, avec adoucissement de c en g, com.
dans Gamion.
Hist. — Inventaire du mobilier de l'église de
Montjean (Montejehan). — « 1° La grande croix
et les deux gallises, le tout d'argent doré. » [Inv.
Arch., t. III, E, S, s, 445, 2, m.)
Galmasseux, se(Mj), adj. q. — Dontl'écorce
est irrégulière, rugueuse, crevassée.
Galoche, s. f. — Jeu d'enfants. — C'est le
jeu de bouchon. || Neige incrustée à la semelle
des sabots. || By. — De plus : Galoches, syn.
de Echasses. V, Egaloche.
Galochée (Mj., By.), s. f. — Xeige ou boue
qui s'est attachée aux chaussures. Syn. de
Gailloches, Galocher, Débotture, Bette, Bottée.
Et. — Probablement de Gallicae, sorte de chau-
sure gauloise. V. L. Curne et D. C., v° Galochia,
1382. (LiTT.) — Darm. préfère : Lat. pop. Galopia,
dérivé de Galopus, — podos, transcription du
grec Kalopous, — podos (Cf. calopodes solea;,
galoches, dans un scoliaste d'HoRACE). Proprement :
pied de bois. — Ne pas confondre le s. Kâlon, bois,
et l'adj. Kaloç, beau. — « Cum gallicis et lacernâ
conrurristi. » Cicér., 2% Pkilipp. (EvEiLLÉ.)
Galocher (Mj.), v. n. — Prendre de la boue
ou de la neige à ses chaussures. || Patauger
dans la boue. V. Galochée, Egaloche, Gail-
loches, Gaillocher, Engalocher, DégalocJier,
Galoche. .
Galop (Mj.). — Dans la loc. : Etre guéri du
galop, — ne plus songer à courir (au sens de :
faire la noce, la fête.)
Galope (Sp., Mj.), s. f. — S'emploie dans la
loc. adv. : A la galope, — très vite, à la hâte ;
sans soin. V. Galopée. \\ Li., Br. — Il est tou-
jours en galope, il ne reste jamais tranquille.
Il Galope-chopine (Cho., By.). Gobeloteur. ||
Galope la fripe, — gourmand, parasite, cher-
chant de bons repas. — C'est le sens primitif-
422
GALOPÉ E — GAMMER
Cialopée (Mj.), s. f. — A la galopée, — à la
hâte, sans précaution, à la dépêche-compa-
gnon. Ex. : On voit ben que ça été fait à la
galopée. Il By. — On dit : A l'égalope, à
l'égalopée, comme on dit : égaloper, pour :
galoper, pourchasser.
CSaloper (Mj.), v. n. — Courir de çà et de
là, vaguer, errer. H v. a. — Poursuivre, pour-
chasser, Ex. :
Galopez, galopez, galopez,
Galopez-moi ce moine,
Galopez-moi ce moine-là.
(Refrain connu.)
Galopias, s. m. — Pour : galopin. V. Ga-
lope. Il Lg. — Vagabond. Syn. de Vacabond,
Galapias, Galopin, Meillaud. Cf. Jaub. à
Vallaupien.
Galopin (Fu., Lg., Msm.), s. m. — Mendiant,
bohémien, vagabond, trimardeur. Ex. : Il a
passé eine chârtée de galopins. Syn. V. Galo-
pias, Camillaud, Halot. \\ Lg., By. — Pleutre,
syn. de Plat-cul.
Galot" (Lg.), s. m. — V. Galeau.
Galoux (Mj., By.), adj. q. — Galeux. Cf.
Morvoux, Mardoux.
Hist. — « Item pour oile, ointg vieil et œufs
achetés... pour faire oingture à oingdre lesdits
chiens qui estaient galoux. 4 sous. » (1365. — Inv.
Arch., E, p. 100, col. 2.)
Galter (Sa.), v. a. — Chasser, envoyer pro-
mener, pourchasser. Ex. : Qu'ils ne illy re-
viennent pas, ces bohémiens-là, je te les gal-
îerais ! Patois norm. : remuer, trembler.
N. — Notre v. Daleter n'est p.-ê. qu'une corrupt.
de celui-ci. — « Cf. .Jor. : Galter, se choquer, en
pari, des fenêtres des portes agitées par le vent ;
claquer, en parlant des dents, et, par ext., trem-
bljr. — DoTTix, — se tordre dans l'agonie, s'agiter
convulsivement. — God., — galetage, carillon
produit avec des galets. Et la note : « Dans la
campagne de Saint-Lô, on dit encore Galleier pour :
carillonner. « (G. de G.: p. 298, Note.) — By. —
Est employé seulement dans le sens de : trembler,
être en convulsions. V. Galeter.
Gâlure (Sa., Va., Tr., Zig. 138, By.), s. f. —
Fente, craquelure, gerçure aux mains. Syn.
de Partissure \\ Engelure. Syn. de Geale,
Pigeonneau, Péchon. — Te. V. Péchon. \\ Terre
gercée par la sécheresse. By.
Et. — Semble venir de. Geale, avec durcisse-
ment de la consonne initiale. Cf. Garbe = Gerbe.
Galurin (Bg., Mj., By.), s. m. — Chapeau
et surtout chapeau haute forme. Argot. Iro-
nique. V. Taf, Capsule, Tube, etc.
Et. — Delvau le rapproche de Galea, casque, ou
mieux de Galerum, chapeau. — Borel, de Galerus,
à cause de sa figure de bateau. — Hist. : « Bientôt,
les tailles brodées de velours, les capots et les
coiffes disparaîtront, pour. . . le plus grand profit
des fabricants de galurins à 4 fr. 80 et le triomphe
de la laideur universelle. » (Angev. de Par., i"' sept.
1907, 1, 5.)
Galvauder (Lu., Mj., By.), v. n. — Vagabon-
der. Syn. de Courre la galistrade. ||||Regarder
son ouvrage et ne pas le faire, ou le faire mal.
Il SaL — ■ Gambader de ci et de là.
Et. — Incon. — Dans le Berry : Balvauder. —
Ce n'est jtas tout à fait le sens du v. français.
Galvaiideiir (Lg., Sal.), s. m. — V. Galvau-
de ux.
Galvaudeu.v (Mj., Sal., By.), s. m. — Indi-
vidu aux allures suspectes, vagabond sans
aveu. Syn. de Galvaudeur, Halos, Meillaud,
Camillaud, Galopin, Galopias, Trimardeur.
Et. — Viendrait-il du préf. Gai, Gali et de la
racine qui se trouve dans le v. lat. Vadere, aller?
De l'idée de vagabonder à celle du français Gâter.
Déshonorer, il n'y a pas loin. V. Galistrade, Gali-
vage.
Gamache (Lg., Sal., SI.), s. f. — Guêtre de
toile sans sous-pied, à mettre par-dessus les
sabots. Le même que les Gaffignonsdu Berry.
(Jaub.). — On n'en porte plus. Se dit souvent
au plur. Il Tlm. ^- Sorte de guêtre en cuir, à
sous-pied. A été remplacée par le Chabiron
ou Clopette. Il Pom. — Sorte de guêtres.
Et. — 1° Bl. Gamba, jambe. — 2" Emprunté, par
l'intermédiaire du prov. Garamacha, galomacha,
de l'espagn. Guadamaci, sorte de cuir ; propre-
ment : Cuir de Gadamès (ville de l'Etat de Tripoli).
Hist. — « Le pantalon a définitivement pris
la place des culottes et des gamaches. » (La Trad.,
p. 61,1. 42.)
Gainatte (Lg.), s. f. — Auge, boîte où l'on
place le mortier pour les maçons. Voisin de
Gamotte et du fr. Gamelle.
Gamber (se) — (Sal.), v. réf. — Se mouiller,
surtout les jambes.
Ganibillard (Mj., By.), s. m. — Celui qui
gambille. Individu boiteux. — V. Gambiller.
— Cf. Gambi (Jaub.).
Gambiller (Mj., By.), v. n. — Marcher avec
un mouvement des jambes extraordinaire,
qq. déhanchement particulier. — Boiter.
Et. — Pour : gambeyer. emprunté de l'ital. :
gambeggiare, qui correspond à l'a. fr. jambéier. —
Du lat. Gamba, jambe. — Cf. Ingambe.
Hist. — « ...Se gambayoit, penadoit et paillar-
doit parmy le lict. >' (Rab., i, 21.) — Rac. celtiq.
Gamb, courber, fléchir ; proprement : le membre
qui fait liexion.
Gamion (Mj., By.), s. m. — Camion. Corr,
du mot fr. — Cf. Ganij, pour Canif.
Hist. — « Le suppliant chargoit ladite terre en
ung gamion que le filz de Pierre Pageon faisuit
mener à son cheval. » (1455. — L. C)
Gaiiiioniieur(Mj.), s. m. — Camionneur.
Gauiiot' (Mj.), s. m. — Vilebrequin.
Et. — Probablement de Guimblot, doubl. de
Guimblei. Syn. Guimberlet, Vireberquin.
Gamine (Mj., By.), s. f. — Accès de ragfri
chez un chien ; de violente colère chez un
homme. — « Quand la gamme le prend, il ne
se connaît pas. »
Et. — De la 3'= lettre de l'alphabet grec, Gamma,
qui, au xi« s., commençait une série de sons, dans
la notation musicale, elle a donné son nom à cette
série.
Gammer (Mj.), v. n. — Rager. V. GamiHet
GAMOTTE — GANIF
423.
Ciaiuotte (Mj.), s. f. — Sorte de marmite
conique à couvercle. || Syn. moins usité de
Marmotte. Cf. Ganiatle.
Gana (à) — (Mj., By., Sal.), loc. adv. — A
l'abandon, en désordre. || Z. 149. — sans pré-
caution, sans apprêt, en pagaie. On dit :
Etre à gana, — tout est par les places.
Ganache (Mj.), s. f. — Vieille savate, vieille
chaussure. Syn. de Pavane. \\ Sp. — La bouche
grande ouverte. V. Freu.
Et. — Le !'='■ sens n'est dû qu'à l'assonance du
mot avec Galoche. — Pour le 2", il se rapproche
du pat. Galimache. — Une vieille savate est
lamentablement béante comme une mâchoire. —
Ital. Ganascia. — A rapprocher soit du lat. Gêna
-)- ascia (suiT. péjor. — Litt.), soit du grec Gna-
thoç, mâchoire. — Pat. norm. Gognache, tête,
allure, physionomie.
Gaoacher (Mj.), v. n. — Patauger. Syn. de
Patouiller, Paguenêcher. — Pour Galocher. V.
Galochée ; Ganouiller.
Et. — Dér. prob. de Guéne-
Ganaiiat (Li., Br.), s. m. — Un gamin. —
Galapiat ? Syn. Moutard, Gosse.
Ganche, s. f. — Nom vulg. de l'iris des
marais, et cypéracées à feuilles dures. (Mén.)
Cf. Guinche.
Gandé (Segr.), pa 't. pas. Ganté. Un ouvrier
travaille mal s'il est gandé. (MÉx.).
Gandilleiix, se (Li., Bri., Mj.), adj. q. —
Scabreux, hasardeux, chanceux, aléatoire ;
épineux. — Qqs-uns disent : GandriUoux.
Et. — Guandie, échappatoire, subterfuge. Part,
pas. fém. de Guandir, s'enfuir, se sauver. Germ.
Wantjan, aller, s'en aller. — Guandiller est le
fréquent, de Guandir. (Di" A. Bos.)
Il Ex. : C'est gandilleux. . ., Hum! c'est
ben gandilleux, c't'alïaire-là, — cela demande
réflexion.
Gandio, s. f. — Vulg. Digitale oourprée, —
gant de Dieu (Mén.). — Gant de Notre-Dame
(D.A.RM.) Bâtard appelle Gant Notre-Dame
la Campanula ti'achelium et l'aquilegia vul-
garis.
Et. — Pour Gantiau, dimin. de Gant.
Gaudole (Mj.), adj. q. — Cagneux. Gondolé.
Et. — Gondole, petit bateau long et plat dont
les extrémités se relèvent. — Gondolé, — déjeté.
Gundrillcux (Mj.), adj. q. — V. Gandilleux.
Gands, s. m. — Nom vulg. de l'Ancolie
commune ; bonnes femmes (Mén.). Il faut
lire Gants. V. Gandio.
Gangnant (Mj., By.), part. prés. — Ga-
gnant. Il Adj. verb. Avantageux, lucratif,
qui permet de gagner beaucoup. Ex. : C'est
ein métier ben gangnant. V. Gangner.
Gangne (Mj., Lg.), s. f. — Ne s'emploie que
dans la loc. : Avoir la gangne, — avoir le
dessus, triompher, l'emporter, prévaloir.
N'y a gens d'en avoir la gangne, de ce sapré
queniau-là I — Cependant, à Angers, il s'em-
ploie comme snbst. masc, au sens de : gain,
salaire. Ex. : J'irai point prendre sus mon
gangne pour illi payer ine bicyclette. Lg.,
Sep. id, Dér. de Gangner doubl. du fr. Gain
et de Gangne, fém.
Gangue-paiD (Mj.), s. m. — Gagne-pain.
Gangner (Mj.), v. a. et n. — Gagner. ||
Gangner qqn, loc. prov. — amener qqn au
mariage, faire sa conquête par des avances,
des prévenances, des petits soins, des faveurs
accordées. Ex. : Pouvre fille ! aile espérait
toujours le gangner. \\ By. — Gangner l'avoine
— se rouler sur le dos, les quatre fers en l'air,
comme font les chevaux et les ânes ; par ext.
tomber à la renverse, en pari, d'une personne.
Il Décider, convaincre. || Séduire, enjôler. ||
Venir au-dessus de, se tirer de — une maladie.
V. Suscomber. Ex. : C'est eine manière de
purésie qu'il a ; il ara ben du mal à gangne''
ça. [| Gangner ie vent debout, — loc. prov.
ironiquement, — ne rien gagner du tout,
faire des pertes.
Et. — V. Gagne. — Le pat. fait longue la pre-
mière syll. de ce verbe ; l'ancien fr. faisait de même
Guaigner, par contract. des deux prem. syll. du
B. L. Guadagnare.
Hist. :
« l^oint ne luy fault flammeaux. dartz ou gui
sarmes
« Pour les amans gangner et conquérir. »
(G.-C. BUCHER, vm, p. 83.)
— « Il y perdra ses aelles dont il bat,
* « Et gangncras son arc, flesches et trousse. »
{Ici., 60, 113.)
— « Qui gangner a, qui sera le vaincqueur? »
{Id., 140, 166.)
— « Puis, à tout son baston de croix, guaingna la
bresche qu'avaient faicte les ennemis. » R. G.,
I, 27, 57.) — (Etat et profession des habitants des
Ponts-de-Cé.) «... Voiturié qui gangne leur vie
à fairre des voitures pour le public. » (Cité par
l'abbé Bretaudeac, p. 109.)
Gangnerie, s. f. — Nom d'un village de
La Pommeraye, à la limite de M]. Ce mot est
e.icore usité en Berry, comme syn. de Bor-
dsrie, Closerie. V. Jaub. à Gâgnage. — N.
J'ai connu, vers 1850, à Saumur, une excel-
lente famille de ce nom. A. V.
Hist. — « Icellui Jehan avoit certaine maison...,
joignant une petite gangnerie ou mestairie. »
1482. — L. G.)
Ganicelles (Bg, Mj., By.), s. f. plur. —
Lo(pies, nippes ; l'ensemble des vêtements ou
de la literie, avec le sens péjoratif. Ex. : Ils
illi ont vendu toutes ses ga/iicelles. Syn. de
Frusques. \\ Chiffons. Tas de choses, de vête-
ments de peu de valeur. « Ramasse donc tes
ganicelles. — Syn. de Hanicelles, Nampilles,
Pernampilles, Penilles, Râpioles. — A rap-
procher de Guenilles. — Qqf. Ganielle.
Ganiî (Mj., Lg., By.), s. m. — Canif. Cf.
Ganivelle, Gamion. — Les Bretons disent de
même.
Et. — Canif (vx fr. Ganif) ; du nordiq. Knifr.
(Cf. Canivet.) — 1441, Quenif, ds un texte de
l'Anjou. Voir Godefroy, Suppl. — Hist. « Dont
tout le monde commença à bruire et parler de son
424
GANI-GANAS — GARDE-A-MA\GER
sçavoir si merveilleux, jusques es bonnes femmes
lavandières, courratieres. . ., ganivettières, et
aultres. » (Rab., P., n, 10, 138.) Faiseuses de canifs.
Gani-ganas (à) (Va.), loc. adv. — Syn. de
A gana.
Ganivelle (Mj.), s. f. — Bois fendu, pour
faire de.s clôtures, des palis, des pai.sseaux
des échalas.
N. — « On appelle ainsi le bois débité en merrain,
de forme oblique, comme un ganif, et qui, ne réunis-
sant pas certaines conditions requises, est admis
seulement dans une proportion déterminée et pour
ainsi dire comme appoint dans les livraisons du
merrain destiné à la fabrication des tonneaux. »
(Jaub.)
Ganne (Lg.), s. f. — On appelle Ganne,
lorsqu'elle est verte, cette même herbe que
Ton nomme Guinche lorsqu'elle est sèche et
qui, ailleurs, prend le nom de Paleine.
Hist. — « Dans le pays (Cholet), on appelle :
ganne un roseau très fluet et qu'on emploie à faire
les tuyaux des trames de tisserands ou des fdeuses
de laine. « (Dexiau, H. de la V., i, 283.^ — Gan-
niau, roseau commun, dér. de Canne, par le chang.
de c en g ; cf. Gairf.
Ganoiiille (Mj., By.), s. f. — Rosée, serein,
eau de pluie déposée sur l'herbe, etc. : toute
eau considérée comme pouvant mouiller les
personnes. Ex. : Ne va pas dans la ganouille.
Cf. Ganouiller.
Et. — Dim. de Gu^ne.
Ganouiller (BL, Mj., By.), v. a. et n. — ,
Mouiller, couvrir d'eau ou de boue. Syn. de
Touiller, Gaudrer, Guéner. || Patauger. Syn.
de Ganacher. Cf. Gâne, dans Jaubert. —
Ex. : T'avais ben besoin d'aller ganouiller
dans les prés ! |i By. Se ganouiller.
Et. — Dér. de Guener, avec suff. péjoratif.
Ganouilloux (Mj.), adj. q. — Mouillé,
boueux. Dér. de Ganouille, Ganouiller. —
Syn. de Gassoilloux, Gassouilloux, Pitroil-
loux, PatouiUeux, Cassoux.
Gapi. — V. Agapi.
Gapiers (Sar.), s. m. pi. — Balles, déchets
de battages. Y. Baquets, Cosses, Pigriers,
Epigots. (Méx.) — On dit d'une personne qui
va difïïcilemeat qu'elle va « comme un limas
dans les gapiers ». (Jaub.) Syn. et d. de
Gabier. \\ Lm. — Tu ne viendras pas piler —
ou pisser — sus mon gâpier, — c.-à-d. Nous
n'aurons plus de rapports ensemble.
Garais (Mj., Sa.), s. m. — Fusain d'Eu-
rope, dit aussi Bonnet carré ou Bonnet de
prêtre. Syn. de Garas. — Evonimus euro-
péens de Bat., qui l'appelle encore Bois
carré, Bois à lardoire.
Garance. — Un scribe, ayant à copier un
procès-verbal de carence et ne comprenant
pas ce mot, comme il se servait d'une
chemise rouge pour envelopper son manus-
crit, crut mieux fai.-e d'écrire : garance.
(Authentique. A. V.)
Garanne (Mj.), s. f: -^ Ten'ier de lapin. |1
Cavité souterraine:
Et. — C'est le fr. Garenne. B. L. Warenna ;
même rad. que Garer (garenne signifiait propre-
ment : lieu réservé. Cf. Varanne. — Hist. : « Auto-
risation de édifiîer et faire édiffier garanne'^ et
murgis tant en son gast que à l'entour de sa mai-
son de Bignon. ,> (1478. — Inv. Arch., H, I, p. 90,
col. 2.) — « Aveux rendus à la baronnie de Cha-
lonnes... pour l'oustel, garannes, bovs, terres de
BrufTières, en Sainte-Christine. » (1555. Jd., G,
p. 14, col. 2.)
Garant (Mj.), s. m. — Mettre au garant,
— mettre en sûreté. — Dér. de l'ail, wëren,
garantir.
Garanti (Mj.), s. m. — Garant, garantie,
abri, couvert. Ex. : Eine haie d'arçons, ça
fait ein garanti contre les vimaires d'eau.
Garantir (en) (Mj.), v. n. — Se faire fort, se
porter garant, — en répondre.
Garas (Lg), s. m. — V. Garais.
Garatas. — V. Galatas.
Garbansos, s. m. — Pois chiche (Mén.)
Garbe, s. f. — Gerbe. || By. — V. Gearbe ;
d'où Engearber, pour : engerber.
Et. — C'est la graphie pic. et norm. de gerbe.
Aha. garba ; am. garbe. On peut le rapprocher du
lat. carpere, cueillir. — Hist. : « On n'avoit nuls
fourages, blés, ne avaines en garhes ne en estrains. »
(Froiss. , VI, 235.)
Garçaille s. f. (Aé.). — Petit garçon ou
petite fille. Syn, Queneau.
Et. — Garçon. Orig. incert. — Voir à Fi-de-
garse. — Cf. le sort du mot Fille. (Litt.)
Garçon (Mj., By.), s. m. — Faire le garçon,
— - s'amuser avec les garçons de son âge. Ex .:
Tiens, te velà cent sous pour faire le garçon.
Garçonnière (Lg.), adj. q. — Se dit d'une
jeune fdle un peu évaporée, qui aime trop la
société des garçons.
Garde (Ec, Mj.), s. f. — V. Ancreau. ||
Se donner de garde de, — se garder de.
Ex. : Donne té ben de garde de tomber. W
Sorte de boucle ou d'embrasse que les
femmes font avec l'extrémité du fd sur l'éche-
veau, pour l'empêcher de s'embrouiller ou
de se défaire. Syn. de Tontaine. i| Garniture
ou doublage solide formé d'une planche de
chêne découpée et fixée au rebord externe du
bordage d'un fùtreau, sur la pointe triangu-
laire qui est chevillée avec la levée. \\ Prendre,
avoir en garde, — p., a. sous sa garde, sous
sa surveillance. Ex. : A me réclame sa tie ;
ma foi, je ne l'aï point en garde. \\ By. —
Etre de bonne garde, être soigneux. || Se
donner à garde, — prendre garde. Syn. de
Se donner de garde, mais moins employé. ||
Etre en garde de, — être dans l'impossibilité
de. On dit aussi : Etre engardé de.
Et. — Aha. Warten, prendre garde.
Garde-eau (Mj.), s. f. — Anneau ou ron-
delle de cuir dont lesperrayeursentourentleur
foret pour empêcher de jaillir l'eau dont le
trou de mine est humecté.
Garde-à-tnnnger
manger.
(Lg.), s. m. Mj. Gard?'
GARDER — GARGATON
425
Garder (Mj.), v. a. — Garder le vent, —
être garé en attendant le vent favorable
Marine. || Garder le chat. V. Chat. \\ V. réf.
Se garder, se conserver. Ex. : Les gogues,
ça ne se garde guère. 1| Se garder à, — conser-
ver des cartes maîtresses de la couleur de. —
Ex. : Je me garde à pique. — Qui se garde à
carreau n'est jamais capot. Prov. || En gé-
néral ; se garder à carreau, conserver une
garantie dernière. — By.
Gardeux (Mj.), s. m. — Gardeur.
Cîarde-viUe (Tf.), s. m. — Sergent de ville.
Gardiataire, Gardiétaire (Mj., By.), s. m.
— Gardien, dépositaire. — On trouve en-
core Gardataire.
Et. — De Garder. — Hist. : Je retrouve ce mot,
qui pourrait bien avoir appartenu à l'ancienne
langue du droit, dans un ordre du jour de d'Elliée,
cité en note par M. Port, dans la Légen de de Catlie-
lineau, p. 132. — u Les scellés furent apposés et
Dutertre établi gardiataire. . . » (Anj. Hist.,
5«,an., p. 284.) — Gardataire. {Id., p. 228.)
Gardon (Sp.), s. m. — Vairon, ou veron,
sorte de petit poisson, long au plus de .5 à
6 cent, et gros comme un fort brin de chaume,
qui abonde dans les petits ruisseaux de la
région. A Vihiers et au Voide, on le nomme
Guéion. Il est inconnu à Mj., où l'on ne
trouve dans la Loire que le véritable gardon.
Il By. — On distingue bien : a) le Gardon,
b) la Rosse (ou gardon de BrioUay), c) le
Vairon, petit poisson que Ton ne trouve pas
dans les rivières parcourues par les brochets,
perches et autres carnassiers, mais dans les
ruisseaux. J'en ai vu, l'été, dans certains
passages de la Grume, petit affluent de la
Sèvre, à Tiiïauges, en telle quantité qu'il y
avait presque autant de poisson que d'eau.
(Que dirait le Marseillais?) et d) le Gouéion,
prononciation de : goujon. Certaines per-
sonnes appellent : sapiâs tous les petits pois-
sons, sans distinction.
Et. — B. L. Gardio ; — orig. incert. — Hist. :
« Nus (nul) poissoniers ne autre ne puet ne ne doit
vendre gardons freans (frayant) ; c'est assavoir
gardons entre le mi avril et le mi moi. » {Lii're des
Métiers.) On dit : Frais, ou Sain comme un gardon.
Gare. — V. Gareau (Sal.), adj. q. — Blanc
et noir. On dit : La pie saute plus longtemps
gare (quand elle est bigarrée) que pas. —
S'applique aux personnes qui grisonnent.
(Sal.) V. Garre.
Gareau, s. m. — De couleur pie.
Et. — « Nos paysans d'Anjou, en parlant a un
bœuf bigarré, l'ajjpellent Gareau. De Varellus,
dimin. de varus, varius. Cf. Bigarreau. — Au mot
Bigarrer : On appelle Garre une vache pie, — de
Bis, variare. — Sorte de cerises bigarrées de noir,
rouge et blanc.
Gâréier (Sp.), v. a. — Suivre en zigzaguant.
On dit d'un ivrogne : Il s'en allait en gâréiant
la route» la riote.
Gareillé, adj. q. (Segr.). — Temps nuageux,
semé d'éclaircies, moutonné. (MÉx.)
Garelle (Lms, Fu., Zig. 196), s. f. et adj. —
Nom de vache. Cf. Garde, Gare. Syn. de
Garrette. Bigarré, piguenoté. || Gârelle se dit
au Fu. des vaches à robe rouge tachée de
bandes blanches. Souvent employé comme
nom propre : « Té, té, té, ravire donc Gârellel »
Lorsque les taches sont petites et que la robe
en a une de couleur grise, la vache ou le bœuf
s'appelle fréquemment Farinel.
Garenne (Mj.), s. f. — C'est le nom, à Mj.,
d'une colline située à l'O. du bourg et qui a
été de tout temps un véritable nid à lapin. ||
Galerie de lapins. Halot. i| Toute galerie
étroite et profonde. || Terrier, rabouillère. —
V. Bêcher.
Et. — B. L. Warenna. Même rad. que Guérir et
Garer. — « ... Celtiq. gwaré, plur. gwarénou. —
culture au milieu des forêts. — Gaéliq. Gwara.
B.-bret. gvvarer, — défendre l'accès d'un lieu clos.
« Qui est trouvé tendant aux perdrix en pays de
garenne, il chet en amende de 10 livres, et le har-
nas perdu. » (Bouteiller, Somme rural, n, 40,
xiV' s. — Eveillé.)
Garer (Mj., By.), v. a. — Ranger de côté.
Ex. : Gare donc ta tête, que je voye. — Syn.
de Parer.
Garette (Sal.). — V. Garelle. Cf. Cerise de
bigarreau, blanche et rouge.
Garfouiller (Lg., Lseg.), v. a. et n. — Far-
fouiller, tripoter, patauger. Syn. de Gassoter,
Gassoiller, Gassouiller.
Et. — Me semble dérivé du fr. Fouiller et d'un
préf. Gar, qui serait le même que Gai ou Gali. Il
n'est pas impossible que le fr. Farfouiller (V.
Hatzfeld) soit un doubl. de ce mot. En effet, le
préf. Gai ou Gar devient souvent Hal, ou Hari.
Cf. Halbourrer, Harbeugner, Harihauder, et de
cette forme aspirée à Vf il n'y a qu'un pas. Par ail-
leurs il est évident que le montjean. Grafougner est
aussi un doublet de ce mot, l'articulation gn rem-
plaçant souvent ill.
Gargamelle (Mj.), s. f. — La gorge. Mot
vieilli et qui ne se dit qu'en plaisantant.
Et. — D'un rad. Garg, qui se trouve avec le sens
de gosier dans plusieurs langues et dialectes. Cf.
Gargouille, Gargantua. — « L'élément de ce mot
se trouve dans le vx fr. Gargate. — V. Gargoter,
pr Gargater, — faire du bruit en bouillonnant.
D'où : Gargote, restaurant de bas étage, où l'on
mange malproprement. — Cf. Gargariser, d'un mot
grec, — la luette. (Darm.) — « Le suppliant
coppa la gorge audit Guillaume, ou quoy que ce
soit, la gargamelle ou gosier. » (1468. — L. C.) —
«... Probablement une onomatopée, du bruit que
l'on fait dans la gorge en se gargarisant..., ou
bien Gar serait une corr. de Gor, dans Gurges,
gouffre, comme semble l'indiquer l'ital. Gorgo-
gliare et Gargagliare, qui ont le même sens de :
couler en faisant glouglou : de gurgulio, de gurges.
(D-- A. Bos.)
Gargantois (Mj.), — Prononciat. de Gar-
gantua.
Gargari (Mj., By.), s. m. — Gargarisme.
Cf. Gargamelle.
Gargaton (By.), s. m. — La gorge. — ■'
S'esgargater^ s'égosiller; -^ V. Gargoliun.
426
GARGNE — GAS
Hisl. — (I La maiivis et l'alouette
« Chante si gay, et s'esgarguete. ><
(//. (les Trois Maries. — L. C.)
ttargne (Mj.), s. f. et interj. V. Game.
«argotton (Z. 153, Ti., By.), s. m. — Gosier.
V. Gargaton. Cf. Gorgosser.
Hist. :
« 0 grant couteaulx et o coingnies
« Lor ont les gargaiins Irenchies. » (L. C
On trouve dans Wace : Gargotes pour : gorger V.
Jaub. à Garganet.
Garilier (Mj.), v. a. — Jeter des pierres.
Serait-ce pour Garéier, obliger un animal à se
garer en lui lançant des pierres? — Syn. de
Garrocher.
Et. — Guarïer, garïer, warïer, — persécuter.
Ital. Angariare ?
Garne (Sp., Mj.), s. f. et interj. — Forme
atténuative de Garce, qui est considéré
comme un juron. Cela n'empêche pas que
l'un et l'autre mot sont sans cesse employés
à Sp. par les femmes et même par les jeunes
filles. Il By. — Carne.
N. — On l'accole au nom d'une personne ou
d'un animal, ou bien on l'emploie comme interpel-
lation pour marquer la mauvaise humeur. Ce mot
entre encore dans l'exclam. : Queun garne ! — qui
marque une surprise plutôt désagréable, la co-
lère, etc. — A Mi., le père Game, un bon métayer
de rO., mort vers 1900, avait gagné son surnom
par l'usage qu'il faisait de cette exclamation inof-
fensive.
— Sorte de petite
Garnil (Mj.), s. m.
seine, engin de pêche.
Garnir (Mj.), v. a. — Féconder. Ex. : Je
vas mener ma taure au bouvard pour la
faire garnir. Syn. de Emplir.
Garniture (Lg.), s. f. — Vingt bobines de
fil de coton, à retordre. Lang. des ouvriers
fileurs. Il (Mj., Jui.) Bande de linge dont les
femmes se servent pour certains soins intimes.
Il Dans les marchés, unités données en plus.
Par ex., 13 œufs pour 12 ; 104 cottrets pour
100. Cf. Fourniment.
Garou (Mj.), s. m. — Ne s'emploie que dans
la loc. interject., marquant Tétonnement ou
le dépit : Queun garou ! — diable, diantre,
fichtre ! — C'est toujours ben le garou que ça
vilain ! — V. Birou. \\ Do. — Le diable,
Satan. || Mj. On dit aussi Garou de Garoutage.
Et. — Le mot Garou signifie à lui seul : Loup-
garou, et est emprunté de l'anglo-saxon Verewolf,
proprement : Homme-loup. Cf. Lycant'.rope. —
sW' s. Garwalf. — Pi;t « Adven'ante la lumière
du clair soleil disparent touts lut ns, l.-irves, lé-
mures, guaroux. » (Rab., in, 134.) — « Le garou est
une personne condamnée par Satan à prendre la
forme d'un animal et à parcourir .sept communes
dans la nuit de sa transformation. A l'aube, elle est
chez elle, à moins d'accident mortel. La pin.- légère
atteinte d'une arme ou d'un projectile b.'nit la
ramène à sa forme vaie. » (La Trad., p. 238.) —
N. P. — La croyance au Loup-garou, tant à Mj.
qu'à Tlm., est à peu près identique à celle exnosée
ci-dessus. A Mj., on croit aussi au pouvoir des
balles bénites pour arracher la victime à son ensor'
cellement. A Tlm., ce détail superstitieux est
■oublié. On se contente de mettre une Guée sur le.s
échaliers pour que le loup garou s'y pique et soit
délivré. — On dit : Il fait un froid de Garou
Garouil, s. m. — Maïs zea. (Mén.).
Garre (Mj.), adj. q. — Dont la robe est
marquée de taches blanches. Se dit des ani-
maux de l'espèce bovine. Syn. de Fleuri. V.
Gare, Gareau. || By. — Se dit de tous les ani-
maux, vaches, chiens, canes, etc.
Hist. — « Un tas de villaines, immondes, pes-
tilentes bestes, noires, guarres, fauves, blanches,
cendrées, grivolées. . . » (Rab., P., in, 22.) — « En
temps garré et bigarré reçu. » [Id., ibid., v, 1,
490.)
N. — Rabelais pourrait bien avoir écrit garre et
bigarre, car les accents sont dus à l'éditeur. Ce qui
a trompé celui-ci, c'est que le fr. n'a plus que
bigarré. Bigarre, dans notre patois, par la chute
du g, est devenu Biarre. — « \\ parla à ses bœufs :
« Garreau, fromentin, brichet, chatan. » (Box. des
PÈR. — C. et et j. devis, nouvelle 238. — Eveille.)
Garret-ette (Mj., Lg.), adj. q. — Syn. de
Garre. \\ S. m. et f. Nom souvent donné aux
animaux de ce pelage. V. Gare, Garelle,
Garre.
Garroclicr (Sa., Lg., Sp.), v. a. — Frapper,
rouer de coups. — S'écrit parfois et se pro-
nonce Gârocher. — Ex. : Ils le gârochaient à
coups de pierres. || Lg. — Lancer des pierres.
Ex. : Ils se sont gâroché des pierres. — Dér.
de Gârot. — Autre forme de Garroter. Syn. de
Garilier. Cf. Arrocher, et Jatjb. à Guarreyer. |;
V. réf. — Se battre, se frapper.
Garrot (Mj.), s. m. — Bâton, gourdin.
Et. C'est le fr. Garrot'dans le sens primit. — Esp.
Garrote, bâton, trique.
Garroter (Tlm), v. a. — Frapper à coups
de bâton. || Improprement : Frapper d'une
façon quelconque. Ex. : Il l'a garrotêe à coups
de pierres. Syn. de Garrocher. \\ Z. 139. —
Lancer.
Hist. — « Le suppliant trouva d'avanture ung
garrot ou levier à quoy on levoit le branle du mou-
lin. » (1461. — L. C.) — « Et. — Vient probable-
ment de la même racine que Garret, jarret, du
celt. Gar, tibia, os de la jambe, jarret. (Di^ A. Bos.)
Garrouaige (Bg.), s. m. — Etre en gar-
rouaige, — être en bordée, en partis de plai-
sir dans des lieux suspects. Dér. de Garou.
« Que Jupiter était en garouage.
« De quoi Junon était en grande rage. »
(La Fontaine.)
Gars (Do., Lue, etc.), s. m. — Garçon.
Et. — C'est l'ancien nominatif du mot dont
Garçon était le régime.
Hist. — « Le masle est gars à quatorze ans
« Et la femelle est garce à douze. »
(MoNTFAUCON. Tolosain. Dits moraux. — Borel.)
— « La plupart sont des gars d'Epinard ou d'Ecou-
flant. >i (Anj. Hist., 2« an., p. 57.) — Et. « Gars.
être supérieur. Variante de Vars, même sens. —
D'où gars, garçon, proprement : mâle. (Le fém.
Garse et son dimin. Garcette sont postérieurs.) —
Gars et Jars, mâle de î'oie. » (Malvezin.)
Gas (By.), s. m. — ^ Autre prononc. de Gars.
GASPÉNADE — GAUBRETIÈRE
427
Et. — P.-ê. le bas-bret. Gwas, latinisé en la
forme vassus, garçon, serviteur, d'où vassal.
N. — « Un p'tit gâs, — mon gâs (mon fils, mon
ami), — un vieux gâs, — un vx garçon. — On ne
nomme pas un jeune homme sans faire préréder
son nom du mot gâs : Vgâs Pierre. — Pour hêler un
bande de jeunes gens, on crie : hé ! les gâs ' »
(OCTT.t
Gaspénade (Tlm.), s. f. — S'emploie dans
la loc. Etre en gaspénade, — être en ronte, en
train de courir par monts et par vaux ; être à
courre là. galistrade. V. Gaspinier.
Oaspinîer (Tlm.), s. m. — Coureur, celui
qui aime les voyages, les courses fatigantes.
Et. — Ce mot et son correspondant Gaspénade
doivent venir d'un v. Gaspéner ou Gaspiner, que
je n'ai pas entendu employer, mais qui, malgré la
li''gpre différence de sens, pourrait bien être le
montj. Jus pi lier.
Gassécon, Gasséconner (Lg.). — Gascon,
gasconner.
Gasserote (Lg.), s. f. — • Mare ou flaque
d'eau bourbeuse.
Et. — Tient à Gassoler, Gassouiller. et à Tall.
Wasser, eau.
Gassoil (Lg.), gas-so-ille, s. m. — V.
Gassouil.
Gassoiller (Lg.), v. n. — V. Gassouiller.
N. — Le son naturel de l'o est conservé. || Lrm.
— Gâter, faire tomber, répandre de l'eau maladroi-
tement sur soi et autour de soi.
Gassoilloux (Lg.), adj. q. — Sale, boueux
(pron. gas-so-illoux). Se dit d'un chemin.
Syn. de Cassoux, Pitroilloux. — Syn. et d.
de Gassouilleux, dér. de Gassoil.
Gassoter (Mj.), v. n. — Tapoter dans l'eau
ou dans la boue, comme font les petits en-
fants.
Et. — P.-ê. de l'ail. Wasser, eau, le w devenant
g en fr. — On peut remarquer qu'il y a entre
Gassoter et Gassouiller le même rapport de forme
qu'entre Griboter (By.) et le fr. Gribouiller. — Syn.
de Gourganger. — Cf. Jaub., à Gassot.
Gassouil (Mj.), s. m. — Ordure, saleté, eau
répandue, boue délayée, liquide sale et
trouble. — N. L'angl. a Wassail, boisson
faite avec des pommes, du sucre et de la
bière ; un vrai gassouil.
Et. — V. Gassouiller. — Hist. : « Je n'ay point
aucun baschot ni vaisseau, comme vous av^z le
vostre, dans lequel je jette un gassouil de pollu-
tion et d'ordure. » (Brant., D. G., i, 38, 2.)
Gassouille (Bg.), s. f. — Flaque d'eau ;
mauvaise auberge. V. Gassouil. 1| Sal. —
Faire de la gassouille ; jeter de l'eau de tout
côté hors de propos, — Gassouiller.
Gassouiller (.Mj.), v. a. et n. — V. Gassoler.
Il Bg. — Patouiller, faire de mauvaise cui-
sine.
Et. — Guassier, Guaschier, — laver, agiter ds
l'eau, etc. — Germ. Waskan, laver. (D^ A. Bos.) —
Gassouiller, augment. de souiller ; salir, gâter,
détériorer. « Voilà pourquoi il ne faut se vanter de
nous gassouiller de vos ordures, » (Brant., D. G;)
I, 38, 15.) Gas, en Norm., bourbier, fumier. Gasse-
rotte, — petite mare d'eau bourbeuse. Gassouillal,
Gassouillis. (Jaub.) — « Farfouiller avec la main
ou avec un bâton dans une eau fangeuse, dans un
ruisseau, p. ex. — Gassouillat est cette eau ou ce
ruisseau. Ce mot est emprunté à l'italien : guazza-
toio, mare, guazzabulio, tripotage. C'est le :
quassare des Latins. » (Ch. Nisard, 123.)
Gassouilleux (Mj.), adj. q. — Boueux,
bourbeux. Syn. de Gassoilloux, Pitroilloux,
Cassoux, Ganouilloux. — V. Gassouil.
Gast, s. m. — Friche. « Défense de laisser
les vignes et terres en gast. » {Coût, d' Anj.,
art. 107, p. 75.) V. Gât.
Et. — Gâter. Du lat. vastare, ravager de vastus,
vaste, — rendre vaste, désert, désoler. — Cepen-
dant, il y a un mot german. Wasfjan, ravager, qui
a pu contribuer à changer le v. latin en g ou gu,
mais qui aurait donné plutôt gastir (qui a existé
en effet). Plateau de Gâtine.
et Gatis. — Bois pourri. V.
Gastis, s. m.
Gast.
N. — Gastis, le même que Gastine, friche. « Tout
le pays estoit tourné en gastine ; nul n'estoit qui
osât les terres labourer. » (L. C.)
Gastrie (Mj.), s. f. — Gastrite. .
Gât (Mj.), s. m. — Terrain inculte, lande,
bruyère. Cf. Vaste.
Et. — V. Gast. — Rac. du v. Dégâter. Du reste,
on ne l'emploie plus isolément, mais on le retrouve
dans le nom de certains villages, de certaines
fermes, de certains champs. Ainsi, il y a, à Mont-
jean, le village du Gât-Robin ; et, près de Saint-
Paul-du-Bois, dans la commune de Cléré, la ferme
du Gât-Guitton. A Sp., les Prés-Gâts sont un lot
de prés de mauvaise qualité, anciennes landes,
situés au midi du bourg. — V. Garanne.
Hist. — Autorisation de édiffîer et faire édiiTier
garannes et murgis tant à son gast que est à l'entour
de sa maison de Bignon. (1478. Inv. Arch., H, 1,
90, 2.)
Gâté, ée (Mj., By.), part. pas. — Versé,
répandu. |î Fig. Enragé, hydrophobe, en
pari, d'un chien.
Gâteau (Auv.), s. m. — Présent de noces.
V. Chanteneau. \\ Lg., au plur., m. ss.
Et. — Mha. Wastel, gâteau. — Peut-on rappro-
cher ce mot de Gâter? aurait-il été dit : farine
perdue, à cause de la dépense qu'il causait? Nous
connaissons le pain perdu, ou : pain de chasseur.
Gâter (Mj., 15y.), v. a. — Verser, répandre.
Ex. : La vache ne faisait que de ginguer ; a
m'a tout fait gâter la moisson. \\ Gâter de
l'eau, uriner. || Gâter la sauce, — gâter les
afl"aii-es. Ex. : C'est son mariage qui a gâté
la sauce.
Hist. — « . . .Avec de la brande à perte de vue
(à peine im buissonncL pour se cacher à gâter de
l'eau). » (Hist. du v.r tps, 251.) — V. Gast.
Gauacher (Fu.), v. n. — Marcher les
jambes nues dans l'eau. « Lé gars ! allons
gauacher ! » Syn. et d. de Guêcher ; syn. de
Gauiller.
Gaubretière (Lg.), s. f.
Poires de Gaubretières,
S'emploie dans :
espèce de poire
428
GAUCHE - GAVOUILLOX
très petite, mais assez estimée, analogue aux
poires de Saint-Quentin, qui vient en abon-
dance dans les grands poiriers des haies, sur
la lisière des champs.
Et. — C'est p.-ê. le nom de la Gaubretière,
bourg de Vendée, distant d'une douzaine de kilom.
Toutefois l'omission de l'article rend la chose dou-
teuse.
Gauche (Tlm.), s. f. et adj. q. — Garce.
« Fils de gauche ! est une sorte de juron
atténué très usité. — Syn. de Garne.
Ciaudin, ine (Li., Br.), s. f. — Une oie. Cf.
l'ail. Gans? V. Godine.
Gaiidrer (Tlm., Lg., Fu.), v. a. — Salir,
couvrir de boue, embourber. « Je vas joli-
ment me gaudrer à aller dans le jardin. » ||
V. n. — Se salir, se mouiller, s'embourber.
Gaufrier (Mj., By.), s. m. — Outil de lin-
gère servant à gaufrer le linge. — Godron,
Gaufre. — petit fer à un doigt pour tuyauter
les bonnets.
Et. — Gaufre. Proprement : rayon, gâteau de
miel ; pâtisserie cuite entre deux fers, par compar.
avec le rayon : façon qu'on donne à une étoffe avec
un fer chaud. — B. L. Gafrum. (D. C. Gaufra) ; de
même rad. que Wabe, ruche à miel ; ail. WafTel ;
angl. Wafer.
Oaugognard (Lg.), adj. q. — Qui plonge
avidement dans le plat. : Fig. — Gouailleur,
goguenard. \\ Gaugogner. Doubl. du fr.
Goguenard.
Gaugogner (Lg.), v. n. — Plonger avide-
ment, patauger. Ex. : As-tu fini de gaugo-
gner dans la soupière ! — Syn. de Tinguer. \\
Fig. — Taquiner, lancer des propos piquants,
gouailler, goguenarder.
Et. — Ce verbe paraît être de la même famille
que Gourganger. Dans l'un et l'autre on distingue
un préf. péjor. Gau {Gai. Gali). ou Gour. et un radi-
cal Gogner, Ganger, qui pourrait se rattacher à
Guener. Ganouiller, ou p.-ê. à Gauiller. C'est très
probablement la vraie racine du fr. Goguenarder et
de Goguenot.
Gauiller (Chpx.), v. n. — Marcher dans
l'eau jusqu'à mi-jambes. « Les gars ont
gauillé «, — ils ont les pieds mouillés. Syn. de
Guêcher, Gouacher. — Ce mot signifie aussi :
faire l'école buissonnière. Cf. Grabouiller.
Et. — Guaër, gaër, gaier, waër, — guéer ;
baigner, tremper, mouiller, plonger, laver dans
l'eau : mouiller ; passer à gué, guéer. — Germ.
Watan, mouiller. Guéer, c'est passer en se mouil-
lant. Gué : lat. vadum, de : vadere, aller ; influencé
par le germ. vat, gué (de watan). Cf. Jaub., à
Gauger, Gouiller.
Gaule (Lg.), s. f. — Instrument dont on se
servait autrefois en guise de fléau, pour battre
le blé. Il Lg. — Ancienne mesure agraire en
usage autrefois dans la région. Je n'ai pu
avoir d'indication sur la contenance.
Et. — Du lat. vallus, pieu. Celtiq., bret. gwalen.
N. — Au premier sens. C'était une longue
branche de chêne dont la pointe avait été repliée
et rattachée à la verge, de manière à former une
large boucle plate ou raquette, que garnissaient des
entrelacs d'osier. On aimait mieux battre à la
gaule qu'au fléau, duquel il semble qu'on ne savait
guère se servir. Les batteurs, rangés côte à côte,
frappaient tous à la fois Tairée du plat de leurs
gaules et chacun d'eux menait son échemmelée.
On voit que ce mode de battage différait très nota-
blement du battage au fléau, ou c/eau, dans lequel
les batteurs frappent alternativement et en mesure
sur la même vargée.
Gaule-à-coudre (Tlm.), s. f. — Baguette à
laquelle on fixe l'extrémité des fils de chaîne
d'une pièce de toile lorsque celle-ci touche à
sa fin, pour la terminer et y rattacher
ensuite la chaîne de la pièce suivante, qui,
de la sorte, se trouve montée sur le métier.
Gauléier-eyer (Sf.), v. n. — Se dit d'un
ivrogne qui va d'un gaulis sur l'autre. V.
Bournéyer. || Bg. — Plier. — - Le vent fait
gauléyer les branches des arbres, jj (Mj.,
By.) Osciller, trembloter, vaciller, comme
une branche agitée par le vent. Ex. : Queune
haie de vent ! la chandelle ne fait que de
gauléier. — De Gaule. — V. Branseau. Syn.
de Houssiner, Vargetter.
Gaulette (Sal.), s. f. — Petite gaule. — Jeu
de la gaulette. Il consiste à casser des œufs
les yeux bandés, avec une petite gaule.
Gaupeler-pler (Li., By., Sal.), v. a. —
Prendre la meilleure partie d'une chose. —
Il ne faut pas gaupler la soupe, commencer à
la manger ou à la servir par le milieu de la
soupière, mais par le bord. — Tu fais que
gaupler les pommes, — tu ne ramasses que
les plus belles. || Bg. — Cueillir, à la dérobée,
des fruits, des récoltes. || Se dit des gens peu
travailleurs qui, d'un travail, ne font que la
partie la plus facile. V. Gôpler.
Gavé (Mj., By.), s. m. — Latte très étroite,
qui sert aux charpentiers en bateaux à faire
les ferris. \'oisin de Ganivelle.
Gavignole (Lue), s. f. — Etre en gavi-
gnole, avoir bu plus que de raison ; être
chaud, éméché, en ribote, Brindezingue.
Gavoche. — Jeu. ^^ au F.-Lore.
Gavotter (Mj., Lg.), v. n. — Siffloter ou
chantonner l'air d'une danse, pour remplacer
l'orchestre absent.
Et. — lo « Gavotte, danse originaire des Gavots,
habitants du pays de Gap. » (Litt.) — 2° « N"a
rien à voir avec la ville de Gap : est plutôt appa-
renté à Gavoche ; esp. Gavacho, terme de mépris
appliqué aux montagnards des Pyrénées surtout. >■
Hist. — « Quand il n'y avait pas de violon dis-
ponible, une personne, une ou deux filles , le plus
souvent, gavotaient avec la langue. » (Déniai*.
Hist, de la Vendée, I, 58.)
Gavouillon (Mj.), s. m. — Sorte de bachot.
X. — Au temps où florissait l'industrie des
transports fluviaux, tuée par les chemins de fer, la
Loire était sillonnée de trains de bateaux, portant
chacun de 70 à 80 tonnes. Les patrons des trains
montants embauchaient des manoeuvres supplé-
mentaires, ou gobeux, qu'ils licenciaient à Orléans,
Gien ou Nevers. Ces mariniers congédiés, pour
GAYOX - GEMME
429
retourner vers Nantes, achetaient, en se cotisant,
un bateau léger, appelé Gavouillon, avec lequel, en
qqs jours, ils redescendaient la Loire et qu'ils ven-
daient à l'arrivée. Ils baissaient en gavouillon. La
loc. a vieilli, comme l'usage qu'elle rappelle.
Oayon (Bg.), s. m. — Frison. Gayonné,
frisé, en parL des cheveux. V. Gueillon.
Gaz (Mj.), s. m. — E.ssence de pétrole. ||
Sp. — Fig. Ivresse. « Il a du gaz », — il est
ivre, éméché. Syn. de Vent dans les voiles.
Gazenue (By.), s. f. — Tresse, natte de
cheveux, en trois torons. « Faut y-i gazenner
les cheveux, à ta fille, pour pas qu'i s'mêlent. »
Gazenné (Mg., By.), adj. q. — Tressé.
N. — « Gazaner, gazener, gazoner, — tresser.
Gazen, gazin, gazon, — tresse, natte. — Petite
queue de cheveux liée sur le dos que les hommes
portaient autrefois. » (Dott.) — A rapprocher de
Cadenne, cadenette?
Gazenner (Ti., Zig. 151), v. a. — Tresser
les cheveux en gazenne. — Gazennée. Se dit
d'une jeune fille dont les cheveux sont ser-
rés sur le front.
Gazon (Mj.), s. m. — Glaçon flottant. Corr.
du mot fr. H By. Pron. Glâzon. Cf. Eglâser.
Gazouille (Sp.), s. f. — Vieille toupie hors
d'usage, ou morceau de bois grossièrement
arrondi, dont les enfants se servent dans cer-
tains jeux. Syn. de Bigane, Bidrouille.
Et. — C'est une sorte de dimin. du poitev.
Gazeau, bourrique, doubl. du fr. Gazelle, qui s'est
conservé en Anjou comme nom de famille. Poiu"
l)ien comprendre comment ce nom a été appliqué à
une vieille toupie, il faut observer que partout les
enfants s'amusent à fabriquer des vaches, biques
ou bourriques avec des morceaux de bois informes,
et souvent même des citrouilles ou des concombres
auxquels ils adaptent quatre brins de bois en guise
de pattes, plus un cinquième pour figurer la queue.
Geai (Mj.), s. m. — Fig. Individu ridicule,
ou peu redoutable par sa force physique. Ex. :
Ein beau geai f — V. Ricard.
Geaise (Sp.), s. f. — Noulet, noue ou gout-
tière placée à Tintersection de deux toits ou à
l'héberge de deux bâtiments. V. Gesse. \\ Mj.,
Sp. Caniveau. Syn. Cassis.
Geale (Mj., Lg., By.), s. f. — Engelure. —
N. Ne se dit au Lg. qu'au plur. — Syn. de
Rouges-bœufs (partissure).
Et, — Pour Gèle, du v. Geler.
Gearbe (By., Mj., Sp.), s. f. — Gerbe. —
D'où : Engearber, mettre en gearbes.
Gcarbée (Sp., By.), s. f. — Rangée de
gerbes dans un champ. — Pour Gerbée.
Et. — Aha. garba ; am. Garbe. On peut le rap-
procher du lat. carpere, couper, cueillir.
Gearne (Sp., Tlni., Lg.), s. m. — Germe.
By., Gearme, gearmer.
Gearner (Lg.), v. n. — Germer.
Gearnon (Sp., Tlm.), s. m. — Germe, gem-
mule, plantule.
N. — « Gearme, Gearmer, Gearner, Gearne,
Gearnon : « Les blés vont sortir de terre, ils
montrent déjà le gearnon. — « Un gearnon de noiy,
de châtaigne, de gland. » (Jatjb.)
Geau 1 (Li., Br.,) ou Jau, s. m. — Un coq.
Geau ^ (Lg.), s. m. — Gelée. Ex. : Y a du
geau blanc, à matin, — il y a de la gelée
blanche. — Vieux.
Et. — Doubl. du fr. Gel. Il est probable aussi
qu'il y a là une sorte de jeu de mots sur Jau, car
nos ancêtres aimaient à personnifier le Gel. Cf.
Chiens-blancs, Jument-blanche.
Gégêne (Mj., By.), s. m. — Forme enfan-
tine et caressante du prén. Eugène. — J'ai
entendu dire, aux Ponts-de-Cé : Yéyène.
Gégier (Li., Br., By.), s. m. — Le gésier.
^'. Gigier.
Et. — Le g se trouve dans beaucoup de pro-
vinces. Lat. Gigeria, entrailles de poule.
Geignée (P.C., Mj., By.), s. f. — Asthme. 1|
Avoir la geignée, — être asthmatique. ||
Simplement : Se plaindre.
Et. — Tiré du part, prés, du v. Geindre ; lat.
gemere ; gémir vient d'une forme barbare :
gemire.
Gelant, e (Mj., By.), adj. verb. — Très
froid, en parlant du temps, du vent, de la
pluie. Il Où les plantes gèlent facilement, en
pari, d'un terrain. 1| Qui gèle facilement, sen-
sible à la gelée, en pari, d'une plante.
i'Gelasser (Sp., Mj.), v. impers. — Geler
légèrement.
Gelif, ve (Mj., By.), adj. q. — Dent gelive,
— dent sensible non seulement au froid, mais,
en général. [| Temps, arbres, pierres, — gelifs.
Gelinage, s. f. — V. Gélinier. (Mén.)
Et. — Lat. Gallina, poule, dér. de Gallus, coq,
qui veut dire : chanteur ; il est pour Garlus.
(Cf. Garrulus.)
Gélinier, s. m. — Poulailler. « Dans le
gélinier, une poule pond par le bec, c.-à-d.
qu'il faut bien la nourrir. (Mén.)
Hist. — « Le suppliant monta en un gélinier, où
il y avoit deux gelines, lesquelles il tua.- » (1399.
L. C.)
Gellerat, n. pr. — Si le temps est à la gelée,
on dit que M. Gellerat va arriver. — In-
fluence de respect et de crainte exercée par la
famille Gellerat sur Chalonnes et les environs
et, plus tard, sur Angers. — Tous ont dis-
paru.
Gellerit (Sp.), s. m. — Gringalet, avorton.
Syn. da Rinot, Riclet, Muser in, Chivrille.
Gemme (Mj., Lg., By.), s. f. — Sorte d'on-
guent très poisseux, formé de cire et de résine.
Il Terre glaise très tenace. || Toute substance
poisseuse et tenace. || Poix de cordonnier. —
Cf. Cire.
Et. — Gemer, gemmer, — couler, faire couler
par des entailles la résine des pins ; enduire de
poix.
Gemme, s. f. — Bourgeons placés sur les
branches de la vigne, sur le rameau princi-
pal. (MÉx.)
i30
GENANCE — GENS
Et. — Le lat. Gemma veut dire : |)ierre précieuse
et bourgeon.
CJênance (Mj., By.), .s. f. — Gêne physique,
sensation de constriction, d'oppression. Ex. :
J'ai de la gênance sur l'estomat, — j'éprouve
de la difficulté à respirer, de l'oppression
dans la poitrine.
Et. — Gêne. — 1° Contr. de Géhenne ; propre-
ment : vallée près de Jérusalem, où les Juifs
brûlaient leurs fils et leurs filles en l'honneur des
idoles. — Puis, Enfer, en style de l'Ecriture. —
Hébreu : Geia Hinnon, — vallée de Hannon.
(LiTT.) — 2° Gi'ne est pour -. geïne, plus ancienne-
ment gehine, de l'a. v. gehir, avouer ; orig. germ. :
aha. Jehan, déclarer. Le subst. gehine a été
confondu de bonne heure avec : géhenne. Aveu
arraché par la torture ; puis : torture. Cf. Ques-
tion. (Daem.1
'Ciênante s. f. — Avoir la gênante, ou la
colique, loc. vulg. (Méît.)
Gendarme (Mj., By.), s. m. — Fig. Hareng-
saur.
N. — C'est une ellipse, pour : Pied de gendarme,
nom que l'on applique également au hareng-saur,
sans doute parce que l'odeur forte de ce poisson,
duquel, d'ailleurs, la forme est celle d'un pied
d'homme, est censée analogue à celle de l'essence
que distillent les abattis de nos braves Pandores.
On sait que la science a dénommé cette essence :
protoxyde de gendarmium et lui a donné la for-
mule : 100 H O 7 H O. Rien de Wiirtz.
Dormir en gendarme, avoir un sommeil très
léger, ne dormir que d'un œil. || Fig. Femme
hommasse, ou revêche, ou autoritaire. V.
Cogne, Grippe-Jésus. — By.
Genderme (Lg., By.). — Corr. de Gen-
darme. Syn. de Cogne, Grippe-Jésus.
CJendive (Lg.), s. f. — Gencive. Syn. de
Dentier. Le mot a vieilli. — Lat. Gingiva.
Gêne, s. f. — On donne ce nom à un ban-
dage herniaire. 1| Sp. — Au plur. Id. — Syn.
de Rétreint.
Gêné, ée (Mj.), part. pas. — Oppressé.
Gêner (Lg.), v. a. — V. Giner. \\ Forcer,
obliger. Ex. : T'as tombé? C'est bé fait !
T'étais pas gêné de courir.
Génération (Mj.), s. m. — Engeance, ij
Généalogie, filiation.
Genetai (Sp.), s. m. — Champ de genêt.
Génetière (By.), s. f. — Disposition de
genêt, de chaume, etc., pour prendre les
alouettes au collet.
Genêt-renîs (Mj.), s. m. — • Sorte de petit
genêt, employé dans la médecine des cam-
pagnes. V. Genêt sauvage.
Génetrole (Mj.), s. f. — Prêle, plante de la
famille des équisétacées. Syn. de Cœur-
hanète, Quoue-de-poulain, Quoue-dc-ral, Tire-
hanète, Pinier.
Et. — Cette plante est ainsi nommée sans doute
à cause de la ressemblance vague qu'elle a avec
le genêt. Génetrole est, en effet, le dimin. du 't.
Genêt ; c'est le même mot que le fr. Genestrole ;
mais ce dernier nom désigne une plante toute diffé-
rente, qui est le Genista tinctoria, ou Genêt des
teinturiers, appelé à Mj. Genét-renis.
Génêt-sauvage (Pell.), s. m. — Genêt des
teinturiers. V. Genêt-renis.
Génevelle (Lg. et environs), s. f. — Pen-
ture de porte. Syn. de Bande.
Et. — Paraît être pour Génuelle, dérivé de Génue.
La coexistence de ces deux mots me paraît indi-
quer que j'ai eu raison de dériver le dernier du
lat. Janua.
Génie (Mj., Lg ), s. f. — Dimin. famil. du
prénom Eugénie. Se confond avec Jenny. On
dit aussi Ugénie, Ninie. \\ By. — Jenny, pour
Jeanne.
Genou (Mj., By.), s. m. — Fig. Tête chauve.
Syn. de Chou-poume. \\ Couper comme ein
genou, comme ein genou de nonne, — couper
très mal, être émoussé. || Coiffé comme ein
genou, ou comme ein genou malade, — mal
coiffé. Il De genoux, — à genoux, — Vx fr.
Genouil. V. Genoil.
Et. — Lat. Geniculum, dim. de Genu. — Hist. :
La Sainte Vierge tenant son petit Jésus..., plus
deux anges de genouil. » (Inv. Arch., H, i, p. 72,
c, 2.)
Genouil, s. m. — Génération, degré de
parenté : « Le lignage se tient au 6^ genouil. »
(L. C.) V. Genou.
Genouillée (Mj.), s. f. — Petite plante
rampante, de la famille des caryophyllées, à
tige lierbacée, noueuse, coudée et ramifiée ;
à feuilles linéaires, aciculées, épaisses et un
peu grasses, disposées en verticilles autour des
nœuds, d'où les rameaux partent à angle
droit. Commune dans les vallées de la Loire.
La graine est appelée Chapeau-bordé. Syn.
de Châssion. C'est la spergulaire, spergularia
arvensis.
Et. — Plantes genouilleuses, celles qui ont des
racines épaisses, peu enfoncées dans la terre et
faites de plusieurs pièces jointes ensemble comme
la jambe et la cuisse le sont par le genou.
Gens, s. m. et f. (By.). — Bonnes gens. —
Ces mots sont souvent joints à un nom ou à
un pronom, soit sing., soit plur. Cette oppo-
sition marque une commisération réelle ou
ironique. Ex. :. Il fait ben de son mieux,
bonnes gens, encore il ne illy arrive point. —
A Mj. et partout, cette exclamation, à sens
plus vague, revient sans cesse dans la conver-
sation. Ex. : Il crayait ben faire, bonne gens.
Il Nos gens, le maître et la maîtresse, le fer-
mier et la fermière. |! Craon. Le père et la
mère. Je vais chez mes gens, — chez mes
parents. — C'est bien la Gens, des Latins, la
famille. || Chpt. — Nous gens, — nos voisins.
il Nous gens, au sens de : famille, ne se dit
guère à Mj., mais très bien dans toute la
Vendée, à partir de La Pommeraye. Ex. :
Vous tombez ben mal ; nous gens ne sont
point là, ils sont tortous partis au pervail. —
C'est la familia, au sens le plus large, tous les
gens de la maison, de la ferme. || Mj. Loc. remar.
quable : N'y a gens de, — il est impossible de.^
GENT — GERNON
431
Ex. : N'y a gens d'entendre ce qu'il dit. Cette
loc, très usitée, est une ellipse pour : Il n'y
a pas de gens capables de. || By. — Qu'ein
potin, — ou : qu'eine odeur ! n'y a gens à y-i
résister. On dit dans le même sens: N'y a pas
de gens de, — n'y a parsonne de. || Fu. —
N'y a de gens d'avanger à illi brocher des
chausses, à c'te brise-barrière-là ! — Ag. —
N'y a gens de tenir dans ma cuisine, par la
chaud qu'y fait. (Une cuisinière, rue Bressi-
gny.) Il « I a gen de pibo ! » (Il n'y a point de
peuplier.) Mireille. \\ On dit, à tort : Gens
qui branlent, pour désigner l'harbe à la per-
drix. V. Gentil-branle, prononc. Genqui-
branle.
Hist. Holos, Holos, dist. Graddgousier: qu'est
cecy, bonnes gens ? R., G., i, 27, 58.
— Au sens négatif :
« Vers mun seignur le rei n'i at giens de
huntage. » (Il n'y a aucune honte pour mon-
seigneur le roi.) Voyage de Charlemagne à
Jérusalem. Cité par Devillard, 68, dernier
vers.
Et. — Genti-nm, ou mieux gen-us, comme si
l'on disait : non genûs, non geritium, minime
gentium, nullement. Cf. Personne avec la négat.
Dr A. Bos.
Gent (Lue, Z., 152), s. f. — Une gent, c'est
une bonne gent, se dit aussi bien d'un homme
que d'une femme. || Décancher une gent, —
débarrasser une personne. H Ti. — On dit :
Eune gent, — une personne.
(lîente, s. f. — Petite'charrette à bras, ou
pour un petit attelage. (Mén.)
«entil» (Sp., By., Mj.), adj. q. — Fluet,
mince de la taille.
N. — Au masc, l'I final est absolument muet,
comme dans Filleu(l) ; au fém., il n'est pas mouillé,
Gentile, ce qui explique le fr. Gentiment. — Leux
petite fille est vrai gentile.
Et. — Lat. gentilis, qui est de bonne race. —
Hist. :
« Nymphes des jardins fertiles,
:( Hamadryades gentiles. »
(J. DU Bellay, Louanges d" Anjou, p. 104.)
a Une belle, courtoise et gentile maîtresse. »
(Id., Les Regrets, p. 214.)
Gentil-branle (Lpm.), s. m. — Syn. de
Harbe à la pardrix et de Zyeux de pardrlx. Se
prononce Genquibranle et s'écrit, à tort :
Gens qui branle. C'est l'amourette brize
moyenne. Cf. en fr. Bois-gentil ; daphné. —
Bâtard : Briza média, — Amourette, Herbe
tremblante, Pain d'oiseau.
N. — Un correspondant avait proposé : Champ
qui branle. R. O. répond : Cela est inacceptable
pour plusieurs raisons. D'abord, on ne prononce
pas Chan, mais ./an. Ensuite, personne n'a vu un
champ plein de Zyeux de pardrix se balançant au
souffle de la brise. C'est une graminée assez rare
et dont il est même difficile de trouver assez pour
faire un bouquet de la grosseur du poignet. V.
Zyeux de pardrix.
Génue (Mj., By., Lms, Z. 196), s. f. — Pas-
sage étroit, petite fenêtre ; petite ouverture,
guiche, trou dans un mur ; jour de cave. V.
Géne\>eUe.
Et. — Aucune n'est satisfaisante. — Hist. -.
« Voyant que ce bois était transféré vis-à-vis et
au-dessous d'une génue mal fermante et d'ouver-
ture infiniment facile par dehors... » (Extrait
des Arch. du Greffe de la Cour d'appel d'Angers.
— Anj. Hist., 5« an., n° 3, nov. 1904, p. 283,
1. 16 et 33.) — Cependant, je proposerais le lat.
Janua, porte.
Génusse (Craon). — Le même que Génue.
George (Mj.), adj. q. — Se dit d'une espèce
de noix très grosses. Des noix georges. Cf.
yoix-?nuscat.
Et. — « Je soupçonne Gauge : noix gauge,
grosse noix, par opposit. aux noisettes, ou petites
noix. Germ. vvalah, wale, walsch, — étrangère,
welche. En ail., wallnuss. .\ngl. walnut, ou gallica,
* galja. " (D"' A. Bos.) — Scheler, même explic.
— « GroUier. La noix que Rabelals nomme grol-
lière est celle qu'ailleurs on nomme noigobe...
Elle est beaucoup plus grosse que la noix commune
et, comme sa coquille est beaucoup plus tendre que
celle des autres noix, il se peut qu'on l'aura nom-
mée groUière à cause que la grole, espèce de cor-
neille, qui en est fort friande, trouve le moyen de
l'entamer de son bec. » (Le Duchat, sur Rabelais,
I, 242.)
Geouriflée (Mj., Lg., By.), s. f. — Giroflée.
Et. — Forme assez fréquente, quoique moins
usitée, de Girouflée, résultant de l'interversion des
voyelles dans les deux premières syllabes de ce
mot. Cf. Çurigien. — De Girofle. C'est l'odeur qui
a fait donner le nom à ces fleurs. En lat. : caryo-
phyllum ; grec : karuon', noyer, et phuUon, feuille.
Il By., id. et Girouflée et même Girouflère.
Gerbier (Lme., Ché., Mj., Ts.), s. m. — Tas
de gerbes. Syn. de Mouche, Mouéche.
Hist. — « Guischart Trafi'oy. . . s'en alla en ung
champ... où estoient quatre gerbiers... esquelz
il mist le feu. » (1460. — L. C.) — Tous les gerbiers
qu'on avait dans différents endroits sont transpor-
tés icy, et mis dans la cy-devant église de Saint-
Pierre, pour les battre, et les grains me seront
ensuite livrés. » (L. B., 98, 18.) — « Des voisins ont
averti M. B. . . que son gerbier était en feu. {Ang.
de Paris, l'"- sept. 1907, 3, 5.) Ag. — nom de famil.
Gerfaut (Fu.), s. m. — Le gerfaut est le
bec, le crochet avec un ressort qui sert à
accrocher la buée (ou bue) que l'on descend
dans le puits. Syn. de Chabut, Clenche, Far-
geot.
Gerle (Guérie, Gherle) (Sal.), s. f. — Ins-
trument en peau trouée, ou grillage. Dessous,
le grain tombe comme grêle. — N. Mais grêle
n'a pas formé Gerle. V. Guérie.
Gerler (Guerler) (Sal.), v. a. — Passer à la
guérie le blé du guernier (grenier) pour le
nettoyer.
Gerner (Lg.), v. n. — Germer. Syn. et d.
de Gearner.
Et. — Lat. Germinare. || Puisque la lettre n se
trouve dans le latin, ne pourrait-on pas supposer
que le berrichon l'a conservée de préférence à m?
La même observ. s'appliquerait alors à Sener, de :
seminare. (Jatjb.)
Gernon (Lg.), s. m. — Germe. Syn. et d.
de Gearnon. V. Gerner.
432
GÉROMION — GILER
Ciérômion (Tlm.), s. m. — Géranium. V.
Girômion. \\ By. Géromiomm, giromiomm, les
0 brefs.
Et. — Géranium. Du grec, par le latin, — bec de
grue. Le fruit est formé de cinq capsules terminées
chacune par une arête, d'où résulte une forme en
bec de grue
Gesses, s. f. pi. Gouttière. — Cf. Geaise.
Hist. — « Goutière ou gesse, pour porter les
eaux communes. »(L. C.)
Gessonner (Chpt.), v. n. — Drageonner.
V'nez étêter nos choux pour les faire gesson-
ner. » Cf. Guesson, Guesser.
Geste (Mj.), s. f. — Acte , action. Ex. : Tu
fais de belles gestes ! — agir de façon ridicule,
avoir une conduite déplorable.
Et. — C'est le plur. n. de Gestum, gesta, actions
mémorables. N. On peut remarquer que notre
patois a conservé à ce mot son sens primitif, de
même que le fr. dans la loc. : Faits et gestes. Du
reste il redevient fort à la mode dans la littéra-
tuic contemporaine.
Gêtée (Mj.), s. f. — Chasse aux canards
sauvages, cpii se fait en restant longtemps à
l'affût, accroupi, ou couché dans les lucettes,
pour guetter le passage de ce gibier défiant.
On dit : Faire à la gêtée. Syn. de Accourpie.
Et. — Du fr. Gésir, être couché.
Getro. m. pi. — Glandes qui viennent au
cou des enfants. V. Jottereaux.
Gevau. — Prononc. vicieuse de Chevau,
pour Cheval, au sing. ; mon gevau. (Ti., Zig.
159 ; J'vau, Lx., Zig. 143. — By.) Cf. Chevau.
Chuau.
Giber (Sp., Mj., Lg.), v. n. — Ruer, lancer
des coups de pied ; regimber. Syn. de Gin-
guer.
Et. — Ce mot a la même rac. qui se retrouve, un
peu allongée, dans le fr. Regimber. Cf. Giper.
(Jaub.)
Gibier (Mj., By.), s. m. — Individu, en
mauvaise part, particulier, paroissien. Ex. :
Je ne sarais me remettre éioù que je l'ai vu,
ceté gibier-lâ. \\ Gibier de malheur, — indi-
vidu qui n'apporte pas la chance avec lui ; un
fâcheux. Il Gaillard. Ex. : Queun gibier pour
faire rire. || J'ai rencontré ein gibier qui avait
point l'ar trop catholique. — Je ne sais pas
de qui est ceté gibier-lk, — ce particulier-là.
Et. — La locut. primordiale est : Aller en gibier ;
c'est donc un nom verbal d'un verbe : gibeer,
giboyer. On a les formes du B. L. Gibicere. . ., oii
on trouve un radie. Gib (cf. Gibet), sorte de bâton,
d'arme, d'engin. Faut-il entendre que Gibicere,
gibeer, c'est chasser avec la Gibe? (Litt.)
« Un jour d'aoust, après mangier,
« Allèrent tous trois en gibier. »
Ghf. — Prononciat. assez fréquente de di entrant
dans la composit. d'une diphtongue. Ex. : Diable,
pron. Ghiâble, Ghiâhe. — Et même dans Midi, —
mighi (mais cette graphie n'en donne qu'une idée
imparfaite). — Y allez-vous î — Ghi ail' vous? —
i'ghi dis, — je lui dis.
Gibe, sorte de serpe : « Bâton ferré en forme de
serpe ou pays de Perigort, dont on coupe les
maies herbes des champs. » (14.51. — L. C.) Qqs-uns
le dérivent de Cibarium (nourriture). D. C.
Gibrou (Auv.), s. m. — Marmelade de
prunes.
Giclée. (Mj.), s. f. — Jet de liquide. Dér. du
fr. Gicler. |i By. Gilée.
Gicler. — « Vira la bano au giscle. » —
tourner la corne au vent, à l'embrun. (Dau-
det. Lettres de mon moulin. La Camargue.) —
Devrait s'écrire par un j, jicler, lat. jaculare.
(LoR. Lar.) By. Giler.
Gidelle (Bg., Li., By.), s. f. — Une jatte.
— Plat dans lequel on prépare le beurre en
sortant de la baratte. Syn. Jède.
Hist. — « La femme tomba... dans sa gidelle,
sur son beurre. « (B. de Verv., M. de p., n, 13.)
Gigier (Mj., By.), s. m. — Gésier, estomac
des oiseaux. — Corr. du mot fr. — V. Gégier,
— Pat. norm. Gisier.
Gigougner (S. -P.), v. n. —
Doubl. de Gisouiller. Cf. Tirâgner.
Gigotter.
Gigouilier (Mj., By., Sal.). — V. Gigougner.
Remuer vivement les jambes, les gigues. Syn.
de Giguenâiller.
Et. — ScHELKB dit : « Je suis porté à croire,
sans être à même de le démontrer, que de la rac.
germ. Gig, se remuer, s'est produit d'abord :
gigue, jambe ; d'où gigot, jambon ; gigotter, se
remuer ; giguer, faire aller les jambes, danser, et
que de ce giguer s'est dégagé le fr. gigue, danse,
puis air de danse, et enfin instrument de musique
pour faire danser. »
Gigouillette (Mj., Lg.), s. f. — Sorte de
danse. Dér. de Gigouilier, Cf. le fr. Gigue.
Hist. — La Gigouillette ne se danse pas. . ., elle
se gigouille. — elle se chante aussi. (Ang. de Paru;,
du 24 fév. 1907, p. 1, col. 3.) — « Ce fut le signal
des danses. . ., valses, polkas, schottishes, et aussi
la frétillante gigouillette, la danse angevine si
caractéristique... » (Ang. de Paris, 16 déc. 1906,
1, 3.)
Gigouré (Va.), s. m. — Purin. Syn. de Gi-
gourit, Suint, Juin, Pus.
Gigoiirit, s. m. — V. Jigourit.
'jiiguenâiller (Lg.), v. n. — Gigoter. Syn.
de Gigouilier, Gigougner.
Gilbert (Mj.), s. m. — V. Girbé.
Gilée (Mj.), s. f. — Se dit dans : Gilée de
vent, — courant d'air, vent coulis. Ex. : Il
fait eine gilée de vent qui n'est point chaude.
V. Giler. il Filet de liquide qui jaillit. Syn. de
Giclée, Guichée. By., id.
Giler (Mj.), v. n. — Jaillir, pisser, en pari.
d'un liquide. Syn. Guicher. || Envoyer un
liquide par pression. Faire giler de l'eau. —
En faisant giler du lait de femme dans
l'oreille, on guérit du mal d'oreille. (Croyance
populaire.) V. F.-Lore, xiv, Lait.
Et. — C'est un doubl. de Gicler ou Jicler et, par
conséq., un dér. du lat. Jaculare et un doubl. du
fr. Jaillir.
GILET — GIRONNÉE
433
Oilet (Mj., By.), s. m. — Gilet rond, — sorte
de veste courte que portaient les paysans il y
a une centaine d'années. Ce n'était nullement
un gilet, mais bien un vêtement dans le genre
de la carmagnole. || Mj. — Gilet de peau, —
gilet de flanelle.
Et. — Ou de : Gille le niais (personnage de la
foire), qui portait une sorte de veste sans manche ;
ou du nom du premier fabricant de gilets, Gille,
dit-on. {LiTT.)
Gillebers. — V. Hait.
iiiUe (Mj.), s. m. — Sorte de jeu de cartes. ||
Celui qui perd à ce jeu. || Paillasse, pierrot,
clown. Ex. : Faire le Gille, — faire l'idiot. ||
Rester ou se trouver Gille, — rester ou se
trouver nigaud. — By.
Et. — Gille, nom propre, corrompu de Egidius.
L'origine du proverbe est obscure.
Giloire (Auv.), s. f. — Clifoire. Syn. de
Chicoire.
Gînance (Mj.), s. f. — Gênance.
Gîne (Mj.), s. f. — Gêne.
Giner (Mj.), v. a. — Gêner. — Cf. Licher.
Hist. — « Si curieusement réglée, ou plus tost
liée et geinnée. » (J. du Bellay, Déf. et lit., li,
9, 18.)
Gingeoler (Lg.), v. n. — Branler, se balan-
cer. Ex. : Le vergne gingeole, il va bétôt
tomber. || Tituber. Syn. de Brancholer.
Et. — Doit tenir à la rac. Gigue et être un dimin.
de Ginguer. — Gigue.
Gingin (Mj.), s. m. — Ingéniosité, esprit
d'invention, intelligence. Syn. de Engivane,
Ingénie. j| By. — Avoir du gingin, c'est être
ingénieux. Avoir de l'engin, c'est avoir les
instruments propres à la pêche ou à la chasse
(de l'équipage), sans compter les autres sens
de engin, — piège, arme, machine.
Et. — Dér. du lat. Ingenium, par réduplication
du g, s'ajoutant comme augment avant la première
syll. Syn. de Ingénie, Devinoire. — Hist. :
« Et toutesfois je n'en approuve pas
« Tant seulement la mesure ou compas
« De son beau corps, ny les trayctz de sa face
« Qui chascune aultre embrunist et efface,
« Mais quand et quand Vengin et bonnes meurs
« J'estime tant que pour elle je meurs. »
(G.-C. Bûcher, 83, 128.)
N. — Je remarque en passant l'express. : quand
et quand, qui signifie : bien plutôt, et j'observe que
c'est le bret. : quentoh quent, — le plus tôt pos-
sible.
« Prenez y tous, rois, ducs, rocs et pions,
« Enseignement (\\i'engin vaut mieux que force. »
(Rab., p., II, 27, 182.)
I Gingourct (Segr.), s. m. — Jus noir du fu-
mier coulant dans une cour. (Mén.) — Cf.
'^Gigounl.
I Gingiicr (Mj., Lg.), v. n. — Gigotter. ||
iRuer, lancer des coups de pied. || Regimber. ||
iLg. — Se tirer des diflicultés à force d'éner-
[gie. I| By. — Gin-gher, jouer en se bouscu-
ant. Syn. de Gouincer.
Giquet (gikiète) (Mj.), s. m. — Hoquet.
Et. — A Auv., on dit Hiquet. Giquet est le
même mot dans lequel la gutturale g remplace la
gutturale h. C'est l'angl. Hiccup et le fr. Hoquet.
Girard, s. m. — Nom vulg. de la mâche.
(MÉN.)
Giraiide, s. f. — Giraude de moine. V.
Gouet. (Mén.)
Girbé (Mj.), s. m. — Coupe-bourgeon,
petit insecte coléoptère qui pond ses œufs
dans les jeunes pousses des poiriers et incise
ensuite ces mêmes pousses d'xin trait circu-
laire, fait avec son bec fort et pointu. C'est
un rhynchite, ou bruche. A Sp., on l'appelle
Eribé. Syn. de Gilbert, Girbère. — N. C'est
le Durbec de Jaub., qui cite aussi Urbet.
Girbère (Mj.), s. m. — V. Girbé.
Girie, s. f. — Mauvaise raison, mensonge,
tromperie. S'emploie surtout au plur. : Tout
ça, c'est des giries. \\ By. Chirie.
Hist. — « Aussitôt nous avons fait une perqui-
sition dans les meubles et effets, et nous sommes
emparés de plusieurs drogues et giries sacerdo-
tales. » (Anj. Hist., 6« an., n» 6, p. 643.) Cf. D(>ies.
Giroflée à cinq branches (Sal., etc.), s. f. —
Gifile. Ce sont les cinq doigts de la main.
« J'vas te donner une giroflée à cinq branches!»
V. Girouflée. Syn. Mandale, Ognon.
Girôniiome (Li., Br.), s. m. — Géranium.
V. Gérômion.
Girôniion (Mj.), id.
Giron (Mj.), s. m. — Gouet ; arum macula-
tum. Il La partie inférieure d'un épervier, qui,
relevée par les cambres, forme une sorte de
ventre ou de chambre où le poisson.se trouve
emprisonné. || Estomac du porc. Sans doute
parce que la concavité de cet organe rappelle
un giron. Syn. de Port-Girault, Chaudin.
Et. — Au !"■ sens : « 1° Giron, pan coupé obli-
quement en pointe, en forme de triangle : pan de
la robe, de la tunique ou du haubert. . ., — partie
du corps qui va de la taille aux genoux, la per-
sonne étant assise- Aha. Gerô, ace. Gêrun. A.
frison : Gar, de Ger, pointe de lance. — 2" Tour,
rond, cercle ; ce qui entoure, ce qui est rond :
giron, sein, lit, tablier, ceinture, jupon, bord, bor-
dure ; revers de bottes ; tuile ronde. — Augmentât,
de Gire. (Lat. Gyrum. cercle. Cf. Girer.) — Ces
deux mots, qui avaient deux sens bien différents,
l'un de pan en pointe, l'autre d'objet en rond, et
dont le premier est beaucoup plus ancien, ont fini
par confondre leurs sens ; p. ex., le sens de tablier
peut aussi bien venir de giron 1, vêtement qui
occupe les flancs, que de giron 2, vêtement qui
entoure la taille. Giron et Sein ont fini par être
équivalents.
Gironnée (Mj., By.), s. f. — Ce qui peut
tenir dans le giron ou dans le tablier d'une
femme. Ex. : Je vas aller clir eine gironnée
de pois de mai. — Une gironnée de choux.
Tout plein et : tout fin plein son devanteau.
— V. Giron. Syn. de Bornée.
Hist. — « Icellui Roussel qui avait une gironnée
de cailloux, en suiant le suppliant. » (1405. — L. C.)
« Et leur pleine gironnie
i( De lour bain ilgs baillerant. » (.Voë/s pop.)
(Et leur pleine gironnée De leur bien ils baillèrent. »
28
434
GIROUFLËE — GLIEUVE
Girouflée (Mj., By.), s. f. — Giroflée. ||
Giroiiflée à cinq feuilles, ou à cinq branches,
ou simplement Girouflée, — soufflet, calotte
bien appliquée. Ex. : Je t'ai illi envoyé eine
girouflée à cinq branches qu'il n'en a vu que
des chandelles. Syn. de Ognon, Mandale. —
N. On dit aussi Geouriflée.
GirouDée (Lg., By., Sp.), s. f. — Plein le
giron. J'ai toute une girounée de choux, — un
plein tablier. (Li., Br.) V. Gironnée.
Gissant (Lg.), part. prés. — Se dit dans :
Meule gissante, — pour gisante.
Gître (Lue, By.), s. m. — • Gîte.
Et. — B. L. Gistrum, du v. Gésir.
Gîtrer (se) (Lue. Mj., By.), v. réf. — Se
gîter, se cacher, se tapir, se blottir. — Syn. de
S'amurgner, se Boumir.
G/ace (Mj., Lg.), s. f. — Glace. Cette forme
avec gi mouillé a vieilli à Mj.
Glacive (Lue), adj. q. — Terre glacive, —
forte et argileuse. — Comme on dit Gelif,
gelive. — Syn. de Boutasse.
G/açon (Lg.), s. m. — Glaçon. Syn. et
doubl. de Gazon, Glazon.
Glaine (gléne), s. f. — Pour Glane. Y.
Glane, Gléne.
Et. incert. — Hist. « Icelle Mabille avoit
emblé et fait ses glennes en temps d'aoust. » (1377.)
— « Ainsi que le suppliant batoit un pou de
glaines ou gerbes de blé. >> (1427. — L. C.)
G/and (Mj., S.-A.), s. m. — Gland. || S.
fémin. Glands, comme nourriture. Ex. :
Notre gorin veint ben mieux dempis qu'il
mange de la gland. — Pour gl mouillé, cf. Glé-
ner, Liéner. — V. Charte.
Et. — Lat., glandem, fém. — Hist. : « Les
années où il y avait de la gland es bois. » [Anj.
Hist., n, 3«, 585, 29.)
Glandée (By.), s. f. — Récolte du gland,
dans la Coutume d' Anjou, art. 497. — « Les
porcs vont à la glandée, manger des glands
sous les chênes. » (Mén.)
Glanduleuse, ,adj. q. — Année glandu-
leuse, produisant beaucoup de glands. Voir :
hannetonneuse. (Mén.)
Glane (Mj.), s. f. — Corde, filin, haussière,
grelin. Terme de marine. 1| Glane, poignée
d'épis ramassée en glanant. V. Gléne.
Et. — La Glane, ou Glène, au l^^ sens, est le rond
d'un cordage roulé sur lui-même. (Darm.)
Glaude (By.). — Prononciation vicieuse
de Claude, dans : prunes de Reine-Glande,
sans mouiller le gl.
Glazon, s. m. — Glaçon. Cf. Gazon.
Hist. — « A cause que les glazons courent à
6/. — Le gl est souvent mouillé, de même que
dans la langue italienne ; ainsi : gland, glotte,
sonnent à peu près comme la syll. finale de :
aillant, papillote.
plein eau par la rivyère. » (1628. — Inv. Arch ,
S, s, E, 28.'3, 1, m.) Cf. Aglâser.
iilitnt (Mj., Lg.), s. f. — Glane. \'. Glaine,
Glane. Cf. Liéne. || By. Gléne, gléner, glé-
neuse. || Fig. Collecte que faisaient autrefois,
dans la paroisse, les sacristains et les chantres.
Pris au figuré. Rappelle la Poignée d'épis
(glane) ramassée en glanant.
Hist. — (( Pour le partage de la glène entre le
chapelain et le vicaire. » (Corné, xvm* s. — Inc.
Arch., G, p. 89, 2.)
— Sal. — Gléne, et plus souvent Liéne, est
la petite gerbe cueillie après la moisson.
Liéner, c'est ramasser les épis échappés aux
moissonneurs.
Gienée. — Vx mot. Cf. Galenée.
Hist. — Sépulture d'un enfant sous la glence de
l'église. (1669. Inv. Arch., m, E, S, s, 416, 2.)
GZener (Mj., By., Lg.), v. a. — Glaner.
Hist. — « Et si ne soit si hardis gleneres ou gle-
neresses ki voist à camp glener en jour de feste ne en
diemence sous le forfait de cinq sols. » — Glesner.
(L. C.) — « Et si la cour n'y donne ordre, il fera
aussi mal glener cette année. » (Rab.)
G/eneux (Mj., Lg.), s. m. — Glaneur. Cf.
Liéneux, Glenoux. V. Jatjb., à Gléneur.
G/enot (Lg.), s. m. — Petite glane.
GZenoux, se (Lg.), s. m. et f. — Glaneur,
euse.
Glétron (Li., Br.), s. .m. — Cardon sauvage.
Et. — Glaiteron ; nom vulg. du Grateron. Le
même que Glouteron. La bardane ; ou le : caille-
lait accrochant. — Altéré de Gletteron, dér. lui-
même de l'a. fr. Gleton, dér. de l'aha. Chlelto,
ace. chlettun, glouteron.
N. — R. O. rectifie : 1° Ne serait-ce point plutôt
la Cardère, ou chardon à foulon, celle qu'à Mj. on
appelle Peignet (Batakd nomme peigne la car-
dère sauvage, Dipsacus sylvestris et le ScandixJ
pecten.) Je ne connais pas de Cardon sauvage,!
tandis que la Cardère est commune partout. —
2° Il est vrai que Glétron, Glaiteron. Grateron,
Glouteron soat le même mot au point de vue éty-
mol. ; mais ils désignent plusieurs plantes accro-
chantes distinctes. E)éjà. en franc, (v. Hatzf.) la
forme Glouteron a le sens spécial et exclusif soit
de Bardane, soit de Gaillet ou Caille-lait, deux'
plantes accrochantes, mais qui ne se ressemblent
nullement : l'une est une composée et l'autre une
rubiacée. Il est vrai que le cardon, si cardon il y a,
et la rardcre sont aussi des composées, mais on ne
saurait dire que c'est le même que la bardane. ni
surtout que le gaillet. — (Bâtard donne le nom
de Glouton à la Lappa minor, bardane à petite
tête.)
G/eu (Mj.), s. f. — Glu. X. Gl. parfois
mouillé.
Et. — Lat. Glutem, ace. de Glus.
GZeuroux (Lg.), adj. q. — Glaireux, vis-
queux. Syn. et d. de Liogroux et du fr.
Glaireux.
Glieuve s. f. — Pour Gliève, Lièvre.
Hist. — « J'ai trouvé le git du gliem'e,
« Mais le glieuve n'y était pas ;
« Le matin, quand il se leuve,
0 II emporte tous les draps. »
GLISSÉE — GOBALE
4 H 5
(M. Talbert, Ronde du pays angevin, tiré du
Pédagogue, p. 37. — Méaière.)
«lissée (Mj., By.), s. f. — Glissade.
Et. — Le mot le plus ancien est non pas Glisser,
mais Glacier, qui vient de Glace ; xii" s. (S. Ber-
nard.) LiTT. — A. f. Glier, emprunté de l'aha.
glilan ; am. gleiten, devenu régulièrement : glider,
glier, — puis glisser, par l'influence de -. glacer
(plus anciennement : glacier), gliier, xru? s. (Darm.)
Glissoire, s. f. — Pour : clissoire.
N. — Glisoirée, contenu d'une clissoire. (L. C.)
Globe (Mj.), s. m. — Manchon de verre
sous lequel on conserve les couronnes des
mariées. — C'est le rnot fr. dans un sens très
spécial et d'ailleurs unique. 1| By. Plus : bou-
quets artificiels, etc.
Et. — Lat. globus ; à rapprocher de Gleba,
glèbe, et de Glomerare, pelotonner. On trouve le
dimin. Globeau au xv« s.
Glogner (Do.), v. a. — Chiooter. Cf. Gnâ-
gnard.
Gloire, pr. glouère (Mj., Lg., By.), s. f. —
Vanité. || Coquetterie. — • Vx fr. Glorie (lat.
Gloria). Ex. : Ces petites fumelles-là, la
gloire les prend aussitout que ça peut gouler.
Il Chanter la gloire, — chanter comme un
homme ivre.
GZond, gl m. (Lg.), s. m. — Gland.
Glorieux (Mj , Lg., By.), adj. q. — Vain,
vaniteux. || Coquet, faraud.
Glossé adj. q. — V. Lait glossé.
G/ouer, gl. m. (Lg.), v. a. — Faucher, le
chaume. Le mot a vieilli parce qu'on ne fait
plus de chaume. — N. On prononce en une
seule syllabe : youer.
Gnâ (Lg., Th.), s. m. — Agneau. — Par
aphérèse de la l""*^ syll. de Aigneau. Syn. de
Zegnâ, Aigneau, Igneau. \\ Fig. — Morve qui
pend au nez. Svn. de Cloche, Chandelle,
Licoche.
Gnaffe (Lg.), s. m. — Nez, museau, figure.
Ex. : Je te illi ai envoyé ein coup de poing
sus le gnaffe !
Gnâgnard (Sp.), adj. q. — Hésitant, indé-
cis, sans volonté arrêtée, lambin. — Cf.
Gnangnan, même sens. Onomat. rendant bien
la mollesse d'une personne sans énergie. ||
Qui marchande longtemps. Syn. de Fred-au-
cul. Chipoteur, Chipaud. Cf. Glogner.
Gnaise, adj q. — Nonchalante (Ad.). Ex. :
Ah ! mamzelle, vous avez l'ar ben gnaise, à
matin. Syn. Niant.
Et. — Pron. vicieuse de : niaise. — Lat. nidacem,
de nidum, nid, — cfui n'a pas encore quitté le
nid.
Gnangnan (By., Ag.), s. m. et f. — Fai-
néant, indolent, mou. V. Gnâgnard, Niant.
6n. — Dans un grand nombre de mots, n prend
le son nasal de gn. Ainsi, nous disons : commugnion,
magnier, pagnier, preugnier, gniau, faignianl,
frtgnp, pour : communion, etc. (Jaub.) — By. id.
Et. — Par redoublement du vx mot Niant, qui
est : néant, et signifiait : rien. (Litt.)
Guiafe (Mj., Lg., By., etc.), s. m. — Cor-
donnier, ou plutôt savetier de bas étage. Ce
nom ne s'emploie qu'en goguenardant.
Et. — Incert ■ Se trouve avant 1300. (Litt.) —
Paraît être une onomatopée imitant le bruit du
chégros que tire le savetier. (Darm.) — La Curne
signale les variantes : Gnaf, gnof, gnauf, gnif,
nouf. — A rapprocher de l'angl. Knave, drôle,
coquin, fripon, valet ; ail. Knabe, garçon.
N. — A défaut d'étym. sérieuse, on peut citer
celle que donnent les plaisants D'après eux, ce
sont les chiens qui ont baptisé les gniafes, et voici
dans quelle circonstance. Au temps jadis, un
membre besogneux de l'honorable corporation
des savetiers, manquant de cuir, avisa un veau
crevé, une brunette, que la Loire avait rejeté sur
une grève, et se mit en devoir d'en enlever la peau.
Mais, comme on sait, chaque corporation était
jalouse de ses privilèges. Aussi les chiens du voisi-
nage, furieux de se voir disputer leur proie, se
mirent à poursuivre le pauvre diable en l'accom-
pagnant de leurs aboiements : gniafe ! gniafe !
gniafe ! Le nom lui en resta et passa à tous les
chevaliers du tranchet, ses confrères. (R. O.) —
Sal. — Du latin Ignavus, paresseux, faignant.
(C'est ingénieux !)
Gniau (Mj., Lg., My., By.), s. m. — V.
Niau.
Gnièce (By., Mj.), s. L — Nièce.
Gniole, s. m. ou f. — Sot, imbécile. — Une
grande gniole. — A rapprocher de Gnangnan.
Gnognot (Lg.), adj. q. — Niais, nigaud.
Syn. de Niguedouille, Bégaiid, Gniole.
Gnognote (Mj., Lg., By.), s. f. — Ne s'em-
ploie qu'au sing. — Fadaises, chose sans
valeur, sans importance, sans intérêt. Ex. :
Tout ça, c'est de la gnognote. — Vin de qua-
lité inférieure. — Ou, avec une négation :
Fichtre '- ce vin-là, c'est pas de la gnognote !
Et. — Cf. Niant, néant, rien.
Gnon (Mj., By.), comme dans oignon, s. m.
— Horion, atout, torgnole, gourmade, mor-
nifle. Ex. : J'y ai flanqué ein gnon ! — Syn.
de Hampane, Mandale, Ognon.
Go (By.). Dans la loc. Tout de ^o.
Et. — On dit encore : Tout de gob. Subst. verb.
du V. Gober, — tout d'un trait : « Il l'avala tout de
gob, sans mâcher. » (Darm.)
Gô. — V. Jeu. F.-Lore, vu.
Gobage (Mj.), s. m. — Aubaine, bénéfice,
gain, chape-chute, revenant-bon, héritage,
surtout inattendu. Ex. : Leux tonton est
mort, ils vont faire ein bon gobage. — De
Gober.
Gobaille, s. f. — Aller à la gobaille, à la
gobée, à la suite d'un baptême, attraper des
dragées ou des liards. (Mén.) V. Grippe,
Gratta il le.
Gobale (Lg., Lrm.), s. f. — Coquille de noix.
N. C'est bien la coque, et non l'enveloppe
verte.
. Et. — Tient, malgré la légère différence de sens,
436
GOBASSE — GODET
au franc. Bogue et à notre v. pat. Egobler. Pour
Bogale.
Gobasse (Sp.), s. f. ■ — Syn. de Gobier et
de Bogue. Pour Bogasse.
Gobeaux (Mj.), s. m. — V. Egobleaux.
Gobe-chuchoD (By., Mj.), s. m., ou Gobe-
suchon. — Le suchon, ou chuchon, est le
nom donné au cousin, culex. |i Sp. — Celui
qui tient la bouche ouverte, d'un air niais.
Syn. de Boie-goule, Gobe-étron. — Gobe
mouches.
Gobe-étron (Mj.), s. m. — Individu qui
tient habituellement la bouche ouverte. Syn.
de Gobe-chuchon, Boie-bec, Boie-goule. \\
Dadais, nicodème. || Gobe-mouches.
Gobe-figues (Mj.), s. m. — Petit instru-
ment qui sert à cueillir les figues. C'est un
petit goblet de fer-blanc, à rebords dentés et
muni en dessous d'une douille, au moyen de
laquelle on le fixe au bout d'une perche
longue et légère.
Gobelettée (Mj.), s. f. — Le contenu d'un
gobelet.
Gober (Mj., By.), v. a. — Fig. Saisir, arrêter,
pincer, surprendre. Syn. Piger. || Attraper,
duper. Il Absolument : La gober, — subir les
conséquences. Ex. : Il va la gober, — il va en
payer les pots cassés. Syn. de Porter la foUe-
enchère. — « A ben fallu la gober. » — Avec
tout ça, va falloir que ça seye moi qui la
gobe ! — Syn. de Ecoper, Adorer. || Lue. —
Recevoir des coups. « Tu vas gober ! » ||
Gober qqn, — le trouver absolument de son
goût, en être infatué. || V. réf. Se gober, —
être infatué de soi-même.
Et. — « Gob, saisir, prendre. Variante de Gab.
Dans le gaéliq. gob, le gallois gwp, bouche, — et le
fr. gober, manger, avec ses dérivés : gob, bouchée
(avaler tout de gob, d'un seul trait, d'une seule
bouchée). — gobet, petite bouchée ; gobeter,
crépir en faisant entrer le plâtre ou le mortier dans
les joints. — J'ajoute Gobel. avec son dimin.
Gobelet, et Jobe, pour Gobe, au sens de niais, qui
croit tout exactement, qui gobe tout, avec son aug-
ment. Jobard, pour Gobard. )> (Malv.)
Gobeter (Mj.), v. a. — Crépir grossière-
ment un mur neuf. Syn. de Clôtoyer. On dit
aussi Regobeler.
Et. — Voir celle de Gober.
Gobeur (Mj.), s. m. — V. Gobeux.
Gobeux (Mj.), s. m. pi. — Ouvriers mari-
niers qui, jadis, flânaient sur les ports de la
Loire, offrant leurs services aux bateaux de
passage pour les manœuvres lourdes, telles
que le comble des ponts. Aux Ponts-de-Cé, en
particulier, il y en avait toujours de relais. —
Ainsi nommés parce qu'ils faisaient des Go-
bages. — On dit aussi Gobeurs.
N. — Cette espèce n'existe plus : mais, autrefois,
aux abords des ponts, qui alors étaient bien rares
sur la Loire, comme à Nantes, Ancenis et aux
Ponts-de-Cé, les maîtres mariniers étaient sûrs de
trouver des gobeurs qui les aidaient à faire le
comble des ponts. Aujourd'hui, les Gobeurs ont été
remplacés par les tape-nez, et surtout par les
remorqueurs. Ceci a tué cela. — Cité en ce sens par
Littré.
Gobier (Mj., Sal.), s. m. — Glumes, enve-
loppes du grain des céréales, débris de ces
enveloppes. Syn. de Ventin, Pous, Bigaux,
Barbillon. — Jaub. Gapier.
Et. — Ce mot est pour Boguier, dér. inus. de
Bogue, par métathèse du b et du g, et cette
transposition s'est produite dans presque tous les
mots de cette famille : Gobasse, Gobeau, Egobleaur.
Gocheter, v. a. — Avaler. Faire le mouve-
ment de déglutition. (Mén.) Probablement
pour Gorgeter.
Godan, s. m. — Un veau. — Pour Bodan,
bodin.
Et. — « Gode : vieille brebis. » L. C.
Godard (Sp., Do.), s. m. — Jars, mâle de
l'oie. Syn. de Jarc. \\ Lg. — La plus grande
des neuf quilles d'un jeu. || Faire le godard (Sp.)
être père d'un nouveau-né.
Et. — A rapprocher de l'ail. Ganse, de l'angl.
Goose.
N. — « Servez Godard, sa femme est en couches »
Façon de parler pour refuser qqch. à un imperti-
nent qui veut se faire serviren maître, ou bien à un
impatient. — Cette loc. se rattache à une vieille et
bizarre coutume, trouvée en beaucoup de pays,
d'après laquelle le mari d'une femme en couches se
mettait au lit pour recevoir les visites de ses
parents et prenait ainsi ses aises pendant plusieurs
jours.
Hist. — « Mole leur a dit : Ergo glu !
« Servez Godard, sa femme accouche !
« Ce ne sera pas par ma bouche
« Que l'édit sera lu, s'il l'est ;
« Il ne me plaît pas. «
{Courrier burlesque, 1650, 2' partie. — LoRÉn.
Larch.)
Godendart (Mj.. Lue, Do.), s. m. — Grande
scie à débiter les troncs d'arbres en billes.
Il By. — Ou en planches : les gros blocs de
pierre.
Et. — Godendac, ou Godendart. Arme à hampe
dont le fer porte une pointe, un croc et un tran-
chant. Du flam. Gooden, bon, et de Dac, jour ; nom
soldatesque de cette arme avec laquelle les Fla-
mands donnaient le boniour à l'ennemi.
Hist. — « A grans bastons pesans ferrez
Cl A un long fer agu devant.
« Vont ceux de France recevant.
« Tiex baston qu'ils portent en guerre
« Ont nom godendac en la terre.
«Godendac, c'est, bon jour, à dire,
« Qui en français le veut descrire. »
(1298. L. C.)
.Godet ' (By.), s. m. — Têtard de grenouille.
Ex. : Y a ben des godets dans les foussés. Syn.
de Tête, Téte-d'âne. || Sal. — Gars godet, —
qui a des manières de fille. A donné son nom
au suivant.
Godet - (Auv., Lue, By.), s. m. — Ustensile
servant à puiser de l'eau dans un seau. C'est
un vase en bois avec un long manche percé
d'un trou qui va s'ouvrir au fond du vase et
par lequel s'écoule l'eau (ju'on a puisée. — 1
GODETÉE - GONELLE
437
On dit : Boire au godet, c.-à-d., directement,
sans verser dans un verre.
Godetée (Auv., By.), s. f. — Le contenu
d'un godet.
Godi (gogui) (Mj., By.), s. m. — Godet,
rempli fait à l'étoffe d'une robe, d'une
manche, et qui permet de rallonger le vête-
ment en défaisant la couture. — Ce pli est
fait surtout en vue de la croissance d'un
enfant. || By. Gôdi. || Syn. Rentrait, Remploi.
Et. — De Goder, faire un pli un peu rond 'res-
semblant à un godet) là où l'étoffe doit être à droit
fil. (LiTT. ) — Goder paraît ûtre pour Gauder, qui
se déduit très régulièrement du goth. walljan,
am. walzen. rouler. — Pli rond. (Scheler.)
Goc?iche (goguiche) (Mj., Sal., By.), adj. q.
— Gauche, niais, qui a un maintien ou une
tournure ridicule. Syn. de Rachas, Rajole. Cf.
Godet.
Et. — A p.-ê. la même rac. que Godard, Godine,
jars. oie. P.-ê. aussi est-ce le même que le berri-
chon Goudiche. sorte de galette. — Je remarque, à
ce sujet, que Tourte prend le sens de niais : T'as
l'air d'eine tourte. — Du radie, de Godon, forme
hypocoristique de Claude, qui se dit aussi pour :
nig-aud. — Cf. pat. norm. La Godiche, jeu de bou-
ction. li Se prononce régulièrement à By.
Godille (Sp.), s. f. — Ne s'emploie qu'au
sing. — Ramille, pointe des branches de tail-
lis. Il Fagot fait avec ces branches.
GodiWoux, ouse (goguilloux) (Mj.), adj. q.
— Mouillé, boueux, en parlant d'un chemin.
— - Syn. de Poquerassoux, Gadrilloux. \\
Mouillé, couvert de boue, en parlant des
vêtements. || Pluvieux, en parlant du temps.
Cf. Gaudrer. \\ By. Ghéghilloux.
GodioeMSp.), s. f. — Oie.
Et. — C'est la forme fémin. de Godard.
Godine S s. f. — Une femme riche.
« On dit qu'elle est de Doué,
« Car elle est bien godine. »
Nous avons la carrière du Grand-Godinet, à
Chalonnes. (Mén.)
Et. — Godinette, grisette. De Godin, joli, mi-
gnon. P.-ê. de l'anc. v. Goder. Du celtiq. God,
luxure, exubérance. (Litt.)
Godron (Mj., By.), s. m. — Goudron. V.
Godronner.
Et. — De l'arabe Kathran, ou, avec l'article,
alkathran, de kathara, couler goutte à goutte.
(Litt.) — Venu sans doute par les croisades.
Godrouner (Mj., By.), v. a. — Goudronner.
N. — Goildronner est employé par Rabelais, au
Prol. du L. III de Pant.
Gogane (Mj., By., Sal.), s. f. — Tulipe sau-
vage, commune dans les prés humides, au
printemps. Syn. de Clocane, Lausane, Au-
sane. \\ Fig. — Nœud de ruban au-dessus
d'une coiffe. |1 By. Damier, chaudron.
Et. — Corr. de Clocane. — Bat. — Fritillaria
meleagris.
Gogars, Gogas (Mj., By.), s. m. — Petit
garçon. Forme enfantine et caressante de
Gars. Cf. Dodas.
Gogu, uë (Sp ), adj. q. — Gai, réjoui. Syn.
de Révestoui.
Et. — De Gogue, pour Gode. — Hist. : « Un
jour li prince de Galles était en gages. » (Fkoiss.,
VII, 245.) Cf. Goguette. (L. C.) Voisin du fr.
Goguelu.
Gogue (Mj.), s. f. — Préparation culinaire.
Les gogues se font avec l'estomac et les gros
intestins du porc, que l'on bourre du sang
de l'animal, mélangé de morceaux de lard et
de poirée ou bette hachée menu. Le tout est
cuit à l'eau bouillante. Pour manger les
gogues, on les découpe par tranches que l'on
fait rôtir sur le gril. (V. Zigz. 162, sqq.) ||
Fig. Triple menton. On dit d'un homme gras
et sanguin : Il en a eine gogue ! || Bg., Segr.,
By. — Tête : II s'est mis cela dans la gogue.
Syn. de Ciboulot, Micâmeau. N. Les gogues
d'Angers sont célèbres : elles sont encore un
mets traditionnel de Pâques. On les fait
meilleures en campague qu'en ville.
Et. — Incert. — Hist. : « Et quand vous auray-je
dignement loué les membres internes, les espaules,
les esclanges. . ., le foye, la râtelle, les trippes, la
gogue, la vessie. . . » (Rab., P., iv, 7.) — « Au son
des vezes et piboles, des goguez et des vessies. »
(Rab., p., IV, 36, 418.) — Le bref, a Goêd, sang.
N. P.-ê. pour Glogue, du lat. Cloca, de même que
Gogane = Clocane. V. Goguéier.
Gogiléier (Mj., Sa.), v. n. — Se boursoufler,
se couvrir d'élevures, d'ampoules, de phlyc-
tènes, de cloches.
Et. — De gogue, avec la termin. verb. inchoat.
éier.
Goguéiure (Mj.), s. f. — Ampoule, élevure à
la peau. V. Goguéier.
Gogueneaii- — not (partout), s. m. — Ba-
quet à ordures. Syn. Jules. \\ Au plur.,
Latrines.
Et. — Incert.
Goincer (Li., Br.), v. n. — S'amuser. Ce que
l'on va goincer ! — Les jeunes gens ont ben
goincé. — V. Gouincer.
Goise (Mj.), s. f. — Blé barbu, froment de
miracle, variété à farine rude et grossière.
Epeautre. — Gouape.
Gomme. . . pétoire.
Hist. — « J'aimais mâcher de la gomme élas-
tique et imiter le bruit de la puce qu'on écrase avec
le petit ballon que l'on fait saillir de la gomme bien
mâchée. » (Coquelin Cadet. — Quelques souvenirs.
La pension Taverne. — Annal, pol. et litt. dini.
16 juillet 1905, p. 38, col. 3.) — Et nous aussi,
au collège de Saumur, vers 1850-60, nous connais-
sions ce Jeu, peu ragoûtant.
Gondor (Lg.), v. a. — Munir de gonds, une
porte, un volet. Doubl. de Gonter.
Gond-paumelle, s. m. (Do.). — Le gond
assez long pour qu'il faille se servir de la
paume de la main pour ouvrir une porte.
(Méx.) — Explication peu satisfaisante.
Gonelle, s. f. — Casaque d'homme.
Et. — Du celt. Gwn, robe? — Hist. : « Les cha-
noines les plus robustes de leur église revêtus de
4 38
GONFLE — GORGOSSER
]eur f;onne . . . prirent le corps sur leurs épaules. . . »
(Celui de l'évêque d'Angers, Nicolas Gellent. —
Anj. Hist., 2" an., p. 136.) — Grisegonnelle : sur-
nom de Geoffroy, comte d'Anjou. Gonnelle, de
Gunella, dimin. de Guna. (Ménage.) — Cette
gonelte de Geoffroy était faite de la fourrure d'un
animal nommé (Griseum,- Grisium) en franc. Vair.
C'était aussi un cotillon de femme.
« Em piez s'en drece dam Simon de Paris,
« Grise gonnelle, un duc de moit haut pris. »
— V^ Griseum. — « Gaufridus cornes indiitus
tunica illius panni quem Franci Grisetum vocant. «
(■.)78. — D. C.) — Cottes longues jusqu'au bas des
jambes, sans manches, faites de soye et blason-
nées des armes des chevaliers. (Borel.) Cf. Hane.
Gonfle (sonfe) (Mj.), adj. q. — Gêné par
une sensation de gonflement à la suite d'une
ingestion d'aliments lourds et indigestes,
ballonné. — By. || Syn. Guède, Embednuflé.
Et. — Provincialisme à éviter. — Lat. Conflare,
souffler avec, et, dans les bas temps, gonfler
(intestina conflata).
— « Déjà sur le figuier la figue s'engrossit
« Pleine et go/î/?e de lait. . . » (Rémy Belleau.)
Goiise (Mj.), s. m. ■ — • Gamin, galopin. Syn.
de Moutard, Ganafiat, Maininot.
N. — Ce mot est peu employé, à l'inverse de sa
forme fém. Gonzesse : il est délaissé pour son dou-
blet Gosse. Toutefois, je n'oserais dire qu'il n'ap-
partient pas au fond même de notre patois.
Conter (Mj., By.), v. a. — Monter sur
gonds, munir de gonds. Doubl. de Gonder.
Gonzesse (Mj., Lg.), s. f. — Gamine, petite
fille. Il Jeune fille, en mauvaise part ; drô-
lesse.
Et. — Ce mot, de formation ou d'importation
récente, mais assez couramment employé, dér.
de Gonse.
Gôpler (Mj.), v. a. — Manier, manipuler
sans précaution. || Abîmer ; écrémer, déflorer.
Il Prendre le dessus du plat ; choisir les bons
morceaux. || Sp., v. n. badiner, folâtrer. Syn.
de Gouincer. — V. Gaupler.
Et. — Je regarde ce verbe comme un doubl. de
Pôgler, formé par métath. du p et du g, analogue
à celle qui s'est produite pour Gohier, Maupoyer.
Gorde (Som., Lg.), s. f. — Syn. de Frayon.
Bande de fer fixée sur le côté externe, droit, du
sep ou brayaud d'une charrue, pour en em.
pêcher l'usure.
Et. — Corr. du fr. Garde, parce que celte bande
de fer garde, protège le sep.
Gorbilleaux, Goiirbilleaux (Sal.), s. m. —
Gras-double. V. Goiirhilleaux.
Goreau. — Mot trouvé, sans explication,
sur une liste dont l'auteur est décédé. —
Sans doute le même que Goret.
Goret (Tlm., By., Lrm.), s. m. — Porc. ||
Preune de goret, — espèce de prune. || Lg. —
Celui qui lance la gorette, au jeu de ce nom
By. Goret, petit porc ; gorin, porc adulte.
Et. — Vx fr. Gore, truie ; bourg., Gouri ; berry,
Gouret. — Au xv" s., on trouve : Gorin, goron,
goreau, goreton. — Diez le tire de l'ail, gurren,
gorren, — grogner, et il cite Gorre, cavale, maii-
vaise jument. — Angl. Gore, — boue, limon.
(LiTT.) — Le peuple de Paris appelait Isabeau de
Bavière r la Grand' Gore. (Jaub.)
Gorette (Mj., Lg.), s. f. — Jeune truie. ||
Sp. — Cloporte. Syn. de Trée. N. Il est re-
marquable que cet annelé a reçu, à Mj., et à
Sp., deux noms totalement difl^érents et
ayant cependant le même sens propre. Lg., id.
V. Gâcher. \\ Lg. — S'emploie dans la loc. :
Ami de la gorette, — paillard, amateur du
sexe. Syn. de Vessier. \\ Lg., s. f. Boule dont
on se sert au jeu du même nom. V. au
Folk-Lore, vu.
Et. — Fém. du fr. Goret. V. Gorin.
Goretter (Lg.), v. n. — Mettre bas, en
pari, d'une truie. — Syn. de Gorichonner,
Goriner.
Gorgane, s. f. — Pour Gourgane, Fève de
marais.
Gorge (Sp.), s. f. — Donner de la gorge, —
avancer la perche ou âge d'une charrue sur
l'avant-train, de manière que le soc pique
moins profondément. On règle cet avance-
ment au moyen du hardier et de la jauge. V.
Hardier, Jauge, Jauger, Entrure.
Et. — Lat. Gurges, gouffre ; la gorge ayant été
comparée à une ouverture béante. — L. pop.
Gorga.
Gorgeoire (Mj., Lg.), s. f. — Trachée-
artère et larynx. Cf. l'esp. Garguero, gosier.
Hist. — « Leur maie angine, qui leur suffoquast
le gorgeron avec l'épiglotide. » (Rab., P., v, 19,
521.)
Gorgeon (Mj.), s. m. — Petite gorgée.
Gorgeonner (Vr.), v. n. — Comme Piâ-
chonner ; mâcher longtemps et du bout des
dents qqch. qui ne passe pas, qui ne plaît
pas. Syn. de Miâcher.
Gorgeot (Mj.), s. m. — Partie antérieure du
cou. Syn. de Gorgit. — Fr. Gorge.
Gorge-rouge (Lg.), s. f. — Rouge-gorge,
oiseau. Syn. de Bedue, Vachette, Vache,
Reusse, Russe, Gadille, Gadrille.
Gorgette (Mj.), s. f. — Petit oiseau à
gorge bleue, qui vit au bord de l'eau et fait
son nid dans les lucettes. C'est, je crois, le
gorge-bleue, fauvette du genre rubiette,
groupe des becs-fins, motacilla suecica. |j
Lg. — Le gosier. Syn. de Gorgeoire.
N. — Nom vulg. (Gorgerette) de la fauvette à
tête noire. — Gorgeret, — gobe-moucnes, oiseàu.
(LiTT.)
Gorgit' (Mj., Sal.), s. m. — La gorge ex-
terne et le soin. — Syn. de Gorgeot.
Gorgossage (Mj.), s. m. — Gargouillement,
gargouillis. Cf. Borborygme.
Gorgosser (Mj.), v. n. — Gargouiller, faire
entendre des glouglous. Se dit des liquides.
Ex. ; Ça me gorgosse dans le ventre, — j'ai des
borborygmes. — Syn. de Ragouiller. Cf.
l'esp. Gargajear, cracher avec force.
Et. — Il est probable que ce mot et son syn.
GORGOTON — GOUÊPE
439
fr. Gargouiller ont la même rac. cl que tous deux
ili r. du fr. Gorge. Syn. Boerdouiller.
N. — Je lis dans la Géographie de VOise, par
.luANNE, p. 12 : « La Troène. . . sort de la fontaine
'\r la Gourgoussoire, à Neuville-Bosc. »
Ciorgoton (Sar., Ag.), s. m. — La trachée-
artère. Cf. Gorgette. Syn. Fausse-gorge.
Gorichon (Bg.), s. m. — Cochon de lait. j|
Sp., Vh. — Et Gourichon. Noms de famille.
Gorichonner (Aiiv.), v. n. — Cochonner.
Syn. de Goret/er, Goriner. — Dér. de Gori-
chon, dér. lui-même du fr. Goret et de Gorin.
Gorin (partout), s. m. — Porc, cochon.
Et. — Ce mot est comme le fr. Goret, un dim.
d'un vx mot Gore, auquel doit se rattacher le fr.
Verrat, et qui a donné de nombreux dérivés :
Goret, Gorette, Gouron, Gorine, Goriner, Gorinier.
Couronner, Gouronnière, Gorichon, Gorinas.
N. — Gorin, c'est le mâle ; Gorine, la femelle ;
Goret, le jeune. — Hist. : « En l'hostel Jehan Rous-
seau avoient esté trouvez sept gorins ou cochons
de laict. »14,51. — L. G. — Espagnol, Gorrino.
Gorinâille (Sa., By.), s. f. sing. — Les bêtes
porcines prises collectivement.
Gorinas, s. m. — Porc. (By.) V. Gorin.
Gorine (Mj., By.), s. f. — Truie, Trée.
Goriner (Mj., By.), v. n. — Mettre bas, en
pari, de la truie. Syn. de Gorichonner, Goret-
ter. Il Do. — Travailler grossièrement.
Gorinier (Auv., Bg., By.), s. m. — Tablier
de toile très grossière dont les filles de ferme
se munissent pour faire le pansage des co-
chons. Il Par ext. — Tablier en général. Syn.
de Devanteau, Dorne.
Gorinière (By., Zig. 188), s. f. — Toit à
porcs. Syn. de Soue.
Gosse (Mj., By., Lg.), s. m. — Gamin,
galopin. Syn. de Gonse, Moutard, Maminot.
N. — Le suédois a ce môme mot avec le même
sens. V. Ganafiat.
Gosser (Sp., Lg., My.), v. n. — Bûcher,
s'amuser à travailler le bois avec un couteau.
Syn. de Chapuser. — V. Bourgne.
Got (Sal.), s. m. — Trou en terre, spéciale-
ment pour planter la vigne. || Trou pour le
pirli, — ou pour la balle au got, ou au pot. —
\ . F.-Lore, Jeux, vii.
Goter (Sal.), v. n. — Paire des gots.
Gotliille, n. pr. — Dimin. de Marguerite.
Goton (Mj.), s. f. — Ribaude. || Souillon. l|
Pécore. || Maîtresse, concubine. V. Dorothée,
Pouffiasse, Diane. \\ Dimin. famil. ou plutôt
méprisant de Margot, Marguerite, Margoton.
Il II s'est ruiné pour sa Goton. — By., id.
Gouaille (Mj., Lg., By.), s. f. — Plaisanterie.
Ex. : Il entend ben la. gouaille. Goguenarderie.
Et. — C'est le s. verb. de Gouailler, qui est reçu
en fr. — Orig. incert. Lat. cavillare? — Hist. :
« Les bons paysans vendéens, dit encore Bour-
NisEAU, ont presque tous une naïveté afToctée dont
il faut prendre garde d'être la dupe. Tel les croit
imbéciles qui ne s'aperçoit pas qu'ils se moquent
de lui : ils appellent ce genre de moquerie : la
gouaille. Ih y sont fort adonnés et aiment à gouail-
ler même dans les occasions les plus graves. . . La
plus grande politesse qu'un noble puisse faire à
son métayer, c'est de le gouailler et de s'en laisser
gouailler.' « (Dexiau, Hist. de la V., i, 39.)
Gouape (Lg.), s. f. — Homme, ou femme
peu recommandable, propre à rien. || By.
Gouape, gouâper ; gouêpe, er.
Gouapeur (Lg.), s. m. — Syn. de Gouape,
Gouêpe, Souane, Souaneur. .\\ Voleur. Syn.
de Gouêpeur.
Gouas (Mj.), s. m. — Sorte de cépage
blanc, dont le raisin a des grains arrondis,
peu nombreux, dorés par le soleil à la matu-
rité et possédant une saveur très sucrée et
légèrement musquée. || Z. 141. — Tr. Pous-
sière bleuâtre très fine qui provient de la
taille de l'ardoise.
N. — Gouais (Goet, Gouais). Variété de raisin
médiocre. (Litt.) — « Sorte de raisin si peu estimé
qu'une ordonnance d'un duc de Bourgogne pros-
crivit cette espèce de vigne sous peine de 3 livres
d'amende pour chaque cep conservé. » (Jaub.)
Goubelet (Li., Sp., Tlm.), s. m. — Gobelet.
Hist. — « Gargantua se pignoit (peignait) d'un
goubelet. (Rab.)
Goubin (Do.), s. m. — Un très petit mor-
ceau de pain. Pour Gobin, du fr. Gober.
Goudrillard (Mj., By.), s. m. — Syn. de
Goudrille. Dér. de Goudriller.
Goudrille (Mj., Sp., By., Sal.), s. f . — Vieux
couteau disloqué et ébréché. Syn. de Senard,
Gourde ille , Guerne , Guillaume , Guiaume ,
Surin. || Sp. — Changer son couteau contre
eine goudrille, — changer son cheval borgne
pour un aveugle, le meilleur — ou le mauvais
— pour le pire. || Do. — Couteau de six liards.
Il Sal. — Pierre la goudrille, — sobriquet.
Goudriller (Mj., By.), v. n. — Etre dislo-
qué, en pari, d'un couteau ; être réduit à
l'état de goudrille.
Goué (By., Ag.). — Pour : Dieu, dans
les jurons atténués. Nom de Goué. V. Gouet.
Goucche (Mj.), adj. q. — Feuve-gouêche.
Variété de fève à grains très gros et aplatis.
Goueffe (Sp., Mj.), adj. q. — Légèrement
enflé. 1! Sp. — Dont le biseau est peu affilé, en
parlant d'un instrument tranchant.- N. C'est
le fr. Goffe.
Gouênc (Auv.), s. f. — Excavation dans le
lit ou dans les rives d'un ruisseau. Doubl. de
Gouine. V. Goure, Gourde, Ragot, Ragane.
Gouêner (Auv.), v. n. — Prendre à la
main les poissons qui se sont réfugiés dans les
excavations des rives. Syn. de Crôner. Doubl.
de Gouiner. V. Gouêne.
Gouêno (Mj.), s. m. — Guano.
Gouêpe (Mj.), s. f. — Viveur, noceur. ||
Voleur. V. Gouape. — Sal., id.
440
GOUÊPER — GOULE
Et. — C'est l'esp. Guapo, — brave, bien mis,
galant.
Clouêper (Mj., Sa ), v. a. — Voler. Cf.
Sourdre, Soulever, Dégauchir.
ftouêpeur — peux (Mj.), adj q. — Voleur.
Syn. et d. de Gouape ur.
Gouet ' (partout), s. m. — Dieu. V. GouL
Nom de Gouet ! — Cf. l'ail. Gott, l'angl.
God, le bret. Doué.
Gouet ^ s. m. — Arum maculatum.
Gouet ', ou Gouette (Sp., Bl., My., Sal.), s.
m., f. — Couteau à lame forte et recourbée,
servant dans les étables à fendre les bette-
raves, navets, tiges de choux, etc., destinés
à la nourriture des bestiaux. || Petite ser-
pette pour tailler les arbres au lieu de sécr-
teur.
Et. — Dimin. du vx fr. Goi. (V. Gouge.) B. L.
Guvia, Gubia, etc. (Litt.) — Goe, goil, goiz, goy.
« Icellui Jehan. . . a roingé de toutes icelles tasses
de chascune un pou d'argent à un hostil (outil)
appelé ^ouet. n (1382. — I>. C.) — Cf. Egohine,
m. rac. (Ja'jb.) — Elle devait avoir une partie
.convexe au dos : « Le suppliant feri ung coup d'un
Goy, autrement appelé vougesse, dçquoy l'on
arrache les buissons, de la louppe, qui est devers le
dos d'icellui Goy, sur le front dudit Jehan. » (D. C.)
— Méchant petit couteau camus qui ne ferme point
et que, pour cette raison, on pend à la ceinture des
enfants, qui, dans la saison, se servent de ces
gouets à cerner les noix. » (Rab.) — V" Gouisô.
« Nom apparemment venu de Nogent-le-Rotrou,
capitale du PeTche-Gouet, où l'on travaille beau-
coup en coutellerie. » (B. de la Monnaye.)
Hist. — « Savez-vous de quels ferremens? A
beaux gouets, qui sont petits demi couteaus dont
les petits enfants de notre payis cernent les nois. »
(Rab., I, 27.) Qqs éditions ont Gouvets ; Gouet est
plus correct.
Gougette (Sp., Mj.), s. f. — Poche de vête-
ment. Vieux. — Cf. Bougette, dont les Angl.
ont fait Budget, qui nous est revenu. — V.
Gou jette.
Hist. — « Ha, mon amy. dist-il. je t'en prie, et
ce faisant je te donne ma bougette -, tiens, vois la
là : il y a six cens seraphiz dedans. » (Rab., P.,
II, 14, 149.) — En son saye avoit plus de vingt et
six petites bougettes et fasques. » (Id., ib., ii,
16, 156.)
Gougettée (Mj., Sp.), s. f. — Le contenu
d'une poche de vêtement. Syn. de Pochettèe,
Mallettée.
Gouincer (Z. 137, Sp.), v. n. — Batifoler,
badiner, folâtrer, entre garçons et filles. Syn.
de Grincher, Gôpler. — Se lutiner. || Do. —
Jouer en pinçant, ''iant, lutinant. C'est le
flirt aux champs. || Crier, comme un ricard
auquel on arrache les pieumes. (Dott.) ||
Bl. — S'amuser en ennuyant les autres. —
Syn. de Badifoler.
Gouine (Sp., Sa.), s. f. — Gouje, ribaude.
Syn. Goton, Pouffiasse. \\ Souillon. || (Mj.)
Braconnage du poisson. Ne s'emploie que dans
la loc. : Aller à la gouine. — \'. Couiner.
Et. — P.-ê. de l'angl. Quean, femme de mau-
vaise vie. (LiTT.) — Semble dérivé du rad. de
Gouje (cf. Goujat), même sens. (Darm.) — Femme
de mauvaise vie dans Rab. (i, 14). L'origine peut
être Godine, par la chute du d. — Godine, jeune
fille qui court les bois et les godins. — Godin, bri-
gand qui vit dans les gauis. ou bois. — Anglo-sax.
cwen, femme, et cven, prostituée. En angl. mod.
quean, id, et, par un rapprochement malheureux,
queen, reine. — Roquefort pense que Gouine
vient de Gohine, nom que porte une princesse très
méchante dans le roman de Tristan de Léonoia. —
xvir s. — C'est une franche gouine. (Richelet,
Dict. fr. — Citât, de Eveillé.)
Braconner le
Gouiner (Mj.), v. a. et n.
la souine.
V.
poisson. On dit aussi : Aller
Gouèner'. Cf. Giner.
Gouis. — Localité près de Durtal. On dit
(Ponts-de-Cé, Cercle de la Paix) : Aller à
Gouis, quand on a lancé sa boule trop loin.
« Il va à Gouis, manger des pattes de ferzaie. »
Goujar (Bl.), adj. q. — Qui n'est pas rai-
sonnable.
Goujat (Lg.), s. m. et adj. — Goinfre, glou-
ton, gourmand. Syn. de Goulif, Pochelon,
Porchard, Happaud. C'est le mot fr. détourné
de son sens.
Et. — Or. incert. — Semble le maso, de Gouje.
Goulage (Mj.), s. m. — V. Goulerie.
Goulard, e (Li., Br., By., Mj.), adj. q. —
Bavard, gueulard.
Goularde (Lg.), s. f. — Hotte de cheminée.
Il Ouverture servant d'abat-foin. Dér. de
Goule.
Goulassage (Mj.), s. m. — Bavardage. Syn.
de Goulasserie, Goulage. V. Goulasser.
Goulasser (Mj., By.,) v. n. — Bavarder,
cancaner. De Gouler, — sufi", péjor. asser.
Goulasseries (Mj.), s. f. — Ne s'emploie
guère qu'au plur. — Bavardages, cancans,
caquets, commérages.
Goulayant (Lue, By., Sal.), adj. q. —
Appétissant, friand. || Sal. Qu'on aimerait à
embrasser. Y. GouUiant.
Goule (Mj., Sp., By.), s. f. — Ouverture
d'un vase, d'un puits, d'un fourneau ; gueu-
lard. Il Bouche de l'homme, gueule des ani-
maux. Il Tendre la goule, — crier, pleurer. !|
Avoir la goule ben chaude, — être à demi
ivre. Il Sp. — Se battre la goule de, ou que, —
bavarder, se vanter. Ex. : Il s'est battu la
goule qu'il allait illi foutre eine tatouille. V.
Bagouler. || \'isage, figure, face. — Ex. :
Veins que je te lave la goule ; — Je illi ai foutu
par, ou sus la goule. \\ Tortre la goule, — pleu-
rer, faire la grimace, sur un plat, un mets. ||
Tendre la, ou sa goule sus, — regarder d'une
façon indiscrète. Syn. de Bignoler. \\ Foutre
sus, ou par la goule, — gifler, battre, dauber,
rosser. || Se foutre la goule à l'envers. — tom-
ber, en pari, d'une personne. || Sp. Se foutre
la goule au bas, — même sens. || Ovrir la goule,
de \sl goule, — pleurer, crier. || Goule douce, —
individu difllcile, dégoûté. Goule fine, même
sens. Svn. Bec-menu. \\ Goule enfarinée. Ne se
GOULE AU — GOUPILLEAU
441
dit que dans la loc. : Il est arrivé là avec sa
goule enfarinée, — • comme un curieux, ou
comme un indiscret ; — mais il a été déçu. ||
Se faire la goule ben aise, — se payer des dou-
ceurs. Il Lg. — Tourner la goule, — ne pas
faire attention aux reproches, aux répri-
mandes. Il Donner la goule, — même sens. i|
Mj. — Taire sa goule, — se taire. On dit :
Tais ta goule, pour : Tais-toi. || Th. — La
bouche. Il Avoir de la goule, — c.-à-d. une
parole audacieuse. — Z. 141. || Goule d'er-
minette, visage maigre. || Wi\\Q-goules, —
bavard. Syn. de Gueulard, Govlard. \\ Lg.
Profondeur à laquelle la charrue pénètre
dans le sol. Ex. : La charrue n'a pas assez
de goule. Syn. de Entrure. \\ Goule de corneau
bouilli, — injure. || Sal. La goule y en pète, —
indique un vif désir.
Et. — C'est le fr. Goule, dans un sens plus
général. Lat. Gula : fr. Gueule. L'ital. Gola s'em-
ploie exactement dans le même sens que notre
mot pat. Goule, même dans le style soutenu.
Gouleau (Lg.), s. m. — Bouchée ; gobet.
Ex. : Je vas manger ein gouleau. Syn. de
Gaulée, Boucherée, Goubin, Goulin.
Coulée (Mj., By.), s. f. — Morceau, gobet,
petite quantité de nourriture. Ex. : J'allons
manger eine goulée ; donne donc eine goulée
aux vaches ; — a n'avait point mangé que
dessetrois goulées de soupe. || Un bébé, à
table, à un autre, qui cause : « N'perds donc
point ta goulée. — Toute brebis qui bêle perd
sa goulée. (DoTTiN.) Il Tenir la goulée, — ne
pas lâcher prise, jj Emporter la goulée, —
emporter le morceau. || Causer à la grand
goulée, — ne pas bien articuler ses paroles.
Gouléiant (Bg.), ajd. q. — V. Goulayant-
Qui flatte la goule, agréable au goût. Syn-
Frayant, \\ Sar. — Toute chose savoureuse,
délicieuse. Ex. : Le vin de 93. Se dit aussi
des personnes ; ainsi, une belle fille est une
fille gouléiante.
Gouler (Mj., By.), v. n. — Bavarder, caque-
ter, cancaner. Cf. Goulasser.
Goulerie (Mj), s. f. — Bavardages, cancans»
caquets ; giries, commérages. Syn. de Gueu-
lerie, Gueulage. — N. A noter, toutefois, que
ces deux derniers se prennent en mauvaise
part, mais non Goulerie et Goulage ; la nuance
est très marquée.
Goiilif (Mj., By.), adj. q. — Goulu, goinfre,
goui'maiid ; pifTre ; plus souvent, Goulifre.
Syn. de Happaud, Pocheton, Porchard, Gou-
jat. — V. Jaub., à GalaiTre.
Goulin (Sp.), s. m. — Bouchée. Syn. de
Boussin, Boucherée, Goulée, Gouleau. — X. Au
Croisic, on nomme Gueulin l'appât placé sur
l'hameçon pour la pêche au maquereau.
Gouliiie (Sp., By., Bg., Mj.), s. f. — Visage,
figure, frimousse. Terme caressant. Ex. :
Donne, que je bise gouline. — Bisez gouline,
— embrassez-moi, dit-on à un bébé.
Goulinette (Mj., By ), s. f. — Sorte de
coiffe de femme, sans tuyaux, qui serre étroi-
tement les tempes, avec des brides qui
s'attachent sous le menton. Elle se porte les
jours ordinaires. Cf. Bride-goule.
N. — On peut regarder ce mot comme un dimin*
de Gouline et de Goule. Mais c'est p.-ê. plutôt une
corr. de Câlinette, qui serait le dimin. rég. de
Câlinp. Il est probalDle qu'il y a là une de ces
confusions de racines amenées par une ressem-
blance vague de son et de sens, confusions com-
munes dans le patois et dont le fr. classique lui-
même offre des exemples.
Goulipate. — Mot inconnu de moi, signalé
comme angevin par Jaubert. Gourmand,
goinfre.
Goulot (Mj., By.), s. m. — Fig. Le gosier. —
Rincer le goulot à qqn, — lui payer à boire. ||
Chelinguer du goulot. Sentir mauvais de la
bouche, avoir une haleine fétide.
Goulu (Mj., By.), s. m. — Crampe doulou-
reuse des doigts et de la main, produite par
la fatigue, un effort. (Ouvriers menuisiers,
charrons, etc.)
N. — Pour l'empêcher, on se met un brin de
laine autour du poignet. De même, un brin de
laine attaché au bas de la ]ambe passe pour empê-
cher de se blesser la cheville avec le bout du sabot
en marchant jambes nues. Enfin, une ficelle de
chanvre portée à nu sur la peau autour de la taille
prévient infailliblement les maux de reins et guérit
les courbatures. Les ficelles de pains de sucre sont
tout particulièrement souveraines pour cet objet.
GouDier (Mj.), v. n. — Se renfler, se gonfler.
Il Devenir turgescent, en pari, d'une bouture
qui va émettre des rejets ou des racines. Ex. :
Je vas faire goumer mon plant de vigne. ||
V. réf. Se goumer, même sens.
Et. — Du lat. Gemma, bourgeon ; gemmare,
bourgeonner? — Douteux.
Gouuiitée (Mj.), s. f. — Ratatouille, gali-
mafrée. Syn. de Mazarinée. Cf. Gormiler
(Jaub.)
Gouninie, s. f. — Gomme.
Gounions (Ec, By.), s. m. pi. — Oreillons,
oripeaux. « Pauv' petite, aile est malade, aile
a les goumons. » Syn. de .fottereaux, Eri-
peaux, Oripeaux.
Goumouuer (Lg.), v. n. — S'enfler, se
gonfler, ij Part. pas. — Mouton goumouné, —
atteint de la pourriture, — dont la mâchoire
inférieure est gonflée par l'inflammation. —
De Goumer.
Gouner (Auv.), v. n. — Prendre l'eau dans
ses chausses. Syn. de s'Enaiver.
Et. — Dér. de Gouêne et d. de Gouêner. Même
rac. que Guéne, Ganouiller.
Goupilleau, s. m. — Goupillon.
Et. — (ioupil. renard. Le goupillon fut d'abord
une queue de renard, ou était assimilé à une
queue de renard. Norm., vipillon. Lat. Vulpes,
vulpis. par l'interméd. de qq. diminut. vuIpiUus,
(I.ITT.) — Celte étym. est contestée. — Vulpiculum.
lat. popul. : lat. class. vulpecula. n'a pas formé
Goupillon. — Altération, par étymol. popul , de
442
GOUPILLER - GOURGUEUILLE
Guipillon, dérivé du rad. Guip qui se trouve dans
Guipon. — MÉNAGE mentionne Guépillon. —
xm* s. Guipillon, as[)erj:fitornjm. — D'un rad. ba.
wipp, se mouvoir, proprement : ce qu'on agite pour
asperger, frotter. — Qqf. altéré en Gipon.
« Quatre guippons à yaue benoite. >
(GoD. — V" Guippon. — Cité par Darm.)
— « Item, donne aux amans enfermes (infirmes!
« A leurs chevetz, de pleurs et lermes
« Trestout fin plain ung benoistier
m Et ung petit brin d'esglantier
« En tout temps vert pour goupillon. ><
(VllioN. g. Testament.)
— « Un benoist (bénitier) d'estain avee le gipellon. »
(L. C.) — Paris repousse l'étym. par Goupil et
identifie le mot avec le vx fr. Guespeillon (propre-
ment : Chasse-guêpes). Notez cependant que
l'anc. langue présente aussi Guipillon et qu'il se
pourrait bien que les étymol. vulpeculus et guespa
se fussent rencontrées dans Goupillon. » (Scheler.)
Goupiller (se) (Mj., By.), v. pron. —
S'arranger, se manigancer. Ex. : Si c'est
comme ça que ça se goupille !
Et. — Dér. du vx fr. Goupil, renard. C'est par les
gens renarés que les affaires se goupillent. — Mais
LiTTRÉ dit : Le mot fr. et le v. Goupiller, — garnir
de goupilles ; Genev. coupille, du lat. cuspicula ;
dimin. de cuspis, pointe. — Préféiabh k l'étym.
par Goupil, de Diez.
Gonr. — Préfixe. N. En breton. Goal est
l'adv. qui sert, avec Forh, ou Bras, à former
le superlat. des adj. « Il faut remarquer que
Goal se met mieux quand l'adj. exprime une
mauvaise qualité. » (Guillome.)
Gourbeille (Mj., Lg.), s. f. — Corbeille. Cf.
Gamion, Ganif. — Doubl. du fr. — Provenç.
Gourbiho. i By. — Gourbeillon, pron. gour-
boeillon, corbeille pour le pain bénit.
El. — Lat. Corbicula, de Corbem.
Gonrbillaux (Mj.), s. m. — Xe s'emploie
qu'au plur. Tripes de bœuf ou de vache. ||
P. ext., Tripes, 'intestins, entrailles, boyaux
quelconques. — V. Gorhillaux.
Et. — Dér. de Beille, avec le préf. péjor. Gour.
Angl. Gorbelly ; belly, — ventre. Le préf. péjor.
Gour se retrouve dans Gourveil, Gourveiller,
Gourmâcher. — A rapprocher aussi de l'angl.
Garbage, Garbidge, hoyaux.
Gourd, e (Pell.), adj. q. — Jeu gourd, —
jeu (de boules de fort) dont la sole est molle,
peu élastique et roule mal. il Lue, Mj. —
Engourdi par le froid. V. Engourdeli et Dé-
gourdeli. — A la fois syncope et apocope de
Engourdi. — By., Sal., id.
Et. — Lat. Gurdus, mot espagn., d'après
QuTNTiLiEX : « Et gurdos quos pro stolidis accipit
vulgus et Hispania duxisse originem audivi. »
(LiTT.) — Blé gourd, enflé par l'humidité, — qui
n'est pas suffisamment sec. — Avoir les mains
gourdes, — engourdies par le froid.
Gourde (Sp., By.), s. f. — Gourde, courge,
cougourde. \\ Sp. — Dépression dans le lit
d'un ruisseau, où l'eau reste stagnante en été.
il Mj., By. — Individu balourd, gauche et
niais. Ex. : T'as l'air d'eine gourde. || Lg.
Anse au bord d'une rivière. Syn. de Molle,
Mouille. — X. Il V a évidemment confusion
entre les mots fr. Gourde, subst., et Courte,
adj. — Syn. de Goure.
Et. — Lat. Cucurbita. Gourde est une contract.on
de Cougourde, usité jusqu'au xvii* s. — Dan? le
pat. berr.. Gorle, trou dans un arbre. V. .Jaub. —
En russe. Gorlo, gorge, gosier.
Gourdeille (Lg.), s. f. — Vieux couteau usé
et disloqué. Syn. de Goudrille, Senard.
Et. — Doubl. de Goudrille. Pour la termin. en
eille. Cf. Béteille, Feille. Il y a métath. de Tr et du d.
Gourdier, s. m. — Plante qui produit la
gourde. X. Plutôt la tombe ou couche où l'on
sème les gourdes. Cf. Palourdier, Civier ,
Melonnière.
N. — « Si tu veux avoir un bon gourdier,
« Sème-le en février. » — (Mén.)
Goure (Sp.), s. f. — V. Gourde. Dépression
dans le lit d'un rui.sseau, où l'eau reste stag-
nante en été. ij Lg. — Bief, partie du cours de
la Sèvre, entre deux chaussées de moulins
consécutives. Ex. : La goure de Gallard est
belle et quelle à Jean-Marie aussi ; mais c'est
ren que quelle-là du moulin de la Berrie.
Et. — Corr. de Gourde. Syn. de Rigot, Ragane^
Gouéne.
Gourfoule (en) (Lg.), loc. adv. — En foule
compacte. Ex. : Le monde arrivent en gour-
foule. Il Foule, cohue, s. f. Ex. : La gourfoule
est passée.
Gourfouler (Mj.), v. a. — Froisser, presser
au point de meurtrir, contusionner ; contondre
un bobo ; fouler, un membre, une articula-
tion. Cf. Gourmâcher. || Lg. — Gourfouler de
pansion un animal, — lui donner plus de
fourrage qu'il n'en faut. I| Ex. pour presser :
Faudra faire attention de ne pas gourfouler
ceté mal-là, pasqu'il s'envelimerait.
Et. — Du fr. Fouler et du préf. Gour. V. Gour-
mâcher. — « Laquelle chamberiere bailla sur la
teste au suppliant trois ou quatre coups le plus fort
qu'elle peut. Et quand le varlet vit qu'elle le gour-
fouloit aussi fort. . . » (1453.) — « Icellui suppliant
voyant ledit Estienne énormément batu et
gourfoule. » (1462. — L. C.) — Garfouler. — Les
syll. gas, gât, gar entrent souvent dans la composi-
tion des mots qui indiquent une idée soit de des-
truction, soit de plaisanterie burlesque. (Gargan-
tua, Gourfouler, Dégâter, Gâtine.) Jaub.
Gourïoulure (Do., By., Mj.), s. f. — Fou-
lure, contusion, mâchure. Syn. de Refoulure.
— C'est l'enflure qui se produit à une articu-
lation foulée.
Gour<!aDdin (Sal.). — Coureux. Syn. Hâlo!^.
Gourganes (Bg., Mj., By.), s. f. pi. — Fève.-^.
Il Sal. Gourgane, — grande goule. Cf. Fergane.
Gourganger (Sp.), v. n. et a. — Barboter.
se vautrer dans la boue. Syn. de Gassoter. '
Fig. Cochonner, saveter, un travail. H V. a.
Tripoter salement. Syn. de Griboler
Et. — Je ne vois pas l'origine, quoiqu'on y
distingue le préf. Gour. Mais il semble que le fr.
Gourgandine en dérive. Toutefois Cf. Ganacher.
Gourgueuille (Auv.), s. f. — Ampoule, éle-
GOURIN — GOUSPILLER
443
vure à la peau. V. Orgueilli. Syn. de Bou-
roillc, Bouffie. Syn. et d. de Bourbeille.
Et. — ■ Dér. de Orgueillir, avec aspiration ini-
tiale qui a passé à la gutturale.
(liourin (Tf.), s. m. — Cochon de lait. Doubl.
de Gorin, Gouron. Syn. de Goret.
Goiirinière (Sal.), s. f. — Trée, — truie
pour reproduction. Syn. de Lubrine.
Uoiirit' (Li., Mj.), s. m. — Un jeune porc,
gorin, goret.
Et. — Doubl. du fr. Goret, dér. du prim. Gore.
V. Gorin, Gouron, etc.
Oonriton (Mj.), s. m. — Goret, petit co-
chon.
Gourniâcher (Mj.), v. a. — Serrer, secouer,
brutaliser, rudoyer ; fouler, contusionner. \\
Tourmenter, angoisser, soit physiquement,
soit moralement. Ex. : Il savait ben ce qu'il
avait fait et faut ben craire que ça le gour-
mâchait ben fort.
Et. — Du fr. Mâcher, pris dans le sens de
Ecraser, froisser ; et du préf. Gour, qui se retrouve
dans le synon. Gourfouler et dans les mots fr-
Gourmand, Gourmander. Ce préf. exprime, évi-
demment, une idée péjor. ; c'est sans doute le pat.
Gour ci-dessus et le celtiq. Gwr.
Gourme (Lg.), s. f. — Ne s'emploie que
dans la loc. : Faire la gourme, — se gourmer,
prendre des airs hautains, pinces, dédaigneux.
— Syn. de : Faire sa poire, Faire sa merde.
Goiirmeler (Mj., By.), v. n. — Grommeler,
maugréer. Syn. de Gourmiter, Grouméler,
Batouner, Mogonner, Mohonner, Grognasser,
Gourmouler. — V. Jaub., à Grommeler.
Et. — Du german. Groumen, même sens, —
aa. grummeln ; flam. grommelen; angl. to grumble.
Goiiniiitai^e (Mj.), s. m. — Grommellement.
Gourmiter (Mj.), v. n. et a. — Grommeler,
pester, murmurei', marmonner, bougonner.
Syn. de Gourmeler, Mohonner, Mogonner,
Grouméler, Grognasser, Grimonner, Grimou-
ner, Batouner. — V. Jaub. à Gormiter.
Gourmouler (Sar., Do.), v. n. — Gromme-
ler. \'. Gourmeler. Syn. Bourbiter.
Goûrnaison (Mj.), s. f. — Tendance et faci-
lité à obéir au gouvernail. || N'avoir pas de
goûrnaison, — gouverner mal. — V. Goûrner.
Gournard (Vz., Co.), s. m. — Buveur,
ivrogne, soûlard. — Dér. de Gourner.
Goûrnas (Mj., Va., By.), s. m. — Large
rame, dont le taugourt, ou manche, muni à
son extrémité d'une sorte de béquille (ânille),
est passé dans un étrou fixé sur un des côtés
et vers l'arrière du fûtreau. Le goûrnas sert
à la fois, ou plutôt alternativement, de pro-
pulseur et de gouvernail.
Et. — Dér. de Goûrner et doubl. du fr. Gouver-
nail.
N. — Ne pas confondre avec une godille.
Gourner (Sp., Vz., Co.), v. n. — Boire,
l)inter, se soûler.
Et. — • Probablement par contract. de Gouronner,
boire comme un gouron, un cochon. — N. Dans
l'été, il fait grand chaud et les hommes boivent.
a Gourne donc pas comme ça, tu vas te rendre
malade. " — Le dimanche, l'homme va au bourg
passer la soirée à la Société avec ses amis. « Les
v'ià partis, va; quand vont-ils ervenir? Ah! ils vont
en gourner du vin toute la soirée. Ben sûr ils
vont r'arriver saouls, tertous. — Voir le suivant.
Goûrner (Mj.), v. a. et n. — Gouverner,
diriger au moyen du goûrnas ou du gouvernail.
Par contract. || By. C'est manœuvrer le
gournâs comme rame, et non gouverner. —
Terme de petite batellerie ; — manier le
gournâs (ou goûrneau), longue gâche. V. ce
mot. On s'en sert comme rame ou bien comme
gouvernail. N. Lorsque le bateau va à la
voile, ou est tiré à la hâlée, deux mouve-
ments : se queiller et se serrer. — N. La mère
D. était forte comme deux hommes : « Quand
j'ai mis mes deux poignes sur l'anille du
gournâs, disait-elle, ils ont beau gâcher, je les
défie ben de faire deux tjouts », c.-à-d. de
faire tourner le bateau.
Gouron (Sp., Lg., Chpt., Th.). s. m. —
Porc, cochon. \\ Fig. Salaud. — Dér. du pri-
mit. inus. Gore. V. Gorin.
Gouronni^re (Mj., By.), adj. q. — Se dit
d'une truie portière, que l'on appelle Trée
gouronnière. V. Gouron, Gorinière, Lubrine.
Hist. — « Le bail de 1625 (île Saint-.\ubin) dit
que le fermier pourra avoir. . . deux truyes gou-
ronnières. » (Anj. Hist., Il, S", 585, 32.)
Gourouner (Sp.), v. n. — Mettre bas, en
pari, d'une truie. [| Fig. Cochonner, saveter,
faire mal un ouvrage. V. Gouron.
Gourri ! interj. — Cri pour appeler les
codions.
Gourt (de) (Mj.), loc. adv. — Brutalement,
maladroitement. — Syn. de De bédée. || Tenir
de gourt, — tenir de court, laisser pou de
liberté.
Gourvegner (Segr.), v. a. — Dominer. « On
est gourvrgné par le mal. -' — De gubernare,
gouverner, dominer, diriger. (Mén.) — V.
Gourveiller, mieux dit.
Gourveil (.Mj., Lg.), s. m. — F'atigue exces-
sive, épuisement produit par des veilles pro-
longées. Ex. : Il n'a point de maladie, il a
du Gourveil. V. Gourveiller. — Gourveille (Sal.),
s. f. Avoir de la gourveille, — être fatigué par
des veilles prolongées.
Gourveillage (Lg.), s. m. — ^'eilles pro-
longées, manque de sommeil. Syn. de Gour-
veil, — veille.
Gourveiller (Mj.), v. n. — Se fatiguer à
veiller.
Et. — Du fr. Veiller, avec le préf. péjor. Gour.
Gouspiller (Mj., Lg., By.), v. a. — Déchi-
queter, abîmer. Syn. de Sôdigner, Gouziller.
Et. — Houspiller ; alté". de houspigner, plus
anciennement houspignier, de housse et pignier,
pour peigner : proprement : peigner le manteau,
444
GOUSSAUT
GRABOTTER
battre. — Maltraiter qqn en le secouant ; malme-
ner, en faisant des reproches.
Goussaut, n. pr. pris pour n. c. — Un sot.
Hist. — « M. Bautru avait de l'esprit et ses
reparties vives et plaisantes réjouissaient beau-
coup la Cour et surtout la reine. Un jour qu'il
avait mal écarté au piquet, il dit : « Je suis un vrai
Goussaut ! » — Un abbé de ce nom, qui se ren-
contra là par hasard, s'imaginant que M. Bautru
avait voulu l'insulter, lui répondit qu'il était un
sot de parler ainsi : à quoi Bautru, qui se douta
que l'abbé s'appelait Goussaut, répondit sans
hésiter : « C'est aussi, M. l'Abbé, ce que j'ai voulu
dire. » — En Anjou, Goussaut signifie : un sot.
{Andegavania. Anj. Hist., 4« an., n° 6, mai 1904.)
Gousse, s. f. — Œnaiithe fistulosa. (Mén.)
Gousseau (Mj.), s. m. — Gousse ; petite
gousse. Il Champ de pois en gou.sse (Am.). —
MÉN.
Gousse-pain (Sar.), s. m. — Mauvais sujet,
sans souci, demi-bohême. Cf. Galopin.
Gousseur. — Pour Gausseur. Celui qui
compte des gausses.
Gousson (Mj.), s. m. — Gousset, pièce
carrée placée sous l'aissel e, entre la manche et
le corps de la chemise.
Et. — Gousset. Dimin. de Gousse, le creux de
l'aisselle ayant été comparé à une gousse. Cepen-
dant, on a cité le celtiq. gaéliq. Guiseid, poche ;
kimry, cwysed. Cf. le bret. Gazai, aisselle.
Hist. — « Pour sa chemise furent levées neuf cents
aulnes de toille de Chasteleraud, et deux cens pour
les coussons, en sorte de carreaux, lesquelz on mis
sous les esselles. » Rab. G., i, 8, 18.
Goût (Mj., By.), s. m. — Fig. Eter en
goût, — être bien portant ou de bonne hu-
meur. Il Ne pas être en goûl, ou de goût, —
être de mauvaise humeur, ou indisposé. —
« Il n'est guère agrâlant, il est d'ein vrai
mauvais goût. V. Tour. \\ Etre mal en goût.
(Lue), — être indisposé, physiquement. Ex. :
C'est pas que je seye malade, mais je m'sens
mal en goût. — Etre de mouas goût, ou de
mauvaise humeur. Z. 153. || Mj. En goût de, —
en humeur de, disposé à. Ex. : Je ne se point
en goût de travailler, de rire. — Mj. Hauts
goûts, — saveurs très marquées, sauces très
épicées. Ex. : Il n'eume que les hauts-goûts.
Goûté, e (Mj., By.), adj. q. — Savoureux.
Syn. de Goûteux. Ce poulet est très goûté.
Goûter (Lg.), v. a. — N'avoir pas goûté de
boire, — n'avoir pas bu du tout, n'avoir pas
goûté au vin.
Goûteux (Lg.), adj. q. — Savoureux. Syn.
ae Goûté.
Goutte (Mj., By.), s. f. — Le premier vin
qui s'écoule du pressoir avant tout serrage.
Mère-goutle, moût, vin non cuvé. \\ Au plur.
Les gouttes, — la goutte, maladie. Ex. : Il a
les gouttes dans n'eine main. — By., id. || Lg.
Avoir la goutte au nez, la loupie. Syn. Reusse,
Gadillc.
Et. — C'est le même mot (au 2'^ sens) que le mot:
goutte (d'eau). On attribuait la goutte à des gouttes
d'une humeur viciée qui arrivaient aux articula-
lions.
Goutte-grampe s. f. — V. Goutte-grappe.
Hist. — « Les Angevins disent : Goutte-grappe'
et qqs autres provinciaux disent : Goutte-crampe-
Il faut dire Goutte-Grampe :
« Quand nous fusmes dans Etampe,
« Nous parlasmes fort de vous.
« J'en soupirai quatre coups
« Et j'en u la goutte-grampe. »
(Voiture. — Cité par Ménage.)
Goutte-grappe (-Mj.), s. f. — Crampe, ou
contraction douloureuse des muscles de la
main ou du poignet. Ex. : Je se pourtant si
lasse de filer ! J'en ai la goutte-grappe. \ .
Goulu, Goutte-grampe.
Hist. — « D'autres ai-je ouy dire qui roidissent
et tendent si violemment leurs nerfs, artères et
membres, qu'ils engendrent la goute-crampe ».
(Braxt, D. g., VII, .382). — « Les taureaux furieux
et forcenés approchans des figuiers sauvages dicts
caprifices se apprivoisent et restent comme
grampes et immobiles. » (Rab., P. iv, 62, 464.) —
Goutte-Grampe se trouve dans Voiture. = Goûte-
crappe : dans J. Marot, p. 227 ; Faifeu, p. 26 ;
COTGRAVE. — (I>. C).
Goutter (Mj., Lg., By.), v. n. — Dégoutter.
Gouttes (Mj.), s. f. plur. — La goutte, ma-
ladie.
Hist. — K La racine d'icelle, cuicte en eau, remol-
lit les nerfs retirés, les joinctures contractes, les
podagres quirrhotiques et les gouttes nouées. »
(Rab"!, p., m. 51, 330). — « Ledit Hardouin étant
lors détenu au lit de la douleur et maladie des
gouttes. » (Coust. d'Anj., t. II, col. 397.) — Ainsi
preschoit à Sinays un caphart, que sainct Antoine
mettoit le feu es jambes : sainct Eutrope faisoil
hs hydropiques ; saint Gildas les fols, sainct Genou,
es gouttes. (Rab., G., I. 45, 86).
Gouttier (Mj.), s. m. — Ivrogne, buveur de
gouttes.
Gouvet, s. m. — Couteau. V. Gouet.
Hist. — « Voir la citât, de Rab. à Gouet. » =
Gouyer. « Icellui Mâthe print ung gouyer, et en
frappa ledict Pessoul deux cops sur la teste. » (1144.
— I.,. C.) = Icellui Perrot prjst un Gouet qui estoit
à sa courroye. » (1405. D. (!;.).
Gouziller (Do., My., By., Sal.), v. a. —
Couper en petits morceaux malproprement.
Coupiller avec une goudrille. — Gaspiller en
coupant. Cf. Gouspiller.
Goyer (go-iller) (Sal.). — Le blé goyé est
celui qui épaissit en yessant. V. Yesser.
Grabotte (Mj.), s. f. — Capsule qui contient
les graines du lin.
Et. — Grabeau, — répond à l'a. v. Grabeler,
éplucher. B. L. Garbellare, passer au crible, et Gra-
botum, ce qui est rejeté du van. — Cf. Jaub. à Gra-
boter.
Grabottée, s. f. — De l'eau et du pain for-
ment une grahottéc. (Mén.) || By. Des œufs à
la grabottce, brouillés. Cf. Griboter.
Grabotter (Do., Ag., By.), v. n. — Agiter
l'eau avec ses mains. — Des œufs grabottés,
brouilles. Cf. Griboter.
GRABOUILLER — GRAIN D'ORGE
445
Grabouiller, v. n. — Agiter et troubler
l'eau avec ses pieds ou ses mains.
Grabucher (se) (Lg.)> v. réciproq. — Se
chamailler. Syn. de se Dagoter, se Gringoter.
Pour : se Grabuger, du fr. Grabuge.
Grâce (Mj.). — En grâce, — par grâce. Ex.:
Aile l'a supplimenté en grâce, — elle l'a
conjuré. [[ Bonnes-graces. Vcm.
Gracieusement (Mj., By.), adv. — Généreu'
sèment, libéralement. Ex. : Me semble que
c'est payé ben gracieusement.
Et. — C'est le fr., dans un sens voisin. A rappro-
cher de Grassement.
Gracigner (Sp., By.), v. a. — Egratigner.
V. Egracigner.
Et. — Pour : Grattigncr, dimin. de Gratter. On a
dit jadis Egratiner.
Graciner (Lg.), v. a. et n. — Egratigner.
Doubl. de Gracigner.
Grafougner (Mj., Sp.), v. a. — Gratter for-
tement ; fouiller avec ses ongles, creuser avec
ses doigts, fouir ; tâtonner.
Et. — Dérive probablement de l'ail, zu greifen,
et du fr. Gratter, par une confusion analogue à celle
que j'ai signalée pour Goulinette. C'est ainsi que le
fr. Haut dérive à la fois du lat. Altus et
de l'ail. Hoch. V. Egracignnr, Gracigner et
les citations suivantes (R. O.). = Grafignier. Et.?
Grafe i, poinçon, stylet à écrire, petit poignard : et
Grafe -, croc, griffe, par l'intermédiaire d'un
dimin. Grafin. — P. ê. du provenç. Grafinar, beau-
coup plus ancien que Graffignier qui ne date que
du xv s. D^ A. Bos.
Grafugner (Lg.), v. n. — Essayer de gravir
avec beaucoup d'elTorts une pente abrupte ou
f bouleuse.
Et. — Doubl. de Gravougner, et p. ê. corrupt. de
ce mot, par l'influence de l'ail, zu greifen et de :
Grafougner. De fait, Gravougner vient indiscuta-
blement du fr. Gravir.Or, quoi qu'en dise Hat/.feld,
ce dernier mot doit dériv. de la rac. lat. Grad, par
Graduare, ainsi qu'en témoigne notre doublet pat.
Graver. (R. O.)
Grageline, s. f. — Matricaire ; Lamosana
minima. (Mén.) — Lampsane ; espèce d'iierbe
à feuilles velues que Ton mange en salade.
(Jaub.) — Grasse geline. (Favre.) Ce qui est
curieux. || By. Grangeline. V. Grâseline.
Grâillard (Mj.), adj. q. — Ne s'emploie que
dans la loc. : Roûti grâillard, — rôti cuit à
l'étoufTée au fond d'une marmite et sans
grande surveillance. Cuisine de marinier.
Et. — « De l'a. fr. graille = grille, gril. Scheler
y verrait (dans graillon) une confr. de : gratiUon,
ce qu'on gratte au fond de la marmite. >> (Lirr.) =
Etym. peu vraiseml)lable, dit Dar.m, Graillon étant
trop récent. = Graviller, Graelier, Griller :
« Touts vifs les faisoit escorcher
« Puis mettre es rez et graailler
« Pour sa grande ire saouler. »
Brut, f" 26".
Graillon (By.), s. m. — Eau de vaisselle, à
l'odeur fade. — Sentir le graillon, avoir goiît
de graillon.
Graillonnage (By.), s. m. — Restes de
repas bons pour le fumier, à l'odeur rance.
« Ça sent le graillonnage. »
Grain (Mj., By., Fu ), s. m. — Froment.
Ex. : J'allons motiver noute grain. I| Grain
d'eau, — goutte d'eau. Ex. : Il c'mence à
tomber des grains d'eau. || Avoir écrasé un
grain (de raisin), — être un peu ivre. | Lue. —
Ce mot désigne le froment ; le blé désigne sou-
vent le seigle. || Mj. Avoir ein grain, — être
un peu fou, à demi toqué,
Hist. — « M. de la Forest levoit les rentes en
grain qui lui sont dues par ses vassaux et sujets à
une mesure plus forte que celle d'Angers. » {Coust.
d'Anjou, t. II, col. 1226.) — « Certaines années la
pluie a esté excessive et navoit le grain. > (Rab.,
P., IV, 61, 'iri2.)
Grainard (Mj.), adj. q. — Qui a levé de
graine, en parlant d'un arbre. Ex. : Ein
léiard grainard. \\ Spr. — Qui donne beau-
coup de grain. Se dit du blé.
Graine (Mj.), s. f. — Fig. — Graine de
culotte, — les enfants. || Fig. Rester à
graine, — n'être pas admis à faire sa première
communion, en parlant d'un enfant. —
N. De même, en fr., on dit d'une vieille fille
qu'elle est montée en graine. \\ Graine de
patience, — patience. Besogne minutieuse et
longue. N. Il y a ici probablement un jeu de
mots sur la patience-pàveMe. \\ Tlm. — Au
plur. Testicules. Syn. de Rouleaux, Mar-
teaux. Il Tlm. — Eine graine, — un petit
verre d'eau-de-vie. || Lg. — Ecraser eine
graine, — boire un coup de vin. Avoir écrasé
eine graine, — être ivre. || Lg. — Pas la
graine, — pas du tout, pas le moins du
monde. — Cette loc. a vieilli.
Et. — Lat. Grana, plur. n. de Granum, pris pour
un f. s.
Graineaux
qu'au plur.
(Mj.), s. m.' — Ne s'emploie
- Graines de pois, de haricots
êcosses. — On pron. souvent Greneaux. ||
By. Prononc. Greneaux. Se dit de haricots
écossés, mais non de pois. Des greneaux,
c'est des graines de « pois de mai » en vert.
Graines-au.\-doulcurs (Mj.), s. f. plur. —
Baies d'un rose vif, que l'on voit, à l'entrée
de l'hiver, suspendues en grappes dans les
haies, le long de tiges minces et desséchées. Ce
sont les fruits de la bryone, ou Grous-naveau
ou Naveau-puant.
Et. — Dans nos campagnes ces fruits sont em-
ployés contre les douleurs rhumatismales, sur les-
quelles elles agissent plutôt comme palliatif que
comme Temède, grâce au princijje narcotique
qu'elles renferment, la bryonine.
Grainif (.Mouzillon), adj. q. — Qui produit
beaucoup de raisins. Ex. : J'avons pris les
greffons sus les ceps les pus grainifs. — N.
Mouzillon est de la Loire-Inférieure, mais
limitrophe de Tilliers, où ce mot est sans
doute usité.
Grainon, s. m. — Choux en bouton. (My.)
Grain d'orge (Mj., B^), s. m — Orgelet,
446
GRAISSAGE — GRANDIR
chalaze, compùre loriot. Syn. de Hardillon,
Bourguignon, Parpillon, Biroillon, Derzillon.
Et. — Comme le fr. Orgelet et le pat. Ardillon ou
Hardillon, ce mot est employé i)ar catachrèse.
Graissage (Mj.), s. m. — Sauce où la
graisse domine.
Et. — Gras. Lat. Crassus, BL. grassus. Lat,
pop. Crassia.
Graissas (INIj.), s. m. — \'. Graissage. Pré'
paration culinaire trop grasse.
Graisse (Mj., By.), s. f. — Graisse de cœur ;
rancœur, rancune, haine. Ex. : Il a toujours
ieu eine graisse de cœur contre moi. Syn. de
Rogne. Il Net de graisse, — sobriquet que l'on
applique à un individu très maigre. || Graisse
d'aveugle, — remplissage de mastic destiné
à masquer qq. défaut d'un bois d'œuvre.
Graissée (Lg.), s. f. — Tartine recouverte
d'une couche de matières comestibles quel-
conques. Ine graissée de beurre. Syn. de
Beurrée. V. Graisser.
Graisser (Mj., By.), v. a. — Fumer une
terre. V. Graissier^ \\ Tlm., Lg. — • Battre à
plate couture, au jeu. Syn. de Baiser, Rincer,
Rouler. IJ Mj. Graisser la patte, — donner
un pourboire ou un pot de vin. || Graisser
avec du fumier d'alouette, — loc. prov., ne
pas fumer, ses terres. || Syn. Beurrer, Em-
beurrer , au sens de : Faire une graissée.
Etendre, faire adhérer une matière molle
quelconque. Ex. : Attends que je te graisse
ta beurrée avec des confitures. — Quelle
alliance de mots !
Graisset (Mj., Sa., Pell., By.), s. m. —
Sorte de rainette. Syn. de Cloue, Arneite,
Pissouse, Râillard, Râillon, Crapuchon, Cra-
piche, Roillard.
Et. — En ail. rainette se dit : laubfrosch (gre-
nouille de feuillage) et aussi Grasfrosch ; on serait
autorisé à penser à l'ail. Gras, herbe, ou plutôt à
l'angl. Grass.
Graissette (Lg.), s, f. — Brosse de bruyère
ou de crin qui sert à lisser une parée lorsque le
châs est séché. Langue des tisserands.
Graissier (Sp.), s. m. — Engrais, fumier.
Syn. de Mânis.
Graissin (Lg.), s. m. — Touffe d'herbe dans
un regain beaucoup plus drue et plus vigou-
reuse que le reste du pré, parce que la place a
été fumée par la fiente des animaux au
pacage. Ex. : Les chevaux ramassent ben les
graissins : les vaches ne voulant pas y
mordre.
Graissoux, se (Mj., By.), adj. q. — Grais-
seux. Il Poisseux. Il Boueux. Ex. : Les che-
mins sont ben graissoux. \\ S. m. Gamin,
galopin. Ex. : Attends, mon méchant grais-
soux ! — Cf. Huiloux, Morvoux.
Grâler (Mj., Lg.), v. n. — Rôtir à demi sous
la cendre. Ex. : Des patac^es grâlées; des châ-
tains grâlées. \\ Cuire ou faire cuire, des châ-
tains, sur une flamme claire, dans une
poêle dont le fond est percé de trous. N. On
dit aussi Grêler. V. plus bas, note de Mireille. \\
Se sécher un peu au soleil, en ])arl. des mottes
de terre. |I Grêlé, — dont les vêtements
annoncent la misère. \. Guerler. || Grêlé se dit
aussi des personnes dont la figure est mar-
quée de petite vérole, couverte de dépressions
imitant les trous de la grêloire.
N. — A Royan, j'ai entendu : Ça va grâler tantôt,
— il va faire chaud cette après-midi. !| By. Gherler.
Et. — Ane. verbe Grailler, crier comme la cor-
neille (BL. gracula, fém. de graculus. dimin.de gra-
cus, auquel on compare l'ail. Krâhe. corneille (Litt. ).
— « C'est dans le BL. Craticula qu'il faut chercher
la racine des mots : Graîle, grâloir, grêler, grêloir,
gril, griller. Par analogie : Poêle percée de trous, à
faire rôtir les châtaignes (Jacb.) = Graîler le blé.
le passer au crible (id.). = Hist. « Le vieux bon-
homme Grandgousier, son père, qui... attendant
graisler des chastaignes, escript au foyer avec un
baston bruslé d'un bout. » (Rab., G. i, 28). = (Les
cigales) que grasihavo l'herbo caudo (que grillait
l'herbe chaude. — Mireille. 308, 3). — N. Grâler
ou Grêler est pour Grailler, v. inus. qui a donné
le fr. Graillon (goût de): or Grailler est upe con-
tract. de Grasiller, identique à la forme provençale
ci-dessus.
Grâloir (Lg.), s. m. — V. Grâloire.
Grâloire (Tlm.), s. f. — Poêle dont le fond
«st percé de trous et qui sert à faire rôtir des
marrons. Syn. de Grâloir, Grâloux. || By.
Gherloire. \'. Grêloire.
Grâlouv (Lg.), s. m. — V. Grâloire.
Gramâter (By.), v. n. — Farfouiller. V.
Conversations, au F.-L., 24. Cf. Dégramatiser.
Grand (Mj., By.), adj. q. — Grand et
ample, — largement. Ex. : Y en a tant que
n'en faut, ce que illi en faut, grand et ample. ||
En grand, — complètement ; juste. Ex. :
Laisse venir le mât en grand. — Ça illi a
tombé en grand sus la tète. || Grande, —
haute, débordée, en pari, de l'eau. — Ex. :
La rivière était grande. \\ A son grand, — en
grand, entièrement. Ex. : La porte est à son
grand ôvarte. ij Mj. — Avoir grand de terres,
— avoir une bonne étendue de terres.
Grandet (Mj., Lg., By.), adj. q. — Un peu
grand, déjà grand, grandelet. Cf. Jeunet.
Grandezir" (T. le M., Lg.), v. n. — Gran-
dir. Cf. Apetitezir.
Grand-Gnerre (Mj.), s.
Vendée. V. Chouan.
(Mj-
f. — Guerre de
s. f.
Arrière-
Grand-^rand-iuère
grand-mère.
Grand-Jirand-père (Mj., By.), s. m. —
Arrière-grand-père.
Grandiliet (Mj., By.), adj. q. — Un peu
grand, déjà grand. V. Grandet.
Grandillon (Mj., By.), adj. q. — V. Gran-
det, Grandiliet.
Grandir" (Mj., By.), v. n. — Monter,
croître, en pari, de l'eau.
N. — Tu ne grandiras plus. — « S'il advient que
aucun ou aucune engambe par-dessus un petit
GRANDISSINE
GRATTOGNER
447
enfant, sachiez que jamais f>lus ne croistra, se
cellui ou celle mesmes ne rengarnhe au contraire et
retourne par dessus. » (Les Evangiles des que-
nouilles, 1/8 journée, ch. xxiv. — Cité par Cli.
NisARD, 244). Se dit et se croit en Anjou.
CIrandissine (Mj.), adj. q. super. — Gran-
dissime.
Grand- Levant (Sar.), s. m. — Tablier atta-
ché aux quatre coins servant à porter le four-
rage sur les épaules. Pour : Grand-devanteau.
(Mén.) Syn. de Barneau.
(jirand'nière, s. f. — Réséda jaune. (^îén.) |î
Tf. Meille truie portière. Syn. de Trée-gou-
ronnière, Lubrine. \\ Grand'?nère un pain, —
s. f. Sorte de jeu de société, jadis en usage aux
environs de Gholet, d'après Deniau. — V.
Citations à Bague-bergère. V. au Folk-Lore :
Pain-chaud. Jeux, vu.
Grand- muguet (Lg.), s. m. — V. Muguet.
Grand-pas (Sp.,), s. m. — Sorte de
chairue dont on se sert pour enterrer les
semences. On l'appelle aussi Charrue à cou-
vrir. Il Lg. Avant-train de charrue à roues
écartées.
Et . — Ainsi nommée à cause du grand écarte-
ment des ruelles qui la soutiennent.
Grapiligner, v. a. — V. Grajougner. —
Egratigner. Dér. de Gratter, par chan^. de t
en f. Cf. Eclafer et Eclater. — By. — Egras-
signer.
Ilist. — Les petits chiens de son père {à Gargan-
tua) mangeoient à son escuelle. . . il leur mordoit
les oreilles, ilz luv graphinoienl le nez. (Rab.
Garg.\,\\).
Grappauder (Mj.), v. a. — Grappiller.
Grappe s. f. — V. Grippe. \\ Lg. — s. f.
Engourdissement des mains. Ex. : J'ai la
grappe. Cf. Goutte-grappe. \\ Poigne, force de
la main. Ex. : Il a eine bonne grappe. \\ Adj.
q. Gourd, engourdi des mains. Ex. : Je se
grappe. Syn. de Pogne, Engourdéli, Gourd.
Fit. — Grippe, ba. gripan ; ha. grifan.
Grappeille (Lg.), s. f. — Grappille. Syn. de
Grappiche. Cf. Feille, Béteille.
Grapper (Mj., By.), v. n. — Grappillei'. ||
Sal. — Ramasser les grappes, après la ven-
dange.
Et. — BL. Grapa, Grappa, aha. chrapfo, crochet;
am. Krappen. Ainsi appelée parce qu'elle a qqch.
de croch\i, d'accroché. — Hist. « Qui grappeni au
moins mal qu'ils peuvent. . . et qui. . . vendangent
le clos. (Rab., P. v, 16, 517).
Grappiche (Lg.), s. f. — Grappille. \ . Grap-
peille.
Grappille, s. f. (Do.). — La chair de poule,
le frisson. — Ex. : Quand i fait gi-and fret,
j'ai la grappille. — Cf. Goutte-grappe, pour
Crampe, Crampille. Syn. de Peau d'oie.
Gras, grasse (Mj., By.), adj. q. — Boueux.
Ex. : Les chemins sont ben gras. \\ Poisseux. ||
Avoir la poitrine grasse, — expectorer beau-
cTûup. Il Terre grasse, argile. || Y a gras, — il y
fait bon. Ex. : Y a pas gras à s'y frotter. —
N. De là, p.-è., l'adj. Agrâlanù \\ Gras de
jambe, — mollet. || Faire ses choux gras de, —
se contenter, se délecter de. || En parlant d'un
bien léger profit obtenu par qqn. : Ça lui
fait un beau gras de jambe! — il est bien avancé !
Il Tlm. — Poume de gras, — vieille espèce
de pomme. || Mj., s. m. Excès d'épaisseur, de
matière, dans la coupe d'une pierre, d'une
pièce de bois, d'un assemblage. Cf. Maigre. \\
Sar. — Nom que prend le cachet quand il a
été écrasé. On fait un, deux, trois gras. Il
forme alors un tout compact et malléable, qui
a à peu près la consistance de la pâte à faire
le pain, au moment où elle va sortir du pétrin.
(Fabrication de l'huile de noix.)
Et. — Lat. Crassum, devenu Gras sous linnuence
de Gros.
Gras-cuit (Mj., By., Ag.), adj. q. — V.
Bacoui. (Z. 130.) On dit : du pain gras cuit. Et,
en effet, le pain ainsi mal cuit a une apparence
de gras et manque de fermeté. Le pain gras-
cuit est désagréable à manger, surtout dans le
potage, la soupe, où il donne la sensation de
qqch. de gluant. || En pari, d'un œuf à la
coque : Cuit de telle sorte que le jaune ne soit
plus liquide, sans être dur. || Mal dit, pour
Bacoui.
Gras de jambe (j\lj.), s. m. — Mollet. —
Ex. : Il s'est fourré eine épine dans le gras
de jambe. — N. On dit aussi : Le gras de la
jambe. V. Gras.
Grâseline (Pell.), s. f. — Syn. de Che-
nilletle. A Tlm., on dit Grâsine. Mauvaise
herbe commune dans les récoltes. |I Au Long.,
Grasseline, Grassine. — Chenopodium, dans
ses diverses |variétés. Syn. de Herbe-grasse,
Chenillette. \\ V. Matricaire. (Mén.)
Grâsine, s. f. — Plante. Chenopodium.
N. Ilyal.àtouteune famille demots: Grassine,
Grâseline, Grasseline, herbe grasse, qui re-
présentent tous les Chenopodium, ou Che-
nillette de Mj. Il est probable que Grageline
n'est qu'une corrupt. de ce mot, bien que,
d'après Mék., il représente une plante toute
différente. — Toutes ces formes sont oubliées.
Grasiée, s. f. — Pour Grêlée. Une graslée,
grâlée de marrons. V. Grâler.
Grassigner, v. a. — V. Gracigner, Grafu-
gner, etc. || By. Plutôt Egrassigner.
Grattaille (Auv.), s. f. — Distribution de
dragées et de gros sous que les parrains et
marraines jettent aux enfants à l'issue d'un
])aptême. Syn. de Grippe, Gobaille.
Grattaud (Mj., Lg., Do., By.), n. pr. —
Le diable, Lucifer, Belzébuth. Syn. de
Pi pet.
Gratteilles (Lg.), s. f. pi. — ]\Ienus grains,
grains échappés, déchets du criblage. Syn.
de (Juiriances, Créiances, Ecrèiances
Grattûgner (Mj.), v. n. — Gratter fréquem-
ment.
448
GRATTON
GRELEAU
Oratton ' (Mj., Lg., Fu.), s. m. — Gratin.
Syn. de Râchon, Râclon, Grillon, Râgetles,
Riinettes. « Licher le gratton. »
Gratton ^ s. m. — Gratteron.
Et. — " On donne ce nom aux calices, globuleux
et crochus à la maturité, de la bardane ou glouteron
et qui s'attachent aux habits, et aux graines du
gratteron, ou gaillet accrochant. » (Ja'Jb.)
Grattounée (Lg.),s . f. — Pain trempé dans
la graisse fondue qui reste au fond de la chau-
dière où l'on a cuit les rillots. — Dér. de
Gratton.
Grave, s. f. — Sable, terrain sablonneux. |j
By. Terrain de sable et de cailloux. Tirer de
la grave, séparer les cailloux pour empierrer
les chemins.
Et. — Le même q. grève. Rad. Grav. ou Grau,
qui se trouve dans le b. bret. Grouan, sable. —
L. pop. Grava, d'orig. celtiq. = Hist. « Se mist sur
mer et devint à Bordeaulx, auquel lieu ne trouva
grand exercice, sinon des gabariers jouant aux
luettes sur la grâce. >. (Rab. II, 36, 37.) = Cf. Les
vins de Grave, par opposit. aux vins de Palus,
récoltés dans les terres plus ou moins humides. =
« Ce matin (5 avril 1905), vers 10 h., M. B. était
cocupé à tirer de la grave dans la carrière de La
Vallée (Durtal), quand en désagrégeant un bloc de
pierre, il se produisit un éboulement de 5 à 6 m. de
pierres et de sable, qui ensevelit le malheureux. «
(Le Petit Courrier du vendredi 7 avril 1905).
Graver (Cho., Mj., Lg., Lrm.), v. n. —
Grimper, gravir. Doubl. du fr. — Syn. de
Grafugner, Gravougner.
Hist. — « Si quelqu'un gravait en un arbre pen-
sant y être en sûreté, iceluy de son baston empa-
loit par le fondement. » (Rab., G. 27.) — « Issant
de l'eau, roidement montait encontre la montagne
et devalloit aussi franchement, gravait es arbres
comme un chat. » (Rab., G., i, 23.)
Gravette (Mj.), s. f. — Grimpereau, oiseau
qui grimpe le long des arbres. — Y. Graver.
Gravogner (Sal.), v. n. — • Ne faire que peu
de chose.
Gravougner (Mj.), v. n. — Essayer de
grimper. V. Graver. \\ Syn. et d. de Grafu-
gner et Gravouiller.
Gravouiller (Ag.), v. n. — Chatouiller. —
C'est, non pas Gratter, mais plutôt être
démangé, ce qui excite à se gratter. « Je sens
eune bête qui me gravouille le long des
jambes. >' — Après avoir pris une purgation,
ça vous gravouille dans le ventre, ça vous
gargouille dans les boyaux. — By., id. —
By. Gravouiller, c'est grimper. Les enfants
aiment à gravouiller dans les âbres pour
déniger des nids. — Je sens eine bête,
eine puce qui me gravouille le long de la
jambe.
Et. — Ail. Grabeln, ramper en tâtonnant-
(ScHEL.). — Se dit, en particulier, d'un animal
enfermé vivant dans un sac ; — agiter l'eau avec
la vase ou le gravier ; gratter la terre ; — chatouil-
ler ; se dit particulièrement des insectes qui courent
sur la peau (Dott.). — Agiter l'eau avec la vase ou
a grave (de Montess.).
Gré (Mj., By.), s. m. — A gré, loc. adj., —
convenable, comme il faut, accommodant, en
parlant des personnes ; commode, en pari,
des ch. — Ex. : C'est ein homme qui est ben
à gré. — C'est point n'a gré de faire comme
ça. N. La loc. ital. : A grado, a exactement le
même sens. j| A gré, loc. adv. — soigneuse-
ment, avec précaution. Ex. : Mets donc ça
là ben à gré. Syn . Paré, Sainement.
Grefferies (Mj., By.), s. f. pi. — Les tra-
vaux du greffage de la vigne. Dér. du v.
Greffer. A noter que ce mot, comme la chose,
ne date que d'une dizaine d'années et qu'il
est sans doute appelé à disparaître bientôt. Il
a été formé sur le modèle de Batteries, Arra-
cheries, etc. Ij Au sing. Atelier de greffage de
la vigne. Cf. Raserie.
Et. — Grefe était un mot très usité dans l'an-
cienne langue et signifiait : poinçon à écrire. Du
grec : gràpheïn (LItt. )
— « Les uns se prennent à escrire
« De greffes en tables de cire,
« Les autres suivent la coustume
B De fourmer lettres à la plume. » D. C.
— Enchaînement logique : 1° Greffe, instrument ;
2° greffer avec cet instrument : 3° Greffe, nom
de l'opération.
Grégne (Mj., Sp.), s. f. — Bout d'un pain,
croûton. i| Donner la grégne, — passer à un
autre l'obligation de faire l'ofTrande du pain
bénit, il Au fig. — Lorsqu'une femme est
accouchée, on dit qu'elle a donné la grégne à
celle de ses voisines dont l'état fait prévoir
qu'elle sera bientôt mère à son tour. — Autre
forme de Grigne, qui se dit à By. || V. Gri-
gnoter.
Gréier (Mj., By.), v. a. — ■ Gréer. \\ Instal-
ler, disposer, organiser, arranger, en général.
Cf. Agréier. — Ex. : Te v'ia ben gréié, — il
ne te manque rien. — Gréier un cheval.
- Et. — Néerl.Gereide,gerei, appareil; all.gereiten,
préparer, mots dér. d'un rad. red ou reit, disposer.
Grêle (Lue, Lg.), s. f. — Un crible. — Syn.
et d. de Guérie. V. Gréleur. \\ By. Ce mot
et les suiv. se pron. Gherle, etc.
Grêlé, ée (Mj.), part. pas. — Rôti, cuit
dans la gréloire. Syn. Grâlé. || Dont les habits
annoncent la misère. 1 Marqué de petite
vérole. Syn. de Picoté.
N. — On dit communément de qqn dont la petite
vérole a gâté le visage, qu'il est grêlé, et l'on consi-
dère cette express, comme le part. pas. du v. Grêler,
qui indique l'action de la grêle. — Grêlé ne pourrait-
il pas aussi bien se rapporter à grêle (crible), puis-
qu'on dit de ceux qui sont fortement marqués par
la maladie en question qu'ils sont « criblés »? —
Gre. — Beaucoup de mots commençant par Gre
se prononcent habituellement comme Gueur. (V.
Observât, à Bre), et même comme Gher, gh'r,
gheur. Nous aurions même préféré l'orthogr. par
gh, comme exprimant mieux ce que cette pronon-
tciaion a de sec et en q(j. sorte d'aspiré ou de gut-
tural, si elle ne nous eût point semblé parfois très,
bizarre. (V. Guer et Gueur.) Jaub.
GRELER — GRIBAUD
449
i'iiiir les marrons, est-ce parce que la poêle est
pircée de trous, comme ungrêle, ou si c'est parce que
(ireil était syn. de Gril? — D. C. Graticula (Mon-
•>F.^).
(jireleaii (Mj.), s. m.
«li^ Guérie, Grêle.
Grêler (Mj., By.
il. -s marrons. Ex.
SUIS de châtains
(i râler
li'inps
Petit crible. Dim.
V. a. — Rôtir au feu,
J'ai acheté pour deux
grêlées. — Doubl. de
Grêler le temps, — perdre ou tuer le
Cribler. — Dans ce sens on emploie
aucoup plus souvent Guerler. Il n'en est
pas de même pour les acceptions suivantes :
Cri. 1er des châtaignes, — les rôtir superficiel-
lement, à feu nu, dans une poêle dont le fond
ust percé de trous comme un crible, comme
une guérie. On dit aussi, dans ce sens, Grâler.
— On prononce qqf. Grêler et Guierler.
Hist. — V. la cit. de Rab. à Grâler.
— « Aussi viendront de Quelaines
« En grand nombre les fouassiers ;
« Peuton donra des châtaignes
« Pour grâler à pleins panie s. »
[Noël du comté de Laval. — Dottin.)
Greleur (By.), s. m. — L'ouvrier qui ta-
mise le grain à la grêle.
Hist. — « On dit en Anjou : Grêler de l'avoine,
qui signifie ce qu'on dit à Paris : cribler de l'avoine.
Et Grêle, en Anjou, c'est le crible. Dans la recette
de la Prévosté d'Angers, imprimée à la fin de la
Coutume de V Anjou : « Tous marchands de sâs et
de grêles. — De cribulum et decribulare (Mésage.)
Grêleux (By.), s. m. — V. Greleur. || On
dit : Le temps est grêleux, — à la grêle.
«rêloire (By.), s. f. — Poêle percée de
trous très rapprochés et dans laquelle on fait
rôtir les marrons. V. Grâloire.
tiréloux (Lg., By.), s. m. — Celui qui crible
le blé. Syn. et d. de Guerleux, dér. de Grêle. ||
By. Pauvre, avare. Les enfants, après un
baptême, crient : Parrain, marraine grêloux !
lorsqu'on ne leur jette pas assez de dragées ou
de sous.
adj.
Rompu de
Grémi (Z. 152, Ti.
fatigue, foiiibu.
Gré mil, s. m. — Vulg. Lilhospermurn. Du
celt. Graun, grain, et mil, pierre. (Mén.)
Gr:-iiiillage (AIj., Lg.), s. m. — Petites
miettes. || Grésil fin, petite pluie fine et très
peu abondante. Ex. : Il tombe des gréniillages.
— Ne s'emploie guère qu'au plur. Cf. Egre-
miller.
El. — De granum milii, grain de mil? (Litt.)
Gréiiiilles (Mj., By.), s. f. pL — Petits
grains ou granules nombreux, Syn. moins
usité de Gréinilluges. \\ Z. 142. — Tout petit
niiirceau, miette, Grémillon ; petite quan-
lil'' formée de plusieurs miettes ou gré-
nulles rassemblées. — V. Jaub., à Grume.
<<remilleu\ (Lg.), adj. q. — Granuleux.
«ireulilloa (Sa., By.,) s. m. — Petit gru-
m.Mu, petite miette. Syn. de Gremillage. \\
Au plur. — Rillots ; flocons de neige. (Do.)
Grenadier, (Mj., Lg., By.), s. m. (gueriia-
dier). — Au fig. Pou. Ex. : lUy a des grena-
diers dans cette tégnasse-là. Syn. de Pouée,
Poueil. Loup, Loulou, Groulaud, Guin. Gf
Noble. Ministre, Monsieur. \\ Sp. — Tirer
au grenadier, — s'esquiver.
Et. — De Grenade ; Granatum (malum), pomme
à grains. — G enade, sorte d'obus, — insigne de
compagnies d'élite, dans l'armée. — Serait-ce des
pous... d'élite? Cf. Garnison (et : punaises,
troupes. . . de couverture.)
Greneaux, Grenots, s. m. pi. (Lue, Ag.,
By.: etc.). — Pois ou haricots que l'on mange
en grains verts, par opposit. à ceux dont on
mange la gousse. — De Grain. V. Graineaux.
Gresillon (Lue), s. m. — Grillon. V. Guer-
zillon (Li., Br.) ; au pluriel, Grelots. — Cf.
Guerlet, — etler.
Et. — DiEZ tire ce mot du lat. Gryllus, grillon,
gré-sillon, comme Oi-sillon, d'avis, et pu-celle de
puila ; avis a donné avicellus. d'où : oisel, et dimi-
nut. secondaire oisillon ; puUa, puUicella, pucelle ;
gryllus, gryllicellus, grisel, gresillon. — Grillon
vient de Gryllus (Litt.)
"■■ — « Le gresillon aux prés réjargonnoit,
; « Perçant, criard, d'une voix égrissante. »
J (L- C.)
B?.? — « Les Poitevins disent : un grelet, les Ange-
vins disent un : gresillon, et les Normands un :
criet. Il faut dire un : grillon, avec les Parisiens
(MÉNAGE).
Grète (Lg). — V. Guerte.
Grétoiix, ouse (Lg.), adj. q. — Se dit du
lin, de la filasse dans lesquels il est resté des
grêles. Cf. Guertes.
Greune (Sp.), s. f. — Graine. .V. Grune.
Corr. du mot fr.
Greuselle (Lg.), s. f. — Groseille. Syn. et d.
de Gruselle, Groiselle, Guéroiselle, Guer^
nioiselle, Guermo inselle.
Et. — Du germ. ha. krausbeere, Krauselbeere,
proprement fruit crêpé ; de Kraus, crêpé, et beere,
baie. L'ail, dit Grosselbeere, m. à m. baie du grossel;
c'est de là que vient le Grossulus des botanistes.
Cf. le celt. Groseid ; irl., Groseid, emprunté au fr.,
selon DiEz.
Grezeller (Do.), v. n. — • Grelotter. Syn.
de Guerletter. — Sans doute pour Grésiller, de
Gresillon. Cf. la loc. montj. : Trembler comme
ein Guerlet, et aussi Guerletter. A rapprocher
de Grezou. V. aussi Guerzéler.
Grezillé (By.), adj. q. — Gelé par le grésil.
Grez-\eville (Mj.), n. pr. — Grez-Neuville.
L'e de la syll. ne se prononce à peine. V
Nevy. N. Cf. Grenevelle, petite grenouille des
prés. (Favre.) — By. On dit Grez-Xeuville et
on distingue Neuville et Grez. Natif de Neu-
ville ; aller à Grez. Ce sont deux pays diffé-
rents, quoique, « a c't'heure », un pont les
relie.
Grezou (Do.), adj. q. — Frileux. — Faire
le grezou, — trembloter. Cf. Grezeller.
Gribaud, s. m. — Tache d'encre sur le
papier. Faire des gribauds en écrivant. ||
29
4 50
GRIBICHE — GRIGOCHER
By. — Je préfère Gribot, d'où Griboter. Pé-
trir de la boue, comme font les enfants, se dit
Graboter, d'où Grabotage. (R. O. est du
même avis.)
Et. — Gribouiller ? — Du holland. Krabbelen,
griffonner, de Krabben, gratter, même mot que le
ha. graben, creuser ; lat. scribere.
Oribiche s. f. — Personne aigre et que-
relleuse. Syn. Griche-midi, Harguégnoux.
Gribot, s. m. — V. Gribaud. \\ By. — Insecte
aquatique, l'hydrophile, et, par ext., tous
gros insectes, coléoptères et autres ; en par-
ticulier les cafards ou blattes. Cf. Barbot.
Oribotage (Mj., By.), s. m. — Saleté, gri-
bouillage. V. Griboter..
Gribotas (Mj., By.), s. m. — V. Gribotage.
Cf. Graissas.
Griboter (Mj., By.), v. n. — Tapoter dans
l'eau, pétrir de la boue, comme le font volon-
tiers les enfants. || V. a. Salir. Ex. : Il a tout
griboté la table. — Ce mot a des analogies
avec le fr. Gribouiller. — Syn. de Gassouiller,
Gassoter, Gourganger. Syn. et d. de Graboier.
Pour Hatzf. les v. fr. Gribouiller, Barboter,
Barbouiller, qui sont des chefs de familles,
ont des origines inconnues. Or, avec l'aide
de notre patois, nous pouvons établir deux
lignées parfaitement symétriques.
Barbouiller Gribouiller
Barboter Griboter
Barbot. Gribot
dont les deux termes primitifs sont des syn.
exacts et p. ê. des doublets (R. O.)
Gribotier (Mj., By.), s. m. — Qui aime à
barboter dans l'eau, à patauger dans la
saleté. V. Griboter.
Griclie-dents (My., By., Mj.), s. m. —
Grince-dents. {Revue d'Anjou, 1880, p. 182.
Cél. Port.)
Hist. — « Et il gela le jour de saint René si fort
que toute la terre estoit couverte de neige, et les
raisins estoient comme s'ils eussent esté deux fois
dans le four, et comme cela n'estoit point mur, ils
ne rendoient point de vin ; il falloit dix ou douze
sommes pour faire une pippe, non pas de vin mais
de verjus. Ceux qui avoient vendangé avant la
gelée furent les plus heureux ; leurs vins ne furent
pas roux comme les autres ; mais tout cela ne fut
pas bon, au contraire très mauvais, et aussi on a
nommé le vin de cette année 1692, le vin griche-
dents. »
Grichée (Mj., Lg., By., Sa.., Bl., Do.), s. f.
— Grimace, contorsion qcque du visage. Ex. :
A fait des vilaines grichées. \\ Sp. — - Cri, hur-
lement, aboiement. V. Gricher. || Fu. — I
m'faisait des grichées pendant la messe. ||
Pat. norm. Grigée, froncis à la taille d'une
jupe.
Grichc-iuidi (Ag., By., Sal.), s. m. — Har-
gneux, mauvais caractère, qui n'est jamais
content et rechigne sur tout. Cf. Gribiche.
Griclier (Mj., Lg., Do., Li., Br., By., Sal.),
V. a. — En pari, des dents, les découvrir en
relevant les lèvres, comme fait un homme ou
un animal en colère. — On dit : Gricher les
dents, ou : des dents. « Il griche des dents », —
il se fâche. — Syn. et d. de Grincher. Syn. de
Dépigner.
Et. — Ce mot a une certaine analogie avec le
fr. Grincher et Grincheux ; il en a aussi avec le latin
Rictus, qui est passé en français. — Syn. et d. de
Grincher.
Gricheux (Do.), adj. q. — Dur et calleux,
en parlant d'une surface.
N. — Grincher ; se dit du pain, dont la chaleur
du four fait trop lever la croûte. Probablement le
même que grincer.
Griesehe. — « Nous tenons, en Anjou, que
ce fut René, roy de Sicile, qui les (perdrix
griesches, rouges) apporta en Anjou, et qu'on
les lui avait envoyées de Grèce. » (Ménage.)
Grictte (Sa.), adj. q. — V. Guériette.
Griffée (Mj., By.), s. f. — Coup de griffe,
griffade. Syn. de Oquerée.
Et. — Griffer. Ail. greifen ; aha, grifan ; goth.,
greipan ; angl. to gripe. — Griffe, ail. Griff.
Grigne (Mj., Te, By.), s. f. — Endroit par
où l'on peut saisir. Ne s'emploie en ce sens
que dans l'express. : la grigne du cul. Ex. :
Attends, mon méchant clampin ; si je t'em-
poigne par la grigne du cul, je te vas faire pir-
voler à pus de trois pas loin. || By. La grigne
du cou. Il Grignon, le bout d'un pain. \\ Gros
morceau de pain bénit que le donateur du
jour offre à la personne qu'il présume être
disposée a offrir le pain bénit la fois suivante.
V. Grégne. C'est une invitation directe à
faire cette offrande, et celui qui accepte s'y
engage par le fait même. — Ce mot est la
rac. du fr. Grignon. — Syn. et d. de Grégne,
Guergne. \\ S'emploie dans la loc. : Chercher
grigne, — chercher noise, querelle. Syn. de
Niagre, Nargue.
Et. — Aucune de celles que j'ai vues n'est accep-
table.
Hist. — « A l'égard du pain bénit, il fut présenté
premièrement au célébrant et à son diacre, à l'autel
secondement à lui en particulier, la grigne seule
sur le panier. » {Livre des Procureurs, à la fin, et
Bullet. histor. et monumental, 2« série, tome II, p. 157
— Cité par V Abbé Bretaudeau, p. 94.)
Grignoter (Jm.), v. n. — Gronder. V. Gro-
gnasser.
Grignote (Lg.), s. f. — Bribe de viande, au
fond d'un plat.
Grignoter (Mj.), v. n. — Remuer sans cesse,
s'agiter, avoir de petits mouvements brusques
d'impatience, se trémousser. N. Ne s'emploie
pas dans le sens du fr. Grignoter, dont l'équi-
valent est Rôdigner. Syn. et d. de Guergnoter.
V. Grégne.
Grigocher (Lg.), v. n. — Crisser. Syn. de
Riqueter, Grincher, Ricoiner. Ex. :
« J'ai vu eine anguille
« Qui coiffait sa fille,
« Ein vilain hareng
« Qui grigoch' des dents. »
( Vieil'e chun<t >n )
I
GRILLE — GRIPPE
451
Oriile (Mj., By.), s. f. — Gril. Ex. : Mets
donc les gogues sus la grille.
Et. — Grille est la forme fémin. de Gril. Grille est
pour Graille, et vient du B. L. graticula, corr. de
craticula, dimin. de crates, claie, grille.
Grillé, s. m. — Coup de soleil sur la ven-
dange. (Méx.)
Griller (Mj.), v. n. — Eprouver une sensa-
tion de chaleur à l'épiderme, causée par
l'impatience, l'appréhension, l'émoi.
Grillettes (Sp.), s. f. plur. — ■ Rillettes. Syn.
de Grillons.
Et. — Dér. du fr. Griller. Le mot fr. Rillettes est
une corr. de ce mot. V. Rillois. = Darm. tire Ril-
lette du vx fr. Rille, tranche, d'orig. incert.
Grillonnée (Z. 149«, Br.), s. f. — Rillettes.
Grillons (Tlm., Sp.), s. f. plur. — Rillettes.
Syn. de Grillettes, Rille. Dér. du fr. Griller.
L'existence de ce mot semble prouver que
Rillettes et sa rac. Rille sont pour Grillettes,
Grille. || Grillon, — Lg. — S. m. Portion d'un
mets qui s'est attachée au fond d'une cas-
serole et qui a partiellement rôti ; gratin.
Syn. de Gratton, Rochon, Râclon, Rimettes.
Grillounnée (Lg.), s. f. — Dépôt plus riche
en parcelles de viande et plus pauvre en
graisse, qui se trouve au fond des pots de
rillettes ou grillons.
Grimaud (Do.), adj. q. — Grognon.
Et. — Dér. de Grime. Grimaud a deux sens, celui
de mauvaise humeur, qui se rapporte à Grimer. —
Se peindre des rides, — ital. grimo, ridé, que Diez
tire de l'aha Grim, colère, furieux, avec le front
ridé. — Aha. Grimmizôn, être courroucé (Ritt).
Dabm. y voit la rac. de Grimoire, pour Gra-
moire, variante dialectale de Grammaire (latine,
ininlelligil)le au m. â pour le vulgaire). — A rap-
procher du latin Acrimonia, me propose-t-on.
Hum !
Griiubolerie (Ag.), s. f. — Gens sans aveu.
C'est de la grimholerie, du mauvais peuple.
Syn. de Pouillerie, Meillauderie, Hâlosserie.
Grimoner (Cp.), v. n. — Faire des efforts
répétés, se fatiguer beaucoup. Syn. de
Odigner, Bédasser. \\ Sp., Sar., Do., By. —
V. a. Gronder, réprimander, rabrouer. ||
V. n. Manifester son mécontentement ; gron-
der, se fâcher. — Syn. de Griniouner, Gro-
gnasser, Gounneler, Gourmiter, Ratouner,
Mogonner, Mohonner, Grouméler, Grignoler,
Gourinouler. « J'vas grimoner après té », dit
une grand'mère à son petit-fils, qui fait le
méchant. — Cf. Grimaud.
Griuiouner (My., Do.). — \'. Grimoner.
Grommeler.
Griiupard (Mj.), s. m. — Crépide vireuse,
herbe commune dans les prés, assez sem-
blable au pissenlit et qui est une chicoracée
lactucée. Syn. de Bonhomme, Cochet.
Grimper, (Mj.) v. n. Hisser. — Forme
nasalisée de Gripper, s'accrocher en grim-
pant. Ex. : Aile avait grimpé son queneau
sur eine chaire.
Grimpor (Pell.), s. m. — Syn. de Grim-
pard.
Griucbe (Sa.), adj. q. — Pierreux, sablon-
neux et formé de granit décomposé, en pari,
du sol, de la terre. Syn. de Guériette, Griette.
N. Le fr. Grinchu, grincheux, pourrait bien
être rapproché de ce mot.
Grincher (Lg.), v. n. — Batifoler, folâtrer,
se faire des agaceries entre garçons et filles.
Syn. de Gouincer. j| Lg. — Grincer, crisser.
Ex. : Le bœuf grinche des dents. Syn. de
Riqueter, Grigocher, Ricoiner.
Et. — Doubl. du fr. Grincer ; a donné directe-
ment le fr. Grincheux. || Lg. — Découvrir dans un
rictus les dents. Syn. et d. de Gricher et du fr.
Grincer, entre lesquels il forme la transition. =
Malvezen y voit la rac. celt. Ger, produire un son,
un cri. Greîet Grelot, insecte crieur et petite boule
creuse qui résonne. — Grillon, insecte crieur. Grin-
cer et Grincher, rechigner, criailler, en parlant des
personnes, et racler sur la pierre ou autres corps
durs, en parlant des choses. Grincheux, qui est
d'humeur désagréable. Gringoter. pousser de petits
cris, en parlant des oiseaux. V. Gringoter.
Gringoter, v. n. — Chantonner, gazouiller.
Il Lg. — V. a. Taquiner. Syn. de Atticocher.
Ex. : N'y a pas à le gringoter, car il n'est point
mangeant. (Noter le jeu de mots.) — Doubl.
de Grignoter, avec un sens voisin. i| Lg., v.
récipr. se Gringoter, — se harpailler, se cha-
mailler. Syn. de se Dagoter, se Grabucher.
V. Bousine.
Hist. — « As- tu ouï le rossignolet
« Tant joliet qui i^T-tngoMaû. "
(Noéls angev., 11, 2).
Gringuenette (Lg.), s. f. — Gringuenaude.
Touffe de poils agglomérés par de la fiente.
Gringuenotcs (Do.), s. f. pi. — Petites
friandises, menus objets de frivolité, de toi-
lette.
Grioche (Sa.), s. f. — Sorte de bézi, ou
poire sauvage. On prononce souvent Gué-
rioche.
Et. — Griotte. La forme première est Agriote et
semble venir du grec Agrioç, sauvage.
Grionnée (Br., Zig. 149.) V. Grillonnée.
Gripon, s. m. — Vulg. Crucianella rubia à
feuilles rudes. V. Grippon.
Grippe (Mj.), s. f. — Action de gripper, de
saisir avidement et adroitement.
N. — A l'issue d'un baptême il est d'usage que
le parrain et la marraine jettent des poignées de
dragées et de menue monnaie aux enfants qui se
bousculent pour les ramasser. Cela s'appelle Jeter
à la grippe. — By., id.
Syn. de Grattaille, Gohaille. \\ De grippe et de
grappe, — en grappillant de droite et de
gauche. Ex. : Il a ramassé ça de grippe et de
grappe, — de bric et de broc.
Et. — Grippe vient du fr. Gripper, ail. zu greifen,
saisir. — Dans l'express. -. de grippe et de grappe,
ce dernier mot est amené par une certaine asso-
nance qui n'exclut pas une grande analogie de
sens, témoin le fr. Grappiller. Du reste Grappe a
p. ê. la même origine que Grippe. V. Goutte-grappe
452
GRIPPE-JÉSUS — GROISELLE
— Cf. Prendre ses cliques et ses claques ; de bric
et de broc.
Grippe-jésus (Tlm.), s. m. — Gendarme.
Syn. de Cogne, Genderme.
Hist. — Nom donné aux gendarmes parce qu'ils
arrêtent même des innocents et qu'ils n'ont pas
même épargné Jésus. » (Ch. Nisakd, p. 108).
Gripper (Li., Br., By.), v. a. — « Tu vas te
faire gripper », — attraper par le.s aspics. Ij
By . . . par les épines, et même par le garde,
le gendarme ou le propriétaire. Syn. Piger.
Grippe-tout-nu (Lg.), s. f. — Sage-femme.
Syn. de Bonne-femrtie, Bonne femme, Mar-
chande de poupons, Mère tape à la porte.
Grippon (Pell., By.), s. m. — Bardane.
Syn. de Poires de vallée. Poires de chiottes, de
chiots. V. Gripon. || Insecte dont on se dé-
barrasse au moyen de certain onguent gris.
Et. — Du fr. Gripper, parce que les fruits, héris-
sés de crochets, s'agrippent aux vêtements et aux
cheveux.
Grisard, (Mj.), adj. q. — Grisâtre. V.
Blanchard.
Et. — B. L. Griseus, du ix« s. ; du germ., anc.
sax. Gris, qui a les cheveux blancs ; am. Greis,
vieillard.
Grise (Li., Br.), s. f. — Une grive. Orig.
incert.
Grise-gonelle, s. f. — Surnom de Geoffroy,
comte d'Anjou. V. Gonelle.
Grisette (Lg., By.), s. f. — Etoffe grisâtre,
à chaîne, fil et trame coton, qui se fabrique à
Gallard. Très solide, elle sert à faire des dou-
blures. Elle se faisait autrefois de couleur gris
uni ; aujourd'hui, elle est plutôt bleue.
Grisou (Mj., By.), s. m. — Granit gris de
Bécon. Il Lg. — Granit.
Hist. — « 1657, 28 avril, sépulture de René Guit-
teau. . . qui estoit de présent à travailler la pierre
de •prison. (Inv. Arch., E III, 393, c. 2). — « C'estoit
de pierres de gryson, dont un esclat coupa la gorge
tout oultre à Epistemon. « (Rab., P., II, 29, 198).
— « Il y a dans le cimetière de cette paroisse une
pierre, qu'on appelle du grizon.o^m sert de tombe. ».
(1736, Inv. Arch., E II, 353, 2). — « Thibault
Chaussée, sieur de la Guisterie, fit planterunecroix
de grisou près le verger de Villemoisant. » (1583,
Id., S. s. E, 253, 1, h). — « Au mois d'octobre 1775,
un particulier bêchant un champ du sieur Cellier'
en la paroisse de Chênehulte, découvrit un tom-
beau en pierre, connue sous le nom de grison, car-
rière de Doué... (Extrait des Affiches d'Angers.
Anj. hisL, IIIo an., 137, 7). — Avec le granit ou
grison de la Gâtine et du Bocage. » (La Trad., p. 38,
1.8).
Grisonuier (Lg.), s. m. — Ouvrier qui taille
le granit. — V. Grison.
Gris-sourit (Mj.), adj. q. — D'un gris qui
rappelle le pelage de la souris.
Grivelin, s. m. — Nom vulg. du chêne à
grappe. (Mén.)
Grivolé (Lg.), adj. q. — Bringé. Se dit du
poil d'un animal. Syn. de Pigarrelé, Pivaré,
Tapiné. || By. Grivelé, verdelé, pivéré.
Et. — Grivelé ; mélangé de gris et de blanc ; de
Grive, dont c'est la couleur.
Groas, s. m. — Gravier, sable. — On dit
aussi Croas. Croas de Martigné; terrain sa-
blonneux mêlé de gravier. V. Grave. —
Grohan, Guérouas.
Grocer, Grosser, v. n. — Grogner, gronder.
V. Grosser. || By. — Crosser.
Et. et Hist. — Grognir, gronir, grunir grondir,
groindre, gondre; — gromir, — er ; groncier, grocier,
groucier, v. n. Grogner, gronder, grommeler, etc.
— Lat. Grunnire, grundire. Germ. Grumen. —
Grunzen = groucier.
Groger (Mj., Sal.), v. a. — Cueillir, déta-
cher, — les feuilles des arbres. Ex. : Groger
du brout. Syn. de Erufer, Erufler.
Et. — Corr. du fr. Gruger. Du ba. grusen, écraser ;
holl. gruisen ; rad. gruis, grain. — Groger du sel.
Grognasser (Mj., Lg., By.), v. n. — Grom-
meler souvent, bougonner. Syn. de Grimon-
ner, Grignoler, Ratourner. Cf. Jatjb.
Et. — Fréquent, du fr. Grogner. L. Grunniro.
Cf. l'aha. Grunî : angl. groan ; kymri, grwn. La
forme régul. est Grunir, xn« s.
Grogner (Mj., By.), v. a. — G:onder. Ex. :
La mère l'a grognée quand aile a arrivé.
Grognoux, ouse (Lg., By.), adj. q. — Gro-
gnon.
Grohan, s. m. — Sable. V. Grave, Groas,
Guérouas, Croas.
Hist. — «... et dit-on pour vérité que César
estant au pays d'Anjou fist ediffier et construire
un chasteau et théâtre pour sa demeure hors la
ville d'Angiers et prez lun des portaulx dicelle.
lequel est à présent en ruyne et est en langage
angevin appelé grohan (Bourdigxé, 16-) — « Dans
un des faubourgs de la ville d'Angers, appelé le
faubourg de Bressigné, il y a une hotelerie appelée
la Côte de Baleine ; où il y a un jardin ; et auprès
de ce jardin il y avoit une vigne, il y a cinquante
ans, dans le milieu de laquelle il y avoit une place
en ovale, où l'on voyait des restes d'un amphi-
théâtre ancien, qu'on appeloit Grohan... du mot B.
bretgro\van,qui signifie encore aujourd'hui sable...
on appelait Arènes la plupart des amphithéâtres...
ocmme il paraît par la rue des Arènes, voisine de
cet amphithéâtre lorsqu'il existait. » (MÉN.\f:E).
N. Il serait curieux que l'une des côtes de baleine
qui se trouvent au Musée provînt de rhôtellerie
ci-dessus désignée. (A. V.) = « Vente d'une petite
perrière, en 1642, avec buttes, groi's et rochers qui
sont aux environs d"icelle. « Buttes, rochers et vieux
groys, à Trélazé, à la carrière de l'Aireau. » —
Grouas, commune des AUeuds ; — la groaie, la
grouaie ; en 1342 ; Locus qui dicitur Les Groes en
1239. — Les croies à Chaloches, en 1244. (Cité par
MÉNIÈRE).
Groiselle, Guéroiselle (Mj., By.), s. f. —
Groseille à maquereau. Cf. Castille. Syn. et d.
de Gruselle, Guermoiselle, Guermoinselle.
Et. — AU. Kraûsel, dans Krauselbeere. Le radie,
kraus, crépu ; la groseille (à maquereau) a la sur-
face crépue et épineuse (ail. stachelbeere, baie à
épines). Le nom s'est communiqué à la petite gro
seille, qui vient par grappes (en Anjou, castille)
Hist. — « S'ensuit la mise et despense pour. . .
le pain à faire l'aumône..., en gros boys, fagods
et menaige, 8 sous ; en groiselles, 12 s. 6 d. ; en
GROISELLIER — GROUS
453
serises, 10 ri. (1536. — Inv. Arch. G. II, 296, 1). —
« En groyseiÙes, 12 d., en sucre candy pour deux
pauvres débiles, 6 d. (1553, ihid., H. Suppl., 57,1).
« Barbier, or viennent les groiseles,
« Li groiselier sont boutonné. »
(Rutebeuf, 215.)
Oroisellier (Mj., By.), s. m. — Groseillier
à maquereau.
Cirôles (Bg.), s. f. — Savates. J'vas-t-y
ben me mettre dans mes grôlesl Syn. Pavanes.
«rolle 1 (Br., By.), s. f. — Plante ; le da-
mier ; Turnera aphrodisia.
Orolle -, s. f. — Jeu d'enfants. Marelle.
V. au Folk-Lore, vu. V. Tire-poil, Chaudron,
Pied-pourri.
Cirolle ■' (Li., Br., Do., By., Lue, Mj.), s. f.
— Corbeau.
Et. — D. après Diez, Graculus ou Gracula: acul
donnant d'ordinaire ail, il est vrai, mais aussi ol
ou eul, com. dans l'a f. Seule, desseculuni.
Grolle ^ (Mj.), s. f. — Pic de mineur à
manche court et n'ayant qu'une seule pointe.
— Le même que le précédent, au figuré.
<)lrolleau (Mj.), s. m. — Corneille. Dim. de
GroUe.. \\ Mj. — Grolleau, Gros-lot. Sorte de
cépage rouge à jus peu coloré, de maturité
hâtive et très productif, mais de qualité
infériuere.
Càronclie (Bo.), s. f. — Ne se dit que dans :
Poire de Gronche, — ancienne espèce de poire.
<{iroseillcs. — Chant des groseilles. Paquet
d'œufs de grenouilles, ressemblant à des
grappes de groseilles, castilles, cassis (Segré).
Les paysans soutiennent mordicus que le
chant entendu provient de ces œufs. Cf.
Guernâselle. Il y a eu confusion avec ce mot
et Guermoiselle.
Gros-lait — V. Lait glossé.
«rosser (Z. 141, By.), v. n. — V. Grocer. Ni
grosser, ni musser ; ni remuer, ni faire le
moindre bruit. || Mj. — Bouger, remuer. L'o
est très bref. Ex. : I n'en grossait pas. || Mur-
murer. I| By. On dit plutôt Crosser.
Hist. — « Aucun de ses familiers groussoient de
ce que ilfesoit desi larges aumosnes. «(Saint Louis.
JoiNviLLE). — Greugia, gravamen. Gall. Grief.
« Et se gens encontre moi gror.ent
« Qui se tormentent et se corrocent. »
{Rom. de la Rose.)
Grosserie (Lg.), s. f. — Les gros ouvrages,
les travaux peu délicats. Nom collectif. Ex. :
Dans la forge, c'est la grosserie qui rapporte
le pus. Il By. Grousserie.
Grossier (Lg.), s. m. — Marchand en gros
Groiie (Lg.), s. f. — Forte gelée. Dér. de
Grouer. Ex. : Y a de la groue à matin.
N. — Chose curieuse, je retrouve ici ce mot qui
vient de Grouer, verbe usité à Saint-Michel ■ et
Chanveaux, mais inconnu au Longeron et à Mont-
jean.
Grouée ', s. f. — V. Groue. — \'. aussi
A grouer.
Grouée ^ Pron. Guerouée (Do., Bg., By.),
s. f. — Grande quantité d'enfants, — d'oi-
seaux ; couvée. — Réunion nombreuse.
Grouer ■' (Do.), v. n. — Couver. Se dit d'une
poule qui cache ses poussins sous son aile.
Grouer ' (Smc), v. n. — Geler. — A Saint-
Mars-la-Jaille (Loire-Inf.), on pron. Gué-
rouer.
Grouin (Mj., By.). .s. m. — Groin.
Et. — De : grogner ; lat. grunnire. Bourg, groi-
gnô ; prov. groing, grong, et au fém. groingna ;
ital. grugno.
Groulaud (Mj.), s. m. — Larve aquatique
du cousin. || Pou. Syn. de Pouée, Poueil,
Grenadier, Guin, Loulou.
Et. — Du pat. Grouler, parce que ces larves, par
bandes innombrables, vont et viennent sans cesse,
en se tortillant sur elles-mêmes en spirales, du
fond à la surlace des eaux stagnantes.
Grouler (Mj., Lg., By., Sal., Cho., Li., Br.).
V. n. — Bouger, remuer. Ex. : J'avais eine
peur que je n'ousais grouler. \\ V. a. Remuer,
mouvoir. || Ça groule dans la coque ! — Cri
des marchandes d'huîtres. V. Grouiller.
Et. — Ce mot est une forme adoucie du vx fr.
Crousler, fr. mod. Crouler. C'est donc un doublet de
Crôler, et du fr. Grouiller. Cf. Boulir. pour Bouillir.
— Hist. — Parlant à un homme qui a le mal véné-
rien : « Vous n'avez dent qui n'en grolc. >> (L. C). —
« Ung autre jour s'exerçoit à la hache, laquelle tant
bien croulloyt qu'il feut passé chevalier d'armes en
campaigne. » (Rab., G., 23.).
Groulonnée (Mj.), s. f. — Grouillement.
Ex. : Il a eine groulonnée de pouées. || Four-
millement, cohue.
Groulonner (Mj.), v. n. — Remuer, bou-
ger un peu. Il Grouiller, fourmiller.
Grouméler (Lg.), v. n. — Grommeler. Syn.
et d. de Gourméler.
Grons — ousse (Mj., By.), adj. q. — Gros. ||
Grousse -gorge, — goitre, jj Grous-houi, —
gros bout, et, au fig., le derrière. Ex. : Il m'a
tourné le grous-houi. \\ Sp. — Avoir le grous
ventre, — être grosse, enceinte. || Fig. —
Prendre queuque chouse ben au grous, — en
être très affecté. « J'en ai grous su' l'cœur. —
Il a pris ça ben au grous. N. Cet adj., devant
une voyelle, est toujours suivi d'un t eupho-
nique : Ein grows-t-homme. || Syn. de Magni-
niagnas, Grousse-Ugume. Grous-c\x\, gros bon-
net, personnage d'importance. || Lg. — S. m.
La partie la plus grossière de la filasse pei-
gnée. Syn. de Reparon. Ex. : Toile de grous. \\
5lj. — Grous riche, — richard. Syn. de Ri-
chaud. Il Mj. — Grous de la grousse, — per-
sonnage considérable. || A la grousse, — gros-
sièrement, sans soin, grosso-modo. || N'avoir
pas grousse mine, — n'avoir pas l'air bien por-
tant. Il A grous, — par grosses bouchées, lar-
gement, sans retenue. On dit : Manger à
grous, se moquer à grous, mentir à grous, etc.
il Sp. Lalettre en est hengrousse, — cen'est pas
compliqué, pas difficile à faire ou à com-
prendre. (De même qu'il est facile de lire dans
45^
GROUS-NAVEAU — GUÉCHER
un livre imprimé en gros caractères.) !| N.
C'est une croyance populaire qu'il ne faut
pas entamer un œuf à la coque autrement que
par le gros bout : entamer le petit bout, c'est
s'exposer à empêcher les poules de pondre.
Hist. — « Et rencontra la vendange si doulce
« Que de sa peau il feist une bodine
« A tout le peuple admirablement grousse
(G. C. BUCHER, 282. p. 256.)
— « Aveux rendus à la baronnie de Chalonnes...
par René de la Jumellière, pour son hoste), cour,
douves, jardrins. . ., chesnayesdegroMsbois. » (Inv.
Arch., G. 14, 2). — « Mon grand-père autrefois lisa
« Dans in grous livre. »
{La Trad., p. 202, 1. 33).
Grous-naveaii (Mj., By.,) s. m. — Bryone :
plante cucurbitacée dont la tige longue et
grêle s'accroche par des vrilles aux arbres et
arbustes. Syn. de Naveau-puanl, Naveau-
bourge. Parc. Ses fruits sont appelés : Graines
aux douleurs.
Et. — Cette plante est ainsi nommée à cause du
volume de sa racine, qui atteint souvent la grosseur
de la cuisse. V. les mots Grous et Naveau.
Grousse-gorge (Mj., By.), s. f. — Goitre.
\'. Grous.
Grousse-légume (Mj., By.), s. f. — Person-
nage d'impoî'tance. Syn. de Grous-cul, Magni-
magnas, Grous de la Grousse. V. Grous.
Grousseries (Lg.), s. f. pi. — Tous les effets
de laine, de coton, de couleur, dans une les-
sive, par opposition au linge. Lang. des la-
vandières. Syn. de Dégraisserie. Y. Grosserie.
Grousseur (Mj., By.), s. f. — Grosseur.
Groussier (Mj., By.), adj. q. — Grossier. ||
Z. 146. — Frais et gras, en parlant d'enfant.
— A un enfant qui revient du collège : « Ah !
comme v's êtes groussier (devenu gras, profi-
té), mais v's êtes plus léger d'esprit (plus ins-
truit). » — ^lorannes.
Groussièrement (Mj., By.), adv. — Gros-
sièrement.
Groussinière (Sp.), s. f. — Nom d'un vil-
lage de la commune de Saint-Maurice-la-
Fougereuse, situé à la limite des Deux-Sèvres
et du Maine-et-Loire et distant de Saint-
Paul de trois kilomètres. || Fait à la Groussi-
nière, — loc. prov., — fait à la grosse, sans
soin. Cette expression, très usuelle, est un
jeu de mots local. — Fr. Passer au gros sas.
Groussir (Mj., By.), v. a. et n. — Grossir. ||
V. réf. se Groussir, — se couvrir de nuages, en
parlant du temps.
Grousson, s. f. — Mamelle gonflée de lait.
— Vx mot angev.
— « Une couverture de laine,
« Mais elle n'a pas de grousson
« La Vierge et mère du poupon. »
{Vieux Noëls.)
Grousteau (Mj.), s. m. — Ancien cépage de
mauvaise qualité. — N. C'était sans doute le
même que V Egrustaud.
Grous trenfle (vallées d'alluvions de la
Loire), s. m. ■ — Appelé aussi Roulée. Variété
de trèfle à fleurs jaunes, à feuilles tachées de
noir, à gousses garnies de crochets et enrou-
lées en hélices, dont les longues tiges, cou-
chées et liées entre elles par des vrilles,
forment comme un immense tapis mouvant.
Il fait le désespoir des faucheurs, qui ne sau-
raient en arracher leurs dards, et aussi celui
des propriétaires, car il déprécie considéra-
blement les foins. (René Oxillox, De Vexploi-
tation des terrains alluviaux du val de Loire.
Mémoire couronné par la Société Industrielle
et Agricole d'Angers, le 29 septembre 1907.)
Grous-ventre (Lg.), s. m. — Maladie des
lapins, caractérisée par l'enflure du ventre.
V. au F.-Lore, xvi. || Sp. — Avoir le grous
ventre, — être enceinte. V. Grous.
Gruau (Lg.), s. m. — Terrain très rocail-
leux et où la couche de terre labourable est
peu épaisse. Syn. de Guéruette, Rochette,
Rureau. Cf. Griette, Guériette.
Et. — C'est le radie, de Guéruette ; il tient au fr.
Gravois. V. Groas.
Grucher (Sar., Gp.), v. a. — Jucher, — un
pot sur une planche ; le placer en l'élevant. —
Hucher? Syn. et d. de Grucher. — Grimper, —
sur les toits. (Li., Br., By.) || Monter, — (Lue.)
Grue (Ag.), s. f. — Femme de mauvaise vie,
prostituée. Syn. Peau, Pouffiasse.
Gruère (Mj., By.), s. m. — Gruyère. Cf.
Rruère, Craion (crai-on).
Gruesche, s. f. — Jeu de volant, ou de la
gruesche.
Et. — « Le volant était paré des plumes des ailes
de perdrix grièches. » — Rab., G., dit : des Griesches
(MÉSAGE).
Grugir (By.), v. n. — Si le blé est en pousse,
le soleil le fait grugir, c.-à-d. sécher, se dorer.
(Mén.) — Cf. Drugir.
Grune (Sp.), s. f. — Graine. X. Ce mot a
vieilli ; on dit mieux, aujourd'hui, Greune.
Gruselle (Sp.), s. f. — Groseille.
Et. — Doubl. du mot fr. et de Guéroiselle, Guer-
moiselle, Guermolnselle, Groiselle, Greuselle.
Grusellier (Sp.), s. m. — Groseillier à ma-
quereau.
Guaisser (Z. 137, By.), v. n. — V. Guesser.
Se dit des plantes qui poussent en étalant
leur pied, en bouées, en bouillées.
Guana (à) (By.), loc. ad. — Arroser à
guana, — en grand, largement, sans ména-
ger l'eau. V. Gana (à).
Guarir, v. a. — Guérir.
Hist. — « Je le pansai. Dieu le guarit. » Ambr.
Paré.
Guayer v. a. — Agiter le linge dans l'eau
en le lavant. || By. Guayer, guécher, guéné ;
pron. : ghéyer, ghéé-cher, ghéné.
Et. — P. f^. pour Aiguayer, de Aiguë. V. Eau,
Guéyer.
Guécher (Br., Pc, By., Do., Mj.), v. n. —
GUÈDE - GUENEILLON
455
Marcher dans l'eau jusqu'à mi-jambe, ou
plus haut ; passer à gué, guéer. Syn. de
Gauiller. — Patouiller dans l'eau. !| Prendre
de l'eau dans sa .chaussure en passant un gué.
1 Mb. — S'embotter de boue, avoir les pieds
trempés. || Sal., Guècher.
Et. — Germ. Waskan, laver. — Cf. Jaub. à
Gaujer. Esp. Esguazar.
Guède (Sp., Mj.), s. f. — S'emploie dans
l'express. : Soûl comme eine guède, — com-
plètement rassasié, tout à fait ivre. j| Adj. q.
— Ag. — Je suis guède, — je n'ai plus faim. !j
Lg. — Gonflé, ballonné. Se dit de l'homme et
des animaux. Syn. de Gonfle, Embedouflé.
Et. — Guéder, rassasier, est : Traiter le corps
comme le teinturier traite une étoffe qu'il guède,
en la plongeant dans la guède, pastel, teignant en
bleu foncé. Aha weil ; ail. Weid. (Litt.). = « Va.
weidon ; am. weiden, paître. « Dont je me suis tant
guéd'^ et remply que j'en crève. » Staparole. (Éveil-
lé.)) — Bat. Isatis tinctoria. — V. Guesdon.
Guédé (Sp.), adj. q. — Complètement
perdu, condamné par les médecins. — A rap-
procher de Guède. — Ménage cite ce mot,
dont il déclare ignorer l'origine. Syn. de
Cuit, Frit, Foutu, Rousti.
Guée' (Mj.), s. f. — Petit peigne à carder.
La guée est un petit seran. — P.-ê. pour
Gueille, dér. de Gueiller, comme Pouée est
pour Poueil.
Guée ^ (By., Zig. 197), s. f. — Espace non
glacé au milieu des marais ou des prairies.
Gué^ane (Mj.), s. f. — Charogne. Doubl. de
Digane.
Gueille ' (Z. 145, Br.), adj. — Frisée. On dit
d'un enfant frisé naturellement que ses che-
veux gueillonnent.
Gueille '^ (Lg.), s. f. — Pan de vêtement
par lequel on tient une personne. On dira d'un
enfant qui suit sa mère en tenant le coin de
son tablier, qu'il la suit à la gueille. — Se
suivre à la gueille, c'est se suivre à la queue
leu-leu. Il Filaments enchevêtrés. Ex. : Quelle
laine est par matons, a se tient toute par
la gueille . || Au figuré se tenir par la
gueille, — être intimement lié, associé,
être de connivence. A Mj., on dit dans le
même sens : Ils se tiennent pa' le cul comme
des hannetons.
Et. — .le proposerais le lai. Caudicula, diinin.
de Cauda. D'ailleurs il me paraît évident que ce
mot a donné le Mj. Gueiller (et non Guéier) et par
suite Guée, pour Gueille (R. O.).
Lg. — S. f. plur. — Frusques, hardes.
Ex. : Si t'as fret aux dés, folirre tes mains
sous tes gueilles.
Et. — Probablement contr. et d. du fr. Guenille,
et par conséq. de Guenellle, Ganicelle, Hanicelle,
H en icellc.
Gueiller (Sp., Lg.), v. a. — Carder. H Rin-
cer, essanger. Syn. de Aiguancer, Tantouiller,
Aiguaiccr. || Pell. — Rincer du linge à l'eau
claire. Gorr. et abréviat. de Aiguayer. Syn.
de Egaisser.
Gueillon (Mj.), s. m. — Petite guée.
N. — La signification propre de ce mot, que je
viens d'indiquer d'après rétymol.,est oubliée, et i
ne s'emploie plus que dans la loc. pr. Frisé com. ein
gueillon, — se dit de qqn qui n'est pa.s frisé. Cette
comparaison est plaisante par l'antinomie qu'elle
comporte. V. Friser. Cf. Frisé comme des baguettes
de tambour. |{ adj. q. — Hérissé, ébouriffé. Ex :
Eine poule gueillonne. C'est le nom, pris adjecti-
vement.
Gueillonner (Ag.), v. n. — Friser, en pari,
des cheveux, poils, plumes. .
Guéion (LVo.), s. m. — Syn. de Gardon,
Vairon. — Dér. probablement du fr. Gué,
parce que ce petit poisson ne vit que dans les
parties peu profondes des cours d'eau.
Guelte (Ag.), s. f. — Remise sur une mar-
chandise défraîchie, que le patron fait au
commis lorsque celui-ci réussit à la vendre
au-dessus du prix de liquidation.
Guelté (Ag.), adj. q. — Se dit d'un article
défraîchi et mis en liquidation, dans la
langue des commis de magasin. V. Guelte.
Et. — Geld, argent, en ail. ?
Guémanter (se) (Bg., By., Ag., Sal.), v. réf.
— S'informer, se renseigner. || Qqf. Se
plaindre. Syn. de Guimenter {se). V. Guer-
menter.
Et. — Très douteuse. — Ménage le fait venir du
lat. Quœrere ; cite R.\b. : « Et toujours se gué-
menle à tous estrangiers de la venue des coqueci-
grues. » (G. I, 49V — Au sens de : se plaindre,
du lat. queri. — On trouve Guermenter. de Quae-
ritare (Menace) = Guaimenter, de l'interjection
Guai, Wai, exprimant le malheur, la douleur ;
aujourd'hui Ouais ! sur le patron de Lamenter. —
— La forme Gairmenter, Guermenter, Garmenter,
se rattache probablement au celtique Gairm,
Garmi, — crier. (D' A. Bos.) = « B. L. Gementare
dim. de Gemere. Se guermanter est resté dans le
pat. norm. avec le sens de : se tourmenter, se préoc-
cuper. Dans CoTGRAVE : s'enquérir, s'informer
(outre l'autre sens). — Moisy.
Guène (Lue, Mj.), s. L — Humidité, eau
provenant de la pluie ou du brouillard. Ro-
sée, aiguail. — \'. Aivail. Cf. Gàne, dans
Jatjb. — Gouttelettes d'eau suspendues aux
brins d'herbe. C'est un nom collectif toujours
employé au singulier. Ex. : T'as été te pro-
mener dans la guène, te voilà tout enfondu.
V. Guéner. || Li., Br. — Id. — Tu vas dans la
guène, ça cottit sus ton cotillon.
Guéné (Z. 136, By., Ag., Mj.), part pas. —
Mouillé, trempé. || Lue. — De rosée, ou par les
herbes humides, — plutôt que par la pluie. \\
Fig. Ivre. Syn. de Inondé, Vinaigré, Verzélé
etc.
Gueneille (Lg.), s. f. — Guenille. Cf. Feille,
Béteille.
Gueneillé (Lg.), adj. quai. — Loqueteux.
Syn. de Guenilloux, Pénâillier. \. Gueneille.
Gueneiller (Lg.), v. n. — S'occuper à des
futilités, perdre son temps. De Gueneille.
Gueneillon (Lg.), s. m. — Guenillon.
456
GUENEILLOUX - GUERLAGE
Oueneilloux (Lg.), adj. q. — Loqueteux.
Syn. de Impenâillé^ Gueneillé, Emeillaudé. \\
S. m. Marchand de guenilles. Syn. de Guenil-
lonnier.
Guéner (Mj., By., Lrin.), v. a. — Mouiller,
en pari, de la pluie ou de la rosée. !| V. n.
Etre trempé, mouillé. Ex. : J'ai guéné ein
petit en m'en venant. || Cho. — Crotter.
Guénette (Mj., By.), s. f. — Sainte imagi-
naire qui a pour fonction de fesser les vieilles
filles. V. Ebobeluche, Guernuchon. \\ By. Sainte
Ghenetle.
Guenille s. f. (Ag.). — La voile. « T'amène-
ras la guenille. » Batellerie.
Guenillon (Mj., By.), s. m. — Petite gue-
nille, méchant torchon. || By. Ghenillon.
Guenillonnier (Mj.), s. m. — Marchand de
guenilles. Syn. de Guenilloux, Gueneilloux.
Guenilloux (Tlm., By., Mj., Sp.), s. m. —
Marchand de guenilles. Syn. de Guenillon-
nier. Il S. et adj. q. Loqueteux, pauvre
diable dont les vêtements sont décliirés. Syn.
de Impenâillc, Emeillaudé, Gueneillé'.
Guenon (Lg.), s. m. — Méchant gamin. Ne
se dit que des garçons. Ex. : Attends, mon
vilain guenon. — C'est le mot fr. détourné de
son sens.
Et. — MÉNAGE le fait venir de Genone, ablatif
de l'inusité Geno, qui a de grandes joues ; de même :
Naso, qui a un grand nez; Capito, une grosse tête;
Labeo, grosses lèvres ; Dento, de grandes dents. =
ScHELEBle tirs du vha Quena, femme : angl. quean.
Cf. ital. Monna, même sens, contract. de Madonna.
Guénoux (Lg.), adj. q. — Mouillé, humide.
Syn. de Guéné. \\ Boueux. — Syn. de Cas-
soux, Ganouilleux, Gassoilloux, Pitroilloux.
Guenuclie (Lg.), s. f. — Méchante ga-
mine. Ex. : Attends, va, ma petite guenuche !
Diminut. fantaisiste de Guenon.
Guêper (Tlm.), v. a. et n. — Piquer, taqui-
ner qqn. le faire monter à l'échelle. On dit
aussi, improprement : Faire guêper, — faire
enrager. — - N. Beaucoup pron. Guimper.
Et. — Guêpe. L. Vespa, p.-ê. avec influence du
germ., aha Wafsa ; am. Wespe, comme le témoi-
gnerait le gu, si toutefois le mot ail. ne vient pas du
lat. (Li"T.).
Guêpere (Lg.), s. f. — Guêpier. V. Guê-
pier e.
Guêpière (Lg.), s. f. — Guêpier. V. Guê-
père. Syn. de Burgaudière.
Guêpiner (Lcg.), v. a. — Taquiner. « Une
telle me reprend parce que je ne parle pas
bien ; elle ne fait que de me guêpiner. V.
Guêper.
Guer. — Se dit souvent pour Gr. Guerdin, giier-
nouille, pour Gredin, grenouille. — Se pron. aussi
Gueur. (V. G et Gre.) S'est écrit par Gh. — Jean
Gherdeau. Syll. initiale ou intercalaire (Jaub.) 1| By
— PréfèreGher.
Guêrche (Li., Br.), s. f. — La crèche. Syn
et d. de Querche.
Guërcliette (Li., Br.), s. f. — Un roitelet.
Syn. de Bourrichon, Babertaud. Doubl. de
Gorgette? N. Plutôt pour Grieschette, dim. de
Griesche, parce que le plumage de cet oiseau
rappelle celui de la perdrix.
Guerdeau (Segr.), s. m. — Mauvais lit ou
galetas. Le guerdon était le lit qu'on donnait
au soldat pour se reposer pendant qu'il était
en campagne. (Mén.) Syn. Chénier.
Guerdin (Mj.), s. m. — Gredin. |! Pell. —
Lepte automnal. Syn. de Bouget, Bougeon. —
C'est le mot fr. prononcé à l'angevine (Y.
Guer) et pris à Pell. au fig. || Lg. — Adj. q.
et s. Grigou, avare, ladre, pingre. Pas d'autre
sens. Syn. de Bâpin, Bâchoux, Tacarin.
C'est le mot fr. pris dans un sens spécial.
Et. — Gredin. Du germ., a. scand. Grad, faim ;
goth. Grêdus ; angl. Greed. l®"' sens : mendiant.
Guerdon, s. m. — Récompense. I| My.
Danse.
Et. — BL. Widerdonum sous Charles-le-Chauve
— Suivant Diez, le mot german. d'où guerredon
dérive est l'aha widarlôn, de widar, en retour,
contre, et lôn récompense, avec cette remarque que
le lat. donum, don, a influé sur la forme du mot. Il
est, en efl'et, très probable que c'est donum qui a
donné le d dans toutes les langues romanes (LiTT.)
= « Pour ce que je ne vueil que nulz face jamais
bien pour le guerredon de paradis avoir, ne pour la
poour d'enfer, mais proprement pour l'amour de
Dieu avoir, qui tant vaut, et qui tout le bien nous
puet faire. » [Joinville. — L. G.)
Guère, adj. — Peu. On dit, à tort : pas
guère, pour pas beaucoup, peu : « Je n'en
ai pas guère, — signifie réellement: je n'en ai
pas peu, donc : beaucoup
Et. — Le mha a unvveiger, pas beaucoup, qui
suppose un simple : weiger, beaucoup. Le w = g.
Guerger (Z. 152, Ti.), v. a. — Gruger,
écraser, émietter. Cf. Egro'igner. Du fr.
Gruger.
Guergne (Lg.), s. f. — - V. Grégne, Grigne.
Guergneau (Lg.), s. m. — Gros morceau
de pain. Syn. de Calibier, Bine, Cargnon,
Calot.
Et. — Pour Grégneau, dim. de Grégne. C'est pro-
bablement le doubl. de Cargnon,.
Guergnoter (Lg.), v. n. — Remuer sans
cesse, frétiller. Syn. et d. de Grignoter. \\
Grignoter. Syn. de Bôdigner.
Guériette (Sa.), adj. q. — Pierreuse,
caillouteuse, en pari, d'une terre. On dit aussi
Terre griette. Syn. de Grinche. Cf. Gruau.
Et. — Sous sa forme Griette, ce mot pourrait se
rapprocher de Grinche. Le subst. Mj. Guéruette est
un doubl. de cet adj.
Guérioche (Sa.), s. f. — V. Grioche.
Guerlagc (By., Mj.), s. m. — Pron. Gher-
lage, pour Grêlage, nettoyage à l'aide de la
guérie. — Guerler, Guerleux, pour Grêle,
Grêler, Grêleux (gu = gh). — On dit aussi :
GUERLE — GUERNE
457
un grêleux ou un guerleux. — C'est le cri-
blage.
Guérie (Lue, Mj., etc.), s. f. — Crible pour
le blé ; un tamis, une grêle (Bl.)
Hisl. — « Pour l'achat d'une grêle pour nectaier les
bledz.» (1439. — Inv. Arch., H. Suppl., 51, 2).
Giierleau (Mj., By.), s. m. — Sorte de
guérie à larges trous ronds, qui laissent passer
le grain et retiennent les pierres. On l'ap-
pelle aussi : Rond. V. Guérie.
Guerler (Mj.), v. a. et n. — Cribler. Cf
Grêler. De là, probablement, l'angl. to
whirl, faire tourner, faire tourbillonner. Le w
angl. remplace très souvent notre gu. (R. O.)
Hist. — « Recette de M. Faultrier l'aîné des
rentes qui sont dues au prieuré de Juigné-la-Prée,
paroisse de Morannes, nettes et grêlées, mesure de
Morannes, rendues audit prieuré. » (1776. — Inv.
Arch., H I, 147, 2.) — « Aporter les bledz des gre-
niers en l'aire et iceulx faire grêler. » (1467. — Id.
H. Suppl., 54, 2). — « Plainte contre le fermier du
temporel qui prétend lui payer le gros qui lui est
dû « net de poussière seulement «, et non « net et
grdé » comme l'obligent la pratique et les aveux. »
(1729. — Id. G, 30, 2, mil) — « Pour le sallaire de
six hommes mis... à apporter les blez des gre-
niers en l'aire et iceulx faire grêler. » (1467. — Id.,
S, s. H, 54, 2, 30). — V. F.-Lore. I,angage, vm.
Guerler l'eau : c'est retirer la seine sans
prendre de poisson ; il y a qq. rapport avec
grale, grêler. (Mén.) || Als. — « Mon gars est
lâche et mou comme si le guiâbe (diable)
l'avait gherlé. »
Guerlet' (Mj.), s. m. — Grillon domestique-
Il Trembler comme un guerlei, — très fort-
Syn. de Guerzillon, Cri-cri. N. On sait que le
grillon est très frileux et qu'il se tient le plus
qu'il peut dans les foyers des maisons. || Lg.
— Trou dans une chaussée qui laisse couler
l'eau. Syn. de Pissoux, Renard. — Cf. Jaub.,
à Grelet. || P>y. Gherlé, petit gibier, genre
canard.
Et. — Pour Cxrelel, doubl. du fr. Grillon.
L'express, proverb. citée ci-dessus est curieuse, car
elle indique, selon moi, que le verbe Grelotter dér.
de Guerlet ou Grelet. Le nom fr. Grelot est un dé-
rivé et non le rad. de Grelotter. (R. O.)
Guerletter (!\Ij.), v. n. — Grelotter, ti'em-
bler menu. V. Guerlet. Syn. de Grezelter.
Guerleuv (Mj., Lg.), s. m. — Individu qui
crible le blé. — N. Au Lg., on dit plutôt
Greleur.
Giierlotter (Lg.), v. n. — Grelotter. Syn.
et d. de Guerletter.
Guermeille (Lg.), s. f. — Grain, miette, petit
fragment dur d'un corps émincé, petit
nodule dur dans un fruit. — Doubl. et syn.
de Grémille.
N. — Nous avons, dans notre patois, toute une
série de mots appartenant à cette famille : Gré-
mille, Guermille, Guermeilloux, Grémillages. Le fr.
lui-même en a au moins un, Grémil, plante borra-
ginée, à graines lisses et dures, duquel Hatzfei.d
croit devoir rattacher le nom au fr. Mil, avec un
préf. Gré. d'origine indéfinie. J'estime, pour ma
part, que tous ces vocables dérivent d'un mot
hypothétique Gremicella, ou Gramicella, pour
Granicella. dimin. du lat. Granum. Autre chose. La
forme Guermeille nous ramène directement à ce
vx mot Mj. si curieux : Guermoiselle ou Guermoin-
selle, qui s'est altéré en Guéroiselle, Groiselle,Gru-
selle, Greuselle, et qui, j'ose le dire maintenant, est
le prototype du fr. Groseille. Ce dernier vocable est
dérivé par Hatzfeld de l'ail. Kraus. On me per-
mettra de mettre en doute la valeur de cette éty-
mologie, en présence de la filiation si nette, du
pedigree si authentique que je viens de découvrir.
Est-il. du reste, un fruit plus Guermilloux que la
Groseille, la Guermoiselle, la Gremicella"? (R. 0.)
Guermeilloux, ouse (Lg.), adj. q. — Gra-
nuleux. Il Dont la pulpe renferme des nodules
ligneux et durs sous la dent. Se dit des fruits,
et spécialement des poires. Sjm. de Pierreux.
Dér. de Guermeille. Pour Grémilloux, dér.
de Grémilles.
Guermenter \'. Guementer.
Et. — Ce verbe présente deux sens : Se plaindre,
s'occuper, se donner des soins. = « Guermenter,
Garmenter. Se plaindre. « Laquelle Jehannelte qui
moult s'était guennentie et complainte audit Jehan-
nin, demoura et ne les voult plus suyr. » (L. C.) =
Querimoniare. Se garmenter, se guermentir. — Se
plaindre. « .Jehan Bressaict ayant trouvé un jeune
homme, qui se garmentoit estre herbergié en un
hostel où il n'eut point de jeu, etc. (1389). — «Après
que la suppliante sceut que sa maîtresse se gar-
mentoit iceulx biens avoir perduz, les rendi... »
(1145). — Désirer, marquer de l'empressement. —
Se donner des soins. « L'empereur se guermenta
d'aller voir la royne ; si luy mena le roy. » (1375.)
— i< Lesquelz six compagnons se garmentoient de
trouver du vin et vivres pour leurs maîtres. » (1375)
— « Lequel Jehan dist à yceulx gens d'armes, qui
se garmentoient d'avoir des femmes, que Colin avoit
une ribaude à un village près d'illec. » (D. C.)
Gueriuoinselle (Mj.), s. f. — \". Guermoi-
selle.
Guernioirer (Mj.), v. a. — Etreindre,
pétrir, écraser, fouler. Ex. : Guernioirer la
vendange. Syn. et très voisin de Eguermeiller.
Il Manier sans précaution. Ex. : Son petit
frère n'aime point du tout qu'a le prenne à
son cou, pasqu'a le guermoire trop fort. Syn.
de Biiul<tiig(*r, Hnrbeugner.
Guermoiselle (Mj.), s. f. — Groseille à ma-
quereau. Syn. et d. de Guermoinselle, Groi-
selle, GruseUe. Cf. Guermeille. Bret. Grenozel.
Guermoisellier, Guermoinsellier (^Ij.), s.
m. — Groseillier à maquereau.
Guernâselle (Auv.), s. f. — Syn. de Pou-
poute. Longue-haleine.
Et. -^ Ce mot est pour Grenâselle, qui est
presque un doubl. du fr. Grenouille. En effet,
Guernâselle ou Grenâselle dérive d'un diminut.
Ranuncella, du lat. Rana, très voisin du dim.
Ranuncula, qui a donné Grenouille.
N. — Pour ne pas avoir de puces dans l'année, il
sutTit, la première fois, qu'on entend la Guernâ-
selle, de frapper sur un lit qqs coups de baguette.
Telle est, du moins à .\uverse, la croyance popu-
laire. Cf. Groseille.
Guerne (Do.), s. f. — Mauvais couteau,
Syn. de Goudrille, Senard.
^i58
GUERNETTE — GUÉROUÉE
Guernette (Mj., Lg.), s. f. — Rainette.
Doubl. de Arnette. H Sal. Il est guernette, — il
a bu un coup. Syn. Verzelé, Pompette.
Giiernier (Mj., By.), s. m. — Grenier. — Cf.
Angl. Garner.
Hist. « Monsieur l'curé, cirez vous bottes
« Pour venir m'y marier,
« Car dans mon cœur l'amour galope
« C'est com' des rats dans n'ein guernier.
Giiernillonnier, s. m. — Marchand de gue-
nilles. Syn. de Guenilloux. Dér. de Gue-
nilloux. V. Guenillonnicr.
Guernollle. — Bruit qu'on obtient en pres-
sant sur le ventre d'un animal qui a trop bu.
(Mén.) L'eau est souvent appelée : jus de
grenouille. V. GuernouiUe, Gnernouiller. \\
Lg. — Grenouille.
Guernoiselle s. f. — Triton aquatique. —
Signe de beau temps lorsqu'il chante le soir.
(G. Fkaysse, p. 146.) Cf. le doubl. Guer-
nâselle.
GuernouiUe (Mj., By.), s. f. — Grenouille.
V. Guer. \\ Pissée de guernoiiilles, — averse
insignifiante. || Bouillon de guernouille, eau
pure. Il Fig. — Magot, trésor. Syn. de Cra-
paud, Magousse, Boursée. N. A Mj., comme
au Lg., on dit, proverbialement, d'un nigaud :
C'est pas de sa faute si les guernouilles n'ont
point de queue ! V. Guernoille.
Guernouiller (Z. 145, Br., By., Mj.,) v. n. —
Faire un bruit ressemblant au coassement de
la grenouille, en parlant des boyaux, — des
borborygmes. Ex. r Ça me guernouille dans le
ventre. || Br. Zig. 145. _ V. a. — Guer-
nouiller les boyaux, les secouer. || Barboter.
Guernouillère (By.), s. f. — Marécage
peuplé de grenouilles. — Un quartier de
Montjean, la partie basse du Rivage, située
immédiatement au pied du coteau, s'appelle
la Guernouillère. Non sans raison, car ce fut
certainement et pendant longtemps un maré-
cage.
Hist. — « Si je ne boy, je suis à sec, me voilà
mort. Mon âme s'enfuira en quelque grenoillère. »
(Rab. g. I, 5. 13.)
Guernouselle (Sa.), s. f. — Rainette, ou
sorte de petit crapaud. Syn. de Cloue, Grais-
ser, Guernâzelle. Doubl. de Guernoizelle.
Guernucher (Do.), v. n. — Boire avec bruit
dans un vase. || Sal. — Remuer l'eau sans
raison, — ou les lèvres sans boire.
Guérois. — V. Aférouer.
Gueroiseau (Sp.), s. m. — Grésil. Pour
Groiseau, qui est un doubl. du mot fr.
Guéroisélier (Mj.), s. m. — Groseiller à
maquereau.
Guéroiselle (Mj.), s. f. — Groseille à ma-
quereau. V. Castille. Corr. du fr. Groseille.
Syn. et d. de Gruselle, Groiselle, Guermoiselle,
GuermoinselJe. \. GuermeiUe.
Guérouâillage (Mj.), s. m. — Menus gra-
vois ; dimin. de Guérouas.
Guérouâiller (Sp.), v. a. — V. Eguérouail-
1er.
Guérouas (^Ij.), s. m. — Pierre cassée en
morceaux de diverses grosseurs, dont on se
sert pour remblayer. On désigne surtout sous
ce nom les déblais des carrières et des fours à
chaux. Il Fu. — Guérouai, — groas. — Terre
pierreuse qu'on retire au-dessus de la bonne
pierre, quand on veut ouvrir une carrière.
Et. — Corr. du fr. Gravois. — Hist. — « Chacun
pescheur doibt mettre sur ladite turcye (levée)
chacun an deux challondrées de groy^ de chacune
deux chartées. « (1561. — /ne. Arrh., H., Supp ,
p. 58, col. 2.)
N. — Challondrée. Le contenu d'un chaland ou
chalon. Cette dernière forme, souvent usitée vers
les xv" et XVI' s., a disparu, aussi bien que son déri-
vé : challondrée. |I Ordinairement Grouas, Groas,
Grohan. L'amphithéâtre de Grohan, à Angers. Nul
rapport d'étym. avec gravier. C. Port.
Guéroué-bouilli (By.), — « Quand, dans
une famille, une jeune fille n'est pas économe,
on dit d'elle : « A verra, quand a s'ra à son
guéroué-bouilli, » — c.-à-d. à son ménage, à
son compte, à ses coches. (Pc.) Cette locut.
est expliquée par la prononciation Guériau-
bouilli, — où Guériau est pour Gruau. Syn.
de Pouilloux.
Guérouée (Mb., My.. Mj., Sal., By., Cho.,
Lue, Z. 136), s. f. — Rassemblement, foule,
amas de personnes ou d'animaux. Aux envi-
rons de Cholet, ce mot est syn. de Fribolère.
V. Carroil. \\ Aller en guérouée, — pour arra-
cher les genêts. (Mb.) Les fermiers venaient
en nombre et prenaient chacun trois sillons
dans toute la longueur du champ. Celui qui
arrivait le premier après avoir arraché les
genêts était victorieux. || Prononcez G'rouée.
— Mon correspondant donne comme ex. :
Une boule qui n'a plus de vitesse s'arrête,
elle est g'rouée. — Ce n'est plus le même sens.
V. Guérouer. \\ Guérouée, Bouillard, Bouillée.
(Bri.) Il y a des nuances. On dit: Une g- lérouée
de poulets ; ils sont réunis en tas, autour de
vous ; — un bouillard de canards ; ils sont
éloignés et un peu dispersés ; — une bouillée
de joncs, — une liasse de joncs. Ces trois mots
ne vont pas l'un pour l'autre. (By.) || Une
couvée. Il Une grande quantité de n'importe
quoi, il V. à Sarper la citât, de Déniait.
Et. — Guérouée est pour Grouée et me paraît se
rattacher à la rac. lat. Greg. de Grex, gregis, trou-
peau, par Gregatam, part. pas. de Gregare. La
forme primitive a dû être Grevete. puis Greuéte et
enfin Grouée, et Guérouée, par la chute du t.
Agrouer serait le d. du fr. .\gréger (R. O.).
Hist. — « Tôt de même, fallut bé faire querame
lé-z aôtres, et y partchis avec tote ine grouée dau
pays qu'étchiant (qui n'étaient) jà pus décidés
que ma (H. Bourgeois. Histoires de la Grande
Guerre, p. 219.) — « Alors les paysans organisaient
une guérouée, c.-à-d. une réunion de travailleurs à
laquelle étaient convoqués une vingtaine de gars
des plus vigoureux. . . S'agissait-il encore de broyer
ou de nettoyer le lin ? une guérouée de filles se ras-
semblait aussitôt. . . les guerouées étaient tellement
à la mode qu'on en convoquait toujours quelqu'une
quand il s'agissait d'un travail important. » (De-
GUÉROUER — GUERZILLON
459
\rACr, Histoire de la V., t. I, p. 60, 61).
Le
iidi saint, la mère Victoire avec ton le la ouerrouée
il( ses petits enfants revenait de visiter le paradis
.!'■ Chanteloup (Vendée Cath.,M mars, 1907,1, 6).
(iiiérouer (Z. 102), v. n. — Engourdir, par
le l'ioid. Il Fr., Cnd. — Geler. — V. Guérouée.
(.)ni)ad une boule s'arrête, faute de vitesse, on
<lil qu'elle est gu'rouée. || Z. 102. Cajoler, ber-
ciT. — Bg. || V. Guerrouer et Grouer.
<Juerouèt, adj. q. — Caché (Bl.) Les oi-
si_'aux sont guérouèt sous les ailes de leur mère.
V. Guérouée. — T final du lat. Gregatum.
Ouerpi, ie (Mj.), adj. q. — Infesté; grouil-
lant. Ex. : Aile est guerpie de pouées, ceté
pâgnon-là. — Velà ein voiler qui est guerpi
de rainsins. Syn. de Confondu, Ejoisé.
Et. — Je trouve bien : guerpi, vx m. fr. inusité,
laisser, abandonner, — d'où Déguerpir. De l'ail,
werpen, jeter, B L. werpire (Ménage) ; mais Je ne
vois pas le rapport avec le sens de notre patois. —
N. Mj. — L'origine de ce mot est, en effet, bien
obscure, surtout à cause de ses synon. et voisins :
Guertu, Guerti. Guersi. Si Ton s'en tenait à la forme
mont]., on pourrait le rapprocher de l'angl. Warp,
chaîne, touée, ou Wharf, entrepôt, magasin. Mais
les autres formes se rapportent plutôt à Guérie.
Pour Guerpi il y a encore le fr. Crépi ? ?
Ouerpins (Z. 26^^ Als:), s. m. pi. — Ai-
guilles de sapin, tombées à terre. . . Pourrait
être pour Guerte de pins. V. Raviée, By.
ftuerrouer. V. Guérouer, Grouer. Avoir les
maïni> gi/errouées, c'est les avoir glacées. — Le
linge est giierroué, gelé. (Segr.) — On dit alors
que M. de Serrant a passé par là. — La terre
est guer rouée.
Giierseler (Tlm.), v. n. — Faire entendre
un léger bruit. Ce mot a probablement la
même rac. que Guerzillon. \\ Se trouver inter-
dit, rester sans réponse à une observation.
(Segr.) — ]\IÉNIÈRE.
Giiersille (à) loc. pr. — En abondance. —
Ce pommier a des pommes à guersille. —
Guersillée, grande quantité. — A guerzi,
à foison. Il By. Ghersille.
Oiicrsiller (Lg.), v. n. — Pétiller. Se dit du
feu. C'est le fr. Grésiller, dans un sens local. ||
By. Gherziller.
Guerte (Mj.. By., Sal.), s. f. — Fragment
ligneux de la tige du lin ou du chanvre que
l'on a broyé. Ex. : Je vas chauffer le four avec
des guertes. — N. Ne s'emploie guère qu'au
pluriel. — V. Grète. \\ Pell. — Petit chien-
dent, chiendent roquart? Il Bg. V. Piqueriées.
Enveloppe du grain dans l'épi de blé, d'a-
voine, de seigle, etc. || By. Gherte.
N. — Paraît être le même q>ie l'angl. Hards,
Hurds, — chénevottes.
Guerti (Bg., By.), adj. q. — Bondé, farci,
couvert. Eti-e guerti de vermine, de pouées ;
de dettes. — Ça n'n'est guerti, — c'en est
plein. V. Guerpi, Guersi, Guertu. \\ Bv,
Gherfi.
Guertu (Pell.), adj. q. — Tout infesté, tout
grouillant, garni, couvert, rempli. Syn. de
Guerpi, Guerti, etc.
Guéruette (Sa.), s. f. — Outil de labour
assez semblable au huau, ou vau, et servant
également à ouvrir les raizes ; mais la Gué-
ruette a des versoirs hélicoïdaux en fonte,
tandis que ceux du huau, ou vau, sont plans
et formés de simples planches. La Gué-
ruette est un huau perfectionné.
Guéructtes (Mj.), s. f. plur. — Terrain très
pierreux. Ex. La vigne veint vrai ben dans
ces guéruettes-Xk. — Cf. Griettes, Guériette,
Masureau, Gruau, Rackette, Rureaux.
Et. — Ce mot est, par métathèse très commune»
pour Grevette, Gravette (Cf. les Graves du
Bordelais). C'est ce mot, Grave, qui a donné Gra-
vois ou Guérouas. Quant aux formes Guériette et
Grieite ce sont des corruptions de Guéruette.
Guerzais (Mj., Lg.), adj. q. — Ne s'emploie
que dans la loc. : Feu guerzais, — feu follet,
effluve lumineuse, lueur phosphorescente.
Le mot est vieux et de sens peu précis. —
Ce vocable curieux est pour Grézais, Grégeais,
Grégeois.
Guerzeiller (T., Zig. 203). v. n. — Trembler
de froid. Syn. de Fribler, Guerletter.
Guerzeler (Bri, By.), v. n. — Pour Grézeler,
de grésil. Comme Aguerrouer, pour agrouer
(ager, agri) ; bérouette (boérouette), pour
brouette ; quercir pour : crécir, crévir. Cf.
Occire, jj Bg. — C'est une nouvelle que j'ai
entendue querzeler, — raconter à voix basse. ||
Z. 155. — Attraper froid. || Tlm. — Faire
entendre un léger bruit. || By. Gherzeler.
Attraper froid, avoir des frissons. || V. Gré-
zelier. — Guersiller, Guerzeler, Guerzeiller.
C»>s trois doublets sont aussi des syn. Je
n'admets pas l'explication par Grésil. Je
je les dérive du fr. Crécelle, que je ferais
venir du lat. Granicella. Les sens de Tlm.
et du Lg. viennent à l'appui de ma thèse.
V. Guerzillon (R. O.)
Guerzille (Mj.), s. f. — S'emploie dans la
loc. : Poire de guerzille, — ancienne espèce de
poire à peau très brune et ayant la forme
d'une pomme. Cf. Guersille (à).
N. — Variété de besis ou poires à demi-sauvages
qui ont pour caractère d'être très pierreuses (Mj.).
Et. — Je regarde ce mot comme un doublet
indiscutable du fr. Gvose'iWe, pui.Groiselle.GreuseUe,
Gruselle, Guéroisellc, Guernoiselle, que je dérive du
lat. Gramicella, Gremicelle. V. Guermcille.
Guerzillon (Mj.), s. m. — Grillon des
champs. Syn. de Guerlet. ;| Fig. — Petit
jouet d'enfant, hochet, formé d'un grelot en-
fermé dans un petit tambour ajouré, sup-
porté par un manche. || On désigne aussi sous
ce nom, à cause de la forme du calice, une
herbe commune le long des chemins ; tige
carrée haute de 0"^30 ; feuilles penninervées,
simples, dentées, opposées décussées ; fleurs
jaunes à calice gamosépale, renflé en bourse,
ou grelot, et aplati ; '» divisions ; corolle ga-
mopétale irrégulière ; la lèvre supérieure à
f,C^O
GUERZOU — GUEULE DE LION
2 lobes peu marqués, l'inférieure à 3 lobes
égaux ; 4 étamines épigynes réunies par leurs
anthères ; ovaire aplati, surmonté d'un long
style. Lorsqu'elle est abondante dans un pré,
elle en déprécie le foin, car elle passe pour
vénéneuse. (Va.) — N. Peut-être le Rhi-
nanthus major. Encore nommé Cocriste,
Crête de coq (Alectorolophos). Famille des
Personées ou Scrofulariées, tribu des Mélam-
pyrées. Toutes celles-ci sont semi-parasites et
certaines radicelles s'implantent dans les
racines des végétaux voisins. En particulier,
Melampyrum arvense (vulgo ; rougeole, blé
rouge, blé de vache, rougette, queue de
renard). . . cause du ravage dans les champs
de blé des terrains calcaires en épuisant la
plante. — Plutôt : silène.
Et. — Corr. de Grillon. — Hist. — « Les gre-
zillons de dévotion. » (Rab., P. II, 7). — « Au cricri
cadencé et monotone des suersillons. » {Anj. hi-t.,
2« ann., n'>3, 578.)
N. — Hatzf. dérive le fr. Grillon d'une forme
popul. Grillionem, et du lat. class. Grillus, tout en
observant que le fr. popul. dit Grelet ou Gresillon.
En Anjou, nous disons en effet Guerlet et Guerzillon.
Or, malgré tout, je suis tenté de croire que c'est
cette dernière forme qui a donné le fr. Grillon.
J'observe, en efTet, que nous ne donnons pas seule-
ment le nom de Guerzillon à l'insecte de nos foyers,
mai» aussi au hochet des petits enfants, sorte de
tambour dans lequel dansent des graines (granicella)
sonores. Ce serait par un trope que le nom aurait
passé à l'insecte, comme il a passé aussi à une
plante dont le calice est renflé en forme de tambour
(silène) Il a pu. du reste, y avoir rencontre et
contamination de deux formes, l'une dérivée de
Grillum, Grillionem, l'uatre de Gronicella. En tout
cas je ne puis plus admettre que Guerzillon soit
une corr. du fr. Grillon (R. O.).
Guerzon (Li., Br.), s. m. — Maladie des
poules. « La poule a le guerzou ; elle est triste
au réveil, ne cherche pas à manger. » V. Choc
«uesde, s. f. — Plante tinctoriale. V.
Guède, Guesdon.
Giiesdon, s. m. — Id. « Nous disons, en
Anjou, Guesdon, herbe dont se servent les
teinturiers. »
Et. — De Guastum ou Guasdum (Pline, xxn>
1 ). Cité par Mékage. — Bat. Isatis tinctoria, pastel
des teinturiers. Guêdé.
Giiesse, s. f. — Ce nom se donne aux îlots
boisés de la haute et basse Loire. B. Gué.
(MÉN.) V. Guesser.
Guesser (Mj., Lg., By.), v. n. — Taller,
drageonner, produire des rejets, des tiges
secondaires. Syn. de Jitouner. — Cf. Jaub., à
Gâcher. [1 Cho. — V. a. Mettre en terre une
plante pour la faire taller.
N. — De là, Guesson, dimin. très usité de Guesse-
Ce dernier, dérivé direct de Guesser, n'est pas em-
ployé comme nom commun, mais il existe comme
nom propre à Montjean et à Chalonnes. L'île de
la Guesse, à Mj., est un petit îlot secondaire, latéral
à la grande île et situé dans la boire du Moulin. A
Chalonnes, la Guesse est un village et un lieu dit qui,
font partie de la grande île. Mais celle-ci est formée
très évidemment d'une foule d'îlots que des atter-
rissements ont soudés les uns aux autres. — V.
Guesse.
Guesson (Mj., Lg.), s. m. — Rejet, talle,
œilleton, pousse au pied d'une plante. V.
Chiasse, Nule, Jiton,
Gnétin (Lg.), s. m. — Dimin. familier de
prénom Augustin. Syn. de Gustin, Tintin.
Guétrage, s. m. — Réception d'un compa-
gnon qui n'avait le droit de porter des feutres
aux jambes pour son travail aux ardoisières
qu'après avoir été guêtre par un ouvrier. Au
moment du guétrage, le parrain faisait avec
un clou une croix sur la guêtre, puis, au
4« point, offrait l'outil destiné à l'apprenti ;
c'est alors que le vin blanc coulait à flots.
(MÉNIÈRE.)
Guêtre (Mj., By.), s. f. — Traîner ses
guêtres, — rôder, errer, vagabonder. || Dévi-
rer ses guêtres, — mourir. On dit dans le
même sens : Tourner de l'œil.
GuétroD, s. m. ^^ Houdin.
Guette (à la) (Lg.). — Etre à la guette, —
çiu guet.
Guette-à-cheniin (Sp.), s. m. — Bandit,
voleur de grand chemin ; Guettei' à chemin.
Hist. — « Là nous fut dict être une manière de
gens, lesquels ils nommaient guetteurs de chemins
et batteurs de pavés. « (Rab., P., v, 36.)
Guelte-guette (Ag.). — Dans la loc. :
Etre en guette -guette, dans l'attente, dans
l'anxiété.
Guetter (Mj., Lg., By.), v. a. — Barrer le
chemin à, empêcher de passer. Ex. : J'ai mis
un lusset à la cour pour guetter les poules. ||
Guetter le chat. V. Chat.
Et. — Aha. Wathan, veiller, garder.
Gueulage (Mj.), s. m. — V. Gueulerie.
Gueulard (Mj., By.), adj. q. — Bavard.
C'est un syn. de Goulard, mais qui ne se prend
qu'en très mauvaise part. Un goulard est un
bavard bon enfant, qui cause pour causer et
sans penser à mal. Un gueulard est un ba-
vard indiscret, frondeur et insolent.
Gueule- (ou Goule) d'empeigue (By., etc.),
s. f. — Mauvaise langue. « Queu gueule
d'empeigne ! » By. — Plutôt : goule. \\ Se dit
aussi d'un ivrogne invétéré : « Parce que,
à force de boire, on s'est endurci la gueule en
manière de cuir d'empeigne ; on est blindé. »
(LoR. Larch.) — Au mot Gueule, je relève
cette singulière expression : « Se faire jeter
la gueule, — s'embrasser. (Pc.) Faut-il
comprendre : jotter, c.-à-d. se faire frotter la
gueule sur une joue, lat. ganta. Cf. Jotté,
Jottereaux.
Gueule de lion (Lg., Mj., By.), s. f. — Petit
mufliei- à fleurs jaunes, mauvaise herbe
commune dans les champs. C'est une des deux
plantes appelées, à Mj., Homblet. N. Il faut
noter qu'à côté de l'espèce ci-dessus, la seule
connue à Mj., il existe au Lg. un autre mu-
GUEULERIE — GUIBOUR
461
flier ou gueule de lion, qui est plus commun
encore. Elle a le même port que sa congénère,
mais la plante est plus forte et les fleurs sont
violacées. || Gueule de loup, fleur d'orne-
ment.
Hist. — « Avec ses allées de buis bordées, tout
le long, de touffes de giroflées, de gueules de lion,
d'œillets saignant dans la verdure. » (C. Leroux-
Cesbron. m. Lardent, p. 226.)
Oueulerie (Mj.), s. f. — Bavardage, can-
can. S'emploie surtout au plur. ■ — Syn. de
Gueulage, Goulerle.
Gueuleton (Mj., By.), s. m. — Bon repas»
festin, bombance. Syn. de Dévorée.
Ouculetonoer (Mj., By.), v. n. — Se gober-
ger, faire un bon repas, faire bombance, fes-
tiner. Syn. de Becqueter.
Gueurgne, Guergne (Lg.), s. f. — Le bout
d'un pain. Syn. et d. de Grigne, Grègtie. Syn.
de Guergneau.
Gueusard (Mj., By.), s. m. — Gueux, fri-
pon, misérable, coquin. S'emploie comme
interpellation bienveillante et amicale, sur-
tout avec les enfants. Ex. : Te velà, petit
gueusard ! V. Fouinard. - — Un père, en pari,
de son fils, qui vient d'avoir un succès ines-
péré : « Il en a eine chance, le gueusard ! »
Et. — Un exemple du xv" siècle prouve que ce
mot a signifié : cuisinier et est une autre forme de
queux (coquus). Ce mot a passé, par dénigre-
ment, des marmitons aux mendiants, aux mau-
vais sujets (LiTT.) = G. Paris rejette queux. Le
sens serait, non pas : mendiant, mais : compagnon,
et rappelle le : gayeux, emp loyé avec le même
sens dans le Jargon A% Villon (Scheler).
Gueux (Bg.), s. m. — Ecuelle de chauffe-
pied. — Pot de terre dont le dessus est percé
de trous (p.-ê. comme les guenilles d'un
gueux). — A moins que l'on n'y voie le même
l'ad. que dans queux (coquus). !| By. —
Vn gueux se dit : une Seille à feu, ou : une
Seille. Il Mj., Marmotte.
Guéyer v. a. — Mettre le linge à tremper,
dans une eau courante surtout, avant de le
laver. P.-ê. pour Guayer, guailler, avec aphé-
rèse de l'é de éguailler, aiguail. V. Eau. —
D'autres proposent : laver au courant du
gué. V. Egaisser, Aiguancer .
Ilist. — « Guéyer, passer l'eau à gué. « Aucuns
proposoicnt que dès que les ennemis entendroient
notre arrivée, ils passeroient la rivière de la Dou
en Bearn, pour ce qu'elle estoit fort basse et se
gueyoit en plusieurs lieux. » (Mém. de Montluc). —
Guéer un cheval, le laver en le passant par la rivière.
Guéer un linge, un drap, le laver légèrement
a la rivière. — Abreuver. — Gayer les chevaux
(L. C).
Guéjons (Z. 130). s. m. — Petits poissons,
goujons. — Parce qu'ils se tiennent dans la
partie la plus basse, le gué d'un coui-s d'eau?
N. Plutôt : vairons = gardons.
Gugusse (Mj.), s. m. — Diminutif fami-
lier du prénom Auguste. Syn. de Dudu,
Augusse.
Guiapin, s. m. — Vulg. Genista angiica.
\'. J/nguin. (MÉN.)
Guiare (Fu., Zig. 196, Lms.), adv. — Guère.
Guiaume ', n. pr.
Guillaume.
En une seule syll.,
Guiaume^ (Lg-), s- m. — Couteau. V.
Guillaume. Cf. Biot, Vier.
Guiavard (Bl.), s. m. — Iris d'eau. C'est
Liavard, prononcé avec l'I mouillé. — Bat.
Iris pseudacorus, liaverd.
Guibet (Lue), s. m. — Moucheron., Syn.
de Chuchon, Suchon, Suçon, Guibot.
Et. — Gibelet, altérât, de guibelet, guimbelet.
Cf. Angl. wimble, vilebrequin, foret. L-'insecte
aurait-il pris son nom de l'outil? (Darm.) = Il est
probable que Guibet, cousin, et Guiblet, Guimbelet,
tarière, ont la même origine, du Germ. Flam. weme,
wemel, à cause de la bouche de ces insectes, en
forme de tarière. (D'' A. Bos.) = Bibet, moucheron,
maringouin. Du lat. Bibere. Suiv. Cotgrave, le
mot est d'origine normande. Bibel signifie littéra-
lement : petit insecte qui boit, c.-à-d. qui pompe
le sang au moyen de sa trompe. L'idée de buveur
et celle du moucheron se rencontrent de même
associées dans le latin Bibio. — En vx dial. norm.
la forme était vvibez ou wibet. — Hist.
« L'araigne, tous les ans,
« Faisoit son nid dedans,
« Avec mouches et bibets
« Qu'elle prenoit en ses rets. »
{Ane. chans. norm. — MoisY.)
Guibole (Mj., By.), s. f. — Gigue, jambe.
Syn. de Baie, Quiolle, Caramelle. Surtout
longue et maigre. Sal.
Et. — Ce mot semble se rattacher au v. Giber, et
celui-ci pourrait bien être une autre forme de Gin-
guer, pour Giguer. En effet, le v. remplace facile-
ment le g, et le b remplace le v. On peut supposer
que Giguer est devenu successivement Giver, puis
Giber, d'où Guibole. Cette hypothèse paraîtra
moins risquée si l'on veut bien remarquer qu'il
semble nous être resté une trace de la forme inter-
médiaire Giver ou Guiver dans le nom Gulvre. =
La forme Guibon se trouve fréquemment au
xviii« siècle dans le même sens, jambe. (Darm.).
Guibol (Bg.), s. m. — Moustique. V. Gui-
bet.
Guibour — Vieux mot angevin. Mesure.
Hist. — « Le prieuré de Pruniers dépend de
l'abbaye de Saint-Aubin d'Angers... a droit de
prendre, au temps des vendanges, sur chaque
quartier de vigne, en son fief... guibour de ven-
dange, qui est une très grande mesure pour ceux
qui font faire les vignes. (Br. deTart.,P/jiV.,p. 75.)
— « 1246, quatuor summas vindemie ad quandam
Gui (Z. TU). — Prononciation de di dans le Cho-
letais. Il Gui s'emploie pour di toutes les fois que
celui-ci fait partie d'une diphtongue. On prononce :
Guieu, guiâble, étuguier, salaguier, pour : Dieu, etc.
Nous n'avons pas mentionné dans le Gloss. tous les
mots où cette prononciation se fait plus ou moins
sentir. » (Jaub.) En dehors des diphtongues, di,
se prononce dghi, avec une nuance impossible à
rendre par lettres ; il faut entendre un Choletais
dire : Il est midi. — Ce mot pourrait remplacer le
Schiboleth des Hébreux.
462
OUICHE - GUILLAUME
mensuram que vocatur Guihort. » (Inv. Arch., G I,
113. -2. h).
Guiche (Lty., Sp., SI., Sal.), s. f. — Petit
passage soâs une haie, par où se faufile le
gibier. Syn. de Musse. Le fr. Guichet est le
dimin. de ce mot. (Angl. wicket), rac. de
Enguicher, — p.-ê. de Aguicher.
Et. — A scand. vik, réduit, cachette (Guichet).
petite porte pratiquée dans une grande (Litt.) =
MÉNAGE y voit un dimin. de hiiis. Ital. usciette
(usset, Vusset.).
Guichée (Lg.), s. f. — Filet de liquide qui
jaillit. Syn. de Gilée. V. Guicher.
Guicber (Sp., Sal.), v. n. — Passer par une
guiche, spécialement dans les haies, se musser,
se glisser par une ouverture, un passage
étroit, entre des difficultés. || Se Guicher, v.
réfl. Se cacher. V. Guiche. Cf. pat. norm.
Guichet, de tonneau, et Guichon, pot à cidre. ||
Guicher (Lg.), v. n. — Jaillir, gicler. Syn. de
Giler.
Guideau, s. m. — En 1772, aux Ponts-de-
Cé, on prenait les saumons au guideau, espèce
de carrelet. (Mén.) — Littré donne le même
sens.
Guidon, ^s. m. — Celui qui guidait autrefois
ceux qui portaient les torches aux proces-
sions du Sacre. Douze torches, ou plutôt
douze pavillons, sur lesquels on représentait
les scènes de l'Ancien et du Nouveau Testa-
ment. (Méx.)
Et. — A. fr. Guier, du goth. witan, proprement :
remarquer. Guider s'est substitué à Guier sous
'influence du prov. Guidar, et de l'ital. Guidare.
Giiiéner (Vr.), v. a. — Glaner. V. Liéner.
Guiette — Vx mot angev., s. f. Diète.
Hist. — (Après une année de famine) 1771.
« Cela nous fait connaître qu'il est de la prudence
de faire des provisions. . . afin de ne pas se mettre
dans le cas de faire guiette malgré soi. » {Inv. Arch.,
E. S. s, t. III, 224, 1), suivent des renseignements
très curieux sur les prix des vins, œufs, blé, poulets,
poulardes, etc. Chalonnes sous-le-Lude.
Guif (Li., Br.), adj. q. — Désert. « C'est
ben guif. » 1| Guiffe, s. m. Un passage dan-
gereux est un guif, à Montreuil-Bellay.
(MÉN.)
Guigne. — ■ Mot fr. — Je le cite parce que
cette espèce de cerise sert à faire la liqueur
connue sous le nom de Guignolet, célèbre en
Anjou. V. Guignier.
Et. — BoBEL prétend que ce mot vient de
Guyenne, nom du pays où abonde ce fruit, que les
lat. appelaient -. cerasa aquitanica.
Hist.
«Le verre est le pinceau duquel on t'enlumine,
« Le vin est la couleur
« Dont on t'a peint ainsi plus rouge qu'une guigne
« En beuvant du meilleur. »
(O. Basselin, Vau de Vire, 6.)
Guigner (Do., Lue, By.), v. a. — Regarder
à travers un trou de serrure. — Simplement :
regarder. — Vieilli. !| By., et Aguigner.
Et. — t V° Guingoi. — De Guigner, qui vient de
Guigner, en écrivant cuin à la picarde, pour : coin,
parce que Guigner, c'est regarder du coin de l'œil.
cette façon de regarder du coin de l'œil,
attribuée à l'envie, a de tout temps été regardé,
comme une fascination qui portait malheur :
« Non istic obliquo oculo mea commoda quisquam
« Limât. . . (Horace, Epist. I, 14.)
La même superstition règne aujourd'hui en
Espagne. — Guignon en vient. Porte guignon, —
porte malheur. (B. de la Monnaye).
Guignette (Mj.), s. f. — Serpette, sorte de
petit couteau à lame courbe, qui sert à ven-
danger.
Et. — Ce mot est évidemment un dimin. du vx
fr. Gouet. Il est pour Gouégnette. V. la citât, au
mot Gouette. = Guignette, traduit par Depilatorium
dans un Glossaire. N. Le pat. berrich. a Gueugne,
coup qui laisse une trace profonde. Jaub.
Guignier (Sa.), s. m. — Cerisier sauvage. V.
Guigne.
Hist. — Sépulture de François Gazeau « qui
morut en tombant d'un guignier. » (1644. — Jnv.
Arch.. S. E III, 49, 1, h.)^
Guignoclie, s. f. — Bâton. . . Guignole,
petit bâton percé où l'on suspendait les
petites balances. (Mén.)
Guignolant, e (Mj., By.), adj. q. — Gui-
gnonnant. Du fr. Guignon.
Et. — Esp. guinon, signe de l'œil. Guignon vient
de Guigner, et se rapporte à qq. idée de mauvais
œil qui ensorcelle, porte-guignon. Cependant on
trouve aussi Guillon (Litt.).
Guilanleu, Guilanneu, Guilannée, Guilânée,
Guillâneuf (Mj., Lg.), s. m. — Cadeau que les
marguilliers allaient, jadis, au premier de
l'an, quémander pour la fabrique ou pour le
curé. . . On dit encore : Courre la guillânée,
dans le sens de : Quêter des cadeaux de pre-
mier de l'an, comme font les enfants. — Au
Lg., le mot est presque oublié, comme la
chose. V. Aguilanneuf.
Et. — Hist. — ■ Notes. = Voir dans De la Ville-
MARQTJÉ (Barzaz-Breiz) une longue dissertation sur
ce mot. Il conteste l'explicat. par Au gui l'an neuf.
= Voir un long récit de cette fête célébrée à Mor-
laix le dernier jour de l'an. — • Renvoie à Aguilanleu
(Ménage). = « Qui s'estoient assemblés jusques au
nombre de trois, six, neuf, dix, pour aller à Faguil-
laneuj, le premier trou de l'an. » (Rab. P., II, M).
= Pour exciter les garçons et filles de la paroisse
d'aller à la guillanleu, afiln de ramasser quelques
deniers pour emplover à l'entretien du luminaire
de ladite églize. ..(1691. — /ne .•lrc/(..G. II, 275, 1).
— Pour V aguilanleu des serjans du roy Lovs, 10 s.
(1403. — Id., H. Suppl., 50, 1). — Don de 30 s. aux
officiers et aux serviteurs pour V aguilanleu, « pro
isto anno novo a guilanleu. » (1486. fd. G. 102, 2,
h.). — Etienne Oger a baillé à Jacques Pelletier la
somme de 7 1. t. qu'il debvoit pour ung haquilan-
neuf qu'il avoit achepté de la paroisse de Ville-
moysant (1603. — Id. S. s. E, 253, 1, 6).
GuiUaret (Ti., Zig. 159), s. m. — Sorte de
gâteau sec, en pâte pliée en forme d'enve-
loppe de lettre. Je crois qu'il nous vient de
Nantes, où il est très connu.
Guillaume (Lg.), s. m. — Couteau. Syn. de
Goudrille, Gourdeille, Senard. N. On prononce
souvent Guiauine, en une syll.
GUILLEBOGUE — GUINDAS
463
Et. — C'est le mot franc, dans un sens local. Cf.
Euslache.
Oiiillebogue (Pell.), s. f. — Datura, stra-
moine, pomme épineuse. Syn. de Pomme du
diable.
Et. — Ce mot, inconnu à Mj. et à Sp. est un des
[ilus curieux du patois angevin. On y trouve indu-
bitablement le mot Bogue, et par conséquent une
rac. Guille, que je ne retrouve dans aucun mot fran-
çais, qui doit indiquer qqch. de piquant. Faudrait-
il écrire Dillebogue (car notre prononciation le per-
mettrait) et voir dans Dille la rac. de Dillet ou
Di^uet ?
«uilleri (Tlm.), s. m. —V. Cuilleri.
Oiiimander (se) (Craon), v. n. — Se tour-
menter. V. Se Guémanter, ou — der. — On dit
aussi : se Guimanter. V. se Guimenter.
Oui mande. — Pour Guimauve.
Guimaiive{Mj.), s. m. etf. — Ex.rJe sais pas
éyoù que je vas prendre du guimauve pour
faire ein pâteau.
duimbarde (Tlm., By.), s. f. — Méchante
voiture. || Faire la guimbarde, — faire le ta-
page. P.-ê. par comparaison avec le bruit de
ferraille de la guimbarde.
Giiiinbarre (Mj.), s. m. — Vacarme, bruit,
taj)ago, tintamarre. Ex : Voulez-vous ben
finir do faii'C le guimbarre ! — V. Guimbarde.
Guiiubarrer (Mj.), v. n. — Faire du tapage-
V. Guimbarre. Syn. de Chahuter.
Giiiiiiberlet (Sal., Lg.), s. m. — Perce-vin.
V. Guimblet.
Ciiiiiinblet (Lg., Tlm.), s m. — Vrille, et sur-
tout petite vrille. Syn. de Vrillette, Percette.
Et. — Dimin. d'un vx mot Guimble,qui semble
avoir disparu, mais qui se retrouve dans l'angl.
vvimble, vilebrequin. — Doubl. du fr. Giblet. V.
LiTTRÉ. Cf. Gainiot. — D'ailleurs l'anj^l. a encore
Gimblet et Gimlet, vrille, qui sont notre mot
angevin lui-même. Cf. Guibet ; du Flam. vvemefen,
aller çà et là, percer en tournant et retournant,
avec une tarière.
Giiiment (Mj., By.), s. m. — • Action de
s'informer. || Eter d'ein grande guiment ; —
s'enquérir avec une grande curiosité. || Aller
au guiment, — Aller aux informations. —
Dér. de : Se guimenter.
Guimenter (se) (Mj., By.), v. réf. — S'infor-
mer, s'enquérir, prendre ou demander des
informations, des nouvelles. Ex. : A s'est ben
guimentée de vous tortous. — Guimentez-
vous donc s'il est arrivé. — On dit aussi :
Se guémenter (ou avec un a).
Et. — Doubl. du franc. Quémander, du vx fr.
Caimand, mendiant. Cette étymol. nous donne
bien les deux sens fondamentaux de ce mol inté-
ressant : 1° Demander ; 2° Se plaindre. .le me
connais le second que de réputation. (R. O.)
Hist. — « Et toujours se gucmante à tous les
estrangiers de la venue des cocquecigrues. » (R.a.b.,
G., I, 49). — Si commencèrent courir, s'enquérir,
guémanter, informer par quel moyen, à quelle
heure, comment et à quels propos luy estoit ce
grand thesaur advenu. » (Id., P., IV, Prol.)
Guimpeler (By.), v. a. — Couvrir d'un
linge (d'une guimpe?) le goulot d'un vase,
d'une potine, d'un bocar (bocal).
Guimper (Tlm.), v. a. et n. — V. Guêper.
Gain (Ci-aon), — Pou. Syn. de Pouée,
Poueil, Loulou, Grenadier, Groulaud.
Guinclie (Sp., Lg., Lue), s. f. — Grande
herbe qui i>oussc dans les bois et que l'on va
ramasser, à la fin de l'hiver, pour rembourrer
les matelas. On l'appelle- aussi Paleine,
Plume de cerf. C'est une graminée dont le
nom scientifique est Molinie. Cf. Ganne,
Ganche. \\ Mj. — Par analogie, longue herbe
en forme de rubans légèrement froncés et de
couleur brune, que le commerce vend pour
le rembourrage des matelas. C'est un varech
(zostera) desséché. N. A Mj., où il n'y a pas
de bois digne de ce nom, on ne connaît pas
la guinche vraie. || Lg. Vendre en guinche, —
vendre en cachette, en fraude, sans payer
les droits. Ex. : Il vend de la tiaule en guinche,
— il tient un débit clandestin de boissons..
L'expression vient très probablement de ce
qu'une pratique courante aura été de
dissimuler les fûts sous de la guinche. |] Fu. —
Ou Rouche. Mauvaise herbe des marais ou des
bois marécageux dont on rembourre les
paillasses. Mauvais fourrage. — Le cri est :
Qui veut d'ia guinche?
Et. — « Guiche. Du lat. pop. vitica, tiré de vitis,
vigne ; proprement : chose qui s'enroule comme les
vrilles de la vigne, — devenu : guiche, guige,
guinche, formes usitées concurremment en a. f. Le
chang. du v. en g, et la forme : guinche paraissent
dus à l'influence de l'ail, winden, s'enrouler.
(Darm.) = Feuilles de Molinia cœrvilea, dont on
remplit les paillasses ; — feuilles de Sparganium,
dont on fait des parons (collier de cheval): — feuille
de carex, surtout de c. riparia, dont les jardiniers
se servent pour lier la chicorée. — N. Ne pas con-
fondre matelas de guinche et matelas de varech.
Guinche, nom vulg. de la molinie bleue (molinia
cœrulea) ou, melica (Linné), monocotylédone plu-
macée graminée, dédiée à Jean Ignace Molina,
botaniste espagnol, 1782, vulg. guinche, ou ganne.
Se vend à .\ngers surtout sur la butte du Pélican.
By.
Guinchoire (Sa.), s. f. — Matelas de
guinche. Syn. de Guinckonné.
Guinclionné (Li., Br.), s. m. — Un guin-
chonné est une paillasse qui contient de la
guinche. \. Guinchoire.
Guindas (Mj., By.), s. m. — Guindeau, ou
vindas, treuil simple, entièrement en bois,
sans frein, et le plus souvent dépourvu de
taquet d'arrêt, ou du moins d'encliquetage,
dont les mariniers se servaient naguère pour
hisser le mât et la voile de leurs bateaux.
Depuis une cinquantaine d'années, ces en-
gins encombrants et dangereux ont été par-
tout remplacés par des treuils à engrenages
munis de tous les perfectionnements de la
mécanique moderne. || Virer au guindas, —
manœuvrer le guindas. V. Pantin, Jambe,
Taquet. \\ A double guindas, — à profusion.
i64
GUÏNDEAU — GYSSE
le triple et le double. Cette très vieille et très
curieuse loc. est toujours en usage. On pro-
nonce : doubeille pour : double.
El. — Ce mot se trouve servir, pour ainsi dire
de transition entre ses deux doublets français :
Guindeau, Guindas, Vindas. Tous ces mots dérivent
du fr. Guinder, ail. zu winden, guinder ; angl. to
wind : windlass.
Guindeau. — V. Guindas.
N. — « La Possonnière. — Accident. Le nommé
G. Joseph, employé comme marinier aux travaux
de la Loire navigable, a été blessé grièvement à la
tête par le guindeau d'un treuil à bras... » (Le
Petit Courrier du dimanche 13 mai 1906.)
Ouindole (Lg. ), s, f. Sorte de cerise
blanchâtre, très grosse et à très long pédon-
cule.
Guinebertier, adj. q. — Qui marche de
travers. (En double, à Jumhertier. — Mén.)
Guinegau (Mj.), s. m. — Taquet ; poutre
horizontale solidement fixée en dedans du
bordage d'un bateau et dont les deux extré-
mités libres — semblables à deux marmousets
— servent à fixer les amarres qu'on \ attache
en les croisant plusieurs fois. — Technique-
ment : Chomard. — Syn. de Filoir.
Guinevesée (Mj.), s. f. — Prétentaine. Ne
s'emploie que dans la loc. : Courre la guine-
vesée. Syn. de Galistrade.
Guingonrage (Sp.), s. m. — Travail mal
fait, saboulé. || Fig. Clabaudage. Syn. de
Besague, Bicouène. A rapprocher de Gour-
ganger, qui serait pour Guingour'ager.
Et. — Ce mot a pour syn. Besague, que j'ai trouvé
au Lg., et Bicouène qui se dit à Segré, d'après
MÉNiÈRE. Or, Besague se rapproche beaucoup de
Besaigre et Bicouène n'est pas sans ressembler à
Bijane et à ce mot Bicane employé par Rabelais.
Et Guingourage ? Si nous supprimons le sufF. âge,
nous tombons sur la rac. Guingour. Aussitôt il
•aute aux yeux que c'est le bret. Gwin, plus Gour
(goal, gwal) mauvais. Cf. Gourveiller, Gourmâ-
cher, etc. Ainsi les trois synon. ont comme sens
propre : vin aigre, ou mauvais vin (R. O.)
Guingueler, v. a. — Badiner, folâtrer,
(Segr.) (MÉN.) — De Ginguer.
Guinguette (Mj., By.), s. f. — Bouchon,
cabaret. !| Eter en guinguette, — en goguette,
pris de boisson. Syn. de Brindezingue, Cigale,
Bombe, Berdindaine, Dévarine, Biole.
Et. — De ginguet, ou guinguet, petit vin ; lieu
où on le vend (Litt.).
Guinguin (Tlm., Mj.), s. m. — Rosse. Ex. :
Dix guinguins ne valent pas un bon che-
val. V. Haguin, Biroquin, Harou, Bicard,
Bourrin, Bochon, Carabi. Canasson.
Et. — Guilledin. Ancien nom d'un cheval angl.-
qui va l'amble. Angl. Gelding, — de to geld, châ-
trer? (Litt.).
Guinouée, s. f. — Appareil qu'on met sur
les yeux des chevaux qui tournent continuel-
lement. Rac. Guigner, regarder en cligno-
tant des yeux. . . (Mén.) — De Guigner? ou
de l'ail, zu Winden, tourner.
Guipe (Li., Br.), s. f. — Guêpe.
Guipon (Mj.), s. m. — Gros pinceau pour
goudronner les bateaux.
Et. — Angl. to wipe, essuyer, nettoyer (Litt.)
= Goupillon — wipp, mouvoir ; qqf. gipon (ce
qu'on agite pour asperger, frotter). Darm.
Guippon. s. m. — V. Bouillon-noir, Arc-
tium lappa. (Mén.) Bat.
Guiret' (Mj.), s. m. — Guéret, terre bien
ameublie ; terre labourée, mais non ense-
mencée. Il Guiret de saison, — guéret fait à
l'automne pour les semis de printemps. Syn.
de Levaille.
Et. — Du lat. pop. Varactum (class. Vervactum),
terre laissée en jachère, mais d'abord, terre labou-
rée, non ensemencée. — Puis, champ cultivé.
Guiretter (Mj.), v. a. — Guéretter.
Guiroué (By.), s. m. — C'est la partie en
bois de la girouette fixée au haut du mât de
la Gabarre. V. F.-Lore. Coutumes ; Bateaux,
II.
Guissoux, adj. q. — Graisseux, ou plutôt
qui colle aux mains ; visqueux. (Ag.)
Guivre (Sp., Mj.), s. m. — Longue pièce de
bois qui, dans les moulins à vent à l'anglaise,
sert à faire tourner la toiture et à orienter les
ailes. Remplacé aujourd'hui par les Tourne-
au-vent.
Et. — Je crois qu'il y a là une métaphore : le
guivre s'allonge comme une grande jambe en ar-
rière du moulin. Le sens propre du mot serait :
jambe, et il dériverait de Giver, comme de Giber
dér. Guibole. L'r serait épenthétique, comme dans
le fr Chanvre. V. Chambe. Ce n'est qu'une hypo-
thèse, mais elle me paraît assez plausible. — P. -et
simplement le fr. Guivre, au fig. (R. O.)
Guste (Mj., Lg.), s. m. — Auguste.
Gustin (Mj., Lg., By.), s. m. — Augustin.
Syn. de Guétin, Tintin.
Gustine (Mj., Lg., By.), s. f. — Augustine.
Cf. Delaide, Stasie, Bastien. Syn. de Titine.
G'val, G'vau — Pour Cheval.
Gymnase, Gymnasse (a très bref) (Mj.), s.
m. — Gymnastique. Mouvement, remue-
ment, surtout insolite ou violent. Ex. : En
velà d'ein gymnasse ! — C'est le fr. Gym-
nase, défiguré, de prononc. et de sens.
Gysse, s. m. — Vulg. Lathyrus pratensis ;
mitrouillet, louisette, jagnerotte. (Mén.) —
Bat. — Gesse tubéreuse. On mange ses tu-
bercules que l'on nomme jagnerottes.
H — HACHER
465
K
OBSERVATIONS
Prononciation. — « L'aspiration du H a été
longtemps facultative, et pour ainsi dire arbitraire ;
elle a prévalu ensuite dans certaines circonstances
rigoureusement déterminées par l'usage ; à cet
égard, c'est, selon nous, par une simple omission
que le Dict. de l'Académie n'a pas mentionné l'as-
piration du h dans le verbe : huiler. On dit sans
doute partout, en parlant d'une serrure dont on a
adouci le frottement avec de l'huile -. « Je viens de
la huiler », et non pas de l'huiler. Ouate, onze,
onzième, oui, subissent aussi une sorte d'aspiration:
on prononce : de la houate, le honze de ce mois, le
houi, dire son houi, etc.
« L'aspiration du h n'a pas lieu chez nous dans
une foule de mots où elle est indiquée dans le fran-
çais ; on prononce : hareng, haricot, haïr, hasard,
honte, comme s'il n'y avait pas de h aspiré. Au
contraire, l'aspiration reste fortement prononcée
dans : hargne, hache, harde, etc.
i< Dans le latin, l'usage d'aspirer le h s'est intro-
duit assez tard, suivant la remarque de Quintilien
(l, V, 19, 20). Cet auteur va même jusqu'à douter
que le h soit une véritable lettre : « Si h littera est,
— dit-il, — non nota. » (C^" Jaubert.)
Il By. — On n'est pas trop fixé sur la prononcia-
tion de l'h. On dit : la hache et : eine ache (einache),
mais non : ein nache. — I fait tout à Vasard {au
hasard, sans réflexion.) — On dit : un haricot (h
aspiré) et des zharicots (h muet) ; ein huissier (h
asp.), et l'huissier. Passe-moi l'haveneau, tô'n'ha-
veneau.
Permutation. — Qqf. remplacé par c : Canne-
ton, pour Hanneton.
Addition. — « Pour donner plus de force et de
poids à certains mots, on fait précéder d'un h leur
première syllabe, en l'aspirant fortement : him-
mense, hunorme, hancien, hcinnemi, hinsenliel :
henpouvantable. C'est ainsi qu'en Normandie (et
dans certaines régions de l'Anjou A. V.) on dit :
le huissier, à cause du rôle important que cet ofTi-
cier ministériel joue dans les habitudes de cette
province.
■ C'est l'emploi emphatique de la lettre h. —
Par euphonie aussi ou par mignardise. — Le poète
lat. Catulle signale la même affectation de son
temps (73). — llannibal, dans Cicéron. — V. AriJj-
Gelle. » {Id.)
N. — Le h muet vient du lat. ; le h aspiré du ger-
manique. (D"" A. Bos.)
Ilû (Mj., By.), s. f. — Haie. || Souvent, à
ceux qui font des oh ! et des ah ! on répond
par le calembour : « N'y a point de hâs ni de
bussons. Vieilli. V. Clâ.
Et. — Aha. Haga ; a. Hag. — Cf. angl. Haw.
Mj., By. Avoir vu dire par dessus les hâs,
Avoir appris par la rumeur publique. Syn.
de Ahaie.
Ilalteçoii (L^.), s. ni. — Hameçon.
Et. — Lat. Ilamum -|- icionem (diminut.).
Habillé (Mj.), part. pas. — D'habillé, —
opposé à : De sus semaine, en parlant d'un
vêtement. Ex. : Le coton, c'est point d'ha-
billé. — C'est ben d'habillé, ceté drap' là. ||
Habillé de soie. — C'est le cochon, à cause de
ses soies. On ajoute, quand on se sert de ce
mot : sauf votre respect. On l'appelle aussi : le
Monsieur, le Noble, le Sénateur, de même
que l'on appelle les baudets des : Ministres.
Et. — « De habile, dans le sens de : commode,
qui est à point, qui va. Habiller est proprement ,
rendre dispos, mettre à point, d'où : vêtir. L'histo-
rique le prouve de toute évidence. — D. C. habili-
tare : Armer, — tendre (de tentures), — tuer, —
préparer (un gibier, un repas), — maltraiter,
seller (un cheval), — gréer (un bateau), — habiller
(un malade que l'on va opérer, etc.) (Litt.) = « Le
sens actuel s'est développé sous rinfluence de :
habit. »(Darm.). || i/atii/er et amender les mauvais
chemins, — habiller un logis, — hab. à manger ; un
dîner, — les cuirs (dans une tannerie), — un bateau,
— un cheval, un blessé, une plaie. » (L. C) = Sche-
ler prétend que habiller ne répond pas à la forme
habilire, mais à celle de habillare ; or, celle-ci ne
peut remonter à habilis, mais à un adj. barbare ,
habilus. habillus. — Habit, de -. habere, manière
d'être habituelle, état, constitution, apparence
extérieure, puis : habillement, costume, mise.
Habiller (Mj.), v. a. — Peigner, lisser et
achever de préparer pour la vente une matière
textile, lin ou chanvre. || Habiller un porc, le
nettoyer, une fois tué, enlever ses soies, le
vider, préparer les morceaux.
Et. — V. Habillé. ■ — N. « Le seul cas où il puisse
être légitimement parlé de pathologie, c'est le cas
où un mot est employé par erreur pour un autre,
soit à cause d'une ressemblance de son, soit par
suite de quelque autre accident. Telle est la confu
sion qui s'est faite dans les esprits entre habit et
habillé : ce dernier, qui devrait s'écrire abillc, est
une expression métaphorique dont la signification
est « apprêté, arrangé. )> Elle a été d'abord employée
en parlant du bois en bille. Le souvenir de l'ancien
sens s'est conservé dans quelques locutions, telles
que : habiller un poulet. . . » (Etymologie emprun-
tée à une communication verbale de M. G. Paris
à la Société de linguistique. — M. Bréal, la
Sémantique, p. 33.3. — Lïttré : I^a Pathologie du
langage, dans : Etudes et Glanures).
Habitude (Mj., Lg., By.), s. f. — Prendre
par habitude, ■ — prendre pour habitude.
Hac î (Mj., By.), interj. — Pouah! Pour
détourner un enfant de toucher à un objet
sale, on lui dit : Hac ! c'est caca, faut pas
touch' ! Il Adj. quai. Sale, dégoûtant. Cf.
Heure.
Hacliail (Lg.), s. m. — Grande quantité,
foison de choses coupées ou cassées, telles que
branches, feuilles, etc. Ex. : Queu hachait
d'émondes qu'il a fait quiô chègne ! — Syn.
et d. de Chahail. Dér. du v. fr. Hacher.
Hacher (Bg., Mj., By.), v. a. — Déchirer.
Haelier ses bardes, déchirer ses vêtements.
Et. — Selon Forster, le seul type qui explique
toutes les formes romanes est l'ail. * hapjâ, devenu
30
466
HACHEUSE — HAIRÉ
vha, happa, auj. happe, heppe, hippe (faux, fau-
cille, serpette). Schelee.
Ilacheuse (Bd.), s. f. — Machine servant à
broyer le chanvre ou le lin. Syn. de Braie.
Hist. — Pendant les jours pluvieux... on
entend le bruit des hacheuses. Ce sont de très pri-
mitives machines de bois ayant l'apparence de
ciseaux à trois lames ; l'un des bras, seul mobile,
s'élève et s'abaisse. Le chanvre sec est brisé, haché.
— (Ang. de Paris, 25 août 1907, 1, 3).
Hacbis i (Lg.), s. m. — Sorte de crêpe.
Et. — Ce mot n'a rien à voir avec le v. Hacher.
Il résulte d'une confusion abusive, d'une conta-
mination produite par le fr. Gâchis.
Hachis ^ (Lg.), s. m. — Omelette mélangée
de farine.
Et. — Ainsi nommée parce qu'on y ajoute
parfois des herbillettes hachées menu.
Harfir «, — hagiii (Mj., Lg.), v. a. — Haïr,
détester. || Hadir son nid, — l'abandonner,
en pari, des oiseaux. Cf. Achouir. || By. — On
dit : Hanguî{r) son nid.
« Prends ben garde, p'tit gârs, faut jamais
déniger ein nid de berrichon, car t'aurais les
mains croches ; faut même pas toucher aux œufs,
ça le ferait hanguir son nid. (L'oiseau s'en aperce-
vrait, parce qu'en essayant de passer la main par
l'entrée très étroite du nid, on démancherait
la goule du nid). Haïr et ses dérivés se prononc.
hagui (ha-ii).
Et. — Anglo-sax. : hatian. Le t est tombé
com. dans meûr, de maturus ; ouïr, de audire.
Am. hassen ; angl. to hâte. — Cf. lat. : odisse ;
esp. odiar.
IlarZissable, — haguissab' (Mj., Lg.), adj.
q. — Haïssable. V. Hadir.
Hagiie ! (Mj., By.), interj. — " Han^! Ono-
mat. indiquant un effort ; qqf. la surprise,
l'ennui, etc. || By. — Son particulier de l'a,
comme : heingne. H très aspiré.
Hagné (By.) V. F.-Lore, Langage, vm.
Hagnoche (Mj., By.), s. f. — V. Hanoche.
Haguin i (Va., Mj., ), s. m. — Arrête-bœuf.
Ononis spinosa. Syn. de Arquebœuf, Equio-
pereau. || Chardon. || Sar. — Petites plantes à
feuilles piquantes ; genre des houx ; se
trouvent dans certaines prairies défectueuses.
• — Se rattache au celtique Ac, pointe?
Uagnin^ (Sp.), s. m. — Rosse, vieux che-
val, haridelle. — Syn. de Gainguin, Canas-
son, Carabi, Harou. N. Ce mot a, sans doute,
qq. rapport avec le fr. Haquenée et il doit
être la rac. du pat. Aquenir, qui dès lors, doit
s'écrire Haquenir. Cf. angl. Hack, hackney,
rosse.
Et. — Inconn. Vx fr. haghenée, haquette.
llaha ! (Mj., By.), interj. — Marque la
satisfaction, le triomphe. Ex. : Haha ! je vous
l'avais-t-i point dit?
Haï, Haïdi, Haïdu î interj. — Pour faire
avancer un cheval. || By. — Ha-î, haiil-du,
a bref. || Mj. Ahue.
Haini (Mj., By., etc.), s. m. — Hameçon.
Syn. de Claveret. V. Sembler.
N. — Ce mot est français ; mais, com. on prononce
un haim, en faisant sonner l'n devant l'h muette,
on a cru que l'n faisait partie du nom, et l'on a dit :
un naim, des naims. J'ai dit moi-même, étant
jeune, à Saumur : je vas acheter pour deux sous
de naims. — De même un enfant qui entend dire :
un petit oiseau, prononce: un toiseau. Nombreux
exemples. — En Périgord on dit : un clou.
— Et. Lat. Hamum. — Je ne puis y
voir la racine Ac (grec akè, pointe). — On a
rapproché le breton Héguen, même sens. Ce der-
nier mot paraît être le même que le vocable
Haguin, terme générique sous lequel on désigne
les plantes piquantes, ajonc, etc. — Hist. : « Uns
peschierres gela iluec son hain, et quant il cuida
avoir pris un grand poisson. . . » (L. C.)
a A bien juger, femme sans grac
« Semble un apast sans haim. »
(G. C. Bûcher, 205, p. 207.
— « En l'aultre, force provisions de haims
et claveaux. » (Rab., P., n, 16, 156.)
Haïr, v. a. — Prend partout un tréma.
J'haïs, t'haïs, il haït, etc. — V. Haït.
Haire (Tlm.), s. f. — Malechance ou mala-
die. Ex. : La haire est tombée sus ces pouvres
gens-là. il Lg. Mauvais état de santé. Misère,
au propre et au figuré ; infortune, maladie.
Syn. de MaUtrie, Maledringue. \\ Avoir de la
haire, — être mal portant, tirer le diable par
la queue. Il (Lg.,Tlm.)Au plur. Loques, vieilles
hardes. — X. Ce mot, qui ne s'emploie plus
à Mj., y a laissé le dérivé : mal hairé. — X. Le
sens propre est : cilice, chemise de crin (ail.
haar), puis, par ext., vêtement qcque. De
là vient qu'au Lg. on appelait haire. la peau
de loup dont étaient, croyait-on, revêtus
ceux qui couraient le loup-garou. Délivrer
ces infortunés c'était les déhairer. De cette
acception à celles de : infortune et maladie,
il n'y a qu'un pas.
Et. — Haire, xv» s. Affliction, peine. Aha,
hâra, tissu de poil ; am. haar. cheveu, poil ; —
proprement : Petite chemise de crin, — ou de
poil de chèvre, portée sur la peau. (Litt.)
— « E aspre haire aveit de piel de chievre
gros. » — « En l'abeie du Lis sont les heires que
saint Loys portoit, une fête à manière de gar-
de cors, longue jusque desouz la ceinture, et
l'autre fête à manière de ceinture ; trois ou quatre
desquelles les unes sont lées (larges) à manière
de la paume d'une main et les autre à manière
de la leesse (largeur) de 3 dois ou de 4. » — Af-
fliction, chagrin :
« Marie toy donc, et me croy,
« Qu'à mener vie solitaire
« A ben plus de mal et de Aatre
« Mil foiz que les mariez n'ont. »
Hairier, affliger (L. C).
— (I En laquelle furent veus plus de six cent
mille et quatorze chiens à l'entour d'elle, lesquelz
lui faisoient mille haires (misères). ( Rab., P., n,
22, 173-4.) — « J'ai différé à cause de la maladie
contagieuse dont le père et la mère sont touchez,
et attendu leur reconvalescence et déhairement
pour ce faire. » (1639. Inv. Arch., S. s. E. 332, 1.)
Hairé (mal) (Mj.), adj. q. — Mal portant.
Hist. « Et d'autant que l'on tenoit ladicte
deffuncte estre malade de peste,... nous diffé-
râmes à la quarantaine en attendant le déhaire-
ment. » (1640. Inv. Arch., S. s. E. 332, 2, h.)
HAIRER — HALER
467
Halrer (Lg.), v. a. — Gâcher, cochonner
l'ouvrage, faire de la besague. Vient de Haire,
Hairier, affliger. V. haire, aux citations. Syn.
de Sabouler, Sabourer, Goriner.
Hais' (Lg., Sgn.), s. m. pi. — Etagères sur
lesquelles les briqueliers mettent sécher leurs
tuiles et briques. V. Haise.
Ilist. « Haieon (étal) . — L. C. — Haise, porte
faite de branches entrelacées les unes dans les
autres en forme de claie. Haisellus. (Les haiz
du hourdéiz.) — Haison, — espèce de claie où
l'on étale la marchandise ; échoppe portative.
« Comme icellui mercier eust levé ou drecié un
liaison ou estai en la place de la ditte ville de
Bailleul. » (1407. D. C.)
Et. — C'est le franc. Ais, avec aspiration ini-
tiale et appui sur la consonne finale. — Dans le
Berry aussi l'on fait sonner l's final du mot. V.
Jaubert.
Haise, Haisiau. — « Petite porte ou claie
qui n'est en hauteur que la moitié d'une porte
ordinaire. Elle sert à barrer l'entrée quand
cette dernière est ouverte. — Sans doute :
petite haie. (De Montesson.) Syn. de Lucet,
Lusset, Husset. — A rappr. de Huis? |1 By. —
On ne connaît que le mot Clan. V. Hais\
Hait (Lg.), s. m. — Gré ; agrément, consen-
tement, adhésion, assentiment. Syn. de
Assent, Agé. Lorsqu'un métayer vend des
bœufs qu'il possède en commun avec son pa-
tron, il a soin, en concluant le marché, de
'( mettre le hait du maître », c.-à-d. de réser-
ver le consentement du propriétaire. N. Je
retrouve ici ce vx mot, hait, qui a fourni à
notre patois : Haiter, Déhaite, et au fr. Sou-
haiter. Il De bon hait, loc. volontiers.
Et. — Hist. Joie : « N'en eurent pas tel hait
en l'ost (l'armée) ne hier ne avant hier. » — Diez
assigne pour origine à ce mot le nordiq. Heit,
promesse, vœu. — A hait, promptement, gaillarde-
ment. A souhait : « Le vent lui estoit si à point,
comme à son hait. » (Froiss.) — De hait, avec
plaisir : « Il picquarfeèon hait vers \e lieu où les
escuz pendaient. » (Perceval.) — De bonne dis-
position corporelle ou spirituelle. (L. C.) — V.
D. C. v° Alacrimonia. — ... « et d'advantage
allant de bon hait du castel à la chaulmine. »
(/f™ du vx tps, p. 47.) V. Haiter.
Haït (Mj., Lg.), V. a. , avec tréma à toutes
les formes. — V. Haïr.
Hist. :
« Elle est aussy en amour indomptée
« Et n'en haït l'accueil et privauté,
« Se disent ceulx qui pour ce l'ont hantée. »
(G. C. Bûcher, 40, p. 103.)
Haîtée (Mj.. Lg., By.), s. f. — Le bois d'une
haie. Ex. : Illy a eine belle haîtée de frênes. —
On dit aussi : Hâtée.
Haiter (Mj.), v. n. — Agréer, convenir,
plaire. Ex. : Ça me haitait si ben de le voir
s'en aller, . .
Et. — V. liait. — Haitier, réjouir -. « Procès
qui guère ne me haicte. (L. C.) — « Lesquelles
galloises vohmtiers et de bon hait font plaisir
à gens de bien. » — ( Rab., P., in, 2.) — « Ell?s
commencèrent escorcher l'homme... par la
partie qui plus leur haite : c'est le membre nerveux.
caverneux. » (Rab., P., m, 18.) — « Accompagné
de Pierre Fenouzet, Maistre boucher, compagnon
de bon het. » (1.533. Inv. Arch., S. E. sup. A, 125,
1,2.)
« Buvons sur ce verset
« De la Grappe Angevine,
« Priant Dieu de bon hait
« Qu'il conserve nos vignes
« De gelée, grêle et bruine
« De grilles et gillebers .... »
(Bruine,=brime ; gillebers ,^girb ère ?) — V
Gilbert.
HaïtioD (Vc), avec h. muet. — Action de
haïr. Prendre en haïtion, en haine.
Halbourrer (Sp.), v. a. — Bourrer, bouscu-
ler, secouer, malmener, manier rudement. —
Syn. de Harheugner, Bourrasser, Rudanger,
Huttanger.
Et. — Bourrer, et préf. Hal, = Gai.
Haie a très bref (Mj., By.), s. f. — Courant
d'air, rafale. Ex. : Forme donc la porte, ça
fait eine haie de vent. Syn. de Bohalée. \\
Endroit où il passe des courants d'air. Ex. :
C'est comme une vraie haie, là-dedans. N.
Il ne peut y avoir confusion, ici, avec le fr.
Halle.
Et. — Se rattache directement au lat. Hali-
tus.
Hist. :
(C Levez ces cuevres-chiefs plus hault
« Qui trop cuevrent ces beaux visaiges ;
« De riens ne servent tels ombraiges
a Quand il ne fait haie ni chault. »
(Ch. d'Orléans ; ch. 103.)
Hâle (Pell.), s. f. — Fig. Gerçures à la
peau ou aux muqueuses produites par le
hâle ou le froid ; partissures, rimes. Syn. de
Hâlures. Cf. Gealles.
Et. — Du flamand Hael, sec. Ancien adj.
Halleus.
Halebaudée(Tlm.), part. pas. — Déplumée,
en pari, d'une poule.
N. — Hallebrenée. Oiseau de fauconnerie qui
a les pennes rompues, — d'où : fatigué, (parce
qu'ils ont de la peine à voler.)
Halée (By.), s. f. — Tirer à la halée ; terme
de marine ; ou tirer à rencontre du vent. On
est bouclé pour tirer à la halée. (Mén.) —
Sans doute : On s'est passé en bandoulière la
boucle rattachée à la corde de hâlage. || By.
Hâlée. La corde de hâlage est le billon.
Et. — Aha. halân, tirer, haler ; a scand., hala ;
angl. to haie.
Halefessier (Ag., By.), s. m. — Fainéant,
mauvais sujet, peu scrupuleux, batailleur.
Cf. Al fessier.
Haleine, s. f. — Longue-haleine, ou fau-
vette locustelle, à cause de son chant pro-
longé. (Mén.) V. Longue-haleine.
Halequiner (Mj.), v. n. — Peiner, ahaner.
V. Haletiner. flanetiner. \\ By. — Hanequi-
ner.
Hâler (Lg.), v. n. — Se gercer, se fendiller
légèrement, en pari, de la peau. Ex. : J'ai les
balleaux hâlés. Svn. de Rimer. J'ai les lèvres
468
HALETIGNERIE — HANNEQUIN
gercées. — X. C'est le fr. Hâler, avec un sens
détourné, car les hâlures ou rimes ne sont pas,
en général, causées par le hâle. || (Mj.) Faire
chaud et sec. Ex. : Ça hâle dur anhuit. N.
S'emploie peu comme verbe transitif.
Haletignerie s. f. — Fatigue ; ouvrage
pénible.
Haletiuer (Mj.), v. n. — Hanetiner, Hale-
qiiiner.
Et. — Haleter? pour : aleter, dér. de aile ^
proprement : battre de l'aile, puis : palpiter. —
L'aspiration paraît due à une sorte d'onomatopée
(LiTT.) = Respirer comme quand on est hors d'a-
leine ; halitare (Darm.).
Haleux (Mj.), s. m. — Haleur.
Hâ!eu\ (Mj., Lg.), adj. q. — Très sec, en
parlant du temps.
Et. — du fr. Hâle.
Hist. ^- « Il est venu, un temps après fort alleux
qui a tellement retiré les eaux, qu'on a semé par-
tout. » (Inv. Arch., E. III, p. 252, col. 1).
Hallebotte s. f. — Grappe de raisin chétive.
Hist. — « Halleboter, grapiller : Halleboter est
un verbe que les Angevins ont fait d'hallebotte ;
nom qu'ils ont donné aux petites grappes que les
vendangeurs oublient en coupant le raisin. » (Le
DucHAT, sur Rabelais, I, 191) = A rapprocher
de Caillebotte? = « Je me donne au diable s'ils ne
sont en nostre clos, et tant bien coupent et ceps et
raisins, qu'il n'y aura, par le corps-Dieu, de quatre
années, que haleboter dedans (Rab., G. 27).
Halnir" (Lg.), v. a. — Rabougrir, ratatiner.
Syn. de Rabousiner, Agricher. \\ Part. pas.
Harni, desséché dans l'épi avant d'être mûr.
Syn. de Echaudé. — Doubl. de Harnir,
Harner.
N. « Havir, vx fr. brûler, dessécher. » (L. C).
Halos, osses (Sp.), s. m. — Vagabonds, gi-
tanes, bohémiens. Syn. de Camillaud. —
X. Le même que le vx fr. Hurlus, gueux, et
que l'angl. Harlot, femme de mauvaise vie.
Et. — Herlot, harlot, arlot, s. m. — Garçon
jeune homme ; polisson, débauché, glouton, fai
néant, ribaud. — Celtiq. herlawd, herlot, garçon
(D"' A. Bos) = Halot, otte. — Petit domestique qui
fait les commissions, clerc saute-ruisseau. Verbes
halocer, — faire le gros d'un ménage et les commis-
sions ; et Haloter. Syn. Gourgandin.
Halosserie (Sp.), s. f. — Bande de vaga'
bonds, de bohémiens. Ex. : Tout ça, c'est de
la halosserie. Syn. de Meillauderie, Grim-
bolerie, Pouillerie.
Ilâiure (Lg., By.), s. f. — Gerçure légère
de la peau ou de la muqueuse. Svn. de Rime,
Hâle.
Ilaiu' î (Mj., By.), interj. — Marque
l'action de happer. — X. La langue russe a
cette même interj., qui n'est, d'ailleurs,
qu'une onomat. — Une maman dit Ham' /
pour faire avaler une cuillerée de bouillie à
sofi bébé.
Ha mages (Lg.), s. m. — Menus débris de
jilanlcs; feuilles sèches, brindilles dont on
lait des composts.
Hambe (Sa.), s. f. — V. Hante. Manche de
fourche, hampe.
Et. — Hampe ; d'après Diez, contract. du vha.
Hanthabe (auj. handhabe). — partie d'un instru-
ment ou d'un outil par laquelle on le tient (d'abord
hantbe, d'où, par transposit., hampte, et enfin
hampe). Malgré la communauté de sens, il n'y a
aucun rapport étym. avec le vx fr. Hante ou Hanste
bois de lance, lequel vient du lat. Ames, amitis,
perche (l'étymol. : hasta étant peu probable), r-,
Hainer (partout), v. a. — Happer. || Hu-
mer, aspirer pour avaler. Dér. de Ham.
Hanipane (Mj.), s. f. — Taloche. Syn. de
Ognon, Atout, Mornifle, Gnon. — P.-ê. de :
hampe. Coup de hampe. Cf. Houpane.
Hampe (Cho.), s. f. — Diaphragme de
bœuL Syn. et d. de Rampe. Lang. des bou-
chers. Syn. de Falange, Entrevire.
Haiopier (Sa.), s. m. — Marîche de faux.
Syn. de Faux-manche.
Haner (Lg.), v. a. — Habiller, vêtir. Syn'
de Fouiller. \\ Part. pas. Mal hané, — mal
vêtu.
Et. — Dér. de Hane. V. Hanicelles, Déhaner. N.
Haner ne se dit pas à Mj.. où l'on emploie Déhaner
et, en revanche, ce dernier mot est inconnu au
Long.
Haneter, Hanéter (Mj.), v. n. — Haleter,
être essouflé. Cf. Caneçon, Panetot.
Et. « De halitare, fréquent, de halare, soufïler. »
(LiTT.) = Pourquoi pas de Hanl « A ung tendeur
de boys, fait grand soulaigement celui qui, à chas-
cun coup près de luy, crie : Han, à haulte voix. »
(Rab. Pant.).
Hanetiner (Mj.), v. n. — S'épuiser en
efforts violents et répétés. Syn. de Odigner,
Jâgnoter, Haricoter. Dimin. et fréquent, de
Haneter.
Hanguir" (By.). — V. Aillir, Achouir, Hadir.
Hanicelles (Lg., By.), s. f. plur. — Hardes,
plutôt en mauvaise part, guenilles, haillons.
Et. — L'identité évidente de ce mot avec Gani-
celles me donne à penser que l'un et l'autre, et
aussi Guenille doivent avoir pour rac. le mot Han< .
Syn. de Nampilles, Pernampilles, Penilles, Héni-
celles, Gueille.
Hanne s. f. — Pour : hardes déguenillées.
Ressanner ses hardes, c'est les réparer gros-
sièrement. (Segr.) Méx. Il Do. — Vieille rosse.
Syn. de Canasson, Harou, Carabi, Rochon,
Ricard, Carcan. \\ Je préférerais le voir écrit
Hane, qui existe aussi, très vieilli, à Mj., où
son dérivé Déhaner est fort employé. Je le
rapprocherais de l'angl. Gown et du lat.
Vagina, donc, du fr. Gaine. (R. O.)
Hannequin (By.). — Chasse Hannequin,
ou AUequin, chasse fantastique qui parcourt
les airs pendant la nuit. (Chasseur- Xoir de
l'Allemagne ; le Mau-Piqueur, de \'endée ;
chasse à Ribaud, dans l'Orléanais (corrupt.
de Thibault de Champagne) ; plus loin, la
Chasse-Baudet ; la Chasse Gallery, souvenir
du fameux bandit Guillery.) — L'origine du
mot est discutée. On y rattache parfois
HANNEQUIGNERIE — HAQUETOXNER
t69
celui de Arlequin. — Voir Gén., Récr. phil. —
(Ifist. du vx temps, 253, 4, 5. — Note très
longue où je renvoie le lecteur.) V. F.-Lore, x.
Ilanneqiiignerie (By.), s. f. — Queune
haiinequ ignerie ! \ .H aletignerie , H aquenassage
llannequiner (Bg., By.), v. n. — Fatiguer
en marchant. Une bonne femme dira : J'ai
hannequiné pour arriver. || Ag. — Prendre
dur pour enlever qqch. || Bl. — Se donner du
mal pour faire qqch. que l'on ne peut réussir.
Cf. Hanetiner, Haletiner.
Hannetonneuse (By.), adj. q. — V.
Années.
Et. — Ail. Hahn, coq. — Angl. Cock-Chafer,
coq scarabée.
Hanoche (Mj., Ti., By., Sp., Lue, Ag.), s. f.
— Trique, souche, rondin, bûche, gros tron-
çon de racine. — Syn. de Riboule, Mobule.
— X. Il y a : La jambe de bique, La
hanoche, Le rondin. Le gros rondin. Cf.
Ifagnoche.
Et. — Dtr Cange cite Hentich, peut-être de
Ilenel, palus, stipes. « Jehans Pains faisoit amener
à Corbie, bos à voiture qui devoit fouée ; par raison
de le voiture le gent de l'église prisent un Aenel en
le carete ; jehans Gains devant dis s'en dolu à
le gent le roy, et disoit que li Henyaus estoit siens ;
et li fu li Henyaus recreus. »
ilansart (Sa.), s. m. — Hache ou couperet
de boucher. Doubl. et syn. de Haussera ,
Pnltré.
liant (Lue, By.), s. m. — Crottes prove-
nant d'un terrier qui est hanté.
Et. — Hanter. On a proposé Habitare ; probable,
de Habere, fréquent, avoir souvent. — Scheler
propose Ambire, par un fréquent. Ambitare, qu'il
explique.
Hante (Sa.), s. f. — Manche, de fourche.
Ex. : Eine hante de broc. — Corr. du fr.
Hampe. La preuve en est que l'on dit par-
fois : Hambe.
Et. — Hansle, hante, — Hampe: bois de lance,
poignée d'une arme, d'un outil. « \\ cuida frapper
du bout de la hante de sa faux. « (B. de Verville,
M. ie parv., p. 75).
Hanter (Lue, By.), v. a. — Fréquenter,
surtout pour le gibier. Un terrier a l'air bien
hanté quand on voit à son entrée des traces
fraîches, comme des crottes, du hant.
Hantier s. f. — V. Hampier. Hampe qui
sert à emmancher la faux. « Nostris han-
chier est crux in cruce implicare. » D. C. —
Ou de hames, long bâton. (IMén.)
Happaiid, e (Mj.), adj. q. — Goulu,
glouton, goinfre, goulifre, gourmand. De
Happer. — Syn. de Goulif, Porchard, Poche-
ton, Goujat.
Et. — Ou bien le holl. happen, mordre, ou sim-
plement une onomat. tirée de la bouche qui saisit,
qui happe.
Happauder (Mj.), v. n. — Faire le gour-
mand, le goinfre.
Happe, Happée (Z. 118, By.), s. f. — Petite
quantité, négligeable. || '< \'oici une belle
happe ! — par déri.sion, pour : petite part, un
peu de telle chose. » (Méx.) Cf. Lichée.
Happe-lopin (Mj.), s. m. — Batteur
d'estrade, bohème, individu dont l'aspect
n'inspire pas confiance ; croquant, esco-
griffe, maraud, truand, malandrin. V. Acclo-
pin.
Et. — Hapelopin. Parasite ; qui happe des lopins
(MÉNAGE.) = « A nos amez happclopin
« Sert de brouet et galopin. »
(E. Desch., f. 416). L. C.
= Y" happe — de happer, saisir ; happe-lopin,
écornifleur, et surtout attrape-lourdaud (Scheler)
= Les oultragèrent grandement, les appellans trop
diteux, . . .rustres, challans, hapelopins. (Rab. G.
I, 25, 52).
Haquégner (Lg.), v. a. — \'. Haquenir. Cf.
Démnquégner.
Haquenassage (Mj-), s. m. — Travail fati-
gant, efforts réitérés. — Syn. de Haquenas-
serie, Harihaudage, Harquélage, Haricotage,
H annequinerie.
Haqiienas.ser (Mj., Sp.), v. n. — Travailler
beaucoup, faire des efforts fatigants, ahaner.
Ex. : J'ai haquenassé tout mon soûl. Syn. de
Harquéler, Haribauder, Bédasser, Timonner,
Bouvisser, Jâgnoter, Odigner, etc. — Tient au
fr. Haquenée et au pat. Haguin.
Haqnenasserie (Sp.), s. f. — Travail fati-
gant, effort pénible. Syn. de Haribaudage,
Harquélage, Haricotage. \\ Ouvrage qui
donne un maigre profit. || Fig. — Au plur., —
choses de peu de valeur. Syn. de Harquaille-
ries, Boutelages.
Haquenée (Ag.), s. f. — Une bande, une
société, une foule. « Y en avait une haquenée
de monde à ceté noce ! « || (Mj.) Aller la
haquenée, — aller l'amble, en pari, d'un che-
val ; prendre une allure à la fois traînante et
sautillante, en pari, d'une personne. — N.
Cette loc. est pour : Aller comme- une haque-
née ; seulement, ceux qui l'emploient ignorent
absolument le sens du mot fr.
Et. — Germ. Hack, Hacke, cheval ; angl. Nag ;
holl. Negge, bidet (Litt.).
Haquenir» (Mj.), v. a. — Amollir, eflemi-
ner par des caresses ou des soins exagérés, en
pari, des animaux domestiques. Syn. de
Arosser, Aniqueler, Avesser, Aladrer, Acai-
gner, Acaignarder, Anianter, Anicer. — P.-ê.
doubl. de Acaigner. Cf. Haquégner.
Haquetonner (By.). — Cf. Hoquetnnner et
Jaquetonner, y. n. Parler avec difficulté,
bégayer, hésiter en parlant. || Faire de
grands efforts pour faire qqch.
Et. — Hoquet, hoqueter. Génev. loquet (où l'art.
le s'est confondu avec le mot, faute d'aspirer l'h),
Onomatopée. — B. bret., hok, hik ; angl. hickup.
En ce cas il faut penser que hoquet signifiant :
coup, difficulté, chicane, et. dans La Fontaine,
choc, a pris ces sens métaphoriques parce que le
hoquet lui-même est un co\ip, ou choc que le corps
éprouve très sensiblement (Litt.).
\i..
470
HAQUILANNEUF - HARDELLE
Haquilanneiif. — Vx mot angevin. V.
Aguilanneuf.
Hist. — » Le 22« jour de décembre 1600...
Estienne Oger a baillé à Jacques Péletier la somme
de 7 1. t. qu'il debvoict pour un haquilanneu] qu'il
avoit acheté de la paroisse de Villemovsant. (Inv.
J/-cA., E. S. p. 253, 1).
Haranier, s. m. — Une des cloches de la
cathédrale d'Angers. J'extrais l'intéressante
dissertation suivante de la Monographie de la
Cathédrale d' Angers, par M. L. de Farcy. —
Tome II, p. 96.
— « Le Haranier {Campana argenti, campana
chiri, dans les anciens comptes) est refondu en 1561.
Quelle peut bien être l'origine de ce nom bizarre?
Suivant Brossier (secrétaire du Chapitre en 1761),
c'était « une petite cloche fort vieille, fêlée et même
rompue en plusieurs endroits, dont le son faux et
désagréable est particulièrement destiné pour
annoncer l'office en carême, apparemment pour
mortifier les oreilles, n
« Thorode, son successeur en 1772, dit la même
chose, et conclust ainsi : « C'est ce qui lui a fait
donner le nom de Haranier, sans doute à cause du
hareng qu'on mangeait en carême. »
« Plus anciennement, au commencement du
xviii« siècle, Lehoreau écrit dans son Cérémonial :
« Cette cloche ne servait qu'en carême pour l'abso-
lution, et aussi pour avertir les sonneurs, lorsqu'ils
ne sonnaient pas juste. Aux processions générales
on la tinte pour avertir le chœur de la fin du sermon
et du départ en procession. » Ici, il n'est pas ques-
tion de la mortification des oreilles ; son vrai rôle
était d'avertir les sonneurs et de leur donner le
signal.
« Le jeudi 14 mars 1762, M. le Maréchal de la
Meilleraye arriva en cette ville et alla descendre à
l'évêché, où il est demeuré jusqu'au 19 mars : ce
jour-là, il partit fort en colère contre les habitants,
parce que le jour précédent, environ 9 h. 1/2 du
soir, un de ses gardes a été tué en la rue Baudrière
d'un coup de fusil dans une émotion populaire
causée par un son de la cloche du hananie qu'on
tirait en tintant pour appeler les sonneurs pour la
recommandation de l'âme de feu M. René Bruslé,
vivant chanoine de l'église d'Angers.
« Le vieux mot français ylra/sne, harainne avait
le sens de : trompette d'airin. Araisnier voulait
dire : adresser la parole.
« C'était bien là la destination de cette petite
cloche. Appel, Signal, Avertissement, Commande.
L'explication de Brossier et de Thorode est mau-
vaise : le vrai sens de Haranier est : Appel, Com-
mande.
« Il y avait aussi un Haranier à l'église du cha-
pitre de Saint-Laud.
« Dès le xv* siècle, le clocher couvert de plomb,
qui s'élevait au-dessus de la croisée de l'église, por-
tait le nom de Haranier (1462).
Dans une lettre particulière que M. de Farcy a
eu l'extrême obligeance de m'écrire, il ajouté :
« Elle était pendue dans une élégante flèche cou-
verte de plomb, démolie en 93, afin de procurer des
balles aux patriotes.
« Il y avait à Saint-Martin de Tours une petite
cloche : Campana Irata. qui avait un son perçant.
Le peuple l'appelait La Braillarde {Irainier, Harai-
nier) : c'est la même origine : Irata ou Haranier. »
M. l'abbé J. Rangeard parle de cette cloche :. . .
on la sonne en carême, et son nom de Haranier
annonce le genre du poisson de mer le plus commun
dans le temps d'abstinence de viandes prescrite par
l'Eglise. » (Cité dans VAnj.Hist., 6^ an., n» 6, mai-
juin 1906, p. 573.)
L'explication donnée par M. de Farcy est la
seule qui puisse être acceptée.
Harassages (Mj.), s. m. plur. — Menues
récoltes. \\ Aliments de peu de valeur nutri-
tive. Ex. : Comment veux-tu ne pas être
fâli ? tu ne manges que des harassages ! —
Il n'a ni force ni vartu, il ne mange que des
harassages. — Orig. incert.
Harasse (Lg., By., Sp.), s. î. — Sorte de
claie que l'on couche transversalement à
l'avant et à l'arrière des charrettes, de façon
qu'elles débordent notablement sur les côtés,
ce qui permet de donner au chargement une
base plus large dans cette partie qui n'est pas
occupée par les roues. — N. Dans le Berry,
sorte de grande caisse à claire-voie, de grand
panier d'emballage pour les poteries. || By. —
Id., pour les choux-fleurs, les dârées., etc.
Hist. — « ...3.000 harasses ou cadres sont
nécessaires pour l'emballage (du gui). » — Le
Petit Courrier du 24 février 1905.
Harassé(Sgr.). — Effronté. (Mén.)
Harasser (Sp., By.), v. n. — Se fatiguer
beaucoup, faire un travail pénible.
Harasserie (Lg.), s. f. — Travail pénible.
Syn. de Harquélagc, Harquélerie, Haribau-
dage, Haricotage, Haquenasserie, Haquenas-
sage.
Harauder (Lg.), v. n. — Se livrer à des tra-
vaux pénibles et qui conviennent surtout aux
hommes, en pari, d'une femme. Syn. et voisin
de Haribauder, Harasser.
Harbager (Mj., By.), v. a. — Mettre au pré,
— les bêtes à cornes. Pour : herbager.
Harbe. — V. Herbe, pour toute la série.
Harbeuguer (Mj.),* v. a. — Bousculer,
rudoyer, secouer violemment. Xe se dit qu'en
pari, des personnes. || Tracasser. — Voisin de
Haribauder. Syn. de Bourrasser, Halbourrer,
Rudanger. — Cf. Arbeuiller. (Jatjb.)
Harboriste, s. m. — Herboriste. — V.
Herbe.
Harboiiler (Th.), v. a.
la faucille.
Couper l'herbe à
Harceler (Tlm.), v. n. — Se livrer à un tra-
vail pénible et épuisant, se tuer au travail. N.
Le même que le Mj. harqueler et que le mot
fr.
Et. — Af. harce. diminut. de hart, baguette ;
proprement : frapper d'une baguette. — Diez y
voit un dér. de : herser, puis fig. tourmenter,
comme la herse tourmente la terre. Et il cite
l'angl. to harrow. qui a les deux sens. (Litt.)
Darm. est pour cette seconde explication.
Hardelle (Do.), s. f. — Fille de ferme.
Et. — Haridelle. Orig. incert. — Wallon, hari-
dèle, personne frivole, légère ; harote, — haridelle,
rosse : Hainaut, haroute, id. ; norm., harousse ;
angl. harridan. (Litt.) — h Hardeau. ainsi ap-
pellent-ils a\ix champs un garçon et une garse une
hardelle. >> (Contes de Desperriebs, I, rn. ) « La-
quelle Jehanne eust deslengiés les dites trois
HARDI — HARIAS
471
jeunes filles, pour ce qu'elles mengeoient du fruit de
la dite Jehanne... et leur dist qu'elle les feroit
battre, en les appelant sanglantes hardelles. »
(1380. L. C.) — Cf. Marias.
« Jeanne de Solles
« De ses herbolles
« Fist un bouquet plus bon que beau
« Quel donna au petit hardeau. «
(Noêlz nouveaux. — De Montess.)
— Haraeau est le plus souvent pris en mauvaise
part : c'est celui qui sent la hard « de cent pas à la
ronde », comme le valet de Marot. Cf. Harbouler.
Hardi (Mj.), adj. q. — N. pr. Monsieur
Hardi, le vent. Ainsi nommé parce qu'il se
permet d'ouvrir les portes, d'entrer sans frap-
per et de découvrir les gens. || Lue. —
Presque, — loc. explétive.
Et. — Hardit est le part, du v. hardir, que nous
disons aujourd'hui : enhardir ; hardir répond à
l'aha. harljan, endurcir, rendre fort ; de l'aha.
harti, dur, en pari, des choses ; fort, hardi, en pari,
des personnes. — C'est le sanscrit kratu et le grec
kratuç.
Hardiaiitin, s. f. — Rose églantine. Vulg*
Rosa canina. (Mén.) Cf. Arlantier. || By. —
On dit : Arcancié pour : long rameau d'églan-
tier. (Ce long rameau se courbe en arc fleuri
au-dessus de la hâ, comme un arc-en-ciel.)
On prononce plutôt : argancié.
Hardier (Sp., Lg.), s. m. — Chaîne de fer
fixée à l'avant-train de la charrue et terminée
à l'autre extrémité par une large boucle qui
embrasse l'âge, sur lequel elle est fixée plus
ou moins loin, au moyen d'une cheville de
fer appelée jauge. Syn. de Prouillère.
Et. — Hardière : crémaillère.
« Et met de l'eve en la chaudière
« Et la pendent a la hardière. »
— « Câble. « Lequel varlet print la hardière ou
hemye faite de grosse corde, propre à mettre un
verrin ou grosse cheville de bois, qui est mise parmi
la viz du pressoir. » (1441. — Cité par L. C.) —
De : hard.
Hardillon (h muet) (Sp.), s. m. — Orgelet,
compère Iciriot. Syn. de Grain d'orge, Biroillon,
Bourguignon, Parpillon, Derzillon. \\ By. —
Pour Emerillon.
Et. — Ce mot est pour Ilordillon ; il dérive direc-
tement du lat. Horde\im, orge, au moyen du suff.
dimin. illon : il a donc le même sens propre que le
fr. Orgelet cl le pat. Grain d'orge. Cf. Orbillon.
'.Iapb.)
Hardiiiient (.Mj., P>y.), adv. — Largement,
ail moins. Ex. : Y en a hardiment ein cent. —
Il est hardiment aussi grand que moi. — I
z'étaient hardiment cent personnes.
Hardise (tout d'une) (By.). — A la
queue leuleu. — D'eine enfilée, tout à l'enfilée.
Ilaré, adj. q. — Lié, attaché. De hard, ou
h are.
Hargne (.Mj., By., Sal.), s. f. — Averse,
ondée, giboulée, guilée, grain, rafale. || Sp. —
Fig. Etre en hargne, — être en délicatesse,
avoir qq. difTiciillé ou bisbille.
Et. — C'est la rac. du fr. hargneux, dont le sens
a été transporté du physique au moral. — Breton :
harnan. — Mauvaise humeur ; n'est p.-ê. pas le
même que hargne, hernie. (Litt.) — Hargne...
2" Peine, tourment, chagrin, inimitié. « Entre les
habitans de Bisance et les Athéniens... s'estoit
mise une hargne grande. . . les uns couroient sans
cesse sur les autres. » (L. C.) — B. bret. Arne, arneo
— giboulée ; angl. rain ; ail. regnen. — On pourrait
le placer dans la même famille que harer, harasser,
harceler, la série des formes serait : hariner, hari-
nier, haringer, harigner, hargner, modifications
littérales qui n'ont rien que de très ordinaire. — ■
Aucun rapport avec hernie. (Scheler.) — « Ainsi
y a-t-il qqf. de petites hargnes et querelles quoti-
dianes entre le mari et la femme. (Amyot, Plu-
larq. Préceptes de mariage.) — « Harée, ou horée,
ondée de peu de durée, — volée (d'oiseaux). —
CoTGRAVE traduit : a great shower of rain. — God.,
— oré, orré, vent, orage, tempête, pluie d'orage.
(G. DE GuER. — En note. ) — Breton : Harnan ;
pat. norm. Harée, même sens.
Hargner (Lg.), v. a. — Taquiner, agacer.
Syn. et d. de Harguégner.
N. — Harer, harier, — exciter. Cf. l'angl. to
harry, tourmenter. « Huquenin et sa femme...
harerent et firent courir lesdis chiens aus dis mou-
tons. » (1300. — L. C.)
Hargneux (Mj., By.), adj. q. — Temps
hargneux. V. Hargne.
Et. — Malvezin le dérive de la rac. Ar, eau,
« Arnia, pluie, brume, dénoté par notre agne. pour :
arnie, sans h ; — argneus pour arnieus, employé
d'abord en pari, du temps, et passé au sens de : qui
est d'humeur irascible. — Bret. Arnev, pluie tor-
rentielle, orage.
Hargnon (Mj.), s. m. — Petite bourrasque,
légère averse.
Hargnoux (Lg., By.), adj. q. — Hargneux,
maussade, difficile à vivre. Syn. de Hargué-
gnoux, Ragaçoux, Rechignoux, Malcommode.
Harguégner (Mj., Lg.), v. a. — Agacer,
indisposer, irriter, énerver. De Hargne.
« Tâche de ne pas venir tcC harguégner ! »
N. L'h est peu aspiré dans ce mot, tandis
qu'il l'est fortement dans le dérivé : hargué-
gnoux. Cf. Aguégner. Syn. de Aquiner, Cha-
crogncr, Ahargner.
Harguégnoux, ouse (Mj., Lg., Bj'.), adj.
q. — Grincheux, hargneux, d'humeur maus-
sade, difficile à vivre. Se dit des personnes.
Syn. de Ragaçoux, Rechignoux, Malcommode,
Hargneux, Pétounard, Gribiche, Griche-midi,
Blèche. — Corr. du fr. Hargneux et dér. de
Harguégner.
Haria, s. m. — Entreprise difficile.
Et. — Comme Aria. Paraît tenir à l'a. v. harier.
V. hargne. (Litt.) — « Ung grand haria. » Coquil-
LART. — PaLSGRAVE. (L. C.)
Harias (Mj.. By.), s. m. — Personne qui se
livre avec ardeur et même avec exagération
aux plus lourds travaux ; virago ; femme
d'un caractère difficile.
N. — Bien que ce nom soit masc, il ne se dit que
des femmes. Ex. : Queun harias que ceté marraine-
là ! Dér. irrég. de Hara.sserl \\ Non. — U est pro-
bable que ce mot devrait s'écrire llarià. J'y vois
une corrui)tion du mot Hardeau, valet de ferme,
cité à Hardelle. Le d s'est mouillé, puis a disparu, et
472
HARIBAUDAGE — HARON
eau est devenu iâ, comme dans une foule de mots.
Cf. Bertriâ, Zegnâ.
Ilaribuiidage (Mj.), s. m. — Ensemble de
besognes nombreuses et harassantes. Syn. de
Haquenasserie. Ex. : Faut en faire d'ein
haribaudage, dans noutre métier de bor-
dagers !
Et. — N. En dépit de Vh qui est fortement as-
piré, mais qui doit être prosthétique, je soup-
çonne que Haribauder, ou Aribauder, est le dér.
du fr. Ribaud, qui aurait eu primitivement le sens
de : homme de peine, journalier. R. 0.
Haribauder (Mj.), v. n. — Faire une
besogne pressée ou fatigante. Ex. : Aile ont
ben assez haribaudé après leux buée. — Syn.
de Haquenasser, Marauder, Harquéler, Bédas-
ser, Timonner, Bouvisser, Odigner, Jâgnoter,
Haronner, Haricoter. — Pat. norm. Harivêlier,
qui marchande.
Haricoleur (Segré), s. m. — Homme
affairé avec minutie ; qui spécule sur des
riens. — Plutôt Haricoteur.
Haricotajîe (Mj., By.), s. m. — Série
d'efforts, travail pénible. Ex. : Ils en ont fait
d'ein haricotage après leux chambe ! — Syn.
de Haribaudage. \\ Tergiversation, chicane,
trigauderie. Syn. de Haquenasserie. Ex. :
J'aime point des haricotages comme ça. ^^
Haricoter.
Haricoter (:\Ij., Lg., Sal.), v. n. — Tra-
vailler beaucoup pour un maigre bénéfice.
Il Chicaner, marchander, tergiverser, trigau-
der, chipoter, chicoter. — Etre long à finir
un marché, chercher différents moyens pour
se tirer d'embarras ; par ex., un charretier qui
est embourbé et qui essaye de toutes ma-
nières à se retirer. (Craon.) || Et Haricoter,
V. a. Haricoter qqn, lui susciter des chicanes.
Ex. : J'aime point qu'on venne me haricoter.
■ — Au premier sens, syn. de Haribauder, etc.
Voir ce mot et Harricoter. X. A Mj., l'h est
aspiré, à Sp., il est muet. Syn. Biganer.
Et. — Génin dit que c'est l'a. v. harigoter, qui
signifiait : décfiiqueter. On a dit aussi que ce mot
vient de l'usage de jouer en marquant les points
avec des haricots. — Origine incon. (Litt.) — On a
proposé : haricot de mouton, désignant t'idée de
viande coupée menu... C'est tout ce qu'on peut
en dire. (Scheler.)|
Haricotier (Bg., By., Mj., Lg.), s. m. — V.
Harquelier. \\ Craon. — Homme qui n'en
finit point dans ses marchés. || Gagne
deniers. || Chicaneur, trigaud. Ex. : Je veux
point avoir affaire avec ceté haricotier-\k
Haricots (By.). — Ce mot est peu usité ;
on dit des : pois de mai. Xe pas confondre
avec des pois ronds, ou pois proprement
dits. Mj., id.
Harier, v. a. — Faire des arias, importu-
ner.
Hist. :
« Bref, tout conclud, tant l'alla harier
« Que content fut qu'on l'allast marier. »
(Ch. BouRU., P. Faifeu, 98.)
a La mariée est bien du marié
« Pour le présent, mais soubdain haric
« On l'a vers elle, et par faulx raportz faire
a Tant que vouldroit du marché se défaircj»
(Id., ibid, 99.)
Harisson, s. m. — Hérisson. (Li., Br.,
Mj.)
Et. — Lat. hericius, ou ericius ; hericionem,
forme augmentée. — Hérisser ; ital. arriciare, par
un a.
Harissonné, ée (Mj.), adj. q. — Hérissé,
hirsute, ébouriffé.
Hist. — « Tu es tout hérisonné, tout hallebrené,
tout lanterné. » (Rab., P., v, 7.)
Harnacher (Mj., By.), v. a. — Par ext., on
dit : Harnacher eine charte, harnacher eine
table, — munir une charrette de ses agrès,
mettre sur la table la nappe et le couvert. Cf.
s' Amouracher.
Et. — Harnais, harnois. — Celtiq., Bas-br.,
Harnez. ferraille ; même rac. que l'angl. iron, fer ;
ail. Eisen. — I^e mha. Harnash et l'am. Harnish
viennent des langues romanes. — Le sens propre
est : engin en fer, armure ; puis de là le mot a passé
au sens de toute espèce d'engin, soit pour le cheval,
soit pour la chasse, la cuisine, etc.
Harnais (Mj., Lg., By.), s. m. — Attelage,
équipage, ensemble de chevaux dont se sert
un charretier ou un fermier. Syn. de Charrue,
Attelée. Ex. : Il a ein fort harnais. \\ Lg. —
Tous ustensiles de charrue.
Hist. — « Le cadet, en effet, ne paraît avoir
aucun goût à conduire le harnais. » (R. Baztn", La
Terre qui meurt, p. 96.)
Harner (Lg.), v. a. — Attacher, lier, relier'
Syn. de Harnir, Brételer, Brêler, Baguer-
Doublet de Harnir, Halnir. — De là le fr-
Harnais.
Harni (Mj.), part. pas. - — Attaché, amarré.
Il Fig. — Xoué, qui ne grandit pas, en pari,
des enfants. — Syn. de Boudé, Babousiné,
A ^egriché.
Et. — Au dernier sens, le mot pourrait bien être
le même que le norm. Erné, éreinté, que G. de
GuER rapporte avec raison au vieux ifr. : esréner.
Par là on est conduit à penser que Harnir, au sens
de : attacher, aurait pu prendre cette acception
par confusion de Esréner et du franc. Enrêner.
Harnicou (Mj.), s. m. — Galant ; celui qui
vit en concubinage avec une femme. Xe s'em-
ploie qu'ironiquement ou en mauvaise part.
Syn. de Marcou. Cf. Garnipiou. (Jatjb.)
Et. — Ce mot doit être pour Harnit-cou, bien
qu'il ait un h muet, tandis que celui du v. Harnir
3st aspiré.
Harnir (Mj.), v. a. — Attacher, lier.
Et. — C'est très probablement un dér. du fr.
Hart, que nos paysans emploient parfois, quoique
moins souvent que les formes pat. Hert et Rôrte. —
Syn. et d. de Halnir, Harner.
Haron (Mj.), s. m. — Héron. Syn. de
Hégron.
Et. — Aha. Heigero. Presque tous les pat. ont
un a. Berry, aigueron (ce qui autoriserait à tirer
de Aiguë le nom de cet oiseau aquatique ; ce qui
HARONNER*— HATIVEAU
473
a été fait). Ital., aghirone. (Litt.) — Pour : hairon,
de hagironem, forme latinisée de l'aha. heigir. L'a.
f. a aussi la forme haigron, aigron.
Haronncr, a très bref (Mj.), v. n. — Faire
un travail fatigant. Syn. de Haribauder,
Bouvisser, Bédasser, Haricoter, Timonner,
Odigner, Jâgnoter, Harquéler.
Harou (Lg.), s. m. — Haridelle, mauvais
cheval. Syn. de Haguin, Guinguin, Hanne.
Harpan (Lg.), s. m. — ■ V. Harpon.
Harpigner (Mj.), v. n. — Faire à la hâte une
foule de besognes diverses. — Voisin "■■ de
Harasser, Haronner, Haribauder, Haricoter,
Harquéler.
Harpon (Mj., Lg.), s. m. — Syn. de Scitow
Godendard. N. Pas d'autre sens.
Et. — Harper, aha. harfan, saisir. Cf. le lat. har-
pagare et rapere, ravir.
Harpusse (Sal.). — Petit piège en crin pour
les oiseaux. V. Arpusse.
Harqiiaillcries (Chpt.), s. L plur. — Fatras.
Syn. de Boutelages, Haquenasseries. — Dér.
de Harquéler.
Harquélage (Mj.), s. m. — Travail 'fati-
gant. Syn. de Haribaudage, Haricotage, Ha-
quenasserie, Haquenassage.
Harquéler (Mj., By.), v. n. — Travailler
beaucoup ou à la hâte, peiner, ahaner. Syn.
de Haquenasser, Haribauder, Harpigner. ||
Bg. — Faire œuvre de harquelier. \\ Mj. —
Harceler, taquiner. Syn. de Atticocher. Ex. :
Les filles sont toujours à le harquéler. —
Forme plus dure du fr. Harceler.
Harquélerie (Mj.), s. f. — Travail pénible.
\'. Harquilage.
Harquelier (Mj., By.), s. m. — Gagne-
deniers. !t Pauvre hère, gueux. V. Harquéler.
Syn. de Hartillar. — CL Arcandier. (Jafb.) ||
V. Breulier. \\ Fainéant : Trois pêcheux, trois
chasseux, trois oiseliers font entre eux neuf
harqueliers. (Mén.) l| Bg. — Haricotier,
homme de mauvaise foi, dont les rapports
donnent lieu à différend. || CL Hartillar.
Hist. — « Tous viendront vers la vesprée,
« vSe plaignant furoutre leur gré
« Les herqucliers (i'Argentré
« Par leur bourgade
« Ont allongé les chemins,
« C'est pour mieux vendre leurs vms. »
{Noël du comté de Laval. — Dott.)
Harre et mieux Hart, s. L — Branche
fli^xible servant de lien. « Il n'y a chéti fagot
(]ui ne trouve sa harre. » (Te.)
Uurricoter (By.), v. n. — Travailler péni-
blement avec de mauvais instruments que la
misère empêche de remplacer.
HarriroUer, s. m. — Se dit ordinairement
d'un pitit laboureur qui n'a que de chétifs
animaux et de mauvais instruments aratoires.
— V. Haricoier.
Harse i (Mj., P.y.), s. L — Herse. || Faire la
harse, — avoir la forme d'un trapèze, en pari,
d'un terrain.
Et. — B. L. hercia ; ital. erpice ; du lat. hirpex,
hirpicis, qui était une herse particulière pour les
mauvaises herbes.
Harse ^ (Lg.), s. f. — Sternum du cheval.
Harser (Mj., By.), v. a. et n. — Herser. ||
Ti. Se harser, v. réf. — Se traîner, se rouler à
terre. Syn. de se Verluter, se Bouteler, se
Vouétrer.
Harsoir. adv. — Pour : hier soir. Ou : her-
soir. Ronsard s'en est servi dans un de ses
sonnets. Les Ital. disent de même : iersera.
Harter (Sa.), v. a. — Pincer dur, répri-
mander vertement. De hart.
Hartillar (Tlm.), s. m. — Miséreux, pauvre
hère.
Et. — Doubl. et syn. du mj. Harquelier. Paraît
dérivé de hère. L'h est fortement aspiré. — P.-ê.
de : hart, digne de la hart?
Has (Lp.), s. L — Une haie. V. Hâ.
Hasard (Mj., St-P., Bg.), s. m. — Ein
hasard, à' hasard, — loc. ellipt. et prov. qui
exprime le doute. || Ein hasard que, — il est
probable que. Ex. : Ein hasard qu'il va s'en
revenir avec sa taure. || A Phasard, — à tout
hasard, à tout événement. — N. On prononce
qqL Hasard et l'h est rarement aspiré. !|
D'hasard, — peu probablement. — C'est ben
d'hasard si, — c'est ben étonnant si.
Et. — De toutes les étym. proposées, la plus pro-
bable est celle de Guillaume de Tyk, à savoir : que
le hasard est une sorte de jeu de dés, et que ce jeu
fut trouvé pendant le siège d'un château de Syrie
nommé Hasart, et prit le nom de cette localité. G.
de Tyr est du temps des Croisades et a vécu dans les
lieux où elles se sont faites. Ce serait donc le ha-
sard, jeu de dés, qui aurait dénommé le hasard,
chance, événement, et non le contraire. — L'his-
toriqiie le prouve. (Litt.) — El Azar, château de
Palestine. (Darm.) — Ménage prétend que G.
de Tyr, au lieu indiqué, non seulement ne parle
point de cette étymol., mais il ne parle même pas de
ce jeu de dé en ce château. — La Cukne cite le
passage de G. de Tyr, cité par de Laborde,
Emaux, p. 247. — Lequel croire? Il faudrait vari-
er. — D'après Mahn, ce mot vient de l'arabe :
'^ehàr, contracté : zàr, — dé ; combiné avec l'art,
u, il est devenu : assahar et assar. L'h initial est
parasite et n'était pas aspiré dans le principe.
(V. GÉNix. — Scheler.)
ilasardéiuent (Mj.), adv. — Par hasard,
fortuitement. Du fr. : hasardé. 1| Sa. — Pro-
bablement, vraisemblablement, sans doute.
Hâtée (Mj.),s. L — Ce qu'il y a de bois dans
une haie. Ex. : N'y a eine belle hâtée de frênes.
Et. — C'est la forme ancienne et qq. peu vieillie
de Hattée. Elle correspond à Hâ. Cf. Clâton.
Hâtiveau (-Mj.), s. m. — Sorte de raisin pré-
coce. Du l'r. : hàtiL — CL Tardiveau.
Et. — De l'ail, hast. (Litt.) — L'a. m. vient du
fr. — Gothiq. haifsts ; am. heftig. — « Figues,
poires de hastiveau. . ., nom d'un raisin précoce. »
Le Dcchat, sur Rab., i. 270.) — Hâtii'iaou.
Petite galette épaisse, cuite à la gueule du four pen-
dant qu'on le chauffe. De : hâtif, précoce, préma-
klk
HAUBAN — HAUTÉIER
turé, fait avant le temps, prêt avant l'heure, etc.
Les hâtiviaoux, qu'on appelle qqf. tourteaux, sont,
en effet, des petits pains, ou galette épaisse qu'on
fait avec la pâte avant que celle-ci soit complète-
ment préparée pour le pain et qu'on fait cuire à
l'entrée du four avant qu'il soit complètement
chaud. Petit pain hâtif.
Hauban (Mj.), s. m. — Haubans de pied
de mât, — les deux qui sont dans un plan ver-
tical avec le mât. i| By. — Tous cordages ser-
vant par leur écart à maintenir un appareil
vertical, un mât, une grue mobile, etc.
Et. — Hobant, pour hoofband, de hoof, tête, et
band, lien : lien de la tête, du sommet du mât.
Bien nommé. (Litt.)
Haubande (Mj.), s. f. — Aller à la hau-
bande, — aller en se balançant beaucoup, en
pari, d'un bateau.
Haubaiider (Mj.), v. n. — Avoir un mou-
vement de roulis, se balancer d'une manière
inquiétante.
Et. — Dér. du fr. Hauban, ou mieux de : Haut-
Bande. En effet, on dit d'un navire qui penche qu'il
donne de la bande.
Haussé (Mj., By.), part. pas. — Fou de
rage, en démence. Ex. : J'étais comme un'
haussé, tant que j'avais mal aux dents ! —
tant que les moustiques m'agaçaient! (Pc.) 1|
Fu. — Ecumant de colère : « AI' tait' haus-
sée ! » \\ Enragé, en pari, d'un chien, Gâté.
Hausséier (se) (Mj., By.), v. réf. — V. Se
Hautéier.
Haussement (Mj.), s. m. — Remblai,
exhaussement. S'emploie surtout au plur.
Ex. : A fallu en faire des haussements dans les
îles ! Il Lg. — Haussement du temps, — allon-
gement des jours, lorsque vient le printemps ;
ascension droite du soleil.
Hausser (Mj., By.), v. n. — Devenir fou.
Syn. de Affoler. Foléier. \\ Devenir enragé.
Ex. : chien haussé, chien hydrophobe. ![
V. réf. S'occuper, se préoccuper. Ex. : Ça
illi est ben égal : il ne s'en hausse pas. ■ — Je ne
veux ni m'en hausser, ni m'en baisser. || V. a.
Exaspérer, mettre en fureur, en rage (V.
Haussé), outrer, irriter, mettre hors de soi,
rendre fou. Ex. : Il était comme un homme
haussé. Il V. réf. Se hausser, — tourner à
l'Est, en pari, du vent. V. Haut. \\ Lg. — Le
temps se hausse, — le soleil monte en as-
cension droite, les jours allongent, le prin-
temps vient.
Haussière (Ag.), s. f. — L'hôpital. « Ça ne
te mènera pas à Vhaussière (tu n'en mourras
pas), d'avoir acheté une robe. ^^ Hostière.
Haut (Mj.), s. m. — Le haut, — l'Est,
l'Orient. Le vent est du haut. — N. Cette
express, a sa raison d'être, puisque la partie
amont du cours de la Loire se trouve à l'Est
de ^lontjean. ^^ Bas. \\ Sp. — Le haut, — le
Nord. C'est l'azimut appelé à Mj. Galarne. \\
Adj. q. Il (Ec, By.), s. m. Faire ses hauts et ses
bas, — s'agiter, s'irriter et se calmer tour à
tour au sujet d'une affaire difficile ou contra-
riante. H En tomber de son haut, — être stu-
péfait. On dit en fr. : C'est renversant ! !|
Entendre haut, dur, — avoir l'oreille dure, jj
Haut d'honneur, — qui tient à son point
d'honneur. — N. On dit aussi : Chaud, Grous
d'honneur. \\ Qui arrive plus tard que sa date
moyenne. Ex. : Pâques est haut, cette année. ||
S. m. Appartement qui n'est pas au rez-de-
chaussée. « Ils demeurent dans n'ein haut. \\
By. — Vent du N. E, vers l'amont, le haut de
la Sarthe et du Loir. Cf. Galarne, Soulaire,
Mar, etc. |! Y a des hauts et des bas, — il y a
des succès et des revers. || Z. 151. — Si le
temps reste haut, — clair. Il Fu. — Des Hauts
qui baissent. Pays très accidenté. « Ça n'est
que des hauts qui baissent », que des montées
et des descentes. || Qqf. l'h n'est pas aspiré ; il
ne l'était pas, jusqu'au xvi<" s. « Ce nid est
dans Vhaut du peuplier. « (MÉx.) || Le haut du
jour, l'heure de midi.
Et. — Lat. altus. qui serait le partie, de alere,
nourrir, proprement : accru par la nourriture.
L'h est dû à la tendance qu'a eue la langue à la
prosthèse de cette lettre : huile, huître, hurler, etc.
— Hist. : « Sur le haut du jour fut, par Xenomanes,
monstre de loing l'isle de Tapinois. » (Rab., P.,
IV, 29, 408.) — « Mais, le 6 janvier. . . le vent se
tourna au haut nord. » (1709. — Inv. Arch., S. s.,
E, 197, 2, m.)
N. — Haut, vers l'amont ; Bas, vers l'aval.
Direction différentes suivant les lieux. En général,
le Pays haut (pai-guî haut), vers la vallée de la
Sarthe, et le Pays bas, vers la vallée de la Basse-
Loire.
Hautains s. m. pi. — Treilles élevées le long
des murs.(MÉN.)
N. — « Hautain. Espèce de vigne à deux ou trois
rangs de longs sarmans cordés et tressés d'arbre en
arbre, plantés en droite ligne par égale distance.
(MOXET. — L. C
Hautcœurée (Segr.). — Mal de cœur, sans
vomir. (Mén.)
Haut-le-corps (Mj.), s. m. — Effort pour
vomir. Faire des haut-le-corps. Cf. Haut-
cœurée. Il By. Haut-Ie-cœur.
Haute (Z. 141. By.), s. f. — Etre de la
haute, s. ent. société. C'en est un de la haute. \\
Etre arrivé au point, avoir fini sa tâche.
Haute-galarne (Mj., By.), s. f. — Le
Nord-Est. Ex. : Le vent est de la haute
galarne. Syn. de Bise. C'est le point situé entre
le Haut et la Galarne.
Haute-heure (Mj., Lg., By., Li., Br.), adv.
— Tard, à une heure avancée de la matinée.
Ex. : Faudra pas se lever ben haute heure. —
Cf. Ba$se-heure. \\ S. f. La haute heure va nous
prendre. N. C'est par la même association
d'idées que l'on dit en fr. : Le haut du jour.
Hist. — « Tant qu'il l'esveilla, et luy demanda
comment il dormoit ainsi si haulte heure. " (Amyot,
Alex, le G., p. 20.) || Fu. — « Oui' tait trop haute
heure quand je m'sé levé, j'ai pas pu aller à la
messe. '>
Hautéier (se) (Mj.), v. réf. — Tourner à
l'est, en pari, du vent. — Les nuages sont
hauts, le temps s'éclaircit ; il n'y a pas me^
HAUTEILLER — HEGUISSABLE
475
nace de pluie. — Syn. et d. de : se Hautoyer.
N. Qqs-uns disent : se Hausséier. C'est le
contr. de : se Raser. V. Haut, A-haut. || By.,
V. a. — Porter dans des endroits plus élevés,
de manière à mettre à l'abri des eaux qui
craîssent (croissent). V. Hautoyer, Hauteiller.
Haiitciller (se), v. rél'. — ■ Tourner à l'est, en
pari, du vent. V. Hautéier. \\ V. a. Elever. On
hauteille, une barge de foin, pour qu'elle ne
soit pas marée. (Mén.)
Haute-mar (Mj.), s. f. — Le Sud-Est. Ex. :
Le vent est de la haute-mar. Syn. de Sou-
lère. N. C'est le point situé entre le Haut et la
Mar.
Haute-soulère (Sp.), s. f. — Le Nord-Est.
C'est le point appelé, à Mj. : Haute-Galarne
ou Bise. V. Haut, Soulère.
Ilaut'-heurier (Lg.), adj ([. — Qui se lève
tard, qui n'est pas matinal, qui commence
tard à travailler. Ex. : Ils ne sont pas haut-
heuriers dans ceté ferme-là.
Haut-murée (Mj.), s. m. — Gros amas,
grande quantité. Syn. de Amassée. Entasse-
ment. Il Adj. q. Empli jusqu'au bord ; une
assiette de soupe haut-murée. (Do.) — Zig.
137. Et même par dessus les bords.
Haiit-murer (Tlm.), v. a. — Combler, sur-
charger. Dér. de Haut et de Mur. N. Le Mj.
Haut-murée vient de ce verbe, qui n'est pas
usité à Mj.
N. — Ce qui dépasse au-dessus de la mesure dans
les choses qui ne se rasent pas comme les céréales.
(F'avre.)
Hautoyer (Mj.), v. a. — Relever, exhaus-
ser. Ex. : J'avions /lautov? l'armoire à cause de
la crue. || V. réf. Tourner à l'Est, en pari, du
vent. Syn. de : se Remonter. On dit aussi : se
Hautéier. V. Hauteiller.
Ilaiit-Pé (Sp.), s. m. — Nom que l'on
donne à Sp. à l'ensemble du pays situé vers
Thouars, Le Fuy-Notre-Dame et Doué-la-
Fontaine, par oppos. à Bas-Pé. Pé est ici
pour Pays.
Hauture, s. f. — Taille. Etre de la petite
hauture. (Mén.) V. Hoture, — de Haut.
N. — Se retrouve dans Ilauturier : pilote hautii-
rier, qui sait diriger dans la haute mer, par oppos.
à pilote routier, ou côtier.
Haut-vent, s. m. (Fu.). — Un chêne de
7 ou 8 ans est dit Chêne de haut vent. C'est le
contraire de un Mousard, qui a été émondé. ||
INIj. — Chêne à haut-vent, — même sens.
IIaut-voi\ (S|)., Tlm.),- s. ni. — iiiiiil (!»>
conversation animée, de disi)u{(\ j| Mniit
public. Ex. : Ça n'est qu'ein haut-voix dans
tout le bourg.
Haveneau (Ec), s. m. — Epuisette ou
basse. On aspire l'h dans ce mot et on dit, en
faisant Fli muet, au contraire, un hameçon,
qu'on appelle ordinairement un ain (aim ; lat,
hamum); Ci. Aveneau. \\ By., Mj. — h muel.
Havet, h aspiré (Mj.), s. m. — Croc à deux
dents et à long manche dont les fourneliers
se servent pour attirer la chaux hors du four.
Et. — .\1!. Haft, agrafe, dér. du goth. hafjan,
soulever : am. heben. (Litt.) — Ménage le tire de
hamus par une de ces dérivations fantaisistes dont
il est coutumier : hamus, hami, hamivus, hamive-
tus, havetus, havet. — « Dimin. de Hef. » Et.
* havum, du germ. haben, avoir, tenir, saisir. Cf.
Haver, — croclier.
Hist. — « Plus de trois cens caudrons pendans à
havés de bois. « (Froissard. — L. C.) — Passe-
mentées de testes de mouton, de cornes de bœufz et
de grands havetz de cuisine. » (Rab., P., iv, 13,
380.)
Havrer (Sal.), v. a. — Tirer de. « Haver'
donc mon gilet rond du basset. » V. Avrer.
Hébétant (Mj., By.), adj. verb. — En-
nuyeux, importun. Syn. de Embêtant. \\ Prê-
cher la vie de Saint Hébétant, — tenir des
propos ennuyeux.
Et. — Lat. hebetare, de hebes, hebetis, émou.ssé.
— V. Montaigne, i, 429.
Hébétation (By.), s. f. — Ennui. « Quelle
hébélation ! » Cf. Dégoûiation.
Hébété (Z. 131, By.), adj. q. — Ennuyé.
Hébéter (Mj., By.), v. a. — Ennuyer, im-
portuner, agacer. Syn. de Embêter. « Si tu
savais comme tu m'hébètes ! »
Hébétement (By.), s. m. — Ennui. Syn.
de Embêtement, Hébétation.
HèbZe (Lg.). — Hièble. Syn. et d. de
Zèble, Euble.
Hedin (Craon), s. m. — Ajonc, Ej'onc. V.
Ajonc. Ajoncs épineux, Ulex Europœus ;
petit hudin, T'iex nanus. Cf. Hudin, Haguin.
il By. — On dit Houdin, mais le houdin n'est
pas du tout de l'ajonc. Le Ruscus aculeatus,
ou Fragon piquant, vulgairement Petit houx,
houx frelon, houx fragon, épine de rat,
curieux par ses baies rouges, semblables à des
cerises, portées par les feuilles, est connu sous
le nom de Houdin. En particulier, comme
usage, les couvreurs en font des paquets avec
lesquels ils ramonent les cheminées.
Ilist. — « Les morfondus d'Anthenoise
« Et leurs plus proches veisins
« Viendront sans débat ou noise
« Chantant Nau par les chemins,
« Portant fougère et hedins
« Tout à leur aise
« Pour faire un biau lit tout neuf
« Où coucher l'âne et le bœuf. »
(Noël du comte de Laval. — DoTTIN.)
Hédissable (Auv.), adj. q. — Haïssable.
Doubl. de Ihulissable.
Ilé<lr()i<|ue (Mj.), àdj. q. — Hydraulique
On d'il : ciiaux hédroïque.
Hé<!ron (Pell.,.Sa.), s. m. — Syn. de Haron.
Cf. Aigueron. (Jaub.)
Hist. — « Et quelques douzaines d'oiseaux de
rivière..., tadournes, poche-cullieres, pouacres,
he^ronncait.r, foulques. » {Rab., G., i, 37, 73.)
Héguissabic (Auv.), adj. q. -^ Haïssable*
Corr. de Hédissable, Hadissable.
476
HÉLAISOX — HERBE DE LA BOUNE VIARGE
Hélaison (Lg.), s. f. — Exhalaison. Pour
Halaison, du lat. Halitus. — Ex. : C'est
Vhélaison de la terre qui pousse les feux-
follets.
Helleqiiin (chasse). — V. Hannequin.
Hist. — « De equitibus vero nocturnis, qui vul-
gari Gallicano Hellequin, et vulgari Hispanico
Exercitus antiquus, vocantur, nondiim tibi satis-
feci, quia ndndum declarare intendo qui .sint, nec
tamen certum est eos malignos spiritus esse. »
(Guill. Paeis, in Tractu de Universo, part. 2, rap.
12.) — « La mesgnée de Hellequin, de dame
Habonde et des esperis qu'ils appellent Fées, qui
apperent es estables et es arbres. » (Citât, de D. C.
V° Hellequinus. ) — « Hellequin, herlequin, tiale-
quin, harlequin, — diablotin, feu follet, diable
enragé. — La maisnie Hellequin (troupe), bande
infernale et bruyante de diablotins, de mauvais
génies dont Hellequin était le chef. — Ital. Ali-
chino, nom d'un diable de Dante. Et. Germ.,
Flam. Hellelda, dimin. de l'ail. Hell, Angl. Hell,
enfer. C'est probablement le même personnage qui
nous est revenu d'Italie sous le nom d'Arlequin. »
(D-- A. Bos.)
Hémecter (Mj.), v. a. — Humecter.
Et. — L. humeclare, du rad. hum, qui est dans
humor.
lléniorriiites (Mj.), s. f. — Hémorroïdes.
Corr. du mot fr.
Et. — De deux mots grecs : Sang, couler. —
Hist. « Un jour, dist frère Jean, je m'estois à
Sceuillé toché le cul d'un feuillet d'unes mes-
chantes Clémentines... : je me donne à tous les
diables si les rhagadies et hœmornUes ne s'en
advinrent si très horribles que le pauvre trou de
mon clous brumeau en fut tout déhinguandé.
(Rab., p. 444.)
Hénâ (Lg.),s . m. — Seau, vase quelconque
pour puiser ou conserver l'eau potable. Ex. :
Prends donc les hénâs et t'en va au puits. N.
Ce mot est désormais désuet.
Et. — Corr. du fr. Hanap ; aha. hnapf ; a. m.
napf.
Hène h. asp. (Mj.) — s. m. — Oiseauaqua-
tique à plumage gris noir, de la taille d'un
gros canard ; pattes noires et longues ; bec
terminé par un crochet ; se nourrit de pois-
son ; chair huileuse et détestable.
N. — Ce signalement le rapproche du cormoran
plutôt que du canard.
Héneté (Lg.), part.
Ahéneté.
pas.
Essouflé. V.
.), s. f. pi
V. Hanicelles.
V. n. — Faire des
travaillant. Svn. de
Hénicelle (L
s7 Henueqiiiner (Bg.),
efforts pénibles erf
Haneiiner, Halequiner.
N. • — Pour Hellequiner, faire un sabat du diable,
comme Hellequin. (D"' À. Bos.) — Hannequin,
boiteux, qui traîne la jambe en marchant. Hennc-
quin. Ce mot et Halequiner, Hanequiner viennent
soit de Haleter, soit de Han (Ahaner). R .0.
Hennequiner. (De Montesson.)
Ilensauver (se) (By., Zig. 203), v. réf. —
^ . s'J:însauver.
Hep î interj.-^^-^ Hé ! hop ! Sert à appeler à
courte distance ou à répondre à un appel.
(Mj., By.)
Hérace (Lg., Sp.), s. f. — Lierre. Syn. de
Brout et de Lierru, Hierre.
Et. — Dér. de l'adj. lat. Ilederacea (planta),
par aphérèse de la 2« syll. — Méxage cite Tur-
NÈBE : « Fibulse, in Catone, sunt, quas ab hœrendo
Galli héraces appellant, quibus aliquid adligatur. »
Ce qui n'est pas contraire à l'explication ci-dessus.
Le lierre peut bien servir à lier.
Héraceux (Lg.), adj. q. — V. Héraçoux.
Héraçou.Y (Lg.), ajd. q. — Couvert de
lierre. Se dit d'un arbre, d'un mur. V.
Héraceux, Hérace. Ex. : Les mêles se mussent
dans les chênes héraçoux.
Hérantaigner (Bg.), v. a. — Enlever les
toiles d'araignée. V. Hiraigne, Hirantaigne.
Herbault, s. m. — Chien basset ou briquet
« Il se jette sur son troupeau comme herbault
sur les pauvres gens. »(Mén.)
Horbe, — Ce mot se prononce ordinaire-
ment Harbe.
N. — Dans la classification suivante, nous
n'avons tenu compte ni de la préposition ni de
l'article pour l'ordre alphabétique. De plus, nous
avertissons que bien des explications données
prêtent à la disoission.
Herbe à l'aiguillette, — Scandix pecten.
(Bâtard, souvent cité, confirme.)
Herbe alelluia (Lg.), s. f. — Oxalide cor-
niculée. Syn. de Vinette de crapaud. Elle
passe pour préserver des sorciers .(Bat.)
Herbe à l'aveugle. — « Yeble. Probable-
ment à cause qu'on peut acheter le terrain sur
lequel elle végète, à l'aveugle. Profite dans
les bons terrains seulement. » (Mén.)
Herbe au beurre (Mj.), s. f. ■ — Gaillet croi-
sette. Petite herbe à tige carrée ; feuilles en
verticelles de 4 ; petites fleurs jaunâtres à
l'aisselle des feuilles ; 4 pétales ; forte odeur
de miel. — N. Les ménagères en frottent
l'intérieur des pots à lait pour faire monter
la crème. On l'appelle aussi Crémette.
(La Cornuaille.) — Hellébore blanc.
N. — C'est Vherbe aux sourciers de Montj. — A la
Corn, comme à Mj., on croit que cette herbe
éloigne les sourciers voleurs de beurre et que ceux-
ci viennent de nuit l'arracher dans les jardins où on
en a planté.
Herbe à la bique (Mj.), s. f. — Plante de la
tribu des aspérulées (rubiginées), à fleurs odo-
rantes, à feuilles verticillées par 5 ou 6 ; c'est
le rièble, ou gaillet accrochant.
Et. — Ainsi nommée parce qu'elle grimpe dans
les haies, comme une chèvre, en s'accrochant à
l'aide de ses feuilles rugueuses.
Herbe aux bœufs, à setons, pied de griffon.
— Pommerai rose de serpent (?) Hellébore
fétide. (MÉx.)
Herbe de la boune Viarge (Sp.), s. f. —
Hellébore. Syn. de Harbe aux sourciers. ||
Tiercé. — Herbe des haies, qui est la stellaire
HERBE A BOUTONS — HERBE GRASSE
477
holostée. Syn. de Pétereau, Pétard, Langue.
Elle a des (leurs d'une blancheur immaculée.
Herbe à boutons. — Filago. (Mén.)
Herbe à la capucine. — Vinca minor.
(Mén.) Petite pervenche. (Litt.)
Herbe carrée, ou Toute bonne (Mén.). —
Sauge sclarée, ou Scrofularia aquatica. (Bat.)
Herbe à la carte, ou Quarte. — Douce
amère. Guérit de la fièvre quarte. (Mén.)
Herbe au chancre (Lg.), s. f. — Herbe dont
on se sert pour guérir le chancre des mou-
tons. V. au Folk-Lore, xiv : Chancre. N. Ne
l'ayant pas vue, j'ignore si c'est la chancrelle
de Mj. Il Herbe à la chancrée, — Géranium,
herbe à Robert. (Méx.)
Herbe aux chantres. — Sisymbrium offi-
cinale. (Bat.)
Hist. — « L'érysimum, crucifère très répandue,
doit son surnom d'//eW>e aux chantres à un chantre
de Notre-Dame qui fit, au xyii* s., connaître ses
propriétés éclaircissantes de 'la voix. » (D'' E.
MoNix. — Petit Courrier du 12 juillet 1905.)
Herbe au ou à charpentier, s. f.- — A Pel-
louailles, c'est le plantain, ou Harbe à cinq
coûtes, et nullement l'Herbe au charpentier,
ou Mille-feuilles. (Bat.) — Achillea mille-
folium (Composées. — Litt.) — Plantago
lanceolata et Achillea (Mén.) — Saigne-nez.
(DoTT.) — Guérit les coupures.
N. — Lg. — Il paraît que l'herbe ainsi appelée
au Lg., et que je n'ai pas vue, n'est nullement celle
qui porte le même nom en franc., c.-à-d. l'Achillée
mille-feuilles.
Herbe aux chats. — Nepeta cataria ;
Sedum telephium ; valériane officinale des
étangs. (MÉN.) Labiée. (Bat.)
Herbe aux chevaux. — Hanebane, jus-
quiame noire ; herbe aux dents, médecine
vétérinaire. De l'angl. hanebane, c.-à-d. poi-
son des poules. (Mén.) V. Hanebane.
Herbe à la chèvre (Sp.), s. f. — Esule
grande Euphorbe.
Et. — A cause du suc laiteux que renferme cette
plante.
Herbe à cinq coûtes (Mj.), s. f. — Plan-
tago lanceolata, plantain lancéolé, ou plan-
tain long. Syn. de Herbe au charpentier.
Et. — La feuille de cette plante est soutenue par
cinq coûtes (côtes) ou nervures longitudinales
saillantes sur la face inférieure. Dans certains
pays, on l'appelle Herbe aux cinq coutures.
Herbe- close. — Filago germanica, coto-
nière. (Mén.)
Herbe à cinq coutures. — V. Herbe à
cinq coûtes.
Herbe à cochon. — • Renouée des oiseaux ou
traînasse. (Mén.) — Polygonum aviculare.
Herbe aux cocus (Lg.), s. f. — Primevère.
Syn. de Ausanne, Lausanne, Suzanne,
Chausses aux cocus. — Sans doute à cause^^de
sa couleur.
Herbe à la coupure. — Achillea mille-
feuilles ou saigne-nez ; linaire velvote dans
les étangs, id., herbe à la hache. (Mén.)
Herbe aux dents. — Jusquiame noire.
Voir Herbe aux chevaux. (Mén.) — Herbe
aux cure-dents, amni visnaga.
Herbe à la détourne (Sa.), s. f. — C'est la
Boilobe. N. On l'appelle aussi Herbe tour-
nante. Syn. de Eguerre, Egaire.
Herbe au diable. Scabieuse. (Mén.) || Lg, —
Sorte d'herbe ou de plante que l'on n'a pu
me décrire et que je n'ai pas vue. Elle pré-
sente cette particularité que toujours la ra-
cine se trouve coupée en terre lorsqu'on
l'arrache, et cette section est attribuée au
diable. C'est p.-ê. le sceau de Salomon.
Herbe d'éclairé (Lg.), s. f. — Eclaire,
grande chélidoine.
Herbe aux écus, ou Monnoyère. — Lysi-
maquc numfîiulaire ; ses fleurs jaunes si-
mulent une pièce d'or. (Mén.) — Bat.
Herbe à l'empereur. — Brachilobus syl-
vestris. (Mén.)
Herbe à l'épurée. — Euphorbia lathvris.
(MÉN.)
Herbe à l'esquinaucie. — Asperula cynan-
chica. (Mén.) Bat.
Herbe à la Farcion. — Sceau de Salomon ;
p.-ê. farcion pour : farcin, sorte de gale, de
rogne qui vient aux chevaux. (Boreatj.)
M. le comte Jaubebt, dans son Glossaire,
ainsi que les personnes de la- campagne,
trouve que la racine contournée de cette
plante représente tous les membres du corps
humain. — Id. Herbe à la rupture. (Mén.)
Herbe à la femme battue (Th.). — Ainsi
appelée parce que ses feuilles servent à faire
un cataplasme bon pour les gnons. — Tamus
communis. (Asparaginées.)
Herbe au fi, pour Fie. — Scrofulaire
noueuse ; fie, ou abcès, tumeur, sorte de
rogne particulière aux bœufs. — Id. Hellé-
bore fétide. (Mén.)
Herbe à la lièvre. — Douce amère. (Mén.)
— Petite centaurée. (Litt.)
Herbe à la foire (Mj.), s. f. — Salicaire. V.
Chie-niou.
Herbes-fortes (Mj., Lg.). — Nom collec-
tif, de sens très vague, sous lequel on désigne
toutes les herbes employées dans la méde-
cine populaire.
Herbe au grand bois. — Androstomum
officinale. (Mén.)
Herbe grasse (Pell.), s. f. — Crassulacée à
tubercules et à fleurs rouges. || (Tlm., Mj.)
Chenopodium dans ses diverses variétés. Syn.
de Grassine, Grasine, Grasseline, Clienillelte,
Passe-merde. \\ Sedum telephium et myosotis.
(MÉN.) — Bat. ^
478
HERBE A LA GUERXOUILLE — HERBES ROUGEAUX
Herbe à la guernouiUe (Sp.), s. f. — Persi-
caire. Syn. de Sauleau, Pied rouget, Pouzé.
Herbe aux gueux. — Clématite des haies,
plante caustique à l'aide de laquelle les. men-
diants simulent les plaies aux jambes. (Méx.)
— Clematis vitalba. (Litt.) Bat.
Herbe aux hémorroïdes. — Sedum re-
flexum. (Méx.)
Herbe à l'hirondelle. — Umbilicus pendu-
linus. (Méx.) Syn. Poupette. |j Stellera pas-
serina (Bat.) (Thymélées), ou Chelidonium
majus. L. (Papav.) Litt. || Perce-pierre.
Herbe aux magiciennes. — Circsea lute-
tiana. (Méx.) — Datura stramonium. L.
Solan. (Litt.) — Bat.
Herbe de Marguerite. — • Erys barb. (Méx.)
Herbe à la meurtrie. — Valériane ofTici-
nale. (Méx.)
Herbe à midi. — Jasione montana. (Mén.)
Bat.
Herbe à la migraine. — Hermaria ; c.-à-d.
à mille graines. Jaub. observe, dans son
Gloss., qu'il y a plus d'un exemple de ces
attributions médicinales motivées par son
aspect dans les maux. (Méx.)? — Probable-
ment par la ressemblance des mots : migraine,
mille graines.
Herbe à mille trous. — Mille pertuis.
(Méx.)
Herbe à la mite (Lg.), s. f. — Maroute. X.
On en met parmi les vêtements pour écarter
les mites. — Verbascum blattaria. (Bat.)
Herbe de mort. — Menthe crépue, parce
qu'on la brûle dans la chambre des morts.
Herbe noire. — Senecio erucaefolius. (Méx.)
Herbe nouée (Mj.), s. f. — Petite grami-
née à tiges rampantes, s'étalant en toufîes et
très envahissante, parce qu'elle prend racine
à tous les nœuds. Syn. de Çarnue, Çarnure,
Nouée. C'est l'Agrostis blanche. On donne
aussi ce nom à la Renouée. Syn. deiVowéeet
Nouette (Sp., Mj.)
Herbe à l'oie (Mj.), s. f. Potentille quinte-
feuille. Ji Petite crucifère à fleurs jaunes,
profondément découpées, racines traçantes,
touffes étalées, trop commune dans les val-
lées de la Loire. On l'appelle aussi Persil à
Voie. C'est le Nasturtium palustre (Morax-
DEAU). Sp. V. Persillée et le suivant.
Herbe aux oies (Lg), s. f. Petite ciguë,
ainsi nommée parce que les oies en mangent
sans inconvénient. Syn. de Herbe aux pirons,
Persillée.
Herbe à l'opération. — Pariétaire offici-
nale. (Méx.)
Herbe qui pard (Ti., Zig. 146), s. f. —
Herbe à la détourne, Herbe tournante, Boilobe.
Herbe à la pardrix, s. f. (Sp.). — Petite gra-
minée commune dans les prés, à tige grêle, à
épillets courts et serrés, portés sur des pé-
doncules longs et minces, en sorte que le
moindre souffle les agite. On en fait des bou-
quets. Syn. de Zyeux de pardrix et de Gentil-
branle.
Herbe-pâtisse (Mj.), s. f. — Nom collectif
sous lequel on désigne toutes les graminées
des prés et, en général, toutes les herbes
propres au pâturage. — Pâtisse a pour frère
le fr. Pâtis.
Herbe aux perles. — Lithospermum offi-
cinale. (MÉX.) (Bat.)
Herbe au pied de griffon. (Méx.)
Herbe à la pierre (Lg.), s. f. — Nom d'une
plante que je n'ai pas vue et qui serait sou-
veraine contre la gravelle.
Herbe aux pies. — Alopecurus agrestis,
vulpin. (MÉX.)
Herbe à piquer (Sp.), s. f. — Hellébore.
Syn. de Herbe à la pointe, Herbe aux sour-
ciers.
Et. — Parce que les vétérinaires se servent des
feuilles de cette plante pour herber les bestiaux,
c.-à-d. pour leur faire sous la peau des sortes de
sétons dont l'âcreté de l'hellébore détermine
promptement la suppuration.
Herbe aux pirons (Lg.). — V. Herbe aux
oies.
Herbe au pivart (Lg.), s. f. — Sorte d'herbe
commune dans les haies, mais que je ne puis
décrire, ne l'ayant pas vue. C'est probable-
ment la même que Langue de pivart. — Ainsi
nommée parce que le pivart s'aiguise la
langue et le bec sur cette plante pour percer
les arbres {sic).
Herbe à la pointe"(Sp.), s. f. — Hellébore.
Syn. de Herbe aux sourciers. Herbe à piquer,
Herbe au beurre.
Herbe aux puces (Sp.), s. f. — Syn. de
Menthard. Elle passe pour chasser les puces. |!
Plantago arenaria, Mentha pulegium. (Mén.)
— Bat.
Herbe à la rate (Mj., Lg.), s. f. — Scolo-
pendre, ou Langue de cerf, sorte de fougère
qui pousse dans les puits. Parce que les
feuilles ont la forme de la rate. || Syn. de
Fougère bâtarde. Scolopendrium officinale. '[
Sa. — Cynoglosse. Syn. de Langue de chien.
Herbe à la remise (Lg., Sp.), s. f. — Ar-
moise. V. Arnoise. Ces trois mots sont une
corruption de Artemisia, nom lat. de la
plante. Syn. de Remise, Arnoise.
Herbe à la reue (Sp.), s. f. — Ruta gra-
veolens, Rue. — Même observ. que pour le
Savigné.
Et. — Rue est une corr. du nom fr., par confu-
sion avec le pat. Reue.
Herbe à la Robert. — Géranium, bec de
grue. (Méx.) — Bat.
Herbes rougeaux. — Herbes rouges qui
servent de refuge aux poissons. (Méx.)
HERBE A RUBANS — HERBIÈRE
479
Herbe à rubans. — CalamagrostisTcolo-
rata. (Mén.)
Herbe à la rupture. — V. FarcAon.
Herbe sai;{ne-nez. — Achillée mille-feuilles.
(MÉx.)
Herbe sainte (Mj.), s. f. — Absinthe.
(Confusion de son et do sens.) Arthemisia
absinthium.
Herbe à la'sainte armoire. — Absinthe. Il
y a, ici, corruption du mot. Les Berrichons
disent : La sainte oreille, pour : La centaurée ;
le saint foin. (Méx.) X. Armoire, pour
Armoise.
Herbe de sainte Barbe. — Erysimum bar-
barea (Méx.). Bat.
Herbe dc8aint Ktienne. — Circa^a lutetiana
(MÉN.). — Bat.
Herbe de Saint Honoré. — Centaurée
petite (Mén.). Confusion de mots ?
Herbe de Saint Jean (Mj.). — Petite herbe
rampante, à fleurs bleues, à odeur forte et
aromatique, de la famille des labiées. Lierre
terrestre. |j Glechoma hederacea (Bat..)
N. — Au plur. « Herbes de la Saint-Jean se dit
ue toutes les bonnes plantes, précoces. Au fig. :
.l'y ai mis toutes les herbes de la Saint-Jean, —
je n'ai rien négligé. — D'après les anciennes tra-
ditions, les herbes cueillies dans la nuit de la
Saint-Jean avaient une quantité de propriétés mer-
veilleuses : « Un fétu de paille cueilli dans la nuit
de la Saint Jehant, tandis qu'on sonne nonne, et
placé dans la serrure du coffre, contraint les maris à
donner beaucoup d'argent à leurs femmes. »
(Evang. des Quenouilles. — Favke.)
Herbe à Saint-Joseph (Lg.), s. f. — Achillée
mille-feuilles : h. au charpentier. Syn. de
Queue de renard.
Herbe de Saint-Julien. — Urvs. barb.
(Méx.).
Herbe de Sainte-Marguerite (Mj.). — Petite
herbe commune dans les haies, dont les
feuilles passent pour cicatriser les plaies enve-
nimées.
Herbe à Saint-KocU (Mj.). — Herbe de la
famille des composées. Chicoracée à fleurs
jaunes portées sur des pédoncules inégaux
naissant de presque toutes les aisselles des
feuilles ; tiges ramifiées, feuilles petites, ses-
siles, entières et gaufrées. Haut. 20 à 3,5 cen-
timètres. Inula dysenterica (Bat.).
Herbe au sang (Mj.), s. f. — Aspérule à
grandes feuilles. Syn. de Prend-main.
Et. — Cette plante s'emploie contre la pléthore,
circonstance qui suffirait à expliquer le nom ci-
dessus. Mais il est plus probable que la véritable
raison de cette dénomination est la suivante. Les
enfants s'amusent souvent à se faire saigner la
langue ou le nez en y passant une feuille de la
plante. Les fins crochets qui garnissent les bords
et la nervure de la face inférieure ont vite fait de
déchirer la muqueuse et de faire sortir le sang, sans
causer, d'ailleurs, de douleur appréciable.
Herbe à la serpent, réséda gaude. God. en
celti([. jaune (Mén.).
Herbe aux sourciers'^(Sp.), s. f. — 'Sorte
d'herbe qui, détachée de son pied, a la pro-
priété de végéter encore longtemps, même
sans eau. On en fait de petits paquets que
l'on suspend au plafond la tête en bas. Les
tiges se redressent et souvent même fleu-
rissent, et elles restent verdoyantes pendant
plus d'un mois.
Ainsi nommée parce qu'on croit qu'elle se
flétrit dès qu'un sorcier entre dans la maison
où elle est suspendue. i| (Mj.) Hellébore blanc.
Syn. de H. à piquer, H. à la pointe, H. à la
bonne Viarge. V. au Folk-Lore, xiv.
Herbe à la teigne. — Jusquiame. (Mék.).
Herbe-tcrrette. — Lierre terrestre (Mén.).
Herbe tire-goutte. — Renoncule flottante.
(M EX.).
Herbe au tonnerre (Sp.), s. f. — Éclaire ou
grande chélidoine. ,| Joubarbe. || H. à la
tonnerre. (Lg.). — Joubarbe.
N. — On voit que ce nom est appliqué à deux
plantes bien différentes. Pour la première, il y a
eu sans doute confusion du nom Eclaire aVec
Eclair, coup de foudre. La seconde pousse sur les
toits, au premier en descendant du ciel ; il est natu-
rel qu'on la regarde comme spécialement exposée
à être frappée par le tonnerre.
Au l^ong., les paysans ont soin d'en avoir sur
leurs toits, parce que cette plante détourne la
foudre. Je ne crois pas que cette croyance existe
encore à Saint-Paul, mais elle y a probablement
existé autrefois, comme l'indique le nom d'Herbe
au tonnerre.
Herbe tournante (Sa.). — \'. H crue à la
détourne.
Herbe à tourner (Tlm.), s. f. — Herbe ima-
ginaire qui a la propriété de faire égarer ceux
qui marchent dessus. C'est VHerbe à la dé-
tourne de Saint-A., la Boilobe de Mj.
Herbe tremblante. — Amourette, pain des
oiseaux. Briza média (Mén,). C'est le Gentil-
branle. (Bat.).
Herbe aux verrues. — Euphorbe, ou
réveille-matin (Mén.) — Héliotrope d'Eu-
rope ; borrag. (Mén.) Bat.
Herbe aux vers. — Chrysanthemus (Méx.).
Tanaisie (Litt.).
Herbe au vendangeron. — Matricaire
blanche. (Mén.).
Herbe aux vipères. — p]ehium vulgare.
(MÉN.). Bat.
Herbcrger. — «... et en cette ordonnance
se mettent sur les champs et vont vers leurs
ennemis, et tant chevauchent qu'il fut temps
de herbcrger. Si font loger leur ost. . . » (J. de
BouRDiGNÉ. Chron., 24^). Le sens serait donc
Bivouaquer, camper.
Et. — Du germ. ; aha. heriberga, campement
militaire, de heri, armée, et berge, logement ;
proprement : logement des gens de guerre, puis, par
ext. du sens, logis en général, et même : auberge. ||
Heer, armée, bergen, abriter. (D^ A. Bos.)
Hcrbière (Mj.), s, f. — Œsophage des> her-
480
HERBILLETTES^— HEURDRIR
bivores et, par ext., de tous les animaux de
boucherie, en général.
Herftillettes (Mj., Lg., By.), s. f. — Menues
herbes, telles que : oignon, ciboulette, etc.,
employées comme assaisonnement ; cive,
civette.
Herboula, s. f. — Ou chamaran, vulg.
Anthémis (MéN.).
Hère (Mj.), adj. q. — Gueux. X. C'est le
fr. hère, qui de nom est devenu adj.
Et. — Du lat. Herus, maître? De l'ail. Herr, id.,
avec un sens péjoratif qui se rencontre qqf. ? Ex. :
Ross, cheval de guerre, coursier, dont nous avons
fait : rosse.
Hist. — « Ne sont-ils assez enfumez et parfu-
mez de misère et de calamité, les paovres haires. »
(RAB.,m, p. 119.)
« Gros nez qui te regarde à travers un grand verre
« Te juge encore plus beau ;
« Tu ne ressembles point au nez de quelque hère
« Qui ne boit que de l'eau. »
BaSSELIN, VI.
Hergne (Sa.), s. f. — Averse, rafale de pluie.
Doubl. et syn. de Hargne. Cf. Hert. \\ s. m.
Pour : hargneux. (Segr.). Cet homme est
hergne.
Hérisson (Mj), s. m. — Fig. Grande roue
dentée du moulin. — X. On prononce volon-
tiers Harisson. \\ Huile d'Hérisson, — h. de
ricin. — On donne encore ce nom à une
herse armée de chevilles de bois pour pré-
parer la terre à recevoir la semence (Mé>-.).
Héris«nnée, s. f. — Vulg. Caucalis lati-
folia (MÉx.). Bat.
Héritaiix, adj.
plur. dans la loc.
par héritage.
Hist. — Langue du droit coutumier au xvF s.
Désuet. Y. Revue de l'Anjou, t. LIV, p. 313.
Héritège (By.). — Corr. de Héritage.
« J'aimons notre villege,
« Là vous (où) qu'on parle ben,
« Où que j'on notre herite^e
« Que j'y manquons de ren. » (Mén.)
Et. — Du lat. Hereditare ; de hères, heredis,
héritier. Au xvi'' s., on prononçait : héritaige.
(Palsgr., p. 8.)
Herné (Lg.), adj. q. — Harassé, fatigué. ||
Usé par l'âge ou par les excès. Mot vieilli. —
A rapprocher de Halni.
N. — Heriener, Ereinter. (L. C.) — Pour :
Ereiné.
Héro (Th.). — V. Aireau, Areau. C'est
une sorte de charrue à deux versoirs, qui
sert à disposer la terre en ados, dits Rénaux,
et à ouvrir des sillons d'écoulement pour les
eaux, que l'on appelle aussi Rénaux, ou
encore Ségoires, Essigoires. On dit d'un champ
labouré en ados ou en gros billons qu'il est
en rénaux.
Ilerqiielier. — V. Harquelier.
N. — Dicton : 12 chassoux, 12 pêchoux, 12 oise-
liers et 12 bessonniers, ça fait en tout 48 herque-
q. — Xe s'employait qu'au
: Biens Mritaux, biens acquis
liers. (Fougères.) — 'Homme qui n'avance pas au
travail, qui s'y prend mal, qui est paresseux.
Herquenier (Lue), s. m. — Terme de mé-
pris, vagabond, pillard. V. Harquelier,
Herquelier. Syn. de Hersier.
Herruer. — Pour : Herser. La terre doit
être charruée et herruée (Mauges. Mén).
Herse, adj. q. — Acre (My.).
Herser (Z. 151), v. réf. — Se herser le
croupion, se traîner le derrière, com. on
traîne une herse. V. Harse.
Hersier adj. q. — Galvaudeur, coureur.
C'est un hersier, un rien du tout, (Cht.).
Hersoir, Harsoir. — Pour Hier soir.
Hert» (Mj.), s. f. — Syn. de Rôrte ; moins
usité que ce dernier. Doublet du mot fr.
Cf. Hergne.
Hestolitre (Mj), s. m. — Hectolitre. X.
Ce mot, jadis en grand honneur parmi les
fourneliers et les mariners, commence à
tomber en désuétude.
Hêter, h. asp.|(Mj.), v. a. — Visiter, ins-
pecter. Ex. : Ils ont été hêter le lieu, — ils
sont allés visiter l'endroit.
N. Ce mot ne s'emploie plus que très rarement et
presque uniquement dans la loc. citée plus haut.
Hétoudeau, s. m. — Chapon.
Et. — « B. L. Haistaldus, colon, de l'aha.
Hagastalt, célibataire, apprenti. D'après D. C, le
hétourdeau a été ainsi nommé du Haistaldus qui le
fournissait à ses maîtres. D'après Diez, le nom de
Haistaldus, célibataire, novice, a été transféré par
plaisanterie au chapon. C'était le jeune chapon, et
le poulet assez gros pour être chaponné. (Litt.) —
Hétoudeau, pour : hestaudeau, hastadel, dér. de
l'aha. Agustalt, qui signifie proprement : posses-
seur de haie, et s'est appliqué au fils cadet (par op-
pos. au fils aîné, possesseur du manoir de la fa-
mille), puis à un célibataire, et, par plaisanterie, à
un chapon. (Darm.) — Voir la singulière explicat.
de Mèxage : de ad-ustus, — castration par le feu.
Heuclier (Lg.), v. a. — V. Hucher.
Heugner (Mj.), v. n. — Grommeler,
hogner ; Doublet de ce mot fr. ; faire une
grimace de dégoiit, de répulsion.
Et. — Hogner. Orig. inc. ; houiner, higner,
hinner, ouiner, crier, se plaindre Cf. Ouigner. Pat.
norm. Honner (hon nasal ; i hon-nent, ils grognent).
Heune, s. f. — Douleur rhumatismale
qui tient aux articulations ; les rebouteurs
saignent dans la bouche, ou bien font une
légère incision aux articulations (Mén.).
Segré. Syn. et doubl. de Hurnes. \\ Po. —
Hulne, h muet.
Heure! (Mj.)interj. — Pouah! Exprime le
dégoiit. Syn. de Hac f — Onomat. indiquant
que le cœur se soulève. Pouah ! c'est la bouche
qui crache un objet dégoûtant, au propre et
au fig. ; Hac n'est qu'une forme enfantine
et adoucie de Heure.
Heurdrir° (Sa.), v. n. — Moisir. Syn. de
Voirir, Vairir, Hounir, Hourdrir, Ouérir,
HEURE — HIVARGNER
481
Chauguenir, Chaumeiur. — Cf. Jaub. à
Oudrir. || By. — Ourdrir, — d'où : ourdris-
sure, pour : moisissure.
Heure (Mj., By.), s. f. — La basse heure, —
le soir, la brune. Ex. : Velà la basse heure
qui va nous prendre. || A la basse heure, —
au soir, sur le tard. Ex. : Ils ne sont point en
allés qu'à la basse heure. — N. C'est l'ital..
Alla bass' ora. || La haute heure, — une
heure avancée, surtout de la matinée. Ex. :
Ça va me mettre à la haute heure, — ç.-à.-d.
me retenir jusque vers midi. — Se mettre
dans la haute heure, — se mettre en retard.
V. Haute heure. — Je me se levé haute
heure ; il est ben haute heure. || D'heure et à
temps, — à une heure convenable, pas trop
tard. Ex. : Faudra tâcher d'arriver d'heure
et à temps. — N. On dit encore : D'heure
et d'à temps, — à l'heure dite, précise. ||
A une demi heure (Z. 139.) C'est midi et demi.
Il Eine heure de temps, — une heure. !| Eine
heure d'horloge, — id. Ex. : Aile ont été trois
grandes heures d'horloge (o long) à gouler
ensemble. |! Tout à l'heure, — presque,
quasi, à peu près. Ex. : A gagne tout à
l'/iewre moitié pus. jj A la bonne heure ! — in-
terj. — marque l'acceptation, l'approbation.
Signifie à peu près: Bravo, tant mieux, c'est
bien !
Hist. — « Tant qu'il resveilla et luy demanda
comment il dormoit ainsi si haute heure, en homme
qui a desjà vaincu. » (Amyot, Vie d' Alex.-lc-G.)
— « L'occasion est chauve par devant,
« Pour desmontrer que qui ne la prend d'heure,
« De son bien mesme il se va decepvant. "
G.-C. Bûcher, 198, p. 200.
— « Faudra s'iever de bon matin
« Pour biger le cul à Martin ;
« A la haute heure y ara la presse. »
(Prov. popul. nng.)
Hêver (Mj.), v. — Faire éprouver une
sensation de pesanteur à l'estomac, avec
envie de vomir, en pari, d'un mets, d'une
boisson. On dit : Ça illi a hévé le cœur ; il a le
cœur hêvé. On dit encore dans le même sens :
Ça illi a chargé sus le cœur. N. L'h est as-
piré.
Et. — D'après ce qui précède, il est probable que
ce mot se rattache à î'adj. angl. Heavy, lourd,
pesant. — P.-ê. pour Ilaver, soulever. Et. Hef. croc,
crochet, crampon. Et. * Havum, du germ. haben,
avoir, tenir, saisir?? (D'' A. Bos.) || Toutefois,
malgré la légère tispiration initiale, c'est p.-ê.
Aiver, du lat. Aqua. On sait que, dans certaines
indispositions de l'estomac, la bouche se remplit
d'eau, « les vers pissent au cœur ».
Iliar, adv. — Hier (Z. 146, Mj., By.). —
Hiar de nuit, — l'avant-dernière nuit. ||
Il Avanze-/iia/-, — avant-hier.
Hicetd'Hoc(d') (Q., Zig. 136), loc. adv. —
Cahin-caha.
Ilicrrc. s. m. — Lierre, plante grinipant(\
Syn. de Hérace, Lierru, Brout.
Et. — Hierre, herre, ierre. Véritable orthogr. de
Lierre, du lat. Hedera, avant la suture de l'article.
— « Là vous verrez mille peuples divers
M D'habits, de mœurs, de langages couverts,
« L'un de laurier, l'autre vestu d'hierre. »
(Ronsard, p. 68L — L. C.)
— Exemples curieux de cette suture de l'article ,
Luette, — l'uette, l'uvette ; Alerte, — à l'erte ;
Alarme, — à l'arme ; Alors, — à l'ore ; Bruttium:
— Abruzze, pour la Bruzze ; Alcoran, — Al Coran :
Algèbre, Almanach. — id. — Et. au contraire : La
Pouille, pour l'Apulie ; la Natolie, pour L'Anato-
lie. (Comte Jaub.)
Hiloire (Mj.), s. î. — Planche fixée au bord
interne du plat-bord d'un bateau, et qui
retient à leur extrémité inférieure les pan-
neaux du pontage.
Et. — Dér. du fr. Hile. — Corrupt. faite dans le
milieu du xvn" s., de l'anc. Eslure. qui leprésente
Tesp. Esloria, dont l'orig. est incert.
Himour (By.), s. f. — L'humeur. Vhi-
meur, pour le vulgaire est la cause de toute
maladie ; elle attaque toutes les parties du
corps (Mén.).
Hindiuer (Lg.), v. n. Hennir. Syn. de
Ouindir, Ouigner. Mot vieilli. Cf. Jaub. à
Hendiner.
Hingre (Lg.), adj. q. — Maigre, décharné.
Et. — Malgré la légère aspirât, initiale et la
transformation en nasale de la voyelle, je dérive
carrément ce mot du lat. iEgruni, malade. Par
ailleurs, il est très évidemment le rad. du fr. Ma-
lingre, duquel Hatzfeld déclare ne pas voir l'ori-
gine. (R. O.)
lliouc ! (Fu). interj.
Youc.
A gauche ! V.
Hippopoiube (Lpz., Zig. 146). '
llippoponte (Z. 124), s. m. — Sans énergie,
impotent. Corrupt. de hypocondre. Cf.
I inpopoinpe. By. — Impopondre.
Et. — Hypocondre. De Deux mots grecs, —
sous les cartilages des côtes, — où la mélancolie
était supposée avoir son siège.
Hiquet (Auv., Craon), s. m. — Hoquet. (|
By. — Jiquet.
El. — Le mot est intermédiaire entre le fr.
Hoquet et le patois Jiquet. — Syn. de Loquet. —
Hoquetus. — Hoqueter, — ébranler en secouant.
D. C.
Hiraigne, s. f, — Araignée. Cf. Iraigne.
Hist. — « Un beau miroir « en façon d'une
hiraigne de mer. » Comptes de ménage de Jeanne
de Laval. {Anj. Hi.st., 1™ an., p. 528.)
lliraiitaigne (Lue), s. f. — Araignée. V.
Irantcignr. \\ By. — l'h est muet. Toile d'a-
raignée ornant mal un plafond ; d'où : hiran-
taigner, enlever les toiles d'araignée ; hirai'
gner et herigner, enlever les chasse-galants.
Hirondelle (Lg.), s. f. — Fig. Clavette
double dont les branches s'écartent en queue
d'aronde.
Hisser, v. a. (Mj.). — Syn. de Rauder.
Hivar (Mj.), s. m. — Hiver.
Hivargncr (Mj.), v. n. -^ Se déliter à la
31
482
HIVERNAGE
HOPER
gelée, en parlant de la terre. || v. a. Déliter la
terre, en pari, de la gelée.
Et. — C'est un doubl. du fr. Hiverner, pris dans
un sens spécial. — L. Hibernus (hi = hie, de
hiems, hiver).
Hivernage (By.), s. f. — Fourrage pour
l'hiver. (MÉx.).
Ilôbion (Mj.), s. m. — Houblon. Cf. Ovrir,
Otil.
Et. — Du holl. Hop, houblon, à l'aide d'une for-
mation diminut. : hop-e-lon, hub-i-llon, etc. Le
B. L. humulo, humulus, tient au flam. hommel.
Hist. — « Mais le hobelon de Picardie craindra
quelque peu la froidure. » (Rab., P., Prognost., iv,
587.)
Hogiiigner (Lpos.). — V. Odigner.
Hoiiices (My.) ou Ouinees, s. f. plur. —
Articulations de la main.
Holopherne (Ag.), s. m. — Usité dans la
loc. Avoir une tête d' Holopherne, — être
entêté, obstiné. — Est-ce une allusion à la
Bible? Faut-il rapprocher ce mot de Infernal?
Homblet (Mj.), s. m. — Tithymale réveille-
matin. Syn. de Lait de couleuvre, Embrun-
chun. Petite euphorbiacée. || Petite personnée,
sorte de muflier à fleurs jaunes qui, par son
port et sa taille, ressemble beaucoup au
réveille-matin. Syn. de Gueule de lion. C'est
la Linaire. (Mobaxdeatt.)
N. — On confond sous le même nom ces deux
plantes, assez semblables au premier coup-d'œil, et
qui croissent dans les mêmes terrains.
Et. — Dér., au moyen du sufF. dimin. et, du fr.
Humble, pris dans le sens de sa rac. lat. Humilis, de
terre, bas. Les deux plantes sont de petite taille.
Homicide (Mj.), adj. q. — Coupable de
meurtre. Ex. : Je ne veux point être homicide
de ma mort.
N. — Un maire de campagne s'était plaint à son
préfet qu'un de ses administrés avait menacé de
le suicider. « Soyez tranquille, Monsieur le Maire,
lui répondit le préfet, vous ne serez jamais suicidé
que par un imbécile. »
Homme (^Ij., By.), s. m. — Faire de
rhomme, ou F. son homme, — affecter de
prendre les manières et le langage d'un homme
fait, en parlant d'un gamin ; trancher de
l'homme d'importance, en parlant d'un
homme fait. [| Un homme de bois, de pierre,
déplume, pour : un charpentier, un maçon, un
écrivain. En bas lang., not' homme, pour :
mon mari ; nos hommes, pour : nos parents. i|
By. — Les hommes, nos hommes, pour : ceux
qui travaillent avec nous, à notre compte. On
dirait aussi : les gars, pour : les hommes.
Hommée (Mj., By.), s. f. — « Mesure agraire
des vignes, 33 ares aujourd'hui ; c'est la
mesure de la terre qu'un homme peut bêcher
dans sa journée. (Bkux. de Tartif).
En lang. romane, une faulcye, pour ce qu'un
homme pouvait faucher dans sa journée. En lat.,
on disait : bovata terrœ, ou simplement bovata, une
journée de bœuf. En lat., Homata, un homme de
vignes. « Vocari quantum vinearum homo per
annum colère potest. » Un homme (j'aurais pensé
à hommée. A. V.) égale 6 ares 8 centiares ; 8 hommes
égalaient 48 ares 62 centiares ; c'est la journée de la
Bretagne ; un homme de pré était de .39 ares 57 cen-
tiares. (H. D., 1674)) — Cet article est en entier de
MÉNiÈKE. il Mj. — Le mot ne s'emploie plus, à ma
connaissance. V. Hist. au mot Bêcheux. || Cf.
Boisselée, Chaînée, etc., anciennes mesures de
terres labourables. !| By. — Mesure agraire, encore
employée en certaines parties de l'Anjou, inconnue
aux environs d'Angers. La mesure principale est la
boisselée, ce qu'on ensemencerait avec un boisseau
de blé, mesure variable, comme le contenu du bois-
seau d'autrefois.
Hist. — 160L Sépulture de .Jean Couet, métayer
à Mégné, « qui a fondé une chanterie annuelle et
pour cet effet hypothéqué deux hommées de jar-
din à Saint-Martin-des-Bois. » (/«p. Arch., E, S,
t. II, 416, 1.)
Hondir, v. a. — « Faire hondir les troils. »
c'est faire grincer les verroux. (Vendée. —
MÉX.). Cf. Ouindir, V. Troils. Cf. Hendiner
(Mj., By.).
Honnêteté (Mj., By.), s. f. — Générosité.
Ex. : Ça sera à voutre honnêteté. On dit de
même en fr. : Récompense honnête.. ||
Sp. — De son honnêteté, — "grâce à sa géné-
rosité. Ex. : Il m'a douné ça de son honnêteté.
Honneur (Mj., By.), s. m. — Chaud d'hon-
neur, — qui aime, qui recherche les honneurs,
les distinctions, ij Haut d'honneur, — orgueil-
leu>J^, vaniteux. — N. On dit aussi : Grous
d'honneur. V. Grous.
Hontable (Lg., Mj., Tlm.), adj. q. — Hon-
teux, capable de faire honte.
Et. — Aha. Hônida ; vx sax. honda, de m. radie,
q. hounir (aha. hônjan : am. hohnen, moquer, faire
honte). LiTT.
Honte (Mj., By.), s. f. — Timidité. Ex. :
Faut pas avoir honte de parler au monde. ||
Rester à la honte, — ne pouvoir payer son
écot.
Honteux (Mj., By.), adj. q. — Timide,
craintif, intimidé. Ex. : Ça ne voit si guère de
monde, ces queneaux là, ça les rend honteux.
Hist. — Modeste.
« Moult ert (était) pros et coragos,
« Et dois et humbles et hontes. » (L. C.)
HontoHx (Lg.), adj. q. — Honteux, craintif,
timide.
Hooo (Bv.), interj. — Pour arrêter un che-
val. Cf. Drrr f
Hop ! (Mj., By.), interj. — V. Houp. Hope-
là ! V. Houpe-là. Houpe laiette.
Hope-laniaire (Sal.). — Un gobe-tout, qui
croit tout ce qu'on dit.
Hoper (Mj., Lg.), v. a. — Appeler de loin,
en criant, héler. Syn. de Jupper.
Et. — Dér. de Hop f A donné l'angl. to Hop.
Doubl. de Houper. — Hopperie, — huée. (L. C.) —
En Normandie, lever. — A un repas de noces, un
convive, au moment des toasts, se lève et dit à
ceux qui sont en face de lui, à l'autre extrémité de
la table : « A la santé du haut bout, yhope du cul
pour vous. »
HOQUET — HOTTER
483
Hoquet " (Lg.), s. m. — Inégalité du sol des
routes. Mot vieilli. — Cf. Jaub. à Hoca, hocas,
pour Cahot? Cite La Fontaine :
<( L'un contre l'autre jetés
« Au moindre hoquet qu'ils Ireuvent. »
(La Font. Le pot de terre et le pot de jer, V, n.)
— « Nous disons, en Anjou, Hiquet. Ce qui me
fait croire que Hoquet et Hiquet sont des dimin.
de fioc et de hic, par onomat. » (Ménage.)
Hoquetonné (Ag., By.), adj. q. — Mal mis;
engoncé dans ses vêtements ; trop couvert.
Et. — Hoqueton, — arabe : al, le, et coton ;
prov., alcato ; esp., algodon, alcoton ; port.,
alcotô. Vx fr. auqueton. Syn. Pouillancé.
Horcliée (Mj.), . f. — Mouvement brusque
que fait une personne qui achoppe, pour
éviter de tomber. — De l'adv. Hors?
Hist. ■ — « Descouvrismes une navire marchande
faisant voile à horche (à gauche) vers nous. » A
bâbord. (Rab., P., iv, 5, 364.)
Horloge (By.), s. f. — Horloge. Deux heures
dliôrloge, — - deux longues heures. V. Reloge.
Et. — Lat. Horologium : du grec : indication de
l'heure.
Horloger (Br., Jm.), v. a. — Bêcher. Ces
gens hoiiiigent leurs choux.
Horlogier (Lg.), s. m. — Horloger. Cette
terminaison est remarquable, car la tendance
du pat. longer, est au contraire de supprimer
ri dans les syllabes en ier, ière. Cf. Tesser, etc.
Hormis (Mj.), loc. conj. Hormis que, — à
moins que, sauf q., excepté q.
Et. — Hors mis, — mis hors. Dans l'origine,
hormis étaii un vrai participe, qui s'accordait.
Horpoulé, s. m. — Eruption ou clochette
sur la peau. Syn. de Redotifle et Ampoule.
(Mén.). Cf. Poulette.
Hors (Mj.), adv. et prép. — L'ô très long.
— Aller hors, — aller à la selle. Ex. : lUy a
trois jours qu'il n'a point été hors. \\ Hors
d'état, — incapable. Ex. : Il était hors d'état
de dire ein mot. ]| Hors de marque, — qui ne
compte plus, qui n'est plus bon à rien. Se dit
à Sp., par plaisanterie, d'une femme qui a
dépassé l'âge critique. — Se dit, au propre,
d'un joueur qui n'a plus qu'un point à faire.
Par exemple, si, jouant à l'écarté, en 5 points,
on en a déjà 4 de marqués, on peut les démar-
quer. Ce qui n'empêche pas que l'on peut
perdre, si l'adversaire fait 5 points. (By.). 1|
S'emploie le plus souvent sans adjonction de
la préposition de ; ainsi on dit : Hors France,
hors prix, hors saison, hors raison. Toutefois
on dit : hors de blague, — sans plaisanterie. ||
Adv. — Pousser hors, — pousser au large un
bateau. || Enormément, incroyablement. Ex. :
Y a du foin hors raison, cette année. (By.). ||
Lg. Hors de bord, très ivre.
Et. — Al. '.lu forme de Fors, par une transforma-
tion très rare en franc, régul. en esp., de l'f latin
en h.
Hors venu (Mj.), s m. — Etranger au pays,
imniigraul (jui s'est établi dans la commune.
Hosanne, s. m. — Buis bénit du dimanche
des Rameaux. Lat. Hosanna. V. Osanne,
Ausanne, Lausanne.
Hossine, s. f. — Houssine.
Et. — Houx. Aha. Hûliz ; am. hulse ; angl.
holly.
Hosteati (Sp., Mj.), s. m. — Maison, logis.
Ex. : On va rentrer à Vhosleau. || Prison. Ex. :
Les gendarmes l'ont emmené à Vhosteau. V.
Séminaire. \\ Hôpital, hospice. || Syn. de
Boite, Clou, Ours.
Et. — Lat. hospitalis? (Litt.) — Hosto, prison :
de hostel. Dans la Flandre fr., on dit : ostiau, pour ;
prison.
Hist. — a Et sa Mère tôt intere (intègre)
« L'infontit en in pouvre hosteau. »
(Et sa mère toute pure L'enfanta en un pauvre
logis. — No'éls popul.)
— « .loseph à (avec) un peu de mèche
« Eclaroit parmi Vhosteau,
Il Nau, Nau. »
{Noëls an^., p. 18.)
Hostièrc (^I.).), s. f. — Hôpital ou maison
de refuge. Ne s'emploie que dans la loc. : Se
mettre à Vhostière, — se ruiner.
Et. — Ce mot, dont le sens propre est oublié,
doit dériver d'un mot latin Hospitiaria.
Hist. — Plusieurs gueux de Vhostiaire, souffre-
teux et misérables, lesquelz. . . •> (Rab., G., I, 1, 6.)
— « Nous dist un gueux de Vhostière auquel nous
avions donné demy teston. » (Rab., P., v, 11,
505.) — Gueux d'hôpital.
Hôtel (Mj., Lg., By.), s. fém — Cf. Autel.
Hottage (Mj., By.), s. m. — Terreau que
l'on transporte dans les terres pour les fumer,
les hotter.
Et. — Du suisse : hutte, — hotte;
Hotte (Mj.), s. f. — Ennui, désagrément.
On dit : Allons, bon, la hotte, astheure ! Et,
proverbialement : La diable de hotte, comme
aile a le cul fait ! — ce qui revient à dire :
Voyez-vous cela! — Cf. En avoir plein le dos.
Hotte-baissis (Auv.), s. m. — Remblayage,
action de transporter vers le centre d'un
champ la terre amoncelée à la longue vers
les cheintres par les labours. Cette opération
ne s'exécute, à ma connaissance, ni à Mj., ni
à Sp., seulement on hotte les vignes.
Et. — Composé du v. Hotter et d'un nom Bais-
sis, signifiant : Dépression. Du v. Baisser.
Hottée (Lp., By.), s. f. — Le contenu d'un
bassicot (d'ardoise). — h muet.
N. — Chaque fils de tendeur avait droit, autre-
fois, à 10 ans. à inie hottée, à 12 ans, à deux bottées,
à 15 ans, à quatre. Mais, à ce dernier âge, il devait
la travailler lui-même. Les vieillards avaient droit
à quatre bottées. Les hotices se louaient 0 fr. 50 au
profit du titulaire. Ces usages, restes du système
corporatif, ont aujourd'hui disparu.
Hotter 1 (Mj.), v. a. — Porter à la hotte. ||
Remblayer à la hotte. Hotter les vignes, c'est
y transporter à la hotte soit des engrais et
amendements, soit la terre entraînée par les
pluies, li Lg. — Ramener la terre des raiseg
HOTTER — HOURDRIR
sur les sillons pour recouvrir les semences.
Syn. de Asseillonner. \\ Mj., Sp. — Chausser,
recouvrir, de terre, butter une plante sen-
sible à la gelée, ou que l'on veut étioler.
Ex. : Voutre céleri est bon à hotter.
Hotter MSp.). — Voter. Corr. du mot fr.
Hotteiix (Mj.). — Celui q. porte la hotte.
Hist. — « Mesme au paiement des journalliers et
hoUeurs qui travaillent journellement aux fortifi-
cations. » {1594. — Irw. Arch., E, n, 28, 1.)
Hottoir (Lp., By.), s. m. — Lieu où l'on
entasse les débris "d'ardoises des carrières. V.
Hnttnué. Il By. et toutes les vidanges, les
décombres provenant de terrassements, démo-
litions, constructions, etc.
Hottoni (Tlm.), s. m.— Petite hotte, hotte-
reau.
Hotton ^ (Pell.), s. m. — Syn. de Coché,
Quériances. V. citât, à Huteau.
Hottoué. — Versant de la butte où les ten-
deurs d'ardoises jettent leurs déchets. (Te).
V. Hottoir.
Hoture, s. f. — Espèce. C'est de la petite
hnture. Personne ou chose. (Ag.). V. Hauture.
llouâler (Sa., By.), v. n. — V. Ouâler.
Pleurer, gémir, se lamenter. Syn. de Ouigner.
V. Houêler.
N. — II faut noter d'abord que le bret. a le v.
Ouilein, qui a exactement le même sens. D'autre
part, le patois montj. emploie Houêler, au sens de :
héler, appeler de loin, donc : crier fort. — Ce mot ;
houêler, selon moi, est le même que houâler et tient
au bret. ouilein, à l'angl. to howl, au vx fr. uller ;
lat. ululare. Quant à Ouigner, en dépit des appa-
rences, il n'est pas de la même famille. C'est l'angl.
to whine. (R. O.)
Houclie. V. Ouche.
Houdin (Segr.), s. m. — Ajonc. — V. Hmlin.
Il Sa. Epine-noire. || By. Fragon.
Houée (Mj.), s. f. — Le grand flot ; le maxi-
mum d'une crue. V. Flambe, Vouée.
Et. — C'est le part. pas. de Houer et le doubl. de
Vouée. Donc, le mot signifie : épanchement ou
vomissement.
Houêler (Mj.), v. n. et a. (V. Jaub, à Hôler).
Crier très fort pour appeler qqn. Ex. : Je les ai
houélés, y n'ont point entendu. H Houâler. Sa.,
v. n. — Gémir, se lamenter, pleurer. Syn. de
Ouigner. V. Houâler pour l'étymol.
Houer (Mj.), v. n. ■ — Se déverser par dessus
les bords d'un vase, déborder, en pari, d'un
liquide. || Fig. Vomir.
Houêtier (houée-tier) (Mj.). s. m. — Grande
tripe qui sert d'enveloppe à l'andouille.
Et. — On peut songer à l'ail. Haut, peau ; mais,
comme qqs-uns disent : Vouêtier, il est possible
aussi que Houêtier dérive du lat, Vestiarium, Ves-
tis, Vestire, dans lequel l'aspirée h aurait remplacé
l'aspirée V. Toutefois, cette raison n'est rien moins
que péremptoire, et l'autre hypothèse est tout
aussi plausible. R. O.
Houiller (My.), v. a. — Dédaigner. Peut se
rapporter soit à Huyer (œiller), soit à Heu-
gner.
Houldry, adj. q. — «... et n'est pas chose
licitte que en ouvrage de bon cables. . . soit
mis ne employés aucuns chambres brayés
houldry. (C. PoRT Invenl. p. 330.) Cf. Heur-
drir, hourdrir.
Houler (Mj., Lg.), v. n. — Hurler, pousser
des cris prolongés, d'une voix puissante et
profonde. Syn. de Bauler. . — V. Jaub. à
Hôler.
Et. — Doubl. du fr. Hurler, dér. comme lui du
lat. Ululare. Au xvi« s., on disait Uller. C'est de la
forme pat. que dérive l'angl, to Howl, — ViRr;,, G.,
I, 486, — « Per noctem resonare lupis ululantibus
urbes. » — « Autour de lui aboyent les chiens,
ullent les loups, rugissent les lions. » (Rab,, P.,
m, 13,) — « Puis crient et ullent comme diables. »
{Ici., ihid., TA.)
Houme (Som., Ma., Z. 207, Sp.), s. m. —
Homme. Cf. Bounhoume.
N. — H est curieux de comparer^notre locut.
ang. : N'y a gens de, — il n'y a pas moyen de, il
n'y a pas de gens capables de (V. Gens), avec la loc.
berrich. : Y a houme de lever cette pierre, pour : il
n'y a personne capable de lever cette pierre,
Hounier (Lg.), v. n. — Se mettre sur la
défensive, prendre une attitude provocante.
Ex. : Ein crapaud, quand on veut le prendre,
ça houme.
Hounir (Sa), v. n. — Moisir. Syn. de Heur-
drir, Hourdrir, Voirir, Vairir, Veurir.
Houpune (Li.,) s. f. — Rossée, flaupée. Je
vas rfoute une houpane ! — te battre. Doubl.
de Hampane
Houpe ! (Mj.) interj. — On s'en sert pour
marquer un bond que l'on fait soi-même, ou
un saut que l'on fait faire à une autre per-
sonne. Il Sert aussi à appeler de loin. || Houpe
la ! 1'^'' sens. || //oupe-laïette ! Forme enfan-
tine et caressante, même sens. (By.)
Houper (Mj., Sal.), v. a. — Appeler de loin,
héler. Syn. de Jupper. Dér. de Houp, doubl.
de Hoper. — A donné l'angl. to whoop, faire
des huées. || Lg. — Soutenir une note ou une
mélopée très élevée le plus longtemps pos-
sible. Syn. de Bauler, Noter, Bauder, Hisser.
Onomat.
Hist. — « Lorsque Sarrazins courent par la mer,
ce n'est autre chose fors en houpant et larchineu-
sement. » (Froissart,)
Houpet (Z. 150), s. m. — Très petite quan-
tité ou dislance. — Etre à un petit houpet,
à deux pas — à une petite distance. P. ê. à la
distance où l'on peut être entendu, d'une
personne en houpant modérément.
Hourdé (Lg,), adj. q. — Voûté, en parlant
des personnes. C'est le franc, dans un sens
figuré.
llourdée (Bg.), s. f. — Charge. Une hourdée
de linge, de bois.
Hourdrir (Sa.), — V. Heurdrir.
HOUSEAU — HUCHET
485
Houscau, s. m. — Sorte de chaussure
contre la pluie et la boue. Cf. lieuse. (Mén.).
Housiaux.
Et. — Aha. Hosa, chausse ; am. Hose. — Le
celt. a aussi ce mot : Hos ; bas-bret., heûz.
Ilouser, V. a. — Mettre ses houseaux.
Hist. — Chaus.ser. On lit dans la Satire Ménip-
pé.e, à propos des fameux Seize de la Ligue :
i< De seize ils sont réduits à douze,
« Il faut que le reste se houze. »
Hougsat, s. m. — Baguette ou tige do
houx. Syn- de Houssin.
Houssée (Mj.), s. f. — Quantité d'herbe,
haute et drue ; toison touiïue. — Fr. Housse.
Syn. de Pelée.
Et. — Housse. B. L. housia, houcia, hucia,
hussia. — DiEZ le rattache à l'aha. : hulst, four-
reau. Kimry, hws, couverture, li Autre sens :
corr. de Hosée, bourrasque, tempête. Lat. uddata.
D'après Borel, si cette pluie ne durait qu'une
heure, horata (D. C), horaria, quasi ad horam.
(MÉx.)
« J'alloys chantant dans un pré verdoyant,
« Ceinct d'une hâve houssuc et verdurée. «
(G.-C. Bûcher, 71, 119.)
Houssera, rat (Sp., Mj., Bg.), s. m. — Gros
hachoir, pour couper la viande. — Syn. de
H ans art, Paltré.
Houssin (Mj.), s. m. — Branche de^ioux.
Doubl. masc. du fr. Houssine. Cf. Haussât.
Houssiner (Segr., By.), v. a. — Frapper
avec une houssine, qui est une petite baguette
flexible. « Je vas te houssiner ! » Syn. de
Scionner, Feurter, Roter.
Ilouste ! Interj. très usitée partout, mais
surtout chez les perreyeurs. — Allons, houste !
Onomat. — C'est la langue houste !
H 0H\'- bâtard (Lg.), s. m. — Espèce de
houx dont la feuille n'a qu'un seul piquant
à son extrémité. Elle est assez rare. On l'ap-
pelle aussi : Houx-laurier.
Hoiix-laiiricr (Lg.), s. m. — \'. ffoux-
bâtnrd.
Huasse (Mj., By.), s. f. — Oiseau de proie
diurne d'assez grande taille, qui doit être la
buse. Il Sa. — Plumage gris, ailes blanches en
dessous. C'est p.-ê. la bondrée. — Cf. Huard
(LiTTRÉ) ; Ouasse (Jaub). H By. — h aspiré.
Terme méprisant, désignant à la campagne
les gros oiseaux de proie de notre pays qui
(avec les corbeaux, les pies et les petits car-
nassiers) font de grands ravages, parmi les
petits canards surtout, et qui sont connus
sous le nom de Bondrêes. Buses, busards et
même Ballusards. — X. On sait que, en
général, les petits canards ne sont pas élevés
à la maison, qu'on les envoie tout petits à la
rivière avec leur mère qui les conduit et les
réchauffe et leur apprend à se suffire. Quand
ils sont gros, on va les chercher dans les prés,
les fossés, la rivière, et on les ramène en masse.
(11 y a quelques jours, il en a été ainsi ramené
un bouiUard de près de 400). Chacun recon-
naît les siens grâce un mer (marque) fait
sitôt après l'éclosion. Ces petits canards sont
ainsi très exposés à la rapacité de leurs enne-
mis.
Et. — Huard, de : huer, à cause du cri qu'il
pousse. (LiTT.) — Huau. On appelle ainsi un mi-
lan dans les provinces d'Anjou, du Maine, de Tou-
raine. De : huer, parce que les paysans huent et
crient après les milans quand ils s'approchent de
leurs maisons. (Ménage.) — Hua, milan. « Nous
ne pouvons nourrir aucuns poulets que ce diable
de hua ne les mange tous. » (Nuits de Strap., i,
'.10.)
Huau (Sa.), s. m. — Sorte de charrue à
deux versoirs, qui sert à ouvrir les sillons
entre deux planches de terre. Syn. de Veau,
Rabale.
N. — Ce mot, comme l'instrument, est le même
que le Veau de Mj., La Pommeraye et Le Lg. —
F'our Houau, dér. du fr. Houe et de l'ail, zu
Hauen.
Hubereau, s. m. — Vagabond (MÉx.). —
Serait-ce Hobereau, par dérision?
Hubir° (Mj.), v. a. — Huer, honnir, bafouer.
— L'angl. a Hubbub, vacarme, tintamarre.
Huche, s. f. — Venir comme pâte en huche,
— en pari, d'un enfant bien nourri, qui pro-
fite.
Hucheque, Huchque (By., Zig.) 203 prép.
jusque. Syn. et d. de Duchque. Syn. de En-
jusque.
HucIkt (Mj., Lg., My. Seg. Lé, Lz, Br.)
Appeler à haute voix. Huche donc le gas qui
passe. Syn. de Hoper, Houper, Houèler. Ré-
primander, gronder, tancer, Syn. de Déves-
ser, Sal., id. Manifester son mécontentement,
ta mamam va Hucherf (Lrm, By.)
N. — A Rp., ce mot est employé dans son sens
français ; à Mj., on n'en use que dans le sens spé-
cial au patois. Cf. angl. to Hush, imposer silence.
El. — B. L. Huccus. — DiEz le tire de l'adv. lat.
Hue, ici : de sorte qiuî Hucher serait : appeler ici,
faire venir ici. — CeUiq., Kimry : hwchw. (Litt.)
— D'où Huchet. Ménage, qui cite Pèrion. « Hucher
veut dire, en français : appeler, et vient du lat.
vocare ; o tombe par syncope et forme d'abord
vcer, par allongement ; une h est placée par pros-
thèse pour indiquer l'aspiration et une autre par
épenthèse, d'où : hucher. » (Traduit du lat.) Les
Picards disent encore aujourd'hui : veucher et
huquer. Bret. Huch, cri.
Hist. — <i Voire, si je ne l'eusse fait taire, il eût
hûchc jusques à demain. » (B. de Verv., .1/. de p.
n, 53.) — « A la fin. il se met à appeller et crier
qu'on lui portât de la chandelle. Il se mettoit à
hacher, puis se reposoit, plus il huchoit et moins on
s'en soucioit, aussi que sa voix n'étoit point enten-
due, venant de si bas (de la cave). — Id., ibid.
p. 139.)
— « Alors Catou il huche hautement. »
(J. DU Bellay, Moretum, 259.)
— « Huche, Catou, demande le mortier. «
{Id., ibid., 262.)
Huchet, s. m. Cornet dont on appelle les
chiens à la chasse. V. Huchet, petite trompe.
Hist. :
« Dieu préserve en chassant toute sage personne
« D'un porteur de hucliet qui mal à propos sonne. »
(Molière, Fâcheux.)
^86
HUDIX
HUREUX
. de faire faire des
{Anj. Hisi., 4'= an.,
I « Derrière lui cheminait au second ranj;: Lezin, le
valet de limiers, son huchet sur le flanc passé en
bandoulière. » (Hist. du vx tps, p. 263.)
Hudin (Pell., Segr.), s. m. — Fragonnière,
petit houx. — Ajonc. — Cf. Haguin. Syn. de
Fragonelle, Fergonnière. Cf. Houdin. — V.
Ejon.
Hue ! (Mj.), interj. — Cri dont les charre-
tiers se servent pour exciter les chevaux. ||
On l'emploie aussi pour faire honte à un
enfant de qq. action repréhensible. Ex. :
Hue, hue donc, vilain laid ! || Fu. — Hue,
hiâh ! à droite. |j Terme enfantin pour
désigner un cheval : Aller à hue.
N. phonét. — P.-ê. le v. Huer vient-il de là.
Hue ! ohî(Mj.). Huau. — Interj. Cri dont
les charretiers se servent pour diriger les
chevaux à droite. V. Dia.
Huée (Lue), S. f. Cri.
Hist. — « Nous mandons,
chasses et huées aux loups. :
p. 630. Note.)
Huge (Bl., Mj., Sal.), s. f. — Huche.
Hist. — MÉNAGE constate cette prononciat. en
Anjou. — « On a trouvé un coffre ou une huge. »
(Ch. BoTJKD.. Lég. de P. Faifeu, p. 75.) — V.
Mette. Au sujet de la substitution de g à ch, cf.
Râget. « Belle huge n'est pas pain. » (Prov.) — N.
C'est sur la huge que s'assoient les amoureux. —
« Quand je cogne à la huge, j'sé sur qu'y a des pains
d'dans. » (Sal.)
Huile, s. f. — (Mj.). — Huile de cœur,
salive ; h. de bras, effort musculaire, fatigue ;
h. de cotret, coups de bâton ; h. d'Henri V, —
de ricin ; h. d'acier, — l'instrument du den-
tiste ou du chirurgien. Plaisanterie. Ex. :
Pour ceté dent-là faudra de Vhuile d'acier.
Huilier (Mj.), s. m. — Huilière ; burette à
huile.
Huillé (Lg., Tlm.), adj. q. ou part, pas. V.
ŒilU. Au Lg. on prononce hu-ï-illé, en 3 syll.
Huiloux- (Mj.), adj. q. — Huileux. Cf.
Graissoux, Mardoux, Bavoux, Morvoux, etc.
— Sali par l'huile.
Huissier (Mj.), s. m. — N. On fait toujours
l'h fortement aspiré ; ainsi on dit : Il ara
affaire au huissier ; le huissier l'a saisi. i| By.
h muet : l'huissier, les-z-huissiers.
Et. — Lat. Ostiarius, portier, de Ostium, huis.
Fabricant ou gardien d'huis ; puis le gardien des
huis des tribunaux est devenu un officier de jus-
tice. (LiTT.) — Ostium est devenu de bonne heure
Ustium, d'où Uis, écrit Huis pour indiquer la
prononc. vocale de l'u (et le disting. du v ^= v).
(Dakm.)
N. — On raconte qu'Alexandre Dumas, le père,
qui avait eu trop souvent maille à partir avec ces
peu sympathiques fonctionnaires et qui n'admi-
rait que médiocrement leurs exploits, affectait de
les appeler, lui aussi : les-huissiers. Lorsqu'on lui
demandait la raison de celte prononciation anor-
male : « C'est, répondait-il, (]ue je ne veux avoir
aucune liaison avec ces gens-là. »
Huitième (Sp.), s. m. — Mesure de capacité
pour les graines sèches, qui est à peu près 1^
huitième de l'hectolitre, ou égale à 125 déci-
litres. Le huitième est toujours en usage, en
dépit de tous les vérificateurs des poids et
mesures. C'est sans doute l'ancien boisseau
du pays, conservé par routine.
Et. — Lat. Octo ; la très ancienne forme Oidme>
uime, représente un type Octimus, et Witisme.
octesimus.
HuHée (Mj.), s. f. — Hurlement. Syn. de
HuUement.
Huilement (Mj.), s. m. — Id.
Hulier (Mj., Lg.), v. n. — Hurler. Syn. et
d. de Houler. Angl. to Howl.
Et. — Lat. Ululare ; rad. Ul, onomatopéique,
redoublé pour renforcer. La forme ancienne et
correcte est Uller, ou, avec prosthèse d'un h.
Huiler ; l'r, dans Hurler, est une corruption. Cf.
allem. Eùle. angl. Owl, hibou, qui semblent appar-
tenir à la même famille.
Hunieau (Ag.), s. m. — Ormeau. — ^'.
Uni eau.
Hist. — « A vendre. . . Le tout situé à VHumeau-
Blanc, commune de Sa.nt-Barthélemy, sur la
route de Saint-Barthélémy à Trélazé. » (Petit
Courrier du 21 avril 1907.) — .le connais très bien
ce lieu. On prononçait : VHomoblin
Humeur (Mj., By.), s. masc. — Ex. :
Allons ! de l'action et du bel humeur. || Avoir
rhumeur à l'envers, — être de mauvaise
humeur. |1 Inflammation. Ex. : Y a encore
de rhumeur dans ceté doigt-là ! i! Absolt. —
Etre d'humeur, — être de bonne humeur.
N. — On peut remarquer que, dans le pat., ce
mot a conservé le genre du lat. Humorem. — L'adj.
se met au masc. ou au fém., selon qu'il précède ou
qu'il suit le nom. On dit : Il est à'ei-i ben mau-
vais humeur, à matin; — Il est d eine humeur
massacrante , — on ne sait guère de queun bout le
prendre.
Et. — Lat. Humorem. Au xvi« s., on essaya par
latinisme et contre l'analogie fr. de faire ce mot du
masc.
Hunorme. — L'h fortement aspiré. Enorme.
Prononciation habituelle et emphatique du
mot français. || By. — Inorme.
Huooo (By.), interj. pour diriger les che-
vaux à droite. Cf. Huyooo. — Huooo drrr. se
dit pour faire faire au cheval un tour complet,
par ex., au bout d'un champ, quand on la-
bours
Huper, s. m. — V. Houpet, Houper.
Hurard (Z. 156), s. m. — Arbre émondable,
hiire. — Orig. incert. Cf. l'a. adj. huré, qui
signifiait : hérissé. Syn. de Mousard, Troi-
gnard, Truisse, Têtaud, Emousse.
Hure (Li., Br.), s. f. — Tête ; chêne auquel
on a coupé les branches. Cf. Hurgne.
Hurer (Fu.), v. n. — Abandonner les œufs
et le nid. : La mère a huré. Syn. de Hadir.
Hureux (Mj., By.), adj. q. — Heureux. V.
Hurreux.
Et. — De : heur, du lat. Augurium (et non da
HURF — HYDRIE
487
Tlora) ; au xiv s., aûr ; du itil. Avis, oiseau (le
V = u), et d'un radie, qui est dans le lat. Garrire,
bavarder. C'est le présage tiré des cris des oiseaux.
— Selon BÉZE, au xvr' s., tout ce qui prononce
bien, en France, prononce hureux. Et, au xvir,
Chifflet, Gramm., dit qu'on pron. également bien
heureux ou hureux. L'a. langue disait plutôt ;
beneiiré. (Litt.) — Cf. Eu, part. pas. du v. Avoir,
que l'on pron. U.
Hiirï (Ag., By.), adj. q. — Chic, beau, épa-
tant. Syn. de Chouette, Chique, Chicard, Chi-
cocandard. Chenu, Rupin.
Et. — Produit de la fantaisie de qq. désœuvré de
cette époque, ce vocable fit florès sur le boulevard,
c.-à-d. depuis la rue Saint-Aubin Jusqu'au café de
la Mairie, vers 1875-80. Je ne sais s'il est encore
en usage.
Hurgne (Mj.), s. f. — Loupe d'arbre.
Et. — Hargne, hergne. hernie? V. Hure.
Hiirliibicr (Ag.), s. m. — Mauvais sujet.
Cf. Rehtbier. — Vagabond ; idiot, fou. Voisin
de Hubereau.
Et. — Le vx fr. avait Hurel, fou. En pat. dam.,
on dit : hurlu, pour : hurleur. — Cf. Hurluberlu.
Humes (Mj.), s. f. — Ne s'emploie qu'au
plur. Rhumatisme articulaire. V. Hurre. Syn.
et doubl. de Heune.
N. — D'où viennent ces mots si curieux? On
sait que le rhumatisme articulaire aigu produit des
nodosités aux articulations ; et alors nous serions
ramenés à Hurs.ne. loupe d'arbre.
Iliirra, llurbau ! Interj. — Exclamation
fréquente des toucheux de bœufs, pour les
faire tourner à droite. V. Hue, oh ! — Opposé
à Dia.
Hist. — « A propos un chartier sans fouet
« Qui ne dit dia ne hurehau. >)
(R. COLLERYE, p. P2.)
Ilurre. — V. Humes.
Hist. — « De pao\ir des hurmes
i( Et des grumes
« Rasurez-voz en droguerie. »
(Villon, Jargon, Ballade m.)
Ilûr(«'r (Li., By., Br.), v. a. — Heurter. Ex. :
Il s'a hurlé, jj Mj. — Forme vieillie. Cf. Jûner.
Vx. franc.
Hist. — « Celle part est alée, s'a à Tlmisset
hurtp. » {Bote, c. 45.)
— « .\ un grant arbre s'est hurlez
« Arere chet, tut reversez. » (L. C.)
Husset (Ag.), s. m. — Petite porte basse,
demi-porte ; la seule qui reste fermée quand
on est à la maison. De ostium, huis. V. Lucet.
— Cf. la citation à Hurler.
lliissier (Lg., By.). — L'h n'est pas aspiré,
comme à Mj. — Cf. Menusier. V. J.vub. Hus-
serie, hussier.
Ilustaud, s. m. — Gros chapon. Iluteau.
Cf. Hétoudeau. V. Huteau.
Hist. :
« Vos Angevins vont deux à deux,
« Courant comme un lièvre de Beausse,
« De peur qu'ils ont, un pet breneux
« Ils laissent aller en leur chausse, î^
« Qu'ils portent pour faire la sauce ""
« D'un Ilustaud, chez Mathie aux|bœufs.
« Il n'est que d'aller. <>
(Mathie aux bœufs, sur(veillant?) du jeu de paume
du Pélican (?), hors la porte de Saint-Michel, qui
tenait le plus célèbre brelan de la ville.)
Bruneau de Taktifume, Philandin., p. 493.
Extrait du Pique-mouche du Sieur de la Vallée.
En 1592. — Fait après la déroute, devant Craon,
d'une armée qui assiégeait cette ville et où se
trouvaient plusieurs seigneurs angevins. Le duc
de Mercœur y fut vainqueur. — 69 couplets de
6 vers, avec le 7« :
« Il n'est que d'aller. »
Ilut î (Mj.). — L'h très aspiré. Interj. Zut !
Huteau. — V. Hustaud.
N. — Hautondeau, Hutaudaulx. Chaponneau
gras et bien conservé. . . On les appelle ainsi parce
que, ne valant pas la peine d'être nourri de bon
blé comme les vrais chapons qu'on veut engraisser,
on ne lui donne que des hotons ou hautons, c.-à-d.
de ces petites gousses qu'on ôte du bled. » (Le
DiJCHAT, sur Rabelais. Cité par Borel.)
Huttanger (Ti., Tr., Zig. 138), v. a. — Mal-
mener, rudoyer, lancer de droite et de gauche.
Syn. de Rudanger. || By. — Hutanger. Tra-
casser, molester, battre. — Un cheval s'est
échappé ; on court après pour le ramener et
qqf. on y met un peu trop d'ardeur. Le patron
crie : Allons, allons, va guy (y) donc douce-
ment ; faut pas le hutanger comme ça ! L'h
est aspiré. — Ses chevaux ne vont point (ils
lui obéissent mal), c'est y étonnant, il est
toujou après, à les hutanger !
Hutte (Mj.), s. f. — Petite cabane de bran-
chages dans laquelle se cachent les chasseurs
de canards sauvages. — V. F. Lore IL |1 A la
hutte. (Z. 141, Tr.) Dans l'obscurité. S'emploie
pour : A tâtons.
Huttier (Mj.). — \'. Hutte. .
Hist. — « Les huiliers viennent amarrer leurs
toues à la tête des souches. Ils bâtissent là un petit
abri de branchages et de roseaux, où ils passeront
de longues journées, des nuits qqf., surveillant les
canes qui servent d'apf)eaux. » (Anj. Hist., 2" an.,
p. 579.) V. F.-Lore, ii.
ISutu-Batu. Pour : Hurluberlu, Estuberlu
(Po.). — Personnage ou idée fantastique...
(MÉN.).
Huy, adv. de temps. Pour : aujourd'liui.
Iluyau. Pour : tuyau.
Huyer (Lg.), v. a. — Rassasiei- jusqu'au
dégoût. Ex. : Les bêtes finissent par se huyer
des choux.
Et. — Pour Œiller. doubl. de Ouillere^ de AvouiU
1er, avec prosth. de l'h aspiré.
Huyooo. Interj. pour diriger un cheval à
droite. Cf. Hue-oh, Hueau, Huooo, etc.
Hyacinthe (Mj.), s. f. — Jacinthe. — h
muet, 2 syllabes. — Pat. norm. Guiacinthe.
Hydrie. — Sorte de vaisseau. Cruche à
mettre de l'eau.
Bo'JRniGNÉ. dans sa Chronique d'Anjou, en la
vie de René. Roy de Sicile, au f" 173, v" : « .\ussi
donna-il l'une des Hi/dries, esquelles. aux'nopces,
en la Channe de Galilée, Nostre-Seigneur; mua
l'eau en vin : laquelle est gardée en grant rêvé-
488
HYME - IDÉE
rence. » — Rab., 4, 64 : « Flaccons, tasses, hanaps,
bassins, hydries. « Ménage ajoute : « Ce mot,
d'ailleurs, est encore aujourd'huy en usage à
l'église cathédrale de la ville d'Angers. » — Du
grec.
— « Là où se voit Vhydrie
« De chez l'Architriclin,
« Où Christ, devant Marie,
« Change l'eau en bon vin. ->
(Noiis ang., Venez à St-Maurice.)
Hynie, Hime (Mj.), s. f. — Hymne.
Hist. — Plusieurs himes patriotiques ont été
répétées, à la suite duquel on a remarché en le
même ordre au bout occidental du bourg..., où
d'autres hismes ont été pareillement répé/r-s. (Rap-
port de Gourdon, administrateur de Beau-Site :
Revue de V Anj., t. LIV, 321.) — On dit : Yhyme
russe.
Hyiupothiijiier (Mj., By.), v. a. — Hypo-
théquer.
Et. — De deux mots grecs : mettre sous, mettre
en gage.
OBSERVATIONS
Prononciation. — Très long dans certains
mots où il est plutôt bref en français. Par ex. le;
infinitifs de la 2» conjugaison, où l'on supprime tou-
jours l'r final : courî, mentî, etc. — Ainsi désignés :
couri o, menti °.
Permutation. — I devient E ; déligence, bé-
tume, cémetière. — Ei ; ckeveilie, feille, fourneille. —
Pour la terminaison iau, au lieu de eau, V. eau,
observations à la lettre E.
I remplace a et ai : 1° dans tous les prétérits ; je
tombis, il changit ; 2° dans un grand nombre de
mots : igneau, iragne. Il remplace E dans : licher ;
Ei ; dans pigner, tiller.
I remplace u ; liméro, lindi, himeur, in, pipitre
(numéro, lundi, humeur, un, pupitre).
Addition. — Pour donner à certains mots une
prononciation mouillée et plus adoucie, on les fait
précéder d'un i : ielle, ieux, ieun, ieune.
Eeenthêse. — I s'intercale dans : créiaturey
agreiabe (agréable).
Aphérèse. — I se supprime parfois entre deux
voyelles : Crayon devient Créon ; bruyère, bruèrc ;
perrer, pour pierrer ; et même ailleurs ; clar, pour
clair.
Groupes de lettres. — le devient ée ; compa-
gnie, compagnée ; 1er devient oué ; encherrier,
encherroué. Les verbes en ier font cet infinitif en er ;
bénéficer, officer.
In est remplacé par e dans Installer, qui devient :
estaller. Et, au contraire, in remplace e dans édu-
quer, essentiel, qui deviennent : induquer, insen-
tiel. — In devient un dans : pruntemps, juun, pour :
printemps, juin.
Iste devient isse dans : buralisse, ébénisse,
modisse, etc.
I. — (Mj.), pron. pers. — Lui, à lui, à elle.
Ex. : Vous i direz. Pour illi, ou /i = gui. —
Cf. Jaub. — Le fémin. est a, dev. une cons.
et aile dev. une voy. — Le plur. ils, devant
une cons. se réduit de même au son i, i vont,
i courent. Mais, dev. une voy. la lettre 1 repa-
raît, et la lettre s est éliminée : le tout par
euphonie : il arriveront. Trompé par la pro-
nonc, on a écrit y pour il et ils. || Employé
dans le corps des phrases exclamatives à
toutes les personnes : J'suis-t-i content !
Vous avez-t-i bonne mine ! i| By. — Lui se
prononce lî. — C't'afTair'là (cet objet-là) est
à II et pas à lé. — Mais on dit : Vous z i direz,
ou vous illi direz. (On dira aussi : C'est à
ielle ; toujours au pluriel : à ielles, et : Vous
Ieux direz, ou vous leuz-z-t direz (à eux ou à
elles).
lavard (Z. 121), s. m. — Lézard vert.
Iau, s. f. — Pour Eau. — Peut s'écrire leau,
iaue. Il Faire de Viau, — laisser pénétrer l'eau,
en parlant d'un tonneau, d'un bateau. ^^
Eau.
Hist. — « De la bénite iaue. « (Froissart.). —
Se trouve souv. dans le lang.des paysans de Molière.
Ichelette (Mj.), s. f. — Xom d'une ancienne
espèce de poire. V. Monte -ichelette.
Icit". Pour ici, ci. — CL pour ce t final, JeuC
Marcif, TabaC. Fx. : Dans ce temps icit ;
dans ce moument icit'. jj By. — t final très
rarement sonore.
Et. — Ecce hic, — vois ici. — Hist. « Le curé
de Pantin, à une lieue de Paris, pria les marguilliers
de sa paroisse de luy laisser faire l'inscription d'une
verrière qu'ils avaient fait mettre à l'église, et,
après avoir rêvé longtemps, il fit ces deux vers :
« Les marguilliers de Sainte-Marguerite
« Ont fait bouter cette verrière ycite. »
(Tall. des Rèaux. — De Montesson.)
— « Je concluds donc, en cest endroit icy,
« Que je suis plus mallade que vous n'estes. »
(G.-C. Bûcher, 67-117.)
— « Paings en ton fronc et sourcilz long fendu
« Ces mots icy : Je suys de tel nature. »
(Id. — 189-193.)
— « Mes pleurs, hélas ! estaignez, sans demeure,
« Le feu qui m'ard en cest endroit icy. »
{Id., p. 233.)
— « Lors Luce dist : Estaignez la chandelle,
« Ma sœur Gylon, que ces puces icy
« Ne voyent plus. Vêla plus grand cautelle
« Qu'en Gylon n'a d'amoureuse mercv. »
{Id.,' m.)
— Employé ainsi par Régnier, Descartes,
Pascal. — Au Canada, les habitants d'origine fran-
çaise ont conservé cette locution : ici, pour -. ci.
— « Les Bourgeois de Chartres
« Et ceux de Monlhéri,
« Menez tous grande Joie
« Cette journée ici,
« Que naquit Jésus-Christ. »
NoHs angevins, p. 63.
Icoii, Iquclle (G.), pr. pers. — Lui, elle ;
icelui, icelle. CL Quiô, quiou, quelle.
Idée (Mj., Lg., By.), s. L — Avoir dans son
idés de — être résolu à. V. Toupet. || Petite
lELLE — ILAIS
489
quantité. Ex. : Sa robe est eine idée, eine
petite idée trop longue. Cf. Brin, Soupçon,
Scrupule, Larme, Goutte, etc. || Passer par
Vidée, — sortir de la mémoire, être oublié. |(
Attention, application. Ex. : Il n'a point
Vidée à ce qu'il fait. || Intention. — Ex. :
A n'a point Vidée au mariage. || Esprit,
intelligence : Il n'a point d'idée. || Avoir
bonne idée de : Ex. : Il avait ben bonne idée
de ben faire. || N'avoir pas ses idées à soi, —
être un peu fou. On dit aussi : N'avoir pas sa
tête à soi.
Et. — I.at. Idea, du grec idéa, du v. eïde'n,
voir, lequel est le même que le lat. videra, de sorte
que c'est le fait de la vision qui a fourni, par figure,
la dénomination au fait intellectuel.
lelle (Mj., By.). — Pron. pers. Elle. Cette
forme est le cas régime du pron. A, Aile,
c.-à-d. qu'elle ne s'emploie que comme com-
plément d'un verbe ou d'une préposition. Ex.:
Aile a tombé en faisant sa folle ; c'est ben fait
pour ielle. — Le plur. est leules. Ex. : Ailes
ont dai-..é à l'assemblée ; j'aurais pas cru ça
de ieules. — Corr. du mot fr. A rapprocher de
leun, leux (By.) « A sont trop liarguégnouses,
n'y a gens de s'entendre avec ieules. — Cepen-
dant cette forme s'emploie aussi comme sujet
à la fm d'une phrase elliptique. « Sa sœur
n'est pas près si jolie comme ielle. » || By. —
Ielle, ielles ; ieulle, ieuUes ; ieux, pour : elle,
elles, eux.
len, pr. hi-an. Lui-en. Ex. : Donne ien-
Mieux. Donne i-en ; donne-v- en ; gui, illi en
(By.).
leii, ieue (.Mj., By.) Part. pas. du v. être-
Eu, eue. Ex. : Il a ieu tort. V. Yu.
IeuUes. — Pron. pers. féni. plur. Elles. \'.
Ielle, Ëulles.
leun, ieune (Mj.). — Adj. num. et pron.
indéf. Un, une. S'emploie 'exclusivement
lorsqu'il n'est pas accompagné d'un nom.
V. Ein. K J'en ai ieu ieun qui pesait ein cent.
Il Ne pas en dire ieune, — ne pas soufïler mot.
Il leun par ieun, — \m à un. Syn. et d. de Yin.
Il By. — Ieun et lein ; ieune et ienne (cette
forme-ci plutôt).
Ieux (Mj.). — Pron. pers. masc. plur. —
Eux. Ex. : C'est tonjours ben ça ieux que je
vois lâ-bas. — Corr. du fr. V. IeuUes.
lèvre (Li., Br.), s. m. — Lièvre.
Igné. — Terminaison d'un grand nombre de
noms de lieux en Anjou, Martigné, Contigné,
Erigné. On serait porté à la tirer du lat. ignis, feu.
Et, en eiïel, igné est un adj. q. très usité. On dit :
des phénomènes ignés (gn dur),, couches de ter-
rains de formation ignée, par oppos. à aqueuses.
Mais il faut renoncer à cette explication. Igné
vient d'une terminaison lat. iacum, qui affecte à elle
seule une vingtaine de noms les plus anciens. File
représente un suflixe celtique qui a servi pour la
composition au moins jusriu'au \iV s. de notre ère,
de sorte que ce suffixe a donné naissance à une infi-
nité de produits hybrides par son union avec des
radicaux latins, et plus tard, avec des noms ger-
maniques. Le iacum avait une signification si
claire que les scribes l'employaient à la place des
mots « villa » (a formé environ mille mots géogra-
phiques) et « curlis " (cour de ferme, enclos pour
les bestiaux, puis fermes, châteaux bîtis par des
colons romains dans les provinces de l'empire, puis :
cour, palais ; des centaines de composés». —
COCHERIS.
Ia~us, suivant les régions, s'est transformé en :
ay, at, ac, ais, az, eat, e, c, et, ieu, ieux, ey, ier, in,
oy, ye, y, is, iers, ié, ai, an, oux.
De sorte que, par ex., Martigné signifie : le
domaine de Martin ; intoign", le domaine d'An-
toine.
Igneau (Fu., By., St-P., Segr., Mj.), s. m.
— Agneau. Ce mot a vieilli à Mj., mais il est
toujours usité à St-Paul et aux environs.
Syn. et d. de Aigneau, Zegnâ, Gnâ. \\ V.
Chambe. \\ Chl. — Morve au nez qu'ont par-
fois les enfants. Syn. et d. de Gnâ ; syn. de
Chandelle, Cloche, Licoche.
•'ist. :
« Comme un aigneau qui sa nourrice appelle. >
{.I. DU 3ell., Les Regret'!, p. 206.)
« Les aigneaux, les chevreaux et les 'eunes bou-
veaux. »
(/(/., Epigr. pastor., p. 306.)
— « Ces gro.s loups-là s'entendent tous pour dévo-
rer les pauvres igneaux. » (H. de Bat,'.., César
Birotleau, 90.)
Ignelle (Auv., By.), s. f. — Agnelle. — V.
Igneau. \\ (Mj.) Pièces de bois qui se plaçaient
entre le mouton et les carreaux dans les anciens
pressoirs. La chose existe encore dansles nou-
veaux, mais le mot a disparu de l'usage cou-
rant.
BU. — Les ignelles étaient métaphoriquement
les femelles du Mouton.
Ignorumus (Mj., By.). s. m. — Ignorantin.
On dit : Frèie ignoramus.
Ignore (Mj., By.), s. f. — Ignorance. Ne
s'emploie que dans la loc. : Eter en ignore, —
ignorer. Ex. : Moi, je se en ignore qui que c'est
qui l'a fait, si c'est li ou ben ielle. — C'est-
il Pierrot ou Margot, j'en séenignore.X. Igno-
rer.
Ignorer (Mj., Lg., By., St-P.), v. n. — Ne
s'emploie que précédé du pron. en. Ex. :
C'est-il ben vrai? moi, j'en ignore, — c.-à-d.
je n'en sais rien.
Et. — I>at. ignor^re ; de i, pour m privatif, et
d'un rad. iniis. Gnorus, très voisin de Gnarus, —
qui sait.
Il (Mj., By.), pron. pers. — N. L'I final ne
sonne jamais devant une consonne. || Pour :
ils : l's ne sonne pas : // ont dit, il ont couru.
— N. Se supprime souvent : N'y en a pas ;
n'en faut point.
H ist. :
« Je me complains d'un maudit garsonneau
« Qui a cassé mon verre le plus beau . . .
>' Hélas ! hélas ! il estanchoit si bien
« Qui n'y falloit aprez adiouster rien.
(Qui, mis pour : que i, pour : qu'il. — G.-C. Bûcher,
257, ?'»3.)
Hais (Mj.), s. m. — Habitant des îles de la
Loire, ))ar opposition à Champnas, Valléias.
— On dit qqf. Ilicrs ; — pas à Mj.
490
ILLI
INDIEN
un (gui) (Mj., By.). — Pron. pers. — Lui,
à lui. Ex. : Je vas illi dire.
Et. — C'est le vx .'r. Illiiy, du dat. lai. Illi huic-
Ne s'emploie qu au cas datif.
Illy (Mj., By.), adv. — Y, là. Ex. Je iUy
(gui) vas.
Et. — Dér. du lat. Illic.
Im. « Il faut chercher à En (dit le D^
A. Bos) les mots qui manqueraient ici. Im,
graphie savante, est : en, em en franc. Impor-
ter est savant, enporter ou emporter est
popul., et les mots en im, au lieu de en, em,
ne sont pas popul., ou ont été revêtus d'une
graphie savante. »
Imagineur, adj. q. — Se dit en pari, d'un
cheval ombrageux. Il s'imagine qu'une ombre,
une feuille de papier est un danger réel, un
obstacle sérieux. Qqf. Emagineur.
Imbibé, part. pas. — Légèrement ivre.
Imbicile (BL, By., Tr., Zig. 141), adj. q. —
Imbécile.
Imboivable (Mj., By.), adj. q. — Que l'on
ne saurait boire. Syn. et d. de Imbuvable.
Imbougeable (Lg., By.), adj. q. — Que l'on
ne saurait remuer, bouger. Syn. de Inre-
muahle, Imbranlahle. \\ Soûl imbougeable, —
ivre mort.
Imbranluble (Mj., Lg.). — Prononc. im-
branlabe, (la terminaison ble se prononce
be ; capabe, etc.), adj. q. — Complètement
ivre. Ex. : Il est soûl imbranlable, ou, absolt. :
Il est imbranlable. Syn. de Paf, Rond, Plein,
Incendié, Verzelé, Inremuable, Imbougeable.
Et. — Du préf. in, négat., et du fr. Branler.
Littéralement : Qui ne peut bouger.
Immanquable (Mj., By.). — Im, nasal ;
ein. — adj. q. — Immanquable. || Adv. Im-
manquablement. Ex. : Il va se faire baiser,
im-manquable !
Immédiat (Mj., By.). — Im, nasal ; ein.
aj. q. Il Adv. pour Immédiatement. Ex. Je
illy (gui) vas immédiat.
Et. — In, privât., et médius, moyen. Donc :
qui est sans intermédiaire.
Immédiatement (Mj., By.). — Im, nasal,
ein. On dit le plus souvent, et inséparable-
ment : Immédiatement tout de suite.
Imparceptible (Mj., By.), adj. q. — Imper-
ceptible.
Impenaillé (Lg.), adj. q. — Loqueteux, en
haillons. Syn. de Guénilloux, Emeillaudé,
Gueneillé.
Et. — Pour Empenillé, dér. de Penille.
Implantcuse (Ag.), s. f. — Ouvrière qui
plante les cheveux postiches dans le canevas
des perruques — ou dans la cire des Têtes de
rire des coiffeurs.
Hist. — A. D.... coiffeur..., et L. P...,
iinplanteuse. (Publication de mariages) Ang. dr
Paris, 29 septembre 1907, 3, 3.)
Impopompe (Mj.), adj. q. — Gauche, mala-
droit, balourd. |1 Ag. — Maladroit de ses
mains. 1| Ec. Impopondre. i Syn. Podagre.
Imporvue (à 1') — (P. C), adv. — A l'im-
prévue.
Hist. — Montaigne disait : à l'improveu. —
Improcuratus : « Comme le suppliant impourveu
de conseil eust appelle en nostre cour de parle-
ment... » 1370. D. C.
Impossible (Mj., By.), adj. q. || s. m. —
L'impossible, une quantité incroyable. Ex. :
Y a V impossible de mêles cette année. || C'est
à r impossible, — c'est impossible.
In ' • — « Cherchez à En, dit le D' A. Bos, les
mots manquant. La prép. lat. in, im, devant b, p,
m, est en, en fr., aussi bien isolée qu'en composi-
tion. In, im est une graphie savante et relative-
ment moderne, comme Intention, pour Enten-
cion.
« Même observ. pour le préf. nég. in. Inimicum
a donné régulièrement Enemi, Ennemi, Anemi.
Inimitié est un mot savant ; la forme popul. est
Enemistié, Anemistié. D'ailleurs, la plupart de ces
mots avec In, nég., n'existaient pas dans les pre-
miers siècles de la langue ; « mais covient per cor-
ruption et per diseite des mots fransois, dire lou
romans selonc lou latin, si con : iniquitas, « ini-
quiteit. » (Prolop^ue du Psautier de Metz, xiv« s.)
In -, Ine (Lg.), art. ind. et adj. num. — Un,
une. Syn. et d. de Ein, Y in, leun.
Hist. — « Le vieux Vendéen... ne manquait
jamais de conclure par ces mots : Ah ! man
pauvre gâs ! la douleur en fait faire de pu? à.' ine
manière ! » (H. Bourg., Hist. de la G. Guerre
p. 27.)
Incamo, s. m. — Chimère. Se mettre des
incamo dans la tête (Segr.). Mén. Cf. Micâ-
meau.
Incarculable (Mj., By.), adj. q. — Incalcu-
lable. Cf. Carcul, Carculer.
Incendie (Mj.), s. f. — Ex. : Illy a ieu eine
fameuse incendie, je vois ben.
Et. — In, en, et cendere, qui tient à candere, être
blanc, brillant, très chaud.
Incendié (Mj., By.), part. pas. — Fig. Très
ivre. Syn. de Paf, Rond, Verzélé, Plein,
Imbranlable, Inondé (ce qui est curieux).
Incmoder (Mj.), v. a. — Incommoder,
gêner. Cf. Racmoder.
Inconcevable (^Mj., By.) — adj. qua. Cf.
Concevoir. — Qqf. le bl est mouillé, ce qui
arrive pour cette terminaison ble.
Incrayable (Mj., By.), adj. q. — Incroyable.
Cf. Craire, Crai/anl.
Indécence (Mj., By.), s. f. — Remplace le
mot cul, dans le langage des pécusses : « Une
indécence de veau. » Le boucher comprend.
Indécis, s. m. — Indécision. Ex. : J'sé dans
V indécis de vendre mon viau. Cf. Décis (en)
Il By. — Endécis.
Indien (Mj., By.), s. m. — Individu, Qui-
dam, en mauvaise part. Ex. : Je n'ai jamais
vu ein indien si sot. V; Chrétien: — On dit de
INDIFFÉRER — IXTERBELLIR
i91
même en fi'. Iroquois. — Syii. de Cadet, Client,
Citoyen, Type, Gibier, Paroissien.
Indifférer (Ag., Cho.), v. n. — Etre indiffé-
rent. Ex. : Ça m'indiffère.
Indigession (Mj.), s. f. — Indigestion. Di
= gui.
Indigne (Mj.), adj. q. ^1 Affreux, horrible.
Ex. : Aile est indigne, avec sa robe varte ! —
Impossible de sortir, les chemins sont indignes.
Indomptable (Mj.), adj. q. — On fait
sonner fortement le p. Cf. Dompter.
Inducation (Mj., By.), s. f. — Education.
Ex. : J'ai point ieu à' inducation, moi ; mon
père ne m'a point acheté d'esprit'.
Induces. — ? — Vieux mot angevin.
Hist. — « ... Habitans d'Angers, et de présent
à la campagne, en cette paroisse, et y passant les
induces. » (Montjean. — Inv. Arck., E, S, s.,
t. III, p. 446, 2, h.) Trêve, armistice ?
ludiilgencier (Mj., By.), v. a. — Bénir un
chapelet, en y attachant des indulgences.
Et. — liât. Indulgere, accorder.
Induquer (Mj., By.), v. a. — Eduquer.
Infarnal (Mj., By.), adj. q. — Infernal.
Intatiquable (Mj.), ti = qui ; ble = bye, adj.
q. — Infatigable.
Infect (Mj.), adj. q. — Abominable, odieux,
indigne. C'est infect, c'que t'as fait là.
Infecter (Mj.). — Pour Infester. Confusion
de sens.
N. — « Il ne faut pas confondre Infecter avec
Infester. 1>a Fontaine et Buffok ont commis cette
faute. — Infecter, imprégner d'émanations
puantes (infect, de inficere, proprement .- teint,
imprégné de ; in — facere, faire dans, mettre dans.)
— Infester, de Infestare, qui se décompose en :
In — festus, heureux, propice, — ou de : Infensus,
infenstus, de infendere, attaquer ; in — fendere,
tourmenter par dos irruptions.
Infection (Mj.), s. f. — Abondance, grande
quantité. Se prend le plus souvent en mau-
vaise part ; mais aussi, par ext., en bonne
part. y. Infecter. Syn. Confusion.
Infectionner (Mj.), v. a. — Infecter. || In-
fester. Dér. du fr. Infection. Cf. Démolitionner,
Inventionner.
Hist. — « Par sa fumée et évaporation elle
■nfectionne l'air. » (Rab., P., iv, 26, 40.3.)
Inférieur (Ag., Cho., By.), adj. q. — Fig.
Indilïéreiit. Ex. : Ça m'est inférieur. Syn. de
Equiangle, Equilatêral. || De médiocre qualité.
« Voilà du vin qui n'est point-z-m/é/-te»v. »
Influencer (s') (Mj., By.) v. réf. — S'affecter.
Ingénie (Lg., T. le M.), s. m. — Intelligence,
ingéniosité. Ex. : Les maçons de l'ancien
temps, ils n'avaient point d'ingénié. — Syn.
de Gingii). Lai. Ingenium.
Ingence, s. f. — Engeance. Se dira d'un
enfant turbulent. Se trouve dans La Fontaine.
Ingle de chat, s. m. — Ongle de chat. V.
Mâche.
Ingrat (Mj.), adj. q. — Peu usité dans le
sens du fr. I| Inhumain, barbare. Ex. : Il se
paraît que c'est un coureux qui l'a moitié tué.
Faut être ben ingrat, tout de même !
Injusse (Mj.), adj. q. — Injuste. Cf. Trisse.
Innianquable (Mj.) V. Immanquable.
Innia (Mj.), s. m. — Zinnia, plante
d'ornement.
Et. — Ce mot, tout naturellement, est d'impor-
tation récente, comme la plante même, et, déjà,
notre patois l'a travaillé à sa façon. La plupart des
gens croient de bonne foi qu'on doit dire : Ein
innia, puisqu'on dit : Des (z) innia. On saisit là sur
le fait ce mode de corr. des mots, qui nous a donné :
Zyeux, Labbé, etc.
Inondé (Mj., By.), part. pas. et adj. q. —
Très ivre. V. Incendié. Souvent : Innondé.
Inonder (Mj., By.), v. n. — Etre inondé.
Ex. : Velà l'eau qui est ronde-, j'allons inonder
encore eine fois. Parfois : Enonder.
Inquemoder (By.), v. a. — Incommoder.
Inrac(oni)niodable (Mj., By.), adj. q. — Que
l'on ne saurait raccommoder. V. Raquemoder.
Inreniuable (Mj., By.), adj. q. — Que l'on
ne saurait remuer. || Soûl inreniuable-, ivre-
mort. — Syn. de Imbranlable, Imbougeable.
Insarvab'.e (Mj., By.), adj. q. — Qui ne
saurait servir, inutilisable.
Insensé (Mj., By.), adj. q. — Incroyable,
invraisemblable.
Insensiblement (Mj., By.), adv. — Fina-
lement, en fui de compte.
Insentiel (Mj.), adj. q. — Essentiel. Ex. :
Le pus insentiel de tout, c'est de n'être point
malade.
Inservable (Lg.). — V. Insarvable. Cf. Ser-
vable.
Insoufirable (Mj., Lg., By.), adj. q. —
Insupportable, intolérable. Se dit des pers. et
des choses. Syn. de Souverable.
Hist. — M Et comme tel visce soit à Dieu com.me
insouf^rable. » (Christine de Pisan. — L. C.)
Installement, s. m. — Installation.
Insunifîant (Mj.), adj. q. — Insignifiant,
sans valeur, sans intérêt. Cf. Sunifîer.
Insuparable (Mj.), adj. q. — Inséparal)le.
Intardir" (Mj., By.), v. a. — Interdire. Cf.
Maudir".
Inlaresser (Mj., By.), v. a. — Intéresser.
Infarêt (Mj., By.), s. m. — Intérêt. |! Ladre-
rie, avai'ice.
Iiitarmittent (Mj., By.), adj. q. — Inter-
mitli'nl. \. On n'appuie pas sur les deux tt.
Intention (Mj., By.), s. f. — Attention. N.
Beaucoup de gens confondent ainsi les deux
mots.
Interbellir (Ti., Zig. 20.3). v. a. — V. Intet-
bolir.
492
INTERBOLER
ITOU
Interboler (Sa,), v. a. — V. Interholir.
Interbolir (Mj., Sal.), v. a. — Interlo-
quer, troubler, interdire. || By. — Intar-
bolir. — Intarboélir, li. || Du lat. In -)- tur-
bulare'.
Interbolisc. — V. Inlerboli.
Intérêt (Mj., By.), s. m. — Ladrerie, ava-
rice. Ex. : U intérêt le mange. V. Intarêt.
Et. — L. Interest, 3'' p. s. ind. prés., de Intér-
esse, il importe. — Le fr. a donné au mot lat.
l'acception de ce qu'il importe d'éviter, dommage,
préjudice, et, chose remarquable, l'historique de ce
mot prouve qu'il joue facilement entre Dommage et
Dédommagement : de là le sens particulier de
Profit retiré de l'argent et de : Dédommagement
accordé par la justice.
Interpide (Mj.), adj. q. V. Intrépide.
Interrompre (Mj., By.), v. a. — Inter-
rompre de, — déranger de. Ex. : Je sais pas
que faire qu"il est venu m'' interrompre de mon
travail.
Interrupter (Ag.), v. a. — Troubler dans
la jouissance d'un acquêt.
N. — Ce mot est de la langue barbare des chi-
canons angevins du xviii' s. — Dans une reque^te
présentée le 17 avril 1778 à M. le lieutenant géné-
ral de la sénéchaussée d'Anjou par Alain, procu-
reur des dames religieuses du couvent de Sainte-
Catherine en Saint- Laud, contre le sieur Michel
Boucler, marchand-boucher à Montjean (pièce que
je possède), il est dit : «Les suppliantes furent ins-
instruittes que Boucler avait vendu certains héri-
tages au sieur Comte de Serrant, l'année 1775, pour
une somme de douze cents livres. Les suppliantes
prirent le party de faire interrupter ledit sieur
Comte de Serrant par exploit du 7 mars 1776. » (R. 0.)
Intrépide, adj. q. — Ladre, avare. || s, m.
— Pincemaille, âpre au gain. — N. Ne s'em-
ploie pas dans le sens de Brave. (Du lat. Qui
ne tremble pas.)
Invaille (Chpt.), s. f. — Le brouillard. Dou-
blet de Aivail. ii Sal. — Rosée du matin.
Inventaire (Mj., By.), s. m. — Le bien
laissé à un mineur par ses parents. Ex. : Aile
est pour être ben ; son père illi a laissé un bon
inventaire. Souvent : Eventaire.
Et. — L. Inventarium ; de : invenire, trouver.
(Cf. Invention.)
Inventer (s") (Mj.), v. pron. — S'aviser.
Ex. : Il ne s'invente de ren.
Inventionner (Mj)., By,) v. a. Inventer.
Il V. réf. — Inventer de, s'ingénier de, ima-
giner de. Cf. Démolitionner, Injectionner.
Inventionneus, euse (Mj., By.), adj. q. —
Inventif, ingénieux.
Invitant (Mj., By.), adj. verb. — Qui
invite volontiers.
lot, lot (Sp.), s. m. — Cale. Ce qui sert à
caler un meuble.
loter (voté) (Sp.), v. n. ■ — Etre d'aplomb.
être posé carrément sur ses pieds, en pari,
d'un meuble. |1 Ne pas chanceler, en parlant
d'un homme. Cf. Yoter, Aloter.
lou ! (By.), interj. — Se dit pour exciter
les chevaux attelés.
loù, adv. où. — Là ioù = là où. — Là ioù
qu'il est allé? J'en ignore.
Ipécacouêna (Mj.), s. m. — Ipécacuana.
Ipoppondre, s. m. — Hypocondriaque. ||
Paralytique. || Maladroit, 'inactif. T'es là
comme ein ipopondre. Y. Impopompe, —
pondre.
Iragne, Irsigne (By., Sal.), s. f. — Arai-
gnée. Il Li., Br., Fu. — Crochet de fer à plu-
sieurs grifTes pour retirer les seaux du fond
d'un puits. Y. Irain.
Iraignée (By.), s. f. — Araignée. Cf. Iragne,
Iraigne, Iranselée, Irantaigne. Syn. de Irain,
A irgné.
Hist. — « Item, je laisse aux hospitaux
« Mes cliâssis tissus à'iraignées. »
(Villon.)
Irain (Mj.), s. f. — Araignée, annelé. i|
Crochet. V. Iragne.
Et. — Corr. du vx fr. Aragne, lat. Aranea. Pour
le changement de l'a en i, cf. Igneau. Doubl. du fr.
Erigne. Syn. de Airgné. — Irain est pour Iraingne
ou Iraigne, qui se disent aussi. Le vx fr. avait
Araigne. Breton : Iraignen. — Voir la citation à
Hiraigne.
Iranselée-celée, s. f. (Chai., Li., Br., Mj.,
Sal.), s. f. — Toile d'araignée. Du lat. Aranea
tela. V. Les mots précédents. Syn. de Iran-
teignes. — Cf. Ancelée, Jaub., Suppl.
N. — Se rappeler que le sens primitif de : arai-
gnée était : toile d'araignée.
« Ne saurait-on ôter toutes ces araignées ? »
(La Font., L'œil du Maître.)
Irant, 3^ pers. plur. de l'ind. fut. du v.
Aller. Aile irant et aile revenirant, — elles
iront et elles reviendront.
Irantaigne (Pell., By.), s. f. — Syn. de
Iranselée.
Et. — Ce mot est pour Iranteilies (aranea tela),
par confusion des doubles consonnes mouillées-
Cette forme est la meilleure confirmation de
l'étymol. donnée à Iranselée.
N. — Jaubert, à Iragne, dit que, d'après le
Dict. de Trévoux, Irantaignes ne se disait plus en
Anjou. J'affn'me que le mot est toujours en usage
à Pellouailles et à By., etc. — Cf. jAL'B.,àArantèlc.
V. Hiranlaigne.
Iris-gigot, s. m. — Iris fœtidissima, à odeur
d'ail.
Isc. — Prononciation vicieuse, mais habi-
tuelle, de la lettre x. (By.).
Islenne. — Petite île. Grosse toufïe d'herbe
(MÉK.). Syn. Busson.
Isse. — Terminaison pour Isme, Iste. —
Sinapisse, catéchisse, Rhumatisse. — Ebé-
nisse (Mj., By.).
Istraël (Mj., Lg., By.), s. m. — Israël.
îstraélite (Mj., Lg., By.), s. m. — Israélite.
Itou (Sp., Mj., Lg., By.), adv. — De même,
ainsi, aussi. Ex. : Tu vas faire la marienne, et
lUX — JACQUIXE
493
moi itou. Ce mot a vieilli et ne se dit plus guère
qu'en plaisantant.
Et. — Le même que l'a. f. Itel, qui vient de Hic,
ce, et Talis, tel. |1 Mis pour : atou (ad totum), et l'i
est emprunté au vx fr. itel (lat. /Eque talis).
G. DE G. — Y.
lun, adj. num. — Un. V. leun.
Ivier, s. m. — Evier. V. évier.
Ivrê (Lg.). s. f. — Nœuds de rubans que,
au sortir de la messe de mariage, la mariée
donnait autrefois elle-même à chacun des
invités en les embrassant. C'était là Vivre de
la noce. Usage disparu. || P. ext. Cocarde de
conscrit.
Et. — Ce mot est une corr. du fr. Livrée, par
apiiérèse de l'I initial, et confus, avec Ivraie. Cf.
Innia. Availles. V. aussi Jaub., à Livrée. — Lat.
Liberare.
Ivrer (Sp., By.), v. a.
Et. — L. Ebrius.
Enivrer. Il S'ivrer.
Hist. — (( Ceux ont l'âme nlus divine
« Qui boivent l'eau crystalline
« Que Pégas.=e fit sortir,
« Et qui bouillants de jeunesse
« ^'ivrent au cours du Permesse. »
(Amadis Jamyn.)
— « Ces là le reproche que je leur ai fait, disant que
le Comité nété point pour tenir table ouverte à tous
le monde et que ce nété que pour les affer du temps...
et non de ce ivrer. » (iLettre de Denais, commis-
saire des vivres de l'armée chrétienne. — C. Port,
Lég. de CatheL, p. 247.)
OBSERVATIONS
Permutation. — Remplace souvent eh ; J\>al,
J\rux, Ajcier, Huje. — Jiquei, pour : hoquet
(Mj-, By.)
Prosthèse. — .Jaquetonner, pour : haquetonner
Jâ (Lg.), adv. — S'employait autrefois
dans le sens de : Pas, désormais pas. Voici
quelques phrases typiques où on le trouve
ainsi employé, et qui étaient encore sur les
lèvres de qqs anciens il y a moins de quarante
ans. « Faut pas vous amuser à quieu, c'est
jâ vrai, — il ne faut pas vous arrêter à ces
balivernes, ce n'est pas vrai. » — Quelqu'un
que l'on attendait n'arrivait-il pas, on disait :
« Il veut jâ venir, il veindra vanters jâ, — il
ne viendra pas, il ne viendra probablement
pas.
N. — Il faut noter la construction remarquable
de la première de ces propositions. Non seulement
l'adv. ne y est supprimé, mais le futur y est formé
au moyen de l'auxiliaire vouloir. C'est le : he will
not come, angl.
Et. — Lat. Jam, qui est pour : diam, diem, ce
jour, par chute du d initial, comme dans Jovis,
Janus, pour : Diovis, Dianus. — Hist. : Voiture,
cité par Jaub. :
« Quand tel ribaud serait pendu,
« Ce ne serait jà grand dommage. »
.lâbler (Ag., By.), v. a. — Corriger ; frapper,
battre. J'vas te jâbler ! Syn. de Douêner. \\
By. et Jouabler.
Et. — P.-ê. est-ce jâbler, terme de tonnellerie,
faire le jable des douves, la feuillure qu'on fait aux
douves des tonneaux pour arrêter les pièces du
fond ; par ext. et au fig. — « Il semblerait mieux
d'écrire : chai)ler, qui, dans le vx lang., signifiait :
abattre. Chablis est resté dans la lang. forestière. »
(Jaub.) — Se dit surtout de la récolte des noix.
Jabotée (Mj., Lg., By.), s. f. — Le contenu
d'un jabot. Ex. : Les poules s'en sont fait
einc jabotée d'âches. — By. d'âchées.
Et. — Jabot, pour Gibot, d'après Diez, dér. du
L. Gibba, bosse. Cf. Jaloux, pour Geloux ; Aronde,
de hirundo. (Scheler.)
.labotière (Mj.), s. f. — S'employait autre-
fois, dans la loc. : Chemise à la jabotière, —
chemise à jabot. L'expression a vieilli.
Jâcole (Ag., By., Mj.), s. f. — Courroie ou
corde passant sur le cou et sur les épaules —
ou une épaule — et soutenant par ses extré-
mités les mancherons d'une civière, d'une
brouette. V. Lace.
Et. — Cf. « Vercolenum, Bricolle. « Icellui var-
let se ferma une corde au col en manière d'une
Vercolle, pour soustenir le limond dudit demy
char. Pendant qu'ils tiroient et halloient à Ta
Vercollel. . » (1460. — D. C.) — Mais ce n'est pas
notre mot, si c'est le même sens. — Inventaire :
« 4 jacoles à porter le dais. » (Abbé Bretaudeatj,
p. 284.) — Les écoliers, petits et grands, transpor-
taient leur collation quotidienne dans un sac
appelé : pochet, soutenu par un cordon passé en
jincole, c.-à-d. en bandoulière sur l'épaule et sur la
poitrine. » {La Trad., p. 82, 1. 2.)
Jaquedale (Mj.), s. m. — Jacquot, Pierrot.
S'emploie comme désignât, ou appellat.
vague, mais toujours ironique. Syn. de Frise-
poulet, Jacquot- pignard.
N. — « Prétentieux, pédant. (Dottix.) — Petite
fille qui veut se mêler de tout ; pédante. (De
Moxtess.)
Jacqucdar (Chpt.), s. m. — V. Jacquedale
et Jaquedale. On dit : Jacquedar, qui mène les
poules pisser.
Jacqueline s. m. — « Martinet en cordes
ou en lanières. Serait-ce en souvenir de l'asso-
ciation des paysans révoltés en Picardie, en
1358, pendant la captivité du roi Jean, dans
le but d'exterminer les nobles? — Vx fr.
jaque, corset (Mén.). — Sans doute du fém.
Jacques (Mj.), s. m. — Faire le Jacques, —
faire le Gilles.
N. — Dans cette locul., mais là seulement, l'a
de Jacques se prononce très bref. — Forme vulg.
de Jacob. — « Le pendart, il fait Jacques Déloges,
c.-à-d. Jacques déloge, — c.-à-d. il s'enfuit. »
(Comédie des Pro^>erbes. — L. C.)
Jacquine (Mj., By.), s. f. — Dimin. famil.
JACQUOTEAU — JALOUSIE
de Jacques, employé comme prénom fém. —
Très commun autrefois ce prén. a vieilli. Fr.
Jacqueline.
Hist. — « Et est décédée ladite Jacquine Allayre
ledit jour. » (1606. — Inv. Arch., E, ni, 42.5-6.)
Jacquoteau (Mj.), s. m. — Interpellation
ou dénomination ivonk[ue.\.Jacqiiot-pignard.
iî Quidam, individu quelconque. Ex. : C'est
chouse, Jacquoteau, qui a dit ça.
Jacquot-pignard (Mj.), s. m. — Interpella-
tion ironique que l'on adresse surtout aux
enfants, aux gamins : Te velà, té, Jacquot-
pignard. Cf. Jacquoteau. V. Pignard.
JafBer, s. m. (Li., Br.). — Fumier, ordure.
Cf. Maffier. \\ Ag. — • Gourme. — Jeter son
jaffier, — se dit, au sens propre, de l'écume
produite par une oie mise au pot ; au fig. : Un
jeune homme qui s'amuse et fait qqs sottises,
jette son jafTier. j| By. — Une femme, en
faisant son ménage, a réuni en tas quelques
« saletés », quelques « bourriers » ; en faisant
sa cuisine, elle a laissé des épluchures : « Ah !
quel jaffier ! — Va donc jeter ton jaffier sus le
fumier. — Les lumas qu'on ébigorge jettent
leur jaffier.
Jagnerotte Janerotte. — Œnanthe. V,
Cochet -mitrouillet. (MÉx.). — Lathyrus tube-
rosus (Bat.). Cf. Jaugnerotte.
JâgDoter (Sp.), v. n. — S'épuiser en efforts
réitérés. Ex. : J'ai pus jâgnoté pour ouvrir la
porte ! Syn. de Odigner, Jaspiner, Jarnusser,
Bédasser, Biganer.
Et. — Vient probablement de Jagne (v. Jaub.),
qui est une contract. de Géhenne, fr. Gêne. Donc,
Jâgnoter serait pour Gègnoter, dim. de Gêner. V.
Jagner, id.
Jagoin (Sa., By.), s. m. — Jargon, bara-
gouin. Syn. de Maragouin.
Hist. — « Varro. — Quoi, belle dame, qu'est-ce
que coquebin? — Sœur Jeanne. — Ce que les Tou-
rangeaux appellent coquebin, les Angevins le
nomment jagois, et, à Paris, les femmes le huchent :
bringuenel. » (B. de Verv., M. de p., i, 100.)
Jagroiiner (Mj., Sp.), Jagrougner, Jagroner
(Li. Br.), V. n. — Maugréer, murmurer. — « Le
patron a jagrouné anuite, — a grondé, ce
matin. || Baragouiner. Syn. de Jargouiner,
Maragouiner, Bamagouiner. Du fr. Jargon,
par métathèse, par ext.
Hist. — « Le voyant et oyant jargouner en son
jargonnoys puéril. » (Rab., P., ni, 18.)
Jagiielier, s. m. — Ajonc.
Hist. — « Et si le genêt se repose, regardez à
côté : c'est que la bruyère est rose, c'est que l'ajonc
est fleuri. Car le printemps ne quitte pas la lande ;
il en fait le tour d'un bout de l'année à l'autre, et
les paysans, qui le savent, avaient coutume de dire :
« A toutes les fêtes de Vierge, le jaguelier fleurit. »
/R. Bazin, Angers et V Anjou, p. 11.)
JîuUe (Mj., By.), s. L — Gadoue, vidange,
poudrette, boue, ordures domestiques. —
Syn. de Pufflne.
N. — Je ne résiste pas au plaisir de citer ici, en
entier, l'article Jau, de Ménage. « On appelle
ainsi un coq en plusieurs provinces de France : et
particulièrement dans le Berri. Théodore de Beze,
dans son « de Francicœ linguae recta pronunci;i-
tione », page 24. « Germani nonnulli pro Ego.
perperam pronunliant Ejo : et pro gallus, jallus.
Unde Bituricenses Jau, pro Gallo, et Ajace, pro
Agace, id est, pica. Et c'est par cette prononcia-
tion que le mot Jau a été introduit dans notre
langue. Gallus, jallus, jau. Nous aurons fait de
mesme en Anjou le mot la ./aille, qui est un nom de
terre : de Gallia. Gallia, JaUia, Jaille. Gallia, c'est
la maison de Gallus et, la Jaille, la maison de Jau.
Nous avons, en Anjou, deux familles illustres du
nom de la Jaille. . ,
Hist. — A l'établissement des boues et immon-
dices de « la Jaille », route d'Avrillé. (Ang. de
Paris, 7 avril 1907, 2, 6.)
Jâilleur (Mj.), s. m. — Vidangeur, gadouard.
Syn. et d. de Jâilloux.
Jâilloux (Mj.), s. m. — V. Jâilleur.
Jalai (Z. 171, Q.), s. m. — Ancienne mesure
de vin. V. Jalayée. \\ Au N. d'Angers, une
jalettée, pour : à pleins bords : « Quée jalet-
tée ! » V. Jallay, jallaye. — Tient p.-ê. à Jède,
Jedée — donc au fr. jatte et p. ê. à Godet. V.
la citât, de Littré à Jalosse.
Jalayée (Z. 171, Q.), s. f. — Le Quincéen
évalue cette mesure à 18 pintes. || By. —
Jalettée, un plein pot, — de lait, par ex.
Hist. — « V» Guedelle : « Icellui Jaquemart dist
au suppliant que il lui devait la disme de trois
jalois de guedelle. » (L. C.)
Jaler, v. a. — Jaler avec une trole, c'est
frapper avec un bois, un fouet, sangler qqn.
(Segr. — MÉX.). Cf. Jâbler.
Jalets (Sep.), s, m. pi. — Grande liliacée
appelée ailleurs Alets et Pirates.
Jallai, Jallaye. — V. Jalai. || Sal. — Forte
seille pour porter le vin nouveau de la cuve à
la barrique.
N. — « Mesure de vin. La coutume de Tours :
Et tiendra chacune pique 36 jallays ; chacune
jallay de 12 pintes. — Celle d'Orléans : Et contient
le poinsson 12 jallayes ; et chaque jallaye 16 pintes. »
(MÉNAGE, qui cite D. C. V" Gallo.) — « Contenu
d'une jale : « Ge donne et laisse à tousjours mes
aux parroissiens afïluans chacun an en l'église de
Juigné au jour de Pasques, une jalaye de vin.
1382. (L. C.) — Jalleata. (D. C.) — Quand j'allais
à Jallais, j'allais à Jallais. Dicton popul. » (Mén.)
Jalle (Ti., By., Lrm.), s. f. — Engelure. V.
Geale.
Jâlonnier (Mj., By.), s. m. — Corde qui
raltache l'extrémité de la seine au morceau
de bois vertical qui la termine. (Poinçonnière?)
Jâlosse (Mj.), s. f. — Fîit à goudron ou à
coaltar.
Et. — Jallot. Baquet dans lequel on coule le suif
fondu et clarifié par l'acide sulfurique. — De Jale,
espèce de grande jatte ou de baquet. Même rac. que
l'angl. Gallon. (Litt.)
Jalousie (Mj., Lg., By.), s. f. — Œillet de
poète. Syn. de Louise.
Et. — Jaloux. L. jelosus, de zelus, zèle. —
Œillet barbu. (Litt.) Dianthus barbatus. (Bat.)
JAMAIS — JAQUETONXER
49Î
Jainais (Mj., By.), adv. — Pas, point ;
négation. Ex. : N'y a jamais (Tamain, — n'y
a jamais moyen, — il n'est pas possible de. [j
s. m. — Ein jamais de temps, — une longue
période, un temps indéfini, très long. Ex. :
A m'a fait droguer ein jamais de temps ;i
l'attendre (Mj., Tlm.). Illy a ein jamais de
temps qu'on ne vous avait point vu, — il y a
une éternité que. . . || C'est jamais vrai ! —
ça n'est pas possible ! Marque la surprise. ||
Au grand jamais, — jamais de la vie (By.). —
Formules superlatives. (Ti., Zig. 203.) Jamati-
du grand jamais. (Mj.), Jamais pour jamais,
jamais au grand jamais. Même sens.
Et. — Jà et mais (niagis), dans le sens de plus-
Jà plus.
Jainbard (Lg.), adj. q. — Qui a de longues
jambes. || V. Cuissart.
Et. — Lat. Gamba, qui est dans Végèce, avec le
sens de : jarret, du grec kampè, flexion, courbure.
Jambe (Mj., By.), s. f. — Ça me fait einc
belle jambe ! — Ça m'avance bien ! |1 Jambes
en manches de veste, ^ jambes torses, de
manière que les genoux soient écartés et les
chevilles rapprochées, comme les ont certains
Dancroches. C'est le contraire des jambes
cagneuses. Cette expression pittoresque est
d'une justesse saisissante pour qui a examiné
la forme que gardent les manches d'un habit
longtemps porté. || Le soulé a des jambes, —
le s. lance à travers les nuages de longs
rayons divergents, que l'atmosphère humide
reflète, formant ce qu'en fr. on appelle une
gloire. Il Fig. Estroppe, corde solidement
fixée par une de ses extrémités à une pièce de
la charpente du bateau, et ayant à l'autre
extrémité une boucle où l'on engageait un
des bras du guindas pour en enrayer le mou-
vement lorsque le mât ou la voile étaient
hissés. C'était un mode d'encliquetage simple
et même qq. peu sommaire. || Jambe de force,
— étai, étançon, arbalétrier, pièce de char-
pente. Il Dans un faux-manche, partie comprise
entre la douille et la poignée la plus rappro-
chée. Ex. : Mon faux-manche a la jambe ti'op
courte. Il Jeter sa jambe au chien, — marcher
en se déhanchant et en lançant la jambe de
côté. Il Jambe à Jules, — tige de bois ou de fer
qui sert à dégager un conduit de lieux d'ai-
sances. — Jules doit bien ce service à Tho-
mas. Il Mj., Lg. — Trouver des jambes, —
s'enfuir, et (p.ext.), être emporté, être volé.
Ex : Mes palourdes ont trouvé des jambes ceté
nuit.
Jambe de bigiie (Lg.). s. m. Individu l)oi-
teux, bancal. Bigue est le doublet du fr.
Bique. Cf. Béguion, Béguette, etc.
Jambe (Lg.), adj. quai. S'emploie avec les
adv. bien, mal. Ex. : Mal jambe, — qui a de
mauvaises jambes, ou les jambes mal faites.
Jambée (Mj.), s. f. Pas. enjambée.
Jambcr (Sp.), v. n. — Jouer des jambes,
arpenter le terrain.
Jambes, s. f. — ""k Lep'chaufournierl^a soin
de garnir les jambes du four en ajoutant des
pierres qui servent de base à la petite voûte.
(MÉx.).
Jambette (La., By., Mj.), s. f. — "Croc en
jambe. S'emploie dans l'expression : faire la
jamheKe, — passer la jambe. || Petit couteau
à manche de bois et à lame arrondie du bout ;
eustache — portant à l'extrémité du manche
une boucle qui sert à l'attacher à une ficelle
fixée à la ceinture du pantalon (Mj., By.).
Et. — Dimin. du fr. jambe. Sans doute parce
que l'instrument est articulé comme une jambe, —
et que, d'ailleurs, il coupe comme un genou (R.O.). —
Le manche des premiers aiïectait la forma d'une
jambe. (A. V.) — Hist. « Pour bailler l'estrapade à
ces vins blancs d'Anjou, qui font la jambette collet
à collet, à la mode de Bretaigne. » (Rab., P., ii,
12, 145.) — « Jehan Robin prist ledit Drouet par
la chevessailie en soy efforçant de luy faire la
jainbete et le faire cheoir. » (L. C.)
Jambeyer, v. a. et n. — Marcher, se pro-
mener ; mesurer une longueur par le nombre
de ses pas. Cf. Jamboyer.
Hist. — « Ceulx qui sont vestuz en chappe de
soye, ne doibvent pas aller, ne venir, jamhayanl
parmi l'église. » {Cérémonial de Saint- Brieuc. —
L.C.)
Jambion (Z. 134, Q., Ag., Sar., Sal., Mj.,
By.), s. m. — Courbature ou fatigue des
muscles du jarret, à la suite d'une danse pro-
longée ou d'une ascension pénible.
N. — « Dv. Gange. V° Cambagno, Cambajonus,
Perna. — Jambon, Chambion. « Toutes les ventes,
tous les chambions des porqz, et toutes les langues
des grosses bêtes, que on tue à Tournus. » (1328.)
— De l'anc. Gaul. chambe, pour : jambe. — « Oïe,
oie ! gémit-il, j'ai les gambillons et mes articula-
tions refusent le service. » (A. Theuriet, Mon
oncle Flo.)
Jamboiinean, s. m. (^tj.). — Filet de porc.
Ce n'est pas le sens du mot fr.
Jamboyer (Mj.). — V. Jambeyer, v. a. —
]\Iesui'er, arpenter par jambées. \\ Sar. — Mesu-
rer un terrain au pas.
Hist. — « Puis se gambayoit, penadoit et paillar-
doit parmy le lict quelque temps. » (Rab., G., i,
21, 40.) — N. La forme employée par Rabelais
tient le milieu entre le pat. Jamboyer et le fr.
Gambader, dont elle a plutôt le sens.
Jappe, s. f. — Avoir de la jappe ; être
bavard. Syn. de Babille, Losse, Fil.
Japper (Sal.), v. n. — Causer. Se dit sur-
tout lorsqu'il s'agit de divulguer des nouvelles
Jaquedale (Mj.). — \'. Jacquedale.
Et. — Le mol pourrait bien être le même que
Joquard, angl. Jackdaw, et avoir désigné primiti-
vement un coq ou un choucas. Cette suppos. est
corroborée par le dipton champtocéiais : Jacquedar,
qui mène les poules pisser. Syn. de Frise-poulet,
Jacqiiot- l'ignard.
Jaqiietoiiiier (Mj., Fu., By.), v. n. —
Bégayer. Syn. de Àlacasser, Bégasser, Cacos-
ser, Bégicer. Cf. Haquetonner. Dér. de ce der-
nier par la transformation de l'aspirée en
496
JARBE DE BLÉ - JARS
chuintante. By. — Plus souvent : Haque-
tonner.
Jarbe de blé, s. f. — Gerbe de blé.
Hist. — « Par vo perdi ge mon froment,
« Ou j'avoie la quarte jarbe. »
(Rom. de BenarU 20425.) — I^. C.
— « Alelmus. . . ducet Monachis partem suam vel
bladi vel jarharum. » (D. C.)
Jarc (Lg.), s. m. — Jars, mâle de l'oie. Sj^n.
de Godard. \\ Laine grossière et entremêlée
de poils rudes et piquants. Syn. de Jars. Poil
de jarc. Cf. Troue (k).
Jardinage (Mj.), s. m. — Produits du jar-
din. Ex. : Vous avez du parfait beau jardinage
V. Jardrinage. Vieilli.
Et. — Du German. — Goth. : gards, maison ;
aha. Karto, gardo ; ail. Garten. Le lat. hortus, le
grec korthoç, le lat. chors, chortis (cour de ferme),
le B. L. curtis ; le fr. la cour, sont de la même
famille. Ce qui corrobore notre opinion sur les
langues sœurs et non pas filles du latin. — liist.
On ne leur osait entamer aucun propos d'amour,
si-non que de mesnagerles, de leurs jardinages, .de
leurs chasses et oiseaux. -< (Brant., i, 110, 33.) —
« Dit la ]\Iesse parochiale, fait le Prône, se retire au
Presbitere, jouit des jardinages, se fait payer des
prémices. « (Coust. d' Anjou, t. II, col. 866.)
Jardiuière (Bh.), s. f. — Courtillière, taupe-
grillon. Par conséquent, syn. exact de Cour-
tillière, qui vient de Courtil. Syn. de Fumerole,
Chien-de-terre, Taupe- jardrinière.
Jardrin (Mj., Sp., Lg., By.), s. m. — Jardin.
Et. — Corr. du mot fr. par épenthèse d'un r,
comme dans le fr. Perdrix, du lat. Perdicem ;
Chanvre, du lat. Cannabim ; Trésor, de Thesau-
rum, etc. Cf. Sardrine, pour Sardine. — Mot
vieilli. — Qqf., l'r remplace un 1 ; coronel, pour
colonel. — Le breton a pris ce mot : Jardrin.
Hist. — « Aveu rendu à la baronnie de Cha-
lonnes. . . par René de la Jumellière, pour son hos-
tel, court, douves, jardrins et cloustures de la
Jumellière. » (1455. Ini>. Arch., G., p. 14, 2.)
— « Je me suis adventuré,
« En noz jardrins suis entré. »
(Chanson du X]'" s. — L. C.)
— « Item une croix, ung calice d'argent doré et
autres joyaux, que aucuns desd. sieurs du Chapitre
avoient caché en un certain endroit du jardrin. »
(Ini'. Arch., G, U, 208, col. 1, 1569.)
— « Estre es jardrins des nymphes Hespérides
« Et ne cueillir nv violettes ny fleurs. »
(G.-C. BrcHKR, 146, 170.)
— « Loin des jardrins, vignobles et vergiers. »
(Id., 257, 244.)
— - « S'ensuit le marchié fait avecques Jehan
Patart et Jehan Gaudin, pour le grant jardrin du
chasteau. » (1453. ■ — Marché fait par MM. de la
Chambre des Comptes d'Angers, pour les jardins du
roi René au château des Ponts-de-Cé. — P. Mak-
cHECiAY, p. 11.) — « Le 6 novembre en la présence
du magister à l'issue des vespres, marchande aux
massons de Turcan la muraille du jardrin. » (1458.
— Inv. Arch., G, 201, 2, m.)
Jardrinage (Mj., St-P., Lg., By.), s. m. —
Culture des jardins. 1| Ce que produisent les
jai'dins. V. Jardinage. By. — Jardrinège.
Hist. — « L'on commençoyst fort à semer
febves, lins et autres légumes de jardrinages. »
/15G4. — Inv. Arch., E, m, 304, 1.)
Jardriner (Mj., Sp., Lg., By.), v. n. et a. —
Jardinai'.
Jardrinier (Mj., Sp., Lg., Lue, By.), s. m.
— Jardinier.
Jargonner, v. n. et a. — Parler confusé-
ment.
Et. incert. — On dit : Le jars jargonne, pour
exprimer le cri de cet oiseau. (Litt.) — 1° Chant
des oiseaux :
— « Il n'y a beste n'oyseau
« Qu'en son jargon ne chante et crie. »
(Charles d'Orléans.)
2 Argot. (Villon.) — 3° Chiffre.
— « Je congnois quant pipeur jargonne. »
(Villon.)
— « Et plus causer et jargonner
« Qu'une vieille qui teille. »
(Basselin.)
Jargoiiin, s. m.. Jargon.
Jargouinement (Lg.), s. m. — Baragoui-
nage. Syn. de Maragouinage.
Jargouiner (Cs., By.), v. n. — Parler en
jargon, jargouin. \\ Lg., v. a. et n. — Bara-
gouiner. Syn. de Maragouiner, Ramagouiner,
Jégronner, Jâgrougner.
Jarnusser (Mj.), v. n. — Maugréer, bou-
gonner. — Meilli. — Grommeler. || Travailler
beaucoup et avec effort. Syn. de Jaspiner,
Jâgnoter, Odigner, Haricoter, Bédasser(hrm.).
— Parler à tort et à travers. Cf. Vernusser.
Jarreter (Mj.), v. a. — Entourer d'une jar-
retière, la jambe, maintenir avec une jarre-
tière, un bas. || By. Jarreteler, se jarreter, —
mettre ses jarretières.
Et. — Jarret. Celtiq. ; bret. Gâr, garr, jambe.
Jarretier (Mj.), s. m. — Jarretière.
Hist. — « Aulcuns des moinetons emportèrent
les enseignes et guidons en leurs chambres, pour en
faire des jartiers. » (Rab.. G., i, 57.) — « Le bon-
heur des Morin était grand ; leurs succès extraor-
dinaires firent dire aux campagnards qu'ils avaient
le Jarretier, c.-à-d. une jarretière qui, selon l'opi-
nion superstitieuse du pays (il s'agit de Voutré,
dans le Bas-Maine), a la puissance de rendre invul-
nérable et donne une puissance surnaturelle. "
(Deniatj, VI, 222.) — N. Nous n'avons pas connais-
sance que cette croyance existe en Anjou. — Pat.
norm. Guerquier.
Jarreture (^Ij.), s. f. — Ligature qui em-
brasse et réunit au moyen d'une hart, ou
rôrte les pointes des arçons et des limandes.
Jarrie (Sp.), s, f. — Cépée, touffe de bois
dans un taillis. — Syn. de Coupée.
Hist. :
« Oh ! long di gaudre bourda d'éuse
« Leissas me perdre pensatiéu,
« Dins li garnis et dins li féuse
« Ounte jouinas iéu me perdiéu. »
(Oh ! le long des ravins bordés d'yeuses — Laissez-
moi me perdre, pensif, — Dans les cépées et les fou-
gères — Où, jouvenceau, je me perdais ! — Mis-
tral. Tiré du Monde poétique, n" du 10 avril 1885.)
Jars (^Ij.), s. m. — Mâle de l'oie. V. Godard.
Il Laine dure et grossière qui forme certaines
parties de la toison des moutons. [\ Portion du
JAR2EAU — JAUDAlS
497
lit d'une rivière formant un haut-fond semé de
rochers et de pierres. V. Jarc. \\ Lue. — Courette
devant les toits à porcs. || (By.) — Français,
au sens de Mâle de l'oie. Alors il se prononce
Jâ. — Au sens de Portion du lit. . . provenant
d'une accumulation de sable ou de vase, où
poussent des herbes aquatiques, il se pro-
nonce Jar, a bref. — C'est surtout le Jar de
Reculée qui a fourni le sable, mêlé d'abon-
dants petits coquillages pour faire la place
Larochefoucauld-Liancourt. On se rappelle
les importants remblais faits par déversement
à travers la levée de la Haute-Chaîne. Ce jar
s'était produit par des sédiments au confluent
de la Sarthe et de la Mayenne. |! V. F. Lore,
XI, a.
Et. — 1° Au sens de mâle de l'oie. Incert. ; p.-ê.
le scand. Gassi, qui tient à l'ail. (îans, oie. (Litt.) —
« Nous avons à choisir entre trois étym. : a) Un
type Jarg, d'où jargauder, jargon, mais dont la
provenance reste obscure ; b) Un rad. Gar, revêtu
d'un s nominatival ; c) Un rad. Gas, nordiq. Grassi
(d'où jaser), avec insertion d'un r. (Scheler.) — ■
2" Gros gravier, gros sable. Renvoie à Grouaille
(Jaub.)
Hist. :
— « Cil (saint Pierre) desnoiet devant toz et se dit:
« Ne ni sai, ne ni n'entent ce ke tu dis.
« Si issit fuers davant la cort,
« Se chanteit li jas. »
{Fragment de la Passion selon S. Mathieu.) L. C.
Suite : « Lo parax (aussitôt) quant une aultre ancele
(servante) l'ot veut... Et cil encommençoit
excommunier et jurier ke ju ne sai ke cist hom soit
ke vos dites. Maintenant lo parax chanteit li jas.
(Et continue Gallus cantavit.) — Sous la Fronde,
on fit ces vers contre le commandeur de Jars -.
« Monsieur le commandeur de Jars
« Vous plaisantez à toute outrance,
« Mais vous discourez comme un jars
« Qu'on appelle un oison en France. »
Et plus anciennement, Béroalde de Vervtlle
avait dit : « Il fit mettre une oie en mue... elle
était fille du jars si gras qui fut mangé à Grenoble. »
(M. de parv., ch. Lxxviii.) D'où jaser. Voir V lllus-
tration du 28 février 1857, p. 139. (De Montess.) —
« Les bateliers de la rivière de Loire appellent Jar,
ou Jart, cet amas de sable ou de cailloux qui se
forme naturellement et qui, résistant contre la
rivière, en rejette le cours de l'autre côté. » Orig.
incert. (Ménage.) — « La chaussée est recouverte et
s'entretient en cailloux roulés, espèce de silex
connu dans le pays sous le nom de jars. > {Anj.
Hist., 6® an., n" 2, septembre-octobre 1905, ]i. 127.)
Jarzeau (Mj.), s. m. — Mauvaise herbe,
ti'ès seiulilable à la jarosse, commune dans les
blés. C'est le fr. Gerzeau. V. Littré. Pour
Jarosseau, dimin. du fr. Jarosse. Syn. et d.
de Jerzeau. \\ V. Poir; à crapaud ; vulg. ^'esce.
A Segré : jarziau (Mén.).
N. — Jarosse, Jaroufle, Jarouge, Jarousse. D. C.
Jarossia. — (Litt.) Lathyrus cicera. (Bat.)
Jarzéler (Lg., Sp.), v. n. — Produire un
bruil sifllant, être sibilante, en pari, de la
respiration. Ex. : Ça illi jarzelle sus restomal.
Syn. de Romionner, V. Roinion.
Et. — Dér. du fr. Jars, avec suff. verb. diniinut.
— On sait aue les jars poussent un sifflement assez
ort.
Jasper (Pell., By.), v. n. — Syn. de Jaspi-
ner.
Jaspiner (Mj., Lg., By., Sai.), v. n. — En-
rager, marronner, maugréer, être vexé.
Il S'épuiser en efforts répétés et inutiles.
Syn. de Jâgnoter, Odigner, Jarnuser, Timori'
ner, Bédasser, Vernusser, se Picasser. \\ Mau-
gréer.
Jau (Mj., Sp., Lg.), s. m. — Coq. !] Sp. —
Avoir de la mine comme ein jau bouli, — être
blême, hâve, jj Ironiquement : Ein beau jau !
— un joli Monsieur ! 1| Lg. — Manger le jau,
— terminer les batteries. Autrefois, en effet,
on mangeait un coq à cette occasion. Mainte-
nant, avec les machines, tout le battage d'une
grande ferme se fait en une journée, et les 40
ou 50 personnes qui y sont employées ban-
quettent comme à une noce. || Cf. Joe. \\ Tlm.
— Fig. Robinet servant à vider un fût. Syn.
de Quenelle. Ex. : Le jau est au cul de la bar-
rique. Et. « A forma rostri et cristae galli
gallinacei. » (Scaliger. — Ménage.)
Et. — Lat. Gallus. — Hist. « Les faisoit des-
pouiller devant tout le monde ; les aultres danser
comme jau sus breze, ou bille sus tabour. « (Rab.,
P., n, 16.) — « Qu'ils sont crestez comme petits
coqs ou jolets qui ont mangé force millet le soir. »
(Brant., d. g., I, 56, 17.) — Le 11 dudit mois a
esté remise la croix du clocher et y a été mins un
coq ou jau pour servir de guide. (1596. /ne. Arch.,
E, n, 211, 2.) Il « Jau ne geline. -> 1479. — « Le
quatrième jour de février, auquel jou'' les enfans de
l'esGolle avoient entreprins pour parfaire leurs
esbatements de la jouste des jaulx, d'aller courir la
poulie aux champs. » (1482. L. C.)
« A Nau
« D'un pas de jau ;
« Aux Rois,
« D'un pas d'oie
(ou) « D'une aiguillée de soie ;
« A la saint Antoine,
« D'un pas de moine,
« (ou) D'un repas de moine. »
Ces dictons indiquent l'allongement des jours à
partir du 21 décembre. || Chanter le jau. Chanter
comme un coq ; se dit des poules qui imitent le
chant du coq ; ce qui passe pour être de mauvais
augure ; c'est ce que les Italiens expriment par le
V. Gallugare. || Œuf de jau. — Œuf de couleuvre,
que ce reptile a déposé dans les fumiers de basse-
cour et qu'on suppose avoir été pondu par le coq
(jau). Cet œuf produit, dit-on, la cocadrille. \\ Noms
de lieux-dits. (Jaub.) V. la note à J aille.
.laucou, — coue, — coiix (Li., Br., Lue,
Tlm.), s. f. — S'emploie dans la loc. : Ivraie-
jaucoux, — sorte d'ivraie sans barbes, par
oppos. à Ivraie-penoille. N. Au Lg., on dit :
De la jaucoux, dans le même sens et l'ivraie
pénoille s'appelle simplement : ivraie. H
C'est, prononcé d'une façon abrégée, le
nom commun de la plante : Queue de cheval :
Ch'vau coue (de la Perr.)
Jauciiler (Ti., Zig. 151.), v. n. — Se re-
muer, s'agiter. V. Joguer.
.laudais, (Mj.), s. m. — Nicodème, balourd,
individu niais. Syn. de yiguedouiUe, Dédais,
Colas, Jeannot. — Nigaud, jobard, jocrisse.
Cf. Jaquedale. V. Jageais (Jaub.).
32
498
JAUGANE — JEAN
Jaugane (Mj.), adj. q. — Se dit d'une poule
dont la crête et ses annexes, très développées,
la font ressembler à un coq. De Jau, ou
Joe.
Jauge (Sp.), S- f- — Cheville de fer qui se
loge dans l'un des trous espacés le long de
l'âge de la charrue, et rattache celui-ci au
hardier, réglant ainsi l'avancement de l'âge
sur l'avant train, et, par suite, la profondeur
du labour. V. Jauger.
Et. — Incert. — P.-ê. le vx fr. Jale, Jalaie, qui
a donné Jalagium, droit de jaugeage. — Tient à
Gallon. (LiTT.) — ? AH. Galgen, goth. galga, qui
signifie : potence. (Darm.) — N. Pourquoi pas?
Pour jauger ou bauger un conscrit ne le fait-on pas
passer sous une sorte de potence? Le sens primitif
peut avoir été celui de Verge. C'est avec une verge
que les douaniers et les commis d'octroi mesurent la
capacité des futailles. — « Se un jaugeur jau^e, et
cil qui vende ou cil qui achate se doute de la jauge
qui n'est mie droitement jaugée, rappeler en puet
devant un des autres jaugeurs. » (Livre des Métiers.)
— Partie de la charrue : « Desqueles charues le
supliant print et emporta les ceps, la jauge, deux
chevilles de fer et la tune. » (1386. — L. G.) —
V. Bauge. — Guauge, gauge, — jauge, mesure.
Guauger, gauger, mesurer. « Il avait la tête aussi
grosse qu'un tonneau de sept muids, les yeux gros
comme un boisseau de gauge. » — « Pour avoir
fait tout de neuf et de potin (mastic de vitrier et de
peintre) ce qui estoit de plomb, c'est assavoir les
pois de 24 livres, 12 livres et 6 livres, servant pour
guaugerles tonneaulx. » (Moisy.)
Jauger (Mj., Lg.), v. n. et a. — Régler la
profondeur du labour, Ventrure du soc, en
avançant plus ou moins la perche de charrue
sur la selle de l'avant train. C'est le mot fr.
dans un sens spécial.
Et. — Jauge, ou Gauge, signifiait en premier
lieu une verge à mesurer et a pour radie. le même
Gai, ou Jal, d'où procède Jalon, perche d'arpen-
tage. Le type serait Galica ou Jalica. Quant au
radie. Gai, on peut le rapporter soit au bret.
Gwalen, perche, ou au goth. Valus, bâton, ou enfin
au lat. Valhis, pieu, échalas. Cf. Gaule. (Scheler.)
Jaugnero-e (Mj.), s. f. — Petite légumi-
neuse à fleurs roses d'une odeur agréable, dont
les racines tuberculeuses sont sucrées et
bonnes à manger. Syn. de Luzeau et Pois-
joli. Lathyrus tuberosus (Bat.).
Jangroller (Cho., Lg.). v. n. — Perdre ses
plumes, se déplumer, en pari, d'une poule.
Dér. de Jau et de Grolle.
Jaulet (Lg.). — V. Jolet.
Jaunâille. V. Rairée.
Jaunard (Mj.,), adj. q. — Jaunâtre. Syn-
de Jaunasse. Dér. de jaune et d. de Jaunâtre.
Et. — Jaune. L. Galbinus, jaune verdàtre, dér-
de Galvus, jaune ; ail. geib ; angl. yellow.
Jannassc (Mj., Lg., By.), adj. q. — Jau-
nâtre.
Jaunereau (Mj.) — Renoncule ou Bou-
ton d'or. Il Mj. et Lg. — Verdier, oiseau.
Syn. de Parse-jaune. || Au premier sens,
Bat. donne Jaunau, Ficaria ranunculoides.
Jaunet, s. m. — Un louis d'or. (By.).
Jaunets (Segr.), s. m. pi. — Ajoncs. Em-
ployés pour débouser les vaches, enlever le
plus gros. Ce qui expliquerait le mot : Dé-
peigne. V. Jean- Dépeigne.
Jaunezir ° (Lg.), v. a. et n. — Jaunir.
Cf. Mollezir, Rapproprezir, Aplatzir. V. Obser-
vât, à S.
Jaunisse (Sp., By., Mj.), s. masc. — Ex. : Il
a le jaunisse.
Jaupitrer (Sb.), v. n. — Jouer, s'amuser.
V. Jôpitrer, Jupitrer.
N. — Je connais une famille du nom de Jau-
pitre.
Javard, — vart. (Sar.), s. m. — Le lézard
vert. Il Lg. — Sorte de panaris du bout des
doigts. C'est le mot fr. pris dans un sens
local. — V. lavard, Liavard.
Javasse (Sp.), s. f. — Femme bavarde,
qui fait des commérages. — N. Le mot a
sans doute la même rac. que le fr. Jaboter.
Syn. de Robote, Pétasse, Cacasse.
Javeau (Sp., Bl.), s. m. — Petit paquet
de sarment. Doubl. masc. du fr. Javelle.
Et. — DiEZ tire Javelle du lat. Capulus, poignée,
d'où le dimin. Capellus, ou Capella. C = g ou j.
Ex. : Jambe, Geôle. (Litt.) — Daem. suppose une
orig. celt.
Javelin (Lg.), s. m. — Javelle. Syn. de
Piron, qui est aussi employé com. à Mj. —
Doubl. masc. du fr. Javeline.
Javelle, s. f. — Sarment coupé et séché,
destiné à faire une jouée (Slg.). — Les ouvriers
des ardoisières placent les ardoises en ja-
velle lorsqu'ils les placent les unes sur les
autres, d'après leurs grandeurs. || On dit :
« Quand il pleut sur la chandelle,
« Il pleut sur la javelle. »
C.-à.-d., s'il pleut le jour de la Chandeleur,
il pleut à la moisson (vendange ?) au moment
de faire la javelle. De capulus, poignée. »
(MÉN.).
Je (Mj., Sp., Lg., Sa., By.), pron. pers.
sing. — Remplace Nous, toutes les fois que ce
dernier est sujet, et précède toujours le
verbe, même dans les phrases interrogatives :
J'avons, je faisons, je mangeons ; j'érons-t-i ?
j'arions-t-i ?
Hist. — « Pensez à vous, ô courtisans,
« Qui, lourdement barbarisans,
« Toujours j'allions, je venions, dites. »
(Henry Estiexxe. Du langage français italianisé. —
\j. C) — Voir, dans .Molière, les observât, de
Bélise à Martine. Fem. sav. — et Génix, Varia-
tions du langage. — « Comme j'étions attentif : Et
qui somme-nous? — Je somme ce que je somme,
je jouon. — Et que jouon-je? — Je jouon ce que
j'on. — Et qu'on- jet — J'on ce que j'on. — On-je
en jeu? si je n'y on, j'y fon. Foin, ces Parisiens-ci
me troublent. «(B. de la Monnaye.) — N. Semble
être une contraction de deux idées : eux, vous et
moi, j'étions.
Je (Li., Br.), s. m. — L'n jars. Cf. Jers.
Jean (Mj.), s. m. — Fig. Nigaud, qui se
laisse mener par sa femme. — Mari...
JEAX-LE-BLAXC
JEMEXT
499
trompé ; — qui n'a point d'enfants. !| A
certains jeux de cartes, jeu de relais, qu'un
des joueurs peut échanger contre le sien. On
l'appelle aussi : Petit-Jean, ou : le Mort.
Et. — De l'hébreu Jéhovah, — est clément.
(LiTT.) — Cf. Claude, Thomas, Benoît. (Schel.) —
Hist. « Mais c'est ce que l'on dit que le Jan en
vault deux, et Hercules seul n'osa contre deux
combattre. — Je suis Jant dit Panurge. — Rien,
rien, répondit Pantagruel. » (R.4b., P., m, 12,
239.) — BÉRANGER l'a chanté [Le Sénateur).
« II m'embrasse au jour de l'an,
« Il me fête à la Saint- Jean. »
Jean-le- Blanc, s. m. — « Espèce d'aigle.
Il doit son nom vulg. de Jean-le-Blanc aux
gens de la campagne, dont il visite souvent la
basse-cour, et qui l'appelèrent Maître-Jean,
parce qu'il venait exercer sans leur consen-
tement les droits de grand seigneur, et choisir
à son gré les plus belles pièces parmi leurs
volailles. Puis, comme Maître-Jean avait le
ventre fauve et de couleur blanchâtre, il
fut désigné sous le nom de Jean-le-Blanc. »
(Abbé Vincelot, 76.)
Jean-des-Bois (Lg.), s. m. — Le hibou. Se
dit par plaisanterie.
Jean-cal (Mj.), s. m. — Syn. de Jean, au
fig. — t! Jean foutre. Homme malhonnête,
capable de tout, hormis du bien. V. Jean-
sucre.
Jean Dépeigne, ou, en un seul mot, Gen-
dépeigue. ^'. A'ien, Dépeigne. Ajonc (ou, pour
'Epine, Epeigne-veignette — l'Epine-vi-
nette.)
Et. — Jan est sans doute mis pour Jonc, et
Dépeigne pour : d'épine. V. Jaunets. — P.-ê. pour :
Ajonc de peigne, qui sert à peigner? !| Jonc à
épine, ajonc. Dott., Pléch.
N. — Il y avait, à Segré, un vieil ivrogne (le
père P.). La langue lui pelait ; il s'en arrachait des
morceaux avec son couteau. Il disait : « Il me
semble que j'ai des gendépeignes. » — « Oui, des
aïens. » — Haguins.
Jeandet", Jeondet" (Lg.), s. m. — Dimin.
famil. du prén. Jean.
Jeanjean (Mj., By.), s. m. — Homme qui
se laisse mener ou tromper par sa femme.
Réduplication du mot Jean. \\ Lg. — ■ Xom
de famille.
Jean des Loges (Lg.), s. m. — Se dit dans :
Prendre Jean des Loges, — décamper, s'es-
quiver. Syn. de Prendre sa décanche, sa
décampe, la discampette.
Et. — Jeu de mots sur le v. Déloger et, sans
doute, sur le nom de qq. habitant d'une ferme
appelée Les Loges.
Jeanneton (Mj., By.), n. pr. — Pour
Jeanne, diminutif. — On se rappelle les vers
de Bérangp" : Et. couronné par Jeanneton, etc.
Jeannetio (Sp., Mj.). Fig. — Homme qui
se laisse mener par sa femme ou qui s'occupe
des soins du ménage. !| Faire la Jeannette, —
faire les travaux d'une femme dans l'intérieur
d'une maison, en pari, d'un homme. V. Jean.
Jeannoille, jan-no-ille (Sp.), s. f. — Le
sens propre de ce mot est inconnu. On l'em
ploie seulement dans la loc. prov. Fumer
comme une jeannoille^ — fumer beaucoup en
parlant d'une cheminée ou de l'intérieur
d'une maison. Cette express, est syn. de
Fumer comme des écôbus, cf. ce mot et Tau-
pineau.
Et. — Il me paraît très probable que le sens
propre de ce mot a été celui de : feu de la Saint-
Jean. V. Jal'b., à Jeannée, Jouannée, Jônée.
Jeannot (Lg,), s. m. — Soutien du Bâillaud
dans une cheminée.
N. — C'était une sorte de chandelier rustique,
composé d'une épaisse rondelle de bois formant
pied et supportant une tige de bois verticale percée
de nombreux trous, dans lesquels on fichait le
bâillaud à diverses hauteurs. A Mj.. cet ustensile
était inconnu : on fixait directement le bâillaud, ou
chandelier à rousine, dans les trous du mur de
l'âtre. Qqf., cependant, une planchette trouée et
appliquée à demeure le long de ce mur remplaçait
je Jeannot.
Il Dadais, nigaud. Syn. de Jaudais, Dédais,
Colas, Coco, Pierrot, Nicodème. Cf. Jean.
Lg. t. final muet.
Hist. — « Le suppliant lui dist : Eudet, vous
avés un toreau qui hurte les gens et ne osent aler
aux champs pour luy : lequel Eudet luy répondit :
As- tu nom Jehannott Ouyl, dist ledit suppliant,
j'ay nom Jehannot ; et ledit Eudet luy dist :
Jehannot, es-tu, car à toy n'en appartient de riens,
en le huchant plusieurs fois Jehannot. »
Jean-sucre (Lg.), s. m. — Forme atténua-
tive pour Jean-foutre, ou Jean-cul.
Jeau (Li., Br.), s. m. — Coq. — V. Jau.
Jède (Mj.), s. f. — Jatte, vase.de bois large
et évasé, de forme quasi hémisphérique, dans
lequel les ménagères élaitent le beurre et le
mettent en mottes. || By. — Plus souvent :
gidelle.
Et. — Doubl. du fr. Jatte, qui, au xvi«s., devait
se prononcer Jade, puisqu'il avait donné le dimin.
Jadeau. — Littré donne Jale dans un sens iden-
tique ou très voisin. Il est facile de voir que notre
mot Jéde forme la transition entre Jatte et Jale. —
Syn. de Jidellc. — Lat. Gabata. — Hist. « Car il a
les yeux rouges comme un jadeau de vergue. »
(Rab. g., I, 39.,) — « La préparation et la conser-
vation des aliments et des liquides réclamaient des
marmites, pots. . ., jadeaux, mazarines, pâtissières,
ponettes. » {La Trad., p. 78, 1. 13.)
N. — Notre mot Jède, avec son diminutif
Jidelle., tiennent au vx fr. Jadeau et au fr. actuel
Jatte. Tous ces mots viennent du lat. Gabata. Il y
a encore un autre doublet : Jale, que donne Littré
avec un sens très voisin, et qui n'est qu'un adou-
cissemp-at de Jade, prototype de Jadeau. De ce
mot, Jale dérive indubitablement notre mot
angevin Jalai ou Jallai, mesure de capacité. De
plus, Jède, Jade, Jale, Jatte ont dû avoir un autre
doublet : Gode, dérivé comme eux de Gabata, et
duquel nous est resté le diminutif Godet, que
Hatzkeld ne sait à quoi rattacher. (R. O.)
Jédée (Mj.), s. f. — Jattée. Le contenu
d'une jède.
Jenient (Mj., By.), s. f. — Jument. Beau-
coup de gens prononcent ainsi. Cf. Jeument
500
JENE — JIDELLE
Et. — L. JumenUim, proprement : Bête de
somme ; particularisé à Cavale. Gontract. de Jug-
mentum, action de lier, de joindre ; Jugum, joug.
Jéne (Lg., By.), adj. q. — Jeune.
Et. — Lat. Juvenis. — Hist. {Rom. de la Rose,
8804.)
« Ains li faisoit la genne dame
« Bien entendant et bien letrée. »
■ — « 01 était in ptchit jéne, ine manière d'officier
bé-n-habillé. » (H. Bourgeois, Hist. de la G.
Guerre, p. 52.)
Jener, yéner, v. a. — Glaner (Mb.).
Jerdin, s. m. — Jardin.
Jerdrin, s. m. — Jardin. — V. Jardrin.
Jers (Sp.), s. m. — Jars, mâle de l'oie. Syn.
de Godard. \\ Fig. — Faire le cou de Jers, —
se dit des tiges de blé qui s'infléchissent sous
le poids de Tépi mûr. Cf. Je.
Jerzeau. V. Jarzeau (Lg.), s. m. — Mau-
vaise herbe de la famille des légumineuses,
assez semblable à la jarrosse. On distingue le
grous-/er:;eau et le \)Qiii- jerzeau, ce dernier
appelé aussi : luzette.
Et. — Voisin du fr. Jarrose. Complètement difTé-
rent de Gerzeau, que Hatzfeld définit : la nielle.
Doubl. et syn. de Jarzeau. — Vicia sativa. (Dot-
tin.)
Jésus (Mj., By.), s. m. — Faire bon Jésus,
— joindre les mains d'un air pieux. C'est un
des premiers gestes que les mères apprennent
à faire à leurs petits enfants. Les Ital. disant
dans le même sens. Far Gesu colle due mani.
Et. — D'un mot hébreu : Sauveur.
Jetée (Sa.), s. f. — S'emploie dans la loc.
Porte à deux jetées, — individu faux, fourbe.
Syn. de Couteau à deux laines, Ficelle, Sac à
diable.
Et. — Lat. jactus, de jacere, jeter, lancer. —
Dans le vx fr., sens de : lien, jeton.
Jeter (Mj., By.), v. a. — Se jeter à, — se
mettre avec ardeur à. On dit proverbt : S'y
jeter comme au feu. || Se jeter à qqn,
— l'implorer. || v. a. Jeter sa jambe au
chien, — faucher en marchant. V. Jambe,
Chien. || Jeter des pierres dans le jardin de
qqn, — lui décocher des allusions mordantes.
Il Sp., Tlm. Jeter des coups de pied, — lancer
des c. de pied.
Et. — Lat. pop. .lettare, — altération inexpli-
quée du lat. class. jactare.
Jeton (Sp.), s. m. — Rejet, rejeton. V.
Jicton, Chiasse.
Jeu (Mj., By., Ag., Sal.), s. m. — Jeu de
chien, — jeu qui tourne mal, qui dégénère en
querelle, en rixe. || Faire du jeu, — chercher
à amuser un petit enfant. 1| Faire ou donner
bon jeu, — amuser, faire rire. Ex. : Il m'a
toujours ben fait bon jeu, de la manière qu'il
a ramené ça ! || (Lg.). ■ — Y a jeu de rire, — il
y a de quoi rire. || Avoir du jeu, avoir bon jeu,
"— être amusé. || Entendre le jeu, — entendre
la plaisanterie. 1| Fu. — Jeux. — La Gavoche
(à Ang. la Gade). Au pied de la Gavoche, en
avant, du côté des joueurs est un trou appelé
le Gô, dans lequel on met l'enjeu, le tas
d'épingles. — La Trinée (Traînée). On met
des sous sur la Gavoche ; le coup de palet les j
éparpille en traînée, et les joueurs se les par- S
tagent, d'après la position sur le .sol plus ou
moins proche du palet de chacun. — La Trée
— Le Goret — La Crosse. V. Folk-Lore, vu.
Et. — Lat. Jocus, pour Diocus ; sanscr. div,
jouer. Cf. Jam, pour diam. — V. Jâ.
Jeu d'eau (Mj., By.), s. m. — Jet d'eau
N. — Il y a ici confusion entre les deux mots :
Jeu et Jet ; mais il convient de noter qu'en fr. on
dit : Faire jouer les grandes eaux.
Jeudi absolu. — Le jeudi de l'Absoute.
Voir dans D. C. Absolutionis dies ; le jeudi-
saint.
Hist. — Savez-vous pas que le C est la tête de
Caresme, et A est le col? Otez ledit A ; le col sera
coupé, et ainsi il demeurera Cresme. Le corps,
joint à la tête sans cou, est tout vif, et ce à la catho-
lique, d'autant que le Jeudi absolu on fait le
Cresme. » (Béroalde be Verville.)
Jeument (Lg.), s. f. — Jument. Syn. et d.
de Jenient.
Jeune (Mj., Lg., By.), adj. q. — Faible, en
pari, d'une pesée. Ex. : La demi-livre est ein
peu jeune. \\ Jeune temps, — jeunesse. Ex. :
Dans mon jeune temps, le monde vivait
mieux qu'ast'heure. V. Jéne.
Jeunesse (Mj., By.), s. f. — Jeune fille. |1
Jeune bête, surtout de l'espèce bovine. Ex. :
Ils ont ben des jeunesses dans ceté ferme-là. —
La jeunesse se vendait ben à ceté foire. ||
De jeunesse — dès l'enfance. Ex. : Faut avoir
appris ça de jeunesse, — la tendre enfance.
Ex. : : Ça se disait comme ça dans ma petite
jeunesse.
Hist. — « De jeunesse ils apprenoyent à estre
tesmoings. » (Rab., P.) — V. Jaub. Citation.
Jeut' (Sp.), s. m. — Jeu.
Ji, s. m. — Jet, rejeton, pousse d'un arbre ;
scion. — El ji, — le gît. || By. — î long. On
dit aussi r'jî (jet, rejet). V. Jit.
Jicler (Mj.), v. n. — Jaillir. Ex. : Le sang
jiclait à pus d'un pied loin. — || By. — Jiler,
Et. — Doubl. du fr. Jaillir et du pat. GHer -. du
lat. jaculare.
N. — Privât Deschanel et Focillon {Dict.
des Sciences) indiquent Giclet comme nom vulg.
de l'Ecbalium élastique. On sait que le fruit de
cette petite curcurbitacée, en se détachant de son
pédoncule, se contracte et fait jaillir au loin les
graines et le suc amer dont il est plein.
Jicton (Lg., Mj.), s. m. — Petit jet, petite
pousse d'arbre. — Dim. du pat. Jit. Syn. et
d. de Jeton ; syn. de Chiasse, Jiton, Guesson.
Jictionner (M].), v. n. — Pousser des rejets
au pied, en parlant d'une plante. Syn. de
Jitonner, Jitouner, Chiasser, Guesser.
Jidelle (Pell., By.), s. f. — Syn. et dim. de
Jéde.
JIGOURÉ — JOGUETER
501
Jlgouré (Sa., By.), s. m. — Pui'in. Syii. et
(i. de Jigoiirit, syn. de Juin, Suint, Pus.
Jigourif (Mj.), s. m. — Purin, urine sor-
tant des étables ou des fumiers. Syn. de
Jigouré, Juin, Suint, Pus, Pureau, Gingouret.
Il Sal. — Liquide épais de fruits écrasés.
Et. — P.-ê. pour Jus de Gourit.
Jiler (By.), v. a. et n. — Seringuer, jaillir.
— Le sang jile d'une coupure d'artère. V.
GUer.
.linguer (By.), v. n. — Remuer, jouer. Ex. :
J'avions toujours jingué ensemble. — Jouer
en se bousculant. || Lue. — Jouer com. font
les enfants, les petits animaux. — Autre
forme de Giguer, Ginguer.
Jipon, s. m. — Jupon.
Et. — Arabe Djoubba, veste de dessous. (Darm.)
Jiqiiet (Mj., By.), s. m. — Hoquet. Syn. de
Hiquet, Loquet. — Mj., Sal. :
— J'ai le jiquet.
— Qui l'a fait.
— C'est Jésus.
— Je n'I'ai plus. —
Jirù". — V. Girie.
Jit (Mj.), s. m. — Jet, rejet, pousse d'un
arbre. Préférable à Ji. t muet.
Et. — Corr. du fr. Jet, anc. fr. Ject. Il est pro-
bable que ce mot se prononçait autrefois Jict,
puisqu'il a donné le dimin. Jicton.
Jite (Tlm., Lg.), s. f. — Taillis d'un à deux
ans.
Ex. :
« Voulez-vous venir z avec moi dans la jite,
« Voulez-vous venir z avec moi dans ce bois. »
{Chansons pop.)
\\ Jet, pousse, jeune branche (Lg.). Cf.
Jaub. à GiTTE, citation.
.ïiton (Lg.), s. m. — Jet, rejet au pied d'une
plante. Syn. de Jicton, Chiasse, Guesson. —
Dimin. de Jit.
Jitonner (Lg., Tini.), v. — \\ Jitounen
Jictonner.
Jitonner (Lg.), v. n. — Pousser des rejets.
Tallei'. Syn. de Chiasser, Guesser. De Jitnn.
mut (Fu., Zig. 196), V. a. — Jeter. Cf.
Sujillc
.l'ium (lîy.), prononc. de Genou.
.lô (By., Lrm., Sal.), s. m. — Pour Joe :
Les poules sont à jô. \\ Jô, coq. Jau. \\ Th. —
On appelle aussi Jô le clef d'une cannelle.
V. Jâille, Jau.
•loaniict-eltt' (Lue), adj. q. — Précoce, en
pari, des fruits, de récoltes. |j Œnanthe pim-
pinelloides. On dit aussi Jouannette, rappe-
lant l'époque de la Saint-Jean (Mén., By.).
— V. Jouanet, pour plus d'explications.
Job • (IMj), s. m. — Bateau de la Maine.
Syn. de M ai nier.
N. — Muni d'un fort guindas à l'arrière pour le
passage des portes, à fond très épais et à levée por-
tant deux cornes pour retenir les cordes de hâlage.
L'espèce en a presque disparu. ]| Lg., Tlm., Sa. —
S'emploie dans l'express. : Monter le Job, — mon-
ter le coup, monter un bateau, duper, tromper.
C'est probablement un mot d'argot. Toutefois,
puisque le Job est un bateau, on peut voir là une
traduction littérale de l'express, fr. : Monter un
bateau (R. 0.).|| By. — Inconnu comme nom de
bateau surles rivières formant la Maine. Sur la Sarthe
etsansdoutesu la Mayenne (vuigairementlaMaine),
on avait le Jau. C'était une très grosse corde, dite
aussi Corde à quoue, servant à descendre les portes.
Un marinier, dans sa galiote, ou niole, tenait le
jau très solidement amarré au pieu d'amont ; ce
jau se défilait doucement à l'arrière de la gabarre et,
quand on sentait que le bateau était bien cndrémé,
on faisait amener le Jau. — On criait : Amène-té,
jau ! — La porte de Morannes était-elle particuliè-
rement difficile à descendre, ou les gens du pays
aimaient-ils à plaisanter? Il paraît que la locution :
Jau de Morannes était usitée parmi les mariniers.
De là (?) Job de Morannes, pour : jobard comme à
Morannes. Mais je ne vois pas bien la concordance
des idées. — Voir Job '■'.
Job S n. c. — Niais, nigaud. — Job de
Morannes. — C'est la femme à Job (pour dire
qu'elle est acariâtre). Les Jobs passent pour
avoir attaché au clocher une corde afui de
déplacer l'église. (Mén.).
Hist. — « Il aura plus tost conquis ce qu'il
prétend, avec un mot bien couché. . . que par ser-
vir et faire le mignon longtemps, qui est l'office
d'un jobe ou caillette. (Noël du Fail.)
Joe S s. m. — V. Choc.
Joe "■' (Mj.), s. m. — Coq.
Et. — Un certain nombre de personnes pro-
noncent ainsi notre mot Jau, qui est la vraie forme
et la plus employée. Il ne faut voir dans le c final
que la consonne d'appui chère à nos compatriotes.
Le plus souvent, c'est la dentale, ici c'est la guttu-
rale, mais toujours une forte.
Joculer (Z. 151 — écrit jauculer), v. n. —
Remuer, se donner du mouvement.
Jo(l. s. m. (Segr.). — Potiron. La soupe de
jod (Mén,). Syn. Palourde, Citron.
Jodelle (Mj., By.), s. f. — Oiseau aquatique,
sorte de poule d'eau. — N. C'est sans doute
l'oiseau connu à Sp. sous le nom de Jôserelle.
— Cf. Judelle. Foulque. V. Canard.
Jôgiierotte (Mj.), s. f. — Gesse tubéreuse,
lathyrus tuberosus. Cf Jagnerole. — Petite
légumineuse à fleurs roses d'une odeur
agréable, dont les racines tuberculeuses sont
sucrées et bonnes à manger.
Joguer (Mj.), v. n. — Faire danser son cava-
lier, en pari, d'un cheval. On chante aux
enfants, en les faisant danser sur les genoux :
« Jogue, jogue, mon chevau,
« J'érons demain à Morvault. »
Aller au petit trot, trottiner. C'est l'angl.
to Jog, to Joggle, même sens.
Et. — Doubl. de Chauchcr, et du fr. Chevaucher.
Cf. Jaub., à Jauger, Jaucher.
Jogiieter, Joquetor (I^g.), v. n. — Jouer
dans les assemblages, sonner la ferraille. Se
dit d'une charrette disloquée, d'un méca-
nisme usé.
502
JOIE DE MARIAGE — JOTTE
Et. — Diminut. et fréquent, de Joguer. Le sens
primitif a dû être : aller cahin-caha.
Joie de mariage (Mj., Tlm., Lg.), s. f. —
Flambée, feu de bourrées, vif et bref. Syn. de
Foute, Rigalée, Rigaillée, Baulée. — Courte
joie?
Joindre (Mj.), v. n. — Joindre à, — at-
teindre à. Ex. : J'arais ben bu ein coup à la
fontaine, mais je ne pouvais joindre à l'eau
— Syn. de Ranger à, Jûtre. Avère donc le
pot qui est sus l'armoire. — Je ne sarais illy
joindre. Syn. de Ajoindre.
Joindii (Lg.), part. pas. Joint.
Joint (Mj., Lg.), s. m. — Faire le joint, —
s'adapter exactement, convenir précisément,
faire juste le compte. !l Trouver le joint en
pari, d'une affaire difficile à résoudre. (By.).
Joinvif. — Le pont de Montreuil- Bellay. . .
était fondé sur une simple plate-forme de
madriers joinvifs sans pilotis ni grillages. »
(Anj. hist., 6<î an., n" 2, septembre-octobre
1905, p. 134.) — P.-ê. Jointif.
Jolet " (Lg.), s. m, — Cochet, jeune coq-
Syn. de Coquereau. Dimin. de Jau. Devrait
s'écrire Jaulet.
Jonc (Sa.), s. m. — Sorte d'énorme cou-
leuvre d'eau, longue de plus d'un mètre et
mesurant 5 à -6 centimètres de diamètre ;
plus grande que le Suceron. Cf. Serpente.
Joncer (Mj., Li., Br.), v. a. — Garnir de jonc,
le siège d'une chaise (le rempailler). Syn. de
Fesser, Foncer, Corder. — Distinct de :
pailler. — N. Le jonc des chaisiers est le
scirpe des étangs. Il sert également aux ton-
nelliers. (By.) — Joncher.
Hist. — « En la chambre entre ou li gonc sont
joriciés. » (L. C.)
Joncliée (Lue), s. f. — Claie ou paillasson
de jonc ou de guinche pour faire égoutter les
laitages.
Hist. — « ... Il est du debvoir d'offrir la crème,
le laict espais, le formage en jonchée et aultres
choses semblables. » (Brun, de Tart.. Philand .
345.)
Jonchère, s. f. — Botte de joncs. — Fais-
ceau de jonc dont les enfants se servent pour
se soutenir sur l'eau. (Méx.).
Joncliets (By.), s. m. — Jeu où l'on se sert
de pailles.
N. — Les premiers jonchets lurent de petits
brins de jonc.
Jonc-marin (Mj.), s. m. — Statice armeria,
petite plante d'ornement dont on fait des
bordures. Bat. Gazon d'Olympe.
Jonquière (Mj.), s. f. — Pré bas et humide
où il pousse des joncs.
Jopettes (By.), s. f. pi. — Sorte de bé-
quilles, reposant par le pied sur chaque côté
du futreau, et jointes, à leur partie supérieure,
par une corde, sur laquelle repose une extré-
mité du bâton, Iuvrou.' ir-.-; ni"-,ln^ii;v; (''tjTbli^-^pnt
leur cabane.
N. — Autrefois, les pêcheurs couchaient dans
leur fûlreau. Us n'avaient guère d'autre habitation
pendant la saison de pêche. Cet usage est moins '
fréquent aujourd'hui, cependant ils ont assez
souvent l'occasion de le mettre en pratique. Le
soir, alors, ils faisaient la cabane et pouvaient vivre
en nomades dans leur cantonnement. Ils tendaient
leur voile en forme de toît sur un bâton (gaffe), qui
portait, à l'ajrière, sur un petit pieu, fourchu,
appelé pontonnier, et était maintenu à l'avant sur
des jopettes, appareil consistant en deux bâtons
reliés par une corde emboîtant à moitié le bâton, et
s'appuyant par leur pied fourchu sur chaque bord
du bateau. Èa voile était nouée sous la quoue du
fûlreau et tendue serrée à l'aide de commandes
(c'mandes). ou cordes passant dans les trous du
bord. — Jopettes est employé comme syn. de
béquilles, — et béquilles comme syn. de : échasses
(quelquefois, pas toujours).
Jôpitrer (Mj., Lg.), v. n. — Folâtrer faire
du tapage. |i Batifoler. Syn. de Gouinccr.
Corr. de Jupitrer, qui lui-même dér. de Jupi-
tar. V. Jaupitrer. \\ Se battre pour rien.
Joquard (Lg., By.), s. m. — Corneille,
choucas, corbeau.
Et. — Cf. angl. JackdaVï% choucaé. Le mot angl.
et Choucas sont probablement notre mot Joquard.
Quant à celui-ci. il pourrait bien dériver de Joe,
coq. Cf. J arquedale ou Jaquedale.
Joqoeter (Lg.), v. n. — Jouer dans sa
douille, en parlant d'un manche d'outil.
Jouer dans leurs a.ssemblages, en parlant des
rais ou des pièces qcques d'une charrette,
d'une herse, etc. Syn. de Berloquer.
José (Lg.), n. pr. — Joseph, vieilli. V. Joson.
Jôselle (Lg.), s. f. — Petit échassier aqua-
tique, p.-ê. la sarcelle. Syn. de Jôserelle,
Judelle, Jodelle.
Jôserelle (Sp.), s. f. — Oiseau de marais,
plus gros et moins délicat que la poule d'eau,
noire comme elle avec une tache blanche au
front. C'est probablement \^ Judelle. Syn. de
Jôselle.
Joson (Mj.), s. m. — Dimin., plutôt iro-
nique du prén. Joseph. V. José.
Jote (Sp.), s. f. — Grosse joue. Doubl. du
fr. Joue, dér. comme lui du lat. Gauta. ||
Ravenelle. Syn. de Ravoyon, Rosse, Sarvante
de curé. — Raphanus raphanistrum (Bat.).
Joté (Mj.), adj. q. — Qui a de grosses joues,
ou le maxillaire inférieur très dépeloppé laté-
ralement en pari, des personnes. \\ Qui a de
grosses bajoues, en pari, de certaines poules.
V. Jote, Joiereau. Cf. Jottad (breton) soufflet.
Jotereaux (Mj., Lg.), s. m. plur. — Oreil-
lons, inflammation de la parotide. De Joie. —
On dit encore : Jottereaux, Jettereau.z ; MÉx.
l'écrit : Gétro. — Syn. de Eripeaux, Goumons,
Oripeaux.
Hist. — « Pour le chancre, le goitre, les (lux de
sang, les migraines, les jottras (oreillons), les
dartres... >. (La Trad., p. 256, 1. 8.) — Sal. —
Ressemble aux orchis des boutons d'or. — Bou-
ton d'or, avec ses orchis.
.lotte (Sp.). s. f. — Ravenelle. V. Joie.
JOUAILLOX — JOURNAL
503
Et. — « Un des noms vulgaires de la bette. De
Joue. Gabata. jatte? contract. Gauta ; bas-bret.
Gaved. (Litt.) — Quel rapport avec joue !' !|
Sinapis arvensis (Mén.), que Bat. nomme Russe,
Rosse, Reusse.
Joaaillon, s. m. — Celui qui aime beau-
coup le jeu, de cartes ou autre, et qui joue
très mal. « Quel jnuaillon qu'tu fais !» Syn.
de Jouasse.
Jouanet, ette.(Auv.) V. Joaneile, adj, q. Pré^
coce. N'est autre qu'un diminut . de celte vieille
forme Joenne, et un doubl. du fr. Jeunet. H
Des pois joiianets. N. Cet adj. s'emploie à Mj.,
mais seulement pour qualifier certaines
pommes de terre. On dit : des patades joua-
nettes, ou simplement des Jouanettes. Ce
n'est pas' le nom du tubercule, mais son qua-
lificatif. — Syn. de Primaud, Prime.
Hist. — « On appelle ainsi, en Touraine, les feux
de la Saint-Jean (Johannes), que nous appelons, en
Anjou : chalibaudes. » (Méxage.) — « On devrait
p.-è. écrire Johannet, puisqu'il est d'usage de qua-
lifier ainsi surtout les légumes ou les fruits qui
mûrissent à la Saint- Jean, ainsi que les terres sur
lesquelles on fait des récoltes à cette époque. »
(De Montess.) — « Conopodium denudatum, petit
tubercule bon à manger, que l'on trouve auprès
des haies ; petites pommes di terre précoces, dont
le fond des j'eux est coloré en bleu violacé ; —
pomme de terre en général. » (Dott.) — Le roi
Louis XI) avait « un chapel de coton en sa tête,
que moult mal lui séait. pour ce qu'il était alors
joenne homme. « (Citât, de Joixville. — J.
BoDix, R. //., I, 340.) Ici, le sens est Jeune.
Jouasse (Mj., By.), adj. q. — Qui aime à
jouer, à s'amuser comme un enfant. || Sp., s.
f. — Jouereau, grimelin, mauvais joueur. —
Syn. de Jouaillon.
Jouasser (Mj., By.), v. n. — Jouer, s'amu-
ser comme une personne peu sérieuse. || Sp. —
Grimeliner, jouer petit jeu, ne pas jouer cor-
rectement. Il Badiner, folâtrer, jouailler.
Jouasserie (Mj., By.), s. f. — Jeu, en mauv.
part. Cf. Jouerie.
Jonc (Mj., Lg., Sal., Ssl., My., Chpt.), s. m.
— Juclioir, perchoir. Corr. de Juc. — Cf.
Angl. Juke — et Juc, dans Jaubert. || Z. 142.
— Le joue, — poulailler, mais plus spéciale-
ment le juclioir. « A joue », perché sur le
juchoir.
Et. — De jugum, perche mise en travers. —
(Parlant d'un avocat qui francisait le latin) : « Il
usoit qqf. de si rudes termes que les poules en
fussent tombées du joug. » (Des Perr., i. p. 102.)
— Non de jugum, mais du holland. hukken, ou du
goth. juck, fourche, support. (G. de G.)
Joucailler (Sp., Tlm., Bl.), s. m. — Pou-
lailler. De Joue, Jouquer. Syn. de Poulaillerie,
Volailler.
Joue à uiouclies, s. m. — Senecio jacobsea.
\'. .foc à mouches (Mén.). Bat.
Joucquer (Sal.). — V. Jouquer.
Joue. — « Si qqn a une joue j^lus grosse
que l'autre, on dit qu'il est de Joué et non pas
de Gonnord. » (Méx.). — Doux localités de
l'Anjou,
Et. — Joue ; de Gabata, écuelle ; B. L. Gavata,
contr. en Gauta (cf. parabola, paraula, parole).
Le rapport logique entre Jatte et Joue est conforme
à ces comparaisons bizarres que fait le peuple
entre certains objets et les parties du corps. —
Cf. Tête, de Testa, tesson de pot. — Fiole, Gourde,
etc.
Jouer (Mj., By.), v. a. et n. — Jouer de son
reste, — jouir de son reste.
Jouerie (Mj., By.), s. f. — Jeu, en mauvaise
part. « En velà-t-i, eine belle jouerie f » — Cf.
Décossirie, V. Jouasserie.
Jouettes, s. f. — « Endroits particuliers où
les enfants s'amusent ; un trou dans la terre
est une jouelte. » (MÉx.)
N. — Jouette de lapins, — l'endroit où les la-
pins ont gratté. — En Norm., terriers, petits en-
foncements pratiqués dans le sable par les lapines
pour mettre bas.
Joug (Lg.), s. m. — Ustensile servant à
porter les seaux d'eau. C'est une barre de
bois aplatie qui s'applique sur le dos et sur
les deux épaules. Une échancrure embrasse le
cou, et deux cordes munies de crochets, atta-
chées aux extrémités, soutiennent les seaux
qui sont suspendus à droite et à gauche. —
Ùl. Courge. !| Se dit qqf. pour Joue, juchoir.
Jouir (By.), v. n. — Venir à bout de, en
pari, d'un enfant, p. ex. : «-On ne peut en
jouir, de ceté queneau-là ! »
Et. — L. Gaudere. — Génev. Gaudir de qqn. en
venir à bout. — Norm. « Cette poutre est lourde,
mais j'en jouirai bien, — je viendrai bien à bout
de la porter. » (Litt.) — L. pop. Gaudire. — Pro-
vincialisme, Gaudir.
Jouque, s. m. pour Joue. (Li., Br.).
Jouquer (Mj., Lg., SU., BL, Ssl.), v. n. —
Jucher, percher. — De Joue. — Pat. norm.
Juquer.
Hist. — « Il ne nous laissa mie ci joquer longue-
ment. » (L. C.)
Jour (Mj., By.), s. m. — De jour, en jour'
sus jour, pendant le jour, jl De vue et de joun
— nendant qu'il fait jour. || Jour sus semaine,
— jour ordinaire, jour ouvrable. || De clarté
de jour, — pendant qu'on y voir clair. ]| Au
jour, — à l'aurore, à l'aube. I| Lg. — Percer
jour à jour, — complètement. Syn. de : De
travers en travers ; de part en part (souv. pro-
noncé : parque). || Etre en tous les jours, —
être revêtu de ses habits de tous les jours, par
oppos. à : être en dimanche, ou endimanché.
Et. — Lat. Di)irnus, de dius (conservé dans :
sub dio) : Dies aurait donné Diernus.
Journal, s. m. (Lue, By.). — Mesure agraire
valant à Laval, Craon, Châteaugontier,
52 ares 72 ; à Mayenne, Landivy, 48 ares ; à
Ernée, Lassay, 40 ares, 83. (Dott.). — De
Diurnalis. — V. Jour.
(Tis.) — Mesure agraire de 6 a. 60 c, soit
15 à rh<M"tare. C'est exactement la boisselée
à Montjean. || By. — 7 et 10 boisselées, pour
les terres labourables (15 bois.selées àl'hftct.).
504
JOURNALIER - JUXE
Journalier (Lg., By.), adj. q. — D'humeur
variable, capricieuse, fantasque ; quinteux. ||
Journalière (Sa.), s. f. — Sorte de herse
munie de mancherons et dont les dents se
terminent inférieurement par une lame hori-
zontale et triangulaire. C'est la Trimballe de
Montj.
Journau (Lg., Sp.), s. m. — Journal. — En
revanche, on dit très bien : des journals. Cf.
Chevau, Mau, Marichau. Assez usité.
Jonrnean, s m — Corvée d'un jour de tra-
vail ; — mesure agraire V. Journal — Jour-
née.
Journée (Mj.), s. f. — :\Iesure de compte
qu'employaient les anciens mariniers (fin
du xviiie siècle et commencement du xixe)
pour évaluer leurs livraisons de chaux. L.-'.
journée de chaux était de 96 ceverées, soit
8 douzaines. || Lg., Tlm. — Mettre à la
journée, ajourner — un conscrit. || Etre à la
journée, — être ajourné. — Probablement
pour : l'ajournée, jeu de mots commun. V.
Jean des Loges, etc.
i^Hist. — Dans le livre de comptes de François
Trottier, maître marinier à Chateaupanne. que'jje
possède, et qui va de 1781 à 1820, je lis entre
autres mentions : « En prerial lan 12«™- jay charge
sept journée quatre vingt quatre sevrée qui fait
766 s. « N. Il y a une petite erreur ; cela ne faisait
que 756 ceverées. (R. 0.)
Journélier (Mj), s. m. — Journalier.
Jouse (Mj., Lg.), V. a. — Subj. prés, du v-
Jouer. — Ex. : Si je voulons gangner, faut
que je jousions mieux que ça.
N. — Cette forme à s épenthétique n'existe pas
dans les autres verbes en ouer. Il faut remarquer
encore que : jousions, jousiez sont emplovés aux
deux prem. pers. plur. de l'imparf. de l'indicatif.
Joute, s. f. — « Eau chargée des principes
astringents du tan, servant à la conservation
des filets des pêcheurs. Rac. Jus, suc. On dit
Juter, rendre du jus. » (Mén.).
N. — « Jusée, Eeau acide qu'on emploie dans les
tanneries pour faire gonfler les peaux et aider à
leur débourrement et qui provient de la macéra-
tion dans l'eau de l'écorce de chêne, déjà épuisée
parle tannage. » (Darm.) ;
Jouvrier, adj. q. (Xuaillé). — Ouvrable, en
pari, d'un jour de la semaine. On disait : un
jour jouvrier. — Le mot est tombé en désué-
tude. — Contraction des 2 mots fr.
' Jubé, s. m. — Sorte de galerie ou de galetas
dans une église.
N. — Dans l'ancienne église de Mj., devenue
beaucoup trop étroite pour la population à l'époque
(1864) où elle fut désaffectée, on avait dû cons-
truire au-dessus de la grande porte et dans deux
j^iles trois de ces jubés ou greniers. — Sens diffé-
rent du français.
Juc (Auv.), s. m. — Juchoir, perchoir. Syn.
de Jonc.
'^'Hist. — « Et, quand tout étoit couché, il s'en
alloit au juc et vous prenoit tantôt un chapon,
tantôt une poule. » (Bon. des Pekk., Contes, 156.)
Jugé (Mj., By.), part. pas. — Saisi, hagard
Il Jugé à pendre, — consterné, démonté. —
Dans le m. ss on dit aussi simplement : Jugé.
— Stupéfait, abattu par la peine. « T'as l'ar
jugé, mon pouv' gas ! »
Juge à l'eau (Segr., By.), s. m. — Rebou-
teur examinant les urines. V. Jugeux.
Jugeotte (Lé, Mj., By.), s. f. — Judiciaire,
jugement, bon sens. « Eh ! ben oui, c'est moi
qu'a trouvé ça dans ma petite jugeotte. »
Juge de paix (Mj.), s. m. — Solide gourdin ;
permission de minuit.
Jugeurs. — \'. Juge à Veau.
Jugeux (Mj.),s. m. — V. Eau, Juge à l'eau.
Juiï (Mj.), s. m. — Pingre, avare. |! Pioche
ayant d'un côté une large lame et de l'autre
deux cornes. Syn. de Bicorne, Louette.
Juin (Bg., By., Pell.), s. m. — Purin. —
Juin de fumier. Syn. de Jigourit, Jigourc,
Suint, Pus, Pureau, Jingouret. Sal., id. —
idée d'eau mal propre. Ou Suin.
Juivresse, s. f. — Femme juive.
Jules (Mj., By.), s. m. — Fig. Pot de
chambre, syn. de Thomas (non plus nom
propre, mais mal propre). V. Jambe.
Julot ° (Lg.), s. m. — Dimin. famil. du
prén. Jules.
Jumelles (Mj.), s. f. pi. — Pièces du pres-
soir.
X. — Dans les anciens pressoirs à casse-cou,
c'étaient deux fortes pièces de bois verticales et
parallèles, fixées à environ un pied l'une de l'autre
à la tête du pressoir. Elles étaient percées d'une
série de trous correspondants où l'on passait une
forte cheville qui maintenait un des bouts de la
grosse poutre servant de levier. On abaissait cette
cheville en relevant le levier au préalable, au fur
et à mesure que le cep s'écrasait sous la pression.
Hist. — « Il y a eu une réparation entière du
pressoir avec des jumelles neuves. » (1729. — /nv.
Arch., E, n, 351, 1.)
Jument (Mj.), s. f. — La grand jument
blanche, — la gelée blanche, les frimas. |1
(Mj., Lg.). La grand jument noire, — la loco-
motive (By.).
JunFertier, s. m. — Boiteux, ou Guineber-
tier, q ii marche de travers. (MÉ>'.)
Jui.e (Ti., Zig. 159), adj. q. — Jeune, peu
âgé. V. Jène.
Jûne, s. m. Jûner, v. n. — Jeiine, jeûner.
Cf. Leune. Contract. du mot fr. — On dit
aussi : Déjiiner. A noter que ces deux mots
ont vieilli, et l'on ne dit plus : Jûne.
Hist. — G.-C. Bûcher, 130, p. 158.
(( Hz ne sont pas de nos poules communes. . .
« Ce sont des œufs ponnuz entre deux lunes,
« Dont le moyeul est de telle efficace
« Qu'Amour s'en paist et en casse les jeusnes. >.
N. — L'exemple cité n'a rien de probant. En
effet, Jeusne y rime avec Lune et Commune.
Dans une autre citation, au mot Parsonnier, on
verra Lune rimant avec Aucune. Mais, en pat., on
]
JUNQUER — K
505
dit indifféremment Leune et Lune, Commeune et
Commune, Aucune et Auqueune, comme on dit
Jeûner et Jûner. Il me semble que la seule conclu-
sion à en tirer, c'est qu'il en était de même au
XVI» s. (R. 0.)
Junquer (Z. 157, 153, Ti.), v. n. — Faire du
bruit en jouant ; jouer, s'amuser bruyam-
ment. V. Jinguer. \\ By. — Jinguer. Transi-
tion entre ce mot et Joguer.
Jupitar, — ter (Mj., Lg., Sal.), s. m. —
Enfant turbulent, brise-tout. V. Jôpitrer, syn.
de Lucifar, Lion.
Et. — C'est le lat. Jupiter, le nom du roi des
dieux et du maître de la foudre et de la tempête,
employé métaphoriquement. ^ « Ju-pitar, — le
Ciel, père. — xvi« s. — Juppin, polisson ; de juper,
jupper, crier. (Litt. ) — « Les gens du commun
s'imaginent souvent atteindre au style noble en se
servant de termes étrangers qu'ils ne comprennent
pas. C'est ainsi que Molière fait dire plaisamment
pas Gros-René à Marinette :
« Crocodile trompeur, de qui le cœur félon
« Est pi.T qu'un satrape ou bien qu'un Lestrygon. »
{Dépit amour., V, 1.) — P.-ê. emprunté à la loc.
suiv. : (( Trait de Jupiter. — terme de charpentier.
— Mode d'assemblage de {)outres entées l'une au
bout de l'autre. Cette coupe de bois imite assez
bien les traits en zigzag sous lesquels on figure la
foudre. » (Jaub.)
.lupitrer (Sp., Sal.), v. n. — Jouer avec
turbulence. V. .Jôpitrer. \\ Sal., en se prenant
C rps à corps.
Jupper (Lue). — Appeler en criant. Syn.
de Hoper, Houper.
Hist. — « Li Escot fisent entre mienuit et jour
si grant bruit de corner de leurs grans cors tous à
une fié, de jupper apriès tous à une voie que il
pooit sambler as Englès que ce fuissent tous les
diaubles d'enfer. » (Froissart.) — Huer. (L. C.) — •
Icellui Alain oy en un huis cifïler deux ou trois fois,
et lors il commença à jupner ou huer. « (1397. —
D. C.)
Jurer (Mj., By.). — Crier contre, v. n. —
Se dit des oiseaux irrités. Ex. : La pie a pus
juré après moi, pendant que je dénigeais son
nid ! »
Jureur, s. m. ^ Nom que l'on donna aux
prêtres assermentés, intrus. Syn. de Trulon.
Hist. — i( Ceux qui, séduits par les jureurs ou
leurs adeptes, se laissaient entraîner dans le che-
min de l'erreur. » (Déniait, Ilisi. de la Vendée, i,
L^5.) — « Le plus grand nombre de ces malheu-
reux prêtres jureurs, par une impénétrable justice
de Dieu, moururent dans des sentiments plus ou
moins défdorables. » [Id., vi, 160.)
Jureuv (Mj., By.), s. m. — Jureur, blas-
phémateur.
Jus" (à) (Lg.). — Hermétiquement. Ex. :
Il avait la goule fermée à jus. — V. Juste.
Et. — C'est l'a. adv. jvis, lat. jusum, qui signi-
fiait : en bas, détourné de son sens. — Cf. Jusant,
descente de la marée.
Jusqu'à ci, loc. adv. — Jusqu'à aujour-
d'hui. By. — Huch' qu'à aujord'hui.
Jusqu'à tant que (Mj.), loc. conj. — Jus-
qu'à ce que. Ex. : 11 ne durera pas, jusquà
tant que je le douêne. V. Jaub., citât, de Ron-
sard. Il Lg. Jusquà cest que, — même sens. ||
By. — Huch' qu'à temps que.
Juste (Mj., By.). — A juste, loc. adv, —
Juste. Ex. : La porte prend ben à juste. Cf.
Jus. — N. On prononce souv. Jusse. —
Comme de juste, — comme il est juste.
Justin (Lg.), s. m. — Sorte de justaucorps
que les femmes portaient autrefois. Ce vête-
ment ne se voit plus, et le mot n'est guère
qu'un souvenir presque oublié.
Hist. — « J'avais des lettres cousues dans la
doublure de mon Justin. » (H. Bourgeois, Hist. de
la G. Guerre, p. 167.)
Jutée (Mj., By.), s. f. — Quantité abon-
dante de jus.
Juter (Mj., By.), v. n. — Suinter, s'humec-
ter de jus. Se dit surtout des pipes qui con-
densent la fumée de tabac.
Jûter (Lg.). — V. Jûtre.
Jûtre (Lg.), V. n. — Atteindre, toucher.
Ex. : Je peux pas illi jûtre, oui est trop haut.
Et. — Doubl. du fr. Jouxter. Pour la tcrmin. V.
Boutre. — Syn. de Ranger, Joindre, Jûter.
Juun (Mj., By.), s. m. =— Juin. N. Au suj.
du changement de in en un, cf. Pruntemps.
J'va (By.), s. m. — Prononc. vicieuse de
cheval.
J'veux (By.), s. m. — Pron. vie. de che-
veux. — « Il a du toupet, mais guère de
j'veux », prov. — Quand une personne em-
ploie souv. la loc. : Si je veux, on dit : si
/' veux (six cheveux), ça ne fait pas une forte
perruque ! » (Dott.).
k:
OBSERVATIONS
Prononci.-vtiox. — Beaucoup de mots, inscrits
sous cette lettre, pourraient être écrits par Q, Qu,
ou même C.
Jaubert dit : « Equivalent graphique du C dur
et de Que, dans le vx fr. L'Académie elle-même
y a recours pour représenter la prononciation de
certains mots. Ex. : Cueillir. — Nous avons em-
ployé assez fréquemment la lettre K dans le môme
but, surtout quand la prononciation est sèche et
brève : l'emploi du K est même indispensable [)Our
les mots OÙ il y a interversion des lettres rc, dans la
syllabe initiale Cre, qui fait alors Ker, Keur ;
cresson (Kerson) : crever {Keun'er).
.( Dans d'autres moLs il y a interposition eupho-
nique du son affaibli de l'e muet. Ex. : Kerier
(crier).
Il Si l'on voulait indiquer un degré de plus dans
l'affaiblissement du son, il faudrait substituer
506
RAILLER - L
l'apostrophe à la lettre e, et l'on écrirait : K'rver,
K'rier.
« Remplace le t dans la prononciat. de la syll-
il faisant partie d'une diphtongue ; Amitié, fait
Amikié, ou Amiquié.
« Ker, Keur, prononc. de la syll. init. Cre. Voir
obs. à Ber.
Kailler, v. a. — Kaille-ioi vers le rivage,
pour : dirige-toi, — vers la chaussée, le quai.
Terme de marine. (Méx.). V. Queiller. \\ By.
Keiller.
Kékcékça? — Kcétickça? Kçammféti? —
Les étrangers ont sans doute dansleurs langues
des agglutinations de mots de ce genre. Mais
ils doivent être désorientés en nous enten-
dant prononcer les sons baroques ci-dessus,
pour : Qu'est-ce que c'est que cela? Que
c'est-il que cela? Qu'est-ce que cela me fait?...
Il By. Kiékcékça.
Kekéye (Ag.), s. f. — Sentir la kékéye, la
viande, en parlant d'un chat qui cherche à
ouvrir un panier, un sac. Et, des gens : « Il
aime la kékéye, — Je certifie l'authenticité de
ce vocable. V. Quéquée.
Kelle, s. f. — Meule de chanvre à rouir
dans une rottière. V. Quelle. \\ By. — Tielle,
jamais kelle.
Kenaille (Do.), s. f. — Cf. Queneau. Fille
du commun, domestique. — V. Keneau.
Keneau (Do.), s. m. — Enfant. Queniau.
Herté, ée (Li., Br., Ag., By.), — adj.
q. — Mis, habillé. — Velà eine petite fille ben
mal Kertée. Pour : Querter.
Kervée (Fu.), s. f. — Grande quantité, foule.
« La Kervée du Marilais. « Souvenir des pèle-
rinages.
Kervon, s. m. (My.). ■^- Buon à l'huile qui
doit alimenter le Crésot. (Méx.).
Keute, Kutc (Mj.), s. m. — Jeu de cache-
cache. Il Jouer à Keute, — • jouer à cache-
cache. Il Faire Keute, ou Kute, — allonger la
tête, se m.ontrer à demi hors d'une cachette.
Syn. de Loup, Loup-cache. Doubl. et Syn de
Kute. Il By. — Kute, kiute.
Et. — Du grec Keuthô? Peu vraisemblable.
Hist. — « Là jouoit : Au flux, à la prime . . . , à la
c£t«e-cache. (Rab., G., i, 22, 44.)
Keuter (Mj.), V. n. — Syn.de Faire Keute. \\
Se Keuter, v. réf. Se cacher, se dissimuler. || By.
Se Kuler (kiuter), Keuter, pour kieuter, veut
dire chercher (quêter, chercher de côté et
d'autre).
Ke vielle (Li., Br.), s. f. — L^ne kéviche est
une natte, une tresse.
Kif-kiï, (Mj., Lg.), adj. q. — Tout pareil. On
dit aussi : kif-kif bourricot. — On sait que ce
mot nous vient de l'Algérie. C'est du sabir.
Il Adv. Pareillement, de même.
Kilo (Lg.), s. m. — Bouteille d'un litre.
Ex. : Servez-moi in kilo, — dit-on couram-
ment à l'aubergiste. Cf. Mètre.
Kiou, s. m. — Clou.
Kitter, v. n. — Pousser un petit cri. Un rat
kitte. (Sp., Mj.). Cf. Quiter, Cuïter.
Klir (Li., Br.), v. a. —Cueillir. ^/tV de
la chambe, — cueillir du chanvre.
Kneau (Bl., By.), s. m. — Enfant. V. Que-
neau.
Knillée (BL, By.), s. f. — Herbe verte qui
se trouve sur l'eau des fontaines, grenouil-
lette. Syn. de Nâtille, Canetée.
Kramouâ, s. m. — La tête. « I te y a sauté
sus Vkramouâ ! » — Mieux écrit : cramois. ||
By. — Kramâ.
Krir"] (By). — Pour Quérir, v. a. — C'est
aller chercher une chose que l'on est sûr de
trouver. Chercher a conservé qqch. de sa
signifie, étymologiq. (circare, de circum) ;
c'est aller chercher qqch. que l'on est pas sûr
de trouver. — Lat. Quaerere.
Kue ! (Lg., By.), interj. — Cri que'poussent
les enfants au jeu de cache-cache pour avertir
qu'on peut les chercher.
Kute (Mj., By.), s. m. — V. Keute.
Et. — Il y a là une famille de mots : Kue, Kute,
Kuter, Keute, Keuter, que nous pourrions être ten-
tés de dériver directement du grec Keuthô. Nous
nous en abstiendrons, car il est bien invraisem-
blable que nps grands-pères, les Jacques du
moyen-âge, aient connu ce mot, alors que nos
lettrés ne commencèrent à étudier le grec qu'à
l'époque de la Renaissance. Mais nous observons
que, pour exprimer cette même idée de cacher, le
breton a cuhein ; l'ail, zu hutten ; l'angl. to hide ;
et que le russe même a les deux verbes okoutyvate
et zakoutyvate qui, dépouillés de leurs préfixes et
suffixes, nous révèlent la même racine koute. Qu'est-
ce à dire ? Tout simplement qu'il y a au fond de toutes
nos langues indo-européennes des racines com-
munes exprimant les idées simples, élémentaires et
desquelles chaque idiome a tiré des dérivés d'un
parallélisme parfois étonnant. (R. 0.).
Kiiter (Mj., By.), v. a. et n. — V. Keuter.
OBSERVATIONS
Prononciatioîi. — « L final est le plus souvent
muet : Avril", bacul», bagoul°, braisil", aul°^
dousil", orteil", souleil". (By., etc.) A Mj., l'I final
fie Avril sonne fortement è't se mouille ! Avrille.
« Le pron. (7, devant une consonne, se pro-
nonce comme i simple, ou y. De même ils°.
« Dans les mots terminés par les syll. muettes
hle, de. Ile, pie, etc., on ne fait pas sentir le l :
Aimabe, meube, tabe, sensibe, souffe, onque (oncle).
« Z, a disparu 9.us9i dans la pronono. usuelle de
LA
LACER
507
l'adv. plus. Ex. : pus, pu. De même : Punger, Pin-
ger, = Plonf^er.
« L est très souv. mouillé lorsqu'il est précédé,
dans la même syllabe, des lettres b, c, f, g, p. Ex. :
b/é, clef, c/ar, f/amber, pleume, emp/âtre,p/aisir, etc.
Mais cette particularité est surtout remarquée
dans le gl, auquel nous avons consacré une note
spéciale. (Nous indiquons / mouillé par une ita-
lique. A. V.)
« Se mouille encore : 1° dans certains mots où il
est placé entre deux voyelles autres que Ti, dont,
pourtant, la réminiscence se fait sentir, ex. :
as;u/e, pour : aiguille ; 2° au commencement et
dans le corps des mots, lorsqu'il est immédiate-
ment suivi d'un i faisant partie d'une diphtongue :
ainsi, /iard, lier, lieuv, Ziesse, /iénot, sou/ier, rou-
/ier, etc. » (Jaubert.)
— Les anciens aimaient beaucoup à mouiller
1'/, surtout dans les diphtongues ; ils prononçaient :
hieu, bianc. pour : bleu, blanc. Cette habitude a à
peu près disparu à Montjean. Il n'en est pas de
même à Tout-le-Monde, où elle sévit avec fureur.
En presque toute circonstance, les indigènes
mouillent )'/, surtout devant un i ; ils /isent un
Hvre (guisent), — ils vont au lit (gui, ghi). Il faut
noter, toutefois, que certains mots montj. ont gardé
l'I mouillé, tel le pron. leux ou /eux (ieux). (R. O.)
Permutation. — Les permutations entre les
lettres liquides 1, m, n, r sont fréquentes. {By., etc.)
L remplace n dans : encelimer. liméro ; r dans la
2- syll. de râle .pour rare.
Addition. — L s'agglutine au subst. Labbé, etc.
La (Partout), art. fém. — Sert à désigner
fes femmes du commun, au nom desquelles
on donne en même temps une termin. fém. :
la Bouyère, la Coiiîarde. la Chii'onne, pour :
la femme Bouyer, Coifîard, Cliiron. Cette
désignation devient méprisante quand elle
s'applique à une femme de condition plus
élevée, ou lorsque F article est accolé au pré-
nom : la Jeanne, la Marguerite. \\ Sert à inter-
peller de loin, au m. et au f. : Eh ! /'homme !
— eh ! Za femme !
Là, ady. — Descendez donc de là. On dit
qqf. de delà. \\ Là loin (Bg., Li., Br., Lue, Mj.).
— Là-bas.
Hist. — (Rab., p., m, 10. 234.)
« Qui est cestuy qui là loing en sa main
<( Porte rameaux d'olive illustrement? »
Là, s. f. (Mj.). — Vase, limon, boue que dé-
pose la Loire. Est mis pour Laie. Cf. Clâ, Hâ,
Va, etc. Semble être le même q. l'angl. Latch,
boue. Il By. Laie, jl Syn. de Nappe.
Et. — Laie ^. Terme d'eaux et forêts. Route
étroite percée dans une forêt. — Ane. scand. leid :
a. sax. lâde, passage, voie. (Cf. Saint-Germain-en-
Laye.) Litt. — I^ais, atterrissement, alluvion,
forme verb. de laisser. C'est le nom que la Coutume
de Bourbonnais donne aux « isles nouvellement
nées » ou « accroissemens » formés par la rivière.
« Sera la croissance que la rivière donne, vray
domaine du seigneur haut justicier, qui s'appelle
communément laiz. » (C.-G., n, p. 29.S.) — Cette
explication me semble bonne. — Jaub. le fait venir
de lac, ainsi que Favre : Lac, pour La, mare,
étang. Lacquant, e, ruisselant d'eau, comme en
sortant d'un lac. Du celt. lagen, lac, bourbier. —
liacquasse, flaque d'eau. V. Laça.
Lâ-bas (Mj.), s. m. — L'Ouest, l'Occident.
Ex. : Le vent est de lâ-bas. ij En lâ-bas, à
l'Ouest. Mis pour Là-bas, ou : l'à-bas. V. A bas.
Labbé (Mj., Sp., Z. 139), s. m. — Abbé,
vicaire. Ex. : C'est au labbé que j'ai été en
confesse. H Prêtre quelconque. !| Séminariste.
<( Je sais pas qui est ceté labbé-là. By. L'abbé.
Et. — Ce mot est formé, comme le fr. Lierre
par soudure de l'art, le au commencement du mot
Abbé. V. Lâchet. L. Abbas, abbatem, venu par le
grec Abbas du syriaque Abba, père.
Labboii (Lx, Zig. 143), s. m. — Abbé. V.
Labbé, Preu.
Laboiiraison, s. L — Labourage. Se disait
déjà du temps de Corneille, Vaugelas.
« Mieux vaut saison
« Que labouraison. » — (MÉN.)
Laboureu.v (Mj., By.), s. m. — Laboureur,
LaboiiroiiK (Lg., Lrm.), s. m. — Id. Désuet.
V. La fille du labouroux. F. Lore, I.
Laca,-cas (Auv., Pell., Lue), s. m. — Pluie
torrentielle, averse abondante. Ex. : Il a
tombé ein laça d'eau (ces mots sont insépa-
rables). Syn. de Aqua, Accas. V. Là, Etym.
fin.
Et. — Formé du pat. Aqua, par soudure de l'art,
comme dans Labbé. C'est le même que Aca d'eau,
ou Aga d'eau de Mj., mais il est difficile de décider
lequel est une corrupt. de l'autre. — V. Acadeau.
Acadiau. — « Lagout. — Eau à boire. M. à m,
l'agout. Du vx mot provenç, agua, eau (pron.
agoue. — Lor. Larch.). — Lagan. Abondance,
quantité, multitude, largesse, don. P.-ê. à rajtpro-
cher.
(1 Celé année furent vin bon
« Et blé si fu à grant /a?ara
« Pour quatre sols avait l'ère tel .
« Qui fist bon pain en grand ostel. « (1287. D. C.)
— Laka, m., lakasé, f., amas d'eau, fiaque. (Dott.)
Laçage, s. m. (Ag.). — Action de mettre
trop d'eau dans une sauce : — celte sauce
même. Ex. : On a beau essayer de Famender,
laçage c'était, laçage ce sera. — A rapprocher
de Laça, Acas, Acadiau.
Lace (Tlm.), s. f. — Sorte de nœud que
fait un tisserand pour rattacher un fd de
chaîne cassé à une demi-portée voisine. C'est
Fangl. Lace, dentelle, lacs. V. Lacer. || By. —
La courroie en fd tressé ou en corde dont les
deux bouts se « pouillent » dans les bras
d'une « boérouette » et qui passe par dessus
le cou est une jâcole. Celle dont les deux bouts
sont réunis et se termine par une corde munie
d'un terzillon (petite manette ou poignée en
bois) permettant, après un simple enroule-
ment, de la fixer sur un billon (corde pour
tirer à la hâlée) ou sur un quarantin (corde
pour tirer la senne à terre) est un lace. Un
lace se passe en bandoulière portant sur une
seule épaule. Cf. Lacs.
Et. — Lat. Laqueus. Franc. Lacs.
Lacer (Mj., By.), v. a. et n. — Faire du
fdet. Syn. de Mailler. — Appartient à la
famille dos mots fr. Lacs, Lacis et du lat.
Laqueus. || Lg. — Lacer une vache, lui appli-
508
LACEUSE
LAID
quer un bandage dans le cas de renversement
de la matrice, pour contenir cet organe. On
dit aussi Boucler. Lang. des mégeilleurs.
Et. — Lacer. L. pop. * laciare (class. laqueare).
Laceuse (By.), s. L — Ouvrière en filets de
pêche. Lacer, lacet. V. Appetissures.
Lâche (Mj.), adj. q. — Hardi comme un
lâche, — comparaison ironique et prover-
biale. I| A longue et à lâche, — lentement, sans
se presser, indolemment. Ex. : Il s'en venait
à longue et y à lâche. V. Long. \\ Mj. — s. m.
Manque de raideur, de tension, dans un cor-
dage, p. ex. 1! Faire du lâche, — se montrer
lâche, mou, fainéant. || By. Lâche, s. m. —
Manque de tension. On dit aussi :
du : flâche (sans doute pour : flasque)
surtout lorsqu'il s'agit d'un filet de pêche. —
Flâche est aussi une expression usitée chez
les ouvriers qui travaillent le bois ; flâche et
floche.
Et. — Lat. Laxus, large, lâche, partie, de lan-
guere, languir. (Litt.) — L. pop. lascare, 1. class.
laxare, cf. Laisser (laschier, lascher, lâcher). Darm.
— L. laxus, transposé en lascus. Filiation : ample,
large, — détendu, desserré, — sans ressort, sans
courage. — G. Paris considère : lâche comme un
adj. verb. de lâcher.
Lâcher (Mj., By.), v. a. — Lâcher \s. poignée,
— lâcher prise, laisser échapper ce que l'on
tenait avec la main, ij Lâcher la goulée, —
lâcher prise, en pari, des dents, ou d'organes
qui leur sont comparables. Ex. : Les tenailles
ont lâché la goulée.
Lâcheron (Mj.), s. m. — Petit boulon dou-
loureux au bout de la langue.
Lâchet (Sp., Lg.), s. m. — Lombric, ver de
terre.
Et. — C'est le mj. Ache, Achée. avec soudure
de l'art, le. V. Labbé. — Jaitr. : Laîche.
Lacs (Mj., By.), s. m. — Etre dans le lacs,
— être pris au piège, et, au fig., se trouver
dans une situation difficile. N. Dans cette
loc, on pron. Lac. \\ Mj., Courroie qui embrasse
en écharpe l'épaule et le buste des haleurs de
bateaux. Pronon. : la. Cf. Lace.
Et. — Lat. pop. lacium (class. laqueum) , devenu
laz, las, — écrit plus récemment lacs, d'après
lacer.
Lade (Sep.), s. f. — Plate-bande de jardin.
Syn. de Planchette.
Et. Probablement corruption du fr. Latte ou
doublet du fr. Lé, lat. Latus.
Ladre (Mj., Lg., By.), adj. q. — Apathique,
dont la sensibilité est émoussée. Ex. : T'es
donc ladre, que tu ne te trouves pus ! C'est
le fr. dans un sens spécial.
Et. — Lazarus, de l'Evangile, couvert d'ulcères,
— que le moy. âge disait : lépreux. — Lazre,
I^azdre, Ladre. — Le d, mis à la place de z ou s
devant une liquide, comme : medler, pour mesler,
niôler. — « Les Faux-bourgs sont plus longs que la
ville : l'un dit de Saint-Gilles ; ... et hors l'enceinte
des murs, une chappelle de Saint-Lazare, dit com-
munément Saint-Larfre. » (D'J Chesne, Anti-
quités de France, au chapitre de la ville de Chinon'
MÉNAGE.)
Lagnoux- (Ad., Pc), adj. q. — Nonchalant.
V. Langnoux. Syn. de Landoiix. \\ Poss. Lam-
bin, paresseux.
Et. — Lanier, oiseau de proie. Homme sem-
blable au lanier, lâche, paresseux.
Hist. — (! Garde que tu sois de cheus
« Qui lanier sont et perecheus.
■ • « Qui perecheus et laniers,
« De nouveauté est parchonniers. »
(Caton en roman, dans D. C.)
— Laignier; se lamenter, geindre. Et. Laniare,
déchirer, dans l'expression : Laniare se prœ
dolore. — I^anier. laignier, lainier, lasiner, faucon
lanier, — lâche, couard, paresseux, fainéant. — Et.
Laniarium, qui déchire, de laniare, déchirer. Le
sens de : couard, lâche, est venu probablement de
ce que cette espèce de faucon ne s'attaque qu'à des
animaux plus faibles que lui. « Le lanier est mol et
sans courage », dit le Miroir de iauconnerie de
Harmont. — Au lieu de I>aniarium, qui déchire, on
a aussi rattaché Lanier à Laine, Lanarium, à cause
de son plumage. « Lanier, lanarius, oyseau de
proye. sic dictus vel a laniandis avibus, vel quod
plumas multas densasque et molles in modum
lanœ habet. » (Dict. de Rob. Estienne. — D' A.
Bos.) — « In lâgnoux qu'a s'ment pas d'état. »
(BURGEAXTD. F'avEE.)
Lagosser (Z. 122, Lg.), v. a. — Tapoter
dans l'eau, tremper en secouant. Syn. de
Patouiller, d. de Liagosser.
Et. — Lagasser. Laver mal du linge. Du celt.
Lagen, lac. mare ?
Lâ-haiit (Mj.), adv. — Là-haut. i| s. m.
L'Est, l'Orient. Ex. : Il fait du vent de lâ-
haut, d'Est.
Et. — Pour : là-haut, ou plus probablement
pour : L'à-haut. V. A haut. Cf. Lâ-bas.
Lai (Lpot., Vz., Nu.), s. m. — P>ang de
briques posées à plat sur une seule largeur.
Ex. : Ils faisaient leux fours à deux lais de
briques. Et. Cf. Lay, même sens en angl.
Et. — Latum, led, let, lé. (Darm.)
Laîche (Ec), s. f. — Se dit presque exclusi-
vement des tailles minces de pain pour la
soupe. On coupe du pain, pour manger ; on
le taille, pour la soupe.
Et. — Ha. lisca, bruyère, roseau. (Litt.) —
Lèche, pour : Lesche. — Id. — Carex. (Darm.) —
« Lesche, lische, laische, loische, — lèche, roseau,
fétu, tranche, mince et longue, morceau, miette. —
Ital., lisca, arête de poisson. . . (D"' A. Bos.) — Il
est très probable que le a'x fr. laische, lesche.
lame de fer, a donné son nom à la plante, à cause
de la forme de ses feuilles en sabres, et que celui-ci
ait été attribué à la tranche mince, de pain ou
d'autre chose. « L'on doit laver le lart afin qu'il
en soit plus bel à mettre par les lesches sur la char. "
(Le Mènagier de Paris, n, 135.) — GriLLEMAUT.
Laid, prononc. léte (Mj.), adj. q. et s. m. —
Polisson. Ex. : Hue ! le petit vilain laid !
Et. — Du germ. ; anglo-sax. ladh, odieux ; aha.
leid, désagréable. — Laid a donc signifié haïs-
sable, avant de signif. : vilain. (Litt.) — Hist.
« S' aucuns dit lait à l'autre dans la ville..., il
paiera pour l'amende... ((1247.) — Injure
outrage, d'où : laidanger. — « Si avenit que Ber-
LAIDAIX
.AITEAU
509
trand (du Guesclin) étoit parti de leur compaignie..,
sa mère le laidan^eoit et blasmoit moult durement. »
— Laidir : insulter, outrager, etc. (L. C.) — Lada ;
lait, Laid, laidir, laidange, — injure. Faire lait à
qqn. « Item, la femme qui dira Laidange à l'aultre...
payera V sols à nous, IV sols au Maire. (1263. —
D. C.) — Ne pas confondre lait, suhst. verb., laid,
leit, let, — laide, injure, outrage, vilenie, affront.
Etym. Indic. prés, de laidir (germ. laidjan), — avec
l'adj. laid, lait, — germ. ladh, laid, leid, odieux;
d'où vient le v. laidir. (D'' A. Bos.) N. Il semble
bien que ces deux sens se confondent dans notre
mot patois.
Il By. — Prononcez : lèce, quoique au
fémin. laide. On dit aussi : laid. — C'est ben
lèce, éç' que tu fais là. — T'es ein petit lèce.
Mais : t'es-t-ein p'tit laid (prononc. le) gar-
nement. — Lé gâs, va !
Laidain, s. m. (Segr.), s. m. — Individu
marqué de petite.variole, de verrette, de brû-
lui'e. Pour : laideron. « Allez voir Saint Lai-
dain. » (Mén.). Syn. de Picoté.
Laie (Mnl., By., Ig.), s. f. — Vase ou limon
que dépose la Loire. N. Syn. de Nappe. A
Mj., on dit plutôt Là. — Du fr. Laisser. V. Là.
Et. — Lais. Terrain abandonné par l'eau de mer
ou d'une rivière. — Laisser. — Laisse, mélange de
vase et de sable que la vague dépose en sillons sur
la plage. — Cf. Relais. — (Darm.)
Laine (Mj., By.), s. f. — Moisissure qui
ressemble à de la laine. || Jambes de laine,
jambes molles qui ploient sous le poids du
corps. A rapproch. de la loc. Mains de beurre,
— qui laissent tout échapper. — V. Agnelins
(MÉx.).
Lainer (se) (Mj., By.), v. réf. — Se couvrir
de moisissures. V. Laine. Syn. Pousser.
Lairrai (Sp., Mj., By.), v. a. — Futur du
V. Laisser, par contraction des 2 premières
syll. — Naturellement le conditionnel est
Lairrais. A beaucoup vieilli. — L'sité à Mj.
Hist. — Rab., G.,i, .58, 107.
« Le clair soleil, ains qu'estre en occident
« Lairra esi)andre obscurité sus elle. /<
— « Aux survenans occuper le lairront. »
(Id., ibid., p. 108.)
— « Or, dictes, Maistre Françoys,
« Me layrez-vou?, en ung si beau chemin? »
(G.-G. Bûcher, 99, 140.)
— « Je lairai mes brebis et mon bourre,
« Ne me chaud où je me fourre
« Pour voir le doux Messiau,
« Nau, Nau ! »
(Noëls ang., p. 18.)
Lairiie. — Lierre (.My.). Cf. Lierru.
Lais. V. Là, Laie.
Hist. — « Autant est-il des lays, que le défunt
prédécesseur avait laissé es bois taillis, posé que ce
fust depuis trente ans. » (Coût. dWnj., Art. 273,
p. 185.) — Laie (Layer, diviser un bois par des
laies). « Prenant un matin son chemin par une
grande laie de la forêt de Lafère. » — Cf. Saint-
Germain-en-Laye. (L. C.) — Lais, laiz, leis, lés, —
ce qui est laissé... : cession, don... : laisse, dé-
bris, alluvions laissés par la mer ou un fleuve ; lais,
balivaux qu'on laisse en coupant un taillis. — Et.
Laissier. — N. On voit qu'il y a confusion entre ces
mots qui viennent de Laisser.
Laise (By.), s. f. — Pour : une élaise, bande
étroite d'une planche détachée par la scie,
lors([u'on en met le bord droit. — Bande de
bois servant à fermer une fente dans une
planche, ou un écart entre deux planches. —
La laise (le lé), sens français (laize). — Un li,
lisière d'une pièce de drap dont les bonnes
femmes se font des jarrelelières.
Laisi (Mj., By.), s. m. — Loisir. || Aller à
son laisi, sans se presser. — V. Adelaisi.
Et. — Loisir est un infinit., anciennement usité,
qui signifiait : être permis, du lat. licere. Le loisir
est donc proprement : licence, permission, d'où le
sens de : temps accordé, laissé libre. — xi« s. lei-
sir. [Ch. de Roi.) — L'aphérèse de l'r final est dans
le génie de notre patois. — (Avec un amant) on a
toujour lesi, — du loisir. (Mireille, 110, 2.)
Laisse i (Mj.), s. f. — Abandon. S'emploie
dans la loc. : Faire eine laisse, — laisser en
plant, abandonner. Ex. : Je voulais me bro-
cher ein cotillon de dessour, mais j'en ai fait
eine laisse. Du fi-. Laisser. || A la laisse de .son
corps, — tout doucement, sans se presser,
sans se fatiguer. Pour : A l'aise de. — Du v.
Laisser.
Hist. — « Et gaiment lisez le reste, tout à Vaise
du corps et au profit des reins. « (Rab., G., Prol. 5.)
— Touchant la maison que M. le prieur a fait com-
mencer à Cullay, que est de 42 piez de long et
20 piez ou environ de laisse à maczonnerie tout
entour. (1642. — Inv. Arch., S, s, H, 54, 2, 20.) —
(Avec les reliques) santi laissa (legs sacrés). Mi-
reille, 438, 4.
Laisse - (Tr.). s. f. — Laid, vilain (MÉx).
V. Laid.
Laisser (se), v. réf. — Se laisser dire. ■« Je
me suis laissé dire qu'y cheyerait de la piée
demain, — je crois, j'ai la conviction que,
j'incline à penser que.
Lait', laite (Mj.), s. m. — Lait.
N. — Il y a un proverbe courant :
« Il aime le vin et le lait,
« C'est ein ivrogne parfait. »
Il Lait moucheron, — colostrum ; lait de
la première traite qui suit le vêlage.
N. — A Saint-Paul, les commères, pour faire
passer le lait d'une nouvelle accouchée, emploient
un moyen selon elles infaillible. Elles glissent sous
ses oreillers un fer de cheval, et... cela suffit. Tou-
tefois, il est essentiel que le fer soit neuf et qu'il soit
mis dans le lit à l'insu de la patiente, pour que le
sortilège soit efficace. Rien de nouveau sous le
soleil, pas même la métallolhérapie.
Il En lait {Lg.), loc. adv. ou adj. — Qui a
du lait. Ex. : Je n'avons plus que deux vaches
en lait. — Syn. de En sarvice.
Et. — L. lactem, accus, archaïq. de Lac.
Lait-de -beurre (Mj., By.), s. m. — Babeurre.
Lait de couleuvre (Pell., By.), s. m. —
Tilhymale réveille-matin. Syn. de Homblet,
Emhrunchun. — \*ariété d'euphorbe. — A
cause de son suc laiteux et corrosif. — Bat.
Euphorbia helioscopia.
Laîteau (Mj.), s. m. — Jeune arbre.
510
LAIT GLOSSÊ — LAN DOUX
Lait glossé, s. m. — Caillé, caillebote.
Laitière (Mj.), s. f. — Grand vase de grès,
verni intérieurement, tronconique et très
évasé dans lequel on met le lait frais. — Syn.
de Trasse.
Laitiérée (Mj.), s. ï. — Le contenu d'une
laitière. Syn. de Trassée.
Laiton (Lue, Segr., Mj., By.), s. m. —
Cochon de lait ; celui qui tette le lait de sa
mère, jusqu'à un an.
Hist. — « Les laitona se cotaient de 15 à 20 fr. la
pièce. » [Petit Courrier du 13 novembre 1903.)
Laitteaux, s. m. — Bois piqué en terre et
destiné à servir de limite, ou ceinture à un
bois, à une prairie (Mén.). Cf. Laiteau.
Laiture (Mj.), s. f. — Laitue. Cf. Etendure.
Et. — L. Lactuca : de lac, lait, à cause du suc
laiteux de cette plante.
Laia ! (Mj., By.), interj. Hélas! holà!
marque la souffrance. Syn. de Léla, Lélou,
Lalou. \\ S'emploie plus ordinairement pour
marquer la dérision, le mépris. Ex. : Oh !
lala ! qu'il a donc pourtant ben l'ar d'ein sot !
— N. Je voyais ici l'adv. là, répété. Oh ! là là !
(A. V.). — Oui, mais il y a Lélà, etc. (R. O.).
Lalie (Mj., Lg., By.), s. f. — Eulalie, nom
de femme.
N. — Au Long., on mouille le 2« 1.
Là-lin (Lx, Zig. 143), adv. — Là-bas. Syn.
et d. de Là-loin. Désuet à Mj., où il s'est dit
autrefois.
Lalou ! (Lg.), interj. — Hélas, holà !
Marque la soulïrance. Ex. : Lalou ! que tu me
fais grand mau ! — On dit aussi Lélou. Syn.
de Léla, Lala.
Lambardine (Mj., Mvt.), s. f. — Sorte de
faux à longue et large lame. On en fait peu
d'usage à Mj., mais elle est fort emplovée
vers Montrevault. Syn. de Dard, Dardine,
Darine. \\ Lg. — Pierre à aiguiser les faux. Cf.
Pimont.
Lambinard (Lg.), adj. q. et s. — Lambin.
Syn. de Lambinier.
Lambinerie (Mj., By.), s. f. — Action de
lambiner. Syn. de Trainerie, Trainasserie.
Lambinier (Mj., By.), adj. q. — Lambin.
Cf. Friponnier. Syn. de Lambinard, Loitri-
nard.
Lambriiiiciie, — bruclie, — brusqne (Lue,
Mj.), s. f. — Cep de vigne sauvage. Cf. Ram-
brunche.
Et. — Lat. Labrusca, — forme nasalisée. — Cf.
Runche, pour Ruche. — Hist. « Le reste estoit
embrunché de guy de Flandres. » (Rab., G., i, 53.)
Lame (Mj., By.), s. f. — La fleur de la vigne
ou plutôt la jeune grappe avant sa floraison.
Syn. de Forme.
Et. — Lat. Lamina. Horace : Lamna. Od. ii, 2.
Hist. — « Les vignes n'ont cependant pas man-
qué de produire des lames en abondance. » (1771. —
Inv. Arch., p. 233, col. 2.) — « Les vignes furent
entièrement gelées, excepté les jeunes ceps, qui -'•
défendirent un peu. Il parut pourtant quelqu'^
lames, mais la brime les ruina. » (1709. — Id., E,
II, 198, 1.) — Cette année a été une année de brime
et le peu de ceps qui étoient restés, assez bien mar-
qués d'abord, mais les lames tombèrent. (1710. —
Ibid., 198, 2.)
Lamer (Mj., By.), v. n. — Émettre des
lames. Ex. : Les treilles sont ben lamées.
Lampraie (Mj., By.), s. f. — Lamproie.
C'est le mot fr. avec la prononc. du xvi<= siècle.
V. Crailre. Pour la dérivât, probable du mot
fr. et du mot pat. V. Envrogne. — Angl. Lam-
prey.
Et. — Du lat. Lampetra, murène (le nom avant
passé d'un potsson à l'autre) ; on l'interprète par :
Lambere petram, lécher les pierres. (Litt.) —
Da3i. y voit Prœda, proie.
Lamproies, s. f. — (Tr.) Les mouches, les
blancs, les pyrites de fer ou quartzites. (Méx.)
Lancé (Mj., By.), adj. q. — Un peu gris,
pris de boisson.
Lanceron, s. m. — Lancereau. Espèce. de
terrain allongé en fer de lance (Mén.).
Lancis (Lg.), s. m. — Pierre de taille pour
une ouverture, qui se place en rôti. Contraire
de Crochette.
N. — « Pierres de taille de forme allongée dont
les parements, placés deux à deux, font partie
d'une encoignure de mur, d'un tableau de
porte, etc., et dont la queue est engagée, comme
lancée, dans la maçonnerie du mur. Les lancis
alternent avec les écoinçons. (Voir Boutisse, au
Dict. de r Acad.) — Jaub.
Lande (Tlm.), s. f. — Br.uyères, brande,
ajoncs et plantes des landes en général. Ex. :
Il a emmené eine chârtée de lande. Cf. Landin.
Et. — ScHEL, conteste l'ail. Land, proposé par
LiTTKÉ, et admet le celtiq. Lann, buisson d'épines,
plur. Lannou. V. Londe.
Landier (Ag.), s. m. — Gros menton. V.
Languier,. Papot. Syn. de Gogue.
Landier, s. m. — Ajonc qui pousse dans les
landes. V. Lande.
Landin. s. m. — Vulgaire ajonc. V. Lan-
dier. Cf. Hudin.
Landon (Chg., Sa.), s. m. — Morceau de
bois que l'on fixe transversalement au cou
d'une oie. Syn. de Tribard. || Bois pour entra-
ver les vaches (By.).
Et. et Hist. — Billot attaché au cou des chiens
pour les empêcher de chasser ou d'entrer dans les
vignes. « H avoit esté signifié que chacun qui
auroit chiens leur mist à chacun un baston appelé
landon au col, à ce qu'ilz n'entrassent ne feissent
dommage es vignes. » (1411. L. C.) — Entrave
pour chiens, vaches, chevaux. N'est p.-ê. que le
dér., l'augment. de latte, late, planchette longue
et étroite ; l'n de landon, qui est la forme la plus
commune, ayant été ajouté, comme dans lanterne,
de laterna, et pour mieux soutenir le d, qui est
tombé dans laon. Landon, laidon serait, dans cette
hypoth., le même mot que Laon, même sens.
Landoiix', ouse (Mj., Lg.), adj. q. — Len-
LANGEOLE _ LAXTIMECHË
511
dore, mou, sans énergie, lambin. Ne se dit
que des personnes. V. Lagnoux, Langnoux.
Hist. — « Se grattent la leste avec un doigt,
comme landores desgoustés. ) (Rab., P., ni, Prol.,
210.)
Langeoie, s. m. — Queue de renard (Méx ^
Bat. Melampyrum arvense, id., et Blé de
vache. Rougeole.
Langeou (Mj.), s. m. — Lange.
Et. — Lana, laneus ; lange, étoffe de laine ; par
oppo.s. à Linge, étoiïe de lin. (Litt.) — Faisant
parler Hérode qui se repent du massacre des Inno-
cents :
« Puis il dira : leur vie j'estimois
« Sans nul honneur de l'honneur que j'aymois
« Voire et leur mort honteuse et très vilaine
« Dans leurs langeons et drappaulx et simois
i< Dessous deux ans, d'un an, d'un jour, d'un mois
« Blancs, noirs et blonds ont passé par la paine
« Du glaive... » (L. C.)
Langnoux, ouse. — V. Lagnoux, Landoux.
Ex. : (A un joueur qui pousse sa boule molle-
ment, avec l'idée bien arrêtée de ne pas chan-
ger un beau coup en déplaçant une boule).
Ça, c'est jouer en langnoux (Pc),
Langue (Mj., Lg., By.), s. f. — Passer par
les langues du monde, — faire causer sur son
compte, donner à jaser. || Avaler sa langue,
— mourir. Syn. de Tourner de l'œil, casser
sa pipe, poser sa chique. i| Faire la langue à
qqn, — le styler, lui faire la leçon, lui ensei-
gner ce qu'il doit dire et taire.
Langue-de-bœuf, (Sa.). — Espèce de plan-
tain, il Lg. — Herbe des prés humides, dits
prés de coupe, ou prés de tallage, à feuilles
tomenteuses et rudes, assez semblables à
celles de la consoude, mais plus petites et
plus arrondies du bout. N. Buglosse officinale
— et scolopendre (Litt.) Bat. Anchusaitalica.
Langue de chat (Mj., By.), s. f. — V.
Oreille de chat. \\ Nom d'un petit gâteau. I|
Bidens tripartita, que Bat. nomme Cornuet,
Chanvre aquatique.
Langue de chien (Mj.). — Cynoglossum
oiïicinale (Mén.) |j Sp. — Scolopendre, sorte
de fougère qui pousse dans les puits. Syn.
de Herbe à la rate.
Langue d'oie, s. f. — Buglosse vipérine.
(Mén.). — Grassette (Litt.).
Langue de pivart (Lg.), s. f. — C'est l'herbe
des luiies à lleurs l)lanches que l'on appelle à
Mj. Pctrrcnu, eL qui est la stellaire holoslée.
On l'appelle encore au Lg. Pétard et à Tiercé ;
Herbe à la Vierge.
Et. — A cause de la forme des feuilles, qui sont
étroites, pointues, raides et âpres.
Languet (Lue, By.), s. m. — Pièce de porc
fumé. — Langue et gorge. — V. Languier.
Languette (Li.), s, l. — Des enfants, dans
une chanson, s'adressent à une tige de seigle :
« Languette, languette,
« Si tu ne veux pas marcher,
« Je te coupe le cou ras,
« Comme un petit poulet gras. »
V. F. Lore, jeux, vu.
Languéyer (By.),''v. a. — ^"«Visiter la langue
du porc pour voir s'il est atteint de ladrerie.
Il Tirer les vers du nez, en sachant se servir
de la parole, de sa langue. Ex. : « J'voudrais
aller à Angers. » — Eh ! ben, va gui donc, té.
— Ma bonne femme, a ne veut pas, a m'a
langueyé, c.-à-d. elle m'a attrapé avec sa
langue, elle m'en a dit de toutes les couleurs.
Hist. — « Elle (une petite fille du peuple) m'a
frappé en passant..., je l'ai un peu langueyée ;
demain elle viendra chez moi. » (Sats't- Simon,
t. Vin, ch. v, 355, 180.) Ici, prendre langue, causer
avec. — Styler, faire la leçon, préparer qqn à ce
qu'il doit dire. (Jaub.) — « Mouvoir, agiter la
langue ; faire jouer la langue, parler, causer, jaser,
bavarder ; médire ; faire jaser, tirer les vers du
nez ; visiter la langue des porcs. De Langue, et
désin. oïer, Icare. (D"" A. Bos.)
N. — Il y a cinquante ans environ, alors que la
race porcine était souvent atteinte de ladrerie,
un droit de langueyage de 0 fr. 10 par tête d'ani-
mal exposé, était perçu sur les marchés de Baugé.
Le droit était dû par le vendeur, si l'animal était
reconnu ladre ; dans le cas contraire, il était ac-
quitté par l'acheteur.
L'opérateur, le languéyeur, comme on l'appe-
lait, introduisait dans la gueule de l'animal un
petit bâton, renversait le porc et se rendait compte
si des pustules existaient sous la langue. Il était
responsable des dommages que pouvait causer
l'examen, ainsi que de l'erreur qu'il pouvait
commettre.
L'article 12 du Règlement de police fait défense
au charcutier de vendre du porc ladre « sans expo-
ser une lumière sur l'étal, ainsi qu'il est d'usage ».
— « Le prevost de Montlehery lui defendi vendre
et langoijer pourceaux. « (1378. — L. C.)
LanguéyeuK (Cha.), s. m. — Mouchoir.
Il By. — Mouchoué d'nez, d'poche? de cou?
Probablement simple foulard pour garantir
la gorge.
Languier, dier (Ag., Mj., By.), s. m. —
Gros menton, avec une sorte de fanon de
peau et de chair. V. Papot. « Queu grous
languier qu'il a ! » Cf. Gogue.
Languir ° (Mj., By.), v. a. — Languir ses
jours, — couler ses jours dans l'ennui et le
chagrin.
Lanjou (Chpt.), s. m. — L'n'lange. V. Lan-
geou.
Lantarne (Mj., By.), s. f. — Lanterne. —
Lai. Lanterna, Laterna.
Lantarnier (Mj.), s. f. — Feu follet. Syn.
de Leutin.
N. — Dans l'esprit des campagnards, le Lantar-
nier est une sorte de lutin qui se promène dans les
prés avec une lanterne. On l'appelle aussi le Far-
fadet et on lui attribue certains méfaits, comme de
tresser pendant la nuit la crinière ou les crins de
la queue des chevaux. Les fortes têtes affectent
de n'y pas croire et, le soir, lui lancent, non sans
trembler un peu, la traditionnelle invocation, non
moins incongrue que narquoise :
« Lantarnier !
« Viens m'éclarer ch »
Lanferne, s. f. — Coccigrue (Mén.).
Lantinièche (Mj.. By.), s. m. — Appellation
512
LAXTURLUTE — LAUDÊE
ou interpellation familière et un peu ironique,
que l'on adresse à un individu quelconque, à
un indifférent. Ex. : Te velà, té, lantimèche !
Syn. de Jaquedale, Balzeux, Frise-poulet, etc.
Lanturlute (Mj.), s. f. — V. Enturlute.
Et. — Lanturelu. Lanturlu. Refrain d'un fa-
meux vaudeville fait du temps du cardinal de
Richelieu et dont le nom, pris adverbialement, a
servi pour indiquer soit un refus méprisant, soit
une réponse évasive.
Lanvrin (Bg.), s. m. — Lézard ; toute bête
qui rampe. Cf. Envrun.
Laperiaii, s. m. — Lapereau, petit lapin.
Hist. — « La counille..., porte ore deux, ore
trois, ore quatre, ore cinq laperiaux. (G. Phébits,
Livre de chasse, vrr.) L. C. Syn. Bassiner.
Lapider, v. a. — Ennuyer à force d'ins-
tances. « As-tu bentout fini de me lapider ! d
Et. — Lapis, lapidis, pierre. — Extension de
sens. — Hist. « Madame, c'est bientost commencé
de tourmenter un serviteur et le lapider. « (Mak-
GUER., X^ Nom'elle. — L. C.) Syn. Bassiner.
Lapin (By.), s. m. — Porter des pattes de
lapin, — des favoris taillés d'une certaine
sorte, il Mj., s. m. — Fig. Solide luron, gail-
lard déterminé. — C'est ein rude lapin. X.
Il faut croire que nos paysans ne se sont pas
fait de Jeannot Lapin la même idée qu'en
avait conçue le bonhomme La Fontaine.
Lapinean (Mj.), s. m. — Petit lapin.
Dérivé régul. de Lapin. — Plus régul. que
Lapereau.
Lapinée (Mj.), s. f. — Portée de petits
lapins.
Lapiner (Mj.), v. n. — Mettre bas, en pari,
d'une lapine.
Lapinet' (Mj.), s. m. — L'a jeune lapin.
Syn. de Lapineau, Laperiau.
Lappe, s. m. — Bouillon blanc (MÉy.) Bat.
— \'erbascum thapsus.
Laquer (Lg.), v. a. • — Absorber glouton-
nement. Ex. : Les paisans, ils en laquent, de
la soupe 1 :> Syn. de Flûter, Truter, etc. —
Pour Laper?
Lard (M j.), s. m. Morceau de calcaire impropre
à la fabricat. de la chaux et que l'on vend
pour la construction ou pour l'entretien des
levées.
Les lards sont ainsi appelés peirce que, formés
d'un calcaire blanc confusément cristallisé, ils
ressemblent à de gros morceaux de lard. Il n'y a
que le calcaire absolument amorphe, le marbre,
qui puisse servir dans les fours à chaux ; les lards y
pétillent et s'égrènent.
Il Faire du lard, — s'adonner à la mollesse,
se lever tard, — ce qui engraisse. !| Xe pas
savoir si c'est du lard ou du cochon, — ne pas
savoir comment prendre une chose ; rester
tout étourdi par un coup violent, par une
rebuffade ; ne pas savoir comment entendre
un propos, comment apprécier un procédé
(By.). Mj., id. et Ramasser son lard, se rele-
ver après une chute. V. Viande.
Lardier, s. m. — « Dimanche gras, ou lar-
dier. "(Mék.) CL Crépelier. [\ By. Ou Charnier,
vase où on conserve le lard dans la saumère
(saumure).
Large (By., Mj.), adj. q. — Pas large des
épaules, — pingre, ladre, peu généreux. || Xe
pas la mener large, — être ennuyé, ne pas
savoir comment se tirer d'une affaire, être
dans ses petits souliers.
Et. — Lat. Largus, abondant, copieux. — Hist.
K Lar^e de bouche et estroit de ceinture. « (Cot-
GRAVE.) — « Donnant de belles paroles, mais
dénouant peu sa ceinture, sa bourse. » (L. C.)
Larme (Mj., By.), fig. s. f. — Très petite
quantité. S'emploie souvent en ce sens dans
la loc. typique : 11 ne fait pas larme de vent,
— pas un souffle. — Lat. Lacryma.
L'arraise, s. L — Remise ou Tanaisie (Mén.)
Lâron (Lg.), s. m. — Mal de reins chez les
bœufs.
Las (Mj., By.), s. m. — Lassitude, fatigue.
S'emploie en ce sens dans la loc. : Avoir du
vieux las, — être fatigué d'avance, de longue
date. H Quervé las, mort las, à demi mort de
fatigue. I| Lg., adj. q. — Epuisé. Se dit d'une
terre. Ex. : Ine terre lasse, in champ las
d'aller. || Se dit même des instruments d'in-
térieur de ferme, des appiés, lorsqu'ils sont
fatigués et usés. « Ine charte lasse d'aller. »
Et. — Lat. Lassus, forme plus assimilée de
laxus, lâche, jl Autre ex. du l*^' sens : C'est pas
étonnant s'il va tout à-dents ; il a du vieux-Za^.
Lasome (Lpos.), s. m. — Enfant maigre,
indolent.
Lassé (point) (Mj., By.). — Loc. adj. Fort,
vigoureux, qui n'a pas froid aux yeux. Se dit
d'un jeune homme.
Lastic (By.), s. m. — Pour Élastique,
— de bretelle ; gomme élastique. — X. Je
suppose même l'astic. « J'ai outé Vastic de
mes bretelles pour en faire une fronde. » Du
moins, je parlais ainsi vers 1850.
Et. — Elastique. Lat. scientllque Elasticus,
tiré du grec Elastéon', verbal de Elauneïn, repous-
ser.
Lateron (^Ij.), s. m. — Laiteron. Syn. et
d. de Liéteron.
Lâtrée (Sa,), s. f. — Rossée, volée de coups
(Pour : plâtrée? être battu comme plâtre?)
— Syn. de Bondée, Roustée, Pleumce, Dégelée,
Laudée, Pile, Flopée, Bondrée, Brûlée, Raflée,
Frôlée, Suée, Tournée, Trifouillée.
Lâtrer (Sa.), v. a. — Rosser, dauber. Syn.
de Douêner, Rouster.
Et. — Pourrait tenir à l'angl. Slaughter, mas-
sacre, et, par conséquent, à l'aJl. .Schlacht, même
sens.
Lau, ou mieux Lo (Lrm.), pron. pers. — Le,
cela : 1 veut pas lau, lo faire, — il ne veut pas
le faire. || Lg. Mieux : ô, Ou.
Laudée (Sa.), s. f. — Volée de coups. Syn.
deLâirée, Flopée, Roustée, Aubade, Frottée, etc.
LAUDER — LE
513
Et. — Doubl. ou corr. de Lstrée ; syn. de Frôlée,
Brûlée, Suée, etc.
Lauder (Sa.), v. a. — Rosser, battre. Syn.
de Lâlrer, Bouder, Rousler, Flôper, Dnuêner,
FroHSter.
Laudier (Ag.), s. m. — V. Breidier. Vaga-
bond, vaurien.
Et. Hist. — Lodier, vaurien.
« Vous y mentez, par saint Nicaise,
« Comme faulx, lodier et parjure. »
— Lourdaut. « Homme grossier, vêtu à la paii-
sane d'une chemise remplie de coton. >' (Le Duchat
sur Rab., IV, 36.) — Loudier. — Terme d'injure,
vaurien, débauché : « Laquelle Raoule dist au
suppliant qu'il estoit un malvais loudier. » 1372. —
« Il entendy moult fort comment il peuist estre
saisy des quatre loudier.t qui avoient estranglé le
duc de Glocester. «(Froiss. )
— « Gens de l'église, on doit purgier
« D'entrer ens tout paillart loudier ;
« Truandes n'y doivent manoir. »
... « Vous mentez, très orde loudi'>re. » (Des-
CHAMFS. — L. C.) — Loudier, celui qui habite une
cabane qu'on appelle Lodia, tugurium. — « Au-
cunes de ces personnes donneront plusieurs coups
orbes de bastons. . ., en disant : ferez (frappe?) sur
ce Loudier Pierret. » — « Pierre dit aux invaseurs,
que faites-vous, Loudiersl » (1389 — D. C.) —
Lodier, paresseux, fainéant, manant, gueux,
vaurien, paillard. Etym. Lodier (surcot d'étoffe
grossière, souquenille, couverture de lit, courte-
pointe, couvre-pied, matelas. — Et. Germ. Lôdo,
vêtement de dessous), soit parce que le lodier était
porté par les gens de rien, soit par ext. du sens de :
couverture, matelas, objet de couchage, à celui
de : paresseux ; comme paillard, de : paille, et, en
Ital., poltron, fainéant, d'où notre mot ■. poltron, de
l'aha. Polstar ; angl., Bolster, coussin, traversin.
(D"' A. Bos.) — ScHELEB, même explication.
Laurier (Fu.). — V. ChuiUe.
Laurier de Saint Antoine. — Vulg. Epilo-
bium spicatum (Mén.) Bat., id.
Lauriole, vulg. Daphné. Bat. Daphne lau-
reola. V. Oriole.
Lausanne (Sp.), s. f. — Primevère. Syn. de
Cocou, Suzanne, Herbe aux cocus. Chausse aux
cocus. Il Tulipe sauvage qui fleurit au prin-
temps dans les prés humides. Syn. de Chau-
dron, Clocane, Cocaneau, Gogane — Doublet
de Ausanne par soudure de l'article.
Hist. — « J'on ein eignea
« Don nôtre troupea
M Nâquieu dès VOuzanne,
« Don ine ragane,
« Glen aral la pea. . »
(Nous avons un agneau, dans notre troupeau, né
dès les Rameaux (hosannah), dans un ravin : il en
aura la peau.) Noëls populaires.
Lavage (Sp.), s. m. — Lavoir, endroit où
on lave.
Lavailles (Tlni.), s. f. j)l. — Lavures. Cf.
Acailles.
Lavasse (By.), s. f. — Boisson sans saveur
parce qu'elle est trop étendue d'eau ; bouillon,
café. >( C'est de la laçasse ! Cf. Liavassée.
Lave-mains (Sp.), s. m.
l'eau, Laverasse.
Svn. de iace-
Lavement (Mj., By.), s. m. — Fig. Individu
insupportable, important. Il vous agace
comme un lavement ; on a envie de le rendre.
Cf. Canuler.
Laver (Mj., Ag., By.), v. a. — Fig. Dépen-
ser entièrement. Ex. : Il a lavé eine pièce de
cent sous. — Il a lavé ses vingt francs en
n'eine heure de temps. — Son gage en huit
jours ! Il Laver la tête, — réprimander, mori-
géner. Cf. Savon. Syn. de Bassin.
Et. — C'est envoyer ses effets à une hssive dont
ils ne reviennent jamais. (Lor. Larchey.) — « Les
lavandières ont un prov. ordinaire : Si vous lavez
ne me le prêtez pas ; si vous ne lavez pas, prêtez-le-
moy. » (H s'agit d'un battoir. Jeu de mots sur les
V. avoir et laver.) — Des Accords. — L. C.
Laverasse (Lg.), s. f. — Syn. de Lavereau,
Lave-mains.
Lavereau (Mj.), s. m. — Vase dans lequel
on se lave les mains. Syn. de Lave-mains,
Laverasse. — Sal.
Laverie (Mj., By.), s. f. — Petite lessive.
Lavette (Tlm., By.), s. L — Petit instru-
ment formé d'un torchon ou de peines fixés
au bout d'un manche court, dont les ména-
gères se servent pour laver la vaisselle. || By.
— Ou : lavote. Syn. de Bouchon de vaisselle.
Lavier (By.), s. m. — Évier destiné à laver.
Lavoter (Mj., By.), v. a. — Laver souvent.
Lavoteries (Mj., By.), s. f. pi. — Petits
lavages fréquents, laveries répétées.
Lavoué (By.), s. m. — Linge qui sert à
enlever la graisse des assiettes. V. Lavette.
Lavoux (Lg.), s. m. — Pierre plate posée
au bord de l'eau et sur laquelle la laveuse
frotte et bat son linge.
Layard (Li., Br.), s. m. — Peuplier. V.
Léiard.
Et. — Léard, peuplier noir (Anjou). Corr., p.-ê.,
de liard, ancien nom de la couleur noirâtre. (Litt.)
Bat., Poiiulus nigra.
Layons, s. m. pi. — Petits chemins tracés en
ligne droite et parallèle.
Et. — De Laie. V. Là. Laye. — Hist. « Les chas-
seurs suivent les Layons. » (Le Temps, 18 octobre
1903. — Chasse à Rambouillet.)
Le (Mj., By.), pr. pers. — Le.
N. — C'est le cas régime ou accusatif. Il faut bien
remarquer que la prononciation de ce mot est essen-
tiellement différente de celle de l'article : le, qui
se prononce comme le français. Mais : le, pron. pers.,
est touj. prononcé comme s'il avait deux 1 très
Le. — M Les deux lettres le faisant partie d'une
syll. muette, dans le corps des mots, se trans-
posent souvent. Ex. : Fnsembclmenl, Gonielment ;
interversion analogue à celle de re dans : bre, cre,
dre. (.Iaub.) || By. — Se transpose en Oel. On dit :
Ensembléement, Ensemboelment. || Te. — Se
soude souvent avec le nom. Lhermine, pour
l'Hermine (nom de personne) ; le gas Lalfred,
Alfred.
33
514
LE
LENDON
lourds. Ex. : Je //'ai vu, tu //'as prLs. Aussi, comme
il serait impossible de faire sentir ces deux 1 lors-
qu'une consonne précède le pronom, tout bon
Montjeannais ajoute instinctivement un e initial,
en sorte que le pron. Le, et même La, devient :
Elle. Il Le, pour Elle. (Z. 146.) !| Le (Ségr.), pour :
lui ou elle. Va donc avec le, pour : va donc avec lui
ou avec elle.
Lé (Mj., Va., By.), pron. pers. féni. — Elle.
— Ne s'emploie que comme compl. d'un
verbe ou d'une prépos. Ex. : C'est ben fait
pour lé\ Il By. — C'est lé qui l'a fait. || Peut
toutefois se mettre en appsoition à un sujet.
Ex. : A n'est pas la plus sotte, lé. Est toujours
du sing. — On emploie plutôt lelle, aujour-
d'hui.
N. — Ce mot, qui a beaucoup vieilli à Mj., est
toujours en grand usage dans la Varanne. Il me
souvient d'un bonhomme Varannas avec qui
j'avais lié un jour conversation. Il s'arrêta tout à
coup dans la voyette, entre deux planches de
ch;anvre, et, me montrant sa bonne femme, qui
marchait toute courbée devant nous : « Moue, je
me tiens au moins dret, dit-il, mais lé-là, aile est
toute codée. « Notez qu'il était absolument sérieux
et affirmatif, le bonhomme, mais qu'il avait exac-
tement le profd d'un point d'interrogation. On ne
se voit point, dit le proverbe. (R. O.)
Et. — Corrupt. du fr. Elle par le transport de
l'accent tonique sur la dern. syllabe. — V. Citât, à
Cotir. Jaubert.
Léard, s. m. (Lue). — Sorte de peuplier. V.
Layard.
Lèche, s. f. — Petite tranche de melon*
Légère traînée. Syn. Lichée. \\ By. et de pain.
V. Lège.
Et. — Cf. anglais Slice. Cf. Pliette, Coinquer,
pour l's initial. V. Laiche.
Hist. — « Des ce qu'il illucesce quelque minutule
lesche de jour. » (Rab., P., n, 6, 125.) — « Duquel
pasté ayant mangé deux ou trois lèches à l'espargne.
(Desperr., Contes, xvi.)
Léchepot. — L'index, dans la dénomina-
tion enfantine des cinq doigts de la main :
Pouçot, léchepot, longi, malachi et le petit
riquiqui. V. ces mots. Cf. Lichepot.
Leçon (Lg., By.), s. f. — Leçon.
Lège (Mj.), s. f. — Chacun des disques du
liège qui servent de flotteurs à un engin de
pêche. Ex. : Y a eine lège de pardue. || L'en-
semble de ces disques, la garniture d'un
engin. Ex. : Velà la lège qui punge : y a des
poissons dans le boille de la sine. \\ By. —
Ensemble de ces disques garnissant une senne
un tréma (tramail ou trois-mailles) nappe ou
nappereau, etc. Chacun de ces disques est un
Cossard. Le bord inférieur porte les plombs
(plombs ou ardoises). — Ex. : V'ià la lège qui
pinge (plonge), c'est que y a eine accroche ;
c'est embêtant, car j'ai vu le boèdre de beaux
poissons. Quoué qu'çà, il n'en restera tout
de même dans le paressef.
Et. — Dér. dir. de Icvis (pour : legvis).
Legear (Mj.), e nul, adj. q. — Léger. Forme
vieillie. — Le fém. légère, jj By. — Ligear,
igère.
Legnou (Lg., By.), s. m. — Ligneul, fil de
cordonnier. Syn. et d. de Lignou. || By. —
Lignoux.
Et. — Lat. Linea, de linum ; proprement : un
fil de lin.
Légume (Mj., Lg., By.), s. f. — Ne s'em-
ploie que comme nom collectif au sing. —
Ex. : Je vas allé quérir de la légume pour
mettre dans la soupe. 1| Fig. — Les grousses
légumes, — personnages d'importance, — les
gros bonnets. Syn. de Grous-cul. N. Un vx
jardinier de Mj. avait pour signorie : Belle-
légume. II Mj. Parfois Légueume.
Et. — Lat. Legumen, de légère, cueillir : récolte,
chose cueillie (le sufT. men est participial et passif).
Hist. — « Le dommage n'a porté que sur les
lé'^iimes des jardins, qui ont toutes gelées. (1789. —
/ne. Arch., E, m, 1.50, 2.)
Légumier (Mz.), s. m. — Cultivateur qui
s'adonne à la culture des légumes, maraîcher.
I! Légumiste. Ag.
N. — Ces cultivateurs habitent 'surtout la partie
méridionale de la commune, c.-à-d. la Vallée. Or.
une tradition locale, assez désobligeante, prétend
que, lorsque Jeanne de Laval eut construit la levée,
elle peupla la Vallée en y établissant des forçats.
Descendant de forçats est une injure que l'on jette
encore à la tête des lésumiers. — Chose curieuse,
une tradition toute semblable existe aussi à Saint-
Germain-des-Prés en ce qui concerne les Varannes,
qui ont longtemps formé une population à part.
Ils descendraient de forçats importés par les sei-
gneurs de Serrant. C'est sans doute une, simple
calomnie.
Léiard (Mj., By.), s.- m. — Léard, peuplier.
V. Layard. Syn. de Ziard. Cf. Alovard, Ayard
(Jaub.),
Et. — L'étymol. de ce mot reste obscure. Je
soupçonne toutefois que Léiard est pour le Eiard,
par soudure de l'article, et que Eiard devrait s'é-
crire Eff/ard, avec gl mouillé, en sorte qu'il dérive-
rait de Eg\er Ou Egler. Le Lé<ard, Eiard ou Ziard.
c'est par excellence l'arbre que l'on egle, que l'on
élague. Léard est une forme corrompue et d'ailleurs
rare en Anjou.
Hist. — « Dans cette année 1739, M. le Curé de
Denée. . . m'a vendu la coupe des léards et autres
arbres. >> (Itw. Arch., E, n, 315, 2.)
Lélà ! (^Ij.), interj. — Hélas ! Exprime la
douleur physique. Syn. de Lalou, Lélou, Lala.
W By. — Ne s'emploie pas seul. Oh ! lélà.
Lélou I (Lg.), interj. V. Lalou f
Lende, Lande, s. f. — Sorte de cocon où
séjourne le pou avant son éclosion. Œuf de
pou (Mj.. Lg.). Double du mot fr. — Lat. :
Lens, tendis. || By. — Toujours : lente.
Lendif (Mj.), s. m. — Sorte de composée à
fleurs jaunes, à racines traçantes, à suc laiteux,
voisine de la chicorée. C'est le fr. Endiv»,
avec termin. masc. et soudure de l'article.
Cf. Labbé, Lierre.
Et. — Endive. B. L. Endivia, qui se rattache
au grec : en'tubon' par l'intermédiaire de la pro-
nonciation byzantine : en'dibon'.
Lendon. s. m. — V. Landon.
LENDORMI — LEUNE
515
Lendormi. — Sans doute pour : l'Endormi.
Paresseux, nonchalant. Ce nom se donne aux
bœufs de labour, com. : la Blanche, la Grise,
la Fainéante, la Pailleuse (Mén.).
Lenfoué (By.), s. m. — Dépôt vaseux.
N. — « Dans ce moment ici, l'eau est sortie de
dessus les prés, l'harbe est d'ein sale et pue le ma-
récage (marcage). Elle est toute couvarte de
nappe. Faudrait ben quarante-huit heures de pluie
à varse pour la netti. » — Ne pas confondre la
nappe avec le lenfoué. La nappe est un dépôt de
vase qui salit l'herbe ; le lenfoué est comme un
tapis de ouate sale, forme f)ar les bourriers (menues
herbes aquatiques) pourris qui, d'abord, flotte le
long des chantiers à la fui de l'été, puis tombe au
fond de l'eau. Sans doute pour : l'enfoui, le dépôt
au fond de l'eau des herbes pourries. Syn. Prâs.
Lengrois, s. f. — Cheville en bois, faite en
l)iseau, destinée à consolider l'outil nommé
Pointe-foncée (Tr.) Mén.
L'en l'ar (Lue), s. m. — Ce qui pousse sur
le sol.
Lent (mal de). — « Saint Méen est invoqué
pour la guérison des enfants atteints du mal
de lent (ou de lang) qui se manifeste chez eux
par des pleurs incessants sans cause précise
connue, ou lorsqu'ils tardent à marcher, ou
encore lorsque la maladie les tient en état de
langueur (G. Fbaysse, p. 98). |! By. — Il est
lent comme une vielle, comme einlumâs.t muet.
Lente (Lg.), adj. q. — Lent. Ex. : Il est
lente comme ine vielle. Cf. Sèche, Lent.
Lentille de pigeon. — V. Vesce.
Et. — Lenticula, dimin. de lens, lentis, lentille.
« Il faut dire : de la poirée et des nentilles avec les
Parisiens, et des lentilles avec les Angevins. »
(MÉNAGE.) « Plusieurs prononcent : nentille ; il faut
dire ; lentille. » (Marg. Buffet.)
Lequel (Mj.), pron. rel. — Ne s'emploie
sous celte forme que dans la loc. : Comme par
lequel que, — comme quoi. Ex. : Je illi expli-
qué comme par lequel que. . . — J'veux illi
donner ce qu'i m'demande, mais faut qu'i
m'en faise ein écrit comme par lequel il l'ara
reçu. V. Lequeul. \\ By. — On dit plutôt :
comme par laquelle.
Hist. — Ce qu'il y a de corruption a été occa-
sionné par un vicaire, nommé Coudroy, qui s'est
rétracté, ensuite duquel il a été poursuivi par
l'Administration, qui l'a fait condamner à six mois
de détention, d'après lequel il s'est rendu au Plessis-
Macé, où il y exerce ses abominables projets.
(Rapport de Gourdon, de Saint-Georges-sur-Loire.
Revue de V Anj., t. LIV, 320.)
Lequeul, laqueule (Mj., By.). — Pron. rel.
et interrogat. — Lequel, laquelle. Est tou-
jours suivi de la conj. que. Ex. : Lequeul que
c'est ? — lequel est-ce. — V. Clous.
Hist. — « Lesqueulz habillements de guerre ledit
Lecuilleriez promet rendre ou cas qu'il ne les perd
par fortune de guerre. » (/ne. Arch., E, 384, 2, 10.)
Les. — S'emploie pour désigner les
membres d'une même famille. « Les Bouchu
ont pardu leur fille. » (By.)
Lési (Lrm.), s. m. — Loisir. A son lêsi.
Lésir (Lé), s. m. — Loisir. V. Laisi.
Hist. — Leisir (Loisir). — a Que ne li die : Se tant
ai de leisir. » {Roi., v. 459.) — De là l'express, à
leisir, à loisir. — « Sa custume est qu'il parolet à
leisir. i> (Id., 141 ; L. G.)
Less, adj. q. (Jum.). — - Laid. « Il est less. »
y. Laid, Laisse.
Lessif ° (Lue, By., Mj.), s. m. — Eau de la
lessive.
Et. — Lixivium ou làxivia. D'après Nonius,
lixa est le nom ancien de l'eau, et : lix, le nom de la
cendre, ou de l'eau mêlée à la cendre. (Litt.)
Leste (du) (Mj., By.), loc. adv. — Allons,
du leste ! — dépêchez-vous.
Let (Segr.), s. m. — Lit. Guerdeau, mau-
vais lit. (Méx.).
Létanies (Mj., By.), s. ï. plur. — Litanies.
Cf. Emiter. On dit souvent : Etanie.
Et. — D'un mot lat., par un mot grec qui veut
dire prière, xht- et xiv" s. Letanie. — Hist. « Et
faisoit une belle procession avec force létanies et
beaux preschans. » (Rab., P., n, 2, 118.) — « Ce
disant, ouyt la letanie et les mémentos des prestres
qui portoient sa femme en terre. » {Id., ibid., 3,
119.)
Letière, pron. Ttière (Mj.), s. f. — Litière.
Syn. de Retière, Bourrée. — On pron. même
qqf. l'quière.
Et. — B. L. Lectaria, de lectus, lit.
Letord, s. m. — Mélange de trois quarts
de vin, qui n'a pas encore fermenté, auquel
on ajoute un quart d'eau de vie (Mén.). —
V. Létors.
Létors, Ictorc (Mj., By.), s. m. — Vin
bourru, tocane, jus de raisin, moût non
cuvé, mais seulement la partie extraite par
expression, et qui sort limpide.
Et. — Pour Le Etors, avec soudure de l'art.
Quant au mot Etors, il est composé du préf. E et
du part. Tors, de Tortre. lat. Torsum, de Torquere.
Syn. de Remâche. Cf. Effore.
Letron. — V. Laitron, Laiteron.
Lettre (Sp.), s. f. — De ses lettres, — de
son nom de fille. — Ex : Telle femme est
Neau ou Sauvêtre, de ses lettres, — ç.-à.-d.
q. son nom de famille, antérieur au mariage,
est Neau ou Sauvêtre. — On dit aussi :
Dans ses lettres. || La lettre en est ben grousse,
— ce n'est pas difficile à faire ou à comprendre.
— C'est un peu notre : Cousu de fil blanc
(By.).
Leu (Z. 139), pron. pers. — Elle. C'est
leu, — c'est elle. — V. Leurs, Leux. Syn. et
d. de Lé.
Leune (Mj., By.), s. f. Lune. 1| Souvent,
pour marquer que l'on n'a pas confiance,
on répond : Oui, la leune et le soulé. || By.
Et lenne. — V. Vin de lune. V. Jûne.
Hist. :
« Ce sont des œufs ponnus entre deux lunes
« Dont le moyeul est de telle efficace
» Qu'Amour s'en paist et en casse les jeusnes. »
(G.-C. BucHEE, 158.)
516
LEUNETTE — LÈVRE
N. — Donc, lune rime avec jeune, et u = eu. —
A moins que jeune ne rime avec lune, et que eu=u.
Leunette (Mj., By.), s. f. — Lunette.
Forme vieillie. || By. Très usité.
Leure (Lg.), s. f. — Loutre.
Et. — Syn. et d. de Loire et du fr. Loutre. —
Berry : leûtre. Lat. Lutra (d'après Vaukox), pour
lythra, et vient de Luô, parce qu'on dit que la
loutre coupe les racines des arbres sur les rives ;
mais ce mot ne se trouve pas en grec. (Litt.)
Leurs, Leux (Mj., By.), pron. pers. Leur.
Ex. : Je leurs ai dit. — La forme Leux est la
plus employée, et souvent on prononce ieux.
Ne pas confondre avec ieux, corrupt. du
franc, eux.
Hist. :
« Le juge vendange,
« Le greffier égrappe,
« Le sergent n'a rien, si ne leurs échappe. »
(1517. Inv. Arch., H, i, 86, 2.)
— « Aussi bien ne leurs a il rien ordonné par tes-
tament. » (Rab.. P.,|m, 23, 264.) — « Quant à ma
pratique,' aim"adore,ietîje /eu.rjparle à mon idée. »
H. DE Balzac, César Birotteau.)
Leutin (Lg.), s. m. — Lutin, esprit do-
mestique qui se plaît à faire des niches aux
fermiers. C'est le Farfadet de Mj. V. au Folk-
Lore, X.
Et. — Altération de l'a. fr. Netun, qui paraît
être le 1. Neptunus, dieu de la mer. Netun a été
altéré en Nuitun, Nuiton, sous l'influence de :
nuit ( le lutin se manifestant pendant la nuit), puis
en Luitun, Luiton, sous l'influence de Luiter, lut-
ter. La Fontaine emploie encore Luiton (Contes,
Chos. impos.), qui s'est contracté en Luton, puis
est devenu Lutin, par substitution de suffixe.
(Daem.)
Leutte (Lg.),'s. f. — ^Lutte.
Et. — L. pop. * luctare (class. luctari), devenu
régulièrement, au xi* s., loïtier, altéré plus tard en
Luitier, d'où : luiter, luter.
Leutter (se) (Mj., Lg.), v. réf. — Lutter. |1
V. réciproq., lutter ensemble, se bousculer, se
battre. V. Leutte.
Et. — Corr. du fr. Lutter, vx fr. Luiter. — Syn.
et d. de Loiter. — Hist. « Aux bonnes festes solen-
nelles elles chantoient, dansoient publiquement
toutes nues avec les garçons, voire luitoient en
belle place marchande. » (Brant., D. G., n, 256,
37.)
Leutteur (Lg.), s. m. — Lutteur.
Leuveresse (Sp.), s. f. — Bonne amie,
amante, maîtresse. C'est l'angl. Lover, avec
termin. féminine.
Leux (Mj., Ti., Zig. 203), pron. pers. —
Leur, à eux, à elles. Ex. : Dites-moi donc,
les gars, qu'i leux-y dit. I leux a dit. Syn. de
Ieux. Il Adj. poss. Leux père. — V. Leurs _
Hist. — Molière, Festin de Pierre : « Ils avont
des cheveux qui ne tenont poinct à leux teste. »
Le vailles (Tlm.), s. plur. — Grosses mottes,
dans un labour superficiel d'été. Du fr. Lever.
Il Lg. — Labour d'automne sur un terrain
que l'on n'ensemence qu'au printemps.
Svn. de Guiret-de-saison.
Levain (Mj., By.), s. m. — Fig. Reste de
compte impayé, destiné à être reporté sur un
nouveau compte.
Levé (Mj., Lg., By., partout), s. m. —
Levée aux cartes. Syn. de Pli. — V. Jaubebt.
— N. Hatzfeld donne ce mot comme vieilli
et dialectal.
Lève-cul (Mj.), s. m. ou f. — Enfant, et
surtout petite fille qui prend volontiers une
posture indécente, ou veille trop peu à celles
qu'elle prend.
Levée (Mj., By.), s. f. — Avant des anciens
grands bateaux et des fûtreaux actuels,
en forme de plan incliné et trapézoïdal, qui se
relève sous un angle d'environ 40 degrés.
Presque tous les bateaux des mariniers sont
aujourd'hui à nez rond, ç.-à.-d. à proue avec
étrave ; il y a trente ans , tous avaient la
forme d'un fûtreau, avec ché ou levée. V.
Chef. Il Assise de maçonnerie. || Levée de
foussé, — remblai de terre provenant d'un
fossé, espace (0™50) que couvre ce remblai.
Ex. : J'ai levée de foussé de ceté coûté-là.
C'est un terme de coutumes cantonales. ||
Lg. — Boîte contenant cent bobines de coton
filé.
Et. — Lat. Levare, qui est le dénominatif actif
de Levis, voulait dire d'abord Alléger, puis, de là,
lever une chose en haut, la traiter comme une
chose légère. (Litt.)
Il Compteur des levées, — celui qui établit
le compte des ardoises (Trélazé).
Lève-nez (Mj., Lg.), s. m. — Celui qui re-
garde sans cesse de tous côtés, au lieu de s'oc-
cuper de son travail.
Lever (Mj., By.), v. a. — Lever ^m jugement
contre qqn, — obtenir un jugement. — N.
On dit : relever ein jugement pour : en appeler.
Il Lever le cul, — se rouler à terre, se vautrer,
sans prendre garde à la décence ; ruer, en
pari, d'un cheval. 1| Lever le pied. — Dispa-
raître à la suite de mauvaises affaires, ss
régler ses comptes. || Lever des ancreaux,
des bosselles, — les tirer du fond de l'eau. ||
Détacher, découper, — un morceau de chair.
On lève la cuisse avant l'aile; d'où un dicton
trop leste pour être cité. || Lever la peau à
qqn., — le maltraiter , le rouer de coups. ||
Lg. — Labourer entièrement à l'automne un
terrain qui sera ensemencé au printemps ;
déchaumer. |1 By. — Lever une carte, —
la prendre au talon pour la mettre ds son
jeu. Il Lg. — Lever du lait, — le mettre de
côté pour un client. Ex. : Je vous ai levé
trois sters.de lait.
Levier, s. m. — V. 'Evier.
Levis (Sp.), s. m. — Double billon, ou
ados. On laboure souvent en levis.
Lièvre.
By. —
Lèvre (Lg.), s. m.
Lieuvre.
Et. — Doubl. du mot fr. — On y pourrait voir
un dérivé plus direct du lat. Lepus, leporis : mais
c'est sans doute plutôt une corrupt. explicable par
la tendance qu'a le patois longeronnais à supprimer
LEVREAUX — LIBARTÉ
517
l'i dans les dipht. ié, iè. Cf. Vanters. — Se pron.
qqf. Guièvre. — On dit bien : levraut, lévrier,
levrette (leporarius, lévrier ; s. e. canis.) Litt. —
Hist. Roland, v. 1780.
« Pur un sul lèvre vait tut le jour cornant. »
Levreaux, s. m. — Nom que l'on donne
aux bœufs en raison de la couleur de la robe
(Segr). Mén.
Levrette (Lg.), s. f. — Hase, femelle du
lièvre. N. Et non du lévrier. — Dér. dir. de
Lèvre. Doubl. et syn. de Liévrette.
Lexandre (Mj., Lg.), s. m. — Alexandre,
nom d'homme. Syn. de Sandret, Sandrou.
Lexandrine (Sp.), s. f. — Alexandrine. 1|
By. — Sandi'ine (Mj.).
Lexis (Mj.), s. m. — Alexis, n. pr. ; syn. de
Zizi.
Lézarder, v. n. — Faire com. le lézard.
Se chaulTer au soleil le long d'un mur. Syn.
de Soulailler, Souleiller, Couârer.
Li ^ (Mj.), pron. pers. masc. Lui. C'est le
cas régime direct. Dans celui-ci l'I n'est pas
mouillé. [| Com. compl. indirect. , c'est le cas
oblique, ds lequel l'I est mouillé. — Cette
remarque n'a de valeur que pour Mj., où
d'ailleurs la distinction des cas est absolu-
ment nette. A Tlm., on mouille tous les 1,
surtout suivis d'un i. On dit : ein lit (ghui) ;
lire ein livre (ghuire ein gliuivre) ; et, consé-
quemment : c'est li, c'est ghui ; ; com. je li ai
dit. A ^Ij., au contr., on dit : C'est /i ; et : je
li (ghui) ai dit. — Nous représenterons cette
prononc. par : illi. — Compl. des prépos. : C'est
ben fait pour li. || By. — Li, pour Lui. C'est
le cas indirect, cpiel qu'il soit, mis après le
verbe ou après une prépos. — C'est à li que
i'cause. C'est li que j'appelle. C'est pour li que
je travaille. Mis devant le verbe, il se pro-
nonce comme Gui : J'/i (gui) disais. Je li ai
(j'gu'ai) ben dit.
Hist. — « Vos li durrez urs e leons. » {Bol., v.
30.) — « Madame d'Angoulesme se recommande
à vostre bonne grâce et vous prie que vous //
envevés quelque chose de beau. » (1590. — Inv.
Arch., S, E, 231, 2, 19.) « Et par icèle cause
baillé pour // en achaler, 10 den. » {I'i03. — Id.,
II, S, 50, 1.)
Li '■' (Lg.), part. pas. — Lu. Syn. de Lisn.
Lî ■'. — V. Laise.
Liabar (Mb.). — Faire péter le liabar, c'est
embrasser qqu avec effusion el avec Ju'uit.
(MÉN.). Cf. Clabard.
Liaee (Cha.), s. f. — Glace.
Liage (Mj
câble.
), s. m. — Amarre, gros cordage,
Liagossée (Mj.), s. f. — Délayage, rata-
touille. V. Liagnsser. — A rappr. de Délayer.
N. — Il est assez difiîcile de discerner la véri-
table étymol. de ce nom. Celle que je donne ci-
Li. — Li équivaut, ou peu s'en faut, à la pro-
nonc. du Gli. Se rapproche de la prononc. Gui, dans
Liesse.
dessus me paraît plausible. Mais, d'autre part, il
paraît évident que ce mot est im doubl. de Lia-
vassée, qui se rattache non moins certainement à
Liavassoux et à Liogroux.
Liagosser (Mj.), v. n. — Gargouiller. 1| Cla-
poter.
Et. — Forme adoucie de Clagoter. Liagosser est
pour : Clagosser, comme Liapis et Licner, pour
Clapis et Glaner. Cf. Lagosser.
Liânoiix, ouse (Mj.), adj. q. — Fade et
aqueux, en parlant d'un fruit ; peu farineux,
en pari, de la pomme de terre.
Liaper (Mj.), v. a. — Laper.
Liapis (Mj.), s. m. — Clapotis.
Et. — Pour Glapis ou Clapis. (V. Liagosser.
Liéner). Ce mot a la même rac. que clapoter.
Liaprè (Mj.), s. m. — S'emploie dans
l'express. : Prenne de liaprè, — vieille espèce
de prune dont le vrai nom est, je crois, Prune
diaprée. C'est une corr. de ce dernier mot.
Liard (Mj.), s. m. — Mettre son liard, —
dire son mot, formuler son avis, surtout
quand on ne vous le demande pas. Ex. :
Fallait ben qu'a venne mettre son liard ! —
qu'elle se mêle à la conversation.
Liassée (Lg., Tlm.), s. f. Liasse, surtout
d'oignons. — Syn. de Trichotée.
Liavard (Sp.), s. m. — Lézard. || Fig.
Phlegmon. || Iris des marais, vulg. Flambe
d'eau. Iris pseudo-acorus. Cf. Yavard. N. Au
Lg. ce nom ne s'applique qu'au lézard vert.
V. Lizarde.
Et. — Ce mot est 1res probablement pour Gla-
vard. comme Liéneur est pour Glaneur. Dès lors,
il serait un dér. du fr. Glaive, el ce nom viendrait
tout naturellement à l'Iris de la forme de ses
feuilles. Cf. Liavert.
Liavassée(Mj.), s. f. — Délayage, ratatouille.
Ex. : J'avons mangé eine linvassée de soupe à
la palourde. — Doubl. de Liagossée. Cf. Lia-
vassoux et Lavasse.
Liavassoux (Tlm.), adj. q. — Humide, vis-
queux, gluant, de la nature des mucosités,
glaireux. Syn. de Liogroux.
Et. — Même rac. que l'angl. Slab, visqueux ;
Slobber, Slaver, — bave.
Liavert, s. m. — Iris pseudo acorus. V.
Liavard.
Libage (Ag., By.), s. f. — Fondation.
N. — Quand on veut faire une petite construc-
tion un peu lourde, par ex., poser un monument
funèbre, sur un terrain dont la solidité est faible ou
douteuse, on fait d'abord un bon libage (dans notre
pays, cela se fait avec des pierres d'ardoises sufTi-
samment grandes pour avoir une bonne portée).
Ces pierres s'appellent : pierres de libage, terme
usité chez les entrepreneurs de maçonnerie.
Et. — A. f. Libe, bloc de pierre. Orig. inc. Cf.
Luberder.
Libaiie (Bg.), s. f. — Vieille truie. Syn. et
d. de Lubrine ; syn. Gorinière. \\ Sal. — Fri-
cotour, mange-tout.
Libarté (By., Mj.),[s. f.'— ^Liberté.
518
LIBRODER — LIÉGÉ
Libroder (Mj.), v. a. — Couvrir de traînées
luisantes, comme font les limaces. ;| Sal. —
ou de quelquechose de mou qui peut s'étendre.
Sa culotte est toute librodée de boue.
Lican (Mj.), s. m. — Bout de corde attaché
à la tête du bâton de quartier, et qui sert à le
retenir et à le rattirer.
Et. — Lat. Ligamen ; doubl. du fr. Lien.
Licardenne (Sp.), s. f. — Lambeau de chair
ou d'étoiïe. Il 149'^ Z. — Licardaine. —
Tranche longue et mince.
Lice^ (Mj.)s. f. — Chienne. Ne s'emploie
que dans la loc. : Eter' en lice, — être en cha-
leur, en pari, d'une chienne. Syn. de Feu,
Chasse, Marois. C'est le mot fr. détourné de
son sens.
Lice ^ (Ag., Lue), s. f. — Haie, barrière.
Cf. Rue des Lices. — N. 11 paraît que, dans
ce sens, lices est une expression bien angevine,
très heureusement transportée dans la lang.
littér. par M. L. Cesbron (V. ci-dessous).
Et. — Lice (lieu préparé pour les courses, etc., et
fermé de clôtures). Pour Liste, de son sens primit.
de Barrière, clôture. L'angl. a encore List, au sens
de bord, marge, lisière, et Lists, au sens du fr.
Lice. — B. L. Licia, pieu : licise, défense mise au-
tour d'un camp. — D. C. Licium, trame, à cause
que les pieux sont rangés comme les fils dans une
trame... (Litt.) — Hist. « Furent faites lices de
bois en la rue devant laditte église. . . pour mieux
garder la grant presse de gens qu'elle ne fut trop
grant. » (Parlant du baptême du premier fils de
Charles V, en 1368. — Chron. de Saint-Denis. —
L. C.) — « Au bout d'un moment, comme ils s'ap-
prochaient des lices blanches derrière lesquelles
galopaient follement les jeunes chevaux. » (L.
Cesbeon, L Etrangère.)
Lichard (By.). — V. Licheur.
Liche (Sp., By., Sal.), s. f. — Bonne chère,
ripaille. Ex. : Aile aime ben la liche. |l Fu. id.
Dans les noms des cinq doigts, il y a Lichepot.
« Poussot, lichepot, longî, malagî, petit petit
petit.
Et. — De Lécher. D. C. Gallis olim Lichard. —
Lecalor.
Liché (By.), s. f. — Petite surface douce au
toucher, coupant en tout sens la fissilité des
ardoises. (Trél.). Mén.
Liche-cul (Mj., By.), s. m. — Petit chien
de manchon. || Fig. Plat adulateur, âme
damnée de qqn; rampant, flatteur, flagorneur.
Lichée (Mj.), s. f. — Trace luisante laissée
par un doigt malpropre. Ij Trace humide,
visqueuse, com. celle que laisse la langue d'un
chien, le passage d'une limace, etc. Syn.
Lochis. Il Petite quantité de matière étalée
sur une surface. Ex. : Faudra mettre eine
petite lichée de chaux sus ceté bout de mur
là. — Syn. de Fripée (By.).
Lichepot ! (Mj.), t. sonore, s. m. — Doigt
index. Terme enfantin, s'emploie sans article.
V. Pouzot, Liche, Lèchepot.
N. — C'est de l'index que se sert un enfant pour
iicher — orbiculaireraent, comme dirait Rabelais
-— le pot au lait, c.-à-d., pour enlever la crème qui
s'est attachée aux parois.
Lîcher (Mj., Lg., Sal.) v. a. — Lécher. H
V. n. — Godailler, faire bombance, se payer
des friandises. Doubl. du fr. Lécher. |fSe
Iicher les barbes, — se pourlécher. Syn. de
Relicher. \\ By. — i bref jj v. n. et absolument
s'empiffrer, boire d'autant, godailler, se
payer des douceurs. Cf. l'angl. to Lick, lécher.
i Se lever en mottes compactes devant la
charrue, en parlant de la terre. Syn. de
Louâbrer. Cf. Giner.
Hist. — « Et en la manière des ours, à force de
leicher, leur donner forme et façons de membres. »
(.J. DU Bell., Déf. et IlL, n, 11, 55.)
— «Le chat à Jeannette
« Est une jolie bête,
« Quand i veut s'fair' beau,
« I s'iicke le museau. »
(La Trad., p. 361, \. 16.)
— « Alors le flot qui voit
« Que le bord luy fait place, en glissant la reçoit
« Au giron de la terre, appaise son courage
a Et, la lichant, se joue à l'entour du rivage. »
RoxsAKD, cité par jArsERT.
Licheur (Mj., Lg., By.), adj. q. et s. —
Celui qui aime à satisfaire sa gourmandise.
Licoches, s. f. pi. (Ag.). — Morve du nez.
« Alexandre, laisse donc tes licoches ! »... à
un enfant qui tire avec le doigt ces chan-
delles jaune-vert-brun. Syn. de Cloche, Chan-
delle, Gnâ, Igneau.
Licochet. s. m. — Laitue vivace, ou laitue
vireuse (Méx.), Bat.
Lie (Lue, Mj.), s. m. — En ce sens, le mot
est plus souvent fémin. — Grosse corde,
liure, qui sert à fixer le chargement d'une char-
rette. Il By. — féminin, en ce sens. Mais
masc. dans celui de bord ou extrémité d'une
pièce de drap, formé d'un tissu plus grossier,
dont on fait des liens ou des jarretières. 11
faudrait p.-ê. Lis ou lî. — V. Lis.
Hist. — (C II a été trouvé une lie de grande char-
rette sur le vieux chemin d'Epinard. La réclamer
à. . . » [Petit Courrier du 26 octobre 1906.)
Lie-de-blé, s. f. — Excréments. Au 1" avril
on envoie souvent les gens crédules acheter
de la lie de blé chez l'épicier ou le pharmacien
(DOTT.).
Et. — Incert. « Lia, dans un manusc. lat. du
yj' s.. « fecla sive lias vini. » Paraît d'orig. celtique.
Cf. l'irl. Lige, dépôt, couche, et le bret. Leit, boue,
sédiment.
Lie-de-lait (Tlm., Lg.), s. f. — Crème.
N. — Pour singulière que soit la métaphore, cette
expression n'en est pas moins très usuelle. — Syn.
de Fleur-de-lait.
Liée (Lg., Tlm.), s. f. — Une demi-journée
de travail dans les champs, ou ce travail
même. Ex. : J'avons fait eine bonne liée de
matinée. Syn. de Bourdée, Rabinée, Repue.
Et. — De Lier. Une liée, c'est, proprement, le
temps pendant lequel les bœufs restent liés et
travaillent.
Liégé, ée (Mj.), adj. q. — Subéreux, en
pari, d'un fruit ou d'une racine comestible.
LIÉNARD — LIGNY
519
Et. — Liè£:e. L. levium, devenu Leuio. (Darm.)
— Hist. M C... fiatry..., c. disgracié, c. liégé,
c. flacqué. » (Rab., P., m, 28.) — Syn. de Miche,
Boiibe.
Liénard (Craoïi), s. pr. — Léonard || By.
— d'Angers on allait par le faubourg Bressl-
gné et le pavé de la Madeleine vers Saint
Guénard.
Liéne (Mj ), s. f. — Glane. Pour Gléne ou
Gliéne. Corr. du mot fr.
Liéner (Mj.), v. a. — Glaner. Pour Gléner
ou Gliéner. Cor. du fr. ; gl mouillé.
Hist. — « Et, si la court n'y donne ordre, il
fera aussi mal glener cette année, qu'il fit ou bien
fera des guobeletz. » (Rab., P., n, 12.)
Liéneu.Y, enneux (Mj.), s. m. — Glaneur.
V. Liéner. — Pour Glenneur, en mouill. le Gl.
Cf. Aglasser.
Hist. — « Car, ce faisant, j'espargne les ser-
cleurs, qui gaignent argent ; les mestiviers, qui
beuvent volun tiers let sans eau ; les gleneurs,
esquelz fault de la fouace. » (Rab., P., m. 2.) —
(J. DU Bell., Antiquités, p. 249.) — « Que chascun
va pillant, comme on voit le glenneur. »
Lier (Mj., Lg.), v. a. — Mettre sous le joug ;
atteler des bœufs.
Lierrii (Mj., Sal.), s. m. — Lierre. Syn. de
lUrace, Brout, Hierre, Hierru.
Et. — L. Hedera (avec agglutin. de l'article).
Paraît se rattacher au rad. Hendere (dans pre-
hendere) et signifier la plante qui prend, qui s'at-
tache. — Cette agglutin. n'apparaît ({u'au xv' s. —
Avant : herre, yeire, edre.
Liêtre (Tlm.), s. f. — Boucle de fd qui
entoure les écheveaux livrés par les fabri-
cants de mouchoirs. Elle diffère de la Ton-
taine que font les fdeuses locales. La Hêtre, en
effet, ne tient pas à l'écheveau, ou plutôt aux
écheveaux qu'elle enserre ; elle est faite avec
un autre bout de fil. De plus, elle entoure et
sépare plusieurs petits écheveaux distincts
en s'entrecroisant avec eux.
Et. — Du L. Ligatura ; doubl. du fr. Ligature,
d. de Y être.
Liêtrée (Mj.), s. f. — Grosseur dans un brin
de fil. Syn. de Trée. \\ Amas de raisin dans un
cep. Syn. de Lochée, Trochetée. || Grande
quantité, en général. Syn. de Lochée. \\ Paquet
(i'herlies, de fdasse, etc., emmêlées. — Doubl.
de Lictre, qui ne se dit pas à Mj.
Liétroii, LIéleron, (Cho.) s. m. — Herbe à
lapins. Pron. du Y'hjiétron. |] Mj. — Laiteron.
Corr. du mot fr. Plante de la famille des lac-
tucées. V. Guélron.
Lictte (Partout), s. f. — Tiroir d'armoire.
Ce mot a vieilli. Pour Layette ; cf. Balietle.
Syn. de Tirette. \\ Cho., te, Sal. — Liette
ou Tirette ; tiroir du buffet où l'on met les '
cuillers, les fourchettes, ij Ec. Tiroir de !
meuble (armoire, table, buffet), pron. lieC '
en une syll.
Et. — Layette. Du dam. laeye, Irode : ail. lade. ■
tiroir d'armoire, caisse, coffre ; puis : contenu du
coffre, et spécialement le linge d'un enfant nou-
veau néi V
Lieu (Mj.), s. m. — Place que chaque bête
occupe à retable. Cf. Jaub. Tonlieu. || Faire
ein lieu de motives, se louer pour la moisson,
tenir un lieu de moissonneur dans une ferme
donnée. I| Amener à lieu, — mettre sur le
lapis, soulever une question (By.). Ij Ne tenir
ni en lieu ni en place, — ne pouvoir rester
tranquille. i| Hêter le lieu, — visiter, inspec-
ter l'endroit. || Lg. — En lieu de, — au lieu
de. On dit aussi : Au Heur de. || By. — En
diss de, — en guise de.
Hist. — « Il savait le nom des bœufs de chaque
ferme, et leur lieu dans chaque étable. » (Anj.
Hist., m, 283, 17.) — A ton lieu ! dit-on aux vaches
en les ramenant des champs. (Mén.) — Lat.
Locus.
Lieue, s. m. (par erreur sans doute). — Une
lieue de moulin, ou 2000 pas ; chaque pas
valait 5 pieds ; ou mille tours de la roue d'un
moulin, ayant 15 pieds de tour et de circuit
par dehors, à prendre depuis ladite maison
jusqu'audit moulin {Coût. Gén., art. 2) — ou
bien à prendre de la huche du moulin venant
à l'entrée de l'enclos de l'estage. Du celt. leii.
(Mén.). — C'est le ressort du moulin banal.
Voir La Curne.
Et. — Leuca, que les auteurs lat. disent être un
mot gaulois. — Celtiq. ; Gaël., leig ; bret., leô, leu.
(LiTT.)
Lieur (Lg.). — En Heur de, pour : au lieu de
X. Lieur se dit exceptionnellement à Mj.
Lieuvre (By., Ti., Zig. 173), s. m. — Lièvre.
Lièvre (Sa.), s. m. — Fig. Écart que fait une
charrue mal dirigée en traçant un sillon. Un
laboureur maladroit fait des lièvres. — Sans
doute par allusion aux écarts de cet animal
fuyant le chasseur. Cf. Codâiiler.
Liévrette (Tlm.), s. f. — Hase, femelle du
lièvre. Doubl. et syn. de Levrette.
Ligear, fém. ligère (Mj., By.), adj. q. —
— Léger, mot vieilli. On dit mieux Legear,
pron. : l'geare.
Ligne (AIj., By.), s. f. — Jeu d'enfants. —
\. au Folk-Lore, vu.
Ligner (Mj., By.), v. a. — Tracer au cor-
deau des lignes sur une pièce de bois. Ce mot
est de la langue des charpentiers et des scieurs
de long.
Ligneur (Mj.), s. m. — Pêcheur à la ligne.
Il By. — Ligneux.
Hist. — Dimanche, dès 5 heures du matin, place
Larochefoucault, la Société des pêcheurs à la ligne
se réunissait. . . Après le pesage (du poisson, bien
entendu), en cortège, les ligneux se rendent à la
Maine. (Petit Courrier du .SO juillet 1906, 2, 2.)
Lignou'^(Sp., By.), s. m. — Ligneul. |l Fig.
Filet ou irein de la langue. On dit d'un
bavard : La bonne femme qui illi a coupé le
lignou n'a pas volé ses cinq sous. — C'est le
fr. Ligneul, altéré. Doubl. et syn. de Légnou.
Ligny (le port), s. m. — Quartier d'Angers.
' Hist. — n . . .Hz vindrent. . . et de là sur la rive
du fleuve de la Mayenne s'espandirent, en la place
•Llaquelle (pour l'habondance des boys et bûchera
520
LIGOINER
LIPPE
qui y sont) l'on appelle le port Lignier. » (J. de
BouÈd., C. L., I, 212.) — Et. De : portus lignarius,
originairement le Port Lignier, ou Legnier, Lenier,
et enfin Lanier, p.-ê. à cause de qq. personne du
nom de Lanier, qui avait fait qq. réparation à ce
port. (MÉNAGE.) — Non ; J. de Bourd. a mieux
rencontré. Lat. Lignum, bois.
Ligoiner (Pell.), v. a. — Mâcher, masti-
quer longuement. Syn. de Mâtroyer. \\ Même
explicat., de plus : Probablement le même
que Digoiner, ou Guigoiner, qui vient de
Digane ou Guigane.
Lilas de terre (Mj.), s. m. — Petite plante
d'ornement, à tige herbacée, et dont la fleur
a une certaine ressemblance avec celle du
lilas. C'est le muscari monstrueux.
Et. — Esp. : lilac, de l'arabe, lilata, d'orig. per-
sane. Lilas est pour : lilacs, plur. de lilac.
Lilas-terrien (Pt.), s. m. — Syn. de Lilas
de terre.
Limande (i\Ij., By.), s. f. — Branche de
saule que l'on attache avec les arçons, pour
renforcer la haie, mais qui n'est pas fichée en
terre, comme les arçons eux-mêmes.
Et. — Du lat. Ligamentum ? — Hist. « Les autres
faces avec leurs tournons estoient toutes de tables
et limandes. » (Rab., Sciomachie, p. 594.) — « Un
enjoliveur. . . fit. . . des séparations avec des ais, les
unes de bois de chêne, les autres de sapin, tenans
à clous, fers et chevilles, et enmortaisées, en
limandes ou sableres. >< {Coust. d' Anj., t. II, 544.)
Limas, along(Lg., Tlm.), s. m. — Limaçon,
escargot. Doubl. et syn. du Mj. Luma, a bref,
rac. du fr. Limaçon. Syn. Coquet. \\ Lg. — •
>,'. On distingue le limas à coqueille, ou escar-
got, et le limas rouge. — Au Lg., le nom de :
loche ne s'applique qu'aux autres espèces de
limaces.
Et. — L. limax : grec, leïmax, de leïmôn', lieu
humide. (Cf. Limon.) — Hist. « Un limas dans les
gapiers (balle d'avoine). " (Mont., Essais, ni, 13.)
Rappelle le : mus in pice, des anciens. Jaub. —
« Les. intelligences comme limaz sortant des fraires
(fraises). » (Rab., P., iv, 30.)
Limer (Mj.), v. n. et a. — Au billard, im-
primer à la queue des mouvements rapides en
avant et en arrière avant de lancer le coup.
Et. — L. lima, qui se rapporte à : limus, oblique
à cause de l'obliquité ou de la courbure des dents
de la lime.
Liméro, s. m. — Corrupt. du fr. Numéro.
N. — L'I remplace n, comme dans : envelimer,
et i remplace u, comme dans Lindi. — Qqf-,
Luméro. (Jatjb.)
Limon (Z. 127, By.), s. m. — Timon ;
brancard.
Et. — Wallon, limon, poutre? — Hist. « Icel-
luy varlet se ferma une corde au col, en manière
d'une vercoUe pour soustenir le limon du dit demi-
char. H (1460. L. C.)
Limonade (Sp.), s. f. — ■ Syn. de Merline.
Vient des lang. orientales. — Qqf. mauvaises
affaires. Cf. Purée, Pétrin. « Il est tombé
dans la limonade. »
i > Limouges. — Espèce de champignon qu'on
recueille à Tigné.
Limounade (St-P.), s. f. — Mauvaise pro-
nonc. de Limonade.
Limousin (Lg.), s. m. — Gratte-cul, fruit
de Véronfier. X. Il doit y avoir là qq. allusion
maligne.
Et. — Lemovices, nom gaulois du pays de Li-
moges.
Lin, s. m. — Lin sauvage. Achillea ptar-
mica ; mille-feuille ou saigne-nez.
Linceul (Lue), s. m. — Drap. '\ By. — Lin-
ceuil.
Et. — Lat. Linteolum, petit linge, dimin. de
linteum, linge, de linum, lin. — Hist. « Frère .Jean
emporta la couverte, le matelas et aussi les deux
linreulx. » (Rab., t. V, f. 66.) L. C.
Linçoir (Mj., Tlm., Lpos., Lg.), s. m. —
Pièce de bois formant la partie interne du
linteau d'une porte ou d'une fenêtre, 'i Pièce
de charpente fixée transversalement au
devant d'une cheminée, entre deux soliveaux,
et supportant les extrémités d'autres soli-
veaux. — Chevêtre. V. Littké. — Voisin du
fr. Lintreau.
Lin des marais. — Eriophorum polysta-
chium. (Bâtard).
Lindi (Lg., By.), s. m. — Lundi, il Mais pas
à Mj., ni à Sa.
Line, s. m. — V. Lait de couleuvre (Bâtard,
Méx.).
Linge (Lg.), adj. q. — Léger. Doubl. de
Lège et du fr. Liège. Lat. : levis. N. Il con-
viendrait p.-ê. d'écrire : leinge. || Long et
mince, fluet, effilé. Se rappr. de l'angl. Lean.
N. — Mince, délié. Encore en usage en cette
signification dans le Languedoc et dans la Pro-
vence. (Ménage.) — « Sa personne estoit et fut
toujours lin^e et menue. » (L. C.) — « Faible
comme une toile de linge, * lintium, * lintj -j- e
d'appui, * lintja, pour : linteum, linteam, de
linum, lin. » (D'' A. Bos.)
Linguet (Mj., By.), s. m. — Déclic, taquet
qui retient une roue à rochet. Du lat. Lingua,
avec le suffixe et, diminutif.
Linot (Mj., By.), s. m. — Linotte.
Et. — Ainsi nommé parce qu'il aime les linières,
la graine de lin. (Litt.) — V. Jaub. Citât, de
Marot. Cf. Chardonneret, de Chardon.
Liogroux, ouse, (Mj.), adj. q. — Visqueux. ||
Sali par des matières visqueuses, gluantes ou
glaireuses. Syn. Gleuroux. \\ Boueux.
Et. — Pourrait être une corr. du fr. Glaireux, par
métath. du G. — V. Gobicr, etc. — Plus probable-
ment a la même rac. que son synon. Liavassoux.
On sait que le v. et le g se remplacent sans cesse.
— Cf. Liagossée et Liacassée.
Lippe (Lg.), s. f. — La langue, considérée
comme servant à lécher, à laper. — C'est le
mot f:-. détourné de son sens par assimil. avec
Laper. !| Faire la lippe, allonger les lèvres,
bouder (By., id.). C. Franche lippée. || Sal. —
Grosse lèvre. — N. Un ancien inspecteur
d'Académie d'Angers (M. de L.) s'appelait
le Père la Lippe, de sa lèvre inférieure proé-
. minente.
LIPPEREAU — LIZARD
521
Hist. — « Icellui Mullot par manière de desri-
sion commença à faire la lippe ou la moe aux sup-
plians. » (1457. — L. C.) — Et. Ail. Lippe. Lat.
Lab-rum.
Lippereau (Mj.), s. m. — Lippe, lèvre. Cf.
Nippereau.
Lippot' (-Mj.), s. m. — Moue, avancement
de la lèvre inférieure. « Faire son lippot. » V.
Pot. Il Nœud coulant fornné avec la jène dont
on enserre le nez des vaches, pour les conduire
aux champs. Syn. de Galipot. Du fr. Lippe.
Liqiiet (Do.), s. m. — Le hoquet. Syn. de
Hiquet, .Jiquet, Loquet.
Lire (Sal.). — Boire à la lire, c.à.d. en lais-
sant tomber d'une certaine hauteur le liquide
dans la bouche ouverte, sans appuyer sur les
lèvres le goulot de la bouteille. V. Lyre, meil-
leure graphie.
Lirou (Sp.), s. m. — Loir, lérot. 1| Dormir
coni! le ein lirou, — dormir comme un loir.
Et. — Corr. du vx fr. Liron, dér. du lat. Glis,
gliris. Syn. de Aliron, Rat-liron. — Lat. pop. Gli-
ronem ; class., glirem. — Hist. « Puis grands
pâtés de venaison, d'allouettes, de lirons. » (Rab.,
P., IV, 59.) — « Soubdain deviennent gras comme
glirons, qui par avant étaient maigres comme
pics. » (Id., ibid., v, 4.)
Lis (Mj.), s. m. — Lisière d'une étoffe.
Et. — P.-ê. de liste, bordure ; aha. lista, bor-
dure ; am. leiste. — Cf. Lisière, liseré.
Lisandier, s. m. — Un malin en affaires,
celui qui sait lire couramment. — V. Lisoux,
Liseux.
Lisette (Sp., Lg.), s. f. — Betterave blanche
cultivée pour la nourriture des bestiaux.
Et. — Corrupt. du fr. Disette. On sait qu'une
variété de betterave s'appelle Betterave disette.
Mais Lisette s'emploie absolument et dans le sens
le plus général pour désigner la betterave cultivée
comme fourrage. On dit Lisette, et non Betterave
lisette.
Liseux (Mj.), s. m. — Liseur. Syn. et d. de
Lisoux. V. Lisandier.
Lisière (Lg.), s. f. — Visière d'une casquette
Syn. de Bonjour. Confus, des deux mots
Visière et Lisière. V. Lis. N. On mouille Tl.
Lisou.v (Mj., By.), s. m. et f. — Celui ou
celle qui aime la lecture, grand liseur. Syn. et
d. du fr. Liseur. Cf. pour la forme, Mardoux,
Bavoux, etc. Y. Lisandier, Liseux.
Lisse (Do.), s. f. — Diminut. de : palisse,
prépare pour les bœufs (Mén.). — Palisse?
Prépare?
Lissée (Mj.), adj. q. — Ne s'emploie que
dans l'express. Gueule lissée. C'est une
croyance populaire qu'une soûlée de loup
dure neuf jours, pendant lesquels l'animal ne
pe\it remuer les mâchoires. 11 est probable
qu'on aura vu parfois des loups ayant la
mâchoire désarticulée à la suite d'un bâille-
ment ou de l'effort fait pour saisir une proie
trop grosse. V. Bâillonné, Enclacelé.
Lissurc (Tlm.), s. f. — Double fd formant
au milieu une boucle où passe un fd de chaîne.
L'ensemble des lissures constitue une lame.
(Lang. des tisserands).
Lisii (Mj., Tlm.). part. pas. Lu. — N. N'est
employé que par les enfants ou par les per-
sonnes tout à fait ignorantes à ^Ij., mais il
l'est couramment à Tlrn. où on mouille Tl.
Lit à l'ange (Mj.), s. m. — Ancienne forme
de lit, à pieds élevés et à carrée ou baldaquin.
N. — C'est le lit à la duchesse. (V. Hatzfeld.)
Autrefois, la carrée était supportée par quatre
colonnes ; plus récemment, elle ne l'était que par
un fort panneau de menuiserie qui formait la tête
du lit et que masquaient les bonnes grâces. Des
vargette^ de fer, courant tout autour de la carrée,
soutenaient les grands rideaux de serge verte, qui
tombaient perpendiculairement et formaient une
sorte de chambre. Le lit à l'ange était flanqué
d'un coiïre ou marchepied, qui servait à y monter.
Lit à bateau (Mj.), s. m. — Lit de forme
basse. || By. — A dos renversé.
Hist. — « On trouve dans une même habitation
ces trois formes de lit, auxquelles on mêle la forme
moderne, dite : lit-bateau. [La Trad., p. 42, 1. 34.)
Litran, s. m. — Litron. Ancienne mesure
ou 16e partie d'un boisseau, ou 36 pouces
cubes ; un litron de pois, de fèves. [Privilèges
delà ville d' Angers, — 1.3 juillet 1615. — Mén.)
Et. — L. litra, mesure de liquide ; grec, litra,
une livre.
Liure (Mj., By.), s. f. — Agrafe, petit cro-
chet de fd de fer servant à raccommoder la
vaisselle cassée.
Et. — Lat. Ligatura.
Livre (Mj., By.), s. m. — Feuillet, le troi-
sième estomac des ruminants, tout tapissé de
replis muqueux rappelant les feuillets d'un
livre. Sens métaphor. || Passer ein livre, — le
lire d'un bout à l'autre.
Livrer (Mj., By.), v. a. — Donner ou
prendre livraison.
N. — L'emploi de ce mot dans les deux sens
contraires ou réciproques est à rapprocher de
l'emploi analogue que l'on fait en fr. du v. Louer,
donner ou prendre en location. — Cf. Arenter,
Aviager.
Et. — L. Liberare, rendre libre. « L'idée mo-
derne, dit ScHELER, se déduit naturellement du
sens classique : affranchir, détacher une chose ou la
laisser partir, la livrer, ne plus la retenir, sont des
idées qui se tiennent. «
Lizard (Mj., By.), s. m. — Lézard. On dit
proverbialement d'un homme chanceux : Il
. a eine queue de lizard dans sa poche. Selon la
croyance popul., une queue de lézard est une
amulette équivalente à la corde d'un pendu.
— Doubl. du fr. ; angl. Lizard. Syn. de Lia-
vard, Lizardc.
N. — La voyelle i s'est changée, au xvr' s., en e.
En Berry, lizard : lat., lacertus ou lacerta, lézarde.
« Petit //cart/ courant à travers le pampre. » (Rab.)
— Un mur se lizardc. « Le roi Gontran, un jour, à la
chasse, s'endormit, une petite bête en façon de
lizard lui yssit de la bouche. » (J. de Bourdigné.)
— « Mais singulièrement y apparoissoient, au
demy-jour aucuns limaçons, en un lieu, rampant
522
LIZARDE
LOITER
sus les raisins, en autres, petits lisars courant à
travers le pampre. » (Rab., P., v, 38.) — « Avec
le chameleon, qui est une espèce de lizart. » (Id.
ibid.,ï\, 2, 359.)
Lizarde (Mj., By.), s. f. — Lézarde. '| Lg.
— Lézard gris. N. Le lézard vert s'appelle
Liavard.
Lizarder (Mj., By.), v. a. et n. — Lézarder.
Lizette, s. f. — Betterave rouge (Li., Br.).
Il Th. — B. fourragère. — V. Lisette.
LZaverd. — V. Llois. Mén. Iris pseudacorus.
Bat. qui l'appelle encore Iris jaune, ou des
marais. Liaverd.
LZere, s. m.
Lierre. ]\lÉx.
LZois, s. m. — Iris des marais et Liaverd,
qqf. flambe. (Mén.) Bat. id. Ou l'Iris germa-
nica.
Loce. — Espèce de vrille pour percer le bois.
{Rei'ue d'Anjou, 1883. V. Losse.)
Loche (Mj., By.),s. f. — Limace. Syn. Limas.
Il Petit poisson très gras, de la grosseur d'un
goujon, qui se tient caché sous les pierres, au
bord de la Loire. On dit proverbialement : Gras
comme eine loche, — en pari, des personnes ou
des animaux. By. — Très souvent appelé
lotte, et j'ai entendu appeler loche la grosse
lotte.
N. — On sait que les limaces sont hermaphro-
dites, comme tous les animaux de ce groupe.
Chaque individu possède donc un organe mâle,
présentant la forme d'un petit cône qui, au mo-
ment de l'accouplement, fait saillie sur un des côtés
de la tète, en même temps que l'organe femelle
s'ouvre vers le milieu du corps et du même côté.
Or, à Sp., les gens de la campagne prétendent que
ce côté change chaque année et que l'accouple-
ment a lieu alternativement par la droite et par la
gauche du corps. Il y aurait là un détail de phy-
siologie intéressant à vérifier. J'ai observé qu'en
1888, l'accouplement se faisait par le côté droit,
qui répondrait alors aux années paires. (R. O.) —
Hist. « En l'an 1661, le bledz sur la fin de l'année
valoit XLV s. le seigle et 4 s. le froment, pour la
cause des loche et autre intempérie de l'air. »
(Inv. Arch., E, n, 165, col. 2.) — « Mainte nourrice
du Poitou et d'ailleurs prétend encore... qu'un
collier de dents de loup ou d'os de loche (c'est la
coquille rudimentaire de certaines limaces) fait
« percer les gencives ». (La Trad., p. 72, 1. 15.)
Locliée (Mj.) s. f. — Forte note à payer.
Ex. : Illy en a eine fameuse lâchée à payer,
chez le phormacien. jj Forte trochée de fruits.
Syn. de Lictrée, Trochetée.
Locliis (By.), s. m. — Trace visqueuse
laissée par les lumas et les loches. Syn.
Lichée. || Matière visqueuse qui se trouve sur
le corps des anguilles, des tanches. Y. F. Lore,ix.
loddier de toille teinte garny de filasse ... »
N. — Hatzf. donne ce mot avec le sens de
couverture.
Loge à bourre (Lg.), s. f. — Loge ou hangar
rustique, édifié en perches et branchages, et
recouvert de paille, genêts, grètes, etc., de
bourre ou de bourrage, en un mot. || Sal. —
Loge, id.
Et. — BL. Laubia, lobia, lobium, aha. lauba,
laubja ; am. Laube, feuillée, parce que de telles
cabanes étaient faites en feuillage. — Ne peut
être rattaché à Locare. V. cependant loger.
Logereau (Lg.), s. m. — Logette. V. Loge
à bourre.
Logeur (Mj.), s. m. — Ouvrier qui est logé
et pensionnaire dans une maison particulière.
Logis, s. m. — Logis.
X. — Ce mot est bien français, mais il semble
qu'il ait eu dans notre région, surtout du xv« au
xvTCP s., le sens spécial de : maison importante,
située dans une ville ou un gros bourg, et servant
de résidence à un seigneur ou à un riche bourgeois,
ce que l'on appelle aujourd'hui, en fr., un hôtel.
Il y a encore, à Angers, le logis Barrault. Le bourg
de Champtocé a le Petit Logis ; Mazières a le
Logis, etc. (By.)
Loguier (Sp.), s. m. — Matelas sur lequel
on couche. Ce mot a vieilli à Mj., mais il est
très usité à Sp. — V. Lodier.
Et. — Ail. zu liegen, être couché? — Hist.
« Passant oultre, je vis un averlant qui, saluant
son allié, l'appela mon matraz : elle le appeloit
mon lodier. » (Rab., P., iv, 9.)
Loi (Lg., By.), s. f. — Etre à la loi, — être
légal, en conformité avec la loi. i| Tlm. —
Religion, confession. Ex. : Les Petite Église
ne sont point de la même loi que nous, il Mj.
— Ribon la loi. V. Ribon.
Loibres, s. m. pi. — Pelures de terre cou-
vertes d'herbes servant à retenir les épines
sur un fossé neuf (Mén.). V. Louâbre.
Loin (Mj., By.), adv. Loin-à-loin, — de loin
en loin. Ex. : On a queuques fois queuques
bonnes journées, mais a sont ben loin à loin.
Il A longue distance l'un de l'autre. Ex. : C'est
loin à loin, comme les collations de chien.
hk-loin, — là bas. Ij Atteindre de loin, —
être influent, avoir le bras long. !l Ça ne va
pas loin, — cela n'a pas de portée, c'est de peu
d'importance !| En loin, — au loin. Ex. Je
l'ai vu en loin qui passait.
Lointer (Segr.), v. a. — Jouer, prendre ses
ébats en s'amusant ; opposé à lutter (MÉx.).
\\ Loiter.
Loire (Mj., By.), s. f. — Loutre. N. La
loire n'est nullement le loir. — Cf. Leûre,
Loure (Jaub.).
Loclion (Mj., Lg.), s. m. — Boulot, enfant
très gras. Ex. : Queun grous lochon de que-
neau ! Augment. de Loche. Syn. de Pape,
Pâté, Daubier, Tourteau, Maloquais.
Lodier (Mj., Chl.), s. m. — V. Loguier.
Matelas sur lequel on couche. Cf. Loguier.
Mot vieilli. Je le retrouve dans l'inventaire de
Brodeau, de 1745 (V. Charlit) : « Item... un Leuter. A vieilli. Doubl. des mots fr; et pat. :
Loiriers, s.
de la Loire.
Loïse (Lg.,
femme.
m. pi. — Habitants des bords
By.), s. f. — Héloise, prén. de
Loiter (Chpt,), v. n. — Lutter. Syn. de se
LOITRINARD — LOPIN
523
Hist. « A braz ambsdons (deux) prenent sei
pour loite » Roi., v. 2552.
Loitrinard (Mj), adj. q. — Lambin. Syn. de
Lambinard, Lainbinier. — V. Loitriner.
Loitriner, louè-tri-né (Mj., SaL), v. n. —
Aller lentement, en lambinant, en lanternant.
— Syn. de Rafouiner.
Et. — Cf. l'angl. to Loiter, même sens, avec une
terminaison diminutive. Faut-il rapprocher ce mot
du fr. Lanterner, dont il serait une corruption ?
Loleaii (Partout), s, f. — Eau, terme en-
fantin. Ex. : Veux-tu hume de la loleau? —
C'est deux fois le mot l'eau. V. Lolo.
Lolo (Mj.), s. f. — S'emploie dans la loc. ;
Faire lolo, — caresser doucement avec sa
main. Terme enfantin. V. Loleau.
Londain (Lg., By.), s. m. — Rangée d'herbe
fauchée, en forme d'ados, telle que la laisse
la faux de l'ouvrier.
Et. — Syn. de Ondain. C'est le même mot, avec
prosthèse de l'article 1', comme dans Lierre.
Long, ue (Mj., By.), adj. q. — Long comme
ein jour sans pain — très long. — On dit :
Jour sans pain, misère en Prusse, quand on
tire, au jeu de loto, le n" 3L Les soldats
n'étaient pas payés le 31 des mois ayant ce
nombre de jours. || Au long de, — le long de.
Il Tout du long, — tout au long. H De long en
long, — de long en large. Ex. : Il se promenait
de long en long de la cour, li De long en long,
— tout au long. Ex. : A m'a raconté ça de
long en long. \\ A longue et à lâche, — lente-
, ment, sans se presser. Ex. : Le velà là loin qui
s'en veint à longue et à lâche (pron. et ia
lâche). Il Lg. — En dire long. V. Dire. || N'en
savoir plus guère long, — être à bout. Ex. :
Tes chausses n'en savent pus guère long, —
tes bas sont à peu près usés. || A la longue du
temps, — à la longue, avec le temps. || Au
long de, — au bord de. Ex. : N'y a ren qu'il
aime tant que d'être au long de l'eau, !| Mj. —
A longue d'année, — tout le long de l'année.
Ex. : Y a de l'harbe à couper à longue d'année.
On dit aussi : A longue année. Ex. : Les mari-
niers mangent de la salade de pissenlits à
longue année (By).
Hist. — (( Si leur furent les portes ouvertes et
passèrent un a un en saye au long de son lict. »
(Amyot, Alex.-le-G.) — « Plan d'un accroissement
de grève formé au lon<î de la rivière de Loire. »
(1768. /ne. Arch., H,i,p. i5;i, 1.)— « Il est tombésur
la cure le feu du cieL . . qui perça les poutres de
/ong en /ortg et brûla partie des chevrons. «(1750. Id.,
E, II, 268, 2.) — « Eugène était muet et se prome-
nait, de long en long, dans sa pauvre chambre en
désordre. » (H. de Balzac, Père Goriot, 193.) —
« Vûë doit être faite aux quatre angles de l'héri-
tage, de bout en bout, de long en long, au doigt et à
l'œil. » (Coût, de Poil., t. il, 6'J3, 407.)
Longe (Mj. ), s. f. Drap plié dans toute sa
longueur que l'on passe sous un cercueil pour
le porter. || Chv. — Corde pour attacher une
vache. « Donne donc la longe (By). Syn. Fène.
Hist. — « Sans faille, ce n'est pas mençonge,
« Bel Acueil a trop longue longe. »
(Rose, v. 3588.)
Lougéier (Mj., By.), v. a. — Longer, aller
le long de. Ex. : « 11 s'en allait en longéiant les
haies. » || S'étendre le long de, jouxter, être
adjacent. Cf. Rondéier, Gauléier, Foléier.
Longe-pied (Lg.), s. f. — Courroie que les
vétérinaires fixent d'une part aux pattes pos-
térieures et d'autre part au cou d'un cheval
ou d'un taureau pour l'empêcher de ruer et
pratiquer, sans danger, certaines opérations.
Longère (Lg.), s. f. — Lisière, morceau
allongé, bande longue et relativement étroite.
— Syn. de Ringlette. Cf. Longuerelle (Jaub.).
Hist. — « En cette année, j'ay fait construire
une longère de bâtiment et toits à porcs. » (1729.
Inv. Arch., p. 351, C. 1.)
Longerette, s. f. — Longerette des prés, en
forme de langue ; id., longuerette. Ne serait-
ce pas plutôt : languerette, ou languet. Autre-
fois : longeret (H. D. 1614). Mén.
Long-grain. — Sens perpendiculaire du
schiste. V. Repartons. (Mén.)
Longi, gie (Mj.), s. m. — Le doigt majeur;
terme enfantin. S'emploie sans article. Syn.
Bougi. V. Pouzot. Il Lambin.
Longue (Mj.), s. m. — Sorte d'oiseau aqua-
tique à grandes pattes, plus voisin de l'oie que
du canard ; pèse de 5 à 6 livres. — Plonge beau-
coup ; pattes demi-palmées, plumage bigarré,
noir et jaunâtre. — On peut l'écrire Longuet.
Il By. — Une languée.
Longue-lialeine (Mj.), s. f. — Insecte aptère,
dont le corps cylindrique est de la grosseur
d'un brin de chaume, long de cinq à six cen-
timètres, et de couleur jaune-verdâtre. On
le trouve dans les haies, et c'est lui qui rem-
plit les nuits d'été de son chant très doux,
mais agaçant par sa continuité. De là son
nom. Syn. de Sirène.
Longuerette. — ^^ Longerette.
Louvoyer (Mj.), v. n. — Louvoyer, tirer
des bordées.
Et. — Ce pourrait bien être la forme originelle
du mot fr. Notre mot pat. semble, en effet, dériver
du fr. Lont^-Voie. Louvoyer, tirer des bordées,
n'est-ce pas allonger sa route, prendre la voie la
plus longue? A remarquer encore qu'entre les
formes pat. et fr. il existe le même rapport qu'entre
Caillou et Caillou (R. O.) — Darm. tire ce mot de
Lof (orig. scandin.), ce qui me semble préférable.
(A. V.)
Lopin (Mj., Sp., Lg.), s. m. — Paquet de
rognures de fer et de vieux fers à chevaux,
que les maréchaux ressuent et soudent pour
en forger des fers neufs. || Tlm. — Lopins de
forge, s. m. — Sorte de roche que l'on trouve
en certains endroits par lils de cailloux ou
rognons rappelant le mâchefer rouillé. C'est
ce qu'on appelle, à Sp., Merde du diable, et
au Lg. Noue de forge, en fr. Poudingue. —
Dim. du fr. Loupe. || Fortune, avoir ; lopin
de terre, petite pièce de terre ; guonillf. mor-
ceau d'étoffe.
Hist. — « Lopiner est un mot fort en usage dans
le Palais d'Angers : où on s'en sert particulière-
524
LOQUEBANNER - LOSSE
ment au sujet des partages. Ex. : On y (dans
chaque lot) doit mettre les pièces entières, et non
pas les lopiner. » (Ménage.)
Loquebaiiner (Bf., By.), v. n. — Être mal
fixé. « Petit, t'as un joli coutieau. — Vère,
mais la lame loquebanne dans le manche.
Syn. Berloquer. \\ Bg. — Secouer un loquet,
une porte mal close ; loqueter.
Et. — Loquet. Af. loc, or. german. — Cf. angl.
Lock, serrure.
Locjjuence (Mj..), s. f. — Bagout, loquèle,
facilité de parole. \'. Babille. — C'est le fr.
Eloquence, mais non dans le sens relevé de ce
mot. Le latin faisait la distinction entre
I^oquentia et Eloquentia. Julius Candidus
avait coutume de dire : aliud esse eloquentiam
aliud loquentiam. — Ex. : Il a eine bonne
loquence.
Et. — Loquèle, de loqui. — Hist. « Lequel
Mahieu est affolez d'un bras et d'une jambe et de
la parleure ou loquence. » (1375. — L. C.) — « Li
défaut de la letreure et de loquence. » (Dom Bou-
quet. — Id.) — Adage normand :
— « En prinche loyalté,
« En clerc humilité,
« En prélat sapience,
i( En advocat loquence. »
Loquet i (By.), s. m. — Pris à tort pour la
clef. C'est le morceau de fer sur la partie plate
duquel on pèse et qui soulève une autre lame
de fer. 1| Mj., Lg. — Hoquet. Syn. de Jiquet,
Hiquét, Liqnet.
Et. — Dimin. de l'a. f. Loc, venant du germ.
anglo-sax. Loc, fermer. — Au sens de Hoquet,
c'est encore un exemple de la soudure de l'article
avec le nom. — « Item pro serraturis, clavibus et
locetis, xiiij sols. » (1358. — D. C.)
Loquet MMj.), s. m. — Hoquet. Syn. de
Jiquet. V. à ce mot une formule pour l'arrêter.
Loquetâiller (Mj.), v. a. et n. — Agiter le
loquet. Syn. Loquebanner. \\ Fig. — Ahanner,
faire des eflorts violents et répétés. Ex. : Ils
ont ben loquetaillé à charmer ceté terre-là.
— Fréquent, de Loqueter. Syn. Bédasser, etc.
Loqueter (Mj., Lg., By.), v. a. — Fermer
au loquet. |î Secouer une porte en cherchant
à l'ouvrir. Ex. : J'ai ieu beau loqueter, illy a
pas ieu moyen d'entrer ; j'ai trouvé visage
de bois. j| Agiter, secouer le loquet.
Hist. — « Lequel huyz ils trouvèrent fermé, et
pour ce hurlèrent et loqueterent ensemble. »
(1393. — L. C.)
Loqueterie (Bg.), s. f. — Petite closerie.
Syn. de Borderie, Bordage, Biquerie, Valoirie.
Loquetier (Bg.), s. m. — Petit closier. ||
Les personnes qui n'ont qu'une chambre
pour habitation à Baugé : dans d'autres
contrées, ce sont des chambriers. (Mén.)
Loricard. — Nom d'une place, à Angers.
N. — Sur l'emplacement de la petite place
Loricard, dit M. A. de Soland (Bullet. hist. et
monum. de V Anjou), se trouvait, en 1619, l'auberge
de voie rou^e, tenue par Jean Guillou. Le mot
Loricard, donné à la place, est un vx mot qui signi-
fie : étourdi. On disait, au commencement : « H est
du Loricard », pour parler d'une personne peu rai-
sonnable. Le sens d'espion fut aussi attribué au
mot Loricard. L/es Bretons, dit un vieil auteur, y
loricardaient pour surprendre la ville et le château
d'Angers.
Et. — Originairement, ce mot a signifié : lorica
indutus, c.-à-d. cuirassé, portecuirasse. Du tans de la
Fronde, on appelait, à Angers, Loricards les Fron-
deurs. (MÉNAGE.) — Nom donné aux Allemands
mercenaires du xvi'' s., puis aux frondeurs d'An-
gers ; ils avaient toujours le pot en tête et la cui-
rasse (lorica) au dos. (L. C.) — Noëls angev., p. 30,
1 :
— « Marche devant, i)auvre mular,
« Et t'appuie sur ton Inllard :
« Et toi, Loquard, vieux Loricard,
« Tu dois avoir grande honte. . . "
— « Lorikar, vieux coureur ; personne ridicule. Et
de même, dans Godefroy, au sens de : fanfaron,
guilleret, qui fait le galant et, qqf., qui fait le mau-
vais. De même : loricarder, Hâner, vagabonder.
(G. DE GUER. )
2'= sens. — Jambon (Mj.), s. m. — Le mot
n'est plus guère usité ; cependant les jeunes
gens chantent encore, dans la chanson du mois
de mai :
— « Avec ce bon loricard
« Qui pend à la cheminée. »
N. — Cf. pat. norm. : Lorique. guenille. (G. de
G.) — Ceci me donne l'étymol. de ce mot curieux
et explique en même temps le passage de notre
vieux Noël angevin que j'ai cité. Un loricard, c'est
im loqueteux, un guenilloux. De fait, on enveloppe
un jambon de guenilles avant de le pendre dans la
cheminée. (R. O.)
Loricarder. — Espionner. V. Loricard.
Loriou (Lg., Li., Br., By.). — Loriot.
Et. — Berry -. Louriou ; ailleurs : oriol, ouriou.
L. Aureolus, couleur d'or. (Litt.) — « Dans
Compère Loriot, désignant l'orgelet ou bouton qui
vient sur les paupières, de : ordeolus, orgelet. —
Hist. « Pour pissier entre deux maisons ou contre
le soleil, on en gagne le mal des yeux qu'on appelle
le leurieul .{Ei'angile des quenouilles. — Guille-
MAUT.)
Loris (Do.), s. m. — Wagonnet servant à
transporter l'outillage des cantonniers de
chemin de fer. Ou Lorry.
Hist. Le chef de gare de Doué, prévenu, envoya
aussitôt deux emploj'és... avec le petit Loris...
chercher le blessé. (Ang. de Paris, 1" sept 1907.)
Loroux. — Nom propre. Le Louroux (By.).
Et. — « Ce mot vient de Oratorio, oratoire. »i
(En note.) — « Entre les autres dévotz et méri-|
toires actes du comte Foulques, il fonda l'abbaye
de l'Oratoire au pays d'Anjou, laquelle on appelle
le Loroux. » (J. de Boubd., Hist. aggr., i, 298.) —
Encore la soudure de l'article.
Losse (Mj.), s. f. — Sorte de vrille ou per-
çage, en forme de cuiller allongée et pointue
dont les tonneliers se servent pour faire les
bondes des fûts. — Doubl. du fr. Louche et
du bret. Lons, cuiller à pot. || Lg. — Grande
cuiller de bois, dont on se servait autrefois
pour tremper la soupe et, au fig., langue
bien pendue. Syn. de Platine (Lrm., id.)
Et. — Semble se rattacher à l'ail. Locher, même
sens, de Lochen, percer. — « Couteau à l'usage des
bouchers. Bret. Loa-bôd (A. V.).
Hist. — « L'on print la propre losse du boucher,
de quoy le dict mal faitteur avoit couppé la
gourge à son maistre et maîtresse, et d'icelle
LOSTRE — LOUPRA
525
mesme l'en lui en frappoit trois ou quatre grands
coups parmi la gourge. » (L. C.)
Lostre (Ag.), s. m. — Mauvais sujet, garne-
ment, vaurien. « Oh ! lostre d'enfant ! » —
P.-ê. pourl'ostre? Il By. — Les deux à Angers ;
le l'^'' beaucoup moins usité.
Loté (Mj.), adj. q. — Loti, qui a reçu un lot.
Ex. : Il est ben mal loté avec sa maladie et
ienne femme méchante.
Et. — Germ. ; aha. hloz ; am. Loos ; angl. Lot, —
sort, part, lot. (Litt.)
Louàbre (Chp., Sa.), s. f. — Grosse motte,
fortement agglomérée. || Syn. de Calot.
Louâbrer (Chp.), v. n. — Se lever devant
le soc en mottes fortement agglomérées, en
pari, de la terre. Syn. de Licher.
Louâbreiix (Chp.), adj. q. — Humide,
tenace, fortement agglutiné, en pari, du sol.
Syn. de Louâbru.
Louâbrii (Lg.), adj. q. — V. Louâbreux.
Louage (Lg.), s. m. — Gage que touche un
domestique.
Et. — L. Locare ; proprement : placer, de :
locus, lieu.
Louange (Mj., By.), s. f. — Tenir ou tiendre
des grandes louanges de, — parler en termes
élogieux de, vanter. Syn. de Allouser. Louer
hautement de, se louer beaucoup de.
Et. — L. Laudare — suffixe : ange ; d'un lat.
fictif laudemia, comme vendange représente vin-
dem ia.
Loue (Lg.), s. m. — Loup. Cf. Troue, Noue.
Louche (Lg.), s. f. — Langue bien pendue.
Syn. de Fil, Tapette, Losse. — C'est le mot fr.
au fig. Il ig*' Z. — Ag. Dicton : 11 regarde Saint-
Serge en Reculée, — deux points opposés. i|
A Mj. on dit de celui qui louche : 11 regarde le
bon Dieu dans eine pertoire ; ou, surtout si
les yeux sont divergents : Il a ein œil qui dit
marde à l'autre.
Loudier, s. m. — Rustre. — V. Laudier.
Hist. :
« Voirs est dou Mouton fa-ge un priestre
« Et un abé d'un cornabus,
« D'un mais loudier bien un rendus
« Et un evesque d'un guinau. »
(RoTHE, p. 332. Couronnement de Renart, vers 3072.)
Louer (Mj., By.), v. a. — Donner, ou prendre
à bail, il Se louer, — v. réf. — Se donner, se
transmettre, être contagieux, en pari, d'une
maladie. « La péritonie, ça se loue. N. —
Erreur répandue. Cf. se Gagner.
Louerie (Mj., Lg.)), s. f. — Grande quan-
tité, grouillement, fourmilière; assemblage
de gens. Ex. : Il en a eine louerie de pouées ! »
Et. — Ce mot dérive du fr. Louer. Dans certains
pays, on appelle Louerie une foire où les domes-
tiques se louent. De là le sens figuré indiqué ci-
dessus et qui est le seul que le mot ait dans notre
patois. V. Gagerie.
Louette' (Sa.), s. f. — Petit insecte jau-
nâtre, de la forme d'une punaise, gros comme
une tête d'épingle, commun dans les bois et
qui s'introduit sous la peau de l'homme à la
manière de la tique. Les biicherons croient
qu'à la longue elle engendre le cancer.
Louette ^ (Sa.), s. f. — Sorte de pioche
appelée à Mj. Juif. Ce dernier mot est d'ail-
leurs usité à Saint-Aug. et à Champtocé.
Louise (Sp., By.), s. f. — Nom commun.
Œillet de poète. Syn. de Jalousie. Bat.
Dianthus barbatus.
Louisct, Louisot° (Lg.), s. m. — Dim.
famil. du prénom Louis. V. Louison.
Louisette(Mj., Lg. By.),s. f. — Dimin. famil.
du prén. Louise. Syn. de Louison || n. c. — ■
^'. Mitrouillet.
Louison (Mj., Lg., By.), s. f. — Dimin.
famil. du prén. Louise. Syn. de Louisette. \\
By. — Et de Louis. V. Louiset.
Loulou (Do., Ag., Sp., Mj., By.), s. m. —
Pou. Nom enfantin. Formé par la répétition
du mot Loup. (Le pou est com. un loup dévo-
rant.) Interpellation caressante à l'adresse
des tout petits. Ex. : Pô p'tit loulou ! (Rg.).
Il Cf. Loup, Grenadier, Syn. de Pouée, Poueil,
Guin, Groulaud.
Loup (Mj.), s. m. — Avoir vu le loup, —
connaître par expérience les mystères de la
vie, en parlant des jeunes personnes ; ne pas
s'effrayer facilement. |! Fig. — N'avoir
jamais vu petit loup, — se dit des hâbleurs
qui se plaisent à tout exagérer. !| Fig. — Pou,
terme enfantin. V. Loulou. I| (By., Sp.). — Fig.
Malandre, défaut dans une pièce de bois ; carie
d'un arbre ; plaie suppurante aux jambes. ||
Sp. fig. — Faire le chien et le loup, — mon-
trer de la duplicité ; jouer un double rôle ;
servir deux partis ennemis, ij Enfermer le
loup dans le bois, — guérir superficiellement
un abcès qui devrait suppurer. ]| Rimure. \\
Cf. l'angl. Louse, pou. || Ssl. — S. m. Tine,
tonneau ouvert d'un bout et muni de deux
anses dans lesquelles on passe deux perches
pour les porter. Syn. de Boyard ou Boillard. \\
By. — Anneau d'une chaîne retournée et
produisant une diminution de la longueur
normale de cette chaîne.
Loup-cuclie, e muet (Lg.), s. m. — Jeu de
cache-cache. Syn. de Loup, Keule. \\ By. —
Et Loup-caché.'
Loup-garou, s, m.
N. — N'est pas : lupus varius, comme on
l'explique parfois. Garou est l'ancien saxon Vere
wolf, littéralement : homme-loup, comme l'at-
testent les formes Garwalf et Garwolf. (G.deG. — Y.)
Loupier (Mj.), s. m. — Louvetier. Dér. dir.
du mot Loup. Il Sa., By. — Adj. q. et s. m.
Lourdaud, mastoc, de tournure grossière et
peu élégante. Syn. de Loupra.
Loupiot" (Lg.), s. m. — Gamin. Syn. de
Mousse, Gosse, Gonse, Môme, Queneau,
Affiau, Maininot.
Loupra, prat (Z. 1.34, Q., Mj.), adj. q. invar.
-— Grossier, en pari, des choses. Lourdaud,
inélégant en pari, des personnes.
526
LOUPS — LUGET*
Loups, s. m. — Les vieux ouvriers des
ardoisières donnent ce nom à celui qui n'a pas
reçu le baptême traditionnel du vin blanc,
qui coulait à flots dans les orgies du guê-
trage. (Mén.)
Lourd (Mj.), adj. q. — En pari, du vin, —
qui est visqueux, filant, atteint de la maladie
de la graisse. i| Adv. — Tonner, venter
lourd, — tonner, venter fort. H Adj. q. De
digestion difficile, en pari, d'un mets. ||
Le notaire a la main lourde, — c.-à-d. que ses
honoraires sont élevés.
Et. — B. L. lurdus, sale, immonde ; du lat.
luridus, jaunâtre, livide. Le sens d'immonde, de
pourrissant est une altération très anc. du lat.
luridus. — Du sens de pourri, lourd est passé à
celui d'inerte d'esprit, pesant d'esprit ; puis, par
une singularité très grande, du sens moral au sens
physique de pesant.
Lourdeiller, v. n. — C'est marcher comme
un mriuton, en s'arrètant souvent. (Mén.)
Lourtol, toit, dois (Segr.), adj. q. —
Lourdaud. i| Lourdois, Langage grossier ou
manière grossière. (L. C.)
Hist. — A mon lourdois, — naïvement, sans
chercher finesse.
Loutre (Br.), s. f. — Loir. La loutre s'ap-
pelle Loir, qui est du fém. « La loir nous
mange tous nos poissons. « !| By. — V.
Loire.
N. Je ne comprends plus. Je croyais que l'animal
carnassier aquatique de la famille des Mustaliens
qui laisse le matin des restes de beaux poissons
sur la berge (chantier) avait nom , en français,
loutre, et que le nom de Loire (louère), qu'on lui
donne à la campagne, n'était qu'une signorise —
Nager, pinger (plonger) comme eine Loire — ; et
que le petit rongeur, genre écureuil, hibernant,
s'appelait : ein loir (du lat. Glis, gliris), quoique
qqf. on s'oublie à prononcer : ein loire. Dormir
comme ein loir (By). — Il y a en effet confusion,
dans le langage populaire (A. V.)
Et. — LiTT., le tire du 1. lutra. — Darm. conteste ;
ce mot eut donné Leure. — Le Berry possède
cette forme régul. : Leure, et Loure, ce qui donnerait
raison à Littré. Nous avons aussi Leure .
Louve (Mj.), s. f. — Fig. — Sorte de ver-
veux ou d'ancreau à deux ouvertures et à
deux gardes. Syn. de Bourrache. \\ By. —
Tambour en fil. Le même appareil, en fil de
fer greillagé (en mailles de fil de fer), s'ap-
pelle un Tambour.
L'quière, s. f. Litière. (Z. 134. Q.) — Prov. :
« A fait p't'être ben pu de fumier qu'a n'a
dTquière ! » — Elle veut se faire croire plus_
riche qu'elle n'est ; elle fait plus d'embarras
qu'elle n'a d'argent. V. Letière.
Luberder (Lg.), v. a. — Déliter, un bloc de
pierre, le séparer de la masse sous-jacente à
la carrière. — Etym. Probablement pour
Liberder, dér. du vx fr. Libe. Cf. Libages.
Lubrine (Sa., By.), s. f. — Truie portière.
Syn. de Trie gouroniiièrc, Libane. |j Salope, —
en pari, d'une femme. N. J'ai entendu ce mot
occasionnellement à Mj., où il est rare et sans
doute vieilli.
N. — « Lubin. Truie maigre qui a eu des petits ;
eine mère lubin. — Lubre, pesant, lourd, mal-
propre (DoTT.). — De Mont, donne ces derniers'
sens.
Il By. — Trée, coche, gorine. — J'aime
ben ein morceau de lard, mais il faut que ça
vienne d'ein gorin de six-vingts, à six-vingt
dix, au plus. Mais si ça venait d'eine grande
lubrine de 3, 4 ans, dame ! je ne peux pas le
manger, ça me dégoûte, avec son gras tout
grumeleux.
Luc. — « A revoir, Luc ! » — Se dit au jeu
de boules, quand une boule est lancée trop
fort. (Pc. La Paix.)
Lucarne (By.), s. f. — Chapeau de dame. —
« Prends jamais la lucarne, ma chère, ça
vous fout des mais de tête. » Syn. CastroUe.
Luce (Mj.), s. f. — Sorte d'osier qui pousse
dans les luceties.
Lucet' lueète (Mj.), v Lusset, s. m. || Petite
porte légère et basse fermant une cour. ||
Partie inférieure d'une porte brisée. || Bouti-
que à poisson établie transversalement à
l'arrière et à l'intérieur d'un futrau.
]| By. — On dit un Clan, qu'on prononce qqf.
Clan, petite porte, ou demi porte, fermant au
loquet, devant une porte d'habitation — fermant
une cour — On dit : une Côme. boutique à poisson
établie rers l'arrière et à l'intérieur d'une galiote
de pêcheur à la ligne. — Il ne peut pas être installé
de côme dans un fûtreau ni dans une galiote de
pêcheur de profession. — N. On voit que j'accueille
toutes les explications , même contradictoires.
D'ailleurs, les usages ne sont pas partout les mêmes,
et le sens des mots varie suivant les régions.
(A. V. ) Je maintiens. (R. O )
Etym. — 1° « Je crois que, malgré la différence-
apparente des significations, il n'y a là qu'un seul
et même mot et que ce mot, qui serait pour le
Ucet (cf. Labbé, Lierre) est l'angl. Wicket, et le
franc. Guichet. Il faut remarquer que le fond d'une
boutique à poissons, percé de nombreux trous,
ressemble à un Guichet et qu'on a pu confondre
une porte légère avec la palette ou planchette
d'un guichet. « (R. O.) — 2° Je demande la per-
mission de le tirer de Huis, porte ; huisset, petite
porte, husset : lucet, le lucet. Toujours la soudure
de l'article. ( A. V. )
Etym. et Hist. — « Heket. Porte de basse-cour
(1367). Le suppliant estoit à son huis, appoié sur
son hec, qui fait aussi que demi-clôture d"un huis. »
— « Ils allèrent ensemble heurter au hec de l'huis
de l'hôtel dudit Obery, duquel hec ils rompirent
un ais ou deux. » (1400. Du Gaî.-ge.) — « Huisset.
Petit huis. « Par une petite entrée ainsy com. par "
ung petit huisset. » (La Curxe, v» Huisset.) —
« Contre-hus. « (Littké, Suppl.) En Normandie,,
partie d'une porte coupée en deux, le haut pouvanti
s'ouvrir, tandis que le bas reste fermé ; le con«re-|
hus se rencontre à l'entrée des boutiques, et le hec\
à celle des maisons de fermiers. Contre et huis. — |
Contru. Le bas de la porte, dans les portes s'ouvrantj
en deux parties, celle d'en haut, celle d'en bas.
(DoTTiN : Moitié de porte adossée à une portej
entière, à l'extérieur d'une maison de ferme.
Contra ustium.) — N. Se rappeler que l'h de huis-j
sier n'est pas aspirée dans notre patois ; on dit
Ij'hussier.
N. ^ Cependant à Mj. l'h de huissier est toujours
aspiré. Se trouve dans de nombreux noms de lieux :
LUGETTE — LUNE
527
L'Huis Morin, l'Huis Picard. — Huisseau, l'Hus-
seau, Ussiau. — Huisset.
— « Quand li dus vit cloure l'uisset. »
(Fabliau de la Châtelaine de Vergy, v. 477,
Jaubert.)
N. — Huis rime à Benedicamus ; donc il était
prononcé Hus :
— Puis li a dit, levez-vos en
Et si allez fermer ce huis.
Je dirai Benedicamus.
Renan, 21.371.
— « Au sépulchre qui estoit en la dicte chapelle
y avoit des huissetz jusques au nombre de quatre,
fermans l'un sur l'autre à double joinct et demy
rond par le hault..., lesquels huissets ont été
arrompus, brisez et effroignez en plusieurs en-
droictz. » (Procès-verbal dressé à la requête du
chapitre de la cathédrale du Mans, après le pillage
de 1562, dont les Huguenots se rendirent coupables.
— Cité par Chardon : Le sépulcre de la cathé-
drale du Mans et les Iconoclastes. Le Mans, Mon-
noyer 1869. — Communiqué par M. R. de la P.)
— Dans le pat. lorrain, une porte s'appelle :
une huss ou une heuss et on dit : Thuss ou l'heuss
(ancien mot : huis). Rien d'étonnant alors qu'une
petite porte devienne : heussette ou hussette :
mais, s'il en est ainsi , on devrait écrire : l'hussette,
avec la même prononciation que dans : l'huissier.
Les deux mots ont du reste la même étymologie.
(M. J. F., notaire à Angers.)
Lucette (Mj.), s. f. — Taillis d'osier, dont,
dans le Maine-et-Loire tout au moins, les
bords de la Loire sont garnis à peu près
partout, et souvent sur une largeur assez
grande. Ces plantations ont pour but de
consolider les berges et de les garantir des
aiïouillements. |1 Sorte d'osier commune dans
les luceltes. Syn. de Luce. V. Luisette.
Et. — J'ai vu ce mot écrit parfois Luisette. Je
l'écris com. il se prononce à Mj. — Luce et son
diminutif Lucette, viendraient-ils du lat. Lucus. bois
sacré ; bien que Luce désigne seulement l'osier lui-
même? Toutefois l'angl. Wicket siernifie : d'osier.
Cela indique que Lucette est pour La Ucette. Cf.
Lucet (R. O.). — Je le tirerai moi, du v. lat.
lucere, briller, à cause du reflet luisant des feuilles.
V. Luisette (A. V.) — Hist. « De canaux. . . bordés
de frênes, de saules et de luisettes. » (Anj. Hist.,
2» an., n" 3, 577, 15.) — « Le long de la lauset.
{Mireille, 254,2.), le 1. de la grève. C. Pokt propo-
sait : diminutif de Lices (barrières, garrage).
Mais il ajoutait : à vue de nez, — avec raison.
Liicit'ur (Mj.), s. m. — Lucifer, j; Fig.
Enfant turbulent. Syn. de Jupiter, Lion.
Luisette, s. f. — Pour : Osier, petite Louise
(?) Mén. — Employé par M. R. Bazin,
Angers et V Anjou, p. 3. — V. Lucette. \\ By. —
Prononcez Luzettes, arbrisseau de la famille
des Salicinées, n'est pas employé comme osier
lequel, dans ses variétés, est aussi une sali-
cinée. Les luisettes garnissent abondamment
les rives de la Loire. Sur la Sarlhe, on en
fait des haies dans les prairies. Il y a 75 ou
80 ans, à Angers, entre la rue Boisnet et
la rivière, les petites îles découpées par plu-
sieurs bras plus ou moins marécageux de la
Maine, en étaient couvertes, d'où le nom de
Quartier des Luisettes donné encore à celte
partie de la ville.
Et. — De Luire, feuillage luisant. (Dakm.) C'est
la véritable.
Luizarne (Lue., By.), s. f. — Luzerne.
Et. — Emprunté au provenç. moderne Luzerno,
même sens, dont le rapport avec luzerno, ver lui-
sant (lat. Lucerna), est inexpliqué. P.-ê. à rap-
proclier de Luisette. — Bat. Medicago sativa.
Liilii (By.), s. f. — Alouette huppée, ainsi
nommée à cause de son chant.
Luiiia (Mj., Sal.), s. m. — Limaçon. Ex. :
— « Nicolas Bajas avait eine épée ;
« Y avait ben dix ans qu'il l'avait tirée,
« Lorsque, le jour de la Saint-Nicolas,
« Il la tira sur de petits lumas :
« Les petits lumas tirèrent leurs cornes ;
« Nicolas Bajas recula d'un pas. »
(Chanson enfantine.)
\\ By. — Prononc. Lumâ. J'écrirais :
lumas, pour limaçon — et : Bourbillon de
panaris ou de furoncle. Aller comme un
lumas. — Aie pas peur, va, ton clou est guéri,
le lumas est sorti. || Toutoute. « Corne de fer
blanc, et lumat, coquille de strombe perforée
au sommet, dont le : tou, tou, tou accompa-
gnait, matin et soir, la marche des métiviers. »
[La Trad., p. 80, 1. 21). || Sp. — Espèce de
panaris. || Bourbillon, — Ital. , Lumaca. V.
Liimac. Syn. de Limas.
Luinacf' (Mj.), s. m. — Limaçon. « Aller
comme ein lumac sus la cendre. — marcher
très lentement. Syn. Limas, Coquet. \\ Sp.
Fig. — Espèce de panaris, ou plutôt le
bourbillon qu'il renferme. — Ital. Lumaca.
Hist. — « Quaresmeprenant. . . a. .. les intelli-
gences, comme limaz sortant des fraizes. » (Rab.,
P., IV, 30.)
Liiiiielie (^ly.), s. f. — Lame de couteau.
C'est le franc. Alumelle.
Liiméro (Mj., By.), s. m. — Numéro. V.
Liméro. Cf. Calonner, pour canon ner.
Luminaire (Segr.), s. m. — Enlever son
luminaire, ou humeur chassieuse (Mén.)
Luiiiination (Mj., By.), s. f. — Illumination.
Luminer (Mj.), v. a. — Illuminer. — Ce
n'est pas un dér. direct du lat. Lumen, mais
une corr. du mot fr.
Lundi. \'. Mardi. \\ Sp. — Cigale. Syn. de
de Midi.
Lune (Mj., Lg.), s. f. — Faire lune, — s'ar-
rêter dans une position d'équilibre presque
irréalisable. — Sens contraire ci-dessous,
cependant.
Il Lg. — Liaie tendre, /. dure — premier,
dernier quartier de la lune. Vieux.
Il Sp. — Faire lune, — passer comme un
tourbillon, brûler le pavé. || V. Leune. \\
Mj, Donner des coups de pied dans la lune,
— faire des pataquès, des fautes grossières
de franc., en voulant affecter de bien parler,
Il Faire voir la lune, — montrer son derrière :
« Veux-tu voir la lune,
« Mon gas,
« Veux-tu voir la lune?
« Si tu nTas pas vue,
« La voilà... » (Chanson.)
528
LUNE — L'Z
Il Vin de lune ; fait avec du raisin volé la
nuit. Cf. Mireille, 172, 4 (Ainsi eux deux
semaient à la brune, leur blé, leur joli blé de
lune :
— ... Soun poulit blad de luno.
(Commerce amoureux).
Luné (Mj., By.), adj. q. — Disposé. Se dit
dans : Bien ou mal luné. — de bonne ou de
mauvaise humeur.
N. — En fr., on emploie lune dans le sens de
caprice.
Et. — De : lune, évidemment, à cause des
phases et des variations de cet astre. Cf. Luna-
tique. Toutefois l'ail, a Laune = caprice.
Luneau (Lg.), s. m. — Nom que l'on donne
fréquemment à un bœuf orné d'une lune à la
frontière. V. Lunereau.
Lunereau (Sp.), s. m. — Petite lune au
front d'un cheval, d'une bête bovine : V.
Luneau.
N. — Lorsque la lune se trouve au voisinage
d'une planète ou d'une grosse étoile, on fait ac-
croire aux gens simples que la lune a fait un petit
lunereau.
Lunier. — V. Luné ; de caractère fantasque.
— « L'homme par trop lunier
« Du fruit ne remplit pas son grenier. »
(Il ne faut pas trop se fier à la lune.) Mén.
Syn. de Journalier.
LunoD, s. m. — Nom vulg. de l'asphodèle.
Syn. Alets, Jalets, Pirotes.
Lunot (Li., Br.), s. m. — Un linot. i] By. —
Luneau, pour Linot (et même Lénéau),
lunotte, petite tête folle. Prononcé qqf.
Lénotte.
Lunotte, s. f. — Pour : linotte (By.).
Lurelure (à) (Mj., By.), loc. adv. — Au jugé
et à peu près. Ex. : J'ai mis ça à lurelure. —
Cf. Lure, Jaub. supp. Dér. de Lurer. ^ Sal. —
Sans application. « Fait à lure-lure, comme
le bon Dieu fait les bossus. » Syn. A vue de
nez. j
Lurer (Mj.), v. n. — Pêcher à la main et à
tâtons le poisson qui s'est tapi dans les trous
de la rive. Syn. Crôner, Gouéner. De là l'ex-
près. : Alure-îure, sans doute? V. Barraquine.
Et. — Est pour Leurer : prendre le poisson à
la manière de la heure, Loire ou Loutre.
Lurette (Sa.), s. f. — S'emploie dans la loc. :
Faire voir lurette, — f. v. qqch. d'inattendu,
jouer un tour qcque. — Même sens que :
Faire voir le tour de la bique à Gautier, il
Sal. — Il y a heWe-lurette (beau temps, long-
temps) que c'est fait !
Lusette, s. f. — Nom vulg. du saule (Mén.)
Ij By. — Pour Luisette ; mais non pour saule.
Lusset', s. m. — Petite porte. V. Lucet.
Et. — Je maintiens ce que j'ai dit à Lucet, pris
dans le sens de Boutique à poisson. Mais Lusset,
petite porte, est un mot différent ; il est pour Le
Usset, ou Le Huisset, du lat. Ostium ; fr. Huis. —
V. Jaub., Suppl. aux deux mots cités. (R. 0.)
Lustre (Mj., By.), s, m. — Lustre, éclat.
S'emploie dans la loc. ironique : Relever d'ein
beau lustre, — avoir bonne mine. Ex. : Ils
étaient guénés d'ein bout à l'autre ; je vous
promets qu'ils relevaient d'un beau lustre.
Et. — L. Lustrare ; purifier, nettoyer.
Lutois (Sa.), s. m. — Ne s'emploie que
dans la loc. Terre de lutois, — sorte de terre
argileuse, tenace et coulant à la gelée. C'est
ce qu'on appelle à Sp. : Terre boutasse, et la
même dont on dit à Mj. qu'elle brèche.
Et. — Lat. Lutum ; terre servant à luter.
Hist. — « Comme le lut qu'ung potier
« Torne à quanque est de son meslier. »
L. C.
Luzarne (Mj., By.), s. f. — Luzerne.
Luzeau (Sp., By.), s. m. — Petite légumi-
neuse à tige grêle et carrée, à rac. tubé-
reuse, portant des feuilles semi-ovales oppo-
sées, de l'aisselle desquelles sort une vrille.
Les fleurs, roses, sont très odorantes, et toute
la plante est d'un vert glauque. C'est une
mauvaise herbe dont les graines se retrouvent
mêlées à celles du blé. Syn. de Pois-lièvre, et
Jôgnerotte. Ce mot est de la famille du fr.
Luzerne. |1 V. Jarzeau. \\ Li., Br. — Res-
semble à la verveine. || Bat. Lathyrus tube-
rosus. cf. Liseau (Jaub.)
Luzet (Mj.), s. m. — Petit Jarzeau. Même
racine que le fr. Luzerne. |i By. — Prononcez
Luizet (luizé).
Luzette (Lg.), s. f. — V. Luzeau. On l'ap-
pelle aussi : Petit Jarzeau. Syn. et d. de Luzet.
Lyre (Sp.), s. f. — Dispositif ingénieux
employé pour permettre à un liquide de sortir
d'une bouteille en filet mince et régulier, et
pour éviter les glouglous. A cet effet, le bou-
chon est percé de deux trous, dans lesquels on
fixe deux tuyaux de plumes d'oie, s'ouvrant
l'un et l'autre à l'intérieur et à l'extérieur de
la bouteille. Mais un de ces ajutages dépasse
de huit à dix centimètres la face interne du
bouchon, et n'a pas de saillie sur la face
externe, tandis que l'autre est disposé d'une
façon exactement contraire. Si l'on incline la
bouteille pleine, le liquide sort en veine con-
tinue par ce dernier tuyau, tandis que l'air
rentre par le premier. On se sert de cet appa-
reil pour boire à la régalade, sans toucher des
lèvres le goulot ni même le tuyau, le liquide
étant versé directement au fond du gosier. —
Et. — Ail. Leere, vide. — V. Lire.
L'z. — Pour : Les. « Tu vas vanquiers Vz
apercevoir ; L'z uns après l'z autres. By.
¥JN DU TOME PREMIER
TABLE DES MATIERES
Pages
Vive l'Anjou ! Polka chantée.
Avant-propos ix
Mes correspondants (A. J. V.) xvni
Mes sources (R. Onillon), xix
Expressions techniques xxiv
Auteurs et ouvrages cités xxv
Noms de lieux cités dans le Glossaire xxvii
Abréviations grammaticales, historiques, géographiques, etc xxx
Direction des vents en Anjou. Figure et texte xxxi
Carte du département de Maine-et-Loire.
Angers, imp. Germain et <i. Grassiii. — 5-8
2r-
,P^ V
PC
2956
t.l
Verrier, A. J.
Glossaire étymologique
et historique des patois et
des parler s
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